INTRODUCTION GENERALE
L'Internet dont on parle aujourd'hui de plus en plus, a envahi
tous les secteurs de l'activité humaine, y compris celui de
l'éducation. L'Internet est ainsi apparu comme un moyen important de
développement et de réduction de la pauvreté de
façon durable. Il est aussi l'un de moyen le plus utilisé de ces
dernières années en ce qui concerne la recherche d'information
dans les Universités. Bien que présent et utilisé dans
presque tous les pays du monde, le niveau de développement de l'Internet
reste inégal d'une région à une autre, d'un pays à
un autre, entre le Nord développé et le Sud en voie de
développement. L'Afrique reste le continent le plus
défavorisé en matière de télécommunications
et d'accès aux technologies de l'information et de l'Internet, Djeumeni,
T.M. (2010). Des études révèlent des tendances
d'évolution prometteuses mais aussi des ruptures et de fortes
inégalités. Ces inégalités proviennent du fait que
d'autres pays ont les possibilités d'avoir les infrastructures
adaptées pouvant accueillir l'Internet et d'autres pays surtout
l'Afrique central soufre d'énormes problèmes qui empêche
les pays de penser aux infrastructures de hautes qualités. Ces
problèmes sont entre autres : la pauvreté, les problèmes
sécuritaires et sanitaires, manque d'électricité (le cas
du Tchad par exemple) et de l'eau potable etc. Au Tchad, malgré des
efforts consentis par le gouvernement en faveur de la technologie de
l'information et de la communication (TIC), le pays reste l'un de pays le plus
faible en matière de numérique. Cependant, nous pouvons dire sans
se tromper que l'Internet est omniprésent dans toutes les
sociétés, même s'il est reparti inégalement. Depuis
l'introduction de l'Internet au Tchad en 1997, le pays a déployé
l'un des plus grands plaidoyers politiques en faveur du développement
des nouvelles technologies en ces dernières années.
Malgré que l'Internet semble définitivement
entré dans la société tchadienne et est utilisé
à des différentes fins, on peut toujours s'interroger sur son
impact dans les pratiques professionnelles des enseignants de
l'Université. Reconnu pour sa diffusion et ses partages d'information,
l'Internet mérite une analyse profonde en contexte universitaire pour
savoir ce que font les enseignants de cette technologie.
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1. Contexte et problème de l'étude
Le choix de ce sujet est consécutif au dynamisme et
à la prolifération des Technologies de l'Information et de la
Communication (TIC) dans les systèmes éducatifs de nos jours.
D'après notre constat, l'Internet a pris une place
prépondérante dans notre quotidien, il est
considéré comme la plus grande « base de données
» où on peut trouver 1'information la plus diversifiée.
En ce sens, Karsenti, T. et Dumouchel, G. (2011, p.177) affirment que
« les technologies de l'information et de la communication (TIC) sont
aujourd'hui un élément incontournable en éducation
». Dans le même sens, Ham et Cha (2009) cité par
Karsenti, T. et Dumouchel, G. (ibid, p.9), ont noté que la
majorité des sociétés partagent l'idée qu'elles
sont un des thèmes clés en politique éducative pour
créer un système d'éducation qui est en mesure de
préparer adéquatement ses futurs citoyens à vivre dans la
société du savoir ou de l'information. C'est justement ce que
nous voyons de nos jours en politique éducative.
La prolifération des TIC est également
confirmée par l'Agence Française de Développement (AFD),
Agence Universitaire de la Francophonie(AUF), Orange et UNESCO (2015),
lorsqu'ils stipulent qu'une minorité de gens disposait, avant les
années 2000, d'un accès aux moyens de communication de type
téléphone fixe, mais aujourd'hui le mobile fait partie
intégrante du quotidien d'une large majorité. Les TIC sont
observées un peu partout dans les sociétés africaines :
Afrique du Sud, Rwanda, Ghana, Cameroun, Kenya etc., (Béché, E.
2013 ; Karsenti, T., et all. 2011) et à un certain degré dans
tous les niveaux d'éducation, du préscolaire à
l'Université, dans les secteurs formels et non formels. Elles sont
utilisées à des fins diverses : la formation des apprenants soit
en classe ou en ligne (e-learning), soit pour offrir la formation à
distance (Agence Universitaire de la Francophonie (AUF), Initiative Francophone
pour la Formation à Distance des Maîtres (IFADEM)) aux enseignants
et à d'autres adultes. Cependant, d'après les multiples formules
éducatives en vigueur, (karsenti, T. 2015) les TIC sont
enseignées de plus en plus comme une discipline à part
entière ou comme initiative à l'informatique, alors que leur
intégration dans les pratiques pédagogiques pour améliorer
la qualité de l'enseignement et de l'apprentissage s'impose.
Depuis 2014, l'UNESCO affirmait déjà que les
téléphones portables, les tablettes et l'ordinateur ne cessent de
gagner du terrain et offrent une forte valeur ajoutée pour enseigner et
apprendre la lecture et l'écriture, en particulier lorsqu'une connexion
Internet est disponible. Force est néanmoins de reconnaître les
défis urgents qui se posent aux pays du monde entier dans ce domaine en
raison de l'expansion rapide de ces technologies, des investissements
financiers qu'elles impliquent et de la nécessité d'avoir une
vision claire et
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précise du rôle que les enseignants ont à
jouer pour exploiter toute la puissance des TIC, que ce soit aussi bien en
classe ou en dehors de la classe.
De ce fait, en contexte africain, l'UNESCO dans son bulletin
d'information (2015, p.24), reconnait que l'utilisation des TIC dans le secteur
de l'éducation en est encore à un stade embryonnaire dans la
majorité des pays d'Afrique subsaharienne. Néanmoins, de
nouvelles avancées et prises de position concernant les TIC dans
l'éducation sont faites presque quotidiennement sur le continent. Ainsi,
au Tchad, nous observons aussi un peu partout l'utilisation quotidienne des
ordinateurs et surtout des téléphones mobiles connectés
à de fins personnelles. Cela a été confirmé par
l'Union Internationale Télécommunications (UIT) dans le Rapport
mesure la société de l'information, (2015, pp.10-11) : ... le
taux de la pénétration de la téléphonie mobile en
Afrique centrale est d'environ 57 % de la population et le nombre
d'utilisateurs du téléphone mobile se situe au-delà de 50
% de la population de l'Afrique centrale. Les taux de
pénétrations à l'Internet s'élèvent à
une moyenne de 30 % d'utilisateur pour 100 habitants. Mais l'espace Web dans la
sous-région se limite surtout à de la consultation d'informations
et la messagerie1. Notons également le travail d'analyse
de Mian Bi (2012) et aussi celui d'Attenoukon et al. (2015) qui mettaient en
exergue que les étudiants africains disposent en plus
d'équipement TIC, de téléphones mobiles de
différentes marques qu'ils peuvent s'en servir pour se connecter et
rester informer. Une étude menée par Agence Française de
Développement, Agence universitaire de la Francophonie, Orange &
UNESCO publiée en 2015, menant une réflexion sur le potentiel des
technologies de l'information et de la communication (TIC) dans
l'amélioration de la qualité de l'éducation de base en
Afrique et plus précisément en Afrique Subsaharienne a
montré que depuis la fin des années 2014, le nombre d'appareils
mobiles en circulation est supérieur à celui des personnes sur
terre et l'Afrique compte près de 700 millions de détenteurs de
téléphone portable, soit davantage qu'aux États-Unis et en
Europe. C'est dans cette même lancée qu'Orange et UNESCO (2014)
affirment que : ... Avec d'ores et déjà un taux de
pénétration près de 70 %, ce qui se profile à court
terme est le désenclavement des régions les plus isolées
et la diffusion de services qui changent la vie des populations. Si, pour
l'instant, seuls 16 % des Africains bénéficient d'une connexion
à Internet, le plus faible taux mondial, là aussi des solutions
technologiques vont améliorer la situation à moyen terme. Et
ce qui amène Onguéné E. L-M et Fotsing, J. (2016,
p.127) à dire qu'il est impensable que l'Internet et les
nouvelles technologies soient inconnus chez les Africains. Et selon ces
auteurs, les chiffres les plus actuels attestent d'une forte
1 Union Internationale Télécommunications (UIT
2015), Rapport Mesure, la société de l'information, P.10-11
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pénétration de l'Internet et du
téléphone mobile dans nos pays. Et disent-ils que cette
croissance se confirme précisément au Nigéria où,
entre juillet 2012 et juin 2013, la télé-densité a
grimpé de 13,3 %. Au début de l'année 2013, cette
télé-densité est passée à 81,2 %. En avril,
le chiffre a explosé à 85.2 %. En effet, dans le cadre de ce
travail, il s'agit des possibilités qu'offre l'Internet dans le domaine
de l'éducation en général et chez les enseignants de
l'Université de Ndjamena/Tchad en particulier. Signalons de passage que
le Tchad fait partie des dix (10) pays les plus pauvres du monde d'après
le Programme d'analyse des systèmes éducatifs de la
Conférence des Ministres de l'Education des Etats et Gouvernement de la
Francophonie (COFEMEN 2009-2010). Et selon le classement du Programme des
Nations unies pour le développement (PNUD, 2012), il se situe au 184e
rang sur 187 pays en termes d'indice de développement humain (IDH).
Ainsi, avec une population estimée à 15 millions d'habitants, le
Tchad, comme la plupart des pays d'Afrique connaissent un fort taux de
pénétration des TIC, essentiellement des téléphones
mobiles dans son territoire. Et bien que 70% des Tchadiens vivent dans la zone
rurale, les deux principaux opérateurs (Airtel et Tigo) du pays à
travers le Rapport de l'Association Internationale d'Opérateur de
Téléphonie Mobile rédigé par Deloitte, L. L. P.
(2016, p.3), montrent clairement que : « Le taux de couverture
réseaux est à 80 % de la population. La pénétration
de téléphonie mobile est passé de 140 000 abonnés
uniques en 2006 à plus de 4 000 000 en 2016 ». Ainsi, nous
constatons que l'utilisation de téléphone mobile devient de plus
en plus un modèle dans toute l'étendue du territoire. Sur ce,
nous pensons qu'étant un enseignant de l'Université,
l'utilisation du numérique pourra prendre une place importante. Ainsi,
chacun doit en faire des bons usages pour faciliter ces taches et rester en
phase de l'évolution du monde. Cependant, il y'a peu des informations
concernant l'utilisation des TIC et surtout de l'Internet dans les pratiques
professionnelles des enseignants de l'Université du Tchad en
générale et de N'Djamena en particulier. Dans ce contexte, il
faut le dire et reconnaitre que le gouvernement tchadien a entrepris des
nombreuses actions en faveur de l'utilisation des TIC dans son plan de
développement. Ainsi, conscient de cette situation, a entrepris
dès 1998 des réformes du secteur des
télécommunications ayant conduit à une plus grande
libéralisation permettant au secteur privé de jouer un rôle
moteur dans ce secteur. Dans le domaine de l'éducation, nous avons la
création de l'Université Virtuelle du Tchad (UVT) par la Loi
N°13/PR/2005 du 16/09/2005. En 2009, l'Etat a offert un lot de mille cinq
cent (1500) ordinateurs portables aux enseignants du supérieur. Et en
2012, le Président de la République a fait un don de cinq mille
neuf cent soixante-huit (5968) ordinateurs portables aux étudiants des
institutions supérieures. Cependant, la répartition de ces
ordinateurs se faisait suivant les critères d'excellence. Il faut aussi
dire que d'après le rapport de l'Autorité de Régulation
des
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Communications Electroniques et des postes (ARCEP), qu'en fin
2018, le Tchad comptait 1,7 millions d'utilisateurs Internet soit une
augmentation de 69% par rapport à 2013. Malgré le
développement de l'Internet au Tchad mais d'un Internet aux prises avec
les difficultés socioéconomiques et techniques, et malgré
les discours qui appellent à l'usage de l'Internet à
l'Université, on connait très peu sur le mécanisme chez
les enseignants ; en fait, en contexte tchadien, il n'y a pas de recherche
capable de renseigner sur l'utilisation de l'Internet dans les pratiques
professionnelles des enseignants de l'Université de N'Djamena. Aussi
semble-t-il que l'utilisation de l'Internet chez les enseignants n'est pas
encore structurée et donc souffre d'un manque de formation
adéquate pour une utilisation optimale des TIC en générale
et l'Internet en particulier. Il n'y a aucune obligation formelle de la part
des enseignants à faire usage de l'Internet dans les pratiques
pédagogiques. La plupart de ces enseignants sont encore attachés
aux pratiques de l'apprentissage traditionnel. Pour ce faire, on peut noter des
pratiques rudimentaires chez certains enseignants. Alors qu'aujourd'hui, avec
l'utilisation massive des téléphones mobiles et quelques fois des
ordinateurs, l'Internet pourrait s'imposer aux enseignants en
général et aux enseignants du supérieur en particulier. En
ce sens que l'Internet est un moyen qui peut aider les enseignants à
renouveler leur pratique d'enseignement et éventuellement à
développer leurs compétences. Car, Paul Renaud soulignait dans la
revue Université en mars 1997, cité par Tago, H., et all (2007)
qu'en Afrique francophone par exemple, on constate qu'il y a très peu de
bibliothèques, notamment universitaires, très peu de centres de
documentation, et qu'ils sont tout à fait insuffisants en termes de
contenus. Cela est aussi un constat réel, en ce qui concerne le Tchad.
C'est pourquoi nous pensons comme Pascal Renaud que les TIC (revues,
publications électroniques, ressources scientifiques disponibles sur
Internet) permettent de pallier un peu cette pénurie d'ouvrages qui
affectent la communauté universitaire. Avec ce manque de
bibliothèques bien équipées, le recours à
l'Internet pourrait remplacer celles-ci. Car, l'Université de N'Djamena
ne dispose pas une bibliothèque adéquate permettant aux
enseignants de tirer pleinement profit. Aussi, avec le phénomène
de la « globalisation ou mondialisation » que le monde
traverse, les enseignants du supérieur ne doivent pas rester à la
marge, car le numérique s'impose dans toute la société.
Mais l'autre constat, c'est l'idée des paradigmes d'apprentissage en
éducation, principalement celle de l'approche par compétence
(APC) que le monde traverse, justifie également le choix de ce sujet.
L'Approche par compétence vise à former et
à introduire l'apprenant socialement (Perrenoud 2005, Tardif 2006 et
Roegiers 2000), car l'école a changé sa facette, qui autre fois
était le développement de la connaissance chez l'individu au
profit de la vie professionnelle ou la vie pratique Perrenoud (2005). Ainsi,
pour répondre aux exigences de monde économique
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ou dans le domaine de travail, l'apprenant doit
acquérir plusieurs sources des savoirs afin de les mobiliser dans la vie
pratique. C'est ce qui amène Lebrun, (2001) à dire que plusieurs
approches pédagogiques actives sont réactualisées par le
développement des technologies informatiques et leur utilisation quant
à la recherche et l'accès à l'information, aux
possibilités d'interaction et de communication, et aux outils de
production de connaissances, de modèles, de concepts, permettant de
contribuer à la réalisation des supports de projets personnels.
Il s'agit entre autres de l'apprentissage par résolution de
problèmes, l'apprentissage coopératif, la pédagogie par
projet, l'apprentissage contextualisé ou encore la pédagogie
inversée. C'est pourquoi nous pensons que, nous ne pouvons parler de la
compétence lorsque l'enseignant peut accéder à la
recherche d'informations dont l'accès est facilité par le Web et
l'utilisation des outils de communication pour le travail en groupe à
distance. C'est en ce sens que, cette recherche va consister à analyser
les manifestations ou l'utilisation de l'Internet chez les enseignants de
l'Université de N'Djamena qui ont bénéficié pour la
première fois des ordinateurs depuis 2009, pouvant facilement utiliser
pour se connecter. Nous avons préféré orienter notre
étude sur le processus d'enseignement apprentissage notamment dans la
recherche de l'information, et de la communication qui selon nous, sont les
éléments clés pour permettre aux enseignants de mobiliser
différents types de ressources pour développer leurs
compétences.
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