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CHAPITRE IV : LA DISCUSSION DES RÉSULTATS ET
L'ORIENTATION DE LA RECHERCHE
Ce chapitre est consacré à la discussion des
résultats de la recherche. Il donne une analyse en fonction des
études déjà réalisées dans le domaine de la
pression foncière et la gestion des ressources naturelles. La
dernière partie de ce chapitre présente une orientation de la
recherche qui sera menée dans le cadre de la thèse.
IV. I. La discussion des résultats de la
recherche
Cette partie présente les résultats de la
recherche en interaction avec ceux d'autres auteurs. Elle est structurée
en deux points à savoir la privatisation foncière et la gestion
des ressources naturelles, et l'effet de la pression foncière dans
l'interface Ouagadougou Tanghin-Dassouri.
IV. I. 1. La pression foncière et la gestion des
ressources naturelles
La pression foncière a d'énormes
conséquences sur la gestion des ressources naturelles dans la province
du Kadiogo, principalement dans son milieu péri-urbain. Certes, la
privatisation des terres peut avoir des conséquences positives qui se
traduiraient par la création d'emplois, l'augmentation de la production
agricole, la création de la richesse, etc. Sur le terrain, ces aspects
sont insignifiants. Les investigations menées montrent des
conséquences négatives qui se résument entre autres
à la dégradation et à la disparition de la
biodiversité, la dégradation des sols et des eaux, la perte des
espaces cultivables, les conflits fonciers et l'insécurité
alimentaire.
IV. I.1.1. La dégradation et la disparition de
la biodiversité
La diversité biologique, ou biodiversité, peut
être définie comme l'ensemble des espèces vivantes
présentes sur la terre (plantes, animaux, micro-organismes,...), les
communautés formées par ces espèces et les habitats dans
lesquels ils vivent.
L'exploitation des espaces acquis par les nouveaux acteurs ou
agrobusiness men n'est pas toujours faite en respectant les normes
environnementales. En effet, le code de l'environnement (Loi n°002/94/ADP
du 19 janvier 1994) précise en ses articles 73 et 74, la
nécessité de protéger les ressources naturelles. Dans la
pratique, avant l'obtention du titre d'exploitation sur le site acquis, le
promoteur doit soumettre au ministère en charge de l'environnement une
étude ou une notice d'impact environnementale (selon la taille du
projet). A cet effet, un avis favorable lui est accordé si l'impact
environnemental présenté par le projet peut être
atténué, dans le cas contraire, on lui notifie un avis
défavorable. Sur le
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terrain, les nouveaux acquéreurs dévastent le
couvert végétal pour implanter des infrastructures ou pour mener
leurs activités. Les arbres, arbustes, graminées et herbes, qui
s'y trouvent sont détruits. Des dizaines d'espèces
végétales ont déjà disparu et d'autres telles que
Faidherbia albida, Acacia pennata, Borasuss aethiopum, Fucus iteophylla,
Fucus platyphylla, Securidaca longepedunculata sont en voie de
disparition. La faune sauvage, surtout les gros animaux ont progressivement
laissé la place aux petits rongeurs tels que les écureuils, les
souris, les rats, etc. La disparition des habitats naturels des espèces
animales entraîne également la mort ou la disparition de ceux-ci,
voire leur migration vers les zones où ils peuvent survivre.
La réduction des terres cultivables et des espaces
ruraux au profit de nouveaux acquéreurs (dont l'objectif est
l'érection d'infrastructures) menacent les écosystèmes,
les espaces naturels et les superficies de productions agricoles. L'extraction
des latérites, la destruction du couvert végétal pour la
mise en place des infrastructures sociales et économiques exercent des
pressions importantes sur les ressources naturelles renouvelables ou non.
Aussi, on remarque que la pression foncière conduit à de nouveaux
défrichements de l'espace naturel (DIPAMA J.M., 2006).
Les conséquences de la dégradation des
ressources naturelles touchent énormément les populations rurales
à travers leurs besoins très vitaux (BANZHAF M., 2005), car la
première ressource dont elle dispose est la terre et toutes les
ressources qu'elle contient. Pour satisfaire ses besoins primaires et parfois
sociaux, cette population a recours à ces ressources. De ce fait, la
disparition des espèces (végétales et animales) et la
dégradation des écosystèmes sont une menace pour le
bien-être et le devenir des populations, voire de l'humanité.
Elles le sont également pour la pérennité des
activités socio-économiques qui reposent sur l'exploitation des
ressources naturelles.
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