BURKINA FASO
Unité-Progrès-Justice
INSTITUT UNIVERSITAIRE DE FORMATIONS INITIALE ET
CONTINUE (IUFIC)
Département d'Economie et de Mathématiques
Appliquées MEMOIRE DE FIN DE CYCLE
Pour l'obtention du diplôme de
Master professionnel en Intelligence Economique et
Développement International Promotion 2020-2022
THEME :
OPERATIONNALISATION DE LA STRATEGIE NATIONALE DU
CONTENU
LOCAL DANS LE SECTEUR DES MINES AU BURKINA
FASO
Présenté et soutenu publiquement par :
Dramane TRAORE
(Email :
dramtra85@gmail.com,
contacts : +22670959089, +22676145723)
Directeur de mémoire :
Dr Yankou DIASSO
Enseignant-Chercheur à Université Thomas
Sankara
Janvier 2023
i
I
SOMMAIRE
SOMMAIRE I
AVERTISSEMENT II
DEDICACE III
REMERCIEMENTS IV
RESUME V
SIGLES ET ABREVIATIONS VII
LISTE DES TABLEAUX FIGURES ET GRAPHIQUES IX
INTRODUCTION GENERALE 1
PREMIERE PARTIE : GENERALITES CONCEPTUELLES ETCADRE
THEORIQUE DE
L'ETUDE 6
CHAPITRE I : CADRE CONCEPTUEL DE L'ETUDE 7
CHAPITRE II : CADRE THEORIQUE 22
DEUXIEME PARTIE : ETUDE EMPIRIQUE 40
CHAPITRE I : CONTEXTE ET METHODOLOGIE DE RECHERCHE
41
CHAPITRE II : PRESENTATION, ANALYSE ET INTERPRETATION DES
RESULTATS 76
CONCLUSION GENERALE 99
BIBLIOGRAPHIE 100
ANNEXE 1 105
ANNEXE 2 107
ANNEXE 3 108
TABLE DES MATIERES 110
AVERTISSEMENT
II
L'Institut Universitaire de Formations Initiale et
Continue / Université Thomas Sankara (IUFIC/ UTS) n'entend donner aucune
caution quelconque ni improbation aux opinions données dans ce
mémoire qui appartiennent qu'à l'auteur.
III
DEDICACE
A mon fils TRAORE Zégué Abdel Hakim pour
la force et l'énergie qu'il me procure afin d'aller encore plus loin
!
IV
REMERCIEMENTS
Ce document est le couronnement de notre cursus de Master
professionnel en Intelligence Economique et Développement International
(IEDI) à l'Institut Universitaire de Formations Initiale et Continue
(IUFIC) de l'Université Thomas Sankara (UTS) au Burkina Faso. Qu'il nous
soit permis d'exprimer notre profonde gratitude à tous ceux qui, de
près ou de loin nous ont soutenu dans cette entreprise, par leur apport
tant intellectuel, moral que matériel.
? Nos remerciements vont particulièrement à
notre Directeur de Mémoire, Dr Yankou Diasso pour sa
disponibilité, sa rigueur et ses précieux conseils tout au long
de ce travail de recherche.
? A tout le corps professoral et administratif de l'Institut
Universitaire de Formations Initiale et Continue (IUFIC) pour la qualité
de l'enseignement reçu durant notre cycle de Master professionnel.
? A toutes les personnes rencontrées dans le cadre des
entretiens semi-directifs pour nous avoir apporté des informations
importantes pour notre travail de recherche.
? Nous remercions le personnel du Ministère en charge
des mines plus particulièrement celui de la Direction
générale de la promotion et de l'économie minières
(DGPEM).
? Nos remerciements à Monsieur Mahamady Nombo, Chef de
service du développement du contenu local pour sa disponibilité
et son accompagnement.
A nos amis de tous les jours et nos camarades de l'IUFIC, pour
leurs soutiens multiformes dans le processus de réalisation de cette
recherche.
A notre famille pour son assistance discrète, mais Ô
combien capitale.
V
RESUME
Au Burkina Faso, le secteur minier s'est positionné
depuis 2009 comme l'un des piliers du développement
socio-économique. En 2021, il a représenté 16,9 % du PIB
et 72,35 % des recettes d'exportation du pays, selon les données du
ministère en charge des mines. Cependant, force est de constater que les
effets du secteur minier sur les autres secteurs de l'économie nationale
restent faibles. C'est dans ce sens qu'une stratégie nationale du
contenu local a été adoptée en décembre 2021,
conformément au code minier de 2015 dans le but de maximiser les
retombées du secteur minier sur le reste de l'économie nationale.
L'un des objectifs de cette stratégie est l'augmentation de la
proportion des achats locaux de biens et services dans la consommation du
secteur minier à 30% à l'horizon 2025. Pour se faire, un
décret portant fixation des conditions de la fourniture locale dans le
secteur minier et un arrêté portant établissement de la
liste des biens et services fournis aux entreprises minières ont
été adoptés respectivement le 11 novembre et le 30
décembre 2021. Ces textes qui sont entrés en vigueur au 1er
janvier 2022 font obligation aux sociétés minières et
à leurs sous-traitants d'accorder une certaine part de marché aux
PME/PMI de droit burkinabè. Cependant des difficultés sont
rencontrées dans l'application de cette réglementation sur le
terrain. C'est dans cette optique que cette étude a été
réalisée. Des enquêtes ont été menées
en utilisant des interviews semi-structurées. Au total 30 personnes
composées appartenant entre autres, à l'administration
minière, aux sociétés minières et du secteur
privé ont été enquêtées. Les résultats
des investigations montrent que la faible capacité industrielle des PME
burkinabè à fabriquer des équipements au niveau local et
les difficultés d'accès aux financements adaptés au
secteur minier ne favorisent pas l'épanouissement des fournisseurs
locaux burkinabè. Il ressort également que bon nombre de PME
n'ont pas accès aux bases de données des compagnies
minières afin de leurs proposer leurs offres. En réponse à
ces limites, nous recommandons aux autorités burkinabè de
développer l'écosystème des PME locales et à ces
dernières d'voir une bonne connaissance de la réglementation en
matière de fourniture locale aux mines au Burkina Faso et les exigences
normatives des compagnies minières.
Mots Clés : Matière
premières, Industries extractives, Contenu local, Développement
économique
VI
ABSTRACT
In Burkina Faso, the mining sector has positioned itself since
2009 as one of the pillars of socioeconomic development. In 2021, it accounted
for 16.9% of GDP and 72.35% of the country's export earnings, according to data
from the ministry in charge of mining. However, it is clear that the effects of
the mining sector on other sectors of the national economy remain weak. It is
in this sense that a national local content strategy was adopted in December
2021, in accordance with the 2015 mining code, with the aim of maximizing the
impact of the mining sector on the rest of the national economy. One of the
objectives of this strategy is to increase the proportion of local purchases of
goods and services in the consumption of the mining sector to 30% by 2025. To
achieve this, a decree establishing the conditions for local supply in the
mining sector and an order establishing the list of goods and services supplied
to mining companies were adopted on November 11 and December 30, 2021
respectively. These texts, which came into force on January 1, 2022, require
mining companies and their subcontractors to grant a certain share of the
market to Burkinabè SMEs/SMIs. However, difficulties are encountered in
the application of these regulations in the field. It is with this in mind that
this study was conducted. Surveys were conducted using semi-structured
interviews. A total of 30 people from the mining administration, mining
companies and the private sector were interviewed. The results of the
investigations show that the low industrial capacity of Burkinabè SMEs
to manufacture equipment locally and the difficulties in accessing financing
adapted to the mining sector do not favor the development of local
Burkinabè suppliers. It also appears that many SMEs do not have access
to the databases of mining companies in order to propose their offers. In
response to these limitations, we recommend that the Burkina Faso authorities
develop the local SME ecosystem and that these SMEs have a good understanding
of the regulations governing local supply to mines in Burkina Faso and the
normative requirements of mining companies.
Keywords: Raw
materials, Extractive industries, Local content, Economic
development
VII
SIGLES ET ABREVIATIONS
ACAB Association des Carriers du Burkina
AFEMIB Association des Femmes du Secteur Minier
du
Burkina
ABSM Alliance des Fournisseurs Burkinabè
de Biens
et Services Miniers
APBEF-B Association, Professionnelle des Banques
et
Etablissements Financiers du Burkina
BUMIGEB Bureau des Mines et de la
Géologie du Burkina
Faso
CCI-BF Chambre du Commerce et d'Industrie du
Burkina Faso
CMB Chambre des Mines du Burkina
DGPEEM Direction générale de la
promotion et de
l'économie énergétique et minière
IDE Investissements Directs Etrangers
ITIE Initiative pour la Transparence dans les
Industries Extractives
MAAHM Ministère de l'Agriculture et
des
Aménagements Hydro-agricoles et de la
Mécanisation
MEMC Ministère de l'Énergie, des
Mines et des
Carrières
MESRSI Ministère de l'Enseignement
supérieur, de la
Recherche scientifique et de l'Innovation
MFPTPS Ministère de la Fonction Publique,
du Travail
et de la Protection Sociale
VIII
MICA Ministère de l'Industrie du
Commerce et de
l'Artisanat
MINEFID Ministère de
l'Économie, des Finances et du
Développement
MJPEE Ministère de la Jeunesse, de la
promotion de
l'Entrepreneuriat et de l'Emploi
MRAH Ministère des Ressources Animales
et
Halieutiques
UA Union Africaine
UICN Union Mondiale pour la Nature
VIMA Vision pour l'industrie minière
en Afrique
IX
LISTE DES TABLEAUX FIGURES ET GRAPHIQUES
LISTE DES TABLEAUX
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|
|
LISTE DES FIGURES
|
Figure 1: la Chaîne de valeur du cycle minier
|
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15
|
Figure 2: Lien entre projets miniers et
développement
|
.
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30
|
Figure 3: liens typiques pour maximiser les
retombées de l'exploitation minière
|
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31
|
N°Figure 4 : Aperçu d'un éventail type
de politiques potentielles en matière de contenu local...
|
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35
|
Figure 5: Localisation des principaux gisements du
Burkina Faso
|
.
|
42
|
Figure 6: Aperçu des projets miniers au Burkina
Faso
|
|
43
|
Figure 7: le cycle de vie d'une mine
|
.
|
61
|
Figure 8: Nuages de mots sur l'adhésion des
compagnies minières à la
stratégie
|
81
|
|
Figure 9: Nuages de mots sur l'accès à
l'information relative aux besoins des compagnies minières
aux fournisseurs locaux 83
Figure 10: Nuages de mots sur la capacité des
PME/PMI burkinabè à satisfaire les besoins des
sociétésminières
86
LISTE DES GRAPHIQUES
Graphique 1: La production d'or par mine
45
Graphique 2 : Etats des dépenses totales en
approvisionnement des sociétés minières en 2016
au
Burkina 57
Graphique 3: Pourcentage des demandes de
dérogation par biens et services 90
1
INTRODUCTION GENERALE
Le déplacement des investissements miniers dans les
pays africains date de plusieurs dizaines d'années et a connu plusieurs
grandes périodes (Oman, 2000). De la période coloniale, qui se
caractérisait par un approvisionnement des métropoles en
substances minérales brutes par les colonies, en passant par les
années d'indépendances, le secteur minier africain a
évolué sous plusieurs formes. L'Afrique est le plus grand
producteur de nombreuses ressources importantes dans le monde. Cependant depuis
quelques années, l'extraction des matières premières,
notamment, l'industrie minière est la cible d'une critique soutenue dans
certains pays, à cause de la faible amélioration des conditions
économiques et sociales des pays riches en ressources minérales
(Bélèm, 2009).
En effet, la majorité des minerais du continent noir,
notamment en Afrique de l'Ouest sont exportés sous la forme de minerais
concentrés ou métalliques sans véritable valeur
ajoutée (Vision du Régime Minier de l'Afrique 2009).
Conséquence : la situation économique des pays de l'Afrique de
l'Ouest contraste le plus souvent avec leurs réserves en matières
premières, notamment minières. Ce paradoxe est à l'origine
d'une littérature académique alimentée par le débat
autour de la thèse de la « malédiction des ressources
naturelles ». A l'instar d'autres pays africains, le Burkina Faso est un
pays riche en minéraux particulièrement l'or. Celui-ci est devenu
le premier produit en termes de valeur d'exportation en 2009, supplantant ainsi
le coton qui était le produit d'exportation le plus important en termes
de valeur1.
Le secteur minier burkinabè est aujourd'hui,
considéré comme l'un des plus dynamiques de l'Afrique de l'Ouest,
en raison de ses performances au cours des dix dernières années.
D'une production de 5,6 tonnes d'or en 2008, le pays a fait un bond en
exportant 62,138 tonnes en 2020 (Ministère en charge des Mines, 2021).
Les recettes directes au budget de l'Etat, elles, sont passées de 276
milliards de F CFA en 2019 à 322 milliards de F CFA en 2020, soit une
augmentation de 46 milliards de F CFA en valeur absolue. Les recettes
d'exportation liées au secteur minier sont passées de 1686
milliards de F CFA en 2019 à environ 2578 milliards de F CFA en 2020
(Ministère en charge des Mines, 2021).
1 Food and Agricultural Organisation of the United
Nations, Agricultural Trade, http://faostat.fao.org/ site/342/default.aspx
2
Ces chiffres qui laissent voir un tableau reluisant du secteur
minier burkinabè cachent pourtant une autre réalité. En
effet, si des efforts sont faits pour une bonne gouvernance du secteur minier
et une répartition équitable des retombées issues de
l'exploitation des ressources minières, force est de constater que le
citoyen burkinabè ne perçoit pas les retombées
économiques dans l'amélioration de ses conditions de
vie.2
Il ressort qu'au-delà de sa contribution directe au
budget de l'Etat, l'existence de l'industrie minière ne semble pas
être, pour l'instant, une aubaine pour le développement d'une
économie locale dynamique au Burkina Faso. Pourtant, le
déploiement d'un secteur minier prospère est justifié par
sa capacité supposée à entraîner l'ensemble de
l'économie sur le chemin de la croissance, et donc du
développement économique (Campbell et al., 2004). Cela est
possible en opérant une montée en gamme dans la chaine de
transformation du métal brut/ou en s'appuyant sur des mécanismes
visant à accroître la quantité de biens et de services
achetés par les exploitations minières à des entrepreneurs
locaux.
? La problématique
Le boom minier des dernières années au Burkina
Faso n'a pas entrainé une réduction significative de la
pauvreté, car le peu de valeur ajoutée apportée par les
fournisseurs locaux des mines n'a pas eu d'effet d'entrainement notable sur
l'emploi ou la sous-traitance (Bohbot, 2017). La Chambre des Mines du Burkina
et le Ministère en charges des mines, ont réalisé à
cet effet, une étude conjointe en 2018, qui a conclu que « pour
l'ensemble des approvisionnements réalisées par les
sociétés minières, le Burkina Faso n'a pu capter que 15%
de ce montant qui est pourtant de plus de 400 milliards de F CFA par an
3». On note que le secteur minier n'a jusqu'ici pas
réussi à engendrer un effet d'entrainement positif en
établissant une relation entre les fournisseurs des intrants et les
activités réalisées dans le cadre des opérations du
secteur extractif ou entre les différents acteurs de la chaîne de
valeur.
2 Rapport de la commission d'enquête
parlementaire sur la gestion des titres miniers et la responsabilité
sociale des entreprises minières.
3 Etude sur l'analyse de l'écart entre les
opportunités de fournitures locales aux sociétés
minières et la capacité
3
Pour apporter une réponse à cette situation, et
dans un souci de se conformer aux dispositions des articles 1014 et
1025 du code minier de 2015, les autorités burkinabè
ont entrepris depuis 2018 l'élaboration d'une stratégie du
contenu local dans le secteur minier. L'adoption de cette stratégie et
de son plan d'actions triennale a été consacrée par
l'arrêté conjoint n°2021-336/MEMC/MINEFID du 01
décembre 2021. Cette stratégie est axée principalement sur
l'amélioration de l'approvisionnement des industries extractives en
biens et services locaux, le développement du capital humain local dans
le secteur minier et la valorisation locale des produits miniers et promotion
des investisseurs nationaux dans le secteur minier.
Pour entamer la mise en oeuvre de la stratégie
nationale du contenu local, un accent particulier a été mis sur
la fourniture local des biens et service considérée comme un
outil pouvant servir à booster le développement
socio-économique en permettant aux Petites et Moyenne Entreprises (PME)
d'autres secteurs d'activité de saisir les opportunités
d'affaires induites par les mines. Les textes d'application sur la fourniture
locale sont entrés en vigueur depuis le 1er janvier 2022. L'adoption de
ces textes a été saluée d'une part par les acteurs
économiques nationaux que sont les fournisseurs de biens et services -
qui y voient une occasion de s'insérer dans la chaine des valeurs de
l'industrie minière. Toutefois les modalités de mise en oeuvre ne
sont pas maitrisées par tous les acteurs et des difficultés sont
constatées dans l'application des textes.
4Article 101 du code minier de 2015: Les titulaires
de titre minier ou d'autorisation ainsi que leurs sous-traitants accordent la
préférence aux entreprises burkinabè pour tout contrat de
prestations de services ou de fournitures de biens à des conditions
équivalentes de prix, de qualité et de délais. Il est
adopté une politique nationale assortie d'une stratégie de
développement et de promotion de la fourniture locale au profit du
secteur minier. Un décret pris en conseil des ministres fixe les
conditions de sa mise en oeuvre. Un cadre tripartite regroupant des
représentants de l'Etat, des sociétés minières et
des fournisseurs de biens et services miniers est mise en place pour le
développement et le suivi de la croissance de la fourniture locale au
profit du secteur minier.
5Article 102: Les titulaires de titre minier ou
d'autorisation se conforment aux normes du droit du travail. Ceux-ci, leurs
fournisseurs et leurs sous-traitants emploient en priorité, à des
qualifications égales et sans distinction de sexes, des cadres
burkinabè ayant les compétences requises pour la conduite
efficace des opérations minières. L'entreprise soumet à
l'Administration des mines un plan de formation des cadres locaux pour le
remplacement progressif du personnel expatrié. L'entreprise est tenue au
respect de quotas progressifs d'emplois locaux selon les différents
échelons de responsabilité. Un décret pris en Conseil des
ministres établit la nomenclature des postes et les quotas d'emplois
locaux requis suivant le cycle de vie de la mine. L'Autorité en charge
des mines reçoit un rapport annuel de l'état d'exécution
par les entreprises des exigences en matière de formation, d'emploi et
de promotion du personnel local. Les contrats de travail des travailleurs non
nationaux dans le secteur minier sont visés par l'Administration du
travail, dans les conditions précisées par arrêté
conjoint des ministres chargés du travail et des mines.
4
Ce sont ces faits qui nous ont amenés à nous
pencher à la présente recherche visant à améliorer
l'opérationnalisation de la stratégie nationale du contenu local
dans le secteur des mines au Burkina Faso, notamment dans son volet fourniture
locale.
Au vu des difficultés rencontrées dans
l'application des textes relatives à la fourniture locale au Burkina
Faso, la première question qui se pose est la suivante :
comment opérationnaliser la stratégie nationale du
contenu local dans le secteur des mines au Burkina Faso notamment dans son
volet fourniture locale ?
? Les objectifs de recherche :
L'objectif général de notre étude est de
contribuer à une meilleure opérationnalisation de la mise en
oeuvre de la stratégie nationale du contenu local dans le secteur des
mines au Burkina Faso notamment dans son volet fourniture locale des biens et
services.
De façon spécifique, notre étude vise,
d'une part, à comprendre l'incapacité des fournisseurs locaux
burkinabè à satisfaire aux besoins des sociétés
minières, et d'autre part, à apprécier le niveau
d'accès des entreprises locales burkinabè à l'information
relative aux achats des biens et services par les sociétés
minières.
Au terme de notre étude, ces objectifs
spécifiques pourront nous aider à proposer des recommandations
qui s'imposent, soit des solutions appropriées durables permettant une
mise en oeuvre efficace de la stratégie du contenu local dans le secteur
des mines.
? L'intérêt de l'étude
Le choix sur la recherche d'une meilleure approche pour
faciliter l'opérationnalisation de la stratégie nationale du
contenu local dans le secteur des mines au Burkina Faso est motivé par
le fait que l'économie burkinabè fonde l'espoir sur cette
nouvelle stratégie dans le secteur minier.
En effet, l'étude sur l'analyse de l'écart entre
les opportunités de fournitures locales aux sociétés
minières publiée en juin 2018, montre qu'au Burkina Faso, il y a
des niches prioritaires auxquelles devraient être attentifs le
gouvernement, les acteurs miniers, la société civile et les
opérateurs économiques dans leur ensemble pour l'accroissement de
la part de la fourniture locale des biens et services miniers. Ces niches dans
l'ordre prioritaire des enjeux financiers en particulier, sont les
hydrocarbures et lubrifiants, les produits alimentaires et agroalimentaires,
les équipements de
5
Protection Individuelle (EPI), le fret & transit, les
pièces de rechange courante/d'usure et les services de consultants et
d'expertises.
Notre étude revêt un intérêt capital
pour aider les autorités burkinabè à trouver l'approche
adaptée pour mettre en oeuvre sa stratégie nationale du contenu
local dans le secteur des mines.
? Les hypothèses de recherche
1- L'adhésion des sociétés
minières et leurs sous-traitants à la stratégie facilite
sa mise en oeuvre
2- Le faible niveau d'accès des entreprises locales
burkinabè aux informations relatives aux achats des biens et services
des compagnies minières est l'un des facteurs qui limitent leur
compétitivité
3- Les fournisseurs locaux sont confrontés à
des difficultés d'accès aux financements qui expliquent leur
faible capacité à satisfaire aux besoins des
sociétés minières.
Outre l'introduction, l'ossature de notre travail de recherche
se compose de deux (02) grandes parties.
La première partie subdivisée en deux chapitres,
porte sur les généralités conceptuelles et les aspects
théoriques. Le chapitre I est une initiation aux concepts de base qui
sont utilisés tout au long de cette étude, tandis qu'à
travers le chapitre II nous allons traiter des bases théoriques sur
lesquelles notre recherche s'est appuyée.
La seconde partie est relative à la
présentation, à l'analyse des données recueillies et la
vérification des hypothèses de recherche. Celle-ci se
présente également en deux chapitres. Le chapitre I sert à
présenter le contexte de notre recherche, en plus des aspects
méthodologiques de recherche. Le chapitre II va servir à la
présentation, à l'analyse des données recueillies et la
vérification des hypothèses de recherche.
PREMIERE PARTIE : GENERALITES CONCEPTUELLES ETCADRE
THEORIQUE DE L'ETUDE
|
6
Introduction de la première partie
Cette première partie vise à faire le point sur
les concepts abordés afin de construire un cadre théorique qui va
orienter notre travail de recherche. La recherche constructiviste doit faire
appel à un cadre de référence théorique large et
souple (Mucchielli, 2005). Ce cadre doit permettre d'arriver à une
interprétation elle-même cohérente. La lecture fournie des
phénomènes doit être claire. On pourrait dire que ce cadre
de référence est comme une carte provisoire du territoire,
composée de connaissances générales à propos du
phénomène qu'il s'apprête à étudier, ainsi
que des repères interprétatifs (Paillé et Mucchielli,
2003). En ce qui nous concerne, nous allons tenter d'apporter une
définition à la fois précise et globale du concept du
développement avec comme levier l'industrie minière, même
si l'histoire économique a démontré que la
découverte de richesses naturelles ne conduit pas forcément
à une croissance économique plus élevée.
Le Burkina Faso dispose d'un potentiel important en ressources
minérales mais les retombées directes dans l'économie
nationale restent faibles. La littérature nous renseigne que cette
situation est commune à la plupart des pays africains les obligeant
à lancer des politiques susceptibles de pallier ce problème
à travers la création « d'effets d'entraînement »
et d'un contenu local. Il en découle alors la nécessité
pour nous de bien cerner cette notion de contenu local au nom de laquelle bon
nombre de pays riches en ressources examinent ou révisent leurs codes et
contrats d'investissement et d'exploitation des ressources naturelles, pour
mieux tirer profit du potentiel que pourrait offrir les industries extractives
pour un développement économique inclusif. Pour en arriver, il
s'est avéré essentiel pour nous de consulter plusieurs ouvrages
et articles sur ces différents concepts.
CHAPITRE I : CADRE CONCEPTUEL DE L'ETUDE
La manière classique de commencer une étude est
de donner une définition de certains concepts que l'on va traiter. Le
concept n'est pas seulement une aide pour percevoir, mais une façon de
concevoir. Il organise la réalité en retenant les
caractères distinctifs, significatifs des phénomènes. Il
exerce un premier tri au milieu du flot d'impressions qui assaillent le
chercheur (Madeleine ,1996). Le présent chapitre s'évertue donc
à scruter les questions relatives aux généralités
conceptuelles à travers l'explication et l'évolution de certains
concepts comme celui de matières premières, de
développement, du contenu local et des industries extractives.
I. Les matières premières
Les matières premières sont la base même
du développement de la société car elles constituent le
socle de la consommation alimentaire, industrielle et énergétique
et sont donc indispensables et stratégiques dans le contexte de la
globalisation. Ce qui explique la raison pour laquelle depuis toujours elles
sont au centre de la machine politique et des relations internationales, soit
en tant qu'instrument de contrôle ou de domination (Ramdoo, 2019). Par
définition, une matière première est un matériau
naturel brut, extrait ou produit directement par la nature. C'est une
matière non transformée. L'être humain l'utilise en tant
que telle. Il peut aussi la transformer en un produit de consommation. En ce
sens, les premiers matériaux utilisés pour la construction d'un
bien sont considérés comme des matières premières.
Toutes les matières qui servent à fabriquer un bien peuvent
être considérées comme des matières
premières. Elles comprennent, par exemple, le pétrole, le gaz
naturel, les minerais, le sable, le riz, le maïs, le coton, le
caoutchouc...
L'Organisation des Nations unies utilise le terme global de
« produit de base » défini officiellement par la
charte de La Havane en 1948 comme tout produit de l'agriculture, des
forêts, de la pêche et tout minéral, que ce produit soit
sous une forme naturelle ou qu'il ait subi la transformation qu'exige
communément la vente en quantités importantes sur le
marché international.
I-1 Les différents types de matières
premières
7
I-1-1 Les matières premières renouvelables
8
Les matières premières renouvelables sont des
matériaux qui proviennent de ressources qui se
régénèrent sans cesse, sur une temporalité courte.
Elles peuvent être regroupées en deux groupes : - les
matières animales : il s'agit, par exemple, de laine, de peaux, d'os, de
viande, de crustacés, de poissons, de graisses animales...
- les matières végétales : il s'agit, par
exemple, des céréales, du bois, du caoutchouc, du coton, des
algues, des graisses végétales... mais aussi des fruits et
légumes qui sont transformés.
I-1-2 Les matières premières non
renouvelables
Les matières premières non renouvelables sont
des ressources épuisables et ne se régénèrent pas
à l'échelle de la temporalité humaine. Ainsi, elles ont
pris plusieurs millions d'années à se former et prendront encore
des milliers d'années à se renouveler6. Dans cette
catégorie de matières premières, plusieurs groupes se
distinguent, tels que :
- les minéraux avec les pierres, les sables, le gravier,
l'argile, l'ardoise...
- les ressources énergétiques avec le charbon, le
gaz ou encore le pétrole.
- les métaux avec l'or, le fer, le cuivre, l'aluminium,
l'argent, le platine...
-
I-2 Les matières premières en Afrique
Selon le rapport de la Vision du Régime Minier de
l'Afrique (2009), l'Afrique renferme de nombreuses ressources connues sous le
nom de carburants fossiles (pétrole, gaz et charbon) et un vaste
potentiel de biomasse et de biocarburants (éthanol, biodiésel)
notamment dans les tropiques. En outre, le continent a un énorme
potentiel hydroélectrique (Inga 45GW et la Rivière Congo 200GW)
ainsi qu'un grand potentiel géothermique le long de la Grande
Vallée africaine du Rift (VMA, 2009). La Banque mondiale estime par
ailleurs que l'Afrique détient à elle seule près de 30%
des gisements de minerais dans le monde. Certains minerais, comme le tantale et
le cobalt, largement utilisés dans la production de composants
électroniques, proviennent en majorité de l'Afrique. Selon des
chiffres fournis par la Commission de la CEDEAO, l'Afrique de l'Ouest
6 Julien Dupé (CEO et Fondateur de
Infonet.fr). Définition de :
Matière première article consulté le 12/01/2022 SUR
https://infonet.fr/lexique/definitions/matiere-premiere/
9
représente 30% de pétrole et 30% des
réserves prouvées de gaz naturel du continent et possède
également 40% des ressources mondiales de bauxite, d'uranium, de l'or et
des métaux précieux7. Les matières
premières constituent aujourd'hui un enjeu de taille dans le processus
de développement et de croissance économique pour les pays
africains dont les économies reposent sur l'exploitation de ces
matières premières.
Les pays d'Afrique subsaharienne dépendent
essentiellement de l'exploitation des matières premières. Cette
dépendance vis-à-vis des exportations des matières
premières non renouvelables devenue chronique est avant tout un
héritage issu de la colonisation faisant de ces pays, la source
d'approvisionnement en matières premières (E Anani, 2019). En
outre, faut-il le rappeler, l'abondance de ressources minières et
pétrolières place le continent africain au coeur des enjeux
géostratégiques mondiaux.
II. Les industries extractives
Sous le vocable « industries extractives » sont
regroupées des réalités très diverses, qui, aussi
bien en termes environnementaux qu'en termes économiques, ont des
impacts très différents8. Une étude
réalisée en 2011 par le Programme Aires Protégées
d'Afrique du Centre et de l'Ouest, sur l'évolution du secteur minier en
Afrique de l'Ouest a regroupé les industries extractives en trois
secteurs :
- le secteur pétrolier, régi par un code
pétrolier, systématiquement distinct du code minier ; - le
secteur des carrières, composé entre autres, de matériaux
de construction,
d'empierrement et de viabilité, d'amendement pour la
culture des terres, substances servant
à l'industrie céramique et autres substances
analogues,
- le secteur des mines qui nous concerne dans le
présent travail, regroupant toutes les autres substances.
7 3è Forum sur les mines et le pétrole
regroupant les pays membres de la Communauté économique des
États de l'Afrique de l'ouest (CEDEAO) tenu du 16 au 18 février
2022 à Niamey au Niger.
https://www.aa.com.tr/fr/afrique/niger-ouverture-dun-forum-sur-les-mines-et-le-p%C3%A9trole-%C3%A0-niamey/2504783
article consulté le 17/02/2022.
8 UICN-Programme Aires Protégées
d'Afrique du Centre et de l'Ouest, 2011
10
L'industrie minière est divisée en deux groupes
(L. Ouédraogo, 2019)9. Le premier groupe est l'exploitation
minière industrielle qui concerne la majorité de la production de
toute substance minérale du pays. Le deuxième groupe est
l'exploitation à petite échelle comprenant l'exploitation
minière semi mécanisée, la petite mine et l'exploitation
minière artisanale. L'exploitation à petite échelle
emploie une main-d'oeuvre rurale plus importante mais ne contribue qu'à
une proportion marginale de la production totale du pays et des
carrières.
II-1 L'exploitation industrielle
Plusieurs pays en développement riches en ressources
minières et voulant tirer parti de cette manne financière, se
sont lancés activement dans l'exploitation de leurs sols. Cette
exploitation se différencie principalement par la taille, les ressources
dont disposent les pays, les lois et règlements auxquels elle est
soumise (Kumwimba, 2010). L'exploitation minière industrielle, selon la
chambre des mines du Burkina Faso désigne toute opération qui
consiste à mettre en valeur ou à extraire des substances
minérales d'un gisement pour en disposer à des fins utilitaires.
Elle comprend, à la fois, les travaux préparatoires,
l'exploitation proprement dite, l'installation et l'utilisation de
facilités de traitement, d'enrichissement et de transformation de ces
substances.
Le code minier de 2015 du Burkina Faso la définie comme
« l'ensemble des opérations qui consistent à extraire et
concentrer des substances minérales et à en
récupérer les produits marchands pour en disposer en utilisant
des méthodes et procédés modernes et fortement
mécanisés dans la chaîne des opérations
».
II-1-1 La Petite mine
Elle désigne l'exploitation minière de petite
taille, fondée sur la justification de l'existence d'un gisement,
utilisant selon les règles de l'art, des procédés
semi-industriels ou industriels et dont la production annuelle en régime
de croisière n'excède pas un certain tonnage du produit
commercialisable tels que le minerai, le concentré ou le
métal.
9 Lala Ouedraogo : Orpaillage artisanal et
développement rural : Thèse de Doctorat en agroéconomie
2019
11
II-1-2 L'extraction à petite échelle
L'activité minière artisanale et à petite
échelle est un secteur diversifié qui comprend les mineurs
individuels informels qui cherchent un moyen de subsistance et les petites
entreprises minières règlementaires qui produisent des
minéraux à petite échelle, de manière responsable.
Au Burkina Faso, le code minier de 2015, la défini comme une
exploitation de petite taille qui regroupe la petite mine, l'exploitation
semi-mécanisée, l'exploitation minière des haldes et
terrils de mines et de carrières et l'exploitation artisanale.
II-1-3 L'exploitation artisanale de substances de
carrières
Elle désigne l'ensemble des opérations qui
consistent à extraire et concentrer des substances minérales
classées en substances de carrières et à en
récupérer les produits marchands pour en disposer en utilisant
des méthodes et procédés manuels. Elle n'utilise pas
d'équipements, ni d'énergies mécaniques et n'est pas
fondée sur la mise en évidence préalable d'un gîte
ou d'un gisement.
III. Le contenu local
La plupart des pays riches en ressources naturelles sont
confrontés à des structures économiques peu
diversifiées, avec des bases industrielles faibles, des taux de
chômage élevés et des économies vulnérables
aux cycles des produits de base (IGF, 2018)10. Pour corriger ce
dysfonctionnement, certains pays ont adopté des politiques visant
à développer un tissu industriel local et des compétences
locales en les faisant participer aux activités d'exploitation et de
transformation des ressources naturelles. Le contenu local se défini
comme le développement du tissu industriel local et des
compétences locales en les faisant participer aux activités
industrielles dans les secteurs des hydrocarbures, des mines, de l'industrie
forestière etc. Ce sont les retombées directes dans
l'économie nationale attendues de ces activités, en plus du
paiement des taxes, et des revenus ou royalties perçus par les Etats
hôtes11. Pour les entreprises, c'est la maximisation de leur
recours aux
10 International Institute for Sustainable
Development, 2018 : Guide des politiques du contenu local
11 Inès Féviliyé : Contenu
local, effets structurants : concepts, attentes et réalités,
N'djamena, Tchad, 25-30 novembre, 2015
12
ressources humaines et entrepreneuriales locales dans la mise
en oeuvre de leurs projets industriels et dans leurs activités
courantes. Dans ce cas, le contenu local se traduit par des achats
auprès de fournisseurs nationaux de biens et de services, de l'emploi de
personnel local, du soutien au développement d'entreprises locales, de
l'investissement social et des effets d'emploi induits.
La Banque mondiale définit le contenu local au sens
large en termes d'emploi et d'achat d'intrants, ainsi que sur la base des
propriétés nationales de l'entreprise, c'est-à-dire la
« qualification de préférence nationale12
».
L'Association des producteurs de pétrole africains
(APPA) définit le contenu local comme le quantum de valeurs
ajoutées ou à créer dans l'économie nationale par
une utilisation délibérée de ressources humaines et
matérielles et des services dans l'exploration, le développement,
l'exploitation, le transport et la vente de pétrole brut et des
ressources gazières, sans mettre en péril la qualité, la
santé, les normes de sécurité et
environnementales13.
Quant au Centre africain des ressources naturelles (CARN), il
le définit comme étant un cadre politique visant à
optimiser la valeur économique découlant de l'exploitation des
ressources naturelles grâce à la création de liens locaux,
tout en tenant compte des objectifs de développement du pays
concerné, de sa vision d'un secteur donné, de sa
compétitivité commerciale et de la viabilité
financière des ressources naturelles mises en valeur. Cette
définition prend en compte deux facteurs. Premièrement, la
portée géographique des cibles de la politique établie par
les administrations du pays ainsi que celle de l'objectif ou des objectifs de
développement économique et deuxièmement, les
paramètres juridiques du pays dans le cadre desquels la politique sera
mise en oeuvre. Le deuxième facteur qui définit le
caractère local est le profil juridique d'une entité locale en ce
qui concerne les fournisseurs de biens et de services.
A l'analyse de ces différentes définitions, il
ressort que le contenu local dans le domaine minier est la somme des
retombées directes comme indirectes qui resteront de manière
durable dans le pays, quand toutes les ressources auront tari et les
opérations pris fin. Il s'agit des exigences qui imposent
12 Columbia Center for Sustainable Development,
2016
13 Inès Féviliyé : Etat des lieux
des stratégies de contenu local pour maximiser les liens de
développement : Résultats attendus du Projet de la CNUCED et
Recommandations préliminaires
13
aux entreprises d'utiliser des produits, des services ou des
personnels locaux pour pouvoir exercer leur activité dans
l'économie.
Dans la suite de notre travail, nous allons nous servir de la
définition du contenu local dans le code minier de 2015 au Burkina Faso
qui définit le concept comme « l'ensemble des activités
portant sur le développement des capacités locales, l'utilisation
des ressources humaines et matérielles locales, le transfert de
technologies, la sous-traitance des entreprises, des services et produits
locaux, le capital des nationaux et la création de valeurs
additionnelles mesurables à l'économie locale ».
III-1 L'émergence du contenu local
Le concept de contenu local, né en Grande Bretagne dans
les années 1970, s'est développé dans l'ensemble des
industries pétrolières, selon plusieurs auteurs. On note aussi
que son émergence est liée à l'évolution du
rôle des entreprises au sein des sociétés. En effet, au
cours du XXe siècle, les bénéficiaires de la valeur
créée par les entreprises ont évolué - passage des
propriétaires aux clients puis aux actionnaires -(Poissonnier, 2013). A
partir des années 2000, les firmes vont commencer à prendre en
compte les critères environnementaux, éthiques et sociaux dans
leurs actions. Ainsi le critère de la performance de l'entreprise n'est
plus uniquement financier ; l'entreprise est vue comme une structure
économique et sociale travaillant de manière organisée
pour fournir des biens et des services dans un environnement concurrentiel
(Dernis, 2019). C'est dans la même lancée que Schindler (2009)
décrit l'entreprise comme un système sociotechnique. Le terme
sociotechnique se réfère à l'interdépendance des
aspects sociaux et techniques d'une organisation ou de la société
dans son ensemble. Dans le même sens, les entreprises extractives
prennent conscience que pour faciliter leur installation dans les pays
hôtes, il leur faut s'aligner sur les besoins à long terme des
différentes parties prenantes locales. C'est ce que certains
économistes appellent la « licence sociale d'opérer
».
III-2 La chaine de valeur
Le concept anglophone de « value-chain »
qui veut dire « chaine de de valeur » en français a
été introduit dans les années 80 par Michael Porter, un
professeur de l'Université Harvard aux Etats-
14
Unis d'Amérique. Le concept est lié à
l'analyse des avantages compétitifs des entreprises. Selon Porter
(1985), il renvoie à la décomposition des étapes de
production d'une entreprise de manière à identifier les avantages
compétitifs possibles aux différents maillons de la chaine de
production. Ensign (2001) définit la chaîne de valeur comme
étant une façon de conceptualiser les activités
nécessaires afin de fournir un produit ou un service à un client.
Elle décrit la façon qu'un produit prend de la valeur tout au
long de sa progression sur le chemin du design, production, marketing,
livraison et service au client. McGuffog (1997) mentionne que l'essence
même de la gestion de la chaîne de valeur est l'amélioration
de la performance globale de l'entière chaîne à travers un
examen de chaque lien et processus avec une approche systématique afin
de voir que la vitesse globale, la certitude et l'efficience des coûts
peuvent être mises en valeur.
On comprend alors que beaucoup d'auteurs ont mené des
réflexions sur le concept. Mais dans l'ensemble, une chaine de valeur
peut être considérée comme un enchaînement des
opérations depuis l'approvisionnement en intrants spécifiques
jusqu'à la consommation finale en passant par la production, la
transformation et la commercialisation. Le processus de mise en valeur d'une
chaine de valeur fait intervenir divers acteurs (fournisseurs d'intrants
spécifiques, producteurs, prestataires de services, commerçants,
etc.) dont le rôle varie en fonction des maillons de la chaine. Il s'agit
d'un modèle économique qui combine le choix d'un produit final
des technologies appropriées avec l'organisation des acteurs et de leur
accès aux marchés.
Le schéma N°1 ci-dessous, représente la
chaîne de valeur ajoutée du cycle minier montrant la nature et la
chronologie des transactions possibles dans les phases de l'exploitation de la
mine. Celle-ci comprend les opérations allant de l'extraction du minerai
à la vente en passant par la transformation et le marketing. A chaque
étape du cycle minier correspond des opportunités liées
à la fourniture de biens et de services.
15
Figure 1: la Chaîne de valeur du cycle
minier
Source : Direction générale de la
promotion et de l'économie minières (DGPEM) III-3 Le
contenu économique
L'un des concepts inhérents au principe de contenu
local est le principe du « contenu économique »14.
Il fait référence aux intrants du projet dont les liens
verticaux, horizontaux et autres liens économiques, qui constituent
ensemble la valeur économique qu'une politique de contenu local est
censée produire. En effet, il s'agit pour les décideurs
politiques d'énoncer clairement les résultats économiques,
qui sont en mesure d'harmoniser les domaines prioritaires de la politique avec
les objectifs de développement à long terme. Le processus de
définition du contenu économique pose aussi les bases pour la
mise en oeuvre, le suivi de la performance et l'identification des lacunes
concernant les capacités en vue de bénéficier des
avantages définis dans les concepts de « local » et de «
contenu économique ». Aussi, la capacité de transformation
industrielle apparait-il donc, importante dans l'exploitation des chaînes
de valeur en tant que processus permettant d'ajouter considérablement de
la valeur à la ressource.
14 Guide pas à pas du CARN pour
l'élaboration et la mise en oeuvre de politiques de contenu local,
juillet 2016
16
Les pays comme la Chine, le Mexique, et la Corée qui
participent aux chaînes de valeur, en tant qu'importateurs d'intrants
étrangers et exportateurs de biens et services intermédiaires,
ont favorisé les activités de transformation industrielle
à travers des réformes de politiques économiques
nationales engagées par ces derniers pour créer des conditions
économiques favorables15. Partant de là, on comprend
pourquoi le Burkina Faso après les indépendances avait aussi
manifesté une volonté politique de développer son tissu
industriel, à travers des programmes de développement dans le but
de favoriser la transformation industrielle des produits locaux toute chose qui
favoriserait une bonne exploitation des chaînes de valeur. Mais on
observe que le pays a toujours une économie très peu
diversifiée et participe aux chaînes de valeur mondiales pour
l'essentiel à travers l'exportation de ses matières
premières brutes en tant que biens intermédiaires pour d'autres
pays.
Le Burkina Faso, malgré qu'il dispose des ressources
à valoriser se retrouve confronté à des problèmes
transversaux qui entravent le développement de son secteur industriel
indispensable à une bonne exploitation des chaînes de
valeur16. Les insuffisances des réformes en termes de
contribution du secteur extractif au développement et la pression de la
société civile, vont conduire les gouvernants de plusieurs pays
africains à aller vers une approche plus globale de la question des
bénéfices tirés de l'exploitation des ressources. Et
à partir de 2005, la résurgence du « nationalisme des
ressources » viendra accroître la pression imposée aux
multinationales du secteur et aux institutions internationales de financement
et d'aide au développement17.
III-4 L'approvisionnement local
La définition de la Banque Mondiale concernant
l'expression « choix pour la préférence nationale » est
fonction du pourcentage de propriété locale de l'entreprise. La
Banque Africaine de Développement définit, quant à elle,
l'expression « entreprise locale » en fonction de son lieu
d'immatriculation au registre du commerce. Pour les sociétés il
s'agit de considérer si la majorité
15 Organisation de Coopération et de
Développement Économique (OCDE), Économies
interconnectées : Comment tirer parti des chaînes de valeur
mondiales, op.cit., pp. 14-15.
16 Chambre de Commerce et de l'Industrie et de
l'Artisanat du Burkina Faso (CCIA-BF), Note de présentation du symposium
sur l'industrie, op. cit., pp. 26-30
17 Maréchal Louis, « Le secteur minier
est-il porteur de développement en Afrique ? », Politique
étrangère, 2013/2 (Eté), p. 85-98. DOI :
10.3917/pe.132.0085. URL :
https://www.cairn.info/revue-politique-etrangere-2013-2-page-85.htm
17
des membres du Conseil d'Administration sont ou non des
nationaux, et de prendre en compte le niveau d'actions détenues par ces
nationaux.
Selon la définition de l'UEMOA et de la CEDEAO, les
règles d'origine qui définissent « les produits originaux
» en vue de l'application du régime douanier communautaire
préférentiel sont les suivantes :
- Pour les marchandises non transformées (par exemple :
les produits animaliers, végétaux et minerais) et les produits
faits à la main il n'est pas besoin de certificat d'origine.
- Pour les produits qui ont été suffisamment
travaillés ou traités (par exemple : les produits industriels) et
qui sont accompagnés d'un certificat d'origine délivré par
des autorités nationales reconnues, l'origine communautaire est
conférée selon un certain nombre de critères.
IV. Le Développement économique
Le développement, est un concept polysémique du
fait qu'il évoque des principes à la fois théoriques
(Latouche, 1997)18 et idéologiques (Rist, 1996). De ce fait,
il est difficile de formuler une définition conceptuelle du
développement qui ferait consensus. Il faut noter également que
le concept a beaucoup évolué, étant donné qu'il a
toujours contribué aux changements opérés dans les
sociétés. En dépit de la polysémie conceptuelle, le
facteur humain demeure le fil conducteur dans toute tentative de
catégorisation et de conceptualisation de la notion de
développement parce que ce sont les Hommes qui sont les vecteurs du
développement (Kamal, 2012)19. Partant de ce postulat, le
développement peut être appréhendé comme un
phénomène de croissance économique qui entraîne des
modifications de structures. Ainsi, le concept de développement apparait
plus englobant que celui de la croissance en ce sens qu'il implique ce dernier,
mais au-delà met l'accent sur la satisfaction des besoins fondamentaux,
la réduction des inégalités, du chômage et de la
pauvreté. Le développement ne peut s'opérer sans
croissance, mais « une croissance sans développement est
envisageable »20. Pour François Perroux, « la
croissance est l'augmentation soutenue pendant une ou plusieurs périodes
longues d'un indicateur de dimension : pour une nation,
18 Serge Latouche : Le développement, une
imposture durable
19 KAMAL EL-BA TAL : la gouvernance synergique :
une stratégie de développement local cas des municipalités
régionales de comté québécoises
20 Bernard Conte : le concept de
développement
18
le produit global net en termes réels ». La
croissance se réduit à la mise en oeuvre de facteurs physiques
tels que le travail, le capital ou encore le progrès technique.
Pourtant, le changement est plus général, les mentalités
et fondements de la société ont évolué. Le concept
de croissance exprime l'accroissement de la production réelle dans le
cadre d'un secteur productif alors que celui de développement contient
l'idée de croissance mais il la dépasse car il se
réfère à l'accroissement d'un ensemble de structures
complexes21.
Latouche (1997) estime qu'il est certain que le
développement réellement existant, celui qui domine la
planète depuis deux siècles, engendre les problèmes
sociaux actuels: exclusion, surpopulation, pauvreté, etc. « En
accolant l'adjectif social ou durable au concept de développement, il
est non moins certain qu'il ne s'agit pas vraiment de remettre en question le
développement, tout au plus songe-t-on à joindre un volet social
à la croissance économique, comme on a pu naguère lui
ajouter une dimension culturelle et plus récemment une composante
écologique avec le développement durable » (P.10).
Ainsi, il soutient que le développement social, le développement
durable et le développement humain ne sont que les
dernières-nées d'une longue suite d'innovations conceptuelles
visant à faire entrer une part de rêve dans la dure
réalité de la croissance économique.
Selon Rist (1996), le mot « développement
», s'est progressivement imposé dans le langage ordinaire,
pour désigner tantôt un état, tantôt un processus,
connotés l'un et l'autre par les notions de bien-être, de
progrès, de justice sociale, de croissance économique,
d'épanouissement personnel, voire d'équilibre
écologique22.
La commission Sud (1990) propose la définition suivante
: le développement est un processus qui permet aux êtres humains
de développer leur personnalité, de prendre confiance en
eux-mêmes et de mener une existence digne et épanouie. C'est un
processus qui libère les populations de la peur du besoin et de
l'exploitation et qui fait reculer l'oppression politique, économique et
sociale. C'est par le développement que l'indépendance politique
acquiert son sens véritable. Il se présente
21 Celso Furtado, Théorie du
développement économique, Paris, PUF, 1976, p. 16).
22 Rist, G. (1996). Le développement.
Histoire d'une croyance occidentale. Paris : Presses de la Fondation nationale
des sciences politiques, 19-46 -- ISBN : 2-7246- 0694-9 - 427 pages
19
comme un processus de croissance, un mouvement qui trouve sa
source première dans la société qui est elle-même en
train d'évoluer23.
Le PNUD (1991) affirme que le principal objectif du
développement humain est d'élargir la gamme des choix offerts
à la population, qui permettent de rendre le développement plus
démocratique et plus participatif. Ces choix doivent comprendre des
possibilités d'accéder au revenu et à l'emploi, à
l'éducation et aux soins de santé, et à un environnement
propre ne présentant pas de danger. L'individu doit également
avoir la possibilité de participer pleinement aux décisions de la
communauté et jouir des libertés humaines, économiques et
politiques24.
Selon Robineau (1985) en tant que tel, le problème du
développement n'a été posé en termes scientifiques
qu'assez récemment, mais sous les termes de « croissance
», « changement social », « évolution
économique et sociale », il avait été
déjà posé implicitement il y a fort
longtemps25. Dans la littérature, il ressort qu'avant le
terme développement, plusieurs notions ont été
utilisées pour décrire les processus destinés à
accroître le bien-être de l'humanité.
IV-1 La dimension politique du développement
Le développement implique une politique
systématique et cohérente de l'Etat dans le but de promouvoir le
progrès économique et social d'un peuple. Le contenu du concept
ne saurait alors en aucun cas se dissocier des impacts produits par
l'intervention des pouvoirs publics dans le processus de
développement26 . Ainsi, la dimension politique du
développement se focalise autour du rôle de l'Etat dans le
processus du développement. Legouté (2001) estime que même
si les forces du marché et la sphère privée ont toujours
été considérées comme les éléments
dominants du développement, toujours est-il qu'il reviendra à
l'État d'assumer le rôle de stimuler et de réguler la
croissance afin d'atténuer ou de corriger certains effets sociaux
négatifs le plus souvent
23 Défis au Sud, rapport de la commission
Sud, Paris, Économica, 1990, p. 10-11. Le rapport de la commission Sud,
a été rédigé sous l'autorité de l'ancien
président tanzanien Julius Nyerere. Il est censé
synthétiser les aspirations et les politiques des pays « en
développement ».
24 PNUD, Rapport mondial sur le développement
humain, 1991, Paris, Économica, 1991, p. 1.
25 Robineau Claude. La notion de
développement. In: Bulletin de l'Association française des
anthropologues, n°20, Juin 1985. Recherche et/ou développement. pp.
25-31
26 Jean Ronald Legouté, Définir le
développement : historique et dimension d'un concept plurivoque, art.
Cit. p.22.
20
déstabilisateurs. C'est dans le même sens que
Boutaud et Deblock (1990) rappellent que l'application des politiques de
développement dépend de la stabilité politique et
sociale27.
Au regard de ce qui précède, nous pouvons dire
que le concept développement comporte, à travers le rôle
qu'il assigne à l'État, une dimension politique qui doit
être prise en compte dans la suite de notre démarche.
IV-2 Le développement durable
Le développement est défini comme « la
combinaison des changements mentaux et sociaux d'une population qui la rendent
apte à faire croître, cumulativement et durablement son produit
réel global. Les sociétés occidentales elles-mêmes,
et leurs parties constituantes, sont, à cet égard,
inégales quant aux niveaux atteints et quant aux ressorts du
développement. Les sociétés dont les économies sont
dites sous-développées par les publications officielles des
organisations internationales, représentent un cas extrême »
(Perroux, 1969, p. 191).
Le développement durable peut se définir comme
le fait de léguer aux générations futures une base
productive qui leur assure un potentiel de développement au moins
égal au notre (Dasgupta et Mäler, 2001). D'un point de vue
économique, on peut donner deux sens à la notion de
durabilité. La question cruciale est de savoir si le capital naturel
doit bénéficier d'une protection spéciale, ou s'il peut
être substitué par d'autres formes de capital, principalement du
capital manufacturé ( Cantuarias-Villessuzanne 2012). C'est le choix
entre durabilité faible et durabilité forte (Dietz et Neumayer,
2007). Les ressources minières étant par essence non
renouvelables, le concept de durabilité forte se révèle
d'application difficile. Selon Ludwig (1993), le concept de durabilité
fût utilisé par le scientifique allemand Faustmann dès 1849
pour calculer la période de rotation des forêts en vue de
maximiser les bénéfices tout en assurant une production durable.
Cette application biologique des récoltes durables a été
étroitement liée au concept économique de production
durable.
27 Daniel BOUTAUD et Christian DEBLOCK. Ajustement
structurel et choix de développement, Montréal,
GRÉTSÉ, mars 1990, 38p.
Le développement durable est défini comme un
moyen de satisfaire les besoins fondamentaux des êtres humains tout en
préservant les processus écologiques essentiels et les
systèmes d'entretien de la vie, de préserver la diversité
génétique et de garantir l'utilisation durable des espèces
et des écosystèmes (UICN, 1980)28. Il suppose la prise
en compte des impacts environnementaux et sociaux liés à
l'extraction. Dans le cas du secteur minier, il demande soit de ne pas utiliser
le stock du capital minier, soit de donner une compensation aux
générations futures qui ne pourront plus exploiter les ressources
minières (Cantuarias-Villessuzanne, 2012).
L'extraction minière et le traitement des
minéraux peuvent générer différents types
d'externalités négatives, dont la pollution de l'environnement,
la saturation des services publics, une pression sur d'autres ressources
naturelles limitées et la dislocation du tissu social, ce qui peut avoir
des répercussions sur le niveau de bien-être dans la
communauté locale. La pollution de l'environnement peut avoir une
incidence négative sur la santé et c'est une préoccupation
majeure, notamment en ce qui concerne l'exploitation aurifère.
21
28 L'Union mondiale pour la Nature (UICN),
UICN/PNUE/WWF, 1980. Stratégie mondiale de la conservation : la
conservation des ressources vivantes au service du développement
durable
22
CHAPITRE II : CADRE THEORIQUE
La revue de littérature à travers des
théories permet d'apporter certains éclairages pour
décrire et comprendre des liens entre des concepts. Ce chapitre traite
de quelques postulats théoriques en relation avec le contenu local de
façon générale et plus précisément dans le
secteur minier. Le cadre théorique de notre étude se reposera
alors sur la théorie de « la malédiction des ressources
naturelles » développée par un certain nombre d'auteurs et
sur les politiques de contenu local et leur mécanisme de mise en oeuvre
par certains Etats notamment au Burkina Faso.
I. La malédiction des ressources
naturelles
L'Afrique connaît un boom du secteur extractif depuis
les alentours de l'an 2000. La nette progression des prix des matières
premières a eu pour conséquence de fortement stimuler la
production de matières extractives et d'accroître
l'intérêt des investisseurs pour les ressources naturelles
abondantes de la région, dominées entre autres par les
hydrocarbures que sont le pétrole et le gaz naturel et les
minéraux que sont l'or, les diamants, le cuivre et le minerai de fer
(Banque mondiale et AFD, 1997). Devarajan et Fengler (2013) concluent que
l'extraction de ressources naturelles constitue une activité
économique importante dans plusieurs pays du monde et plus
précisément en Afrique.
Si ce boom des ressources naturelles a porté la
croissance dans certains pays producteurs de matières premières
de la région, la question de l'amélioration du niveau de vie des
populations se pose dans plusieurs autres pays. En effet, les processus de
libéralisation commencés au cours des années 1980 dans le
cadre des ajustements structurels ont favorisé la mobilité des
capitaux vers les secteurs miniers des pays du Sud. Au départ, l'accent
était mis sur l'attractivité avec des codes miniers comportant
une fiscalité avantageuse sans que les conditions ne soient
réunies pour que les pays d'accueil de ces investissements directs
étrangers (IDE) puissent tirer parti de ces ressources.
Conséquence, l'exploitation minière dans les pays du Sud a
souvent été marquée par ce qui est appelé la
« malédiction des ressources naturelles » autrement
dit, des effets négatifs sur la croissance et des conflits armés,
indiquent plusieurs auteurs.
23
Daron et Robinson (1992) estiment que les pays africains, en
particulier ceux qui sont riches en ressources, deviennent souvent les victimes
de ce que ce qu'ils ont appelé les « institutions extractives
», organisations dont les politiques et les pratiques visent à
accaparer la richesse et les ressources d'une société pour le
compte d'une élite restreinte, mais politiquement puissante. Dans les
faits, ce phénomène se traduit en particulier par des
inégalités stupéfiantes dont les effets sont souvent
masqués par des statistiques de croissance positives, expliquent les
auteurs. Ferguson (2005) soutient que l'histoire économique a
démontré que plusieurs États dotés d'abondantes
ressources naturelles ont connu des difficultés à transformer
cette abondance en opportunité de développement, un
phénomène qualifié de « malédiction des
ressources naturelles » ou « resource curse » en anglais.
Cette théorie a été étayée dans les
années 1990, par les économistes Sachs et Warner.
Ces deux points de vue reflètent tout au moins une
réalité plus complexe qui les transcende et qui doit être
appréhendée. En effet, plusieurs arguments, basés sur des
évidences empiriques et théoriques, ont été
développés pour expliquer l'hypothèse de la
malédiction des ressources. Parmi ces postulats, nous pouvons citer: la
volatilité du prix des matières premières (Moradbeigi et
Law 2016) ; l'existence d'institutions oligarchiques, autocratiques ou
dictatoriales (Soysa 2002), un épuisement rapide et non soutenable des
ressources (Bhattacharyya et Collier 2014); l'émergence de guerres
civiles (Collier et Hoeffler 2000), une expansion cyclique du secteur des biens
non échangeables via l'existence du syndrome hollandais29
(Papyrakis et Raveh 2014); l'existence des rentes minières (Auty et
Furlonge 2019) ou la captation de rente (Boucekkine et Bouklia-Hassane
2011).
I-1 Le « Syndrome hollandais »
Dans la littérature économique, l'explication de
la malédiction des ressources s'appuie largement sur le «
Syndrome hollandais », qui fait référence à
deux effets majeurs consécutifs à un boom des ressources :
premièrement, la hausse de la valeur réelle de la monnaie
provoquée par une forte augmentation des exportations de produits de
base; deuxièmement, la tendance pour un secteur de
29 Le Syndrome hollandais ou mal hollandais (en
anglais Dutch Disease), terme utilisé pour la première fois par
The Economist en 1977. URL :
economist.com/the-economist-explains/2014/11/05/what-dutchdisease-is-and-why-its-bad
24
ressources en plein essor à détourner le capital
et la main-d'oeuvre loin des activités manufacturières agricoles,
augmentant ainsi le coût de production dans ces secteurs et les rendant
moins compétitifs (Papyrakis et Raveh, 2014). L'impact le plus
néfaste du « Syndrome hollandais » est la
désindustrialisation car la surévaluation de la monnaie expose
l'économie au risque d'une réduction significative des
activités industrielles en dehors du secteur des ressources
minières (Palma, 2014). El Kadi (2020) soutien que cela ne réduit
pas seulement la compétitivité dans le secteur manufacturier,
mais rend également la transformation structurelle, c'est-à-dire
le mouvement d'activités à faible productivité
économique vers des activités à haute productivité,
moins rentable et donc moins susceptible de se réaliser.
Certains auteurs lient la théorie de la
malédiction des ressources à la mauvaise gouvernance. C'est le
cas pour les Etats faibles où diverses factions luttent pour s'accaparer
les ressources. Un phénomène appelé la «
captation de la rente » qui peut aller jusqu'à la guerre
civile. Mais il s'agit aussi d'une mauvaise gestion, principalement due aux
mécanismes de l'économie rentière : corruption, absence de
stratégies économiques de long-terme (Boucekkine, 2019).
Mahdavy (1970) évoque la théorie de
l'état rentier pour tenter de donner des explications politiques sur le
manque de diversification des exportations dans les pays riches en ressources.
Selon cette théorie, lorsque les gouvernements tirent une part
substantielle de leurs recettes nationales de rentes, ils sont
libérés de la nécessité de prélever des
taxes et deviennent ainsi plus autonomes vis-à-vis de la
société. Les élites dirigeantes des États rentiers
sont peu disposées à développer un secteur national
productif car la légitimité politique de ces États repose
sur une répartition ininterrompue des rentes et non sur la performance
macroéconomique globale (Moor, 2004). Selon les tenants de cette
théorie, des niveaux élevés de ressources naturelles
produisent des résultats institutionnels spécifiques.
Premièrement, en raison de leurs niveaux d'autonomie
élevés, les États rentiers risquent de négliger les
préférences de leur population, d'empêcher
l'émergence de groupes sociaux indépendants et de se transformer
en systèmes politiques autoritaires (Ross, 2004). Deuxièmement,
les ressources rentières réduisent le besoin de taxation et ce
faisant, la capacité d'extraction de l'État. Il en résulte
un manque d'informations de la part du gouvernement qui entrave la formulation
de stratégies judicieuses de diversification et de sophistication de
l'économie. Troisièmement, la centralisation du pouvoir par le
gouvernement, ajoutée à la nature distributive de
l'économie, donne naissance à une bureaucratie
démesurée et extrêmement
25
inefficace (Lowi, 2009). De plus, les rentes
extérieures élevées alimentent les pratiques
néo-patrimoniales et la corruption car elles incitent davantage les
individus à entrer en compétition pour « capturer »
sur l'État (Bates ,1988, Van de Walle 2001).
Pour Collier et Hoeffler (2000), dans les pays à
croissance économique et à revenu par habitant faibles, la
présence de ressources naturelles augmente le risque de conflits
armés. Les auteurs soulignent que du fait de la disponibilité des
financements qu'elles entraînent, les ressources naturelles rendent un
conflit armé probable et rentable : une large partie est
appropriée par les vainqueurs et des agents qui sont dans une situation
de privation se structureraient en rébellion pour accéder ou
contrôler les ressources naturelles.
Ces études révèlent que la perception des
revenus miniers ne s'accompagne pas forcement des effets escomptés. Les
pays comme la Sierra Leone, la Zambie et la République
démocratique du Congo (RDC) en sont des exemples éloquents. Dans
les États à faible démocratie, l'élite politique
s'approprie souvent la gestion du secteur minier et tire profit de ses revenus
au détriment du reste de la population. En outre, il est fréquent
que cet état de fait aboutisse à une mauvaise affectation de ces
revenus. La Banque mondiale et AFD, (1997) révèlent que les
indicateurs non monétaires de bien-être sont, après
neutralisation de l'effet du revenu par habitant, significativement plus
faibles dans les pays riches en ressources, tels que l'Angola, le Gabon, le
Mozambique et le Nigeria.
I-2 La « malédiction du leadership et de la
gouvernance »
Ramdoo (2019) souligne que le statut de producteurs de
matières premières critiques de certains pays leurs donne un
pouvoir non-négligeable pour définir les règles du jeu.
Car ces pays peuvent faire valoir leur souveraineté sur les ressources
en conservant des parts importantes dans la participation dans les concessions
accordées aux investisseurs privés et en ayant un contrôle
sur les rentes. Toutefois, leur point faible demeure dans la capacité de
maitriser la chaine de valeur en aval et en particulier, les filières
industrielles car les matières premières n'ont une valeur
stratégique uniquement quand elles sont transformées en biens de
consommation. Mapon et Tsasa (2019) note par exemple que les principales
ressources pour le Seychelles sont la noix de coco, la cannelle, le poisson,
les porcs, le sel et le fer. Pour la Gambie, ce sont le millet, les arachides,
le poisson et les bovins. Ces deux pays ne recèlent donc pas de
minéraux importants ou d'autres ressources
26
naturelles. En sus, leurs bases agricoles respectives sont
très limitées. Mais, entre 1960 et 2018, le revenu national brut
par tête a été, en moyenne, près de vingt fois plus
élevé au Seychelles (10 200 USD) qu'en Gambie (514 USD),
expliquent les auteurs. De même, les minerais et autres ressources
naturelles au Japon et au Népal sont très limités.
Cependant, entre 1960 et 2018, le RNB par tête a
été, en moyenne, près de soixante fois plus
élevé au Japon (36 611 USD) qu'au Népal (606 USD).
Parallèlement, certains pays comme le Botswana
constituent un contre-exemple édifiant à la malédiction
des ressources naturelles. C'est la troisième réserve mondiale de
diamant de la planète, et il a le taux de croissance du P11B le plus
élevé de la dernière décennie soit 5,4% en 2014
(Boucekkine, 2019). L'auteur part du postulat qu'une mauvaise gouvernance est
la principale cause de la « malédiction des ressources
naturelles ». Pourtant le Botswana, comme la Zambie, sont deux pays
qui n'ont pas connu de guerre civile ni de dictature. Mais la croissance de la
Zambie est loin derrière celle du Botswana. Ce dernier tire ses revenus
du diamant et l'autre, du cuivre. Si les cours du cuivre sont plus volatiles,
c'est surtout la structure politique qui importe. Alors qu'en Zambie, le parti
au pouvoir dispose d'un faible contrôle, le contraignant aux pratiques de
clientélisme, le Botsawana se caractérise par des institutions
fortes qui assurent l'application des politiques de développement
votées.
La République Démocratique du Congo (RDC) est le
deuxième plus grand pays d'Afrique après l'Algérie avec un
sous-sol regorgeant de matières premières importantes : 50% du
cobalt mondial, 60% du coltan mondial, quatrième réserve de
diamant, une biodiversité incroyable, des forêts, parcs,
réserve d'eau.... Or les conditions de vie sont déplorables avec
80% des habitants vivant avec moins d'un dollar par jour (Boucekkine, 2019). En
RDC, le Sud-Kivu est une des régions qui subit le plus cette
malédiction des ressources naturelles. Le coltan étant
indispensable à la fabrication de nouvelles technologies ou encore
d'équipements aéronautiques, la région est devenue un
vivier d'un commerce que les grandes firmes internationales s'arrachent.
L'Algérie possède un important gisement de
pétrole, de gaz et un sous-sol plein de minerais divers et
variés. La situation du pays est différente de celle que
connaît la RDC. L'Algérie ne fait pas face au délitement de
l'État ni à des conflits fonciers. Son P11B et ses exportations
sont fortement dépendants du secteur des hydrocarbures. Le pays tire 95%
de ses revenus de l'exportation.
27
Ce contraste entre la RDC et l'Algérie montre que la
question de la gouvernance occupe une large place dans la gestion de ces
ressources et qu'elle détermine l'avenir économique des pays.
Mapon et Tsasa (2019) soutiennent que la malédiction des ressources
n'est pas une évidence empirique absolue, mais apparait davantage comme
une hypothèse, dont la validité théorique et empirique est
à la fois relative et conditionnelle, plutôt qu'une règle
inéluctable. Ils estiment que la malédiction des ressources n'est
pas absolue et est plutôt la résultante d'autres
malédictions, principalement la « malédiction des
institutions », et plus spécifiquement la «
malédiction du leadership et de la gouvernance ».
II. La relation entre secteur minier industriel et
développement économique
Le lien entre l'exploitation minière et les
problématiques de développement local relève de ce que
cette activité se déroule aussi souvent dans les milieux de vie
des populations sans que celles-ci n'en soient les bénéficiaires.
Dès lors, il devient important pour nous de tenter de faire ressortir
les différents rapports qui peuvent exister entre l'extraction
minière et le développement des communautés locales.
II-1 Une relation discutable et ambiguë
Frankel (2012) souligne que l'abondance des matières
premières n'entraîne pas forcément un développement
économique ou politique inférieur, mais qu'elle est perçue
comme une épée à double tranchant, avec à la fois
des avantages et des risques. Pour Bebbington et al. (2008), la relation entre
le secteur minier industriel et le développement est « discutable
et ambiguë : discutable parce que non seulement les impacts sont toujours
négatifs sur l'environnement et sur l'économie de la
majorité des populations, mais il n'a aussi procuré un gain
considérable qu'à une minorité ; ambiguë parce qu'on
n'est pas certains des effets durables ». Ces auteurs estiment que la
perception des revenus miniers ne s'accompagne pas forcement des effets
escomptés. Les pays comme la Sierra Leone, la Zambie et la
République démocratique du Congo (RDC) en sont des exemples
éloquents. Les auteurs soutiennent que dans les États à
faible démocratie, l'élite politique s'approprie souvent la
gestion du secteur minier et tire profit de ses revenus au détriment du
reste
28
de la population. En outre, poursuivent-ils, il est
fréquent que cet état de fait aboutisse à une mauvaise
affectation de ces revenus.
C'est dans le même sens qu'Auty (1993) pense que la
principale difficulté est que les revenus issus des ressources
naturelles ont tendance à remplacer des revenus plus stables, ce qui
rend ces pays très dépendants des exportations de leurs
ressources. Pourtant, cette littérature sera remise en cause par une
autre plus optimiste qui estime que les investissements étrangers dans
le secteur minier peuvent avoir un effet positif sur le développement
local en créant des effets d'entraînement.
En effet, depuis les années 1990, on assiste à
un développement important du secteur minier en Afrique de l'Ouest, sous
l'impulsion d'une part, de politiques minières nationales attractives et
d'autre part d'un fort investissement du secteur privé étranger.
Ce développement voulu et encadré par les institutions
internationales, a permis l'ouverture d'un nombre important d'exploitations
minières et pétrolières et se traduit par un poids
important dans le Produit intérieur brut (PIB) et les recettes
d'exportation. Le secteur minier fut identifié dans un rapport de la
Banque mondiale en 1992 comme un secteur clé pour assurer la relance
économique (Campbell, 2008).
L'exploitation minière est un moteur économique
pour l'Afrique de l'Ouest qui produit environ 9% des approvisionnements
mondiaux de bauxite, et 8% de l'or mondial (Banque mondiale, 2012). Certains
gouvernements ont été capables de trouver des moyens de
réduire les conséquences économiques négatives
concernant l'extraction des ressources (Mailey, 2015). Par exemple, la
Norvège, qui produit en gros la même quantité de
pétrole que le Nigéria et l'Australie, est parvenue à
établir un système de correspondance solide entre les industries
extractives et l'économie dans son ensemble. Mailey (2015) souligne que
le Botswana, riche en diamants, qui a connu un fort taux de croissance
économique par habitant, pendant les quarante ans qui ont suivi son
indépendance, est parvenu à éviter d'être la victime
du sort que cette extraction de diamants a apporté au Sierra
Léone et ailleurs.
Pour y arriver, Gereffi, Humphrey et Sturgeon, (2005),
proposent une approche de « chaînes de valeur ». Elle
permet d'étudier comment les entreprises locales peuvent le mieux
s'intégrer tout au long de la chaîne, et capter une plus grande
partie de la valeur ajoutée. Ces auteurs sont rejoints par Morris,
Kaplinsky et Kaplan (2012) qui ont démontré qu'il existe des
possibilités inexploitées de
promotion du développement industriel grâce au
développement des liens - effets d'entraînement-à partir de
l'industrie minière.
II-2 L'intégration du secteur extractif dans les
économies nationales
La contribution du secteur minier aux économies des
pays hôtes doit aller au-delà des apports fiscaux et s'orienter
vers l'établissement des liens de production en amont et en aval. Les
liens en amont renvoient aux équipements et services des projets
miniers, pétroliers et gaziers acquis à l'économie
nationale, tels que la sécurité, les vêtements et les
denrées alimentaires, ainsi que des articles à forte valeur
ajoutée. Cette relation en amont comprend également la
sous-traitance, les contrats avec les fournisseurs et peut créer des
emplois30.
Quant aux liens en aval, ils sont créés en
donnant une valeur ajoutée à la matière qui est extraite
par l'industrie, à travers la transformation et le raffinage, en vue de
produire localement des produits finis, au lieu de l'exporter à
l'état brut. A cela s'ajoutent les liens de consommation, qui
résultent du fait que les entreprises minières et leurs
sous-traitances paient des salaires, qui sont (partiellement)
dépensés au niveau local. Comme l'indique le schéma
N°2 ci-dessous, la contribution réelle des mines aux
économies nationales passe d'une part, par la promotion de la fourniture
locale des biens et services aux mines et d'autre part, par une
intégration du secteur extractif dans les économies
conformément aux recommandations de la « vision africaine des
mines à l'horizon 2050 ».
29
30 Le contenu local dans le secteur minier en RDC :
pour quel résultat ? Fridolin Kimonge
Figure 2: Lien entre projets miniers et
développement économique
Fournisseurs/Sous- traitants
- Participation aux appels d'offres
- Tranfert de savoirs
société donneuse d'ordre
- Respect des normes et qualité
- Reduction des délais
Projet opérations minières
Pays Hôte
- Création de richesses
- Transfert de technologie
Communauté locale
- Developpement de l'emploi locale
- Developpement du tissu économique local
30
Source : vision africaine des mines à
l'horizon 2050
Cette figure fait ressortir que les entreprises
opératrices font du contenu local en participant au renforcement des
capacités des ressources humaines et des entreprises locales. Elles
contribuent aussi à l'évolution des infrastructures des
entreprises locales (amélioration des capacités industrielles,
transfert de technologie etc.). Elles mettent en oeuvre une stratégie
contractuelle visant à développer la sous-traitance locale.
Au regard de ce qui précède, nous pouvons
affirmer que même si la « malédiction des ressources
naturelles » est une réalité, certains pays ont pu la
surmonter en mettant en place d'institutions de contrôle interne
compétentes et transparentes et des politiques inclusifs. Il devient
impératif pour les gouvernants d'élaborer des approches
efficientes pour maximiser les liens avec le reste de l'économie, afin
de récolter les récompenses de la bonne gestion de l'extraction
des ressources. Pour ce faire, les parties prenantes concernées doivent
exploiter tout l'éventail de liens disponibles au sein de
l'économie d'une façon qui soit fortement intégrée
aux efforts nationaux d'ensemble pour réaliser un développement
économique durable. Cela implique que le gouvernement et le
31
secteur privé jouent un rôle actif. La figure
N°3 ci-dessous illustre les liens typiques pouvant être
exploités afin de maximiser les retombées des ressources
naturelles. Il s'agit des :
- éléments fiscaux : capture des rentes de
ressources naturelles et leur utilisation stratégique ; - liens spatiaux
fournis par l'infrastructure (ou d'infrastructure) : infrastructures
essentielles pour permettre l'extraction des ressources ;
- liens en amont : développement d'un réseau de
fournisseurs au secteur des ressources ;
- liens en aval : utilisation des ressources pour
accroître la valeur ajoutée (par exemple : l'enrichissement) ;
- liens en matière de savoir : développement des
compétences sectorielles et innovation technologique.
Ces liens se renforcent les uns les autres par
l'intermédiaire de plusieurs interdépendances. Figure
3: liens typiques pour maximiser les retombées de l'exploitation
minière
Source : Jourdan (2012)
32
III. Les Politiques de développement du contenu
local
Les pays ayant des secteurs pétrolier, gazier et minier
importants ou émergents cherchent à faire en sorte que les
activités extractives profitent au pays et aux communautés
d'accueil situées à proximité des projets extractifs. Cela
se traduit par la conception de politiques visant à accroître le
contenu local dans les activités pétrolières,
gazières et minières.
L'objectif d'une politique de contenu local est de veiller
à ce qu'une grande partie des intrants du projet soit issue du pays
hôte sans nuire à l'aspect économique du projet ou du
secteur mis en valeur. Il s'agit de chercher à créer un effet
multiplicateur économique qui permet aux pays hôtes d'en tirer une
plus grande valeur. Toutefois, pour qu'elles soient couronnées de
succès, les initiatives de contenu local doivent se fonder sur une
politique bien conçue ainsi que sur des aspects juridiques et
institutionnels qui reconnaissent la nécessité de contributions
conjointes de la part des gouvernements hôtes, des entrepreneurs
nationaux et des investisseurs étrangers.
III-1 Réforme des cadres législatifs et
réglementaires
Au cours des années quatre-vingts (80) et
quatre-vingt-dix (90) la réforme des cadres législatifs et
réglementaires visant à instaurer une meilleure harmonisation et
à favoriser une plus grande stabilité du secteur minier en
Afrique a contribué à créer un climat plus propice aux
investissements étrangers (Campbell 2004). Des études de cas,
sélectionnées par l'auteur lui ont permis d'identifier trois
générations de codes miniers, socle des politiques de
développement de contenu local. L'auteur explique que la première
génération de codes miniers, introduite au cours des
années quatre-vingts (80), s'est traduite par un processus de
libéralisation très rapide du secteur minier africain,
accompagné d'un retrait massif et programmé de l'État de
ce domaine d'activité. Pendant les années 90, suite aux
recommandations de la Banque mondiale qui cherchait à pallier certains
problèmes engendrés par l'expérience de la décennie
précédente, un nouveau cadre de régulation des
activités minières en Afrique sera mis en place.
La deuxième génération de codes qui en
résulte selon Campbell (2004), est caractérisée par un
début de reconnaissance de la nécessité de «
re-réglementer » le secteur afin de compenser le retrait
massif de l'État. Elle conclut que la troisième
génération de codes miniers va se mettre en place à
33
la fin des années quatre- vingt-six (86) avec une
période de « re-réglementation » dans laquelle
les États locaux sont graduellement amenés à jouer un
rôle de facilitateur et de régulateur. Si dans certains pays, des
avancées ont été enregistrées en termes de
retombées au profit des populations, force est de constater que ces
codes miniers ont été décriés par des organisations
de défense des droits des citoyens.
On estime que 90 % des pays riches en ressources naturelles
ont adopté une forme de politique sur le contenu local et que
l'augmentation du contenu local est une priorité élevée
pour ces gouvernements. La plupart des pays qui adhèrent à
l'Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives (ITIE) se
sont dotés de politiques sur le contenu local ou de dispositions y
afférentes dans les lois ou les contrats. En Afrique on peut citer entre
autres, le Burkina Faso, le Cameroun, la République centrafricaine, le
Tchad, la Côte d'Ivoire, la République démocratique du
Congo, le Ghana, la Guinée, le Liberia, le Madagascar, le Malawi, le
Mali, la Mauritanie, le Mozambique, le Nigéria, la République du
Congo, Sao Tomé-et-Principe, le Sénégal, la Sierra Leone,
la Tanzanie, le Togo et la Zambie. Ces pays ont adopté
différentes définitions ou approches relativement au contenu
local, par le biais d'exigences dans les lois ou les contrats individuels, ou
sous forme de politique. Mais dans l'ensemble ces politiques et dispositions
visent généralement à promouvoir davantage d'emplois pour
la population locale, à stimuler l'économie, à faciliter
le transfert des technologies et à renforcer les compétences de
la main-d'oeuvre locale. Elles visent souvent à accroître l'emploi
et les formations à l'échelle locale au profit des
employés locaux, offrant aux entreprises nationales des
possibilités en matière de sous- traitante ou de prestation de
services dans le cadre de projets extractifs, ou en assurant
l'approvisionnement en produits locaux utilisés dans les
activités extractives (ITIE, 2018).
III-2 Redéfinition du rôle de l'Etat
Dans plusieurs pays africains, le processus actuel de
redéfinition du rôle de l'État tente d'adopter des cadres
législatifs favorables à l'investissement tout en prenant en
compte l'intérêt des populations locales. Dans la même
lancée, la commission de la Communauté économique des
Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) adopté en juin 2019 à
Abuja, au Nigéria une loi modèle de la communauté sur
l'exploitation minière et le développement des ressources
minérales qui mentionne le développement du contenu local comme
une priorité. Cette loi stipule que les Etats-
34
membres doivent mettre au point un cadre de
développement du contenu local comportant les politiques, les lois et
les activités contextualisées par rapport au Protocole de la
CEDEAO sur la libre circulation des personnes et le droit de résidence
et d'établissement et visant un niveau optimal d'implication active de
l'expertise et des biens et services locaux, des citoyens et entreprises
communautaires et du financement de l'état-membre. L'Etat-membre veille
à ce que la participation aux activités minières soit
ouverte à tous les citoyens de la Communauté et que ces
activités soient conformes aux lois de l'Etat membre et aux protocoles
appropriés de la CEDEAO. Cette loi communautaire contraste avec celles
adoptées à l'intérieur des Etats qui orientent les
avantages du contenu local exclusivement vers secteur privé national.
A cela s'ajoute, l'adoption de la Vision pour l'industrie
minière en Afrique (VIMA) par les chefs d'État lors du Sommet de
l'Union africaine (UA) de 2009. Cette vision met de l'avant un cadre global
pour l'amélioration des régimes miniers en Afrique dont
l'objectif est de créer un équilibre entre les exigences en
matière de transparence et de responsabilisation et la
nécessité d'intégrer l'exploitation minière dans le
développement à long terme de l'Afrique, et ce, à
l'échelle régionale, nationale et locale. La littérature
sur les politiques de développement, révèle qu'une
stratégie d'industrialisation et de développement de l'Afrique
doit reposer sur l'utilisation des énormes ressources du continent afin
de booster un développement industriel diversifié. La vision
selon laquelle les ressources minières pourraient stimuler la
modernisation de l'Afrique transparaît dans de nombreux plans et
stratégies de développement en Afrique aux niveaux national et
régional (VMA, 2009). Parmi ces stratégies, on peut citer le Plan
d'Action de Lagos, le Programme Sectoriel Minier de la SADC, le Chapitre Minier
du NEPAD, et le Partenariat Minier Africain.
Pour éviter une « économie
enclavée » avec une croissance sans création d'emplois,
les pays riches en ressources naturelles devraient élaborer des cadres
politiques, législatifs et réglementaires qui sont non seulement
favorables à la croissance mais également propices au
développement (CNUCED, 2013). C'est dans ce sens que les politiques du
contenu local sont diverses et varient selon les visions des décideurs
comme le montre le schéma N°4 développé par la GIZ
dans son étude publié en septembre 2022 : «
développer des stratégies pour exploiter les potentiels et
surmonter les obstacles pour développer le contenu local dans secteur
des mines à l'échelle local, national et régional dans
l'union du Fleuve Mano ».
35
Figure N°4: Aperçu d'un
éventail type de politiques potentielles en matière de contenu
local
Source : GIZ septembre 2022
III-3 Le nationalisme des ressources
Selon Louis (2013), le concept de « nationalisme des
ressources » décrit la tendance d'un gouvernement à
renforcer le contrôle exercé sur les ressources naturelles
situées sur son territoire. En effet, le plus souvent de nature fiscale,
les mesures correspondantes peuvent conduire l'État à prendre une
participation élargie dans son industrie extractive nationale et
à renégocier les conventions d'exploitation. Cela s'apparente
à une politique de contrôle économique, qui n'est pas sans
rappeler la notion de patriotisme économique. Le but étant de
chercher à capter une part plus importante de la valeur ajoutée
en transformant leurs matières premières. Selon la
littérature, le « nationalisme des ressources » s'est
manifesté en même temps que s'imposait le concept d'État
« développementiste ». Ce dernier,
élaboré à partir de l'analyse de la trajectoire de
développement des pays industrialisés asiatiques, repose sur
l'idée que celle-ci a été rendue possible par des
politiques d'industrialisation mises en oeuvre en coopération entre le
pouvoir politique, le monde économique privé et l'appareil
administratif31. Dans la même logique, le huitième
forum pour le
31 CNUCED Le développement économique en
Afrique : retrouver une marge d'action. La mobilisation des ressources
intérieures et l'État développementiste
36
développement en Afrique tenu en octobre 2012 et
consacré au thème des ressources minérales, avait un
double objectif : celui de permettre le passage d'une économie de rente
à une économie industrielle plus axée sur la captation de
la valeur ajoutée et la création de liens entre les secteurs
extractifs et le tissu économique local et d'augmenter la part de la
rente extractive revenant à l'État, dans un souci d'optimisation
de la mobilisation des ressources nationales.
IV. Contenu local : enjeux et perspectives
Grossman (1981) souligne que le contenu local est une mesure
protectionniste assez ancienne ayant deux attraits principaux : créer
des emplois localement et produire localement. Trois arguments sont
généralement énoncés pour justifier l'utilisation
de ces mesures de protectionnisme (Dernis, 2019). Le premier est de voir dans
le contenu local un moyen de créer des liens avec d'autres industries.
Ici, le contenu local est vu comme un facteur de diversification de
l'économie locale. De plus, l'établissement de ces liens
crée des externalités positives. Les liens avec les
multinationales peuvent aider les entreprises locales à renforcer leur
expertise sans pour autant consentir à un coût de recherche
(Veloso, 2001).
Dernis (2019) révèle que l'autre argument de
taille réside dans le fait que les entrepreneurs locaux ont
l'opportunité de prendre part à la fourniture de biens et
services, ce qui permet de surmonter l'inconvénient de devoir lutter
face à de grandes entreprises lors d'appels d'offres. Dans le même
ordre d'idée, il convoque l'argument de « l'industrie naissante
» qui est la justification de protéger une industrie de
manière temporaire afin de rendre celle-ci compétitive (Krugman
et Obstfeld 2012). Cet argument vient du fait qu'un pays non doté des
facteurs de production et du savoir-faire technologique, mais possédant
un potentiel avantage comparatif dans cette industrie ne pourra pas faire face
à la concurrence d'autres entreprises déjà existantes et
bénéficiant déjà d'économies
d'échelle. Ainsi, un pays protégeant son industrie de la
concurrence d'industries étrangères peut permettre à
celle-ci de se développer jusqu'à ce qu'elle devienne
compétitive. Un dernier argument est à vision plus sociale.
Le contenu local favorisant l'achat de produits locaux, il
permet de compenser les impacts négatifs que subissent parfois des
parties prenantes vulnérables en périphérie de projets,
par la création d'activités et d'emplois (Hansen et al. 2014,
Tordo et al. 2013).
37
Beaucoup d'auteurs ayant travaillé sur les apports de
valeurs du contenu local préconisent la prudence alors que d'autres
à l'image de Corden (1971) comparait déjà ses effets
à celui d'une taxe.
IV-1 Des effets inverses à ceux
désirés par le décideur politique
Grossman (1981) a étudié la réallocation
des ressources induites par des exigences de contenu local. Il prend pour
hypothèse la possibilité d'approvisionnement de biens
intermédiaires à l'international ou localement. L'effet premier
du contenu local est d'augmenter la production locale en biens
intermédiaires. Néanmoins, à cause de prix plus
élevés des biens intermédiaires locaux, le prix du bien
final augmente. Avec une élasticité de la demande
négative, la quantité de biens finals vendue diminue logiquement.
Les effets du contenu local provoquent ainsi un transfert de surplus du
consommateur au producteur. Il conclut donc que les effets de mesures de
contenu local peuvent avoir des effets inverses à ceux
désirés par le décideur politique. Cela peut occasionner
des pertes sèches si les mesures sont trop contraignantes.
Davidson et al. (1985) utilisent un modèle de duopole
(une entreprise locale en concurrence avec une filiale d'une entreprise
étrangère) et étudient les effets du contenu local sur le
bien-être (surplus total), la production et l'emploi. Les auteurs
soulignent que les contraintes de contenu local ont pour effet de
réduire de façon marginale la production et le bien-être
mondial (somme des surplus des consommateurs et des entreprises locale et
étrangère). La production locale augmente, néanmoins une
perte de surplus du consommateur est effective. Les effets du contenu local
sont donc ambigus sur le bien-être du pays hôte (somme des surplus
des consommateurs et de l'entreprise du pays hôte). Imposer un contenu
local minimal peut avoir un effet positif dans une certaine mesure, selon ces
auteurs.
IV-2 La corruption comme obstacle
Stone et al. (2014) utilisent un modèle
d'équilibre général calculable dans un contexte de
production de moteurs soumis à des exigences de contenu local.
38
Ils mettent en évidence que les règles de
contenu local induisent une hausse des parts de marché des
sous-traitants locaux et une hausse des coûts intermédiaires.
Cela induit des effets négatifs sur l'économie
du pays hôte par la hausse des prix intérieurs et la chute des
exportations (perte de compétitivité-prix). Un autre argument qui
s'oppose au contenu local, c'est celui de la corruption. Selon Ross (2015), les
pays riches en ressources naturelles sont soumis au risque de corruption, et
les mesures de contenu local ont tendance à accroître celui-ci
(Hufbauer et Schott 2013). Ainsi, le risque que les fonctionnaires ou
politiciens en abusent de leur pouvoir pour en tirer un avantage personnel est
élevé. Comme le souligne Delavallade (2007), le manque de
transparence et la corruption endémique de l'État
Burkinabè jouent aussi un rôle prépondérant dans les
conflits entre communautés locales, orpailleurs et mines
industrielles.
L'attribution opaque des marchés publics à de
grandes entreprises étrangères est perçue par la
population comme largement défavorable à leurs
intérêts. C'est dans le même sens que « toutes les
formes de corruption ne sont pas efficaces. Certaines peuvent même
être à l'origine d'externalités très
négatives, notamment lorsqu'elles se combinent avec des actes
d'extorsion, c'est-à-dire à un détournement du monopole
public de la force - ou de la menace d'y recourir » (Robert, p.
191).
En tout état de cause, les firmes évoluant dans
les industries extractives peuvent voir le contenu local comme une
opportunité pour des projets nouveaux, selon Dernis (2019) qui cite deux
principales variables. La première concerne le coût : les salaires
des expatriés sont généralement élevés par
les risques et les coûts de mobilisation/démobilisation. Ainsi,
pour certains postes, malgré une qualification ou une
productivité moindre, les écarts de salaires peuvent justifier
économiquement que certains travaux soient réalisés par du
personnel local. De cette manière, le développement du contenu
local peut être perçu comme une opportunité
d'économies dans les projets (Warner, 2011). La seconde est le temps :
la possibilité de développer un fournisseur local peut permettre
d'avoir accès à certaines ressources matérielles ou
humaines de manière immédiate et ainsi réduire des
délais d'approvisionnement (Warner, 2011).
39
Conclusion de la première partie
Dans cette première partie, nous avons souhaité
clarifier certains concepts comme matières premières, industrie
extractive, développement et contenu local. Sans douter de l'importance
de toutes ces notions, nous nous sommes le plus attardés à celle
de contenu local qui est le concept central de notre étude.
Nos différentes lectures nous ont permis de comprendre
que le contenu local est une nécessité pour le
développement local lorsqu'il participe à la création de
valeur ajoutée. Les stratégies de contenu local passent par
l'embauche d'employés, la formation de la main d'oeuvre, l'ouverture de
centres de production, le recours à la formation de sous-traitants, les
transferts technologiques et de connaissances. L'objectif final étant
d'élever le niveau de vie des populations, de créer un
véritable tissu industriel local et d'augmenter les retombées
financières locales.
L'expérience internationale montre qu'un pays peut
tirer parti des investissements dans son industrie extractive pour appuyer le
développement d'industries locales d'approvisionnement et la
diversification de son économie. Cependant, il ressort que le contenu
local peut donner lieu à des comportements peu responsables, selon la
littérature. Le contenu local peut servir à alimenter les
pratiques de corruption sous le couvert de faire bénéficier les
acteurs locaux des retombées de l'exploitation des ressources.
DEUXIEME PARTIE : ETUDE EMPIRIQUE
|
40
Introduction de la deuxième partie
La deuxième partie concerne la phase pratique de notre
recherche qui porte sur le thème : « Opérationnalisation
de la stratégie nationale du contenu local dans le secteur des mines au
Burkina Faso ? ». Il s'agira pour nous d'essayer de répondre
à la question centrale : quelle approche tenir pour faciliter la mise en
oeuvre du contenu local dans le secteur des mines au Burkina Faso notamment
dans son volet fourniture locale ? Les questions spécifiques que nous
nous sommes posées sont les suivantes :
- l'adhésion des sociétés minières
et leurs sous-traitants à la stratégie facilite-t-il sa mise
en
oeuvre ?
- le faible niveau d'accès des entreprises locales
burkinabè aux informations relatives aux achats des biens et services
des compagnies minières est-t-il l'un des facteurs qui limitent leur
compétitivité ?
- les fournisseurs locaux sont-ils confrontés à
des difficultés d'accès aux financements qui expliquent leur
faible capacité à satisfaire aux besoins des
sociétés minières ?
L'objet de cette partie vise à répondre à
ces questions à travers la présentation générale du
secteur minier du Burkina Faso et l'analyse des mécanismes de mise en
oeuvre de la stratégie nationale du contenu local dans le secteur minier
notamment dans son volet fourniture locale. Ensuite nous dégagerons les
enjeux, des recommandations et des perspectives. Pour mieux cerner le sujet,
nous avons jugé utile de présenter le contexte de notre sujet.
41
CHAPITRE I : CONTEXTE ET METHODOLOGIE DE RECHERCHE
Pour toute étude scientifique il est nécessaire
d'adopter une démarche méthodologique qui convient au milieu
d'étude choisie. Ce chapitre comporte deux grands points. Le premier,
est consacré à l'objet de notre étude et le
deuxième présente le cadre méthodologique qui
évoque la démarche utilisée pour traiter le
thème.
I. Contexte de recherche
L'objectif de cette partie de notre travail est de
décrire d'une part, le secteur minier burkinabè, son
évolution et d'autre part de faire un focus sur la stratégie
nationale du contenu local dans le secteur minier au Burkina Faso.
I-1 Présentation générale du secteur
minier du Burkina Faso
Le Burkina Faso recèle d'importantes ressources
minières découvertes après plusieurs campagnes
d'exploration menées depuis le temps colonial à nos jours. Le
potentiel minier du pays est surtout lié aux sillons ou formations
birimiennes dont la superficie est supérieure à 70 000
km232.
Parmi les potentialités minières comme le montre
la figure N°5 et la figure N°6, on peut citer l'or, le zinc, le
cuivre, le manganèse, l'antimoine, les phosphates, les calcaires, les
marbres, les argiles, le fer, le kaolin, le talc, le granite, la bauxite, les
sables, etc. De cette diversité de substances minérales, on
retient que seuls l'or, les phosphates, le zinc, le manganèse, le
granite, les sables, les calcaires et les argiles font actuellement l'objet
d'exploitation au regard de l'examen des titres miniers délivrés.
Le Burkina Faso dispose d'un important potentiel minier disséminé
à travers les treize (13) régions.
32Rapport général de la commission
d'enquête parlementaire sur la gestion des titres miniers et la
responsabilité sociale des entreprises minières, septembre
2016
42
Cela constitue sans doute une opportunité de
développement pour l'économie nationale et les communautés
locales. L'état des lieux de la mise en valeur de ce potentiel minier
fait apparaitre qu'il y a un développement d'activités
d'exploitations industrielles, d'exploitations artisanales et de
commercialisation des ressources naturelles. La caractéristique
clé de l'exploitation de l'or au Burkina Faso est la tradition de
l'exploitation minière artisanale, connue localement sous le nom
d'orpaillage, qui a commencé bien avant la colonisation (Werthmann
2007).
Le ministère en charge des mines du Burkina Faso
indique que jusqu'à la fin des années 1980, les actions
prioritaires dans le domaine minier avaient pour objectif essentiel,
l'approfondissement des connaissances sur le potentiel à travers la
cartographie géologique du pays, la prospection minière sommaire,
la prospection approfondie et la reconnaissance des gîtes et indices
miniers, sous le leadership du service géologique national.
Figure 5: Localisation des principaux gisements
du Burkina Faso
Source : Direction générale de la
géologie du Burkina Faso
43
Aujourd'hui, la croissance économique est soutenue
entre autres par l'expansion de l'activité extractive industrielle avec
un taux de croissance moyen du Produit intérieur brut (PIB) réel
de 6% entre 2010 et 2019. Au 31 décembre 202033, on
dénombre 574 titres miniers et autorisations valides répartis
comme suit : 433 permis de recherche, 26 permis d'exploitation industrielle, 20
permis d'exploitation semi-mécanisée et 10 autorisations
d'exploitation artisanale. Selon le ministère en charge des mines, le
secteur minier burkinabè comptait à la même date de 17
mines d'exploitation industrielles dont 16 mines d'or et une (01) mine de Zinc
(confère Carte N°2). On enregistre également 84
autorisations d'exploitation industrielles de substances de carrières
dont 26 sont en production et une (01) autorisation de recherche de gîtes
de substances de carrières. Ce qui place le Burkina Faso sur
l'échiquier africain comme un pays minier en occupant la 5ème et
la 4ème place de pays producteur d'or respectivement en 2019 et en 2020.
On note également un important nombre de burkinabè
employés dans les sociétés minières (confère
tableau N° 1).
Figure 6: Aperçu des projets miniers au
Burkina Faso
Source : Ministère des Mines et des
Carrière
33 Rapport introductif de la première
session ordinaire du Conseil d'Administration du Secteur Ministériel de
l'année 2021.
44
Tableau 1: Evolution du personnel employé
dans les sociétés minières selon l'origine
Origine 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020
2021
Nationaux
|
3 795
|
1865
|
1868
|
5220
|
4539
|
8701
|
8938
|
10581
|
9686
|
14 284
|
Expatriés
|
1 251
|
643
|
616
|
462
|
872
|
655
|
1718
|
765
|
595
|
465
|
Origine non
déclaré
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
115
|
0
|
1269
|
0
|
0
|
Ensemble
|
5046
|
2508
|
2484
|
5682
|
5411
|
9471
|
10656
|
12615
|
10281
|
14749
|
Source : DGMG
I-2 La Production du secteur extractif
La production industrielle d'or est passée de 50,29
tonnes en 2019 à 62,74 tonnes en 2020 alors que de concentré de
zinc est passée 211 244,00 tonnes en 2019 à 152 540,18 tonnes en
2020. Quant à la production artisanale déclarée, elle est
passée de 0,26 tonnes à 0,27 tonnes (ITIE, 2020).
Le ministère en charge des mines souligne que la
production globale des substances de carrières est passée de 788
726 m3 en 2019 à 1 221 224 m3 en 2020 soit une hausse de 54,83%. Le
tableau N°2 donne un récapitulatif de la production du secteur
extractif par substance (en quantité) tandis que le graphique N°1
indique la production d'or par mine en activité au Burkina Faso.
Tableau 2: État récapitulatif de la
production du secteur extractif par substance (en quantité)
Volume
|
Minerais
|
Unité
|
2019
|
2020
|
Variation
|
Or (production
industrielle)
|
Tonnes
|
50,29
|
62,74
|
12,45
|
Or (production
artisanale)
|
Tonnes
|
0,26
|
0,27
|
0,01
|
Total production d'or
|
50,55
|
63,01
|
12,46
|
Zinc
|
Tonnes
|
211 244,00
|
152 540,18
|
58 703,82
|
Total production de zinc
|
211 244,00
|
152 540,18
|
58 703,82
|
Granite
|
m3
|
535 021,92
|
841 148,11
|
306 126,19
|
Calcaire Dolomitique
|
m3
|
163 062,47
|
191 573,41
|
28 510,94
|
Sable
|
m3
|
3 700,00
|
42 260,00
|
38 560,00
|
45
Basalte
|
m3
|
-
|
57 438,40
|
57 438,40
|
tufs
|
m3
|
86 941,77
|
88 804,00
|
1 862,23
|
Total production des minerais de
carrières
|
788 726,16
|
1 221 223,92
|
432 497,76
|
Phosphate2
|
Tonnes
|
1 573,15
|
2 802,80
|
1 229,65
|
Total production de phosphate
|
1 573,15
|
2 802,80
|
1 229,65
|
Argent
|
Kg
|
1 425,21
|
10 012,34
|
8 587,13
|
Total production d'argent
|
1 425,21
|
10 012,34
|
8 587,13
|
Source : ITIE 2020
Graphique 1: La production d'or par mine en
2020
1,15; 2% 9,06; 14%
5,33; 8%
0,79; 1%
5,21; 8%
PRODUCTION D'OR PAR MINE (T)
3,58; 5%
8,33;
13%
2,09; 3% 0,91; 1%
2,75; 4%
14,12; 21%
7,22; 11%
6,32; 9%
TAPARKO YOUGA Mana Essakane Bissa
Karma YARAMOKO HOUNDE BOUNGOU
Source : ministère des Mines et des
Carrières
I-3 La contribution au budget de l'Etat du secteur
extractif
La contribution du secteur extractif au budget de l'Etat est
passée de 330,8 milliards de FCFA en 2020 à 430,8 milliards de
FCFA en 2021 soit une hausse de 30,2%. L'accroissement des recettes fiscales en
2021 est plus important que les autres types de recettes avec un taux de
croissance de 79,6%. Les recettes de service enregistrent un accroissement de
26,0% sur la même période. Cela s'explique par le maintien de la
tendance haussière de la production minière sur la même
période (confère Tableau N°3).
46
Tableau 3: Contribution du secteur des mines et
carrières par régies de recettes depuis 2012 (en millions
FCFA)
2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020
|
DGTCP
|
42 996
|
38 643
|
35 096
|
39 591
|
46 892
|
56 688
|
67 944
|
73 796
|
139 389
|
175 574
|
(Recettes de services)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
DGI
|
106
|
86 337
|
73 003
|
62 226
|
69 387
|
88 208
|
90 527
|
106
|
107 885
|
193 747
|
(Recettes fiscales)
|
342
|
|
|
|
|
|
|
674
|
|
|
DGD
|
40 228
|
66 429
|
60 394
|
66 593
|
73 704
|
81 130
|
93 591
|
95 355
|
83 563
|
61 435
|
(Recettes douanières)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Ensemble
|
189
|
191
|
168
|
168
|
189
|
226
|
252
|
275
|
330 837
|
430 756
|
|
565
|
408
|
493
|
410
|
983
|
027
|
062
|
825
|
|
|
Source : Percepteur
spécialisé
|
du Ministère en charge des mines (PS)
|
I-4 Le commerce extérieur
La contribution du secteur extractif au commerce
extérieur est très remarquable surtout que l'or est devenu depuis
2009, le premier produit d'exportation dans le pays. Le tableau N°4 fait
l'état des lieux de la contribution du secteur au commerce
extérieur depuis 2012, alors que le tableau N° 5 montre la
dominance de l'or sur les autres substances du secteur extractif.
Tableau 4: Contribution du secteur minier aux
exportations (en milliards FCFA)
2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020
2021
|
Exportations
|
809,6
|
728,9
|
722,4
|
794,6
|
920,4
|
1085,4
|
1190,7
|
1
|
2
|
2
|
d'or
|
|
|
|
|
|
|
|
329,2
|
050,8
|
172,0
|
Exportations de minerai de zinc
|
-
|
12,5
|
43,1
|
32,7
|
53,7
|
95,8
|
103,7
|
90,9
|
61,4
|
87,7
|
Argent
|
|
|
|
0,9
|
1,9
|
2,9
|
1,7
|
1,7
|
3,8
|
4,0
|
Exportations
|
1 158,8
|
1 235,8
|
1 285,5
|
1 311,2
|
1499,3
|
1689,4
|
1815,9
|
1
|
2
|
2
|
totales
|
|
|
|
|
|
|
|
910,7
|
518,0
|
806,1
|
Contribution
de l'or aux exportations
|
69,9
|
59,0
|
56,2
|
60,6
|
61,4
|
64,3
|
65,6
|
69,6
|
81,4
|
77,4
|
(%)
Source : INSD
47
Tableau 5: Evolution des exportations du secteur
des mines (en tonnes)
2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020
2021
Or
|
35,8
|
38,7
|
42,5
|
41,8
|
38,7
|
46,4
|
52,5
|
50,8
|
62,7
|
67,4
|
Minerai de zinc
|
-
|
60 085,3
|
145 021,6
|
137 301,5
|
170 298,2
|
176 761
|
201 649,5
|
230 543,6
|
168 093,3
|
181253,4
|
Argent
|
-
|
-
|
-
|
3,1
|
5,7
|
5,6
|
6,2
|
5,7
|
10,1
|
8,9
|
Source : INSD
I-5 Transferts des revenus extractifs
Les recettes transférées au titre du fonds
minier de développement local (FML) et la taxe superficiaire sont
importantes dans l'économie burkinabè comme l'indique le tableau
N° 6. Le montant global du FMDL réparti a connu une croissance
continue de 2019 à 2021, passant de 29,852 milliards de FCFA à
49,851 milliards de FCFA. Les régions du Sahel (7,038 milliards de
FCFA), de la Boucle du Mouhoun (6,606 milliards de FCFA), des Hauts-Bassins
(6,311 milliards de FCFA) et le Centre-Nord (5,870 milliards de FCFA)
bénéficient des plus grandes parts en 2021 du FMDL, soit 51,8% du
montant global réparti.
Tableau 6: Evolution des montants
cumulés du FMDL des communes et régions en milliers de F
CFA
Région
|
2019
|
2020
|
2021
|
BOUCLE DU MOUHOUN
|
3 844 589
|
7 413 709
|
6 606 368
|
CASCADES
|
859 128
|
2 864 074
|
3 052 995
|
CENTRE
|
486 867
|
575 761
|
680 610
|
CENTRE-EST
|
1 471 650
|
2 121 551
|
2 288 361
|
CENTRE-NORD
|
2 979 540
|
2 358 138
|
5 870 902
|
CENTRE-OUEST
|
2 877 295
|
2 830 970
|
2 670 446
|
CENTRE-SUD
|
1 040 848
|
987 806
|
1 786 422
|
EST
|
3 345 511
|
2 901 306
|
4 514 998
|
HAUTS-BASSINS
|
3 333 470
|
5 074 875
|
6 311 896
|
NORD
|
2 179 804
|
3 153 635
|
2 833 487
|
PLATEAU-CENTRAL
|
889 379
|
2 361 671
|
4 624 690
|
SAHEL
|
5 403 696
|
7 782 614
|
7 038 177
|
SUD-OUEST
|
1 127 901
|
1 301 917
|
1 572 299
|
TOTAL
|
29 839 679
|
41 728 027
|
49 851 651
|
M)
Source : Secrétariat permanent de la commission
nationale des mines (SP/CN
48
I-6 Le poids du secteur des mines et des carrières
dans le PIB
La valeur ajoutée du sous-secteur extractif a
augmenté de 35,7 milliards de FCFA soit 1,8% en 2021 par rapport
à 2020. Cette croissance est en baisse (-1 point) comparativement
à celle de 2020 (36,7%). De 2012 à 2021, la valeur ajoutée
a progressé annuellement à un rythme de 11,7%. Sur la
période de 2012 à 2015, la contribution des mines et des
carrières à la formation du P11B a évolué en dents
de scie comme l'indique le tableau N°7. De 2015 à 2021, cette
contribution a connu deux phases que sont :
? une croissance de 2015 à 2020 impulsée par la
production d'or, qui bénéficiait d'un cours moyen d'once d'or sur
le marché international en nette croissance ;
? une régression de 2020 à 2021 qui se justifie
par une baisse du cours de l'or sur le marché
international (- 0,1% en 2021). La contribution des industries
extractives dans le P11B en 2021 est de 18,3%.
Tableau 7: Contribution des industries
extractives au produit intérieur brut aux prix courants (en milliards de
FCFA)
2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020
2021
|
VA
|
737,9
|
592,7
|
627,9
|
599,0
|
698,9
|
865,2
|
964,8
|
1
|
1963,4
|
1999,1
|
extraction
|
|
|
|
|
|
|
|
183,2
|
|
|
PIB
|
6
|
6
|
6
|
6
|
7
|
8
|
8
|
9
|
10322,3
|
10945,1
|
|
413,1
|
640,1
|
884,5
|
995,3
|
605,1
|
191,3
|
817,1
|
479,0
|
|
|
Source . · Comptes nationaux 2021/
INSD
Tableau 8: Contribution des industries extractives
au produit intérieur brut en volume aux prix de l'année
précédente chainés(en milliards de FCFA)
2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020
2021
|
VA
|
514,0
|
558,1
|
626,3
|
599,0
|
621,3
|
780,2
|
882,6
|
878,6
|
1
|
1
|
extraction
|
|
|
|
|
|
|
|
|
101,6
|
209,4
|
PIB
|
6
|
6
|
6
|
6
|
7
|
7
|
8
|
8
|
9
|
9
|
|
098,9
|
452,2
|
731,4
|
995,3
|
412,1
|
871,9
|
391,8
|
869,1
|
040,3
|
664,7
|
Source . · Comptes nationaux 2021 /
INSD
49
Tableau 9: Structure en pourcentage du PIB en
volume aux prix de l'année précédente chainés par
secteur d'activité
SECTEURS
|
2012
|
2013
|
2014
|
2015
|
2016
|
2017
|
2018
|
2019
|
2020
|
2021
|
Primaire
|
23,5
|
23,8
|
23,7
|
22,1
|
22,3
|
20,4
|
21,0
|
20,1
|
18,9
|
16,2
|
Secondaire
|
26,2
|
26,6
|
25,5
|
25,5
|
24,1
|
24,8
|
25,8
|
24,8
|
29,9
|
33,1
|
Extraction
|
9,9
|
11,8
|
9,6
|
8,4
|
8,4
|
10,9
|
11,2
|
10,3
|
15,4
|
19,5
|
Tertiaire
|
41,4
|
40,2
|
41,9
|
43,2
|
44,4
|
43,8
|
43,3
|
44,4
|
41,6
|
42,2
|
|
8,9
|
9,4
|
9,0
|
9,2
|
9,2
|
11,0
|
9,9
|
10,7
|
9,6
|
8,4
|
Impôts et taxes
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
PIB
|
100
|
100
|
100
|
100
|
100
|
100
|
100
|
100
|
100
|
100
|
Source : Comptes nationaux 2021 / INSD
I-7 L'exploitation artisanale de l'or, une source
importante de revenus pour les populations
En 2017, plus de 70 % de la population du Burkina Faso
habitaient dans des zones rurales (Banque Mondiale, 2018), dont la plupart
dépendent de l'agriculture de subsistance ainsi que de l'élevage
de bétail. Une autre source importante de revenus de ces populations est
l'exploitation artisanale de l'or. Au niveau de l'exploitation artisanale de
l'or, le nombre d'exploitants est estimé à environ 1,3 million
(PNUD, 2017). L'enquête de l'Assemblée Nationale du Burkina Faso
(AN, 2016) situait le nombre de sites d'orpaillage à 1 000 tandis que
l'Institut National de la Statistique et de la Démographie (INSD)
l'estimait à 448 sites (INSD 2017). Parmi ces sites, seulement environ
160 avaient une autorisation d'exploitation artisanale ; tous les autres sites
exploitent sans autorisation. Néanmoins, l'orpaillage, dans son ensemble
est une activité informelle qui offre des moyens de subsistance à
un nombre considérable de personnes, même si l'orpaillage est
entrepris dans des conditions précaires et avec des risques
économiques et sanitaires élevés. Plusieurs milliers de
personnes vivent et travaillent sur certains des plus grands sites d'extraction
et certains sites existent depuis des années, voire des décennies
(Guéniat, 2015 ; Mégret, 2008 et Werthmann 2010). En somme, dans
tous les cas, qu'il s'agit de la production artisanale ou industrielle, le
modèle de l'exploitation minière au Burkina Faso est
demeuré le schéma de l'exportation de matières
premières issues des industries extractives. Le secteur minier
bénéficie des plus importants investissements étrangers
(BNP Paribas, 2018). Malgré la contribution à l'économie
nationale, il ressort que la concurrence entre l'activité d'exploitation
artisanale et industrielle des substances de mines avec les activités
agricoles et pastorales, à laquelle s'ajoute une pression
démographique de plus en plus forte sur les terres devient une source
principale de conflits (CIFOEB, 2020).
50
En effet, au Burkina Faso, l'activité extractive a
été une des causes des remous et des revendications ces dix (10)
dernières années au niveau des populations des
collectivités qui abritent des projets miniers en exploitation. En
outre, de plus en plus des voix se font entendre pour exiger une exploitation
des ressources minières qui profite à tous les citoyens. Pour
pallier aux difficultés rencontrées par le secteur extractif, le
Burkina Faso va entreprendre un certain nombre de réformes notamment la
ratification en 2008 de l'initiative pour la transparence des industries
extractives (ITIE) et l'adoption en juin 2015, d'un nouveau code minier, avec
comme objectif une répartition équitable des retombées
économiques du secteur.
II- La trajectoire de la législation minière
burkinabè
Franza et al (2018) en examinant la législation
nationale burkinabé, font ressortir que toutes les terres, y compris les
ressources du sous-sol, appartiennent à l'état. Les concessions
minières ne sont accordées qu'à une personne morale
burkinabé, qui est une société de droit national, selon la
loi burkinabè. Une mine industrielle est ainsi toujours exploitée
par une compagnie burkinabé dont l'état détient 10 % des
parts. En règle générale, les 90 % restants appartiennent
à une compagnie multinationale. Mais nous notons que c'est en 1993 que
la première réglementation des titres miniers et une loi sur
l'investissement ont été adoptées.
A la faveur des ajustements structurels ce règlement
sera révisé en 1997 débouchant ainsi, sur un code minier
qui libéralise le secteur. Le secteur privé devient alors «
propriétaire » et « exploitant » et le rôle de
l'Etat reconfiguré pour devenir « régulateur » et
« facilitateur » de l'investissement privé.
En 2003, une réforme du code minier va «
re-réglementer » les taxes et tarifs du secteur afin de rendre
l'industrie minière burkinabé plus attractive pour les
investissements étrangers. Le 26 juin 2015, le gouvernement va
opérer une nouvelle réforme du droit minier, avec plusieurs
innovations relatives à la gestion durable des ressources naturelles et
à la maximisation des retombées pour l'État et les
collectivités. On y trouve dans ce code l'institution du Fonds Minier de
Développement Local (FMDL) (Décret No. 2017-0024 du 23 janvier
2017).
51
La stratégie d'ensemble qui guide les activités
minières au Burkina Faso trouve sa source dans :
- la Constitution du 2 juin 1991 qui dicte la ligne politique
générale de la gestion des ressources naturelles dont font partie
les ressources minérales. Elle dispose, notamment en son Article 14 que
« les richesses et les ressources naturelles appartiennent au peuple
».
- la Stratégie de Croissance
Accélérée et de Développement Durable (SCADD) qui
stipule que « la stratégie reposera sur la promotion de pôles
de croissance autour des zones minières en : (i) développant les
activités connexes à la production minière, (ii)
développant la transformation, (iii) réinvestissant les recettes
minières dans la diversification de la production et dans le
développement des secteurs sociaux au profit du pays et plus
spécifiquement, des zones de production » ;
- le plan National de Développement Économique
et Social (PNDES) 2016-20204 qui vise entre autres à :
consolider la bonne gouvernance et améliorer la
qualité des institutions
réduire les inégalités sociales et les
disparités régionales ;
accroître la disponibilité et
l'employabilité des ressources humaines adaptées aux besoins de
l'économie nationale ;
bâtir des infrastructures résilientes pour une
industrialisation durable ;
réaliser une croissance économique inclusive et une
industrialisation durable.
- la Politique Sectorielle des Mines (POSEM) pour la
période 2014-2025 a été adoptée le 16 octobre 2013
en remplacement de la déclaration de politique minière de 1996
avec pour vision : « À l'horizon 2025, le secteur minier du Burkina
Faso est compétitif et constitue un véritable levier de
développement socioéconomique durable ». Les orientations
stratégiques de cette politique sont au nombre de deux, à savoir
:
créer les conditions favorables à la recherche
et à l'exploitation rationnelle et durable des ressources
minérales ;
maximiser les retombées de l'exploitation des
substances minérales au profit de l'État et des
collectivités en exploitant de façon optimale la contribution du
secteur minier à la croissance économique et au
développement durable.
- la Stratégie des Mines et des Carrières
2017-2026 du Burkina Faso qui repose sur la création de conditions
favorables à la recherche et à l'exploitation rationnelle et
durable des
52
ressources minérales et l'accroissement des
retombées du secteur pour un développement durable.
Cette stratégie vise entre autres, à augmenter
la part des industries extractives dans le PIB de 7,9% en 2015 à 12%
à l'horizon 2026, à faire passer les achats locaux dans la
consommation des industries extractives de 14% en 2015 à 30% en 2026 et
à faire passer le nombre d'emplois directs créés par le
secteur à 20 000 en 2026 contre 10 000 en 2015.
La réforme des cadres législatifs et
réglementaires visant à instaurer une meilleure harmonisation et
à favoriser une plus grande stabilité du secteur minier en
Afrique en général et au Burkina Faso en particulier, a
contribué à créer un climat plus propice aux
investissements étrangers.
III- La gouvernance du secteur du minier
burkinabè
La gouvernance ou la bonne gouvernance est un concept qui est
d'actualité et de plus en plus mis en avant dans le débat sur la
croissance économique34. Selon l'institut canadien sur la
gouvernance, la gouvernance se définit comme : « l'ensemble des
établissements, des procédés et des traditions qui dictent
l'exercice du pouvoir, la prise de décision et la façon dont les
citoyens font entendre leur voix 35». Pour la Banque Mondiale :
« la bonne gouvernance est la manière avec laquelle le pouvoir est
exercé dans la gestion publique des ressources économiques et
sociales en vue du développement 36». C'est dans ce sens
qu'en février 2009, les Chefs d'Etats et de gouvernements africains
avaient adopté la Vision du régime minier de l'Afrique (VMA) qui
proposait un nouveau mode de gouvernance du secteur minier.
Pendant cette première décennie d'une
exploitation effective des ressources naturelles, l'exportation des minerais
bruts extraits a pris une place importante dans l'économie du Burkina
Faso. La forte pression de la société civile et des
communautés riveraines a obligé les gouvernants à
intégrer la bonne gouvernance dans les mécanismes de gestion de
l'exploitation des ressources minières du pays. C'est dans cette
même logique, que le Burkina Faso a adhéré au processus de
l'Initiative sur la Transparence des Industries Extractives (ITIE).
34 Etude sur la gouvernance minière au
Burkina Faso, Centre d'Information, de Formation et d'Etudes sur le Budget, nov
2020 .
35 Agence Canadienne de Développement
International, mars 1997
36 World Bank, Managing Development the governance
Dimension, Washington, 1996
53
C'est pourquoi, nous pouvons constater que l'activité
minière au Burkina Faso s'exerce sous l'emprise des traités et
conventions auxquelles le pays a librement adhéré et le secteur
minier est sur le plan national, régi par un ensemble de textes
communautaires et de textes de lois.
III-1 Les autorités de tutelle
Les principaux acteurs du secteur des mines au Burkina Faso
sont les administrations centrales et locales (ministères techniques,
agences d'encadrement, de planification, administrations fiscales, bureaux de
l'environnement, administrations locales et compagnies minières
nationales), le Parlement et les commissions parlementaires et les organes
judiciaires et quasi judiciaires.
Les principaux acteurs non étatiques sont le secteur
privé et les collectivités locales et leurs représentants
; les chefs traditionnels ; les organisations de la société
civile, notamment les syndicats, les organisations confessionnelles et les
médias. Les institutions multilatérales internationales et des
gouvernements donateurs demeurent influents dans le pays. L'inclusion des
clauses d'arbitrage dans la convention minière type conclue avec les
investisseurs miniers dans le cadre du règlement des différends
éventuellement font ainsi intervenir les organes quasi judiciaires. On
note également une forte présence de la société
civile, à l'image de l'Organisation pour le Renforcement des
Capacités de Développement (ORCADE) et d'autres organisations,
dans le processus de décision sur les régimes de gestion des
ressources, notamment lors de la négociation du code minier de 2015. Les
médias également jouent un rôle important dans la
transparence du secteur.
III-2 Les acteurs de la gouvernance des ressources
minières
Au Burkina Faso, plusieurs structures interviennent dans la
gouvernance des ressources minières. Nous avons fait un
récapitulatif de ces acteurs dans le tableau N° 10 ci-dessous.
Tableau 10: Récapitulatif des acteurs de la
gouvernance des ressources minières
Structure
|
Responsabilités
|
Ministère des Mines et des Carrières
(MMC)
|
La Direction Générale des Mines et de la
Géologie (DGMG)
|
La DGMG est chargée de la conception,
l'élaboration, la coordination et l'application de la
politique du Ministère dans le domaine des mines et de la
géologie. Elle étudie les dossiers, suit et
|
54
|
contrôle la conformité des activités de
terrain des entreprises minières et suit la production sur site.
|
La Direction Générale du Cadastre Minier
(DGCM)
|
La DGMC a pour missions la conception, l'élaboration,
la coordination et l'application de la politique du ministère en
matière de gestion des autorisations et titres miniers.
|
L'Inspection Générale des Services
(IGS)
|
L'IGS est chargée de l'inspection de l'ensemble des
services techniques.
|
Le Secrétariat Permanent de la Commission des
Mines
|
Il est chargé de promouvoir la bonne gouvernance de
l'exploitation durable des ressources minières.
Il organise les sessions de la Commission
Nationale des Mines. Cette commission n'intervient que pour
les permis d'exploitation industrielle.
|
La Direction générale de la promotion et
de l'économie minières (DGPEM)
|
La DGPEM a pour attributions la conception,
l'élaboration, la coordination et l'application de la politique du
ministère en matière de promotion des investissements et de
développement de l'économie minière.
|
La Direction Générale des Carrières
(DGC)
|
La DGC est chargée de la conception,
l'élaboration, la coordination et l'application de la
politique du ministère dans le domaine des carrières.
|
Le Bureau des Mines et de la Géologie du
Burkina (BUMIGEB)
|
Il a pour missions principales, la réalisation des
recherches géologiques et minières destinées à
l'amélioration de la connaissance géologique et minière du
pays. Il effectue des contrôles miniers en matière de
sécurité et d'environnement dans le
domaine des mines, de l'industrie et des hydrocarbures
délégués par l'État, le contrôle de
qualité des produits miniers et pétroliers.
|
La Direction des Affaires Juridiques et du contentieux
(DAJC)
|
La DAJC a pour missions de coordonner la gestion des affaires
juridiques et contentieuses du Ministère en charge des Mines et des
carrières.
|
55
Agence Nationale d'Encadrement des
Exploitations Minières Artisanales et Semi-
mécanisées (ANEEMAS)
|
L'Agence a été créée en novembre
2015, avec pour attributions l'encadrement technique des
sites, le suivi-contrôle des circuits de
commercialisation, la régulation de la
commercialisation, le suivi administratif
et règlementaire en vue de réduire la part d'informel
et la responsabilisation des
orpailleurs, l'aménagement d'infrastructures, la surveillance
environnementale et la restauration des sites dégradés.
|
Brigade Nationale Anti Fraude de l'or (BNAF)
|
La BNAF a pour missions la recherche et la
constatation des infractions relatives à
la commercialisation de l'or et des autres substances précieuses.
Elle est la structure de référence sur le plan national, qui
coordonne les activités de lutte contre la fraude en matière de
commercialisation de l'or et des autres substances précieuses.
|
Ministère de l'Économie, des Finances et du
Développement (MINEFID)
|
La Direction Générale du Trésor
et de la Comptabilité Publique (DGTCP)
|
Elle est la structure qui se charge de la collecte des
recettes de service générées par les activités
minières. Elle est représentée au sein du Ministère
chargé des Mines à travers une Perception
Spécialisée (PS).
|
La Direction Générale des Impôts
(DGI)
|
Elle se charge de percevoir les impôts et taxes qui ne
relèvent pas des recettes de service. Il s'agit
essentiellement de l'impôt sur les
sociétés, l'impôt unique sur les traitements et
salaires, l'impôt sur le revenu des capitaux mobiliers, la TVA,
remboursement des crédits TVA.
|
La Direction Générale des Douanes
(DGD)
|
Elle met en oeuvre les exonérations et
allègements douaniers prévus par le Code minier lors de
l'importation des matériels et
équipements nécessaires à l'exercice des
activités minières et assure le contrôle des exportations
minières.
|
56
Ministère en charge de la
sécurité
|
Office National de Sécurisation des Sites Miniers
(ONASSIM)
|
L'Office a pour missions d'assurer la sécurité
et de contribuer à l'amélioration des conditions
sécuritaires d'exploitation des sites miniers.
|
Le Ministère de l'Environnement, de l'Economie
Verte et du Changement Climatique (MEEVCC)
|
Agence Nationale des Évaluations
Environnementales ANEVE (Ex-BUNEE)
|
Elle assure le contrôle de la prise en compte de la
réglementation environnementale dans
les activités susceptibles d'avoir un impact positif ou
négatif sur l'homme et l'Environnement. Elle
conduit les enquêtes publiques lors de
la réalisation des études d'impact environnemental et
social.
|
Source : ITIE, 2020
IV-Présentation de la Stratégie nationale du
contenu local dans le secteur minier
Malgré le boom minier constaté ces dix
dernières années au Burkina Faso, la littérature
économique fait ressortir que le secteur n'a pas encore suscité
un réel développement du pays. En effet, selon une étude
commanditée par la Chambre des mines et le Ministère en charge
des mines en 201837, en 2016, les achats de biens et services des 12
mines étaient estimés à 456,5 milliards de FCFA. Les
entreprises burkinabè ont livré au total pour 71,7 milliards de
FCFA de biens et services soit seulement 15,5% des commandes pour
l'approvisionnement des sociétés minières avec un
écart de 385,6 milliards de FCFA. Le graphique N°2 montre
l'état des dépenses totales en approvisionnement des
sociétés minières au Burkina Faso. Il ressort de ce
graphique que les hydrocarbures et les explosifs constituent les
dépenses les plus élevées. Malheureusement, selon
l'étude, ce sont des segments de marchés qui sont
exécutés par des entreprises étrangères.
37 L'étude est intitulée : : «
analyse de l'écart entre les opportunités de fournitures locales
aux sociétés minières et la capacité des
fournisseurs locaux à y répondre et pour l'élaboration
d'un cadre national de promotion de la fourniture locale »
57
Graphique 2 : Etats des dépenses totales en
approvisionnement des sociétés minières en 2016 au
Burkina
Source : DGPEM Légende
:
(1) Dépenses totales en approvisionnement des
minières en 2016.
(2) Hydrocarbures et lubrifiants.
(3) Explosifs et Matériel de
Sautage.
(4) Fret et transit.
(5) Assurances.
(6) Produits alimentaires et
agroalimentaire.
(7) Consultants et expertises (études
socioéconomiques, services environnementaux, juridiques, fiscaux,
comptables, sécurité, entretien...).
8) Équipements de Protection Individuelle
(EPI), y compris la confection de tenues de travail.
9) Pièces de rechange courantes
(écrous, boulons, pneumatiques, autres pièces e caoutchouc,
etc. et
équipements, matériels d'électricité
services).
10) Matériaux de construction.
11) Location de véhicules.
10) Location d'engins et de matériels
et
Entretien/maintenance
(équipements d'exploitation et de traitement (équipements, et
machinerie miniers, matériels de sautage) forage, concassage,
traitement, etc.).
Les projections du ministère en charge des mines et la
chambre des mines indiquent qu'à l'horizon 2030, la part de la
fourniture locale dans les commandes alimentaires et agroalimentaires des
sociétés minières, sera de 30%.
Même si l'économie des zones minières
(industrielles et artisanales) connaît une certaine dynamique du fait de
la présence des exploitations minières, on constate toutefois un
faible niveau
58
d'organisation des acteurs afin de répondre aux
standards et normes exigés dans l'industrie minière. Une
étude réalisée par l'ONG GIZ en 2016 révèle
que la valeur ajoutée du secteur minier au Burkina Faso est
estimée à 4% comparativement à d'autres pays comme le
Brésil où cette valeur ajoutée s'élève
à près de 62%. C'est donc dire que l'impact des mines sur les
autres secteurs économiques serait encore plus important si des efforts
conséquents étaient faits pour mieux exploiter les
opportunités offertes par ce secteur.
Fort de ce constat, il est apparu nécessaire de mettre
en place des mécanismes de développement de la chaîne
d'approvisionnement et de l'expertise nationale dans le but d'offrir de plus
grandes opportunités aux fournisseurs de l'industrie minière et
de création d'emplois conformément aux articles 101 et 102 du
code minier. C'est dans cette dynamique, que le gouvernement burkinabè a
confié au Ministère en charge des mines la responsabilité
de mettre en place un mécanisme adéquat conformément
à la réglementation pour permettre à l'État et au
secteur privé national de tirer le maximum de profit des immenses
opportunités qu'offre le secteur minier. Pour traduire cette
volonté, il a été décidé d'élaborer
une stratégie nationale du contenu local dans le secteur minier.
L'objectif global de cette stratégie est de « promouvoir le
contenu local dans le secteur minier en vue d'accroître son impact sur
l'économie nationale ». Partant de cet objectif global,
les impacts attendus de la mise en oeuvre de la Stratégie nationale du
contenu local dans le secteur des mines (SN-CLM) sont : l'augmentation de la
proportion des achats locaux de biens et services dans la consommation du
secteur minier à 30% à l'horizon 2025, l'augmentation des emplois
nationaux directs et indirects dans le secteur minier pour atteindre à
terme 100 000 emplois, le maintien de la part des industries extractives dans
le PIB à au moins 10% par an.
IV-1 Les dispositions du décret relatif à la
fourniture locale au Burkina Faso
Le Décret n°2021-1142/PRES/PM/MINEFID/MEMC/MICA du
11 novembre 2021 portant fixation des conditions de la fourniture locale dans
le secteur minier constitue une opérationnalisation de l'article 101 du
code minier du Burkina Faso. Il vise à promouvoir et à
développer la fourniture locale des biens et services dans le secteur
minier et a pour cibles les titulaires de titres miniers ou d'autorisations
ainsi que leurs sous-traitants, les personnes physiques ou morales fournissant
des services et/ou des biens aux entreprises minières.
59
IV-1-1 Quelques concepts clés selon l'article 3 du
décret
Fournisseur : toute personne physique ou
morale qui se limite à livrer des biens et services au titulaire d'une
autorisation ou d'un titre minier sans accomplir un acte de production ou de
prestation de services se rattachant aux activités principales du
titulaire de l'autorisation ou du titre minier.
Local(e) : désigne le « Territoire
national ».
Fourniture locale : ensemble des actions
portant sur la promotion des capacités nationales dans la fourniture des
biens et des services locaux.
Personne morale burkinabé : groupement
de personnes disposant de la personnalité juridique, de droit
burkinabé et dont le capital social appartient à au moins 51%
à des personnes physiques ou morales de nationalité
burkinabé et dont le bénéficiaire effectif est
burkinabé.
Personne physique burkinabé : tout
citoyen de nationalité burkinabé.
Sous-traitant : personne morale
exécutant un travail qui s'inscrit dans le cadre des opérations
minières du titulaire du titre minier.
IV-1-2 Les obligations des sociétés et leurs
sous-traitants (articles 4, 5 et 7)
Des dispositions du décret stipulent que les
entreprises minières et leurs sous-traitants opérant au Burkina
Faso doivent accorder à des personnes physiques ou morales
burkinabè tout contrat de prestations de services ou de fournitures de
biens conformément à la liste des biens et services fournis aux
entreprises minières. Il s'agit ici de la préférence
nationale. A cet effet, les entreprises minières et leurs sous-traitants
doivent fournir à chaque début d'année et ce, au plus tard
en fin mars, à l'administration des mines, la liste de leurs
prestataires de services et la liste de leurs fournisseurs de biens.
En outre, les entreprises minières et leurs
sous-traitants doivent fournir chaque année à l'Administration
des mines et ce, au plus tard en fin décembre, leurs plans
d'approvisionnement de biens et services de l'année N+1. Toute
modification ou tout changement de ces plans est notifié à
l'Administration des mines dans le mois suivant la modification. Afin de
faciliter le suivi, les entreprises minières et les sous-traitants
fournissent chaque début d'année à l'Administration des
mines et ce, au plus tard en fin mars, leurs rapports d'exécution des
plans d'approvisionnement de l'année N-1.
60
IV-1-3 Les dispositions diverses (articles 8 et 9)
La liste des biens et services ainsi que les quotas sont
révisables chaque année en fonction principalement des
capacités réelles du secteur privé national. En cas
d'impossibilité des prestataires ou fournisseurs locaux à
satisfaire aux besoins des entreprises minières et de leurs
sous-traitants, ceux-ci peuvent être autorisés par
l'Administration des mines à s'approvisionner sur le marché
extérieur.
IV-1-4 Les sanctions applicables (articles 10 et 11)
Le non-respect des dispositions du décret et de son texte
d'application est sanctionné par :
- une amende correspondant au montant de la part des
prestations de services ou de fourniture de biens non exécutée
par les nationaux sans mise en demeure ;
- une amende de soixante-quinze millions (75 000 000) de
francs CFA, après une mise en demeure de sept (07) jours francs
restée sans suite, pour la non transmission du plan d'approvisionnement
de biens et services ou la non transmission du rapport d'exécution dans
les délais requis. L'amende est majorée de 25% par jour de retard
;
- une amende de deux-cent millions (200 000 000) de francs CFA
en cas de récidive.
Les violations des dispositions du décret et de ses
textes d'application, sont constatées par l'Administration des mines ou
par toute autre structure habilitée de l'Etat.
IV-2 Suivi du développement de la fourniture locale
(article 6)
Afin d'assurer le suivi de l'application de la liste des biens
et services fournis aux entreprises minières, un cadre tripartite
regroupant des représentants de l'Etat, des entreprises minières
et des fournisseurs de biens et services miniers est créé. On
note également que l'identification des biens et services se fait
suivant les différentes phases de développement du projet minier
(schémas N° 7). A chaque étape correspond à une
demande particulière de biens et de services.
Figure 7: le cycle de vie d'une mine
IV-3 Les reformes ou activités majeures
Pour faciliter la mise en oeuvre de la stratégie, un
certain nombre d'activités ou de reformes ont été
consignées dans un plan d'action que nous pouvons résumer dans le
tableau ci-dessous.
Tableau 11: Résumé du plan d'action
de la stratégie
Réglementation Renforcement des capacités
Formation des acteurs
Opérationnalisation d'une
filière génie industriel à travers des
équipements ;
Création de l'école de métiers
des mines ;
Réalisation d'une plateforme interactive regroupant les
emplois existants dans les sociétés minières et les
compétences disponibles au niveau national
61
Adoption de la loi sur le contenu local ;
Adoption de textes sur les emplois locaux et la
promotion de l'expertise nationale ;
Adoption de textes sur les conditions de mise en
oeuvre de la fourniture locale
|
Réalisation de plusieurs activités de
renforcement des capacités et de mise à niveau des entreprises
nationales ;
La création d'un fonds de garantie pour soutenir les
champions nationaux ;
La création d'une bourse de sous-traitance et de
partenariat (Bourse des Achats Locaux) ;
|
La construction de l'entrepôt sous douanes
destiné aux fournisseurs de biens et services miniers ;
La réalisation des études de faisabilité
pour l'implantation d'infrastructures de production et de conservation dans
certaines régions minières.
62
Source : Stratégie nationale du contenu local
dans le secteur des mines au Burkina Faso
IV-4 Les facteurs de risques
Les principaux risques qui pourraient compromettre la
réalisation de la Stratégie sont entre autres,
l'insécurité, l'instabilité socio-politique,
l'instabilité institutionnelle, la non adhésion des acteurs, la
non disponibilité des ressources financières, la conjoncture
internationale et régionale défavorable.
En somme, la stratégie nationale du contenu local dans
le secteur minier au Burkina Faso se présente comme un document
d'orientation qui vise à tirer le maximum de revenus issus de
l'industrie extractive au profit des populations pour la période 2021 -
2025. Suite à de nombreuses entretiens que nous avons
réalisés, il ressort que le processus d'élaboration de la
stratégie a été participatif, et a impliqué les
représentants des structures du Ministère en charge des mines, du
Ministère de l'Industrie du Commerce et de l'Artisanat (MICA), du
Ministère de l'Économie, des Finances et du Développement
(MINEFID), du Ministère de l'Agriculture et des Aménagements
Hydro-agricoles et de la Mécanisation (MAAHM) ; du Ministère des
Ressources Animales et Halieutiques (MRAH), du Ministère de
l'Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de
l'Innovation (MESRSI), du Ministère de la Fonction Publique, du Travail
et de la Protection Sociale (MFPTPS), du Ministère de la Jeunesse, de la
promotion de l'Entrepreneuriat et de l'Emploi (MJPEE), de la Chambre du
Commerce et d'Industrie du Burkina Faso (CCI-BF), de
63
l'Alliance des Fournisseurs Burkinabè de Biens et
Services Miniers (ABSM), de la Chambre des Mines du Burkina (CMB), de
l'Association des Carriers du Burkina (ACAB), de l'Association des Femmes du
Secteur Minier du Burkina (AFEMIB).
Le Burkina Faso a amorcé la mise en oeuvre de sa
stratégie nationale du contenu local dans le secteur des mines en 2022.
Cependant des difficultés liées entre autres, à
l'accès à l'information, notamment de la part des fournisseurs,
la mise à la disposition de l'administration minière des plans
d'approvisionnement des entreprises minières, les demandes de
dérogations et à la performance des entreprises locales sont
constatées sur le terrain.
V- Le développement du contenu local et des
fournisseurs locaux : cas de certains pays
Depuis plusieurs années, les questions de
développement du contenu local et des fournisseurs locaux sont devenues
des sujets sensibles dans beaucoup de pays où les industries extractives
opèrent. En fonction de la structure économique et de la
législation, chaque pays cherche à trouver la meilleure
façon de maximiser la valeur ajoutée locale qui pourrait reposer
sur des injections importantes d'investissements directs étrangers (IDE)
dans les industries extractives. Certains économistes ont
démontré que les résultats en matière de contenu
local ne s'obtiennent pas rapidement, surtout lorsque le cadre
opérationnel repose sur une base industrielle faible ou limitée,
où compétences et capacités techniques ne sont pas
alignées sur les besoins d'un secteur industriel en constante
évolution, et où l'environnement économique n'est pas
encore tout à fait favorable aux investisseurs.
Ainsi, la réussite ou l'échec d'une
stratégie de contenu local dépend à la fois de la
volonté politique du gouvernement de la mettre en oeuvre, et de la
volonté du secteur privé (international et local) de collaborer.
La capacité de l'économie locale à répondre
à la demande en matière de biens, de services et de main d'oeuvre
est tout aussi importante, que ce soit sur le plan de la quantité ou de
la qualité. En outre, il est reconnu que l'achat de biens auprès
des PME locales et l'emploi de la main d'oeuvre locale peut amener des
avantages sociaux et économiques considérables aux
communautés. C'est donc dire que l'intégration d'engagements sur
le contenu local par les investisseurs peut offrir des opportunités
commerciales aux fournisseurs, tandis que l'achat de biens locaux peut stimuler
l'activité économique. L'expansion des activités
économiques pourra
64
ensuite attirer d'autres investissements au fur et à
mesure que les fournisseurs commercent entre eux, et par le biais de l'effet
multiplicateur généré lorsque les employés locaux
dépensent une part de leur salaire dans leur communauté.
V-1 Le cas du Nigeria
Afin d'accélérer la mise en oeuvre de sa
politique de contenu local, le Nigeria a d'abord créé en 2004
toute une administration dédiée au local content qui ne
représentait à peine 5% en 2000 (H. Lado, 2019)38.
C'est dans ce sens qu'une loi, le Nigerian Oil and Gas Industry Content
Development Act, a été promulguée en 2010 et une
organisation a été mise en place, le Nigerian Content Development
and Monitoring Board. Ainsi, chaque prétendant à un permis
pétrolier doit produire un Plan de contenu local. Des quotas ont
été définis dans la loi pour chaque niveau de
responsabilité et pour chaque métier du secteur pétrolier
de 30% (logistique marine ou dédouanement des cargos) à 100%.
Aussi, seuls 5% des postes de direction peuvent être
occupés par des expatriés, alors que les autres postes doivent
faire l'objet d'un plan de succession sur 4 ans. Cette loi, stipule que l'offre
d'une entreprise nigériane est équivalente à celle d'une
entreprise étrangère « moins disante » si elle ne
dépasse pas celle-ci de plus de 10%. Et si deux offres sont
différentes de moins de 1%, celle qui présente le plus haut
niveau de contenu local sera préférée, à condition
que le contenu local dans l'offre sélectionnée soit
supérieur d'au moins 5%. Toutes les activités de fabrication et
de soudage doivent se faire au Nigeria, alors que des crédits
d'impôts sont accordés aux entreprises qui font l'effort
d'installer des unités industrielles au Nigeria pour des produits
initialement importés. Concernant les filiales des multinationales,
celles-ci doivent posséder au moins 50% des équipements
utilisés dans leurs opérations au Nigeria. Dans la même
logique, tout opérateur ou sous-traitant doit disposer d'au moins un
compte bancaire au Nigeria, et y garder au moins 10% des revenus de ses
activités au Nigeria.
Dans le domaine des assurances, uniquement des courtiers
Nigérians sont admis pour les assurances et tout risque assuré
par une compagnie étrangère doit être validé par la
Commission
38 Hervé LADO Guinea Country Manager, NRGI
Ecole d'été 2019 - CEGIEAF UCAC Yaoundé, 05 Aout 2019.
Centre d'Excellence sur la Gouvernance des Industries Extractives : Le Contenu
Local dans les industries extractives
65
nationale des Assurances. Tout opérateur qui y
contrevient risque une amende de 5% de la valeur du contrat ou l'annulation du
projet.
Une étude d'impact du local content au Nigeria en 2017
estime que la mise en oeuvre de cette politique a permis de développer
de nouvelles chaines de valeur et de donner une nouvelle dynamique à
l'économie nationale avec la création de plus de 38 000 emplois
alors que 95% de matériaux de l'industrie du ciment sont
désormais locaux.
Cependant, il ressort que le protectionnisme a favorisé
les importations de contrebande, les produits étant ensuite
déclarés comme fabriqués au Nigeria, alors que le
volontarisme de cette politique a un côté rigide qui nuit à
la compétitivité locale. Certains économistes sont
arrivés à la conclusion qu'au Nigeria, le local content est
progressivement devenu le « Family Content » dans les
communautés, sur fond de velléités de domination des
anciens propriétaires fonciers. A cela s'ajoute la « politisation
» du local content dans certains pays. Il devient d'une part, un
instrument de communication politique, donc de mobilisation et d'autre part une
source de financement des activités politiques à travers les
entreprises contrôlées par le parti au pouvoir.
V-2 Le Cas de la République démocratique du
Congo (RDC)
L'économie de la République démocratique
du Congo (RDC) est essentiellement tournée vers l'activité
minière avec en toile de fond, l'exploitation minière
industrielle du cuivre et du cobalt. Ce secteur contribue au budget de
l'État à hauteur de 18 % de l'ensemble des revenus (ITIE-RDC
2017,2019). Selon la même source, au cours des trois dernières
années, ce budget a connu des variations dues, dans la plupart des cas,
à l'évolution du prix des matières premières sur le
marché mondial.
Cependant, la production minière est toujours
croissante, passant de 1 030 129 tonnes de cuivre et 40 752 tonnes de cobalt en
2014 à 1 092 222 tonnes de cuivre et 73 940 tonnes de cobalt en 2017.
Sur la même période paradoxalement, en dépit de cette
croissance de la productivité, les taux de pauvreté et de
chômage sont parmi les plus élevés au monde. Si cette
situation est imputable, en grande partie, à la mauvaise gouvernance
politique et économique, elle l'est également au fait que
l'exploitation minière industrielle exige plus d'investissements en
capitaux, mais crée peu d'opportunités d'emploi (Marysse et
Tshimanga, 2014).
66
Le Gouvernement congolais a également pensé aux
politiques stimulant les effets d'entraînement pour faire en sorte que
les investissements étrangers aient plus d'effets sur l'économie
locale. Ainsi, en 2017, le il a mis en place une loi sur la sous-traitance afin
de créer des liens pouvant faciliter l'intégration des
intérêts des nationaux dans l'exploitation minière, y
compris d'élargir l'assiette fiscale de l'État. Un comité
de pilotage a été mis en place pour faire des propositions de
mise en oeuvre de cette directive dans les secteurs d'activité
prioritaires. Il s'agit des hydrocarbures, des mines, de l'agriculture et
l'agro-industrie, de la forêt et l'industrie du bois, des BTP, du
tourisme ainsi que de l'hôtellerie et des services financiers.
V-3 Le contenu local et effet multiplicateur au
Brésil
Le processus d'obtention d'un agrément environnemental
au Brésil nécessite la mise en place d'obligations sociales, qui
sont déterminées à la suite de processus approfondis de
consultation entre la société minière, les
communautés et d'autres parties prenantes39. Ces obligations
reflètent en partie les obligations de droit de la
société, mais aussi les engagements pris volontairement - y
compris un éventail de formes de soutien à l'administration et
aux communautés locales - ce qui constitue de fait un « permis
d'exploitation social ». Otto et coll., (2006),
révèlent que le cadre d'investissement social de la principale
société minière brésilienne « Vale »
illustre les activités de consultation répandues qui permettent
de mener à un consensus sur les travaux nécessaires et de
définir les rôles et responsabilités des différents
acteurs.
L'inclusion de cibles sur l'emploi de main d'oeuvre locale et
la passation de marchés locaux dans le cadre de ces obligations sociales
a créé des liens considérables entre le secteur minier et
le reste de l'économie locale, selon les auteurs. Par exemple, les
achats du secteur minier auprès de l'État
sous-développé de Pará ont fortement augmenté : de
379 millions réis brésiliens (R$) en 2001, à 4 161
millions R$ en 2010. Beaucoup d'emplois indirects ont été
créés grâce aux besoins en approvisionnement des
sociétés minières et de leurs fournisseurs locaux.
En outre, les dépenses des employés de la mine
et de ses fournisseurs créent une demande en biens et services, qui
génèrent à son tour la création de nouveaux
emplois. Ce « lien des salaires » est important en raison de la
grande part d'employés issus des communautés locales et du fait
que les
39 (Otto et coll., 2006), in compte-rendu No 1 : Les
industries extractives et leurs liens avec le reste de l'économie
67
employés des sociétés minières
sont habituellement payés trois fois plus que des ouvriers non
qualifiés dans le secteur informel ont conclu les auteurs.
En résumé, il ressort que les Etats qui ont pris
conscience que les industries extractives sont en mesure de favoriser des
opportunités en investissant dans la formation et le transfert de
technologie au profit des entreprises et des travailleurs locaux, mettent en
oeuvre des politiques volontaristes dans ce sens. Cela est possible lorsque les
entreprises extractives intègrent des entreprises locales dans leur
chaîne d'approvisionnement. On peut donc dire que le développement
du contenu local offre une opportunité de coordination unique entre le
secteur privé, les pouvoirs publics et l'économie locale afin de
favoriser un partage équitable des revenus issus des richesses
nationales d'un pays. C'est dans cette même lancée que le Burkina
Faso a adopté une stratégie nationale du contenu local, dont le
processus de mise en oeuvre est l'objet de notre présente recherche.
VI- Méthodologie de la recherche
En termes de méthodologie, notre travail s'est
basé sur l'exploitation d'ouvrages thématiques, d'articles de
revues, d'articles scientifiques, de rapports d'institutions africaines et
internationales, des publications des centres de recherches et de Think-Thanks.
Cela nous a permis d'avoir une large connaissance sur le secteur minier en
général et la notion du contenu local en particulier. Ce travail
nous également permis de connaitre les contraintes liées à
la mise en oeuvre du contenu local dans plusieurs pays.
Pour vérifier l'effectivité de ces contraintes
dans le cas précis du Burkina Faso, nous avons effectué une
enquête terrain, sur la base de questionnaires (annexes), avec les
acteurs concernés sur la période du 16 juillet au 22 septembre
2022. Il s'agit notamment des autorités publiques à savoir
l'administration minière à travers la Direction
générale de la promotion et de l'économie minières
(DGPEM), des sociétés minières regroupées au sein
de la Chambre des mines, des fournisseurs locaux à travers leurs
association, l'Alliance des Fournisseurs Burkinabè de Biens et Services
Miniers (ABSM), de la chambre de commerce et d'industrie du Burkina Faso
(CCI-BF), des organisations de la société civile et des
partenaires techniques et financiers.
68
Notre population de recherche porte également sur des
personnes ressources qui s'intéressent à la question. Les
résultats de cette enquête sont utilisés pour analyser les
résultats théoriques et empiriques sur la question et sont
cités dans le travail.
Dans cette partie, nous allons aborder le cadre pratique de
l'étude. Notre travail de proposition d'approche pour faciliter la mise
en oeuvre de la stratégie nationale sur le contenu local dans le secteur
des mines au Burkina Faso s'adresse à l'administration minière,
aux sociétés minières et aux fournisseurs burkinabè
des biens et services miniers. Il convient de rappeler que dès le
début de nos réflexions, nous voulons savoir : comment
opérationnaliser la stratégie nationale du contenu local dans le
secteur minier au Burkina Faso notamment dans son volet fourniture locale ? Les
questions secondaires que nous nous sommes posées sont les suivantes
:
1- L'adhésion des sociétés
minières et leurs sous-traitants à la stratégie
facilite-t-il sa mise en oeuvre ?
2- Le faible niveau d'accès des entreprises locales
burkinabè aux informations relatives aux achats des biens et services
des compagnies minières est-t-il l'un des facteurs qui limitent leur
compétitivité ?
3- Les fournisseurs locaux sont-t-ils confrontés
à des difficultés d'accès aux financements
qui expliquent leur faible capacité à satisfaire aux besoins
des sociétés minières ?
Conformément aux questions qui sont posées, la
recherche poursuit des objectifs suivants : ? Objectifs de recherche
:
L'objectif général de notre étude est de
contribuer à une meilleure opérationnalisation de la mise en
oeuvre de la stratégie nationale du contenu local dans le secteur des
mines au Burkina Faso notamment dans son volet fourniture locale des biens et
services.
De façon spécifique, elle vise, d'une part,
à comprendre l'incapacité des fournisseurs locaux
burkinabè à satisfaire aux besoins des sociétés
minières, et d'autre part, à apprécier le niveau
d'accès des entreprises locales burkinabè à l'information
relative aux achats des biens et services par les sociétés
minières.
Au terme de notre étude, ces objectifs
spécifiques pourront nous aider à proposer des recommandations
qui s'imposent, soit des solutions appropriées durables permettant une
mise en oeuvre efficace de la stratégie du contenu local dans le secteur
des mines.
69
La méthodologie de recherche comprend la collecte des
données et le traitement accompagné de l'analyse des
données. Il convient de préciser que dans le cadre de cette
recherche nous avons adopté une approche qualitative afin de bien
appréhender notre travail.
VI-1 L'approche qualitative
Paul N'da (2015) souligne que le modèle d'analyse
qualitative se concentre sur les données recueillies à partir
d'entretiens, d'observations, d'études de cas, de textes, etc. En
général, le traitement des documents textuels porte
prioritairement sur les thèmes. Pour Creswell (1998) l'approche
qualitative peut donner lieu à l'usage de plusieurs stratégies de
recherche, parmi lesquelles, la biographie, l'étude
phénoménologique, la théorisation ancrée,
l'ethnographie et l'étude de cas. Yin, (2003) pense que l'étude
de cas s'avère particulièrement appropriée pour des
recherches de type exploratoire ayant trait à des
phénomènes nouveaux, car elle favorise, par la description
détaillée d'un ou de plusieurs cas clairement
délimités, l'inscription du phénomène
étudié dans son contexte géographique et historique.
L'intérêt pour cette approche réside du
fait que la question du contenu local, quoiqu'ancienne dans plusieurs pays,
commence à être débattue et traitée seulement que
ces dernières années au Burkina Faso.
VI-2 La population de recherche
Il est impossible de définir un échantillon
valable sans connaître les caractéristiques de la population
cible. Une population est un ensemble dont les éléments
comportent une ou plusieurs caractéristiques communes. Pour Ajar et al
(1983), c'est l'ensemble des mesures qualitatives ou quantitatives de ces
caractéristiques qui définit la population ; les individus ou
entités appartenant à la population ne sont que les porteurs des
caractéristiques en question. Selon Paul N'Da, la population de
recherche est une collection d'individus (humains ou non), c'est-à-dire
un ensemble d'unités élémentaires (une personne, un
groupe, une ville, un pays) qui partagent des caractéristiques communes
précisées par un ensemble de critères.
70
Ainsi, notre population de recherche est constituée
d'acteurs intervenant dans la mise en oeuvre de la stratégie du contenu
local. Il s'agit de l'administration minière à travers la
Direction générale de la promotion et de l'économie
minières (DGPEM), des sociétés minières
regroupées au sein de la Chambre des mines, des fournisseurs locaux
à travers leur association, l'Alliance des Fournisseurs Burkinabè
de Biens et Services Miniers (ABSM), de la chambre de Commerce et d'Industrie
du Burkina Faso (CCI-BF), du Bureau des Mines et de la Géologie du
Burkina Faso (BUMIGEB) et de l'Association Professionnelle des Banques et
Etablissements Financiers du Burkina (APBEF-B). Notre population de recherche
porte également sur des personnes ressources qui s'intéressent
à la question.
VI-3 Echantillonnage
Un échantillon est une partie de la population choisie
spécialement pour la représenter. Dans le langage courant, la
représentativité est considérée comme une
propriété intrinsèque de l'échantillon. Ainsi, le
Larousse définit l'échantillon comme une « petite
quantité d'un produit quelconque, qui sert à apprécier la
qualité du tout (...)» (Grand Larousse, Tome 4). Pour les besoins
de notre recherche, nous avons privilégié la technique de
l'échantillonnage par choix raisonné fréquemment
utilisé pour les enquêtes qualitatives. La technique que nous
avons utilisée est la méthode des Quotas qui repose sur
l'hypothèse de la corrélation des différents
caractères de notre population. Les caractères retenus pour
assurer la conformité de l'échantillon à l'ensemble de
notre population c'est-à dire les variables de contrôle sont entre
autres, l'appartenance à une structure ayant un intérêt
particulier pour la question du contenu local et la connaissance des individus
sur notre sujet de recherche.
Notre échantillon est composé de trente (30)
individus répartis comme suit : un (01) ministre, un (01) conseiller du
ministre en charge des Mines, cinq (05) responsables de la Direction
générale de la promotion et de l'économie minières
(DGPEM) choisis de façon raisonnée dans la mesure où cette
direction a pour attributions la conception, l'élaboration, la
coordination et l'application de la politique du ministère en
matière de promotion des investissements et de développement de
l'économie minière, de trois (03) responsables de la Chambre des
mines du Burkina (CMB), la faîtière du secteur minier
privé, de sept (07) membres de l'Alliance des Fournisseurs
Burkinabè de
71
Biens et Services Miniers (ABSM), une association dont le but
est de défendre les intérêts des fournisseurs locaux, de
deux (02) responsables de la Chambre de Commerce et d'Industrie du Burkina Faso
(CCI-BF) qui représente le secteur privé dans son
entièreté, de quatre (04) membres de l'Association,
Professionnelle des Banques et Etablissements Financiers du Burkina (APBEF-B),
deux (02) membres de l'Association professionnelle des Transitaires et
Commissionnaires en Douane Agrées (APTCDA -BF), d'un (01) responsable du
Bureau des Mines et de la Géologie du Burkina Faso (BUMIGEB) et de
quatre (04) représentants des compagnies minières. La liste
nominative des personnes rencontrées est jointe en annexe VIII.
VI-4 Les méthodes de collecte de données
L'approche qualitative nécessite une connaissance
approfondie de l'objet étudié et utilise une
variété de méthodes de collecte de données telles
que les questionnaires, l'observation directe ou participative, les entrevues,
les archives ou la documentation. Pour la réalisation de notre objectif
principal, nous avons fait recours à trois techniques de collecte de
données : la revue documentaire, l'entretien et l'enquête par
questionnaire.
VI-4-1 La collecte documentaire
Les documents pouvant être collectés dans le
cadre d'une collecte d'information pour une recherche qualitative peuvent
prendre plusieurs formes. Loubet Del Bayle (1989) et Cellard (1997) donnent une
typologie des types de documents pouvant servir à la collecte
d'information.
Dans la catégorie des documents écrits, nous
avons exploité des documents publiés parmi lesquels on y trouve
des documents officiels provenant du Ministère en charge des mines, de
la Chambre des mines, des compagnies minières, de l'Alliance
burkinabè des fournisseurs des biens et services miniers (ABSM) et des
organisations de la société civile oeuvrant dans le domaine
minier, telles que l'Initiative pour la transparence dans les industries
extractives (ITIE), l'Organisation pour le renforcement des capacités de
développement (ORCADE). Nous avons également exploité des
documents tels que les mémoires, des rapports et des articles
scientifiques et des articles de presse sur la question. Les informations
contenues dans les documents officiels publiés ont été
utilisées comme une source d'information primaire.
72
VI-4-2 L'entrevue semi-dirigée
Les entrevues représentent des sources essentielles
d'information dans le cadre d'une recherche qualitative. Deslauriers (1991)
définit l'entrevue comme une interaction limitée et
spécialisée conduite dans un but spécifique et
centrée sur un sujet particulier. Pour le chercheur, cette interaction a
pour objet de recueillir l'information sur l'objet étudié en
suivant la ligne d'investigation qu'il s'est donnée, dans le but de
répondre à ses questions de recherche. Savoie-Zajc, (2003) pense
que cette approche permet de comprendre des comportements et interactions
complexes, de mettre en lumière les perspectives individuelles
relativement à un phénomène et de révéler
les tensions et contradictions animant un individu à propos du
phénomène étudié.
Nous avons utilisé des entretiens semi-directifs et
avons interviewé trente (30) personnes situées à des
niveaux de décision différents dans des structures travaillant
dans le secteur minier burkinabè en général et du contenu
local en particulier. Pour réaliser ces différents entretiens, un
guide d'entretien a été élaboré en
considérant les points suivants : présentation de la personne et
de l'entreprise, le concept de contenu local, l'adhésion à la
stratégie, l'accès à l'information et la performance des
entreprises locales dans le cadre de la fourniture locale des biens et service
minier.
Au cours de ces entretiens, nous avons noté les faits
tels qu'ils nous ont été présentés laissant de
côté toute émotion ou impression subjective. Certains de
nos entretiens se sont déroulés en marge des forums et des
ateliers sur la problématique de la fourniture locale au Burkina Faso
dans les villes telles que Bobo-Dioulasso, Ouagadougou et Banfora.
VI-5 Les techniques d'analyse des données
L'analyse représente les efforts du chercheur visant
à découvrir des liens à travers les faits observés.
Deslauriers, (1991) soutient que dans le cadre de la recherche qualitative,
l'analyse nécessite une situation problématique, incertaine ou
floue qui déclenche le besoin de comprendre l'inconnu. Ainsi, pour
obtenir des résultats pertinents et convaincants à partir
d'études de cas, il est nécessaire de procéder à
une analyse systématique des résultats de terrain (Roy, 2003).
73
Pour les entrevues, nous avons privilégié la
méthode d'analyse de contenu alors que les documents et les notes
recueillies pendant l'observation directe ont fait l'objet d'une analyse
documentaire.
VI-5-1 L'analyse documentaire
Les documents écrits
représentent une source précieuse d'information pour le
chercheur. Préalablement à toute démarche d'analyse, il
est primordial d'identifier les auteurs, le contexte dans lequel le document a
été produit, ses destinataires, la nature du texte (document
officiel, rapport d'activité ou compte rendu de réunion) et
finalement l'authenticité et la fiabilité par l'identification de
l'idéologie ou des intérêts des auteurs (Cellard, 1997).
Ce travail d'analyse préliminaire nous a permis de bien
connaitre les documents que nous avons obtenus et de comprendre le sens des
termes utilisés ainsi que leur contexte d'utilisation dans lesdits
documents. Nous avons ensuite délimité le contenu à
analyser en fonction de l'objet de notre recherche. La seconde étape a
consisté à remettre les parties ensembles de manière
à fournir une interprétation cohérente en fonction de nos
questions de recherche. Il s'est agi pour nous de déconstruire notre
sujet, et par la suite, de procéder à une reconstruction visant
à répondre à notre questionnement.
Cette technique nous a permis de mieux appréhender
notre sujet de recherche et de concevoir son armature théorique et
conceptuelle. Elle a consisté à recueillir et à analyser
toute la documentation disponible sur le secteur des industries extractives et
la problématique du contenu local en Afrique en général et
au Burkina Faso en particulier. Ainsi, des ouvrages généraux et
spécialisés, des mémoires et des thèses ont
été consultés. Nous avons opté pour cette approche
dans la mesure où l'objectif de notre collecte documentaire n'est pas de
procéder à une analyse thématique systématique de
leur contenu, mais de réunir les informations pertinentes à la
réponse à nos questions de recherche.
VI-5-2 L'analyse de contenu
L'analyse de contenu, est une méthode de recherche
utilisée quotidiennement dans la mesure où elle est
utilisée à chaque fois que nous lisons un livre ou regardons un
film et essayons d'identifier
74
le message qui y est véhiculé (Jones, 2000).
Bardin (1977) la définit comme un ensemble de techniques d'analyse des
communications utilisant des procédures systématiques et
objectives de description du contenu des messages. La description ne
représente cependant qu'une première étape de cette
technique dont le but est l'inférence de connaissances. Celle-ci
consiste en une déduction logique de significations à partir du
traitement des messages portant sur l'émetteur du message et son
environnement. L'analyse de contenu ne se limite pas au contenu qui implique
une analyse thématique mais prend également en compte les
facteurs contextuels à l'origine de ces thématiques ou encore les
conditions de production du message.
La procédure d'analyse de contenu vise donc à
expliciter et systématiser le contenu des messages à l'aide
d'indicateurs. Le principe opérationnel du paradigme de codification
appliqué dans notre cas à l'analyse de contenu, repose sur le
postulat que la répétition des unités d'analyse ou codes
qui sont constitués de mots, expressions, phrases ou paragraphes,
révèle les centres d'intérêt ou les
préoccupations des auteurs du discours analysé (Allard-Poesi et
al., 1999). De façon pratique, concernant les entretiens, ils ont
été retranscrits pour faciliter leur exploitation. La
retranscription s'est faite suivant les axes que nous avons
développés dans notre guide d'entretien (voir annexe), ce qui
nous a permis de rassembler les points de vue, de faire une synthèse et
enfin d'en faire l'analyse. Nous avons procédé à une
analyse horizontale qui a consisté à comprendre les
réponses de chaque individu pour un thème donné et
à l'analyse verticale qui nous a permis de savoir ce qui a
été répondu par un individu pour l'ensemble des
thèmes donnés. Pour appuyer notre analyse, nous avons
utilisé le logiciel « Word It Out » qui est un
générateur de nuages de mots qui nous a permis de faire une
synthèse de nos données et de leurs offrir du sens.
VI-6 Les limites des données collectées
Les informations et les données utilisées dans
notre étude proviennent essentiellement des entretiens effectués
sur le terrain et la revue documentaire. Il faut souligner que la taille de
l'échantillon par rapport au nombre d'acteurs intervenant dans le
secteur minier de façon générale et le contenu local en
particulier, notamment les PMI/PME, et l'indisponibilité de certaines
personnes qui devraient être interviewées constituent quelques
insuffisances liées à notre travail.
75
Toutefois, les données collectées dans la
rigueur reflètent pour le mieux la situation de la mise en oeuvre du
contenu local dans le secteur minier au Burkina Faso.
En somme, ce chapitre a été l'occasion pour nous
de placer cette étude dans son contexte mais également de
décrire la démarche méthodologique de l'étude. De
type qualitatif, la recherche empirique a opté pour la méthode
d'analyse de contenu. Les outils de collecte des données
utilisées ont été la revue documentaire, l'entretien
semi-directif et le questionnaire. Ceux-ci ont permis de recueillir des
informations qui ont servi de base d'analyse, en fonction des thèmes
développés dans le guide d'entretien et le questionnaire. Les
entretiens ont été retranscrits pour faciliter leur exploitation.
Les résultats des analyses sont présentés au chapitre
suivant.
76
CHAPITRE II : PRESENTATION, ANALYSE ET INTERPRETATION
DES RESULTATS
Ce chapitre est dédié à l'exploitation
des résultats obtenus à l'issue de l'exploitation des
informations recueillies sur le terrain ainsi qu'aux recommandations pouvant
faciliter la mise en oeuvre de la stratégie nationale du contenu local
dans le secteur des mines au Burkina Faso. Il sera question de présenter
d'abord les résultats obtenus suivant la démarche adoptée
dans le guide d'entretien, ensuite les analyser et les interpréter.
I. Analyse et interprétation des
résultats
Dans cette partie, nous avons cherché à
repérer les niveaux de connaissance du concept du contenu local, la
diffusion actuelle des informations utiles sur la mise en oeuvre du contenu
local, la manifestation réelle des besoins en information
stratégique et les difficultés rencontrées par les
acteurs. Les résultats sont ici présentés suivant les
thèmes abordés lors de l'entretien et dans le questionnaire :
brève présentation de la structure de la personne ressource,
notion du contenu local, appréciation de l'avènement de la
stratégie nationale du contenu local dans le secteur des mines au
Burkina Faso, la capacité des entreprises locales burkinabè
à satisfaire la demande, l'appréciation de l'approche de mise en
oeuvre de la stratégie nationale du contenu local et des propositions
pour améliorer l'approche de sa mise en oeuvre.
I-1 Présentation des résultats
Nous allons procéder à l'analyse de
l'étude qualitative sur l'ensemble des propos recueillis. Nous avons
d'abord retranscrit l'ensemble des données avant de les organiser par
thématiques. Ensuite, nous allons rédiger deux types de
synthèses : une synthèse verticale et une synthèse
horizontale. L'analyse verticale vise essentiellement la description et non
l'évaluation du contenu ; elle consiste à contextualiser,
à synthétiser et à condenser les données
recueillies. L'analyse horizontale a pour but de comprendre les réponses
de chaque individu pour un thème donné tout en faisant un
croisement avec nos hypothèses de départ.
77
I-1-1 Notion du contenu local et appréciation de son
avènement au Burkina Faso
Plusieurs pays ont adopté différentes
définitions ou approches relativement au contenu local par le biais
d'exigences dans les lois ou les contrats individuels, ou sous forme de
politique. Ces politiques et les dispositions visent généralement
à promouvoir davantage d'emplois pour la population locale, à
stimuler l'économie, à faciliter le transfert des technologies et
à renforcer les compétences de la main-d'oeuvre locale. Elles
visent souvent à accroître l'emploi et les formations à
l'échelle locale au profit des employés locaux, offrant ainsi aux
entreprises nationales des possibilités en matière de sous-
traitante ou de prestation de services dans le cadre de projets extractifs, ou
en assurant l'approvisionnement en produits locaux utilisés dans les
activités extractives. C'est dans ce sens que le Burkina Faso a
adopté sa stratégie nationale du contenu local dont la vision est
énoncée comme suit : « À l'horizon 2025, le
secteur minier constitue un levier de croissance économique durable et
inclusive à travers la création d'emplois locaux et
l'émergence d'entreprises nationales compétitives ». Ce
document défini le contenu local comme « l'ensemble des
activités portant sur le développement des capacités
locales, l'utilisation des ressources humaines et matérielles locales,
le transfert de technologie, la sous-traitance des entreprises, des services et
produits locaux, le capital des nationaux et la création de valeurs
additionnelles mesurables à l'économie locale sur toute la
chaîne de valeur des industries extractives ».
Le contenu local peut se définir comme, la garantie
d'opportunités directes et indirectes d'emploi et d'acquisition de
services tout en favorisant le développement des compétences
locales, le transfert de technologie et le recours à la main-d'oeuvre
locale et à la fabrication locale40. Tous nos interlocuteurs
rejoignent cette définition du contenu local. Certains estiment qu'il
s'agit d'une décision politique objective consistant à donner des
parts de marché dans le secteur minier aux nationaux, afin de booster
l'économie nationale. « Le contenu local veut dire
préférence nationale. C'est par le contenu local que nous allons
nous préparer à l'après-mine. Un projet minier c'est sept
(07) ans, plus une extension (donc maximum quatorze (14) ans). Comment investir
dans les entreprises locales pour que l'après-mine ne soit pas
douloureuse ? C'est de ça il s'agit », affirme un
fournisseur.
40 Le contenu local dans le secteur minier en RDC :
pour quel résultat ? Fridolin Kimonge , 2017
78
Le concept du contenu local a été largement
défini par les acteurs rencontrés, chacun en fonction de son
rôle. Il semble être appréhendé dans sa vision
holistique par le ministère en charge des mines qui se positionne dans
une perspective de construction d'une croissance nationale en s'appuyant sur le
secteur minier. Il s'agit pour l'Etat de créer les conditions qui
permettent à l'économie nationale de tirer profit du secteur
actuellement dominé par les investissements directs étrangers. La
Chambre des mines du Burkina Faso aussi s'inscrit dans cette lancée, en
soutenant que l'économie burkinabè manque de diversification et
que le contenu local est une alternative pour donner « un levier
d'irrigation majeur à l'économie nationale ». Elle
s'inscrit dans la vision selon laquelle le contenu local, doit
s'intégrer dans la stratégie du développement global d'un
Etat. Sur la question, l'Alliance des fournisseurs burkinabè de biens et
services miniers (ABSM) se penche plutôt sur le volet de la fourniture
locale.
Une comparaison des différentes définitions,
nous fait comprendre clairement de l'importance du contenu local pour
« une licence sociale d'exploitation » dans le secteur
minier qui est reconnue par les acteurs. Nos interlocuteurs sont unanimes que
les populations impactées par les activités minières
attendent des retombées positives, comme résumé dans le
tableau N°12.
Tableau N°12 : résumé des
connaissances sur la notion du contenu local
Notion de contenu local
Administration Vision holistique.
Objectif : maximiser les
retombées du secteur minier sur toute
l'économie
|
Fournisseurs Préférence nationale
dans le cadre de la
fourniture locale
|
Chambre des mines Un levier d'irrigation majeur
à l'économie
nationale
|
I-1-2 La capacité des entreprises locales
burkinabè à satisfaire la demande
Selon le Bureau international du travail (2017), les
entreprises minières ont des approches variées en ce qui concerne
la sous-traitance. Dans plusieurs pays, malgré l'existence de la loi,
elles fonctionnent de manière très intégrée et
interviennent tout au long de la chaîne de production. Elles
79
recourent à la sous-traitance étrangère
pour les activités liées à la prospection, à
l'exploration, à la construction des usines ou à la maintenance
des équipements ainsi qu'aux activités connexes comme les
assurances. C'est pourquoi, les politiques et les outils légaux qui
existent sur le contenu local préconisent la question de l'accès
des entreprises locales au marché à travers la sous-traitance et
de l'accès à l'emploi. Dans nos entretiens il est ressorti qu'au
Burkina Faso, la faible capacité des opérateurs à
répondre aux standards et aux exigences des achats (quantité et
qualité) constitue l'une des limites à la mise en oeuvre de cette
stratégie.
En outre, du côté du ministère des mines
et des carrières et de la chambre des mines, les responsables estiment
que tous les fournisseurs locaux burkinabè ne maitrisent pas les
règles de fonctionnement des entreprises minières. Un responsable
à la chambre des mines du Burkina Faso nous a confié que l'on
constate une volonté des entreprises minières à acheter
sur place, car « si vous avez la disponibilité sur place, vous
n'allez pas immobiliser vos ressources. Vous allez payer sur place avec les
fournisseurs locaux ». Cependant, affirme-t-il, les compagnies
minières restent attachées au triptyque «
Qualité-Prix-Délai » qui manque le plus souvent
chez les fournisseurs locaux (confère tableau N°13).
Tableau N°13 : résumé sur la
capacité des PME locales à satisfaire la demande des
sociétés minières
Capacité des entreprises locales
burkinabè
Chambre des mines et sociétés
minières Volonté manifeste à payer sur place
Craintes sur la qualité et les délais de
livraison
|
Fournisseurs Volonté à
s'insérer dans la chaine
d'approvisionnement des sociétés minières
I-1-3 L'accès aux financements des fournisseurs
burkinabè
Dans nos entretiens, il est ressorti que parmi les
difficultés qui entravent l'épanouissement des fournisseurs
locaux burkinabè, figure le problème de l'accessibilité au
financement bancaire. La problématique du financement bancaire est un
sujet à double enjeu : les promoteurs d'entreprises se plaignent des
conditions rigides des banques, tandis que les banques, elles évoquent
des insuffisances internes aux entreprises en matière de montage de plan
d'affaires.
80
De plus, l'incertitude de remboursement à laquelle la
banque fait face, notamment le risque, traduit toute son exigence d'une
garantie conséquente pour parer à cette
éventualité. Du côté de certains fournisseurs que
nous avons rencontrés, ils pointent du doigt l'absence de produits
financiers adaptés pour l'accompagnement des entreprises nationales. Par
exemple, le président de l'Alliance burkinabè des fournisseurs
des biens et services miniers (BSM) a relevé lors de l'entretien qu'il
nous a accordé à Ouagadougou en marge d'un atelier de
vulgarisation des textes sur le contenu local que toutes les banques ne
disposent pas « pour l'instant » de produits financiers
adaptés au secteur minier d'où la difficulté pour
certaines entreprises burkinabè à pénétrer le
secteur minier. De son côté, l'Association, Professionnelle des
Banques et Etablissements Financiers du Burkina (APBEF-B) explique que les
banques burkinabè interviennent dans le financement des besoins des
prestataires et fournisseurs miniers depuis le boom minier en 2009. A l'en
croire, certaines banques sont allées jusqu'à étendre
leurs agréments au crédit-bail compte tenu de la nature des
investissements dans le secteur minier.
Des banques comme Coris Bank International (CBI) et Vista Bank
Burkina que nous avons approché ont déclaré qu'elles ont
pour missions entre autres, de financer les particuliers et les entreprises
notamment les PME/PMI ainsi que l'accompagnement des porteurs de projets. Ces
banques ont également confirmé l'existence de produits
consacrés au financement des activités des fournisseurs
burkinabè dans le secteur des mines. Un responsable d'exploitation et
marketing de Vista Bank Burkina ex Banque internationale pour le commerce,
l'industrie et l'agriculture du Burkina Faso (BICIAB), filiale du Groupe BNP
Paribas a confié que Vista Bank Burkina dispose d'un portefeuille
conséquent pour financer les activités liées à
l'exploitation minière notamment dans le secteur des transports des
minerais.
Tableau N°14 : résumé des
éléments de langages liés à la problématique
de l'accès aux financements
L'accès aux financements des fournisseurs
burkinabè
Fournisseurs Indisponibilité de produits
financiers adaptés
Etablissements financiers
|
Existence de certains produits financiers adaptés
Faible organisation et de gouvernance des PME
|
81
I-2 Analyse des résultats et vérification des
hypothèses
L'analyse apporte des réponses aux questions et
objectifs de recherche formulées et constitue une base pour
dégager des propositions. Dans cette partie nous allons essayer de
comprendre les réponses apportées par nos interlocuteurs à
nos questions tout en les liant à nos hypothèses de départ
que sont : a- les acteurs, notamment les sociétés minières
et leurs sous-traitants ont adhéré à la stratégie,
b- les entreprises locales burkinabè ont des difficultés
d'accès à l'information relative aux achats des biens et services
par les sociétés minières , c- les fournisseurs locaux ont
une faible capacité à satisfaire aux besoins des
sociétés minières.
La recherche qualitative étant
généralement interprétative, il s'agira pour nous de
chercher à bien comprendre notre sujet à partir
d'interprétations des témoignages et des opinions recueillis. Le
but est de dégager des explications qui soient justifiables sur le plan
théorique et qui décrivent le plus fidèlement possible le
phénomène tel que nous l'avons appréhendé.
I-2-1 Adhésion des sociétés
minières et de leurs sous-traitants à la stratégie
Les sociétés minières, les entreprises
locales et les communautés locales peuvent toutes tirer profit de
l'augmentation de l'approvisionnement local (schéma N° 2). Pour les
sociétés minières, cette politique de l'approvisionnement
local se traduit par une réduction des coûts de logistique et de
stockage, une meilleure sécurité des approvisionnements, un temps
d'approvisionnement réduits et une amélioration de l'image
auprès des populations (licence sociale). Les résultats de nos
enquêtes sur le terrain montrent que toutes les sociétés
minières présentes au Burkina Faso ont fait des efforts pour se
conformer à la législation en vigueur en matière de
contenu local. En effet, le décret et l'arrêté relatifs
à la fourniture locale sont entrés en vigueur le 1er janvier
2022.
Après six (06) mois d'application de ces textes, le
Service du développement du contenu local de la direction de la
promotion et de l'économie minière note des avancées.
Selon le premier responsable du Service de développement du contenu
local que nous avons rencontré à plusieurs reprises, en
application des dispositions de la loi sur le contenu local, quinze (15) mines
en production et huit (08) entreprises sous-traitantes ont transmis leur plan
d'approvisionnement de
82
l'année 2022 à l'administration des mines
pendant la période de février-mars 2022. Cet engouement est
corroboré par un responsable de la Chambre des mines du Burkina Faso qui
a déclaré : « contrairement à ce que les gens
disent, les sociétés minières n'ont jamais
été contre le contenu local. Acheter localement est dans l'ADN
des sociétés minières ». Cette
déclaration des sociétés minières a
été confirmée par quatorze 90% de nos
enquêtés.
L'adhésion des sociétés
minières à la stratégie nationale du contenu local s'est
traduite par leur participation à la conception de cette
stratégie à travers leur faîtière, la Chambre des
mines du Burkina Faso, selon le ministère en charge des
mines.
Les compagnies minières accompagnent les
initiatives de formation des entreprises locales burkinabè aux normes et
qualités exigées, selon la Chambre des mines du Burkina
Faso.
En plus de l'administration minière, les
fournisseurs locaux que nous avons rencontrés expliquent que les
sociétés minières ont adhéré à la
stratégie.
Ils soutiennent leurs réponses par l'existence de
plusieurs cadres de dialogue et d'échange entre les compagnies
minières, l'administration minière et les acteurs
économiques locaux sur la question. En outre, pour bien
appréhender les données recueillies auprès de nos
interlocuteurs, nous avons utilisé l'application « Word IT Out
» afin de faire un croisement des différents propos issus des
entretiens. Dans la figure N° 8 de « nuages de mots » obtenues,
nous remarquons que s'agissant de l'adhésion des compagnies
minières à la stratégie, les mots les plus utilisés
sont : Acceptation, se conformer à la loi, acheter
localement, adhérer. Ces termes ont été
utilisés par nos interlocuteurs pour illustrer leurs propos.
83
Figure N° 8 : Nuages de mots sur
l'adhésion des compagnies minières à la
stratégie
Notre hypothèse 1 stipulait que «
l'adhésion des sociétés minières et leurs
sous-traitants à la stratégie facilite sa mise en oeuvre ».
Ainsi, au regard de ce qui précède nous pouvons affirmer que
cette hypothèse est confirmée.
I-2-2 L'accès à l'information relative aux
achats des biens et services par les sociétés minières
L'un des éléments incontournables dans la
réussite d'une politique de contenu local est la fluidité de
l'information entre les différents acteurs. Il s'agit de faire en sorte
que les besoins des compagnies minières soient consignés
annuellement dans un catalogue par anticipation et mis à la disposition
des fournisseurs locaux qui s'en serviront comme base de constitution de leur
stock. C'est dans ce sens que le décret portant fixation des conditions
de la fourniture locale dans le secteur minier prévoit l'obligation pour
les sociétés minières et leurs sous-traitants de
transmettre à l'administration des mines, la liste de leurs fournisseurs
de biens et de prestataires de services
84
leurs plans d'approvisionnement de biens et services et les
rapports d'exécution des plans d'approvisionnement de l'année
N-1. Lors de nos entretiens avec les fournisseurs il est ressorti plusieurs
difficultés concernant l'accès à l'information.
Le processus de sélection des prestataires par
les sociétés minières est toujours « opaque
».
« Ce que nous nous constatons est que la
sélection des fournisseurs ne nous satisfaits pas, car cette
sélection n'est pas transparente », nous a
déclaré un de nos enquêtés parmi les fournisseurs.
Il ajoute que le processus pour accéder à la base de
données des entreprises minières qui disposent d'un plan
d'approvisionnement « clair » est connu des fournisseurs.
Cependant dans plusieurs entreprises minières ce processus reste
« très opaque », selon un autre interlocuteur. Un
autre interlocuteur, chef d'entreprise et membre de l'ABSM exhorte les
compagnies minières à plus de transparence dans le processus de
sélection des prestataires locaux. « Nous souhaitons que chaque
mine fasse un processus beaucoup plus transparent. Généralement
les appels d'offre de ces compagnies ne sont pas publics. C'est ceux qui sont
déjà dans la base de données qui sont au courant »,
a-t-il fait savoir.
Chaque compagnie minière dispose de son propre
réseau de prestataires
Un de nos interlocuteurs au sein de la Chambre des mines nous
a expliqué que chaque société minière dispose d'une
base de données de ses fournisseurs, selon des critères bien
définis. Dans les faits, les sociétés minières
disposent d'une cartographie des fournisseurs miniers, qui va de la
localité, à la région, jusqu'au niveau national. La base
de données est catégorisée selon le secteur
d'activité. Cette description est en partie vérifiée, car
dans nos recherches, nous avons pu visiter certaines plateformes appartenant
à des compagnies où des offres relatives au secteur minier sont
publiées comme par exemple (
www.joffres.net,
https://ao.iamgoldessakane.com/,
edvone.procurement@endeavourning.com
).
Le problème d'accès à
l'information est réel et l'une des solutions est la mise à
disposition de l'administration minière les plans
d'approvisionnement
Au Ministère en charge des mines, nos interlocuteurs
assurent que concernant l'accès à l'information, des plans
d'approvisionnement des entreprises minières sont collectés par
l'Administration minière. « Nous sommes en train de voir dans
quelle mesure nous allons permettre aux entreprises burkinabè de pouvoir
avoir l'information. C'est extrêmement important. Si on sait qu'au cours
de l'année il y a tel bien ou tel bien qui est prévu pour
être payé, cela permet
85
aux entreprises intéressées de pouvoir
s'organiser et de prendre des dispositions pour pouvoir répondre
à ces appels », a relaté notre source qui poursuit :
« encore, faut-il que les sociétés minières
permettent une large diffusion de l'information concernant leurs
prévisions d'achat ». Un fournisseur explique que l'accès
à l'information est très capital. « Si nous avons les
éléments statistiques sur ce que les sociétés
minières ont acheté il y a un ou deux ans, et ce qu'elles vont
acheter les années prochaines, nous pensons que nous pourrons faire un
rapprochement entre ce qui est déjà fait et ce qui va être
fait et proposer maintenant aux banquiers et établissements financiers
comment eux ils vont bien investir leur argent en nous le donnant, parce qu'ils
vont gagner », dit-il.
Dans la figure N° 9 un croisement des entretiens que nous
avons eus avec nos interlocuteurs avec l'outil « Word IT Out » fait
ressortir qu'il y a un problème d'accès à l'information
des besoins des sociétés minières.
Indisponibilité de l'information, problème de
sélection, opacité, Manque de transparence sont les
termes fréquemment utilisés par nos interlocuteurs pour justifier
leurs réponses.
Figure N° 9 : Nuages de mots sur
l'accès à l'information des besoins des compagnies
minières aux PME/PMI
86
L'hypothèse 2 de notre étude est formulée
comme suit : «Le faible niveau d'accès des entreprises locales
burkinabè aux informations relatives aux achats des biens et services
des compagnies minières est l'un des facteurs qui limitent leur
compétitivité ». De notre analyse, il ressort clairement que
l'accès à l'information liée aux besoins des compagnies
minières demeure difficile pour les fournisseurs locaux
burkinabè. Au regard de ces résultats, nous pouvons affirmer que
cette hypothèse est confirmée.
I-2-3 La capacité des fournisseurs locaux à
satisfaire aux besoins des sociétés minières
Nos interlocuteurs conviennent tous que l'achat local est un
domaine à fort potentiel en termes de création de la valeur suite
à l'installation des compagnies minières. Au Burkina Faso on
dénombre de nombreuses PME locales fournissant des services
d'intermédiaires commerciaux, et quelques entreprises de prestation de
services détenues par des locaux. Tout au long de notre travail, il est
ressorti qu'un pays peut tirer parti des investissements dans son industrie
extractive pour appuyer le développement d'industries locales
d'approvisionnement et la diversification de son économie. Pour le cas
spécifique de la mine d'or d'Iamgold Essakane SA son directeur-Pays,
Souleymane Boly, explique que l'approvisionnement local occupe une place
majeure dans la stratégie de partage de la richesse définie par
sa compagnie.
Selon M. Boly depuis 2010, près de 1.300 milliards de F
CFA de chiffres d'affaires ont été générées
par la chaîne d'approvisionnement de la mine d'or d'Iamgold Essakane SA
auprès d'entreprises installées au Burkina Faso. Sur la
même période, plus de 35 milliards de F CFA de chiffres d'affaires
ont été réalisés par des entreprises du Sahel
depuis 2012 générant ainsi plus de 1.000 emplois indirects
auprès des fournisseurs locaux41. Ces chiffres pourraient
atteindre un certain seuil important, si la faible capacité des
entreprises locales burkinabè à satisfaire la demande des
entreprises minières, ne constituait pas facteur de risque, selon nos
interlocuteurs.
Par exemple 70% de nos interlocuteurs estiment que les
contraintes qui se posent aux fournisseurs locaux, sont liées entre
autres, aux difficultés à atteindre et à
maintenir
41 La mine d'or d'Iamgold Essakane SA a
organisé le 10 novembre 2022 à Dori, une Journée Porte
Ouverte dédiée aux fournisseurs locaux de la mine et aux
opérateurs économiques de la région du Sahel. Source :
https://mines-actu.net/2022/11/14/achats-de-biens-et-services-miniers-la-mine-dessakane-explique-les-opportunites-daffaires-aux-entreprises-locales-du-sahel/
consulté le 14 novembre 2022 à 13h16.
87
des normes adéquates en termes de
qualité et de délais de livraison. Cette situation est
due à la spécificité de l'industrie minière, qui
fait que les fournisseurs sont soumis à des standards de normes. «
On constate que les PME/PMI locales ne sont pas toujours capables de remplir
les exigences contractuelles en matière d'approvisionnement des
sociétés minières, ce qui entraine une perte importante de
marché pour les fournisseurs locaux », explique un cadre de
l'administration minière burkinabè.
Le nombre élevé de demandes de
dérogation et d'autorisation d'approvisionnement à
l'extérieur traitées en moins d'une année par
l'Administration en 2022 (Graphique N° 3) témoigne de l'absence
d'une expertise nationale à faire face à toute la demande des
sociétés minières. En effet, selon les
données du Service du développement du contenu local de la
Direction générale de la promotion et de l'économie
minières (DGPEM), les biens et les services les plus demandés en
dérogations sont essentiellement des pièces de rechange
"Équipement fixe" (14.74%), le carburant et lubrifiant (10.53%), les
forage minier (9.47%) ; l'assurance et réassurances (6.32%), les
substances explosives (5.26%), la fabrication de flexibles hydrauliques et
embouts (LNFA) (5.26%) , le Cyanure (5.26%) et les autres produits chimiques
entrant dans le traitement de minerais (5.26%). Cela démontre que les
sociétés minières ont de plus en plus tendance à se
faire livrer les biens et services depuis l'extérieur du fait de
l'inexistence de fournisseurs capables de les satisfaire selon leurs
explications. Sur les quatre-vingt-quinze (95) demandes de dérogations
enregistrées par le ministère en charge des mines, entre janvier
et juillet 2022, quarante-sept (47) ont reçu un avis défavorable
et trente-sept (37) ont reçus un avis favorable.
L'aptitude des entreprises locales à
répondre de façon efficace et efficiente aux nouvelles demandes
du marché est limitée. Certaines entreprises locales ont
également des insuffisances par rapport aux procédures d'achats
des compagnies minières. Par exemple, un responsable de l'Alliance
burkinabè des Fournisseurs des biens et services miniers (ABSM)
reconnait l'inexistence des adresses mail pour la réception des offres
et pour la transmission des réponses chez certains fournisseurs et le
manque de formalisation de plusieurs PME/PMI.
88
Le refus des compagnies minières de signer des
engagements de domiciliation au profit des banques, selon certains de nos
interlocuteurs. « Lorsqu'un prestataire obtient un
marché avec une compagnie minière, celui-ci approche une banque
pour l'accompagner. La banque donne son accord de principe mais indique que le
fruit de cet accompagnement, ou les recettes issues de cet accompagnement
soient fermement domiciliées et fassent l'objet de la signature d'un
engagement de domiciliation par la mine. La quasi-totalité des mines
refusent cela », a indiqué un responsable de banque. Il
précise que cette situation ne permet pas aux banques de donner des avis
favorables à l'accompagnement de certains fournisseurs.
A cela s'ajoute le contexte
d'insécurité, car, a-t-il dit, lorsque des prestataires
présentent leur besoin de financement et que le banque estime que cette
activité n'est pas suffisamment encadrée sur le plan
sécuritaire, elle s'abstient de donner une réponse favorable.
Notre interlocuteur note également que par moment la structuration des
dossiers de financement des fournisseurs pose problème du fait que
plusieurs d'entre eux évoluent dans l'informel. L'absence de
contrats entre certains prestataires et les sociétés
minières et les délais de paiements souvent très longs
sont cités par les fournisseurs comme un obstacle à satisfaire la
demande des compagnies minières.
Sur ce point, les fournisseurs que nous avons rencontré
soulignent que la réticence des établissements financiers
à leurs accorder des financements s'explique le plus souvent par le
manque de contrat. A cela s'ajoute les délais de paiement des compagnies
minières qui obligent les fournisseurs à immobiliser leurs
capitaux.
Les responsables bancaires déclarent aussi que
le secteur minier n'était pas bien connu au départ du milieu
financier et que des efforts sont faits pour proposer des produits financiers
adaptés.
La mauvaise structuration des entreprises engendre des
difficultés d'appréciation de leurs projets soumis à
financement. En effet, la possession d'un des trois types de
numéros administratifs (Numéros CNSS, IFU, RCCM) et l'utilisation
du SYSCOHADA permet de définir la formalité des entreprises. Or
au Burkina Faso ce taux de formalité global est faible (9,1%) selon le
septième recensement industriel et commercial (RIC VII, INSD, 2018).
89
On peut donc retenir que les entreprises locales
burkinabè ont la volonté de fournir des biens et services aux
compagnies minières, mais force est de constater que ces
dernières font face à des obstacles au nombre desquels nous
pouvons citer le non-respect des normes et de la qualité, la
faible capacité financière et le manque d'accès à
l'information comme l'indique la figure N°10 obtenue
à partir d'un croisement des entretiens que nous avons
réalisés.
Figure N° 10 : Nuages de mots sur la
capacité des entres locales à satisfaire aux besoins des
compagnies minières
Notre hypothèse 3 était intitulée comme
suit : «les fournisseurs locaux sont confrontés à des
difficultés d'accès aux financements qui expliquent leur faible
capacité à satisfaire aux besoins des sociétés
minières ». Suite à nos analyses cette hypothèse a
été confirmée.
90
Graphique 3: Pourcentage des demandes de
dérogation par biens et services
14,74
Pieces de rechange "Equipement fixe" Carburant et lubrifiant
Forage minier Assurance et réassurance Substances explosif Fabrication
de flexibles hydrauliques et embouts... Cyanure Autres produits chimiques
entrant dans le...
10,53
9,47
6,32
5,26 5,26 5,26 5,26
Pneumatique " Engin lourd"
|
|
4,21
|
|
Fret-Transit-Logistique
|
|
4,21
|
|
Chaux
Mecanique industrielle (Usine) Extraction de minerais en
sous-terrain
Analyse d'échantillon
Restauration et Ebergement Pieces de rechanges "Vehicule
légers"
Boulet Sécurité
Mécanique d'engins et de machines mobiles Mécanique
de précision et d'usinage (Moteur ,... Maintenance de la centrale
électrique du site...
Levés géochimiques
Inspection et recharge des bouteilles d'inspection ... Extraction
de minerais à ciel ouvert (Hors ingenierie) Construction de parc de
résidus (Travaux de... Analyse des huiles usées(LNFA)
1,05
2,11
2,11
2,11
3,16
3,16
3,16
4,21
1,05
1,05
1,05
1,05
1,05
1,05
1,05
1,05
0,00 5,00 10,00 15,00 20,00
Source : DGPEM
91
Conclusion partielle
Ce chapitre consacré à la présentation,
l'analyse et l'interprétation des données nous a permis de
confronter la théorie à la pratique dans le cadre de notre
présent travail de recherche relatif à la mise en oeuvre du
contenu local dans le secteur des mines au Burkina Faso. De façon
globale, nous pouvons affirmer que les acteurs notamment les
sociétés minières et les fournisseurs ont
adhéré à cette politique voulue par le gouvernement
burkinabè afin de maximiser les retombées du secteur. Cependant
l'hésitation des compagnies minières réside du fait que
ces dernières se posent encore des questions sur la capacité
réelle des fournisseurs locaux à satisfaire leurs besoins en
termes de qualité des produits et des délais de livraison. En
outre, il ressort également que les fournisseurs sont confrontés
à un manque d'informations liées aux besoins des compagnies
minières.
De ce qui précède, des perspectives de recherche
peuvent être proposées car pour un travail de recherche, il serait
trop prétentieux de vouloir examiner toutes les facettes de la mise en
oeuvre de la stratégie nationale du contenu local dans le secteur des
mines au Burkina Faso.
II. Perspectives de recherche
Plusieurs difficultés ont été
évoquées par les acteurs dans la mise en oeuvre de la
stratégie nationale du contenu local. Dans notre démarche, nous
avons cherché à apprécier son mécanisme de mise en
oeuvre en posant la question suivante à nos interlocuteurs : «
Quelle appréciation faites-vous de l'approche de mise en oeuvre de
la stratégie nationale du contenu local ? ». 40% de nos
interlocuteurs apprécient positivement l'approche actuelle
utilisée et estiment que des efforts ont été faits par les
acteurs, notamment le ministère en charge des mines, les
sociétés minières et les fournisseurs locaux
burkinabè à travers la mise en place d'un cadre tripartite. 60%
estiment cette approche de mise en oeuvre peut et doit être
améliorée.
Le contenu local est une thématique «
multi-acteurs ». « Il faut que les autres acteurs s'y mettent. Il
faut travailler à organiser les filières (...) Il faut une
intelligence collective. Nous devons être innovants, trouver des
mécanismes de telle sorte que de jour en jour, les parts du
marché des entreprises locales puissent s'augmenter », nous
confie un responsable de la Chambre des mines.
92
Un autre interlocuteur explique que le contenu local tel
qu'appliqué actuellement au Burkina Faso ne tient pas compte de
plusieurs éléments. « Ce que nous faisons actuellement
c'est de l'achat local, car on n'arrive pas à produire localement.
Pensons d'abord à la production. On est allé résoudre le
problème en haut. On doit laisser l'économie de la cueillette et
aller vers l'économie de la production », dit-il. Ce dernier
pense qu'il faut développer une intelligence collective pour
réussir la mise en oeuvre du contenu local au Burkina Faso et recommande
aux entreprises locales de s'organiser afin d'être compétitives en
matière de fourniture locale des biens et services miniers. Pour notre
part, nous estimons que l'Intelligence Economique peut être un outil de
mise en oeuvre de la stratégie nationale du contenu local dans le
secteur des mines au Burkina Faso.
II-1 Recommandations et propositions
opérationnelles
II-1-1 Apport de l'Intelligence économique (IE)
à la mise en oeuvre du Contenu local
? Tentative de définitions
En France du point de vue de l'expression d'Intelligence
Economique, celle-ci est d'abord issue des travaux de C. Harbulot (1992) et du
groupe de réflexion présidé par Martre (Martre, Clerc
& Harbulot 1994). Le rapport H. Martre, qui représente le catalyseur
de la prise de conscience des enjeux de l'IE en France et qui est devenu une
référence sur laquelle repose un support théorique de l'IE
en Afrique, défini l'Intelligence économique comme suit :
« L'ensemble des pratiques et des stratégies d'utilisation de
l'information utile, développées au sein d'un pays à ses
différents niveaux d'organisation : celui de l'État, du
gouvernement, de l'industrie, des entreprises, de l'éducation, et
même de la population ». (Rapport H. Martre, 1994).
Plus loin, H. Martre (1994) souligne que l'IE peut être
défini comme « l'ensemble des actions coordonnées de
recherche, de traitement et de distribution, en vue de son exploitation, de
l'information utile aux acteurs économiques ». Dans cette
définition il met l'accent sur l'utilité de l'information et met
en avant la dimension éthique et déontologique de l'IE pour
préserver une sécurité et une protection pour l'entreprise
en rappelant que ces diverses actions sont menées légalement avec
toutes les garanties de protection nécessaires à la
préservation du patrimoine de l'entreprise dans les meilleures
conditions de qualité, de délais et de coûts.
Le rapport Martre soutient que l'information, est un capital
stratégique dans l'élaboration du processus de décision
stratégique et des tactiques stratégiques.
93
« L'information utile est celle dont ont besoin les
différents niveaux de décision de l'entreprise ou de la
collectivité pour élaborer ou mettre en oeuvre de façon
cohérente la stratégie et les tactiques nécessaires
à l'atteinte des objectifs définis par l'entreprise dans le but
d'améliorer sa position dans son environnement concurrentiel ».
Nous constatons à travers cette définition que l'objectif de
compétitivité de l'IE pour l'entreprise est clair.
Cette définition de l'IE proposée par le rapport
H. Martre est composée de trois éléments. Le premier
élément concerne la matière première de l'IE
à savoir l'information qui représente un capital
stratégique pour l'entreprise. Le deuxième élément
est lié aux fonctions de l'IE à savoir l'aide à la
décision stratégique, la sécurité, la protection et
l'amélioration de la position compétitive de l'entreprise au sein
d'un environnement hyperconcurrentiel.
Le troisième met en avant le cadre organisationnel et
éthique de l'IE pour la coordination des différentes phases du
processus de l'IE « recherche, traitement, distribution et exploitation de
l'information utile » menées conformément aux conventions
déontologiques de l'entreprise. Le quatrième concerne quelques
critères intéressants qui garantissent une efficacité du
SIE à savoir « qualités, délais et coûts
».
La cinquième facette est celle des acteurs de l'IE qui
représentent une composante vitale de l'IE. Sur la base de ces
définitions, nous disposons d'une présentation fonctionnelle de
l'IE constituée en général des fonctions de : veille,
protection du patrimoine informationnel, communication - influence et animation
de réseaux.
Dans nos travaux il est ressorti clairement que la faible
capacité des fournisseurs locaux à satisfaire les demandes des
sociétés minières et les difficultés d'accès
à l'information constituent les points de blocage d'une mise en oeuvre
efficace de cette politique du contenu local. Dans ce sens il parait
intéressant pour nous de nous appuyer sur cette discipline afin de faire
des propositions d'amélioration de l'approche de mise en oeuvre du
contenu local.
Pour les fournisseurs des biens et services miniers, la
pratique de l'Intelligence Economique peut contribuer à
l'amélioration de la performance de leurs entreprises.
Pour ce faire, les fournisseurs doivent entre autres,
mobiliser des talents et les capacités d'analyse en maîtrisant les
sources et flux d'informations. Car l'Intelligence économique
d'entreprise produit les connaissances utilisables dans les actions de lobbying
et d'influence locales, régionales, nationales, ou internationales.
94
Par exemple, chaque PME évoluant dans la fourniture
locale doit avoir une politique concrète à l'égard de
l'information ou posséder un système de gestion de l'information.
Cette politique est portée par la Direction. Les PME étant
généralement moins nanties en ressources humaines, la gestion de
l'information (collecte et diffusion) peut être assurée par des
salariés proches du Comité de direction ou répartie dans
les différents services. Le partage d'informations se fera à
travers des méthodes traditionnelles d'échanges (réunions,
rapports, contacts personnels...) et des méthodes non traditionnelles
(intranet, systèmes d'information).
? Comment implémenter ?
Définition des besoins en information
Une PME évoluant dans la fourniture des biens et
services miniers doit d'abord définir ses besoins en information. Cette
définition doit se faire par le niveau supérieur de la direction
en collaboration avec les services stratégiques de l'entreprise. Dans le
cas précis de la fourniture locale, les besoins en informations vont
tourner au tour des besoins en biens et services des entreprises
minières. Cette situation implique la connaissance du cycle de vie de la
mine (Exploration-Evaluation-Développement -Production-Fermeture),
chaque étape ayant ses besoins.
Une bonne connaissance de la réglementation en
matière de fourniture locale aux mines au Burkina Faso, les exigences
normatives des compagnies minières, les nouveaux produits financiers
adaptés au secteur minier est également nécessaire. En
outre, l'entreprise évoluant dans le domaine de la fourniture aux
compagnies minières doit se tenir informée des technologies
disponibles dans ce secteur. Car un avantage concurrentiel durable s'appuie sur
un système de gestion de l'information intelligent au sein d'une
entreprise.
Une fois identifiés, ces besoins doivent être
segmentés et ordonnés et les sources d'information
identifiées.
Identification des sources d'information
Les sources d'information et leur fiabilité dans chaque
domaine particulier doivent être bien définies. Nous pouvons noter
les sources primaires (clients, fournisseurs, concurrents, foires...) et les
sources secondaires (Données des sites Web des compagnies
minières, des ministères en charge des Mines, du Commerce, des
banques...)
Analyse et validation l'information
95
Les informations collectées doivent être
analysées en fonction de leurs importances et pertinences avec le
domaine d'activité. Ce travail peut être fait par les responsables
des services.
Diffusion de la connaissance
Une fois l'information analysée, elle ne doit pas
être délivrée à la direction de manière
collective et aveugle. Elle doit être transmise à la direction
avec des propositions d'action à mener. Des systèmes plus
avancés de gestion de l'information, à la fois externes et
internes (par exemple les outils de Knowledge management), peuvent être
utilisés pour garantir la sécurité de l'information.
Action
Une fois l'information et les propositions d'action arrivent
sur la table du premier responsable, celui-ci doit agir maintenant en tenant
compte de son environnement. Ce schéma implique une bonne organisation
interne des PME évoluant dans le domaine de la fourniture locale aux
compagnies minières.
II-2 Le gouvernement et les sociétés
minières et pratique de l'IE
Dans les pays à faible capacité de production
industrielle comme le Burkina Faso, les opportunités pour les
entreprises locales dans le secteur minier sont généralement
concentrées sur la fourniture de services notamment la location de
matériel et travaux de génie civil, le service lié au
personnel, la gestion du site et service connexes, les services aux entreprises
et certains produits alimentaires. La mise en oeuvre efficace du contenu local
recommande que les autorités et les sociétés
minières posent un certain nombre d'actions au préalable. L'une
de ces actions est de faire d'abord une évaluation des pratiques et
performances du contenu local par les sociétés minières et
la capacité du secteur privé à établir des liens
commerciaux avec les investissements directs étrangers dans le pays.
Cela permettra de bien orienter la stratégie mise en oeuvre
présentement.
En outre, les autorités doivent accélérer
la création de la Bourse de sous-traitance comme mentionné dans
le document de stratégie. Nos recherches nous ont permis de savoir par
exemple qu'en République de Guinée, cette Bourse offre plusieurs
services aux acteurs économiques. Pour les PME elle favorise entre
autres, l'accès aux informations sur les opportunités
commerciales, l'assistance technique pour renforcer les compétences et
se conformer aux normes internationales, l'accès à des ateliers
et opportunités de formation et aux opportunités de
financement.
96
Aux sociétés minières, la Bourse permet
l'accès à la base de données des fournisseurs locaux, la
possibilité d'identifier les fournisseurs et les entreprises ayant le
potentiel de devenir fournisseurs, l'assistance dans l'exécution des
politiques de contenu local et l'accompagnement des partenaires au
développement dans le développement des compétences des
fournisseurs locaux. La mise en oeuvre du contenu local doit se faire en
fédérant toutes les énergies des différents
acteurs. Comme l'indique le tableau N° 15 ci-dessous, plusieurs
défis doivent être relevés à travers une
intelligence collective pour faciliter la réussite de la politique du
contenu local au Burkina Faso.
Tableau 15 : Les leviers à actionner pour
une meilleure opérationnalisation du contenu local
DEFIS DESCRIPTION SOLUTIONS
|
ALLEGER L'APPLICATION DE LA REGLEMENTATION
La réglementation « dure » relative
au
|
Si la réglementation relative au
|
Pour les débuts de l'application du
|
contenu local sans préalables peut
être
un obstacle au développement du
|
contenu local est très restrictive, elle peut
être difficile à respecter
|
décret lié à la fourniture locale, il
faudra tenir compte des contrats
|
secteur minier
|
et décourager les investisseurs
|
déjà passés par les compagnies
minières à travers des accords de dérogation
|
Mettre en oeuvre progressivement les
|
Souvent dans la précipitation
|
Faire une évaluation des pratiques
|
règlements du contenu local
|
certaines réglementations ne sont
|
et performances du contenu local
|
|
pas bien maitrisées avant leur
|
par les sociétés minières et la
|
|
application. Par exemple certains
|
capacité du secteur privé avant
|
|
biens stratégiques pour les mines
|
mettre en oeuvre certaines lois
|
|
(explosifs, cyanure et des pièces de rechange) ne sont
fournis que
par la société mère ou le fabriquant.
|
relatives au contenu local
|
La faiblesse du dialogue entre le
|
On note une méfiance entre le
|
Multiplier les cadres d'échanges
|
gouvernement et les sociétés
minières
|
secteur minier et les autorités
|
sur la question du contenu local
|
|
surtout quand on évoque la
|
entre les deux parties. Faire
|
|
question du contenu local.
|
ressortir les avantages et les
enjeux liés au sujet pour chacune des parties.
|
RENFORCER LA CAPACITE DES PME LOCALES
97
Développer l'écosystème des
PME
locales
|
Les PME locales sont souvent
confrontées à de mauvaises
|
Former les PME sur la gestion et la gouvernance interne : appui
aux
|
|
pratiques de gestion.
|
actions de renforcement des
capacités techniques et
managériales des entreprises locales (identification
des besoins,
élaboration, financement et
exécution programmes de formation)
|
Travailler sur le développement actif
|
Les PME n'ont pas souvent accès
|
Mettre l'accent sur des entreprises
|
des fournisseurs et la promotion des
|
aux financements (manque
|
détenues par des nationaux ou sur
|
investissements
|
d'accompagnement des
|
des coentreprises qui peuvent
|
|
entreprises dans l'obtention des
|
apporter des accords de
|
|
crédits, faible développement de
|
financement et de la technologie.
|
|
produits financiers adaptés :
|
Développer des approches
|
|
comme le crédit-bail et
|
formelles ou informelles de
|
|
l'affacturage)
|
partenariat entre sociétés minières et
prestataires.
|
FACILITER L'ACCES A L'INFORMATION AUX PME
LOCALES
Faciliter l'accès aux contrats
|
La plupart des contrats miniers sont volumineux et exigent trop
de capitaux
|
Découper les contrats miniers et réduire les
délais de paiement. La nécessité pour les fournisseurs
de
se mettre en groupement s'impose.
|
Promouvoir l'accès à l'information
en
|
Toutes les compagnies minières
|
Construire une approche
|
encourageant les sociétés minières
à
|
ne disposent pas de sites web
|
collaborative et des plateformes
|
améliorer leurs stratégies de
|
contenant des informations liées
|
de communication constructive
|
communication
|
aux approvisionnements locales
|
entre les acteurs autour de
l'approvisionnement local
|
|
|
Encourager les sociétés minières à
développer des plateformes plus fluides et faciles d'utilisation par les
fournisseurs.
|
Favoriser la connaissance entre les
|
Les PME locales n'ont souvent
|
Développer les plateformes
|
PME locales et les compagnies minières
|
pas accès aux opportunités et aux
|
d'informations. Organiser
|
|
exigences d'approvisionnement
|
régulièrement des forums dans le
|
|
des sociétés minières. De même
|
secteur minier. Ces forums
|
98
|
les compagnies minières ne
|
constituent des cadres d'échanges
|
|
connaissent pas toutes les PME qui ont du potentiel en
matière de fourniture locale de biens et de
|
et de partages entres fournisseurs,
administration minière,
établissements financiers et
|
|
services
|
compagnies minières.
|
Promouvoir le reporting des
|
La difficulté d'accès aux données
|
Prévoir un portail sur lequel toutes
|
approvisionnements locaux
|
sur les approvisionnements
|
les entreprises minières vont
|
|
locaux constitue d'un des
|
publier leurs rapports d'exécution
|
|
obstacles au développement du contenu local.
|
des plans d'approvisionnement
|
AUTRES LEVIERS
Développer le recrutement local dans les
compagnies minières
|
Il faut amener les compagnies minières à recruter
le plus grand
|
Accélérer la formation des jeunes aux
métiers spécifiques des mines
|
|
nombre de leurs salariés sur le
|
et les domaines connexes.
|
|
plan local.
|
Concevoir des contenus de
formation adaptés au secteur minier
burkinabè.
|
Le sous- développement des
|
Le manque d'infrastructures
|
Elaborer des plans stratégiques à
|
infrastructures limite les effets
|
limite le développement du
|
long terme pour développer les
|
d'entrainement du secteur minier
|
secteur privé national.
|
infrastructures (routes, électricité)
les ressources humaines et l'environnement des affaires est
nécessaire pour favoriser la
diversification et la croissance économique
|
Développer la transformation locale
|
Au Burkina Faso, la capacité de
|
Allier la politique du
|
des matières premières
|
transformation locale des
|
développement industriel du pays
|
|
matières est très limitée
|
à celle du développement du contenu local.
|
99
CONCLUSION GENERALE
Le Burkina Faso à l'instar de plusieurs pays riches en
ressources naturelles a révisé son code minier en 2015 afin de
promouvoir le contenu local qui devrait à terme créer des liens
entre l'exploitation minière et le reste de leur économie.
L'avènement de cette nouvelle vision a été salué
par des acteurs nationaux du monde économique et la
société civile surtout avec la mise en oeuvre depuis le
1er janvier 2022 des textes d'application sur la fourniture
locale.
Ces textes mettent en exergue l'accès des entreprises
locales aux marchés des compagnies minières et la question de la
sous-traitance. Cependant au cours de nos travaux, nous avons pu constater que
l'application de cette politique est confrontée à plusieurs
difficultés. En effet, la faible capacité industrielle des PME
burkinabè à fabriquer des équipements au niveau local et
les difficultés d'accès aux financements adaptés au
secteur minier ne favorisent pas l'épanouissement des fournisseurs
locaux burkinabè. Ainsi les entreprises locales se contentent de
satisfaire à de « petits segments » des besoins des
compagnies minières comme la location des véhicules de transport
et la gestion des ressources humaines.
Nos analyses nous ont également permis de savoir que
bon nombre de PME n'ont pas accès aux bases de données des
compagnies minières afin de leurs proposer leurs offres. Alors que
l'information constitue de nos jours une matière première dans
les entreprises, les PME burkinabè doit intégrer cette nouvelle
donne en mettant en place de nouvelles stratégies. Elles doivent mener
une surveillance rigoureuse des technologies et des tendances du marché
du secteur des mines et établir en se dotant chacune, de cellules de
veille et de gestion de l'information dans le secteur. Il en de même pour
les autorités qui doivent surveiller le secteur minier dans sa
globalité en mettant en place une bonne politique de gestion de
l'information minière. Car l'information est devenue une ressource
stratégique pour les acteurs publics.
Il existe plusieurs moyens pour obtenir l'information. Ce qui
importe maintenant c'est la manière de la gérer et de la
protéger, en développant des capacités dynamiques en
interne. Pour maximiser les retombées du secteur minier au Burkina Faso,
les autorités doivent avoir à l'esprit que le contenu local ne
saurait se limiter à la fourniture locale. Des pans tels que la
promotion de l'emploi local, la transformation locale des produits miniers et
l'alliage entre la stratégie nationale du contenu local à la
stratégie nationale d'industrialisation doivent être pris en
compte (confère tableau N°15).
100
Pour se faire il s'avère nécessaire
d'accélérer le plan d'action de la stratégie
(confère tableau N°11) en adoptant les textes sur les emplois
locaux et la promotion de l'expertise nationale, la création d'un fonds
de garantie pour soutenir les champions nationaux et la création d'une
bourse de sous-traitance comme l'ont fait plusieurs pays riches en ressources
naturelles.
Dans la mise en oeuvre des actions de contenu locale, les
compagnies minières doivent aussi être regardantes sur les
préoccupations en matière de fourniture locale des populations
riveraines de la mine (le Local-Local) même si les textes indiquent que
le local renvoie au territoire national. Aussi, la structure du capital donne
une idée de la confiance accordée notamment par les investisseurs
étrangers à l'économie nationale par le biais de leurs
apports de ressources nécessaires à la création des
entreprises. D'où la nécessité pour les autorités
de contrôler cette notion d'entreprises de droit burkinabè
(capital social appartenant à au moins 51% à des personnes
physiques ou morales de nationalité burkinabé, dans la mesure
où au Burkina Faso dans tous secteurs confondus (formel et informel),
les « non nationaux » ont participé à près d'un
tiers (30%) à la création des entreprises. Le privé
burkinabè participe pour plus de la moitié (54,9%) à la
formation du capital social à la création des entreprises
(septième Recensement industriel et commercial RIC VII, INSD, 2018).
Dans un contexte de crise sécuritaire qui impacte durablement la
production minière avec la fermeture de certaines compagnies
minières, la sécurisation des sites miniers doivent
également figurer parmi les priorités des autorités
burkinabè.
C'est dire que la mise en oeuvre de la stratégie
nationale du contenu local dans son ensemble devrait s'appuyer sur un outil
efficace tel que l'Intelligence économique comme le recommande le
référentiel national de développement (RND) 2021- 2025 :
« la proactivité s'appuiera sur l'Intelligence économique
(IE) en tant que mode de gouvernance fondé sur la veille, l'exploitation
et la protection de l'information stratégique, la maîtrise des
risques (sécuritaire, économique...) et l'influence sur
l'environnement national et international ».
100
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Institut fédéral des géosciences et des ressources
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- Banque mondiale. 2008. République démocratique
du Congo. La bonne Gouvernance dans le secteur minier comme facteur de
croissance. Rapport n° 43402-ZR. Département des Hydrocarbures, des
Industries extractives et des Produits chimiques, AFC, Région
Afrique.
- Centre africain des ressources naturelles (CARN) Banque
africaine de développement (BAD) ; Guide pas à pas du CARN pour
l'élaboration et la mise en oeuvre de politiques de contenu Local
- Conférence des nations unies sur le commerce et le
développement : Améliorer les effets structurants du secteur des
ressources minérales dans les pays de la Communauté
économique d'Afrique centrale Atelier national, Brazzaville,
République du Congo 26 et 27 septembre 2016 ;
- Conférence des Nations unies sur le commerce et le
développement (CNUCED). 2005 : Le développement économique
en Afrique. Repenser le rôle de l'investissement étranger direct.
Genève: Nations Unies. 120 p
104
- Etat des lieux des stratégies de contenu local pour
maximiser les liens de développement : Résultats attendus du
Projet de la CNUCED et Recommandations préliminaires par Mme Ines
Féviliyé : (CNUCED) (Conférence des Nations unies sur le
commerce et le développement) (2013) ;
- Guide à l'intention des gouvernements : les
politiques de contenu local : 2018 International Institute for Sustainable
Development, 6 pages.
- La fourniture de biens et services aux compagnies
minières par les entreprises locales opérant au Burkina Faso :
état des lieux et perspectives, 2018 ;
- Loi No. 036-2015/CNT portant code minier au Burkina Faso,
Ouagadougou : le Conseil National de la Transition du Burkina Faso, 26 Juin
2015
- Oxford Policy Management : les industries extractives et
leurs liens avec le reste de l'économie, Compte-rendu principal n° 1, 41
pages.
105
ANNEXE 1
QUESTIONNAIRES
Ce questionnaire est destiné aux fournisseurs des biens et
services aux entreprises minières
Vous allez être interrogés sur l'approche à
tenir pour une meilleure opérationnalisation de la stratégie
nationale du contenu local dans le secteur des mines au Burkina Faso.
Merci de prendre le temps de répondre à ce
questionnaire. Vos réponses nous seront très utiles pour
l'évaluation de l'approche utilisée.
Caractéristique de l'enquêté
:
Nom Prénoms Qualifications
professionnelles
Responsabilités assumées au sein de la
structure
Entretien proprement dit :
1) Pouvez-vous nous faire une présentation sommaire de
votre structure (domaines de compétences notamment sur le secteur des
mines, missions, activités, etc ?
2) Que vous évoque la notion du contenu local ?
3) Une Stratégie nationale du contenu local a
été lancée au Burkina Faso, êtes-vous
informés ? ?
4) Quelle appréciation faites-vous de l'avènement
de la stratégie nationale du contenu local dans le
secteur des Mines au Burkina Faso ?
5) Votre appréciation sur la diffusion actuelle des
informations utiles sur la mise en oeuvre du Contenu
local ?
6) Qu'est-ce que limite selon vous, les Entreprises locales
burkinabè dans leur quête des marchés avec les
compagnies minières ?
7) Quel peut être le rôle des entreprises
minières, dans la mise en oeuvre de la stratégie nationale du
contenu local ?
8) Quelle appréciation faites-vous de l'approche de mise
en oeuvre de la stratégie nationale du contenu
local
9) Quelle proposition fates-vous pour améliorer
l'approche de mise en
oeuvre ?
106
Ce questionnaire est destiné aux entreprises
minières
Vous allez être interrogés sur l'approche à
tenir pour une meilleure opérationnalisation de la stratégie
nationale du contenu local dans le secteur des mines au Burkina Faso.
Merci de prendre le temps de répondre à ce
questionnaire. Vos réponses nous seront très utiles pour
l'évaluation de l'approche utilisée.
Caractéristique de l'enquêté
:
Nom
Prénoms Qualifications
professionnelles
.................................................................................................................
Responsabilités assumées au sein de la
structure
Entretien proprement dit :
1) Pouvez-vous nous faire une présentation sommaire de
votre structure (domaines de compétences notamment sur le secteur des
mines, missions, activités, etc)
?
2) Qu'entendez-vous par contenu local ?
3) Quelle appréciation faites-vous de l'avènement
de la stratégie nationale du contenu local dans le secteur des Mines au
Burkina Faso ?
4) Quelles sont les grands axes de la stratégie nationale
du contenu local dans le secteur des mines au
Burkina Faso ?
5) Qu'est-ce que limite, selon vous, les Entreprises locales
burkinabè dans la mise en oeuvre du contenu local ?
6) Quel est le rôle des entreprises minières, dans
la mise en oeuvre de la stratégie nationale du contenu
local ?
7) Quelle appréciation faites-vous de l'approche de mise
en oeuvre de la stratégie nationale du contenu local ?
8) Quelle proposition fates-vous pour améliorer
l'approche de mise en oeuvre ?
ANNEXE 2
BREVE PRESENTATION DES STRUCTURES
RENCONTREES
Numéro d'ordre
|
Structures Missions
|
01
02
|
Le Ministère des mines et des carrières
La Direction générale de la promotion et de
l'économie minière (DGPEM)
|
Il assure la mise en oeuvre et le suivi de la politique du
gouvernement en matière de mines et de carrières.
Elle a pour attributions la conception, l'élaboration,
la coordination et l'application de la politique du ministère en
matière de promotion des investissements et de développement de
l'économie minière.
|
La chambre du commerce et d'industrie du
Burkina Faso (CCI-BF)
03
|
La Chambre des mines du Burkina Faso
|
L'Alliance des Fournisseurs Burkinabè de Biens et
Services Miniers (ABSM)
06
|
L'Association, Professionnelle des
Banques et Etablissements Financiers du Burkina (APBEF-B)
|
04
05
107
Elle regroupe actuellement une cinquantaine de
sociétés locales et internationales agissant dans les domaines de
l'exploration et de l'exploitation minières ainsi que des géo
services (laboratoires d'analyses, sociétés de sondages,
sous-traitants miniers.).
Créée en 2012 elle s'est donnée pour
mission de promouvoir la fourniture locale de biens et services aux mines, par
la professionnalisation des fournisseurs locaux, l'amélioration de
l'environnement et dans la collaboration avec tous les acteurs
concernés.
C'est un corps constitué, habilité à
représenter devant les pouvoirs publics, les intérêts
généraux du commerce, de l'industrie et des services.
Elle a pour but principal de défendre les
intérêts de ses membres et de promouvoir la profession
bancaire.
108
ANNEXE 3
Liste des personnes rencontrées
Numéro d'ordre Nom et prénoms Fonction et
structure
|
01
|
SOME Jean Alphonse
|
Ministre des Mine et des Carrières
|
02
|
BARBARI Ousmane
|
Conseiller technique
|
0 3
|
KABORE Jean-Baptiste
|
Directeur général /DGPEM
|
04
|
SORO Adama
|
Président de la Chambre des mines du Burkina
|
05
|
BOLY Souleymane
|
Vice-président de la Chambre des Mines
|
06
|
ZONGO Yves
|
Président de l'ABSM
|
07
|
BICABA Paulin
|
Responsable à l'APBEF-BF
|
08
|
SERE Zara
|
Directrice exploitation Vista Bank
Burkina
|
09
|
ZONGO Prissile
|
Directrice Exécutive/ Chambre des mines du Burkina
|
10
|
LANKOUANDE Dina
|
Chef d'entreprise / ABSM
|
11
|
ZONGO Zéphirin
|
Directeur de l'économie minière / DGPEM
|
12
|
BAYALA Jean-Bosco
|
Directeur de la promotion minière / DGPEM
|
13
|
MAHAMADY Nombo
|
Chef du service du développement du contenu local /
DGPEM
|
14
|
ZOUNGRANA Roger
|
Chef de service planification et
prospective / DGPEM
|
15
|
KAMBOU Alin-Noumonsan
|
Chef d'entreprise / Président de la
commission Service au sein de l'ABSM
|
16
|
KONE Diakalia
|
Président de la délégation consulaire
régionale des cascades / CCI-BF
|
17
|
DRABO François
|
Directeur régional adjoint de la
Chambre de commerce et d'industrie des Hauts-Bassins / CCI-BF
|
18
|
ZOUNGRANA Julien
|
Président de l'Association
professionnelle des transitaires (APTCDA - BF)
|
19
|
GUIRO El Hadj Abdoulaye
|
DG SOATT membre de APTCDA-BF
|
20
|
DIENDERE Pascal
|
DG adjoint de Salma mining
|
109
21
|
TRAORE Bamossa
|
Responsable d'approvisionnement de Endeavour Minng
|
22
|
BAZIEMO Isidore
|
Responsable Achat à IAMgold
Essakane
|
23
|
YAMEOGO/ZONGO Débora
|
Coordonnatrice / Alliance des
Fournisseurs Burkinabès de Biens et Services Miniers
(ABSM)
|
24
|
COULIBALY Augustin
|
SG /ABSM
|
25
|
TOURE Fadima
|
Analyste financier à la Société
financière de garantie interbancaire du Burkina
(SOFIGIB).
|
26
|
Bazongo Kouakou
|
Cadre de Coris Bank internationale
|
27
|
SARE Tasséré
|
Responsable marketing du Bureau des mines et de la
géologie du Burkina (BUMIGEB)
|
28
|
OUEDRAOGO Noël
|
Fournisseur
|
29
|
DJIBO Ousmane
|
Fournisseur
|
30
|
DEME Abounabas
|
Chambre de Commerce
|
110
TABLE DES MATIERES
Table des matières
SOMMAIRE I
AVERTISSEMENT II
DEDICACE III
REMERCIEMENTS IV
RESUME V
SIGLES ET ABREVIATIONS VII
LISTE DES TABLEAUX FIGURES ET GRAPHIQUES IX
INTRODUCTION GENERALE 1
PREMIERE PARTIE : GENERALITES CONCEPTUELLES ETCADRE
THEORIQUE DE
L'ETUDE 6
Introduction de la première partie 6
CHAPITRE I : CADRE CONCEPTUEL DE L'ETUDE 7
I. Les matières premières 7
I-1 Les différents types de matières
premières 7
I-2 Les matières premières en Afrique
8
II. Les industries extractives 9
II-1 L'exploitation industrielle 10
III. Le contenu local 11
III-1 L'émergence du contenu local 13
III-2 La chaine de valeur 13
III-3 Le contenu économique 15
III-4 L'approvisionnement local 16
IV. Le Développement économique
17
IV-1 La dimension politique du développement
19
IV-2 Le développement durable 20
CHAPITRE II : CADRE THEORIQUE 22
I. La malédiction des ressources naturelles
22
I-1 Le « Syndrome hollandais » 23
111
I-2 La « malédiction du leadership et de la
gouvernance » 25
II. La relation entre secteur minier industriel et
développement économique 27
II-1 Une relation discutable et ambiguë
27
II-2 L'intégration du secteur extractif dans les
économies nationales 29
III. Les Politiques de développement du contenu
local 32
III-1 Réforme des cadres législatifs et
réglementaires 32
III-2 Redéfinition du rôle de l'Etat
33
III-3 Le nationalisme des ressources 35
IV. Contenu local : enjeux et perspectives 36
IV-1 Des effets inverses à ceux
désirés par le décideur politique 37
IV-2 La corruption comme obstacle 37
Conclusion de la première partie 39
DEUXIEME PARTIE : ETUDE EMPIRIQUE 40
Introduction de la deuxième partie 40
CHAPITRE I : CONTEXTE ET METHODOLOGIE DE RECHERCHE
41
I. Contexte de recherche 41
I-1 Présentation générale du secteur
minier du Burkina Faso 41
I-2 La Production du secteur extractif 44
I-3 La contribution au budget de l'Etat du secteur
extractif 45
I-5 Transferts des revenus extractifs 47
II- La trajectoire de la législation
minière burkinabè 50
III- La gouvernance du secteur du minier
burkinabè 52
III-1 Les autorités de tutelle 53
III-2 Les acteurs de la gouvernance des ressources
minières 53
IV-Présentation de la Stratégie nationale
du contenu local dans le secteur minier 56
IV-1 Les dispositions du décret relatif à
la fourniture locale au Burkina Faso 58
IV-2 Suivi du développement de la fourniture
locale (article 6) 60
IV-3 Les reformes ou activités majeures
61
IV-4 Les facteurs de risques 62
V- Le développement du contenu local et des
fournisseurs locaux : cas de certains pays 63
V-1 Le cas du Nigeria 64
V-2 Le Cas de la République démocratique du
Congo (RDC) 65
V-3 Le contenu local et effet multiplicateur au
Brésil 66
112
VI- Méthodologie de la recherche 67
VI-1 L'approche qualitative 69
VI-2 La population de recherche 69
VI-3 Echantillonnage 70
VI-4 Les méthodes de collecte de données
71
VI-5 Les techniques d'analyse des données
72
VI-6 Les limites des données collectées
74
CHAPITRE II : PRESENTATION, ANALYSE ET INTERPRETATION DES
RESULTATS 76
I. Analyse et interprétation des résultats
76
I-1 Présentation des résultats
76
I-2 Analyse des résultats et vérification
des hypothèses 81
II. Perspectives de recherche 91
II-1 Recommandations et propositions
opérationnelles 92
II-2 Le gouvernement et les sociétés
minières et pratique de l'IE 95
CONCLUSION GENERALE 99
BIBLIOGRAPHIE 100
ANNEXE 1 105
ANNEXE 2 107
ANNEXE 3 108
TABLE DES MATIERES 110
|