RESUME
Les Paysages se trouvant au Nord-Est de la RDC,
constitués de plusieurs espèces floristiques et fauniques, sont
caractérisés par une pression anthropique grandissante,
accentuée par les migrations transfrontalières et internes, ayant
des impacts tant positifs que négatifs sur tous les plans du
développement de cette région. Le paysage
Epulu-Ituri-Aru-Garamba-Uelé, situé dans cette zone,
n'échappe pas à cette réalité
généralisée. D'où, l'intérêt de
comprendre les facteurs qui influent sur les schémas spatio-temporels
des migrations à l'échelle de ce paysage, afin d'en
dégager les impacts tant positifs que négatifs sur la
biodiversité et les moyens de subsistance des communautés
locales.
L'objectif global de cette étude vise à
contribuer à la préservation et à la restauration des
zones humides de la République démocratique du Congo par
l'intégration du Genre dans la mise en oeuvre des mécanismes
visant à garantir leur conservation, afin d'améliorer le
bien-être de la population. De manière spécifique, il est
question d'analyser l'évolution du paysage liée aux facteurs qui
influent sur les schémas spatio-temporels des migrations; identifier et
analyser les risques liés à la dynamique spatio-temporelle de ces
migrations à l'échelle du paysage, avec un accent particulier sur
les groupes socialement vulnérables ; identifier et analyser les
initiatives locales les plus efficaces et les plus abordables dans la gestion
de risques liés à ces mouvements migratoires et proposer une
stratégie de gestion durable intégrée de la
biodiversité des zones humides.
L'approche systémique et multisectorielle a
été utilisée pour nous permettre de faire une analyse
efficace du lien entre changement climatique-ressources
naturelles-migration-conflits, en vue d'évaluer les impacts des
migrations humaines sur la conservation de la biodiversité de zones
humides au Nord-est de la RDC. La méthode d'échantillonnage
aléatoire stratifié et systématique a été
utilisée pour la collecte des données quantitatives ; et le focus
groupe, entretiens individuels et discussion des groupes ont été
organisés pour les données qualitatives. Les données
quantitatives ont été analysées avec le logiciel SPSS 3.1
et logiciel R ; et l'analyse du contenu a été la principale
approche utilisée pour les données qualitatives ainsi que la
méthode de parcours commentés. L'analyse SWOT a été
faite pour évaluer ces initiatives locales et l'outil SIG a servi
à l'élaboration de la cartographie des migrations, établie
sur la base des coordonnées géographiques prélevées
avec le Global Positionning System (GPS).
Les résultats issus de nos analyses ont montré
que les facteurs socioculturels, économiques, écologiques,
politiques et sécuritaires sont à la base de la typologie des
migrations qui est subdivisée en quatre principales catégories,
dont la migration économique (ou de travail), la migration
forcée, la migration de contrainte (ou de réfugiés) et
climatique. L'analyse des facteurs multiples qui influencent la décision
de migrer dans ce paysage montre que 40.98% de migrants recherchent la
stabilité, par contre 35.25% recherchent la sécurité pour
un bon épanouissement.
La pollution des eaux (87,5%) étant à la base de
la dégradation des écosystèmes forestiers, lacustres et
fluviatiles (87,5%) de la région ainsi que le braconnage (75%) et
l'exploitation illicite des ressources naturelles, notamment la
déforestation (62,5%) et la carbonisation (12,5%), sont les principaux
facteurs constituant les risques qui sont liés aux mouvements
migratoires à l'échelle de
v
ce paysage. Ceci a aussi comme conséquence non
seulement la perte de la biodiversité et l'empiétement de
troupeaux des éleveurs dans les aires protégées (75%) ;
aussi les risques liés à la santé, notamment chez les
enfants de 1-5ans plus affectés (soit 55.84%) et les conflits (dont 60%
liés à l'accès aux ressources naturelles) qui constituent
les facteurs contributifs à l'insécurité alimentaire.
Les mécanismes d'interventions à grande
échelle, notamment les approches participatives à travers la
sensibilisation, les techniques de traitement de l'eau, les pratiques
traditionnelles, la sécurisation et la protection de la
biodiversité, sont les initiatives locales jugées abordables et
efficaces dans la gestion de risques (ou dangers et
vulnérabilité) liés aux mouvements migratoires à
l'échelle de ce paysage. La Gestion Intégrée de la
biodiversité des zones humides a été trouvée comme
une stratégie durable pour la restauration des écosystèmes
dégradés et le maintien de ce paysage par l'adaptation
spécifique au genre, en vue de renforcer le développement
résilient de communautés. Mots clés :
Impacts, Zone humide, Migration climatique, Biodiversité,
Conflits, Gestion durable Intégrée.
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