II-2-3-3 : Culture, us et coutumes
? Fady ou interdits
Comme dans toutes les régions de Madagascar, on y
trouve aussi des fady, des tabous ou interdits coutumiers liés
aux croyances. Ils concernent différents aspects de la vie quotidienne
:
? Jours fady
La plupart des gens ont chacun ses jours fady, comme
le mardi, le jeudi pour les travaux des champs. Le dimanche est un jour de
repos inculqué par la religion chrétienne, adopté
facilement par tout le monde.
? Fady alimentaires
Ils sont dictés par les guérisseurs qui
interdisent à leurs patients de manger certains aliments ou produits
alimentaires.
? Les fady aux actes quotidiens
Ils concernent la vie communautaire, comme l'interdit de laver
un lamba tergal mena (tissu tergal de couleur rouge), ou une marmite
fabriquée en fer dans le fleuve Mangoro.
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? Fêtes coutumières
? Le sambatra
Le sambatra est parmi les coutumes traditionnelles
qui ont une grande importance, et pratiquées par les locaux, surtout les
familles manan-katao (riches) célébrant conjointement le
fora (circoncision) de leurs garçons de 8 à 10 ans
pendant la saison d'hiver. Il est célébré quatre mois
après la circoncision, c'est-à-dire pendant le mois appelé
localement volam-bita (environ mois d'octobre), avant la fête
des morts.
Le sambatra débute par la demande d'un
fafy rano (bénédiction) des parents, du Tangalamena
et des ancêtres. Il s'ensuit le fiagna (dans son sens ici,
litt. souhait) aux amis et une demande de l'aide aux frères et soeurs.
Puis, un jorotany ou demande de bénédiction des esprits
pour le lieu où sera célébrée la fête doit se
faire. Des dépenses importantes sont réservées
pour honorer les familles et les Fokonolona invités, avec des artistes,
tels que des danseurs et des artistes traditionnels (vako-drazana)
jouant à l'accordéon, et des festins (grands repas) avec
sacrifice de zébus. Donner de la nourriture aux invités ne suffit
pas, il leur faut aussi de l'alcool (toaka gasy ou rhum local, et
betsabetsa ou jus de canne fermenté), inséparable de
toute cérémonie traditionnelle malgache.
Parfois d'autres rites marquent le sambatra, comme
l'abattage d'un arbre appelé hazoambo (Xylopia sp.),
pendant 30mn à 1h. Selon la durée de la
célébration, on parle de samba-pohy qui dure deux
semaines ou de sambatra tout court qui dure jusqu'à 1mois.
? Le fivagnonana
Généralement, le fivagnonana est une
cérémonie rituelle faite à la suite d'une demande de
zébus par un défunt, ou quand une maladie semble incurable
après un certain temps et que le devin guérisseur
(mpanazary) le décide après l'interprétation du
sikidy (simple maladie ou demande d'un ancêtre de sa part de
richesse).
Il peut être aussi dicté par un rêve d'une
personne au sein de la famille, qui choisit alors une date pour fêter ce
havagnonana et l'annonce à toutes les familles une semaine
à l'avance en leur demandant une aide. Des zébus sont alors
sacrifiés pour donner à manger à toutes les familles et au
Fokonolona et la famille sollicite un fafy rano
(bénédiction) pour le bien-être des enfants.
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Cette cérémonie peut aussi se faire en cas de
nahavagnona zaza (accroissement de la natalité) ou
nahavagnona voly (accroissement de production), pour éviter une
certaine maladie dans la famille si ce n'est pas fêté.
? Mandofo
C'est une pratique traditionnelle, très répandue
dans cette zone, comme chez les Betsimisaraka Avaratra (dans la zone de
Mahavelona-Foulpointe). Elle ressemble au fivagnonana (demande de
zébus par un parent décédé). Alors, il faut faire
du lofo (invoquer les ancêtres par le sacrifice de zébu
pour avoir leur bénédiction) lorsque les enfants tombent
malades répétitivement. Ils croient que la cause de cette maladie
est suite à l'insatisfaction d'une demande d'un défunt de sa part
de richesse (que l'on appelle localement omeo sandry izahay). La
maladie ne sera ainsi guérie qu'après le sacrifice d'un
zébu.
Toutes les familles, les notables et le Fokonolona sont
invités et jouissent de toaka, de riz accompagné de la
viande du zébu immolé.
? Magnano zaka
C'est une sorte de demande de grâce ou pardon aux
divinités, à la suite d'une infraction aux fady qui est
sanctionnée par un kabaro. Ce rite de sanction (magnano
zaka) s'applique aussi pour demander pardon à un individu ou groupe
offensé ou victime d'une erreur (MAHEFA, 2010). Cette coutume ancestrale
des Betsimisaraka Atsimo persiste encore dans cette zone. En effet, pendant
notre séjour, chaque dimanche connait un miakatra tranobe
(litt. monter à la grande maison), où se passe le jugement
d'un individu fautif devant les notables ou Tangalamena et les ray
aman-dreny face à la partie adverse. Le cas peut être une
insulte aux ancêtres (manasaha razana) qui entraine
l'application du dina (amende de 60 000 Ariary pour acheter du rhum
aux notables et à tous les ray aman-dreny) ; ou en cas de
blessure lors d'un combat : le coupable doit apporter un coq pour nourrir la
victime (tete rà, litt. remplacement du sang tombé), et
reconnait sa faute par un accord verbal et/ou écrit. Sinon, on monte
l'affaire au niveau du Fokontany.
D'après notre enquête, on souligne bien que quel
que soit le kabaro, il faut qu'il y ait le vody maritra
(remerciement) pour honorer les assistants, en payant 1 000 Ariary chacun
pour acheter de l'alcool (rhum, toaka gasy ou du
betsabetsa).
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On remarque que l'étude pédologique comme nous
avons fait ne nécessite pas une cérémonie quelconque.
Mais, celle-ci est nécessaire, si les paysans exploitent un certain
champ de culture et pendant cela ils gagnent beaucoup de rendement, en
même temps un de ses enfants tombe malade qui semble incurable (et ils
consultent un Mpanazary) ou fait un cauchemar, une
cérémonie comme le fivagnonana est obligatoire pour
eux.
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