6.2. Analyse de la classe 3 : médiation
numérique et formation
Quelques formes significatives Classe 3 :
Chi2
|
Mots
|
Chi2
|
Mots
|
|
|
|
|
43.23
|
-*2_parcours
|
30.67
|
*age_m40
|
40.44
|
-*4_formation
|
29.78
|
Professionnel
|
38.17
|
Médiateur numérique
|
25.11
|
Technologie
|
37.85
|
Formation
|
23.85
|
Former
|
32.67
|
Bac
|
21.22
|
Animateur_multimédia
|
32.11
|
Niveau
|
17.42
|
*bac_m3
|
45
Au sein de la classe 3, les thématiques
-*2_parcours et -*4_formation sont
représentées. Il s'agissait dans un premier temps d'avoir des
éléments sur les parcours professionnels ayant conduit à
la médiation numérique puis dans un second temps de recueillir
des informations sur l'offre de formation en médiation
numérique.
Bien que n'apparaissant pas spécifiquement dans cette
analyse de texte automatisée, les échanges et l'analyse de ces
derniers m'a permis de constater que les professionnels interrogés
n'étaient, généralement, ni issus de l'informatique ni du
social à proprement parler.
« J'avais commencé des études qui
n'avait absolument rien à voir : c'était dans les langues
étrangères mais j'ai toujours été
attiré par tout ce qui est informatique [...]et j'ai toujours
aimé transmettre ça dès que je pouvais. (Animateur
multimédia)
« J'ai fait des études de
philosophie. » (Animatrice MSAP)
« J'ai un parcours euh... plutôt orienté
autour de la géographie. » (Chef de
projet)
« Je ne suis pas du tout issu enfaite du secteur pour
faire très très simple. Euh alors moi à la base j'ai
commencé à étudier la biochimie en
Sciences Techniques Laboratoire en formation technologique en trois ans ensuite
j'ai bifurqué sur plutôt le spectacle pendant
cinq ans. » (Chef de projet formation)
Devant tant de disparité, il a été
question de s'interroger sur leurs liens : la majorité d'entre eux ont
un parcours dans l'animation et se revendiquent comme étant issus de
l'éducation populaire.
« Pour que vous sachiez à peu près
d'où est ce que je viens c'est-à-dire absolument pas du tout du
milieu puisque que j'ai un BAC de musique, je suis musicien de
formation. [...] Je suis embauché dans une MJC pour être animateur
[...]. C'est là que je découvre ce que j'appellerais la fibre de
l'éducation populaire. C'est un des marqueurs qui fait mon parcours.
» (Médiateur numérique)
« Animateur du cyber centre [...], l'accompagnement
des personnes en difficulté. Il y a vraiment ces deux
cotés-là qui m'intéressaient vachement et puis du coup
tout le reste en ce qui concerne d'une façon plus globale
l'éducation populaire quoi. » (Animateur de réseau)
Concernant la formation, force est de
constater que les moins formés, représentés par la
métadonnée *bac_m3, ainsi que les plus jeunes,
représentés par la métadonnée *age_m40,
évoquent la formation et principalement les
métiers d'animateur multimédia et de
médiateur numérique. De plus, les professionnels
les plus formés (*bac_p3) et les plus expérimentés
(*exp_p5) semblent être arrivés dans la médiation
numérique par opportunités suite à des
46
appétences en informatique et/ou en animation. Les
concernant ils évoquent la formation comme étant peu existante et
peu structurée. Néanmoins elle semble pensée,
réfléchie notamment par les têtes de réseaux.
« Le soucis du mot médiateur numérique
c'est que ce n'est pas reconnu en tant que profession aujourd'hui à part
entière parce qu'on n'identifie pas bien la formation qu'il faut faire
pour devenir médiateur numérique, parce qu'aujourd'hui en fait
devenir médiateur numérique c'est peut-être avoir une
double casquette avoir été animateur socio-culturel et avoir une
appétence sur cette question-là. Euh... Moi c'est un peu
ça, ça partait d'une appétence voilà. »
(Animatrice de réseau)
« On est justement sur ces réflexions globales
de comment former à la médiation numérique aussi, comment
on peut mettre en place une formation professionnalisante sur ces
questions-là pour que ce métier soit reconnu à part
entière quoi. » (Animatrice de réseau)
« Nous avons créé une formation pour
permettre à des personnes en BAC infra-BAC de devenir potentiellement
médiateur numérique donc c'est un domaine sur lequel on
travaille. » (Chef de projet formation)
Cependant, bien que cela ne soit pas dit comme tel,
l'organisation de la formation de médiation numérique semble
prendre forme. En effet, suite aux échanges, j'ai pu constater une
certaine échelle de niveaux qui pourraient ressembler à la
suivante :
- Les animateurs multimédia, niveau BAC, sont
chargés d'animer des ateliers collectifs sur bases de contenus
préconçus et proposer des accompagnements individuels de premier
niveau ;
- Les médiateurs numériques, niveau BAC+2, en
charge de l'adaptation des contenus aux différents publics et du
partenariat local. Ils peuvent être chargés de l'accompagnement
individuel de certaines problématiques plus complexes.
- Les animateurs de réseau, chargés de mission
et chargés de projet, de niveau BAC+3 à niveau BAC+5, structurent
et animent le réseau de médiation numérique ainsi que
l'offre de formation. Ils stimulent et coordonnent le partenariat et
répondent aux différents appels à projet en lien avec leur
territoire.
47
Spécificité et Analyse Factorielle des
Correspondances (AFC) de la métadonnée *bac :
Cette Analyse Factorielle des Correspondances (AFC) nous montre
que les moins formés (-*bac_m3) sont au plus proche de la personne
et des usages tandis que les plus formés (-*bac p3) sont dans les
projets, les réponses aux appels à projet et le
questionnement.
6.3. Analyse des classes 4 et 5 : médiation
numérique, politique de territoire et partenariat
Quelques formes significatives Classe 4 :
Chi2
|
Mots
|
Chi2
|
Mots
|
|
|
|
|
86.26
|
Question
|
38.32
|
-8_politique
|
75.21
|
Politique
|
35.31
|
Souhait
|
54.49
|
Conscience
|
25.94
|
Frein
|
42.31
|
Argent
|
24.11
|
Illettrisme
|
41.42
|
Réalité
|
23,51
|
Eloigner
|
Au même titre que la classe 2, la présence moins
importante de la classe 4 (14,3%) s'explique car elle évoque une
thématique précise qui est -*8_politique.
L'aspect politique semble être un frein
à l'essaimage de la médiation numérique qui peut
néanmoins se transformer en réel levier.
48
« Là je vais parler des freins politiques
c'est qu'en général vous allez dans une municipalité, vous
n'avez pas d'élus au numérique, vous n'avez personne, vous n'avez
pas d'interlocuteur officiel à qui vous adresser. [...] Quand on nous
disait quel était le public prioritaire on avait dit mais faut commencer
par les élus parce que c'est eux qui décident des politiques
publiques qu'ils vont mettre sur leurs territoires. » (Médiateur
numérique)
« Le principal levier et le principal écueil
c'est le soutien politique ou non. » (Animatrice de réseau)
Cette thématique -*8_politique
interrogeait les interviewés sur leur avis concernant le
souhait de l'Etat, émit dans la loi numérique du
7 octobre 2016, de dynamiser l'empowerment des citoyens en
dématérialisant le service public avec le programme Action Public
2022. La majorité des acteurs s'accordent à penser que ce souhait
n'est pas en adéquation avec la réalité
du terrain.
« Aux grand mots, grandes ambitions, grandes
volonté qui sont très louables mais qui sont aussi très
visibles politiquement, ça fait bien mais [...] il y a aussi des effets,
des effets d'annonce des effets de discours je pense. » (Animatrice de
réseau)
« Le souhait : il est joli. C'est un très beau
souhait après entre le souhait et la réalisation c'est... non, je
pense qu'il y a un gros gap à franchir entre les deux... Oui c'est
très important de vouloir que les personnes on va dire deviennent de
plus en plus autonomes, [...] le problème c'est qu'ils ont tous
lancé mais ils ont pas du tout prévu l'accompagnement
nécessaire, pas du tout. » (Médiateur
numérique)
L'empowerment apparait dans ces échanges comme
étant un effet de communication, cela laisse à penser qu'il
s'agit d'une stratégie politique d'enjoliver la réalité de
l'injonction au numérique. L'Etat vise « l'empowerment au sens
employé par la Commission européenne, c'est-à-dire avant
tout axé sur l'acquisition de compétences numériques de
base fluidifiant l'employabilité et l'expansion des recours à
l'e-administration et à l'e-commerce. » (Turet & Oulahbib,
2017).
« C'est dix-sept millions de personnes qui se
considère éloignée du numérique ou pas à
l'aise dans les démarches, l'empowerment c'est quand même un stade
au-dessus, c'est comment le citoyen peut intervenir sur la politique publique.
» (Chargé de projet)
« Enfin il y a plusieurs niveaux dans l'empowerment
en fonction du public auquel on s'adresse maintenant tant qu'on pourra faire
gagner en autonomie [...] n'importe quel public ça sera
déjà un pas mais je pense qu'effectivement le numérique
c'est un moyen de faciliter tout ça. » (Animatrice de
réseau)
49
L'empowerment, bien qu'étant vu comme un objectif
présomptueux de l'Etat, semble malgré tout perçu comme
objectif à poursuivre par les professionnels. En effet, ils se
considèrent, comme acteurs favorisant l'empowerment. Ils
précisent agir en ce sens et pour cet objectif bien qu'ils soient soumis
à divers contraintes de terrain.
« Je pense en effet que ma place est très
ancrée dans l'empowerment par le numérique. On forme des gens qui
vont former ou accompagner d'autres gens donc là-dessus oui oui j'en
suis convaincu. » (Médiateur numérique)
« L'empowerment c'est super quand les personnes ont
envie d'apprendre [...]. Après le problème justement avec cette
dématérialisation [...], c'est qu'aujourd'hui on veut faire
entrer dans des processus d'apprentissage des personnes qui n'ont pas
forcément envie d'apprendre, qui n'ont pas forcément envie
d'être outillés. » (Animatrice de réseau)
Cette dernière citation fait écho au
caractère injonctif de la dématérialisation du service
public. Cette injonction n'est pas en adéquation avec la volonté
de favoriser l'empowerment car elle renvoie à une démarche
contrainte et non consentie. Comme nous l'avons vu, la motivation à agir
est un des piliers de l'empowerement.
Quelques formes significatives de la classe 5 :
Chi2
|
Mots
|
Chi2
|
Mots
|
|
|
|
|
91.4
|
Territoire
|
33.1
|
Association
|
78.21
|
Réseau
|
29.68
|
Partenariat
|
62.48
|
MSAP
|
29.06
|
*bac_p3
|
54.45
|
Appel_projet
|
27.06
|
Collectivité
|
41.2
|
Hub
|
23,17
|
Territorial
|
Enfin, pour la classe 5, il est important de souligner que le
vocabulaire utilisé fait référence à la question de
territoire ainsi qu'au réseau de proximité telle
que les MSAP. La médiation numérique est une
problématique de territoire qui se construit
grâce notamment au montage de projet et à la
structuration du réseau partenarial.
Le partenariat est abordé avec les
opérateurs de service public tel que la CAF, la CPAM, les impôts,
Pôle Emploi, la MSA ... Les Hub, nouvellement
arrivés, ont pour objectif de structurer le réseau territorial et
développer le partenariat.
50
Néanmoins, le partenariat avec le travail
social, la mise en réseau avec les travailleurs sociaux ne
ressort pas spécifiquement lors de cette analyse. Il en va
peut-être de la remise en cause de ma grille d'entretien semble-t-il pas
assez élaborée autour de cette question. De plus, l'ensemble des
personnes interviewées ont pu consulter mon profil professionnel en
ligne et il va de soi que ma profession de travailleur social a pu être
un frein dans leur appropriation de cette question. Néanmoins, cette
thématique a pu être abordée et voici quelques citations
sur le sujet :
« Souvent c'est plus des accords tacites
on va dire non officiels avec les structures
d'accompagnement. » (Animateur multimédia)
« Sur notre territoire ça ne
fonctionne pas très bien ça. C'est qu'on a des
travailleurs sociaux de territoire et un service de territoire avec qui on
arrive pas du tout à se coordonner,
[...] on n'arrive pas à communiquer. » (Animatrice
MSAP)
« Nous ce qu'on souhaite leur apporter à la
fois des compétences [...], leur faire comprendre qu'ils ne sont pas
seuls, qu'il y a un écosystème sur les territoires
sur lequel ils peuvent renvoyer. [...] Mais sans rentrer dans l'effet
ping-pong où l'on perd les gens en cours de route quoi. »
(Animatrice de réseau)
« Pour ce qui est des travailleurs
sociaux, seul l'IRTS PACA, Corse PACA [...] a mis en place un module
autour [du numérique] mais pour l'instant c'est la seule, c'est un peu
limite, un peu juste. » (Animatrice de réseau)
Le partenariat entre les acteurs de la médiation
numérique et les acteurs sociaux, bien qu'il apparaisse comme essentiel,
semble avoir des difficultés à se mettre en place. Cette
recherche a cependant pu me permettre d'établir des pistes de
réponse quant à l'impact positif d'une relation entre la
médiation numérique et l'action sociale sur l'empowerment des
citoyens.
Les territoires présentant des prémices de
questionnements et de partenariats sont les départements
possédant un Hub, une tête de réseau de la médiation
numérique. Ces dispositifs semblent agir en faveur de l'empowerment dans
le sens où ils permettent de favoriser le maillage territorial et la
coordination partenariale.
De plus, la région PACA, comme
précédemment citée, a inclus un module de médiation
numérique à ces formations de travailleurs sociaux.
L'acculturation de chacun apparait comme étant une porte d'entrée
à l'évolution des pratiques.
Il semblerait donc que les professionnels de l'action sociale
aient besoin d'être sensibilisés voire formés à la
médiation numérique et que les professionnels de la
médiation numérique soient accompagnés, guidés dans
la construction d'un réseau partenarial territoriale.
51
Conclusion de la partie 3
Il s'agissait dans cette partie de mettre en place une
méthodologie de recherche nous permettant de recueillir et d'analyser
des éléments, ici empiriques, dans l'objectif de faire
évoluer notre réflexion.
Le choix de l'entretien comme recueil de données s'est
fait assez naturellement. Néanmoins, il convient de revenir sur la
méthodologie liée à ce choix. Il n'a pas toujours
été facile de maintenir la distance attendue par cet exercice.
Bien qu'ayant conscience de mon implication personnelle et professionnelle pour
ce sujet, la construction de la grille d'entretien et la conduite d'entretien
se sont avérés être de réels exercices au sein d'un
processus d'apprentissage ne se faisant pas à court terme. La
neutralité recherchée permettant aux personnes
interviewées d'être le moins influencées possible a
été difficile à maintenir tout au long de ce travail. En
effet, le paradoxe pouvant être présenté par la formulation
de questions assez précises pour cibler l'objet de recherche mais pas
trop précises pour ne pas orienter les réponses n'a pas
été facilement apprivoisable. Là aussi, je pense qu'il
convient d'être assez expérimenté pour maintenir le niveau
de neutralité attendu. En effet, le repérage des non-dits, des
sous-entendus, les invitations à leur verbalisation ou reformulation est
un exercice qui demande une prise de recul et une maitrise certaine pour
éviter de projeter ses propres interprétations.
Bien qu'étant apprentie chercheuse, je pense que ma
profession de travailleur social a pu être un biais à la conduite
de cette recherche. J'ai pu rencontrer et interviewer des professionnels
engagés professionnellement qui se sont questionner à leur tour
sur mon intérêt pour leur secteur d'activité, la
majorité d'entre eux ayant vu sur les réseaux ma profession.
Néanmoins, les échanges ont pu se faire et il
apparait que nous en sommes globalement tous ressortis satisfaits et grandis.
Afin de vivre pleinement cette exercice et d'en comprendre d'avantage les
rouages : les éléments récoltés, bien que leur
recueil puisse être discutables, ont été analysés
à l'aide du logiciel IRaMUteQ.
Il s'agissait, tout au long de ce travail de recherche, de
s'interroger sur une possible relation entre l'action sociale et la
médiation numérique et son intérêt en faveur de
l'empowerment. Nous avons pu voir, dans un premier temps, que l'analyse des
classes 1 et 2 venait confirmer les difficultés mis en évidence
par la dématérialisation du service public : difficultés
dans les usages, difficultés sociales mais également les
difficultés rencontrées par les professionnels et mis en exergue
par le contexte de crise sanitaire et le déploiement du
télétravail. Les difficultés
52
mise en avant marquent la nécessité
d'accompagner l'empowerment numérique de chaque citoyen. L'analyse de
ces classes et plus précisément la classe 2 nous évoque le
besoin d'apprentissage engendré par la transition numérique.
L'analyse de la classe 3 quant à elle, renvoie à
la question de la formation des acteurs de la médiation
numérique. Une offre de formation structurée permet une
professionnalisation du métier. Cette dernière ne semble pas
encore très claire, néanmoins elle apparait comme indispensable
au développement de cette activité. En effet, il s'agirait de
clarifier le rôle des médiateurs numériques, de leur
permettre une légitimité notamment auprès de l'action
sociale ; mais aussi de définir leurs pratiques et leur cadre
d'intervention permettant à chacun d'identifier leur place. D'autant
plus qu'en considérant qu'en s'appropriant la définition de Bru
(2001), sur les pratiques enseignantes : « mettre en place des situations
didactiques, pédagogiques, matérielles, temporelles,
relationnelles, affectives... susceptibles de favoriser l'apprentissage »,
nous remarquons que les pratiques du travail social et de la médiation
numérique sont étroitement liées.
L'analyse des classes 4 et 5, pour finir, évoquent les
contraintes politiques et l'aspect territorial du sujet. Le souhait de l'Etat
de dynamiser l'empowerment est vu comme présomptueux. Les questions
politiques, notamment auprès des élus locaux, territoriaux
semblent être un frein au développement de la médiation
numérique et donc un frein à l'empowerment. La question
territoriale est également abordée en lien avec le partenariat
qui semble indispensable pour dynamiser l'empowerment. Les pouvoirs publics
répondent à cela en déployant des dispositifs tels que les
MSAP ou les France Services. Au sein de ces dispositifs, un partenariat avec
les opérateurs de services publics est présent mais beaucoup
moins avec le travail social.
Les éléments d'analyse révèlent
qu'effectivement, une relation médiation numérique / action
sociale peut apporter une dynamique en faveur de l'empowerment mais sous
certaines conditions. Ces dernières font écho aux trois aspects
de l'empowerment (Haut Conseil du Travail Social, 2018) :
- Le pouvoir sur, pouvant être
considéré comme le niveau macro de l'empowerment : chaque
citoyens peut participer à la transformation sociale. Le maillage
territorial et le partenariat permettent d'agir en ce sens ;
53
- Le pouvoir avec, au niveau méso, il s'agit
d'avoir la capacité à agir avec les autres, et sur son
environnement. La formation des professionnels, l'acculturation et
l'interconnaissance apparaissent comme des enjeux majeurs de ce niveau ;
- Le pouvoir de, au niveau micro, renvoie au
développement individuel des compétences personnelles qui est
l'objectif encouru par l'accompagnement des acteurs.
Au niveau macro, bien que la question de la relation entre
l'action sociale et la médiation numérique n'ait
été que peu abordée pour diverses raisons : grille
d'entretien peu dirigée sur la question, relation peu existante, biais
présent de par ma fonction de travailleur social... ; celle-ci semble
être essentielle à la dynamique d'empowerment. Elle offrirait la
possibilité d'une transformation sociale.
En effet, nous avons mis en évidence les
difficultés rencontrées par les travailleurs sociaux qui
reconnaissent être en manque de compétences numériques ; de
plus, nous avons remarqué que les acteurs de la médiation
numérique pouvaient se retrouver en difficulté et avoir besoin de
faire appel aux compétences des travailleurs sociaux. Ces besoins
laissent à penser qu'une relation de complémentarité entre
ces deux entités permettrait de favoriser l'empowerment des citoyens
accompagnés. L'interconnaissance des acteurs de territoire permet de
pouvoir réorienter et ainsi agit en faveur de l'empowerment des citoyens
qui peuvent être informés. Le déploiement des MSAP et
prochainement des France Services va permettre de faire évoluer ce
maillage territorial notamment pour les services publics. De plus, les Hub
Territoriaux ont pour missions de structurer le réseau de
médiation numérique et d'établir un réseau
partenarial. Le maillage territorial apparait comme essentiel à
l'empowerment.
Au niveau méso, la question de la formation des
médiateurs numériques semble cruciale. Plus les acteurs seront
formés, moins ils se retrouveront dans des situations de
difficulté, moins ils seront tentés par l'assistance et plus
l'empowerment pourra être favorisé. En effet, des pratiques
définie, une légitimité accordée par un rôle
détaillé permettraient aux médiateurs numériques de
clarifier leur place et ainsi d'agir sur leur environnement. La reconnaissance
de leur métier, sa professionnalisation est importante. Comme la
professionnalisation de l'action sociale qui s'est faite au cours de la
révolution industrielle et dans un contexte d'après-guerre, nous
pouvons nous laisser croire que la professionnalisation de la médiation
numérique verra le jour, pourquoi pas dans un contexte de post crise
sanitaire ?
Au niveau micro, il convient de favoriser la confiance en soi,
l'estime de soi des citoyens afin de leur permettre d'entrer dans un processus
d'apprentissage leur offrant la possibilité de
54
développer leurs compétences en l'occurrence
numérique. Il est à noter que le développement de
compétences numériques permet le développement d'autres
compétences.
Nous concluons cette partie en nous rappelant que «
l'empowerment désigne un processus socio-politique qui articule une
dynamique individuelle d'estime de soi et de développement de ses
compétences [micro] avec un engagement collectif [méso] et une
action sociale transformative [macro]. (Bacqué & Biewener, 2015) Une
relation entre l'action sociale et la médiation numérique
permettrait de développer une action sociale transformative.
Celle-ci dépend d'un engagement collectif ne serait-ce que pour
une interconnaissance de ces deux entités. Interconnaissance qui
pourrait aboutir à une structuration de l'offre d'accompagnement
proposer aux usagers. Accompagnement dont l'objectif est la montée en
compétences individuelles de chaque citoyen.
55
|