La balkanisation peut être géopolitique ou
géoéconomique. Elle est ou existe la géopolitique quand
une partie d'un territoire ou d'un Etat est démembrée de celui-ci
et passe sous le contrôle politico-administratif d'un autre Etat
où s'autoproclame indépendante. La ruée des populations
rwandaises vers le Nord-Kivu et le Sud-Kivu procède des
velléités du Rwanda de pratiquer cette forme de balkanisation.
Cette dernière se fait avec la complicité de
certains congolais vivant à l'étranger vise au pays et dont
certains se trouverais même dans les institutions de l'Eta. Ils
s'enrichissent ainsi au détriment de la population condamnée
à la lutter pour sa survie quotidienne, et partante du pays dans son
ensemble sans parler de son développement. Pourquoi le Gouvernement et
le Parlement de ce pays ne situent-ils pas la question de la balkanisation de
celui-ci au centre de leurs préoccupations? Pourquoi ce parlement
donne-t-il l'air d'être distrait au sujet de la question de la double
nationalité de certains de ses membres?
Ce projet explique le refus de l'Union européenne
d'envoyer une force européenne pour instaurer la paix dans la partie
Nord-Est de la RDC. On
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exploitées par le Rwanda. L'Angola exploite le
pétrole de la RDC dans la province du Bas-Congo. L'Ouganda exploite le
diamant et l'or de la RDC dans la Province Orientale. Les rebelles ougandais de
l'ELRA pillent diverses ressources naturelles de cette même province et
nous nous demandons s'ils n'ont pas l'intention d'occuper une partie de cette
province où ils détruisent des villages et massacrent les
populations.
Venus en RDC pour soutenir le régime de
Laurent-Désiré Kabila, les militaires du Zimbabwe pillaient le
cobalt et le cuivre de la province du Katanga ainsi que le diamant des
provinces du Kasaï-Oriental et du Kasaï Occidental; ceux du Tchad
pillaient le café et le bois de la province de l'Equateur et ceux de
l'Angola ne manquaient pas leur part dans le pillage des ressources naturelles
de la RDC. Il y a quelques temps, pour le contrôle des gisements
diamantifères de la Province Orientale, la ville de Kisangani a
été détruite, à plus de 40 %, par les affrontements
opposant les armées d'occupation rwandaise et ougandaise. Quid de
l'exploitation, depuis des décennies, du gisement de pétrole de
Muanda, dans le Bas-Congo?
Derrière l'Union européenne, la Belgique veut,
sur les cimetières de plusieurs millions des Congolais tués par
les armées rwandaise, burundaise et ougandaise, relancer la
Communauté économique des pays des Grands Lacs (CEPGL) pour avoir
une main mise sur celle-ci et, surtout, pour accentuer le projet de
balkanisation de la RDC. La question de ces Congolais tués est toujours
présente dans l'esprit des Congolais patriotes et nationalistes
indépendants, que les Occidentaux n'aiment pas voir au pouvoir et font
tout pour qu'ils n'y arrivent pas. Les exemples sont légion:
Patrice-Eméry Lumumba, Etienne Tshisekedi, Laurent-Désiré
Kabila ...
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peut aussi comprendre l'inefficacité de la MONUSCO
dans cette partie de la R.D.C. et pourquoi les agents de cette Mission
onusienne disent à la population : « No Nkunda, no job» (Pas
de Nkunda, pas de travail).
Tout le monde sait qu'un officier de la MONUSCO avait
démissionné parce que la hiérarchie militaire de celle-ci
avait refusé de lui envoyer des équipements militaires dont il
avait besoin pour mettre fin à l'occupation de la partie Nord-Est de la
RDC par les troupes de Nkunda batware appuyées par l'armée
rwandaise. Nous savons aussi qu'un autre officier a participé à
une fête d'anniversaire de Nkunda batware aux environs de Goma où,
après avoir embrassé ce dernier, a déclaré que
celui-ci était un patriote qui combattait pour une cause juste. La
Mission des Nations Unies en RDC, est un simple instrument des puissances qui
la dirigent et dont elle applique la politique. Diverses multinationales
financent et soutiennent la guerre de dépeuplement et de pillage des
richesses de la RDC. Pourquoi, alors qu'il y a cette guerre, la RDC est-elle
mise sous embargo sur les armes et les munitions?
Soulignons que, plutôt que de le faire aveuglement et
pour des raisons de prestige et de paraître en occupant le fauteuil de la
présidence tournante de l'une ou l'autre organisation régionale
ou sous régionale africaine: SADC, COMESA, CEEAC, CDAO,
l'adhésion à cette organisation devrait obéir au profit
qu'entend en tirer son pays ou à la vision du développement de ce
dernier. Encore faut-il avoir cette vision. Aussi, si l'idée de former
une telle organisation vient de l'extérieur, à l'instar de la
relance de la CEPGL commanditée par la Belgique, il faut cogiter sur la
motivation du concepteur ou des concepteurs de cette idée.
Il n'y a pas longtemps, dans le Sud-Kivu, renforcées
par les éléments de FNL-Burundi, les FDLR ont eu des combats
atroces avec les FARDC. La finalité de ces combats est la balkanisation
de la RDC. N'est-ce pas
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que, par une motion incidentielle adressée à
l'Assemblée nationale par les députés nationaux
sud-kivutiens, ces derniers ont récemment fustigé le fait que la
hiérarchie militaire des FARDC et le gouvernement ne font rien de mieux
pour instaurer la paix, une paix durable, dans leur province, le
dépeuplement des autochtones de cette province et le retour massif dans
ladite province, avec du bétail, des prétendus congolais qui
étaient réfugiés au Rwanda en craignant des conflits
fonciers dans l'optique de la balkanisation, au moins géopolitique, de
la RDC.
Les initiateurs du projet de balkanisation de la RDC le
justifient par deux raisons majeures: l'étendue géographique et
la densité de la population et deux raisons secondaires: la
montée de l'ethnicisme et l'abondance des ressources du sol et du
sous-sol. Ils considèrent, en effet, que la difficulté de
gouverner la RDC est due à sa grandeur géopolitique et à
la forte densité de sa population. Ce qui, soutiennent-ils, suscite des
conflits interethniques et rend difficile la gestion des ressources naturelles.
Ils affirment ainsi qu'en Afrique, seuls les petits Etats sont bien
gouvernés.