II.6. le changement climatique en Algérie
Le Maghreb a été identifié comme une zone
particulièrement vulnérable face aux risques liés au
changement climatique. L'exode rural conjugué à l'urbanisation
intense sur la côte Méditerranéenne durant les
dernières décennies ont augmenté la
vulnérabilité des populations concernées tout en
accentuant les facteurs qui contribuent aux changements climatiques.
En Algérie, pays dont la plus grande partie est
désertique, les changements climatiques constituent une
préoccupation majeure [25] [27].
En effet, de par sa position géographique,
l'Algérie est exposée aux effets négatifs des changements
climatiques et des émissions des gaz à effet de serre, notamment
les inondations, la sécheresse et les températures
élevées.
D'après des études réalisées par
l'ONM sur l'évolution des températures, elles ont
révélé que celles-ci sont en hausse depuis 1990, date du
début des émissions à effet de serre.
Concernant la pluviométrie en Algérie,
l'étude fait ressortir un recul de 12% pour la période 1990-2005
en comparaison avec 1961-1990, causant une sécheresse à grande
échelle au moment même où d'autres régions
enregistrent des inondations dont celle de Bâb El Oued en 2001 et dans la
ville d'El Tarf en 2011 [27] [28].
L'évolution des températures en Algérie
montre une hausse sur l'ensemble du territoire au cours des saisons d'hiver et
d'automne et une hausse nette des températures minimales et maximales
dans toutes les stations de l'Algérie du Nord et se prolonge
jusqu'à nos jours. Durant ces 20 dernières années, les
températures maximales ont augmenté plus que les minimales.
Quant aux précipitations, pour les mêmes
périodes l'examen montre qu'en automne et en hiver, il y a diminution
des pluies sur le Nord, et en printemps dans l'Est du pays.
On peut donc conclure qu'entre les périodes 1931-1960
et 1961-1990 :
? La hausse de température a été de
l'ordre de 0,5°C,
? La pluviométrie a baissé en moyenne de 10%,
? Le déficit hydrique sera plus important à
l'Ouest qu'au Centre et qu'à l'Est du pays [21].
19
Notions de bases sur le changement climatique
Chapitre 2
II.6.1. Les GES en Algérie
Les émissions de gaz à effet de serre sont
estimées à 75 870 Gg de CO2, de 914 Gg de CH4 et à 31 Gg
de N2O. La séquestration de CO2 par les forêts est estimée
à 4 331 Gg.
Les résultats (tableau 02) montrent que c'est
essentiellement le secteur de l'énergie qui est responsable à
plus des deux-tiers des émissions (66,92%). Le potentiel du pays en
hydrocarbures explique en grande partie cette situation. Le changement
d'affectation des terres et la foresterie est le second secteur important du
point de vue des émissions (12,44%), qui ne sont pas suffisamment
atténuées par la séquestration qu'il assure. L'agriculture
est le troisième secteur émetteur de gaz à effet de serre
avec plus de 11,49% du total. Le secteur des déchets intervient pour
4,59% et celui des procédés industriels pour 4,52%.
Le gaz carbonique (CO2) est le gaz le plus émis avec
72,40%, suivi du méthane (CH4) avec 18,31% et de l'oxyde nitreux (N2O)
avec 9,29%.
Les émissions fugitives liées aux
activités gazières et pétrolières sont loin
d'être négligeables. Néanmoins, l'absence de coefficients
d'émissions spécifiques à l'Algérie a fait que dans
la majeure partie des calculs, ce sont les facteurs d'émissions par
défaut, proposés par le manuel de référence de
l'inventaire (GIEC), qui ont été utilisés.
Tableau 02: Synthèse des
émissions et des absorptions de GES en Algérie (1994) (Gg)
Si l'on tient compte du Potentiel de Réchauffement
Global (PRG) à l'horizon de 100 ans de chaque gaz, les émissions
brutes sont de 104,794 millions de TE-CO2 et les émissions nettes sont
de 100,463 millions de TE-CO2.
20
Chapitre 2
Sachant que la population de l'Algérie était
estimée en 1994 à 26 743 075 habitants, on a en moyenne 3,92
TE-CO2/habitant, Si l'on prend uniquement les émissions de CO2, le taux
d'émission de CO2 par habitant est de 2,84 tonnes, comme le montre le
tableau 03 l'absorption est de 0,16 t de CO2/hab.
En tenant compte des PRG des trois principaux gaz à
effet de serre (tableau 04), 72,40 % des émissions totales proviennent
du CO2, ce qui s'explique par l'ampleur de l'activité
énergétique de l'Algérie, 18,31% proviennent du CH4 et
9,29 % du N2O [22].
Tableau 03 : Emissions par type de gaz et par
habitant.
Tableau 04 : Emissions par type de gaz (en
1000 TE-CO2).
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