Sur les images de 1986 et de 2014, huit unités
d'occupation des terres ont été identifiées. Toutefois,
l'image de 2014 se distingue de celle de 1986 par l'apparition d'une nouvelle
unité : la zone non lotie. Les statistiques obtenues présentent
une forte extension des champs suivis des zones non loties, des zones
urbanisées, des savanes herbeuses, des plantations et des formations
ripicoles. Cependant, les superficies des savanes arbustives, des plans d'eau
et des zones nues ont subi une régression (cf. tableau II).
Les unités qui ont progressé entre 1986
et 2014.
La superficie des champs qui couvrait 32,40 % en 1986,
occupait plus de la moitié de l'espace cartographiée en 2014 soit
50,49 %. En l'espace de 28 ans, l'étendu des champs a progressé
de 18,09 %. Cette progression n'est pas constante toutes les années.
Entre 1986 et 1995, c'est-à-dire en espace de 9 ans, elle a
progressé de 1644,22 ha, soit 13,89 %, contre seulement 496,3 ha (4,2 %)
en 19 ans (1995-2014). La faible croissance des champs entre 1995-2014 peut
s'expliquer par l'achat des terres par les agrobusiness men. Une fois que la
terre est vendue, le paysan n'a plus droit pour exploiter, donc il ne peut plus
accroître sa surface cultivable. L'extension des champs sur la
période est due à la pression qu'exerce la population sur les
ressources et à la pauvreté des sols. En effet, la recherche de
la subsistance quotidienne amène les agriculteurs à
défricher de grandes étendues de surface pour les cultures. Le
rapport entre l'image de 1986 et celle de 2014 montre que les champs occupent
environ 0,60 % de la superficie totale cartographiée par an. L'extension
de ces champs s'est fait au détriment des autres unités
d'occupation des terres telles que les savanes arbustives, les plans d'eau et
les zones nues.
L'espace occupé par la formation ripicole a
progressé entre 1986 et 2014, passant ainsi de 0,33 % en 1986 à
0,67 % en 2014. Au cours des 28 ans, elle a progressé de 0,34 %. Les
détails montrent qu'entre 1986-1995, elle a augmenté de 119,84 ha
(1,02 %), contre une régression de 0,68 %, soit -77,75 ha entre
1995-2014. Compte tenu de la diminution des espèces
végétales dans les champs de culture pluviale, les populations
s'attaquent aux formations ripicoles. C'est la raison pour laquelle cette
unité est en pleine dégradation. Par contre, la progression
observée est certainement due à la plantation d'arbres
initiée par les paysans autour des cultures maraichères. Ces
cultures se localisent le plus souvent autour des points d'eau. Les arbres
servent parfois de bouclier pour empêcher les animaux d'avoir
accès aux légumes.
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La zone urbanisée qui n'occupait que 0,84 % de la
superficie totale en 1986 est passé à 3,31 % en 2014, faisant
ainsi une extension d'environ 2,47 %. Elle a connu une faible progression entre
1986 et 1995 (0,54 %) et une augmentation de 228,38 ha sur sa superficie entre
1995 et 2014, soit 1,93 %. Le besoin de logement viabilisé explique la
progression de cette unité.
Il en est de même pour la zone non lotie. Elle a
également connu une progression remarquable en l'espace des 28
années écoulées. Elle est passée de zéro ha
en 1986 à 710,66 ha en 2014, soit une progression de 6 %. Cette
augmentation est de 1,48 % entre 1986-1995, contre 4,52 % entre 1995 et 2014.
Le besoin croissant de logement est la cause de l'extension de ces
unités. En effet, la demande croissante de logement amène les
citadins à acheter des espaces dans la périphérie urbaine,
sur lesquels ils construisent des maisons d'habitations en espérant
bénéficier d'une parcelle lotie au moment du lotissement de la
zone. D'autres construisent des infrastructures socio-économiques telles
que des garages, des écoles, etc. Tout comme la précédente
unité, celle-ci va encore s'agrandir, car au fil des années le
nombre de demandeurs de logements s'accroît.
Les différentes surfaces de savanes herbeuses ont
augmenté en superficie. Elles sont passées de 25,04 % en 1986
à 25,98 % en 2014. Elles présentent certes un bilan positif de
0,94 %, mais elle a perdu 6,26 % de sa surface au cours des 9 premières
années, soit -742,01 ha. Ce n'est qu'entre 1995 et 2014 qu'elle a pu
bénéficier d'une extension de 853,09 ha, soit 7,2 %. Cette
évolution s'explique par le fait qu'avant 1995, les paysans
étaient les seuls maîtres sur le terrain. De par le système
cultural extensif et sur brûlis qu'ils pratiquent, ils exploitaient
conséquemment plusieurs hectares de terrains pour l'agriculture. Ce qui
a contribué à la dégradation de cette unité. Par
contre, entre 1995-2014, il y a eu l'intervention de nouveaux acteurs. Ceux-ci
achètent de grandes portions de terres qu'ils mettent en valeur.
Cependant, les terrains qui ne sont pas exploités sont mis en
jachère. Cela favorise la reconstitution du couvert
végétal, particulièrement le développement de la
strate herbeuse.
Les plantations ont fait un bilan positif de 0,78 % entre
1986 et 2014. Dans la même dynamique que la précédente
unité, elles ont perdu 20,23 ha entre 1986 et 1995, soit (-0,17 %) de sa
superficie initiale. Ce n'est qu'entre 1995 et 2014 que cette unité a
progressé de 0,95 %, soit 110,86 ha. Cette situation est due à la
forte pression démographique sur cette unité au cours de la
période 1986-1995. La réduction des terres cultivables des
paysans les amène à exploiter les plantations pour l'agriculture.
La population n'ayant plus assez d'arbres, se retourne vers les plantations
pour prélever le bois d'oeuvre et de chauffe. Entre 1995 et 2014, les
populations ont contribué à l'augmentation des superficies de
cette unité à travers des
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reboisements. Aussi, on constate que certains nouveaux
acquéreurs plantent des arbres sur leurs propriétés.
Les unités qui ont régressé
entre 1986 et 2014.
De 1986 à 2014, la superficie des savanes arbustives
est passée de 33,23 % de la surface cartographiée à 7,89
%. En espace de 28 ans, cette formation a perdu 2999,21 ha, soit (-25,34 %) de
la surface totale. Ce qui représente plus de trois quart (3/4) de sa
surface initiale. Cette régression était de 10,3 % (-1219,37 ha)
entre 1986 et 1995 et a continué pour atteindre - 1779,84 ha entre 1995
et 2014, soit une régression de 15,04 %. La régression est due
à la pression exercée par la population sur les terres. En effet,
les nouveaux acquéreurs détruisent la végétation
pour implanter leurs infrastructures (cf. photos 6 et 7). Aussi, de par
l'action de la coupe abusive du bois et l'émondage les paysans
contribuent à la dégradation des espèces
végétales, surtout les arbres.
Les plans d'eau ont perdu en 28 années plus de 0,05 %
de la surface totale cartographiée. Entre 1986-1995, la portion de sa
surface qui a disparu était de 0,02 %, puis a continué pour
atteindre (-0,03 %), soit -3,3 ha. Cette situation pourrait s'expliquer par
l'ensablement des retenues d'eau causé par les activités
humaines.
Les zones nues ont également perdu une partie de leur
superficie, passant ainsi de 7,37 % en 1986 à 4,14 % en 2014. Ce qui
représente une perte de 3,23 %, soit -382,82 ha. La régression de
cette unité s'est faite de façon croissante, passant ainsi de
(-0,16 %) les 9 premières années à (-3,07 %) de leur
superficie entre 1995-2014. La diminution de ces espaces est imputable dans un
premier temps à la récupération des sols nus par les
paysans, et dans un second temps à la mise en jachère des
terrains achetés par les nouveaux acteurs du foncier.
L'évaluation de ces différentes unités
montre que les savanes arbustives ont connu le fort taux de dégradation
avec -25,34 %. Quant aux champs, ils ont bénéficié de la
plus grande extension de leur superficie avec 18,09 %. Les
réalités du terrain montrent que cette zone est dominée
par les champs qui sont sous savane parc à Vitellaria paradoxa
et est également un espace en pleine dynamique due à
l'érection des infrastructures et au prélèvement des
agrégats de construction. Certes, le milieu est
caractérisé par sa dynamique importante, mais il convient de
connaître les unités qui ont bénéficié des
mutations au cours de ces 28 dernières années.