CONCLUSION
L'objectif fixé dans ce premier chapitre était
présenter et analyser l'ensemble des facteurs physiques naturels ou
biophysiques qui conditionnement la présence des ressources en eau et
plus loin l'approvisionnement en eau dans le bassin versant de Memi'i. Il en
découle que les variations climatiques (pluviométrie et
température) influencent sur l'abondance sur la rareté des
ressources en eau car ce sont ces deux variables qui assurent le cycle de l'eau
en maintenant à son tour le réseau hydrographique du bassin
versant. Le relief semi accidenté aux pentes abruptes malgré un
fort aplanissement dans le bassin versant, assure néanmoins des
écoulements accompagné d'un ruissellement très puissant
des eaux maintenant le sol des vallées sous forte humidité et
celui des versants sous alternance humidité-chaleur. Les sols
hydromorphes permettent une mise sur pied facile des points d'eau. Les roches
cristallines qui sont assez résistantes reposant sur le socle rendent
difficile l'installation des moyens d'accès à l'eau. Notons que
les ressources en eau sont présentes sous forme pluviale ;
surfacique et souterraine laissant entrevoir une multitude de modes
d'approvisionnement en eau. Après cette analyse de déterminantes
biophysiques, le prochain chapitre s'attellera à l'analyse de celles
humaines conditionnant à leur tour spécifiquement
l'approvisionnement en eau dans le bassin versant de Memi'i.
CHAPITRE II : LES DETERMINANTS ANTHROPIQUES A
L'APPROVISIONNEMENT EN EAU ET LES SOURCES D'APPROVISIONNEMENT EN EAU DANS LE
BASSIN VERSANT DE MEMI'I
INTRODUCTION
Notre tâche dans cette partie s'attellera non seulement,
à faire un inventaire des facteurs humains qui permettent
l'approvisionnement dans le bassin versant de Memi'i. Ce chapitre s'articulera
sur 03 niveaux, le premier présentera les paramètres
démographiques et socioéconomiques du bassin versant de Memi'i
qui déterminent les sources d'approvisionnement en eau et aussi leur
mise sur pied. Ensuite, le second niveau aura pour but, l'autopsie de
l'état de l'approvisionnement en eau qui se révèle comme
étant l'un des points cruciaux de notre travail. Il sera question
d'analyser les modes et les moyens d'accès à l'eau en fonction
des usages des populations. Et le dernier point de ce chapitre, sera d'analyser
le niveau d'accès à l'eau quittant de la densité des
points par rapport à la population, en passant par la distance parcourue
par les ménages pour s'acquérir de l'eau et en finissant par les
volumes d'eau recueillis par les ménages quotidiennement.
I. LES PARAMETRES
DEMOGRAPHIQUES ET SOCIOECONOMIQUES A L'ACCES EN EAU DANS LE BASSIN VERSANT DE
MEMI'I
La compréhension et la connaissance des
déterminants ou paramètres d'origine anthropique permet de mieux
cerner la question de l'approvisionnement en eau. Car l'homme est celui qui
cherche à s'acquérir des ressources en afin d'en faire un bien
consommable. Ainsi, l'homme est celui qui oeuvre pour que tout ce qui
était dans la nature sauvage devienne un produit utile à sa
survie quotidienne (Adam Smith. 1977).
1.1 Les données
démographiques du bassin versant de Memi'i
Les caractéristiquesdémographiques du bassin
versant de Memi'i décrivent la population de cette zone dans sa
densité ; sa composition sociologique et ses
caractéristiques sociales.
1.1.1. Une
démographie galopante et migratoire
Selon les données municipales et administratives, la
population du bassin versant de Memi'i est estimée à près
24. 980 habitants répartie en grande partie dans le sous bassin de
Meme'e (Akombang) qui subdivisée en plusieurs blocs administratifs
à près de 75% soit 18.000 habitants qui concentre aussi plus de
la moitié de la superficie du bassin versant(Mairie Kyé-Ossi,
2020)
Il faut noter que, le bassin versant de Memi'i tient de sa
population de la forte pression migratoire convergente dans ce milieu, de par
sa position de frontière administrative entre le Cameroun et ses voisins
gabonais et équato-guinéens. La population a connu un boom
quittant de 3000 habitants en 1990, (2e RGPH) à 17.127 en
2005 (3e RGPH)(BUCREP. 2010). Elle s'est développée du
fait de l'arrivée en masse des populations internes et
étrangères dans la ville du fait boom économique de la
Guinée Equatoriale. Son changement de statut administratif en 2007 en
devenant arrondissement a aussi permis l'augmentation de sa population. Cette
forte population implique aussi une augmentation des capacités
d'accès aux ressources surtout celles en eau indispensable à la
vie des ménages.
FIGURE 3.1: EVOLUTION DE LA
POPULATION DU BASSIN VERSANT DE MEMI'I
Source : PDC 2013, BUCREP 2010
Nous pouvons remarquer à travers ce graphique que,
qu'il y'a eu une évolution exponentielle de la population de
Kyé-Ossi. Ce boom démographique débute de vers les
années 1990 avec près 3100 personnes et prend de l'ampleur vers
l'an 2000 avec une population qui atteindra le chiffre record de 15600
habitants, conséquence de la croissance économique de la
Guinée Equatoriale et du Gabon, le bassin versant étant, le lieu
de transit vers ces pays. Mais l'avènement de son administratif
d'arrondissement en 2007, va augmenter l'installation de la population avec un
total de 17127 en 2005 à 18968 habitants en 2010. Elle ne cesse
d'augmenter avec une estimation de près de 24890 habitants.
1.1.2. La composition
socialede la population
La population est composée de plusieurs peuples venus
de partout. Elle est cosmopolite, fruit de cette dynamique migratoire interne
et externe sans cesse depuis les années 2000. Du point de vue du genre,
la population est fortement féminine avec 63,3% de l'effectif total soit
10.560 femmes contre 37,7% pour les hommes. La population jeune de moins de -16
ans représente les 27% et celle de moins de -5 ans les 17% dans le
centre-ville (PDC. 2013). Du point de vue tribale, elle se présente en 3
catégories.
Du point ethnique, la démographie du milieu se
présente en 3 catégories ethniques ou de peuplement à
savoir : la population autochtone constituée de l'ethnie Fang
(Ntumu) ; la population allochtone interne (Bamouns ;
Bamilékés et autres camerounais) et enfin la population
allochtone externe (migrants gabonais ;
équato-guinéens et autres africains).
1.1.2.1. La population allochtone
Celle-ci est composée uniquement de l'ethnie Fang-Beti
appelée les Ntumu qui présente dans toute la Vallée du
Ntem et dans les pays voisins installées depuis le 18e
siècle. Elle représente 52, 61% de la population de la
population totale du bassin versant (BUCREP. 2010) et 99% dans les zones
périphériques du milieu. Elle reste néanmoins minoritaire
dans le centre de la ville.
1.1.2.2. La population allochtone interne
Elle est le résultat de la forte migration interne des
populations des autres ethnies camerounaises vers le « El
Dorado » que, représente la ville aux yeux des populations au
niveau économique et surtout sa position très stratégique
pour le transit commercial. Elle vient dans sa quasi-totalité dans la
région de l'Ouest Cameroun composée principalement de la tribu
Bamoun qui est devenue majoritaire dans le centre-urbain de Kyé-Ossi
plus nombreux que l'ethnie Ntumu autochtone avec, 25,59% de la population
totale. Elle est suivie par les Bamilékés avec 17,38% et les
autres camerounais (3,5%) de la population totale (Bosco. 2010) cité par
Nopoudem(2019).
1.1.2.3. La population allochtone externe
Véritable carrefour de rencontre entre les peuples, le
bassin versant est un bassin où l'on rencontre divers peuples africains
venus de près comme de loin. La population allochtone
étrangère présente ici, vient pays voisins comme le Gabon
avec 0,12%, la Guinée Equatoriale avec 0,57% mais aussi des pays venus
principalement de l'Ouest de l'Afrique notamment les maliens et
Sénégalais avec 0,19% de la population.
1.2 Les
caractéristiques socioéconomiques
Ces caractéristiques socioéconomiques
rassemblent à la fois le niveau de vie des ménages du bassin
versant de Kyé-Ossi, mais aussi le niveau d'instruction de ceux-ci sans
compter les activités économiques auxquels ils s'adonnent au
quotidien qui seront des facteurs très importants dans la
détermination du risque sanitaire d'origine hydrique.
1.2.1 Les
caractéristiques sociales
Ces caractéristiques sociales de la population
sont : le niveau de revenu mensuel, qui conditionne ou caractérise
le niveau de vie et aussi le niveau d'instruction, lui influence la perception
ou l'importance de l'eau consommée.
1.2.1.1 Le niveau des revenus
C'est le niveau ou somme des gains monétaires que gagne
un ménage à la fin d'une période journalière ;
hebdomadaire ou mensuelle. Le niveau de revenus mensuels des ménages du
bassin versant est de 25000 FCFA. Ce revenu qui est assez élevé
et variable selon chaque ménage, est le fruit des activités
économiques foisonnantes dans cet espace, véritable pôle
économique de la sous-région.
La population est très active dans les activités
commerciales qui sont très nombreuses et variées sans compter les
échanges et cela a poussé bon nombres d'entreprises bancaires
à s'installer (INS. 2013). La population est formée de
ménages ayant un niveau de vie assez bon avec des revenus de 25000,
35000 et 40000 FCFA. Ceux ayant un niveau de revenus très
élevé (+5000 FCFA)y sont aussi, malgré une faible
proportion. Les ménages ayant des mauvaises conditions
financières sont en dessous de 25000FCFA mensuellement.
FIGURE 3.2: LE NIVEAU DE
REVENUS MENSUEL CHEZ LES MÉNAGES DU BASSIN VERSANT DE MEMI'I
Source : Investigation de terrain 2021
Il en découle de la description de cette
représentation thématique que, les ménages ont fortement
un revenu égal à 25000 fcfa soit 44% mais qui varie qui est assez
suffisant dans un espace urbain en développement. En seconde position,
vient ceux ayant un revenu de 40000 fcfa, suivi des ménages ayant 30000
fcfa dont, nous pensons les plus nombreux si l'échantillonnage aurait
été plus grand au regard du fort taux d'activité
observé dans cet espace géographique.
Ils sont en général commerçants et
agriculteurs. Les ménages ayant plus de 50000 fcfa sont
constitués de fonctionnaires d'Etat et des grands commerçants
exerçant dans l'import/export des produits frontaliers installés
dans ce bassin économique depuis fort longtemps.
Il faut néanmoins noter que, le niveau de revenu d'un
ménage n'est pas fonction d'une bonne qualité de vie, force est
de constater que, nombreux ménages déclarant avoir des revenus
au-delà de la moyenne enregistrée ou ayant des activités
rémunératrices de forte valeur, s'approvisionnement dans des
sources d'eau communes et ayant des habitats assez insalubres.
1.2.1.2 Le niveau d'instruction
Il concerne le côté éducatif des
populations d'un milieu. Le bassin versant de Memi'i est la zone ayantl'un des
niveaux d'instruction les plus bas dans la région par rapport à
la densité de la population. Cette situation est dû au fait que,
les ménages tout comme leurs enfants s'adonnent à
préférence aux activités commerciales et aux services (les
motos taximen), malgré une importante présence des installations
scolaires. Il est sous l'influence des pratiques culturelles et le niveau
d'instruction général est de 49,3%, ceci étant la cause
d'une jeunesse moins attachée à l'école (PCD. 2013).
Spécifiquement, l'enseignement primaire est dominant chez les
ménages (parents et enfants) avec 38%, ensuite l'enseignement secondaire
avec 28% et 5,5%.
FIGURE 3.3: NIVEAU
D'INSTRUCTION DES MÉNAGES DU BASSIN VERSANT DE MEMI'I
Source : PCD 2013 ; Investigations de terrain
2020
Il en ressort de ce graphique que, le niveau d'instruction
(scolaire) est très faible dans le bassin versant, soit un taux
général de 49,3%. Il faut dire que ce niveau d'instruction
concerne ceux qui sont déjà sont chargés de collecter,
stocker et manipuler. On constate donc, que l'enseignement primaire (45%) est
largement dominant du fait que, la quasi-totalité des personnes de +35
ans n'ont pas atteint le secondaire et aussi les ménages sont plus
attachés aux activités économiques. L'enseignement
secondaire (39%) concerne plus les jeunes de -25 ans et l'enseignement
secondaire (5,5%) concerne les fonctionnaires ou étudiants. Il y'a donc
un haut risque d'une mauvaise appréhension de l'importance de l'eau de
qualité.
Il faudrait clarifier le fait que, les ménages du
bassin versant de Memi'i aient un niveau d'instruction assez bas, est un
potentiel indicateur de la consommation de l'eau et aussi dans le respect des
mesures d'hygiène de base car, la connaissance de l'importance de l'eau
est moindre.
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