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Les relations politiques Iran-USA 1979-2002.


par Doumbia ALI
Université Félix Houphouet Boigny d'Abidjan - Master d'histoire contemporaine 2017
  

Disponible en mode multipage

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Mémoire de Master - Histoire Contemporaine

1

LES RELATIONS

POLITIQUES IRAN-ETATS

UNIS D'AMERIQUE

(1979-2002)

Doumbia Ali

Université Felix Houphouët Boigny
Alidoumbia11@yahoo.fr

2

A la mémoire de mon défunt père Doumbia Drissa et à l'honneur de ma vaillante mère LOGBO Dahoua Odette.

3

REMERCIEMENTS

Que l'honneur nous soit concédé de dire merci à tous ceux, de prêt ou de loin, qui ont contribué à la rédaction de ce travail de recherche.

Mes remerciements sincères à notre directeur de recherche Professeur Kouassi Yao

A notre encadreur Dr Guessan Kouadio, Maitre-Assistant, pour sa disponibilité et ses conseils bien avisés et constructifs.

A mes grands-parents, le Colonel Gbetibouo Digbeu Jules et à son épouse Madame Gbetibouo Bertine pour leur affection et leur soutien de toujours.

A mon oncle, Dr Doumbia Mamadou et à son épouse Moussoukro Doumbia pour leurs prières et soutiens divers.

A mes frères et soeurs pour leur contribution financière, morale et technique, avec une mention spéciale Doumbia Yacouba (New York).

A Monsieur MEHMET Targal, Président de l'ONG Association Ihsane pour le Développement et l'Education, pour l'opportunité de voyage d'étude en Turquie qu'il nous a accordé.

Nous n'oublions pas nos condisciples des départements d'Histoire et de Communication : Messieurs Diakité Ibrahim, Lanzaré Koffi, Touré Ladji, Bamba Ladji, et Blé Zouzoua Clément, pour leur soutien moral.

Merci au Président National de l'Association des Elèves et Etudiants Musulmans de Côte d'Ivoire (AEEMCI), Monsieur Koné Mamadou et à tous ses collaborateurs du CE.

A Messieurs Kamagaté Vahama, Massamba Touré, Pr Tiemoman Koné, Dr Bamba Siriki, et à mes amis Soré Boukary, Koné Oumar, Koumba Diarrassouba, Diarra Ibrahim, Sonogo Ahmed (Capitaine) et bien d'autres, pour leur soutien et leur apport fort bien apprécié à la rédaction de ce travail de recherche. Merci infiniment à tous.

4

SIGLES ET ABREVIATIONS

APOC : Anglo-PersianOilCompany

SAVAK : Sâzmân-e Ettelâ'ât va Amniyat-e Keshvar, (Organisation pour le renseignement et la sécurité nationale, Iran)

CIA : Central Intelligence Agency, (Agence centrale de renseignement)

AEEMCI : Association des Elèves et Etudiants Musulmans de Côte d'Ivoire

URSS : Union des Républiques Socialistes Soviétiques

USA : Unit state of America(les Etats Unis d'Amérique)

ONG : Organisation Non Gouvernementale

CICR : Comité International de la Croix-Rouge

ONU : Organisation des Nations Unies

IS : International Studies (Relations Internationales)

QG : Quartier Général

TNP : Traité de Non-prolifération

AIEA : Agence Internationale de l'Energie Atomique

MI6 : Military Intelligence, section 6 (Le Secret Intelligence Service)

5

SOMMAIRE

INTRODUCTION GENERALE 7
PARTIE I : A L'AVENEMENT DE LA REPUBLIQUE ISLAMIQUE D'IRAN :

RUPTURE AVEC LE PASSE AMERICAIN (1979-1981)

.38

Chapitre I : LES FONDEMENTS DE LA RUPTURE AMERICANO-IRANIENNE

.40

I- L'IMPOPULARITE DU REGIME DE TEHERAN AVANT 1979

40

II- DE LA REVOLUTION A LA CHUTE DU SHAH

48

 
 

Chapitre II- L'AVENEMENT DE LA REPUBLIQUE ISLAMIQUE D'IRAN 1979- 1981 60

I- LA MONTEE DU NATIONALISME ANTI-AMERICAIN 60

II- LES INSTITUTIONS POLITIQUES ET RELIGIEUSES A LA SOLDE DE LA REVOLUTION...69

PARTIE II : LES ETAPES DE LA RUPTURE : DE LA PRISE DES OTAGES

AMERICAINS A LA CRISE NUCLEAIRE (1980-2002) 78

Chapitre I : LA CRISE DES OTAGES AMERICAINS 1979-1981 ...81

I- DE LA PRISE DES OTAGES AMERICAINS A LEUR LIBERATION 81

II- D'IMPORTANTES REPERCUSIONS POUR LES BELLIGERANTS . 88

Chapitre II : LA REMISE EN CAUSE DES INTERETS AMERICAINS DANS LE GOLFE

PAR LA MONTEE EN PUISSANCE DE L'IRAN 92

I- LA REVOLUTION IRANIENNE : UNE MENACE IDEOLOGOQUE ET CULTURELLE CONTRE

LES ALLIES AMERICAINS DU MOYEN ORIENT 92

II- LA GUERRE IRAK-IRAN (1980-1988) COMME UNE GUERRE DE POSITIONNEMENT DES

OCCIDENTAUX 99

CHAPITRE III : LES AMBITIONS NUCLEAIRES DE L'IRAN COMME UNE POMME DE

DISCORDE . 108

I- LES CRAINTES DES ALLIES DE WASHINGTON AU MOYEN ORIENT 108

II- LES GRANDES QUESTIONS GEO-POLITIQUES ET STRATEGIQUES AUTOUR DU

NUCLEAIRE IRANIEN .119

CONCLUSION GENERALE 126

6

INTRODUCTION

GENERALE

7

Presque tous les jours, les medias nous parlent du Moyen Orient1 et du monde arabo-musulman2, certainement les zones les plus instables du monde, une région aux allures de poudrières, les causes des incessants conflits internes ou entre Etats ne sont jamais faciles à cerner. Car politique et religion, rivalités ancestrales et géostratégies s'interprètent sans fin : Guerres civiles en Syrie et en Irak, transition politique douloureuse en Égypte, conflit interminable entre la Palestine et l'Israël, tensions récurrentes au Liban, destruction et l'incertitude en Lybie. Ce sont autant d'exemples d'un état de violence qui a la particularité de s'exporter autrement sur d'autres continents.

Partant de ce constat dans cet espace géopolitique majeur, que les actions politiques des grandes puissances et des gouvernants de la région font souvent sombrer dans le chaos à travers des conflits d'intérêts, des guerres ultra idéologiques et religieuses, il est important de revenir sur un événement qui a joué un rôle fondamental dans cette région: il s'agit bien de la révolution islamique d'Iran de 1979.

Il y a plus d'un quart de siècle, en 1978, l'Iran était miné par des grèves, des manifestations et des émeutes quasi-quotidiennes. Dans cette atmosphère, le Shah perdait peu à peu la main. Au début du mois de janvier, alors que sous la pression populaire, le peuple demandait le départ du Roi, ce dernier a préféré se contenter de nommer un nouveau Premier ministre. Il quitta par la suite son pays, de source officielle iranienne, pour les vacances. Mais la réalité est que jamais il ne put revenir en Iran. Affaibli par un cancer, il devait d'abord aller se faire soigner3.

1Il s'agit d' une expression d'origine anglo-saxonne (Middle East en anglais) qui désigne, pour les Européens, les Américains et les Africains, une région comprise entre la rive orientale de la mer Méditerranée et la ligne tracée par la frontière entre l'Iran d'une part, le Pakistan et l'Afghanistan d'autre part. Cette région se trouve essentiellement en Asie mais est parfois étendue à l'Afrique du Nord.

2 Il désigne la zone géographique couverte par la conquête musulmane, et s'identifie par conséquent à la civilisation arabe de la période dite arabe classique (antiquité tardive), jusqu'à la chute des califats abbasside de Bagdad à l'est et almohade à l'ouest, soit, en termes de datations, 1258 et 1269.

3Le Shah fut hospitalisé le 22 octobre au célèbre centre médical de la Cornel University. Un examen de la vésicule biliaire devait mettre en évidence simplement la présence de calculs vésiculaires et intracholédociens responsables de la jaunisse, après presque le tour des continents, son admission au Usa pour les soins a été très mal perçue par les révolutionnaires iraniens.

8

Quelques jours plus tard, l'Ayatollah Khomeiny4, qui avait orchestré la révolution depuis son exil français de Neauphle-le-Château, débarquait en Iran où il fut accueilli dans la liesse populaire. C'est la fin d'une monarchie qui a duré deux mille cinq cents ans. Peu après, la révolution va se durcir. Et c'est un régime islamiste et antioccidental qui s'installe en Iran sous la férule de Khomeiny.

En effet, avant 1979, le pouvoir de Téhéran était un grand allié des Etats Unis d'Amérique, qui intervenait dans les orientations majeures du royaume. Après la chute du pouvoir impérial du Shah5, les nouveaux dirigeants du pays ont entrepris des réformes en profondeur6. Du coup, les Etats Unis d'Amérique cesse d'être le partenaire privilégié de l'Iran. Ainsi, il importe d'appréhender l'évolution des rapports entre les deux pays, d'où notre thème : « Les relations politiques Iran- Etats Unis d'Amérique 1979-2002 », dont la justification est liée à l'intérêt du sujet.

A- JUSTIFICATION ET INTERET DU SUJET

Le choix de ce sujet de recherche s'inscrit dans le prolongement de notre thème de Master I de recherche. Thème inscrit dans le vaste domaine de l'histoire des relations internationales.

Ainsi, comme dans tout travail de recherche, nous mettons en évidence les deux raisons majeures qui ont favorisé le choix de notre thème de recherche : Elles sont d'abord d'ordre subjectif et ensuite objectif.

4De son vrai nom Rouhollah Mousavi Khomeiny (1902-1989) a été persécuté pour son activisme du temps du SHAH, et contraint à l'exil en France. Principal leader de la révolution islamique de 1979, il a occupé la fonction de guide suprême du pays jusqu'à sa mort.

5Souverain de Perse puis d'Iran, avant l'instauration dans ce pays d'une République islamique en 1979.

6 Les relations entre les États-Unis et l'Iran ont toujours existé depuis l'envoi officiel de son premier ambassadeur, Nassereddin Shah Qajar, à Washington à la fin du XIXe siècle. Cependant, une succession de conflits et d'incidents entre les deux nations a engendré une tension dans leur relation. Avant la Révolution contre le Shah, les États-Unis étaient le premier partenaire économique et militaire de l'Iran et contribuaient ainsi grandement à la modernisation rapide de ses infrastructures et de son industrie. L'Iran a compté jusqu'à trente mille expatriés américains qui y ont exercé des fonctions techniques, de conseil ou encore d'enseignement.

9

En ce qui concerne la première raison, personnellement la politique et la géopolitique au Moyen-Orient en particulier la question iranienne, nous ont toujours passionné et attiré notre curiosité. Ajouté à cela, la question de civilisation au Moyen-Orient7, la mentalité des peuples dans cette région du monde et ce qui les détermine. De même, la curiosité de comprendre les incertitudes et perturbations politiques dans cet espace pétrolifère.

Aussi avons-nous cherché à comprendre de façon objective comment les intérêts économiques et géopolitiques peuvent bouleverser la situation intérieure d'un pays.

Depuis les années 1970, l'histoire du Moyen-Orient se confond presque avec celle de ses guerres et de ses conflits : guerre soviétique en Afghanistan (1979-1989)8, guerre Iran-Irak (1980-1988)9, guerre du Liban (1975-1991)10, guerre du Golfe (1991)11, guerres américaines en Afghanistan (2001) et en Irak (2003),12 sans oublier l'interminable conflit israélo-palestinien. Si ces années furent celles d'une « grande guerre pour la civilisation», c'est en raison du rôle persistant que les puissances occidentales - la France et le Royaume-Uni dans la première moitié du XXe siècle, puis et surtout les États-Unis - n'ont jamais cessé de jouer dans une région qu'ils considèrent comme leur zone d'influence. Aux entreprises coloniales succéda l'ère des manoeuvres diplomatiques, des jeux d'alliances complexes et secrètes, des coups de force et des trafics d'armes, le tout dans une indifférence quasi complète de la communauté internationale et cela au détriment d'innombrables victimes de cette histoire dramatique13.

7Chaque civilisation porte la marque du sol, des paysages qui l'ont vu naître, elle tire d'eux son identité, son originalité. Elle est l'héritière d'un long, très long passé, au cours duquel chaque homme, chaque parcelle d'un vaste territoire a apporté une unique contribution. Depuis des siècles elle est religieusement divisée entre les fois Juive, chrétienne et musulmane : la troisième très majoritaire dans la région. Politiquement elle est le nid des pouvoirs impériaux, des monarchies et des dictatures aussi.

8 François HEISBOURG, la fin de l'Occident ? L'Amérique, l'Europe et le Moyen Orient, Paris, Amazon, 2005. P.100-105.

9Pierre RAZOUX, La guerre Iran-Irak 1980-1988 : première guerre du Golfe, Paris, Perrin, 2013, 616p.

10 Eric NGUYEN, 100 évènements du XXe siècle, Paris, Studyrama, 2006. P 211-220.

11 Henry GUILLEMIN, La guerre du Golfe (1991), Éditions. d' Utovie, 2013. P 112.

12 Robert FISK, La grande guerre pour la civilisation: l'Occident à la conquête du Moyen-Orient, 1979-2005, Editions La Découverte, 2007, P 423.

13Jean PERROT, « Aux origines de la civilisation orientale », Bulletin du Centre de recherche français à Jérusalem 12 | 2003, mis en ligne le 20 septembre 2007, Consulté le 03 octobre 2015. Disponible sur : http://bcrfj.revues.org/214

10

Notre sujet de recherche revêt un intérêt capital ce qui fait que nous sommes en mesure d'affirmer que la présence de la question iranienne a quasiment dominée les rencontres internationales. En effet de la révolution islamique de 1979 jusqu'aujourd'hui, sa relation avec l'Occident, et en particulier les États-Unis d'Amérique est au centre de toutes les grandes rencontres inter-états.

Les réalités politiques à l'intérieur de l'Iran n'étaient plus les mêmes. Cette rupture a modifié tous les autres liens extérieurs au pays : c'est la révolution islamique d'Iran. Cette révolution vue par plus d'un, comme une phase de la « grande guerre » pour la civilisation : La résistance iranienne face à la conquête du Moyen-Orient.

Il est très souvent fait mention du néo-colonialiste14 dans cette région pour refuser une quelconque domination occidentale. Ce qui pourrait illustrer les efforts actuels de résistance du Moyen-Orient face à ce que l'on pourrait appeler la « colonisation civilisationnelle » de la région par les grandes puissances. Et l'Iran en est un bel exemple.

Nous avons évidemment eu recours à beaucoup d'écrits qui évoquent le sujet, la question de la relation américano-iranienne. Mais notre observation, contrairement aux autres documents et écrits qui s'appesantissent sur la question du simple départ ou la chute du Shah d'Iran, qui aurait modifié le dérouler de la relation politique entre l'Iran et les Etats Unis d'Amériques, nous allons pour notre part analyser la dégradation de cette relation par la mise en place des nouvelles autorités et des institutions qu'elles se sont données pour étendre l'hégémonie iranienne.

14Les mots changent, mais les réalités demeurent. « Après avoir pris du ventre », selon l'expression de Werner Sombart, le capitalisme s'est transfiguré. Il en résulte, entre autres conséquences, une nouvelle manière d'entrer en rapport avec les pays économiquement moins développés, mais cette relation reste toujours fondamentalement asymétrique. Cela n'est sans doute pas, d'ailleurs, l'apanage d'un système, mais plutôt la logique des rapports inégaux entre les sociétés industrielles (quelle que soit l'idéologie qu'elles revendiquent) et les sociétés qui ne le sont pas. Même si l'analyse et le verbalisme (qui caractérise souvent les études consacrées au néo-colonialisme) ont été accaparés d'une manière manichéenne par les tenants de telle orthodoxie doctrinale, les faits montrent que les puissances économiques abusent, d'une manière ou d'une autre, de leur pouvoir de négociation lorsqu'elles traitent avec les nations les moins puissantes. Pour le montrer, nous évoquerons deux aspects essentiels de cet échange inégal : le néo-colonialisme économique et le néo-colonialisme culturel.

11

B- DELIMITATION DU SUJET

La délimitation de notre sujet de recherche s'articule autour de deux aspects : dans un premier temps, nous allons préciser le cadre spatial (1), dans un second temps situer sa dimension temporelle (2).

1- Délimitation spatiale

Notre sujet de recherche prend en compte un espace géographique bien défini : les deux États qui font l'objet de notre étude sont les États-Unis d'Amérique et la République islamique d'Iran. L'un sur le continent américain et l'autre en Asie, précisément dans la région du Moyen Orient.

Pays du continent américain, les États-Unis s'étendent sur une superficie de 9.363.000 Km2 où vit une population de plus de 260.000.000 d'habitants, repartie entre ses 52 Etats. Ils sont situés entre le Canada, l'Océan atlantique, le Mexique et l'Océan pacifique. Le 4 juillet 1776, les Américains s'émancipent de la domination anglaise. La déclaration d'indépendance américaine fondait aussi la première nation décolonisée du monde, bien que l'indépendance ne fût officiellement reconnue qu'en 1783 avec le Traité de Versailles, elle influença les rédacteurs de la déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789.

Les États-Unis d'Amérique constituent une République fédérale présidentielle bicamériste15. La forme du gouvernement est celle de la démocratie représentative : le droit de vote est accordé aux citoyens américains de plus de 18 ans ; il n'est pas obligatoire. La vie politique est dominée par deux partis : le parti républicain et le parti démocrate.

15 Système politique comportant un parlement à deux chambres.

12

Image 1 : Carte des Etats Unis d'Amérique

Pour ce qui est de l'Iran, géographiquement, il est bordé au nord par l'Arménie, l'Azerbaïdjan, la mer Caspienne et le Turkménistan, à l'est par l'Afghanistan et le Pakistan, au sud-est par le golfe d'Oman, à l'ouest par le golfe arabo-persique, par l'Irak et le nord-ouest par la Turquie. L'Iran s'étend sur une superficie de 16.648.000 km2 sur laquelle vit une population de plus de 70.000.000 habitants.

Ce pays autrefois appelé Perse change d'appellation le jour de Noruz16 où Reza Shah Pahlavi publie le 21 Mars 1935 un décret demandant à toutes les relations étrangères du pays de designer son pays sous le nom d'Iran dans les correspondances en

16Le mot Noruz signifie nouveau jour en Persan, c'est une fête traditionnelle iranienne célébrant le nouvel an du calendrier iranien, premier jour du printemps. Elle est célébrée par certaines communautés le 21 mars et par d'autres, le jour de l'équinoxe vernale qui a lieu le 20, 21 ou 22 mars.

13

accord avec le fait que Perse est un terme utilisé pour un pays appelé Iran en Persan, c'est à dire le pays des aryens.

L'Iran occupe une position stratégique dans le Moyen-Orient, devient un enjeu international après la découverte du pétrole en 1908. Le pays est baptisé République islamique d'Iran après la révolution de Khomeiny en 1979. La religion officielle de la république est l'islam chiite.

Image 2 : La carte de l'Iran

14

Il est judicieux pour notre travail d'associer à la présentation de ces deux espaces géographiques, le Moyen Orient. La définition de cet espace représente un facteur essentiel dans la compréhension de notre sujet.

Région comprise entre la rive orientale de la mer Méditerranée et la ligne tracée par la frontière entre l'Iran d'une part, le Pakistan et l'Afghanistan d'autre part, elle se trouve essentiellement en Asie mais est parfois étendue à l'Afrique du Nord et une légère partie en Europe. Contrairement à une idée répandue, Proche-Orient et Moyen-Orient ne désignent pas deux entités géographiques clairement séparées, comme si, en allant vers l'est, on voyait se succéder le Proche et le Moyen-Orient avant d'atteindre l'Extrême-Orient. Ces termes désignent un même espace défini, au tournant des XIXe et XXe siècles, par le Foreign Office britannique comme le Middle East, et par le Quai d'Orsay français comme le Proche-Orient.

Avec une superficie de 7 272 793 km2, le Moyen-Orient est quasiment couvert d'eau. Les pays qui le composent sont pour le Croissant fertile (Iran, Israël, Palestine, Jordanie, Irak, Syrie, Liban)17, la péninsule arabique18 (Arabie saoudite, Yémen, Oman, Émirats arabes unis, Qatar, Bahreïn, Koweït) et la vallée du Nil (Égypte). On y ajoute souvent la Turquie, parfois même le Pakistan et l'Afghanistan. Les États-Unis n'hésitent pas à y inclure les États du Maghreb (Mauritanie, Maroc, Algérie, Tunisie, Libye), comme le montre le projet de « Grand Moyen-Orient »19. Cet espace abrite plusieurs groupes culturels et ethniques, incluant la culture perse, turque, arabe, kurde et juive. Les trois principaux groupes linguistiques sont les langues iraniennes, les langues turques et les langues sémitiques (dont l'arabe et l'hébreu).

17Entité géographique assez imprécise du Moyen-Orient. L'expression de Croissant Fertile, qui a surtout un intérêt historique, a été forgée par l'archéologue américain Breasted, au début du XXe siècle, pour désigner la région peuplée de sédentaires qui s'étend en fer à cheval autour de l'avancée du désert syro-arabique ou Badiaech-Cham (Chamiyé) : en gros Israël, le Liban, la côte, l'ouest et le nord de la Syrie et les plaines de Mésopotamie.

18 La péninsule Arabique ou simplifié Arabie est une vaste péninsule au sud-ouest de l'Asie, à la jonction entre ce continent et l'Afrique. Cette région fait partie du Moyen-Orient et joue un rôle géopolitique fondamental, du fait de ses importantes réserves en pétrole et en gaz naturel. Selon les estimations, la population de l'Arabie s'élevait à 77 983 936 habitants en 2008. De nombreux résidents des États du golfe Persique n'ont pas la nationalité de ces pays : on compte 20 % d'étrangers en Arabie saoudite et 89 % dans les Émirats arabes unis.

19Alfred MAHAN l'employa dans un article de la National Review, publiée à Londres.

15

Image 3 : La carte du Moyen-Orient

2- La délimitation chronologique du sujet

Cette partie a pour but essentiel de justifier l'importance du choix des bornes chronologiques de notre sujet de recherche que sont les années 1979 et 2002.

En effet, 1979 marque la fin du long règne du pouvoir impérial en Iran, celui du dernier Shah et la naissance d'une nouvelle République (la République Islamique d'Iran), après la révolution islamique de l'Ayatollah Khomeiny. C'est à cette période que les

16

nouveaux dirigeants prennent leurs distances vis-à-vis des États-Unis d'Amérique, leurs anciens alliés.

Elle marque le début d'une toute autre forme de relations entre partenaires d'hier. Le départ pour une nouvelle forme de gestion des affaires d'État : le pouvoir du clergé. De même que l'amorce d'une nouvelle politique intérieure et extérieure : le nationalisme et le reniement de l'Occident, en particulier des Américains. Il est inimaginable d'évoquer l'histoire récente de ce peuple sans tenir compte ou se référer à cette importante date.

Quant à l'année 2002 elle a aussi tout son sens dans notre travail. Le 11 Septembre 2001 marque le changement de la phase du globe en modifiant la stratégie militaire et politique des Américains dans le monde. Elle a sonné le réveil de leur politique étrangère. Bien avant, le 09 Septembre 2001, le commandant Afghan Ahmad Shah Massoud est assassiné par deux faut journalistes. Le Pakistan, les Talibans Afghan et Oussama Ben Laden sont immédiatement dénoncés comme commanditaires. Deux jours après des avions civils Nord-Américains sont détournés et certains lancés contre les américains.

Dans la foulé le 13 septembre 2001, Georges. W. Bush désigne Oussama Ben Laden comme le responsable et promet une « croisade »contre le réseau Al Qaida et tous les pays qui le soutiennent. Alors sept (7) Etats dont l'Iran sont qualifiés « d'Etat voyous » pour leur soutien prétendu au terrorisme.20

Elle marque la prise de conscience de Washington du danger international que représente l'Iran. En effet, lors du discours sur l'état de l'Union du 29 janvier 200221, le président George W. Bush22 a épinglé l'Iran comme faisant partie des pays de « l'axe du mal », ce groupe de pays qui menacerait la paix mondiale par sa tentative d'acquérir des

20Emmanuel MOURLON-DRUOL, La stratégie Nord-Americaine après le 11 septembre : un réel renouveau ?, Paris, L'Harmattan, 2005. P 22.

21Le discours sur l'état de l'Union (State of the Union address) est un évènement annuel où le président des États-Unis présente son programme pour l'année en cours. Ce discours est prononcé à Washington au Capitole, où les deux chambres (la Chambre des représentants et le Sénat) sont réunies.

22 Homme d'Etat américain, 43ème Président des Etats-Unis, deuxième président de père en fils.

17

armes de destructions massives, associé à lui l'Irak et la Corée du Nord23. S'ouvre alors un réel ballet diplomatique : l'Iran contre les États Unis d'Amérique ou vice versa.

En somme, ces deux dates qui bornent la période étudiée marquent des tournants importants dans la compréhension de notre sujet, afin de mieux cerner ces orientations.

C- APPROCHE DEFINITIONNELLE

L'analyse définitionnelle des termes de notre sujet prend en compte deux termes essentiels que sont « relations » et « politique ».

Evoquant le premier, selon le dictionnaire Larousse, la relation est l'ensemble des rapports et des liens existants entre personnes qui se rencontrent, se fréquentent, communiquent entre elles : Relation de bon voisinage. Aussi les rapports officiels qu'entretiennent les Etats ou certaines collectivités : Rompre les relations diplomatiques avec un autres Etat.24

Le second mot « la politique ». L'évolution de la notion de la politique part de la Grèce antique où la politique est une science qui cherche à imaginer le régime idéal. Au Moyen Age : la politique est réservée au prince de haut et est constituée de leurs intérêts particuliers. Machiavel (1469-1525) : Comment accroitre l'influence et le pouvoir des Clans en place.

Au XVII siècle, dans les Etats modernes, la politique du Prince se fait théoriquement dans l'intérêt du pays. Au XVIIIe siècle, le monarque perd le monopole de l'autorité tandis que la politique se généralise à l'ensemble des affaires publiques.

Avec la révolution française l'action politique s'accomplie au nom de la nation. Et ensuite au XIXe siècle : introduction de partis politiques, fin du droit héréditaire et démocratisation des institutions.

La politique est appréhendée à travers des repères méthodologiques rationnels. La

23Agence Internationale de l'Energie Atomique (AIEA) enquêtant depuis 2002 sur la nature du programme nucléaire. Elle s'intéresse aussi à d'autres crises aux retombés politiques, économiques et géostratégiques importants.

24 http://www.larousse.fr / dictionnaires/ Français/Relation/ 67845, consulté le 30 Septembre 2016.

18

« science » ou « la sociologie » politique constitue en effet un ensemble d'outils d'observations et d'études des faits politiques. Mais le caractère polysémique de la locution« politique » pose une problématique fondamentale liée à la définition du terme lui-même et également à l'objet de la discipline, notamment la « science politique » ou « sociologie politique ».

Alors le terme politique comporte plusieurs définitions et significations. Étymologiquement, il est issu du mot « polis » c'est-à-dire « cité »25 dans la Grèce antique, voire du terme « politeia », c'est-à-dire la manière dont la cité est organisée et le pouvoir en son sein. Une autre difficulté se dégage de l'usage du terme « politique » de nature androgyne, c'est-à-dire qui peut être fait au masculin comme au féminin.26

Elle peut prendre en compte tout simplement un sens neutre, celui de « gestion », c'est-à-dire un ensemble de mesures techniques juridiques et financiers en vue d'agir sur un secteur déterminé ou de traiter un problème précis.

En somme, la politique recouvre tout ce qui a trait au gouvernement d'une communauté ou d'un Etat : l'art et la manière de gouverner ; l'organisation des pouvoirs ; la conduite des affaires publiques ; les actions prévues ou mises en oeuvre par une institution, une organisation, un parti, un Etat, une entreprise, un individu... en vue d'atteindre un objectif préalablement fixé. Dans une démocratie, l'action politique est légitimée par le vote des citoyens. Elle concerne tous les domaines de la société : relations extérieures, organisation et sécurité intérieures, défense, finances publiques, économiques, justice, éducation, culture... ainsi que tous les niveaux de son champs d'Acton : International, supranational, (Ex : Union Européenne) national, régional, départemental, municipal.

25DEBBACSH Ch, POINTIER J.M., Introduction de la politique, DALLOZ, Paris, 1982, page2.

26 Au masculin, le politique signifie tout d'abord l'homme politique. Mais ce n'est pas cette assertion du thème qui l'oppose à l'expression considérée au féminin. Le politique signifie aussi l'image que la société avait d'elle-même. Au féminin, « la politique » signifie en premier lieu l'ensemble des actions que les gouvernements ou les autres acteurs sociaux entreprennent en vue de prendre des décisions, d'influencer le processus de prise de décision ou d'occuper des postes de responsabilités, c'est-à-dire « la tradition dynamique de tous les phénomènes impliqués par la conquête et l'exercice du pouvoir »

19

Quand on évoque les « Relations politiques » entre deux pays on s'inscrire directement dans les grands champs des Relations Internationales. Ce qui nous permettra d'évoquer leurs coopérations diverses, d'élucider les rapports politiques entre Washington et Téhéran de 1979-2002. Antoine GAZANO a défini les relations Internationales comme étant tous les rapports et flux transfrontaliers matériels et immatériels qui peuvent s'établir entre deux ou plusieurs individus groupe ou collectivités.27

Selon l'éditeur Armand Colin, il y a ce qu'on pourrait appeler les « Relations Internationales illicites »28 continue de bouleverser le champ de la légalité et de la morale internationale. Aujourd'hui le phénomène apparait plus que jamais comme une composante majeure, source de trouble non négligeable, des Relations Internationales. D'entrée, la définition du sujet révèle la difficulté d'une approche globale. Les Relations Internationales illicites ne se militent pas à la seule criminalité internationale et la multiplicité des facteurs de développement rend le phénomène de plus en plus difficile cerner. La fin de la guerre froide, la défaillance des structures Etatiques de certains pays, l'émergence de nouveaux acteurs, l'apparition de « zones crises » contribue à l'expansion de ce nouveau fléau. Et si les dangers qu'il représente pour l'équilibre mondial sont depuis longtemps avérés, il appartient désormais aux Etats de se mobiliser et d'oeuvrer pour une véritable moralisation de l'ordre international.

Pour Emmanuel TAWIL, les Relations Internationales sont plus que les relations diplomatiques. Les Relations diplomatiques sont des relations officielles que les Etats ont entre eux par le biais d'agents diplomatique (corps diplomatique, chefs d'Etat et de gouvernement, Ministres des Affaires étrangère). Limiter les relations internationales aux relations diplomatiques donnerait une image déformée de la réalité. Les relations diplomatiques sont une forme très codifiée des rapports en Etats : la réalité des rapports

27Antoine GAZANO., Les relations Internationales, éditons, Guardiano, Paris, 2001 extraits tirés du syllabus du cours d'IRI, G1 RT 2001.

28 Armand Colin, « Les Relations Internationales illicites », revue internationale et stratégique, Paris, Armand Colin, 2001 /3 (N°43).

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internationaux contemporains est le dépassement des formes diplomatiques, notamment par la multiplication des rapports directe entre dirigeants. La forme n'a plus qu'un poids marginal. Par ailleurs, les relations diplomatiques sont par nature avant tout bilatérales.29

Ainsi les Relations Internationales prises dans sa conception autre qu'une discipline scientifique appréhendant les phénomènes liant les rapports interétatiques, englobant les rapports pacifique ou belliqueux entre les Etats, de rôle des organisations internationales et l'ensemble des échanges ou des activités étatiques. Elles ont eu une évolution historique.30On pourra aussi relever les événements depuis 1945 à nos jours, qui ont caractérisé les relations internationales entendue comme l'ensemble des actions et interactions des acteurs privilégiés de la vie internationale que sont les Etats constitués ou en formation.

En somme, les relations internationales appartiennent historiquement au domaine de la science politique. Les relations politiques entre Téhéran et Washington de 1979 jusqu'à 2002 sont restées tendues et elles ont empoisonné tous les aspects de leurs coopérations. Elles désigneraient en général, l'étude de leurs affaires étrangères et des grandes questions de leurs systèmes internationaux. Elles peuvent être étudiées soit dans une optique positiviste soit dans une optique normative, toutes deux cherchant tant à analyser qu'à formuler les politiques internationales des pays.

29Emmanuel TAWIL, relations Internationales, Paris, Vuibert, 2014, p15

30 Relater l'histoire des rapports qu'entretiennent des acteurs des systèmes internationaux constitue une tâche difficile en ce début du XXIe siècle, d'autant plus qu'ils revêtent un caractère complexe, consécutif du développement de la technologie sur la scène internationale. Etant donné que les relations internationales s'étendent tant à toutes les relations de groupes ou d'individu à individu par rapport à une frontière étatique, que les organisations internationales privées ou publiques et les sociétés multinationales. Il serait impérieux pour nous de faire une démarcation entre la politique internationale (relations entre unité politique des Etats) et la vie internationale (toutes les manifestations ne comportant pas les relations d'existence entre Etats). Ces événements seront regroupés en trois grandes périodes : Une première période allant de 1945 à 1947 parlant des directoires de grandes puissances et de l'échec de compromis. Une deuxième période de 1947 à 1953 consacrée à la guerre froide et de l'émergence du tiers monde. Enfin une troisième période traitant de l'aspect actuel des relations internationales. On pourra aussi relever les événements depuis 1945 à nos jours, qui ont caractérisé les relations internationales entendue comme l'ensemble des actions et interactions des acteurs privilégiés de la vie internationale que sont les Etats constitués ou en formation.

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D- ETAT DE LA QUESTION

Le premier réflexe qui habite la conscience d'un chercheur débutant soit-il, est de faire naturellement l'état des lieux des connaissances disponibles sur son thème d'étude, avant d'apporter humblement sa modeste contribution. Sur ce point, la question des relations entre l'Iran et les Etats Unis d'Amérique a été largement évoquée dans les écrits.

Plusieurs auteurs et chercheurs (philosophes, historiens, sociologues, journalistes, hommes de foi...) ont abordé les questions liées à l'Amérique et à l'Iran avant comme après la révolution islamique menée par l'Ayatollah Khomeiny et dans des domaines divers. Il s'agit en effet de deux pays assez réputés dans le monde aujourd'hui de par leur relation belliqueuse31, leurs histoires, leurs civilisations et leurs attitudes hégémoniques, qui sont bien des aspects importants dans leurs différentes évolutions.

Mais dans l'impossibilité de passer en revue toutes les connaissances en rapport avec la question étudiée, seules quelques thématiques qui permettent d'éclairer notre thème de recherche ont été retenues.

1) Sur la chute du Shah

La chute du Shah est un événement essentiel dans l'histoire de l'Iran qui marque le départ des malentendus dans une relation particulièrement longue et chaleureuse. Dans son ouvrage William Shawcross32, nous permet de mieux appréhender l'histoire du règne du Shah et les raisons de sa chute.

31Sadr. BANI, Le complot des Ayatollahs, Paris, Editions La Découverte, 1989, p. 217.

32william SHAWCROSS, Le Shah : exil et mort d'un personnage encombrant, Paris, Éditions Stock, 1989, p 55135.

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Dans un documentaire intitulé le Shah d'Iran Un homme à abattre33, Reynold Ismard retrace le long règne de Mohammad Reza Pahlavi dernier Shah d'Iran qui régna pendant 37 ans, du 16septembre1941 au 11février1979. Ce film mentionne également les dérives du pouvoir du régime du Shah et le désir pour les Iraniens de mettre fin à ce pouvoir qui n'est plus l'émanation de la volonté populaire.

Dans une chronique, Catherine et Jacques Legrand nous retracent l'histoire du Shah, de sa naissance jusqu'à sa chute et sa mort34.Dans cette chronique il est mentionné l'accession du fils de Reza Khan (1878-1944), fondateur de la dynastie Pahlavi sous le titre de Reza Shah. De même, les réformes du Shah y sont mentionnées et enfin les auteurs nous expliquent la chute du Shah et son exil. Cette chute causée par la politique impopulaire et liberticide du Roi.

Des auteurs ont dénoncé ou mis en lumière le recul de l'administration américaine face à la révolte contre le Souverain impérial. Dans un article intitulé « Comment les Etats-Unis ont raté leur coup en Iran ? » Armin AREFI soutient que, si Rober Huyser a bel et bien été secrètement envoyé par la Maison-Blanche en mission secrète en Iran, c'était uniquement dans le but d'empêcher l'armée impériale de mener un coup d'Etat pour faire barrage à l'arrivée des islamistes au pouvoir. Et Washington s'est trompé sur toute la ligne. 35

Abordant dans la même veine, Charles Phylippe DAVID dans un article intitulé « Au sein de la Maison Blanche » affirme que Carter a déclaré lors de sa visite à Téhéran en Décembre 1977 que l'Iran représentait un « exemple de stabilité » dans la région. Alors que le Shah au pouvoir depuis 1941 était renversé par la révolution d'Ayatollah Khomeiny. La politique américaine durant cette période de tumulte en Iran contribua largement à exacerber les problèmes des Etats-Unis avec Khomeiny pendant la crise des

33 Reynold ISMARD« Le shah d'Iran, un homme à abattre », France 5/Dargaud-Marina/INA Entreprise, 2004,visualisé en Janvier 2014.

34Chroniques de l'histoire: Le Shah d'Iran. Jacques Legrand SA Éditions Chronique - Hachette Distribution, 1998. 35Amin ARIFI, « Comment les Etats Unis ont raté leur coup en Iran », http://www.lepoint.fr/monde/comment-les-etats-unis-ont-raté-leur-coup-en-Iran-12-02-2015-1904392, consulté le 05 octobre 2016.

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otages. L'Equipe Carter fut d'abord surprise puis inapte à formuler une réponse cohérente devant la chute du Shah.

2) Sur la révolution Khomeyniste et l'organisation de la République Islamique d'Iran

Les jeunes proches du « Guide » ont énormément contribué à la prise d'otage des ressortissants américains à Téhéran. Alain Chaoulli36 nous définit, qui sont exactement les Bassidji 37 . Ces jeunes Bassidji sont entrés dans une organisation de la force paramilitaire iranienne. Le Bassidji a été fondé par l'Ayatollah Khomeiny en novembre 1979. Ce sont des "jusqu'au-boutistes" très déterminés. Ils ont constitué l'essentiel des combattants de la guerre Iran-Irak (1980-1988).

Quant à Yara Khoury, il explique comment après cette crise des otages va s'installer en Iran un régime qui prendra une coloration exclusivement religieuse : il est fondé sur le pouvoir des docteurs de la loi islamique. Les institutions de la République islamique sont subordonnées au clergé chiite, situation d'autant plus inédite que la ligne de conduite qui prévaut avec Khomeiny est minoritaire dans le monde chiite. C'est ce que l'on pourrait lire dans cet article en prélude des trente ans d'anniversaire de la révolution iranienne sanctionnée par la proclamation de la République islamique38.

L'ouvrage de NouchineYavari-d'Hellencourt39évoque aussi pertinemment la crise des otages en général et la portée de cette prise des otages en particulier. Pour lui, le soutien de l'Ayatollah Khomeiny à l'occupation de l'ambassade des Etats Unis

36Alain CHAOULLI ,L'avènement des jeunes Bassidji de la République islamique d'Iran, Paris, l'Harmattan, 2013, p 218.

37Ce sont des adolescents faisant partie d'un groupe spécifique de jeunes âgés de 12 à 16 ans. Ce sont des enfants déstructurés, révoltés et impatients de voir se réaliser leur utopie, après le déclenchement du Mouvement révolutionnaire en Iran, en 1979.

38 http://www.lesclesdumoyenorient.com/La-revolution-iranienne-a-trente.html, publié le 24/03/2009 consulté le 22/05/2014.

39NouchineYAVARI-d'HELLENCOURT, Les otages américains à Téhéran, Paris, La documentation Française,

1992,108 p.

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d'Amérique et à la prise d'otage se comprend comme l'échec du « grand Satan », les Etats-Unis d'Amérique, face à la détermination révolutionnaire.

Aussi, Michel Potocki évoque l'Islam, la République, Dieu et le peuple. La révolution islamique d'Iran a réinventé l'islam politique en 1979, en le traduisant en termes politiques, juridiques et constitutionnels40. Le texte intégral de la Constitution iranienne de 1979 tel qu'il résulte de sa révision en 1989, après la mort de l'Ayatollah Khomeiny, est ici présenté dans une traduction nouvelle, à partir du texte persan, commenté et annoté du point de vue historique et juridique. Ce texte permet de comprendre les blocages, mais aussi les dynamiques d'une République qui a voulu associer les forces religieuses et populaires. Cette constitution contient les germes de la division entre l'Iran nouveau et l'Occident.

Hassan Diab El Haraké nous propose une analyse du fondement religieux du pouvoir politique iranien et met en lumière les compétences du Guide suprême iranien dans le monde chiite, notamment dans sa relation avec le Hezbollah libanais.41

On peut également citer l'ouvrage de Pierre Salinger42. Dans cet ouvrage trois éléments essentiels ont attiré notre attention : les enjeux iraniens et américains de la prise d'otage, le déroulement de la crise, et le dénouement de la crise. Pour l'auteur, l'enthousiasme révolutionnaire était retombé et l'Iran semblait être ravivé par cette prise d'otage.

L'arrivée de Khomeiny sur le trône Iranien n'a pas été managée seulement par l'homme lui-même. C'est la position de certains auteurs qui pensent que le « Guide de la Révolution » s'est approprié la révolution populaire. En exemple nous citerons Denis COLLIN qui dans un article intitulé « La chute du Shah. Révolution et contre-

40Michel POTOCKI, Constitution de la République Islamique d'Iran 1979-1989, Traduction, introduction, Paris, Le Harmattan, 2004.

41Hassan DIAB EL HARAKE, Les fondements religieux du pouvoir politique dans la République islamique d'Iran, Paris, L'Harmattan, 2012, 206 p.

42Pierre SALINGER, Otages, les négociations secrètes de Téhéran, Paris, Buchet/Chastel, 1981, 308 p.

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révolution » dépeint cette réalité.

Pour lui dès lors le régime des mollahs va se mettre en place, à travers encore de nombreux mois de crises et de batailles entre les fractions de la nouvelle caste dirigeante, reflétant la pression des masses qui n'acceptent pas passivement de suivre les « guides suprêmes ». Les grèves vont se poursuivre. Les ouvriers vont créer dans les entreprises des organes de combat, les « chouras » qui sont des sortes de conseils ouvriers ou de soviets. Bref, la révolution de 1979 n'est pas une révolution khomeyniste, mais une révolution confisquée, brisée par Khomeiny et la hiérarchie religieuse qui reconstruit à son propre l'appareil d'Etat démantelé au départ de Pahlavi43

En plus de Denis COLLIN et avec un titre plus précis l'auteur Robin CLAPP dans son article intitulé « Iran 1978-79 : une révolution volée à la classe ouvrière » il explique comment Khomeiny a profité de la prouesse des ouvriers. Il pense pour sa part qu'il est important de savoir comment ce régime est arrivé au pouvoir. Le mouvement révolutionnaire Iranien de 1978-79 a constitué une force puissante que personne n'attendait et qui a réussi à mettre fin au régime dictatorial et particulièrement répressif du Shah, Monarque absolu et pro-occidental. La classe ouvrière s'était soulevée, mais faute de direction politique claire, la révolution a été volée aux travailleurs par les forces religieuses conservatistes groupées autour de l'Ayatollah Khomeiny. Revenir sur ces événements révolutionnaires de 1978-79 est aussi d'un immense intérêt pour le mouvement actuel.44

3) Sur le Nucléaire Iranien et les relations diplomatiques

En la matière l'aspect le plus dominant dans cette relation reste la diplomatie, qui pour notre part est arrivée à s'étendre à tous les autres domaines de coopération. Comme ouvrage de référence nous avons eu recours à la chronique géopolitique

43 Denis COLIN, « la chute du Shah. Révolution et contre révolution » source : http://la-sociale.

44 Robin CLAPP, « Iran 1978-79 : Une révolution volée à la classe ouvrière » publié le 19 juin 2009

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d'Alexandre Alaoui45. Dans cette publication l'auteur nous étale le contexte général de la relation politique en iraniens et américains- depuis 1979 et évoque également les enjeux sécuritaire et géopolitique de cette crise.

Une fois le régime théocratique installé, Khomeiny a un autre rêve, celui d'étendre sa révolution sur les territoires des voisins immédiats. Ainsi, le contentieux frontalier qui oppose l'Iran à son voisin l'Irak au sujet du partage des rives du golfe arabo tourne au conflit armé en septembre 1980. Pierre Razouk, Directeur de recherches à l'Institut de recherche stratégique de l'Ecole militaire (IRSEM), spécialiste reconnu du Moyen-Orient, nous enseigne comment la guerre Iran-Irak a marqué un tournant dans l'histoire du Moyen-Orient. Terriblement meurtrière 46 , elle a frappé à jamais l'imaginaire des protagonistes, mais aussi des Occidentaux.

Alors que pour les États-Unis d'Amérique, toute domination iranienne du Golfe serait un revers pour eux, ils vont militer à empêcher l'Iran de se doter d'armement solide qui va le rendre "intouchable". La question de son enrichissement nucléaire est évoquée et suivie de près par les Américains, compte tenu de son caractère déterminant et de son enjeu politique spécial. C'est ce qu'évoque Georges Le Guelte47 dans son dossier sur la crise nucléaire iranienne. Pour lui, l'enjeu de la crise nucléaire Iranienne dépasse de beaucoup le cadre purement régional, pour devenir un problème international.

Contrairement aux auteurs qui voient à la démarche nucléaire Iranienne un danger mondial, des auteurs comme Ali RASBEEN voit la question autrement. En effet l'observateur pense que l'Iran est dans la légalité dès lors qu'il n'est pas démontré que son programme a des visées militaires, que ce sont en conséquence les résolutions du conseil de sécurité de l'ONU qui sont hors l'égalité. Pour lui « la question de (la liberté d'accès) des pays en voie de développement à l'énergie nucléaire se pose désormais de

45Alexandre ALAOUI, « Les relations entre les États-Unis et l'Iran depuis 1979 », publié08 janvier 2013sur https://dandurand.uqam.ca/publication/les-relations-entre-les-etats-unis-et-liran consulté le 15 Novembre 2014. 46Pierre RAZOUK La guerre Iran-Irak, Paris, Perrin, 2013, p 248-312.

47 Directeur de recherche à l'institut des relations internationales et stratégiques en France

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moins en moins et est (remplacer par la préoccupation de prévenir ce qui pouvait devenir des armes de destruction massive » c'est en cela que les négociations butent.48

La volonté occidentale est Américaine a obtenir l'arrêt du programme nucléaire Iranien s'oppose à la volonté Iranienne sur un plan politique. Coté Iranien, dit Nader BARZIN, le souhait est de développer une industrie électro nucléaire civile permettant d'accéder rapidement à la fabrication et à la mise en oeuvre opérationnelle d'un nombre limité d'arme nucléaire, tout en faisant apparaitre ce qui n'est pas le monde intérêt, d'une manière résolument incertaine mais suffisamment assurée, que le pays se trouve dans cette position du possible.49

De même, François GERE directeur de l'institut Français d'analyse stratégique, affirme « L'Iran est signataire du TNP et a donc parfaitement le droit de développer son activité civile » et ajoute que « d'un point de vue juridique, la position de Téhéran est assez forte ». La rhétorique du droit au nucléaire se développe avec la remise en cause du monopole de l'Energie nucléaire des grandes puissances traditionnelles. Ce phénomène est récent car jusqu'alors, rares étaient les pays capables de produire de l'électricité nucléaire, couteuse et délicate à maitriser50

En somme toutes ses études auxquelles nous avons fait allusion sont d'un apport inestimable car permettant de comprendre non seulement les source de la rupture entre Téhéran et Washington mais surtout de voir comment de façon manifeste le ton est resté houleux entre les partenaire d'hier de 1979 à 2002.

La plupart des productions scientifique antérieures à notre étude et portant sur les relations politiques entre Iran et les Etats Unis d'Amérique se sont d'une manière ou d'une autre appesantir sur la chute du Shah et les reformes politiques de Khomeiny pour justifier cet éloignement de ces deux anciens pays amis.

48 Ali RASBEEN, « Droit et légitimité du nucléaire Iranien », Géostratégique, N°13, juillet 2006, P.18

49 Nader BARZIN, l'Iran nucléaire, Paris, l'Harmattan 2005, P.2014

50 François GERE « Téhéran a le droit de développer son activité civile », Libération, mercredi 3 Aout 2005, p8

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Ce faisant, il s'agit pour nous d'essayer d'enrichir tous ses travaux sur la question notre travail s'articulera alors à apprécier les réformes institutionnelles majeures entreprises par Khomeiny dans un monde où l'on parle de plus en plus de nouvel ordre mondial, basculât au profit des grandes puissances économiques et techniques. Voir un Etat s'islamiser dans toutes sa structuration représenterait un danger réel. Mieux quand celui-ci aspire à l'arme nucléaire. Alors que toutes les grandes diplomaties sont unanimes que la sécurité intérieur d'un pays par de sa protection extérieure. Dire claire, comment le rêve au nucléaire de la République Islamique a empoisonné et maintenu houleux la relations entre Washington et Téhéran.

Il convient donc de dire que notre travail en plus de l'approche historique, consiste à mieux apprécier l'évolution des relations politiques entre Iran et les Etats Unis d'Amérique de 1979 à 2002.

Il s'agira de revisiter les thèses et productions de nos devanciers avec de nouvelles interrogations, comme le souligne à juste titre l'historien Serges BERSTEIN ; « ...le regard porté sur l'évènement, se modifie en fonction de la société à laquelle appartient l'historien. Il est évident que chaque époque apporte son lot de nouveau questionnement qui ajoutant des points de vu à l'éclairage historique »51

Mieux l'historien est reconnaissant envers les travaux laissés à la postérité, il renchérit dans le même élan ; « les hypothèses élaborées par les historiens d'hier demeurent valables, mais elles exigent d'être enrichies, complétées, rendues signifiantes par de nouveaux travaux qui approfondissent l'histoire des sociétés Humaines et de leur évolution »52

En somme, notre étude se propose d'expliquer comment les ambitions régionales du pouvoir islamique de Téhéran constituent une menace pour les intérêts Américains dans la zones.

51 Serges BERSTEIN, « Histoire, domaine et champs », in encyclopédisa Universalis corpus 11, Paris, Encyclopediq universalis, P 829

52 Idem

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E- IDENTIFICATION DE LA PROBLEMATIQUE DU SUJET

Les relations politiques entre l'Iran et les Etats Unis d'Amérique ont toujours existé depuis le début du XIXème siècle. Et cela à travers diverse échelle de collaboration. L'hégémonie iranienne dans la région s'est réalisée en partie grâce à cette relation. Tout simplement parce que les relations entre les deux pays étaient au beau fixe.

Les Américains intervenaient beaucoup dans la politique intérieure de l'Iran et proposaient très souvent des plans stratégiques pour son équilibre régional. La présence américaine trouva une autre grande source de profits, avec la mise sur pied de l'armée du Shah. Officiellement, cette armée était nécessaire pour protéger le monde dit libre contre l'URSS. En fait, comme l'a écrit un célèbre journaliste Américain, Walter Lipmann, « (..)La raison majeure de notre soutien de l'Iran n'est pas son importance stratégique lors d'une guerre mondiale éventuelle, son seul but est de maintenir le gouvernement du Chah qui nous est favorable »53 Lassé par un pouvoir impérial jugé liberticide, avec un dirigeant aux ordres des Américains, le peuple iranien au mépris de voir sa culture, sa religion, en un mot sa richesse spoliée, mène une révolution avec pour chef de fil Ayatollah Khomeiny54.

Le 04 Novembre 1979, le pouvoir du Shah est vaincu par la révolution, laissant place à la gouvernance théologique avec la naissance de l'Islam politique, le pouvoir appartenant aux clergés. Les ambitions de la révolution sont énormes, aller au-delà de ses frontières fixes et naturelles, et cela ne va pas sans conséquences. Depuis lors les deux pays, alliés d'hier, ont un autre type de rapport, où les Américains sont maintenus très loin de la gestion des affaires politiques, économiques et stratégiques de l'Iran.

53Cercle Leon TROTSKY, Iran : de la dictature du Chah à celle de Khomeiny, la révolution escamotée, du 30/04/1987, consulté sur www.lutte-ouvriere.org/, le 14/10/2014

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A partir des faits susmentionnés, il convient de nous poser la question de savoir, pourquoi les relations politiques entre les Etats Unis d'Amérique et l'Iran sont-elles tendues de 1979 - 2002 ?

Comment l'ambition de Khomeiny a rendu tendue les relations politiques entre l'Iran et les Etats Unis d'Amérique de 1979-2002 ? En quoi est ce que l'Iran de Khomeiny représenterait une menace pour les intérêts de Washington dans le Moyen Orient ?

F- LA METHODOLOGIE

La méthodologie d'un travail de recherche désigne l'ensemble des réflexions qui portent sur les procédés, les moyens, les règles suivies et les contextes des travaux des historiens. Ainsi donc aucun travail scientifique ne peut objectivement se réaliser sans une méthode de travail préalablement établie. Ainsi nous procèderons à la présentation et à l'ana lyse critiques des sources ensuite la démarche utilisée et enfin nous évoquerons les sources orales.

Cette partie sera conclue par une synthèse de toutes les données utilisées. L'histoire est une mode de connaissance par trace. Ces traces, soumises aux questionnements de l'historien deviennent des sources, dont les documents écrits sont certes plus connus, mais ne constituent une des multiple variétés. Tout est source à qui sait l'interroger. Ses sources il faut encore les étudier, les confronter en mettant en place une procédure de vérité, la démarche critique.

Nous avons dans un premier temps faire appel aux sources écrites. À cet effet plusieurs ouvrages, revues et mémoires ont été consulté pour l'élaboration de notre travail de recherche. Tous ces documents nous ont été d'un apport capital dans la mesure où ils ont de voir troubles concours dans la relations politique entre Washington et Téhéran de 1979-2002.

L'internet et l'audiovisuel ont été nos principaux compagnons dans la rédaction de notre travail de recherche. Puisque les faits évoqués sont d'actualités. Pour le premier

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« l'environnement numérique de travail » est devenu une réalité quotidienne de la pratique historienne. L'internet s'est imposé comme un outil indispensable. Les innovations documentaires communicationnelles et informationnelles de cet outil ont révolutionné ces aspects du métier de l'historien55.

Les livres numériques sont disponibles dont accessibles à tout moment. Nous pouvons les lire n'importe où, sur tous les différents appareils de lecture. Elle se lit très rapidement avec aisance nous avons les informations à notre disposition. L'essentiel des médias qui est l'internet nous a permis de voir largement toutes les grandes publications et analyses autour de la question. Mais nous avons accordé la priorité aux sites comme : le site du monde diplomatique ( www.mondediplomatique.fr), des clés du Moyen-Orient

( www.lesclésdumoyenorient.com), le site du courrier international
( www.courrierinternational.com).

Pour les articles et publications en ligne, nous avons pris le soin de vérifier leurs authenticités en examinant l'identité et la spécialité de l'auteur avant de les recouper. Egalement en ligne sur www.yutub.com nous avons trouvés des films, sur la crise des otages Américains à Téhéran. Nous avons aussi consultés l'encyclopedia universalis disponible sur htt:// www.universalis.fr/encyclopedie/guerre-irak-ran/. S'agissant des productions audiovisuelle, elle est d'une rechercher remarquable pour l'enseignement de l'histoire du XXI e siècle et pour l'historien. Des spécialistes de l'époque contemporaine comme Marc Ferro56 ou Pierre Sorlin57 ont exploité des oeuvres cinématographiques pour une partie de leurs travaux scientifiques.

Les documents audiovisuels regroupent les enregistrements sonores et/ou les images animées, et/ou des images fixes. Longtemps méconnus et peu favorisés dans les bibliothèques universitaires et de lectures publiques. Le document audiovisuel est aujourd'hui considéré comme objet d'étude, plus facile d'accès pour le chercheur que nous sommes. A Travers le site Youtub, les chaines de télévision comme France 24 et la

55 DACOS M, « les lendemains électroniques de l'Edition historique. Pour un nouveau modèle de publication périodique » Revue d'histoire du XIXe siècle, 2000, N°20/21.

56 Auteur de cinéma et histoire (Anglais), poche-26 octobre 1993

57 Historien et sociologue auteur d'introduction à une sociologie du cinéma, Paris, Klincksieck, coo, d'Esthétique, 2015, 256 pages.

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chaine de radio RFI, nous avons pu visualiser ou écouter des enregistrements portant sur notre sujet.

Nous avons pu visualiser également les films documentaire dur le sujet « le Shah d'Iran : un homme à abattre », un téléfilm documentaire français réalisé par Reynauld Ismad et diffusé pour la première fois le 04 décembre 2004 sur France 5 et mis sur www.youtub.com, également les films du journaliste Français T. Meyssan : « Indépendance énergétique de l'Iran/ occidentaux et les Etats Unis n'attaqueront pas un Iran apte à se défendre », mettre en évidence l'enjeu géostratégique de la possession de l'arme nucléaire. « Mystère d'archive- 1971, les fastes du Shah d'Iran Persépolis », il constitue une série de documentaire de Serge Viallé. Des Images prises d'avant la révolution et celle prise d'après la révolution ont aussi permis de mieux appréhender le sujet. Nous pouvons citer les sélections de David CHAPOSNIKOV « L'Iran avant 1979 ».

Aussi avons-nous également fait référence à des rapports des Nations Unies sur la résolution de la crise entre l'Iran et l'Irak. Ils sont nombreux, le plus décisif est : la Résolution 598 (1987) du Conseil de Sécurité des Nations Unies et les efforts de paix entre l'Iran et l'Irak.58 Nous nous sommes également référés à la deuxième constitution iranienne, celle établie sous le pouvoir islamique. L'esprit du texte met en lumière les grands axes de discordes entre Téhéran et Washington, voire l'Occident toute entier. Il faut à ce niveau mentionner que l''Iran a eu deux constitutions. La première date de 1906, la seconde de 1979 et révisée en 1989. Adoptée le 24 octobre 1979, la constitution a été modifiée le 28 juillet 1989. Elle nous a permis de comprendre la composition complexe et le statut de chacune des entités du pouvoir, de mieux appréhender la nouvelle politique étrangère du pays et les points focaux de leur relation avec l'Occident.

Compte tenu du fait que notre analyse du sujet se veut historique, la démarche l'a été aussi, ainsi nous avons privilégié la démarche chronologique. Cette démarche a permis de suivre étapes par étapes, l'évolution des relations politiques entre l'Iran et les Etats

58Annuaire français de droit international, volume 34, 1988. pp. 63-90.

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Unis d'Amérique, de l'ère de la rupture et de la remise en cause de Washington en 1979, à l'explosion du débat autour du nucléaire iranien en 2002. Cette démarche constitue pour nous, la voie pour aboutir à l'objectif de la recherche.

A côté des écrits historiques, l'historien use sans arrêt d'autres sources littéraires : poètes, philosophes, moralistes, et apologistes, rhétoriciens, romancier, géographe, mathématiciens, médecins, juristes, sans parler des innombrables exégèses et paraphrases bibliques qui furent au Moyen Âge une des branches principales de la littérature, voire les textes coraniques dans ce cas-ci pour mieux comprendre certains déterministes.

L'Histoire se faisant alors dans le temps, mais aussi dans l'espace, nous nous sommes tournés vers la branche de la Géographie physique, celle chargée « de l'établissement, du dessin et de l'édition des cartes et plans »59 pour la réalisation de nos cartes, à savoir : la cartographie. Pour notre étude, les cartes permettent de se faire une idée précise des aspects de la question qui sont abordés.

En Outre, il nous est apparu bien important de nous référer à l'origine de la pomme de discorde, de la crise entre Chiites et Sunnites. Un aspect important de notre étude, puisqu'il s'invite dans le débat d'occupation territoriale. Alors la question du droit international. A cet effet, nous n'avons pas manqué d'exploiter les ouvrages théologiques et nous nous sommes également intéressé à l'opinion de chaque partie.

Chemin faisant, nous avons aussi eu recours à quelques entretiens avec des personnes bien avisées pour mieux comprendre des aspects de notre sujet de recherche. Le premier fut avec le Pr CAMARA Moritié, le 16 Mars 2014 entre 10h05 et 11h 10. L'Enseignant Chercheur à l'Université Alassane Ouattara de Bouaké nous a reçu à l'Ambassade de la République Islamique d'Iran à Abidjan où il occupe un poste. Et ce, pour sa maîtrise des questions iraniennes et pour avoir faire un mémoire de Maîtrise sur la question.60

59 Paul REY (dir), Le Grand Robert ,6eme édition, Paris, CD-ROM, 2006.

60Moritié CAMARA, L'évolution des relations entre les Etats-Unis et l'Iran 1953-1996 : du mariage de raison à la

haine réciproque, Mémoire de Maîtrise, Université de Cocody, 1998, p.110.

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Egalement, en tant que secrétaire national chargé de la communication et des relations extérieures au Bureau Exécutif de l'AEEMCI,61nous avons bénéficié d'un voyage de formation en leadership et management d'éducation et de gestion des apprenants à Istanbul 62du 15 Août au 5 septembre 2015. Au cours de ce voyage sur la terre d'un rival de l'Iran, nos échanges avec les étudiants turcs et des administrateurs ont montré cette distance entre le Chiisme et le Sunnisme. Ahmet IHAZE63, nous disait que « le chiisme et l'Iran représentent un danger pour notre communauté [Il fait référence à la communauté musulmane Sunnite] »

Ces échanges ont été faits directement sans questionnaire préalablement établis, donc la méthode non-directive. Cette méthode nous a permis d'évoquer plusieurs aspects liés à la relation politique entre les Etats Unis et l'Iran, sans toutefois nous imposer de barrière. Elle a surtout permit de créer un climat d'empathie et de respect nous permettant d'une part à extérioriser l'authenticité de ce que nous ressentons et d'autres part aux interlocuteurs d'exprimer aussi leurs propres avis.

Nonobstant sa pluralité elles ont manqué de diversité parfois, les ouvrages de édités en occident et écrits par eux ont très souvent dominés les productions iraniennes, créant du coup le déséquilibre.

Avec l'usage de l'internet nous avons constaté également qu'il a favorisé la mise en ligne de sites par des << historiens amateurs >> et des associations. La question de la validation scientifique des informations mises en ligne nous est maintes fois revenue. Cette interrogation se retrouve aussi pour les encyclopédies en ligne, rédigées par les internautes, comme Wikipédia dont la qualité éditoriale fait débat au sein de la communauté historienne. C'est donc à juste titre qu'en 2006, l'historien américain Roy

61 L'AEEMCI : c'est l'Association des Elèves et Etudiants Musulmans de Côte d'Ivoire ; créée en 1975 à l'Université de Cocody Abidjan. Le premier regroupement de jeunesse musulmane en CI, elle est apolitique et intervient dans l'encadrement académique, moral et religieux des Elèves et Etudiants Musulmans de Cote d'Ivoire. Son siège se trouve à Abidjan à la Riviera 2 et elle compte aujourd'hui 65000 adhérents.

62 Istanbul, la capitale de la République turque.

63 Un étudiant en Droit à l'Université Francophone de Turquie.

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Rosenzweig64 préconisait une véritable implication des historiens professionnels dans l'écriture afin d'améliorer les articles en ligne. L'internet constitue donc un véritable fourre-tout, d'où le risque d'être submergé par le flot de matériaux et d'information. Nous y avons été confrontés.

Comme elles toutes, les sources audiovisuelles notent aussi des critiques : comme l'authenticité des images et sons, la crédibilité ou la scientificité des commentaires et analyses. Le travail journalistique est loin de celui de l'historien qui se défaire de la subjectivité.

Nous avons essayé de faire la synthèse de nos différentes lectures et écoutes audio-phoniques, après nos prises de notes. Aussi, partout où la question des relations américano-iraniennes est évoquée nous y trouvons de l'intérêt et des éléments de documentation. C'est fort de tout ceci que nous avons pu sortir un plan et amorcer la rédaction proprement dite de notre travail de recherche.

G- LE PLAN DE L'ETUDE

Pour mener à bien notre réflexion, notre travail d'étude et de recherche est subdivisé en deux grandes parties.

La première partie de notre étude est intitulée : L'avènement de la République islamique d'Iran (1979-1981) : rupture avec le passé américain. Dans cette partie il s'agit d'abord de montrer les fondements de la rupture entre les deux pays (Chapitre I). Ensuite, dans le second chapitre nous nous penchons sur la question de l'avènement de la République Islamique d'Iran (Chapitre II).

64 Roy Alan Rosenzweig, né le 6 aout 1950 à New York et mort le 11 octobre 2007 à Arlington, est un historien américain, professeur à l'université George Mason en Virginie. Après des travaux sur le monde ouvrier, il se spécialise dans l'histoire numérique et fonde le Center for History and New Media en 1994.

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La deuxième partie de notre étude porte sur les étapes de la rupture : de la prise des otages américains à l'explosion de la crise nucléaire (1980-2002). À ce niveau nous avons trois chapitres. Le premier évoque la question de la confrontation en élucidant un aspect majeur, celui de la prise des otages américains à Téhéran. Ensuite, l'accent est mis sur la révolution iranienne et la menace des intérêts américains dans la région de Golfe Persique (Chapitre II) et enfin le dernier chapitre de notre étude met en évidence la question du nucléaire iranien (Chapitre III)

PARTIE I:
L'AVENEMENT DE LA REPUBLIQUE
ISLAMIQUE D'IRAN (1979-1981) :
RUPTURE AVEC LE PASSE AMERICAIN

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Après de longues années de chaleureuses coopérations économiques, politiques et militaires entre Washington et Téhéran, la révolution iranienne de 1979 dépossède du pouvoir le Shah d'Iran, de son vrai nom Mohamed Pahlavi Reza. Menée par L'Ayatollah Khomeiny cette révolution était d'abord le fruit des mécontentements populaires contre le pouvoir « sanguinaire » et occidental du Shah.

L'Ayatollah Khomeiny devient donc le nouveau chef du pouvoir en Iran et peu de temps après s'amorce une violente rhétorique contre les États-Unis d'Amérique décrivant ce pays comme le Grand Satan et également comme une nation d'infidèles.

L'éloignement devient de plus en plus grandissant quand l'Iran bascule d'une République ouverte à un Etat théologique (Islamique). Les institutions, les hommes et l'ambition du nouvel Etat constituent également des motifs de division majeurs.

Dans cette partie qui comporte deux chapitres nous allons dans le premier temps évoquer les fondements de la rupture entre Téhéran et Washington (Chapitre I). Lesquels fondements trouvent leurs sources dans l'indésirable pouvoir du Shah par les Iraniens. Celui-ci perd son pouvoir fort d'une révolution et s'instaure en Iran une République Islamique (Chapitre II).

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Chapitre I : LES FONDEMENTS DE LA RUPTURE AMERICANO-IRANIENNE

Après près d'un siècle d'amitié cordiale, les alliés d'hier, l'Iran et les Etats Unis d'Amérique, allaient rentrer dans une autre phase de leur relation. Devant une population de plus en plus opposées aux autorités de Téhéran, et une opposition plus que déterminée à mettre fin au long règne de Mohammed Riza Shah Pahlavi.

Il s'agit pour nous d'apprécier comment les iraniens ont agir face au pouvoir impopulaire et impérial de Téhéran et évoquer ensuite la chute du roi, ce qui met fin à l'amitié avec Washington.

I-L' IMPOPULARITE DU REGIME DE TEHERAN AVANT 1979

La politique de Téhéran n'adhère pas aux aspirations populaires. Les iraniens rêvent d'une autre orientation des affaires publiques. Leur culture, leur foi et leurs valeurs sociétales se trouvent niées par un pouvoir occidentalisé qui ne propose que la violence.

1- La contestation de la politique impopulaire du Shah 1977

Né le 26 octobre 1919 à Téhéran et mort le 27juillet1 980 au Caire, Mohammad Reza Shah Pahlavi ou Muhammad Rizâ Shâh Pahlevi, était le deuxième et dernier monarque de la dynastie des Pahlavi Homayouni de la monarchie iranienne65 et le dernier Shah d'Iran qui régna du 16 septembre 1941 au 11 février 1979. En 1925, bénéficiant d'une éducation stricte à la fois militaire et occidentale, Mohammad Reza Pahlavi gagna le prytanée Nezam, deux jours après qu'une loi lui eut conféré le titre de prince héritier.

65 Avant 1906, l'Iran était un empire gouverné par un régime de monarchie absolue. L'unificateur de l'État iranien et le fondateur de l'Empire perse, Cyrus le Grand, avait fait une déclaration lors de sa conquête de Babylone (vers 530 av. J.-C.). Cette Charte repose sur les valeurs du zoroastrisme et impose à l'empereur le respect des populations conquises. Elle est un des principaux documents qu'il importe d'étudier dans l'histoire des droits de l'homme. Cyrus y proclame il y a deux mille cinq cents ans, alors qu'il était au pinacle du pouvoir, qu'il « ne régnerait sur aucun des peuples conquis si celui-ci ne le désirait pas ». Il y promet de ne forcer aucun peuple à

changer de foi religieuse et de garantie la liberté de chacun et le droit de propriété des peuples vaincus. Depuis le règne de Cyrus au VIe siècle av. J.-C., l'Iran est dirigé par une série de monarques absolus. Le Chah ou empereur est à la tête de l'empire. Même les dirigeants musulmans des dynasties Séfévides et Qadjars au pouvoir du XVIe siècle aux années 1920, se considèrent comme l'« Ombre de Dieu ». Descendants d'une famille sainte, les Séfévides bénéficient d'une autorité spirituelle plus importante que les Qadjars.

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Une fois son certificat d'étude obtenu, à la fin de l'été 1931, Mohammad Reza Pahlavi quitta l'Iran afin de poursuivre son instruction en Suisse, dans le canton de Vaud.

En 1936, au terme des cinq années passées au collège du Rosey, à Rolle, le jeune prince revint au pays et acheva son apprentissage à l'École des officiers. Il reçut le diplôme des mains de son père le 28 septembre 1938, avec le grade de sous-lieutenant66. Mohammad Reza succéda à son père, Reza Shah, lorsque ce dernier fut contraint d'abdiquer en septembre 1941, peu après l'invasion anglo-soviétique.

C'est à l'automne 1967, le 26 octobre, qu'eurent lieu les cérémonies du sacre de Mohammad Reza Pahlavi. Durant les vingt-six années qui s'étaient écoulées depuis sa prestation de serment, en septembre 1941, le Shah jugé orgueilleux n'avait pas envisagé de perdre la couronne impériale.67 Il n'éprouvait aucune fierté à être couronné devant un peuple encore pauvre et en partie illettré68.

Pour les deux mille cinq cents ans de l'Empire perse, le Shah a organisé du 12 au 16 octobre 1971 une fête spectaculaire, sur le site de Persépolis, siège des rois d'Iran depuis des siècles. Monarques et présidents du monde entier ont fait le déplacement pour assister à cette folie destinée à célébrer la prodigieuse modernisation de l'Iran ainsi que son glorieux passé. Les Iraniens sont censés prendre conscience du prestige de leur pays dans le monde, défendait-il. Mais ce qu'ils virent, c'est que le Shah a dépensé trois cents millions de dollars en tentes de soie équipées de toilettes en marbre et en mets et vins pour vingt-cinq mille personnes, venus en avion depuis Paris.

L'Ayatollah Khomeiny condamna ces excès depuis Nadjaf69, évoquant les millions d'iraniens pauvres qui, selon lui, réclamaient l'aide du clergé pour la construction de bains publics: "Les crimes des rois d'Iran ont noirci les pages de l'histoire... Que sont devenues ces belles promesses, ces allégations prétentieuses selon lesquelles le peuple serait

66Chroniques de l'histoire : Le Chah d'Iran, Ed. Chronique, 1998, pp. 140-142

68Mémoires de Farah PAHLAVI, Ed. XO, 2003, p. 156

69Nadjaf : Nadjaf est une ville d'Irak et la capitale de la province de Nadjaf. Elle est située à environ 160 km au sud de Bagdad, là Koumëny avait trouvé refuge.

prospère et heureux?" s'interrogeait -il. Khomeiny et les conservateurs religieux iraniens blâmaient et condamnaient le régime impérial du Shah, perçu comme trop autoritaire et trop occidentalisé, qui foulait au pied les vraies valeurs de la nation iranienne.

Image 4 : Mohamed Pahlavi Shah (1919-1980), dernier monarque iranien.

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Source : commons.wikimedia.org - Consulté le 15 Mars 2014

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2- L'économie iranienne: symbole de la disparité sociale

La politique volontariste du Shah améliore considérablement le niveau de vie des iraniens et permet au pays une modernisation rapide dans les années 1960 et 1970. Il avait voulu faire de l'Iran une grande puissance mondiale et le sortir rapidement du sous-développement. Pour ce faire, il entreprit plusieurs reformes parmi lesquelles : la mise sur place d'une politique de modernisation de la production et la diversification des infrastructures.

Le début du règne du Shah fut marqué par de lourds investissements en infrastructure, dont l'ambitieux Trans-Iranian Railway70- long de 1394 km, et comptant 4700 ponts et 240 tunnels - qui relient Bandar-e Torkaman sur la Caspienne à Bandar-e Emam Khomeiny sur le Golfe Persique. Malheureusement, presque aucune grande ville (à l'exception de Téhéran) n'était desservie par cet impressionnant chemin de fer. Cet ouvrage entraîna également (ce qu'on appelle un spillover en jargon économique) la construction de nombreuses routes locales.

Il développa les transports (autoroutes, routes secondaires, chemins de fer, installations portuaires et aéroportuaires), le domaine de la santé n'a pas été négligé. Il investit dans les équipements sanitaires (hôpitaux), l'accès aux soins de santé et les campagnes de vaccination. La lutte contre l'analphabétisme, car pour lui la formation et l'éducation restent le moteur de tout développement. Pour ce faire, il arrive à scolariser 10 millions d'écoliers, le nombre d'étudiant tournait autour de 200 000 en 1966 pour 20 universités et 136 instituts ont également été créés.

Il arriva à élever le niveau de vie de la population au-dessus de celui de la plupart des pays du Moyen-Orient et du Tiers monde et cela à cause de son engagement en

70En 1939, le chemin de fer Trans-iranien a été ouvert, construit entièrement par des capitaux locaux. Il est 1.392 km de long et relie Bandar-E-Torkaman (anciennement Bandar-E-Shah) sur la mer Caspienne à Bandar-e-EmamKhomeyni (anciennement Bandar-E-Shahpur) sur le golfe Persique. Du sud au nord ce chemin de fer tout important traverse et relie les villes de Ahvaz, Dezful, Arak, Qom, Téhéran, Garmsar, Firuzkuh, QaemShahr (anciennement Shahi) et Behshahr.A cette époque, l'Iran avait 146 kilomètres de chemin de fer entre Tabriz et Jolfa (construit en 1916), 53 km entre Sufiyan et SharafKhaneh (construit en 1916), et 92 km reliant Mir Javeh à Zahedan, achevé en 1920.

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faveur des réformes en profondeur, Parmi lesquelles nous pouvons citer la réforme agraire en 196271, qui favorise la participation des ouvriers aux bénéfices des grosses entreprises, droit de vote des femmes et amélioration de la condition féminine.

Ces réformes sont d'inspiration américaine. Les Etats Unis d'Amérique, échaudés par les révolutions cubaines et chinoises, ne voulaient pas que ses alliés basculent dans le camp communiste. John Fitzgerald Kennedy, dès son arrivée à la Maison-Blanche en 1961, déclara clairement ses intentions vis-à-vis de l'Iran72.

Pour mener à bien ces réformes, Kennedy demanda au Shah de nommer le Dr Ali Amini, un aristocrate Kadjar, au poste de Premier Ministre, ce qui fut fait. Et l'impérialisme américain fut bien servi. Son premier soin avait été de mettre la main sur le pétrole. En 1954, un consortium de compagnies pétrolières fut mis sur pied, en privilégiant les compagnies américaines qui prenaient 40 %. Nelson Rockefeller put affirmer à Eisenhower en 1962 : « Nous avons pu nous assurer le contrôle total du pétrole iranien... A l'heure actuelle, le Chah ne saurait entreprendre le moindre changement dans la composition de son gouvernement sans consulter notre ambassadeur accrédité auprès de lui »73.

Mais, les handicaps antérieurs continuaient à subsister. L'Iran subissait toujours le régime de libre-échange imposé par les Anglais et les Russes. La Banque Impériale de Perse - aux mains des anglais - continuait d'avoir le monopole sur la création de pièces et billets, et le secteur pétrolier était aux mains de l'Anglo-Persian Oïl Company (APOC), depuis la concession accordée par Mozaffared-Dinh Shah à William Knox d'Arcy.

71Cette réforme agraire a vula nationalisation de certaines terres, moyennant compensation à leurs propriétaires, et les redistribue aux paysans. En clair, la loi de réforme agraire (Loi du 09 janvier 1962) comportait 3 dispositions principales: 1- Abolition du système agraire antérieur et de ses corollaires, féodalisme et servage. 2 Chaque propriétaire dispose néanmoins de la possibilité de posséder soit un village de 6 dongs, soit 6 dongs répartis sur plusieurs villages - à condition qu'il mette ces terres en valeur. Le dong est une unité de mesure agricole basée sur la fréquence d'irrigation: 6 dongs correspondent à une fréquence de 6 ou 12 distributions d'eau par 24 heures. Notez donc l'astuce: on ne permet pas aux propriétaires de conserver un

72 Un envoyé spécial, Averell Harriman (NDLR: je suis toujours fasciné qu'on ait envoyé un type appelé Harriman, sachant qu'Harriman est un Dieu Zoroastrien! Un hasard?) pour demander une plus grande démocratisation, une réforme agraire, une lutte active contre la corruption,

73Cercle Léon Trotsky, Iran : de la dictature du Chah à celle de Khomeiny, la révolution escamotée, du 30/04/1987, consulté sur www.lutte-ouvriere.org/, le 14/10/2014

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Le développement économique de l'Iran avant la Révolution était rapide. La société était traditionnellement agricole, mais dans les années 1970, l'Iran avait accompli une industrialisation significative et une modernisation économique dans le cadre de la révolution blanche voulue par le Shah d'Iran. Cependant, le rythme de croissance a connu un énorme ralentissement en 1978, juste avant la révolution Islamique.

Son renversement est aussi l'échec d'une politique d'industrialisation et de modernisation trop ambitieuse, imposée à une société traditionnelle qui n'y était pas préparée. Elle contribua à élargir le fossé économique, social et culturel entre une élite fortement occidentalisée et une classe populaire sensible au discours religieux prêché par Khomeiny.

Le développement capitaliste était non maîtrisé et fondé avant tout sur la manne pétrolière, marqué par la corruption et la gabegie et par une indifférence aveugle aux aspirations de la société. Ce développement s'accompagna de l'écrasement de la moindre forme de contestation et d'une toute-puissance de la police politique. Un contexte où le droit et la justice ne sont pas de mise. Cela nous permet d'apprécier le droit et la justice sur le pouvoir impérialiste du Shah.

3- Une justice aux ordres du pouvoir impérial

Le long règne du Shah ne s'exerce sans dommage pour son peuple. En politique il est généralement dit qu'aucune liberté ne saurait se faire "sous un pouvoir remplir de pouvoir". Le Shah évolue cependant vers une conception nationaliste, réformiste et autoritaire du pouvoir et de la politique. Avec, par exemple, la répression de l'opposition par la police politique. Les opposants au régime du Shah affirmaient que ce dernier détenait plus de 100.000 prisonniers politiques ("la prise de la Bastille" de l'époque !)74. Sachant qu'une grande prison comme Fleury-Mérogis a une capacité de l'ordre de 3500 détenus, il y aurait eu donc une trentaine de centres de détention politique à l'époque du

74 Cette situation est comparable à celle de la prise de la bastille en 1798 lors de la révolution Française, des révolutionnaires avaient été faits prisonniers. La prise de la Bastille à Paris, le 14 juillet 1789, est la première intervention du peuple parisien dans le déroulement de la Révolution française. L'intervention populaire met provisoirement fin aux tentatives du roi Louis XVI de reprendre le pouvoir absolu qu'il a perdu en juin 1789.

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Shah, soit un par ville de grande ou moyenne importance. Pour la seule prison d'Evine située à Téhéran qui avait une capacité maximale de 3000 prisonniers. Selon ses opposants, à la libération de tous les prisonniers politiques quelques mois avant la chute du régime impérial, on n'en dénombra que 240. Soit des milliers tués

Mohsen Makhmalbaf, ex-prisonnier et cinéaste officiel du régime des Mollahs et porte-parole du Mouvement Vert75, déclarait dans une interview que le Shah en personne venait en prison pour le torturer. Les grèves et autres manifestations de protestation sont foncièrement interdites.

Pour rappel, pendant plusieurs siècles, la charia76 a régi la vie juridique en Iran, jusqu'à la révolution constitutionnelle de 1906. Le système juridique traditionnel à partir de là est transformé en profondeur avec le règne de la dynastie Pahlavi (1926-1979) qui se détache de la charia, celle-ci jugée limitée et incapable de régir la vie juridique du pays. Mohammed Reza Shah Palavi introduit un droit moderne où les principes des droits de l'homme sont partiellement présents.

La monarchie militaire allait fonctionner pour le compte lié de l'impérialisme américain et du despote Pahlavi. D'emblée, elle mit sur pied un instrument de répression durable, avec l'aide de la CIA et la MI6: la police politique, la Savak,

75 Les origines lointaines du Mouvement vert remontent aux années 1990. Le Mouvement vert, issu des classes moyennes, voulait occuper le vote pour obtenir un gouvernement réformateur. L'affrontement cesse d'être jovial quand un vote truqué met au pouvoir pour un second mandat Ahmadinejad qui réprime violement manifestations et leaders. Plus de cent morts, des milliers de personnes arrêtées et torturées. Dans l'après coup, pourtant, le Mouvement vert demeure comme esprit revendicatif qui désire sans fin

76 La charia désigne l'ensemble des prescriptions et lois morales et juridiques autour desquelles s'organise la vie des musulmans. La charia se fonde sur le Coran et la Sunna du Prophète, la seconde source écrite de l'islam, La charia concerne aussi bien la vie cultuelle que les relations sociales et touche à ce titre à la fois à la dimension individuelle du croyant qu'à la dimension collective de la société réunissant les croyants.

Créée le 18 octobre 1957 par Washington, son rôle était de lutter contre la subversion, les américains l'utilisent jusque pour surveiller le Shah, définitivement, elle est reprise en main par le monarque qui nomme à sa tête Nematollah77.

Les 15 000 agents SAVAK disposent de pleins pouvoirs pour infiltrer et surveiller le pays et la diaspora. Ils peuvent arrêter et emprisonner indéfiniment toute personne, sans aucun contrôle. Le Shah lui-même se méfie d'eux au point de créer une autre police, le SIB, juste pour surveiller la SAVAK. La brutalité et le sadisme des tortionnaires SAVAK, formés par des instructeurs du Mossad et de la CIA, sont légendaires.

Son nom finit par suffire à inspirer la terreur et le meurtre. Au bout de quelques années, elle se mit à pratiquer systématiquement la torture. Le Shah mit beaucoup de soin à empêcher l'apparition de rivaux possibles. Les généraux eux-mêmes ne pouvaient se rencontrer, ou venir à Téhéran s'ils n'y étaient pas en poste, sans son autorisation personnelle expresse.

Au vu de tout ce qui précède, à savoir la politique impopulaire et contestée du Shah, sa vision de l'économie iranienne ignorant la majeure partie de ses concitoyens et enfin son pouvoir impérial sanguinaire et liberticide en plus de l'hostilité au soutien des Etats Union vont créer chez les iraniens un sentiment de révolte et occasionner la chute du Roi.

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77Nassiri. Est l'ami d'enfance du Shah, Celui-ci est un entrepreneur israélien, membre du Mossad.

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II-DE LA REVOLUTION A LA CHUTE DU SHAH 1978-1979

Dans cette partie nous allons apprécier la révolution et la chute du Shah. Dans cet élan, l'image d'un homme, celle de l'Ayatollah Khomeiny, leader emblématique de la révolution sera présentée, ensuite la révolution du peuple iranien et enfin la chute du Shah.

1- L'AYATOLLAH KHOMEINY : le précurseur de la révolution

Qui est l'homme qui a opéré l'un des plus grands bouleversements de son temps dans le Moyen Orient ?

Ruhollah Al-Moussawi Al-Khomeiny est une personnalité religieuse et politique en Iran. Il est né le 24 septembre 1902 dans une famille d'intellectuels chiites à Khomeiny, un village situé près de Téhéran78. Il fut à l'origine de la révolution islamique de 1979 qui renversa le Shah Mohammad Reza Pahlavi. Khomeiny installa en Iran une République Islamique qu'il gouverna jusqu'à son décès au titre de « Guide suprême ». Son père, Seyyed Moustafa Al-Moussawi, qui est compté parmi les grands oulémas79 de son époque, meurt six mois après la naissance de Ruhollah. L'enfant est ainsi élevé par sa mère et sa tante, dans une modestie totale80.

Parlant de la formation du « Guide », elle a été foncièrement théologique. En quittant le lycée où il avait appris l'arabe, il entra à l'âge de 18 ans à l'école théologique

78 Il est né à Machhad, lieu considéré comme saint par ses partisans

79Ouléma Plutôt qu'oulémas, ou encore « ulémas », on devrait écrire : oulamas. Le mot n'est en effet que la transposition en français de l'arabe `ulamâ', pluriel de `âlim, « savant ». Déjà présent dans le Coran en un sens général, ce terme a progressivement reçu dans l'islam une acception technique, il désigne l'homme qui a acquis le « savoir » fondamental dans la communauté musulmane, c'est-à-dire la connaissance matérielle du Coran et des traditions prophétiques. Le « savant » est alors distingué du faqîh, l'homme capable de pénétrer, apprécier et appliquer judicieusement ces données du « savoir »

80 Il décrit ici son environnement de vie modeste : « La maison dans laquelle je suis né et j'ai vécu jusqu'à l'âge de cinq ans, raconte-t-il, se trouvait dans un quartier très moyen de Machhad et faisait à peine 70 mètres carrés. En fait, cette maison n'avait que deux pièces, si l'on compte la cave, qui se trouvait au sous-sol! Un peu plus tard, des gens du quartier, dévoués à mon père achetèrent un petit terrain qui se trouvait derrière notre maison et c'est ainsi que la maison fut agrandie et que nous eûmes trois chambres » site officiel du Guide de la révolution, http://www.leader.ir/langs/fr/index.php?p=bio

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pour entamer ses études auprès de son père et d'autres professeurs, à l'Ecole théologique de Nadjaf, il se donne fortement à la compréhension de l'islam avec des maitres81.

Comme son père, après avoir terminé ses études de théologie, Khomeiny fait une carrière académique d'expert en théologie. En 1927, il enseigne à Qom et est ensuite nommé Ayatollah82 dans les années 1950. L'Imam Khomeiny est l'auteur d'une trentaine d'ouvrages répartis dans les différentes branches des sciences islamiques.

Khomeiny s'intéresse très tôt à la politique intérieure et extérieure de son pays. En 1953, une opération militaire menée par la CIA83 renverse le régime de Mohammad Mossadegh et permet au Shah, Mohammad Reza Pahlavi de remonter sur le trône malgré l'opposition violente du peuple à son retour. Un climat d'insécurité et d'oppression s'installent en Iran, Khomeiny s'engage dans l'opposition au régime dictatorial de Mohammad Reza. Il dénonce la « révolution blanche » qui désigne l'ensemble des réformes menées par le Shah en vue de moderniser la société iranienne, incluant le droit de vote des femmes, dans un Etat où la charia devrait selon lui guider les pas.

Dans une posture révolutionnaire, Khomeiny proteste ouvertement en 1962 contre la torture et les emprisonnements dictés par le Shah, dont le régime est vu comme garant des intérêts des Etats-Unis d'Amérique. Le 3 juin 1963, Khomeiny fait un discours historique contre la subordination du Shah aux pouvoirs étrangers et dénonce son soutien à Israël. L'arrestation immédiate de l'Ayatollah occasionne de violentes manifestations populaires. Il est aussitôt libéré par le Gouvernement conscient de son influence. Reconnu comme « Guide religieux suprême », Khomeiny devient l'un des chefs de la communauté chiite.

81 Les oustaz ou maitres théologiques du Khomeiny Sayed Mohammad Hakim, Sayed Mahmoud Chahroudi, Mirza BagherZanjani, Sayed YahyaYazdi, ou encore Mirza Hassan Bojnourd

82 Titre donné aux membres du haut clergé chiite (Aller plus loin dans l'explication)

83L'opération Ajax (officiellement TP-AJAX) était une opération secrète menée par le Royaume-Uni et les États-Unis en 1953, exécutée par la CIA, pour mettre un terme à la politique nationaliste du Premier ministre d'Iran, Mohammad Mossadegh, et consolider le pouvoir du Chah, Mohammed Reza Pahlavi, ceci afin de préserver les intérêts occidentaux dans l'exploitation des gisements pétrolifères iraniens. (Phrase trop longue).

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L'Ayatollah Khomeiny est expulsé d'Iran en 1964, Il part d'abord en Turquie, puis en Irak, à Nadjaf et à Kerbala, la ville sainte du chiisme, où son discours se radicalise davantage. Son activisme pro-chiite indispose le pouvoir irakien et en 1978, il regagne la France précisément à Neauphle-le-Château.

Depuis son exil, la pensée de Khomeiny se forge autour d'une conviction selon laquelle la démocratie n'est pas un modèle approprié pour l'Iran. Selon lui, c'est aux mollahs84, héritiers du Prophète, que revient l'autorité religieuse et politique. Aux dignitaires religieux est reconnu le pouvoir de désigner le plus savant d'entre eux pour centraliser l'autorité.

A la fin de l'année 1978, sous son leadership, des manifestations violentes faisant plusieurs milliers de victimes poussent le Shah à abdiquer et à fuir vers l'Egypte le 16 janvier 1979. Le 1er février 1979, Khomeiny revient avec triomphe à Téhéran après 14 ans d'exil. Le 11 février, il accède le pouvoir en tant que Guide suprême ou Guide de la Révolution islamique et fonde une République islamique.

Après près d'un siècle de vie, soit 89 ans dominé par la lutte politique, il meurt le 3 juin 1989, après onze jours passés à l'hôpital en raison d'une hémorragie interne. Son fils Ahmad Khomeiny écrit le communiqué de décès de son père, en ces termes :

« L'esprit supérieur du chef des musulmans et des hommes libres à travers le monde, Son Excellence l'imam Khomeiny, est monté au ciel, et son coeur, débordant d'amour pour Dieu et l'humanité opprimée, a cessé de battre. Mais des coeurs emplis d'amour pour lui battront toujours et le soleil de la direction de l'imam brillera sur l'univers et les hommes, plus lumineux que jamais... »85

84Mollah est un théologien de l'islam, mais cet appellation est chiite. Dans le monde sunnite, on parle plutôt d'ouléma.

85 Le message est lu sur les antennes de la Radio Téhéran dimanche 4 juin 1989 à 7 heures du matin que les Iraniens apprennent la mort de l'imam Ruhollah Moussavi Khomeiny, décédé sept heures plus tôt, à l'âge de 89 ans

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Les discours révolutionnaires du Guide ne pouvaient qu'avoir une adhésion collective chez les iraniens qui se voyaient depuis des décennies oubliés par la classe politique.

Image 5 : GUIDE DE LA REVOLUTION IRANIENNE DE 1979 L'Ayatollah Khomeiny (1902-1989)

Source: www.vikidia.org, Consulter le 12 Mars 2014

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2- La révolution populaire

Les incriminations faites à l'endroit du pouvoir impérial sont nombreuses et le pays présente de vraies contradictions sociales.

L'envol du prix du pétrole eut des retombées en Iran mais aucune répercussion sur la condition de vie de la masse populaire. Autour de l'État, des cadres de l'armée, bien placés auprès des multinationales, des hautes administrations censées répartir la manne pétrolière sont complètement corrompus.

La famille du Shah provoquait en quelque sorte cette révolution populaire : elle amassa une fortune énorme. Lorsque le Shah fut chassé, en 1979, on a parlé de vingt milliards de dollars86. Une importante partie des revenus du pétrole, par exemple, avait ainsi disparu des comptes de la trésorerie de l'État pour les comptes personnels.

Par la même occasion, ce fut une époque prospère pour les industriels des pays occidentaux. L'Iran devenait un centre propice d'échange et de coopération, voire un « paradis » d'affaire. Fort de tout cela, la capitale Téhéran, présentait pourtant des contradictions sociales très importantes. Au nord, à l'ombre d'un pouvoir mégalomane qui cultivait la nostalgie impériale et imposait le culte du Shah, des palais, des villas somptueuses, des voitures et des vêtements de luxe. On se transportait pour une réception de Noël à Nice, ou pour un déjeuner à Munich. Pour les Iraniens, le bon sens aurait voulu qu'on n'exhibe pas sa richesse et qu'on ne rivalise pas avec ostentation dans l'imitation du mode de vie et des moeurs de la grande bourgeoisie occidentale.

Mais toute cette bourgeoisie se faisait dans un pays socialement fragile. Depuis l'année 1950, la population totale de l'Iran avait doublé, dont la moitié désormais dans les villes. Téhéran, avec environ cinq million d'habitants, avait pratiquement quintuplé sa

86Claude JULIEN, « La démocratie et l'argent », Le Monde Diplomatique, avril 1986, p. 6.

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population en vingt ans. Les paysans chassés des campagnes par la misère, l'endettement ou l'absence de tout travail y avaient massivement afflué.

Et le sud, c'était d'abord des zones de logements précaires pour les plus favorisés, des zones entières de bidonvilles proliférant jusque sur le désert, sans eau, sans électricité, où survivait dans l'espoir d'un emploi occasionnel une population déracinée.

De ce que les dirigeants appelaient la modernisation de l'Iran, les masses populaires ne pouvaient voir que le mépris et l'arrogance des privilégiés, quand ce n'était pas la brutalité et la contrainte. L'Occident et le Shah se retrouvent ainsi associés dans la même haine, ainsi que, tous ceux qui se réclamaient du modernisme.

Le 7 janvier 1978, le quotidien pro-gouvernemental Ettela'at publie un article d'insultes contre Khomeiny. Cela met le feu aux poudres dans la ville religieuse de Qom, où les étudiants en théologie sont souvent persécutés. Ces événements sanglants de Qom marquent le début d'un cycle de soulèvements et de répression rythmée par les cérémonies commémoratives particulières au culte chiite. En 1978, ces rituels se transforment en actes de protestation politique. Des manifestations secouent plusieurs villes, notamment Tabriz. L'armée tire et de nouveau les morts se comptent par dizaines.

Mais la foule n'a cessé de crier « A bas le Shah ! ». Jusqu'au milieu de 1978, les manifestations de rue rassemblent surtout les étudiants, les bazaris87, les séminaristes, et d'autres mouvements de soutien. Désormais la population pauvre des villes entre en scène, y compris les ouvriers d'usines et du bâtiment, et les manifestations deviennent massives. Les 10 et 11 août, Ispahan se soulève. Malgré la loi martiale instaurée, on déplorait une centaine de morts, il a fallu deux jours à l'armée pour en reprendre le contrôle.

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87Bazar, poumon économique de la capitale, n'a pas suivi. Véritable poumon de l'activité économique iranienne, le grand bazar de Téhéran demeure un acteur clef de la République islamique, que personne ne peut ignorer. « Quand le bazar gronde, le pouvoir tremble »

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Le 19 Aout 1978, eut lieu le drame d'Abadan, capitale de l'industrie du pétrole. L'incendie d'un cinéma en pleine après-midi fait cinq cents morts. Le Shah accuse les religieux intégristes. Mais toute la population attribue cette horreur à la police locale et au régime de Téhéran88. Dans l'émoi général, le gouvernement affiche quelques concessions en direction des milieux religieux et promet des élections libres pour l'année suivante. Mais cela ne pourra empêcher les manifestations. Désormais, les manifestations sont dominées par un cri unanime : « Mort au Shah ! ».

Les 11 et 12 décembre 1978, trois millions de personnes défilent à Téhéran avec le même slogan « à bas le Shah ». La dictature de Pahlavi a perdu toute assise. Même si l'ambassadeur soviétique s'empresse d'affirmer que son pays préfère le Shah au chaos89. De son côté, la Chine, dont le dirigeant Hua Kuo Feng (Maréchal YeJianying 1976-1983) a rendu visite au Shah en août, ne ménage pas son soutien au régime. Les tentatives d'aller vers une monarchie constitutionnelle se multiplient, en vain. Le peuple reste ferme sur sa position, pour lui, plus de chance ni de temps supplémentaire au Shah. De son exil, Khomeiny exige le départ du Shah. Le Tudeh 90 qui, jusque-là restait« constitutionnaliste » réclame, lui aussi, la fin de la monarchie. En décembre 1978, Bakhtiar est nommé premier ministre91.

Le bilan fut lourd, plus de 17 000 personnes sont tuées et 50 000 sont blessées ou torturées. Les émeutes et manifestations populaires vont introduire une étape décisive dans cette crise : c'est celle de la chute du Shah.

88 Grand article publié par Encyclopédisa Universalis France 2016 « l'histoire de l'Iran moderne » p 1976-1982 89Denis COLLIN, « La chute du Shah. Révolution et contre-révolution » http://www.gauchemip.org, consulté le 15/ 10/2014

90 Le Tudehtraduit par « Parti des Masses d'Iran » est un parti communiste iranien fondé en 1941. Il a eu des relations étroites avec le Parti communiste de l'Union soviétique. C'était un parti politique majeur en Iran avant les purges ayant eu lieu au début de l'existence de la République islamique d'Iran sous la direction de Khomeini.

91À la fin de l'année 1978, alors que le pouvoir du chah s'effondrait, et parce que Bakhtiar avait été un dirigeant de la dissidence, il fut choisi pour aider à la création d'un gouvernement civil à la place du gouvernement de salut public qui avait existé jusqu'alors. Il fut nommé Premier ministre par le chah, faisant ainsi une concession à ses opposants, Il a été le dernier Premier ministre d'Iran sous le ShahMohammad Reza Pahlavi.

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3- La chute du pouvoir impérial du shah 1979.

Sans aucun doute, la politique du Shah a donné lieu à une croissance économique très forte durant les années 1960 et 1970. Cependant, devant la brutalité des méthodes de la SAVAK, l'orgueil des plus riches et de la famille impériale et une parodie démocratique, le Shah se voit affaibli et les alliés ne sont plus trop regardant sur son maintien et sa sécurité.

C'est Khomeiny qui exprime avec intransigeance la volonté de lutter jusqu'au renversement du régime d'oppression et de dictature du Shah. Pour lui, l'heure n'est plus à la conciliation avec le régime sanguinaire et liberticide du Shah, alors il demande sa démission sans condition. Dans cet élan il parvient à fédérer autour de lui, dans le mouvement Islamique, l'opposition92 et arrive à garantir son contrôle et son hégémonie sur la masse populaire. Il déclarait à cet effet : « Le mouvement islamique (...)a été fondé par le clergé avec le soutien de la grande nation iranienne. C'est au clergé qu'il revient de le diriger, à l'exclusion de tout parti, front ou personnalité politique »93

Khomeiny menaçait les partis et groupes opposés au Shah qui « avaient rejoint le peuple, uniquement par souci de leur intérêt ». Ainsi toute l'opposition se réunie solidement autour du Guide de la révolution tenant sur serment les dispositions inaliénables suivantes : « 1. La nécessité de l'union de toutes les forces contre la dictature. 2. Tous les slogans doivent être antidictatoriaux. 3. Le devoir de toutes les forces progressistes est d'éviter et d'empêcher les divisions. 4. Souligner les cas de désaccord, c'est amener de l'eau au moulin du régime. »Et enfin : « 5. Il faut insister sur

92Toudeh, Modjahedines et Fedayins, des partis politiques opposés au Shah, loin de contester politiquement ou pratiquement à Khomeiny son emprise sur les masses, sous le couvert d'unité, s'emploient au contraire à lui faire allégeance et à se mettre à son service

93Cercle Léon TROTSKY, « Iran : de la dictature du Chah à celle de Khomeiny, la révolution escamotée » ,30/04/1987 consulté le 25 / 12/2014

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le leadership de l'Ayatollah Khomeiny en insistant pour que toute négociation en son absence soit condamnée ».94

Contre toute attente et comme un symbole, au moment où en début de l'an 1979, le Shah trouve un grand bourgeois, Chapour Bakhtiar, en rupture de ban avec le Front National, pour former un gouvernement civil et que lui se préparait pour un séjour médical hors du pays, c'est Washington qui annonce le 11 janvier, que le Shah va prendre des vacances à l'étranger. Il part effectivement le 16 Janvier au Caire. Le Shah voyait dans sa déposition, une trahison non seulement de son peuple qu'il aurait servi avec patriotisme mais aussi trahison du coté de ses alliés : les Américains, le pouvoir de Carter, qui pour lui et plusieurs observateurs n'ont pas joué franc jeu pour l'aider à vaincre la révolution95. Le Shah laissa donc le trône avec une image dégradée. Il était refoulé par tous les chefs d'Etat, même aux Etats Unis d'Amérique l'accueil fut difficile. Et l'Iran va vivre deux semaines dans l'attente du retour de Khomeiny.

Le 19 janvier, Khomeiny ordonne une grande manifestation qui réclame le départ de Bakhtiar96 et l'établissement d'une République islamique. Ce n'est que, le 22 janvier 1979, que les Fedayins97 organisent une manifestation indépendante. Auparavant, ils avaient toujours défilé derrière les portraits de Khomeiny. Cette manifestation rassemble dix mille personnes dans les rues de Téhéran avec pour slogan bien significatif de « Il n'y a pas d'autre parti que le parti de Dieu ».

94Cercle Léon TROTSKY, « Iran : de la dictature du Chah à celle de Khomeiny, la révolution escamotée », 30/04/1987 consulté le 25 / 12/2014.

95Kouassi Roger DJANGO, Relations politiques Iran-Etats Unis : 1979-1988, (Mémoire de Licence, Université de Bouake), 2007, p 45.

96 Le premier ministre gestionnaire du pouvoir auprès du Shah.

97 Le mot fedayin, qui signifie littéralement "prêt à se sacrifier", fut utilisé à l'époque médiévale pour désigner les membres de la célèbre secte des Assassins. Il faut ensuite attendre les années 1890 pour que le mot soit utilisé pour désigner les commandos arméniens faisant des raids contre les turcs en Anatolie. Le mot a ensuite été utilisé durant la révolution iranienne de 1905 pour désigner les troupes du Mouvement libéral constitutionnel et sera ensuite repris dans ce pays par divers groupes tout au long du XXe siècle.

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Le retour de Khomeiny en Iran donne lieu à un immense déferlement humain de plusieurs millions de personnes, de l'aéroport jusqu'au grand cimetière au sud de la ville, où l'Ayatollah prononce un long discours dans lequel il s'adresse particulièrement aux sommets de l'armée : « Nous voulons que vous soyez indépendants, Monsieur le général, Monsieur le colonel... préférez-vous être des valets ? Nous avons dit à votre place que nous ne voulions pas que l'armée soit dominée par les Américains, que nous voulions que vous soyez maîtres chez vous... Qui a dit que nous allions vous supprimer ? Nous voulons garder l'armée, mais une armée qui soit au service du peuple, pas des autres»98.

Khomeiny voulait effectivement arriver au pouvoir avec l'accord des chefs de l'armée. Significativement, il avait attendu le feu vert de l'armée pour revenir en Iran. En effet depuis les manifestations populaires l'armée avait assiégé l'aéroport. Il avait fallu des manifestations populaires, mais Khomeiny avait attendu le temps nécessaire. Jamais il n'a été question pour lui de porter atteinte à l'armée. Quand l'état-major ordonnait des massacres à répétition, c'est les mains nues qu'il envoyait la population contre une armada de blindés.

Après le départ du Shah, le « Conseil de Régence » qu'il a laissé ne représentait absolument rien. Les manifestants s'exaspèrent et commencent parfois à réclamer des armes. Khomeiny et son entourage sont en contact avec des représentants des États-Unis d'Amérique et les chefs de l'armée pour négocier une passation de pouvoir en douceur. L'impatience de la population donne naissance à une insurrection à Téhéran. L'intervention des masses va mettre un terme à ces négociations secrètes. Elle contraint finalement Bakhtiar à céder la place au contre-gouvernement khomeyniste présidé par Bazargan.

98Khomeiny, le 1er février 1979 : «La dynastie régnante est illégale» , http://bibliobs.nouvelobs.com Publié le 15 juillet 2009 et consulté le 25/06/2014

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Le soir du 9 février, les soldats d'élite de la Garde Impériale, baptisés les « Immortels », lancent une expédition punitive contre une base de l'Armée de l'Air, dont un millier de militaires se sont la veille ralliés publiquement à Khomeiny. La population alertée arrive en masse au secours de ceux-ci. C'est le point de départ de l'insurrection. Toute la ville se soulève.

Alors que les « Allah est le plus grand »99 emplissent l'air, la foule prend d'assaut les dépôts d'armes, les bâtiments publics, les commissariats, les casernes, les unes après les autres. Des barricades surgissent un peu partout. Des enfants attaquent des chars avec des cocktails Molotov.

Très souvent, Fédayins100 et Moudjahidines101 sont à l'avant-garde, voire à l'initiative des différentes actions. Le peuple insurgé se rend enfin ma ître de Téhéran.

Le 11 février, les chefs suprêmes de l'armée annoncent leur neutralité. Bazargan déclare à la télévision : « Le chef d'État- Major, dans un entretien personnel, a affirmé sa collaboration avec mon gouvernement ». C'est de l'État-major que l'équipe de Khomeiny entendait en effet de voir venir la décision. Bazargan demande aux citoyens d'accueillir les « frères soldats et officiers ». Le lundi 12 février 1979, la monarchie est abolie en Iran. Bazargan s'installe dans le palais du Premier Ministre. La République islamique d'Iran est proclamée le 1er avril 1979 par Khomeiny tournant définitivement la page au pouvoir impérial du Shah.

99 Allah Akbar ou Allah est le plus Grand, expression très présente dans les prières musulmanes. Elle représente souvent une source de motivation pour les engagés à un projet.

100Lors de la révolution de 1978-1979, les Fedayins (Organisation des Guérilleros Fedayins du Peuple d'Iran) est une des plus influentes organisations iraniennes se réclamant de la classe ouvrière et du marxisme. Lors des premières élections après la chute du Shah, les Fedayins obtiennent 10% des voix.

101 L'Organisation des moudjahiddines du peuple iranien (OMPI) est un mouvement de résistance armée au régime de la République islamique d'Iran. Fondée en opposition au Shah, l'OMPI est demeurée active en Iran et à l'extérieur, durant et après la Révolution islamique de 1979. Elle a été notamment dirigée par Massoud Radjavi et demeure conduite en exil par son épouse, MaryamRadjavi.L'organisation était placée sur la liste des organisations terroristes par les États-Unis de 1997 à septembre 2012, par le Conseil de l'Union européenne de 2002 à janvier 20091

La position américaine face à cette révolution populaire qui emportait leurs alliés de longue date a été jugé inappropriée. En effet, Washington inapte. Selon Armin AFERI, Robert HUYSER a bel et bien été secrètement envoyé par la maison blanche en mission secrète en Iran, sa feuille de route était essentiellement d'empêcher l'arme impérial de faire coup d'état pour faire barrage à l'arrivée des islamiste au pouvoir102. Et plusieurs observateurs s'accordent pour dire que Carter a payé pour ca légèreté dans le dossier Iranien. Cette position peut être discutée, mais la réalité est que l'administration Carter n'a pu sauver le pouvoir d'un allié stratégie des Etat Unis d'Amérique.

Ainsi donc comme un sauveur Ayatollah Khomeiny, à travers une rude révolution populaire met fin au règne de celui qui sera le dernier empereur du trône en Iran, du Shah. C'est dans la satisfaction généralisé que les Iraniens accueil leur nouveau chef, moment pour eux d'oublier les affres du régime totalitaire du Shah. Khomeiny a donc le champ pour faire de l'Iran une République Islamique qu'il prononce en Avril 1979.

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102 Armin AFERI << comment les Etats Unie ont ratés leur coup en Iran>> http:// www.lepoint.fr/monde/comment-les-etats-unis-ont-rate-leur-coup-en-iran-12-02-2015-1904392, consulté le 5 octobre 25016

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Chapitre II- L'AVENEMENT DE LA REPUBLIQUE ISLAMIQUE D'IRAN (1979- 1981)

Le Shah prétendit restaurer la grandeur de l'Empire Perse en s'appuyant sur trente mille conseillers américains dont la présence constituait pour la masse iranienne une insulte aux sentiments nationaux. La chute du pouvoir impérial du Shah d'Iran donna automatiquement naissance à un bouleversement très important et de tous ordres. Ici nous allons apprécier la marque du nationalisme iranien et les institutions politiques et religieuses de la nouvelle République.

I- LA MONTEE DU NATIONALISME ANTI AMERICAIN

Les origines du nationalisme iranien et ses manifestions, la révolution culturelle à partir de 1980 et l'arrivée de l'Union soviétique dans l'arène politique et économique de la République Islamique vont nous permettre d'élucider cette partie.

1- Les origines du nationalisme iranien et ses manifestations

Le nationalisme iranien est une révolte contre l'Occident et en particulier les Etats Unis d'Amérique. La haine pour les Américains est née depuis que ceux-ci et les Anglais ont opéré le coup d'Etat contre Mossadegh en 1953. Il fut le premier chef de gouvernement élu démocratiquement en Iran et occupe le poste jusqu'en 1953, date du renversement de son gouvernement par un coup d'État.

Son gouvernement introduit un ensemble de réformes sociales et politiques progressistes telles que la mise en place d'une sécurité sociale, le contrôle des loyers ou l'initiation de réformes agraires significatives. La décision la plus notable prise sous son administration reste toutefois la nationalisation de l'industrie pétrolière iranienne, alors sous contrôle britannique depuis 1913.

Il tente d'instaurer une démocratie laïque et de conserver une relative indépendance du pays face aux puissances étrangères. Chassé du pouvoir par le coup d'État du 19 août 1953 car portant atteinte aux intérêts occidentaux en Iran, il est

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remplacé par le général Fazlollah Zahedi103 et est placé en résidence forcée pour le restant de ses jours. Par son opposition farouche à l'intervention des puissances occidentales dans les affaires intérieures iraniennes, Mossadegh est généralement considéré comme l'une des figures du nationalisme au XXe siècle.

Après ce coup d'Etat le Shah se proclame roi des rois, ainsi il organise le développement économique du pays, suscitant un choc culturel qui est perçu comme une occidentalisation. En effet, il interdit le port du voile, donne le droit de vote aux femmes, ce qui va susciter le mécontentement des autorités religieuses, orchestré par les hauts dignitaires chiites y compris l'Ayatollah Khomeiny qui est en exil. La "révolution blanche"104 du Shah engendre aussi une modernisation pseudo-européenne qui aboutit à la destruction d'une partie du patrimoine culturel iranien. Ce sentiment anti-américain sera plus accentué après la création de la République Islamique d'Iran avec à sa tête Khomeiny.

Le Guide de la révolution mettait dans l'esprit de ses concitoyens que les Américains étaient la cause de leur ruine et qu'ils profanaient les moeurs avec notamment l'alcool, les tenues vestimentaires, la musique pop, les boîtes de nuit, les cinémas dancings, bains mixtes et les vidéos et productions pornographiques. Il reproche tous ces maux aux Américains en ajoutant qu'ils ont installé la corruption et l'égoïsme. Ils ont substitué la vie communautaire fondamentale de la société iranienne à la vie privée.

Le premier novembre 1979, l'Ayatollah Khomeiny qualifie les Etats-Unis d'Amérique de "grand Satan" par décret qui interdit toute négociation directe avec ce pays. Il les considère comme, le pays à la base de tous les malheurs du temps. Cette grande haine contre ce pays va faire naitre des crises diplomatiques entre ces deux pays.

Le nationalisme iranien reste aussi fondé sur le sentiment obsidional d'être une île encerclée de forces hostiles, mais une dynamique nouvelle est également nourrie par le

103Mohammad Fazlollah ZAHEDI (1897-1963) est un général et homme politique iranien. Il a occupé le poste de Premier ministre d'Iran entre 1953 et 1955, après la chute de Mohammad Mossadegh.

104La Révolution Blanche est une série de réformes à grande portée lancée en 1963 par le dernier Shah d'Iran, Mohammad Reza Pahlavi.

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sentiment que ce pays a d'immenses potentialités et qu'il est en mesure de jouer un rôle international de premier plan. Cette conviction nationaliste nouvelle est alimentée par la différence croissante entre le niveau d'éducation et d'information de la population, notamment des nouvelles générations et la médiocrité économique et l'isolement culturel de la grande majorité des habitants, dans les provinces. Les revendications sont dirigées contre un système gouvernemental contesté, mais aussi contre une communauté internationale qui semble ne pas voir les changements et ne regarde que les élites au pouvoir.

2- La révolution culturelle

Le nationalisme, la recherche d'une identité après cette longue période de pouvoir impérial aux couleurs culturelles occidentales, va occasionner d'importants bouleversements en Iran. En 1979, la question du statut de la culture et de l'art en Iran a participé de manière prépondérante à la dynamique révolutionnaire, avec notamment les mots d'ordre d'une « culture indépendante » et d'une « islamisation de la culture »105. Le 21 mars 1980, l'Ayatollah Khomeiny avait déclaré :

« Il faut briser les idoles intellectuelles qui viennent d'ailleurs. Quand un pays veut envahir un autre pays, il commence par la culture. [...] L'université islamique signifie qu'elle doit être indépendante, dissociée de l'Ouest et de l'Est. Il nous faut une nation,

une université et une culture indépendantes. Nous n'avons pas peur d'une invasion militaire ni d'un blocus économique, mais nous redoutons la dépendance culturelle ».106

Le mois suivant, le 18 avril 1980, la Révolution culturelle était proclamée. L'État-major de la Révolution culturelle (Setad-e enqelab-e farhangi) a alors entamé une refonte des programmes et une purge des universités, fermées de 1980 à 1983. Etant donné la difficulté à se prononcer sur le contenu des nouveaux programmes d'enseignement

105 Agnès DEVICTOR, Politique du cinéma iranien, CNRS Editions, Paris, 2004, p.8. 106Ruhollah KHOMEINY, Jomhuri-e eslami, Tehran, 2 ordibehesht 1359/22 avril 1980, p.12.

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artistique, la dernière faculté à reprendre une activité a été celle des Beaux-arts, au bout de deux ans et demi.

De nouveaux codes vestimentaires et moraux ont été imposés mais les matières sont restées dans l'ensemble les mêmes sauf le dessin sur la nudité. Centrée sur l'université dans un premier temps, la révolution culturelle a gagné dès 1982 une part importante du secteur culturel et social, de sorte que l'Ayatollah Khomeiny a pérennisé l'État-major de la Révolution culturelle en créant en 1984 le Haut Conseil de la Révolution Culturelle (Shora-ye `ali-eenqelab-e farhangi). Ce nouvel organe institutionnel est devenu le chef d'orchestre de la politique culturelle au sein du régime islamique (un texte de loi fondamental intitulé « Base de la politique culturelle du pays » a été publié par ce Haut Conseil en 1992)107 qui a joué un rôle important ces dix dernières années jusqu'à entrer en concurrence avec le Musée d'Art Contemporain de Téhéran, lieu-phare de la vie culturelle officielle iranienne depuis 1977.

Le changement le plus important concerne cependant la population féminine. L'abolition du Code de la famille en 1979 et l'obligation faite aux femmes d'adopter les principes islamistes, en particulier le port du voile, ont justement attiré l'attention sur la contradiction qui existe entre ces règles imposées. On observe aussi la forte dynamique de socialisation marquée par la scolarisation massive et la chute généralisée de la fécondité même en zone rurale.

L'ordre nouveau et la « révolution culturelle » : l'instauration de l'ordre et de la morale islamique a entraîné une série de mesures restrictives et répressives: fermeture de salles de spectacles, de cinémas, de musées ; renvoi dans les réserves des musées des collections et installations d'art moderne et contemporain (La République islamique s'est retrouvée détenir une des plus importantes collections d'art contemporain du Moyen-Orient, réunie à l'initiative de banou Farah Dibah au Musée d'art contemporain de Téhéran, construit entre 1970 et 1977) ; interdiction des concerts de musique profane ;

107 Agnès DEVICTOR, Politique du cinéma iranien, CNRS Editions, Paris, 2004, p 15-16 et 40.

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interdiction du théâtre, à l'exception des pièces classiques du tazieh 108 rappelant annuellement le martyre d'Ali et de Hussein109 lors du mois de muharram110; interdiction du chant féminin ; interdiction des dessins et peinture; dans les films, interdiction de toute apparition de femmes non voilées, et de tout contact physique entre hommes et femmes; censure de toutes les créations artistiques et diffusions et publications d'oeuvres littéraires, etc.

Dans la même perspective de « révolution culturelle islamique », les universités ont été fermées pour presque deux ans, le temps d'épurer le corps enseignant, la communauté étudiante (très politisée), et de réviser les programmes pour y introduire les principes islamiques dans toutes les disciplines. Le changement fut radical et effectif.

La promotion d'un art islamique national, dans lequel le martyre révolutionnaire, en particulier sur le front contre l'Irak, occupe une place centrale, donne naissance, par exemple, à de gigantesques portraits muraux de martyrs entourés de colombes et des tulipes de la résurrection; ou à des peintures sur pignons stigmatisant les ennemis réels ou supposés de la révolution et de la République islamique. Mais l'iconographie et les thématiques du nouveau régime sont également lisibles sur des supports de plus petite taille: timbres-poste ou billets de banque, par exemple.

Dans ce contexte de censure, de limitation, d'oppression et de répression, nombreux sont les artistes, les universitaires et étudiants qui ont été contraints et forcés vers les chemins de l'exil, pour mieux se promouvoir.

108 Le Ta'zieh désigne en Iran un genre théâtral particulier, commémorant le martyre de l'imam Husayn, qui est joué uniquement pendant le mois de muharram et lors de l'Achoura.

109 La Passion d'al-Husayn est le récit du martyre en 680 à Kerbala d'Al-Hussein ibn Ali, second fils d'Ali ibn Abi Talib et de Fatima, fille de Mahomet. Husayn fut décapité le 10 octobre 680 lors de la bataille de Kerbala, et sa tête fut rapportée au calife omeyyade Yazîd Ier. La théologie chiite a développé un martyrologe à partir de cet événement qui est commémoré annuellement par une fête le 10 mouharram. Cette fête est l'occasion de manifestations de mortification, en particulier l'autoflagellation avec les mains, parfois avec des chaînes ou des lames de rasoir.

110 Le mois de mouharram est le premier mois du calendrier musulman et un des plus importants, notamment pour les chiites. C'est l'un des quatre mois sacrés de l'islam avec rajab, dhou al qi`da et dhou al-hijja et il n'est pas rare de lire que c'est le plus sacré (haram voulant dire illicite).

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Certains films d'acteurs iraniens, parfois récompensés dans les principaux festivals internationaux, n'ont pourtant jamais été reconnus et distribués en Iran, ou ont été sévèrement censurés. D'autres films peuvent pratiquement être qualifiés d'oeuvres de commande du régime : là encore parfois non distribués en Iran même, ils tendent à montrer une réalité édulcorée, en particulier en ce qui concerne le statut et le sort des iraniennes.

La politique culturelle, particulièrement contraignante jusqu'en 1989, a été mise en oeuvre par le ministère de la Culture et de l'Orientation islamique, dont le titulaire a été le futur président réformateur Mohammad Khatami (de 1980-1986, puis de 19891992).

3- Les tentatives de soviétisation de l'économie et la politique iranienne.

Le revenu par habitant diminua très fortement (baisse annuelle de 2,5 % de 1979 à 1992). L'économie connaissait une véritable soviétisation avec nationalisation et création de «fondations» L'Iran dérive vers l'orbite soviétique. Alors que l'Ayatollah Ruhollah Khomeiny a souvent fustigé haut et fort le "grand Satan", les américains, il n'a que rarement condamné l'invasion soviétique en Afghanistan. Son soutien au maintien en captivité des 53 otages Américains a conduit les pays occidentaux à couper les ponts économiques avec l'Iran, poussant le pays à dépendre davantage de ses échanges avec l'Union soviétique.

Plusieurs observations autour de cette relation entre Téhéran et Moscou se demandaient pourquoi Khomeiny rejette-t-il les États-Unis d'Amérique, pour l'Union soviétique ? Quelles valeurs pouvaient-ils avoir de cette relation ? Les Occidentaux relativement impuissants déclarent que Khomeiny n'a pas toute sa raison.

Du point de vue occidental, les États-Unis d'Amérique constituent pour l'Iran une menace bien moindre que celle de l'Union soviétique, qui partage une longue frontière commune avec l'Iran et prône une doctrine athéiste incompatible avec l'islam et avec de

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nombreux piliers de la vie iranienne, comme la propriété privée ou la famille considérée comme l'unité sociale idéale.

Mais, pour l'Ayatollah, les Américains représentent le plus grand danger. Il croit en effet qu'après 1953, le gouvernement des États-Unis d'Amérique contrôla le Shah, son régime et le peuple iranien. Il croit également que Washington rêve de le renverser et de reconquérir son pouvoir perdu. L'échec de la mission de sauvetage des otages Américains à Téhéran a confirmé ces craintes de Khomeiny.

Ainsi si l'on essaie de comprendre Khomeiny et ses partisans, on pourra déduire que c'est la culture américaine, et non soviétique, qui pervertit l'Iran et horrifie l'Ayatollah Khomeiny en menaçant le mode de vie islamique. Lui et ses partisans aspirent avec ferveur à un Iran exempt de toute domination étrangère. Aussi longtemps qu'ils perçoivent l'Amérique comme la pire menace pour leur pays, rien ne les empêchent de miser sur l'Union soviétique. Bien que partageant avec les Américains le respect envers la religion, la propriété privée et l'unité familiale, le régime des Ayatollahs a préféré s'allier aux marxistes contre l'Occident.

Leur aversion instinctive contre l'Occident les unit. Le gouvernement soviétique, tout comme Khomeiny, craint l'influence des charmes de la culture occidentale et tente par tous les moyens de la maintenir à distance.

Avec une similitude peu troublante, l'islam prétend remplacer la chrétienté au rang de révélation divine ultime comme le communisme prétend succéder au capitalisme en tant qu'étape suprême de l'évolution économique. Ils répondent en lui opposant un dénigrement absolu. De même que, quelques décennies plus tôt, ils menèrent campagne contre l'impérialisme européen, l'Union soviétique et les membres musulmans de l'organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) constituent la principale opposition à la puissance politique et économique de l'Occident.

L'activisme islamique et le marxisme placent la solidarité internationale avant le nationalisme, les besoins de la communauté avant ceux de l'individu, l'égalitarisme avant

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la liberté. Mais tous deux manipulent les masses sociales, et c'est-là l'aspect crucial. Méprisant les objectifs et les attentes du libéralisme, les activistes musulmans et marxistes poursuivent des idées de société. Par exemple, l'Islam interdit la perception d'intérêts sur les prêts et le communisme dénonce le profit. Enfin, parce que l'Islam et le marxisme traitent de tous les aspects de l'existence, leurs gouvernements penchent vers le totalitarisme.

En fait, Khomeiny partage des éléments idéologiques communs tant avec les États-Unis d'Amérique qu'avec l'Union soviétique. Mais, en fervent Musulman, il croit en la supériorité de son propre credo et reste méfiant.

Néanmoins, dans la pratique, les idéologies se neutralisent et Khomeiny dirige les relations étrangères iraniennes en fonction de ses espoirs et de ses craintes, et non sur la base d'affinités théoriques.

Khomeiny a donc plus peur des États-Unis d'Amérique que de l'Union soviétique: les Russes sont proches, mais pour lui, l'Amérique se trouve déjà au coeur de l'Iran. À son avis, c'est la culture américaine, et non celle des Russes, qui a perverti le mode de vie des iraniens durant des décennies. Et aussi longtemps que ces craintes restent prédominantes, il faut s'attendre à ce que l'Ayatollah Khomeiny et ses partisans guident leur pays plutôt vers l'Union soviétique, car son idéologie ne leur semble pas pire que la nôtre, défendait le soviétologue Américain Daniel Pipe111.

Trois semaines après le départ du Shah, la presse soviétique vire soudain de bord et se met à soutenir le mouvement révolutionnaire islamique. Le lendemain de l'insurrection du 11 février 1979, l'U.R.S.S. annonce avec une hâte tout à fait inhabituelle qu'elle reconnaît le gouvernement provisoire de M. Bazargan.

111Khomeiny, les Soviétiques et les États-Unis. Pourquoi les ayatollahs craignent l'Amérique, par Daniel Pipes NewYork Times 27 mai 1980 Version originale anglaise: Khomeini, the Soviets and U.S. Adaptation française: Alain Jean-Mairet.

Léonid Brejnev112 déclare en début mars 1979: « Nous saluons le triomphe de cette révolution qui a mis fin à un régime despotique et d'oppression qui avait fait de l'Iran un objet d'exploitation et une base d'appui de l'impérialisme étranger »113.Désormais le ton est donné : la presse du parti Toudeh. Ne manque pas une occasion de dénoncer les "manoeuvres de l'impérialisme américain" en Iran et les responsables soviétiques de déclarer qu'ils offrent leur soutien aux gouvernants islamiques dans leur combat contre les Etats-Unis d'Amérique. Mais en vain : les déclarations de Moscou ne sont que rarement citées dans les grands organes d'information iraniens - si ce n'est dans la presse du parti Toudeh (communiste prosoviétique) - et l'appui qui leur est offert est accueilli par les nouvelles autorités de Téhéran avec une franche hostilité.

Certes méfiant à l'endroit du nouveau partenaire, l'Iran sait se souvenir de la vieille expérience de l'hégémonisme russe, remontant à la fin du dix-huitième siècle, lorsqu'il devint le point de mire des rivalités russo-anglaises en Asie, Khomeiny préfère relativement cet allié. Ils signent le 20 juin 1980avec l'U.R.S.S., un protocole de coopération économique à Moscou. Et ce après l'éloignement d'avec les Etats Unis d'Amérique et les sanctions économiques décrétées par l'Occident114.

112 Homme d'État soviétique (Kamenskoïe, aujourd'hui Dniprodzerjynsk, 1906-Moscou 1982). L. Brejnev assume la direction collégiale de l'État soviétique, aux côtés d'Alekseï Kossyguine, chef du gouvernement, et de A. Mikoïan puis de Nikolaï Podgornyï, président du Praesidium du Soviet suprême depuis 1965. Toutefois son rôle personnel devient peu à peu prépondérant : il préside à l'adoption de la nouvelle Constitution de l'URSS (1977) ; fait maréchal en 1976, il évince Podgornyï à la tête du Praesidium du Soviet suprême en 1977. Il conclut avec le président Jimmy Carter le traité SALT II signé à Vienne en 1979. Cependant, cette politique de détente est compromise par l'intervention militaire soviétique en Afghanistan en décembre 1979.

113Ahmad FAROUGHY « L'U.R.S.S. et la révolution iranienne »,, Le Monde diplomatique, juillet 1980, p 2

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114Idem

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II- LES INSTITUTIONS POLITIQUES ET RELIGIEUSES A LA SOLDE DE

LA REVOLUTION

Après la chute du Shah, le changement gagne tous les autres secteurs de la société iranienne. Des modèles d'institutions et d'organisations sont mis en place. Une nouvelle République avec une peau toute neuve pourtourner définitivement la page américaine.

1- L'organisation de la République Islamique d'Iran

Il est difficile pour un observateur lambda de bien saisir et cerner le fonctionnement du pouvoir iranien. La multiplicité des acteurs, le dédoublement des institutions à tous les niveaux de responsabilité et le rôle relatif du Président de la République. Alors même que celui-ci est doté d'une légitimité démocratique. Une description des institutions iraniennes s'impose à nous et la place de chacun des acteurs de la politique extérieure doit être précisée.

L'Iran, depuis l'instauration de la République islamique, présente un système institutionnel très singulier. L'Iran est le seul État officiellement chiite et un des rares pays à être une théocratie ; c'est-à-dire que le pouvoir, censé émaner de Dieu, réside dans les mains du clergé. Cette théocratie découle du concept de velayat-e faqih, théorisé dans les années 1960 par l'Ayatollah Rouhollah Khomeiny, premier « Guide de la Révolution ». Le chef suprême de la religion a droit de veto sur tout. Quand le chef religieux contrôle le pays, il choisit ce qui est bon ou non en fonction de sa religion. Cependant, il existe aussi une dimension représentative dans ce système, puisque la souveraineté populaire est reconnue et qu'un processus électoral permet l'élection du président de la République, des députés et des membres de l'assemblée des experts. Ce système électoral s'inspire des démocraties populaires, mais le pluralisme politique n'existe pas ; les candidats appartiennent aux diverses factions islamiques.

Le système politique de la République islamique est basé sur la Constitution de 1979 à 1980 appelée Qânun-e Asasi (« Loi Fondamentale »). Le système comprend plusieurs corps gouvernants intimement reliés, dont la plupart est nommée par le guide

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(seul le Président, les membres du parlement, et les membres de l'assemblée des experts sont élus au suffrage universel). Alors voyons comment se fait l'exercice des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire :

Le pouvoir exécutif est en Iran comme dans la plupart des pays démocratiques, l'affaire du Président et des ministres.

Le Guide de la révolution ? aussi appelé « Guide suprême » ? est responsable de la supervision des « politiques générales de la République islamique d'Iran ». Le guide de la révolution est élu par l'Assemblée des experts pour une durée indéterminée. Le guide de la révolution est commandant en chef des forces armées ; il contrôle le renseignement militaire et les opérations liées à la sécurité ; lui seul a le pouvoir de déclarer la guerre et de proclamer la paix.

C'est aussi la seule personne des institutions d'État obligatoirement religieuse. Il peut démettre le Président de la République de ses fonctions, après que la cour suprême ait reconnu ce dernier coupable de violation de ses devoirs constitutionnels, ou après un vote du Parlement témoignant de son incapacité sur la base du principe 89 de la constitution. L'Assemblée des experts est responsable de la supervision du guide suprême dans le cadre de l'exécution de ses devoirs légaux. Le guide suprême actuel est l'Ayatollah Ali Hossein Khamenei115.

2- Etat bureaucratique et la Maison du Guide : Etat moderne et institutions religieuses

Cette partie nous permet d'apprécier, le pouvoir du président et celui du Guide de la révolution

Du pouvoir du Président de la République : deuxième personnage de l'Etat derrière le Guide suprême qui détient le véritable pouvoir en Iran, Le Président de la République détient la plus haute fonction officielle du pays après celle du Guide. Il est responsable de

115 L'Ayatollah Ali Hossein Khamenei est Guide suprême de la république islamique depuis 1989, son pouvoir à une durée illimitée.

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l'application de la Constitution et assume la direction du pouvoir exécutif, sauf dans les affaires relevant directement du Guide116.

Le président de la République dispose néanmoins de prérogatives qui lui donnent une certaine marge de manoeuvre. En d'autres termes, le président de la République est quant à lui responsable de «l'application de la Constitution et de l'exécutif, à l'exception des affaires qui concernent directement le Guide suprême». Le président doit aussi tenir compte du Parlement qui vote la confiance à ses ministres et adopte le budget. Le Président de la République doit être élu parmi les dignitaires religieux et politiques remplissant les conditions suivantes :

Il devra être d'origine iranienne, et être de nationalité iranienne, administrateur avisé, pourvu de bons antécédents, digne de confiance, vertueux, pieux et attaché aux fondements de la République Islamique d'Iran et à la religion officielle du pays, c'est-à dire le chiisme117. A sa prise de fonction il prête serment de garantir la pérennité de la République Islamique d'Iran. Il prête serment à l'Assemblée Consultative Islamique, lors d'une séance qui a lieu en présence du Chef du pouvoir judiciaire et des membres du Conseil des Gardiens, et signe l'acte de serment :

"Au Nom de Dieu Clément et Miséricordieux

Moi, en tant que Président de la République, en présence du Coran Généreux et devant la nation iranienne, je prête serment au Dieu Tout-puissant d'être le gardien de la religion officielle et du régime de la République Islamique et de la Constitution de l'Etat ; d'user de toutes mes capacités et ma compétence pour m'acquitter des responsabilités que j'assume ; et de me vouer à servir le peuple et à la grandeur du pays, à l'expansion de la religion et de la morale, au soutien du droit et à l'extension de la justice, de m'abstenir de tout despotisme, et de protéger la liberté, le respect des personnes et les droits que la Constitution reconnaît à la Nation. De n'épargner aucun

116Constitution iranienne de 1980, Cent treizième Principe 117Idem, Cent quinzième Principe

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effort dans la préservation des frontières et l'indépendance politique, économique et culturelle du pays ; et, en demandant aide à Dieu et en suivant le Prophète de l'Islam et les Saints Imams. Que la paix soit avec eux, d'être le gardien du pouvoir que la Nation m'a confié, en tant que dépôt sacré, comme un dépositaire honnête et dévoué, et de le transmettre au prochain élu de la Nation".118

Pour terminer, nous disons que, la marge de manoeuvre du Président est infiniment très faible, un pouvoir presque sans pouvoir. L'essentiel du pouvoir est tenu en Iran par les mollahs et les gardiens de la révolution. C'est le Guide suprême qui reste le maître du jeu.

Du pouvoir du Guide : Selon la Constitution, le Guide suprême «définit les grandes politiques du régime de la République islamique et (...) les supervise». Il détient notamment le pouvoir d'organiser un référendum, de déclarer la guerre ou d'annoncer la paix. C'est également lui qui nomme les membres du Conseil des gardiens de la Constitution, le chef de l'autorité judiciaire et le patron de la radio et la télévision d'Etat. Ses pouvoirs en matière militaire sont particulièrement importants.

Chef des armées, il décrète la mobilisation générale, nomme les principaux responsables militaires -notamment des Gardiens de la révolution, l'armée d'élite du pays et du Bassidj (milice islamique)- ainsi que de la police. Il est aussi chargé de «régler tout problème insoluble du régime». Il peut aussi «démettre le président en tenant compte des intérêts du pays après un avis de la Cour suprême ou d'un vote de défiance du Parlement».

Le Guide s'appuie également sur le Conseil suprême de sécurité nationale chargé des questions stratégiques du pays. Il est officiellement présidé par le Président de la République, mais le véritable responsable est son "secrétaire", choisi parmi ses deux représentants. Le poste est actuellement occupé par Saïd Jalili, candidat malheureux face à Hassan Rohani, élu dernièrement à la Présidence. Ce conseil rassemble les principaux

118Constitution iranienne 1980.Cent vingt et unième Principe.

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ministres --Défense, Renseignement, Intérieur et Affaires étrangères-- ainsi que le Président du Parlement, le chef du pouvoir judiciaire et les commandants des forces armées. Le Guide peut déléguer certains de ses attributions et pouvoirs à une autre personne 119

3- Les structures islamiques d'encadrement institutionnel en Iran

L'armée et le corps des Gardiens de la révolution : l'armée de la République Islamique d'Iran est chargée de préserver l'indépendance du pays, l'intégrité territoriale et la forme républicaine et islamique du pays. L'armée de la République Islamique d'Iran doit être une armée islamique, qui est une armée idéologique et populaire. Elle doit prendre à son service des personnes dignes ayant foi dans les objectifs de la Révolution islamique et dévouées dans la voie d'une réalisation. Aucun ressortissant étranger n'est admis au sein de l'armée et des forces de l'ordre du pays. L'installation de toute base militaire étrangère dans le pays, même à des fins pacifiques est purement et simplement interdite120.

Quant aux corps des gardiens de la Révolution Islamique qui a été constitué dans les premiers jours de la victoire de cette révolution, il est maintenu dans la poursuite de son rôle pour la sauvegarde de la révolution et de ses acquis. La limite des fonctions et l'étendue de la responsabilité de ce corps sont déterminées par la loi, en relation avec les fonctions et l'étendue de la responsabilité des forces armées, en insistant sur la coopération et l'harmonisation fraternelle entre elles.

Le Conseil des gardiens de la Constitution est composé de 12 membres désignés pour six ans, 6 religieux (clercs) nommés par le Guide et 6 juristes élus par le Majlis121sur

119 La constitution de la république islamique d'Iran,

http://www.jurispolis.com/dt/mat/dr_ir_constit1979/dt_ir_constit1979_chap08.htm#_Toc96573856

120 Constitution iranienne 1980, session deuxième.

121Majlis : LeMajles était la chambre basse de la législature iranienne de 1906 à 1979, la chambre haute étant le Sénat.Après la révolution islamique, quand la législature iranienne devient monocaméral,

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proposition du pouvoir judiciaire (dépendant du guide), sa principale fonction est de veiller à la compatibilité des lois à la Constitution et à l'islam. Ce dernier aspect - compatibilité avec l'Islam- est exclusivement assuré par les 6 membres religieux, l'autre étant exercé par les 12 membres collégialement. Toutes les lois votées par l'Assemblée doivent obtenir l'approbation du Conseil des gardiens. Toutefois, si ce dernier conclut à une incompatibilité (avec l'islam ou avec la Constitution), il ne peut, de lui-même, procéder à une annulation : il revient à une autre instance, le Conseil de discernement de l'intérêt supérieur du Régime, d'arbitrer le différend.

Le Conseil de discernement de l'intérêt supérieur du régime : Cette institution a été créée en 1988, par décret de l'imam Khomeiny, pour arbitrer les litiges apparus entre le Majlis et le Conseil des gardiens. Il est composé de membres de droit et de membres nommés par le Guide. Il comprend notamment les six membres religieux du Conseil des gardiens, les chefs des pouvoirs législatif, judiciaire et exécutif (le Président de la République), du ministre concerné par la question à l'ordre du jour auxquels s'ajoute une dizaine d'autres personnalités. Sa fonction originelle s'est cependant peu à peu élargie et le Conseil de discernement, en cas de circonstances exceptionnelles, s'est reconnu le droit d'ajouter des clauses à une législation contestée entre le Conseil des gardiens et le Majlis.

Ainsi dispose-t-il également, depuis la période de guerre Iran-Irak, du droit d'édicter « des solutions pour les difficultés insurmontables du régime ». Cette disposition donne ainsi une sorte de compétence législative extraordinaire à un organe qui n'en est pas légitimement ou légalement investi et qui, de par sa procédure de nomination, reflète de façon prééminente, la faction idéologique liée au Guide de la Révolution-Chef de l'État, au détriment, dans la configuration politique actuelle, de celle représentée par le Président de la République ou par la nouvelle majorité parlementaire.

Et enfin l'Assemblée des experts ; Elle se compose de près de 80 membres élus pour 8 ans au suffrage universel direct, et a pour rôle d'élire ou révoquer le Guide de la

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Révolution. L'élection de cette Assemblée rencontre généralement un fort taux d'abstention, sans comparaison avec les autres consultations électorale.

4- Les universités modernes et l'enseignement religieux.

Le roi héritier Mohammad Reza Shah a tenté d'élargir l'accès à l'instruction et encourage notamment le développement de l'enseignement supérieur. Il entreprend la création de nombreuses universités à partir des années 1950 et crée le ministère des Sciences et de l'Enseignement Supérieur en 1968, si bien que l'Iran compte dix-neuf universités nationales en 1978. L'enseignement est aussi encouragé, à un autre niveau, par la mise en place d'efficaces politiques d'alphabétisation et d'accès à l'instruction pour les femmes

Au lendemain de la Révolution islamique de 1979, le système éducatif iranien est ouvertement critiqué par le nouveau gouvernement et de nombreux conseils d'experts sont créés pour agir sur ce terrain prioritaire. Khomeiny initie une « islamisation » de l'éducation, mais il n'aspire pas pour autant à un retour vers les établissements religieux traditionnels. Il a l'ambition d'une école à la fois moderne et religieuse, non pervertie par la culture « occidentale » et « coloniale »122. Face à une école dite inspirée des modèles étrangers, il fait de l'islam la source originelle et légitime de la réflexion sur l'éducation. L'islam est présenté comme la voie de la résistance à la « colonisation » des esprits causée par la politique des rois pahlavis. Les premiers changements passent par la révision des manuels, l'épuration du personnel scolaire, l'abolition de la mixité, la mise en place de nouveaux codes vestimentaires selon les préceptes islamiques (port du voile pour les filles), ou encore l'imposition de pratiques religieuses telles que les prières à midi ou les chants révolutionnaires et religieux dans la journée.

Le pouvoir lance ensuite une « révolution culturelle » placée sous la responsabilité du Quartier Général (QG) de la révolution culturelle créé par Khomeiny en juin 1980. Celle-ci touche en particulier les universités, qui sont fermées. Huit mille professeurs,

122 Discours de Khomeiny en 1983, vol. 12, p.177 in PAIVANDI, S., Islam et éducation en Iran. Echec de l'islamisation de l'école en Iran. Paris : L'Harmattan, 2006, p. 72.

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soit la moitié des effectifs du personnel universitaire en activité à l'époque, sont démis de leurs fonctions et de nouveaux centres de formation sont créés pour former les nouveaux professeurs d'université aux ordres du nouveau système. De nouveaux responsables sont nommés à la tête des universités qui sont rouvertes à la rentrée 1981.

Les orientations majeures du système éducatif de la République islamique sont énoncées dans la loi de 1987 qui décrit le projet de la formation du nouvel homme musulman. « Elle explicite la place de l'homme dans ce monde, le sens de son existence et de son action [...] le rôle de l'école dans la formation religieuse et la socialisation des élèves ».123 Dans son premier article, cette loi revendique une instruction qui repose ouvertement sur le Coran et les textes sacrés de l'islam. Dans l'article suivant, elle envisage aussi le rôle politique et de socialisation de l'école. Puis dans l'article 4, elle affirme la primauté de la purification sur l'enseignement dans les écoles de la République islamique.

Image 5 :LES INSTITUTIONS ELUES ET NON ELUES DE LA REPUBLIQUE ISLAMIQUE D'IRAN

Source : Schéma_gvt_iran.pn

123 PAIVANDI S.: Islam et éducation en Iran. Echec de l'islamisation de l'école en Iran. Paris, Le Harmattan, 2006.

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En guise de conclusion partielle à cette première partie on retiendra qu'en Avril 1979 le pouvoir du Shah prend fin au profil de celui d'Ayatollah Khomeiny, symbole de l'opposition au régime du Shah. Il représente la puissante caste des religieux chiistes mais il n'est pas l'unique meneur du peuple qui défile dans les rues du Téhéran. Le puissant parti communiste Tudeh et la mouvance de la gauche iranienne sont des forces avec lesquelles il va devoir compter.

Le long règne du Shah largement conteste par la population iranienne parte avec toute ces accointances, avec les Etats Unie d'Amérique et laisse place à une république Islamique. Le nouveau chef d'Iran se donne tous les moyens institutionnels et organisationnels pour tourner la page d'Iran occidental.

Les hommes et les femmes, les jeunes et les enfants sont tous formés à cet effet. La politique intérieur étrangère de la nouvelle république porte les emprunts de cette volonté nouvelle des autorités. C'est donc l'amorce d'une longue série d'incompréhension de belligérance entre l'Iran et son ancien partenaire d'une part et d'autre part entre la république Islamique et ces voisins du Golfe. La rupture est donc consommée, la deuxième partie de notre travail de recherche nous permettra d'élucider les étapes de cette rupture.

PARTIE II
LES ETAPES DE LA RUPTURE : LA
PRISE DES OTAGES AMERICAINS A LA
CRISE SUR LE NUCLEAIRE IRANIEN
(1980-2002)

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Dans cette partie il sera question de la mise en évidence des grandes manifestations de la rupture entre les Etats Unis d'Amérique et la République Islamique d'Iran. En effet, après la chute du Shah d'Iran et l'installation des institutions du pouvoir révolutionnaire de l'Ayatollah Khomeiny, nous allons aborder deux faits, qui pour notre part constituent des éléments essentiels ayant créé une distance considérable entre partenaires d'hier.

La crise des otages américains à Téhéran est la première manifestation de la rupture. En effet le 4 novembre 1979, des militants révolutionnaires iraniens, essentiellement des étudiants envahissent l'Ambassade des États-Unis d'Amérique à Téhéran avec le soutien des autorités de la révolution. Cinquante-deux (52) Américains sont alors retenus en otage pendant 444 jours, ce qui révolta terriblement Washington. Le 7 avril 1980 les États-Unis d'Amérique rompent toute relation diplomatique avec l'Iran. Et s'en ai suivi diverses crises diplomatiques directes ou indirectes avec Washington.

Ainsi depuis la découverte en 2002, du site d'enrichissement nucléaire de Natanz et Arak avec la complicité d'un groupe d'opposants en exil, le Conseil national de la résistance iranienne qui dénonçait l'existence de sites nucléaires clandestins d'enrichissement de l'uranium.

La crise diplomatique entre Téhéran et Washington prend ainsi une toute autre dimension. La possession par l'Iran d'une telle infrastructure militaire serait aux yeux de l'Occident un revers total. Pourtant, les iraniens rassurent de leur bonne intention d'enrichir leur uranium qu'à des fins purement civiles.

Comportant trois (3) chapitres, cette partie met en relief dans un premier temps la crise des otages américains à Téhéran (Chapitre I), il s'agit d'évoquer les origines et manifestations de cette crise ainsi que les conséquences. Ensuite la menace des intérêts américains dans le Golfe (Chapitre II). Nous y verrons comment Khomeiny compte « sauver » le monde musulman. La guerre entre Iran et l'Irak, une guerre de positionnement avec une mobilisation des Américains et des pays Sunnites au côté

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Saddam Hussein. Et enfin dans un dernier chapitre évoquer la question épineuse du nucléaire (Chapitre III), et faire ressortir les grands enjeux géostratégie du nucléaire iranien.

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Chapitre I : LA CRISE DES OTAGE SAMERICAINS 1979-1981

La crise des otages Américains à Téhéran a été un tournant très décisif dans les rapports entre les Etats Unis d'Amérique et l'Iran. L'une de ses conséquences majeures fut la rupture diplomatique entre les deux pays. Dans ce chapitre il sera question d'abord de montrer les origines et manifestions de la prise des otages et ensuite ses conséquences tant pour Washington que pour Téhéran.

I- DE LA PRISE DES OTAGES AMERICAINS A LEUR LIBERATION

La crise des otages Américains en Iran correspond à un épisode de tension internationale entre l'Iran et les États-Unis d'Amérique survenue du 4 novembre1979 au 20 janvier1981. Pendant 444 jours, cinquante-deux diplomates et civils Américains ont été retenus en otage par des étudiants iraniens dans l'Ambassade des États-Unis d'Amérique à Téhéran, d'analyser les causes, les enjeux et le dénouement dans cette partie.

1- Les causes de la prise des otages et le rôle des étudiants

La dignité des Iraniens et de leur Etat devrait s'affirmer à travers de grandes actions qui doivent montrer aux alliés d'hier surtout aux Américains leur détermination à tourner réellement la page du Shah et de l'Iran des occidentaux.

Josette Alia et Pierre Blanchet, explique «Pourquoi Khomeiny défie Carter» évoquent cette crise en ces termes : «...Entre le souverain traqué et le peuple prosterné sur le trottoir, il y a une épaisseur de haine que les États-Unis, semble-t-il, ont complètement sous-estimée. «Le chah ? Il a été pour nous pire que Hitler», dit Abol Hassan BaniSadr, membre du Conseil de la Révolution islamique. Alors, fallait-il l'accueillir et le soigner ? Les Américains l'ont fait sans hésiter, en un geste humanitaire que la conscience occidentale tout entière approuve. Mais, en Iran, il en va autrement. États-Unis-chah, chah-États-Unis : la conjonction frappe l'imagination populaire iranienne. Pendant des décennies, les Américains ont, dans l'ombre, conforté le pouvoir et tiré les ficelles de la tyrannie Pahlavi. Pendant des décennies, le petit peuple d'Iran a confondu dans la même

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haine le chah, «Satan», et son suppôt, l'Amérique, symbole d'un Occident aujourd'hui détesté, rejeté. Alors... Alors, le dimanche 4 novembre, l'irréparable se produit. »124.

Cette envie d'en découdre avec les Américains fait naître une haine très poussée dans le rang du nouveau régime envers leur allié d'hier. Ainsi, des mouvements populaires s'organisent dans le pays sous l'impulsion de l'Ayatollah qui appelle à la désobéissance des Américains. Toutes ces manifestations entrainent la prise des otages de l'Ambassade des Etats-Unis d'Amérique à Téhéran, ouvrant ainsi officiellement la belligérance entre alliés d'hier.

Alors que les Etats-Unis d'Amérique accueillent depuis le 22 octobre le Shah, exilé au Mexique après la révolution islamique de janvier 1979, 400 étudiants s'attaquent à l'Ambassade américaine de Téhéran. Retenus dans un premier temps par les Marines, ils investissent rapidement les lieux et prennent 63 personnes en otage ainsi que des membres de l'administration. Leurs revendications sont claires, que la libération des otages se fasse en échange de la livraison du Shah pour qu'il soit jugé en Iran, et qu'il soit puni conformément à la loi islamique. Mais les Etats-Unis d'Amérique ne souhaitent ni livrer leur ancien allié qu'ils reçoivent officiellement pour raisons médicales, ni céder devant Khomeiny, soupçonné d'être responsable de cette opération. Jimmy Carter pour riposter décide de faire le choix des rétorsions économiques et suspend notamment les importations de pétrole en provenance d'Iran. Mais en vain, alors que seulement treize otages sont libérés dans les premières semaines, cinquante-deux devront attendre 444 jours et l'élection de Reagan pour retrouver la liberté.

2- Les enjeux iraniens de la prise des otages

En Iran, l'enthousiasme révolutionnaire qui était retombé semble ravivé par cette prise d'otage. En effet, certains dirigeants de la révolution n'étaient pas pour cette prise des otages. C'est d'ailleurs ce qui explique le professeur d'histoire américaine moderne, David Farber. Pour lui, pendant cette période postrévolutionnaire, l'Iran se trouve dans

124Josette ALIA et Pierre BLANCHET « Pourquoi Khomeiny défie Carter » Le Nouvel Observateur, 12 novembre 1979, p. 56.

« un état de chaos révolutionnaire ou le pouvoir n'était pas encore sécurisé125. C'est donc autour de l'affaire des otages que s'organise la lutte entre radicaux et modérés, religieux et laïcs, donc entre le conseil de la Révolution126et le gouvernement. Alors que les modérés, tels que le Premier ministre Medhi Bazargan et le ministre des Affaires étrangères Ibrahim Yazdi, étaient opposés à la prise d'otage, ils se résignent face à la pression des radicaux. Ainsi, le radical Ayatollah Behesti, membre du conseil de la Révolution, met en évidence la nécessité d'épurer l'administration des modérés.

L'un des arguments principaux de la prise étant les documents découverts à l'Ambassade américaine justifiant des liens entre des iraniens modérés et les Etats-Unis d'Amérique. La lutte feutrée entre le gouvernement modéré de Téhéran et le conseil de la révolution à Qom prend fin avec la résolution de la crise. Le pouvoir du clergé radical, dorénavant sans partage, débute le 21 juin 1981 avec la destitution du président modéré de la République islamique, BaniSadr.

En effet, la prise d'otage permet de mettre en évidence que le pouvoir iranien provient de Dieu et non du gouvernement américain. La forte critique de l'impérialisme occidental sert de pilier unificateur et s'accentue lorsqu'un plan américain visant à la déstabilisation de l'Iran est découvert dans les documents trouvés dans l'Ambassade.

Le guide est sans détour sur la question de la prise des otages, pour l'Ayatollah Khomeiny: « le grand Satan, c'est l'Amérique... Le centre que nos jeunes ont pris était un centre d'espionnage et de complots127 ». En effet, selon Bheza Nabavi, responsable Iranien lors des négociations qui mettent fin à la crise, « la prise d'otages du nid d'espions avait comme signification symbolique de démontrer la faiblesse des Etats-Unis et de dévoiler au monde entier leur vulnérabilité en envoyant des espions à la place des

125Iran was in a state of revolutionary chaos in which power was a prize not yet secured by anyone » in David Farber, The Iran hostage crisis and America's first encounter with radical Islam : taken Hostage, p141

126Le conseil de la Révolution ou conseil des gardiens de la Révolution se trouve sous la direction du guide suprême. Il détermine la direction politique du pays en consacrant la prédominance du religieux sur le politique.

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127Journal iranien Kayhan, 6 novembre 1979

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diplomates128». Cette crise permet ainsi à l'Iran de faire plier les Etats-Unis d'Amérique et de leur « faire payer » leur soutien au régime du Shah. Elle a également pour conséquence d'isoler diplomatiquement le pays.

Cette prise d'otages des Américains dans leur « nid d'espions », comme disaient les khomeynistes ; une Ambassade protégée telle une véritable forteresse dans un pays ennemi, apparut comme un défi spectaculaire. La crise, qui se prolongea pendant l'année 1980, vit des grandes manifestations anti-américaines à travers l'Iran. Par conséquent les groupes démocratiques, progressistes, de gauche, refirent acte d'allégeance à Khomeiny, sous le prétexte que la crise était l'expression de l'anti-impérialisme.

Pour leur part, les Etats-Unis d'Amérique comprennent tout d'abord difficilement l'insistance iranienne à mettre en évidence des actions passées et selon eux dénuées de pertinence. De plus, le président Carter ne souhaitait pas que la crise mette en lumière le soutien de la Maison blanche au régime du Shah d'Iran. C'est ainsi que « l'incompréhension est totale entre le peuple américain agressé et le peuple iranien persuadé de la justesse de sa cause 129» analyse Nouchine Yavari-d'Hellencourt. Ce conflit politique est en outre vécu comme une humiliation, les Américains ayant dût se soumettre aux conditions iraniennes. La crise a également pour conséquence la rupture des relations diplomatiques et la fermeture de l'Ambassade américaine en Iran. Enfin, sur le plan énergétique, les importations de pétrole en provenance d'Iran vers les Etats unis d'Amérique cessent.

128Pierre SALINGER, Otages, les négociations secrètes de Téhéran, Paris, Buchet/Chastel, 1981, p125.

129Nouchine YAVARI-D'HELLENCOURT, Les otages américains à Téhéran, Paris, La Documentation Française, 1992, p.24.

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3- Des négociations à la libération des otages.

La crise prit d'autres tournures non prévues par les deux camps. Les deux pays belligérants, ont porté leur choix sur l'Algérie pour la médiation de la crise. L'intermédiaire qui est Alger sait qu'il doit être plus qu'un simple canal de communication entre les deux pays en conflit. Il se doit de préparer la voie à une solution qui soit susceptible d'être acceptée par les deux antagonistes en circonscrivant le champ de la négociation et en réduisant les différences entre les positions des uns et des autres.

Pour ce faire, le gouvernement algérien met en place une « cellule volante » d'experts de haut rang, qui vont, à partir d'Alger, assurer la communication entre le gouvernement américain et le gouvernement iranien, en se rendant selon les besoins, tantôt à Washington, tantôt à Téhéran.

Le choix des négociateurs est en l'occurrence très important. Les médiateurs doivent remplir des conditions précises : se situer à un niveau élevé de leur hiérarchie respective (qu'ils soient investis d'une autorité suffisante aux yeux de leurs futurs interlocuteurs), avoir une grande expérience en négociation internationale pour faire face, de manière immédiate, aux situations imprévues et posséder des connaissances techniques en divers domaines pour trouver des solutions adaptées à des problèmes de nature différente.

Le choix s'est donc porté sur trois personnalités : Abdelkrim Gheraïeb, Ambassadeur d'Algérie à Téhéran, Redha Malek, Ambassadeur d'Algérie aux Etats-Unis et Seghi Mostefaï, directeur de la Banque d'Algérie, avec pour responsable (négociateur en chef) le ministre des Affaires Etrangère, Mohamed-SeddikBenyahia.

Les trois médiateurs commencent leur travail. D'abord, faire l'inventaire des points d'accord et des points de désaccord pour délimiter de façon réduite le champ de la négociation. Puis, examiner les propositions des deux parties et éliminer si besoin les éléments qui poseraient problème d'un côté ou de l'autre. Enfin, trouver les moyens d'une relance lorsque la négociation butte face à des obstacles qui semblent

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insurmontables. Et justement, les négociations bloquent sur un point précis, lié au « chiffrage » financier des avoirs iraniens saisis par les Etats Unis d'Amérique. En effet, en septembre 1980, l'Ayatollah Khomeiny pose quatre conditions à la libération des otages : le retour de la fortune du Shah, le dégel des avoirs iraniens aux Etats-Unis d'Amérique, l'annulation des demandes de dommages à l'Iran par les Américains et leur engagement à la non-ingérence en Iran.

Le 20 novembre, l'acceptation de principe des quatre conditions est confirmée comme base de résolution de la crise. En échange de la libération des otages, l'Iran annonce dans le même élan que les Etats-Unis d'Amérique doivent déposer en Algérie l'équivalent de 24 milliards de dollars en espèces et en or, représentant l'estimation de la fortune du Shah et des avoirs gelés. Le secrétaire d'Etat Edmund Muskie estime que cette exigence est « déraisonnable », Washington avertissant alors l'Iran que les Etats-Unis d'Amérique ne modifient pas leur position fondamentale sur les conditions de libération des otages.130

Alors que la réaction immédiate de Washington est très réservée, le Premier ministre iranien Mohammad Ali Radjai, en poste depuis août 1980, déclare lors d'une conférence de presse le 18 octobre que la décision de libérer les otages n'est « plus très lointaine » 131 . En effet, l'embargo américain commence à peser sur le pays et les populations iraniennes en souffraient déjà. Pour sa part, le président Carter se dit prêt le 20 octobre à lever les sanctions contre l'Iran si les otages sont libérés.

Les médiateurs algériens proposent alors l'idée d'une déclaration algérienne qui exposerait les « obligations indépendantes » des Etats-Unis d'Amérique et de l'Iran et qui se substituerait à la forme classique de l'accord bilatéral. L'Iran accepte et quelques jours plus tard revient à de meilleurs sentiments pour ce qui est du « chiffrage » de ses avoirs.

130 En effet l'avènement des terroristes, les Etats Unis ont décidé de ne pas payer un moindre à des agresseurs. 131Clément Guillemot « Crise des otages américains en Iran 4 novembre 1979-20 janvier 1981 », les clés du Moyen Orient, publié le 13/08/2012, http://www.lesclesdumoyenorient.com/Crise-des-otages-americains-en.html consulté le 20 Novembre 2014

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Cependant le 10 janvier 1981, les Etats-Unis d'Amérique informent l'Iran que, dans un délai de quelques jours suivant la libération des otages, l'Iran pourra récupérer 70 % des milliards de dollars gelés dans les banques américaines. Le 16 janvier 1981, parvenus à un accord général sur les conditions de la libération, les deux pays rédigent le protocole d'un accord définitif officiellement approuvé le 19 janvier 1981 par la déclaration d'Alger. Cette déclaration prévoit cinq points : la libération des 52 otages ; le déblocage par les Etats-Unis d'Amérique des avoirs Iraniens gelés 132; l'abandon de toutes les plaintes résultant de la capture des otages et du gel des avoirs par l'Iran ; le remboursement des emprunts iraniens à des prêteurs américains.

L'Algérie règle aussi les modalités du transport des otages américains et le 18 janvier sont signés les Accords d'Alger. Le 20 janvier 1981, la libération des otages a eu lieu, après 444 jours de détention et quelques dizaines de minutes après le premier discours présidentiel du républicain Ronald Reagan élu en remplacement du démocrate Jimmy Carter, quelques mois auparavant. Les otages sont libérés une demi-heure après que Ronald Reagan soit officiellement devenu président des Etats-Unis d'Amérique.

Le président Reagan assure alors que les Etats-Unis affirment le droit du peuple iranien à décider de son avenir politique et assure du désir américain de voir s'établir des relations normales entre les deux Etats, basées sur le respect mutuel, l'égalité et les principes du droit international. Les otages rejoignent leur pays le 27 janvier 1981 après un tour à la base aérienne de Wiesbaden en Allemagne.

132La déclaration d'Alger prévoit : « Quand la banque centrale d'Algérie aura certifié qu'une somme au moins égale à 7,955 milliards de dollars aura été placée sur le compte de garantie par les Etats-Unis, l'Iran assurera immédiatement le départ des 52 ressortissants américains détenus en Iran ».

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Le monde a appris plus tard le rôle secret que les Canadiens avaient joué dans cette crise des otages133. Cette crise directe entre l'Iran et les Etats Unis d' Amérique ne va pas sans conséquences.

II-D'IMPORTANTE REPERCUTION POUR LES BELIGERANTS

Plus d'une année de détention soit exactement 444 jours, voici le temps que les citoyens américains ont passé en fermé dans leur ambassade à Téhéran, ce qui reste de même spectaculaire. Alors que pour les étudiants, à l'origine, qui considéraient cette étape comme une partie de jeu, allait plutôt se transformer en une crise réelle de quatre cent quarante-quatre jours avec des conséquences énormes de part et d'autres.

1- L'hégémonie américaine écornée

La crise des otages a humilié, discrédité les Etats-Unis d'Amérique au niveau national et international. Cela a mis en mal la puissance Américaine tous les pays en relations avec les Etats-Unis d'Amérique considérés comme étant la première puissance mondiale. Ils ont perdu toute confiance de leurs alliés au Moyen-Orient.

Jean-François Revel, met en relief le ridicule qu'a subit Washington, «...Susceptible d'être plus ou moins tragique sur le plan humanitaire, le dénouement de la prise d'otages à l'ambassade américaine de Téhéran ne pouvait, dès le départ, quoi qu'il arrivât, être pour Washington qu'une débâcle politique. Pire : le signe révélateur d'une déchéance plus prononcée encore qu'on ne l'imaginait. Car il ne s'agit pas d'un simple accident, d'une de ces malchances auxquelles les États, même les plus forts, ne peuvent totalement échapper. Cette lugubre et ridicule affaire est bien plutôt la démonstration spectaculaire, sur un cas limite, presque sur une hypothèse d'école, du recul généralisé de l'influence américaine dans le monde, et même de la perte par l'Amérique de sa stature de première

133 Après son implication dans la prise d'otage, l Dans la confusion de la prise d'otage, six Américains ont tout simplement quitté l'ambassade à pied. Ils se sont cachés pendant quatre jours avant de trouver refuge à l'ambassade du Canada. La situation à Téhéran était très tendue. L'ambassadeur du Canada, Ken Taylor, savait que si les Iraniens apprenaient qu'il cachait des Américains, ils considéreraient le Canada comme un ennemi et son ambassade serait attaquée. Il a communiqué avec les autorités à Ottawa pour leur exposer la situation. Ottawa a approuvé la décision de Taylor de donner refuge aux Américains et a immédiatement élaboré un plan pour les évacuer. Il a fallu obtenir de faux passeports canadiens et attendre 79 jours car les Américains se faisaient passer pour des visiteurs.

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grande puissance. Réduite à choisir, ou à ne pas choisir, entre la prudence d'une négociation incertaine et le quitte ou double d'un commando aventureux ? Dans les deux cas, l'Amérique sortait de son rôle de puissance planétaire.»134

Au plan interne, il faut souligner que cette crise a agi sur l'avenir politique du président Carter135. Il a perdu toute popularité aux yeux de ses compatriotes. Cela lui a valu son échec aux élections de novembre 1980 au profit Ronald Reagan. Il a rencontré des difficultés au sein même de sa propre formation politique, divergences liées à sa politique intérieure qu'extérieure. Venant compliquer les choses, une opération militaire menée en avril 1980 pour sauver les otages se termina par un fiasco. Sur les huit hélicoptères envoyés, trois tombèrent en panne, et la mission fut annulée. Mais, alors que les avions de transport évacuaient la zone, l'un d'entre eux entra en collision avec l'un des hélicoptères, causant la mort de huit soldats américains dans le désert iranien136.

Tous les jours, de par les medias, les Américains suivaient le sort de leurs diplomates. Cette crise des otages prit rapidement la dimension d'un traumatisme national qui facilita la victoire de Ronald Reagan sur M. Carter à l'élection présidentielle de novembre 1980. Qu'un pays en développement du Proche-Orient inflige aux Etats-Unis d'Amérique une telle humiliation était chose rare. Une indignation réciproque monta alors. Le conflit géopolitique, qui s'annonçait déjà pendant les dernières années du règne du Shah, acquit une forte dimension émotionnelle.

2- L'isolement de l'Iran

En réponse à la prise d'otages, le Président des États-Unis d'Amérique Jimmy Carter applique immédiatement des pressions d'ordre économique et diplomatique à l'égard de l'Iran : les importations de pétrole iranien sont stoppées le 12 novembre, un grand nombre de ressortissants iraniens sont expulsés des États-Unis d'Amérique et

134 Jean-François REVEL, «Hors la loi ?» publié le 24 novembre 1979 sur http://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMEve?codeEve=128, consulté le 25 Septembre 2015

135 Il se disait que la prise des 'otage est la marque de son incompétence et son laxisme quant à la gestion des affaires d'Etat. Les arguments de Ronald Reagan ont valu sur lui. Il a donc échoué à l'élection présidentielle.

136 http://www.monde-diplomatique.fr/2015/03/PARSI/52708

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d'importants fonds iraniens se trouvant dans les banques américaines sont gelés le 14 novembre.

Le 15 novembre, moins de dix jours après la démission du premier ministre Mehdi Bazargan, qui s'était plaint des « comités Khomeiny », Khomeiny fait adopter par l'Assemblée des experts le texte de la nouvelle Constitution de l'Iran. En janvier 1980, les partisans modérés de l'Ayatollah Chariat Madari sont arrêtés et fusillés : Khomeiny détient dorénavant tous les pouvoirs.

Le régime de Khomeiny partageait l'ambition du Shah de faire du pays un leader régional. Mais il voulait parvenir à cet objectif en se servant de l'islam politique pour s'assurer un soutien populaire dans le monde musulman. S'opposant à une alliance avec les Etats-Unis d'Amérique ou l'Israël, Téhéran se plaçait sur une trajectoire directe de collision avec Washington. Ce qui joua en sa défaveur. Les iraniens devraient dans une perspective immédiate s'attendre à une réplique de la part des Etats Unis d'Amérique. Le gouvernement Reagan chercha à vaincre et à punir les révolutionnaires iraniens, pour les humiliations subites. Ainsi, il est définitivement mis fin à leur coopération économique et stratégique et à leur relation diplomatique et politique ?

L'évènement majeur ayant déclenché d'adoption d'un ensemble de sanction économique appliqué de façon durable reste cette prise d'otage réalisé au sein de l'ambassade américaine en Iran par un groupe d'étudiant musulman partisan de la ligne de l'imam Khomeiny le 4 novembre 1979. Cette crise des otages, entraina le gel de 4 milliard d'avoir iranien incluant notamment de nombreux dépôt bancaire et de l'or137.

En soutien à leur allié enfin dans les domaines qui suivent la prise des otages plusieurs pays amis des Etats Unis prennent contre l'Iran des mesures analogues à celles d'adoptés par Washington. Les 9 étapes alors membres de la communauté économique européen en décide ainsi le 18 mai 1980, alors d'une réunion de leur ministre des affaires d'extérieur à Naples.

137 Plusieurs pays européens et non européens comme le Japon ont également exprimé leur souhait de limiter leurs échanges commerciaux avec l'Iran.

Les États-Unis d'Amérique et l'Iran n'entretiennent plus de relation diplomatique formelle depuis le 7 avril 1980. Washington y poursuit néanmoins indirectement sa représentation par l'entremise de l'Ambassade suisse en Iran depuis le 24 avril 1981138. De son côté, Téhéran entretient une délégation à l'Ambassade pakistanaise à Washington depuis 1993 au sein de la division des intérêts iraniens alors qu'avant cette année, l'Iran était représenté par l'Algérie avant qu'Alger ne cesse ses relations formelles avec la République islamique. De plus, l'Iran maintient une délégation au siège de l'ONU à New York.

Cette prise d'otages avait notamment été, motivé par une volonté de manifester un soutien à l'imam Khomeiny, ainsi qu'à la suite de l'indignation soulevée par le départ du Shat aux Etats Unis enfin de soigner son cancer, alors que certains groupes souhaitaient qu'il reste en Iran pour y être jugé. La situation n'en reste pas moins bloquée et c'est seulement le 19 juin 1981, à la veuille de la prise de fonction du Président Reagan et à la suite d'une longue négociation menée à l'aide du gouvernement Algérien, un accord intervient à Alger entre l'Iran et les Etats Unis en vue de la libération des otages et du règlement de l'ensemble des contentieux existant entre les deux pays. Au total la crise a duré plus d'un an. Cette situation a mis en exergue combien la révolution Iranienne est déterminée à atteindre le rêve du « Guide Khomeiny ». Comment conquérir la région du Golf et s'imposer voilà le prochain combat de Khomeiny

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138 U.S. Department of State, Iran (02/01/12), mis en ligne le 1er février 2012, http://www.state.gov/outofdate/bgn/iran/196733.htm, consulté le 20 novembre 2012.

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Chapitre II : LA REMISE EN CAUSE DES INTERETS AMERICAINS DANS LE GOLFE PAR LA MONTEE EN PUISSANCE DE L'IRAN

La surface économique d'un pays qui se veut puissant et imposant ne se limite pas à ses frontières naturelles et fixes, elle va au-delà. Khomeiny avait très bien cerné cette assertion. L'émancipation de Khomeiny des Américains touche directement les intérêts économiques et géopolitiques de Washington, dans la région du Golfe Persique. Le Guide rêve très grand, étendre son champ hégémonique au-delà de ses frontières propres et la guerre avec l'Irak intervient dans ce contexte.

I-LA REVOLUTION IRANIENNE : UNE MENACE IDEOLOGIQUE ET CULTURELLE CONTRE LES ALLIES AMERICAINS DU MOYEN-ORIENT

Les voisins iraniens du Golfe sont les premières victimes de l'ambition expansionniste de Khomeiny, notre l'analyse portera sur le rêve du Guide : les moyens techniques et idéologiques mis en jeu et la frayeur que cette `'folle» ambition va occasionner dans toute la région.

1- L'ambition régionale de Khomeiny

Khomeiny a pris le pouvoir sous le double signe du nationalisme et de la religion. Sa force a été de pouvoir utiliser tout un réseau qui servait, depuis des siècles, de force conservatrice au service d'une société d'oppression et d'exploitation, celui du clergé chiite139, pour encadrer une mobilisation massive et profonde des couches populaires lancées à l'assaut de la dictature. Dès l'instauration de la République islamique en 1979,

139Définition par Professeur Konin Severin, Département d'histoire Université de Cocody. Le chiisme (ou chî?isme) constitue l'une des trois principales branches de l'islam avec le sunnisme et le kharidjisme. Il regroupe environ 10 à 15 % des musulmans, dont 90 % de la population iranienne. Les chiites sont souvent appelés péjorativement sous le nom de Râfidhites. Les religieux chiites, qui forment une hiérarchie décentralisée, se sont organisés en Iran avec l'adoption de l'Islam chiite comme religion d'Etat au XVIème

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François Thual fait remarquer que le clergé iranien cesse d'être le contre-pouvoir qu'il était au cours du 19e siècle. « Il n'est plus en recul, comme sous la dynastie des Pavlavi ; il est au sommet de l'Etat. Il sera bientôt un pouvoir absolu »,140

Sa force a été de pouvoir utiliser une idéologie réactionnaire, moyenâgeuse, comme drapeau d'une révolte populaire contre l'oppression, l'injustice et la tyrannie. Il a joué sur les préjugés religieux largement répandus et anciens. Mais il a joué aussi sur les aspirations à la liberté et à la justice.

Khomeiny a aussi triomphé parce qu'il a apporté aux pauvres un sentiment de revanche sociale. Le régime a mis ceux qu'il appelle les « déshérités » au premier plan de sa propagande. C'est parmi les chômeurs, les misérables, qu'il a recruté ses miliciens, les militants de ses comités. Ce n'est certes pas pour autant que la population détenait le moindre pouvoir, mais ces positions ont apporté sans doute, en tout cas à une partie d'entre elle, la satisfaction d'être au moins considérée.

Aux pauvres, il a apporté aussi un sentiment de revanche politique. Il est devenu l'incarnation du défi des masses populaires d'Iran à la première puissance mondiale ; les États-Unis d'Amérique. Alors le Guide espérait étendre davantage la Ouma141 et sa domination sur toute la péninsule arabique.

De plus, Carter promulgua ce qui est couramment appelé la doctrine Carter lors du discours sur l'état de l'Union du 23 janvier 1980 en affirmant qu'une « tentative par une force extérieure pour prendre le contrôle de la région du golfe Persique sera considérée comme une attaque contre les intérêts vitaux des États-Unis »142. Même si ici, le discours vise clairement l'Union Soviétique, mais aucun autre prétendant à cette partie du monde ne doit être toléré par les Américain, dont l'Iran.

140 François THUAL Géopolitique du chiisme, Paris, Arléa, 1995, p.41

141 C'est la communauté des musulmans, la nation islamique, mais là, Khomeiny ne prend pas en compte toute la communauté musulmane, mais les Chiites, groupe opposé aux sunnites.

142 Jimmy CARTER Library, Jimmy CARTER State of the Union Address 1980, 23 janvier 1980, en ligne, http://www.jimmycarterlibrary.gov/documents/speeches/su80jec.phtml, consulté le 27 novembre 2012.

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Mais la réorientation de la politique étrangère iranienne ne concerne pas seulement, loin de là, les relations avec Washington. Téhéran en a depuis longtemps défini les axes stratégiques, dictés par ses intérêts régionaux et par la prise en compte des rapports de forces plus que par l'idéologie.

Les progrès militaires de l'Iran sur la scène régionale depuis dix ans sont impressionnants. Il a agi avec beaucoup d'habileté et de réalisme dans ce domaine, le deuxième en importance aux yeux des dirigeants après le domaine militaire. Plusieurs centres de recherche spécialisés se sont créés autour du Conseil de discernement des intérêts supérieurs du régime et du ministère des affaires étrangères. Depuis 1997, le Centre des recherches stratégiques, fondé en 1989 sous la tutelle de ce conseil, produit en permanence des rapports destinés aux dirigeants sur des questions-clés. Très éloignées du ton de la propagande officielle, les analyses qui y sont développées relèvent de la stratégie plutôt traditionnelle, et la revue n'hésite pas à faire appel à des spécialistes étrangers.

L'Iran manoeuvre dans un environnement compliqué en faisant preuve d'une grande souplesse. Sur le front oriental, le Pakistan est sa principale source d'inquiétude143. Son rôle en Afghanistan, son alliance avec les Etats-Unis d'Amérique, l'abri qu'il offre aux islamistes les plus radicaux, sans parler de son arme nucléaire, le préoccupent, de même que l'instabilité née de ses engagements hégémoniques.

2- Les moyens de lutte de la révolution.

Le premier des moyens sur lequel compte le Guide pour étendre son hégémonie reste la religion. Et cela est bien mentionné dans l'article 152 de la Constitution iranienne, montrant ainsi la voie d'une action en direction de l'ensemble des fidèles du monde musulman : la République islamique d'Iran se doit de défendre « les droits de tous les musulmans ». Dans cette optique, la théocratie iranienne s'est très vite lancée,

143 Le Pakistan procède l'arme nucléaire et a de très bons rapports avec les américains, il devient dès lors ennemis de la République Islamique d'Iran.

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dans une politique qui visait à faire de l'Iran le leader du monde musulman ou tout au moins de plaire au plus grand nombre de musulmans possibles. Déjà, le 14 février 1989, par la fatwa condamnant à mort Salman Rushdie 144 , l'Ayatollah Khomeiny avait contribué à frapper l'esprit des masses musulmanes. Alors que les religieux sunnites restaient étonnamment silencieux, l'Iran se drapait dans le rôle de défenseur de l'Islam offensé.

En effet, il se croyait doté d'une mission divine celle de rependre la religion musulmane, l'islam. Il sait pouvoir compter avec le Moyen Orient, car la majorité de la population est musulmane. Ensuite, il va se baser sur les différentes tendances de l'Islam pour la progression de son mouvement notamment sur les Chiites, population majoritaire en Iran (99 %). Il érige une propagande sur la division du monde musulman. En effet, l'influence de l'Iran et son interprétation révolutionnaire du Chiisme au sein du monde arabe peut se comprendre par l'histoire de ce courant au Moyen-Orient. Les descendants de l'imam Ali et dernier Calife, gendre de Mahomet ont toujours été marginalisés et exclus de la succession du prophète145.

Ainsi, la domination Sunnite contraint les chiites à se soumettre au pouvoir Kalifal et parfois même à se réfugier dans les enclaves montagneuses. Un tel isolement ne fit que renforcer la doctrine religieuse du chiisme. La théorie de ?l'imam caché" (imam Zaman), lequel apparaîtra à la fin des temps afin de délivrer les déshérités (Mostazafin), agit comme référence symbolique contre le monde des dominants assimilés au monde sunnite.146 L'Iran en établissant cette doctrine religieuse, au moyen de la révolution islamique se présente comme une alternative. Alors pour l'exportation, Khomeiny, va donc utiliser les symboles du chiisme comme celui des martyres par exemple pour servir sa cause.

144Ahmed Salman RUSHDIE est un essayiste et romancier britannique d'origine indienne, né à Bombay le 19 juin 1947. Son style narratif, mêlant mythe et fantaisie avec la vie réelle, a été qualifié de réalisme magique. Objet d'une fatwa de l'Ayatollah Rouhollah Khomeiny à la suite de la publication de l'ouvrage Les Versets sataniques, il est devenu un symbole de la lutte pour la liberté d'expression et contre l'obscurantisme religieux (dans les médias occidentaux principalement, la personnalité étant critiquée dans de nombreux pays).

145 Selon les chiites Ali devaient être le successeur direct du Prophète de l'Islam, Mohamed, mais celui-ci fut exclu injustement. Mais Ali devient 24 ans après le quatrième Calife de l'islam, il mourût en 661.

146Kouassi Roger DJANGO, les relations politiques Iran-Usa 1979 -1998, Mémoire de Licence 2007.

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Grand pédagogue il jouait bien sur la conscience des citoyens, l'Imam s'est dit qu'il devait revivifier les réalités oubliées de l'Islam, il brandit sur ses bras l'esprit de la justice de la sainte religion, il rappela aux esprits le refus de l'Islam de la discrimination, de l'aristocratie et de la différence dans les couches sociales. Pour lui il n'y avait pas de distinction possible entre la religion et l'Etat, car pour lui, pour pouvoir renforcer leur hégémonie sur les nations musulmanes et faire main basse sur leurs richesses naturelles, les puissances occidentales se sont vues obligées de séparer de l'Islam sa dimension politique, et de définir l'Islam dans le sens de soumission devant les événements, devant les occupants et devant l'ennemi tyrannique et puissant.

La jeunesse iranienne était aussi à sa solde, comme tout bon leader, le Guide avait une popularité très précieuse chez les jeunes. Il leur inculquait la voie révolutionnaire, pour lui c'est par cette seule voie que la révolution peut être exportée. En clair, pour exporter la révolution, Khomeiny ne néglige aucun moyen. C'est ce dernier moyen qui inquiète les voisins abritant des communautés chiites comme l'Irak, le Liban, le Bahreïn, le Koweït etc.... alliés des Américains. En ce qui concerne le peuple, la plus grande oeuvre de l'imam Khomeiny a été de lui montrer la notion de la démocratie contrairement à celle de l'occident.

Les Occidentaux essayaient de suggérer que la démocratie n'était pas compatible avec la théocratie et la religion. Tous ces agissements et planifications de Khomeiny créent chez ses voisins des inquiétudes.

3- L'inquiétude des alliés américains du Golfe

Le golfe Persique est un golfe de l'océan Indien qui sépare l'Iran (l'ancienne Perse) de la péninsule Arabique et s'étend sur une superficie d'environ 251 000 km2.147 Les pays qui bordent le golfe Persique sont : l'Iran au nord-est, l'Irak, le Koweït, l'Arabie saoudite,

147Brigitte DUMORTIER, Philippe CADENE, PUPS/RFI Atlas des Pays du Golfe, , 2011 Le Golfe Persique : introduction bibliographique, Mohammad Reza Djalili, Institut universitaire de hautes études internationales, Centre asiatique, Genève, 1979.

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à l'ouest, Bahreïn, le Qatar et les Émirats arabes unis au sud et à l'est. Ces pays sont tous de grands producteurs du pétrole.148

Khomeiny lance une campagne pour « exporter » la révolution dans les pays musulmans environnants. Sa provocation à l'égard de l'Irak en plus à sa prétention sur certaines régions pétrolifères de la région, poussent le Président de l'Irak, Saddam Hussein à prendre des précautions de défense. Depuis la révolution islamique Khomeyniste contre le Shah en 1979, l'Iran est perçu par la plupart des pays du Moyen Orient allié des Etats-Unis d'Amérique comme une menace, surtout l'Arabie Saoudite.

En effet, le régime des Mollahs effectivement installés149inquiète les monarchies pétrolières du Golfe notamment les pays comme l'Arabie-Saoudite, le Koweït, le Bahreïn, l'Irak. C'est pourquoi Saddam Hussein, redoutant l'ascension de Khomeiny et son regain de popularité dans le monde musulman va commencer à se méfier. Khomeiny qui aurait selon eux pour ambition de déstabiliser ces pays à cause de leur collaboration avec les Etats-Unis d'Amérique.

C'est ainsi que les monarchies du golfe vont consolider la stabilité de leur régime sur la base de leur amitié avec les Etats-Unis d'Amérique. Mais il faut remarquer que le Shah leur faisait obstacle pendant son règne .Après sa chute, les Américains ont intensifié leurs relations avec ses monarchies, afin de mieux veiller sur leurs intérêts dans la région. Car si l'Iran arrive à prendre le dessus, ce serait la fin hégémonique des Américains dans la zone. Ils vont donc développer des relations très poussées avec ces monarchies. Ces monarchies sont victimes de la trop grande haine de Khomeiny contre les sunnites. C'est pour toutes ces raisons que ceux-ci soutiennent l'Irak. Dès cet instant il devient l'ennemis pour le pouvoir chiite de Téhéran.

148 La ressource quasi exclusive du golfe Persique est le pétrole. Les plus grands pays du golfe Persique sont regroupés dans l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et contrôlent l'acheminement grâce aux pétroliers géants, ou par des oléoducs en liaison avec la Méditerranée et la mer Rouge, permettant d'éviter le passage par le détroit d'Ormuz et le canal de Suez. Cela entraine une forte pollution, on estime en 2000 à 1,14 millions de tonnes de pétrole par an déversé par 40 % des 6 000 pétroliers qui transitent chaque année par le détroit d'Ormuz.

149 Pouvoir du clergé : pouvoir en Iran, l'affaire des guides religieux.

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Il va menacer tous ces régimes d'exporter sa révolution et même remettre en cause la monarchie sunnite Saoudienne garante des terres saintes de l'Islam .Par la peur de voir leurs jeunesses se laisser pénétrer par la « haine » et les idéaux de Khomeiny, ceux-ci pour leur défense mettent en place le Conseil de Coopération du Golfe (CCG), en 1981 pour combattre Téhéran. Khomeiny accentue alors sa critique contre ces pays, il leur reprocha de s'être trop éloignés des préceptes de l'Islam et d'être des alliés des Américains et d'Israël : source de malheur et de perdition pour le peuple musulman.

C'est pour manifester et décrire toutes ces pratiques que le pèlerinage à la Mecque de 1987 a connu un « sort » dramatique. Sous la conduite des gardiens de la révolution, les pèlerins iraniens organisent une manifestation à Médine le 27 Juillet 1987 et occupent l'une des avenues principales menant à la grande mosquée de la Mecque 4 jours plus tard. Brandissant des banderoles, criant des slogans, agitant des portraits du guide de la révolution islamique et dont certains seraient munis de couteaux, les iraniens foncent sur la garde nationale saoudienne postée aux abords immédiats de la grande mosquée. Celle-ci cède à la panique et fait usage d'armes anti-émeute pour disperser les manifestants.

Le bilan est lourd 402 morts dont 235 Iraniens et (650 blessés) les blessés atteignant pour leur part le nombre de 650, selon les sources officielles Saoudiennes. Les autres morts sont des Saoudiens 85 et 42 pèlerins pour d'autres pays. Les iraniens quant à eux dénotent 600 morts : 350 morts iraniens et 5000 blessés. Suite à tous ces événements, les saoudiens ont rompu toute relation diplomatique avec l'Iran le 26 Avril 1988. Le Bahreïn et le Koweït ont échappé à leur tour à un renversement de leur régime par Khomeiny. Celui du Bahreïn en 1981 et celui du Koweït en 1985.150

150 Blandine LACAIN « A la Mecque, la série des drames de pèlerinage avait cessé depuis 2006 » Paris, figaro 2015, p 8

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II-LA GUERRE IRAN-IRAK (1980-1988) : COMME UNE GUERRE DE

POSITIONNEMENT DES AMERICANS.

Le 22 septembre 1980, l'Irak laïc du Saddam Hussein attaque l'Iran islamique de l'imam Khomeiny, avec les encouragements des Occidentaux et bien sûr des autres pays arabes. Les uns et les autres veulent profiter de l'affaiblissement apparent du régime khomeyniste pour lui donner le coup de grâce. La guerre dure huit ans et fait un million de morts. Elle a pour principal effet de ressouder le peuple iranien autour des mollahs ainsi que de relancer le conflit pluriséculaire entre Perses et Arabes, chiites et sunnites.

1- Les causes de la guerre : l'expression du containment arabe contre la révolution islamique d'Iran

Les incriminations des pays arabes contre le pouvoir de Téhéran sont plurielles. Se référant à ses discours révolutionnaires et sa politique en Irak, au Liban et en Palestine, certains dirigeants arabes accusent la République islamique d'ingérence dans les affaires arabes. D'autres soupçonnent l'Iran d'oeuvrer à la formation d'un « Arc chiite » qui menace les pouvoirs sunnites. Cette guerre ouverte par l'Irak représente en quelque sorte pour ces pays voisins, le symbole du rejet et du mécontentent avec le pouvoir Chiite de Téhéran.

Les raisons lointaines de cette guerre prennent leur source dans les tracées de la frontière entre l'Iran et l'Irak. Cette frontière est le fleuve Chatt-Al-Arab qui les sépare. Ce fleuve prend sa source en Turquie et borde sur une distance de 90 kilomètres l'Iran. Ce fleuve qui était un lieu d'échanges pendant l'époque islamique est devenue au XXe siècle le grand fleuve pétrolier du monde. Il représente pour l'Irak, la seule ouverture sur la mer. C'est pour cela que le partage de ce fleuve ne satisfait pas les deux pays. Depuis le début du XXe siècle, plusieurs traités ont été signés entre les deux pays pour leur différend. Au

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titre des traités, nous notons celui de Constantinople en 1913 qui avait divisé le fleuve par les eaux basses de la Perse. Ce traité favorise l'Iran.

Outre les revendications territoriales, des différends politiques sont également à l'origine du déclenchement de la guerre Iran-Irak. Dans une perspective régionale, les pays arabes producteurs de pétrole voient d'un mauvais oeil la révolution islamique iranienne de 1979 qu'ils considèrent comme un facteur de déstabilisation économique, politique et social de la région. À cela s'ajoute la méfiance de Bagdad envers son voisin iranien qui appuie le groupe irakien chiite Al-Dawa, opposé au gouvernement bassiste de Saddam Hussein

Dans un article intitulé « Un nouveau calife à Bagdad », l`écrivain et journaliste Français François Schlosser, nous retrace les motivations qui ont poussé Saddam Hussein à s'attaquer à Téhéran « ...Prudent, avisé et calculateur, pourquoi a-t-il (Hussein) pris le risque de cette guerre ? D'abord, parce qu'il fallait, de toute manière, pour restaurer l'Irak dans ses dimensions historiques, lui rendre ces petits bouts de territoire que le chah d'Iran, quand il était au sommet de sa puissance, lui avait arrachés. Ensuite, parce que le nouveau régime islamique de Téhéran, depuis des mois, appelait les chiites irakiens à la révolte. C'était pour l'Irak, dont la majorité de la population est de rite chiite, un danger mortel. Et sur cette question, Saddam Hussein ne badine pas (...) En prenant ces objectifs à son compte, Saddam Hussein se taille, à coups de canons, un profil de grand dirigeant arabe, tout en réalisant sur le terrain son propre dessein national. Reste à savoir si les dirigeants irakiens n'ont pas sous-estimé la capacité de résistance de l'ancien géant militaire iranien. Et si la fortune des armes finit par sourire vraiment à Saddam Hussein, beaucoup dépendra de la manière dont il saura se dégager de cette guerre, c'est-à-dire la terminer151

Les rivalités entre le chiisme et le sunnisme ont créé depuis des siècles, une guerre froide persistante entre l'Iran et son voisin du sud, l'Arabie saoudite. En effet, la religion Musulmane se compose de plusieurs courants. Les deux principaux sont le sunnisme

151Josette ALIA, Pierre BLANCHET, « Pourquoi Khomeiny défie Carter» Le Nouvel Observateur, 29 septembre 1980, p. 24.

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(80% des fidèles) et le chiisme (15%)152. La majorité des pays arabes est sunnite tandis que les chiites sont majoritaires en Iran, en Irak ainsi qu'au Yémen. L'Iran et l'Arabie saoudite représentent des leaders de ces courants.

Dans les années 1980, le royaume avait soutenu ouvertement le régime de Saddam Hussein dans sa guerre contre l'Iran, et en 1987 à la Mecque, la police avait ouvert le feu sur des pèlerins qui manifestaient contre les Etats-Unis d'Amérique et l'Israël, tuant plus de quatre cents d'entre eux, dont deux cent cinquante Iraniens.

En 1979, la chute du Shah d'Iran et l'embargo américain sur les livraisons d'armes, causé par la crise des otages, affaiblissent considérablement l'armée iranienne. À l'opposé, l'Irak est à l'apogée de sa puissance politique et militaire. La situation se dégrade le 17 septembre 1980 lorsque Saddam Hussein dénonce l'accord d'Alger de 1975, prévoyant la libre navigation sur le Chatt al-Arab153. Cette position ravive un vieux différend territorial entre les deux pays. En effet, le tracé de la frontière a fait l'objet d'innombrables accords ou arrangements entre l'Empire ottoman et la Perse puis entre l'Iraq et l'Iran. Le dernier en date est l'accord d'Alger (1975)154 élaboré sous la houlette de Houari Boumediene. Cet accord spectaculaire veut marquer une réconciliation entre monde persan et monde arabe. La délimitation reprend les tracés antérieurs (sur le Chatt, le tracé de la frontière est celui du talweg)155. Bagdad accepte car dans le même temps l'Iraq rencontre des difficultés avec les Kurdes, et le Shah, en contrepartie, doit cesser toute aide aux Kurdes irakiens.

En fait l'accord n'a jamais été vraiment accepté par l'Iraq, Il fut contesté en 1980 par l'Iraq, qui déclara la guerre à l'Iran le 22 septembre 1980, le président Saddam Hussein décide alors de porter un coup décisif à l'ennemi iranien en envahissant le

152La répartition entre ces deux courants apparaît clairement sur la carte du Moyen-Orient

153Le Chatt el-Arab, ou « rivière des Arabes », suit la frontière Iran-Iraq sur 90 km. C'est depuis toujours une frontière politique, historique et culturelle entre deux empires (l'ottoman et le perse) et deux mondes (l'arabe et l'aryen) avec deux légitimités de l'islam, l'une sunnite, l'autre chiite. Le pétrole l'a transformée en voie d'eau essentielle dans les échanges internationaux.

154le 6 mars 1975, à l'issue d'une conférence de l'O.P.E.P. à Alger, Saddam Hussein, alors vice-président irakien, signa un accord avec le Shah par lequel l'Irak accédait aux revendications iraniennes en abandonnant sa souveraineté sur le Chatt al-Arab

155 Encyclopédie Larousse, en ligne, http://www.larousse.fr/encyclopedie/riviere-lac/Chatt_al-Arab/113108

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Khouzistan156. Cette région riche en pétrole est le théâtre d'affrontements violents entre l'aviation et l'artillerie lourde des deux belligérants.

Pour les occidentaux ; le bloc Américain et alliés, inquiets de la naissance de la République islamique iranienne, voyaient en l'Irak un pays qui pourrait évoluer vers la laïcité et le modernisme et faire contrepoids à l'Iran. C'est pourquoi ils ne s'opposent pas dans un premier temps à l'offensive irakienne, allant jusqu'à la soutenir ensuite. C'est en particulier le cas de l'URSS, de la France et des États-Unis d'Amérique.

2- Les manifestations du conflit : le rôle joué par les Américains

Quand Saddam Hussein lançait son offensive il n'avait jamais pensé qu'elle durera 8 ans. Il a estimé que l'Iran est affaibli sur le plan militaire en raison de la révolution islamique de 1979, et que la guerre sera que plus rapide et limitée. Le 22 septembre 1980 : l'Irak déclenche une invasion de l'Iran. Des attaques aériennes simultanées sont menées sur 10 bases aériennes en Iran. Cependant, l'objectif n'est pas atteint, puisque l'aviation aérienne n'est pas complètement détruite comme escompté. Les irakiens envahissent l'Iran sur trois fronts terrestres, sans engager toutes leurs forces car ils pensent que la guerre sera de courte durée. Au nord, ils occupent Qasr-e Shirin. Plus au sud, ils visent des points stratégiques dans le Khuzestan : Mehran, Dezful, Khorramshahr et Abadan dans la région du Chatt al-Arab tombent en octobre.

En réalité, l'attaque de l'Irak galvanise la population iranienne de toutes souches et classes sociales, qui s'engage dans l'armée. Saddam Hussein doit ainsi réviser ses prévisions de succès rapide, d'autant plus que la guerre s'enlise. Le 28 septembre 1980 : le Conseil de Sécurité des Nations-Unies appelle les deux Etats à ne plus faire usage de la force d'où la résolution 479.

Cette résolution était très mal vue des Iraniens, car elle ne demandait pas le retrait des troupes Irakiennes du territoire ennemis. Là les Iraniens y voient une main

156Est une des 30 provinces d'Iran. Elle est située au sud-ouest du pays, aux confins de l'Irak et du Golfe Persique. Sa capitale est Ahvaz et elle couvre une surface de 62 238 km2

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occidentale surtout celle des américains à vouloir à tout prix évincer le pouvoir de Téhéran. L'Irak se dit prêt à négocier en échange de la reconnaissance de ses revendications territoriales. Mais après une année de guerre de décembre 1980 à décembre 1981, les positions des deux armées n'évoluent pas, et les Iraniens refusent de négocier avec l'Irak a la fin des combats.

Les irakiens ne connaissent pas le succès face à la forte résistance des iraniens. De plus, les erreurs tactiques du commandement et les difficultés rencontrées pour se servir de systèmes d'armes nouveaux expliquent aussi le succès en demi-teinte de l'invasion irakienne. Fin 1981, l'armée iranienne réussit à reprendre Abadan et ce succès se poursuit par la reprise en mars 1982 du centre du pays. L'armée irakienne fuit et des milliers de soldats sont faits prisonniers. Fin mai, la ville de Khorramchahr est reprise par les Iraniens. En revanche, l'armée irakienne maintient ses positions dans le nord. Saddam Hussein décide alors de respecter la demande de cessez-le-feu votée le 12 juillet par le Conseil de sécurité des Nations unies tandis que les Iraniens le refusent et poursuivent les combats : à l'été 1982, l'armée iranienne mène des incursions en Irak.

Saddam Hussein pouvait compter sur l'aide Américaine. Pour le commun des iraniens, surtout la classe dirigeante pense que le président irakien a attaqué l'Iran sur ordre de la Maison Blanche. Les 19-20 décembre 1983 : visite de Donald Rumsfeld à Bagdad. Cette visite est un premier pas des Américains afin de restaurer des relations diplomatiques normales entre les Etats-Unis d'Amérique et l'Irak. Après cette date, les américains augmentent leur soutien à l'effort de guerre irakien. La CIA vend ou facilite la vente d'armes aux irakiens via la Jordanie, le Koweït, l'Arabie Saoudite ou l'Egypte.

Par la suite, les États-Unis d'Amérique ont fourni des données opérationnelles afin d'aider à la planification des attaques irakiennes, en somme Washington a soutenu l'effort de guerre contre l'Iran. Cet appui s'est intensifié au fil des années. En 1986, non seulement les États-Unis d'Amérique fournissaient aux Irakiens des renseignements de première importance.

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A partir de cette période, l'Irak bloque les installations pétrolières d'Iran : en août 1982 l'île de Kharg comportant le terminal pétrolier le plus important d'Iran est bloqué et les pétroliers iraniens sont également attaqués. De son côté, l'Iran poursuit la guerre terrestre, notamment vers Bassorah, ville d'Irak située sur le Chatt al-Arab. En 1984, l'Irak menace de bombarder des villes iraniennes si les forces armées de Téhéran lancent de nouvelles offensives. Le gouvernement de Téhéran n'est pas impressionné et lance de nouvelles offensives, qui vont déclencher la période appelée « Guerre des Villes », durant laquelle les deux parties lancent des attaques aériennes et des missiles sol-sol sur leurs villes frontalières respectives. Les pertes civiles sont très nombreuses des deux côtés pendant cet épisode de la guerre.

Cette même année, les Iraniens lancent la guerre des pétroliers et arraisonnent plusieurs tankers koweïtiens, le Koweït ayant apporté son soutien à l'Irak dans cette guerre contre l'Iran. Les attaques contre les pétroliers provoquent la demande d'aide du Koweït auprès des grandes puissances, dont les États-Unis d'Amérique, qui refusent dans un premier temps. La demande d'aide à l'Union Soviétique provoque cependant en mai 1987 l'intervention des États-Unis d'Amérique, qui assurent la protection des navires koweïtiens en les plaçant sous pavillon américain.

Le 25 avril 1985 : le conseil de sécurité des Nations Unies se déclare « consterné » de l'utilisation d'armes chimiques contre les forces armées iraniennes en mars 1985. En, 1987 : l'Iran se retrouve de plus en plus isolé sur la scène internationale à cause de son attitude offensive. La même année, le soutien des Américains aux irakiens s'intensifie : des conseillers militaires sont envoyés à Bagdad pour aider à la planification des attaques irakiennes ; des navires américains supplémentaires sont engagés dans le Golfe Persique157

157 Frédéric JORDAN «L'écho du champ de bataille» publié samedi 7 avril 2012 http://lechoduchampdebataille.blogspot.com/2012/04/guerre-conventionnelle-retour-sur-le.html, , consulté le 30 Avril 2013.

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Le Conseil de Sécurité des Nations Unies adopte la résolution 598 du 20 juillet 1987, appelant entre-autres, à un cessez-le-feu immédiat. L'Irak approuve la résolution. L'Iran ne la rejette pas, mais ne l'approuve pas non plus. Ils demandent le changement de l'ordre des articles de celle-ci. Dans les points 3 et 4 de la résolution, l'organisation mondiale exprime son inquiétude « Profondément préoccupé de ce que, en dépit de ses appels à un cessez-le-feu, le conflit entre l'Iran et l'Irak se poursuit sans diminuer d'intensité et continue d'entraîner de lourdes pertes en vies humaines et des destructions matérielles, » « Déplorant le déclenchement et la poursuite du conflit ».158

Mieux, l'ONU déplore les crimes injustifiés et la montée de la violence :

« Déplorant également le bombardement de centres de peuplement exclusivement civils, les attaques contre des navires neutres ou des avions civils, les violations du droit humanitaire international et d'autres règles relatives aux conflits armés et notamment l'utilisation d'armes chimiques en contravention des obligations découlant du protocole de Genève de 1925 ».

En dépit de tous ces appels à la retenue, les actions de guerre ne s'arrêtent pas pour autant, mais se font moins nombreuses et au sol. En 1988, l'Irak reprend l'offensive terrestre et récupère plusieurs positions détenues par les Iraniens : Fao en avril, la région de Bassorah159 en mai, le Kurdistan en juin.160L'Iran accepte finalement la résolution 598 de l'ONU.

Devant ces échecs militaires, en raison de la montée des tensions et de la présence américaine dans le Golfe, le 18 juillet 1988, Ali Khamenei, président de la République iranienne (actuellement Guide de la Révolution), accepte la résolution 598 du Conseil de Sécurité de l'ONU. L'Iran est isolé internationalement, se retrouve à court d'armes et a

158S/RES/ 598 du Conseil de sécurité du 20 juillet 1987 relative à la fin des hostilités entre belligérants.

159Bassorah est la seconde ville d'Irak, après Bagdad, la capitale, avec une population estimée en 2008 à environ 2 300 000 habitants. C'est la capitale de la province d'Al-Basra. Principal port du pays, la ville est située sur le Chattel-Arab, estuaire commun des fleuves Tigre et Euphrate, à 55 km en amont du golfe Persique et à 550 km de Bagdad 160 Philippe RONDOT, « Guerre Iran-Irak 1980-1988 », Encyclopédie Universalis 2009.

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subi des attaques lourdes de conséquences, et accepte donc le cessez-le-feu. La situation interne de l'Iran a également changé, et les protestations contre la guerre se font plus nombreuses, menaçant le régime islamique de Téhéran. Le cessez-le-feu prend effet le 8 août 1988 et les combats cessent le 20 août.

3- Le bilan de la guerre

Cette fois ci, l'Iran est en guerre, non pas directement avec les États-Unis d'Amérique, mais avec l'Irak, un autre pays musulman, un autre pays pillé par l'impérialisme. Cette guerre a eu pour effet de stabiliser le régime ; le front, les diverses milices, la bureaucratie de l'État emploient de larges fractions de la population et les religieux. Par ailleurs en répartissant un minimum de moyens de subsistance, ont renforcé le réseau d'assistance sociale autour des mosquées. Mais elle a eu aussi certainement pour effet d'accroître les difficultés et les misères du peuple iranien.

Lorsque les canons se "taisent" enfin Iran et Irak se retrouvent également épuisé. Les pertes économiques cumulées des deux pays se sont évaluées à plusieurs centaines de milliards de dollars. Le bilan humain est lui aussi terrifiant, 300 000 morts pour l'Irak, environ un million pour l'Iran161.Politiquement Saddam Hussein est largement perdant, car non seulement il n'est pas parvenu à faire pilier Téhéran et à faire de l'Irak un hégémon Moyen-Oriental. Mais d'autres part, il est désormais largement débiteur des pétromonarchies du Golfe. Son prestige auprès de la population est alors au plus bas. Sur le plan extérieur en revanche, Saddam Hussein apparaît comme le défenseur des sunnites du Moyen-Orient, et l'Irak se positionne comme une puissance régionale

Le régime iranien lui est ressorti largement renforcé de la guerre avec une légitimation aux yeux de sa propre population (réunie dans un grand élan patriotique) mais aussi auprès des régimes et de groupes politiques militaires favorables à sa thèse. Les Iraniens faisant bloc autour de leur gouvernement et de leur armée face à l'ennemi

161Paul BALTA, Iran-Irak : une guerre de 5000 ans, 1999, Amazon, Paris, 315 p.

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héréditaire : les Arabes sunnites. La Présidence américaine de Ronald Reagan est au passage affecté par le scandale de l'Irangate,162 une livraison illicite d'armes à l'Iran, en dépit de l'embargo sur ce pays. Cela ne fatigue renforcer son rôle de grande puissance perturbatrice dans la zone. Cette guerre déclenchée a suscité en Iran un profond réflexe nationaliste.

Au total, les dépenses militaires, pertes en produit intérieur brut et capitaux non investis ont dépassé 500 milliards de dollars pour les deux pays. L'Iran estime officiellement à 300 milliards de dollars le prix de la reconstruction de son économie. L'Irak, pour sa part, l'évalue entre cinquante et soixante milliards de dollars.

Le conflit a duré huit ans en faisant plusieurs centaines de milliers de morts .Un bilan sans commune mesure avec tout autre conflit du Moyen-Orient, y compris le conflit israélo-palestinien.

En somme Saddam Hussein a tablé sur une offensive fulgurante, sur une guerre courte qui fera de son Irak bassiste la première puissance du Moyen-Orient. Cette ambition ne résiste pas à la dure réalité d'un conflit acharné, l'un des plus dévastateurs du XXème siècle, qui ne dure que 8 ans. Guerre complexe par ses enjeux et ses acteurs. La guerre Iran-Irak qui transcende le cadre classique de la guerre froide, aura un impact profond sur toute la région du Golfe Persique et au-delà.

162L'affaire Iran-Contra ou Irangate, nommée ainsi en souvenir du scandale du Watergate) est un scandale politique survenu aux États-Unis dans les années 1980.L'affaire est toujours voilée de secrets et il est difficile de découvrir les faits. Plusieurs membres de l'administration Reagan ont vendu illégalement des armes à l'Iran, qui était un ennemi avoué des États-Unis, utilisant les profits pour financer secrètement, et malgré l'opposition du Congrès des États-Unis1,2, les Contras, un mouvement contre-révolutionnaire nicaraguayen de lutte armée regroupant les opposants au gouvernement sandiniste de Daniel Ortega. Dans le cadre de la Guerre froide, il s'agit pour l'administration Reagan de renverser un régime considéré comme communiste3 et situé dans ce que les États-Unis considèrent comme leur zone d'influence.

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CHAPITRE III : LES AMBITIONS NUCLEAIRE DE L'IRAN : UNE POMME DE

DESCORDE

La volonté de l'Iran de se doter de l'arme nucléaire est avant tout le résultat de la guerre contre l'Irak (1980-1988), qui a beaucoup marqué le nouveau régime iranien issu de la révolution islamique de 1979. La montée en puissance militaire d'Israël filleul des Etat Unis d'Amérique, son grand ennemi, motive également Téhéran et ses alliés, la Syrie et la Libye, à se doter de l'arme nucléaire, à partir de 1985. Cette ambition de l'Iran peut aussi se voir comme une volonté de se hisser dans la « cour des grands »163, celles des pays dotés de la puissance nucléaire, afin de peser davantage sur les scènes régionales et mondiales.

I- LES CRAINTES DES ALLIES DE WASHINGTON AU MOYEN

ORIENT

Dans cette partie nous aborderons dans un premier lieu, l'historique du nucléaire iranien ensuite ce qui forge cette ambition de l'Iran à se doter d'une arme nucléaire et enfin les atouts et visée géopolitiques du nucléaire iranien.

1- L'ambition nucléaire de l'Iran

En Iran, l'énergie nucléaire est considérée comme nécessaire pour une nation où l'industrialisation est croissante et une population à forte croissance démographique (la population a plus que doublé en vingt ans).

L'Iran aussi souhaite diversifier ses sources énergétiques, les réserves fossiles devant se tarir un jour. Les ressources pétrolières de l'Iran sont actuellement estimées à 133 milliards de barils. Cela représente une consommation de 74 à 89 ans au rythme courant d'extraction de 1,5 à 1,8 milliard de barils par an si aucune nouvelle réserve n'est découverte. L'Iran soulève aussi la question financière, soutenant que développer la

163 Posséder cette arme serait pour l'Iran de rivaliser avec les grandes puissances, et s'imposer dans la région comme une puissance militaire et économique.

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capacité de son industrie pétrolière coûterait 40 milliards de dollars, sans compter le prix des centrales pétro-électriques. Développer une énergie nucléaire coûte seulement une fraction de cette somme. La question de l'indépendance énergétique (le pays importe régulièrement de l'essence et de l'électricité) est aussi à prendre en compte, l'Iran possédant ses propres réserves de minerai d'uranium.

Le DrWilliam O. Beeman, professeur pour le programme d'études du Moyen-Orient de l'Université Brown, qui a passé des années en Iran, dit que la question du nucléaire est centrale dans le discours politique iranien :« Les Iraniens veulent être connus et vus comme un État moderne, en développement, possédant une base industrielle moderne et en pleine croissance. Pendant les derniers siècles, l'histoire des relations entre l'Iran et l'occident a inclus le développement par l'Iran de plusieurs sortes d'avancées technologiques et industrielles afin qu'ils se prouvent à eux-mêmes -et dans un effort pour le prouver au monde entier- qu'ils sont en fait un pays moderne en pleine croissance. »164

La question de l'énergie nucléaire s'insère dans ce contexte. Pour les Iraniens, les États-Unis d'Amérique, essaient tout simplement de les réprimer ; de les garder en retrait et en retard, de faire d'eux une nation de seconde classe. Pour eux, la haine des Américains est liée à leur croyance et foi et surtout au refus de l'ambition impérialiste de Washington. Et cela rend une partie du peuple iranien furieux - pas seulement le clergé au pouvoir, mais aussi la masse populaire. C'est un sujet tellement émotionnel qu'aucun politicien n'osera revoir ses exigences à la baisse.

Dans un long discours à la fois d'hommage au père de la République islamique d'Iran et dénonciateur de l'Occident et ses alliés, le Guide suprême de la Révolution islamique disait ceci « ....Les hommes démunis de toute perspicacité sont rapidement trompés. Même aujourd'hui, il y a dans le monde, des gens sincères qui ont été dupés, qui

164Armes de destruction massive : TOUT SUR LE PROGRAMME NUCLEAIRE CIVIL IRANIEN,17fév, 2010

autrefraternite.com/2010/02/17/armes-de-destruction-massive-tout-sur-le-programme-nucleaire-civil-iranien/, consulté le 16 Février 2015

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n'ont pas pu connaître l'ennemi et qui n'ont pas pu discerner le rang. En Iran, notre vénérable Imam, grâce à la lucidité du peuple sur le fond de son endurance et de sa résistance, a traversé ce chemin et a réussi. Lui-même, il a été le facteur le plus efficace dans la lucidité et la perspicacité du peuple. Là où dans le monde, se passait une lutte, un mouvement, l'homme sincère et dévoué qui avance pour émanciper les masses, doit savoir que cette route ne sera franchie qu'avec la vigilance, la perspicacité, l'endurance et la résistance.

La seconde vérité est que le facteur qui a pu faire réussir le vénérable Imam et notre peuple courageux sur la voie de cette grandiose lutte, furent la perspicacité et l'endurance, comme l'avait dit l'Emir des croyants - béni soit-il - et la raison réside dans le fait qu'aujourd'hui le combat ne s'accomplit pas contre la mécréance absolue et l'associationnisme absolu et que la question n'est pas clair, les rangs ne sont pas bien séparés. Aujourd'hui, la lutte se fait contre l'hypocrisie, la machination, la perfidie, des slogans creux, des mensonges et des fanfaronnades que les haut-parleurs de l'Arrogance répercutent partout dans le monde. Nombreux sont ceux qui posent en avocat des droits de l'Homme et qu'ils mentent. Nombreux sont ceux qui parlent de l'Islam et qu'ils mentent. Leur Islam est celui que préfèrent les leaders de l'Arrogance. Nombreux sont ceux qui parlent de l'égalité et de l'équité parmi les hommes et qu'ils mentent. Par conséquent, le combat en une telle époque est un combat difficile, aussi bien en raison de la puissance de l'argent et la tyrannie de l'Arrogance que pour la puissance propagandiste et justificatrice des mensonges et de l'hypocrisie de l'arrogance et de ses pions.

La troisième vérité est que le monde entier - aussi bien les masses musulmanes et déshéritées que le camp de l'Arrogance - a discerné, a compris que le foyer et l'axe de ce mouvement qui avance aujourd'hui dans le sens des idéaux islamiques, est la République islamique. Par conséquent, en premier lieu, toutes les hostilités se convergent vers nous. Nous distinguons parmi les propos chaleureux et apparemment amicaux, les signes de l'hostilité et de l'inimitié. Nous sommes conscients dans quelle mesure

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l'Arrogance hait la République islamique, vous la nation et ce vénérable Imam. Puisqu'ils le considèrent comme vivant, ils n'ont pas renoncé même d'un iota de leur animosité. Si le camp de l'Arrogance et ses médias et les ennemis de l'Imam pensaient que l'Imam est mort, deux après son douloureux décès, ils ne seraient pas si hostiles envers son nom et lui-même qu'aujourd'hui.

L'Iran islamique, l'Iran de l'Imam, l'Iran de la Révolution est l'axe et le centre du mouvement grandiose des musulmans et dans ce même sens l'axe des animosités. Un tel constat, au lieu de nous affecter, nous rend heureux. Au lieu de nous terrifier nous comble d'espoir, puisqu'il montre que nous sommes puissants et que nous sommes une menace contre les intérêts de l'arrogance, les intérêts des voleurs et des pilleurs. L'animosité de l'arrogance nous assure plus que jamais, le chemin progressiste de la Révolution et constructeur du pays et de la société que nous avons choisi, est juste et correcte. Si nous nous étions engagés, dans notre mouvement contre les intérêts des ennemis de l'humanité et dans le sens des intérêts de la Révolution et du pays, sur un chemin faux, l'ennemi n'aurait pas fait preuve autant d'animosité à notre encontre.

Aujourd'hui toutes les propagandes mondiales, sous différentes formes, nous visent. Il se pourrait que certaines radios, certains appareils médiatiques et propagandistes ne soient pas explicitement contre nous, mais cela ne signifie pas non plus qu'ils soient nos amis. Ils sont conscients que leurs injures explicites à notre encontre ne feraient que nous rapprocher davantage le coeur des nations. C'est pour cette même raison qu'au lieu d'injures explicites, ils portent des accusations. Ils essaient de nous approcher et obtenir notre optimisme ! Ce ne sont que de machinations et de trahisons. »165

Ici « l'arrogant » dont il est question n'est rien d'autre que l'Occident avec pour chef de fil les Etats Unis d'Amérique. Aussi parle-t-il de « leur islam », il fait référence au sunnisme et l'Arabie Saoudite allié des Américains. Pour Khomeiny et la majorité des

165Des extraits des propos du Guide suprême de la Révolution islamique aux cérémonies marquant le deuxième anniversaire du décès de l'Imam Khomeiny (Référence incomplètes).

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Iraniens, l'Arabie Saoudite de par sa relation avec Washington dessert la religion musulmane, pour s'être lié au diable.

Le Dr William O. Beeman souligne aussi le fait que la politique des États-Unis vis-à-vis du programme nucléaire iranien a beaucoup changé depuis les années 1970 : "les membres de l'équipe de la Maison Blanche, qui sont en train d'empêcher l'Iran de développer sa propre capacité nucléaire et qui refusent de retirer le sujet d'une action militaire contre l'Iran, oublient continuellement que ce sont les États-Unis qui furent la maîtresse du programme nucléaire iranien il y a 30 ans"166. Le journal basé en Iran Bastab167a récemment rapporté que les États-Unis avaient fourni à l'Iran 5 kg d'uranium enrichi à 19,7 % avant la révolution.

L'Iran estime aussi qu'elle a le droit légal d'enrichir l'uranium pour des utilisations pacifiques. Les politiciens iraniens comparent leur traitement en tant que signataire du TNP avec trois autres nations qui n'ont pas signé le TNP168 : Israël, Inde et Pakistan. Chacune de ces nations a développé une capacité nucléaire militaire nationale : Israël en 1967, l'Inde en 1974 et le Pakistan en 1990. Il est reproché à l'Iran de vouloir, bien qu'il ait signé le traité de Non-Prolifération d'Arme Nucléaire, se doter de cette arme. L'Iran ne pourra donc pas dans une disposition juridique se fier à l'Israël, à l'Inde et à la Pakistan, pays non signataires.

Relativement au traité de non-prolifération, l'Iran évoque des aspects légaux leur donnant le droit. Selon eux : rien dans ce traité ne devrait être interprété comme affectant le droit inaliénable de toutes les parties du traité à développer la recherche, la production

166Armes de destruction massive : TOUT SUR LE PROGRAMME NUCLEAIRE CIVIL IRANIEN,17fév, 2010

autrefraternite.com/2010/02/17/armes-de-destruction-massive-tout-sur-le-programme-nucleaire-civil-iranien/, consulté le 16 Février 2015

167Idem

168 Le traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) est un traité international conclu en 1968 et signé

par un grand nombre de pays. Il vise à réduire le risque que l'arme nucléaire se répande à travers le monde, et son application est garantie par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).

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et l'utilisation d'énergie nucléaire à buts pacifiques sans discrimination et en conformité avec les articles I et II de ce traité.

Toutes les parties du traité entendent faciliter et avoir le droit de participer à l'échange d'équipement, de matériel, d'information technologique et scientifique le plus large possible afin d'utiliser pacifiquement l'énergie nucléaire. Les parties au traité en position de le faire devront aussi coopérer en contribuant seules, avec d'autres pays ou des organisations internationales au développement ultérieur d'applications de l'énergie nucléaire pacifique, particulièrement sur les territoires des Etats membres du traité ne possédant pas l'arme nucléaire, avec une considération particulière pour les besoins des régions du monde en développement.

Le régime iranien nie donc vouloir fabriquer des armes nucléaires. Les rigoristes iraniens se posent la question de savoir : pourquoi l'Iran ne serait pas permis d'avoir une arme nucléaire ? Pour eux, il y a une réelle hypocrisie de la part des États-Unis à vouloir empêcher leur pays d'accéder à cette arme, alors que plusieurs États voisins, le Pakistan, l'Inde et Israël, disposent de cette technologie et des armes atomiques. C'est le droit du plus fort que les États-Unis imposent en interdisant à l'Iran de posséder la technologie nucléaire, alors qu'ils sont eux les seuls à s'être servis de la bombe atomique jusqu'à présent, défendent-ils.

En fait, les pressions occidentales sur ce sujet ont pour objectif d'accentuer la dépendance de l'État iranien en le privant d'une industrie nucléaire. D'autre part, l'Iran cherche à s'affirmer comme puissance régionale en établissant des liens avec les pays voisins, ce qui déplait profondément aux États-Unis dans la mesure où le régime est fier de tenir tête aux Occidentaux et refuse de se plier sous toutes ses formes aux exigences américaines.

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2- La réaction de la communauté internationale.

Le nucléaire iranien a bien une histoire. La crainte d'une arme nucléaire iranienne est antérieure à la Révolution Islamique de 1979, lorsque le Shah Mohammad Reza Pahlavi menait d'intenses négociations avec les Etats-Unis d'Amérique, la France et l'Allemagne de l'Ouest concernant un projet d'investissement énergétique devant aboutir à la construction de 20 réacteurs. Dès 1953, un programme nucléaire iranien est développé par le Shah Mohammad Reza Pahlavi avec l'aide des Etats-Unis d'Amérique dont le président Eisenhower a lancé en 1953 le programme "Atomes contre paix". Un programme qui donne lieu à la création, en 1957, de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA)169.

Devenu membre de l'AIEA, le 16 septembre 1959, l'Iran signe, en juillet 1968,le traité de non-prolifération nucléaire (TNP), adopté par les Nations unies le 12 juin 1968 et devenu effectif le 5 mars 1970. Toutefois, l'Iran, de même qu'Israël et le Pakistan dans la région, n'ont pas paraphé le texte qui impose à ses signataires des restrictions en matière de recherches dans le domaine de l'armement nucléaire170. En Fin d'année 1970, les Etats-Unis d'Amérique reçoivent des renseignements de la CIA selon lesquels le Shah aurait "mis en place un programme clandestin de développement d'armes nucléaires".

En 1979 le Shah est renversé par la révolution iranienne avec pour tête de file l'Ayatollah Khomeiny qui aboutit à l'avènement de la République Islamique. Après le renversement du Shah, les Etats-Unis d'Amérique ont cessé de fournir de l'uranium hautement enrichi (UHE) à l'Iran.

En 1984, peu de temps après que des ingénieurs ouest-allemands aient visité le réacteur nucléaire inachevé de Bushehr171, la revue militaire Jane DefenseWeekly publie

169www.lemonde.fr/. « L'évolution du programme nucléaire iranien depuis 1953 » publié 15. Novembre.2013,

consulté le 05 Février 2014. 170 Idem

171Bouchehr est située sur le golfe Persique, à environ 1 215 km au sud de Téhéran. Bouchehr est située à 12 kilomètres du site d'une centrale nucléaire qui est construite en coopération avec la Russie. Les travaux avaient été

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des propos émanant des services de renseignement allemands expliquant que la production par l'Iran d'une bombe "est dans sa phase finale." Le sénateur américain Alan Cranston affirme que l'Iran aura sa bombe dans sept ans.

C'est dans ce contexte que l'Israël dépeint l'Iran comme son ennemi n°1 en 1992comme une nouvelle menace à son l'existence de l'état hébreux. Le parlementaire israélien, Benjamin Netanyahu172, annonce en 1992 à ses collègues que l'Iran sera dans 3 à 5 ans en mesure de produire une arme nucléaire et que cette menace doit être enrayée « par un front international » dirigé par les Etats-Unis d'Amérique

En cette même 1992, le ministre israélien des affaire étrangères Shimon Peres173 déclare sur une chaine de télévision française que l'Iran sera doté de têtes nucléaires d'ici 1999. "L'Iran est la plus grande menace et le plus grand problème au Moyen-Orient", a averti M. Peres, «parce qu'il vise l'option nucléaire tout en maintenant une position très dangereuse de militantisme religieux extrême».

Joseph Alpher, un ancien fonctionnaire du Mossad174, déclare 1992 que « l'Iran doit être identifié comme l'ennemi n ° 1. » Le programme nucléaire iranien naissant, a-t-il déclaré au New York Times, « donne vraiment la frousse à Israël ».

Les Etats-Unis d'Amérique se joignent aux avertissements de 1992 à 1997. La sonnette d'alarme a retenti à Washington quant au début de 1992 un groupe de travail du House Republican Research Committee affirme qu'il y a «98 % de certitude que l'Iran a déjà tous (ou presque tous) les éléments nécessaires pour deux ou trois armes nucléaires opérationnelles. » Des prédictions similaires sont émises par le chef de la CIA de l'époque, Robert Gates, selon qui le programme nucléaire iranien pourrait être un «problème grave» dans cinq ans ou moins. Cependant, la bureaucratie a pris un certain

bouchehr est située sur le golfe persique, a environ 1215 km au sud de Téhéran. Bouchehr est située à 12km du site d'une centrale nucléaire qui est construite en coopération avec la Russie. Les travaux avaient été commencés par l'entreprise allemande Kraftwerk Union A.G., une filiale de Siemens AG, qui avait signé en 1975 un contrat pour construire deux réacteurs nucléaires pour 4 à 6 milliards de dollars

172 Actuel premier ministre de l'Etat Hébreux (Son parcours et les infos utiles. Exemple son parti)

173 Actuel président de l'Israël

174Mossad, Institut pour les renseignements et les affaires spéciales, est l'une des trois agences de renseignement d'Israël, avec le Shabak (plus connu sous le nom de « Shin Beth », qui est le service de sécurité intérieure) et l'Aman (chargé de la sécurité militaire).

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temps pour intégrer la rhétorique menaçante sur l'Iran.

Une fuite d'un rapport du Pentagone « Stratégie de défense pour les années 1990 » fait peu référence à l'Iran, bien qu'il envisage sept scénarios de futurs conflits potentiels qui s'étendent de l'Irak à la Corée du Nord.

Le New York Times exprime publiquement en 1995, les craintes des responsables Américains et Israéliens affirmant que "l'Iran est beaucoup plus proche de la production d'armes nucléaires qu'on ne le pensait" (environ cinq ans seulement) et que la bombe nucléaire de l'Iran est « en tête de liste » des dangers dans la décennie à venir. Le rapport parle d'une «accélération du programme nucléaire iranien" et affirme que l'Iran "a commencé une campagne intensive pour développer et acquérir des armes nucléaires» en 1987 et aurait recruté des scientifiques de l'ex-Union soviétique et du Pakistan pour le conseiller.175

En 1997, le Christian Science Monitor rapporte que les pressions américaines sur les fournisseurs nucléaires de l'Iran ont forcé l'Iran à adapter son calendrier présumé pour une bombe. Aujourd'hui, les experts disent que l'Iran a peu de chances d'acquérir des armes nucléaires avant huit ou 10 ans.

Nous sommes dans un contexte de rhétorique contre « l'axe du mal » qui tire sa source dans le discours de Donald Rumsfeld176 1998. Un satellite espion américain détecte le lancement d'un missile Iranien de moyenne portée, suscitant des spéculations sur le danger posé à Israël. L'Etat Hébreu se sent moins en sécurité à la suite du lancement, même s'il est le seul pays au Moyen-Orient à posséder à la fois l'arme nucléaire et les missiles à longue portée, la détention par l'Iran d'une arme nucléaire créera la peur certaine. Cet essai montre que l'Iran est résolu à acquérir des armes nucléaires, parce qu'il est difficile de comprendre qu'on construise un missile d'une portée de 1200 km pour envoyer des ogives conventionnelles. Très logiquement la principale réaction à ce qui se passe viendra d'Israël, et les Iraniens devront craindre des

175 http://www.alterinfo.net/Menace-nucleaire-imminente-de-l-Iran-Une-chronologie-des-avertissements-depuis-1979, 28 Septembre 2012, consulté le Mars 2014.

176 Ancien Secrétaire d'État Américain.

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mesures que les israéliens pourraient prendre. En 1998, la même semaine, l'ancien secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld présente un rapport au Congrès affirmant que l'Iran aura la capacité de construire un missile balistique intercontinental pouvant atteindre les Etats-Unis d'ici cinq ans. La CIA a donné quant à elle un délai de 12 ans.

La CIA avertit en 2002 que le danger de missiles à tête nucléaire, en particulier ceux de l'Iran et de la Corée du Nord, est plus élevé que pendant la guerre froide. Robert Walpole, et la CIA, racontent devant une commission du Sénat que la capacité de missiles de l'Iran a augmenté plus rapidement que prévu dans les deux années précédentes et qu'il sera bientôt à égalité avec la Corée du Nord. Cela représente une grande menace pour les Américains et leurs intérêts si leurs adversaires continuent à croître les capacités militaires. En cette même année : Le président George W. Bush ajoute l'Iran à la liste des pays faisant partie de « l'axe du mal » avec l'Irak et la Corée du Nord.

3- Les atouts et visées géopolitiques

Au point de départ : les relations entre Washington et Téhéran furent cordiales par le passé. Le premier Ambassadeur iranien se rend à Washington à la fin du XIXème siècle. Conformément à la doctrine Monroe177, les Etats-Unis regardent peu du côté de l'Iran durant la première moitié du XXème siècle

La toute première inquiétude américaine à voir l'Iran se doter de l'arme nucléaire vient du fait que les États-Unis accusent l'Iran de soutenir le terrorisme international. L'administration américaine estime que l'Iran n'a pas besoin d'énergie nucléaire puisque possédant d'abondantes réserves de pétrole, ce serait bien moins cher de fabriquer de l'énergie à partir de pétrole plutôt que de fabriquer de l'énergie nucléaire. En fin 2002, les

177La doctrine de Monroe (Le 2décembre1823) a caractérisé la politique étrangère des États-Unis durant le XIXe et le début du XXe siècle. Tirée du nom d'un président républicain des États-Unis, James Monroe, elle condamne toute intervention européenne dans les affaires « des Amériques » (tout le continent) comme celle des États-Unis dans les affaires européennes.

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États-Unis déclarent que Téhéran s'est « rendu responsable » d'avoir cherché à fabriquer des armes nucléaires en violation des accords signés. Depuis lors, le programme de développement nucléaire iranien occupe une place de choix sur la scène de la politique internationale et du Moyen-Orient.

Une raison essentielle de l'opposition américaine réside aussi dans la géopolitique du Moyen-Orient. Doit-on rappeler, que le Moyen-Orient revêt une importance géopolitique majeure. Cette région détient la moitié des réserves d'hydrocarbures mondiales, abrite les lieux saints des trois religions monothéistes et se situe au carrefour des principales routes du commerce mondial. Essentiellement, les États-Unis éprouvent la nécessité de prévenir toute possibilité pour l'Iran d'avoir la capacité de s'armer avec le nucléaire. Une partie de la technologie nucléaire est à double usage, c'est-à-dire qu'elle peut servir à fabriquer de l'énergie pacifique mais peut aussi, selon les pays s'opposant à son programme, servir à fabriquer des armes nucléaires. Ce cas de figure a déjà eu lieu dans les années 1960 lorsque l'Inde s'est dotée de son propre programme d'armement nucléaire.

Un Iran nucléaire dans cette configuration politique affaiblirait considérablement l'emprise de l'Occident. Mieux cela ne représente plus un secret que l'Iran, a très souvent apporté son soutien au Hamas et surtout à Hezbollah, toutes deux considérés par Washington comme des organisations terroristes.

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II-LES GRANDES QUESTIONS GEO-POLITIQUES ET STRATEGIQUES AUTOUR DU NUCLEAIRE IRANIEN

1- Les fondements géostratégiques de la position américaine

Le Moyen-Orient est l'ensemble d'une superficie de 7,5 millions de km2 et une population de 350 millions d'habitants (2005). Superficie et population équivalent aux deux tiers de l'Europe (de l'Atlantique à l'Oural). D'où un espace très important. Dans cette région sont nées il y a plusieurs millénaires les grandes inventions qui ont permis à l'humanité de sortir de l'Âge de pierre : l'écriture, l'urbanisation, l'agriculture, les sciences physiques et mathématiques...

La possession par l'Iran de l'arme nucléaire n'aura d'autres fin, selon les Etats Unis d'Amérique, que de vouloir s'imposer comme une puissance indiscutable dans la région, c'est à dire comme un moyen de coercition à leur endroit pour leur imposer ses vues. Cela sera un coup dur pour les Américains. Alors stratégiquement le risque est particulièrement élevé qu'un jour puissent être utilisées des armes nucléaires au Moyen-Orient, où le seul pays qui les possèderaient serait l'Israël qui, à la différence de l'Iran, n'ont pas ratifié au Traité de non-prolifération. Selon les estimations, les forces armées israéliennes possèdent 100 à 400 têtes nucléaires, y compris des bombes H, avec une puissance équivalente à presque 4 000 bombes d'Hiroshima. Les vecteurs comprennent plus de 300 chasseurs étasuniens F-16 et F-15, armés aussi de missiles israélo-étasuniens Popeye à tête nucléaire, et environ 50 missiles balistiques Jericho II sur rampes de lancement mobiles. Israël possède en outre 4 sous-marins Dolphin, modifiés pour l'attaque nucléaire, fournis par l'Allemagne.178

Tandis qu'il surveille de près l'Iran, qui ne possède pas d'armes nucléaires, l'appareil politico-médiatique laisse dans l'ombre le fait qu'Israël possède un puissant arsenal nucléaire, hors de tout contrôle, et que les États-Unis ont signé des accords pour

178Pierre RAZOUX, Tsahal : nouvelle histoire de l'armée israélienne, Éditions Perrin, 2008, p. 577.

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la fourniture à l'Arabie Saoudite, au Bahreïn et aux Émirats arabes de technologies nucléaires et de matériau fissile avec quoi ils peuvent se doter, dans l'avenir, d'armes nucléaires.

Il faut également rappeler que depuis la mise en oeuvre du Traité de Non-prolifération nucléaire de 1970, quatre pays - Israël, l'Inde, le Pakistan et la Corée du Nord - ont acquis l'arme nucléaire. Les trois derniers furent d'ailleurs soumis à d'importantes sanctions de la part des Etats-Unis avant que, devant le fait accompli, ils n'entrent dans le club des puissances nucléaires. Ces précédents soulignent donc que les sanctions économiques n'ont jamais empêché la prolifération ; les pressions des puissances occidentales n'ayant souvent réussi qu'à retarder l'aboutissement d'activités d'enrichissement débouchant tôt ou tard sur l'acquisition de la bombe.

Les relations internationales se font et se défont au prix des intérêts. Souvent discutée mais rarement définie, la politique étrangère iranienne telle définit dans les textes fondamentaux de la République s'articule autour de deux axes majeurs : garantir l'indépendance de l'Iran et la préservation du régime islamique - de constituer autour de l'Iran une sphère d'influence protectrice. Or la poursuite de ces deux objectifs a des retombées majeures tant pour le dossier nucléaire que pour le dossier `'américain au moyen orient».

Malgré tout ce qui est dit sur ses aspects techniques, le programme nucléaire iranien répond aux mêmes types de préoccupations géopolitiques. Il faut comprendre que le nucléaire n'est pas une fin en soi mais un moyen au service de ses deux objectifs stratégiques - la protection du régime et la promotion de son influence régionale. L'acquisition de la puissance nucléaire supporte ces deux impératifs en offrant à Téhéran : une assurance-vie garantissant la pérennité du régime islamique et l'indépendance du pays ; et une source de prestige permettant, en outre, de développer

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autour de l'Iran et de ses alliés un dôme protecteur.179 Partant de là, nous pouvons tout simplement désespérer par rapport à une accalmie dans cette relation, car les positions sont et restent diamétralement opposées.

Depuis plus d'un quart de siècle, les responsables occidentaux ont affirmé à plusieurs reprises que l'Iran était proche de rejoindre le club des pays détenteurs de l'arme nucléaire. Une telle possibilité a toujours été considérée comme «inacceptable» et la raison possible pour une action militaire avec « toutes les options envisageables» dans le but d'empêcher l'Iran de perturber l'équilibre stratégique au Moyen-Orient dominé par les Etats-Unis et Israël.

2- La position des pays du Golfe

L'intervention irakienne en Iran, leur sert d'exemple pour mesurer la capacité de nuisance de l'Iran non seulement vis-à-vis de ses voisins, mais également dans la région. En cas de conflit militaire ouvert avec les Etats-Unis, qui ne sera pas de l'avis général un conflit limité, tous les pays de la région en subiront les retombées. Même la solution pacifique n'arrange guerre les pays arabes voisins, étant donné que l'Iran s'arrogera le rôle dirigeant dans les affaires régionales, notamment dans les dossiers phares palestiniens et irakiens.

Les pays arabes craignent en effet que l'objectif iranien, d'avoir une capacité nucléaire ne soit pas seulement de faire face à Israël, mais surtout de s'imposer comme une puissance indiscutable dans la région. C'est dire combien l'Iran continue à faire peur d'une manière exagérée ses voisins arabes.

Ryad s'est toujours senti menacé par l'Iran en raison de sa position géographique mais également à cause du déséquilibre démographique. L'Iran fait près de 80 millions

179 Pierre PAHLAVI, « Iran - Occident : quels obstacles géopolitiques ? » , publié le 6 février 2015 sur http://www.diploweb.com/Iran-Occident-quels-obstacles.html, consulté le 22 Avril 2014.

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d'habitants, contre une trentaine pour l'Arabie Saoudite. Par ailleurs, l'Iran dispose d'une armée beaucoup plus opérationnelle que sa rivale. Le pays a deux armées : une armée régulière et les gardiens de la révolution180. Enfin, Téhéran n'a pas renoncé à sa volonté d'étendre son influence au Moyen-Orient, c'est là que réside la plus grande crainte de Ryad. Que ce soit au Liban, en Syrie, en Irak ou au Yémen, l'Arabie saoudite sent son influence menacée partout dans la région.

Le Royaume d'Arabie Saoudite, craint également pour le sunnisme, depuis maintenant des siècles la guerre de positionnement entre le Sunnisme et le Chiisme fait rage. Alors stratégiquement la possession de l'arme nucléaire par l'Iran, lui donnera non seulement une influence politique dans la région mais assurera la conquête de nouvel espace en vue d'étendre son hégémonie et sa croyance. La Turquie, le Yémen, le Qatar des Etats proche des Etats Unis d'Amérique sont du même avis. Ils s'inquiètent de la possible acquisition de l'arme atomique par "un régime relativement imprévisible et instable".

3- L'Iran à l'épreuve de l'embargo occidental : impact sur l'économie iranienne

Les relations diplomatiques entre l'Iran et les Etats-Unis sont rompues au moment de la prise d'otages de 1979 181 . Les procédés d'isolation économique mais aussi rhétorique de l'Iran employés sous Clinton et Bush, rappellent étrangement les années de Guerre froide. Bien que souvent spectaculaires, les échanges entre les deux pays paraissent tout au moins anachroniques, tout au plus une démonstration de mauvaise foi.

Les années 1990 correspondent à la doctrine de dual containment. Formulée dans les années 1993-1994, elle correspond à l'endiguement (containement) de l'Iran et de l'Irak, principaux adversaires d'Israël dans la région. Clinton décrète 182 un embargo sur l'Iran de Rafsanjani (1995), accusé de développer un arsenal nucléaire et d'être une base

180Dont on constate encore la force aujourd'hui en Irak contre Daesh

181 Les intérêts américains sont depuis représentés par l'Ambassade suisse

182 Executive Order 12959, http://www.iranwatch.org/library/government/united-states/executive-branch/white-house/executive-order-1295

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arrière pour l'entraînement de terroristes. L'année suivante, le Congrès adopte l'Iran and Lybia Sanctions Act (ILSA) qui pénalise les entreprises dans ces deux pays.

Pour les occidentaux l'alternative la plus sérieuse au problème posé par l'acquisition de l'arme nucléaire par l'Iran reste la mise en place de sanctions internationales par l'ONU. Les États-Unis appliquent déjà des sanctions vis-à-vis de la République Islamique.

Cependant, les sanctions appliquées dès les premières années de la Révolution islamique ont renforcé la volonté de l'Iran d'atteindre l'autosuffisance économique, synonyme d'indépendance vis-à-vis des puissances étrangères. Malgré des obstacles conséquents - les huit années de guerre contre l'Irak, le doublement de la population en l'espace d'une génération, l'Iran est parvenu à développer certains secteurs d'activité tels que l'industrie pétrochimique, l'automobile, ainsi que les technologies de l'information et de la communication, tout en demeurant cependant loin d'atteindre l'intégralité des buts fixés. L'Iran reste un gros importateur de produits alimentaires et son économie n'a pu se maintenir que grâce au flux constant des revenus du pétrole, qui représentent la première source de richesse du pays.

En outre, les sanctions n'ont pas empêché l'Iran de maintenir - et même parfois d'augmenter- le volume de ses échanges avec l'extérieur, notamment ses exportations de produits "traditionnels" liés à l'artisanat tels que les tapis et les céramiques, ou encore alimentaires tels que le safran et les pistaches. Le pays a également mis en place de nombreux partenariats économiques et techniques avec l'Inde, la Chine, la Corée du Nord, le Venezuela et la Syrie, et a considérablement développé ses échanges avec des pays frontaliers comme la Turquie ou le Pakistan.

Ces efforts ont été de pair avec l'ébauche de divers projets commerciaux intra zone, notamment au travers de la fondation de l'Organisation Economique de

123

Coopération183 en 1985 qui prévoit à terme la création d'une zone de libre-échange entre l'Iran, le Pakistan, la Turquie, l'Afghanistan et l'Asie centrale

Même si toute évaluation précise de l'effet des sanctions sur l'économie dans son ensemble s'avère difficile, certaines études réalisées sur ce sujet s'accordent à dire que les sanctions ne portant pas sur l'industrie pétrolière n'ont eu aucun effet notoire sur l'économie iranienne. Cela reste un débat La conclusion est différente concernant cette dernière. On peut ainsi supposer et cela peut être une évidence, qu'en l'absence de sanctions, de nombreuses compagnies étrangères et notamment américaines auraient investi en Iran, améliorant ainsi la compétitivité de ce secteur et notamment ses capacités d'extraction et de raffinage.

Selon d'autre observateurs l'embargo commercial des États-Unis d'Amérique constitue un handicap tous les jours, plus grand pour les entreprises non américaines travaillant en Iran qui ont besoin de brevets ou de pièces venant d'Outre-Atlantique. La loi d'Amato qui « interdit », (en contradiction avec les règles de l'Organisation Mondiale du Commerce), les investissements pétroliers en Iran reste une menace pour les rares entreprises qui travaillent dans ce pays. Le groupe Total est le premier à être passé outre dès 1995.

Outre leurs effets économiques incertains, force est de constater que ces mesures n'ont pas atteint leurs objectifs politiques et diplomatiques : la ligne politique iranienne est restée la même, et les activités d'enrichissement de l'uranium se sont poursuivies sans discontinuer. Des assassinats de scientifiques nucléaires iraniens ont eu lieu, et proviendraient d'Israël. Selon l'Iran, quatre scientifiques nucléaires iraniens, qui travaillaient à la centrale de Natanz, ont été assassinés en deux ans.

L'autre conséquence de l'embargo est que la plupart des anciens gardiens de la Révolution qui accèdent depuis peu à des responsabilités de haut niveau n'ont en effet aucune connaissance du monde extérieur à l'Iran. Plus grave encore, leur seule

183Economic Cooperation Organization, ou ECO

124

expérience a été celle de la guerre Irak-Iran. L'isolement du pays depuis vingt-cinq ans et la politique officielle de « lutte contre l'agression culturelle occidentale » ne leur a pas permis d'aller à l'étranger si bien qu'ils ne parlent pas ou peu les langues étrangères et surtout qu'ils n'ont pas d'expérience personnelle des cultures du monde. On est loin des conseils donnés aux premiers étudiants boursiers iraniens se rendant en Europe en 1927 à qui on demandait de « devenir français » tout en leur apprenant à nouer une cravate.184

En guise de conclusion partielle à cette partie, nous pouvons mentionner que la crise des otages américains dans leur Ambassade à Téhéran ouvre officiellement la belligérance entre Washington et Téhéran. Cet événement a montré à toute la communauté internationale jusqu'où les nouvelles autorités de Téhéran étaient déterminées à tourner la page de l'Iran occidental. Cette crise eu donc des conséquences énormes sur les relations Américano-iraniennes

184 Bernard HOURCADE, « Iran : l'illusion réformiste », publié en février 2006 sur

https://transcontinentales.revues.org, consulté le 13 Mars 2015

125

CONCLUSION GENERALE

126

Les Etats Unis d'Amérique et l'Iran ont longuement entretenu des relations très cordiales qui permirent à l'Iran de s'imposer dans la région du Golfe Persique, comme une puissance économique et militaire. Mais lassée par un pouvoir impérial et sanguinaire qui n'a que trop duré, avec son alliance impopulaire voire indésirable avec l'Occident, mieux avec les Américains, la population iranienne exprime son désir d'alternance.

Sous le leadership de l'Ayatollah Khomeiny, une grande et longue révolution met fin au pourvoir du Shah en 1979. Cette révolution va marquer un tournant important dans la politique américaine en Iran, justifiée par un gouvernement iranien devenu plus fondamentaliste et anti occidental. C'est la naissance de la République Islamique d'Iran.

On assiste d'abord à une montée du nationalisme chez les iraniens et ensuite à la naissance de l'islam politique, avec les Ayatollah au pouvoir, une théocratie ; un système dans lequel le pouvoir est censé émaner de Dieu, réside dans les mains du clergé. Dans ce système deux types d'institutions se dessinent : une première catégorie fruit d'élection, moins importante et l'autre non élue, mais de pouvoir presque divin.

Khomeiny réussit un grand coup : s'imposer comme leader incontestable de la

République Islamique. Aussi, sa force a été de pouvoir utiliser une idéologie
réactionnaire, d'inspiration divine, comme drapeau d'une révolte populaire contre l'oppression, l'injustice et la tyrannie. Khomeiny a également triomphé parce qu'il a apporté aux pauvres un sentiment de revanche sociale.

Élevé dans la foi musulmane chiite, Khomeiny se voit chargé d'une mission divine. Sa volonté de s'imposer dans le Moyen-Orient est vue par les Américains comme une réelle menace pour leurs intérêts dans la région. Déjà, la perte de leur influence en Iran a été un regret historique, ainsi aucune autre perte d'espace ne saura être envisagée par Washington. La guerre Irak-Iran de 1980 à 1988, manifeste en quelque sorte la colère contre Téhéran. La guerre prend fin en 1988 avec des centaines de milliers de morts, mais sans régler efficacement le compte à Téhéran.

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Après la révolution de 1979, l'Iran de Khomeiny a informé l'AIEA* de ses plans pour redémarrer son programme nucléaire en utilisant du combustible produit nationalement, et en 1983, l'AIEA avait même prévu d'aider l'Iran via son programme d'assistance technique afin de produire de l'uranium enrichi.

Le but de l'AIEA en Iran était de contribuer à la formation d'une expertise locale et de la main-d'oeuvre nécessaire pour soutenir un programme ambitieux dans le domaine de la technologie des réacteurs nucléaires et du cycle du combustible. Cependant, l'AIEA a été forcée de terminer ce programme sous la pression américaine qui pense que l'Iran n'a d'autre intention que de fabriquer l'arme fatale.

L'accession de l'Iran au rang de puissance militaire nucléaire est vue comme un cauchemar pour beaucoup en Occident et surtout pour les américains et leurs alliés. Instabilité au Moyen-Orient, prix du pétrole plus haut, risques terroristes persistants : la crise nucléaire iranienne est un nouveau facteur de tension, l'un des plus menaçants de notre siècle. Cette crise a longuement dominé les échanges internationaux et apporter un plus à l'étude des Relations internationales en tant que discipline.

Le refus des Usa de voir l'Iran se doter d'armes nucléaires, se justifie à plus d'un tire. La République Islamique d'Iran est vue comme un Etat imprévisible et violent qui pourrait dans un angle géostratégique déranger la quiétude des Américains dans la zone. Déjà les menaces iraniennes à l'endroit d'Israël, les prises de position des leaders iraniens, ne laissent pas Washington indifférent. La crise s'enlise, l'Iran fait preuve de résistance face aux embargos imposés par les occidentaux.

En somme, de la révolution Islamique d'Iran à la crise du nucléaire iranien, en passant par la guerre Iran-Irak, l'on eut droit à une période très favorable à l'appréciation et à l'étude des Relations Internationales : non seulement comme discipline de l'histoire, mais aussi comme réalité d'étude des faits qui lient deux nations. Aujourd'hui encore, ces deux nations de par leur position hégémonique et leur ambition diamétralement opposée jouent un rôle de choix dans les relations internationales.

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En revanche notre étude comporte quelques insuffisances. Une des difficultés majeures à laquelle nous avons été admis est la fermeture pour réhabilitation de la bibliothèque de l'université Felix Houphouët Boigny. Pour y palier nous nous sommes oriente vers d'autre en dehors de l'Université. Ensuite une autre difficulté que nous avons connue est la question des sources iraniennes. Elles se font rares dans nos bibliothèques. D'autre part, du côté occidental plusieurs ouvrages ont été publié sur le sujet, laissant voir un réel déséquilibre. De même nous n'avons pas trop eu de références bibliographiques sur le nucléaire iranien, en raison du manque de documents sur la question du a sa spécificité.

Parlant toujours de difficultés, nous avons aussi remarqué le grand manque de document imprimé sur la question irano-américaine. Cet obstacle nous a amené à nous référer aux bibliothèques électroniques (Lecture d'ouvrage en ligne), souvent, à travers des amis étudiants résidents hors du pays.

Par ailleurs, que pouvons-nous dire des résultats de cette étude ?

Pour répondre à notre problématique nous pouvons dire que la chute du Shah d'Iran en 1979 et l'instauration du pouvoir révolutionnaire de l'Ayatollah Khomeiny dans une République théologique ont constitué des facteurs essentiels de rupture entre Washington et Téhéran. Par ailleurs, l'ambition impérialiste de l'Iran dans la région du Golfe, grande zones géostratégique des Américains a favorisé la recomposition stratégique de la région avec des jeux d'alliance.

Cette étude nous a permis de déduire que le Golfe n'est pas seulement une route vitale pour le grand commerce international, il est, depuis des siècles, un réservoir de richesses de perles. Il est aujourd'hui le plus grand réservoir énergétique de la planète qui concentre, à lui seul, plus de 60 % des réserves mondiales de pétrole. En fait celui qui contrôle le Golfe, contrôlent aussi le besoin énergétique des pays industrialisés, les nations d'Europe et le Japon, et de ceux qui sont en passe de le devenir, comme la Chine.

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Alors notre étude montre pleinement pourquoi la relation politique entre les Etats Unis d'Amérique et Téhéran est restée en tendue de 1979 à 2002. L'Iran ne désarme pas de son projet de pays leader de la zone et affiche constamment son mépris pour l'Israël qu'il ne reconnait même pas comme pays, mieux qui devrait être « raillé » de la carte du monde. Son soutien ouvert aux mouvements Chiite libanais, Hisboullah, considéré comme organisation terroriste par Washington n'est pas du gout de celui.

Nous sommes conscients que la réponse à notre problématique va inéluctablement donner vie à plusieurs autres aspects d'analyse. Notre sujet, lancé dans l'explication les fondements de la dégradation des relations entre les Américains et les Iraniens, pourrait s'étendre pour mieux appréhender les questions liées à la résistance économique iranienne durant cette période de rupture diplomatique avec son corollaire de privation, d'embargo et de sanction.

Aussi pourrions-nous aborder dans une autre perspective la question de la relation diplomatique et économique entre la république Islamique d'Iran et l'Afrique durant cette période de belligérance avec Washington.

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ANNEXES

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LISTE DES ANNEXES

Annexe 1 : RÉSOLUTION 598 SUR LE CONFLIT ENTRE L'IRAN ET

L'IRAK P113

Annexe 2 : LA CONSTITUTION DE LA REPUBLIQUE ISLAMIQUE

D'IRAN .P116

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Annexe 1

Date: 20 juillet 1987

Un conflit meurtrier éclate entre l'Irak et l'Iran le 22 septembre 1980. Plusieurs initiatives diplomatiques sont tentées pour y mettre fin. Le Conseil de sécurité des Nations unies adopte des résolutions favorisant la tenue d'un cessez-le-feu. Celle qui suit date du 20 juillet 1987. Il faudra cependant attendre le 20 août 1988 avant que les hostilités ne cessent, quelques semaines après l'adoption d'une autre résolution des

Nations unies.

Sélection et mise en page par l'équipe de Perspective Monde

The Security Council,

Reaffirming its resolution 582 (1986)

Deeply concerned that, despite its calls for a cease-fire, the conflict between Iran and Iraq continues unabated, with further heavy loss of human life and material destruction,

Deploring the initiation and continuation of the conflict,

Deploring also the bombing of purely civilian population centers, attacks on neutral shipping or civilian aircraft, the violation of international humanitarian law and other laws of armed conflict, and, in particular, the use of chemical weapons contrary to

obligations under the 1925 Geneva Protocol,

Deeply concerned that further escalation and widening of the conflict may take place, Determined to bring to an end all military actions between Iran and Iraq,

Convinced that a comprehensive, just, honourable and durable settlement should be

achieved between Iran and Iraq,

Recalling the provisions of the Charter of the United Nations and in particular the

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obligation of all member states to settle their international disputes by peaceful means in such a manner that international peace and security and justice are not endangered,

Determining that there exists a breach of the peace as regards the conflict between Iran

and Iraq,

Acting under Articles 39 and 40 of the Charter of the United Nations,

1. Demands that, as a first step towards a negotiated settlement, Iran and Iraq observe an immediate cease-fire, discontinue all military actions on land, at sea and in the air, and withdraw all forces to the internationally recognized boundaries without delay;

2. Requests the Secretary-General to dispatch a team of United Nations Observers to verify, confirm and supervise the cease-fire and withdrawal and further requests the Secretary-General to make the necessary arrangements in consultation with the Parties and to submit a report thereon to the Security Council;

3. Urges that prisoners of war be released and repatriated without delay after the cessation of active hostilities in accordance with the Third Geneva Convention of 12

August 1949;

4. Calls upon Iran and Iraq to cooperate with the Secretary- General in implementing this resolution and in mediation efforts to achieve a comprehensive, just and honourable settlement, acceptable to both sides, of all outstanding issues in accordance with the principles contained in the Charter of the United Nations;

5. Calls upon all other States to exercise the utmost restraint and to refrain from any act which may lead to further escalation and widening of the conflict and thus to facilitate the

implementation of the present resolution;

6. Requests the Secretary-General to explore, in consultation with Iran and Iraq, the question of entrusting an impartial body with inquiring into responsibility for the conflict and to report to the Security Council as soon as possible;

7. Recognizes the magnitude of the damage inflicted during the conflict and the need for reconstruction efforts, with appropriate international assistance, once the conflict is ended and, in this regard, requests the Secretary-General to assign a team of experts to study the question of reconstruction and to report to the Security Council;

8.

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Further requests the Secretary-General to examine in consultation with Iran and Iraq and with other states of the region measures to enhance the security and stability of the region;

9. Requests the Secretary-General to keep the Security Council informed on the

implementation of this resolution;

10. Decides to meet again as necessary to consider further steps to insure compliance with this resolution.

Source: http://www.persee.fr/doc/afdi_0066-3085_1988_num_34_1_2828

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Annexe 2

Un extrait de la Constitution de la République Islamique d'Iran, 1979

Adoptée le 24 Octobre 1979

Entrée en vigueur depuis le 3 Décembre 1979
Révisée le 28 Juillet 1989

FREAMBULE

La Constitution de la République Islamique d'Iran est l'expression des institutions culturelles, sociales, politiques et économiques de la société iranienne basées sur les principes et préceptes islamiques qui sont le reflet de l'aspiration de la communauté islamique. La nature de la grande Révolution Islamique de l'Iran, et le processus de lutte du peuple musulman du début jusqu'à la victoire qui se cristallisaient dans les slogans de toutes les couches du peuple, ont exprimé cette aspiration fondamentale ; et à présent, à l'aube de cette grande victoire, notre nation réclame avec force son accomplissement.

La particularité fondamentale de cette révolution par rapport aux autres mouvements en Iran au cours du siècle dernier, est d'être idéologique et islamique.

La Nation musulmane de l'Iran, après avoir traversé le mouvement constitutionnel anti-despotique et le mouvement anti-colonial de la nationalisation du pétrole, a acquis cette lourde expérience que la raison fondamentale et caractérisée de l'absence de réussite de ces mouvements, était l'absence d'idéologie dans ces luttes. Bien que, dans les derniers mouvements, la ligne de pensée islamique et la direction du clergé combattant aient eu une part essentielle et fondamentale, mais en raison de l'éloignement de ces luttes des positions islamiques traditionnelles, les mouvements ont été très vite entraînés vers l'immobilisme.

A partir de là, la conscience éveillée de la nation, sous la direction de son éminence le Grand Ayatollah Imam Khomeiny, s'est aperçue de la nécessité de poursuivre la voie du mouvement idéologique et islamique traditionnel ; et cette fois, le clergé combattant du pays, qui était constamment en première ligne des mouvements populaires, et les écrivains et intellectuels engagés, ont trouvé un nouveau dynamisme sous Sa direction (le début du récent mouvement de la nation iranienne date de l'année 1382 du calendrier lunaire, correspondant à l'année 1341 du calendrier solaire (1962).

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L'aube du mouvement

La protestation fracassante de l'Imam Khomeiny contre le complot américain de la "Révolution Blanche", qui était un pas vers la consolidation des piliers du règne du despotisme et le renforcement des dépendances politiques, culturelles et économique de l'Iran à l'égard de l'impérialisme mondial, devint le facteur du mouvement unanime de la nation et aboutit à la révolution grandiose et sanglante de la communauté islamique au mois de Khordad 1342 (mai 1963), qui était en réalité le point de départ de l'épanouissement de ce soulèvement glorieux et étendu, consolida et renforça le rôle central de l'Imam en qualité de guide islamique, et malgré son exil hors de l'Iran à la suite de la protestation à l'encontre de la loi honteuse de Capitulation (immunité des conseillers américains) l'union solide de la communauté avec l'Imam devint permanente, et le peuple musulman, et en particulier les intellectuels engagés et le clergé combattant poursuivirent leur voie au travers de l'exil et de la prison, de la torture et des exécutions.

Entre temps, la couche consciente et responsable de la société, sous l'abri des mosquées, des centres d'instruction et de l'université, s'est mise à éclairer l'opinion, et, en s'inspirant de l'idéologie révolutionnaire et riche de l'Islam, entreprit un effort continu et fructueux pour l'élévation du niveau de connaissance et de vigilance combative et idéologique de la nation musulmane. Le régime despote, qui avait engagé la répression du mouvement islamique par une attaque barbare de l'école théologique de "Feyzieh" et de l'université, et de tous les foyers d'agitation de la révolution, se livra inutilement à des actes odieux en vue d'échapper à la colère révolutionnaire du peuple et, entre temps, les pelotons d'exécution, les tortures moyenâgeuses et les peines d'emprisonnement de longue durée étaient le prix que la nation musulmane payait en signe de sa détermination à poursuivre la lutte. Le sang de centaines de jeunes femmes et hommes croyants qui, à l'aube, scandaient des cris de "Allah Akbar" ("dieu est grand") dans les places sous les tirs croisés, ou qui, à travers les rues et les bazars, devenaient la cible des balles ennemies, assura la continuité de la révolution islamique d'Iran. Les déclarations et messages successifs de l'Imam ont donné à différentes occasions davantage d'acuité et d'essor à la conscience et à la détermination de la communauté islamique.

Le Régime Islamique

Le projet du régime islamique basé sur l'autorité du Faghih(Jurisconsulte religieux) qui, à l'apogée de l'oppression et de la répression du régime despotique, a été présenté par

l'Imam Khomeiny, a créé un nouvel espoir clair et défini au sein du peuple musulman, et a ouvert la voie réelle de la lutte idéologique de l'Islam intensifiant l'effort des combattants musulmans et engagés à l'intérieur et à l'extérieur du pays.

Le mouvement se poursuivit dans cette voie jusqu'à ce que, enfin, le mécontentement et l'excès de colère du peuple, sous l'effet de la pression et de l'oppression croissante à l'intérieur, le dévoilement et le retentissement de la lutte au niveau mondial grâce au clergé et aux étudiants combattants, aient fortement ébranlé les fondements de la souveraineté du régime ; et par la force des choses, le régime et ses maîtres furent contraints de réduire la pression et l'oppression et de procéder à la prétendue ouverture politique du pays, croyant ouvrir une soupape de sécurité afin de prévenir leur chute certaine. Mais le peuple agité, conscient et déterminé, sous la direction décisive et ferme de l'Imam, commença sa révolte victorieuse et unanime de manière étendue, d'un bout à l'autre du pays.

La colère du peuple

La publication d'une lettre injurieuse vis-à-vis du fondement sacré du clergé et en particulier de l'Imam Khomeiny le 17 Dey 1356 (7 janvier 1978), par le régime au pouvoir accéléra le mouvement et provoqua l'explosion de la colère du peuple à travers tout le pays ; et le régime tenta, pour maîtriser le volcan provoqué par la colère du peuple, d'éteindre cette révolte contestataire en la traînant dans la boue et le sang. Mais cela fit même circuler encore plus de sang dans les veines de la révolution et les pulsations successives de la révolution lors des commémorations hebdomadaires et du quarantième jour en souvenir des martyrs de la révolution, offrirent un souffle, une chaleur et une effervescence unanime et de plus en plus accrue à ce mouvement dans l'ensemble du pays ; et dans la poursuite et la persistance du mouvement de la population, avec leurs grèves unanimes et la participation dans les manifestations de rue, toutes les organisations du pays ont pris une part active dans la chute du régime despotique. La large solidarité des hommes et des femmes de toutes les couches ou tendances religieuses et politiques était remarquablement déterminante dans cette lutte ; et les femmes en particulier avaient manifestement une présence active et étendue dans toutes les scènes de ce grand Djihad (guerre sainte) ; des scènes comme celles montrant une mère avec un enfant dans les bras, se dirigeant avec empressement vers le champ de combat et les canons des mitraillettes, exprimaient la part essentielle et déterminante de cette grande couche de la société, dans la lutte.

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Le prix payé par le peuple

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L'arbrisseau de la révolution, après plus d'un an de lutte continue et constante, abreuvé par le sang de plus de soixante mille martyrs et de cent mille blessés et invalides, et en causant des milliards de tomans de dommages matériels, porta ses fruits au milieu des cris "d'indépendance, de liberté, de gouvernement islamique" ; et ce mouvement immense qui aboutit à la victoire en s'appuyant sur la foi, l'unité et la fermeté du dirigeant dans les phases sensibles et exaltantes du mouvement ainsi que sur le sacrifice du peuple, réussit à défaire toutes les supputations, les liens et les institutions impérialistes, et constitua dans son genre un nouveau chapitre sur les vastes révolutions populaires dans le monde.

Les 21 et 22 Bahman de l'an mille trois cent cinquante-sept (10 et Il février 1979) furent les jours de l'effondrement du fondement de la royauté, brisant le despotisme intérieur et la domination étrangère s'appuyant sur lui ; et avec cette grande victoire, l'aube du gouvernement islamique, qui est un souhait de longue date du peuple musulman, a annoncé la bonne nouvelle de la victoire finale.

Le peuple iranien a proclamé, de manière unanime et avec la participation des autorités religieuses, des ulémas de l'Islam et du Guide, au cours du référendum sur la République Islamique, sa décision finale et irrévocable d'instaurer le nouveau régime de la République Islamique, et a voté à la majorité de 98,2%, en faveur du régime de la République Islamique.

Actuellement, la Constitution de la République Islamique d'Iran, en tant qu'expression des institutions et des rapports politiques, sociaux, culturels et économiques de la société, doit ouvrir la voie à la consolidation des fondements du régime islamique et être à l'origine d'un nouveau projet de système de gouvernement sur les ruines de l'ancien régime démoniaque.

La manière de gouverner en Islam

Le pouvoir, du point de vue de l'Islam, n'est pas issu de la position des classes ou de la domination d'un individu ou d'un groupe ; mais, c'est une cristallisation de l'idéal politique d'un peuple de même religion et de même mentalité qui s'organise pour que, dans le processus de l'évolution intellectuelle et idéologique, il dirige sa voie vers l'objectif final (la marche vers Allah). Notre peuple, dans le courant de son évolution révolutionnaire, s'est débarrassé des poussières et des impuretés démoniaques et s'est purifié des infiltrations de la mentalité étrangère, en revenant aux positions intellectuelles et à la vision mondiale traditionnelle de l'Islam ; et actuellement, il s'apprête à édifier, à partir des principes islamiques, sa société exemplaire. Sur un tel fondement, la mission de la Constitution consiste à édifier le terrain des croyances du mouvement et à créer les

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conditions dans lesquelles l'Homme devra être éduqué avec de hautes valeurs islamiques universelles.

La Constitution, tenant compte de la teneur islamique de la révolution iranienne qui était un mouvement pour la victoire de tous les déshérités (Mostaz'afin) sur les puissants (Mostak'berin) , prépare la voie de la continuité de cette révolution à l'intérieur et à l'extérieur du pays, en particulier dans le développement des relations internationales avec d'autres mouvements islamiques et populaires ; elle s'efforce d'aplanir la voie pour la constitution d'une communauté universelle unique [-Jet pour que la poursuite de la lutte pour la délivrance des peuples démunis et opprimés soit renforcée dans le monde entier.

Considérant la nature même de ce grand mouvement, la Constitution est le garant du rejet de toute Conne de despotisme intellectuel et social et de monopole économique, tend à se départir du système despotique, et à déposer le sort du peuple entre ses propres mains.

Dans la création des organes et des institutions politiques qui sont elles-mêmes le fondement de l'organisation de la société sur la base des préceptes religieux, des personnes qualifiées seront chargées de gouverner et d'administrer le pays et le vote des lois, qui est l'expression des critères de la gestion sociale, suit son cours dans l'axe du Coran et de la tradition coranique. Par conséquent, cette observation précise et sérieuse de la part des islamologues justes, vertueux et engagés (les jurisconsultes religieux, justes) est une prescription inévitable et nécessaire ; et, en gouvernant l'objectif est de développer l'Etre dans un mouvement vers l'ordre divin, afin que le terrain soit préparé pour la révélation et l'épanouissement des capacités dans l'intention de faire apparaître les dimensions de l'Homme; cela ne peut être réalisé autrement que par la participation active. et générale de l'ensemble des composants de la communauté, dans le processus d'évolution de la société.

En considération de cet objectif, la Constitution prépare le terrain d'une telle participation à tous les échelons des prises de décisions politiques et déterminantes pour l'avenir, pour tous les individus de la société afin que dans la voie de l'évolution de l'Homme, chaque individu participe et soit responsable du progrès, de l'élévation et de la direction, ce qui aura précisément pour effet le renforcement du gouvernement des déshérités dans le monde.

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L'autorité du "Faghih" juste

Sur le fondement de l'autorité du Commandement de Dieu et de l'Imamat éternel, la Constitution prépare le terrain pour l'instauration d'une direction théologique réunissant toutes les qualités requises pour être reconnu en qualité de Guide par le peuple, afin qu'il soit le garant du respect par les différentes organisations, durs devoirs islamiques traditionnels.

L'économie est un moyen, non un but

Dans la consolidation des fondements économiques, le principe est la satisfaction des besoins de l'Homme dans le cours de son progrès et de son développement et non, comme dans les autres systèmes économiques, la concentration et l'accroissement des richesses et la quête du profit. Car, dans les écoles de pensée matérialistes, l'économie est en soi un but, et pour cette raison, dans les étapes de la croissance, l'économie devient un facteur de destruction, de perversion et de corruption. Mais dans l'Islam, l'économie est un moyen ; l'on ne peut attendre d'un moyen autre chose qu'un apport meilleur dans la voie d'accès au but.

De ce point de vue, le programme de l'économie islamique est de préparer un terrain propice à la révélation des différentes forces créatives humaines, et partant, de garantir des traitements égaux et proportionnels, la création d'emplois pour tous ainsi que la satisfaction des besoins indispensables à la continuité de son mouvement évolutif, qui sont à la charge du gouvernement islamique.

La Femme dans la Constitution

Dans l'établissement des fondements sociaux islamiques, les forces humaines qui étaient jusqu'à présent au service de l'exploitation étrangère de toute part, retrouvent leur véritable identité et leurs droits humains, et dans cette retrouvaille, il est naturel que les femmes, qui avaient jusque-là subi plus d'injustice de la part du régime despotique, doivent être davantage protégées dans leurs droits.

La famille est l'unité de base de la société et le foyer principal de la croissance et de l'élévation de l'homme ; et l'entente idéologique dans la recherche de l'idéal est un principe fondamental dans la fondation de la famille, qui est le principal facteur constructif du mouvement évolutif et progressif de l'homme ; fournir des moyens destinés à atteindre cet objectif fait partie des tâches du gouvernement islamique.

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La femme, dans cette conception de l'unité familiale, quitte son état "d'objet" ou "d'instrument de travail" au service du développement de la consommation et de l'exploitation, et tout en retrouvant son devoir précieux et estimable de mère dans l'éducation des êtres pieux d'avant-garde, elle combat aux côtés des hommes dans les domaines actifs de l'existence ; en conséquence, elle assumera une responsabilité plus noble et une valeur et une munificence plus grande lui seront reconnues du point de vue islamique.

L'armée idéologique

Dans l'organisation et l'équipement des forces défensives du pays, l'attention se porte sur la foi et l'idéologie de façon à ce qu'elles soient le fondement et la règle. Pour cette raison, l'armée de la République Islamique et le corps des Gardiens de la Révolution sont organisés en conformité avec cet objectif et seront chargés, non seulement de la sauvegarde et de la protection des frontières, mais également du fardeau de la mission idéologique, c'est-à-dire le Djihad dans la voie de Dieu et la lutte dans la voie de l'expansion de la souveraineté de la loi de Dieu dans le monde.

La Justice dans la Constitution

La question de la Justice, en rapport avec la sauvegarde des droits du peuple dans la ligne du mouvement islamique et dans le but de prévenir les écarts de positions au sein de la communauté islamique, est un impératif vital. De ce fait, t'instauration d'un système judiciaire sur la base de la justice islamique, et composé de magistrats justes et familiers avec tes préceptes religieux précis, a été prévue. Ce système, en raison de son caractère fondamentalement sensible et de l'attention portée à son caractère religieux, doit nécessairement être à l'écart de toute sorte de rapports et de liens malsains.

Le Pouvoir Exécutif

Le pouvoir exécutif, en raison de l'importance particulière qui lui est accordée en relation avec l'application des commandements et des règlements islamiques, pour parvenir aux rapports et aux relations équitables qui doivent régir la société, ainsi que de la nécessité que présentera cette question vitale dans la préparation du terrain en vue de l'accession à l'objectif final de l'existence, doit ouvrir la voie pour la création d'une société islamique. En conséquence, le fait de s'enfermer dans toute sorte de système complexe et embarrassant qui ralentirait ou enrayerait l'accession à cet objectif, sera, du point de vue islamique, proscrit. Pour cette raison, le système bureaucratique qui est le produit et le résultat des régimes démoniaques, sera vigoureusement rejeté, afin qu'un système

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exécutif plus efficace et plus rapide dans l'exécution des engagements administratifs, soit créé.

Les moyens de communication de masse

Les moyens de communication de masse (radio - télévision) doivent être mis au service de la diffusion de la culture islamique dans l'optique du processus d'évolution de la révolution islamique ; et dans ce domaine, ils doivent bénéficier de la rencontre saine de réflexions diverses, et s'abstenir sérieusement de divulguer et de répandre des moeurs destructeurs et anti-islamiques.

L'obéissance aux principes d'une telle loi, qui considère la liberté et la générosité du genre humain comme le premier de ses objectifs, et qui ouvre la voie au progrès et à l'évolution de l'homme, incombe à tous ; et il est nécessaire que la communauté musulmane, par le choix des responsables qualifiés et croyants, et par une surveillance constante duur travail, participe de façon active à la construction d'une société islamique, dans l'espoir qu'elle réussisse dans l'édification de la société islamique exemplaire qui puisse être un modèle et un témoignage pour tous les peuples du monde.

Les Représentants

L'Assemblée des Experts, composée des représentants du peuple, a achevé, sur la base d'un examen du projet proposé par le gouvernement et de l'ensemble des propositions émanant des différents groupes du peuple, la rédaction de la Constitution avec les objectifs et les aspirations énoncés ci-dessus, et cela en quatorze chapitres qui contiennent cent soixante-dix-sept principes, à l'aube du XVème siècle de l'Hégire du Généreux Prophète (Que le salut soit avec lui), fondateur du culte libérateur de l'Islam ; dans l'espoir que ce siècle devienne le siècle du gouvernement universel des déshérités et de la défaite de tous les oppresseurs.

(Pour une traduction annotée, suivie de commentaires en français de Michel POTOCKI)

SOURCES ET BIBLIOGRAPHIE

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I- SOURCES

1- Sources orales

- Echange avec Dr Camara Moritié, à son bureau à l'Ambassade de la République Islamique d'Iran, proche collaborateur de l'Ambassade, le 16/5/2014de 15h à 15h 36.

- Entretien avec Cheick Nourri Osman Tobas, écrivain et Guide religieux à Istanbul, Président de la Fondation HUDDAYI, le 23/07/ 2015, au siège de l'institution à Istanbul.

- Echange sur les grandes questions politiques de la Turquie et du monde Arabo-musulman avec des étudiants Turcs résidant dans la cité universitaire d'IHLAN, le 2 Septembre à Usküdar.

2- Sources imprimées

- La constitution de la République Islamique d'Iran Adoptée le 24 Octobre 1979 entrée en vigueur depuis le 3 Décembre 1979 et révisée le 28 Juillet 1989,

(consulté le 15 /02/2015), disponible sur le
http://www.jurispolis.com/dt/mat/dr_ir_constit1979/dt_ir_constit1979_index.htm

- La résolution 578 du 20 juillet 1987, sur le conflit entre l'Iran et l'Irak, (consulté le

12/05/2015), disponible sur le
www.un.org/fr/sc/documents/resolutions/1987.shtml

3- Sources audio-visuelles

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- MITTERAND (F.), Destins - Le chah d'Iran -, TF1, 1987, visualisé Youtube le 20/11/2014.

145

- TIM (K.), The last shah of Iran, BBC/Arts & Entertainment Network

coproduction, 1996, écouté sur les antennes de BBC le 25/10/2014.

II-BIBLIOGRAPHIE

1- Instruments de travail

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- BURESI (P.), « GUERRE IRAK-IRAN », EncyclopædiaUniversalis (consulté le 29 /9/ 2015, disponible sur, URL : http://www.universalis.fr/encyclopedie/guerre-irak-iran/

- Dictionnaire Encyclopédique : Nouveau Petit Larousse, Paris, Larousse, 1968, 1664 p.

- Dictionnaire Hachette, Paris, Hachette, 2002, 1858p.

- Encyclopédie Universalis, Corpus 18, Paris, (EU), 1985, 1279p.

- DUBOIS (J.) (dir.), Lexis : dictionnaire de la langue française, Paris, Librairie

Larousse, 1975, 1950p.

- Iran-Iraq War, (consulté le 24/04/2015), disponible sur http://www.iranicaonline.org/articles/iraq-vii-iran-iraq-war

2- Ouvrages relatifs à la Chute du Shah d'Iran

- LEGRAND, (J.), Chroniques de l'histoire: le Chah d'Iran, Paris, Hachette, 1998.159 p

146

- SHAWCROSS (W.), Le Shah : exil et mort d'un personnage encombrant, Paris Éditions Stock, 1989, 507 p.

3- Ouvrages relatifs à la révolution khomeyniste et l'organisation de la République Islamique d'Iran

- BANI SADR (A.), et Jean-François Deniau DENIAU (J.B.) , Le complot des Ayatollahs, Paris, Edition La Découverte, 1989, 240 p.

- (EUGENE (B.), La politique internationale depuis 1955, Paris, Economica, 1982, 1574p.

- BRIANT (P.), HERRSCHMID (C.), RICHARD (Y.), DELPECH (T.). De la Perse à l'Iran, de Cyrus à Ahmadinejad, les collections de l'Histoire, hors-série de l'Histoire no 42, janvier-mars 2009, 456p.

- CLAIRVAUX (D.), Iran : la contre-révolution islamique, Paris, L'Harmattan, 2013, 268p.

- DIAB EL HARAKE (H.), Les fondements religieux du pouvoir politique dans la République Islamique d'Iran, Paris, l'Harmattan, 1995, 206 p.

- DE CASTELBAJAC (B.), L'Homme qui voulait être Cyrus, Editions Albatros, Paris, 1987, 195p.

- NAHAVANDI (F.), Aux sources de la révolution iranienne, Paris, l'Harmattan ,280 p.

- POTOCKI (M.), Constitution de la République Islamique d'Iran 1979-1989, Paris, l'Harmattan, 2000, 120p.

147

- THIERRY (C.), L'économie de l'Iran islamique : entre ordre et désordres, Paris,

Budapest, Torino, L'Harmattan, 2002, 272p.

4- Ouvrages relatifs à la crise des otages.

- CHAOULLI (A.), L'avènement des jeunes bassidji de la République Islamique d'Iran, Paris, L'Harmattan, 2012, 218 p.

- FARBER (D.), The Iran hostage crisis and America's first encounter with radical Islam: taken Hostage, Princeton and Oxford, Oxford, Princeton University Press, 2005, 212 p.

- JUILLIARD (P.), Le rôle joué par la République populaire et démocratique d'Algérie dans le règlement du contentieux entre les Etats-Unis d'Amérique et la République Islamique d'Iran, Paris, CNRS, 1981, Volume 27.

- SALINGER (P.), Otages, les négociations secrètes de Téhéran, Paris, Buchet/Chastel, 1981, 308 p.

- YAVARI-D'HELLENCOURT(N.), Les otages américains à Téhéran, Paris, La Documentation Française, 1992, 128 p.

5- Ouvrages relatifs au nucléaire irakien et les relations diplomatiques.

- BARZIN (N.), L'Iran nucléaire, Paris, L'Harmattan, 2005, 302p.

- DENOEL (Y.) ,1979 - Guerres secrètes au Moyen-Orient, Paris, Nouveau Monde

Editions, 2008, 253 p.

- LAURENS (H.), Le grand jeu, Orient arabe et rivalités internationales, Paris,

Armand Colin, 1991, 447 p.

148

- NICOLAS (F.), Le conflit irako-iranien, Paris, Edition du Monde Arabe, 1982, 323p.

- YAKEMTCHOUK (R.), L'Iran face aux puissances, Paris, L'Harmattan, 2007, 401 p.

6- Articles de périodique et mémoires

a) Articles de presse et revue

- FAROUGHY (A.) « Le pouvoir islamique face aux relations antagonistes en Iran », Le Monde Diplomatique, février 1980, p 1-12.

- GREST (A.) « Tempêtes sur l'Iran », Le Monde diplomatique, bimestriel no 93, juin-juillet 2007, p 2-10.

- JULIEN (C.) , « Fanatisme », Le Monde Diplomatique, décembre 1979, p2-3.

b) Mémoires

- BOCCAS (F.), « Le programme nucléaire iranien au regard du système international de non-prolifération », Mémoire de séminaire, droit international public, Science Po Lyon, 104 p.

- CAMARA (M.), L'évolution des relations entre les Etats-Unis et l'Iran 19531996 : du mariage de raison à la haine réciproque, Mémoire de Maîtrise d'Histoire, 1998, 240 p.

- DJANGO (K.R.), Relations politiques Iran - Etats - Unis: 1979 - 1988, Mémoire de licence d'Histoire, 118p.

149

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