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La pression foncière face aux enjeux de la gestion des ressources naturelles dans la province du Kadiogo.


par Youssouf Tiendrebeogo
Universite Ouaga I Professeur Joseph KI ZERBO - Master II Géographie. Option Gestion des ressources Naturelles 2017
  

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I. III. 3. La synthèse des documents

Les thèmes sur la pression foncière et la gestion des ressources naturelles ont fait l'objet de nombreuses études dans le monde. Cela témoigne l'importance accordée à ces thèmes pour les différents chercheurs. La plupart des auteurs n'ont pas fait la combinaison entre la pression foncière et la gestion des ressources naturelles. Certains ont traité la pression foncière en relation avec la dynamique de la population et d'autres ont abordé les aspects liés à la gestion des ressources naturelles en relation avec les activités humaines.

A partir de l'introduction de l'agrobusiness dans les pays du sud. Nous assistons à une course effrénée sur les terres rurales. L'objectif étant sans doute lié aux questions de l'atteinte de l'autosuffisance et la sécurité alimentaire, mais, l'exploitation à grande échelle sans des mesures d'atténuation a un impact certain sur les ressources naturelles. Aussi, l'accaparement des terres agricoles par les agrobusiness men ou nouveaux acteurs diminue les surfaces de production des paysans. La synthèse suivante retrace les travaux de certains auteurs sur les impacts de la privatisation des terres et la gestion des ressources naturelles d'une part et d'autre part l'effet produit par la privatisation sur la sécurité alimentaire des populations agricultrices.

En ce qui concerne l'impact de la pression foncière sur les ressources naturelles, le Fonds International pour le Développement Agricole (FIDA, 2002), souligne que l'exploitation des terres pose le problème de la conservation du sol, l'aménagement des bassins versants, la déforestation, la gestion des parcours, la désertification, la conservation de la biodiversité et la santé environnementale. Il explique que les causes et les effets de la dégradation de l'environnement varient considérablement selon les régions, les pays et les zones agroécologiques, et cela donne lieu à une grande variété de problèmes de gestion de ressources naturelles. Par ailleurs, il propose ainsi quelques éléments à prendre en compte pour alléger la pression sur les ressources naturelles. Il s'agit de la participation des bénéficiaires et des communautés, le transfert de technologies respectueuses de l'environnement, la promotion de politiques en faveur de l'environnement et le financement

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rural. FRATICELLI M., (2012), montre comment la question foncière est gérée depuis la période coloniale à nos jours. Il fait savoir que l'adoption de la loi de 1994 ne constitue pas une reconnaissance des droits des habitants sur les terres et les forêts gérées par les communautés. Ces populations en majorité pauvres se voient convoiter leurs terres par des élites capables d'acheter de milliers d'hectares. Ainsi, il indique que le système foncier légal mis en place au Cameroun n'a profité qu'à un nombre restreint d'acteurs. Pour lui, l'impact du phénomène d'accaparement des terres et des forêts sur les territoires et les systèmes de gestion coutumiers sont déjà très forts dans certaines zones du pays, en particulier les régions côtières. Cela crée des tensions dont les conséquences sont l'effritement du tissu social et des écosystèmes forestiers. Pour HIEN F. et al., (1996) la pression exercée par la population sur la terre conduit à la dynamique de dégradation des sols. Il souligne que cette dégradation apparaît comme le résultat de deux processus : l'extension spatiale des zones nues et l'apparition de nouvelles surfaces dénudées. Pour lui, la réduction du couvert végétal constitue le point de départ du processus de dégradation des sols dans la région soudano-sahélienne d'Afrique. C'est dans ce sens que soutient la BANQUE MONDIALE (2003), lorsqu'elle affirme que la gestion durable des ressources naturelles est essentielle pour lutter contre la pauvreté sur deux principaux fronts. Elle stipule que dans un premier temps, la gestion durable doit permettre de répondre aux besoins nutritionnels à long terme de la population mondiale. Elle fait remarquer par la suite que, si l'effet d'érosion qu'opère la dégradation des ressources sur la capacité productive se poursuit, la capacité à satisfaire les besoins alimentaires futurs se trouvera sérieusement compromise. Pour elle, les plus pauvres sont ceux qui souffriront le plus du fait de l'augmentation des coûts des produits alimentaires et de la vulnérabilité de leurs moyens d'existence. Deuxièmement, elle montre que la gestion intégrée des ressources naturelles contribue à lutter contre la pauvreté en améliorant les possibilités de revenu pour les agriculteurs pauvres et leurs communautés locales. Quant à BADO I. et al., (2003) les disponibilités en terres de culture, variables d'une région à l'autre du Burkina Faso, sont à rapprocher des conditions écologiques. Ils montrent que la qualité des sols et la répartition des pluies sont responsables de situations très différentes selon les régions. Ils soutiennent que la dynamique récente et actuelle de la population bouscule les situations antérieures et pose de manière nouvelle les conditions d'accès à la terre. Par ailleurs, ils proposent qu'il faille nécessairement adapter les régimes fonciers aux nouvelles réalités socioéconomiques dominées par la raréfaction des terres disponibles et les mutations dans le mode de gestion des terres.

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La question de l'accaparement des terres a été abordée. Ainsi, en 2010, GBAGUIDI L., montre que l'investissement dans l'achat de la terre et dans la production agricole constitue une tradition au Bénin. À cet effet, sur la base de la limitation des superficies de l'ordre de 20 à 50 hectares, les fonctionnaires de l'administration et les hommes d'affaires ont acheté des terres pour y pratiquer une agriculture pérenne telle que la production de bois de Tectona grandis ou d'arbres fruitiers. Il ajoute que depuis 2000, le phénomène a pris de l'ampleur avec l'achat de superficies plus importantes et l'entrée d'investisseurs étrangers et des multinationales dans l'acquisition des terres dans les régions considérées comme les greniers du pays. Il présente les différents modes d'accès à la terre et les acteurs (ONG, Députés, Ministres et Hommes d'Affaires) qui achètent de grandes superficies. Il conclut que cette situation peut avoir comme conséquence la perte des pratiques endogènes, des valeurs traditionnelles, la dégradation du tissu social et de l'exode rural. Par ailleurs, l'auteur nous apprend que l'introduction incontrôlée de semences d'Organismes Génétiquement Modifiés peut également avoir des conséquences importantes à long terme sur la biodiversité du pays. Argumentant sur la même question, ADAMCZEWSKI A., et al., (2013), montrent que l'ampleur des dynamiques de concessions privées est telle qu'elles sont souvent qualifiées d'accaparements fonciers. Ils soulignent que la croissance démographique conduit à une réduction du foncier par l'exploitation des terres. ZONGO M., (2010), montre que l'État burkinabè a initié à la fin des années 90 une politique d'incitation d'investissement dans la production agricole par des investisseurs privés afin de surmonter les insuffisances de l'agriculture familiale considérée comme peu performante, peu ouverte aux innovations et à la professionnalisation. C'est ainsi qu'une partie de la population qualifiée d'agrobusiness men s'est engagée dans l'acquisition de terres en milieu rural et particulièrement dans les zones proches des grands centres urbains. Il met l'accent sur la catégorisation de ces agrobusiness men, la description de leurs procédures d'accès à la terre, leurs stratégies de sécurisation ainsi que les rapports qu'ils entretiennent avec les autres acteurs. Pour ZONGO M., 2005, les effets cumulés de l'évolution démographique et de la modernisation des moyens de production ont généré un fort accroissement des superficies cultivées. Il souligne que l'augmentation de la production est envisagée comme une conséquence de l'augmentation des superficies. Quant à SOME B. F., (2002), les ressources naturelles, supports de la production rurale, subissent les caprices des changements climatiques. Il soutient que pour espérer léguer un héritage de ressources naturelles rurales aux générations futures, il faut nécessairement adapter les systèmes de production actuels au milieu et investir pour les revaloriser. Par ailleurs, il montre que la dégradation des ressources naturelles est en grande partie due à l'installation des migrants dans la Province du Tuy au Burkina Faso.

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Les questions de la transaction et les systèmes de sécurisation foncière ont aussi fait l'objet d'étude. En effet, ZIDA R. A., (2012), analyse les différents modes d'accès à la terre et identifie les acteurs concernés par la transaction foncière. Il pense que les transactions foncières engendrent certes des apports socio-économiques pour les acteurs mais également des inconvénients. Pour OUEDRAOGO H., (2010), les systèmes de sécurisation foncière en Afrique de l'Ouest reposent sur l'héritage colonial de l'immatriculation foncière dont l'échec a pourtant été souvent dénoncé. Il mentionne que pour réussir, les politiques foncières ouest-africaines doivent questionner, voire remettre en cause les fondements coloniaux sur lesquels sont bâtis les législations foncières actuelles, notamment le système de l'immatriculation foncière. Il souligne par la suite que l'élaboration de loi entrant dans le cadre du foncier doit s'appuyer sur les initiatives locales et impliquer les acteurs à la base (les communautés locales, les propriétaires terrains).

Les questions de vulnérabilité et de sécurité alimentaire ont également été abordées par certains auteurs dans leurs recherches. C'est ainsi que JANIN P., (2006), évoque la nécessité de prendre en compte les vulnérabilités apparente (basée sur une cartographie thématique qui représente la situation géographique) et réelle (qui résulte de mesures plus individualisées). Pour lui, cela permet de cerner tous les contours de la situation réelle des ménages. Il prend en compte les aspects économiques, géographiques et sociaux pour caractériser la vulnérabilité alimentaire. Pour OUEDRAOGO F. C., (2004), l'insécurité alimentaire varie dans le temps et dans l'espace. Les crises climatiques caractéristiques à l'Est du Burkina Faso déterminent les degrés de vulnérabilité (apparente ou réelle) de la population dans la mesure où la disponibilité alimentaire est dépendante de la production agricole. Il met l'accent sur les déterminants de la vulnérabilité alimentaire à savoir la précarité des ressources, la gestion inadaptée des ressources, l'incertitude climatique et l'enclavement physique et culturel de la zone. Quant à DELCOURT L., (2010), la crise alimentaire de 2008 dans le monde a jeté une lumière crue sur les aberrations du modèle de développement agricole promu dans le Sud. Il souligne que cette crise a plongé près de 125 millions de personnes supplémentaires dans l'extrême pauvreté et 75 millions d'entre elles dans la sous-alimentation. Il soutient que les paysans du sud sont confrontés à la libéralisation du marché et à la réduction du soutien des pouvoirs publics. Il poursuit en affirmant que les institutions internationales qui reconnaissent aujourd'hui le rôle des agricultures familiales et paysannes dans la lutte contre la pauvreté, ainsi que dans la préservation de la biodiversité, préconisent des mesures d'appui public ou privé. Par ailleurs, il pose la problématique du contrôle de la

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terre qui reste largement négligée. DROY I. et al., (2004) mettent l'accent sur la pauvreté en milieu rural d'une part et de l'autre les difficultés pluviométriques auxquelles fait face le sud du pays. En effet, ils montrent que les aléas climatiques perturbent la production vivrière et font baisser les revenus des populations. Pour eux les systèmes d'information permettent, soit un suivi conjoncturel de la situation alimentaire, soit une approche structurelle permettant une meilleure approche des causes de cette vulnérabilité. Ils pensent que chaque niveau d'observation apporte des informations spécifiques et complémentaires.

La pression exercée par les populations influence énormément sur la gestion des ressources naturelles. Cependant, il ressort de toutes ces recherches documentaires que la question de la pression foncière sur les enjeux de la gestion des ressources naturelles a été très peu traitée dans les pays d'Afrique au sud du Sahara. En effet, des travaux sur ce thème. ont bien été conduits dans diverses régions du monde et même du Burkina Faso. Cependant, dans le milieu périurbain des villes du Burkina Faso, il n'y a pas d'étude qui traite du lien entre la pression exercée par les populations sur le foncier et la gestion des ressources naturelles. Notre mémoire consiste donc à privilégier l'analyse des enjeux liés à la pression foncière sur la gestion des ressources naturelles dans la province du Kadiogo, notamment dans le milieu périurbain. Mais, avant de présenter la zone d'étude et dresser la méthodologie utilisée, nous avons procédé par la définition des concepts récurrents utilisés dans ce document.

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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon