ORGANISME INTER-ETATIQUE
REPUBLIQUE DU CAMEROUN
UNIVERSITE DE YAOUNDE II
INSTITUT DE FORMATION ET DE RECHERCHE DEMOGRAPHIQUES
ANNEE ACADEMIQUE 2007-2008
DIRECTEUR : Dr. S. NOUETAGNI
PROJET DE MEMOIRE
Présenté par :
Munezero Désiré
Yaoundé,13 Août 2008
DEVOIR N°1 DE PERSPECTIVES DEMOGRAPHIQUES:
PROJECTION DE LA POPULATION BURKINABE ENTRE 1996 ET 2025
28ème Promotion (DESSD)
![](Contribution-de-la-planification-familiale--la-survie-infantile-au-Rwanda1.png)
![](Contribution-de-la-planification-familiale--la-survie-infantile-au-Rwanda2.png)
MENTOR : Dr. SARAH GIROX
LECTEUR : Dr. E. NGWE
THEME : CONTRIBUTION DE LA PLANIFICATION FAMILIALE
DES FEMMES A L'AMELIORATION DE LA SURVIE INFANT ILE AU RWANDA
EXERCICE 2 DE LA SERIE I ET EXERCICES 5 ET 8 DE LA
SERIE II
Sommaire
INTRODUCTION
4
CARACTÉRISTIQUES DU PAYS ET
PRÉSENTATION DE L'ENQUÊTE
8
1. CARACTÉRITIQUES DU PAYS
8
A. CONTEXTE
GÉOGRAPHIQUE
10
B. CONTEXTE
ÉCONOMIQUE
11
C. CONTEXTE
DÉMOGRAPHIQUE
13
D. POLITIQUE DE
POPULATION
15
E. POLITIQUE DE
SANTÉ DE LA POPULATION.
16
F. PERFORMANCES DU
SYSTÈME DE SANTÉ.
17
G. ORGANISATION DU
SYSTÈME DE SANTÉ.
18
CHAPII : CADRE THEORIQUE ET
METHODOLOGIQUE
20
2.1 DIFFÉRENTES APPROCHES
THÉORIQUES DE LA MORTALITÉ INFANTILE
20
2. 1.1 APPROCHE TECHNOLOGIQUE OU
BIOMÉDICALE
21
A. CONSULTATIONS PRÉNATALES
21
B. ASSISTANCE À L'ACCOUCHEMENT
22
C. LIEU D'ACCOUCHEMENT
22
D. VACCINATIONS
23
2.1.2 APPROCHE ÉCONOMIQUE
23
A. ACTIVITÉ ÉCONOMIQUE DE LA
MÈRE
24
B. ACTIVITÉ ÉCONOMIQUE DU
CONJOINT
25
2.1.3. APPROCHE NUTRITIONNISTE
26
ALLAITEMENT MATERNEL
26
2.1.4 APPROCHE CULTURELLE ET SOCIALE
27
A. ETHNIE
28
B. RELIGION
29
C. MILIEU DE SOCIALISATION DE LA MÈRE
29
D. MILIEU DE RÉSIDENCE
30
E. EDUCATION DES PARENTS.
30
FACTEURS DÉMOGRAPHIQUES
31
A. SEXE DE L'ENFANT
31
B. TAILLE DU MÉNAGE
31
2.2 PLANIFICATION FAMILIALE ET SURVIE DES
ENFANTS
33
EFFET DE LA PRÉVALENCE CONTRACEPTIVE SUR LA
SURVIE DES ENFANTS ???
34
A. EFFET DE L'ÂGE DE LA MÈRE À
L'ACCOUCHEMENT SUR LA SURVIE DES ENFANTS
34
B. EFFET DE L'INTERVALLE
INTERGÉNÉSIQUE SUR LA SURVIE DES ENFANTS
35
C. EFFET DU RANG DES NAISSANCES SUR LA SURVIE DES
ENFANTS
37
2 .3 CADRE CONCEPTUEL ET
HYPOTHÈSES
39
2.3.1. CADRE CONCEPTUEL
40
2.3.2. HYPOTHÈSE GÉNÉRALE
41
2.3.3. SCHÉMA CONCEPTUEL
41
2.3.4. DÉFINITIONS DES CONCEPTS,
VARIABLES UTILISÉES ET INDICATEURS
42
A. CONTEXTE DE RÉSIDENCE
42
B. CARACTÉRISTIQUES DU MÉNAGE
42
C. CARACTÉRISTIQUES DES PARENTS
42
D. COMPORTEMENT DE LA MÈRE EN MATIÈRE
DE PLANIFICATION FAMILIALE
43
E. COMPORTEMENTS PROCRÉATEURS
43
F. COMPORTEMENTS SANITAIRES ET NUTRITIONNELS
43
2.3.5. VARIABLES DANS LE MODÈLE
44
A. VARIABLE DÉPENDANTE
44
B. VARIABLE INDÉPENDANTE
44
C. VARIABLES INTERMÉDIAIRES
44
D. VARIABLES DE CONTRÔLE
45
TABLEAU 1 : OPÉRATIONNALISATION
DES CONCEPTS
48
2.3.4. HYPTHESES SPECIFIQUES
49
2.3.6. SCHEMA ANALYTIQUE
50
2.4 METHODOLOGIE DE L'ETUDE
50
2.4 METHODOLOGIE DE L'ETUDE
51
A. SOURCES DE DONNÉES UTILISÉES
51
A.1. QUESTIONNAIRES
52
A.2. OBJECTIF DE L'EDSR-III
52
B. LIMITES MÉTHODOLOGIQUES ET
ÉVALUATION DE LA QUALITÉ DES DONNÉES DE L'EDSR-III
53
B.1. BIAIS DE SÉLECTION
53
B.2. BIAIS D'OBSERVATION
54
B.3. EFFET DE TRONCATURE
54
B.4. ERREURS DUES AU CHOIX DE
L'ÉCHANTILLON
56
B.5. BIAIS RELATIFS AUX INFORMATIONS
SPÉCIFIQUEMENT LIÉES À LA SANTÉ DE L'ENFANT
56
C. EVALUATION DE LA QUALITÉ DES
DONNÉES
57
C.1. EVALUATION DES DONNÉES SUR L'ÂGE
DES FEMMES ENQUÊTÉES
57
C.1.1. INDICE DE WHIPPLE
58
C.1.2. INDICE DE MYERS
60
C.2. OMISSION DES NAISSANCES ET DES
DÉCÈS
62
C.2.1. NOMBRE D'ENFANTS NÉS VIVANTS
62
C.2.2. EVALUATION DE LA QUALITÉ DES
DONNÉES SUR LES ENFANTS DÉCÉDÉS SELON L'ÂGE
DE LA MÈRE
65
C.2.3. EVALUATION DES DONNÉES SUR
L'ÂGE DE L'ENFANT AU DÉCÈS
67
C.3. EVALUATION DE LA QUALITÉ DES
DONNÉES SUR LES VARIABLES À UTILISER
68
D. CONCLUSION SUR L'ÉVALUATION DE LA
QUALITÉ DES DONNÉES
70
E. CONSTRUCTION DU FICHIER D'ANALYSE
70
F. METHODES D'ANALYSE DES DONNEES
72
F.1. ANALYSE UNIVARIÉE
72
F.2. ANALYSE BIVARIÉE
72
F.3. ANALYSE MULTIVARIÉE
74
F.4.1. LE PRINCIPE DE LA MÉTHODE EST LE
SUIVANT :
74
F.4.2. INTERPRÉTATION DES
RÉSULTATS
74
F.4.3. ADÉQUATION DU MODÈLE
78
CHAPITRE III : PLANIFICATION FAMILIALE
DES FEMMES RWANDAISES ET SURVIE INFANTILE : ANALYSES DESCRIPTIVES
(BIVARIEE)
81
3.1 RELATION ENTRE PRATIQUE CONTRACEPTIVE
MODERNE ET SURVIE INFANTILE
81
3.2 RELATION ENTRE L'INTERVALLE INTER
GÉNÉSIQUE PRÉCÉDENT ET LA SURVIE INFANTILE
82
3.3 RELATION ENTRE L'ÂGE DE LA
MÈRE À L'ACCOUCHEMENT ET LA SURVIE INFANTILE
83
3.4 RELATION ENTRE LE RANG DE NAISSANCE ET
LA SURVIE INFANTILE
85
BIBLIOGRAPHIE
104
CHAP 0. INTRODUCTION
Des inquiétudes s'expriment fréquemment sur le
rythme élevé de la croissance démographique et sur
l'augmentation des densités qu'enregistrent les pays en
développement. Mais l'accroissement de la densité
démographique est un très vieux problème. Depuis
longtemps, les gens disent : «cela ne peut pas
continuer », et pourtant l'évolution se
poursuit. Comment les tendances démographiques actuelles
s'insèrent-elles dans la trame de l'histoire humaine ?
La population mondiale a connu une augmentation plus ou moins
permanente depuis l'apparition de la vie sur la terre, mais son rythme de
croissance s'est accéléré ces deux derniers
siècles. On peut distinguer quatre ères dans l'histoire
démographique de l'humanité.
L'ère
préagricole : pendant peut-être
cinq cent mille ans, les humains vécus précairement de la chasse
et de la cueillette. La croissance démographique était
très faible résultant d'une forte mortalité qui
égalait presque la natalité du moment. Cette croissance
était donc réglée par la nature elle-même.
De l'agriculture sédentaire à la
révolution industrielle : l'introduction
de l'agriculture sédentaire révolutionne la capacité du
globe à faire vivre les humains et « la peur du
nombre » commence à s'installer dans certaines
sociétés. C'est peut-être le philosophe grec Platon
(428-348 avant J.C) qui fût le premier à s'inquiéter de la
croissance de la population dans ses deux ouvrages : « La
République et Les Lois ». Son idéal
démographique est celui d'une population stationnaire et repose sur des
préoccupations essentiellement d'ordre politique et social. C'est par
souci d'ordre qu'il veut stabiliser la population. La fécondité
est donc fondée sur deux règles principales : le
devoir civique et
l'eugénisme. Il revient à l'Etat seul
de la contrôler. Il préconise la contraception et l'avortement et
va jusqu'à recommander l'élimination des enfants né en
violation de la loi. Après lui, son disciple Aristote (384-322 avant
J.C) dans « La Politique » lui emboîte le
pas et propose une période de procréation correspondant à
« la pleine vigueur d'intelligence » et fixe à 18 ans et
37 ans respectivement, l'âge au mariage chez la femme et chez l'homme et
à 50 ans environ, la fin de la période féconde pour des
raisons de qualité de l'enfant. Il préconise alors des mesures
autoritaires de limitation des naissances allant de l'avortement
provoqué à l'infanticide par abandon en cas d'excès. On
remarquera que ces idéologies antinatalistes, peut-être mal
appliquées conduira la Grèce sur la voie de la décadence
par dépeuplement.
Le moyen âge sera dominé par la pensée
chrétienne adoptant un point de vue théologique et moral. D'une
part fidèle au commandement de la Genèse 1, verset 28 :
« Soyez féconds et prolifiques, remplissez la terre et
dominez-la », d'autre part, la doctrine de Saint Paul dans la
première épître aux corinthiens, verset 38 :
« Celui qui marie sa fille fait bien, celui qui ne la marie pas
fait mieux » ou Saint Jérôme :
« Bien que le mariage remplisse la terre, c'est la
virginité qui peuple le ciel ». Le prophète
Mahomet quant à lui, va encourager le mariage et la procréation
en réclamant une famille nombreuse et en blâmant le
célibat. A la fin du XVème siècle, le
mercantiliste Jean Bodin ira même jusqu'à dire
qu' « Il n'y a richesse ni force que
d'homme » et affirme qu' « Il ne faut jamais
craindre qu'il y ait trop de citoyens » (Wakam, 2007).
Pendant les années qui conduisent à la
révolution industrielle, survenue à la fin du
XVIIIème et au début du XIXème
siècle, on assistera à une baisse du taux de mortalité et
une augmentation de l'espérance de vie et à une
accélération progressive de la croissance démographique
jusqu'à 0.5% par an. Toutefois, les famines, les guerres et les
catastrophes naturelles arrêtent périodiquement cette progression.
R. Malthus (1766-1834) va proposer une doctrine selon laquelle,
« la limitation des naissances est la condition de la
prospérité générale et, en conséquence, du
bonheur des humains » (cité par L. Salleron). Celle-ci
repose essentiellement sur la contrainte morale, son réflexe consistant
à dénoncer l'excès et à rétablir
l'équilibre par la réduction (Malcolm, 1998).
De la révolution industrielle à la
seconde guerre mondiale : la fréquence et la
gravité des famines diminuent et parallèlement, la
médecine se développe. Les taux de mortalité chutent et la
croissance démographique augmente rapidement jusqu'à atteindre
1%.
La période de l'après guerre : les
techniques introduites au cours de l'ère précédente dans
les pays développés connaissent une extension mondiale pour
arriver même dans les pays en développement, et
particulièrement en Afrique. La mortalité baisse très
rapidement, entraînant des taux de croissance de 2% à 3% et
même 4%, dans certains pays comme le Kenya, et le temps de
dédoublement de la population mondiale se réduit de façon
spectaculaire. La « Peur du nombre » est à
jamais d'actualité et on cherche à tout prix à
maîtriser la fécondité afin d'éviter les
conséquences néfastes que pourrait engendrer une telle croissance
(Malcolm, 1998).
L'accroissement rapide de la population dans les pays en
développement, et en Afrique particulièrement, va exercer une
forte pression sur les infrastructures sanitaires et sociales. En
conséquence, une grande part de leurs ressources était
consacrée à l'investissement démographique plutôt
qu'aux investissements productifs, aggravant la pauvreté des
ménages dont la fécondité est élevée et
constituant ainsi, dans ces pays, un des facteurs majeurs de mortalité
infantile (Preston, 1987 cité par RAKOTO, 1995).
En effet, à partir du deuxième enfant, la
probabilité de mourir avant le premier anniversaire est fonction
croissante de son rang de naissance (Beghin, 1993). En conséquence, la
mortalité infantile demeure élevée malgré la baisse
notable enregistrée depuis quelques décennies.
Dans le cas de l'Afrique, une grande proportion des
décès infantiles est due aux facteurs liés à la
grossesse, plus particulièrement les grossesses non
désirées ou à haut risques synthétisées par
les quatre «trop » classiques que sont : trop
d'enfants, trop tôt, trop rapprochées et trop tard (Ouedraogo,
2001). Cette situation a montré la nécessité de mettre en
oeuvre des stratégies permettant d'assurer aux populations un minimum de
niveau de vie et d'état sanitaire. Parmi ces stratégies, on peut
citer « la planification familiale ou planning familial
est l'ensemble des moyens qui concourent au contrôle des naissances, dans
le but de permettre aux femmes et donc aux familles de choisir à quel
moment elles auront un enfant » (Wikipédia,
2008).
Dans ces multiples objectifs, on peut retenir celui qui
consiste à donner aux femmes la possibilité de procréer
durant la période la plus propice à sa santé et à
celle du nouveau-né. Ce qui confirme l'avantage sanitaire que l'on peut
tirer de ce programme. Lors de la conférence internationale sur la
planification familiale tenue à Djakarta(Indonésie) en Avril
1981, les représentants des pays africains et des autres continents ont
soulignés les avantages de la planification familiale pour la
santé, notamment celle de la mère et de l'enfant.
Toutefois, la planification familiale a suscité
beaucoup de controverses dans la manière d'interpréter et de
percevoir ses objectifs, sa raison d'être et sa pertinence même.
Certains auteurs pensent que l'argument santé de la planification
familiale n'est qu'une stratégie pour amener la population à
l'accepter, l'objectif final étant la réduction de la
fécondité. La mortalité infantile et maternelle qui
demeure préoccupante en Afrique, malgré une baisse remarquable
par rapport aux décennies précédentes, a été
utilisée pour justifier l'utilité de ce programme. Cela est vrai
particulièrement dans le contexte Rwandais où la mortalité
infantile reste des plus élevées malgré une baisse non
négligeable enregistrée dans ces dernières années.
Le taux de mortalité infantile est passé de 130 pour mille en
2000 (OMS, 2000) à 83,42 pour mille en 2008 (UNDP, 2008) alors que en
même temps la prévalence contraceptive est passée de 4%
à 10% au cours de la même période (EDSRIII, 2005).
Cependant, ces auteurs estiment qu'il n'est pas toujours vrai que l'utilisation
des méthodes contraceptives moderne puisse baisser le taux de
mortalité infantile ou préserver la santé de la
mère, souvent à cause des effets secondaires (Bontgaarts J.,
1987), mais aussi de l'abandon des pratiques traditionnelles favorables
à la santé et à la survie de la mère et de
l'enfant, comme l'abstinence post-partum, qu'elles peuvent entraîner.
Cette situation conflictuelle nous pousse à rechercher
si, pour le cas du Rwanda, la planification familiale des femmes,
adoptée depuis 1982, concourt à la survie infantile à
travers l'utilisation des méthodes contraceptives moderne.
Plus précisément, notre travail cherche à
répondre à la question de savoir si, « dans
le contexte Rwandais, la planification familiale des femmes contribue à
l'amélioration des chances de survie infantile en évitant les
grossesses à haut risques et/ou non
désirées».
L'objectif général de ce
travail est donc de montrer les effets positifs des programmes de planification
familiale des femmes sur la survie infantile et la nécessité du
renforcement de ces derniers. Plus spécifiquement, ce
travail a pour objectifs de :
Ø Evaluer la contribution de la planification familiale
des femmes dans l'amélioration de survie infantile au Rwanda ;
Ø Déterminer les mécanismes d'action de
la planification familiale des femmes sur la survie infantile ;
Ø Formuler des propositions pour le renforcement de ces
programmes de planification familiale.
(L'introduction ne s'arrête pas ici), il reste en effet
l'introduction générale pour les chapitres qui sera fait à
la fin du travail).
CHAP
I : CONTEXTE DE L'ETUDE
1. CARACTÉRITIQUES DU PAYS
![](Contribution-de-la-planification-familiale--la-survie-infantile-au-Rwanda3.png)
Source : Gakusi, 2002a. Contexte géographique
Le Rwanda est un pays situé en Afrique Centrale, au sud
de l'Équateur entre 1°4' et 2°51' de latitude Sud et entre
28°39' et 30°54' de longitude Est. D'une superficie de 26338
km², il est entouré par l'Ouganda au nord, la Tanzanie à
l'est, la République Démocratique du Congo à l'ouest et le
Burundi au sud. Sans accès à la mer, le Rwanda est enclavé
et se situe, à vol d'oiseau, à 1200 km de l'océan Indien
et à 2000 km de l'océan Atlantique.
Le Rwanda qui se rattache morphologiquement aux Hautes Terres
de l'Afrique centrale et orientale est caractérisé par un relief
montagneux d'une altitude moyenne de 1700 m. Cependant, trois grandes
unités peuvent être distinguées :
- L'ouest et le centre-nord du pays présentent un
relief montagneux constitué de la crête Congo Nil et de ses
contreforts, de la chaîne de Birunga (volcans) ainsi que des hautes
Terres du Nord. Cet ensemble est caractérisé par un relief abrupt
et disséqué avec des vallées encaissées. Mises
à part ces vallées, l'altitude y est supérieure à
2000m. La crête culmine à 3000m d'altitude mais reste, à
son tour, dominée par la chaîne des volcans dont le plus haut, le
Kalisimbi, culmine à 4507m d'altitude. Cette crête Congo Nil
domine le lac Kivu qui occupe le graben du rift et se situe à 1460m
d'altitude.
- Au centre du pays, le paysage montagneux cède la
place à un relief de collines qui a valu au Rwanda l'appellation de
« pays des milles collines ». L'altitude varie en moyenne entre 1500
et 2000m. C'est une morphologie faiblement disséquée
appelée aussi plateau central.
- Plus à l'est, s'étend une vaste zone de
plateaux dits « plateaux de l'est » où le relief de collines
s'estompe au profit d'un relief plat, monotone, découpé de
quelques collines et de vallées lacustres. L'altitude tombe
généralement en dessous de 1500m.
Sur le plan climatique, le Rwanda jouit d'un climat
sub-équatorial tempéré par l'altitude. La
température annuelle moyenne oscille autour de 18,5°C tandis que la
pluviométrie, de l'ordre de 1250mm en moyenne, est répartie en
deux saisons des pluies inégales qui alternent avec une petite et une
grande saison sèche. Le climat connaît cependant des nuances
régionales qui restent en général calquées sur les
étages situées en altitude. La région de la crête
des volcans et des Hautes Terres du Nord jouissent d'un climat frais (16°C
en moyenne) et humide avec une pluviométrie moyenne supérieure
à 1300mm mais pouvant dépasser 1600mm au-dessus de la crête
et des montagnes volcaniques. La région des collines du Centre
reçoit, en moyenne entre 1000mm et 1300mm de pluie par an. Le plateau de
l'est connaît un climat relativement chaud et faiblement arrosé
avec des totaux annuels de pluies généralement inférieur
à 1000mm, le minimum variant autour de 800mm. Avec des
températures quasi constantes, le climat du Rwanda reste cependant
caractérisé par des variabilités interannuelles, voire des
irrégularités notables de pluies marquées par des
excès et surtout des déficits. Ces perturbations affectent
profondément la production agricole qui enregistre parfois des
périodes de crise.
L'hydrographie du pays est caractérisée par un
réseau dense de rivières. En dehors de la façade ouest de
la crête Congo Nil dont le drainage se fait vers le fleuve Congo, le
reste du pays est drainé vers le Nil par la rivière Akagera qui
collecte presque toutes les rivières de ce bassin. L'hydrographie reste
aussi caractérisée par plusieurs lacs entourés de
marécages.
La déforestation liée essentiellement à
l'extension des espaces cultivés a donné lieu à une
végétation anthropique où ne subsistent que quelques
lambeaux (7% du territoire) de forêts naturelles situées sur la
crête Congo Nil et sur les montagnes volcaniques.
Le pays compte actuellement quatre Provinces (le Nord, le Sud,
l'Est, et l'Ouest) et la Ville de Kigali, subdivisées à leur tour
en 30 districts, ensuite en 415 secteurs, puis en cellules et enfin en villages
(Imidugudu).
a. Contexte économique
Bien que des efforts soient régulièrement
fournis pour développer le secteur des services et pour stimuler les
investissements dans le secteur industriel, l'agriculture occupe toujours une
place prépondérante dans l'économie du Rwanda. Les
données du Recensement Général de la Population et de
l'Habitat (RGPH) de 2002 montrent que plus de 8 personnes sur 10 sont
employées dans l'agriculture dont 81% des hommes et 93% des femmes. Ce
secteur agricole connaît, néanmoins, des contraintes majeures
telles qu'un système de production caractérisé par de
petites exploitations d'une superficie inférieure à 1 hectare,
des techniques rudimentaires et un faible taux d'investissement. Pour
remédier à ces problèmes, on procède
progressivement à une réforme agraire, notamment le regroupement
de la population et l'amélioration de la qualité de la
main-d'oeuvre, surtout féminine, par l'encadrement
spécialisé. On procède également par la
régionalisation des cultures et la vulgarisation des intrants. Le
secteur agricole domine toujours le Produit Intérieur Brut (PIB) du
Rwanda (Direction des Statistiques, 2004). En effet, en 2003, la part de
l'agriculture dans le PIB était d'environ 45% suivi des services avec
36% et enfin l'industrie qui représentait 19% du PIB par rapport aux
prix constant de 1995. Le PIB par tête au prix constant de 1995
était de 76089 FRW en 2003. La valeur ajoutée des dépenses
de consommation finale était de 537 746 millions de francs constants de
1995 (Direction des Statistiques, 2004).
Enfin, la plupart des stratégies de
développement basées sur les programmes d'ajustement structurel
et qui se focalisent essentiellement sur la croissance mesurée en termes
de PIB par tête d'habitant ayant généralement
échoué, tous les partenaires au développement
reconnaissent d'un commun accord qu'il faut intégrer la dimension
sociale dans la stratégie globale du développement. C'est ainsi
que de nouvelles initiatives, qui mettent la croissance économique pro
pauvre et la réduction de la pauvreté au centre des
préoccupations ont été initiées en vue de redresser
les économies des pays en développement. Le Rwanda a, lui aussi,
opté pour cette nouvelle orientation.
b. Contexte démographique
En 2007, la population du Rwanda était estimée
à 9,91 millions d'habitants. Avant les massacres
de 1994, la densité de la population était l'une des plus
élevée du monde (près de 380 habitants au km2),
et près d'un tiers en plus dans les régions de culture.
La population rwandaise a augmenté rapidement et
régulièrement, passant de 2 millions de personnes en 1952
à près de 8 millions lors du recensement de 1991 avec l'une
des plus fortes densité d'Afrique : 301 habitants au
km2. Entre 1993 et 1994, la guerre civile a fait environ huit cent
mille morts et jeté hors des frontières deux millions de
réfugiés (principalement au Congo et en Tanzanie). On
décompte également trois millions de personnes
déplacées à l'intérieur du pays. Cependant,
l'effectif de la population rwandaise est resté pratiquement le
même étant donné que, parallèlement, plus d'un
million d'anciens réfugiés en exil depuis plusieurs années
sont rentrés massivement après la fin de la guerre et du
génocide en 1994. Le troisième Recensement Général
de la Population et de l'Habitat du Rwanda de 2002 a montré que
l'effectif de la population était de 8 128 553 d'habitants alors qu' en
2008, cet effectif est estimé à un peu plus de 10 millions
d'habitants (UNP, 2008). Le taux d'accroissement naturel était
estimé à 2,6 % en 2002 avec un indice synthétique de
fécondité de 5,9 enfants/femme (RGPH, 2002) alors qu'en 2008 ces
indices sont estimés respectivement à 2,55% et 5,31 enfants par
femme. Durant la période 1991-2002, la croissance démographique a
connu un ralentissement très net (1,2 %) par rapport à la
période 1978-1991 (3,1 %) à cause du génocide.
L'étude de la densité fait état d'une forte concentration
de la population sur tout le territoire et cette dernière ne cesse
d'augmenter : 386,7 habitants par km² en 2008 contre 283 en 1991 et 191 en
1978.
La plupart des Rwandais vit en zone rurale dans des fermes
individuelles dispersées dans les collines ; le taux d'urbanisation
était l'un des plus faibles du monde (5 %, RGPH 2002). La
population de la capitale Kigali est passée de 130 000 à
250 000 habitants. Cette population a augmentée très
rapidement jusqu'à atteindre 19,3% en 2008.
Du point de vue de sa structure, on constate que la population
rwandaise est essentiellement jeune. En effet, la proportion des personnes
âgées de moins de 15 ans est actuellement estimée à
41,9 % de la population totale.
En ce qui concerne la structure par sexe, les résultats
du Recensement Général de la Population et de l'Habitat (RGPH,
2002) ont révélé une population féminine
majoritaire (52 % contre 48 % d'hommes), cette proportion n'a pas
significativement changée jusqu'alors.
Par ailleurs le taux d'analphabétisme reste assez
élevé. En effet, 36% de la population âgée de 15 ans
et plus ne savent ni lire ni écrire; seulement 4% des femmes savent
lire. Dans l'ensemble de la population concernée, 60% savent lire et
écrire et peuvent être considérés comme
alphabétisés. Le niveau d'instruction de la population de 6 ans
et plus reste également faible. D'après les résultats du
Recensement Général de la Population et de l'Habitat (RGPH,
2002), une personne sur trois est sans instruction (34%) et près de 60%
n'ont atteint que le niveau primaire. Seulement 5,8% ont le niveau secondaire
tandis que la proportion de personnes ayant atteint le niveau supérieur
est inférieure à 1 %.
Sur le plan légal, la Constitution du Rwanda (2003)
stipule en son article 33 que « La liberté de pensée,
d'opinion, de conscience, de religion, de culte et de leur manifestation
publique est garantie par l'État dans les conditions définies par
la loi ». C'est dans ce cadre que plusieurs religions sont
pratiquées dans le pays ; cependant les plus importantes sont les
religions chrétiennes qui regroupent 93 % de la population
résidente avec une majorité de catholiques. Au Recensement de
1991, les religions chrétiennes totalisaient 90 % de la population
résidente. Leur proportion s'est accrue au dépend des sans
religions qui sont passés de 6,8 % en 1991 à 3,6 % en 2002. La
proportion des adeptes de la religion musulmane a augmenté, passant de
1,2 % au recensement de 1991 à 1,8 % en 2002.
Du point de vue linguistique, la quasi-totalité de la
population rwandaise parle la même langue, le Kinyarwanda (plus de 99 %
de la population), qui est la première langue officielle suivie du
Français et de l'Anglais. Le Kiswahili, troisième langue
étrangère relativement fréquente dans le pays est en
général parlé en milieu urbain et dans les provinces
voisines des pays où cette langue est largement parlée
(République Démocratique du Congo, Tanzanie).
c. Politique de Population
Soucieux d'améliorer le niveau et la qualité de
la vie de la population, les pouvoirs publics ont, à travers le temps et
particulièrement depuis les années 1980, cherchés des
stratégies susceptibles d'assurer l'adéquation entre la
croissance démographique et les ressources disponibles.
C'est dans ce cadre qu'en 1982 a été
lancé un programme de planification familiale qui comportait la
formation du personnel, l'amélioration de l'accessibilité des
services et surtout la sensibilisation de la population à la
planification familiale à l'aide des communicateurs de base
(Abakangurambaga). Par la suite en 1990, une politique de population a
été élaborée et adoptée. Elle
visait à ralentir l'accroissement démographique en
réduisant la fécondité grâce à la
planification familiale.
Cependant d'autres éléments comme l'augmentation
de la production, l'amélioration de la santé publique,
l'aménagement du territoire, la formation, l'éducation et la
scolarisation, l'emploi et la promotion féminine, étaient pris en
compte afin de créer un environnement favorable, permettant une
modification des comportements allant dans le sens d'une baisse de la
fécondité et de la mortalité. Après le
génocide de 1994, les problèmes de population ont revêtu de
nouveaux aspects, tant en ce qui concerne la qualité de vie de la
population que son accroissement. C'est pourquoi, en 2003, pour s'adapter au
contexte du moment, une nouvelle politique nationale de la population a
été élaborée et mise à la disposition de
tous les agents de développement. Cette politique met l'accent sur
l'amélioration de la qualité de vie de la population en proposant
des objectifs et des stratégies pouvant permettre d'agir sur les
phénomènes démographiques (fécondité,
mortalité) que sur les aspects socio-économiques. Plus
concrètement, elle met l'accent sur les aspects suivants : le
ralentissement de l'accroissement démographique, la gestion rationnelle
des ressources naturelles, la sécurité alimentaire,
l'accès pour tous les enfants à l'enseignement primaire et
secondaire en privilégiant l'enseignement technique et professionnel et
la technologie de l'information, la bonne gouvernance, l'égalité
des chances et la participation des hommes et des femmes au
développement.
d. Politique de Santé de la
Population.
Concernant la santé de la population, le
Ministère de la Santé, en collaboration avec ses partenaires, a
élaboré en 2004 une politique sectorielle de la Santé par
une approche globale du secteur. Un accent particulier a été mis
sur les composantes prioritaires de la santé de la reproduction que sont
la maternité à moindres risques et la santé des enfants,
la planification familiale, les Infections Sexuellement Transmissibles (IST),
le VIH/sida, la santé de la reproduction chez les adolescents, la
prévention et la prise en charge des violences sexuelles et les
changements sociaux pour accroître le pouvoir de décision de la
femme. Les indicateurs de santé montrent des signes évidents
d'amélioration : la proportion de la population couverte par les
mutuelles de santé est passée de 4% à 7% en une
année, l'effectif du personnel a connu une augmentation de 10 % et de 7
% respectivement pour les médecins et les infirmiers. Par ailleurs, le
ministère est en train de mettre en place une politique incitative
à l'égard du personnel en vue de doter le milieu rural de
personnel hautement qualifié.
Le VIH/sida constitue un des problèmes majeurs. Il
affecte toutes les strates de la population, en particulier les jeunes femmes,
les professionnelles du sexe, les orphelins, les prisonniers et les chauffeurs
commerciaux. Les prix des anti-rétro-viro continuant de baisser, le
programme de prévention de la transmission mère-enfant
engagé depuis 2001, a pu être étendu à toutes les
provinces. Les allocations budgétaires du gouvernement à la
santé ont augmenté substantiellement au cours des
dernières années, atteignant une augmentation nominale double
(185 %) entre 2002 et 2004. La proportion du budget courant du gouvernement
alloué à la santé en 2004 était de 6,1% (Direction
des Statistiques, 2004).
Cette résolution du Ministère de la santé
fait suite à la dégradation de la situation sanitaire
observée au cours de la dernière décennie en
conséquence du génocide de 1994. L'espérance de vie en
bonne santé à la naissance était estimée à
38,3 ans pour l'ensemble de la population en 2000 : le pourcentage de
l'espérance de vie perdue était de 13,3 et 14,1 respectivement
pour les hommes et les femmes. Le taux de mortalité maternelle s'est
accru de 500/100.000 naissances vivantes en 1992 à 1071/100.000
naissances vivantes en 2000. Le taux de mortalité infantile s'est accru
aussi passant de 85/1.000 naissances vivantes en 1992 à 107/1.000
naissances vivantes en 2004. Les principales causes de ces niveaux
élevés de mortalité au Rwanda sont des maladies
transmissibles qui, pour la plupart, sont évitables par des mesures
d'hygiène et des changements de comportements (MINITERE, 2004).
e. Performances du système de
santé.
Les performances des services de
santé étaient plutôt mitigées jusqu'en 2005.
L'utilisation des services de santé curatifs au niveau des centres de
santé s'est inscrite à la baisse entre 1997 et 2003. Le pays a
réalisé, cependant, des taux de couverture vaccinale
au-delà de 80%. Dans le domaine de la santé de la reproduction,
la proportion des femmes qui ont eu au moins quatre consultations
prénatales est seulement de 10%; la prise en charge des accouchements en
milieu assisté a progressé, passant de 14% en 1997 à 31%
en l'an 2000; mais très peu de grossesses sont au bout du compte
référées pour une prise en charge adéquate en
milieu hospitalier. Enfin, le taux de prévalence contraceptive pour les
méthodes moderne accuse un net recul passant de 13% à 4% de 1992
à 2000 et à 10% en 2002.
Le niveau de prise en charge des cas de malnutrition reste
très limité au niveau périphérique : environ 4%
pour les cas de malnutrition sévère et 22% pour les cas de
malnutrition modérée en 2000. Cependant, la qualité de la
prise en charge des cas de malnutrition chronique s'est améliorée
telle que démontrée par l'augmentation des taux de
récupération de 51,2% en 1998 à 70,9% en 2000.
Bien que l'infrastructure de base, et la disponibilité
des ressources humaines, matérielles et financières se soient
améliorées, il reste toujours des défis à relever.
A la fin de l'année 2003, le pays comptait 34 hôpitaux de district
et 375 formations sanitaires périphériques, dont 262 centres de
santé et 113 postes de santé et de dispensaires.
La rareté des ressources humaines s'est
accentuée depuis 1994 en conséquence de la guerre et attend
toujours des solutions appropriées. En raison de la politique de
réduction des dépenses publiques, le nombre de personnel non
qualifié a été réduit et la proportion du personnel
qualifié a augmenté de façon significative passant de 26%
en 1997 à 64% en 2002. Les besoins en médecins et en infirmiers
sont toujours aigus : cependant, les capacités de formation existantes
pourraient combler graduellement ce déficit. Des problèmes
continuent de persister dans la politique de recrutement et de motivation du
personnel : en effet, le personnel de santé le plus qualifié
n'est pas attiré par une carrière dans le système public
de santé, où les salaires sont les plus bas,
préférant donc migrer dans le secteur privé ou à
l'étranger.
Les services de santé de la reproduction
contribuent à assurer une bonne santé de la famille, en
réduisant la morbidité et la mortalité maternelle et
infanto juvénile, d'où la haute priorité qui lui est
accordée et qui est traduite par l'adoption d'une politique nationale de
santé de la reproduction adoptée par le Gouvernement du Rwanda.
Les orientations de la politique nationale de santé de la reproduction
ont été définies en six composantes prioritaires :
(i) la maternité à moindres risques et la
santé infantile,
(ii) la planification familiale,
(iii) la prévention et la prise en charge des
infections génitales et les IST/VIH/SIDA,
(iv) la santé reproductive chez l'adolescent,
(v) la prévention et la prise en charge des violences
sexuelles, et
(vi) les changements sociaux pour accroître le pouvoir
de décision de la femme.
f. Organisation du système de
santé.
Le système de santé a une structure pyramidale
à trois niveaux : central, intermédiaire, et
périphérique. Le niveau central comprend les directions centrales
et les programmes du Ministère ayant la santé dans ses
attributions, et les hôpitaux de référence nationale. Le
niveau central élabore les politiques et les stratégies, assure
le suivi, l'évaluation, et la réglementation dans le secteur. Il
organise et coordonne les niveaux intermédiaires et
périphériques du système de santé, et leurs fournit
des appuis administratifs, techniques et logistiques.
Dans le cadre de la prestation de soins, le niveau central
dispose de trois hôpitaux de référence nationale, y inclus
l'hôpital de Butare et l'hôpital de Kigali (CHK) qui constituent
ensemble le Centre Hospitalier Universitaire (CHU), et l'hôpital neuro-
psychiatrique de Ndera. L'hôpital King Fayçal a été
créé pour fournir un niveau d'expertise technique plus
élevé que celui des hôpitaux de référence
nationale pour l'ensemble des secteurs publics et privés; son rôle
est aussi d'assurer la réduction du nombre de cas
transférés à l'étranger.
Le niveau intermédiaire, qui se situe au niveau de la
Province, s'occupe des questions de politique et de gestion, mais n'est pas un
prestataire de soins de santé. La Direction Provinciale chargée
de la Santé est responsable de la mise en oeuvre des politiques de
santé, la coordination des activités, et la fourniture d'appuis
administratifs, techniques et logistiques. Elle assure la distribution
équitable et l'utilisation efficiente des ressources.
Le niveau périphérique est
représenté par le district sanitaire constitué d'une base
administrative, d'un hôpital de district, et d'un réseau de
centres de santé publics, agréés, ou privés. Le
district sanitaire s'occupe des problèmes de santé de sa
population cible. Les fonctions du district sanitaire incluent :
(i) l'organisation des services de santé des centres de
santé et de l'hôpital de district sur la base des paquets minimum
et complémentaire des activités,
(ii) le fonctionnement administratif et la logistique, y
inclus la gestion des ressources et l'approvisionnement en médicaments
sous la responsabilité de l'équipe cadre du district, et
(iii) la supervision des centres de santé et des
animateurs de santé.
Avec tous ces efforts conjugués, déployés
par le gouvernement Rwandais, le niveau de santé s'est beaucoup
amélioré. En effet, la mortalité infantile, la
mortalité infanto juvénile et la mortalité maternelle ont
été estimées en 2005 (EDSIII-R, 2005) respectivement
à 86%o, 152%o et 750/100000 et de 83,42%o, 160%o en 2008 (UNDP, 2008).
Le pourcentage des femmes assistées à l'accouchement était
estimé à 48,6% en 2007 (OMS, 2007). Concomitamment, la
prévalence contraceptive était de 17% en 2005, dont 10% pour les
méthodes modernes contre 4% en 2000 pour ces dernières. La
prévalence du VIH/SIDA était de 3% en 2005 et en 2008. Ces
résultats ont eu comme conséquence une augmentation de
l'espérance de vie à la naissance de 14,43 ans en 8 ans, passant
de 38,30 ans en 2000 à 52.73 ans en 2008 (UNDP, 2008).
CHAPII : CADRE THEORIQUE ET
METHODOLOGIQUE
« Lorsqu'un chercheur entame un travail, il est
peu probable que le sujet traité n'ait jamais été
abordé par quelqu'un d'autre auparavant, au moins en partie ou
indirectement [...]. Tout travail de recherche s'inscrit dans un continuum et
peut être situé dans ou par rapport à des courants de
pensée qui le précédent et l'influencent. Il est normal
qu'un chercheur prenne connaissance des travaux antérieurs
[...] » (DACKAM, 1995).
Dans ce chapitre, nous donnons une brève
synthèse de la littérature sur les approches théorique de
la mortalité infantile, sur la planification familiale et ses effets sur
la survie infantile, ainsi que sur quelques facteurs de la mortalité
infantile susceptible d'interagir sur la relation entre la P.F et la survie
infantile.
Nombre d'études ont été faites sur
l'impact positif de la planification familiale sur la survie des enfants.
Certains chercheurs ont mis en évidence l'influence directe de la
pratique contraceptive sur la mortalité infantile tandis que d'autres ne
se sont intéressés qu'aux variables intermédiaires comme
l'âge de la femme à la naissance de l'enfant, le rang de la
naissance et l'intervalle intergénésique
précédent.
2. 2.1
Différentes approches théoriques de la mortalité
infantile
Plusieurs approches tentent d'expliquer les différents
niveaux de la mortalité et particulièrement celle des enfants.
Cette diversité théorique résulte de la complexité
des relations entre les concepts utilisés, les niveaux d'analyse et
d'interprétation. Le débat a longtemps opposé les tenants
de la technologie sanitaire, les partisans du développement
économique ou de l'amélioration de l'état nutritionnel, et
ceux qui soutiennent l'impact des changements socioculturels. Ce paragraphe
passera en revue les différentes approches de la mortalité
infantile à savoir : l'approche technologique ou
biomédicale, l'approche économique, l'approche nutritionniste,
l'approche culturelle et sociale et l'approche environnementale.
g. 2. 1.1 Approche technologique ou
biomédicale
Cette approche attribuait à la médecine,
c'est-à-dire aux découvertes technologiques et aux actions
préventives et curatives de santé l'essentiel des déclins
de la mortalité. En d'autres termes, elle affirmait que la
mortalité baisserait quelle que soit la situation économique et
sociale. Ce fut l'approche dominante jusqu'aux années 1960.
Néanmoins, des recherches rétrospectives plus
récentes dans les pays en développement relativisent le
rôle joué par la technologie sanitaire dans cette baisse. Preston
(1980) estime ce rôle à environ 50% pour l'ensemble du Tiers
Monde, entre les années 1940 et 1970. Abordant dans le même sens,
Tabutin (1995) souligne que la plupart des découvertes
thérapeutiques (sulfamides, antibiotiques, vaccination, etc.) sont
survenues entre 1930 et 1955 quand la mortalité par maladies
infectieuses et parasitaires était déjà en plein recul. Il
en conclut que « le progrès médical n'a fait
qu'accélérer un mouvement déjà bien
avancé ».
Cette approche mettait en cause les effets de la croissance
économique ou de l'augmentation de niveau de vie sur le déclin de
mortalité. D'où l'émergence d'autres approches pour tenter
d'expliquer le déclin de la mortalité. Parmi les variables
liées à cette approche, nous en retenons
quatre :
i. a. Consultations prénatales
Durant les premières années de vie, la
santé de l'enfant dépend des conditions de grossesse et du
régime de la mère pendant sa grossesse. Ainsi, il est
recommandé aux femmes enceintes de faire au moins trois visites. Ces
visites sont réparties comme suit : à la fin du troisième
mois, au cours du sixième mois et au cours du huitième mois de la
grossesse (NEBOUT dans "lumière sur la santé", 1979). Selon
Grenier et Gold (1986, cité par Harouna, 1998), à travers le
cordon ombilical, la mère transmet au foetus certaines substances
immunitaires au moment de la grossesse. La sécrétion de la
plupart de ces substances est assurée par la qualité de son
alimentation et l'administration de certains produits médicaux pendant
la grossesse. Au fur et à mesure que la grossesse avance, l'organisme de
la mère s'affaiblit et la sécrétion des substances
immunitaires baisse en quantité et en qualité. Le suivi
médical de la grossesse permet de pallier ces insuffisances et de
maintenir la sécrétion à un niveau constant et
nécessaire pour la protection future du nouveau né. L'objectif de
ces visites est de rendre la grossesse et le travail d'accouchement facile et
plus sûr pour les mères que pour les enfants. Les maladies telles
que le paludisme, l'anémie (cause déterminante du faible poids
à l'accouchement) sont facilement diagnostiquées et
traitées lors des consultations prénatales.
ii. b. Assistance
à l'accouchement
L'absence de personnel de santé qualifié
pendant l'accouchement est également un facteur important pour la survie
et la santé des enfants. La qualité des soins reçus
pendant l'accouchement est tributaire de l'assistance d'un personnel de
santé qualifié. Par conséquent, un accouchement en milieu
hospitalier réduit le risque de décès de l'enfant
grâce à une intervention minutieuse d'un personnel
qualifié. De plus, les conseils prodigués à la mère
par le médecin ou le personnel de santé déterminent les
comportements de celle-ci à l'égard du nouveau né.
L'étude de Desgrées Du Loû (1996) montre que la
mortalité néonatale diminue lorsque la mère a recours
à des agents médicaux compétents ou des sages-femmes. Il
faut noter que malgré les soins pendant la grossesse, certaines
complications obstétricales telles que les hémorragies peuvent
survenir lors de l'accouchement sans que les femmes puisses en être
prévenues lors de la surveillance prénatale, et cela même
dans les pays développés où les services
obstétricaux semblent être bien équipés
(Beninguisse, 2002). Ainsi, les facteurs qui déterminent la survie des
enfants dépendent des conditions d'évolution de la grossesse mais
aussi de l'assistance d'un personnel qualifié.
iii. c. Lieu d'accouchement
Les conditions d'accouchement varient selon le lieu où
a lieu celui-ci et cela peut affecter la survie de l'enfant dans la mesure
où il détermine, avec la personne qui a assuré
l'assistance, la qualité des soins reçus pendant l'accouchement.
Un milieu hospitalier est souvent considéré comme le lieu
idéal associé à un moindre risque de décès
pour l'enfant. Il permet d'assurer le déroulement de l'accouchement dans
des conditions d'hygiènes meilleures pour éviter à la
mère et à l'enfant des risques d'infection par des maladies
(Leroy et Garenne, 1989 ; Desgrées du Loû, 1996 ;
cité par RAKOTONDRABE P. 2004). En effet, selon la tradition en vigueur
dans certaines régions d'Afrique noire, le cordon ombilical est
coupé à l'aide d'un rasoir dont la stérilisation n'est pas
toujours rassurée, ce qui risque d'entraîner des infections. Par
ailleurs, lorsque l'accouchement se fait en milieu hospitalier, un personnel
médical pourra intervenir rapidement en cas de complications,
d'accidents ou même d'une naissance prématurée.
Ainsi, un accouchement en milieu hospitalier permettra de
diminuer les risques de décès infantile sachant que les accidents
à l'accouchement et le tétanos néonatal figurent parmi les
causes principales de décès néonatals (Akoto et Hill,
1988).
A cet effet, Akoto et Tabashe (2002) cités par
Rakotondrabé (2004) ont montré que la survie des enfants
dépend dans une large mesure des conditions et du lieu d'accouchement.
Il ressort de leurs résultats qu'au Burkina Faso et en Tanzanie le fait
pour une mère soit assistée par un personnel médical
qualifié réduit le risque de décès infantile de 35%
à 40%.
iv. d. Vaccinations
Parmi les visites post-natales qui consistent en un certain
nombre de visites médicales au cours desquelles le médecin
établit un bilan de la santé de l'enfant et lui administre les
soins nécessaires, la vaccination a particulièrement retenu
l'attention de maintes chercheurs dans la formulation d'explications en
matière de santé de l'enfant.
En effet, les vaccins se sont avérés
nécessaires et efficaces pour assurer la continuité de la
protection des enfants en leur conférant une immunité
artificielle et passive. Ils permettent aussi à l'enfant de renforcer
les défenses de son organisme. Dans le cadre du Programme Elargi de
Vaccination (PEV), l'OMS recommande de vacciner les enfants contre six maladies
assez fréquentes à savoir la rougeole, la tuberculose, la
coqueluche, le tétanos, la diphtérie et la poliomyélite.
Selon Barbieri (1991), si 60 % des enfants étaient vaccinés, la
mortalité par diarrhée baisserait du quart. Au
Sénégal, la vaccination contre la rougeole a contribué
à baisser la mortalité des enfants de 30,9% entre 6 mois et 3 ans
(DACKAM, 1990).
h. 2.1.2 Approche économique
En 1958 Caole. A. et Hoover. E avaient souligné que
« le progrès économique pouvait être une condition
suffisante pour faire reculer la mortalité [...]».
En effet, en plus des technologies sanitaires, le
déclin de la mortalité dépend aussi des progrès
économiques, du niveau d'éducation et de vie des ménages.
S'il est vrai que la durée de vie peut augmenter avec de faibles revenus
par tête, force est de constater qu'il existe un seuil qu'il sera
impossible de franchir en absence de progrès économiques et
sociaux majeurs. J. Vallin note à ce propos en 1968 que «un
revenu élevé (au delà de 300$ par tête) ne se
conçoit plus sans une longévité importante.
L'indépendance du progrès sanitaire à l'égard du
développement économique n'est pas sans limite».
Lorsqu'on constate des taux de mortalité très
élevés dans les pays du sud notamment en Afrique subsaharienne,
on est amené à se poser des questions sur les limites de
l'approche biomédicale. Les récessions économiques
mondiales des années 1980 et 1990 ont accordé une grande
importance à l'économie dans l'explication de la
mortalité. La crise économique dans laquelle baigne l'Afrique,
surtout subsaharienne depuis un certain temps n'est pas sans effet sur
l'éducation, la santé et les actions sociales. Elle
s'aperçoit aussi bien au niveau national par des restrictions
budgétaires, d'austérités budgétaires, d'inflations
et de privatisation qu'au niveau des ménages par la dégradation
des niveaux de vie, la promiscuité, la malnutrition grandissante,
etc.
En effet la plupart des produits mises à la disposition
de la population et le respect de toutes les dispositions sanitaires
nécessitent au moins un certain moyen financier. Selon cette
théorie, la condition de la demande est corrélée à
la situation économique. En Afrique cette relation s'observe à
travers la malnutrition qui est un facteur important de la mortalité des
enfants.
v. a. Activité économique de
la mère
La relation entre l'activité économique de la
femme et la mortalité des enfants dépend de la nature et des
conditions de travail. Lorsque la femme travaille hors de la maison, l'enfant
est confié à d'autres membres de la famille, à des
frères et soeurs aînés ou même à une
nourrisse. Ces personnes sont souvent moins expérimentés ou
attentifs que la mère mettant en danger ipso facto la vie de l'enfant.
Certains auteurs pensent que l'activité économique de la
mère réduit le temps nécessaire aux soins de l'enfant.
D'autres pensent au contraire qu'une activité
rémunérée peut constituer une source de revenu
supplémentaire pour le ménage, nécessaire à l'achat
des biens et services relatifs aux soins de santé. De ce fait,
l'occupation de la femme peut influencer la mortalité des enfants
à travers l'alimentation et les soins qui leurs sont accordés
(Akoto et Tabutin, 1987, Noumbissi, 1993).
Néanmoins, dans une étude des Nations Unies
(1985) portant sur six pays africains, l'activité de la mère
semblait plus nuisible à l'enfant que sa non-activité dans
quatre. Mais cela dépendait du type d'activité, puisque les
travailleuses familiales présentaient presque partout une nette
surmortalité, alors que les mères se déclarant
"employées" avaient un gros avantage par rapport aux non-actives ou
à celles exerçant d'autres activités (Nations Unies,
1985 ; cité par Akoto et Tabutin, 1987).
vi. b. Activité
économique du conjoint
L'activité économique du conjoint tout comme
celle de la mère est fortement liée à la survie de son
enfant dans la mesure où le conjoint est, dans la plupart des cas, le
principal pourvoyeur du revenu familial. Ainsi, elle reflète souvent,
dans le contexte africain, le niveau de revenu du ménage qui est une
variable difficile à saisir lors des opérations de collecte de
données (Rakotondrabé, 2004). On notera, par exemple que les
« chômeurs », ne disposant que des revenus
tirés des travaux agricoles souvent plus faibles que ceux des
salariés ou des travailleurs des autres secteurs, n'ont pas assez de
ressources leur permettant d'assurer des conditions favorables à la
survie des enfants que ces derniers (Dackam, 1990). Ainsi, l'activité
économique du conjoint agit sur la mortalité des enfants à
travers l'amélioration de pouvoir d'achat du ménage favorisant
ensuite le recours aux meilleurs soins de santé, aux meilleures
conditions de vie et la disponibilité des aliments de bonne
qualité qui assurent aux enfants une meilleure nutrition (Gürsoy,
1994, Banza, 1998).
L'étude de Akoto et Tabutin (1989) a fait ressortir
pour les cas du Cameroun et du Kenya, l'existence d'une surmortalité
infantile chez les enfants des paysans comparés à ceux des cadres
supérieurs.
Néanmoins, cette variable peut également, comme
l'activité économique de la mère, affecter
négativement la santé des enfants dans la mesure où une
femme mariée à un homme salarié ou disposant d'un travail
apportant plus de revenu peut être amenée à
négliger les soins à administrer à ses enfants en
embauchant une femme de ménage à qui elle confie tous les soins
de ces derniers. Or, celle-ci peut ne pas avoir les connaissances requises pour
administrer les soins adéquats et compromet ainsi la santé et la
survie de ces enfants.
vii. c. Condition de
vie du ménage.
Les caractéristiques du ménage sont
utilisées comme des variables économiques à cause de leur
forte corrélation avec le niveau de vie du ménage. Elles peuvent
alors servir pour construire un indicateur « condition de
vie du ménage » en absence d'indicateurs
monétaire (tel que le revenu, les dépenses de consommation du
ménage) permettant d'appréhender le revenu du ménage.
En effet, même si Filmer et Pretchett (1998) ont
montré qu'il existe une correspondance entre la classification des
ménages basée sur les indices calculés à partir des
caractéristiques de l'habitat et celle basée sur les
dépenses de consommation des ménages, Kobiané (1998) a
montré la limite de cette méthode en ce qu'elle ne permet pas de
distinguer les « riches » et les « pauvres » au niveau
intermédiaire de la distribution de l'indicateur. De plus, le niveau de
vie est difficile à appréhender du fait qu'il regroupe à
la fois les facteurs au niveau individuel et au niveau ménage.
Les variables les plus utilisées pour construction de
l'indicateur « condition de vie du ménage »
sont : le mode d'approvisionnement en eau potable, le type de
matériaux de construction, type de toilettes ou lieu d'aisance,
possession des biens par le ménage.
La qualité de l'eau consommée et la
santé des personnes (surtout chez les enfants) sont en étroite
relation. Les infections par les maladies parasitaires et certaines maladies
pouvant être fatale à la survie de l'enfant sont dues en grande
partie par la qualité de l'eau consommée. « On remarque le
plus souvent qu'une mère qui donne de l'eau saine à son enfant le
protège contre certaines maladies et par conséquent augmente ses
chances de survie » (T. Vridaou, 2005).
Le type de toilette et le niveau de vie des ménages
sont fortement liés. Les ménages à revenu
élevé disposent des toilettes aménagées et à
l'inverse les ménages pauvres utilisent les latrines non
aménagées. Le risque de mortalité élevé chez
les familles pauvres est dû au risque élevé de
morbidité chez les personnes utilisant des latrines mal en point. (D. P.
Moudjigui, 2003). Les problèmes liés à l'évacuation
et à la canalisation des déchets se posent avec acuité
à tel point que les familles pauvres se trouvent obligées
d'élever leurs enfants dans des conditions hygiènes
précaires. Cette situation diminue considérablement les chances
de survie de l'enfant (Cantrelle, 1996).
De la qualité de l'eau de boisson dépend
beaucoup de maladies intestinales et parasitaires. De la quantité d'eau
disponible dépend la propreté de l'individu et de la maison, sans
laquelle les maladies se propageraient rapidement. De même, la
présence des toilettes tenues dans de bonnes conditions d'hygiène
permet d'éviter le «péril fécal»
(Desgrées Du lou, 1996).
i. 2.1.3. Approche nutritionniste
Le précurseur de cette approche est Th. MC keown qui,
en 1958 et 1960, l'annonce dans des publications en Angleterre. Par cette
approche, il affirme que: « c'est l'accroissement du niveau de vie
qui, en améliorant l'état nutritionnel de l'individu et donc sa
résistance aux infections, conduit au déclin de la
mortalité ». Cette approche montre que les mécanismes
d'action des facteurs économique passent par la nutrition. Elle accorde
aussi un poids très relatif aux facteurs médicaux.
Cette approche permet de comprendre, en effet, le niveau de
mortalité observé dans certaines régions d'Afrique
subsaharienne. Certaines maladies comme la rougeole, la diarrhée, etc.
s'aggravent lorsqu'elles sont dans un corps malnutri.
Cette théorie a suscité de nombreuses critiques
dont l'une se base sur la sous-estimation du rôle croissant, au
19e siècle, de l'éducation sanitaire et des
mesures de santé publique.
Allaitement
maternel
L'allaitement maternel affecte la régulation hormonale
et augmente la durée de l'aménorrhée post-partum. Le lait
maternel donne au cours des premiers mois de vie une certaine protection
immunologique et répond mieux aux besoins nutritionnels de l'enfant. Au
cours des six premiers mois de la vie, le lait de la mère suffit aux
besoins nutritionnels de l'enfant. Dans une collectivité pauvre, un
enfant de moins de six nourri au biberon court environ trois fois plus de
risque de mourir qu'un enfant nourri au sein (The Johns Hopkins University
Août 1982, cité par Dackam, 1987). Ainsi, les enfants nourris au
sein courent moins de risques d'infection ou de malnutrition et sont donc moins
exposés aux risques de mourir que les autres.
Par ailleurs, un allaitement maternel prolongé
au-delà de six mois et surtout sans autres compléments
alimentaires ne suffit plus aux besoins nutritionnels de l'enfant. La solution
idéale est de nourrir l'enfant au sein durant les quatre à six
premiers mois et d'introduire ensuite d'autres aliments sans jamais attendre
au-delà de huit mois.
Selon une enquête à passages
répétés sur la mortalité infantile et
juvénile (EMIJ) à Yaoundé réalisée par
l'Institut de Formation et de Recherche Démographique (I.F.O.R.D) de
1978-1980 (Dackam, 1990), le niveau de mortalité est trois fois plus
élevé chez les enfants allaités au biberon que chez ceux
allaités au sein.
Plusieurs étude ont utilisées la durée
d'allaitement pour évaluer les effets de l'allaitement sur la
mortalité des enfants, d'autres par contre ont utilisées le type
d'allaitement, et d'autres encore, la durée d'allaitement exclusive au
sein (qui correspond au moment où la mère commence à
introduire d'autres aliments pour nourrir l'enfant). Tous ces travaux ont, en
effet, confirmés l'importance de l'allaitement dans la lutte contre la
mort aux jeunes âges.
j. 2.1.4 Approche culturelle et sociale
Sans nier le poids du sanitaire et de l'économique
comme déterminants de la mortalité, l'approche culturelle a fait
son apparition tout récemment et privilégie l'éducation
des parents, la structure familiale, taille du ménage, la religion et
même l'ethnie pour l'Afrique.
Contrairement aux autres, cette approche ne cherche pas
à dégager les causes du déclin de la mortalité,
mais cherche à déterminer le rôle des variables culturelles
et sociales dans la diversité des rythmes de déclins de la
mortalité.
L'éducation est la variable qui a la
plus grande importance dans cette approche car c'est le premier facteur de
changement social et culturel. Il faut noter que celle de la mère est
cruciale parce que, souvent représentée par son niveau
d'instruction, elle permet d'estimer ses connaissances, son autonomie de
décision, son ouverture vers le monde extérieur. Elle influence
aussi sur la vision qu'elle a de l'enfant, sa perception des maladies et sa
capacité de réaction face à un certain nombre de
problèmes, en particulier le recours thérapeutique en cas de
maladie.
Nombre d'études confirment la relation négative
qui existe entre le niveau d'instruction de la mère et la
mortalité des enfants. Tabutin (1997 ; p455) qui affirme
qu'«à condition de vie égale, en milieu urbain comme en
milieu rural, plus l'instruction de la mère est élevé,
plus la mortalité des enfants est faible».
Parlant de structure familiale, l'on notera
qu'elle n'est pas sans effet sur la mortalité des enfants. Dans une
structure familiale étroite, à tendance nucléaire, la
mère ayant plus de pouvoirs, prend plus vite des décisions au
sujet de la santé de son enfant qu'une mère vivant dans une
structure plus élargie où le pouvoir est centralisé entre
les mains des anciens ou du chef de famille. (Dyson et Moore, 1983 et E.
Canovas, 1994).
Quand à l'ethnie, elle est très
souvent utilisée dans l'explication du niveau de la mortalité en
Afrique subsaharienne. Akoto (1985) et Akoto et Tabutin (1989) estiment qu'il
faut la considérer au même titre que l'éducation de la
mère et, les catégories professionnelles. Tabutin (1997) la
définit comme le reflet de la diversité des cultures et par
là des structures de pouvoir, des mentalités, des modes de vie,
des pratiques et des comportements face à la fécondité,
à l'alimentation, à la maladie et aux systèmes de
santé (traditionnels et modernes).
Comment agissent concrètement ces variables
socioculturelles sur la mortalité des enfants ?
Dans l'étude de la moralité infantile, l'ethnie,
la religion, le milieu de résidence de la mère, le milieu de
socialisation de la mère et le niveau d'instruction des parents
sont généralement les plus importantes variables
culturelles étudiées par les démographes en Afrique
subsaharienne. En effet, selon la revue de la littérature, la
culture (opérationnalisée par ces variables)
oriente les pratiques et les comportements des parents en matière de
santé susceptibles d'influer sur la survie des enfants.
a. Ethnie
L'ethnie de la mère est une variable culturelle pouvant
permettre d'expliquer les différences de comportements des mères
face à leur progéniture. Elle se définie comme le centre
autour duquel s'articulent les coutumes (M. Wasso, 1968 cité par Akoto,
1985). Nous entendons par coutume les perceptions, les croyances, attitudes,
interdits etc.
En Afrique, les us et coutumes peuvent influencer la survie de
l'enfant. En effet, les interdits alimentaires peuvent entraîner des
carences en vitamines et en protéines et conduire à la
malnutrition qui est l'un des principaux facteurs de mortalité
néonatale et infantile. Il faut noter que la durée d'allaitement
et le sevrage varient également selon l'ethnie d'appartenance et ces
derniers éléments déterminent en grande partie
l'intervalle intergénésique. Les perceptions et les croyances
sont en fait des facteurs qui orientent les parents dans le choix du type de
recours thérapeutique à accorder à l'enfant en cas de
maladie (recours à la médecine traditionnelle ou à la
médecine moderne). Dans la plupart des cultures, il existe une
interprétation de la maladie en fonction des facteurs
étiologiques des pathologies. Ainsi on pourra attribuer la maladie
à Dieu, à un sorcier ou aux génies. Si le diagnostic n'est
pas bien fait, cela conduira sans doute à un mauvais choix du type de
recours et de là, augmentera le risque d'exposition au
décès de l'enfant.
Dans le contexte Rwandais, l'ethnie n'est pas
une variable pertinente de différentiation des comportements. De plus,
aucune étude ne peut porter ou appréhender celle-ci à
cause des problèmes politico-ethniques auxquels le pays est
confronté depuis plusieurs décennies. De ce fait, elle ne sera
pas retenue dans cette étude.
b. Religion
La religion est le canal par lequel véhiculent un
certain nombre de valeurs et normes qui régissent la vie des
fidèles sur le plan comportemental, physiologique et physique (Akoto,
1985). A travers ses dogmes et ses pratiques, la religion de la mère
détermine en partie la nutrition et le type de soins à consacrer
à l'enfant. Plusieurs études ont montré que la religion
des mères est une variable de différenciation en matière
de mortalité des enfants. Les études réalisées au
Kenya par Akoto relèvent que les enfants de mère catholique ou
protestante connaissent un risque de décès moins
élevé que ceux dont les mères appartiennent aux autres
groupes religieux (Akoto 1985).
c. Milieu de socialisation
de la mère
Le milieu où a vécu les 12 premières
années de son existence conditionne le plus souvent les comportements de
l'individu dans la société. Ce milieu, le plus souvent
appréhendé de façon dichotomique (milieu rural et milieu
urbain), permet de comprendre les différences d'attitudes et de
pratiques entre les individus vivant dans le même milieu de
résidence.
d. Milieu de
résidence
Plusieurs études effectuées dans les pays en
développement ont montrées l'existence d'une association entre la
mortalité infantile et le milieu de résidence (Laourou et aI,
1993). Dans une étude sur 14 pays d'Afrique Akoto et Tabutin, (1987) ont
montrés que, dans la plupart d'entre eux, la situation était
meilleure dans les grandes villes qu'en milieu rural. Et EVINA AKAM (1990)
quant à lui fait remarquer que «dans la plupart des analyses
univariées des phénomènes démographiques tels que
la fécondité et la mortalité, on observe en
général des niveaux plus faibles en milieu urbain qu`en milieu
rural. Mudubu (1996) relève une variation des risques de
décéder chez les enfants allant de 8,7% à 12,7% pour la
mortalité infantile et de 5% à 8,4% pour la mortalité
juvénile, Rakotondrabé (1996) note également une
disparité régionale des risques de mortalité à
Madagascar. Cette disparité va de 8% à 12,4% sans la
région de Antananarivo (la Capitale) pour la mortalité infantile.
D'après l'enquête démographique et de santé
réalisée en 2003 au Burkina Faso, la mortalité des enfants
de moins de cinq ans en milieu urbain est de l36%ocontre
2O2%o en milieu rural.
Ces différences résultent des effets
combinés des conditions climatiques, géographiques,
socio-économiques et sociales (existences ou non des infrastructures,
rythme de vaccination, manque de personnel, de médicaments et de
ressources alimentaires).
e. Education des parents.
Il a été démontré dans plusieurs
études une influence positive de l'éducation des parents sur la
survie des enfants (Caldwell 1979, E.M. Akoto 1985). Ngwé (1993) affirme
qu'en Afrique subsaharienne le niveau d'instruction des parents,
particulièrement celui de la mère, figure parmi les facteurs les
plus importants de la mortalité infantile. Cela est
dû au fait que les mères sont plus impliquées dans la
santé des enfants que leurs conjoints. Son influence est
médiatisée par plusieurs variables intermédiaires telle la
rupture possible des parents instruits avec certaines pratiques traditionnelles
néfastes à la santé de l'enfant, une certaine
facilité d'adaptation au monde moderne, une sensibilité aux
problèmes d'hygiène et une modification des structures de
décision dans la famille en matière de soins accordés
à l'enfant (Cadwell, 1981 et Cadwell et Mc Donald, 1981, 1982
cités par Akoto et Hill, 1988).
L'instruction du conjoint intervient par son implication aux
soins de l'enfant, sa flexibilité face aux règles traditionnelles
dont les us et coutumes et aussi la division sexuelle du travail.
Dans une enquête sociodémographique et de
santé de la reproduction réalisée au Burundi en 2002 par
le Ministère de l'intérieur, les résultats des analyses
montrent une corrélation négative entre le niveau d'instruction
de la mère et la mortalité infantile. En effet, le quotient de
mortalité infantile était de 55,2 pour 1000 pour les femmes ayant
au moins un niveau primaire complet contre 93,6 pour les autres (ESDSR Burundi,
2002).
k. 2 .1.4 Facteurs
démographiques
viii. a. Sexe de l'enfant
De toutes les variables de différentiation, le sexe est
l'une des plus facile à établir. L'analyse des différences
de mortalité par sexe " échappent aux difficultés
propres à la comparaison entre sous-populations fondées sur
d'autres critères ". Il ressort des analyses à plusieurs
variables effectuées sur les pays du tiers-monde que le sexe de l'enfant
était la seule variable qui revêtait toujours la même
importance (Sullivan et al 1982, cité par Mudubu, 1996). En
général, on observe une surmortalité masculine durant la
petite enfance (moins d'un an en particulier). Elle est beaucoup plus
accentuée au cours du premier mois de la vie qu'entre le reste de cette
période (Gbenyon et Locoh, 1989). Akoto (1985) note que les
garçons sont plus vulnérables à la naissance alors qu'une
fois les premiers mois franchis, la résistance des enfants aux
agressions extérieures dépendrait en grande partie du
comportement social des mères à l'égard des garçons
et des filles. Cette surmortalité masculine à moins d'un an
serait donc attribuée à des facteurs biologiques. Lors de
l'enquête mondiale sur la fécondité (EMF), les
résultats ont montré une surmortalité infantile masculine
de l'ordre de 16% (Rustein S.O 1984, cité par Dackam R., 1987).
ix. b. Taille du
ménage
La taille du ménage désigne le nombre de
personnes vivant effectivement dans le ménage. Elle est de ce fait
différente du nombre d'enfants nés vivants pour la mère ou
rang de naissance de l'enfant et du nombre d'enfant encore en vie surtout dans
le contexte africain où les familles nucléaires sont très
rares. Ce facteur agit sur la mortalité infantile, non seulement
grâce à l'effet de compétition entre les enfants, mais
également la promiscuité. De plus, c'est en facteur susceptible
de contribuer à la gravité de la rougeole maladie très
dévastatrice aux jeunes âges. Il influe sur d'autres variables
intermédiaires de la mortalité tels que : l'habitat et
l'hygiène grâce à l'entassement causé par la
promiscuité, la malnutrition dû à la compétition
entre enfants, la santé de la mère à cause de la charge
importante de travail en cas de présence de beaucoup d'enfants en bas
âges, les maladies infectieuses et parasitaires (maladies contagieuses,
rougeole, coqueluche, tuberculose, pneumonie, etc.).
Approche environnementale
En milieu urbain ou en milieu rural, la santé des
populations reste tributaire des conditions d'hygiène et de
salubrité de leur cadre de vie. Les conditions d'habitat ont
particulièrement une importance capitale dans l'explication de la
santé et de la survie des enfants. Certaines caractéristiques du
milieu de vie comme le nombre de personnes vivant dans la même
pièce, la qualité de l'approvisionnement en eau, la
présence de latrines, la proximité de services de santé,
etc. ont un rôle significatif dans l'analyse de la mortalité des
enfants.
A cet effet, Barbieri (1991) énumérait quatre
principales voies de transmission des agents infectieux aux enfants que sont:
1) l'air, pour les maladies respiratoires notamment;
2) la nourriture, l'eau et les doigts pour les maladies
intestinales dont les diarrhées;
3) la peau, le sol et les objets inanimés pour les
infections de la peau, le tétanos, etc.;
4) les insectes, qui sont les vecteurs de nombreuses maladies
parasitaires et virales.
Au delà de cette influence plus ou moins directe,
Barbieri (1991) indique que les variables écologiques peuvent
également avoir un effet indirect à travers leur influence sur la
quantité et la variété des récoltes de subsistance.
Vue sous l'angle de sa contribution à la quantité et à la
qualité de l'alimentation, l'environnement a aujourd'hui une plus grande
emprise vis-à-vis de la population rurale. Et comme la ville africaine
est elle-même sous une forte dépendance alimentaire du village,
l'emprise de l'environnement sur la quantité ainsi que la qualité
de l'alimentation peut se généraliser à toute la
population.
3. 2.2 Planification familiale et
survie des enfants
La planification familiale définit « la
constitution de la descendance selon certaines normes
d'espacement et de dimension finale » (Pressat, 1978). Son
rôle dans la survie des enfants est mis en exergue dans plusieurs
études (WHO, 1994 et OMS, 1997). Elle agit dans la prévention des
grossesses à risques ou non voulues. Cependant, il est couramment admis
que de tous les facteurs qui influencent la santé de la reproduction,
la régulation des naissances est sans doute la
plus importante. On est alors amené à se poser la question
suivante : Quelle a été la contribution de la
planification familiale des femmes dans l'amélioration des chances de
survie des enfants de moins d'un an au Rwanda? En d'autres termes,
l'absence de la planification familiale des femmes Rwandaises, constitue-t-elle
une cause directe ou contributive de mortalité infantile?
Il convient de rappeler que ce questionnement a
suscité des divergences dans la conception des programmes de P.F
à différentes époques. Qu'il s'agisse du désir de
maîtrise de la croissance à des fins de planification
économique, de la volonté d'améliorer le niveau de la
santé publique et familiale ou encore de préoccupations relatives
aux droits de l'homme, il est aujourd'hui reconnu que ces considérations
qui conduisent à adopter la P.F sont intimement liées. En effet,
d'après le Population Council (1987, p.6), le développement
socioéconomique, la survie de l'enfant et l'amélioration de la
condition de la femme favorisent la P.F. Ainsi, ces trois considérations
se renforcent mutuellement. Il est nécessaire de remarquer
que :
« L'argument de la santé en faveur de la
P.F n'est pas une découverte récente ; bien que reconnu de
longue date, ce n'est que récemment qu'il a été activement
avancé et intégré dans les efforts des organismes de P.F.
L'importance de la P.F pour la santé constitue elle une
découverte récente » (The Population Council,
1987, p.11).
Selon la littérature sur la P.F, deux aspects semblent
primordiaux à cause de leurs implications dans la survie des enfants. Il
s'agit principalement de la prévention des grossesses à risque et
de l'espacement des naissances.
En effet, la P.F agit dans la prévention des grossesses
à risque à travers la réduction du nombre d'enfants
nés d'une mère ayant un état santé
défavorable ou compromis. Le risque peut être lié à
l'âge de la mère, à sa parité atteinte, au faible
espacement des naissances mais aussi aux difficultés inhérentes
à la grossesse, aux complications à l'accouchement ou à
d'autres infections et maladies (diabète, hypertension, malaria,
anémie ferrique,...) (Haaga cité par Potter, 1988). Selon le
rapport de l'OMS sur la planification familiale (OMS, 1997), l'un des
intérêts de la P.F réside dans la prévention des
grossesses à risque, parce que, « trop précoces, trop
tardives, trop nombreuses ou trop rapprochées » appelés
aussi « les quatre trop
classique » ; elles s'avèrent plus dangereuses
qu'une grossesse normale. Plus précisément, il s'agit de
grossesses :
- De femmes d'âge inférieur à 18 ans
ou supérieur à 35 ans ;
- Espacées de moins de 24 mois ;
- De femmes ayant déjà quatre enfants ou
plus.
Il ressort de cette typologie trois éléments
directement liés à la grossesse : l'âge de la
mère à l'accouchement, l'intervalle entre naissances et la
parité atteinte. Parmi les raisons pour lesquelles on pense que ces
facteurs influencent la mortalité des enfants, il y a selon Potter
(1987) :
- Le simple mécanisme physiologique qui relève
de l'âge et de la parité atteinte et se rattache à
l'aptitude de la femme à enfanter ;
- L'intervalle entre naissances qui agit à travers ses
effets sur le statut nutritionnel de la mère.
Ces facteurs biodémographiques susmentionnés
font que le recours à la P.F est souvent préconisé comme
une nécessité lorsqu'il y a besoin non satisfait en
matière de contraception, que ce soit en termes d'espacement ou de
limitation des naissances. C'est dans ce sens que le groupe parlementaire
interaméricain sur la population et le développement affirme
que : « P.F if it were available could help save live
by reduicing the number of pregnancies to those of high risk »
(IAPG, 1990, p.1 cité par Rakoto 1995).
x. a. Effet de l'âge de la
mère à l'accouchement sur la survie des enfants
L'âge de la mère à l'accouchement est un
facteur propre à réduire notablement le nombre de
décès d'enfants. Le report de la première naissance
à un âge d'au moins 18 ans pour la mère permet de
réduire le risque d'accouchement prématuré et
d'insuffisance pondérale à la naissance. En effet, les risques de
mort du nourrisson au cours du premier mois sont de 24% plus
élevés chez les mères de moins de 18 ans que chez les
mères âgées de 25 à 34 ans (OMS, 1997). Cette
aggravation des risques perdure pendant toute la petite enfance. Si les
mères repoussaient l'âge de la première naissance à
au moins 18 ans, on pourrait réduire les risques de mortalité du
premier né jusqu'à 20% en moyenne et jusqu `à 30%
dans certains pays (Hobcraft, 1991). Les femmes très jeunes,
adolescentes, qui tombent enceintes exposent dangereusement leur santé
ainsi que celle de l'enfant car leur organisme n'a pas encore une
maturité physique suffisante pour supporter les sollicitations de la
grossesse et de l'accouchement.
Ramakavelo (1983), utilisant les données d'une
enquête qu'il avait organisée à Madagascar dans les centres
de santé maternelle et infantile en 1978, a montré que la
mortalité infantile était de 190%o pour les enfants nés
des mères âgées de moins de 20ans à l'accouchement,
321%o pour ceux dont les mères avaient plus de 35ans et 144%o pour
l'ensemble. Tout cela montre l'importance de l'âge à
l'accouchement sur les chances de survie infantile.
xi. b. Effet de l'intervalle intergénésique sur
la survie des enfants
L'espacement des naissances est sans conteste un facteur
crucial pour la santé et survie des enfants. Plusieurs travaux ont
été menés quant aux conséquences d'un intervalle
intergénésique court sur la survie des enfants. Il en ressort une
association positive entre un intervalle intergénésique court
(souvent inférieur à 2 ans) et la surmortalité des deux
enfants concernés en comparaison à ceux pour qui cette
durée est supérieure à deux ans. Selon Akoto et Hill
(1988, p.315), ce facteur a un impact non seulement sur la période
néonatale mais aussi sur la période juvénile.
Les travaux de Hobcraft et al. (1987) portant sur 5 pays
révèlent qu'un intervalle entre naissances de moins de 12 mois
s'accompagne pour l'enfant précédent d'une augmentation des
risques de décès de 70% à 80% entre sa première et
sa cinquième année de vie et de 50% ou plus si la naissance
intervient dans les 18 mois après le dernier accouchement. Ce risque
augmente pour le nourrisson de 60% à 70% si la naissance survient moins
de 2 ans après la précédente, et de 50% dans la
période de moins de 5 ans. Une autre étude menée par Addo
et Goody (1975, cités par Omran, 1987) confirme, pour le
nourrisson, une probabilité de décès infantile
quatre fois supérieure lorsque l'intervalle intergénésique
est de moins d'un an en comparaison au cas où cet intervalle se situe
autour de 3 ou 4 ans.
The Office of Population (Princeton University, 1989
cité par Miller et al., 1989) a relevé dans une recherche
effectuée au Bangladesh et aux Philippines un risque de mortalité
durant les deux premières années de vie de 60% à 80% par
suite d'un intervalle intergénésique précédent
inférieur à 15 mois .
Plusieurs explications ont été avancées
pour expliquer ce constat. L'espacement des naissances agirait par le canal de
la concurrence qu'il suscite entre frères pour la nourriture, et aussi
à travers l'attention et les soins prodigués par la mère.
Il est à noter qu'un intervalle court est souvent à l'origine
d'un grand nombre de sevrages précoces avec toutes les
conséquences que cela peut avoir sur la santé des enfants. Car
« la croyance selon laquelle le sperme empoisonne le lait
maternel » (Van De Walle E. Et F, 1988) ou encore l'idée
voulant que la survenance d'une grossesse rende le lait maternel impur, sont
assez répandues sur le continent africain et obligent
systématiquement les mères à sevrer leurs enfants
prématurément en cas de grossesse. Une explication biologique
voudrait qu'un intervalle court affecte les réserves liées
à l'état nutritionnel de la mère qui à son tour
entrave le développement normal de l'enfant. (OMS, 1997)
Ces exemples suggèrent que le raccourcissement de
l'intervalle intergénésique provient d'une
« non planification »
des enfants. Par conséquent, la P.F pourrait se
révéler un facteur important dans la réduction des risques
du fait qu'elle est susceptible d'influencer les comportements
procréateurs et la formation des familles.
Dans les sociétés traditionnelles africaines,
l'espacement des naissances se faisait grâce à l'allaitement
maternel prolongé, à l'abstinence sexuel post-partum et aussi par
un ensemble de tabous. Aujourd'hui, selon l'OMS, le recul de l'allaitement au
sein a eu pour conséquence la réduction de l'intervalle
intergénésique, exposant ainsi la santé de la mère
et de l'enfant (WHO, 1994, p.8). A cela s'ajoute un relâchement au niveau
des traditions qui d'une manière ou d'une autre régissent
l'espacement des naissances. Est-il alors permis de croire qu'un recours aux
méthodes contraceptives moderne susceptible de réguler les
naissances, puisse constituer une solution ?
xii. c. Effet du rang des naissances sur
la survie des enfants
Chaque grossesse demande à la mère une certaine
quantité d'énergie à dépenser, non seulement pour
mettre celle-ci à terme, mais aussi pour l'accouchement de l'enfant. Par
conséquent, les grossesses trop nombreuses mettent en danger la
santé de la mère et celle du nouveau-né. D'après
une étude menée en Egypte, le taux de mortalité du
nourrisson dès la cinquième naissance était
supérieur de 38% à celui constaté pour les
troisième et quatrième naissances (Ibrahim, 1993).
Cette aggravation peut s'expliquer en partie par l'âge
plus élevé à la maternité, ce qui constitue une
menace pour la mère et pour le nourrisson. En effet, le rang de
naissance est corrélé avec l'âge à la
maternité. Il est possible que la diminution des ressources et
l'exposition accrue aux maladies infectieuses entrent en ligne de compte. En
Afrique, les études de Venkatacharya et Tesfay Teklu (1986) cité
par Rakotondrabé (1996) ont montré que la précocité
du mariage rend les enfants de rang un plus exposés à
l'insuffisance pondérale ou à la prématurité.
Beghin (1993) a montré, pour les pays peu
développés, qu'à partir du deuxième enfant la
probabilité de mourir pour le nouveau-né est une fonction
croissante du rang de la naissance.
En définitive, on remarque que l'un des facteurs
à travers lesquels la P.F influence la mortalité infantile
provient du changement qu'elle est susceptible d'induire dans la composition
sociale des naissances selon l'âge de la mère, la parité
atteinte et leur espacement (Potter, 1987, p.4). Si la pratique contraceptive
permet aux femmes de choisir le moment opportun de concevoir
conformément au nombre d'enfants désirés, peut-on affirmer
qu'une augmentation de la prévalence contraceptive au sein d'une
population, en apportant des changements dans les comportements
procréateurs, contribue à la réduction de mortalité
comme le pense Main (Main, 1981) ?
Selon Potter (1988, p.5), les résultats
dépendent de l'état où se trouve le pays par rapport
à la transition de fécondité. Dans une situation de
faible prévalence contraceptive, il y a de fortes chances que les femmes
les plus instruites, donc d'une certaine classe sociale, soient les plus
disposées à utiliser les méthodes contraceptives modernes.
Dans tels cas, il est fort probable que les changements attendus dans la
composition des naissances soient minces et les effets sur la survie des
enfants faibles.
Théoriquement les changements induits par la P.F,
à savoir la diminution de la proportion des naissances aux âges
à haut risque, de rangs élevés et l'allongement des
intervalles intergénésiques suite à une meilleure
utilisation des méthodes contraceptives moderne, augmentent les chances
de survie des enfants.
L'étude faite par Bongaarts (1987) après
comparaison dans les fréquences des grossesses à haut risque sur
un groupe de 41 pays en développement se trouvant à
différents stades de leur transition, montre une association
négative entre la prévalence contraceptive moderne et le nombre
des naissances de sixième rang ou issus des femmes adolescentes.
Paradoxalement, il remarque une réduction des intervalles
intergénésiques et une large proportion de naissances de premier
rang dans les pays où cette pratique contraceptive moderne est
élevée ; facteurs susceptibles d'augmenter les risques de
mortalité des enfants.
De ces analyses, il résulte un doute quant aux
répercussions d'une augmentation de la prévalence contraceptive
moderne sur la mortalité infantile. Selon cet auteur, rien ne permet de
dire que l'acheminement d'un pays vers une meilleure régulation des
naissances améliore forcement les chances de survie des enfants. En
effet, ses observations montrent d'une part une action positive de la P.F sur
la survie infantile et une association négative entre la
prévalence contraceptive moderne et le nombre de naissances de rang
supérieur, et d'autre part, que celle-ci induit des facteurs
susceptibles de compromettre la survie de l'enfant telle qu'une
réduction des intervalles intergénésiques et une large
proportion de naissances de rang un pouvant concerner en bonne partie des
adolescentes.
Cependant, ces conclusions aussi pertinentes qu'elles soient,
ne suffisent pas pour ôter à la régulation des naissances
toute contribution dans la baisse de la mortalité infantile.
Néanmoins, elles invitent à un examen plus fouillé des
relations entre le niveau micro (individuel) et le niveau macro (collectif)
quant à la contribution de la P.F sur les chances de survie
infantile.
Deux faits sont donc à noter :
l'augmentation de la proportion des naissances de rang un, qui est explicable
par l'utilisation des méthodes contraceptives moderne et la
réduction des intervalles entre les naissances qui semble difficile
à expliquer. Bongaarts avance comme explication l'abandon de
l'allaitement prolongé au sein et de l'abstinence post-partum.
Cela nous pousse à nous interroger si ces deux facteurs
(allaitement prolongé au sein et l'abstinence post-partum) ne seraient
pas plus efficaces pour allonger l'intervalle intergénésiques que
le recours aux méthodes contraceptives moderne. Selon Bongaarts (1987,
p.330): « traditional birth spacing practices are major
determinants of the proportions of short birth intervals and variation in age
at marriage is the principal cause of variation of birth to teenage
mothers».
La complexité des facteurs de la mortalité des
enfants et leurs interdépendances suggèrent que l'âge
à l'accouchement, la parité atteinte et l'intervalle
intergénésique, aussi pertinents qu'ils soient, ne peuvent en
aucun cas être dissociés des facteurs socioéconomiques
(Chen, 1983) et environnementaux (Mosley, 1985, p.122) qui agissent
conjointement ou à travers eux.
4. 2 .3 Cadre
conceptuel et hypothèses
Dans cette section nous présenterons le cadre
conceptuel auquel nous allons nous référer dans l'analyse de la
survie infantile au Rwanda. Il s'agit d'un modèle descriptif de
« la chaîne d'événements et
circonstances conduisant au décès de l'enfant ou contribuant
à la survie de ce dernier » (Dackam, 1987). Nous
énoncerons ensuite l'hypothèse générale ainsi que
quelques hypothèses spécifiques qui sous-tendent cette
étude, qui ne sont que « des réponses provisoires
à confirmer ou à infirmer », impliquant l'existence
éventuelle de relations entre différentes variables relatives
à la P.F et à la survie infantile.
l. 2.3.1. Cadre
conceptuel
Un préalable à cette étude est de
définir une structure explicite à partir de laquelle on peut
montrer de quelle manière les différents facteurs influencent la
survie infantile. Ce genre de structure est souvent appelé
« cadre conceptuel ou cadre analytique » (Hill et all.,
1983 cité par Dackam 1987).
Le cadre conceptuel de cette étude est une adaptation
du modèle proposé par Akoto E. (1993) portant sur des
déterminants de la mortalité des enfants en Afrique Noire et du
modèle de Mosley et Chen sur la mortalité générale
(1983). Par rapport aux modèles initiaux, nous allons introduire la
planification familiale et un ensemble de facteurs préventifs
associés à la survie infantile. Notre modèle mettra en
relation à la fois les facteurs liés à la P.F et ceux
liés à la mortalité infantile.
Ainsi, nous scindons en deux les facteurs liés à
la mortalité infantile : les facteurs lointains (les facteurs
contextuels, les caractéristiques du ménage, ainsi que les
caractéristiques des parents) et les variables intermédiaires ou
déterminants proches (comportements sanitaires et nutritionnels) tandis
que les variables liées à la P.F sont les comportements
procréateurs. L'action de la P.F sur la survie infantile est
médiatisée par les comportements procréateurs qui
déterminent en partie les comportements sanitaires et nutritionnels des
femmes vis-à-vis de leurs enfants. Ces derniers comportements
prédisposent l'enfant à des maladies ou à un état
sanitaire meilleur augmentant ou réduisant ainsi, selon les
comportements adoptés, les chances de survie de ce dernier. Le recours
d'une femme à la P.F est à son tour tributaire des
caractéristiques des parents mais aussi de celles du ménage,
eux-mêmes découlant du contexte de résidence.
m. 2.3.2. Hypothèse
générale
L'influence positive de la planification familiale de la femme
sur la survie infantile au Rwanda est tributaire des caractéristiques
des parents et du ménage, elles-mêmes découlant du contexte
de résidence de celle-ci, et est médiatisée par les
comportements procréateurs. On s'attend à ce que les enfants
issus des mères qui recourent à la P.F aient plus de chances de
fêter leur premier anniversaire que les autres.
De cette hypothèse découle le schéma
conceptuel suivant :
n. Contexte de
résidence
Niveau contextuel
Caractéristiques du ménage
Niveau ménage
Caractéristiques des parents
Niveau individuel
Survie Infantile
Comportements de la mère en matière de
Planification Familiale
Comportements sanitaire et nutritionnel de la mère
Comportements procréateurs
Facteurs comportementaux
2.3.3. Schéma conceptuel
o. 2.3.4. Définitions des concepts, variables
utilisées et indicateurs
Par souci de clarté, nous allons définir
d'abord les concepts utilisés et les variables permettant des les saisir
avant de procéder à la spécification de ces variables
retenues.
xiii. a. Contexte de résidence
Il fait référence au contexte
général du milieu dans lequel est étudié le
phénomène. Il détermine directement les
caractéristiques des parents et du ménage et permet aussi de
comprendre certains comportements de femmes pouvant mettre en danger la vie de
l'enfant. Il sera opérationnalisé par les variables milieu de
résidence et région de résidence de la mère. On
distinguera ainsi, le milieu urbain et le milieu rural d'une part pour le
milieu de résidence et cinq grandes régions correspondantes aux
quatre actuelles provinces administratives du Rwanda auxquelles on ajoute la
ville de Kigali d'autre part pour la région de résidence.
xiv. b. Caractéristiques du
ménage
Les caractéristiques du ménage font
référence au revenu, aux biens disponibles et au confort du
ménage, ainsi qu'à sa taille. Elles représentent de ce
fait l'environnement immédiat de l'enfant et peuvent donc agir
directement ou indirectement sur l'état sanitaire de l'enfant et
compromettre sa survie. Elles influencent les comportements des mères et
la survie des enfants à travers un meilleur accès à l'eau
potable, aux soins de santé, à la qualité de
l'assainissement et plus généralement à un environnement
favorable au bien-être de l'enfant mais aussi la promiscuité
lorsque la taille est élevée. Lors de l'analyse, elles seront
saisies à travers deux variables : Taille du ménage et
condition de vie. Cette dernière est une variable composite construit
à partir des caractéristiques susmentionnées autres que la
taille du ménage. Sa procédure de construction sera
explicitée dans le paragraphe concernant la construction du fichier
d'analyse.
xv. c.
Caractéristiques des parents
Elles sont d'ordre socioculturel et économique (niveau
d'instruction, milieu de socialisation, religion et activité
économique pour la mère, activité économique et
instruction pour le conjoint). Ces caractéristiques déterminent
les pratiques de la mère en matière d'hygiène, de
santé, de nutrition à l'égard de l'enfant et de
planification familiale.
xvi. d. Comportement de la mère en matière de
planification familiale
C'est le fait pour une femme de recourir ou non à la
planification familiale. Comme nous l'avions déjà noté la
planification familiale définie l'ensemble des moyens qui concourent au
contrôle des naissances, dans le but de permettre aux femmes et donc aux
familles de choisir à quel moment elles auront un enfant. Dans notre étude,
nous nous intéresserons uniquement à l'aspect santé de la
reproduction et plus particulièrement celle des enfants de moins d'un
an. En d'autres termes, nous recherchons la contribution de la planification
familiale des femmes dans la lutte pour la survie infantile. Elle sera saisie
à travers l'utilisation des méthodes contraceptives moderne par
les femmes. Notons cependant que l'utilisation des méthodes
contraceptive moderne par une femme ne doit pas être assimilée
à la planification familiale puisque ces méthodes peuvent
être utilisées dans le but de prévenir les maladies
sexuellement transmissibles et non pour la planification familiale.
Néanmoins, en l'absence d'autres variables rendant compte de la
planification familiale, la contraception peut bien approximer le
phénomène.
xvii. e. Comportements
procréateurs
Ces sont les facteurs directement liés à la
grossesse, tels que l'âge de la mère à l'accouchement, la
parité atteinte ou rang de naissance (pour l'enfant index) et
l'intervalle entre naissances. Ce sont ces facteurs qui médiatisent
l'action de la P.F sur la survie infantile. Ces derniers peuvent à leurs
tours influencer les comportements sanitaires et nutritionnels (et vice versa)
et agir sur l'état sanitaire de l'enfant dans la mesure où par
exemple une femme ayant déjà une parité
élevée, si elle n'a jamais eu de complications au cours des
naissances précédentes et que tous ses enfants sont toujours en
vie, peut négliger les suivis médicaux (grossesse ou
accouchement), c'est-à-dire qu'elle aura plus tendance à se fier
de son expérience. Inversement la durée d'allaitement au sein
allonge l'intervalle intergénésique pour l'enfant suivant.
f. Comportements
sanitaires et nutritionnels
Il s'agit des comportements de la mère en
matière d'hygiène, de santé et de nutrition
vis-à-vis de son enfant. Ils désignent les attitudes des
mères face aux soins de santé pendant la grossesse et
l'accouchement et après l'accouchement. Ces pratiques sont de deux
ordres : soins préventifs et soins curatifs.
Les soins préventifs
désignent les visites prénatales, le lieu et l'assistance
à l'accouchement, la nutrition de la mère pendant la grossesse et
de l'enfant, l'allaitement au sein et la vaccination ; alors que les
soins curatifs sont les soins médicaux
apportés à l'enfant malade. Faute de données, nous ne
retiendrons que les visites prénatales, le lieu d'accouchement,
l'assistance à l'accouchement, la taille de l'enfant à la
naissance et la vaccination. La taille de l'enfant à la naissance
servira, en l'absence du poids de celui-ci à la naissance, de celui de
la mère pendant la grossesse et des mesures anthropométriques,
à saisir les comportements nutritionnels de la mère pendant la
grossesse.
p. 2.3.5. Variables dans le
modèle
a. Variable
dépendante
La survie infantile : elle se
définie par opposition à la mortalité
infantile, encore appelée mortalité de la première
année de la vie, qui est l'action de la mort sur une population depuis
la naissance jusqu'au premier anniversaire. C'est donc le fait, pour un enfant
né vivant, de survivre jusqu'à son premier anniversaire. Elle
sera mesurée par la variable dichotomique «survie
infantile» qui prendra la valeur 0 si l'enfant est
décédée avant son premier anniversaire et 1 dans le cas
contraire (c'est-à-dire que l'enfant a survécu au moins
jusqu'à son premier anniversaire).
b. Variable
indépendante de base
Utilisation des méthodes contraceptives moderne :
elle permet de mettre en lumière les pratiques de la femme face à
la P.F. C'est une variable dichotomique qui prendra la valeur 1 si la femme a
utilisé au moins une méthode contraceptive moderne et la valeur 0
dans le cas contraire. Le choix des méthodes moderne résulte du
fait que l'efficacité des autres méthodes de contraception comme
les méthodes traditionnelles n'est pas scientifiquement prouvée,
peuvent conduire à des résultats mitigés et sont
difficilement contrôlables.
c. Variables
intermédiaires
Ces sont les variables qui médiatisent l'action de la
variable indépendante sur la variable dépendante. Pour notre
étude, nous retiendrons les variables relatives aux comportements
procréateurs. Ces variables médiatisent en effet l'action de
l'utilisation des méthodes contraceptives moderne sur la survie
infantile.
Plus spécifiquement, il s'agit des variables :
ü Intervalle intergénésique
précédent : c'est la longueur de l'intervalle de temps qui
sépare l'enfant précédent à l'enfant index. Il sera
recodé en trois modalités :
- Court : moins de 18 mois ;
- Moyen : 18-35 mois ;
- Long : 36 mois et plus.
Notons ici que les femmes ayant déjà mis une
seule fois n'ont pas d'intervalle intergénésique correspondant.
Ainsi, ces dernières selon identifiées par « les
non-concernées (système manquant)» pour cette
variable.
ü Age de la mère à l'accouchement : il
correspond à l'âge qu'avait la mère au moment de la
naissance de son enfant.
On distinguera les modalités suivantes :
- Jeune : moins de 20 ans ;
- Intermédiaire : 20-34 ans,
- Agée : 35-49 ans.
ü Rang de la naissance : c'est l'ordre de naissance
de l'enfant pour sa mère. Il sera recodé en trois
modalités :
- Premier : enfant de rang 1;
- Intermédiaire : enfant de rang 2 et 6 ;
- Elevé : enfant de rang 7 et plus.
d. Variables de
contrôle
Ces sont des variables qui peuvent agir directement ou
indirectement sur la survie infantile sans que l'étude ne soit
portée sur ses effets. En d'autres termes, malgré l'influencent
qu'elles peuvent avoir sur la variable dépendante, elles ne font pas
parties des " indépendantes principales " ni des
variables intermédiaires. Ainsi, elles empêchent l'observation
intrinsèque des effets des variables indépendantes (principales)
ou intermédiaires sur phénomène étudié.
C'est pour cela que leurs effets doivent être contrôlés.
Dans cette étude, il s'agit des variables relatives au contexte de
résidence, aux caractéristiques du ménage, aux
caractéristiques des parents et aux comportements sanitaires et
nutritionnels des mères.
Plus spécifiquement, il s'agit de :
ü Milieu de résidence/socialisation qui seront
saisi en deux modalités chacun: milieu rural et milieu urbain.
ü Religion de la mère sera saisie en :
catholique, protestante, et autres religions.
ü Niveau d'instruction de la mère/du
conjoint : il correspond au plus haut niveau d'étude atteint par la
mère/le conjoint et seront saisi en trois modalités à
savoir : sans niveau, niveau primaire et niveau secondaire et plus.
ü Assistance à l'accouchement sera
transformée en une variable dichotomique « assistance
médicale à l'accouchement » qui prendra la
modalité :
- Personnel qualifié, si la mère a
été assistée par un personnel de santé ;
- Autres, dans le cas contraire.
ü Lieu d'accouchement : cette variable aura deux
modalités à savoir :
- A accouché à l'hôpital pour celles qui
ont accouchés d'une structure de santé ;
- A accouché ailleurs pour les autres.
ü La variable nombre de visites
prénatales aura les modalités suivantes :
- Aucune visite ;
- 1 à 3 visites ;
- 4 visites et plus.
ü Vaccination contre la polio 0 et le BCG aura pour
modalités : Aucun des deux vaccins, au moins un des deux vaccins.
La prise en compte des deux vaccins uniquement a
été dû à l'impossibilité d'associer la survie
infantile aux effets des autres vaccins étant donné que le
calendrier vaccinal proposé par l'OMS va jusqu'au neuvième mois.
En effet, tous les enfants n'ont pas été exposés à
la vaccination pendant la même durée du fait que la plupart de
décès infantile est enregistré avant le neuvième
mois (donc avant la fin de la période de vaccinale pour l'enfant) et en
particulier dans le premier mois de la vie. On ne sait pas alors si un enfant
décès avant la date de vaccination contre une maladie le serait
ou pas s'il n'était pas décédé. Il serait alors
invraisemblable d'associer par exemple le décès d'un enfant
âgé d'un jour à la non vaccination contre la Rougeole qui
est indiqué à l'âge de 9 mois. En effet, malgré
qu'il soit décédé, l'enfant était
nécessairement dans les mêmes conditions immunitaire
vis-à-vis de la rougeole que les survivants au même âge.
Ainsi, rien ne prouve que sa non vaccination contre cette maladie ait
précipitée sa mort. De plus, la vaccination est saisie ici comme
un comportement sanitaire de la mère vis-à-vis de son enfant. Une
mère qui ne vaccine pas son enfant observe un mauvais comportement
sanitaire vis-à-vis de celui-ci. Ainsi, il serait illogique de taxer une
mère de mauvais comportement alors que son enfant n'a pas pu survivre
jusqu'à la date de vaccination fixée par le calendrier. Cela nous
a conduit à ne considérer que les deux vaccins ci-haut
cités qui doivent être administrés dès la naissance.
Toute naissance vivante est en effet dans ce cas exposée à ces
vaccins et la non vaccination pourra être considérée comme
un mauvais comportement.
ü Taille de l'enfant à la naissance : cette
variable n'est qu'un approxis de la variable poids de l'enfant à la
naissance (qui compte environ 70% de valeurs manquantes, raison pour laquelle
elle a été exclu du modèle) qui rend compte de
l'état de santé de celui-ci à la naissance, mais aussi de
celui de la mère résultat des comportements observés par
la mère au moment de la grossesse. La taille de l'enfant à la
naissance, qui avait été saisie en cinq modalités
(très petit, petit, moyen, plus grand que la moyenne, très grand)
sera recodée en trois modalités (petit, moyen, grand). Petit
pour très petit et petit, moyen pour moyen, et pour plus grand que la
moyenne et très grand.
ü Activité économique de la mère
sera recodée en cinq modalités : Inactive, Service,
Commerçante, Agricultrice, Ouvrière.
ü Activité économique du conjoint sera
recodée en quatre modalités : Service, Commerçant,
Agriculteur, Ouvrier.
ü Le sexe de l'enfant aura deux
modalités : Masculin et Féminin.
En guise de synthèse, résumons dans le tableau
suivant les variables opérationnalisant les concepts utilisés
dans le modèle conceptuel :
Tableau 1 :
Opérationnalisation des concepts
Concepts
|
Indicateurs ou variables
opérationnelles
|
Modalités des variables
|
Contexte de résidence
|
Milieu de résidence
|
1. Urbain 2. Rural
|
Région de résidence
|
1.Kigali 2.Est 3.Nord 4.Ouest 5.Sud
|
Caractéristiques du ménage
|
Condition de vie du ménage
|
1. Faible 2. Moyen 3. Elevé
|
Taille du ménage
|
1. Petite (<=7) 2. Grande (>7)
|
Caractéristiques des parents
|
Milieu de socialisation de la mère
|
1. Urbain 2. Rural
|
Religion de la mère
|
1. Catholique 2.Protestante 3.Autres
|
Niveau d'instruction de la mère
|
1. Sans 2. Primaire
3. Secondaire et +
|
Niveau d'instruction du conjoint
|
Activité économique de la mère
|
1. Inactive 2. Service 3. Agricultrice 4.Commerçante
5. Ouvrière
|
Activité économique du conjoint
|
1. Agriculteur 2. Service
3. Commerçant 4. Ouvrier
|
Comportements en matière de PF
|
Utilisation des méthodes contraceptive moderne
|
1. Utilise
0. N'utilise pas
|
Comportements procréateurs
|
Age à l'accouchement
|
1. Jeune 2. Intermédiaire 3. Agée
|
Intervalle intergénésique préc.
|
1. Court 2. Moyen 3. Long
|
Rang de naissance
|
1. Premier 2.Intermédiaire 3. Elévé
|
Comportements sanitaires
et nutritionnels
|
Nombre de visites prénatales
|
1. Aucune 2. 1_3 visites 3. Plus de 3
|
Lieu d'accouchement
|
1. Hôpital 2. Ailleurs
|
Assistance médicale
à l'accouchement
|
1. Personnel qualifié
2. Autres
|
Taille de l'enfant à la naissance
|
1. Petit 2. Moyen 3. Grand
|
Vaccination (Polio 0 et BCG)
|
1. Aucun 2. Au moins un des deux
|
Survie de l'enfant
|
Décès ou non de l'enfant
|
0. Décès 1. Survie
|
q. 2.3.4. HYPTHESES
SPECIFIQUES
A la lumière de ce qui précède,
l'hypothèse générale de l'étude se décompose
en trois hypothèses spécifiques suivantes:
H1 : La longueur de l'intervalle entre
la naissance précédente et celle de l'enfant index est
positivement corrélée à la survie infantile de ce dernier.
On s'attend à ce que, plus la mère espace ces deux naissances,
plus l'enfant index a de chances de fêter son premier anniversaire.
(Espacement des naissances)
H2 : Le report des naissances aux
âges propices à la procréation augmente les chances de
survie infantile. En d'autres termes, un enfant né d'une mère
ayant un âge propice à la procréation (pas trop
précoce et pas trop tardive), généralement entre 20 ans et
34 ans, a plus de chances de survivre jusqu'à son premier anniversaire
comparé autres enfants.
H3 : Une bonne limitation des naissances
agit positivement sur la survie d'un enfant au cours de sa première
année de la vie. On s'attend à ce que un enfant de rang deux
à six ait plus de chances de fêter son premier anniversaire que
les autres.
r. 2.3.6. SCHEMA ANALYTIQUE
5. Survie Infantile
Niveau ménage
- Milieu de socialisation de la mère
- Religion de la mère
- Niveau d'instruction de la mère
- Niveau d'instruction du conjoint
- Activité économique de la mère
- Activité économique du conjoint
Niveau individuel
- Condition de vie
- Taille du ménage
- Milieu de résidence
- Région de résidence
Niveau contextuel
eur
Facteurs comportementaux
Utilisation des méthodes contraceptives moderne
- Nombre de visites prénatales
- Lieu d'accouchement
- Assistance à l'accouchement
- Taille de l'enfant à la naissance
- Vaccination
- Age au sevrage partiel
- Intervalle intergénésique
précédent
- Age de la mère à l'accouchement
- Rang de la naissance
2.4 METHODOLOGIE DE L'ETUDE
Tout
travail scientifique cherche à tester les hypothèses
émises dans cette recherche afin d'atteindre les objectifs fixés
au départ. Il doit donc s'appuyer sur des données réelles
de qualité et des méthodes d'analyses bien
élaborées qui sont un préalable à celui-ci.
Ainsi,
ce chapitre traite de la source et de l'évaluation de la qualité
des données, de la construction du fichier d'analyse, et des
méthodes et modèles d'analyses utilisés.
a. Sources de
données utilisées
Pour tester nos hypothèses d'étude, nous
utiliserons les données de l'Enquête Démographique et de
Santé du Rwanda (EDSR-III) réalisée en 2005. Cette
enquête est la troisième du genre après celles
menées successivement en 1992 et 2000. Elle visait la population des
individus qui résidaient dans les ménages ordinaires à
travers tout le pays. Elle a été réalisée sur un
échantillon représentatif de femmes de 15-49 ans et d'hommes de
15-59 ans (cependant, notre étude portera uniquement sur l'enquête
femme).
La méthode d'enquête utilisée est un
sondage par grappes stratifiée à deux degrés. La base de
sondage est la liste des zones de dénombrement (ZD) du Recensement
Général de la Population et de l'Habitat de 2002 (RGPH-2002),
préparé par le Service National de Recensement. A cause de la
répartition non proportionnelle de l'échantillon parmi les
strates, et du fait qu'on a fixé le nombre de ménages dans chaque
grappe, des taux de pondération ont été utilisés
pour assurer la représentativité actuelle de l'échantillon
au niveau national et au niveau régional.
Au total, 10 644 ménages ont été
sélectionnés pour l'EDSR-III et, parmi eux, 10.307 ménages
ont été identifiés au moment de l'enquête, soit
96,8% de ménages sélectionnés. Parmi ces 10.307
ménages, 10.272 ont pu être enquêtés avec
succès, soit un taux de réponse de 99,7 %. A l'intérieur
des 10.272 ménages enquêtés, 11.539 femmes
âgées de 15-49 ans ont été identifiées comme
étant éligibles pour l'enquête individuelle, et pour 11.321
d'entre elles, l'interview a pu être menée à bien. Le taux
de réponse s'établit donc à 98,1 % pour les interviews
auprès des femmes.
a.1.
Questionnaires
Trois questionnaires ont été utilisés au
cours de l'EDSR-III : le Questionnaire Ménage, le Questionnaire Femme et
le Questionnaire Homme (les deux premiers nous concernent dans cette
étude).
Le Questionnaire Ménage a été
utilisé pour lister tous les membres habituels et les visiteurs des
ménages sélectionnés. Des informations de base sur les
caractéristiques de chaque personne ont été
collectées, y compris l'âge, le sexe, l'éducation et le
lien avec le chef de ménage. L'objectif principal de ce Questionnaire
était d'identifier les femmes et les hommes éligibles pour des
interviews individuelles. Il a aussi permis de collecter des informations sur
les caractéristiques du ménage.
Le Questionnaire Femme a été utilisé pour
collecter des informations sur toutes les femmes en âge de
procréer (15-49 ans). Ces informations concernaient entre autres,
l'histoire génésique, les comportements en matière de
santé de la reproduction, de nutrition de l'enfant, ...
xviii. a.2. Objectif de l'EDSR-III
L'EDSR-III avait plusieurs objectifs principaux entre autres
:
- Recueillir des données à l'échelle
nationale qui permettent de calculer des taux démographiques essentiels,
plus particulièrement les taux de fécondité et de
mortalité infantile et infanto juvénile et d'analyser les
facteurs directs et indirects qui déterminent le niveau et la tendance
de la fécondité et de la mortalité infanto
juvénile ;
- Mesurer les niveaux de connaissance et de pratique
contraceptive des femmes et des hommes;
- Recueillir des données sur la santé
familiale : vaccination, prévalence et traitement de la
diarrhée, des Infections des Voies Respiratoires Aiguës (IRA) et
de la fièvre et/ou de convulsions chez les enfants de moins de cinq
ans, visites prénatales et assistance à l'accouchement ;
- Recueillir des données sur les pratiques
nutritionnelles des enfants, y compris l'allaitement, et dans la moitié
des ménages échantillonnés, prendre des mesures
anthropométriques pour évaluer l'état nutritionnel des
femmes et des enfants, et réaliser un test d'anémie auprès
des enfants de moins de cinq ans, des femmes de 15-49 ans et des hommes de
15-59 ans ;
b. Limites
méthodologiques et évaluation de la qualité des
données de l'EDSR-III
Les résultats des enquêtes sont
tributaires de la qualité des données. Une première
tâche à laquelle on doit s'atteler avant d'effectuer une
quelconque analyse consiste donc à évaluer la qualité des données à utiliser.
Ceci permet de connaître les biais pouvant exister et les limites de
l'étude.
b.1. Biais de
sélection
Comme toutes les enquêtes rétrospectives, seules
les femmes survivantes ayant passé la nuit précédant le
passage de l'agent enquêteur dans les ménages ont
été enquêtées. Les femmes
décédées ou celles n'ayant pas passé la nuit de
référence dans leurs ménages sont ainsi exclues de
l'échantillon. Ceci entraîne un biais de sélection du fait
que les enfants dont les mères sont décédées sont
susceptibles d'avoir un risque de mortalité élevé que les
autres alors qu'ils ont été exclus de l'échantillon. De
plus, n'ayant aucune idée sur la durée ou le motif d'absence des
mères qui n'ont pas passés la nuit de référence
dans leurs ménages, il pratiquement impossible de contrôler les
effets de celle-ci sur la survie de leurs enfants. Ainsi, on est conduit
à émettre l'hypothèse de non sélection pour les
femmes enquêtées qui suppose que l'échantillon choisit est
représentatif de la population cible. En d'autres termes, elle stipule
que les mères décédées ou absentes auraient eu les
mêmes comportements que ceux observés chez les mères
enquêtées et que donc les enfants orphelins ou dont les
mères sont absentes seraient soumises aux mêmes risques de
mortalité que ceux des mères enquêtées. Cette
hypothèse est peu réaliste dans le contexte africain où la
mère reste irremplaçable pour
la santé de son enfant. De plus, les mères
décédées étaient probablement les moins robustes
que celles qui sont encore en vie. Ce qui pouvait augmenter les risques de
mortalité chez leurs enfants. De même pour les mères
absentes à cause de longues maladies, surtout si celles-ci souffraient
pendant la grossesse ou même lors de la période infantile.
Nous supposons aussi qu'il n'y a pas d'effet sélection
pour les enfants observés parmi tous les enfants nés vivants
d'une femme enquêtée. En d'autres termes, nous supposons que les
mères ont eu les mêmes comportements tant pour les enfants
décédés que pour les survivants. Ce qui est
invraisemblable du fait qu'une mère peut être amenée
à changer de comportements suivant les expériences vécues
des précédentes naissances ou des événements
survenus à celles-ci. De plus, le fait que ces enfants soient
décédés et non les autres peut être dû
effectivement à ces comportements différentiels des mères.
Cette démarche pose un problème. En effet, il est impossible
d'associer les variables relative aux comportements de la mère en
matière de santé à un enfant décédé
si sa mère n'a eu que lui seul au cours de la période retenue
pour l'enquête ou si les autres enfants nés avant ou après
lui au cours de la période de l'enquête sont aussi
décédés.
b.2. Biais
d'observation
Lorsqu'on cherche à expliquer la mortalité des
enfants par les caractéristiques et comportements de leurs mères,
comme la pratique contraceptive moderne, les enquêtes EDS
présentent une autre limite : il existe souvent un décalage entre
les caractéristiques et comportements de la mère au moment de
l'enquête et au moment du décès de l'enfant. La mère
peut avoir eu recours à la pratique contraceptive moderne après
la naissance ou même le décès de son enfant,
peut-être même pour éviter que ne se reproduise un
problème constaté sur l'enfant décédé. Tout
de même, les enquêtes biographiques permettraient de surmonter un
tel inconvénient. Ainsi, les résultats peuvent conduire à
des conclusions mitigées lorsque l'écart est important.
b.3. Effet de
troncature
Le caractère rétrospectif des renseignements
recueillis lors des EDS entraîne un autre problème
méthodologique qu'est la
« troncature » lorsque l'on
s'intéresse à la mortalité des enfants sur une
période de 5 ans avant la date de l'enquête. En effet, tous les
enfants n'ont pas été exposés au risque de
décéder pendant une même durée. Les
générations les plus récentes comme celle d'enfants
nés l'année qui précède l'enquête ne l'ont
été que pendant 0,5 an en moyenne (sous l'hypothèse
d'uniforme répartition des naissances durant ces douze derniers mois) :
C'est l'effet de troncature. Il est alors
nécessaire de délimiter une période d'analyse dans
laquelle tous les enfants ont été soumis au risque de
connaître l'événement
« décès » pendant la même durée.
Cette exigence est satisfaite comme le montre la Graphique 2.1
qui explicite la délimitation des quatre
générations d'enfants sur lesquelles porte l'étude.
Graphique 2.1 : Diagramme de Lexis pour
les cinq dernières générations précédent
l'enquête
![](Contribution-de-la-planification-familiale--la-survie-infantile-au-Rwanda5.png)
Où t représente à la
date exacte de l'enquête.
En particulier, pour l'étude de la survie infantile,
les enfants concernés doivent avoir été exposés aux
risques de décès infantile durant une année (pour ceux qui
sont encore en vie) ou l'auraient été s'ils n'étaient pas
décédés. Ainsi, sommes-nous obligés d'exclure la
dernière génération de notre analyse, c'est -à-
dire celle des enfants nés au cours de la période annuelle
[t-1, t], puisqu'elle ne satisfait pas
à cette condition. En effet, rien ne permet de dire qu'un enfant
survivant de cette génération atteindra ou non son premier
anniversaire.
Compte tenu de ce problème et du faible effectif de
décès qu'on enregistrerait dans les générations
totalement exposées au risque de décéder si nous
considérons une période annuelle, [t-2, t-1]
uniquement par exemple, nos analyses porteront sur la cohorte d'enfants
nés au cours de la période [t-5, t-1],
c'est-à-dire les quatre dernières générations
précédant les douze mois avant de l'enquête.
b.4. Erreurs dues au choix
de l'échantillon
Les limites des enquêtes par sondage tiennent
essentiellement aux erreurs d'échantillonnage et aux difficultés
de désignation de l'échantillon. On distingue pour cela trois
sources d'erreurs : erreur d'échantillonnage, biais
d'échantillonnage, erreur indépendante de
l'échantillonnage. La première source d'erreur est le
degré de variation des réponses suivant l'échantillon. En
effet, l'échantillon constitué étant aléatoire, le
tirage aurait pu tomber sur un autre et les réponses enregistrées
auraient été au moins quelques peu différentes de celles
qui l'ont été effectivement. Cette erreur peut être
contrôlée par le dispositif de collecte. Des biais pourraient
être dus au plan de sondage utilisé (base de données
défectueuse, éléments manquants, méthode de tirage
de l'échantillon, etc.) et/ou à une mauvaise procédure
d'estimation. Enfin, indépendamment des problèmes liés
à l'échantillon, il existe des sources d'erreurs dues
principalement aux variations causées par les enquêteurs, les
opérations de codage, des erreurs de mesure, des données
manquantes, etc.
b.5. Biais relatifs
aux informations spécifiquement liées à la santé de
l'enfant
Certaines informations liées aux comportements
nutritionnels et sanitaires de la mère vis-à-vis de son enfant
(vaccination, visites prénatales, durée d'allaitement,...) n'ont
été posées que pour les enfants encore en vie au moment de
l'enquête. Ainsi, il pratiquement impossible d'utiliser ces informations
pour étudier l'influence de ces comportements sur les risques de
décès ou les chances de survie infantile. Pour pallier à
ce problème, nous sommes conduit à poser une hypothèse
forte considérant que les mères ont observées les
mêmes comportements pour ces enfants que ceux qui sont encore en vie.
Cependant, cette hypothèse n'est pas toujours vérifiée
puisque les comportements d'une mère peuvent varier suivant les
circonstances et le temps. Cela risque donc de sous estimer la mortalité
infantile du fait que les enfants décédés ont en moyenne
plus de chances d'avoir eu un comportement défavorable de la part de
leurs mères.
Une autre limite vient de la mauvaise qualité des
données sur les variables poids à la naissance et mesures
anthropométriques rendant compte de l'état sanitaire et
nutritionnel de l'enfant et de la mère pour lesquelles les valeurs
manquantes sont d'environ 70%. Ces facteurs sont en effet capital pour une
étude sur la survie infantile du faite qu'elles font partie des
déterminants proches de la mortalité infantile. Cela nous a
conduit à chercher des facteurs approximatifs comme la taille de
l'enfant à la naissance qui ne montre pas en réalité le
vrai poids puisque l'enquêteur devrait se contenter de la simple
déclaration de la mère estimant que son enfant était
né très petit, petit, moyen, grand ou très grand sans
donner aucune précision sur la vraie valeur de ce signifie ces termes.
Par ailleurs, les données dont nous disposons ne nous
permettent pas d'utiliser le facteur « allaitement »
malgré toute son importance pour rendre compte de l'état
nutritionnel de l'enfant. En effet, ce dernier peut être saisi, par ordre
d'importance, à travers : la durée d'allaitement,
l'âge au sevrage partiel, le type d'allaitement ou la consommation du
colostrum. Or, ces données ne permettent l'utilisation d'aucune de ces
variables :
L'utilisation de la variable « durée
d'allaitement » présente une limite liée à la
manière dont elle a été saisie. En effet, pour saisir
l'information concernant cette variable, l'enquêtée
répondait aux questions suivantes :
- « avez-vous allaité
(nom) ? »,
- Si oui, « allaitez-vous
encore ? », et au cas où elle
n'allaitait plus son enfant, « pendant combien de
mois avez-vous allaité (nom) ? » (uniquement
si l'enfant est en vie).
Ainsi, pour les enfants encore allaités, il est
difficile de connaître à priori le moment auquel leur mère
va arrêter l'allaitement, leur durée d'allaitement correspond
alors à leur âge actuel. En revanche, pour ceux qui sont
décédés, on peut se demander si c'est l'arrêt
précoce d'allaitement qui a provoqué le décès
(auquel cas l'allaitement serait un des facteurs explicatifs du
décès de l'enfant) ou bien au contraire si l'arrêt de
l'allaitement était dû au décès de l'enfant
(auquel cas la durée d'allaitement n'a rien à voir avec
le décès de l'enfant) (RAKOTONDRABE., 2004). A titre
d'exemple, un enfant qui décède un jour après sa naissance
aura tété au plus un jour. Pouvons-nous penser que c'est le fait
qu'il soit allaité uniquement un jour qu'il est
décédé ? ou que cela ait contribué à
cette mort ?
L'utilisation de cette variable peut dans ce cas introduire un
biais dans les résultats des analyses du fait que la durée
d'allaitement saisie par l'enquête ne correspond pas au moment de sevrage
de l'enfant. En effet, la durée moyenne d'allaitement (ou âge
moyen au sevrage total) pour les enfants décédés ne peut
pas dépasser un an du fait que les décès qui nous
concernent sont ceux des enfant de moins d'un an alors que la moyenne de
l'ensemble était d'environ 25 mois en 2005. Cela peut conduire à
des conclusions erronées affirmant que les enfants
décèdent parce que leurs mères observent un mauvais
comportement en refusant des les allaiter. Or, l'enquête n'a saisie
aucune information sur l'âge au sevrage de l'enfant (ni sur le sevrage
partiel, ni sur le sevrage total). De plus, le type d'allaitement n'est
même pas saisi alors que la consommation du colostrum ne l'a
été que pour la dernière naissance uniquement et ne peut
donc pas être utilisée dans notre étude puisque la prise en
compte de cette naissance uniquement surestimerait largement la survie
infantile. Ainsi, malgré toute l'importance de l'allaitement sur la
survie infantile, elle ne sera pas utilisée dans nos analyses.
c. Evaluation de la
qualité des données
c.1. Evaluation des
données sur l'âge des femmes
enquêtées
L'âge est l'une des variables les plus importante dans
l'analyse démographique. Cependant, cette variable est d'ordinaire
à la source d'erreurs de mémoire et d'autres types de biais
surtout dans le contexte de faible alphabétisation. Une mauvaise
déclaration de l'âge peut donc conduire à des analyses
détournées et à des conclusions fallacieuses. L'examen des
données sur l'âge des femmes déclaré à
l'enquête peut donner une idée sur la qualité de celles-ci.
Ainsi s'impose avant toute chose une évaluation de la qualité
des données sur l'âge déclaré des femmes.
L'échantillon étant aléatoire (aucun quota imposé
selon l'âge des femmes parmi celles éligibles), on s'attend
à ce que les effectifs des femmes décroissent avec l'augmentation
de l'âge à cause de la mortalité. Les femmes plus
âgées ayant été exposées à la
mortalité plus longtemps que leurs petites soeurs, leur effectif
devraient diminuer toutes choses égales par ailleurs.
Graphique 2.1: Répartition des
femmes enquêtées (en %) selon l'âge
déclaré.
![](Contribution-de-la-planification-familiale--la-survie-infantile-au-Rwanda6.png)
La figure précédente n'indique aucune
préférence pour les âges ronds ou semi-ronds, ce qui laisse
penser à une bonne déclaration sur cette variable. Afin
d'approfondir un peu plus cette évaluation de la qualité des
données sur l'âge et en savoir plus sur une éventuelle
attraction ou répulsion, nous calculons ci-après les indices de
Whipple et de Myers.
c.1.1. Indice de Whipple
L'indice de Whipple (I w) permet
de mesurer le degré de préférence des âges se
terminant par 0 ou 5. Le calcul de cet indice consiste à prendre
l'effectif total des femmes âgées de 23 à 62 ans, calculer
la somme des effectifs des femmes de cet intervalle dont les âges se
terminent par les chiffres 0 ou 5, et faire le rapport de cette dernière
au un cinquième de l'effectif total. L'indice ainsi obtenu varie entre
zéro et cinq. Mais pour les données issues des EDS (Gendreau et
al, 1985), concernant uniquement les femmes de 15 ans à 49 ans, la
formule est la suivante :
![](Contribution-de-la-planification-familiale--la-survie-infantile-au-Rwanda7.png)
Les valeurs proposées par les Nations Unies pour
apprécier la qualité des données sur l'âge à
partir de cet indice sont (Roger et al, 1981) :
ü Si I w = 0, il y a
répulsion total pour les âges se terminant par 0 et 5 ;
ü Si I w = 5, tous les
âges enregistrés se terminent par 0 ou 5 ;
ü Si I w < 1, il y a
répulsion pour les âges se terminant par 0 et 5 ;
ü Si I w = 1, il n'y a
préférence ni répulsion pour les âges terminant par
0 ou 5 ;
ü Si 1 < I w < 5, il y a
attraction d'autant plus forte que I w
est proche de 5.
Cependant, ces valeurs sont très théoriques,
ainsi, les Nations Unies propose la classification suivante relative à
l'Indice de Whipple (Roger et al, 1981) :
ü Si Indice de Whipple < 1,05 : les données
sont très exactes ;
ü Si 1,05 = Indice de Whipple = 1,099 : les
données sont relativement exactes ;
ü Si 1,10 = Indice de Whipple = 1,249 : les
données sont approximatives ;
ü Si 1,25 = Indice de Whipple = 1,749 : les
données sont grossières ;
ü Si Indice de Whipple = 1,75 : les données sont
très grossières.
Le calcul de l'indice de Whipple pour les données des
EDSR-III 2005 donne une valeur de I w =1,013. Cette
valeur est inférieur à 1,05 et suggère que les
données sont très exactes. Cela signifie en outre qu'il n'y a
aucune attraction ni répulsion pour les âges ronds et semi ronds.
On peut donc dire que les femmes enquêtées ont globalement bien
déclaré leurs âges. Cela confirme les observations faites
sur le graphique précédent. Cependant, l'indice de Whipple
présente certaines limites. Il ne permet de se prononcer que sur la
préférence aux âges se terminant par zéro ou cinq.
c.1.2. Indice de Myers
Contrairement à l'indice de Whipple, celui de Myers
mesure la répulsion ou l'attraction pour chacun des chiffres compris
entre zéro et neuf. Il permet aussi de se prononcer de façon
globale sur l'ensemble des chiffres. Cet indice présente aussi
l'avantage d'éliminer, au moins en partie, la diminution des chiffres
entre les âges en se servant des effectifs pondérés. Il
varie entre 0 et 180. Plus il est proche de zéro, meilleure est la
déclaration des âges. Pour chaque chiffre, le signe négatif
du coefficient indique une répulsion, tandis que le signe positif
traduit une attraction. La valeur absolue du coefficient renseigne sur
l'ampleur de la préférence (Gendreau, 1993). Elle sera chaque
fois comparée à 20 pour apprécier la force de cette
attraction ou répulsion aux âges se terminant par le chiffre
concerné alors que la valeur de l'indice sera comparé à 0
et à 180 pour apprécier la qualité globale des
données en rapport aux éventuelles préférences ou
répulsions.
Procédé de calcul
Etape 1 :
On calcul les sommes des effectifs des personnes 10 ans et plus, dont les âges se
terminent respectivement par chacun des chiffres de 0 à 9.
Soit P (10d+u), l'effectif des personnes dont l'âge a
pour chiffre des dizaines « d » et pour chiffre des
unités « u » :
.
Etape 2 :
On calcul de même les sommes pour les 20 ans et plus :
![](Contribution-de-la-planification-familiale--la-survie-infantile-au-Rwanda15.png)
Etape 3 :
Les effectifs remaniés de Myers sont les
quantités Tu définies par :
Tu = (u+1) +(9-u)
Etape 4 :
On calcul l'effectif remanié total T :
T=
Etape 5 :
L'indice de Myers vaut alors :
IM= ![](Contribution-de-la-planification-familiale--la-survie-infantile-au-Rwanda23.png)
Tableau 2. 1 : Indices de Myers EDSR-III
2005
u
|
Su
|
u+1
|
S'u
|
9-u
|
Tu
|
100Tu/T
|
100T/T-10
|
|100T/T-10|
|
0
|
1033
|
1
|
565
|
9
|
6121
|
8,328
|
-1,7
|
1,7
|
1
|
948
|
2
|
483
|
8
|
5763
|
7,840
|
-2,2
|
2,2
|
2
|
1045
|
3
|
540
|
7
|
6916
|
9,410
|
-0,6
|
0,6
|
3
|
1017
|
4
|
531
|
6
|
7254
|
9,868
|
-0,1
|
0,1
|
4
|
911
|
5
|
481
|
5
|
6959
|
9,468
|
-0,5
|
0,5
|
5
|
870
|
6
|
484
|
4
|
7158
|
9,738
|
-0,3
|
0,3
|
6
|
819
|
7
|
449
|
3
|
7081
|
9,634
|
-0,4
|
0,4
|
7
|
785
|
8
|
429
|
2
|
7139
|
9,712
|
-0,3
|
0,3
|
8
|
1013
|
9
|
493
|
1
|
9607
|
13,070
|
3,1
|
3,1
|
9
|
950
|
10
|
519
|
0
|
9504
|
12,930
|
2,9
|
2,9
|
TOTAL
|
|
|
|
|
73503
|
100
|
|
12,0
|
Le tableau précédent donne les écarts des
pourcentages de chacun des effectifs remaniés avec l'effectif
théorique 10. On remarque que ces écarts ne se pas
élevés, ce qui signifie qu'il n'y a pas de
préférence prononcée d'âge. La somme des valeurs
absolues de ces écarts donne l'indice de Myers qui est ici de
12. Cet indice confirme encore une fois l'absence de
préférence ou d'aversion d'une manière globale.
L'étude des écarts observés à chaque âge se
terminant par un chiffre de 0 à 9 montre des faibles attractions aux
âges se terminant par 8 et 9 et de faibles répulsions aux
âges 0 et 1. Cependant, ces écarts sont suffisamment faibles qu'on
ne peut pas affirmer qu'il y a eu préférence ou aversion à
ces âges. Ainsi, ces résultats nous laissent penser que les
données observées sur l'âge des femmes sont de bonne
qualité.
Néanmoins, le graphique 2.1 a
montré de petites irrégularités sur la courbe
représentative des effectifs des femmes enquêtées par
année d'âge déclaré au moment de l'enquête.
Pour corriger ces irrégularités, nous procédons à
un lissage de cette courbe en opérant des regroupements des femmes par
groupes quinquennaux. De même, on s'attend à ce que la courbe
représentant les effectifs des femmes enquêtées par groupes
d'âges quinquennaux soit monotone décroissante. En d'autres
termes, plus l'âge augmente, l'effectif femmes du groupe devrait
diminuer. Le graphique suivant représente les effectifs des femmes
enquêtées pas groupes d'âges quinquennaux.
Graphique 2.2 : Répartition (en %)
des femmes enquêtées par groupes d'âges quinquennaux.
![](Contribution-de-la-planification-familiale--la-survie-infantile-au-Rwanda24.png)
L'examen de ce graphique montre effectivement une
décroissance régulière des effectifs des femmes à
mesure que l'âge augmente. Ainsi, nous pouvons confirmer encore une fois
que la qualité des données sur l'âge des femmes
enquêtées est bonne d'autant plus que nos analyses utiliseront les
données agrégées et non les données en année
d'âge.
c.2. Omission des
naissances et des décès
Dans les enquêtes rétrospectives, les femmes
oublient généralement certaines naissances,
particulièrement lorsque les enfants n'habitent plus avec elles ou
lorsque la naissance est suivie du décès de l'enfant à un
âge très jeune. L'omission des naissances ou des
décès peut donc être volontaire, surtout dans le contexte
africain (pour des raisons culturelles ou de superstition), ou due à une
défaillance de mémoire. En procédant à l'examen des
tendances internes observées (naissances et décès), on
peut avoir une idée sur l'importance de ces omissions. Ces tendances ne
doivent pas s'écarter beaucoup de l'ordinaire, dans le cas contraire,
cela traduirait une omission des naissances ou une hausse récente de la
mortalité après une baisse dans les périodes moins
récentes, ce qui peut être improbable (connaissant le contexte du
pays).
c.2.1. Nombre d'enfants
nés vivants
Dans un pays à fécondité naturelle, le
nombre moyen d'enfants par femme croît avec l'âge jusqu'à 49
ans. Ceci pourrait s'expliquer par le fait que la durée moyenne
d'exposition au risque de conception augmente avec l'âge jusqu'à
la ménopause. De ce fait, en l'absence d'une forte hausse de la
fécondité dans le temps, l'observation d'une baisse de la
parité moyenne lorsqu'on l'âge augmente ne peut alors s'expliquer
que par une omission d'enfants nés vivants ou un rajeunissement (ou
vieillissement) de certaines mères.
Graphique 2.3: Répartition du nombre
moyen d'enfants nés vivants selon le groupe d'âge
des femmes
![](Contribution-de-la-planification-familiale--la-survie-infantile-au-Rwanda25.png)
Le graphique précédent montre globalement une
augmentation régulière de la parité moyenne selon
l'âge déclaré de la femme. Remarquons cependant de petites
perturbations aux âges 39 et 48 ans où la parité atteinte
chute spontanément en faveur des âges qui suivent.
Théoriquement, une diminution brusque de la parité s'expliquerait
soit par un vieillissement de certaines mères, des omissions d'enfants
ou un changement de la fécondité dans le temps. Pour le cas
présent, il est difficile de se prononcer puisque les attractions sont
souvent observées pour les âges ronds ou semi ronds et non sur 39
et 48 ans. De plus, il n'est pas aussi réaliste de penser que les
omissions ou le changement de la fécondité aient des effets
observables uniquement à 39 et 48 ans. Nous n'oublions pas aussi que la
taille de l'échantillon est un élément important dans la
précision des estimations, le fait observé peut donc être
dû à la non représentativité de l'échantillon
(quand les données sont désagrégées, la taille de
l'échantillon peut devenir insuffisant et l'échantillon non
représentatif à tous les âges) et non à une
mauvaise déclaration des âges. Ainsi, on peut estimer que les
naissances sont à peu près bien déclarées.
Pour essayer de remédier à ces petites rancunes
observées, on va procéder à un regroupement de femmes en
groupes quinquennaux. Ainsi, le graphique ci-après représente les
parités moyennes des femmes par groupes d'âge quinquennaux au
moment de l'enquête.
Graphique 2.4 : Parités moyennes
des femmes selon leurs groupes d'âges à l'enquête.
![](Contribution-de-la-planification-familiale--la-survie-infantile-au-Rwanda26.png)
L'examen de cette courbe montre une croissance
régulière des parités moyennes en fonction de l'âge
de la femme au moment de l'enquête. Ainsi, on peut penser que, les
naissances ont été globalement bien déclarées ou
que si mauvaises déclarations il y a eu, elles n'ont pas
été trop importantes pour mettre en cause la qualité des
résultats des analyses sur les naissances vivantes.
c.2.2. Evaluation de la
qualité des données sur les enfants décédés
selon l'âge de la mère
Il est généralement observé à
partir des enquêtes présentant des résultats
cohérents, une corrélation positive régulière du
nombre moyen d'enfants décédés ou de la proportion
d'enfants décédés par femme et l'âge de celle-ci au
moment de l'enquête à partir du groupe d'âge 20-24 ans
(Gendreau, 1985). En effet, la durée moyenne d'exposition aux risques de
décéder est plus élevée pour les enfants nés
des femmes plus âgées au moment de l'enquête du fait que ces
enfants sont en moyenne plus âgés que ceux issus des femmes plus
jeunes.
Graphique 2.5 : proportion de
décès observés selon l'âge de la mère
à l'enquête
![](Contribution-de-la-planification-familiale--la-survie-infantile-au-Rwanda27.png)
L'analyse du graphique précédent montre
globalement que le nombre d'enfants décédés par femme
croît avec l'âge de la femme au moment de l'enquête. On peut
alors dire que les omissions de décès ne sont pas importantes
même pour les femmes aux âges avancés. Cependant, on
remarque un pic prononcé à 18 ans qui serait peut-être
dû à la surmortalité généralement
observée chez les enfants issus des femmes très jeunes
ajouté à un transfert des naissances issues des femmes de mois de
18 ans qui déclarent avoir 18 ans. Ça peut être dû
aussi au faite que c'est âge l'égal d'entrée en union. En
effet, les jeunes mères en union au moment de l'enquête
chercheraient à déclarer un âge de 18 ans pour
légaliser leur union, tout au moins socialement, dans un pays où
les unions libres sont réprimandées. Or, les enfants nés
de ces dernières courent plus le risque de mourir que ceux issus des
femmes un peu plus âgées. Cette hypothèse est
confortée par le fait qu'aux âges 15, 16 et 17 ans il n'y a eu
aucun décès déclaré. Ce qui n'est pas vraisemblable
puisqu'au cas où on supposerait que l'échantillon est
représentatif, cela voudrait que durant les quatre années
précédent les douze mois avant l'enquête les enfants
nés vivants issus des femmes âgées de 15 à 17 ans au
moment de l'enquête n'ont couru aucun risque de décès.
Ainsi, nous exclurons ces enfants de nos analyses ultérieures. Cela ne
causera pas de problèmes du fait qu'ils ne représentent que 0,2%
de l'ensemble des enfants nés vivants dans cette période.
Une première correction peut être
effectuée en agrégeant les données par groupe d'âges
quinquennaux.
Graphique 2. 6 : Proportion d'enfants
décédés selon le groupe d'âges des mères au
moment de l'enquête.
![](Contribution-de-la-planification-familiale--la-survie-infantile-au-Rwanda28.png)
L'étude du graphique précédent montre une
croissance régulière de la proportion d'enfants
décédés à partir du deuxième groupe
d'âge (20-24 ans). La proportion élevée observée
pour le premier groupe s'expliquerait comme nous l'avons dit par la
surmortalité observée les mères très jeunes. Cela
peut provenir aussi au faible effectif des enfants issus de ces femmes. Cela
nous permet d'affirme que malgré qu'il y ait eu de mauvaises
déclarations, l'agrégation des données sur les
décès des enfants permet de les corriger.
c.2.3. Evaluation des
données sur l'âge de l'enfant au
décès
Graphique 2.7 : Répartition des
décès de moins d'un an selon l'âge en mois
![](Contribution-de-la-planification-familiale--la-survie-infantile-au-Rwanda29.png)
Dans les pays en développement, l'insuffisance du suivi
médical de la grossesse, de l'accouchement et du nouveau-né,
joint à d'autres facteurs culturels, entraînent le plus souvent un
nombre important de décès au cours du premier mois de la vie. Ce
nombre de décès diminue régulièrement au fur et
à mesure que les enfants avancent en âge. Cette tendance est
confirmée par la proportion des décès néonatals
dans la mortalité infantile qui ne devrait pas s'écarter de un
tiers (Akoto, 1985). Le calcul de la proportion des
décès néonataux dans la mortalité infantile,
à partir des données de l'EDSR-III est de 0,47 (confer graphique
précédent). Cette dernière est largement supérieure
au tiers. De plus, on observe certaines irrégularités comme une
petite diminution à 5 mois suivie d'une augmentation à 6 mois et
une forte augmentation à 9 mois suivie directement d'une forte baisse
à 10 mois. Cela suggère une l'existence petite attraction
à 6 mois et une autre plus importante à 9 mois. Néanmoins,
l'allure générale de la courbe montre que ces attractions ne sont
pas d'ampleur à entraver la qualité des résultats des
analyses d'autant plus que l'étude ne distinguera pas les
décès des enfants par mois d'âge. Ainsi, nous en concluons
que les imperfections observées sont faibles pour compromettre
l'utilisation des ces données.
6. c.3. Evaluation de la qualité
des données sur les variables à utiliser
Tableau 2.2 : Récapitulatif des
observations sur les variables du modèle
Variables de l'étude
|
Effectif concerné
|
Effectif
non-concerné
|
Effectif enquêté
|
Taux de non réponse
|
Age de la femme
|
6896
|
0
|
6896
|
0,0
|
Milieu de résidence
|
6896
|
0
|
6896
|
0,0
|
Région de résidence
|
6896
|
0
|
6896
|
0,0
|
Taille du ménage
|
6896
|
0
|
6896
|
0,0
|
Condition de vie du ménage
|
6896
|
0
|
6896
|
0,0
|
Milieu de socialisation
|
6896
|
0
|
6860
|
0,6
|
Religion de la mère
|
6896
|
0
|
6855
|
0,6
|
Niveau d'instruction de la mère
|
6896
|
0
|
6896
|
0,0
|
Niveau d'instruction du conjoint
|
6635
|
261
|
6618
|
0,3
|
Activité économique de la mère
|
6896
|
0
|
6890
|
0,1
|
Activité économique du conjoint
|
6635
|
261
|
6616
|
0,3
|
Pratique contraceptive
|
6896
|
0
|
6896
|
0,0
|
IIP
|
5577
|
1319
|
5577
|
0,0
|
Rang de la naissance
|
6896
|
0
|
6896
|
0,0
|
Age à l'accouchement
|
6896
|
0
|
6896
|
0,0
|
Nombre de visites prénatales
|
6896
|
0
|
6896
|
0,0
|
Lieu d'accouchement
|
6896
|
0
|
6873
|
0,0
|
Assistance à l'accouchement
|
6896
|
0
|
6896
|
0,0
|
Taille à la naissance
|
6896
|
0
|
6883
|
0,2
|
Vaccination (Polio 0 et BCG)
|
6896
|
0
|
6896
|
0,0
|
Survie de l'enfant
|
6896
|
0
|
6896
|
0,0
|
NB : Lors des analyses,
sera créer une modalité résiduelle pour chaque variable
ayant fait l'objet d'un filtre (c'est-à-dire ayant des
non-concernés) afin de conserver la même taille de
l'échantillon.
d. Conclusion sur
l'évaluation de la qualité des données
Dans toute opération de collecte on enregistre toujours
des erreurs et des biais dû soit aux mauvaises déclarations
(observations) ou aux techniques de collectes utilisées. L'EDSR-III non
plus n'a pas échappée à cette réalité.
Cependant, les analyses précédentes faites sur la qualité
de ses données montrent que ces erreurs ne sont pas de nature à
compromettre les résultats des analyses futures. Ainsi, sans être
parfaites, les données issues de l'EDSR-III sont de qualité
acceptable.
La prise en compte du contexte (espace et temps) de
l'étude peut aider à comprendre certains résultats.
S'agissant des erreurs liées à la déclaration de
l'âge, plusieurs méthodes de lissage sont disponibles pour y
remédier (méthodes de Carrier et Farrag; Arriaga ; etc.). De
même, de nombreuses méthodes indirectes (P/F de Brass,
modèle de Gompertz, tables types de mortalité, etc.) permettent
d'ajuster les niveaux et les structures que ça soit pour la
fécondité ou la mortalité en cas de mauvaise
qualité des données. Cependant, dans le cadre de ce travail, ces
techniques ne seront ni développées, ni utilisées.
Malgré les quelques insuffisances soulignées ici et là,
les données seront finalement analysées sans aucun ajustement.
L'évaluation de leur qualité nous a permis de déceler
certaines limites que l'on prendra en compte, en cas de
nécessité, lors de l'interprétation des résultats
de nos analyses.
Après avoir présenté et
évalué la qualité des données à utiliser,
nous allons entrer dans les analyses proprement dites. Ces analyses auront pour
objectif de vérifier empiriquement les hypothèses de cette
étude. Les résultats obtenus vont permettre de formuler, par la
suite, des suggestions que se soient au niveau de la perspective de recherche
ou au niveau des stratégies à mettre en oeuvre en matière
de santé. Pour cela, il nous faut d'abord construire le fichier
d'analyse et choisir les méthodes d'analyse à utiliser.
e. Construction du fichier
d'analyse
Afin de pouvoir mener à bien nos analyses et obtenir
des résultats fiables, il nous est indispensable de construire un sous
fichier d'analyse de données contenant toutes les informations dont
nous avons besoin pour tester nos hypothèses et atteindre les objectifs
de l'étude. Rappelons que l'un des objectifs de cette étude est
d'évaluer la contribution de la planification familiale des femmes dans
l'amélioration de la survie des enfants de moins d'un an au Rwanda. La
population en observation est donc l'ensemble des enfants de moins d'un an. Or,
comme évoqué dans le paragraphe concerne d'effet de troncature,
la plupart des informations recueillies lors de l'enquête
démographique et de santé du Rwanda 2005 pour étudier la
mortalité des enfants portait sur les événements des cinq
dernières années qui ont précédé
l'enquête. La prise en compte de ce groupe quinquennal nous permet
d'éviter les effets de troncature.
Concrètement, à partir du fichier femme de la
base de données de l'EDSR-III renfermant les informations sur les femmes
et leur histoire génésique, nous extrayons toutes les
informations concernant l'étude, c'est-à-dire, les variables
contextuelles, les caractéristiques des ménages et des parents,
les comportements des mères vis - à - vis de leurs enfants telle
que les visites prénatales, la vaccination,..., les comportements
procréateurs, l'utilisation de la contraception et les
caractéristiques de l'enfant.
- L'âge à l'accouchement a été
construit à partir des dates de naissance de la mère et de
l'enfant saisies en CMC selon la relation suivante : âge de la
mère à l'accouchement (en années révolues)=
partie entière de {[date de naissance de l'enfant (en CMC) -
date de naissance de la mère (en CMC)]/12} ou grâce
à SPSS en prenant la valeur de {[date de naissance de
l'enfant (en CMC) - date de naissance de la mère (en CMC)]/12 -
0,5} arrondi à l'entier le plus
proche.
- La variable dépendante « survie
infantile (S.I) » a été créée
à partir de l'âge de l'enfant au décès (variable B7)
de la façon suivante :
S.I =1 si B7<12 et S.I = 0 sinon.
Construction de l'indicateur condition de vie du
ménage
L'indicateur condition de vie a
été construit en recourant à l'AFCM (Analyse factoriel de
classifications multiples) à l'aide du logiciel SPADV55. Les variables
utilisées dans la construction de cet indicateur sont :
ü l'approvisionnement en eau potable ;
ü le type de toilette ;
ü Type de matériaux du sol ;
ü la possession de l'électricité ;
ü le réfrigérateur ;
ü la possession d'une télévision ;
ü la possession d'une automobile ;
ü la possession d'un téléphone ;
ü la possession d'un vélo ;
ü la possession d'une radio ;
ü la possession d'un
réfrigérateur ;
ü la possession d'une moto/scooter.
Cette méthode nous a permis de distinguer 3
modalités :
ü Condition de vie faible : ce groupe
est composé, en moyenne, de ménages ne possédant ni radio,
ni télévision, ni téléphone, ni
réfrigérateur, ni électricité, ni vélo, ni
moto/scooter, ni voiture, utilisant des toilettes sommaires, ayant des maisons
construisent en sable ou en terre et s'approvisionnant en eau de surface ou
dans un puit. On peut dire que ces sont des ménages pauvres.
ü Condition de vie moyenne : ce
groupe est composé, en moyenne, de ménages ne possédant ni
télévision, ni électricité, ni
réfrigérateur, ni voiture. Ils possèdent par contre des
radios et des vélos, une toilette aménagée, des maisons en
ciment et s'approvisionnant en eau de robinet extérieur. Ce groupe est
susceptible d'avoir un niveau de vie moyen vu les conditions de vie des
ménages qui le composent.
ü Condition de vie
élevée : ce groupe est composé, en moyenne,
de ménages possédant un télévision et ayant
l'électricité comme mode d'éclairage, utilisant des
toilettes aménagées, s'approvisionnant en eau de robinet
intérieur et habitat dans des maisons en ciment. Ce groupe est
visiblement celui des ménages riches.
NB : La distribution statistique
des variables entrant dans la construction de cette indicateur sera
donnée en annexe.
Remarquons enfin que les informations concernant les enfants
décédés qui n'avaient pas été saisies au
moment de l'enquête sur les variables comme la vaccination, nombres de
visites prénatales,... ne causent plus de problèmes du faite que
ces variables ont été remplacées par les comportements des
mères malgré les conséquences évoquées
ci-haut.
f. METHODES D'ANALYSE DES
DONNEES
L'analyse des données est une démarche qui nous
permet de mesurer les effets et les mécanismes d'action de la
planification familiale des femmes appréhender à travers la
pratique contraceptive moderne sur la survie infantile au Rwanda. Dans cette
étude, trois niveaux d'analyses seront retenu: l'analyse
univariée, l'analyse bivariée et l'analyse multuvariée.
f.1. Analyse
univariée
Cette analyse permet de donner la distribution statistique
d'une variable pour déterminer le poids de chacune de ses
modalités, le taux de non-réponse, les non-concernés, les
valeurs manquantes et/ou les valeurs aberrantes mais aussi la manière
dont les valeurs sont dispersées par rapport à la moyenne, les
caractéristiques de tendances centrales et la forme de la courbe de
distribution (pour les variables quantitatives). C'est une analyse
essentiellement descriptive qui ne vise pas à rendre compte des
relations entre variables mais peut constituer une étape
préliminaire pour une analyse plus poussée. Elle fait partie de
l'étape de contrôle de la phase d'abstraction et permet enfin de
recoder certaines modalités, de tester l'hypothèse de
normalité, etc. (Anderson, 2001).
Dans cette étude, elle sera utilisée en vue du
recodage des variables, de la mesure des taux de réponse et des
non-concernés.
f.2. Analyse
bivariée
Ce niveau d'analyse permet d'étudier l'association
entre les variables explicatives et la survie infantile à l'aide des
tableaux croisées et du statistique du Khi deux.
En effet, notre variable dépendante étant
qualitative dichotomique (survie infantile ou décès infantile) et
les variables indépendantes qualitatives ou catégorielles, cette
statistique est la mieux indiquée pour rendre compte de l'association
entre ces variables. L'interprétation se fera à l'aide de la
probabilité associée au Khi-deux. Ce niveau d'analyse sert aussi
à connaître les différentielles de survie infantile entre
les différentes modalités de la variable indépendante
utilisée. Cependant, comme l'a bien dit Emile DURKHEIM :
«lorsque deux faits sociaux sont en relation et qu'on pense que
l'un est la cause de l'autre, il faut se demander si cette association ne
serait pas due à quelque cause de
cachée» (Legrand, 2008), les
relations observées au niveau bivarié peuvent être
fallacieuses du faite que ces observations sont faites toutes choses
n'étant pas égales. En d'autres termes, elles ne tiennent pas
compte des effets des autres variables en présence susceptibles de les
influencer. Ainsi, est-il indispensable de recourir à une analyse
multivariée afin de contrôler l'influence cachée de ces
variables pour pouvoir évaluer les effets nets des variables
analysées et confirmer ou d'infirmer les résultats
observés au niveau bivarié.
f.3. Analyse
multivariée
L'analyse multivariée s'attache à résumer
les données issues de plusieurs variables en minimisant la
déperdition de l'information. Elle recouvre un ensemble de
méthodes destinées à synthétiser l'information
issue de plusieurs variables, pour mieux l'expliquer (Taffé, 2004).
L'utilisation des différentes méthodes dépend de la nature
des variables (variables qualitatives ou quantitatives).
Dans notre étude, nous ferons recours à la
méthode de Régression Logistique Binomiale. Le
choix de cette méthode vient du fait que nous sommes en présence
d'une variable dépendante qualitative dichotomique et des variables
indépendantes qui, elles aussi sont qualitatives ou
catégorielles. Les résultats présentés par cette
méthode cadre bien avec l'objectif poursuivi par cette étude car
elle fournie les effets nets (rapport de côtes) de chaque variable
indépendante.
f.4.1. Le principe de
la méthode est le suivant :
La régression est une méthode à
partir de laquelle on cherche à faire passer une courbe
mathématique par un ensemble de points expérimentaux afin
d'appréhender l'évolution du phénomène
étudié (Leblanc, 2000 ; Essafi, 2003 cité par
Taffé, 2004). L'évolution de la variable observée peut
être expliquée à partir d'un ensemble de variables (les
variables explicatives). Cette méthode vise donc à trouver la
courbe passant au mieux par tous les points mesurés, soit en minimisant
l'erreur (la distance entre courbe théorique et points
expérimentaux).
La régression permet d'une part d'analyser dans quelle
proportion les variables explicatives concourent à la formation de la
variable d'intérêt ; d'autre part, le modèle ainsi
réalisé peut être utilisé à des fins
prédictives.
La régression linéaire dite « classique
» cherche à faire passer la « meilleure » droite par un
ensemble de points en minimisant l'erreur au sens des moindres carrés ;
dans ce cas le modèle est l'équation d'une droite, soit Y =
aX+b+å où Y représente la variable expliquée et X le
vecteur de mesure (a et b sont les coefficients, å représente le
résidu, ou l'erreur). Ainsi la mise en oeuvre de la régression
linéaire sous tend donc que la variable d'intérêt Y soit de
nature numérique car il semble difficile de borner le domaine de
variation d'un domaine classique aux valeurs [0,1] reflétant une
probabilité et donc une variable traduisant l'appartenance ou non
à une catégorie. La variable d'intérêt doit
être continue et les variables explicatives, quantitatives ou binaires.
De plus les variables utilisées doivent vérifier la condition de
normalité de la distribution et ne pas être fortement
inter-corrélées (condition de multi-colinéarité)
(Box, 1966 cité par Legrand, 2008).
Dans le cas où la variable expliquée est
qualitative, la régression logistique permet d'étudier l'effet
des variables explicatives de nature qualitative et quantitative. La nature
exacte de la variable d'intérêt (binaire, ordinale, nominale), va
donc imposer l'utilisation de régressions logistiques binaire,
ordonnée, polytonale ou encore conditionnelle (Thomas, 2000 cité
par Taffé 2004). Pour une variable dépendante binaire, une
régression logistique « classique » peut être mise en
oeuvre. Si la variable à expliquer comporte plus de deux
modalités, il faudra alors avoir recours à une régression
logistique multinomiale.
En tant que procédure non paramétrique, la
régression logistique présente l'avantage de « ne
pas exiger de contraintes quant à la normalité »
des distributions des variables. Les variables explicatives ne sont pas
forcément de nature continue et le lien entre variable
expliquée et explicatives n'est pas forcément
linéaire. La régression logistique est moins une
méthode d'inférence statistique qu'une méthode de
classification; en effet, l'équation étudiée traduit la
probabilité d'appartenance d'un individu a une catégorie ou un
groupe (Sheskin, 2007 cité par Taffé 2004). Ainsi, contrairement
à la régression traditionnelle (linéaire), les variables
expliquées peuvent être de nature quantitative et/ou qualitative.
Soit Y une variable binaire (oui/non par exemple). Soit X une
variable indépendante concourant à l'explication de Y. Y peut
prendre la valeur 1 avec la probabilité P(Y=1/X) et la valeur 0
avec la probabilité (1-P(Y=1/X)). Le modèle s'exprime
alors comme :
traduisant une probabilité, sa valeur doit être comprise
dans l'intervalle [0,1].
Soit la fonction logit définie par : g (p) =
ln (P/1-P)
Graphique 2.8 : Fonction Logit
![](Contribution-de-la-planification-familiale--la-survie-infantile-au-Rwanda32.png)
Source : Legrand, 2008
Si on applique la fonction logit à , l'expression devient :
![](Contribution-de-la-planification-familiale--la-survie-infantile-au-Rwanda34.png)
Le domaine de variation de est compris entre et ., alors que varie entre 0 et 1 ; une régression peut donc être mise en
oeuvre. L'estimation des paramètres et est faite par la méthode du maximum de vraisemblance.
Dans le cas où plusieurs variables (x1,x2, ..., xn)
explicatives sont intégrées à la régression, le
modèle s'exprime alors comme étant :
Pour calculer les coefficients de la régression
logistique, il suffit de prendre le logarithme du rapport des
probabilités : Ces coefficients sont estimés par la méthode du maximum
de vraisemblance. Le rapport des probabilités est appelé «
Odds» (côte). On définit l'Odd comme étant le rapport
:
Odd = P/1-P
Où p traduit, par exemple, la
probabilité de réussir une action et 1- p, la
probabilité d'échouer. Il est important de noter que les
coefficients de la régression logistique ne présente pas les
odds mais les odds ratio (OR). Ces derniers traduisent les
chances que la variable y prenne la modalité j versus
la modalité de référence y=0, lorsque x=mod1,
versus x=mod2. Si on note p0 la probabilité de
réussir cette action pour une femme et p1 la probabilité de
réussir cette même action pour un homme, alors l'OR associé
au genre est égal au rapport :
Odd Ratio= (P1/1-P1)/
(P0/1-P0)
Si l'OR prend la valeur 1, cela traduit le fait que la
probabilité de réussir l'action est la même pour les hommes
que pour les femmes. Une valeur supérieure à 1 indique par contre
que les hommes ont plus de chance de réussir l'action que les femmes.
Dans le modèle logistique, les coefficients
calculés sont en fait égaux au logarithme népérien
de l'OR. Il faut donc appliquer la fonction exponentielle aux coefficients de
la régression afin de pouvoir analyser les Odds Ratio.
f.4.2. Interprétation des résultats
La plupart des logiciels offrent deux types de
résultats, les coefficients des X ou les odds ratio qui y sont
associés.
L'interprétation par les coefficients est
difficile :
Un coefficient négatif signifie que le Log odds (Ln?)
décroît d'une proportion équivalente au coefficient pour
tout accroissement unitaire de la variable indépendante. Le
résultat observé concerne alors la variation du Log de odds en
fonction de la variation de X et non la variation de la probabilité. Il
est donc difficile de l'interpréter directement.
L'interprétation par les odds ratio est
plus instructive :
Si â est négatif ; eâ
< 1 : on a moins de chance de vérifier la
propriété. Les individus appartenant à la modalité
considérée de la variable indépendante ont donc (1-
eâ) moins de chance de subir l'événement
étudié.
Si â = 0 ; eâ = 1 : pas de relation
entre X et Y.
Si â est positif, eâ > 1 : on a
plus de chance de vérifier la propriété. Les individus
appartenant à la modalité considérée de la variable
indépendante ont donc (eâ -1) plus de chances de subir
l'événement étudié ou eâ fois
plus de chance de subir le événement étudié.
Où â représente la valeur du coefficient de X dans
l'équation du modèle (Rwenge, 2008).
f.4.3. Adéquation
du modèle
La statistique du khi-deux sert à s'assurer de
l'efficacité globale du modèle. Elle permet de rejeter ou non
l'hypothèse selon laquelle tous les coefficients dans le modèle
sont nuls. Elle sert donc de test d'adéquation du modèle à
prédire le phénomène étudié.
Ce test d'adéquation du modèle est fait à
partir de la probabilité associée à cette statistique du
khi-deux. Si cette probabilité est inférieure au seuil choisi, le
modèle est adéquat. Ceci signifie que les variables
indépendantes considérées dans l'ensemble expliquent la
variation de la variable dépendante. Elles peuvent donc prédire
la valeur de Y. Dans cette étude nous estimerons que le modèle
est adéquat lorsque la probabilité associée au khi-deux
est inférieure ou égale à 5%.
Evaluation du pouvoir discriminant du
modèle : sensibilité, spécificité et courbe ROC
(Taffé, 2004)
On utilise le modèle Logistique pour modéliser
la probabilité des attributs 0/1 de la variable dépendante y
en fonction des co-variables x1, x2, ..., xp. A
partir des probabilités estimées on décide en fixant un
seuil, par exemple à 5%, de classer l'individu dans la catégorie
y = 1 si sa probabilité est supérieure au seuil et dans
la catégorie y = 0 sinon. Il est donc intéressant de
déterminer la performance du classement et comme celui-ci dépend
du seuil (ou de la règle) choisi, nous allons considérer les
notions de sensibilité et spécificité.
La sensibilité est définie comme la
probabilité de classer l'individu dans la catégorie y =
1 (on dit que le test est positif) étant donné qu'il est
effectivement observé dans celle-ci, c'est -à- la capacité
de prédire un événement :
Sensibilité = Prob (test + | y = 1)
La spécificité est définie comme la
probabilité de classer l'individu dans la catégorie y =
0 (on dit que le test est négatif) étant donné qu'il est
effectivement observé dans celle-ci, c'est -à- la capacité
à prédire un non-événement :
Spécificité = Prob (test - | y = 0)
Graphique 2.9 : Courbe de
sensibilité-spécificité
![](Contribution-de-la-planification-familiale--la-survie-infantile-au-Rwanda43.png)
Source : P. Taffé, cours
de égression logistique, Lausanne 2004
Comme indicateur de la capacité du modèle
à discriminer nous utiliserons la courbe ROC
(Receiver Operating Characteristic). L'aire sous cette courbe est une mesure du
pouvoir prédictif de la variable X.
Nous retiendrons ainsi comme règle du pouce :
Si aire ROC = 0.5 il n'y a pas de discrimination ;
Si aire 0.7 <= ROC ?< 0.8 la discrimination est
acceptable ;
Si aire 0.8 <= ?ROC ?<0.9 la discrimination est
excellente ;
Si aire ROC >= ?0.9 la discrimination est
exceptionnelle.
Cependant, le pseudo R2 en est aussi un indicateur
du pouvoir prédictif du modèle mais l'interprétation de
cette dernière peut conduire à des résultats
biaisés du fait que l'appréciation de sa grandeur dépend
de l'expérience de l'utilisateur. En d'autres termes, il n'y a pas de
règle de décision permettant de conclure si le modèle est
bon ou pas. Ainsi, nos interprétations se feront grâce à la
courbe ROC.
Pour ce qui concerne la présentation des
résultats d'analyse aussi bien au niveau bivarié que
multivarié, les conventions suivantes seront adoptées :
ü Trois astérisques (***) pour les
paramètres significatifs à un seuil de 1% ;
ü Deux astérisques (**) pour les paramètres
significatifs au seuil de 5 % ;
ü Un astérisque (*) pour les paramètres
significatifs au seuil de 10 % ;
ü Le symbole «ns», pour les paramètres
non significatives ;
ü Le symbole « ® » servira
à l'identification de la modalité de référence pour
les modèles de régression logistique.
Ces méthodes statistiques ainsi
présentées nous permettront de vérifier nos
hypothèses et de répondre à la question de l'étude.
La constitution du fichier d'analyse permettra dans les chapitres suivants
l'utilisation de ces méthodes d'analyse statistiques en vue de mettre en
évidence des effets de la planification familiale des femmes sur la
survie des enfants de moins d'un an au Rwanda et les mécanismes
d'action.
CHAPITRE III :
PLANIFICATION FAMILIALE DES FEMMES RWANDAISES ET SURVIE INFANTILE :
ANALYSES DESCRIPTIVES (BIVARIEE)
L'objet de ce chapitre est de détecter une
éventuelle relation susceptible d'exister entre la variable
indépendante qu'est la contraception et la survie infantile. Cependant,
l'effet de la contraception sur la survie infantile étant
médiatisé par les variables des comportements
procréateurs, nous sommes conduit à rechercher, à ce
niveau, les relations que ces dernières entretiennent avec la survie
infantile. Notons en passant qu'à ce niveau d'analyse, aucune conclusion
sur ces associations ne peut être faite vu que l'analyse bivariée se fait sans
tenir compte des effets des autres variables en présence. Ainsi, les
relations observées à ce niveau pourront être
infirmées ou confirmées par l'analyse « toute chose
égale par ailleurs », c'est - à- dire l'analyse
multivariée explicative.
7. 3.1 Relation entre pratique
contraceptive moderne et survie infantile
Le graphique 3.1 et le Tableau
3 montrent globalement une corrélation positive entre la
pratique contraceptive moderne des mères Rwandaises et les chances de
survie de leurs enfants au moins jusqu'à leur premier anniversaire.
En effet, les enfants issus des femmes pratiquant la
contraception moderne ont environ 96% (soit exactement 95,7%) de chances
d'atteindre leur premier anniversaire contre 91% seulement pour leurs
homologues issus des femmes ne recourant pas à la contraception moderne,
soit 5% de différence. Une interprétation des quotients de
mortalité est plus parlante et montre que ces derniers passent du simple
au double lorsque la mère ne pratique pas contraception moderne, soit
exactement 43 %o chez les premières contre 90
0/00 chez les secondes. Ainsi, un enfant issu
d'une mère n'utilisant pas la contraception court environ deux fois plus
de risques (2,09 fois exactement) de mourir avant son premier anniversaire que
celui issu d'une mère qui y recourt. Inversement, le rapport entre leurs
chances de survie infantile est d'environ 105 % en faveur du dernier. Cette
différence de chances de survie infantile est significative au seuil de
1% et permet d'envisager une relation réelle entre la survie infantile
et la pratique de la contraception moderne.
Cette relation n'était pas une surprise du fait que la
pratique contraception moderne permet à la femme de planifier ces
naissances dans la période la plus favorable, d'en empêcher la
conception dans les périodes jugées défavorables à
ces dernières ou à sa vie et d'éviter ainsi les grossesses
à haut risques ou non désirées. Cependant, les
mécanismes d'actions et le contexte dans lequel la pratique
contraceptive agit sur la survie infantile nous imposent prudence qu'à
l'existence de relation directe bien qu'elle soit significative à 1%
à ce niveau d'analyse.
![](Contribution-de-la-planification-familiale--la-survie-infantile-au-Rwanda44.png)
Graphique 3.1 : Relation entre pratique
contraceptive moderne et survie infantile
8. 3.2 Relation entre l'intervalle
intergénésique précédent et la survie infantile
A la lumière des résultats
présentés dans le Tableau 3 et du graphique 3.2 suivant, on
remarque au niveau bivarié une association positive entre la longueur de
l'intervalle séparant l'enfant index à son aîné et
la survie infantile. En d'autres termes, plus l'intervalle de temps qui
sépare le nourrisson de son aîné est élevé,
plus ce premier aura de chances d'atteindre son premier anniversaire. En effet,
la probabilité de survie infantile augmente de près de 10,3% et
de 11,6% lorsque passe respectivement de l'intervalle
intergénésique précédent de mois de 18 mois
à [18; 35 mois] et de mois de 18 mois à plus de 36 mois et plus.
Inversement, les risques de décès infantile sont de l'ordre de
100, 121 et 287 respectivement pour le troisième groupe, le second et le
premier groupe. Cela veut dire que pour 100 enfants décès de
moins d'un an enregistrés chez ayant observées intervalle d'au
moins 36 mois avant la naissance de l'enfant index, seront enregistrés
respectivement 121 et 287 décès infantile chez les femmes du
second et du troisième groupe. Ainsi, un enfant né moins de 18
mois après la naissance de son aîné court environ 2,4 et
2,9 fois plus de risques de décédé avant son premier
anniversaire que ceux nés respectivement 18 à 35 mois et au moins
36 mois après leurs aînés. Ces différences de
probabilités de survie infantile sont observées avec un seuil de
signification de 1% au niveau bivarié. Cette association est due au fait
qu'un intervalle intergénésique trop court entraîne une
déficience protéino-énergétique chez le nourrisson.
La mère a besoin de se remettre des fatigues qu'elle a supporté
lors de la précédente grossesse (Cleland et al 1984 cité
par Dackam 1987). Une autre explication serait liée au
« phénomène de compétition entre les
enfants». Un intervalle trop court affecte les réserves
liées à l'état nutritionnel ainsi que l'attention de la
mère qui à leur tour entravent le développement normal de
l'enfant. En effet, lorsque cet intervalle est trop court, la mère est
obligée de prendre en charge les deux enfants qui, à leurs
âges, ont besoins de plus d'attention. L'enfant sera alors en concurrence
avec ces aînés et n'aura suffisamment pas de temps comme ceux
nés plus de temps après les naissances de leurs
aînés.
Graphique 3.2 : Relation entre
l'intervalle intergénésique précédent et la survie
infantile
![](Contribution-de-la-planification-familiale--la-survie-infantile-au-Rwanda45.png)
9. 3.3 Relation entre l'âge de la
mère à l'accouchement et la survie infantile
L'analyse du graphique 3.3 suivant et du Tableau 3
suggère l'existence d'une association positive significative au seuil de
1% entre l'âge de la mère à la naissance de son enfant et
la probabilité de survie infantile pour ce dernier. En effet, comme
l'IIP, la probabilité de survie infantile semble augmentée avec
l'âge de la mère à l'accouchement. Les enfants nés
des mères jeunes ayant moins de 20 ans à l'accouchement ont 87,1%
de chances de fêter leur premier anniversaire contre respectivement 91,7%
et 92,1% lorsque la mère a entre 20 et 34 ans et 35 ans et plus. En
d'autres termes, un enfant né d'une mère âgée de 35
ans ou plus a 5% (significative à 1%) plus de chance d'atteindre de
fêter son premier anniversaire que celui né d'une mère de
moins de 20 ans et 0,4% (non significative) de plus que celui issu d'une
mère du second groupe. En termes de risques de décéder,
un enfant né d'une mère âgée de moins de 20 ans a
respectivement 1,55 et 1,63 fois plus de risques de décéder avant
son premier anniversaire que ceux issus du second et du troisième
groupe. Cela signifierait que pour 100 décès infantiles
enregistrés dans le dernier groupe, seront enregistrés en moyenne
respectivement 163 décès dans le premier et 105 dans le second
groupe. Cette surmortalité des enfants du premier groupe serait
tributaire de l'immaturité biologique et physique des mères
très jeunes ou adolescentes pour supporter les sollicitations de la
grossesse et de l'accouchement, mais aussi à un manque
d'expérience des ces mères dans l'élevage de leurs
enfants. Cette relation n'était pas attendu puisque empiriquement elle
est devrait être en forme de U renversé, c'est -à- dire,
une plus grande probabilité de survie pour les enfants issus des femmes
d'âge intermédiaire et une surmortalité aux groupes
extrêmes. Cela peut être dû à l'effet du petit nombre
constituant l'échantillon utilisé lors de cette enquête (la
mortalité infantile étant un phénomène à
événements rares, le découpage selon l'âge à
l'accouchement peut aboutir à effectifs faibles pour certains groupes et
remettre en question la représentativité de ces derniers).
Néanmoins, les probabilités de survie infantile dans deux
derniers groupes ne sont pas significatives, de sorte qu'on peut pas se
prononcer sur la forme exacte de cette relation sans une analyse beaucoup plus
poussée comme nous l'avons déjà annoncé.
![](Contribution-de-la-planification-familiale--la-survie-infantile-au-Rwanda46.png)
Graphique 3.3 : Relation entre l'âge
de la mère à l'accouchement et la survie infantile
10. 3.4 Relation
entre le rang de naissance et la survie infantile
Les résultats repris dans le Tableau
3 et illustrés par le graphique 3.4 suggèrent globalement
l'existence d'une relation entre le rang de naissance de l'enfant et ses
chances de survie infantile. Cette dernière est en forme de U
renversé. En effet, les chances de survie augmentent d'abord lorsqu'on
passe du premier groupe (les enfants de rang 1) au second groupe (rang
intermédiaire composé ici par les enfants de rang 2 au rang 6)
passant de 89,2% à 92,2% avant de régresser à 91,3% pour
le dernier groupe constitué des enfants de rang 7 et plus. Cette
différence des chances de survie infantile entre les enfants de rang
différent est significative au seuil de 1% comme indiqué dans le
Tableau 3. En termes de mortalité, les risques de décès
infantile passent de 108%o à 78%o lorsque l'enfant est de rang
intermédiaire et s'élève ensuite jusqu'à 87%o pour
un enfant de rang supérieur (7 et plus). Ainsi, un enfant de rang un
court 1,38 fois plus de risques de mourir avant son premier anniversaire que
celui de rang 2 à 6 alors que ce rapport est seulement de 1,12 pour un
enfant de rang 7 ou plus relativement à celui de rang 2 à 6. Cela
signifie que pour un même effectif de naissances, on enregistrerait en
moyenne respectivement 138 décès infantiles dans le premier
groupe et 112 dans le troisième pour 100 décès du second
groupe. Inversement, les chances de survie augmentent d'abord de 3% (soit 3,4%
en termes relatifs) lorsqu'on passe du premier groupe au second et diminuent
ensuite de 1%o lorsqu'on passe du second groupe au troisième.
Contrairement aux résultats observés au
paragraphe précédent concernant l'âge à
l'accouchement, la relation observée concorde avec les études
empiriques qui ont montrées l'existence d'une relation en forme de U
renversé. La surmortalité observée aux deux groupes
extrêmes s'expliquerait par la corrélation positive forte existant
entre le rang de naissance (ou parité atteinte pour la mère) et
l'âge de la mère au moment de la naissance de l'enfant. En effet,
les enfants de rang1 proviennent en moyenne des mères très jeunes
qui ne sont pas préparées pour assurer la survie de l'enfant. Par
ailleurs, en milieu africain, une mère qui a tardivement son premier
enfant a généralement un état de santé
précaire (Dackam, 1987). Par contre, ceux de rang supérieur
proviendraient en moyenne à des mères âgées, ayant
eu suffisamment de temps pour procréer (le rang de naissance pour la
mère est en moyenne corrélé à la durée
d'exposition aux risques de conception). L'autre explication sera sa
corrélation avec la taille de la famille qui peut provoquer la
promiscuité et la concurrence entre l'enfant et ses aînés
en réserves nutritionnelles dont dispose le ménage. Cela peut
être dû aussi aux effets cachés de l'IIP dans la double
relation entre le rang de naissance et l'âge de la mère à
l'accouchement du fait que par exemple une jeune mère qui a des enfants
de rang élevé a également des intervalles
intergénésique courts alors que chez les âgées,
l'avènement des naissances des premiers rangs (1 et 2) impliquerait en
milieu africain où on ne pratique que peu la contraception, des
intervalles plutôt longs pour raisons de santé (Dackam, 1987).
Graphique 3.4 : Relation entre le rang de
naissance et la survie infantile
![](Contribution-de-la-planification-familiale--la-survie-infantile-au-Rwanda47.png)
Tableau 3 : Associations entre la pratique
contraceptive moderne et les variables intermédiaires et la survie
infantile.
Variables
|
Modalités
|
Survie infantile (%)
|
Khi2
|
Probabilité
|
Significativité
|
Oui
|
Non
|
Contraception
|
Oui
|
95,7
|
4,3
|
20,265
|
0,000
|
***
|
Non
|
91
|
9,0
|
Intervalle intergénésique
précédent
|
<18 mois
|
82,2
|
17,8
|
81,953
|
0,000
|
***
|
18-35 ans
|
92,5
|
7,5
|
36 et +
|
93,8
|
6,2
|
Age de la mère à
l'accouchement
|
< 20 ans
|
87,1
|
12,9
|
12,074
|
0,002
|
***
|
20-34ans
|
91,7
|
8,3
|
>35 ans
|
92,1
|
7,9
|
Rang de naissance
|
Rang 1
|
89,2
|
10,8
|
11,803
|
0,003
|
***
|
Rang 2_6
|
92,2
|
7,8
|
Rang 7& +
|
91,3
|
8,7
|
Les résultats obtenus à ce niveau d'analyse
suggèrent l'existence éventuelle de relations entre d'une part la
pratique contraceptive moderne et la survie infantile, et d'autre part, les
variables comportement procréateur (âge à l'accouchement,
l'intervalle intergénésique précédent et le rang de
naissance) et la survie infantile. Cette étape nous a permis de faire
une analyse des effets de chaque variables explicative de la survie infantile
sans tenir compte des effets éventuels des autres variables en
présence (variables de contrôle) et des effets d'interaction entre
les variables explicatives elles-mêmes.
Toutes les variables explicatives utilisées sont
significatives au seuil de 1% (rappelons ici que nous étions fixé
un seuil de signification de 10%). Cela nous conduit à postuler que ces
variables sont, au niveau bivarié, associées à la survie
infantile dans le cas du Rwanda (2005). Plus spécifiquement, les enfants
nés des mères utilisant les méthodes contraceptives
moderne ont plus de chances de fêter leur premier anniversaire que ceux
issus des mères n'en utilisant pas, pour ce qui concerne la
contraception. En d'autres termes, l'utilisation des méthodes
contraceptives modernes augmente les chances de survie des enfants. Quant aux
variables intermédiaires, cette analyse nous a permis de cibler les
groupes d'enfants à hauts risques. En effet, les enfants issus des
mères très jeunes au moment de l'accouchement, les enfants de
rang 1 ou de rang7 et plus, ainsi que les enfants nés peu de temps
après les naissances précédentes (moins de 18 mois)
courent plus de risques de décéder avant de fêter leur
premier anniversaire que les autres. Néanmoins, un résultat
inattendu a été observé au niveau de la variable âge
de la mère à l'accouchement où l'analyse a
révélé une probabilité de survie infantile
élevée chez les mères âgées dépassant
même celle du groupe intermédiaire ce qui infirmerait, si cette
relation persistait au niveau multivarié, la relation classique en forme
de U renversé.
Toutefois, cette analyse est faite toute chose n'étant
pas égale, c'est -à- sans tenir compte des effets des autres
variables en présence ainsi que de leurs interrelations. De ce fait, ces
postulats ne seraient en aucun cas être interprétés comme
des conclusions. En effet, les relations observées à ce niveau
peuvent être infirmées, amplifiées, confirmées ou
même changer complètement de sens dans une analyse tenant compte
des facteurs cachés, c'est -à- dire, une analyse des effets nets
de chacune de ces variables après avoir contrôlé les effets
de toutes les autres variables en présence. Cela nous amène faire
une analyse multivariée afin d'une part de faire ressortir, toute chose
égale par ailleurs, les effets nets de chaque variable explicative sur
la survie infantile et d'autre part, de déterminer leurs
mécanismes d'action sur la variable dépendante. C'est à
l'issu de cette dernière que pourront être
vérifiées ou infirmées nos hypothèses de travail et
formulées les recommandations qui s'imposent.
CHAP IV : ANALYSE EXPLICATIVE DE L'INFLUENCE DES
FACTEURS LIES A LA P.F SUR LA SURVIE INFANTILE
Dans le chapitre précédent nous avons mis en
évidence les éventuelles relations susceptibles d'exister entre
d'une part, les variables liées à la P.F telle que la pratique
contraceptive moderne, l'intervalle intergénésique
précédent, l'âge de la mère à l'accouchement
et le rang de naissance et d'autre part, la survie infantile. Nous avions
néanmoins constaté que toutes ces variables avaient une influence
significative sur la survie des enfants de moins d'un an. Nous avions cependant
émis des réserves quant à la persistance des ces relations
du faite que les analyses avaient été faite sans tenir compte des
effets des autres variables en présence. Ainsi, pour pouvoir
vérifier la solidité de ces relations, émettre des
conclusions quant à nos hypothèses d'études et enfin
formuler les recommandations qui s'imposent dans l'optique d'améliorer
la survie infantile au Rwanda, ce chapitre présente les résultats
de l'analyse multivariée explicative obtenus par la méthode de
régression logistique dont le principe avait été
exposé précédemment.
Comme les résultats du modèle dépendent
largement du choix des variables utilisées, nous allons d'abord
commencer par nous assurer s'il n'y a pas de problème de
multicollinéarité entre les variables à utiliser, suivra
ensuite l'adéquation et la validation du modèle et enfin nous
discuterons de l'influence de la P.F des femmes Rwandaises sur la survie
infantile et ses mécanismes d'action.
Vérification de la condition de
multicollinéarité entre les variables à
utiliser
Comme nous l'avions déjà
signalé précédemment, l'application de la méthode
de régression logistique demande que les variables à utiliser ne
soient pas fortement inter-corrélées. Est-il donc indispensable
que soit vérifiée la condition de multicollinéarité
entre les variables à utiliser avant toute analyse y recourant. Le
tableau 4.1 donne les résultats des analyses
d'inter-corrélation entre les variables retenues dans l'étude.
Ils ont été obtenu à partir de la commande
« collin » du logiciel STATA
(commande téléchargeable sur le net dans le cas
où elle n'est pas intégrée dans la version du STATA).
L'interprétation de ses résultats est faite grâce aux
statistiques VIF ou Tolérance (l'une
étant l'inverse de l'autre) selon la règle
suivante :
Si la valeur du VIF>3,3 (équivalent
à Tolérance<0,3) ; la variable concernée
est une combinaison linéaire des autres variables et doit donc
être éliminée du
modèle ;
Sinon la variable est retenue.
Tableau 4.1 : Analyse de la
multicollinéarité entre les variables à
utiliser
Variable
|
VIF
|
Tolérance
|
Survie infantile
|
1,02
|
0,98
|
Milieu de résidence
|
1,39
|
0,72
|
Région de résidence
|
1,03
|
0,97
|
Condition de vie du ménage
|
1,00
|
1,00
|
Taille du ménage
|
1,20
|
0,83
|
Milieu de socialisation
|
1,25
|
0,80
|
Religion de la mère
|
1,03
|
0,97
|
Niveau d'instruction de la mère
|
1,22
|
0,82
|
Niveau d'instruction du conjoint
|
1,20
|
0,83
|
Activité économique de la mère
|
1,09
|
0,91
|
Activité économique du père
|
1,04
|
0,96
|
Nombre de visites
|
2,09
|
0,48
|
Lieu d'accouchement
|
1,49
|
0,67
|
Assistance à l'accouchement
|
1,31
|
0,77
|
Taille de l'enfant à la naissance
|
1,01
|
0,99
|
Vaccination Polio0 et BCG
|
1,01
|
0,99
|
Sexe de l'enfant
|
1,01
|
0,99
|
Contraception
|
1,06
|
0,94
|
Age à l'accouchement
|
1,77
|
0,56
|
Intervalle intergénésique
précédent
|
1,70
|
0,59
|
Rang de naissance
|
2,85
|
0,35
|
Source : Résultats d'analyse des
données de l'EDSR-III
A la lumière des résultats reprise dans le
tableau précédent on remarque qu'aucune variable n'a une valeur
de tolérance inférieure à 0,3. Ainsi, aucun
problème de forte inter-corrélation n'est détecté
entre les variables à utiliser. Cela nous permet allons de garder toutes
nos variables pour le modèle de régression logistique.
Adéquation et validation du modèle
utilisé (modèle saturé)
La statistique du khi-deux et sa
probabilité nous permettent d'apprécier globalement
l'adéquation du modèle à prédire le
phénomène étudier. La valeur du Khi-deux est d'abord
comparée à 0 et ensuite il faut comparer sa probabilité
associée au seuil fixé (rappelons que nous nous sommes
fixé un seuil de 5%). Le modèle sera alors adéquat si la
valeur du Khi-deux est différente de zéro et sa
probabilité associée inférieure à 5%. Nous dirons
alors que le Khi-deux est significativement différent de zéro et
nous considérerons que le modèle est adéquat. Le tableau
suivant donne les valeurs des indicateurs d'adéquation, du pouvoir de
classement et du pouvoir prédictif total du modèle saturé.
Ces valeurs ont été obtenues par les commandes
« chi2 »,
« lstat »,
« lsens » et
« lroc » du logiciel
STATA 9.0 respectivement pour les statistiques du Khi-deux,
coefficient de sensibilité, coefficient de spécificité et
la courbe ROC.
Tableau 4.2 : Synthèse des
indicateurs d'adéquation et du pouvoir de discrimination du
modèle (modèle saturé).
|
Adéquation
|
Pouvoir de classement
|
Prédiction
|
Statistique
|
Khi-deux
|
Sensibilité
|
Spécificité
|
Ensemble
|
Aire ROC
|
Valeur
|
305,86
|
91,6%
|
75%
|
91,52%
|
0,7071
|
Seuil
|
0,00
|
0,50
|
0,55
|
0,55
|
0,00
|
Source : Résultats de
l'analyses des données EDSR-III
Il ressort du tableau précédent que le
modèle est adéquat. En effet, la valeur du Khi-deux du
modèle est de 305,86, et est significativement différent de
zéro, au seuil de 1%. Cela signifie en d'autres termes que le
modèle fournit suffisamment d'arguments pour permettre de rejeter
l'hypothèse nulle selon laquelle « il n'y a aucune
différence significative dans la survie infantile selon les
modalités des variables explicatives utilisées ». Il
nous permet ainsi de postuler que le modèle explique, au moins en
partie, la variabilité de la survie infantile au Rwanda, faute de
pouvoir expliquer la totalité.
Les valeurs des statistiques de classement montrent, au seuil
de 0,55 (signalons ici que le seuil fixé par défaut par le
logiciel est de 0,5), la puissance de classement du modèle. En
effet, le modèle saturé permet de bien classer globalement
environ 92 (plus précisément 91,52) enfants sur 100. En
particulier, la valeur de sensibilité du modèle est de 91,6%.
Cela signifie en outre que le modèle permet de bien classer près
de 92 enfants survivants parmi 100 survivants (capacité à
prédire un événement). En d'autres termes, seuls 8 enfants
sur 100 sont mal classés par le modèle tandis que la valeur de
spécificité du modèle est de 75%, et signifie que le
modèle classe correctement, au même seuil de 0,55, trois enfants
décédés sur quatre le sont effectivement. Cependant, ces
marges d'erreurs ne devraient pas faire croire à des manquements du
modèle mais sont dû à un arbitrage que nous avons fait
entre la sensibilité et la spécificité du fait que les
deux statistiques croissent en sens inverse en fonction du seuil choisit
(confer graphique 2.9).
Quant au pouvoir prédictif du modèle, il est
définit comme étant la capacité de celui-ci à
discriminer (Legrand, 2008). Il permet d'évaluer la précision du
modèle à discriminer les « outcomes
positifs » Y=1 des « outcomes négatifs »
Y=0. Il est fournit par l'aire de la surface sous la courbe ROC (Receiver
operating characteristic). Cette dernière correspond en principe au
pouvoir prédictif total du modèle (PPTM) alors que son pouvoir
prédictif réel (PPRM) est obtenu par la formule suivante :
PPRM= [(PPTM-0,5)/0,5]*100 (%)
L'interprétation peut se faire soit directement
grâce à l'aire sous la courbe ROC (confer la règle de pouce
mentionné dans la partie méthodologie), soit selon la valeur du
pouvoir du pouvoir prédictif réel. Nous utiliserons la
première option dans ce travail.
Le tableau ci-haut indique une aire ROC de 0,7071 et prouve
donc que le pouvoir de discrimination du modèle est
acceptable.
Fort de ces constats, nous osons espérer que ce
modèle nous permettra de mener à bien nos analyses grâce
à la méthode de régression logistique et de mieux
appréhender le phénomène de survie infantile tout en
minimisant autant que possible les biais sur les résultats obtenus. Ces
analyses consisterons essentiellement en la vérification de nos
hypothèses d'étude et conduirons finalement à la
formulation des recommandations visant à améliorer la survie
infantile au Rwanda.
Spécification des modèles et discussion
des résultats
Pour évaluer la contribution de la planification
familiale à la survie infantile et vérifier nos hypothèses
d'études, nous avons procédé à la régression
par étape. Ces étapes nous ont permis de mesurer les effets bruts
et nets de chacune des variables indépendantes et
particulièrement celles liées à la planification familiale
des femmes.
Les effets bruts sont définis comme étant les
effets de chaque variable indépendante pris individuellement. L'effet
net total mesure par contre l'effet d'une variable indépendante lorsque
les autres variables indépendantes sont contrôlées. Enfin,
l'effet net direct est, quant à lui, mesuré lorsque les variables
intermédiaires ont été également introduites dans
le modèle. En d'autres termes, c'est l'effet d'une variable
indépendante quand les autres facteurs restent constants
(c'est-à-dire toute autre chose étant égale). Ces effets
ont été calculés en ajustant la régression
logistique par une équation incluant simultanément toutes les
variables du modèle.
a. Spécifications des
modèles
La revue de la littérature nous a permis d'identifier
quatre facteurs liées à la P.F que sont : la pratique
contraceptive moderne, l'âge de la mère à l'accouchement,
l'intervalle intergénésique précédent et le rang de
naissance. Le premier est considéré comme variable
indépendante principale rendant compte de la planification familiale des
femmes alors que les trois autres sont des variables intermédiaires
rendant compte des comportements procréateurs de celles-ci. Ainsi,
voulant évaluer la contribution de la P.F des femmes à la survie
infantile, cinq modèles ont été construis. Un
modèle M0 pour évaluer les effets bruts et
quatre modèles M1, M2, M3 et M4 correspondants à
l'introduction successive de chacune des quatre variables liées à
la P.F ci-haut citées. Plus clairement :
ü Le modèle M1 comprend
l'utilisation des méthodes contraceptives modernes et toutes les
variables de contrôle ;
ü Le modèle M2 comprend, en plus
de variables reprises dans M1, l'âge de
la mère à l'accouchement ;
ü Le modèle M3 comprend, en plus
de variables reprises dans M2, l'intervalle
intergénésique précédent ;
ü Le modèle M4 comprend, en plus
de variables reprises dans M3, le rang de naissance.
Présentation et discussion des résultats
L'application de la régression logistique aux
différents modèles susmentionnés nous a conduit aux
résultats repris dans le tableau 4.3. Les valeurs
inscrites au niveau des modalités représentent pour chaque
modèle les Odds ratios (qui dans notre étude approximent bien les
rapports de chances du fait que la mortalité infantile est un
phénomène rare) qu'ont les individus appartenant à cette
modalité comparée à ceux de la modalité de
référence tandis que la valeur se trouvant au niveau de la
variable mesure la corrélation semi partielle entre celle-ci et la
survie infantile. En d'autres termes, cette statistique décrit la
corrélation entre la variable explicative et la survie infantile tout en
contrôlant les effets des autres variables en présence.
Il ressort de ces résultats (Modèle
saturé M4) que toutes les variables relatives à
la P.F sont significativement associées à la survie infantile.
Cela conforte les résultats observés à cet effet au niveau
bivarié pour les trois variables significatives que sont : la
pratique contraceptive moderne, l'IIP et le rang de naissance.
Néanmoins, l'association positive entre l'âge de la mère
à l'accouchement et la survie infantile observée au niveau
bivarié est infirmée. En effet, au niveau des variables
liées à la PF, le tableau des résultats montre que, toutes
choses égales par ailleurs, les corrélations semi partielles des
trois premières variables sont significatives à 1% tandis que
elle ne l'est qu'à 10% pour l'âge de la mère à
l'accouchement. Ainsi, toutes les quatre variables sont donc significativement
corrélées avec la survie infantile. Au niveau de chacune de ces
variables, on remarque également que toute chose égale par
ailleurs, la variabilité de la survie infantile entre les
modalités de la variable est significative excepté la
modalité 35 ans et plus de la variable âge de la mère
à l'accouchement. Cela signifie que toutes ces variables ont une part
significative dans l'explication de la variabilité totale de la survie
infantile au Rwanda.
Les résultats du tableau 4.3
indiquent en outre que parmi les variables associées à la P.F,
l'intervalle intergénésique précédent est le
déterminant le plus important avec 64,49% du pouvoir explicatif total de
ces quatre variables, suivit de la pratique contraceptive moderne 22,45%, du
rang de naissance 7,35% et de l'âge de la mère à
l'accouchement avec 5,71%.
A. INFLUENCE DE LA CONTRACEPTION ET DES COMPORTEMENTS
PROCREATEURS SUR LA SURVIE INFANTILE
Analysons à présent
l'influence de chacune des quatre facteurs liés à la P.F des
femmes sur la survie infantile afin d'apprécier leur contribution dans
l'amélioration de la survie des enfants de moins d'un an.
1. Influence de la pratique contraceptive moderne sur
la survie infantile
L'examen du modèle saturé M4
met en lumière l'existence d'une influence positive directe (sans passer
par les comportements procréateurs) de la pratique contraceptive moderne
sur la survie infantile. En effet, on remarque que l'effet net direct de la
contraception sur la survie infantile est significatif à 5%. Ainsi, es
enfants issus d'une mère pratiquant la contraception moderne ont environ
1,4 fois plus de chances de survivre au moins jusqu'à leur premier
anniversaire que leurs homologues issus des mères qui n'en pratiquent
pas, tous les autres facteurs étant supposés constants. Cela
confirme en outre la relation positive observée au niveau
bivarié. On peut alors dire que l'utilisation des méthodes
contraceptives modernes par les mères augmente les chances de survie de
leurs enfants tout au moins au cours de leur première année
d'existence même sans passer par les variables des comportements
procréateurs. Cependant, il n'est pas du tout évident que
l'utilisation des méthodes contraceptives moderne puisse agir
directement sur la survie infantile. Nous pensons alors que cette action
passerait par certains facteurs liés à la contraception mais pas
à la P.F telle que l'état sanitaire de la mère, les
avortements provoqués, ... non prise en compte dans cette étude,
par défaut des données requises, et qui ont une influence sur la
survie infantile. En effet, la finalité de la pratique contraceptive
moderne n'est pas seulement la P.F, mais aussi la protection contraire les IST,
empêcher les avortements provoqués,... Ainsi, la contraception
agirait à travers l'amélioration d'état sanitaire de la
mère pendant et après la grossesse, la réduction du nombre
d'avortements provoqués qui causent pas mal de décès dans
les pays en développement,... Le fait que la contraception soit
significative après avoir contrôlé les effets des
comportements procréateurs peut être dû aussi au faite que
la liaison entre la pratique contraceptive moderne saisie par l'enquête
et les comportements n'est pas évidente. La pratique contraceptive
moderne étant saisie à travers l'utilisation actuelle des
méthodes contraceptives modernes, elle repose en effet sur une
hypothèse forte stipulant que les comportements des femmes en
matière de contraception n'a pas varié dans le temps. Chose loin
d'être évidente. Pour y voir claire, regardons les statistiques
sur l'évolution de la pratique contraceptive moderne : le
pourcentage des femmes utilisant la contraception moderne est passé de
13% à 4% de 1992 à 2000, à 10% en 2002 et à 13% en
2005 (Rapport de l'EDSR-III, 2005). Cela montre que l'effet de la pratique
contraceptive sur la survie infantile est surestimé par l'augmentation
récente de cette pratique et ne peut être totalement
expliqué par les seules variables intermédiaires. Cependant,
comme l'étude ne porte que sur la planification familiale (limitation
des naissances, espacement des naissances et report des naissances aux
âges propices) et ne pose aucune hypothèse sur l'action directe de
la contraception, nous pensons que ces limites ne sont pas
préjudiciables.
2. Influence de l'âge de la mère
à l'accouchement sur la survie infantile
Il ressort de la dernière colonne du tableau
n°R (Modèle saturé) que
seule la modalité « moins de 20 ans » est
significative au seuil de 10%. En d'autres termes, la différence de
survie infantile est significative uniquement entre les enfants issus des
femmes âgées de moins 20 ans et ceux issus des femmes d'âges
intermédiaires (20 à 34 ans) alors que malgré une
différence de survie observée au niveau des enfants issus de deux
dernières classes (20 à 34 ans et 35 ans et plus), cette
dernière n'est pas significative. Ainsi, toutes choses égales par
ailleurs, les enfants issus des femmes âgées de moins de 20 ans
ont en moyenne 24% de chances en moins de fêter leur premier anniversaire
que ses homologues issus des femmes âgées de 20 à 34 ans.
Cependant, cette liaison est faible du fait que la significativité n'est
observée qu'en montant jusqu'au seuil de tolérance de 10%. Notons
aussi que malgré que la différence ne soit pas significative, les
chances de survie infantile accusent une légère baisse chez les
femmes âgées de 35 ans et plus. Cependant, cette différence
n'étant pas significative, nous ne pouvons rejeter l'hypothèse
nulle et nous acceptons que les enfants des deux derniers groupes ont les
mêmes chances de survie infantile. Ces résultats infirment une
fois de plus la relation observée au niveau bivarié qui avait
suggérée, rappelons-le, une relation positive entre l'âge
de la mère à l'accouchement et la survie infantile. L'explication
donnée à ce résultat est l'immaturité physiologique
et le manque d'expérience de ces jeunes femmes rendent
vulnérables leurs enfants. Concernant les enfants issus des femmes
âgées de 35 ans et plus, on s'attendait à ce qu'ils soient
vulnérables plus que ceux issus des femmes d'âges
intermédiaires, ce qui n'est pas le cas. Nous pensons que cet
écart de vulnérabilité a été réduit
par l'expérience l'élevage des enfants (comportements
nutritionnels et sanitaires).
3. Influence de l'intervalle
intergénésique précédent sur la survie
infantile
L'effet net direct de l'intervalle
intergénésique précédent sur la survie infantile
est significatif à 1%. En effet, après le contrôle des
autres facteurs présent dans le modèle, le effet de l'intervalle
intergénésique précédent reste très
significatif que ça soit au niveau de la variable qu'à toutes ses
modalités. La relation observée à cet effet au niveau
bivarié est ici confirmée par l'analyse des effets nets. Les
probabilités de survie infantile augmentent en effet avec la longueur de
l'intervalle séparant l'enfant index de son aîné. Plus cet
intervalle est long, plus l'enfant aura de fortes chances d'atteindre sont
premier anniversaire. Plus précisément, un enfant né moins
de 18 mois après son aîné a plus de 62% (62,14% exactement)
de chances de moins de fêter son premier anniversaire que celui né
18 à 35 moins après son aîné alors qu'un enfant
né plus de 36 mois après son aîné a en moyenne
environ 1,4 fois (plus précisément 1,3978) plus de chances de
survivre jusqu'au même âge que celui du groupe de
référence (18 à 35 mois). Ces résultats concordent
avec ceux observés dans les études empiriques qui voudraient
qu'un intervalle intergénésique long permette à la
mère de récupérer des fatigues accumulées lors de
la précédente grossesse avant de concevoir de nouveau, diminue la
concurrence en matière de nutrition observée
(Rakotandrabe, 2004) observée entre les enfants deux
enfants concernés et donne assez du temps à la mère de
s'occuper de son nourrisson.
4. Influence du rang de naissance sur la survie
infantile
Plusieurs études empirique ont
montré une relation entre le rang de naissance et la survie infantile
(voir à cet effet la parte revue de la luttérature).
D'après ces études, on s'attend à ce qu'on observe une
surmortalité aux groupes extrêmes c'est-à-dire chez les
enfants de rang un et chez les enfants de rang élevé et un
maximum de probabilité de survie au rang intermédiaire.
Les résultats observés à cet effet sont
conformes à nos attentes. Tout comme les deux autres variables
intermédiaires précédentes, le rang de naissance de
l'enfant est un facteur déterminant de la survie infantile. Son
coefficient de corrélation semi-partielle est significatif à 1%.
De plus, la survie de l'enfant est différentielle selon le rang de
naissance de ce dernier. La relation observée peut être
matérialisée en forme d'un U renversé. En effet, on
observe une corrélation positive entre le rang de naissance et la
probabilité de survie infantile pour les deux premières classes
alors que cette dernière chute dans la troisième classe. Les
enfants de rang un et ceux de rang 7 et plus ont respectivement à peu
près 23% (plus précisément 22,59%) et 41% (plus
précisément 40,53%) de chances de moins de survivre
jusqu'à leur premier anniversaire que ceux de rang 2 à 6.
L'explication donnée à cet effet est d'abord la
corrélation observée avec l'âge à la
maternité, surtout pour la première naissance pour laquelle les
jeunes femmes manquent parfois d'expérience dans l'élevage de
l'enfant. De plus, la précocité du mariage dans le contexte
africain rend les enfants de rang un plus exposés à
l'insuffisance pondérale ou à la prématurité
(Venkatacharya et Teklu, 1986). Pour les enfants de rang élevés
(7 et plus), c'est surtout le phénomène d'épuisement
maternelle qui expliquerait en grande partie la surmortalité
observée. En effet, chaque grossesse demande à la mère une
certaine quantité d'énergie à dépenser, non
seulement pour mettre celle-ci à terme, mais aussi pour l'accouchement.
Par conséquent, les grossesses nombreuses mettent en danger la
santé de la mère et par là, celle du nouveau-né.
Cette détérioration de la santé de la mère peut
être aussi liée à l'âge de la mère à la
maternité puisque ce sont en moyenne les femmes âgées qui
ont beaucoup d'enfants car ayant été longtemps exposées
aux risques de conception. Et pour les femmes jeunes, avoir une parité
élevée signifie qu'elle a eu des intervalles
intergénésiques réduits. Il est possible aussi que la
diminution des ressources et l'exposition accrue aux maladies infectieuses
dû à la corrélation entre le rang de naissance (cependant,
celle-ci n'est pas suffisamment forte pour causer le problème de
multicollinéarité, confer pour cela le paragraphe sur la
vérification de la multicollinéarité) et la taille de la
famille entrent en ligne de compte. Ainsi, la surmortalité
élevée observée pour les enfants de rang supérieur
est tributaire des interactions entre les trois variables des comportements
procréateurs, du phénomène d'épuisement maternelle
mais aussi de la concurrence entre la fratrie.
11. B. MECANISMES D'ACTION DE LA PF SUR
LA SURVIE INFANTILE
Le paragraphe précédent nous a permis
d'identifier, parmi les variables liées à la P.F, les
déterminants de la survie infantile. Il est ressorti, toutes choses
égales par ailleurs, que toutes les quatre influencent la survie
infantile. Pour aboutir à ces conclusions on avait uniquement besoin des
effets nets directs des ces variables. Cela nous a conduit à ne
considérer que le modèle saturé uniquement.
Le présent paragraphe mettra en exergue les
mécanismes d'action de la planification familiale des femmes,
appréhendée à travers la pratique contraceptive moderne,
sur la survie infantile. Ainsi, partant des effets bruts fournis par le
modèle M0, nous interprétons les changements
observés après introduction de chaque variable comportement
procréateur. Ces changements sont observés par comparaison des
effets ou odds ratios fournis par les modèles successifs allant de
M0 à M4. On s'attend à ce que
les différences de survie observées chez les issus des femmes
pratiquant la contraception moderne (variable opérationnalisant la P.F)
et ceux issus des femmes n'en pratiquant pas diminuent chaque fois qu'une
variable des comportements procréateurs est introduite dans le
modèle. En d'autres termes, la valeur du odd ratio pour la
modalité « utilise les méthodes contraceptive
moderne » devra s'approcher de l'unité (valeur du odd ratio
pour la modalité de référence qui est
« n'utilise pas les méthodes contraceptives
modernes ») à chaque introduction de variable du comportement
procréateur dans le modèle. Cette valeur ne peut être
égale à l'unité que si l'on parvenait à prendre en
compte tous les facteurs médiatisant les effets de la contraception sur
la survie infantile ainsi que tous les facteurs exogènes pouvant
influencer cette relation. Ce qui est loin d'être le cas vu les limites
de l'étude. Ainsi, l'écart à l'unité observé
dans le dernier moderne pourra être attribué aux facteurs non
prise en compte.
L'examen des effets bruts (modèle M0)
de la pratique contraceptive sur la survie infantile montre une
différence significative entre les chances de survie des enfants de
moins d'un an selon que la mère utilise ou pas les méthodes
contraceptive moderne. Les enfants issus des femmes pratiquant la contraception
moderne ont environ 2,7 fois plus de chances de fêter leur premier
anniversaire que leurs homologues dont les mères n'utilisent pas ces
méthodes.
La prise en compte des variables de contrôle
(modèle M1) nous a permis d'isoler les effets de ces
dernières et d'observer l'effet net total de ce facteur (du moins
approximativement du faite des limites des données dont nous disposons
et de l'inexactitude de saisir la P.F par la seule pratique contraceptive
moderne). On remarque en effet que l'effet de ce facteur reste significatif
à 1% malgré que le rapport de côtes passe de 2,7 à
environ 2. En effet, la prise en compte des variables de contrôle
à réduit l'écart de survie chez les deux groupes
d'enfants. Cela montre que les variables de contrôle avaient un effet
significatif dans la relation entre la pratique contraceptive moderne et la
survie infantile et une fois de plus la nécessité de leur prise
en compte.
L'introduction pas à pas des variables comportements
procréateurs dans le modèle nous permettra de savoir le
rôle de celles-ci dans la relation entre la contraception moderne et la
survie infantile. Il ressort du modèle M2, que le
contrôle de l'âge de la mère à l'accouchement a
réduit l'effet de la pratique contraceptive moderne. En effet, le
rapport de chances est passé de 2,0217 à 1,9140 malgré
qu'il soit resté significatif à 1%. Cela signifie que les femmes
appartenant au groupe d'âge à l'accouchement favorable à la
survie infantile (ici c'est le groupe de référence et dans une
moindre mesure les femmes de 35 ans et plus, voir M4) sont
surreprésentées dans la modalité « utilise les
méthodes contraceptive moderne. Ainsi, tenant compte de
l'antériorité des deux facteurs, nous pouvons dire que
l'âge de la mère à l'accouchement médiatise l'effet
de la pratique contraceptive moderne sur la survie infantile. Plus
précisément, la contribution de la planification familiale des
femmes à l'amélioration de la survie infantile passe par le
report des naissances aux âges propice à la procréation.
Cet âge est, d'après les résultats du modèle final
M4, entre 20 ans et plus. En effet, la
différence de survie infantile chez les femmes des deux derniers groupes
d'âges n'étant pas significative, le modèle ne permet pas
de différencier la survie infantile entre ces deux groupes. Nous sommes
conduit à accepter l'hypothèse nulle selon laquelle,
« il n y a pas de différence de survie infantile entre les
enfants issus des deux groupes de femmes ». Nous rejettons alors
notre hypothèse d'étude stipulant que.....
Le modèle M3, montre l'effet net de la
pratique contraceptive après l'introduction de l'intervalle
intergénésique précédent dans le modèle
M2. La comparaison de l'effet observé à ce
niveau avec celui du modèle précédent montre une
diminution nette de celui-ci (1,9140 à 1,5112) tout en restant
significatif à 1%. Cela montre, comme dans le cas
précédent, que l'intervalle intergénésique
précédent médiatise en partie l'effet de la contraception
sur la survie infantile. En effet, la diminution observée est due au
contrôle de l'effet positif de l'intervalle intergénésique
précédent sur la survie infantile. Cela signifie que les femmes
observant un long intervalle intergénésique
précédent sont surreprésentées dans le groupe des
femmes pratiquant la contraception moderne. Ainsi, l'utilisation des
méthodes contraceptive moderne améliore les chances de survie
infantile en augmentant la longueur de l'intervalle
intergénésique précédent. Notre hypothèse
H1 selon laquelle « est donc vérifier
Enfin, l'introduction de la variable rang de naissance
(modèle M4) permet d'observer l'effet net direct de la pratique
contraceptive sur la survie infantile. Remarquons que le contrôle des
effets de cette variable fait baisser le rapport de côtes chez les femmes
pratiquant la contraception moderne (1,5112 à 1,3075) qui n'est plus
significatif à 5%. Cela prouve que cette dernière
médiatise en partie l'effet de la contraception sur la survie infantile.
Plus précisément, les enfants appartenant à la classe de
rang de naissance la plus favorable à la survie infantile sont
surreprésentés chez les femmes pratiquant la contraception
moderne. Cette classe correspond à celle de référence qui
regroupe les enfants de rang 2 à 6. Or, malgré que les chances de
survie soient nettement faible chez les enfants de rang un relativement
à ceux du groupe de référence, on ne peut pas
éviter ces naissances. Ainsi, pouvons-nous dire que la planification
familiale des femmes Rwandaises influencerait positivement la survie infantile
à travers la limitation des naissances. Notre hypothèse H selon
laquelle « est donc vérifiée.
Conclusion générale
Tableau :
Coefficients de corrélation semi partielle des variables
liées à la P.F et la survie infantile dans la régression
logistique.
N.B : L'aire ROC désigne
le pouvoir prédictif total du modèle (PPTM) du modèle
alors que le pouvoir prédictif réel est obtenu par la formule
suivante :
Tableau P
Modèle sans la variable
|
PPRM (%)
|
PPRV (%)
|
PPRV %
|
Rang
|
Modèle saturé
|
41,42
|
-
|
-
|
-
|
Contraception
|
40,32
|
1,1
|
22,45
|
2ème
|
Age accouchement
|
41,14
|
0,28
|
5,71
|
4ème
|
IIP
|
38,26
|
3 ,16
|
64,49
|
1ère
|
Rang de naissance
|
41,06
|
0,36
|
7,35
|
3ème
|
Total
|
-
|
4,9
|
100
|
-
|
Source : Calculé à
partir des données de l'EDSR-2005
Avec :
PPRM= [(PPTM-0,5)/0,5]*100 (%)
PPRV=PPRM4- PPR (M4-variable)
PPRV relatif = PPRM4- PPR
(M4-variable)
![](Contribution-de-la-planification-familiale--la-survie-infantile-au-Rwanda48.png)
Variables/modalités
|
Rapports de chance de survie infantile
|
Effets bruts
|
Effets des variables explicatives
|
M0
|
M1
|
M2
|
M3
|
M4
|
Milieu de résidence
|
-0,0515***
|
-0,0219**
|
-0,0208**
|
-0,0206**
|
-0,0190*
|
1. Urbain
|
1,6907***
|
1,4662**
|
1,3071**
|
1,3412**
|
1,3347*
|
2. Rural
|
®
|
®
|
®
|
®
|
®
|
Région de résidence
|
0,0257**
|
0,0000ns
|
0,0000ns
|
0,0000ns
|
0,0000ns
|
1. Kigali
|
1,9833***
|
1,2197ns
|
1,2326ns
|
1,2440ns
|
1,2491ns
|
2. Est
|
®
|
®
|
®
|
®
|
®
|
3. Nord
|
0,9166 ns
|
0,8865ns
|
0,8811ns
|
0,8657ns
|
0,8528ns
|
4 Ouest
|
1,1975 ns
|
1,2324*
|
1,2217*
|
1,2005ns
|
1,1984ns
|
5. Sud
|
1,0689 ns
|
1,0104ns
|
1,0002ns
|
0,9913ns
|
0,9709ns
|
Condition de vie
|
0,0276**
|
0,0000ns
|
0,0000ns
|
0,0000ns
|
0,0000ns
|
1. Faible
|
0,8445**
|
0,9569ns
|
0,9532ns
|
0,9543ns
|
0,9468ns
|
2. Moyen
|
®
|
®
|
®
|
®
|
®
|
3. Elevé
|
1,1000ns
|
1,0402ns
|
1,0688ns
|
1,0701ns
|
1,0882ns
|
Taille du ménage
|
0,1003***
|
-0,0909***
|
-0,0898***
|
-0,0910***
|
-0,1012***
|
1. Petite
|
®
|
®
|
®
|
®
|
®
|
2. Grande
|
2,8113***
|
2,5789***
|
2,6248***
|
2,7564***
|
3,0695***
|
Milieu de socialisation
|
-0,0198*
|
0,0000ns
|
0,0000ns
|
0,0000ns
|
0,0000ns
|
1. Urbain
|
1,5483*
|
0,9553ns
|
0,9683ns
|
0,9154ns
|
0,9083ns
|
2. Rural
|
®
|
®
|
®
|
®
|
®
|
Religion de la mère
|
-0,0205*
|
0,0274**
|
0,0263**
|
0,0167*
|
0,0159*
|
1. Catholique
|
1,2388**
|
1,2355**
|
1,2302**
|
1,1797*
|
1,1739*
|
2. Protestante
|
®
|
®
|
®
|
®
|
®
|
3. Autres
|
0,8115**
|
1,1725ns
|
1,1679ns
|
1,15062ns
|
1,1438ns
|
Instruction de la mère
|
0,0632***
|
0,0349**
|
0,0297**
|
0,0201*
|
0,0186*
|
0. Sans niveau
|
0,7591***
|
0,7956**
|
0,8199**
|
0,8334*
|
0,8460*
|
1. Primaire
|
®
|
®
|
®
|
®
|
®
|
2. Secondaire
|
1,7477***
|
1,0540ns
|
1,0361ns
|
0,9968ns
|
0,9705ns
|
Instruction du père
|
0,0750***
|
0,0295**
|
0,0275**
|
0,0342**
|
0,0315**
|
0. Sans niveau
|
0,7546***
|
0,8294*
|
0,8241**
|
0,8157**
|
0,8206**
|
1. Primaire
|
®
|
®
|
®
|
®
|
®
|
2. Secondaire
|
1,9639***
|
1,4878**
|
1,4650**
|
1,5617**
|
1,5372**
|
Activité de la Mère
|
0,0467***
|
0,0449***
|
0,0428***
|
0,0368***
|
0,0386***
|
0. Inactive
|
0,8561ns
|
0,7263***
|
0,7275***
|
0,7551**
|
0,7487**
|
1. Agricultrice
|
®
|
®
|
®
|
®
|
®
|
2. Moderne
|
2,1601***
|
1,0766ns
|
1,0635ns
|
1,1098ns
|
1,0951ns
|
3. Ouvrière
|
0 ,7074ns
|
0,4683***
|
0,4829***
|
0,4920***
|
0,4755***
|
Activité du conjoint
|
0,0585***
|
0,0000ns
|
0,0000ns
|
0,0000ns
|
0,0000ns
|
1. Agriculteur
|
®
|
®
|
®
|
®
|
®
|
2. Moderne
|
2,1924***
|
1,4004ns
|
1,4059ns
|
1,3935ns
|
1,3608ns
|
3. Ouvrier
|
1,2667**
|
1,1179ns
|
1,1444ns
|
1,1117ns
|
1,1140ns
|
Contraception moderne
|
0,0662***
|
0,0498***
|
0,0389***
|
0,0298***
|
0,0178**
|
1. Utilise
|
2,2660***
|
2,0217***
|
1,9140***
|
1,5112***
|
1,3075**
|
0. N'utilise pas
|
®
|
®
|
®
|
®
|
®
|
Age à l'accouchement
|
0,0451***
|
|
0,0244**
|
0,0210**
|
0,0134*
|
1. Moins de 20 ans
|
0,6042***
|
0,6701**
|
0,6895**
®
0,7797**
|
0,7594*
|
2. 20 à 34 ans
|
®
|
®
|
®
|
3. 35 ans et plus
|
1,0492ns
|
0,9051ns
|
0,8874ns
|
IIP
|
0,1333***
|
|
0,1322***
|
0,1393***
|
1. <18 mois
|
0,4343***
|
0,4057***
|
0,3786***
|
2. 18 à 35 mois
|
®
|
®
|
®
|
3. 36 mois et plus
|
1,4213***
|
1,5145***
|
1,3978***
|
Rang de naissance
|
0,0434***
|
|
0,0627***
|
1. Rang 1
|
0,6992***
|
0,7741**
|
2. Rang 2 à 5
|
®
|
®
|
3. Rang 6 et plus
|
0,8752ns
|
0,5947***
|
Visites prénatales
|
0,0566***
|
0,0428**
|
0,0347**
|
0,0324**
|
0,0251**
|
0. Aucune visite
|
0,6463***
|
0,6724***
|
0,7037**
|
0,7487**
|
0,7838**
|
1. 1 à 3 visites
|
0,8087**
|
0,8577*
|
0,9566ns
|
0,9380ns
|
0,9448ns
|
2. 4 visites et plus
|
®
|
®
|
®
|
®
|
®
|
Lieu d'accouchement
|
0,0532***
|
0,0321**
|
0,0297**
|
0,0204*
|
0,0219*
|
1. Hôpital
|
1,4706***
|
1,2876**
|
1,2728**
|
1,1503*
|
1,1678*
|
0. Ailleurs
|
®
|
®
|
®
|
®
|
®
|
Assistance accouchement
|
0,0496***
|
0,0223***
|
0,0219**
|
0,0168*
|
0,0159*
|
1. Personnel qualifié
|
1,4273***
|
1,1285***
|
1,1302**
|
1,1075*
|
1,0718*
|
0. Autres
|
®
|
®
|
®
|
®
|
®
|
Taille à la naissance
|
0,0741***
|
0,0000ns
|
0,0734***
|
0,0735***
|
0,0761***
|
1. Petite taille
|
0,4124***
|
0,4045***
|
0,4047***
|
0,3909***
|
0,3907***
|
2. Taille moyenne
|
®
|
®
|
®
|
®
|
®
|
3. Grande taille
|
0,7559ns
|
0,7378ns
|
0,7507ns
|
0,7515ns
|
0,7427ns
|
Vaccination (Polio 0 et BCG)
|
0,0393***
|
0,0319**
|
0,0302**
|
0,0287**
|
0,0292**
|
0. Aucun des deux
|
0,7537***
|
0,7773**
|
0,7875**
|
0,7860**
|
0,7856**
|
1. Au moins un vaccin
|
®
|
®
|
®
|
®
|
®
|
Sexe de l'enfant
|
0,0000ns
|
0,0000ns
|
0,0000ns
|
0,0000ns
|
0,0000ns
|
1. Masculin
|
®
|
®
|
®
|
®
|
®
|
2. Féminin
|
1,0312ns
|
1,0532ns
|
1,0535ns
|
1,0557ns
|
1,0562ns
|
Chi2 (×2)
|
|
176,26
|
182,62
|
298,05
|
305,86
|
Probabilité du chi2
|
|
0,000
|
0,000
|
0,000
|
0,000
|
Pseudo-R2
|
|
0,050
|
0,0613
|
0,0744
|
0,0763
|
Pouvoir prédictif Total du modèle
(PPT)
|
|
0,6877
|
0,6906
|
0,7053
|
0,7071
|
Pouvoir prédictif réel (PPR) du
modèle en %
|
37,54
|
38,12
|
41,06
|
41,42
|
Seuils de signification : *** : p<1% ;
** : p<5% ; * : p<10% ; ns: non significatif à
10% ;
|
(r) : Modalité de
référence.
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Bibliographie
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