Les thèmes sur la pression foncière et la
gestion des ressources naturelles ont fait l'objet de nombreuses études
dans le monde. Cela témoigne l'importance accordée à ces
thèmes pour les différents chercheurs. La plupart des auteurs
n'ont pas fait la combinaison entre la pression foncière et la gestion
des ressources naturelles. Certains ont traité la pression
foncière en relation avec la dynamique de la population et d'autres ont
abordé les aspects liés à la gestion des ressources
naturelles en relation avec les activités humaines.
A partir de l'introduction de l'agrobusiness dans les pays du
sud. Nous assistons à une course effrénée sur les terres
rurales. L'objectif étant sans doute lié aux questions de
l'atteinte de l'autosuffisance et la sécurité alimentaire, mais,
l'exploitation à grande échelle sans des mesures
d'atténuation a un impact certain sur les ressources naturelles. Aussi,
l'accaparement des terres agricoles par les agrobusiness men ou nouveaux
acteurs diminue les surfaces de production des paysans. La synthèse
suivante retrace les travaux de certains auteurs sur les impacts de la
privatisation des terres et la gestion des ressources naturelles d'une part et
d'autre part l'effet produit par la privatisation sur la sécurité
alimentaire des populations agricultrices.
En ce qui concerne l'impact de la pression foncière
sur les ressources naturelles, le Fonds International pour le
Développement Agricole (FIDA, 2002), souligne que l'exploitation des
terres pose le problème de la conservation du sol, l'aménagement
des bassins versants, la déforestation, la gestion des parcours, la
désertification, la conservation de la biodiversité et la
santé environnementale. Il explique que les causes et les effets de la
dégradation de l'environnement varient considérablement selon les
régions, les pays et les zones agroécologiques, et cela donne
lieu à une grande variété de problèmes de gestion
de ressources naturelles. Par ailleurs, il propose ainsi quelques
éléments à prendre en compte pour alléger la
pression sur les ressources naturelles. Il s'agit de la participation des
bénéficiaires et des communautés, le transfert de
technologies respectueuses de l'environnement, la promotion de politiques en
faveur de l'environnement et le financement
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rural. FRATICELLI M., (2012), montre comment la question
foncière est gérée depuis la période coloniale
à nos jours. Il fait savoir que l'adoption de la loi de 1994 ne
constitue pas une reconnaissance des droits des habitants sur les terres et les
forêts gérées par les communautés. Ces populations
en majorité pauvres se voient convoiter leurs terres par des
élites capables d'acheter de milliers d'hectares. Ainsi, il indique que
le système foncier légal mis en place au Cameroun n'a
profité qu'à un nombre restreint d'acteurs. Pour lui, l'impact du
phénomène d'accaparement des terres et des forêts sur les
territoires et les systèmes de gestion coutumiers sont
déjà très forts dans certaines zones du pays, en
particulier les régions côtières. Cela crée des
tensions dont les conséquences sont l'effritement du tissu social et des
écosystèmes forestiers. Pour HIEN F. et al., (1996) la
pression exercée par la population sur la terre conduit à la
dynamique de dégradation des sols. Il souligne que cette
dégradation apparaît comme le résultat de deux processus :
l'extension spatiale des zones nues et l'apparition de nouvelles surfaces
dénudées. Pour lui, la réduction du couvert
végétal constitue le point de départ du processus de
dégradation des sols dans la région soudano-sahélienne
d'Afrique. C'est dans ce sens que soutient la BANQUE MONDIALE (2003),
lorsqu'elle affirme que la gestion durable des ressources naturelles est
essentielle pour lutter contre la pauvreté sur deux principaux fronts.
Elle stipule que dans un premier temps, la gestion durable doit permettre de
répondre aux besoins nutritionnels à long terme de la population
mondiale. Elle fait remarquer par la suite que, si l'effet d'érosion
qu'opère la dégradation des ressources sur la capacité
productive se poursuit, la capacité à satisfaire les besoins
alimentaires futurs se trouvera sérieusement compromise. Pour elle, les
plus pauvres sont ceux qui souffriront le plus du fait de l'augmentation des
coûts des produits alimentaires et de la vulnérabilité de
leurs moyens d'existence. Deuxièmement, elle montre que la gestion
intégrée des ressources naturelles contribue à lutter
contre la pauvreté en améliorant les possibilités de
revenu pour les agriculteurs pauvres et leurs communautés locales. Quant
à BADO I. et al., (2003) les disponibilités en terres de
culture, variables d'une région à l'autre du Burkina Faso, sont
à rapprocher des conditions écologiques. Ils montrent que la
qualité des sols et la répartition des pluies sont responsables
de situations très différentes selon les régions. Ils
soutiennent que la dynamique récente et actuelle de la population
bouscule les situations antérieures et pose de manière nouvelle
les conditions d'accès à la terre. Par ailleurs, ils proposent
qu'il faille nécessairement adapter les régimes fonciers aux
nouvelles réalités socioéconomiques dominées par la
raréfaction des terres disponibles et les mutations dans le mode de
gestion des terres.
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La question de l'accaparement des terres a été
abordée. Ainsi, en 2010, GBAGUIDI L., montre que l'investissement dans
l'achat de la terre et dans la production agricole constitue une tradition au
Bénin. À cet effet, sur la base de la limitation des superficies
de l'ordre de 20 à 50 hectares, les fonctionnaires de l'administration
et les hommes d'affaires ont acheté des terres pour y pratiquer une
agriculture pérenne telle que la production de bois de Tectona
grandis ou d'arbres fruitiers. Il ajoute que depuis 2000, le
phénomène a pris de l'ampleur avec l'achat de superficies plus
importantes et l'entrée d'investisseurs étrangers et des
multinationales dans l'acquisition des terres dans les régions
considérées comme les greniers du pays. Il présente les
différents modes d'accès à la terre et les acteurs (ONG,
Députés, Ministres et Hommes d'Affaires) qui achètent de
grandes superficies. Il conclut que cette situation peut avoir comme
conséquence la perte des pratiques endogènes, des valeurs
traditionnelles, la dégradation du tissu social et de l'exode rural. Par
ailleurs, l'auteur nous apprend que l'introduction incontrôlée de
semences d'Organismes Génétiquement Modifiés peut
également avoir des conséquences importantes à long terme
sur la biodiversité du pays. Argumentant sur la même question,
ADAMCZEWSKI A., et al., (2013), montrent que l'ampleur des dynamiques
de concessions privées est telle qu'elles sont souvent qualifiées
d'accaparements fonciers. Ils soulignent que la croissance démographique
conduit à une réduction du foncier par l'exploitation des terres.
ZONGO M., (2010), montre que l'État burkinabè a initié
à la fin des années 90 une politique d'incitation
d'investissement dans la production agricole par des investisseurs
privés afin de surmonter les insuffisances de l'agriculture familiale
considérée comme peu performante, peu ouverte aux innovations et
à la professionnalisation. C'est ainsi qu'une partie de la population
qualifiée d'agrobusiness men s'est engagée dans l'acquisition de
terres en milieu rural et particulièrement dans les zones proches des
grands centres urbains. Il met l'accent sur la catégorisation de ces
agrobusiness men, la description de leurs procédures d'accès
à la terre, leurs stratégies de sécurisation ainsi que les
rapports qu'ils entretiennent avec les autres acteurs. Pour ZONGO M., 2005, les
effets cumulés de l'évolution démographique et de la
modernisation des moyens de production ont généré un fort
accroissement des superficies cultivées. Il souligne que l'augmentation
de la production est envisagée comme une conséquence de
l'augmentation des superficies. Quant à SOME B. F., (2002), les
ressources naturelles, supports de la production rurale, subissent les caprices
des changements climatiques. Il soutient que pour espérer léguer
un héritage de ressources naturelles rurales aux
générations futures, il faut nécessairement adapter les
systèmes de production actuels au milieu et investir pour les
revaloriser. Par ailleurs, il montre que la dégradation des ressources
naturelles est en grande partie due à l'installation des migrants dans
la Province du Tuy au Burkina Faso.
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Les questions de la transaction et les systèmes de
sécurisation foncière ont aussi fait l'objet d'étude. En
effet, ZIDA R. A., (2012), analyse les différents modes d'accès
à la terre et identifie les acteurs concernés par la transaction
foncière. Il pense que les transactions foncières engendrent
certes des apports socio-économiques pour les acteurs mais
également des inconvénients. Pour OUEDRAOGO H., (2010), les
systèmes de sécurisation foncière en Afrique de l'Ouest
reposent sur l'héritage colonial de l'immatriculation foncière
dont l'échec a pourtant été souvent dénoncé.
Il mentionne que pour réussir, les politiques foncières
ouest-africaines doivent questionner, voire remettre en cause les fondements
coloniaux sur lesquels sont bâtis les législations
foncières actuelles, notamment le système de l'immatriculation
foncière. Il souligne par la suite que l'élaboration de loi
entrant dans le cadre du foncier doit s'appuyer sur les initiatives locales et
impliquer les acteurs à la base (les communautés locales, les
propriétaires terrains).
Les questions de vulnérabilité et de
sécurité alimentaire ont également été
abordées par certains auteurs dans leurs recherches. C'est ainsi que
JANIN P., (2006), évoque la nécessité de prendre en compte
les vulnérabilités apparente (basée sur une cartographie
thématique qui représente la situation géographique) et
réelle (qui résulte de mesures plus individualisées). Pour
lui, cela permet de cerner tous les contours de la situation réelle des
ménages. Il prend en compte les aspects économiques,
géographiques et sociaux pour caractériser la
vulnérabilité alimentaire. Pour OUEDRAOGO F. C., (2004),
l'insécurité alimentaire varie dans le temps et dans l'espace.
Les crises climatiques caractéristiques à l'Est du Burkina Faso
déterminent les degrés de vulnérabilité (apparente
ou réelle) de la population dans la mesure où la
disponibilité alimentaire est dépendante de la production
agricole. Il met l'accent sur les déterminants de la
vulnérabilité alimentaire à savoir la
précarité des ressources, la gestion inadaptée des
ressources, l'incertitude climatique et l'enclavement physique et culturel de
la zone. Quant à DELCOURT L., (2010), la crise alimentaire de 2008 dans
le monde a jeté une lumière crue sur les aberrations du
modèle de développement agricole promu dans le Sud. Il souligne
que cette crise a plongé près de 125 millions de personnes
supplémentaires dans l'extrême pauvreté et 75 millions
d'entre elles dans la sous-alimentation. Il soutient que les paysans du sud
sont confrontés à la libéralisation du marché et
à la réduction du soutien des pouvoirs publics. Il poursuit en
affirmant que les institutions internationales qui reconnaissent aujourd'hui le
rôle des agricultures familiales et paysannes dans la lutte contre la
pauvreté, ainsi que dans la préservation de la
biodiversité, préconisent des mesures d'appui public ou
privé. Par ailleurs, il pose la problématique du contrôle
de la
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terre qui reste largement négligée. DROY I.
et al., (2004) mettent l'accent sur la pauvreté en milieu rural
d'une part et de l'autre les difficultés pluviométriques
auxquelles fait face le sud du pays. En effet, ils montrent que les
aléas climatiques perturbent la production vivrière et font
baisser les revenus des populations. Pour eux les systèmes d'information
permettent, soit un suivi conjoncturel de la situation alimentaire, soit une
approche structurelle permettant une meilleure approche des causes de cette
vulnérabilité. Ils pensent que chaque niveau d'observation
apporte des informations spécifiques et complémentaires.
La pression exercée par les populations influence
énormément sur la gestion des ressources naturelles. Cependant,
il ressort de toutes ces recherches documentaires que la question de la
pression foncière sur les enjeux de la gestion des ressources naturelles
a été très peu traitée dans les pays d'Afrique au
sud du Sahara. En effet, des travaux sur ce thème. ont bien
été conduits dans diverses régions du monde et même
du Burkina Faso. Cependant, dans le milieu périurbain des villes du
Burkina Faso, il n'y a pas d'étude qui traite du lien entre la pression
exercée par les populations sur le foncier et la gestion des ressources
naturelles. Notre mémoire consiste donc à privilégier
l'analyse des enjeux liés à la pression foncière sur la
gestion des ressources naturelles dans la province du Kadiogo, notamment dans
le milieu périurbain. Mais, avant de présenter la zone
d'étude et dresser la méthodologie utilisée, nous avons
procédé par la définition des concepts récurrents
utilisés dans ce document.