CONCLUSION GENERALE
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Au terme de ce travail, consacré à la «
coopération franco-gabonaise en matière d'armement et
d'équipements des forces de défense du Gabon », nombre
d'enseignements se dégagent. Nous souhaitions examiner la germination,
la dynamique, les caractéristiques de cette coopération, mais
aussi cerner l'effectivité de l'ouverture de la coopération
militaire du Gabon. Nous nous sommes, par ailleurs posé la question de
l'adaptabilité des matériels militaires acquis par le Gabon au
regard de l'évolution technologique et des besoins de la défense
moderne. Nous nous sommes également intéressés aux
réformes de la coopération militaire entre le Gabon et la France,
intervenues en 2010.
Nos analyses nous ont permis de voir que durant la
période allant de 1959 à 1960, le Gabon était encore
placé sous l'autorité française avant qu'il ne prenne son
destin en main en 1960. Ce fut l'occasion de l'institutionnalisation de la
coopération militaire franco-gabonaise, notamment dans les domaines de
l'armement et des équipements militaires du Gabon. Les fondements de
cette coopération ont permis à la République
Française de mieux organiser la création de l'armée
gabonaise. Celle-ci connaît quelques moments mémorables. Par
exemple, en 1961, le besoin des effectifs se fait ressentir, un recrutement est
lancé à travers le pays pour grossir les effectifs des personnels
exécutants et de l'encadrement. En 1966, l'organisation des
unités à l'intérieur du pays s'impose. Des
détachements dans les provinces se réalisent à Oyem,
Franceville, Mouila et Tchibanga.
L'objectif pour la France au départ était de
multiplier ses facteurs de puissances mondiales. Le pré-carré
français en Afrique, aux yeux des stratèges de l'Hexagone, change
dès lors de signification. Dans ce sens, le Gabon apparut comme un
véritable verrou et point d'appui important d'une part pour les
interventions militaires françaises comme cela a été le
cas avec l'opération « Epervier » au Tchad et d'autre part, sa
politique d'armement.
Dans la vision du départ, la coopération
franco-gabonaise en matière d'armement et d'équipement des forces
de défense s'inscrivait dans un cadre purement bilatéral. Or le
besoin pour le Gabon de diversifier ses partenaires que ce soit dans le domaine
militaire ou autre et le désire pour la France de faire alliance avec
l'Union Européenne, l'ONU et aux Etats-Unis. Selon les accords de
défense de 1960, il était question que la France fournisse aux
forces armées gabonaises sa première dotation en armement pour la
mise sur pied de son armée. Il était aussi question d'assurer
l'intervention militaire dans le cadre d'une agression extérieure du
Gabon et dans celui du rétablissement de l'ordre en cas de troubles
intérieurs.
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Nous ne retenons en définitive que la
coopération militaire entre la France et le Gabon est le fruit des
accords de défense signés entre les deux Etats au moment de
l'indépendance du Gabon qui avait urgemment besoin de constituer ses
forces de souveraineté. La France met en place une coopération
spécifique avec ses anciennes colonies d'Afrique pour asseoir sa
politique de puissance mondiale en général à la Guerre
froide des blocs, à la politique des zones d'influence et à la
nécessité de permettre à ses ex-colonies d'assurer par
eux-mêmes leur défense nationale. Par ailleurs, la France
souhaitait protéger ses approvisionnements en matières
premières et stratégiques. Le Gabon qui hérite de la
France un Etat sans fondements militaires et économiques est contrainte
à se retourner préférablement vers la France.
C'est d'autant plus que celle-ci avait conditionné
l'indépendance à la mise en place des rapports
privilégiés avec elle.
Les nouvelles dispositions du traité de partenariat de
2010, non seulement abrogent l'ancien accord dans lequel se trouve cette
disposition, mais introduit les opérations de paix. C'est une innovation
que les deux Etats ont introduit dans l'idée de maintien de la paix qui
n'existait pas au départ. Au départ, l'assistance militaire
répondait au souci d'aider le nouvel Etat gabonais à mettre une
armée capable de défendre le pays et de rétablir de
l'ordre à l'intérieur des frontières.
La formation des forces de défense et de
sécurité gabonaises devrait ainsi répondre à de
nouveaux objectifs et à de nouvelles missions assignés qui
consistent à être capable d'intervenir pour le règlement
des conflits. L'assistance militaire évolue aussi par le fait
qu'à l'origine, la formation des cadres militaires gabonais était
assurée dans les écoles militaires françaises. En ce qui
concerne la coopération entre les deux pays justement, plusieurs
formations qui se faisaient en France se feront désormais au Gabon, car
rappelons qu'il se trouve une école nationale des Etats-Majors à
Libreville. C'est tous ces changements que vient codifier le nouveau
traité de partenariat de défense signé entre le Gabon et
la France en février 2010. Pour marquer cette volonté, les
armées ont été amenées à défiler lors
des fêtes d'indépendance de chaque Etats.
Dans cette réforme, les idées nouvelles ont
apparu. Par exemple, la coopération militaire franco-gabonaise devrait
ainsi aider à la constitution, à l'équipement, à
l'entraînement, à l'instruction d'escadrons des forces de
défense nationale capables d'intervenir dans des situations des moins de
gravité ; une grande importance devrait être accordée
à l'armement et aux équipements militaires des forces de
défense. Dans ce cas, les
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militaires gabonais devraient acquérir un dispositif
militaire de nouvelle génération qui conviendrait à
l'environnement militaire. L'enjeu socio-politique interne est de mettre en
oeuvre une politique durable et légitime.
Le traité de partenariat de février 2010 a
permis une meilleure transparence. Le président français à
l'époque Nicolas Sarkozy l'avait d'ailleurs promis : « comme tous
les accords conclus par la France dans ce domaine, celui-ci sera publié.
Ils seront déposés sur le bureau de nos parlements. Il n'y aura
pas de clauses secrètes », avait-il dit.
Cette transparence implique dès lors, le contrôle
de l'armement et des équipements militaire de fabrication
française (publique ou privé), de la formation en France à
destination finale des gouvernements étrangers tels que le Gabon. La
transparence doit aussi porter sur la qualité d'armes et du
matériel militaire acquis auprès de la France.
Même si le nouvel accord de défense du 24
février 2010 ne prévoit plus d'intervention de Paris en cas de
menaces extérieures et intérieures, il n'en demeure pas moins
pour certains que l'assistance militaire puisse être utilisée
à ces fins. Cette « ingérence par l'assistance militaire
technique française » a maintes fois été
dénoncée et signalée dans le cas de la guerre au Rwanda et
au Congo.
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