II.2.2. Interprétations économiques
Sur le plan économétrique, le test de Fisher est
concluant pour l'ensemble des huit estimations puisque sa probabilité
est inférieure au seuil de 1%. Cela signifie donc que nos modèles
sont globalement significatifs. De plus, le test de sur identification de
Sargan/Hansen
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est lui aussi concluant et permet de valider nos instruments.
En effet, la p-value de cette statistique est supérieure au seuil de 10%
dans toutes les huit régressions ce qui ne permet pas de rejeter
l'hypothèse nulle de validité des instruments. Nous avons
également fait le test de spécification de Hausman pour savoir
lesquels des modèles à effets fixes ou des modèles
à effets aléatoires sont pertinents pour notre étude. Dans
le cas de la relation dette extérieure et stabilité
économique interne, les différentes probabilités obtenues
sont : pour les modèles (A) et (C) Prob > Chi2= 0,9205 et Prob >
Chi2 = 0,2989 pour les modèles (B) et (D). De même, dans le cas de
la relation dette extérieure et stabilité économique
externe, pour les modèles (1) et (3) Prob > Chi2= 0,5625 et Prob >
Chi2= 0,3825 pour les modèles (2) et (4). Le fait que ces
probabilités soient toutes supérieures au seuil de 10% implique
que le test de Hausman ne permet pas dans ces cas de figure de choisir entre
les modèles à effets aléatoires et les modèles
à effets fixes. Toutefois, l'analyse des R2 nous amène
considérer le modèle à effets aléatoires plus
pertinent dans notre cas. Ainsi, nos interprétations économiques
seront davantage basées sur les modèles (A) (B) (1) et (2).
Sur le plan théorique, les résultats obtenus
s'inscrivent pour la plupart dans la lignée des travaux
antérieurs aussi bien pour les indicateurs de la dette extérieure
que les déterminants traditionnels de la stabilité
économique. S'agissant de l'influence de la dette extérieure sur
la stabilité économique, nous avons pu établir une
relation positive et significative entre le stock de la dette extérieure
et l'inflation d'une part et le service de la dette extérieure et la
balance commerciale d'autre part. En particulier, la relation stock de la dette
extérieure et inflation est significative au seuil de 10% en ce qui
concerne la stabilité interne (modèle A) et la relation service
de la dette extérieure et balance commerciale au seuil de 1% pour la
stabilité économique externe (modèles 1 et 3). Ce
résultat n'est pas nouveau puisqu'il avait déjà
été établi par Aysan et al. (2007) dans le cas
des pays de la MENA pour la période 1970-2002. Ceci peut se justifier
par le fait que le service de la dette extérieure est le signal d'une
confiance élevée des pays bénéficiaires
vis-à-vis des bailleurs de fonds renforçant de ce fait la
crédibilité de politiques mises en oeuvre. Les investissements se
font généralement sur le long terme, cette stabilité ne
peut qu'avoir une influence positive sur les décisions d'investissement.
Dans le cas spécifique des pays d'ASS dont les économies sont
encore peu développées, le service de la dette extérieure
amène les États à diriger leurs dépenses vers des
investissements plus productifs au lieu de consacrer une partie importante des
ressources déjà limitées pour assurer leur
défense.
Tout comme le service de la dette extérieure, le stock
de la dette extérieure a des effets mitigés sur stabilité
économique en Afrique subsaharienne. Dans un premier temps, bien que
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cette relation soit significative, le stock de la dette
extérieure a une influence positive sur l'inflation. En effet, le stock
de dettes extérieures bas diminue le niveau général des
prix. De même, elle agit comme une taxe qui exacerbe les coûts de
production des entreprises ce qui rend la rentabilité de
l'investissement incertaine. Dans un second temps, le stock de dettes
extérieures exerce une influence négative sur la balance
commerciale. Le stock de la dette est défini ici comme la somme des
déficits accumulés au cours du temps, on peut donc imaginer qu'un
stock de dettes extérieures très élevées peut avoir
des effets pervers sur la balance commerciale. Baliamoune-Lutz et Ndikumana
(2008) à partir d'une approche en panel dynamique avaient
également mis en évidence cette influence nuancée du stock
de la dette sur la stabilité dans 33 pays d'Afrique pour la
période 1982-2001.
Les IDE exercent une influence négative sur la
stabilité économique en Afrique subsaharienne. Cette relation est
même significative dans le cas de la balance commerciale (au seuil de 1%
et 10% pour les modèles 1 et 3) et de même que dans le cas de
l'inflation ou elle l'est au seuil de 5% (modèles B et C) et de 10%
(modèle A). Ce résultat qui semble au premier abord surprenant
n'est cependant pas nouveau puisque Siddiqui et al. (2013) l'avait
déjà établi sur une étude menée au Pakistan
au cours de la période 1976-2005. En effet, les entrées d'IDE
peuvent entrainer une détérioration de la balance des paiements
à long terme (en raison des transferts de bénéfices) et
elles devraient être prises en compte lorsque les décideurs
élaborent des politiques pour attirer les investisseurs
étrangers. À cet effet, les États africains se doivent
d'encourager les flux d'IDE dans des secteurs commercialisables tels que les
exportations, où la valeur ajoutée et l'augmentation du revenu et
de l'épargne réels des populations doivent être
privilégiées. Là où les flux de capitaux
étrangers, au lieu d'exercer une pression sur les comptes courants,
produiraient des produits d'exportation par le biais de la valeur
ajoutée. Dans ce cas, les IDE pourraient être
bénéfiques puisque les sorties de bénéfices
correspondraient ou même seraient inférieures aux entrées
basées sur les exportations, ce qui aurait un impact positif sur le
compte courant.
L'ouverture commerciale présente des résultats
mitigés sur la stabilité économique en
Afrique subsaharienne. Dans un premier temps, l'on observe une
relation négative et significative au seuil de 1% entre l'ouverture
commerciale et la balance commerciale (modelés 2 et 4). Mais dans un
second temps, le lien entre l'ouverture commerciale et l'inflation est positif
et significatif au seuil de 5% (modelé B). Nous pouvons justifier cette
dissimilitude par le fait que les entreprises africaines ne se font pas
seulement concurrence entre elles, mais elles sont
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aussi confrontées à la concurrence
étrangère notamment avec des entreprises des pays
développés. Or, il se trouve que les entreprises africaines sont
moins compétitives. Dès lors, une ouverture commerciale toujours
plus poussée sans des mesures d'accompagnement entraine
inévitablement des pertes irréversibles.
Le taux de change effectif réel exerce une influence
négative sur la stabilité économique en ASS. Cette
relation étant toutefois significative dans le cas de l'inflation (au
seuil de 10% pour le modèle D) et non significative dans le cas de la
balance commerciale, ce résultat se rapproche de celui établi par
de Calderón et al. (2007). En effet, la
dépréciation du TCER détériore les balances
commerciales des pays africains, ce qui pourrait s'expliquer par une forte
dépendance vis-à-vis des importations et une faible
capacité d'exportation de ces pays. Par ailleurs, les termes de
l'échange ont un effet positif sur la balance commerciale et la balance
des transactions courantes, mais cette relation n'est significative que dans le
cas de la Balance commerciale. En effet, une évolution positive des
termes de l'échange est liée à une amélioration du
compte courant, pour autant que les conditions de Marshall-Lerner restent
inchangées. Ce résultat est également conforme à
l'effet bien connu de Harberger-Laursen Metzler, selon lequel les chocs
transitoires défavorables des termes de l'échange entrainent une
baisse du ratio du revenu courant au revenu permanent et une
détérioration de l'épargne et des balances courantes
(Obstfeld, 1982).
Nous avons dans cette étude introduit le PIB par
habitant afin de tenir compte des différences de niveau de
développement entre les pays. Dès lors, les résultats de
nos estimations présentent une relation mitigée et non
significative entre la croissance du PIB par tête et l'équilibre
de la balance commerciale en ASS. Ce résultat est différent de
celui de Begoviæ et Kreso (2017) qui ont établi que les pays plus
riches dépensent davantage pour les importations, ce qui
détériore leurs balances commerciales. De même, le PIB
réel exerce une influence négative et significative au seuil de
1% (modèle D) sur l'inflation en ASS. Ce résultat qui semble au
premier abord surprenant n'est cependant pas nouveau puisque Mazhar et Jafri
(2016) l'avaient déjà établi. En effet, ces auteurs ont
montré que l'amélioration du niveau de vie est associée
à une faible inflation. Cette conclusion est également conforme
à la théorie néo-keynésienne qui postule que
lorsque le PIB actuel est inférieur à son niveau potentiel,
l'inflation est censée être affectée négativement en
ce sens qu'une augmentation de la croissance économique diminue
l'inflation (Gali et Gertler, 1999).
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Enfin, cette étude met en évidence une nouvelle
fois la dépendance des économies africaines vis-à-vis des
ressources naturelles. Toutefois, il apparait que la dotation en ressources
naturelles exerce une influence positive sur les balances commerciales et
l'inflation en ASS. Cette dépendance est plus prononcée dans les
PMA comparativement aux autres pays. En effet, s'il existe une relation
positive et significative entre les ressources naturelles et l'inflation en
ASS, celle-ci est significative au seuil de 5% dans le cas des PMA
(modèles A et C). Ce résultat traduit la faible diversification
des économies des PMA. De ce fait, les gouvernements d'ASS se doivent de
définir un cadre de gestion de leurs ressources naturelles susceptibles
de les rendre plus compétitives sur les marchés internationaux.
En outre, pour les pays riches en ressources naturelles du sous-sol, les
dirigeants doivent impérativement améliorer le cadre de leurs
exploitations afin de rendre celles-ci bénéfiques pour les
populations locales.
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