1
3
Le choix que nous avons porté sur « la
coopération franco-gabonaise en matière d'armement et
d'équipements des forces de défense du Gabon » s'explique
par plusieurs raisons.
En effet, les Etats sont plongés dans une sorte de
psychose par des conflits, des crises et l'insécurité qui
frappent le monde, l'Afrique, en particulier le Gabon. Le constat qui se
dégage est que les questions militaires sont très peu
développées au sein du cadre universitaire gabonais, même
si l'on note quelques travaux d'envergure, notamment ceux de M.-L. Ropivia
(« stratégies civiles et stratégies militaires gabonais au
XXe siècle : Quelle complémentarité en contexte
démocratique ? »). Le choix de la France et du Gabon comme cas
d'étude paraît pertinent et conduit à une attention
particulière sur leurs spécificités et les liens
historiques qui les lient.
Ce travail présente un intérêt
historiographique car les questions portant sur l'armement et
d'équipements des forces de défense du Gabon n'ont pas toujours
fait l'objet de production scientifique. Ainsi, un état de lieux de la
coopération militaire entre une ancienne puissance coloniale et son
ancienne colonie depuis l'accession de l'indépendance est-il
nécessaire. Un tel bilan mettra en exergue les insuffisances, les
acquis, les changements pour une éventuelle amélioration de cette
coopération. Il convient de dire que cette étude a pour objectif
d'apporter un éclairage particulier sur la coopération
franco-gabonaise en matière d'armement et d'équipements
militaires des forces de défense gabonaises. Comme bon nombre de
concepts désignant une notion scientifique, la notion de
coopération souffre d'une imprécision de sens et d'une
ambigüité d'utilisation. S'agissant précisément des
rapports franco-africains, l'année 1960 est celle des
indépendances africaines mais, décolonisation ne signifie pas
rupture. A ce propos, si la France s'est avérée impuissante
à arrêter le processus d'émancipation politique, elle
s'emploie tout au moins à en contrôler soigneusement
l'évolution en liant étroitement indépendance et
coopération. Les accords de coopération négociés
entre la France et ses anciennes colonies, en particulier le Gabon, permettent
à l'ancienne puissance de prolonger, dans un cadre juridique
différent, l'exercice d'une influence privilégiée. Notons
que la coopération ne se limite pas simplement à un ensemble de
mécanisme appliqué à divers domaines, c'est aussi une
doctrine politique sous-tendue par une certaine conception des relations entre
l'ancien colonisateur et le nouvel Etat. Le Gabon n'échappe pas à
la règle, bien au contraire, puisque le nouvel Etat constitue un axe
privilégié de la coopération française en Afrique.
C'est dans cette ambivalence que la France demeure aujourd'hui la seule grande
puissance qui s'implique autant et directement dans les affaires
4
intérieures des Etats souverains à travers sa
politique de défense. De plus, jusqu'à une certaine
période, les relations entre les deux Républiques restaient le
symbole et l'incarnation de la françafrique. Nous pouvons citer par
exemple la base militaire française au Gabon qui est aujourd'hui la
seule présente sur la côte Atlantique de l'Afrique après
l'annonce officielle de la France en février 2010, d'après ce que
nous relate M. F. Mengue Moto (2017, p. 12) de ne maintenir qu'une seule base
dans cet espace géographique. Cette base était très
importante en ce sens qu'elle permettait les interventions militaires
françaises, la préservation des intérêts, la
sécurisation des citoyens, l'acheminement des matières
premières dans la région. Pour le choix de notre étude,
nous avons choisi deux bornes chronologiques 1960 et 2017 qui nous semblent
importantes par rapport à la délicatesse de la thématique
mais aussi à l'évolution des accords de défense.
1960 résulte la signature des accords de défense
du 17 août entre la République Française et la
République Gabonaise. En effet, pendant cette période, le Gabon a
une jeune armée qui est construit sous le joug de l'empire colonial
français. Et dans le cadre des accords, il est stipulé dans
l'annexe 3 de l'article 2 : « la République Française
fournit à titre gratuit à la République Gabonaise la
première dotation en matériel et équipement militaire
nécessaire pour la mise sur pied des forces armées gabonaises
» (cf. accord de défense). Mais aussi : « la standardisation
des armements, la République Gabonaise s'engage à faire appel
à la République Française pour le renouvellement et
l'entretien de ses matériels ».
Aussi à cette même date, l'ancien empire colonial
céda-t-il à la jeune armée gabonaise, le camp Baraka, la
Gendarmerie Nationale du Gros Bouquet. Tous les agents qui étaient en
service dans l'armée française rejoignirent l'armée
gabonaise fondée au lendemain des accords de défense et celle-ci
acquiert son autonomie militaire en 1961 et devint par la suite les forces
armées gabonaises avec un effectif total de 400 militaires.
Pour la date de 2017, il convient de rappeler que cette date
est très importante en ce sens qu'elle a permis au Gabon de consacrer
près de 157 milliards de franc CFA en dépense en armement et
équipements militaires. Un montant en hausse de 10 % par rapport
à 2016, où elle représentait 145,17 milliards de franc
CFA, selon le dernier rapport de l'Institut international de recherche sur la
paix de Stockholm (Sipri).
Pour conduire cette étude, nous avons eu recours
à de nombreux ouvrages généraux, spécifiques et
théoriques. Aussi, les différentes Revues de défense
obtenues du côté de l'Etat-major des forces armées
gabonaise (EMGFA) qui présentent brièvement l'organisation
5
institutionnelle militaire des forces de défense du
Gabon d'une part, le nombre d'armes à poing, d'assaut et du
matériel roulant achetés et en dotation de son partenaire
français d'autre part, mais aussi de sa politique d'ouverture à
d'autres partenaires.
A cela s'ajoute des articles spécialisés
rédigés par des spécialistes de l'histoire militaire, de
géopolitique. L'ouvrage de Jean-François Owaye,
Sécurité nationale gabonaise, introduction par les textes,
1958-2000, paru aux PUG, présente la défense du Gabon depuis
la création de la République autonome ; celui de Moïse
N'sole Biteghe, Échec aux militaires au Gabon en 1964 (Paris,
Dakar, Chaka, coll. « Afrique contemporaine », n° 8, 1990)
examine l'interventionnisme français après la prise en otage du
président Léon Mba Minko par des jeunes officiers du putsch de
1964. On a aussi l'oeuvre de Raymond Aron : Paix et Guerre entre les
nations (Paris, Calmann-Lévy, 1962), nous édifie sur les
acteurs des relations internationales qui, selon lui, oscillent entre le «
diplomate » et le « soldat ». Roland Dumas, Bertrand Badie et
Gaidz Minassian, La diplomatie sur le vif, apportent un
éclaircissement sur l'entretien réalisé le 14
février 2011 relatif aux accords de défense passés lors
des indépendances entre la France et ses anciennes colonies. Nous avons
également l'ouvrage de Mireille Flore Mengue Moto, La
coopération militaire entre la France et le Gabon de 1960 à nos
jours, paru aux éditions Amazon en janvier 2017. Cet ouvrage
directement en rapport avec notre thématique, nous renseigne sur la
politique de la France à l'égard du Gabon, mais aussi sur la
vision gabonaise en l'endroit de la France. Elle explique les changements
intervenus en 2010 qui entraînent une révision de leurs accords de
coopération militaire. S'ajoute l'ouvrage d'Albert Bourgi sur La
politique française de coopération en Afrique : le cas du
Sénégal (1980). Cet ouvrage nous renseigne sur
l'héritage de l'ancienne puissance coloniale en ce qui concerne
l'assistance technique militaire. La IVème République face
aux problèmes d'armement, Actes du colloque organisé les 29
et 30 septembre 1997, à l'Ecole militaire (Paris), sous la direction de
Maurice Vaisse, nous renseigne sur l'armement français depuis la IVe
République.
Parmi les autres ouvrages d'importance, nous avons
également, L'effort colonial français par A. Lebrun,
député, ancien ministre des colonies, publications du
comité `'l'effort de la France et de ses alliés» (Paris,
Barcelone) ; L'implantation coloniale française au Gabon de
Nicolas Meteghe Nah.
6
L'ensemble de ces ouvrages nous ont permis de comprendre les
modalités qui concernent la coopération franco-gabonaise en
matière d'armement et d'équipements des forces de
défense.
Les ouvrages de théories des relations internationales,
avec des auteurs comme Jean-Jacques Roche, Théorie des relations
internationales (Montchrestien 6ème édition,
2006), Dario Batistela, Théorie des relations internationales
(3ème édition, les presses de Science Politique),
Jean-Baptiste Duroselle, Tout empire périra. Une vision
théorique des relations internationales (Paris Sorbonne, 1981),
Anat Gromiko, Les relations internationales aujourd'hui (Paris,
Editions du progrès, 1986), Marcel Merle, Forces et enjeux dans les
relations internationales (Paris, Economica, 1985. Charles Zorbibe,
Les relations internationales (Paris, P.U.F, 1983), Pierre Renouvin et
Jean-Baptiste Duroselle, Introduction à l'histoire des relations
internationales (Paris, colin, 1991, 4ème Ed.), nous ont
aidé pour construire notre cadre théorique et de mieux comprendre
non seulement l'indépendance étatique, mais aussi les relations
historiques dans le cadre de la coopération bilatérale.
De façon générale, tous ces auteurs que
nous avons cités dans notre travail, parviennent plus ou moins à
la conclusion selon laquelle, la France est le partenaire historique dans la
politique d'armement et des équipements militaires au Gabon. Ainsi,
à la mise sur pied de son armée le 17 août 1960, le Gabon
signe avec l'ancienne puissance coloniale des accords de défense portant
essentiellement sur l'assistance technique et la formation, (voir annexe sur
les accords de défense). L'une des manifestations est que, jusqu'en juin
1964, le titre de chef d'Etat-major des forces armées gabonaises est
entre les mains d'un officier supérieur français (le colonel
Gribelin puis le colonel Royer). C'est seulement plus tard que ce titre revint
à des officiers gabonais dont le colonel Nazaire Boulingui, le premier
d'entre eux, à partir de 1969 si l'on s'en tient au Mémorial
du Gabon (1960).
Malgré la prégnance de la coopération
militaire avec la France, on constate que l'armée gabonaise reste
toujours entre les moins puissantes en Afrique. En effet, sur les 136 pays
notés par le Global Firepower (GRIP) en 2017, le Gabon arrive au
126ème rang mondial. Seul les armées namibiennes
(127ème), centre-africaine (130ème), ou
libérienne (135ème) sont en dessous de lui sur le plan
mondial. Sur le plan continental, c'est l'Egypte (12ème
mondiale) qui arrive en haut du tableau avec 454250 militaires actifs et 87
5000 réservistes pour 4946 chars, 1132 avions militaires, dont 309
avions de chasse et 319 navires et bâtiments de guerre. Avec un budget de
défense estimé par la GFP à 81 millions de dollars, soit
environ 43 milliards de
7
franc CFA, l'armée du Gabon est classée
28ème sur 34 en Afrique, et arrive avant dernière dans
la sous-région. Le pays comptabilise 4850 militaires actifs, et
posséderait au total 6 avions de chasses, 15 avions de transports, 16
hélicoptères et 250 véhicules blindés de combats. A
ces véhicules et armes lourdes, s'ajoutent des armes
légères d'infanterie. En revanche, il est important de signifier
que l'objectif principal de cette coopération pour le Gabon était
de mettre sur pied une armée qui serait capable de sécuriser le
territoire à l'intérieur et à l'extérieur des
frontières.
Après trois décennies, les objectifs de cette
coopération n'avaient pas encore été atteints. Au regard
de cette analyse, les autorités gabonaises ont réalisé
l'urgence de reformer leur outil militaire et de redéfinir leur
coopération avec l'Etat français. Ce sont en effet ces
réformes de l'armée que les autorités gabonaises ont
désignées sous l'expression « armée en OR »,
c'est-à-dire « Opérationnelle » et «
Républicaine ». Ces réformes ont continué par la
diversification du domaine militaire gabonais à travers l'encadrement,
la formation, les équipements1 avec des puissances comme la
Chine, la Belgique, Israël, les Etats-Unis, la Russie, l'Espagne et bien
d'autres. De son côté, la France a élaboré une
coopération militaire technique tout en maintenant quelques bases
militaires (Libreville et Port-Gentil). Ces orientations constituent les
fondements de ses relations militaires avec le Gabon. Ainsi, de part et
d'autre, le souhait de réorienter leurs rapports militaires devenait de
plus en plus indispensable, d'où la reformulation des accords militaires
en 2010 et de nombreuses réformes engagées dans l'objectif de
mettre en place une coopération militaire plus efficiente.
Pour ce travail des questions de recherche apparaissent :
comment a germé la coopération franco-gabonaise en matière
d'armement et d'équipements des forces de défense du Gabon ?
Comment a-t-elle évoluée ? Quels en ont été les
caractéristiques géopolitiques, militaires, techniques et
politiques au moment des indépendances et qui obligeaient le Gabon
à n'en faire appel qu'à la France ? Quel est l'apport du
partenaire français à cette politique ? Quelle est la
qualité des armes et des équipements militaires reçus par
le Gabon ? Cet apport est-il approprié aux missions assignées aux
forces de défense gabonaises ? Autrement dit, est-ce que ces armes
conviennent à l'environnement militaire et sociologique du Gabon ? Quel
a été le niveau de dépense supporté par les deux
partenaires ? Et, finalement quelles réformes ont été
apportées à cette coopération technique ?
1 Serge Loungou, Maître de conférences de
géographie à l'Université Omar Bongo.
8
A notre sens, cette coopération est l'émanation
de l'indépendance du Gabon. Du côté français, les
enjeux géostratégiques n'étant plus les mêmes, la
France est contrainte de revoir ses relations et restructurer
profondément son dispositif et sa coopération militaire en
Afrique.
La France a convenu à approvisionner son ancienne
colonie en équipements et armements nécessaires pour son
armée. Les accords de défense de 1960 stipulent que la
contrepartie de dotation de l'armée gabonaise en équipements
français fut de convenir, dans le cadre des accords d'assistance
militaire technique, de l'opportunité d'une standardisation des
armements. De plus, le Gabon ne représentait qu'un réservoir des
matières premières stratégiques et un
débouché important pour les exportations françaises. Ces
avantages ont été à l'origine des rivalités
intereuropéennes pour l'obtention de points d'appui ou d'escales pouvant
servir à des fins économico-commerciales et militaires comme le
mentionne la thèse de Nziengui (1993, p. 152). Enfin, nous avons
l'hypothèse de la dépendance. En effet, cette dépendance
voulue et exercée par la France permet la stabilisation du Gabon. Cette
coopération, même si elle correspond aux besoins de
sécurité et de développement du Gabon, place les
hiérarchies militaires gabonaises dans l'obligation de se tourner vers
leur protecteur. Cette hypothèse de la dépendance est
renforcée par le fait que les facilités accordées au Gabon
dans la dotation ou l'achat de matériels militaires tendent à
servir leurs desseins stratégiques ou plus simplement leurs politiques
locales. Et cela entraîne de gros coûts budgétaires dans
l'achat des armes et des équipements militaires malgré le fait
que ces armes demeurent obsolètes et ne permettent plus à une
défense extérieure.
Actuellement, les deux partenaires travaillent en partenariat
sur la formation en la diversifiant et en augmentant sa fréquence.
Aussi, depuis la création de l'hôpital principale de Libreville en
1994, la France a-t-elle contribué à l'équiper et, depuis
2002, une convention a été signée pour un partenariat
consacré à l'amélioration du matériel militaire. La
France a pris à sa charge la fourniture de certains matériels
spécifiques liés à plusieurs domaines médicaux.
L'évolution de ce partenariat devait se traduire aussi par la
création d'une école sous régionale d'application pour les
médecins militaires. L'importance de l'évolution de cette
coopération se lit également par la présence de
l'ingénieur-Général français en armement au Gabon
au mois de juin. Celui-ci est venu inspecter le matériel d'armement
français en dotation au sein des forces de défense du Gabon.
Selon la (Revue des forces de défense gabonaise 2007, p. 5), il
en ressort qu'un besoin réel de renouvellement de matériel
nouvelle génération au profil notamment de l'Armée de
Terre et de l'Air. De cette coopération, il faudrait rappeler que les
AML de l'air français en cours de déclassement devaient faire
bénéficier aux forces de
9
défense d'un matériel quasi neuf. De même,
l'armée de l'air pourrait se doter, si la partie gabonaise en fait la
demande, de nouveaux Radars TALES ainsi que des Mirages F5. C'est dans cette
perspective que le Général français a confié au
ministre de la Défense de l'époque, Mangollo Mvoulou que d'autres
types de matériels sont actuellement disponibles au sein des forces
françaises. Ce sont des hélicoptères Gazelle 342 et des
hélicoptères E120. En ce qui concerne la marine nationale,
l'expert français a conseillé aux responsables gabonais de
contacter l'industriel RECTO pour l'armement des RODMANS récemment
acquis auprès de l'Espagne. A ce propos, il faut dire que depuis
quelques années, on assiste à une véritable ruée
vers le Gabon. Cette ruée peut être en effet une quête de
puissance comme nous le fait savoir M. F. Mengue Moto dans son ouvrage (2017,
p. 65) par le biais du contrôle d'un espace jusque-là
négligé, et un besoin de diversification des sources
d'approvisionnement en matières premières, notamment le
pétrole. Le Gabon fait l'objet des convoitises actuellement. Ses
convoitises se manifestent sous forme d'investissements aussi bien que
politique, économique et surtout militaire. Il se transforme en un champ
d'intérêts de puissances à la fois anciennes et montantes.
Les secteurs ciblés, relèvent de l'économie de rente
(pétrole, minerais, bois), avec une percée remarquée dans
les grands travaux.
Pour élucider tous ces points, il nous a
nécessité une méthodologie comme nous l'apprend
l'historien Marc Bloch dans sa revue d'histoire économique et sociale
(1948) « l'historien et sa méthode » (nous avons
élaboré un plan de travail dont la première action
consistait à recenser les différents centres de documentations
ainsi que les personnes ressources qui pouvaient nous être utiles dans la
réalisation de notre travail. A cet effet, nous nous accordons avec
Antoine Prost qui dit que « la vérité en histoire c'est ce
qui est prouvée. Mais ce qui est prouvée, c'est ce qui peut
être vérifié ». Pour y parvenir, nous avons
procédé à une recherche documentaire qui a
été soumise à une critique historique, ce qui nous a
facilités d'aboutir à une synthèse.
Nous avons mené nos recherches documentaires dans
divers centres de documentations de Libreville. Nous nous sommes
rapproché de l'Ambassade de France qui nous a permis d'obtenir les
accords de défense de nouvelles générations en
matière d'armement et d'équipements des forces de défense,
de l'Assemblée Nationale qui nous a fourni des lois de finances et des
rapports annuels du ministère de la Défense Nationale, du Conseil
Economique et Social et Environnemental, du Sénat, qui nous a fourni le
rapport de la révision des accords de défense signés en
2010, du Ministère du Budget, des Comptes Publique nous a fourni des
documents financiers datant de 2005 à nos jours. L'armée de
l'aire,
10
l'armée de terre, le Camps Baraka, l'Etat-Major
Général des forces armées (EMGFA), Gendarmerie Nationale,
l'Ecole Nationale d'Administration (ENA), nous ont facilité l'obtention
des revues des forces de défenses, des thèses de mémoires
qui abordent des accords de défense interafricains. En ce qui concerne
les bibliothèques, nous avons fréquenté les Archives
Nationales, la bibliothèque Nationale, la bibliothèque de
l'Institut Français du Gabon (ancien CCF) où nous avons
trouvé d'importants articles, rapports, revues, mémoires,
thèses et dictionnaires des relations internationales ainsi que des
encyclopédies qui nous aidé dans l'élaboration de notre
travail. En effet, ce travail a été complété par
des enquêtes orales. Comme l'affirme Jean-François Owaye (2012, p.
12) « les textes oraux africains sont des réservoirs d'idées
». Vu la délicatesse de notre sujet, nous avons jugé utile
d'interroger certaines personnalités militaires supérieures mais
aussi civiles, à savoir le Général Ditengou,
Général Adjoint des Forces Armées Gabonaise (FAG), le
colonel Ntossui Allogho, le colonel Rapotchombo, le commandant Ulrich, le
spécialiste d'armement de l'armée de terre, le spécialiste
d'armement de la Gendarmerie Nationale, le commandant Oloumbou, le capitaine
Oye du Ministère de la Défense Nationale, le commandant
Ilonhoungou de la Gendarmerie Nationale du Gros-Bouquet, l'attaché de
défense près de l'ambassadeur de France au Gabon, le colonel
Maloux, le commandant Mombo du camp Baraka, Florentin ancien aide camp du
président Omar Bongo de la Garde Républicaine (GR), un ancien
colonel retraité de la Gendarmerie Nationale. Comme civil, nous avons
Mireille Mengue Moto (spécialiste des questions de
sécurité et de défense).
Les personnalités militaires encore en service des
différents Etats-majors des forces armées et des casernes
militaires nous ont entretenues sur notre thématique de recherche en
nous édifiant sur l'importance de la coopération militaire
franco-gabonaise au moment où le Gabon acquiert son indépendance.
Nous pouvons citer par exemple, l'attaché de défense de
l'ambassadeur de France au Gabon, qui a montré l'importance de cette
coopération fondée sur deux aspects à savoir : le vivre
ensemble et les relations historiques. Aussi, le lieutenant-colonel de l'EMGFA
qui nous faisait-il savoir que le matériel militaire que les forces de
défense gabonaises utilisent ne convient plus à l'environnement
militaire. Parallèlement, nous avons interrogé des anciens
militaires déjà en retraite, mais aussi des civils. Ces
dépositaires du savoir sur les questions militaires entre la France et
le Gabon, nous ont orientés sur plusieurs aspects fondamentaux de notre
sujet. Ils nous ont permis de mieux cerner les enjeux de la présence
française au Gabon dans le cadre de la coopération militaire.
11
Ces sources ont joué un rôle assez important dans
l'élaboration de notre mémoire. De ce fait, la répartition
des armes et leur commande dans chaque région de l'intérieur du
pays nous ont permis de connaître dans un premier temps, le type d'armes
et leur nature, mais aussi le nombre d'armes que la France vendait aux forces
de défense du Gabon.
Ainsi, selon Philippe Braillard (1977, p. 12) la «
connaissance de ce que nous nommons la réalité. Elle exprime ce
que nous savons ou ce que nous croyons savoir de la réalité.
» L'analyse des relations internationales a été pendant
plusieurs siècles l'apanage des juristes, philosophes qui ont
tenté d'expliquer les relations d'Etat à Etat à l'aide des
théories. Avec le développement des sciences sociales, aux XIXe
et XXe siècles, les théories des relations internationales se
sont multipliées et plusieurs ont tenté de se démarquer de
ce cadre juridico-philosophique par l'emploi d'approches empiriques. Toutefois,
rappelons que la théorie réaliste est le concept de
souveraineté des jeunes Etats qui bouleversent les données
géopolitiques mondiales de nos jours. C'est dans cette perspective que
le même auteur fait savoir que, les réalistes croient que le monde
étant gouverné par certaines lois objectives ou
caractéristiques naturelles immuables, le changement ou le
progrès n'est possible que s'il est fondé sur la connaissance et
la prise en compte de ces contraintes. La préoccupation première
des réalistes dans ce cas est de comprendre ces contraintes grâce
à une observation objective de la réalité. En somme,
l'Etat africain avant sa naissance officielle, s'était
déjà rapidement inséré dans des réseaux de
coopération, qui accroîtra sa marge de manoeuvre dans le champ
diplomatique interafricains.
On ne peut dissocier la politique internationale d'un pays de
la vision du monde. Celle-ci lui impose son esprit, ses développements
et ses paradoxes. En effet, il est clair qu'une telle approche assigne à
la coopération un rôle majeur dans la politique
étrangère, en théorie et en pratique. Imposer au nouvel
Etat dans ses rapports avec la France, la coopération acquiert dans
cette expérience une dimension réaliste fondée sur
l'analyse concrète de la réalité qui s'impose ensuite
à l'ensemble de ses relations internationales et marque notamment le
grand dessein de réforme de l'ordre « économique mondial
dans les années 1970. Dans la déclaration d'Evian, l'article de
l'auteur J. H. Robert (1982, p. 32) il apparaissait formellement que la
coopération était un tout, et que l'aide de la France serait
fournie en contre partie du maintien de « droit acquis », à
commencer par les intérêts pétroliers de l'Etat
français. Ainsi, dès l'origine, la coopération
n'était pas concédée, mais négociée. Elle
était appréhendée de façon réaliste par les
deux Etats dans sa globalité contradictoire et jamais réduite
à une conception naïve et unilatérale de l'aide au
développement ; c'est pourquoi la
12
coopération est avant tout un construit sur l'existence
d'intérêts communs à préserver, en l'occurrence dans
le cadre de l'insécurité et d'instabilité qui
prévalent dans les Etats africains notamment le Gabon. Par
conséquent, la défense n'est plus seulement une affaire
militaire, car les théories l'ont prouvé en montrant que les
accords de défense n'avaient pas que le caractère militaire et ne
servaient pas uniquement à une politique de puissance.
Ce travail est le fruit d'une longue recherche scientifique
qui nous a prévalu des difficultés énormes à cause
de la sensibilité du sujet. En effet, les documents confidentiels ont
rendu ce travail très difficile, c'est la raison pour laquelle Victor
Cherbuliez dit en ces mots : « les difficultés irritent le
désir2 ». Ce désire nous a permis d'aller en
avant et de creuser en profondeur sur la coopération franco-gabonaise en
matière d'armement et d'équipements des forces de défense.
De ce fait, la première difficulté rencontrée est
liée à l'accès aux personnes ressources. Travailler sur
les questions d'armement et d'équipements militaires au Gabon n'est pas
aisé, car l'armée est considérée comme la `'grande
muette3. A ce propos, les hautes personnalités militaires qui
nous ont reçus abordaient de ces questions avec beaucoup de reculs et ne
voulaient pas s'ouvrir totalement à nous pour des raisons personnelles.
Or selon Napoléon Bonaparte « l'armée c'est la nation »
(1883), c'est-à-dire que l'armée doit permettre aux compatriotes
de connaître l'organisation et les composantes de la défense
nationale. Le deuxième volet de notre difficulté
rencontrée est celle des sources écrites. En effet, le peu de
documents que nous avons eu à notre disposition sont classés
comme `'secret-défense» et confidentiel militaire. Cela ne pouvait
pas nous permettre de mieux rédiger notre rapport comme nous le
souhaitons. De plus, à chaque fois que nous nous rendions dans les
centres de recherches c'est-à-dire casernes, État-major des
forces armées ou même aux archives nationales, on nous faisait
comprendre qu'il fallait avoir l'autorisation du Ministre de la Défense
Nationale pour rentrer en possession des documents nécessaires et
susceptibles de nous aider dans la rédaction du mémoire. Cette
tâche a été évidemment très compliquée
pour nous. A mainte reprise nous avons adressé des courriers aux deux
derniers ministres d'Etat, malheureusement ces derniers ont
catégoriquement refusés que nous puissions disposer des documents
du ministère mais aussi des casernes militaires. Pour plus de
crédibilité, un exemplaire du retour de notre demande se trouve
dans les annexes de notre rapport.
2Citation de Victor Cherbuliez, la ferme
du Choquard,
3 Nom courant des forces armées qui démontre leur
aptitude à conserver les secrets.
13
Le plan de ce travail est construit en trois parties. La
première partie traite des « fondements de la coopération
franco-gabonaise en matière d'armement et d'équipements des
forces de défense ». Dans cette partie, nous avons deux chapitres
qui abordent respectivement « les déterminants historiques et
stratégiques chapitre I » et « le cadre juridique chapitre II
». La deuxième partie du travail aborde « l'organisation
institutionnelle et les politiques d'armement et d'équipements de la
coopération militaire entre la France et le Gabon ». Dans cette
partie, nous avons à démontrer dans le « chapitre I
l'organisation institutionnelle de la politique d'armement de la France de la
France » et dans le deuxième chapitre, « l'organisation
institutionnelle et la politique d'armement du Gabon ». Enfin la
troisième partie est consacrée à « vers une
recomposition de la coopération franco-gabonaise en matière
d'armement et d'équipements militaire », en chapitre I, nous avons
« les bases d'un nouveau partenariat de défense », et le
deuxième chapitre met en exergue « l'ouverture tous azimuts
à d'autres partenaires. »
14
PREMIERE PARIE :
AUX FONDEMENTS DE LA COOPERATION FRANCO- GABONAISE EN
MATIERE D'ARMEMENT ET D'EQUIPEMENTS MILITAIRES DU GABON
15
Chacune des parties contractantes des accords de
coopération militaire obéissaient à une logique
dictée par leurs besoins et intérêts du moment. L'ancienne
puissance coloniale
voyait par ce canal un moyen d es liens et les
intérêts qu'elle avait
avec le nouveau pays indépend q te partie de notre
étude essaie de circonscrire les fondements de la coopération
franco-gabonaise en matière d'armement et d'équipements des
forces de défense du Gabon. En effet, elle met exergue les relations
historiques et stratégiques qu'entretenaient la France et le Gabon
depuis la colonisation. De plus, elle évoque le processus vers le chemin
de l'indépendance du Gabon en août 1960, mais aussi de la
construction d'une armée pour sa défense intérieure et
extérieure. A cet effet, elle comprend deux chapitres, l'un historique,
l'autre juridique. Le chapitre I présente les déterminants
historiques et stratégiques de la coopération franco-gabonaise,
le chapitre II, décrit brièvement l'arsenal juridique militaire
de la coopération entre les deux Etats.
16
Chapitre I : Les déterminants historiques et
stratégiques
Par déterminants historiques, il faut entendre le
contexte des années 1960 ; et par déterminants
stratégiques, les rapports la volonté de projection de la
puissance en Afrique avec comme point d'appui le Gabon.
Cela étant, la grille de lecture la plus commode et, la
plus utilisée couramment en relation internationale, est celle des Etats
et des rapports qu'ils entretiennent entre eux. En admettant que les relations
internationales soient des relations entre unités politiques
territorialement organisées, ce qui ferait la spécificité
de telles relations est la légitime à la légalité
du recours à la force armée de la part des acteurs, R. Aron
(1967, p. 843). Le présent chapitre qui porte sur les fondements
historiques et stratégiques de la coopération militaire
franco-gabonaise, met en exergue les déterminants des deux pays.
I- Le réalisme des partenaires
franco-gabonais
La signature des accords de défense entre le Gabon et
la France fait ressortir des raisons multiples dans les domaines variés
; celles-ci tiennent du réalisme des Etats partenaires, par exemple, le
rôle de plateforme stratégique du Gabon pour la France (A). Les
domaines visés touchent la sécurité, la défense et
de la stratégie qui apparaissent les plus évidents. Les aspects
politico-diplomatiques ne sont pas à négliger (B).
A- Le Gabon : une plate-forme stratégique pour la
France
La France, en tant que puissance coloniale, avait plusieurs
raisons lui conduisant à sceller, voir améliorer la signature des
accords de défense avec son ancienne colonie, le Gabon qui venait
d'avoir son indépendance. Elle y avait des gros intérêts
qui couraient le risque d'être menacés au point de faire du Gabon
une zone assez stratégique.
Le Gabon fait partie d'un vaste géographique et d'une
grande importance. Il est situé dans le continent africain, qui dans
l'histoire de la géostratégie mondiale, est un verrou
incontournable qu'il faut avoir dans sa zone d'influence. Une conception du
rôle d'Afrique dans les stratégies mondiales fait apparaitre la
place imminente occupée dans ce continent par le bloc des Etats
francophones dont le Gabon fait partie. A ce titre, on distingue trois
grandes
17
phases du rôle stratégique du continent africain.
La période antérieure à la fin de la Seconde Guerre
mondiale, la période de la Guerre froide et l'époque
contemporaine.
Dans la première partie de la période, l'Afrique
était perçue comme un « pactole inépuisable » J.
Ki-Zerbo (1978, p. 429-450) de matières premières. Elle
était analysée comme un « réservoir d'hommes »
J-B. Duroselle (1978, p. 53-56) et un ensemble de positions stratégiques
de premier plan pour la liberté des voies de communications ayant des
bases escales à finalités économiques, commerciales et
militaires. Pendant le Second conflit mondial, l'Afrique relevait son
importance militaro-stratégique. Elle se transformait en un lieu refuge
pour ceux qui ont perdu la bataille et en phase de reconquête.
D'ailleurs, Brazzaville fut la capitale de la France libre. Après le
Second conflit mondial, le continent noir deviendra l'atout majeur de la
stratégie occidentale. Pour comprendre tout cela, il conviendrait de
rappeler la conception stratégique du monde dans les années
cinquante. Selon ces derniers, le monde est schématiquement
divisé en deux ensembles. D'une part, la masse continentale ayant
à sa périphérie des appendices allant de la scandinave au
Japon ; d'autre part, les grands blocs terrestres constitués de
l'Afrique et l'Australie.
Dans cette configuration planétaire, l'Afrique
revêt d'offrir un espace continental qui fait défaut ; c'est pour
cela qu'il faut y maintenir une influence très dense. Les
stratèges de l'époque s'appuient sur l'expérience de la
Seconde Guerre mondiale qui élaborait la théorie selon laquelle,
si un conflit a lieu, son théâtre serait européen. Lors des
indépendances, cette conception n'avait pas du tout changé.
L'Afrique continuait à être perçue comme une base de
reconquête. Ainsi, la Guerre froide fit de l'Afrique une des pierres
angulaires de la stratégie indirecte des indépendances. On
comprend alors pourquoi l'Afrique une fois indépendante est dans cette
Guerre froide, l'espace d'affrontement entre les deux grands : Union des
Républiques Socialistes Soviétiques (URSS) et les Etats-Unis.
D'où l'intérêt pour les dirigeants politiques
français de l'époque de maintenir leur influence en Afrique
à travers les accords de coopération militaire. Ils pensaient
d'ailleurs que « Face à la menace générale, l'Afrique
naguère tenait toute son importance du rôle de grand
arrière du théâtre européen qui lui était
d'ailleurs imparti par période. Aujourd'hui, directement menacé,
elle est l'enjeu dont la perte entrainerait la rupture au
bénéfice du monde communiste, de l'équilibre mondial
réalisé depuis 1945». Dans cette note, l'ancienne puissance
coloniale française clarifiait sa position par rapport à
l'Afrique et justifiait ainsi stratégiquement les accords de
défense et d'assistance militaire. Elle identifiait clairement l'ennemie
qui est l'union soviétique. L'URRSS étant paralysée dans
son expansionnisme vers l'Europe du fait « parapluie nucléaire
18
américain », exerçait des
velléités vers d'autres régions dont l'Afrique fait
partie. Parmi les multiples facteurs qui conditionnent les décideurs
français dans la politique militaire en Afrique dans les années
soixante, il y a un phénomène majeur qui joue, c'est la
poussée de l'influence soviétique en Afrique. Pour cet Etat aux
frontières interminables, l'éloignement du continent noir
était un argument suffisant. A l'époque du Tsar, deux pays ont
seulement retenu l'attention de la Russie : l'Ethiopie et l'Afrique du Sud.
Après la révolution de 1917, Lénine et ses successeurs
n'avaient pas tourné leurs regards vers ce monde lointain. Sur le plan
diplomatique, les motivations de la France par l'importance que rêvait le
Gabon, désormais membre de l'Organisation des Nations Unies (ONU) et
présent dans d'autres instances internationales en tant que pays
francophone et se situant dans la zone d'influence française, il pouvait
constituer un appui pour faire passer les décisions françaises
sur les questions internationales.
B- Un résultat des démarches diplomatiques
soutenues
Les accords de défense entre la France et le Gabon
interviennent dans l'objectif de préserver les intérêts
diplomatiques de l'ancien colonisateur de son ex territoire. L'objectif
politique de la France est de maintenir les liens étroits avec les
dirigeants gabonais afin que ceux-ci préservent leurs multiples
intérêts au Gabon.
D'ailleurs il existait dans les accords de défense une
clause secrète qui donnait le droit à la France de
protéger les dirigeants. C'est d'ailleurs ce qui s'est passé en
1964 lorsque la France a rétabli le président Léon Mba qui
venait d'être destitué par les militaires gabonais. Dans un
contexte de Guerre froide, dans lequel le monde était dominé par
les deux supers grands : les Etats-Unis et l'URSS, il fallait que la France se
forge une place très importante qu'elle ne pouvait en ce moment
acquérir que par son influence en Afrique. C'est en ce sens que Ammioz
mentionne à ce propos « A la différence d'autres puissances
coloniales, la France parait être la seule qui une stratégie
répondant à une vision globale du monde et à sa place sur
l'échiquier mondiale. Toute ma vie je me suis fait une certaine
idée de la France. L'homme qui prononce ces mots c'est le
général De gaulle. Cette idée de la France c'est le primat
de son rôle dans le monde en tant que puissance. Or le monde est
déjà divisé et dominé en deux supers-puissances :
les USA et l'URSS. Qu'elle chance reste-t-il à la France de jouer le
rôle d'une puissance qui soit écoutée et respectée
dans le monde ? Des positions françaises d'Indochine et du Moyen-Orient,
la seule carte à jouer afin que la France rivalise avec les
superpuissances d'Afrique francophone » Sur le plan diplomatique, les
autorités gabonaises
19
s'alignaient ainsi avec plusieurs pays de l'Afrique favorable
à la France qui les aideraient dans les grandes décisions au sein
des instances internationales. Dans cette manière, l'hexagone peut
toutefois s'assurer d'un grand nombre de voix au sein de l'ONU. Grace à
ses relations avec les pays d'Afrique francophone dont le Gabon fait partie, la
France peut jouer un rôle qui dépasse ses capacités de
puissance moyenne, garantissant indirectement son siège du membre
permanent du conseil de sécurité de l'ONU.
Pour s'assurer de la fidélité du Gabon à
son égard dans le domaine diplomatique, les deux pays ont signé
les accords en matière de politique étrangère au terme
desquels se trouve organiser « une consultation intergouvernementale et
mutuelle en matière de politique étrangère, en vue
d'harmoniser leur position et leur action au sujet de tout problème
étranger » (Article 4). Ainsi, dans les textes juridiques
concernant les relations diplomatiques entre la France et le Gabon, le
gouvernement de l'ancienne puissance et le gouvernement de la République
Gabonaise se tiennent directement informer et se consultent au sujet de
politique étrangère. Avant toutes décisions importantes,
une harmonisation de leurs positions et de leurs actions ainsi qu'une
concertation régulière doit s'effectuer. De plus, la
République Française, au terme de l'article 3 du texte de 1960,
se voit octroyer la mission d'assurer la représentation de la
République Gabonaise auprès des Etats et des organisations
internationales où cette dernière ne disposait que de
représentations propres. L'influence de la France dans la diplomatie
gabonaise est d'autant plus importante qu'elle apporte son concours,
conformément aux dispositions des textes, pour l'organisation des
services diplomatiques, et la formation des cadres diplomatiques et
consulaires. Les déterminants stratégiques et diplomatiques
ont-ils permis à une réponse aux enjeux des années
1960?
II- Une réponse aux enjeux des années
1960
En 1960, lors de l'accession du Gabon à la
souveraineté internationale, la colonisation légua à
l'ancienne puissance et au nouvel Etat indépendant une longue
expérience qui permettait de matérialiser ce qui a
été convenu dans les accords de défense. Ainsi, les forces
armées gabonaises prient naissance par un décret-loi 4/PM/1960
sous les décombres des anciennes structures, qui pouvaient constituer la
défense du pays. Pour gérer la coopération, les
rôles furent repartis entre les deux institutions étatiques selon
ce que nous dit Mireille Flore Mengue Moto (2017, p. 78), d»une part,
l'indépendance et d'autre part, la création des forces
armées gabonaises.
20
A- Une coopération militaire comme déterminant
des nouveaux rapports franco-gabonais
Il est évident que lorsque deux Etats signent des
accords, chacun cherche en à tirer le maximum de profil. Comme la
France, le Gabon avait sa représentation des relations militaires qu'il
y eut avec la France. Quels sont les éléments qui, aux yeux des
dirigeants gabonais ont favorisé l'établissement des liens
militaires avec la France ? Le Gabon qui acquiert son indépendance
s'achemine doucement vers un processus de démocratisation en conservant
les liens étroits avec la métropole. En effet, en décembre
1959, au retour du conseil exécutif de Saint-Louis, Léon Mba,
désormais ainsi rassuré exprime son sentiment. Discours le 16
août 1960, à 23h58 avant la proclamation de
l'indépendance.
Nous savons que l'indépendance est à
portée de notre main, dit-il. Il ne reste qu'à nous de la prendre
dans l'amitié avec la France... Je suis un pragmatique, un homme qui
tient compte des réalités, qui adapte sa conduite aux besoins
réels de son peuple.
C'est dans ce sens que les relations militaires
établies entre la France et le Gabon en 1960, dès l'accession de
cette dernière à la souveraineté internationale,
étaient fondées sur la base de la bilatéralité,
c'est-à-dire qu'elles ne concernaient que la France et le Gabon. C'est
ce qui se dégage dans les termes des textes juridiques de 1960 qui,
jusqu'à une date très récente, régissaient ces
rapports militaires entre les deux pays. Pendant longtemps, la mise en pratique
de ces textes reflétait cette bilatéralité et la
coopération militaire franco-gabonaise a longtemps fonctionné de
cette manière jusque dans les années 1990 ou les
événements géostratégiques internationaux
contraignent la France à revoir l'orientation de cette
coopération bilatérale, vers une coopération
multilatérale faisant intervenir des nouveaux acteurs et des nouveaux
objectifs. C'est à ce titre que Michel Debré4 dans une
lettre du 15 juillet 1960 fait savoir que « La France donne
l'indépendance à condition que l'Etat, une fois
indépendant s'engage à respecter les accords de
coopérations signés antérieurement. Il y a deux
systèmes qui entrent en vigueur simultanément,
l'indépendance et les accords de coopération l'un ne va sans
l'autre ». C'est à la suite de tout cela que la France et le Gabon
signèrent les accords de coopération à la veille de
l'indépendance pour garantir la continuité des liens entre eux. A
ce propos, les accords de défense justifient la présence
française au Gabon et encadrent la gestion des matières
premières stratégiques et lui ont donné droit d'intervenir
au Gabon en cas d'agression ou de grave crise.
4 Premier ministre français à l'époque.
21
Ainsi, après avoir fait partie de la
Fédération de l'Afrique Equatoriale Française (AEF) de
1910 à 1958, le Gabon écrit une nouvelle page de son histoire le
17 août 1960. André Malraux dit à ces propos « Ce
n'est pas un transfert d'attribution, c'est un transfert de destin. » Il
s'agit en effet, de la huitième colonie française à suivre
cette voie depuis le début du mois d'août. Le Gabon qui avait
obtenu l'autonomie relative en 1956, avec l'adoption du suffrage universel,
était devenu une République membre de la communauté
française à la suite d'un referendum tenu en 1958. Léon
Mba devenu président de la République pour un mandat de sept ans,
une nouvelle constitution fut adoptée par l'Assemblée nationale
le 2 février 1961. Un nouveau paysage politique s'ouvre pour le Gabon
lorsque l'ambassadeur français Risteruci abandonna le palais au nouveau
président gabonais5. Pour la première fois, les
représentants des puissances étrangères sont à
Libreville pour porter témoignage aux yeux du monde de
l'indépendance de la République Gabonaise qui a été
négociée à Paris au début du mois de Juillet.
Mais comment comprendre la notion d'indépendance ? Elle
désigne tout autre Etat ne dépendant pas d'un autre. Elle est
apparue en tant que concept politique suite à la déclaration de
l'indépendance des Etats-Unis (1776). Par définition, le petit
robert de la langue française (2017, p. 1312) définie
l'indépendance comme étant « l'émancipation des
colonies. » Une émancipation qui voudrait que les colonies soient
plus autonomes et libre, de choisir, de décider et d'organiser la vie
politique, économique et sociale de leurs Etats. Or dans le contexte
international, elle désigne l'Etat juridique auquel ont
accédé des anciens territoires coloniaux pour acquérir
tous les attributs de la souveraineté étatique. Cette accession
au rang de l'Etat leur a ouvert, entre autre, prérogatives, la
faculté de déterminer et de conduire une politique
étrangère. Mais encore, faut-il que cette faculté puisse
être exercée librement. Aussi, l'indépendance
désigne-t-elle la capacité d'un Etat à disposer d'une
politique étrangère effective (dont ses instances
compétentes arrêtent les grandes lignes et pilotent la mise en
oeuvre sans ingérence ou immixtion d'un autre Etat) souligne H. Adear
(p. 47). Dans quel contexte, les forces armées gabonaises se
construisent?
5 Ancien Haut-commissaire du Gabon, devenu le premier
haut-représentant de la France, ambassadeur auprès de la
République gabonaise.
22
B- La création des forces armées gabonaise
comme fondement de souveraineté du nouvel Etat
La création d'une armée pour des nouveaux Etats
apparue, au départ comme un symbole de souveraineté, c'est un
moyen d'assurer la défense et l'intégrité de son
territoire. Ainsi, au moment de l'indépendance du Gabon, la France signe
avec l'ancienne puissance les accords de coopération dans les domaines
variés. Dans les domaines militaires, deux sortes de textes juridiques
lient les institutions entre elles : ceux qui légalisent l'assistance
militaire technique et ceux qui légitiment une intervention
française au Gabon.
D'une part, on se retrouve avec, les accords d'assistance
militaires techniques et d'autre part, les accords de défense. Les
premiers accords visent la formation des militaires gabonais en France et dans
leur pays, l'aide financière et équipements à apporter au
Gabon. Les deuxièmes types d'accords permettent à la France
d'intervenir au Gabon en cas d'attaque ou de menaces pour défendre
l'intégrité territoriale ou rétablir l'ordre dans le pays.
A ce propos, les éléments français au Gabon (EFG) se
trouvent pré-positionnés à Libreville dans la capitale
gabonaise, à Port-Gentil dans la capitale économique et à
Franceville chef-lieu de la province du Haut-Ogooué. Dans cette
perspective, les nouvelles autorités politiques gabonaises ont
d'emblée fait de cette structure léguée par la puissance
coloniale le symbole par excellence de la souveraineté. C'est dans ce
contexte que la loi N° 4/PM fut puisée et l'armée gabonaise
fut créée officiellement le 6 décembre 1960. Ce transfert
soulignait Léon Mba cité par Jean-François Owaye
(1958-1960) « Marquait une nouvelle étape dans la voie de la
réalisation militaire qu'il s'était fixée pour sa
défense nationale en plein accord avec le gouvernement français
». Les forces armées gabonaise (FAG) rassemblent très vite
les éléments gabonais dispersés jusque-là dans les
différents corps armées français et principalement de la
2ème compagnie du 21e (Bataillon d'infanterie de
la Marine) BIMa basé à Libreville. Ces éléments
formèrent par la suite le 1er Bataillon d'infanterie gabonais
basé au camp Ntchorere (Libreville), composé de la
1ère compagnie de combat et du centre d'instruction et
comptait en tout un effectif total de quatre cents hommes (Cf. Annexe).
23
Tableau 1 : Récapitulatif de la mise en
place des forces armées gabonaises (1962-1963).
Unités à créer
|
Dates prévisionnelles de
création
|
Etat-major de la défense nationale et des forces
armées
|
Du 1er juin au 1juillet 1961
|
Gendarmerie nationale
|
1er août ; 1er a1962 ; 1er
août 1963
|
Détachement de garnison à Libreville
|
1er juillet 1961
|
Rame de transport
|
1er juillet 1961
|
Détachement de transmission
|
1er janvier 1961
|
Armée de l'air
|
Du 1er janvier 1961 au 1er janvier 1962
|
Bataillon d'infanterie
|
1er janvier 1963
|
Source : SHAT, note n° 33607/DAG du 15
décembre 1960 portant la mise sur pied de l'armée nationale
gabonaise de l'aide militaire, citée par Mireille Flore Mengue Moto
(2017, p. 40).
Alors, la question est de savoir qu'est-ce qu'une armée
? A quoi sert-elle ? Et quelles sont ses missions ? Par définition, une
armée est une organisation structurée d'individus visant à
conquérir ou à défendre un territoire, détruire ou
protéger d'autres unités militaires ou des unités civiles.
Son rôle est de sécuriser le territoire national et de
protéger les citoyens.
Par ailleurs, elle doit participer à l'enracinement du
« sentiment national » en demeurant un creuset de l'unité
nationale et une force au service exclusivement de la nation. C'est dans cette
optique que Napoléon Bonaparte disait (1768-1821) « l'armée
c'est la nation ». Une armée est l'expression de la force au nom du
droit pour assurer la sécurité. Ses organisations sont
composées d'acteurs, hommes en uniformes rémunérés
par des soldes et appartenant à des divers corps (armée de terre,
de l'air, gendarmerie nationale et bien d'autres).
Ces analyses mettent l'accent sur les équipements,
l'organisation, le commandement, le financement de l'armées gabonaise,
et le niveau technologique des armements. En août 1961 au lendemain de
son indépendance, le Gabon acquiert son autonomie militaire le Mardi
à 10h voir mémorial du Gabon (1960) et reçoit de la part
de l'Etat français par l'intermédiaire de son ambassadeur
Risteruci, la première compagnie. Selon la loi n°19/61 du 12 mai
1961 portant organisation de la défense du territoire de la
République Gabonaise. Cette loi fit obligation à tous citoyens de
participer à la défense du Gabon. C'est ainsi pourquoi les forces
de défense doivent être appuyées, soutenues par le peuple.
Si en 1960, le système ne comprenait que l'armée de terre et la
gendarmerie nationale (décret 4/PM du 6 décembre 1960, article
1er), les années suivantes ont apporté des changements
importants avec la création de l'armée de l'air, de la marine
nationale, et des unités spécialisées comme (la Garde
présidentielle-devenue Garde Républicaine en 1996,
sécurité pénitentiaire, sécurité mobile
24
actuellement incorporé dans la police, aviation
légère des armées et d'autres forces parapubliques).
« Il s'est confirmé que dès la mise sur pied de sa
défense en 1960, le Gabon comme bon nombre d'Etats africains
échaudés par le cycle des pronunciamientos, Jean-François
Owaye (2011) et autres coups de force militaires déclenchés dans
les années soixante et dont il a été victime en
février 1964 ». Comment expliqué un tel
événement quelque temps après son indépendance ?
Le coup d'Etat militaire dirigé par les lieutenants
Valère Ondo et Jacques Mombo s'était produit le 12 février
de la même année. D'abord, victorieuse après l'arrestation
de Léon Mba et la constitution par le nouveau comité
révolutionnaire d'un gouvernement provisoire à la tête
duquel avait été porté Jean-Hilaire Obame, la tentative se
solda finalement le 19 février par un échec à la suite de
l'intervention des troupes de la communauté. Ce que le professeur Moise
N'sole Biteghe appela « échec aux militaires au Gabon »
(1964). Cette intervention, après un communiqué français,
était motivée par le fait que le mouvement de subversion n'a pas
été suivi par la population gabonaise. En effet, les accords
passés avec le Gabon, le gouvernement français avait l'obligation
de prêter aide et assistance au gouvernement légal de la
République du Gabon. Il l'a fait sur demande présentée par
la voix diplomatique à la personne de Paul-Marie Yembit, alors
vice-président du gouvernement. Pour les militaires, le
rétablissement des libertés publiques paraissait le
communiqué du comité révolutionnaire du 18 février
le principal motif de leur action.
Mais s'il est difficile de savoir exactement qui, de
l'armée ou de l'opposition a été à l'origine
directe de ces événements, il n'en demeure pas moins vrai que le
climat politique du Gabon était propice. Le processus qui tendait
à l'élimination de l'opposition semblait avoir atteint son but,
et c'est dans ce contexte qu'il convient de situer le coup d'Etat. La
période de l'indépendance constitue le point de départ de
cette analyse, qui justifie le transfert juridique des compétences de
l'armée gabonaise.
Au terme de ce chapitre qui porte sur les déterminants
historiques et stratégiques de la coopération franco-gabonaise en
matière d'armement et d'équipements des forces de défense,
nous avons montré que la coopération militaire entre la France et
le Gabon a été déterminée par des raisons
historiques, l'indépendance du Gabon en 1960, et stratégiques, la
nécessité pour la France d'affirmer sa présence dans son
pré-carré en aidant ses colonies de mettre en place leurs outils
de défense. Au total, le Gabon s'est avéré une politique
stratégique pour la
25
politique militaire de la France en Afrique. La France s'est
appuyée sur un arsenal juridique préparé par elle et
signé par le Gabon, le 17 août 1960.
26
Chapitre II : Le cadre juridique et la portée de
la coopération militaire
Ce chapitre se propose de préciser le cadre juridique
et la portée des accords de défense en se référant
à l'histoire des relations bilatérales. Nous tentons après
un bref historique des indépendances et de relier des expériences
actuelles à travers le monde. Aussi, il délimite le cadre de
notre étude allant de la période de l'indépendance du
Gabon avec la signature des accords de défense jusqu'en 2010 qui a vu
l'approbation des accords de nouvelle génération appelé
les accords de partenariat de défense signé en février
2010.
I- La mise en place du cadre juridique
Une fois que les accords de coopération entre les deux
Etats avaient été signés le 17 août 1960, date de
l'indépendance du Gabon, il ne restait plus qu'à mettre en place
les mécanismes qui devaient permettre leur fonctionnement ou la mise en
pratique de ces accords. Pour cela, il faut dire que rien n'a été
facile, car les deux pays se sont mis d'accord sur les anciennes structures
militaires coloniales par des conventions en matière de
défense.
A- Les accords et les conventions en matière de
défense
Les accords et les conventions en matière de
défense rentrent dans le cadre de la coopération militaire
bilatérale. Encore faudrait-il bien cerner, du point de vue juridique,
la nature d'un tel partenariat. En effet, il n'y a pas une définition
juridique précise de la notion d'accord bilatérale de
défense comme le dit Mireille Flore Mengue Moto, dans son ouvrage «
la coopération militaire entre la France et le Gabon » (2017, p.
294). En principe, elle fait référence aux accords et aux
traités conclus par la France et dont le contenu prévoit une
clause relative à l'exercice du droit de légitime défense
par un Etat agressé ainsi qu'aux conditions d'assistance que les parties
se prêtent, à titre réciproque où non
réciproque pour exercer ce droit. Déjà sur le plan
théorique, un flou subsiste sur la portée exacte de ces accords.
C'est dans cet esprit que le même auteur fait référence du
discours de François Mitterrand au sommet franco-africain de la Baule en
juin 1990 qui affirmait que le rôle de la France n'était pas
d'intervenir dans les conflits intérieurs d'un Etat.
Cela précisé, les accords de coopération
militaire entre la France et le Gabon comme avec les autres pays de l'Afrique
francophone sont constitués de conventions et d'articles qui concernent
deux grands domaines : Le domaine de la défense et le domaine de
l'assistance militaire technique. Dans les premiers, il y a les conventions qui
touchent directement la défense, ceux qui concernent l'aide et les
facilités mutuelles en matière de défense commune
27
et les conventions sur les matières premières et
stratégiques. Les deuxièmes concernent la mise sur pied des
forces armées et le transfert du personnel, la formation des personnels
militaires et le statut des assistants militaires. L'accord de défense
repose sur le principe selon lequel :
La défense, tant intérieure
qu'extérieure, du Gabon dépend de la seule République
Gabonaise. Celle-ci peut avec l'accord de la République Française
fait appel aux forces armées pour sa défense intérieure et
extérieure. La République Française et la
République Gabonaise préparent et assurent en commun leur
défense et celle de la communauté dont elles font partie. Elles
se prêtent à cet effet, aide et assistance et se concertent d'une
manière permanente sur les problèmes de défense. La
République Gabonaise à la responsabilité de sa
défense intérieure. Elle peut toutefois demander à la
République Française une aide dans les conditions définies
par les accords spéciaux.
On remarque que, à travers les articles de l'accord
franco-gabonais, l'application de l'accord ne dépend en fait que de la
seule volonté de Paris. Il est bien précisé à ce
propos que le Gabon ne peut faire appel aux forces françaises qu'avec
l'accord de la France. Donc l'invention de la France au Gabon n'est pas une
obligation. La France se réserve le droit où pas de ne pas
intervenir. Ce qui parait d'ailleurs désavantageux pour le Gabon est un
privilège pour la France. Cela semble d'autant plus ambigu du fait que
dans l'article 3 de la convention, pour la défense intérieure, la
mise en pratique de l'accord dépend des conditions définies par
des accords spéciaux. Donc, les clauses par lesquelles la France peut
accepter de participer à des opérations de maintien de l'ordre,
restent secrètes. C'est-à-dire qu'elles ne sont pas
publiées au journal officiel. Etant donné qu'elles ne sont pas
mises à la portée du public, les engagements français,
peuvent dépasser les simples assistants militaires. Or les accords
secrets qui ne sont ni ratifiés par le parlement, ni publiés au
journal officiel, et enregistrés au secrétariat de l'ONU en vertu
de l'article 102, de la charte des Nation-Unies ne peuvent être
qu'illégaux en droit international. La France ne peut donc pas s'en
prévaloir. Certaines clauses secrètes des accords de
défense franco-gabonais prévoient de la protection
rapprochée du chef d'Etat. A cela, les accords de défense ne font
pas une véritable distinction entre la stabilité du pays et celle
du régime en place. De même, les procédures de demande
d'aide ne sont pas connues. Alors, à qui doit-on demander de l'aide ?
Pascal Chaigneau (1984, p. 28) nous répond à ce sujet :
L'aide indirecte, est pour sa part, accordée sous la
demande du chef du gouvernement africain ou malgache par l'ambassadeur de
France par des pays après l'avis du général
français délégué pour la défense de la zone
d'outre-mer. La demande d'intervention directe est quant à celle
adressée par son homologue africain ou malgache au président de
la République Française par l'intermédiaire de
l'ambassadeur de France sur le bureau duquel une requête aura
été déposée. Si la finalité de la
28
demande est positive, un Etat-major mixte doit être
immédiatement créé en vue d'entreprendre et d'harmoniser
les opérations militaires.
On décèle à travers ces propos la
précarité de la convention. On distingue deux problèmes :
celui pour le chef d'Etat africain qui est un espoir d'assurance tout risque
afin de se perpétuer au pouvoir d'après P.-F. Gonidec (1978, p.
261-287). Pour la France, la position d'intervenir légalement pour
maintenir en place des alliés dont les successeurs pourraient
dénoncer les relations privilégiées ou, au pire des cas,
s'orienter vers l'Est. De ce fait, sur le plan de la défense
extérieure, en dépit de l'absence d'accès aux sources, on
précise par ailleurs que les conventions n'imposent dans la
réalité aucune restriction à la volonté
d'intervention du gouvernement français du fait d'une définition
extrêmement large de la notion de défense et celle de l'agression.
A partir de ce moment, le gouvernement français peut ne pas apporter son
intervention dans les régimes amis qui sont sous la menace
extérieure ou même par une opposition intérieure dont il
est possible d'évoquer les soutiens à l'étranger. Au cours
d'un colloque lors de la politique du général de Gaulle, Pierre
Dabezies précise au sujet des accords de défense que « Des
quinze Etats issus de l'ancienne union française, onze se lient à
ce domaine. En premier lieu, les six Etats membres rénovés qui
signent des accords de défense mutuelle, ces derniers, pour cinq d'entre
eux, s'appliquent également pour l'ensemble de la communauté
[...] Pour quatre de ces Etats, l'engagement de la défense mutuelle est
automatique en cas d'agression extérieure. Par contre, le
Sénégal et le Gabon restent libre ou non de faire appel à
la France qui, de son côté peut refuser d'intervenir » selon
P. Dabezies (1980, p. 237-238). Ainsi, les accords de défense en ce qui
concerne le Gabon, ne sont nullement automatiques. La France conserve alors un
pouvoir incontournable en matière d'intervention. Elle peut ou non se
porter au secours du Gabon sur appel de l'Etat gabonais (1993, p. 393) K.
Kouassi, ce choix est laissé à libre appréciation de
Paris. Pierre Mesmer souligne dans le journal du monde que « aucun
gouvernement africain ne peut obliger le gouvernement français à
engager ses hommes. Il n'y a là ni un droit pour les africains, ni un
devoir pour la France » selon Le monde du 1er octobre
1964. Dans la composition des forces de défense des deux pays, l'accord
de défense dispose que les forces armées gabonaises et les forces
armées françaises participent, sous un commandement unique,
à la défense extérieure de la communauté en ce qui
concerne les accords de défense. Dans l'article premier de la convention
franco-gabonaise, il est mentionné que « Les problèmes
généraux de défense de la communauté sont
traités en conférence des chefs d'Etats et de gouvernements
», l'article 2 stipule que « un comité de défense
paritaire et permanent sera constitué pour préparer le plan de
défense et coopération entre la République
Française et la
29
République Gabonaise, notamment dans le cadre de la
défense extérieure6». Au-delà de l'accord
de défense franco-gabonais qui pose les principes de défense
entre les deux pays, il y a aussi la facilité mutuelle de défense
commune.
Pour la réalisation de l'aide à l'assistance,
les deux Etats se sont convenus dans l'accord que tous les concours soient
réunis pour l'exercice de leurs responsabilités. La France a
l'autorisation de circuler librement dans l'espace aérien et dans les
eaux territoriales de l'Etat gabonais. Elle peut cependant réaliser des
installations et faire usage des balisages nécessaire sur le territoire
et dans les eaux territoriales de la République Gabonaise.
B- Assistance Militaire Technique française au Gabon
(AMT)
La mission d'assistance militaire (M.A.T) naît le 12
février 1961 après l'élection du président
Léon Mba à la magistrature suprême et à sa demande.
Dans une lettre de ce dernier, adressée au Premier ministre
français, il précise que « Conforment aux dispositions de
l'accord de défense, j'ai l'honneur de vous demander de bien vouloir
autoriser la création au Gabon d'une mission d'aide militaire.
Par la suite, la France devrait exercer ses missions
auprès des forces gabonaises en mettant à sa disposition son
personnel (les assistances militaires), en formant le personnel militaire
gabonais et en exerçant l'aide financière et l'équipement.
Ainsi, le 1er octobre 1961 le « groupe d'assistance technique
» qui était chargé de l'administration de la gendarmerie
gabonaise fut dissous, et c'est seulement le 31 décembre qu'il devint la
section de la gendarmerie de la mission militaire du Gabon. A partir de ce
moment, l'assistance militaire technique a pour mission à la formation,
l'entrainement et à l'équipement des forces armées
gabonaises selon les termes des accords de défense de coopération
militaire signé avec la France. Charles Hernu précisa que
Les pays africains ont droit à leur
sécurité. Et si pour assurer cette sécurité, ils
ont parfois besoin de l'assistance militaire de notre pays, je ne vois pas
pourquoi nous ne le ferons pas dans la mesure où, justement, nous ne
posons pas de conditions politiques.
Selon les dispositions juridiques militaires entre l'ancienne
métropole et son ancienne colonie, la France pourvoit continuellement le
Gabon en sous-officiers pour instruire et former les militaires gabonais. Au
départ les assistants militaires exerçaient tous types de
fonctions et d'emplois dans l'armée gabonaise. Ils pouvaient occuper les
postes de chefs
6 Accord de défense entre la France et le Gabon.
30
d'Etats-majors des forces armées gabonaises ou de
commandements en chef. Depuis 1986, ils ne tiennent plus que des fonctions
secondaires derrières des nationaux, des responsables gabonais. Ils sont
par exemple conseillers, gestionnaires, spécialistes de haut niveau dans
les armées dites techniciennes (armée de l'air, marine),
formateurs. Les assistants militaires français soumis au régime
des forces dans lesquelles ils servent et dont ils portent également
l'uniforme et s'inscrivent dans la hiérarchie militaire gabonaise. C'est
à ce propos qu'ils sont autorisés à être
présent et à participer aux réunions militaires
gabonaises. Ce qui explique qu'ils prêtent serment au même titre
que les officiers gabonais. Les militaires français sont bien
intégrés dans les forces armées et de
sécurité gabonaises. Ce qui a fait dire au président Bongo
que « Quand un officier français sert dans les rangs de
l'armée gabonaise, sous l'uniforme gabonais, il est
gabonais7». Il ajoute que « Ils ont accès à
tous, ils sont informés de tout8 ». La gestion des
assistances militaires technique reste de la responsabilité du colonel,
chef de la mission. Dans chaque armée, l'officier le plus ancien tient
le poste de chef de détachement d'assistance militaire technique
(A.M.T). Ainsi donc, les A.M.T dépendent du chef de la mission
près de l'Ambassade de France au Gabon. Depuis l'indépendance, le
niveau gabonais en cadre et personnel militaire a permis un niveau relativement
élevé d'A.M.T. Ce qui fait que la mission de 1981 est l'une des
plus importantes d'Afrique. Elle représentait 15 % des personnels mis
à la disposition des 18 Etats et Malgache bénéficiaires de
l'assistance militaire technique française. La répartition des
coopérants français dans les différentes forces marque une
nette préférence pour la gendarmerie 35,17 %, l'armée de
l'air 27,89 %, l'armée de terre 24,82 %, le service de santé
militaire et la marine restent loin derrière avec respectivement 8,27 %
et 4,82 %.
Tableau 2 : Répartition des A.M.T dans
les forces armées.
Forces armées
|
Officiers
|
Sous-officiers
|
Total
|
%
|
Gendarmerie
|
8
|
43
|
51
|
35,17
|
Armée de terre
|
15
|
21
|
36
|
24,82
|
Armée de l'air
|
11
|
28
|
39
|
26,89
|
Marine
|
2
|
10
|
12
|
8,27
|
Santé militaire
|
6
|
1
|
7
|
4,82
|
Total
|
42
|
103
|
145
|
100
|
Source : Ecole militaire de Paris, Dossier n° 7 Gabon, 1981,
cité par Mireille Flore Mengue Moto (2017, p. 45).
7 Confidence d'un entretien avec un officier supérieur des
forces de défense.
8 Idem
31
L'effectif des assistances militaires techniques a
évolué entre 1967 à 1981. En effet de 1967 à 1971,
les effectifs des A.M.T tendent à décroître. Puis une
année après, en 1972, l'augmentation redécolle mais le
nombre des A.M.T évolue en diminuant jusqu'en 1978 où il revient
au même nombre qu'en 1972 c'est-à-dire à 144.
Tableau 3 : Évolution des personnels de
l'A.M.T et coûts (million de FF) entre 1967 et 1981.
Années
|
Nombre d'A.M.T
|
Coûts
|
1967
|
130
|
6
|
1968
|
98
|
6
|
1969
|
94
|
6
|
1970
|
91
|
7,56
|
1971
|
102
|
9,3
|
1972
|
144
|
10,5
|
1973
|
125
|
12,8
|
1974
|
126
|
14,78
|
1975
|
111
|
18,78
|
1976
|
128
|
20,29
|
1977
|
143
|
22,246
|
1978
|
144
|
25,1
|
1979
|
132
|
32,58
|
1980
|
132
|
NC
|
1981
|
145
|
NC
|
Source : Ecole militaire de Paris, Dossier n°7, Gabon,
1981, cité par Mireille Flore Mengue (2017, p. 45).
La prise en charge dans les grandes Ecoles militaires
françaises, les élèves et les stagiaires gabonais,
étaient dans les mêmes conditions que les nationaux
français. L'attaché de défense nous fessait ce
témoignage : « la majorité des hauts officiers
supérieurs gabonais qui sont à la tête de l'armée
gabonaise ont suivi le même cursus académique que les
Français en France, dans les mêmes écoles à savoir,
l'Ecole d'Etat-major et l'Ecole de guerre9».
Les accords de défense représentent une
technique juridique et politique à laquelle les deux Etats ont de plus
en plus recours. Cela s'exprime par des phénomènes
politico-diplomatiques (stratégies globales, ruptures, armements et
dépenses militaires, négociations, traités) important et
originaux (G. Bouthoul, R. Carrerer, 1740-1970).
Concernant l'aide financière et l'équipement de
l'armée gabonaise. L'assistance militaire technique entre la France et
le Gabon dans le cadre d'un commun accord, la France s'est engagée
à approvisionner son ancienne colonie en équipement
nécessaire pour son armée. Le Gabon dans l'optique d'assurer la
standardisation de l'armée, s'est engagée à son tour
à ne
9 E.O. N° 1. Attaché de Défense de l'Ambassade
de France, Libreville, le Jeudi, 27 juin à 11h à l'Ambassade de
France.
32
faire appel à la France pour l'entretien et le
renouvellement de ce matériel. La contrepartie de la dotation de
l'armée gabonaise en équipement français fut donc de
convenir, dans le cadre d'assistance militaire technique de
l'opportunité d'une standardisation d'armements. Ce qui explique la
présence, dans les accords signés entre les deux pays, de
clauses.
Il convient tout de même d'examiner un
élément important qui est celui de la maintenance des
matériels. En effet au Gabon, le matériel est soumis à
rude épreuve en raison de l'absence des infrastructures
routières. Leur entretien nécessite d'importantes pièces
détachées dont le coût est exorbitant par rapport au
matériel assemblé. Une nécessaire standardisation de
matériels permet de réduire les coûts des pièces
détachées. En termes de stratégie économique, on
peut reconnaitre que la France au point une véritable politique de
ventes d'armes et de services après-ventes selon les besoins de
l'armée gabonaise. Charles Hernu10 déclare à
cet effet :
Je veux être... l'artisan de la mise en route d'une
stratégie internationale de coopération. Tous les pays amis
veulent approfondir une relation globale avec une France qui ne souhaite pas
des armements sophistiqués pour seulement en retirer un
bénéfice commercial mais pour promouvoir, dans le cadre d'une
véritable et ample politique d'assistance technique et de
coopération militaire, leur émancipation vis-à-vis des
deux blocs.
Tableau 4 : Répartition de l'aide
directe des forces de défense Gabonaises (million de FCFA)
(1986-1988).
Années
Administration
|
1986
|
1987
|
1988
|
Ministère de la défense
|
30
|
18
|
25
|
D.G du service de santé militaire
|
15
|
9
|
10
|
Sécurité mobile
|
40
|
24
|
22
|
Gendarmerie
|
100
|
60
|
60
|
Forces armée
|
200
|
120
|
120
|
Garde présidentielle
|
55
|
33
|
30
|
Total
|
500
|
300
|
300
|
Source : Ministère de la défense, Libreville,
Lettre n°2241/ GAB/M.A.M, du 26/11/1987.
10 Ancien ministre de la Défense
française.
33
34
Tableau 5 : Aide militaire de la France au Gabon
(franc CFA), 1983-1987.
|
1983
|
1984
|
1985
|
1987
|
Total Assistance Technique
|
227.739.22
|
234.864.507
|
278.682.997
|
267.286.638
|
Accueil stagiaires
|
17.300.000
|
24.000.000
|
12.100.000
|
13.800.000
|
Dons en matériels (véhicules)
|
12.700.000
|
9.500.000
|
8.000.000
|
6.000.000
|
Fonctionnement du bureau de la coopération militaire
|
900.000
|
900.000
|
1.859.735
|
1.894.200
|
Intervention publique de Fonctionnement
|
254.154.774.98
|
241.574.874
|
|
|
Rémunération
Assistance technique
|
55.200.000
|
57.700.000
|
72.600.000
|
68.400.000
|
Total
|
567.994.505.20
|
568.539.381
|
373.242.732
|
357.380.838
|
Source : Ambassade de France au Gabon. Bilan de l'aide publique
française au Gabon en 1987 Notons que le nombre d'AMT était de :
137 (1983), 127 (1984), 121 (1985) et 114
(1987).
II- La portée de la coopération militaire
franco-gabonaise
Rappelons que dès les débuts des années
1990, qui marquent la fin de la guerre froide, le Gabon se trouve dans un
environnement régional instable. D'après Mireille Mengue Moto
(2017, p.152). Partout dans le continent, le vent de la liberté qui a
soufflé en Europe de l'Est a atteint le continent noir et pousse les
peuples à revendiquer leurs droits vis-à-vis des dirigeants.
D'ailleurs, le Gabon n'était pas resté à l'écart de
ce mouvement.
A- Une portée géopolitique
Soulignons que, dès les débuts des années
1990 qui marquent la fin de la guerre froide, le Gabon se trouve dans un
environnement instable. Dans tout le continent le désastre qui a
frappé l'Europe de l'Est atteint le continent noir et amène le
peuple à revendiquer leurs droits vis-à-vis de leurs dirigeants.
En dépit de tout cela, le Gabon ne restera pas à l'écart
de ce mouvement d'émancipation. La théorie géopolitique a
consacré l'espace géographique en faisant appel à
certaines constances des relations bilatérales. Ce droit se
déploie enfin, par des institutions administratives, économiques,
financières et monétaires.
Jusqu'à la décolonisation du continent africain,
l'Afrique n'est qu'une arrière-cour européenne entre les
puissances coloniales. En effet, la géostratégique de l'Afrique
est belle et bien présente dans la géopolitique du britannique
Sir H. Mackinder (1861-1947). Celui-ci accentue son système sur la
permanence entre le pouvoir maritime et le pouvoir continental. D'autres
géo politistes, fondent leurs analyses sur le déterminisme
géographique, entre les
puissances maritimes et les puissances continentales. Parmi
eux, on cite souvent Nicholas Spykman (1870-1943)11. Les analyses de
cet américain sont élaborées pour servir la puissance
maritime américaine. Sa contribution porte également sur les pays
d'Afrique noire qui deviennent les périphéries du monde maritime.
La protection des voies de communication représente un
élément essentiel de leur sécurité.
Premièrement, les pays de l'Afrique, n'ont aucune
influence dans les relations internationales. C'est un `'poids-mort» pour
les puissances occidentales. Pour le Gabon, qui était soumise à
l'hégémonie de la métropole, cette zone consistait un
véritable verrou pour la défense de la France.
Deuxièmement, l'importance géopolitique du
Gabon, n'est envisagée que dans le cas où elle doit participer
à la défense de la puissance occidentale, le cas des
interventions à Bangui. Elle s'intègre géo
stratégiquement à l'unité de défense de la France
parce qu'il est le prolongement de celle-ci, pour ses approvisionnements en
matières premières stratégiques, son commerce et
l'intérêt des voies de communication qui plongent ses côtes.
Aussi, les relations diplomatiques et stratégiques entre les deux Etats.
D'une part, les ressources et les contraintes géopolitiques qui
déterminent les problèmes de sécurité, et d'autre
part, le poids dominé par la France. A partir des années 1990,
l'Afrique est en pleine ébullition, nous dit Mireille Mengue Moto (2017,
p.160). En effet, les propos de Jacques Delors sur l'explosion politique de
l'Afrique s'est avérée juste. Mais malgré la naissance des
forces sociales et politiques revendicatrices, et le fait que la plupart des
pays de l'Afrique aient fait l'expérience de la transition politique, la
transition à la démocratie et la libéralisation politique
fut importante. Le processus qui avait été amorcé dans les
années 90 se trouve dans la moitié de ces années
repoussées. Les pouvoirs dictatoriaux ayant les soucis de
préserver leur acquis se sont appuyés sur la justification selon
laquelle la stabilité des institutions était importante et
nécessaire pour certaines revendications.
Par ailleurs, l'Afrique centrale12 est au coeur du
continent, comme le dit P. Decraene (1989, p. 15). Au confluent des cinq autres
régions africaines. A l'image des autres régions, le Gabon,
connait des problèmes socio-ethniques. Toutefois, il demeure à
l'abri de l'influence arabo-musulmane, même si au Cameroun et surtout au
Tchad, l'islam demeure un élément
11 Un géant de la géopolitique : N. Spykman,
stratégie, n° 3, p. 128-135.
12 L'Afrique centrale est composée de dix Etats : le
Burundi, le Cameroun, le Congo, le, le Gabon, la Guinée Equatoriale, le
Rwanda, le Sao Tome et principe, le Tchad, la République Centrafricaine,
et le Zaïre.
35
décisif dans la gestion des équilibres
internes13. Un pays sous-peuplé avec une population
estimée à 2 millions. Le Gabon est une zone stratégique
qui fait partie du dispositif de la France en Afrique et
particulièrement dans la sous-région. Ce pays placé
idéalement au coeur de l'Afrique, recèle comme un scandale
géopolitique tandis que le Gabon est comparé à un
`'émirat» équatorial. Le Gabon exporte d'importantes
quantités de pétrole. Toutes ces analyses nous fait dire que le
Gabon est un enjeu géopolitique de premier plan et un carrefour de
l'influence française14. Par l'ampleur de ses richesses, mais
aussi de sa position stratégique privilégiée et de sa
stabilité dans la sous-région. L'origine des liens entre la
France et le Gabon remonte au début de ce siècle, pour assurer
à celle-ci une présence militaire dominante et permanente. Quels
sont les enjeux géostratégiques de la France au Gabon ?
B- Une portée géostratégique
Il faut remonter au temps de la colonisation française
au Gabon, des rivalités inter coloniales et des résistances
locales à la colonisation pour trouver l'origine de la présence
militaire française au Gabon.
En effet, les nécessités coloniales avaient
conduit à l'installation des administrations militaires là
où c'était nécessaire. A la veille de la première
guerre mondiale, le pouvoir colonial entrepris d'utiliser les ressources de sa
colonie pour les besoins de sa défense. Puis ses besoins
évoluèrent à cause de l'aggravation des tensions
européennes. Durant la première guerre mondiale, près de
25.000 africains moururent. Le rôle joué par l'empire pendant la
grande guerre et plus encore pendant la deuxième guerre mondiale,
Histoire de l'Afrique contemporaine de J. Kizerbo (1972), fit de l'Afrique
française une pièce maîtresse de la
géostratégie française. L'importance de l'Afrique se
traduit dès lors par la conception de son rôle stratégie,
selon P. Chaigneau (1984, pp. 12-16). Le Gabon ne représente qu'un
réservoir de matières premières stratégiques et un
débouché important pour les exportations de la France. Il
constitue aussi un ensemble de positions stratégiques de premier plan,
atout indispensable pour la défense de la liberté des voies de
communication comme nous l'a affirmé le professeur Loungou lors de nos
enquêtes orales. « Dans la géostratégie
française en Afrique, le Gabon reste un atout majeur, elle est le
partenaire historique à cause de l'évolution dans le partenariat,
diplomatie militaire.»
13 Politique africaine, n° 9, mars 1983, pp. 68-84.
14 Nous nous referons à l'article de J. Owona, dans le
mois en Afrique, art. pp. 3-15.
36
Le système français au Gabon s'organisait en
zone d'outre-mer (Z.O.M). Il couvrait l'Afrique occidentale et le Togo,
territoire sous tutelle. Ce dispositif stratégique présentait un
double intérêt pour la France et permettait d'une part, de
s'assurer des approvisionnements en matières premières
stratégiques du Gabon, grâce au contrôle établi de la
Z.O.M.2. Et d'autre part, de conserver les points d'appui c'est- dire voies de
communication, pour des besoins énergétiques et l'installation
des commandements français. L'indépendance rendait caduc ce
dispositif. En réalité, la conception de la défense du
Gabon ne varie que sensiblement.
Le grand dessein de la France consiste dès lors
à élaborer une coopération militaire technique et
maintenir quelques bases militaires qui constituent les fondements de ses
relations avec le Gabon et assurent les conceptions stratégiques du
milieu d'intervention. Quelles sont les bases de la présence militaire
française au Gabon ? La question mérite une réponse car
celle-ci nous permettra de mieux comprendre la stratégie militaire
française au Gabon.
Si les accords de défense constituent le cadre
juridique de la coopération franco-gabonaise, la présence
militaire française sur le territoire gabonais, les forces de
présences basées à la métropole sont des
éléments convainquant. Selon les textes juridiques qui lient
Paris et Libreville, les autorités gabonaises ont le droit de faire
appel aux troupes françaises si elles estiment que leur pays est
menacé. En contrepartie, les autorités françaises peuvent
disposer de l'espace territorial gabonais pour leur besoin. C'est dans ce
contexte qu'il fallait envisager au plan militaire stratégique à
une doctrine d'intervention. Théoriquement, une stratégie
militaire s'imposait. Concrètement il était nécessaire de
créer des unités capables d'agir vite et fortes en
renforçant des forces en présence stationnée en Afrique
placé aux côtés des armées africaines. Pour plus de
clarté dans nos propos Maurice Ligot précise que
A contrario de l'invasion ou de l'ingérence, qui sont
des intrusions dictatoriales d'un Etat dans les affaires intérieures
d'un autre Etat, les interventions sont des actions légales,
menées par un Etat, soit sur demande d'un autre Etat menacé ou en
difficulté, soit pour assurer la sécurité de ses
ressortissants, c'est-à-dire que l'intervention est inscrite, en
permanence, dans le cadre juridique des traités, accords ou conventions,
et qu'elle est demandée ou acceptée par un autre Etat en
difficulté.
Pour répondre plus facilement aux obligations qui en
ressortent des engagements pris par la France auprès des dirigeants
gabonais, la France a trouvé nécessaire de mettre en place
à la fois en France et au Gabon, des dispositifs qui pourrons
répondre efficacement au cas où les circonstances pourraient
l'imposer.
37
Les forces permanentes pré-positionnées (bases
militaires), les compagnies tournantes, les éléments
français d'assistances opérationnelles.
Ces dispositifs permettent de remplir plusieurs missions, qui
ne sont rien d'autre que de participer à la sécurité du
Gabon, de s'engager aux côtés des forces armées nationales
gabonaises comme premier échelon des forces d'intervention, et de
faciliter les interventions au Gabon comme sur le continent africain. Aussi,
assurer la sécurité ou l'évacuation des ressortissants
français menacés en cas de crise grave, sans toutefois oublier
d'assurer les intérêts de la France, et en particulier la libre
circulation de leur approvisionnement ; c'est-à-dire le pétrole,
manganèse, l'uranium. De ce fait, il faut aider les autres pays victime
d'une agression directe ou indirecte avec lesquels la France est liée
par des accords ou une solidarité, et agir par rétorsion à
des actions de chantage ou de terrorisme ou agir par interposition entre
belligérants pour imposer ou faire respecter le cessez-le feu et cela
permettrait de participer à des actions internationales à la
demande de l'ONU.
La puissance de la France a été
déterminée par les autorités gabonaises eux-mêmes
dans la mesure où ils ont reconnu juridiquement le poids de sa
présence sur le territoire. Il est certain qu'il ne s'agit pas là
de traités de défense classique15. Les avantages du
Gabon portent d'une part, sur l'organisation, aux plus avantageuses, des
institutions militaires et d'autre part, sur l'assurance de participation
française à leur défense extérieure et parfois
à leur sécurité interne. Au regard de cette analyse, la
coopération militaire franco-gabonaise apparait comme un
intérêt pour le Gabon désireux d'être au
côté d'une puissance. Cette présence obéit à
ce que disait Gaston Monnerville, lorsqu'il s'adressait à
l'assemblée consultative en 1945 rappelait que « l'existence de
l'Empire français, au moment de la répartition des
responsabilités à Yalta et à Postdam, avait permis
à la France d'être un pays victorieux et par conséquent de
siéger parmi les grands du conseil de sécurité de l'ONU.
» Après avoir montré les fondements de la présence
française au Gabon, nous allons nous attacher à décrire
son rôle. Les forces françaises pré-positionnées au
Gabon sont sous l'appellation du 6ème Bataillon d'infanterie
de la Marine (BIMa). Elles sont appuyées par un détachement de
l'armée de l'air française. La plus importante base se trouve
à Libreville, plus précisément au « Camp de Gaulle
». C'est à cet endroit que sont stockés sur une surface de
29 hectares, les matériels, le carburant et les approvisionnements
indispensables pour les éventuelles interventions. Une autre base existe
dans la province natale de l'ancien chef d'Etat gabonais, Omar Bongo
15 Voir accords de défense dans l'annexe
38
Ondimba. Il s'agit de la base de Mvengué qui
possède un dispositif non négligeable. On ne saurait oublier la
base de Port-Gentil dans la capitale économique du Gabon, qui
protège les installations pétrolières ainsi que les
ressortissants français qui s'y trouvent.
A la fin de ce chapitre, il était question pour nous
d'aborder les fondements juridiques de la coopération franco-gabonaise
qui lient les deux Etats en matière d'armement et d'équipements
des forces de défense. En effet, dans le cadre de la coopération
justement, nous constatons que l'aspect juridique fut un élément
très important dans le processus de la signature des accords de
défense entre les deux Républiques. Alors, la
problématique qui nous a permis de donner un sens à ce travail
était de savoir ; sur quoi s'appuyaient les fondements juridiques de
cette coopération ? Au vue de cette problématique, s'est
dégagé un certains nombres d'arguments qui nous ont permis de
faire des analyses objectives et critiques.
Le premier argument que nous retenons est celui du contenu des
accords de défense qui nous permet de mieux cerner les conventions en en
matière de défense. Le second argument est celui d'assistance
militaire technique. Il faut dire aujourd'hui que le nombre de
coopérants français a largement diminué depuis la
révision de 2010. Enfin il y'a les enjeux de cette coopération
qui nous parait assez intéressant dans les relations bilatérales
entre les deux Etats. D'une part nous avions les enjeux géopolitiques,
et d'autre part, les enjeux géostratégiques qui nous permettent
de comprendre la présence française au Gabon et pourquoi la
France reste aujourd'hui un verrou pour la France.
En somme, il se confirme que la période 1959-1960
marque davantage une charnière qu'une période homogène.
Les deux sous-périodes qui ont été distinguées
apparaissent difficilement comparables puisque au cours de la première,
le Gabon est placé dans la dépendance française, par le
truchement de l'aide, et ce n'est qu'au cours de la seconde période que
le Gabon commence vraiment à prendre en charge son destin en main.
L'analyse finale que l'on peut porter sur les fondements de cette
coopération selon la période que nous nous sommes
focalisée ou que l'on situe cette analyse. Nous constatons que le Gabon
est parvenu jusqu'en 1960 à prendre le relai de l'aide Française
pour mieux assurer l'organisation de son armée. Le Gabon qui
accède le 6 décembre 1966 au concert des nations
indépendantes, les autorités politiques de l'époque
décident de la mise sur pied d'une armée. Immédiatement,
en 1961, le besoin des effectifs se fait ressentir, un recrutement est
lancé à travers le pays pour grossir les effectifs des personnels
exécutants et de l'encadrement. En 1966, l'organisation des
unités à l'intérieur du pays s'impose. Des
détachements dans les provinces se réalisent à
39
Oyem, Franceville, Mouila et Tchibanga. Ces
détachements en effet, sont aujourd'hui devenus des régions
militaires.
En 1972, avec l'augmentation des effectifs et l'acquisition de
nouveaux matériels, l'armée gabonaise devient les `'Forces
Terrestre et Navales» avec pour devise : QUI S'Y FROTTE, S'Y PIQUE».
Cet aspect a constitué à l'époque une des raisons
fondamentales qui a motivé les dirigeants gabonais à signer avec
la France les accords de coopération militaire. Tel qu'il se
présente, cette partie se propose d'aborder l'organisation
institutionnelle et la politique d'armement et d'équipements militaires
entre la France et le Gabon.
DEUXIEME PARTIE :
L'ORGANISATION INSTITUTIONNELLE DE LA COOPERATION ET
LES POLITIQUES D'ARMEMENTS ET D'EQUIPEMENTS MILITAIRES ENTRE LA FRANCE ET
LE GABON
41
La coopération franco-gabonaise puise ses origines dans
la période coloniale pendant laquelle toute une structure et
organisationnelle étaient déjà établie dans la zone
de l'Afrique équatoriale française à laquelle le Gabon
fessait partie. Le nouvelle Etat indépendant en 1960 n'a fait
qu'hériter d'une partie de l'outil militaire français par un
transfert de structure et de compétence. La coopération s'est
établie dès le départ sur un plan bilatéral. Et
cette coopération consistait à une meilleure organisation
militaire des forces armées gabonaise. Cette partie introductive se fait
le plaisir de montrer l'organisation institutionnelle militaire de la
coopération franco-gabonaise.
42
Chapitre I : L'organisation institutionnelle et la
politique d'armement et d'équipements militaires en France
Le chapitre qui s'ouvre à notre analyse met en
lumière l'organisation institutionnelle et la politique d'armement de la
France. En effet, la France avait mis en place depuis la colonisation tout un
arsenal de dispositif pour la sécurité de sa défense. A
cet effet, cette politique militaire de la France marquée par la fin de
la bipolarisation conduisant aux changements dans l'organisation militaire de
la France. Dans ce chapitre, il est question pour nous d'aborder la politique
d'armement de la France en montrant d'une part, les institutions
compétentes qui sont en charge de l'armement en France et d'autre part,
la réglementation de cette politique dans les relations
internationales.
I- La France un pays producteur et exportateur
d'armement
La politique d'armement de la France, est mise en oeuvre dans
les relations internationales par des alliances, accords de défense,
accords de coopération militaire, accords de maîtrise d'armement.
L'évolution de l'environnement international et les progrès de la
construction européenne ont permis à la France à
l'élaboration d'un nouveau concept de son armée aux besoins de
ses nouvelles missions. Des mutations radicales se sont alors
opérées dans l'armée française portant sur les
organes compétents sur l'armement en France, notamment le rôle de
l'Etat. Aussi, la France dans sa politique d'armement respecte le cadre
international régissant le commerce des armes dans le monde. Comment
s'organise-t-elle ?
A- Le rôle de la Direction Générale
d'Armement (DGA)
Le soutien de l'Etat aux exportations d'armement de la France
prend des formes variées. Outre le soutien qu'apporte les
autorités dans le cadre de leurs relations diplomatiques
bilatérales, l'administration peut apporter un soutien comprenant
l'appui technique ou juridique aux entreprises, les manoeuvres conjointes, les
échanges sur les concepts d'emploi des forces, le partage et le
transfert de savoir-faire opérationnel dans l'emploi, la mise en oeuvre
des équipements de défense. Cette politique a pour ambition de
renforcer la crédibilité de l'Europe, une Europe forte et unie
qui tient ses engagements et assume ses responsabilités,
répondant pleinement aux demandes des alliés. Aussi la loi
introduit un régime général de prohibition pour l'ensemble
des activités de fabrication, de commerce, détention,
exportation, importation des matériels militaires. Ainsi, chacune de ces
activités doit faire l'objet d'une autorisation spécifique de
l'Etat. Ce régime particulièrement rigoureux est pleinement
justifié
43
par la sensibilité de l'exportation des
matériels de guerre et assimilés, définis par un
arrêté du 27 juin 2012. Les autorisations répondent
à une logique industrielle et politique. Les exportations d'armement
sont rendues possibles par son industrie militaire, qui entretient des liens
forts avec l'Etat français dont elle dépend politiquement et
économiquement. L'Etat achète une partie de la production pour
ses armées, investit dans la recherche et à le pouvoir
d'autoriser ou d'interdire les exportations d'armement.
La Direction générale de l'armement (DGA) est
créée en 1977 pour remplacer la direction ministérielle
pour l'armement, (DMA) qui avait vu le jour en 1961 et comptait à
l'origine six corps d'ingénieurs militaires : les ingénieurs de
l'aéronautique, les ingénieurs militaires des fabrications
d'armement, les ingénieurs du génie maritime, les
ingénieurs hydrographes de la marine, les ingénieurs des poudres
et les ingénieurs des télécommunications. C'est ainsi que
la DGA est passée d'une structure de production industrielle d'armement
à une agence de maitrise. Le 5 octobre 2009, le décret n°
2009-1180 selon le rapport annuel sur des exportations d'armement en France
(2009) officialise le changement de nom et d'organisation de la
délégation générale pour l'armement qui devient
dès lors la Direction Générale de l'Armement. En effet, la
direction du ministère français des armées qui a pour
mission de préparer l'avenir des systèmes de défense de la
France. Elle est responsable de la conception, de l'acquisition et de
l'évaluation des systèmes qui équipent les forces
armées françaises, elle participe au financement de la recherche
dans le domaine de l'armement joue un rôle central dans l'exportation
d'armement et le maintien des relations internationales dans le domaine de
l'armement. Le délégué pour l'armement est l'un des trois
principaux assistants du ministre de la défense avec le chef
d'Etat-major des armées et le secrétaire général
pour l'administration.
La DGA travaille en étroit collaboration avec
l'état-major des armées. A partir des besoins de celui-ci, elle
conçoit les matériels et les systèmes d'armes, depuis les
études préliminaires jusqu'à la phase d'utilisation en
passant par les essaies, la mise en place du soutien, la mise en service et les
évolutions successives de leur utilisation opérationnelle. Par
ailleurs, elle est un allié indispensable des groupes industriels, voir
même son pivot selon, le docteur en gestion Didier Danet. Les
investissements de l'Etat dans la loi de programmation militaire, se font
notamment au travers de commandes d'armement effectuées par la DGA pour
équiper les forces armées française, d'un montant annuel
situé entre 10 et 11 milliards d'euros. Les actions de
coopération militaire, manoeuvres conjointes, échanges sur les
concepts d'emploi des forces, partage et transfert de savoir-faire
opérationnels dans l'emploi, mise en oeuvre et
44
entretien des équipements de défense, sont
définies par l'Etat-major des armées (EMA) dans le cadre
fixé par le ministère des affaires étrangères et
européenne (MAEE). A ce titre, la DGA est au coeur de de la
coopération dans le domaine de l'armement. La direction du
développement international (DI) est plus spécifiquement
chargée de la politique d'armement des matériels de
défense. La DI soutien des industriels dans leurs négociations,
en favorisant un échange d'informations en vue de la prospection de
marchés, de la démonstration ou de la commercialisation de
matériels.
En effet, la Direction du développement international
(DI) de la direction générale de l'armement (DGA) est plus
spécifiquement chargée de mettre en oeuvre la politique de
défense à travers le soutien des prospects et le suivi des
contrats majeurs, c'est-à-dire essentiel à notre BITD, notre
autonomie stratégique, l'emploi en France. Elle soutient cependant les
industriels dans leurs négociations sur des pays ciblés, en
favorisant un échange d'informations en vue de la prospection de
marchés, de la démonstration ou de la commercialisation de
matériels. A cet effet, le centre d'expertise du ministère de la
défense en matière d'échanges internationaux d'armement,
elle entretient des relations avec ses correspondants étrangers et peut
recevoir des délégations étrangères, notamment lors
des trois grands salons d'armement français (Euro Satory, Euro naval et
le Bourget). Elle appuie également les entreprises françaises
lors des salons étrangers. Le ministère de la défense
participe à la coopération militaire internationale et constitue
l'axe majeur, guidant les priorités à accorder. La (DI) et les
Etat-major participent au processus interministériel de soutien à
la politique d'armement en relation avec les services du premier ministre, le
ministre des finances et de l'industrie (MEF), et le ministre des affaires
étrangères et européen (MAEE), coté industriel, les
groupements professionnels pour l'aéronautique et spatial et pour
l'ensemble du secteur, les chambres du commerce et d'industries et d'organismes
prenant part à ce soutien.
B- Le rôle des Petites et Moyennes Entreprises
(PME)
L'Etat a fait du soutien aux petites et moyennes entreprises
(PME) sur le marché de la politique d'armement l'une de ses
priorités. Leur contribution aux exportations d'équipements
militaires est significative, notamment du fait de leur rôle essentiel
étant que sous-traitant des grands groupes français ou
internationaux.
A ce propos, il convient de rappeler qu'il est reconnu pour sa
qualité de produits et de leurs services, les entreprises
françaises ont les moyens de s'imposer sur le marché
45
46
international en faisant valoir leur savoir-faire et en
répondant au mieux à la demande exprimée par les Etats
importateurs. De ce fait, le pacte défense PME actuel manifeste
l'engagement de l'Etat à aider les entreprises françaises
à conquérir de nouveaux marchés. Il concerne quarante
mesures concrètes destinés à favoriser la croissance,
l'effort d'innovation et la compétitivité des PME et des ETI.
Parmi ces mesures, des engagements relatifs au soutien à l'exportation
comme l'attribution de labels aux PME et aux ETI pour les aider à
conquérir de nouveaux marchés en France et à
l'étranger, l'extension du dispositif d'avances remboursables de
l'article 90 aux PME ayant un projet d'industrialisation indirecte
destiné à l'export, ainsi que la mobilisation du réseau
international du ministère des armées pour accompagner les PME
à la politique d'armement ; favoriser leur positionnement sur le
marché et développer leurs contacts. L'action de l'Etat vise
aussi à favoriser la participation des PME aux grands appels d'offres
internationaux et les rendre plus visibles sur le marché international,
en les aidants à participer aux grands salons d'armement16 ou
à procéder à des démonstrations
opérationnelles de leurs matériels. Les PME du secteur de la
défense bénéficient également d'un soutien
financier public pour la conquête de nouveaux marchés à
l'export. Enfin, l'Etat offre des prestations de conseils aux PME. Le pacte
défense PME est en cours de rénovation et la nouvelle version
porte notamment l'accent sur l'accompagnement des PME à l'export, y
compris par les maitres d'oeuvres industriels. Les actions de soutien aux PME
menées avec succès ces dernières années par la DGA
lui permettent de concevoir l'appui aux entreprises dans sa globalité.
En effet, le soutien des PME à l'export doit être compris comme
une approche complémentaire aux autres outils développés
pour renforcer les PME de la BITD que sont notamment les subventions à
l'innovation. Le livre blanc sur la défense et la sécurité
nationale de 2013 a rappelé l'objectif d'accompagner les efforts des
entreprises françaises à l'internationale. De ce fait, le secteur
clé de la défense est traditionnellement et structurellement un
contributeur net à la balance commerciale française. Les
exportations d'armement participent d'ailleurs au soutien de la BITD comme le
mentionne le rapport des exportations d'armement (2007) le nécessaire
à l'autonomie stratégique nationale. La particularité des
ventes d'armes, dont les échanges sont encadrés par des normes
internationales, nécessite un dispositif particulier, d'une part de
contrôle et d'autre part de soutien puisque, par nature, l'Etat est le
seul client français pouvant faire part de son expérience
d'utilisateur. Face à la concurrence, il convient d'être
compétitif de répondre le
16 Propos recueillis sur France 24 lors d'un entretien avec un
journaliste spécialisé sur les questions d'armement
français.
mieux possibles aux attentes aux Etats importateurs. Au regard
de ce qui précède, comment la France parvient-elle à
mettre en place cette politique d'armement dans un cadre de transparence ?
II- Une politique d'armement transparente
Dans le domaine d'exportation d'armement, la France souhaite
faire oeuvre de la plus grande transparence à l'égard de la
communauté internationale et de la société civile. Outre
des informations sur son dispositif régional de contrôle
(réglementation et procédures administratives), elle communique
des données sur ses transferts d'armement. La France participe depuis sa
mise en place en 1992, au registre des Nations Unies sur des armes classiques
communiquant chaque année les informations relatives à ses
exportations et importations d'armement, dont les armes légères
et de petites calibres. Comment sont-elles réglementées ?
A- Le contrôle d'armes en France
L'autorisation est délivrée par le
Ministère de la Défense. La liste des matériels de guerre
et assimilés est établie par arrêté. En effet, le
contrôle des exportations de matériels de guerre est mis en oeuvre
sous la responsabilité du Premier ministre, après avis d'une
commission spécifique. La commission interministérielle pour
l'étude des exportations d'armement. Elle est présidée par
le secrétaire général de la défense et de la
sécurité nationale réunit des responsables des
Ministères de la Défense, de l'Europe et des affaires
étrangères et de l'économie.
L'année 2017 a été marquée par une
clarification des responsabilités respectives du ministère des
armées et du ministère de l'intérieur s'agissant du
contrôle des armes à feu, munitions et leurs
éléments et des matériels de guerre. La réforme du
contrôle des armes, initiée avec la loi n° 2012-304 du 6 mars
2012 s'est ainsi poursuivie en 2017 avec en particulier l'adoption du
décret n° 2017-909 du 9 mai 2017 relatif au contrôle de la
circulation des armes et des matériels de guerre, dont les dispositions
figurent au code de la défense et au code de la sécurité
intérieure. Il en résulte de ce fait que, le Ministère des
armées demeure compétent pour les seuls matériels de
guerre (catégorie A2 de l'article R311-2 du code de la
sécurité intérieure, y compris les armes à feu et
leurs éléments de catégorie A2), tandis que les armes
civiles, munitions et leurs éléments (catégories A1, B, C
et D) sont confiés au Ministère de l'intérieur.
47
Cette répartition des responsabilités entre les
deux Ministères s'applique pour les demandes de classements de
matériels, pour la délivrance des autorisations de fabrication,
de commerce ou d'intermédiation (AFCI) quand elles sont
nécessaires et pour l'évaluation des demandes d'exportation
depuis la France vers un Etat tiers à l'Union Européenne (UE) et
de transfert depuis la France vers un autre Etat membre. La France transmet par
ailleurs des informations à ses partenaires de l'arrangement wassenaar
(exportation d'équipements militaires et de certain bien à double
usage) et de l'organisation pour la sécurité et de la
coopération en Europe (importation, exportation et destructions d'armes
légères et de petite calibre ; rapport sur les procédures
nationales de contrôle). Enfin, la France participe pleinement aux
mécanismes d'échanges, d'informations mis en place au sein de
l'Union Européenne (COARM)17 système de notification
de refus, contribution nationale au rapport annuel de l'union
européenne). Pour la France, le respect de ses engagements en
matière de maîtrise des armements, est une priorité. Suite
à cela, la politique d'armement française s'inscrit dans la
logique et le cadre des instruments multilatéraux en matière de
maitrise des armements, auxquels la France est partie. Le dispositif de
contrôle de la France se fonde définissant les règles
communes ou réglementant le commerce d'équipements militaires ou
de bien sensibles. La loi française établit deux régimes
distincts : l'un relatif aux exportations de matériels de guerre et
matériels assimilés vers les pays tiers de l'UE, la seconde
concernant les transferts de produits liés à la défense
vers les autres Etats membres de l'UE. Cette politique s'inscrit pleinement
dans le cadre de la charte des Nations Unie ACRACF s qui dans son article 51,
reconnait à tout Etat membre le droit de légitime défense
individuelle ou collective. Aussi, la France est très attentive aux
risques de détournement d'armes, notamment au profit de groupes
terroristes. Elle dispose ainsi sur le plan national, large arsenal
législatif, réglementaire et administratif. La France est un
acteur premier au rang pour la maîtrise des armements. Sa politique
s'illustre dans quatre domaines : la lutte contre la prolifération des
armes de destruction massive, la lutte contre la dissémination des armes
légères et de petit calibre, l'interdiction des armes à
sous-munitions ainsi que le projet de traité international sur le
commerce des armes.
Le contrôle a pour but, de vérifier après
délivrance de la licence, que les opérations
réalisées sont bien conformes aux autorisations accordées.
Il est effectué à deux échelons. Dans un premier temps, un
contrôle sur pièce effectué par des agents habilités
du ministère
17 Groupe de travail du conseil de l'union européenne
spécialisé sur les exportations d'armes
48
49
des armées. Il porte sur la cohérence entre
d'une part, les autorisations et les licences détenues et, d'autre part,
les comptes rendus et les informations transmis à l'administration. Il
contribue à la vérification du respect de l'industriel des
réserves et des conditions formulées lors de la délivrance
de l'autorisation.
Dans un second temps, un contrôle sur place
effectué dans les locaux des titulaires des autorisations de transferts
ou d'exportations afin de vérifier la cohérence entre, d'une
part, les autorisations, les licences détenues les comptes rendus
transmis à l'administration et les registres, et d'autre part, toutes
les pièces justificatives en particulier les contrats, ainsi que les
matériels entreposés et en fabricant. A l'issu des
opérations de contrôle sur place, un procès-verbal
consignant les contestations, les infractions et les
irrégularités éventuels est rédigé par les
agents assermentés puis est adressé pour observation à
l'industriel concernés.
B- Le traité sur le commerce des armes en France
Comme outil de transparence de la politique française
en matière d'armement et d'équipements militaires, nous retenons
le traité sur le commerce des armes (TCA). Ainsi, en déposant ses
instruments de ratifications le 2 avril 201418, la France a
officiellement adhéré au traité sur le commerce des armes
(TCA), de concert avec seize d'autres membres de l'union européenne.
L'adoption du TCA par l'assemblée générale des Nations
Unies le 2 avril, 2013 est une avancée historique du droit
international. C'est en effet, le premier grand traité dans la demande
du désarmement et de la maitrise des armements adopté depuis
1996. C'est également le premier instrument universel juridiquement
contraignant visant à réglementer le commerce des armes
classiques et à lutter de manière globale contre les trafics
illicites d'armement. Il faut dire que le traité sur le commerce des
armes vise à prévenir efficacement les conséquences
dramatiques du commerce illicite ou non régulé des armes sur les
populations civiles, et contribue au renforcement de la paix et de la
sécurité internationale. Le traité consacre aussi une
avancée majeure sur le plan du droit international humanitaire et du
droit international des droits de l'homme, placés au coeur des
critères que les Etats s'engagent à respecter avant d'autoriser
toutes exportations d'armement. C'est pour cela que le TCA est une
priorité pour la France, qui a activement participé aux
différentes phases de négociations. Elle s'est ainsi fermement
engagée pour que le respect du droit international des droits de l'homme
et du droit international humanitaire occupe une place centrale dans le
traité. Elle a
18 Adoption de la loi n° 2013-1202 du 23 décembre
2013 autorisant la ratification du traité sur le commerce des armes.
contribué à la prise en compte dans les
dispositions du traité de l'ensemble des opérations participant
à la chaine de transfert de l'exportation, importation, transit de la
lutte contre la corruption et de l'entraide pénal internationale. Sur
proposition de la France, une clause a été introduite au sein du
traité afin de permettre de faire évoluer son champ d'application
en prenant en compte les évolutions technologiques dans le domaine de
l'armement. La France a pleinement contribué aux travaux des
conférences de Mexique et de Genève, notamment en coordonnant les
discussions sur le secrétariat permanent. Elle est également l'un
des cinq membres du comité de gestion chargé de superviser le
travail du secrétariat. L'année 2015 a été
marquée par la transmission au secrétariat du traité des
premiers rapports des Etats ; rapports initiaux sur la mise en oeuvre de ses
dispositions, mais également rapports annuels sur les transferts d'armes
classiques entrant dans son champ d'application. La France a transmis dans les
temps ses deux rapports qui ont été, à sa demande, rendue
public. La France est également engagée dans de nombreux projets
visant à favoriser l'universalisation et la pleine application du TCA.
Elle contribue activement au programme européen d'aide à la mise
en oeuvre du traité (Arms Trade Treaty Outreach Programm ou ATT-OP). Des
experts français ont ainsi participé en 2016 à des
ateliers juridiques au profil du Sénégal, du Burkina Faso, et du
Togo. La France apporte aussi son soutien aux sessions de formations
dédiées au développement des capacités pour une
mise en oeuvre efficace du TCA.
Ce chapitre fait apparaitre l'organisation institutionnelle et
la politique d'armement de la France structurant les organes compétents
qui régissent le fonctionnement de cette politique dans le cadre de la
transparence d'une part, et celui de la légalité d'autre part.
Pour aller plus en avant, il importe de voir comment la politique d'armement
française s'organise au Gabon.
50
Chapitre II : L'organisation institutionnelle et la
politique d'armement et d'équipements au Gabon
Lorsque le Gabon accède à l'indépendance
en 1960, sa préoccupation majeure était de mettre en place des
institutions qui permettraient de faire fonctionner le pays. Parmi, ces
constitutions, l'armée constituait un organe important. Or
l'inexpérience des dirigeants gabonais dans ce domaine, malgré
des lacunes d'histoire militaire coloniale, avait besoin d'être
remédiée. La France s'engageait à prêter main forte
au nouvel Etat pour la constitution de ses forces de défense,
jusqu'à ce qu'il devient capable de les gérer seul. C'est en cela
que se propose ce chapitre sur l'organisation institutionnelle militaire de la
défense du Gabon et les questions de financement.
I- Les acteurs de la politique d'armement et
d'équipements militaires et les questions de financement
Premier instrument étatique de souveraineté,
garant de l'intégrité du territoire national et de
stabilité intérieure. L'armée doit par une combinaison
élaborée de leurs moyens et une complémentarité de
leurs actions, être en mesure de faire face aux défis majeurs du
contexte sécuritaire actuel. La vision de modernisation de
l'armée gabonaise s'inscrit dans cette dynamique. Il convient de
décrire la position géostratégique du Gabon.
A- Les organes décisionnels de la défense
Les autorités gabonaises avaient mis en place des
institutions qui devaient gérer et décider des rapports
militaires établis avec l'ancienne puissance coloniale au lendemain de
son indépendance. A ce propos, certaines sont directement
impliquées et prennent véritablement des décisions et
d'autres n'ont qu'un rôle théorique. A la question de savoir,
quels sont les institutions compétentes et juridiques qui organisent les
forces de défense du Gabon ?
En vue de doter son appareil de défense et de structure
organique pour combler un vide juridique et permettre un fonctionnement
harmonieux, et conforme au statut particulier des militaires, divers textes
viennent d'être adoptés. Dans ce cadre les forces de
défenses sont désormais configurées.
Le premier point qui nous préoccupe est celui relatif
aux prérogatives du pouvoir exécutif en matière d'armement
et d'équipements militaires.
51
Selon la constitution gabonaise, le président de la
République est le garant de l'indépendance nationale, de
l'intégrité du territoire et du respect des accords19.
A ce titre, il préside les conseils et les comités
supérieurs de la défense nationale. La constitution gabonaise
dispose aussi que le chef de l'Etat détermine en concertation avec le
gouvernement (sous le contrôle du parlement) la politique en
matière de défense et de sécurité. Il en assure la
direction d'ensemble et le cas échéant, la conduite de la
guerre20. Il peut quand les circonstances l'exigent, après
consultation du conseil des ministres et consultation du bureau de
l'assemblée nationale, proclamer par décret « l'état
d'urgence » ou « l'état d'alerte » qui lui
confèrent des pouvoirs spéciaux. A ce propos, il peut prendre
toutes les mesures qu'il estime nécessaires pour garantir la
sécurité de l'Etat et mené une politique d'armement et
d'équipements militaires avec n'importe quel Etat. Il peut toutefois
acheter des armes et le matériel militaire sans forcément passer
par le parlement car les prérogatives de chef suprême des forces
de défense et de sécurité nationale le lui
confèrent. Dans ses compétences militaires, le chef de l'Etat
nomme aux postes supérieurs civils et militaires de l'Etat. Il est
assisté par plusieurs organes de concertation (conseil supérieur
de défense, comité de défense) qu'il préside. Le
chef de l'Etat-major des armées, les commandants en chefs de la
Gendarmerie, le cabinet militaire de la présidence de la
République et le gouvernement l'assistent dans ses missions de
défense. Lorsque nous arrivons à ces analyses, nous constatons
que les pouvoirs du chef de l'Etat en matière de défense sont
incontournables dans ce domaine. Il est en effet, la clé du
système de défense au Gabon. Il contrôle à cet
effet, tous ce qui est de la coopération militaire avec la France. Ceci
est encore assez intéressant par le fait qu'officieusement cette
coopération est censée protéger sa sécurité
et son pouvoir lorsqu'il pourrait se trouver menacer. C'est en cela que les
accords de coopération que la France a justifié son intervention
au Gabon en 1964. Celle-ci a contribué au rétablissement du
président Léon Mba destitué par un groupe de militaire
gabonais. Il faut sans doute rappeler que les armées en Afrique
contribuent d'abord à la sécurisation des chefs d'Etat.
L'expérience a montré qu'à chaque fois qu'un chef d'Etat
est menacé dans son pouvoir, l'armée française intervient
en faveur de celui-ci. Le président de la République Gabonaise
s'assure du contrôle de la défense et de la
sécurité. Il est secondé dans ses prérogatives
militaires par le Premier ministre qui a pour mission d'appliquer la politique
de défense de la nation.
19 Journal Officiel de la République Gabonaise (J.O.R.G),
loi n°/91 du 23 mars 1991, article 8, modifiée par la loi
n°01/94 du 18 mars 1994 portant constitution de la république
gabonaise
20 J.O.R.G, décret n°419/PR du 31 mars 1980 relatif
à l'organisation de la défense nationale et loi n°01/94 du
18 mars 1994, article 2
52
Selon la loi fondamentale gabonaise, le gouvernement, sous la
responsabilité du Premier ministre, conduit la politique de la nation en
matière de défense. De ce fait, il est aidé par
l'administration et par les forces de défense. Le Premier ministre est
responsable de la défense nationale et de la mise en oeuvre par le
gouvernement des décisions prises en conseils des ministres et en
comité de défense. Il est évident que lorsqu'une crise
menace la sécurité de l'Etat, il dispose des pouvoirs
exceptionnels21. Quand les circonstances l'imposent, il a le droit
après délibération du conseil des ministres et information
des présidents des chambres du parlement (Assemblée Nationale,
Senat) à déclarer par arrêté l'état d'alerte
ou l'état de mise en garde dans les conditions fixées par la
loi22. C'est différents états proclamés peuvent
être assimilés à une mobilisation partielle pour ne pas
recourir à une mesure radicale quand les circonstances ne l'exigent pas.
La mise en garde et l'état d'alerte sont déclarés aux
termes des dispositions constitutionnelles23 et contresignés
par le ministre de l'intérieur en cas de situation grave qui peuvent
constituer une menace pour l'ordre public en cas d'évènements qui
présentent leur nature et leur gravité.
Dès lors, les autorités des régions
concernées prennent des décisions exécutoires, la garde
à vue des individus dangereux pour l'ordre publique. La suspension
à l'exercice de certains droits, notamment la liberté des
réunions, la liberté de circulation des personnes et des biens,
la fermeture des salles de spectacles, l'établissement du couvre-feu.
Bien que tous ces pouvoirs soient attribués au Premier ministre gabonais
dans l'exercice de la conduite de la politique de défense de l'Etat
gabonais, il n'en demeure pas moins que lorsqu'on observe la structure du
pouvoir gabonais, son rôle en matière de défense est
purement théorique. En réalité, le président de la
République s'accapare de tous les droits surtout dans ce domaine qui est
très important. Ainsi, pour ce qui est de la coopération
militaire, le Premier ministre ne peut pas prendre de décision ; tout se
passe à la présidence de la République. Il en est de
même pour le ministre de la défense nationale avec la
différence que ceux qui sont souvent à la tête de ce
ministère sont les proches du chef de l'Etat donc ils ont un rôle
plus important à jouer dans la coopération militaire avec la
France.
Le deuxième point à éclairer porte sur
l'armement de la centralité du Ministère de la défense
nationale et la place des autres ministères.
21 J.O.R.G, n°45/59 du 12 novembre 1959.
22 J.O.R.G, loi n°3/91 du 26 mars 1991, article 29.
23 J.O.R.G, n°45/59 du 12 novembre 1959.
53
En effet, sous l'autorité du chef de l'Etat et du
Premier ministre, le ministre de la défense est responsable de
l'exécution de la politique militaire, plus précisément de
l'organisation, de la gestion et de la mobilisation des forces
militaires24. Il coordonne les stratégies relevant de chaque
département ministériel, fixe les concepts d'emploi des forces
armées et arrête leur composition. Dans la réalité,
le ministre de la défense met en pratique les décisions prise au
niveau de la présidence de la République. En ce qui concerne la
coopération militaire avec la France, tout est décidé au
sommet de l'Etat. Etant donné que c'est le président de la
République qui nomme aux hautes fonctions de la défense, il
s'assure de ce fait de la fidélité de ceux qui vont occuper les
postes de haut commandement militaire pour que sa politique de défense
soit efficace pour sa sécurité et la pérennisation de son
pouvoir.
Dès lors, le ministre de la défense
développe les relations militaires avec la France selon les
recommandations du chef de l'exécutif. A partir de ce moment, les
autorités gabonaises, pour s'assurer de la mainmise sur les instruments
de la défense, avaient délibérément fait en sorte
que jusqu'en 1980, l'Etat gabonais ne dispose pas d'une administration centrale
pouvant gérer les questions de défense. Il existait un
secrétariat d'Etat puis une délégation
ministérielle rattachée à la présidence de la
République qui assurait la coordination de la politique de
défense et la gestion des rapports militaires avec la France. Le
délégué ministériel, sous la responsabilité
du président, s'occupait de tout ce qui concernait la défense
civile pendant que le domaine de la défense militaire était sous
la direction du chef de l'Etat et du ministre de la défense
nationale.
Le délégué ministériel assumait sa
tâche en fonction des recommandations du chef suprême des
armées. A ce propos, il ordonnait la préparation de la mise en
oeuvre des mesures de défense incombant aux divers départements
ministériels. C'est seulement à partir de 1980 que le
président de la République met en place un ministère
délégué à la présidence de la
République chargé de la défense nationale et des anciens
combattants. Il devait donc se charger de la préparation des forces
armées et de leur liaison avec les armées
étrangères ou alliées. C'est dans ce dernier volet que son
rôle fut défini et que le pouvoir de ce ministère par
rapport aux relations avec l'armée française, dans le cadre de la
coopération, fut élargi. Pour
24 J.O.R.G, décret n°4/PM du 6 décembre 1960
portant organisation et recrutement des armées gabonaises.
54
apporter de l'éclaircissement à tout cela, une
administration centrale fut mise à sa disposition et comprenait, le
commandant en chef des forces armées, le commandant en chef de la
gendarmerie, l'inspecteur général, le cabinet civil, le
conseiller militaire. Nous remarquons ainsi que les attributions de ce
ministère furent étendues et contrôlait la défense
intérieure et extérieure, et que son rôle grandissait dans
la coopération avec l'ancienne puissance coloniale, bien
évidemment dans le strict contrôle du chef de l'Etat gabonais.
Pour s'assurer de tout cela, le ministre Mpouoho Epigha, représentant du
chef de l'Etat pour les questions de défense, ministre chargé de
la défense nationale et des anciens combattants. Par un décret du
7 avril 1982, il devint aussi ministre de la sécurité publique
par la suite. Ce dernier s'occupe de la défense civile dans le cadre de
la coopération militaire avec la France. C'est dans ce sens que
l'assistance militaire technique apporte sa contribution au ministère de
l'intérieur gabonais dans ses missions. Il s'agit des missions police,
secours. C'est ainsi qu'on peut observer dans toutes les directions de la
sécurité intérieure des assistants militaires
français. On les retrouve en effet, par exemple à la direction de
la documentation et des frontières (D.D.F), la direction des services
pénitentiaire (D.S.P), la direction de la protection civile (D.P.C) et
la direction de la sécurité mobile (D.S.M). La coopération
militaire travaille aussi de concert avec le ministère des mines et des
hydrocarbures pour la gestion des produits stratégiques.
Au ministère des affaires étrangères, de
la coopération et de la francophonie il y'a une direction militaire qui
ne se limite qu'à l'information et à la négociation afin
de mettre en lumière les vues gabonaises pour éviter tous les
malentendus et désamorcer les crises actuelles. Une fois que l'essentiel
a été mise en place pour mettre en pratique l'organisation
militaire du Gabon, il ne serait plus pour les autorités de
présenter l'organisation des forces de défense du Gabon.
B- L'armement : L'opérationnalité des forces
de défense
Les forces de défense gabonaises, fortes d'environ
6.700 hommes sont engagés selon Laurent Touchard (2017, p. 550) dans le
cadre de la Communauté Economique des Etats de l'Afrique Centrale
(CEEAC), au sein de la MICOPAX en République centrafricaine (Mission du
conseil de paix et de sécurité) ont pour but de protéger
les communautés et les individus des actes de violences. Ce concept
englobe sept catégories de menaces qui touchent aux différents
domaines d'action : La sécurité économique, la
sécurité alimentaire, la sécurité sanitaire, la
sécurité de l'environnement, la sécurité
personnelle, la sécurité de la communauté, et enfin, la
sécurité politique. Pour ce qui est du Gabon, la Gendarmerie
55
nationale, la garde républicaine, la direction du
service de santé militaire et le génie militaire constituent une
force de défense placée sous l'autorité du
président de la république chef suprême des armées
et du ministre de la défense nationale.
Graphique n° 1 : l'organisation des forces
de défense du Gabon (2017)
Source : EMGFA
Par décret n° 13/PR/DN du 6 janvier 1983, les
principales modifications apportées par l'armée sont les
suivantes, un commandement en chef des forces armées d'un commandement
des armées, d'un commandement de l'armée de terre, d'un
commandement de l'armée de l'air d'un commandement de la marine, et d'un
commandement des sapeurs-pompiers au d'une direction générale des
services communs ou rattachés enfin d'un comité des chefs
d'Etat-major. En effet, avec un effectif de 9.450 Hommes en avril 2018, les
forces armées gabonaises (FAG), est la composante de
cinq régions militaires, deux régions aériennes, trois
arrondissements maritimes et trois groupements incendie. Il s'agit entre autre
de l'armée de terre, l'armée de l'air, le corps des
sapeurs-pompiers, la marine nationale et de l'aviation légère des
armées. L'Etat-major général des forces armées
(EMGFA) est un organe permanent de commandement dont la vocation est la
conception, la direction, le contrôle et la conduite des
opérations. Dès lors, son travail consiste à une oeuvre
collective, coordonné par le Chef d'Etat-major général des
forces armées (CEMGFA). Son exécution est
décentralisée à travers un commandement vertical et
horizontal, et dans lequel toutes les directions travaillent synergie pour
l'accomplissement de la mission.
56
A cet effet, elle défend l'intégrité du
territoire national en assurant l'intangibilité des frontières.
De plus, elle veille au respect et à la stabilité des
institutions de la République. Sans toutefois oublié la
protection des personnes et les biens par la force des armes.
A cet effet, les FAG doivent participer aux opérations
extérieures de maintien de la paix ou de soutien de la paix sous
l'égide des organismes internationaux comme l'ONU, l'Union Africaine
(UA), Communauté Economique des Etats de l'Afrique Centrale (CEEAC),
Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale
(CEMAC).
S'agissant de l'armée de terre, forte de 5506 hommes,
répartis sur l'ensemble du territoire national, les forces terrestres
s'articulent aux formations de combats, d'interventions, d'appui et de soutien.
A ce titre, elle a pour mission, la défense de l'intégrité
nationale, la participation aux actions d'interposition dans le cadre d'une
forte multinationale sous l'égide de l'ONU, l'Union africaine (UA) ou la
Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale (CEMAC),
la protection des populations et des biens, la participation aux missions
d'ordres publics enfin, la participation aux actions de
développement.
A ce propos, la préparation des forces de
l'armée de terre relève de son chef d'Etat-major qui est le
commandant organique. Ainsi, il est responsable de l'organisation, de
l'instruction et de l'entrainement des forces. Aussi de l'établissement
de la doctrine de l'emploi des forces terrestres. Une 7x régions
militaires, 1x bataillon de la garde présidentielle (1 x compagnie
blindée de reconnaissance, 3 x compagnies d'infanterie, 1 x batterie
d'artillerie, 1 x batterie antiaérienne),1x régiment parachutiste
(1 compagnies compagnie de commandement, 3x compagnies parachutistes, 1 x
compagnie d'appui), 1x bataillon blindé de reconnaissance (bataillon de
reconnaissance et de combat, 1x compagnies de commandement et de soutien, 2x
escadrons blindés de reconnaissance), 7x bataillon/compagnies
d'infanterie motorisée (un/une par région militaire), 1x
régiment de commandement et de soutien (1 x batteries d'artillerie, 1x
batterie de mortier, 1x batterie de lance-roquette multiples, 1x compagnie du
génie, unités logistiques).
Concernant, l'armée de l'air, elle est née au
lendemain de l'indépendance l'armée de l'air aujourd'hui compte
un effectif de 1409 hommes, elle est appelée petite Escadrille, elle
fonctionne sous cette fonction et avec ses moyens jusqu'au début des
années 1970. En janvier 1970, par décret n°205/PR/DN, elle
acquiert son autonomie et l'appellation `'Armée de l'Air».
L'armée de l'air actuelle se caractérise par une réduction
substantielle de la flotte de transport due en grande partie de l'entrée
en limite de vie de bon nombre d'appareils.
57
Conformément aux textes en vigueur, l'organisation de
l'armée de l'air s'articule pour le moment autour de deux niveaux, au
niveau central avec un Etat-major de l'armée de l'air, au niveau
décentralisé, des bases de l'air. Elle se compose d'un cabinet
avec un secrétaire, de quatre directions, d'une direction
opérationnelle, d'une direction financière et administrative,
d'une direction technique et d'une direction du service militaire. Aussi, elle
a une Base Aérienne 01, d'un transport militaire tactique, la recherche
et le sauvetage, la surveillance aérienne des parcs nationaux en
relation avec l'ANPN, la patrouille côtière. Pour ce qui est de la
Base Aérienne 02, elle participe à la reconnaissance et le
renseignement, à l'appui-feu et le bombardement, la patrouille
côtière.
Enfin, malgré ses vecteurs, l'armée de l'air
reste engagée auprès des autres composantes des FAG dans les
différentes opérations de sécurisations. Elle
espère toutefois, retrouver une activité aérienne pour
mieux remplir ses missions principales.
Quant à la Marine Nationale, elle a un effectif de de
1013 Hommes, la création de la marine nationale intervient le 6 janvier
1983 sur son premier arrondissement maritime de Port-Gentil. Le premier chef
d'Etat-major est nommé en septembre 1983. A ce jour, elle compte trois
arrondissements maritimes : Libreville, Port-Gentil et Mayumba.
Dans ses missions, la marine nationale, assure en milieu marin
la défense du territoire national, la défense des approches
maritimes, la surveillance et contrôle de la ZEE, la participation aux
opérations de maintien de la paix. Aussi, elle assure la
sécurité de l'Etat en mer, la lutte contre la piraterie et le
brigandage en mer, la pêche illicite, les trafics en tout genre et la
pollution en milieu marin. De plus, elle assure les missions de services
publics, la recherche et sauvetage en mer, la sécurisation de la
façade maritime, l'entrainement de tir, l'exercice amphibie pleine
Ayeme, la patrouille bras de mer Estuaire du Komo.
En ce qui concerne l'Aviation Légère des
Armées, ayant les mêmes origines que l'armée de l'air, elle
se détache de celle-ci en 1986 pour devenir successivement aviation
légère de l'armée de terre (ALAT) puis aviation
légère des armées. Son premier chef d'Etat-major est
nommé en septembre 1983. Au centre du dispositif des FAG, l'aviation
légère des armées est la composante dont l'outil majeur
est l'hélicoptère. Forte de 627 hommes, elle oeuvre aux
côtés des autres composantes par son implication multiforme aussi
bien à l'intérieur pour la sécurité qu'à
l'extérieur pour le respect des engagements internationaux.
58
Le bataillon des sapeurs-pompiers (BSP), est une unité
de protection du corps principal qui regorge à son sein un effectif de
895 Hommes. Elle intègre les forces armées sous l'appellation de
BSP en 1973. Sa capacité d'accroit avec la création d'une
deuxième base à Franceville. A ce propos, plusieurs interventions
ont eu lieu à savoir, le feu de l'immeuble du Fodex en 2002, le feu de
la présidence de la république en 2004, le crash de l'avion
Gabon-Express en 2004, la sortie de piste d'un avion Air-Gabon en 2004 et
l'intoxication du Lycée National Léon Mba en 2005.
Tableau n° 5 : Le bilan de ses
activités opérationnelles (2002-2004).
|
2002
|
2003
|
2004
|
Appels injustifiés
|
1230
|
2135
|
1023
|
Incendies
|
198
|
299
|
326
|
Accidents de circulation
|
076
|
120
|
152
|
Secours à victimes
|
330
|
498
|
631
|
Fait d'animaux
|
027
|
045
|
069
|
Eau-gaz-électricité
|
025
|
020
|
035
|
Protection des biens
|
025
|
034
|
035
|
Pollution
|
000
|
000
|
000
|
Reconnaissance-recherche
|
011
|
020
|
045
|
Totaux
|
1945
|
3214
|
2416
|
Source : Etat-Major des sapeurs-pompiers
Pour ce qui est de la Direction Générale du
Génie Militaire (DGGM), elle a été créé par
décret n°150/PR/DN du 4 février 2002, la direction
générale du génie militaire est un service commun aux
forces de défense qui a pour but principales, la réalisation des
travaux de génie civil, des constructions réfections et autres
aménagements des bâtiments aux profils de des forces de
défense, des services de l'Etat et des collectivités locales,
gérer et d'entretenir le domaine militaire, contrôler les
prestations concédées aux entreprises, exécuter les
missions du génie combat.
Dans ses moyens d'acquisitions, l'Etat lui octroie
d'importants moyens humains et de matériels, près de 500
militaires confondus venant de l'armée de terre, de l'armée de
l'air, de la gendarmerie nationale, de la marine nationale, de la garde
républicaine, et du bataillon des sapeurs-pompiers, une cinquante de
camions, une trentaine d'engins de travaux publics, une dizaine de
véhicules tactiques, divers équipements de chantiers, plusieurs
matériels de travail.
Pour coordonner le tout, quelques réalisations
importantes du génie militaire à savoir ; l'aménagement
d'une route à Makokou, la construction de 7 plateformes à Owendo
au profil de la SETRAG, l'aménagement de la route menant
Angondjé, l'aménagement de la route
59
conduisant au Cap Estérias, la construction du stade de
football de l'école nationale de la Gendarmerie.
La Gendarmerie nationale, crée par décret-loi
n°00019/PM en date du 30 novembre 1960, la Gendarmerie Nationale devient
autonome à partir du 1er janvier 1961. La Gendarmerie
Nationale constitue une force militaire placé sous l'autorité du
président de la république, chef suprême des forces
armées, et du ministre de la défense nationale. Elle fait partie
intégrante des forces de sécurité, comme le mentionne la
(Revue des forces de défense gabonaises N°2, 2001, p. 52).
En effet, elle a pour missions principales, de défendre le territoire,
de veiller à la sureté publique, d'assurer le maintien de l'ordre
et l'exécution des lois et règlements et d'assurer l'action
directe de la police judiciaire, administrative et militaire.
De plus, sur le plan territorial, l'organisation des forces
repose sur les légions (une gendarmerie mobile à Libreville, et
cinq gendarmeries départementale implantées respectivement
à Libreville, Oyem, Franceville, Mouila et Port-Gentil. Les
légions se subdivisent elles-mêmes en huit groupements, en
compagnie (19) et en brigades territoriales (85). A ce propos, elle compte
environ 2900 personnels, dont 13% des femmes. Pour l'année 2002, la
Gendarmerie a été autorisée à recruter 645
élèves gendarmes.
La Garde Républicaine, crée le 24 juillet 1964,
par décret n°0251/PR, est créée la garde
républicaine après le coup d'Etat contre feu président
Léon Mba. Le 4 juin 1970, par décret n°719/PR, la garde
républicaine devint garde présidentielle. Le 6 mars 1996, par la
loi N°003/96, la garde présidentielle retrouve son ancienne
appellation garde républicaine. Elle est placée pour emploi, sous
l'autorité directe du président de la république, chef
suprême des armées. A ce titre, il est le seul à
déléguer ce pouvoir au premier ministre ou au ministre
chargé de la défense nationale par acte spéciaux. La garde
républicaine dépend pour son administration comme d'autres forces
de défense, du ministère de la défense nationale.
Par ailleurs, elle est chargée d'assurée de la
façon permanente, la sécurité et la protection du
président de la République, à l'intérieur et
à l'extérieur du territoire national. Elle est également
chargée, d'assurer conjointement avec les autres forces la protection
des hautes personnalités de l'Etat, des personnalités
étrangères en visite au Gabon, des responsables politiques, de
rendre des honneurs militaires lors de la cérémonie de la
république ainsi qu'à l'occasion des séances solennelles
du parlement. Elle peut aussi assister aux missions d'aides et d'assistances
aux populations en cas de sinistre grave ou de calamités publiques,
comme les
60
61
autres forces, elle ne doit intervenir dans le maintien de
l'ordre et la paix civile en cas de débordement des forces de
première catégorie et sur réquisition
règlementaire.
Toutefois, elle participe aux missions de défense de
l'intégrité du territoire nationale.
Enfin, le Service de Santé Militaire (SSM), qui fut
créé en 1972, par décret n°956/PM/DN du 10 Août
1972. C'est une structure interarmées, il est placé sous
l'autorité directe du ministre de la défense nationale a pour
missions ; le soutien sanitaire des forces engagées en temps de
guerre, la médecine curative et préventive,
l'expertise, la recherche et l'enseignement ainsi que l'implication dans les
actions de santé publique en temps de paix.
Dans sa structure actuelle, le service de santé
militaire est composé de manière suivante, un échelon
central composé de la direction générale (DGSSM) et de
l'inspection générale du SSM, l'échelon local, des
organismes directement rattachés à la DGSSM, laboratoire
militaire d'analyses médicales, le centre d'approvisionnement
pharmaceutique, hôpital principal de Libreville, infirmerie de garnison
de Port-Gentil, centre de santé maternelle et infantile et quatre
directions du service de santé des forces.
Au regard de toutes ces analyses sur l'organisation militaire
du Gabon, la question que nous nous posons est celle de savoir, quel est le
bilan de la coopération franco-gabonaise en matière d'armement et
d'équipements des forces de défense ?
II- Kaléidoscope du matériel militaire
reçu de la France et répartition des armements
commandés
Les relations militaires qui ont été
établies entre la France et son ancienne colonie le Gabon en 1960,
dès son accession à la souveraineté internationale,
étaient fondées sur la base de la bilatéralité ;
c'est-à-dire qu'elles ne concernaient que la France et le Gabon. A cet
effet, la coopération franco-gabonaise dans le domaine militaire s'est
renforcée ses dernières années par la signature d'un
protocole d'accord portant essentiellement sur les conditions d'achats par le
gouvernement gabonais de matériel et d'équipements militaires
français destinés aux forces de défense selon (L'union
du jeudi, 2 mai 1985)
L'armée gabonaise utilise essentiellement l'armement
français, dont des avions de chasses, mirages. Ne dit-on pas souvent :
« Qui veut la paix, prépare la guerre ». La
réalité est que la guerre coûte cher, très cher.
C'est à ce propos que la général de Gaulle disait «
L'aviation est par excellence l'arme dont les effets foudroyants se combinent
les mieux avec
les unités mécaniques ». Quels types de
matériels la France fourni aux forces de défense gabonaise depuis
son indépendance ? Cette question mérite une bonne analyse car
celle-ci, nous permettra de faire un bilan de tous ce qui a été
achetés ou acquis gratuitement.
A- Les armes lourdes et légères
Selon la définition du Grand Robert, une arme lourde,
par opposition à une arme légère, est une arme à
grande capacité destructive éventuellement transportable par des
combattants tel que la mitrailleuse légère, canon sans recul,
mortier et autres, mais dont l'usage implique le déploiement d'un
support (trépied, socle) et emploi de plusieurs soldats. Cependant, on
parle aussi d'arme collective.
Une arme à feu est une arme visant originellement
à donner la mort à grande distance des projectiles, au moyen de
gaz produit par une déflagration rapide et confinée d'un
composé chimique détonnant. Depuis quelques siècles
déjà, les armes sont devenues les armes
prépondérantes de l'humanité. Utilisées pour des
crimes et des guerres ; elles ont été sources de nouveaux types
de blessures et séquelles dans la doctrine militaire. Ainsi R. Aron dit
à ce titre « La possession des armes ne garantis pas la paix,
toutefois, elles pourraient changer l'essence des relations entre les Etats
». A ce propos, après les accords de coopération militaire
entre la France et le Gabon signé le 17 août 1960, la France a
équipé le Gabon en armement lui permettant de faire face aux
menaces auxquelles elle pourra être confrontée afin de mieux se
défendre. De cette coopération aboutirent très rapidement
une série d'armes. De façon simplifiée on distingue deux
types d'armes. Les armes légères individuelles/collectives et les
armes lourdes collectives pour le combat.
S'agissant des armes légères individuelles, on
retient que ce sont des calibres réduits souvent en dessous de quinze
millimètres, que l'on pointe à la main vers une cible
visée. A cet effet, les FAG possèdent à ce jour
près de 3438 armes individuelles soit 34 % de militaires, donc un
déficit de 66 % (soit 6017 armes individuelles à pourvoir.
62
Tableau n°6 : Quantité d'armes
à poing et légères des FAG (2017)
Source : EMGFA
Ce tableau illustre parfaitement le type d'armes que
possèdent les FAG, la quantité et les difficultés
auxquelles ils font face. A cet effet, effet, nous comprenons parfaitement que
les armes individuelles que les FAG utilisent de nos jours sont
obsolètes et ne conviennent plus du tout à l'environnement
militaire actuel. Si non, comment comprendre qu'au XXIe une armée digne
de ce nom puisse encore utiliser les armes individuelles de la colonisation ?
Toutes ces armes sont vieilles et ne sont plus utilisées par
l'armée française même le FAMAS qui est aujourd'hui l'arme
individuelle la plus performante de nouvelle génération est en
train d'être abandonné par l'armée française.
Peut-on dire aussi que l'armée gabonaise est bien équipée
? La quantité d'armes est-elle suffisante pour une armée qui se
veut en Or et opérationnelle ? Ces questions méritent une bonne
réflexion car une analyse des armes individuelles fait l'objet de notre
analyse.
63
Image 1 : Manufacture d'armes de Saint-Etienne
(MAS 36 modèle 1936)
Source : EMGFA
Le Mas 36, est adopté dans l'armée
française pour remplacer le Label modèle 1886/93 ainsi que les
armes du système Berthier modèle 07/15/M16 et 1892/M16.
Il était, cependant fabriqué par la Manufacture
de Saint-Etienne. L'arme utilisée pendant près de 4
décennies, est appelé simplement Mas 36 par ses utilisateurs
militaires. En revanche, l'arme se présente comme une logique
simplifiée. Elle comporte deux tensions de verrouillage dans sa partie
arrière et ne se compose que de cinq éléments
démontables :
Une des autres caractéristiques de cette arme est de ne
pas posséder de sureté. Les derniers avatars du Mas 36, sont des
armes de précision militaires dont le lien de parenté est
indéniable. A cet effet, le Mas a une capacité suivante :
Historiquement, cette arme a été utilisée
depuis la seconde guerre mondiale, plus tard en Indochine et en Algérie
puis au cours du XXe siècle, il sera récupéré en
Asie, au Liban et encore aujourd'hui en Afrique. L'avantage de cette arme se
trouve dans sa simplicité car elle possède encore de
pièces de rechange, avec une capacité de cinq coups. Aussi, le
second Mas à un guidon sous tunnel or le premier ne l'avait pas. Enfin,
c'est une excellente arme de
64
carabine de combat à cause de sa taille, qui est
très simple à manier, à utiliser et à entretenir et
en plus de ça, elle a une bonne réputation en termes de tir et de
sa précision. En plus de la France, les 1200000 fusils Mas 36, furent
réglementaire dans les armées de nombreuses anciennes colonies
françaises comme le Gabon en 1960 une fois devenu indépendant.
Image 2 : Fusil Semi-Automatique (FSA
modèle 1949-1956)
Source : EMGFA
Le fusil FSA 49, utilisait le dispositif de lancement de
grenade hérité du FR MAS 36 LG 48 dont la grenade fusil
était spécifique, aussi afin de pouvoir utiliser les grenades
à fusils ou à standard OTAN il fut décidé de le
modifier en partie. Ainsi modifié, le Mas 49 est adopté en 1956
sous l'appellation de Fusil Semi-Automatique de 7,5 mm Mas modèle
1949-56. Comme le Mas 49 il peut être équipé d'une lunette
de tir. Une version de compétition, le FSA-Mas 49-56 MSE, a vu le jour,
elle comportait une nouvelle crosse et une poignée pistolet et utilisait
la même lunette de visée et les mêmes accessoires que la
version de tireur d'élite. Dans sa version de base, le 49-56
équipera les forces de défense du Gabon avec le Mas 36-51 et ile
Mas 49 puis les remplacera petit à petit. Il a `ailleurs
été remplacé depuis par le FAMAS au sein de des forces de
défense mais il est toujours en service dans la Gendarmerie par exemple
et la Marine Nationale. Le FSA 49-56 diffère du FSA 49 principalement de
la partie avant de l'arme, le reste de l'arme est identique.
L'ensemble canon-boite de culasse est composé du canon
sur lequel vient se viser à sa partie postérieure la boite de
culasse. La pièce de manoeuvre contient également un bouton
d'arment qui peut être noire ou blanche.
Image 3 : la boite de culasse.
Source : Gendarmerie nationale
65
Elle a une capacité de portée maximale de 120 m,
une portée pratique de 400 m, une vitesse initiale de 850 m/s, une
capacité variante de 10 cartouches. Par ailleurs, elle a une longueur de
1 100 mm, une longueur du canon de 580 mm et une masse chargée de 4,330
kg. Il remplace le Mas 36 avant de laisser sa place au FAMAS.
Image 4 : (Fusil d'Assaut de la Manufacture de
Saint-Etienne Première génération FAMAS)
Source : EMGFA
Le FAMAS ou FA-MAS, désigne comme fusil d'assaut de
5,56 mm modèle F1 au sein de l'armée française est un
fusil d'assaut français de calibre 5,56 x 45 mm de type initialement
fabriqué par la manufacture d'armes de Saint-Etienne. A ce titre, il a
été mis en service dans
66
les années 1970 par l'armée française, le
FAMAS répondait au désir d'une arme de tactique puissant. La
version F1 est vendue à plus de 400.000 exemplaires en France et dans
quelques pays comme le Gabon et parfois donnée comme cadeau à des
pays alliés.
En effet, conçue pour être la plus moderne de son
temps, mais d'entretien complexe, cette arme ne fut jamais achetées
massivement par aucun autre pays, du fit de son coût élevé
près du double du fusil américain M16. Entre 1980 et 2015 le FAMS
a été utilisés par les militaires français et
gabonais dans les opérations suivantes :
Tableau 7 : caractéristiques du type de
matériel militaire français au Gabon
Type d'arme
|
Caractéristiques
|
FAMAS
|
-1983-1984 : opération Manta au Tchad
-1986-2014 : opération Epervier remplacé en 2002
par opération Barkhane au Tchad
-1996 : opération Almandin en République
centrafricaine
|
Source : Wikipédia
Aujourd'hui il est encore fortement utilisé par les
forces de défense du Gabon pour le maintien de l'ordre pour des
opérations nationales ou extérieure mais ne se trouve pas
réparti dans l'ensemble des forces armées à cause de sa
disparité. Un fusil puissant et de précision, qui non seulement
tir en rafale mais aussi le coup par coup. Le FAMAS est aussi capable de tirer
en grenade mixte anti personnel et anti véhicule (AP AV 40) ou anti char
le (AC 58).
Image 5 : Pistolet Mitrailleur de la Manufacture
de Toulouse (PM MAT 49 modèle 1949)
Le MAT 49 est le pistolet mitrailleur de l'armée
française depuis le début des années 1950 jusqu'au milieu
des années 1980. De construction simple et robuste, il a servi lors de
la guerre
67
d'Indochine, de l'Algérie et enfin de la guerre froide.
Désigné officiellement comme pistolet mitrailleur de 9 mm il arme
les sous-officiers gabonais. Le PA MAT était encore utilisé par
le 15e régiment du génie de l'air (15e RGA)
lors de sa dissolution le 6 mai 1998. Le MAT 49 se structure comme il suit
Tableau n° 8 : caractéristiques du
type du matériel militaire français au Gabon
Type d'arme
|
Caractéristiques
|
|
-Munition 9 mm
|
|
-Longueur crosse 46 cm/72
|
|
-Masse de l'arme chargée 4,175 kg
|
PM MAT 49
|
-Canon 23 cm
|
|
-Chargeur 20 ou 23 coups
|
|
-Cadence de tir 600 coups/ minutes
|
|
-Portée pratique 50 à 100 m
|
Source : Wikipédia
En plus de la France, le PA MAT 49 a équipé
plusieurs armées africaines francophones. Et a eu une durée de 50
ans de service et une production de 700.000 en 1960.
Image 6 : Pistolet Automatique de la
manufacture de Châtellerault (PA MAC 50 modèle 1950)
Le MAC 50 est un pistolet semi- automatique
développé à partir de 1946 dans le cadre de programme du
30 octobre 1946 relatif au remplacement de nombreux modèles d'armes de
poing en dotation. En effet, le PA MAC 50 répond aux critères de
fiabilité, précision, maniabilité, puissance d'arrêt
et facilité d'entretien par un démontage simple que le rapport
68
final du 11 mai de la commission. Le 16 août 1950, la
note ministérielle 11579 baptise officiellement l'arme « pistolet
automatique de 9 mm modèle 1950 » tandis que la Direction des
matériels confia la fabrication à la manufacture nationale de
Châtellerault, la capacité de la production à cette
époque était complètement élevée. Avec une
masse de 800g, une longueur de 195 mm et une longueur de canon de 111mm. Le MAC
50 se caractérise par une portée de 100 m, une portée
maximale de 1900 m (balle perdue), une portée pratique de 50 m, une
cadence de tir de 18 coups par minute, vitesse initiale de 315 m/s,
capacité viseur variante 9 coups (+ 1 dans la chambre), en quelque
sorte, c'est une arme de guerre. Aussi, faut-il rappeler qu'après le
tir, il y a d'abord un court recul du canon par action directe des gaz
permettant le mouvement vers l'arrière de la culasse, éjectant
l'étui vide du coup parti. Une sureté est assurée par un
levier situé en face gauche qui empêche, une fois relevé,
le marteau d'atteindre le percuteur, tandis qu'une sécurité de
chargeur empêche toute si un chargeur n'est pas engagé dans la
poignée du pistolet.
Image 7 : Armes légère
collectives
Source : EMGFA
L'arme automatique transformable (AAT52, 75 mm) modèles
1952, est une mitrailleuse multi-usager développé en France
à partir de 1952. En effet, elle remplace le MAC 24/29 et diverses
mitrailleuses étrangères, alors en service dans l'armée de
terre française à la fin des années cinquante. Le terme
transformable indique qu'elle peut être employée comme
mitrailleuse légère, ou lourde, par simple changement du canon.
Elle tirait à l'origine du 7,5 mm 1929 C avant d'adopter le 7,62.
L'AAT-52, fait exception parmi les mitrailleuses
69
modernes par son fonctionnement interne basé sur le
recul libre, la culasse n'étant pas verrouillé lors du tir. La
force appliquée sur la cartouche au moment du tir pour envoyer la
culasse en position arrière, où le ressort
récupérateur la renvoie vers l'avant et lui fait introduire une
nouvelle cartouche. Ce système fonctionne parfaitement bien avec des
cartouches de pistolet sur des pistolets mitrailleurs, mais l'utilisation de
cartouches de fusil dans les fusils mitrailleurs demande quelque chose de plis
rigoureux si on veut conserver une certaine sécurité. Par
ailleurs, elle possède des dimensions suivantes.
Concernant les armes lourdes collectives, Les armes lourdes
collectives, elles nécessitent l'utilisation d'un support pour
être mises en batterie. Elles peuvent cependant peser plusieurs tonnes et
avoir une portée de plusieurs dizaines de kilomètre ; leur
pointage se fait souvent de façon indirecte grâce à des
observateurs. Ce sont des mortiers qui peuvent être de 60 mm, 89 mm ou de
120 mm de canons.
Image 8 : Force terrestre Blindé de
combat (Nombres 24 AML-60 pour les Forces de défense du Gabon)
Source : EMGFA
70
L'armement principal de l'AML-60 est un mortier de 60 mm
chargeant de la culasse, disposant de 53 obus, associé à une
mitrailleuse ANF 1 de 7,62. Le mortier d'origine est rapidement remplacé
par le Brandt Mle CM60A1 toujours en service aujourd'hui dans les
opérations de Bangui ou il y a des soldats gabonais. Aujourd'hui ses
munitions sont les suivantes.
Tableau n°9 : caractéristiques du
matériel militaire français au Gabon
Type de matériel
|
Caractéristiques
|
|
-Obus M 61 explosif à une portée maximale de 2 240
mètres
|
|
-Obus M 63 éclairant d'une puissance de 180 000
candelas pendant 30 secondes à 2 200 m
|
|
-Obus M 72 explosif à 26 50 m
|
|
-Obus anti blindé à charge creuse (tir direct)
à 500 m
|
|
-Canister d'autodéfense à 50 m
|
AML
|
-Equipage : 3
|
|
-Longueur : 4,15 m
|
|
-Largeur : 1,97 m
|
|
-Hauteur : 2,07 m
|
|
-Moteur : Panhard modèle 4 HD 4-cylindres refroidi par
air
|
|
-Puissance : 90 ch à 4700tr/ min (66,2 kW)
|
Source : Wikipédia
A ce titre, le pointeur dispose d'une lunette APX M112 de
grossissement optique 5, de champ 230 millimètres, d'amplitude de
pointage de -22° à 47°, avec micromètre
éclairé pour le tir de nuit. Il est utilisé par la Garde
Républicaine et il se caractérise de la manière suivante
:
Image 9 : ERC90F4 (Nombres 6 pour les forces de
défense du Gabon)
Source : EMGFA
71
L'engin Roue à Canon (ERC 90 mm) dit « sagaie
», est un blindé français léger à six roues
motrices. Il a été conçu par Panhard sur ses fonds propres
en profitant des travails réalisés en vue du concours
lancé en 1970 par l'armée française pour la conception
d'un véhicule de l'avant blindé remporté par Renault.
Aujourd'hui l'armée gabonaise en possède 4 ERC90
équipé de deux canons de 20 mm, six sagaies bimoteur et l'utilise
dans le cadre des opérations à Bangui. Le
véhicule blindé de reconnaissance est en service dans
l'armée française entre 1956-1985. Historiquement, l'engin est
conçu pour résister aux mines. La caisse est profilée et
les garde-boue et trains de roulement se détachent en cas d'explosion,
pour préserver le blindage. Les sièges sont attachés aux
parois du véhicule, l'absence de liaison avec le plancher évite
la transmission de l'onde de choc à l'équipage. Sur un total de
vingt-huit attaques par mine en Algérie, aucun décès n'est
observé. Ces engins ne sont pas seulement destinés à la
découverte et l'investigation (mission que peuvent remplir des
véhicules plus légers et moins armés), mais aussi à
des missions de sureté de reconnaissance offensive, protection, ce qui
requiert une importante puissance de feu non seulement pour détruire les
éléments avancés des adverses, mais aussi pour s'opposer
à une incursion blindée des actions de freinage ou de
jalonnement. En terme d'armement, le ERC 90 possède un canon de 75 mm,
obus perforant de 75 m-vo= 1 000 m/ selon L. Touchard (2016-2017).
Tableau n° 10 : caractéristiques du
matériel militaire français au Gabon
Type de matériel
|
Caractéristiques
|
ERC90F4
|
-Vitesse sur roue : 90 km/h (essence)
-Puissance massique 16, 3 ch/t (9,5t) à 18,7 ch/t
(8,3t)
-Réservoir autonomie : 730 km (essence), 800
km (diésel)
|
Source : Wikipédia
72
Image 10 : Reconnaissance : VBL
(véhicule blindé léger au nombre de 14 dans les forces de
défense)
Source : EMGFA
En service depuis 1980 dans l'armée de terre, et acquis
par l'armée gabonaise à la même année le premier
véhicule sort en 1977. Il est équipé d'une tourelle saviem
F3 de 90 mm, il s'agit en effet de développer à partir de du
véhicule de combat à rousse (VCR). Les commandes sont
passées par l'Argentine, en décembre 1980, l'Irak, la coté
ivoire, le Nigeria, le Mexique, le Tchad et le Gabon. L'opération
comprend le moteur diesel, de marque MTU accouplé à une boite de
vitesses automatique renk ainsi que la valorisation de la tourelle, afin
d'améliorer l'observation, la conduite de tir et le commandement. Pour
ce qui est du Gabon, la sagaie 2 est un ERC `'allongé»
équipé de 2 moteurs, 4 cylindres Peugeot diesel de 98 chevaux
chacun, il s'agit du moteur monté sur le VBL.
73
Image 11 : Mistral (lance-roquette)
Source : EMGFA
Le mistral transporteur anti-aérien léger «
Mistral » est un missile sol-airtrès courte portée (SATCP)
de conception « tir et oublie », infrarouge passif. Il est
utilisé dans une grande variété de systèmes d'armes
ayant pour objet la défense antiaérienne à basse et
très basse attitude. Entre 1988 et 2012, plus de 16 000 missiles ont
été venues ou commandés. Ils sont utilisés à
cette date par 24 pays dans le monde. Le Gabon qui a fait une commande depuis
1985 en possède 60 depuis 1988 date de livraison.
Tableau n° 12 : caractéristiques du
matériel militaire français au Gabon
Type de matériel
|
Caractéristiques
|
|
-Moteur : moteur à poudre étage
|
|
-Masse au lancement : 18,7 kg
|
|
-Diamètre : 90 mm
|
MISTRAL LANCE- ROQUETTE)
|
-Envergure : 180 mm
|
|
-Vitesse : supérieur à 2, 7
|
|
-Portée : plus de 6 km
|
|
-Attitude de croisière : 3 000 m
|
74
Armement d'infanterie
Image 13 : Antichar Milan (Nombre de 4 pour les
forces de défense du Gabon)
Source : Armée de terre
Le Milan (Missile d'Infanterie Léger Antichar) est
directement issu du traité de l'Elysée du 22 janvier 1963,
signé entre l'Allemagne et la France, qui poussa les Etats-Majors
à se rapprocher dans l'expression de certains besoins. Parmi ceux-ci,
celui d'un missile antichar d'une portée de 2000 mètres et un
autre d'une portée de 4 000 mètres. Dès son apparition, il
s'imposa comme un véritable canon d'infanterie à vocation
antichar mais aussi anti retranchement et, dans certaines conditions
favorables, anti hélicoptère. De plus, même avec les
soldats appelés n'ayant qu'une courte formation, son taux de
probabilité d'atteinte au premier coup était de 90% alors que ce
taux n'était que de 50 à 60% pour les missiles antichars
précédents mis en oeuvre par un tireur professionnel. A cet
effet, le Milan connu une carrière internationale considérable et
fut employé avec succès lors de nombreux conflit. L'installation
d'une caméra thermique Mira très légère mais
capable de détecter un objectif à 4000 mètres donna au
Milan une capacité de combat tout temps et jour /nuit. Son lanceur
devint alors l'un des moyens d'observation du terrain privilégiés
des unités de l'avant.
75
Image 14 : Lance-Roquette Antichar (LRAC)
Source : Armée de terre
Le LRAC F1, officiellement appelé lance-roquette
antichar de 89 mm modèle F1, est un lance-roquettes réutilisable
qui a servi dans l'armée française. Il a été mise
au point par la société Luchaire Défense SA,
chargée de la production des différentes munitions, et construit
en coopération avec la manufacture d'armes de Saint-Etienne, qui
fabrique les lanceurs. Mais dans le passé plus précisément
dans les années 1970, deux armes ont été
évaluées par l'armée française pour remplacer le
M20A1. Ainsi, il caractérise de la manière suivante.
Image 15 : Mortier de 120 mm
Source : Armée de terre
Le mortier de 120 mm, est connu également sous le nom
de son fabricant d'origine Brandt Thomson MO-120-RT-61, est une arme
française de calibre 120 mm construit actuellement par TDA, entré
en service en 1973.
76
Tableau n° 13 : caractéristiques du
matériel militaire français au Gabon
Type d'armes
|
Caractéristiques
|
MORTIER DE 120 mm
|
-Equipage : 6 hommes -Longueur : 3,10 m
-Largeur 1,94 m
-Hauteur : 3,70 m
-Masse au combat : 530 à 600 kg -Armement : canon de 120
mm
|
Source : Wikipédia
Image 16 : Forces aériennes
Chasseurs-bombardier (8 Mirages F1AZ pour l'armée
de l'air)
Source : ALA
Au lendemain de la création de l'armée de l'air
Gabonaise, les autorités politiques du pays ont décidé de
doter la jeune armée d'un outil de dissuasion performant et fiable, avec
l'acquisition en octobre 1980, de cinq mirages V stationnés à la
base aérienne 02 de Mvengué. La France a vendu à
Libreville 6 bombardiers du type Mirage25. Dans le souci de faire du
Gabon un pays respecté dans la sous-région, et ce, malgré
l'ancien aérien du 05 Août 1981 ou deux avions furent
détruits, l'armée de l'air se voit ainsi doter de six autres
avions de types Mirage V en mai 1984 et en février 1985. En effet, la
politique Gabonaise a permis que en juillet 1991 un gabonais accède au
commandement de la base aérienne 02 de Mvengué, longtemps
commandé par un officier français. En novembre 1991, Dassault
aviation décide de l'arrêt de livraison des pièces d'avions
qui entraina l'interruption des activités aériennes de
25 Information d'outre-mer n°1050/1051-14/5/1984
77
l'aviation de chasse en novembre 1993. Le Mirage F1AZ est un
avion de chasse bombardier multi rôles, avec une capacité
d'emports de 3 à 6000 km (basse distance de 1000 km (haut-bas- haut) et
600 km (basse altitude). Il emporte deux canons DEFA de 30 mm avec 135 obus
chacun et aussi des missiles Magic II ou SideWinder. Enfin, ces Mirages ont
été livrés deux par deux au Gabon en 2006, 2007 puis en
2010, par la société Aerosud. Paris et Libreville s'offrent en
outre, mutuellement des facilités militaires. Des avions de transports
« Transail » d'après l'union du samedi 5-dimanche 6 mai
(1984), et d'appui tactique au sol « Jaguar » de l'armée de
l'air français.
Image 17 : Gazelle Hélicoptères
(transport et assaut)
Source : ALA
L'Eurocopter EC 135, est un hélicoptère bimoteur
léger polyvalent produit par Airbus hélicoptère, depuis le
changement d dénomination sociale opéré par le groupe
Airbus en 2014, il a été renommé H135. Lors de la
création d'ERC 135 en 1990, on entrevoyait déjà à
l'époque de bonnes chances de succès sur le marché pour le
BO108. Le premier vol eut lieu à Otto Brünn en Allemagne
près de Munich. Un soutien important de la coopération
française (conseiller ALA et Attaché de défense) qui,
persuadée de l'importance que représente
l'hélicoptère pour un pays comme le Gabon, à faciliter le
redémarrage des activités opérationnelles de l'ALA.
78
Image 18 : Alouette III
Source : ALA
Mis en service en 1960 dans l'ALA, cet
hélicoptère a été utilisé par les trois
armes et divers organismes d'état dans ses deux motorisations.
Vingt-cinq sont disponibles dans les forces armées françaises fin
2013 avec un âge moyen de 41 ans et un taux de disponibilité de
38%. Dans les années 1970, cinq alouettes III ont été
livrés par la France aux forces de défense gabonaise
Image 19 : Puma
Source : ALA
Le puma est un hélicoptère de transport moyen
civil et militaire français. Conçu par Sud-Aviation et
développer par l'Aérospatiale dans les années 1960, il a
été construit en
79
collaboration avec Westland helicopters. En sa création
en 1990, Eurocopter en a poursuivi le développement. A cet effet, il a
été mis en service dans l'armée française notamment
par l'armée de l'Air le 2 mai 1974 seulement le SA.330B. Il a
été livré au Gabon entre 1971 et 1980 et est
utilisé par la Grade présidentielle qui dispose d'un AS.332L
Image 20 : Gazelle
Source : ALA
La gazelle est un hélicoptère léger
polyvalent de construction métallique conçu dans la
deuxième moitié des années 1960 Sud-Aviation et produit en
série à partir du début des années 1970 par la
société internationale industrielle aérospatiale (SNIAS ou
Aérospatiale) en collaboration avec Westland hélicoptères.
Le Gabon en possède un SA342 utilitaire léger et un SA330 de
transport et enfin un Aérospatiale AS332 de transport VIP.
80
Image 21 : Général Ba 'Oumar
(P400)
Source : Marine Nationale
Les P400 sont une classe de patrouilleurs de la marine
nationale française, construits aux constructions mécaniques de
Normandie et commissionnés de 1986 à 1988. Leur mission est
d'accomplir des opérations de police au large de la zone
économique exclusif (ZEE) française. Au Gabon il en existe deux,
Ba'Oumar (P07) et Djoué Dabany (P08). Au cours de leur vie
opérationnelle, les P400 ont été légèrement
modifiés pour des raisons techniques (notamment par l'ajout de deux
cheminées), conduisant à l'alourdissement de ces navires, leur
tonnage avoisinant plus les 500 tonnes à pleine charge que les 400 de
leur nom. En delà de l'armement, comment le Gabon s'équipe-t-il
en matériel roulant ?
B- Matériel logistique
Véritable force motrice d'une armée, le
transport assure et garantie toute sa mobilité. La réussite de
toute mission est presque toujours subordonnée à un transport
efficace (soit par voie aérienne, maritime, ou terrestre). Cependant, il
permet de faire parvenir aux forces et selon leur positionnement
géographique, les moyens leur permettant de vivre, de se déplacer
ou de combattre.
A ce titre, aucune force, aucune armée ne peut faire
abstraction de son composant transport ; on pourrait même dire sans
risque de se tromper que le transport est au coeur des forces. Dans les forces
de défense gabonaise justement, la priorité était jadis
donné aux armes mêlé ; aujourd'hui, force est de constater
que le transport a redoré son blason en reprenant sa
81
82
place. Afin de garantir l'efficience du soutien de ces
différents moyens, la création de deux nouvelles structures de
soutien centralisées ont vu le jour ; (Atelier Central de
Réparation Automobile et Centre de Formation) ACRACF et (Etablissement
Central de Construction et de Réparation Automobile) ACRA. Ces
structures dont la vocation est de maintenir la (disponibilité technique
immédiate) DTI et (opérationnelle) DTO. C'est dans cette optique
qu'en 1960 la France fourni une part importante des matériels militaires
aux forces armées gabonaises et en assure le soutien logistique. Elle
renouvelle les équipements que lui commande le Gabon, offre à
titre d'aide directe des engins d'importances variables, et assure l'entretien.
Elle s'occupe des prévisions et des nouvelles dotations à
envisager. A cet égard, nous pouvons donc qualifier de la
coopération franco-gabonaise en matière d'armement et
d'équipements militaires de constante puisqu'elle se coule toujours dans
la moule des accords de 1960. Certes elle a évolué, les accords
ont vieilli, notamment l'alinéa 2 de l'article 2 stipule que « la
République Gabonaise s'engage à faire appel exclusivement
à la République Française », mais elle s'est aussi
affirmée. C'est dans ce sens que le Gabon utilise le matériel
roulant français pour équiper son armée.
Image 22 : Automobile transporteur
Véhicule Léger de Reconnaissance
Automatique (VLRA)
Source : ECRA
Fondée en 1972, l'atelier de construction a
fabriqué une large gamme de camions. En service dans bon nombre de pays
comme le Gabon, le camion possède un moteur étant placé
à
l'avant, le véhicule est muni d'une vitre anti-balles
dans sa partie supérieure. Les soldats prennent place sur un banc de12
hommes transport de troupe.
Image 23 : Peugeot
Source : EMGFA
Destiné au fores de défense du Gabon, un lot de
27 véhicules Peugeot, don du gouvernement français, a
été remis le 11 décembre 1982 au général de
division représentant du ministre de la défense. Le
matériel comprenait 13 berlines 504 GR pour la Gendarmerie Nationale, 3
berlines 505 GR et 6 berlines 504 GR pour la Garde Républicaine. La
livraison a été assurée par la compagnie commerciale du
Gabon distributeur de Peugeot. L'aide directe qui porte sur 37 véhicules
comprend également 3 cars de Peugeot, 1 car de Renault de 45 places, 6
voitures légères R4 Renault et 17 postes
émetteurs/récepteur, à livrer ultérieurement.
Le Peugeot répond au besoin, formulé dès
la fin des années 1960 par l'armée française, de remplacer
les 10 000 jeeps. Les caractéristiques du nouveau véhicule
devaient répondre aux aspirations qui consistent à transporter 4
personnes avec leur paquetage et un poste radio et avoir une aptitude au
transport aérien et au parachutage. En 1981, l'armée
française commande 15 000 exemplaires du P4 (essence et diesel
confondus). En 2015, l'armée française compte encore moins de 2
500 exemplaires en service et ce nombre constitue à baisser à
hauteur de plusieurs centaines par an. En 2016, dans le cadre de la
coopération militaire avec le Gabon qui vise à lutter contre le
terrorisme, l'Etat français fait don à l'armée gabonaise
de 21 P4. Ce véhicule a une puissance maximale de 70,5 ch et une boite
de vitesse manuelle de 4 AV+1AR.
Image 24 : TRM
83
Source : EMGFA
Le Renault TRM 1000 est un véhicule militaire
français toutes roues motrices conçu pour les missions de soutien
en terrain difficile. Le camion est présenté en mars 1981 et la
production commence en 1982. Le TRM 1000 peut transporter 2 tonnes de charge
utile, notamment des shelters (abris en dur sur plateau) de 20
à 15 pieds. Son PTCA est de 6,3 tonnes. Il possède des
points-portiques à double démultiplication. Sa rame limite en
charge est de 50% et son dévers de 30%. Il peut faire des passages de
gué de quatre-vingt centimètres. Dans l'armée
française, le TRM 1000 a remplacé les camionnettes tactiques
Simca marmon et saviem TP3. Le TRM 1000 possède trois essieux moteurs
(6x6) pour une utilisation sur routes, pistes et en tout terrains. La garde au
sol est de 0,63 mètre. Il peut transporter entre 10 et 16 tonnes de
charges utile, de 15 ou 20 pieds, ou 24 soldats sur des bancs à
l'arrière. Il existe cependant, une version spéciale avec une
cabine agrandie de tracteur pour l'obusier français canon 155 TRF1, le
pont flottant motorisé et semi-remorque. Le moteur est un 6 cylindre
diesel et la consommation est de 50 litres aux 100 km pour une autonomie de
1200 km.
84
Image 25 : Jeep
Source : EMGFA
En 1945, l'armée française de libération
est dotée de près de 8 000 jeeps provenant de l'US Army suite aux
accords d'Anfa et dans le cadre de la loi prêts-bails. Ce parc
étant insuffisant, a été complété par
l'apport d'environ 10 000 jeeps provenant de la société nationale
des ventes. La jeep peut être armée d'une mitrailleuse d'un
calibre lance-roquette de 40mm. Elle est équipée d'un moteur VM
motori 2,8 transmission automatique. Elle équipée d'oeillets de
transport, le véhicule peut facilement être transporté de
façon sécurisé à l'intérieur d'un avion. En
dépit de l'armement et du matériel transporteur, le Gabon a
également un partenariat de défense avec la France dans le cadre
de la protection des eaux territoriales notamment entre le komo et l'Estuaire.
Qu'en est-il de ça ?
Afin d'assurer l'action en mer, le contrôle du trafic
maritime entre la frontière du Gabon et de la Guinée Equatoriale,
le Gabon en partenariat avec la France a entrepris la construction de trois
Sémaphores. Une fois équipés et utilisés par des
personnels formés de la marine nationale gabonaise, ils participeraient
au contrôle des abords maritimes de Libreville 24/24. Ils seraient
à même de surveiller le trafic maritime et de participer à
la sécurité nautique dans cette région
fréquentée par les navires de commerces, les pêcheurs et
les navires de plaisance. Ils assurent aussi une surveillance des
activités de pêche permettant un meilleur contrôle des
ressources halieutiques du pays. Ils sont également des acteurs
essentiels dans la détection et l'interception des pirogues
d'immigrés clandestins, participant par la même à la
prévention de l'immigration clandestine. A cet effet, la France a pris
à sa charge, l'acquisition et l'installation des moyens de
détection (deux radars par sémaphores), des moyens radios HF, VHF
et UHF, du matériel de production d'énergie et de
climatisation.
85
Il est important de signifier que le Gabon dispose d'une
armée musclée malgré un volume restreint. Ses forces
terrestres sont ben dotées en moyens blindés (notamment en
blindé de combat) et en moyen mobiles. Afin d'augmenter les effectifs,
le principe d'une réserve militaire est initié par le
décret en avril 2016. L'approche de l'élection
présidentielle du 27 août explique cette décision ; Laurent
Touchard (2016-2017, p.376) les forces armées africaines.
Paradoxalement, la puissance offensive aérienne est trop grande. Ainsi,
l'aviation dispose de moyens de combat par rapport aux besoins
stratégiques du pays quand, dans le même temps les
capacités aéromobiles ne sont pas trop modestes.
L'intérêt de cette deuxième partie
réside dans la politique d'armement des deux Etats. Nous retenons
essentiellement l'importance de la coopération qui est le fruit d'une
longue histoire commune entre les deux pays. La France qui est elle-même
est une puissance militaire en termes d'exportations d'armement dans le monde
et le justifie par son rendement mondial, quant au Gabon, qui est encore une
armée très défaillante et cherche à être au
sommet des armées africaines. La sécurité collective
semble pourtant s'organiser malgré la présence française
au Gabon dans les zones qu'il contrôle. La coopération militaire
et de défense a toujours été très présente
au Gabon que ce soit en nombre de coopérant ou en nombre de stagiaires.
Cette présence se justifie par l'arsenal de matériels militaire
que les forces de défense du Gabon possèdent aujourd'hui dans
leur armée. Toutefois, il convient de dire que ces stratégies
n'ont pas permis de palier aux insuffisances de matériels militaires et
de la sécurité individuelle et collective, ni de résoudre
les problèmes de dépendance. Le problème de la
sécurité et de la défense des deux Etats peut être
reposé en d'autres termes. La coopération bilatérale se
présente non pas comme une solution idéale mais comme une voie
mutuelle.
Comment se fait la répartition dans les forces de
défense gabonaise ? Il existe aujourd'hui beaucoup de flou sur les
normes en matière d'équipement de chaque force, de chaque
compagnie et de chaque soldat. Il en va de même pour ce qui est de la
stratégie d'action face à chaque menace et dans chaque
système de force. Cela rend très difficile l'élaboration
d'une stratégie d'équipement rationnelle des forces. Le bilan des
équipements et de matériels de forces permet de constater
l'obsolescence de nombreux équipements et matériels et un fort
sous équipement des soldats en équipements individuel. De plus,
on relève une très forte indisponibilité des
équipements des forces. De très nombreux équipements et
matériels sont hors service. A cela, nous constatons qu'il n'y a pas de
véritable politique
86
d'acquisition des équipements comme le mentionne le
rapport annuel de performance dans sa page 49.
En effet, la création de la Direction
Générale de la Maintenance Automobile et de Formation (DGMAF)
participe à améliorer la structure de la fonction. Pour ce qui
est des forces terrestre, avec une consommation au-delà du montant
prévu dans la LFR, il a été réalisé deux
activités dans l'action 1 à savoir : la gestion des
équipements du génie et la gestion des équipements
roulants. En effet, la première a été à hauteur de
de 16 448 864 FCFA notamment pour l'achat d'armes et 3 000 000 FCFA pour
l'habillement. Le même rapport fait remarquer que dans la gestion des
équipements roulants exécuté étaient de 455 690 792
FCFA. Ce budget a été utilisé pour le carburant des
véhicules en réparation. S'agissant des Forces Aériennes,
la LFR a prévu pour cette action un montant de 652 492 576 FCFA selon le
rapport annuel (2015, p : 60). Seulement 60% de ce montant a pu être
exécuté, soit 392 641 256 FCFA. Cette somme a en effet permis de
réaliser deux activités majeures c'est-à-dire la gestion
des matériels aéronautiques à hauteur de 66 000 252 FCFA
et de la gestion des équipements aéronautiques pour 326 641 004
FCFA. S'ajoute à cela, la gestion de matériel
aéronautiques dont le montant est de 66 000 252 FCFA a été
utilisée pour l'achat des fournitures d'entretiens des véhicules
de fonction, d'avions de combat. Le tableau suivant illustre quelques
dépenses d'investissement de chaque force de défense du Gabon.
Tableau n°14 : Répartition des
forces
|
Crédits de titre 5 prévus dans la LF
|
Crédits de titre 5 consommés
|
Ecarts
|
|
AE
|
CP
|
AE
|
CP
|
AE
|
CP
|
Equipement Forces Terrestres
|
9 895 000 000
|
9 895 000 000
|
18 722 833 064
|
18 722 833 064
|
8 827 833 064
|
8 827 833 064
|
Achat équipement
|
2640 000 000
|
2640 000 000
|
955 375 000
|
955 375 000
|
-1 684 625 000
|
-1 684 625 000
|
Equipement Forces Aériennes
|
4 155 600 000
|
4 155 600 000
|
4 513 534 970
|
4 513 534 970
|
357 934 970
|
357 934 970
|
Achat matériel
aéronautiques
|
1680 600 000
|
1680 600 00
|
656 255 000
|
656 255 000
|
-1 024 345 000
|
-1 024 345 000
|
Gros entretiens
avions et
hélicoptère
|
1 700 000 000
|
1 700 000 000
|
3 357 279 970
|
3 357 279 970
|
1 657 279 970
|
1 657 279 970
|
Achat matériel
spécifique
|
775 000 000
|
775 000 000
|
500 000 000
|
500 000 000
|
-275 000 000
|
-275 000 000
|
Equipement Sapeurs-Pompiers
|
800 000 000
|
800 000 000
|
340 000 000
|
340 000 000
|
-460 000 000
|
-460 000 000
|
Achat matériel
sapeur-pompier
|
400 000 000
|
400 000 000
|
275 000 000
|
272 000 000
|
-127 500 000
|
-127 500 000
|
achat équipement
spécifique
|
400 000 000
|
400 000 000
|
67 500 000 000
|
67 500 000
|
-332 500 000
|
-332 500 000
|
87
Equipement Gendarmerie Nationale
|
1 100 000 000
|
1 100 000 000
|
467 500 000
|
467 500 000
|
-632 500 000
|
-632 500 000
|
Achat équipement
divers
|
1 100 000 000
|
1 100 000 000
|
467 500 000
|
467 500 000
|
-632 500 000
|
-632 500 000
|
Equipement Marine Nationale
|
1 140 000 000
|
1 140 000 000
|
484 500 000
|
484 500 000
|
-655 500 000
|
-655 500 000
|
Achat matériel
spécifique
|
340 000 000
|
340 000 000
|
40 000 000
|
40 000 000
|
-300 000 000
|
-300 000 000
|
Total de crédits
|
17 090 600 000
|
17 090 600 000
|
24 528 368 034
|
24 528 368 034
|
7 437 768 034
|
7 437 768 034
|
Source : Conseil Economique et Social et
Environnemental
Ce tableau essaie plus ou moins d'illustrer les
dépenses budgétaires en termes d'investissement dans l'achat des
armes et des équipements militaires des forces de défense du
Gabon auprès de la France. En effet, ces répartitions
budgétaires dans chaque force de défense démontrent d'une
part que toutes les forces ne sont pas pareil, les forces comme la Gendarmerie
Nationale et les forces terrestres sont tellement stratégique qu'elles
ont besoin d'être équipées et bien équipée
pour des moyens de défense en cas de menaces. Or le constat fait
à la suite de notre analyse est que, le budget d'investissement est
très insignifiant.
A la fin de ce chapitre, nous retenons essentiellement le
point qui a fait l'objet de notre analyse, la révision des accords de
partenariat de défense entre la France et le Gabon. En effet, il
était question pour nous de voir les contours de cette révision
et de comprendre également l'expression partenariat. Au terme de cette
analyse, nous nous sommes posé la question de savoir, qu'elles
étaient les dispositions juridiques du nouveau partenariat de
défense entre les deux Républiques ?
A la suite de cette problématique, nous avons
abordé des arguments qui ont contribué à l'avancement de
ce partenariat de défense qui ne donnent plus toutes les
responsabilités à la France sur le plan de la coopération.
Nous constatons que la nouvelle politique militaire a permis de renouer des
rapports d'égalités et du respect de la souveraineté. L'un
des bons résultats de ce partenariat repose aussi sur la modernisation
et le cadre juridique des relations de défense entre la France et le
Gabon. Cela remet en cause l'ancien accord de 1960 ou la France décidait
de tout avec une forte présence des AMT dans les forces de
défense du Gabon. Mais il revient tout de même de noter quelques
limites de ce partenariat de défense qui jusque-là n'a pas encore
été ratifié selon les propos recueilli lors de notre
entretien avec Mireille Mengue Moto. Aussi, n'oublions pas l'aspect financier
qui est un autre argument de ce chapitre. Les dépenses effectuées
par le Ministère de la Défense Nationale dans l'achat d'arme et
des équipements militaires auprès de la France. Il faut toutefois
rappeler que les dépenses en armement et équipements militaires
ne permettent pas que le Gabon soit
88
aujourd'hui une grande armée opérationnelle
comme le souhaite les autorités politiques et militaires. Aussi, le
matériel devenu très obsolète ne convient plus à
l'environnement sociologique militaire. C'est dans cette perspective que le
Gabon s'ouvre à d'autres partenaires occidentaux pour sa politique
d'armement et d'équipements de ses forces de défense.
A combien s'élève l'achat des armes et des
équipements militaires des forces de défense gabonaises ?
III- Les questions du financement et l'achat d'armement
et d'équipements militaires par le Gabon
La loi fondamentale confie au Ministère de la
Défense Nationale, la noble mission d'assurer en tous temps et en tous
lieux, en toutes circonstances, et contre toutes les formes d'agressions la
sécurité des personnes, des biens ainsi que
l'intégrité des frontières. Comme on peut si bien le
constater, la défense nationale a une mission permanente qui s'appuie
sur un besoin réel de la sécurité. Elle devrait donc
constituer comme le mentionne la revue des forces de défense gabonaises
(2005, p. 48) pour la patrie, la nation et l'Etat, une permanente
priorité qui devrait se traduire dans les budgets qui lui sont
alloués chaque année, par les différentes lois de
finances.
En effet, les besoins du Ministère de la Défense
nationale qui lui permettent d'assurer ses missions régaliennes, se
chiffrent chaque année à soixante-dix milliards (70.000.000.000
FCFA), soit quarante-cinq (45.000.000.000 FCFA) pour le fonctionnement
(salaires y compris), et vingt-cinq (25.000.000.000 FCFA) pour
l'investissement. Tout cela nous provient de la même source citée
plus haut. Le montant relativement élevé de cette demande est
à la hauteur des coûts d'acquisitions et d'entretiens des
équipements et matériels militaires. Cela peut se vérifier
au niveau de l'armée de terre, avec ses véhicules et engins
blindés, ainsi que tout l'arsenal destiné à la
défense anti-aérienne ; de l'armée de l'air, avec ses
avions ; de l'aviation légère des armées avec ses
hélicoptères de transport et de combat ; de la marine nationale,
avec ses bâtiments de transport et de guerre. Bien que le
Ministère de la Défense nationale ait été retenu
comme département prioritaire pour l'année 2004, la dotation qui
lui a été allouée cette année-là, s'est
limitée à 10.000.000.000 FCFA malgré les fermes promesses
enregistrées. Il y a de ce fait véritablement lieu de
s'interroger sur la traduction financière de cette priorité,
quand nous savons qu'en 2001 le budget d'investissement de ce Ministère
s'élevait déjà à 10 milliards huit cent
quarante-neuf millions de FCFA (10.849.000.000).
89
Depuis 1990, le budget alloué au Ministère de la
Défense n'a cessé de décroitre. L'union du samedi 11 et
dimanche 12 novembre (2000, p. 5), fait savoir que ce budget est passé
de 21 milliards en 1996 à 18 milliards en 2000, soit une baisse de 14 %.
Au titre de l'an 2000, 18 milliards avait été votés au
profil de la défense. Seulement, malgré les procédures
imposées par le ministère des finances et à un mois de la
fin de l'année, sur 15 milliards 722 millions 218 mille FCFA
régulièrement engagé. Alors, à combien
s'élève le budget d'investissement dans l'achat d'armes et des
équipements militaires ?
A. L'analyse de la loi des finances
La loi de finances est l'acte législatif par lequel le
parlement vote le budget de l'Etat. Elle autorise le pouvoir exécutif
d'engager des dépenses publiques pendant une période
déterminée et peut contenir d'autres dispositions relatives aux
finances publiques. C'est dans cette perspective que le Ministère de la
Défense nationale bénéficie d'un budget d'investissement
dans l'armement et d'équipements militaires des forces de défense
gabonaises.
B. Le budget d'investissement en armement et
équipements militaires
Vue la sensibilité du sujet, il a été
très difficile pour nous de rentrer en possession des documents
financiers militaires, surtout en terme d'achats d'armes et
d'équipements qui découlent de la coopération
franco-gabonaise. Qu'à cela ne tienne, le peu que nous avons eu, nous a
permis d'en faire quelques bonnes analyses sur un tableau statistique en
montrant l'évolution des dépenses effectuées par les
forces de défense du Gabon auprès de la France. Du point vu
général, les équipements militaires coûtent
extrêmement cher car ils doivent répondre à des normes
d'emploi très exigeantes. Il importe donc depuis la dévaluation
du Franc des colonies françaises d'Afrique (FCFA), de prendre des
dispositions visant à prolonger la durée de vie des
matériels qui, une fois remis en état, disposent encore d'un fort
potentiel et d'une bonne aptitude à faire campagne. Un Etat moderne se
conçoit sur la base d'un certain nombre de réalités
politiques, économiques et sociales et parmi les enjeux qui fondent sa
crédibilité. A ce propos, il faut systématiquement
redoubler les équilibres budgétaires globaux et permanents qui
nécessitent des moyens conséquents. La revue des forces de
défense gabonaises (2005, p. 48) De plus, depuis 1973 le budget
d'investissement du Gabon dans l'armement et les équipements militaires
est très insignifiant. En 2017, le Gabon a consacré 157 milliards
de FCFA dans l'armement et des équipements militaires selon le dernier
rapport de l'institut international de recherche sur la paix de Stockholm
(Sipri). Un
90
montant en baisse de 10 % par rapport à 2016, où
il était néant. Cet article de l'auteur rapporte qu'entre 2010 et
2017, les acquisitions des forces armées gabonaises se situent entre 101
milliards et 157 milliards de Francs CFA, avec une moyenne fixée
à 129,57 milliards de Francs CFA par an. Ainsi, l'auteur fait
également remarqué que le Gabon n'est pas le seul pays à
décider de la réduction d'achat d'armement et
d'équipements militaires auprès de la France. Cependant, il
estime que ces dépenses ont globalement fléchi de « -8,4 %
» sur le continent et de « -11 % » par rapport à 2017 et
de « -21 % par rapport à 2009 » en Afrique subsaharienne pour
une valeur de 18, 4 milliards de dollars en 2018, note Sipri. Voyons tout cela
en chiffres sur un tableau pour mieux illustrer nos propos.
Graphique n°2 : Evolution des
dépenses militaires en armement et équipements des forces
défense gabonaise.
Source : Rapport annuel du parlement français sur les
exportations d'armes de la France au Gabon.
Ce tableau illustre parfaitement les dépenses en
armement et équipements militaire que le Gabon effectue auprès de
la France. En effet, nous constatons que le Gabon ne dépense pas assez
dans l'achat de matériel de guerre. Or une armée qui se veut
efficace et compétitif doit disposer d'un arsenal de Guerre de bonne
qualité. A ce propos, le dictionnaire des proverbes militaires dit
« l'homme sans armes n'est qu'une vieille femme, la hache sans le
tranchant est un pauvre outil », cela se traduit simplement en disant
qu'une arme digne de ce nom s'appuie essentiellement sur un dispositif de
guerre. Alors que le constat fait est amer, au niveau de l'évolution des
dépenses. Il y a une forte baisse dans l'achat d'armes, pourtant les
91
autorités gabonaises prônent pour une
armée opérationnelle et Républicaine. Mais comment peut-on
y parvenir si on n'investit pas dans l'achat de matériel de guerre ? On
s'aperçoit que les années les plus désastreuses sont
celles de 2010 jusqu'en 2016, qui représentent l'arrivée au
pouvoir de l'ancien Ministre de la défense nationale qui dans un rapport
fustigeait les députés du parlement du faible budget qu'on
octroyait au ministère dont il avait la charge. Mais comment comprendre,
qu'une fois devenu président, chef des forces armées la situation
est la même ? Le Gabon peut-il devenir véritablement une
armée Opérationnelle et Républicaine avec des telles
dépenses en armement ?
En ce qui concerne l'année 2015, il faut dire que
l'achat de l'armement et des munitions a été
rétrocédé à un autre organisme pour cause de secret
défense le nom de cette entité ne peut être
mentionné. Il n'y a donc eu aucun achat d'armes effectué par le
programme Equipement des forces en 2015. En effet, le rapport annuel de
performance (2015, p. 11) relate que la loi des finances initiale 2015
prévoyait 2.950.000.000 FCFA en titre 5 pour l'achat d'armes et
d'habillement. Mais la loi des finances rectificative 2015 a vu cette
allocation passer à 1.500.000.000 FCFA soit une diminution de
1.450.000.000 FCFA représentant 49,15%. Le même rapport fait
mention que les instructions ont été données par la haute
hiérarchie militaire de rétrocéder le projet d'armes
à une autre entité. Aussi, la totalité de la dotation
restante (1.500.000.000 FCFA) a-t-elle été consacrée
à l'habillement dont voici quelques illustrations :
Stagiaires en cours pratique.
Source : Camp Baraka Stagiaires en plein
nettoyage des armes à poing.
Source : Camp Barak
Source : Camp Baraka
92
Réparation de l'hélicoptère
ERC
Entrainement du Service de Santé militaire avec
les experts américains
Source : archives de la DGSSM
Les forces de défense gabonaises avec les
coopérants français.
Source : Camp Ntchorere
Source : Camp Baraka
93
Entrainement des sous-officiers
94
De ce chapitre, on retient que l'acquisition des armes lourdes
et légères ainsi que du matériel logistique des forces de
défense du Gabon auprès de la France ont eu d'énormes
conséquences budgétaires militaires. En effet, l'arsenal
militaire que dispose les forces de défense du Gabon revêt des
années 1960, or dans le contexte géopolitique actuel, ces armes
ne conviennent plus à l'environnement sociologique militaire actuel.
En définitive, on peut retenir de cette deuxième
partie, les manquements au niveau de l'acquisition de l'armement et du
matériel militaire. Mais aussi du manque de sérieux de la part
des autorités gabonaises qui n'investissent pas dans l'arsenal
militaire. Or, nous savons que toute armée qui se veut
Opérationnelle et Républicaine, investis dans son dispositif
militaire pour des interventions intérieure et extérieure.
TROISIEME PARTIE :
VERS UNE RECOMPOSITION DE LA COOPERATION
FRANCO-GABONAISE EN MATIERE D'ARMEMENT ET D'EQUIPEMENTS MILITAIRES
96
La France et le Gabon ont signé, le 24 février
2010, un accord instituant un partenariat de défense. En effet, cet
accord fait partie d'une série de huit, destinés à
remplacer les accords signés au lendemain des indépendances
africaines avec certaines anciennes colonies françaises. Outre le Gabon,
il s'agit du Cameroun, la République Centrafricaine, des Comores, de la
Cote d'Ivoire, de Djibouti, du Sénégal et du Togo. Cette
révision des accords de défense s'inscrit dans le cadre de la
rénovation entre la France et le continent africain, dont elle constitue
un des éléments.
Ainsi, cette partie introductive de notre sujet, se propose
d'aborder la mise en oeuvre des accords de défense signés en
1960. Ce constat est largement partagé par les autorités
françaises et gabonaises. Il fait également suite à la
nouvelle politique que les deux Etats comptent mettre en place l'un à
l'égard de l'autre. Cette vision a été
énoncée officiellement par le président de la
République lors de son, discours devant le parlement sud-africain au
cap, le 28 février 2008. Les accords conclus au lendemain de la
décolonisation étaient devenus obsolètes et
inadaptés aux réalités actuelles.
97
Chapitre I : Les bases d'un nouveau partenariat
Comme nous l'avons vu, au lendemain de l'indépendance
en 1960, la France signe avec le Gabon un accord bilatéral de
défense comme il l'avait fait avec les autres Etats indépendants
de l'Afrique francophone. Cet accord a été revisité
après les interventions françaises au Gabon en 1964 et en 1990.
Tout récemment, en 2010, les deux alliés ont signé un
nouvel accord de partenariat militaire. A ce propos, ce chapitre
s'échine à cerner le contexte intérieur du Gabon qui a
rendu nécessaire cette réforme et la signature en elle-même
du partenariat.
I- Le contexte interne du Gabon dans les années
2010
Ce contexte est induit par le discours du président
Sarkozy du cap du 28 février 2008, mais aussi par les
problématiques de défense internes au Gabon.
Généralement, pour réussir, une politique
de défense doit être adaptée à la
réalité, être claire dans ses objectifs et cohérente
dans la durée. De même, aucune politique viable ne peut se
concevoir sans la paix, la sécurité et la cohésion
sociale. En 2010, les forces de défense du Gabon étaient
invitées à renforcer leurs capacités
opérationnelles pour remplir efficacement les missions qui leurs
étaient assignées, répondre aux nombreuses sollicitations
dont elles faisaient l'objet dans le cadre de la relation armée nation
et anticiper les menaces nouvelles apparues en Afrique : terrorisme, trafics
illicites divers, criminalité régionale...
A- Un partenariat de premier ordre
Le partenariat nouveau donne un cadre à une autre
coopération militaire dont le but principal est d'accroître les
capacités opérationnelles de l'armée gabonaise afin que
cette dernière puisse prendre toute sa part dans la montée en
puissance de la brigade centre de la force africaine en attente.
Sur le plan technique, il définit une
coopération fondée sur la formation, le conseil,
l'entraînement et l'appui à l'engagement tout en précisant
les conditions de mise à disposition des coopérants
français. De plus, il permet à la France de disposer de
facilités opérationnelles (transits, utilisation de
fréquence). Plus généralement, il donne aux forces
françaises stationnées sur place un statut. Au terme de cette
période, il en ressort que les forces pourront disposer de 9000 afin
d'atteindre une disponibilité opérationnelle acceptable. Ce
renfort
98
permettra d'augmenter des effectifs au niveau des brigades de
Gendarmerie dont l'inefficacité liée au sous-effectif est souvent
décriée.
L'autre problème est l'obsolescence du parc
aéronautique et des autres acquisitions susceptibles d'accroître
l'opérationnalité des forces qu'il faut résoudre. Pour
pallier ce manquement, le gouvernement a préconisé le
renouvellement et la réhabilitation des différentes flottes
aérienne et maritime afin d'assurer efficacement a protection des
territoires. C'est en sens que la Revue des forces de défense
(N° 12) parle de la réhabilitation de l'aviation militaire,
composée de gros porteurs de types LOOCKEED C 130 et d'avions de
transport léger. C'est pourquoi il a été prévu, en
2010, la réhabilitation du nouveau Mirage F1.
Pour comprendre l'essence de la nouvelle relation militaire
franco-gabonaise, il faut tenir compte des besoins réels du Gabon mais
aussi des ouvertures obtenues grâce à la politique africaine de
Nicolas Sarkozy. En effet, le discours de Nicolas Sarkozy en l'endroit des
Africains en ce qui concerne les accords de coopération militaire
signés au lendemain des indépendances, au-delà des
controverses doctrinales et politiques, ont le mérite de tracer les
relations franco-africaines, en l'espèce dans le cadre militaire qui
sort des sentiers, pour prendre la forme de « l'exotérisme »
comme nous le dit si bien la Revue des force de défense gabonaises
(N° 12, p. 9). Suivons un extrait du discours du président
Sarkozy du cap du 28 février 2008 :
La France souhaite entamer des discussions avec tous les Etats
africains concernés pour adapter les accords de défense existant
aux réalités du temps présent et en tenant le plus compte
de leur volonté. Elle sera également ouverte au dialogue avec
tous ceux qui souhaiteront nouer un nouveau partenariat en matière de
sécurité26.
Sarkozy propose, à notre sens, ainsi de refonder les
relations afro-françaises sur le principe de la transparence.
Contrairement à la pratique passée, les accords devraient
être intégralement publiés. A ce propos, il compte associer
le parlement français aux orientations de la politique de la France en
Afrique. Pour ce qui est du Gabon, la France entretient avec ce pays une
coopération de défense de premier plan. En effet, le Gabon
accueille une mission de coopération militaire forte de 20
coopérants, bénéficie en 2011 d'un budget de 4,14 millions
d'euros de la part du Ministère des affaires étrangères et
Européennes, ce qui le positionne au deuxième rang du partenaire
français en matière de coopération structurelle. Un
soutien aux forces armées est également dispensé par la
valorisation de l'aviation légère des armées
26 Revue des forces de défense gabonaises, N° 12,
p.5.
99
(formation du personnel navigant, équipement
d'instruction). Cependant, l'aviation légère des armées
répond en effet de manière efficace aux problèmes de
mobilité posés par un territoire difficilement accessible. Ce
soutien passe aussi par l'aide à l'établissement
centralisé de réparation et de reconstruction automobile,
à l'appui à la planification par le renforcement de l'action de
l'Etat-major des forces armées gabonaises en matière de conduite
des opérations ou encore par l'aide au développement du
Génie militaire. La France participe aussi à l'action de l'Etat
en mer par le maintien en condition des bâtiments hauturiers dans le
cadre de la lutte contre la recrudescence des trafics dans le Golfe de
Guinée. En matière de santé, la France apporte son soutien
par le biais de l'hôpital militaire de Libreville, en particulier le
service des urgences, et de l'école d'application du service de
santé militaire (ENVR), au sein de l'hôpital militaire
d'instruction de Melen. Au total, il y a 19 coopérants français
à Libreville (et 42 ayants droit) et un à Port-Gentil.
Au regard de ce qui précède, il va de soi que
tout contrevenant à ces grandes lignes qui ont valeurs
impératives catégoriques, tomberait sur une série
d'infractions qui aurait pour plancher l'insubordination et pour plafonds, le
crime. Autrement, toutes ces orientations sont opposables à tout
responsable d'Outre-mer qui serait tenté d'entraîner l'Afrique et
le Gabon. Nous constatons, pour revenir au coeur de notre sujet, qu'il y a
l'acquisition de nouveaux équipements et la réhabilitation des
anciens.
B- L'acquisition de nouveaux équipements et la
réhabilitation des anciens
Outre la formation, des personnels, l'acquisition des nouveaux
équipements militaires et la réhabilitation des anciens
constituent l'autre axe majeur du contexte des années 2010 et les
perspectives de la politique du gouvernement de la République Gabonaise
en matière de défense.
D'abord, en ce qui concerne les flottes aériennes
maritime, l'article de la Revue des forces de défense gabonaises
(N° 13) a écrit qu'il y avait lieu de procéder à
leur renforcement car elles sont de plus en plus vieillissantes. A cet effet,
il était prévu l'acquisition d'un Mirage F1 et la
réhabilitation d'un avion de transport gros porteur de type Lockheed C
130) et d'un avion de transport léger afin de permettre la projection
des troupes à n'importe quel point du territoire. Les Radars en cours
d'installation sur les différents points névralgiques des cotes
de Cocobeach à Mayumba sont venus compléter et renforcer les
moyens de lutte de la marine nationale et de la gendarmerie nautique contre
l'immigration clandestine et la sécurisation des plateaux continentaux
ainsi que de la zone économique exclusive.
100
Quant à l'aviation légère des
armées, elle ne restait pas en marge. Elle devait cependant se doter de
nouveaux hélicoptères en vue de garantir aux forces de
défense un appui aussi efficace et des évacuations sanitaires
rapides. De plus, il en était de même pour la Garde
Républicaine qui devait renforcer son parc avion et
hélicoptère.
Toujours en ce qui concerne l'acquisition en
équipements opérationnels, le Ministère de la
Défense nationale avait pris l'engagement de doter aux forces de
défense d'après les propos recueillis par un haut
militaire27. Il s'agit là, d'une urgence eu à
l'égard de l'obsolescence du matériel existant.
Aussi, pour la protection des frontières et de la
défense du territoire, les forces de défense doivent-elles
disposer d'une composante de véhicules blindés pour une bonne
opérationnalité. C'est pour l'acquisition de ces véhicules
au bénéfice du Bataillon de Reconnaissance et de Combat est
également au centre des préoccupations des autorités
politiques. Ainsi, pour assurer sur toute l'étendue du territoire des
opérations de sauvetages et des sécurités incendie, le
Bataillon des Sapeurs-Pompiers, avec ses centres actuels n'était pas en
mesure de remplir de manière optimale ses missions. Fort de constat, il
était prévu de construire dans les arrondissements de Libreville
selon ce que rapporte le même numéro de la Revue des forces de
défense gabonaise (2010, p. 6) et à l'intérieur du
pays, des centres de secours.
En revanche, la stabilité politique du pays en 2010
après les élections anticipées de 2009 a fait de celui-ci
le point de chute de prédilection des immigrés clandestins de
diverses nationalités.
Telles sont les considérations contextuelles du nouveau
partenariat militaire franco-gabonais de 2010. Cela étant, il convient
de voir comment ce traité a été mis en oeuvre.
II- L'adoption d'un nouveau traité de
partenariat
Le partenariat dont il est question a été
adopté en France. L'Assemblée Nationale de ce pays a produit un
rapport intéressant qui nous a servi de guide. Il parle à la fois
des attendus, des principes et des dispositions relatives aux personnels.
27 Ce témoin a requis l'anonymat
101
A- Les grands principes généraux du
traité de partenariat
Le rapport de l'Assemblée Nationale (N° 3290, p.
20)28 fait référence au respect de la
souveraineté, de l'indépendance et de l'intégrité
territoriale des partenaires manifeste la volonté de
non-ingérence dans les affaires intérieures des Etats
concernés. Pour la révision des accords de défense, un
groupe de travail a été constitué par le ministre des
Affaires étrangères et européen et celui de la
défense. A cet effet, le ministre des Affaires étrangères
et européens a confié cette tâche à la mission pour
la sécurité et la prévention des conflits placés
auprès de la direction et d'Océanie. Le projet d'accord avec le
Gabon a été transmis à la partie gabonaise en fin octobre
2009 qui a fait des contre-propositions. Le texte a été
retourné à la partie française début
décembre 2009. Il a fait cependant, l'objet des négociations
entamées par une mission française à Libreville le 14
décembre 2009 qui se sont conclues à l'occasion de la visite du
président de la République Gabon le 24 février 2010. Le
contenu du nouvel accord entre le Gabon et la France reflète largement
la nouvelle politique de défense entre les deux Etats.
Le nouvel accord de défense entre la République
française et la République Gabonaise intitulé «
Traité de partenariat de défense entre les deux
Républiques » fait état des principes généraux
du traité, des statuts des membres du personnel engagé dans le
partenariat de défense et met en exergue les dispositions finales qui
abrogent l'ancien accord de défense, déterminent la durée
du partenariat, traitant aussi de l'aspect financier.
La première partie du traité expose les
principes généraux du partenariat de défense. A la
différence de l'accord de partenariat type, l'article 2 ne fait pas
référence à la constitution de la force africaine et
à la coopération possible avec l'union européenne. Les
autorités gabonaises ont en effet, estimés qu'il s'agissait
là de problématiques distinctes de la relation de partenariat de
défense. Il convient toutefois de rappeler que le paragraphe de
l'article 4 prévoit l'organisation d'exercices ou d'activités
relatifs à la mise en oeuvre de la stratégie conjointe union
européenne-Afrique. Dans les propos recueillis lors de notre entretien
avec Mireille Flore Mengue Moto, elle nous faisait comprendre que « l'une
des caractéristiques de cet accord est qu'il n'a pas pour objectif de
moderniser et d'actualiser le cadre juridique des relations franco-gabonaise en
regroupant dans un seul document les différents volets de ceux-
28 M. Philippe Vitel a présenté, au nom de la
Commission de la défense nationale et des forces armées, sur le
projet de loi (n° 3195), adopté par le sénat, autorisant la
ratification du traité instituant un partenariat de défense entre
la République Française et la République
Gabonaise. Son texte fait d'intéressantes analyses qui nous ont
été très utiles dans la compréhension globale du
débat engagé en France.
102
103
ci, à savoir la coopération militaire technique
et la présence des forces françaises au Gabon ». Ainsi, nous
comprenons aisément que l'article 2 du texte de partenariat
prévoit les dimensions nouvelles dans les relations entre les deux pays.
L'article 4 précise les domaines et les formes de coopération en
matière de défense. De plus, la ratification du traité
instituant un partenariat de défense entre la République
Française et la République Gabonaise mentionne que
Cette évolution s'accompagne, aussi, d'une ouverture
vers une dimension multilatérale, en prévoyant la
possibilité d'associer aux activités de ce partenariat de
défense d'autres pays africains ou européens, ainsi que les
institutions de l'union européenne (UE) et de l'Union africaine (UA) et
les ensembles régionaux de cette dernière. L'objectif principale
de cette coopération est, en effet désormais à
côté de l'action traditionnelle de formation des cadres des
armées nationales, d'aider l'Afrique à mettre sur pied son propre
système de sécurité collective (cité par B.
Kouchner, 2011, p. 21).
Dans l'étude de l'impact du projet de loi, cette
dimension multilatérale du traité est appuyée par les
termes suivants : « Le traité réserve la possibilité
d'associer des contingents des organisations régionales africaines ou
européenne aux activités initiées dans le cadre du
traité. L'un des principaux objectifs de notre coopération
militaire en Afrique, notamment à la réalisation de la «
force africaine en attente » (projet initié dans le cadre de
l'union africaine) et à la mise en oeuvre de la stratégie
conjointe UE-Afrique » (cité par M. F. Mengue Moto, 2017, p.
298).
Afin de compenser la volonté française de
supprimer les clauses d'assistance mutuelle et de maintien de l'ordre, les
autorités gabonaises ont souhaité que cet article 4 mentionne que
« l'assistance en cas de menace contre la paix ». Le rapport de
l'assemblée nationale qui en parle à ce sujet, stipule qu'au
terme des négociations les parties sont convenues de compléter le
cinquième considérant du préambule afin de faire
référence aux menaces susceptibles de peser sur l'une ou l'autre
partie. Aussi, (« désireux de d'approfondir leur coopération
en matière de défense, en établissant un partenaire
fondé sur les principes de respect mutuel de la souveraineté, de
l'indépendance et de l'intégrité territoriale des deux
Etats, et ayant à l'esprit les menaces pouvant peser sur ces
dernières »), et de compléter le premier paragraphe de
l'article 4, qui expose les différentes formes de coopération,
par l'échange de vues et d'informations relatifs aux risques et menaces
à la sécurité nationale et régionale. Cette
révision des accords de coopération militaire entre les deux
Etats répond également à des contraintes
financières qui à long terme seraient insupportables pour la
France, d'où la politique de partage de coût. L'article 6,
prévoit ce qui constitue une nouveauté, l'instauration d'un
comité de suivi pourrait associer l'ambassadeur de France près la
République Gabonaise et un représentant du ministère des
affaires étrangères gabonais. Il pourrait recevoir le soutien
d'experts civils et militaires de chacune des deux parties en
fonction de son ordre du jour. La création de ce comité devrait,
selon les officiels gabonais et français, ainsi constituer un outil
utile à la mise en oeuvre de l'accord ainsi qu'une enceinte de
dissuasion sur toute question relative à l'accord, y compris en cas de
divergence d'interprétation.
B- Le statut des personnels
La deuxième partie du traité de partenariat est
consacré au statut des membres au personnel engagé dans le
partenariat de défense. Dans cette partie on relève aussi une
totale réciprocité dans les dispositions concernant le personnel
français au Gabon et les éléments militaires gabonais en
France. C'est une grande et forte marque d'esprit. L'article 7 stipule que les
personnels militaires concernés dans le partenariat sollicitent un visa
et un titre de séjour. A ce titre, l'étude de l'impact du
traité de partenariat de défense faite par le ministre des
affaires étrangère précise que « Les stipulations du
présent traité relatives aux conditions d'entrée et de
séjour des membres du personnel ne dérogent aux dispositions de
la convention bilatérale relative à la circulation et au
séjour des personnels du 2/12/1992, publié le 10/10 2003
(décret n°2003-963 du 3/10/2003)29. L'article 8
maintien, les coopérants militaires le port de l'uniforme gabonais. En
revanche, l'accord s'écarte du modèle initialement établi
l'utilisation des armes de dotation dans le cadre des fonctions s'effectue
conformément à la législation de l'Etat d'origine. Cela
signifie donc, qu'au Gabon, les personnels français se verront appliquer
la législation française.
Il faut préciser que l'utilisation d'armes par les
membres du personnel gabonais en France « Dans le cadre des fonctions
officielles », ne concerne que les actions énumérées
à l'article 4, alinéa b), entraînement des forces,
formation des militaires gabonais de l'accord : action de coopération
nécessairement réalisées sous commandement français
et en présence de personnels militaires français. L'article 11
établi le principe d'une compétence exclusive de l'Etat d'origine
en matière de discipline de ses personnels.
L'article 14 sur les dispositions fiscales, combiné
à l'article 1er sur la définition des membres
techniques les mêmes règles que celles applicables aux autres
personnels, en maintenant la domiciliation fiscale de ces derniers dans leur
Etat d'origine. Les dispositions relatives aux règles de priorité
de juridiction en cas d'infraction par les membres du personnel ou des
personnes en charge des parties respectives prévoient des garanties
relatives à un
29 Etude de l'impact du traité de partenariat, p. 2.
104
jugement équitable en vertu des règles de la
convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme et des
libertés fondamentales du 4 novembre 1950. La troisième partie,
est consacrée aux dispositions finales, prévoit notamment
à l'article 21, l'abrogation de tous les accords et arrangements conclus
antérieurement et en matière de défense entre les deux
pays. En effet, cette formule vise à marquer le nouveau départ de
la relation de défense en toute transparence sur la base du seul texte
soumis à l'approbation des parlements.
Enfin, il est indiqué à l'article 22 que
l'accord est conclu pour une durée de cinq ans, renouvelable non par
tacite reconduction mais par un nouvel accord. Il s'agit là d'une
formule qui vise à rappeler que la relation de défense entre la
République française et la République Gabonaise
évolue naturellement au fur et à mesure que le système de
sécurité collective africaine se renforce et de
l'appréciation qu'en feraient les deux partenaires. L'accord n'apporte
pas de changements en matière de répartition de la charge
financière entre les partenaires.
Dans ce chapitre, il était question pour nous d'aborder
les grandes orientations du traité de partenariat de défense
entre la République Française et la République Gabonaise
signé en février 2010. Ainsi, pour mieux cerner les enjeux et la
dynamique de ce traité, nous nous sommes posé la question de
savoir quelles étaient les dispositions juridiques du nouveau
partenariat de défense entre les deux Etats ? Il est à retenir
que dans sa nouvelle politique, la France souhaitait engager des discussions
avec tous les Etats africains concernés pour adapter les accords
existants aux réalités du temps présent et en tenant
compte de leur volonté. La Revue des forces de défense
gabonaises de 2010 (p. 9) a souligné que dans son discours en
l'endroit des Africains, Nicolas Sarkozy estimait que, juridiquement, la France
se proposait de « refonder les relations sur le principe de la
transparence ». Sur le pla pratique, on a noté que lors de sa
visite au Gabon, l'ingénieur français en armement, venu inspecter
le matériel d'armement en dotation au sein des forces de défense
du Gabon, a laissé transparaître un besoin réel de
renouvellement du matériel nouvelle génération au profil
notamment de l'armée de terre et de l'air.
105
Chapitre II : L'ouverture tous azimuts à
d'autres partenaires
Le présent chapitre porte sur l'ouverture du Gabon
à d'autres partenaires militaires. En effet, ce chapitre se propose de
faire une analyses critique qui nous permettra de mieux comprendre les raisons
qui ont conduit les autorités gabonaises à signer des
partenariats de défense avec des Etats autres que la France dans les
domaines de l'armement et des équipements des forces de défense
du Gabon. Au regard de tout ceci, nous avons choisi deux pays : les Etats-Unis
et la Chine.
I- Les Etats-Unis ou la posture formative et de
sécurité humaine
Depuis 2010, la coopération entre les forces de
défense gabonaises et ses différents partenaires, s'inscrit dans
une phase de montée en puissance et de consolidation croissante.
Celle-ci se caractérise, pour le Gabon, par une ouverture multiforme et
tous azimuts auprès des pays amis. C'est dans cette logique que le
Ministère de la défense nationale entretient des relations de
coopération militaire tant avec des pays du continent africain (Afrique
du Sud, Cameroun, Egypte, Mali et Nigeria (Revue des forces de
défense gabonaises, 2007, p. 13) que les pays de l'union
Européenne (Allemagne, Belgique, Espagne, France, Italie, Royaume-Uni et
Russie).
Par ailleurs, il faut rappeler qu'au cours des années
2006 et 2007, la coopération militaire entre le Gabon et les Etats-Unis
d'Amérique s'est considérablement raffermie. Deux secteurs le
confirment : l'armement et le matériel logistique.
A- L'armement
La coopération entre le Gabon et son partenaire
américain est dans un processus de consolidation croissante. En effet,
les Etats-Unis accordent un soutien actif au centre de la langue anglaise des
forces de défense du Gabon, notamment par l'octroi du matériel
didactique. En outre, les partenaires américains soutiennent le
programme de lutte contre le VIH/SIDA mis en place dans les forces de
défense du Gabon. Des personnels militaires ont été ainsi
envoyés en formation sur ces questions aussi bien en Afrique qu'aux
Etats-Unis d'Amérique. Sur le plan opérationnel, les Marines du
Gabon et les Etats-Unis ont participé à Port-Gentil comme le
mentionne le même article, au cours du mois de mai et juin 2001, à
une manoeuvre conjointe, destinée à renforcer les
capacités à lutter contre l'immigration clandestine. Au mois de
juillet 2005, un exercice médico-militaire conjoint
dénommé `'WATC 2005» a été organisé
avec pour objectif la formation médicale des médecins gabonais et
une
106
assistance médicale gratuite aux populations. Dans les
propos recueillis lors de nos entretiens avec un colonel dont nous
préférons taire le nom pour des raisons secret défense,
cet officier supérieur nous faisait savoir que « le ministre de la
défense nationale a procédé au mois de février
2005, au lancement du programme de contingence Africaine d'Assistance et de
Formation aux opérations de maintien de la paix (ACOTA) avec les
Etats-Unis d'Amérique ; programme pour lequel le Gabon a
été déclaré éligible et qui permettra au
Gabon de bénéficier d'une formation de ses personnels du
matériel didactique, ainsi que des équipements divers, notamment
pour les bataillons en déploiement ». Tout ceci, nous amène
à comprendre qu'il existe une véritable confiance dans les
relations militaires entre les deux partenaires.
A la question de savoir, quels types de matériels
militaire le Gabon acquiert auprès de son partenaire américain,
rappelons que durant la période des années 1990, les Etats-Unis
ont une politique d'engagement sélective basée sur le choix d'un
certains nombres d'Etats qu'ils estiment capables de contribuer au maintien de
la paix, à la consolidation de la paix ou au rétablissement de
l'ordre dans la zone instable du continent. Il est important de rappeler
qu'à cette période, aucun traité ne lie les Etats
africains aux Etats-Unis souligne Mireille Flore Mengue Moto (2017, p. 230).
Quels types d'armes les forces de défense du Gabon se procurent
auprès du partenaire américain ? Nous offrons une place
iconographique pour en faciliter l'appréciation visuelle. La principale
source a été Wikipedia. Les FAG, l'Ambassade des Etats-Unis
s'étant montrés hermétiques à nos
sollicitations.
Image 26 : M16 fusil d'assaut
Source : EMGFA
107
Le M16 est le fusil d'assaut de l'armée
américaine. Il est actuellement utilisé en version A4. La
fiabilité et la précision de la première version
était insuffisantes et Armalite revendit les brevets de l'arme à
la firme colt qui reçut une commande de 8 000 armes à livrer aux
forces du stratégic Air command en 1960. Les services de recherches de
l'armée américaine en achetèrent 1000 de plus en 1962 et
les distribuent à des fins aux forces sud vietnamiennes. Comment se
caractérise cette arme ? Voyons tout ceci dans un tableau. :
Tableau n° 13 : Caractéristiques du
matériel américain acquis par le Gabon.
Type d'arme
|
Caractéristiques
|
M16
|
-Portée pratique : 800 mCadence de tir : 750 à 900
coups/mnVitesse initiale : 975m/sCapacité variante : 2030 coups
|
Source : Wikipédia
B- Le matériel logistique
Image 27 : Cadillac gage commando V150
Source : EMGFA
Au début des années soixante, la
société Cadillac Gage de détroit, dans le Michigan,
conçut un véhicule blindé polyvalent qui apparut au grand
jour en 1963 sous la désignation Gage V-100 commando. En effet, les
essaies furent si concluent que le véhicule entra en
108
production l'année suivante, destiné à
l'exportation. Observons es caractéristiques dans un tableau.
Tableau n°14 : caractéristiques du
matériel américain au Gabon.
Type d'arme
|
Caractéristiques
|
Cadillac V 150
|
-Equipage : 2+2 hommes -Transmission : 4 roues motrices
-Armement : tourelle disposant d'un
canon mitrailleur de 120 mm et de 20 mm et de 2 mitrailleuses.
|
Source : Wikipédia
Image 28 : Hélicoptère Antichar
(L'AH-64)
Source : EMGFA
Tableau n°15 : Caractéristiques du
matériel militaire américain au Gabon.
109
Type de matériel
|
Caractéristiques
|
Hélicoptère AH-64
|
-Longueur : 17,60 m
-Diamant rotor principal : 14,63m -Equipage : 2 hommes -Vitesse
de croisière : 293 km/h -Armement : canon 30mm, 16 missiles.
|
Source: Wikipedia
Image 29: Lockheed C130
Source : EMGFA
110
Tableau n° 16 : Caractéristiques
du matériel militaire au Gabon.
Type de matériel
|
Caractéristiques
|
LOOCHEED C130
|
Equipage : 2 hommes, 1 mécanicien à bord, 1
navigateur, 1 loadmaster, 2 pilotes, 1 loadmaster
C-130J)
|
Source : Wikipédia
II- Le cas de la Chine
La Chine est un partenaire avec lequel le Ministère de
la Défense nationale a une coopération active, notamment sur le
volet formation. Selon les informations recueillies dans la Revue des
forces de défense gabonaises (2005, p. 17), les stagiaires gabonais
sont régulièrement accueillis dans des instituts de formations
chinois. Aussi, faudrait-il rappeler qu'un accord de coopération
militaire est actuellement examiné par les départements gabonais
et chinois de la défense.
La Chine est récemment devenue le second partenaire du
Gabon en matière de coopération militaire juste derrière
la France. En effet, avec la signature à Libreville d'une convention
militaire entre le Ministre de la Défense nationale et l'ambassadeur de
Chine au Gabon. La Revue des forces de défense gabonaises
(2005) précise que « le ministre de la défense de
l'époque a balisé le renforcement de l'équipement
militaire des forces armées gabonaises par la partie chinoise ».
Cependant, ces dons de matériels que la République de Chine met
à la disposition du Ministère de la Défense nationale du
Gabon depuis 2006 ont été évalués à un
million de yuan, soit plus de 78,8 millions de F CFA alloués au
renforcement en matériel des forces armées gabonaises. Selon le
Ministre de la défense du Gabon, dans le domaine militaire, la
République populaire de Chine est devenu un partenaire militaire
majeur.
A- L'armement
111
Pour les armes de poing, on a :
Image 30 : PA Tokare T54
Source : Armée de Terre
Tableau n° 17 : Caractéristiques du
matériel militaire chinois au Gabon.
Type d'arme
|
Caractéristiques
|
PA Tokare T54
|
-Architecture : Carcasse et cuisse en acier. -Capacité
: 8 Coups (7,62mm)
-Viseur : Hausse et Guidon
|
Source : Wikipédia
112
Image 31 : MG 42
Source : Armée de Terre
Les premières armes plus haut évoquées
ont une histoire. Au niveau mondial, elles arrivent dans les unités
militaires au cours des années 1942. Elles sont largement
utilisées par l'infanterie Wehrmacht pendant la deuxième
moitié de la Seconde Guerre mondiale. Leurs dérivés
modernes comme la « MG3 », la « M53 » ou la « MG42/59
», chambré en 7,62 OTAN, sont encore en service dans de nombreux
pays comme le Gabon.
Tableau n° 18 : caractéristiques
du matériel chinois au Gabon.
Type d'arme
|
Caractéristiques
|
MG42 (Mitrailleuse)
|
-Munitions : 7,92mmx57
-Cadence de tir : 1200 à 1800 cp/mm
-Poids non chargé : 11,5kg sur biped, 18kg sur
trépied
|
Source : Wikipédia
113
Image 32 : PK MS
Source : Armée de Terre
Tableau n°19 : caractéristiques du
matériel chinois au Gabon.
Type d'arme
|
Caractéristiques
|
PK MS
|
-Mode d'action : Emprunte de gaz -Portée pratique : 600m
-Cadence de tir : 650 coups/mn -Vitesse initiale : 825mn/s -Capacité :
100, 200 ou 250 cartouches.
|
Source : Wikipédia
B- Le matériel logistique
En 2017, le Ministre gabonais et la Chine ont paraphé
un document qui balisait le renforcement de l'équipement militaire des
forces armées gabonaises par la partie chinoise. Il s'agissait, en fait
de dons chinois, en matériels surtout logistiques. Ces données ne
nous ont pas été accessibles. Mais, nous pouvons présager
de leur importance compte tenu de la place qu'occupe désormais la Chine
dans le dispositif militaire gabonais.
114
Ce Chapitre nous a renseigné de la mise en place d'une
politique militaire d'ouverture du Gabon. Faute de données, nous n'avons
focalisé notre exemplification que sur les cas des Etats-Unis et de la
Chine qui est devenu le deuxième partenaire militaire du Gabon
après la France.
CONCLUSION GENERALE
116
Au terme de ce travail, consacré à la «
coopération franco-gabonaise en matière d'armement et
d'équipements des forces de défense du Gabon », nombre
d'enseignements se dégagent. Nous souhaitions examiner la germination,
la dynamique, les caractéristiques de cette coopération, mais
aussi cerner l'effectivité de l'ouverture de la coopération
militaire du Gabon. Nous nous sommes, par ailleurs posé la question de
l'adaptabilité des matériels militaires acquis par le Gabon au
regard de l'évolution technologique et des besoins de la défense
moderne. Nous nous sommes également intéressés aux
réformes de la coopération militaire entre le Gabon et la France,
intervenues en 2010.
Nos analyses nous ont permis de voir que durant la
période allant de 1959 à 1960, le Gabon était encore
placé sous l'autorité française avant qu'il ne prenne son
destin en main en 1960. Ce fut l'occasion de l'institutionnalisation de la
coopération militaire franco-gabonaise, notamment dans les domaines de
l'armement et des équipements militaires du Gabon. Les fondements de
cette coopération ont permis à la République
Française de mieux organiser la création de l'armée
gabonaise. Celle-ci connaît quelques moments mémorables. Par
exemple, en 1961, le besoin des effectifs se fait ressentir, un recrutement est
lancé à travers le pays pour grossir les effectifs des personnels
exécutants et de l'encadrement. En 1966, l'organisation des
unités à l'intérieur du pays s'impose. Des
détachements dans les provinces se réalisent à Oyem,
Franceville, Mouila et Tchibanga.
L'objectif pour la France au départ était de
multiplier ses facteurs de puissances mondiales. Le pré-carré
français en Afrique, aux yeux des stratèges de l'Hexagone, change
dès lors de signification. Dans ce sens, le Gabon apparut comme un
véritable verrou et point d'appui important d'une part pour les
interventions militaires françaises comme cela a été le
cas avec l'opération « Epervier » au Tchad et d'autre part, sa
politique d'armement.
Dans la vision du départ, la coopération
franco-gabonaise en matière d'armement et d'équipement des forces
de défense s'inscrivait dans un cadre purement bilatéral. Or le
besoin pour le Gabon de diversifier ses partenaires que ce soit dans le domaine
militaire ou autre et le désire pour la France de faire alliance avec
l'Union Européenne, l'ONU et aux Etats-Unis. Selon les accords de
défense de 1960, il était question que la France fournisse aux
forces armées gabonaises sa première dotation en armement pour la
mise sur pied de son armée. Il était aussi question d'assurer
l'intervention militaire dans le cadre d'une agression extérieure du
Gabon et dans celui du rétablissement de l'ordre en cas de troubles
intérieurs.
117
Nous ne retenons en définitive que la
coopération militaire entre la France et le Gabon est le fruit des
accords de défense signés entre les deux Etats au moment de
l'indépendance du Gabon qui avait urgemment besoin de constituer ses
forces de souveraineté. La France met en place une coopération
spécifique avec ses anciennes colonies d'Afrique pour asseoir sa
politique de puissance mondiale en général à la Guerre
froide des blocs, à la politique des zones d'influence et à la
nécessité de permettre à ses ex-colonies d'assurer par
eux-mêmes leur défense nationale. Par ailleurs, la France
souhaitait protéger ses approvisionnements en matières
premières et stratégiques. Le Gabon qui hérite de la
France un Etat sans fondements militaires et économiques est contrainte
à se retourner préférablement vers la France.
C'est d'autant plus que celle-ci avait conditionné
l'indépendance à la mise en place des rapports
privilégiés avec elle.
Les nouvelles dispositions du traité de partenariat de
2010, non seulement abrogent l'ancien accord dans lequel se trouve cette
disposition, mais introduit les opérations de paix. C'est une innovation
que les deux Etats ont introduit dans l'idée de maintien de la paix qui
n'existait pas au départ. Au départ, l'assistance militaire
répondait au souci d'aider le nouvel Etat gabonais à mettre une
armée capable de défendre le pays et de rétablir de
l'ordre à l'intérieur des frontières.
La formation des forces de défense et de
sécurité gabonaises devrait ainsi répondre à de
nouveaux objectifs et à de nouvelles missions assignés qui
consistent à être capable d'intervenir pour le règlement
des conflits. L'assistance militaire évolue aussi par le fait
qu'à l'origine, la formation des cadres militaires gabonais était
assurée dans les écoles militaires françaises. En ce qui
concerne la coopération entre les deux pays justement, plusieurs
formations qui se faisaient en France se feront désormais au Gabon, car
rappelons qu'il se trouve une école nationale des Etats-Majors à
Libreville. C'est tous ces changements que vient codifier le nouveau
traité de partenariat de défense signé entre le Gabon et
la France en février 2010. Pour marquer cette volonté, les
armées ont été amenées à défiler lors
des fêtes d'indépendance de chaque Etats.
Dans cette réforme, les idées nouvelles ont
apparu. Par exemple, la coopération militaire franco-gabonaise devrait
ainsi aider à la constitution, à l'équipement, à
l'entraînement, à l'instruction d'escadrons des forces de
défense nationale capables d'intervenir dans des situations des moins de
gravité ; une grande importance devrait être accordée
à l'armement et aux équipements militaires des forces de
défense. Dans ce cas, les
118
militaires gabonais devraient acquérir un dispositif
militaire de nouvelle génération qui conviendrait à
l'environnement militaire. L'enjeu socio-politique interne est de mettre en
oeuvre une politique durable et légitime.
Le traité de partenariat de février 2010 a
permis une meilleure transparence. Le président français à
l'époque Nicolas Sarkozy l'avait d'ailleurs promis : « comme tous
les accords conclus par la France dans ce domaine, celui-ci sera publié.
Ils seront déposés sur le bureau de nos parlements. Il n'y aura
pas de clauses secrètes », avait-il dit.
Cette transparence implique dès lors, le contrôle
de l'armement et des équipements militaire de fabrication
française (publique ou privé), de la formation en France à
destination finale des gouvernements étrangers tels que le Gabon. La
transparence doit aussi porter sur la qualité d'armes et du
matériel militaire acquis auprès de la France.
Même si le nouvel accord de défense du 24
février 2010 ne prévoit plus d'intervention de Paris en cas de
menaces extérieures et intérieures, il n'en demeure pas moins
pour certains que l'assistance militaire puisse être utilisée
à ces fins. Cette « ingérence par l'assistance militaire
technique française » a maintes fois été
dénoncée et signalée dans le cas de la guerre au Rwanda et
au Congo.
119
I- Sources et bibliographie
A- Sources
1/ Enquêtes orales
-E.O. n°1 : Maloux Thierry,
Attaché de défense auprès de l'Ambassade de France au
Gabon. Entretien réalisé le jeudi 27 juin 2019 à
l'ambassade de France au Gabon (Libreville) à 11h.
-E. O n°2 : Mireille Flore Mengue Moto,
dans la quarantaine, spécialiste des questions de défense et de
sécurité en Afrique centrale. Entretien réalisé le
lundi 27 mai 2019 à son domicile à Libreville à 15h lors
de son passage au Gabon dans le cadre d'une conférence.
-E.O. n°3 : Ekoh Jean Marc, né
à Bitam, ancien ministre de l'Education Nationale, des travaux publics.
Il fut conseiller territorial et député de l'UDSG. Il a
également occupé plusieurs postes ministériels sous la
présidence d'Omar Bongo Ondimba. Il fut aussi impliqué dans la
crise politique et militaire qui a secoué le Gabon en 1964. Entretien
réalisé le jeudi 30 mai 2019, à Libreville.
-E.O n°4 : Colonel Maurice Ntossui
Allogho : élément des forces armées gabonaises à
(EMGFA). Entretien réalisé pendant plusieurs semaines.
-E.O n°5 : Adjudant Paulin Boukika :
Chef de service d'armement de l'armée de terre. Entretien
réalisé pendant plusieurs semaines.
2/ Sources écrites - Textes de
loi
Loi n°19/61 du 12 mars 1961, portant organisation de la
défense du territoire gabonais
Loi n°1/67 du 17 février 1967
Loi n°3/91 du 23 mars 1990, portant constitution de la
République Gabonaise.
Loi n°3/91 du 26 mars 1991, article 25.
Loi n°1/94 du 18 mars 1994, article 42
120
Décret n°4/PM du 6 décembre 1960 portant
organisation et recrutement des armées gabonaises, article 3.
Décret n°151/PR du 22 juin 1962 et décret
n°131/PR du 24 mai 1964
Décret n°419/PR du 31 mars 1980, relatif à
l'organisation de la défense nationale.
Décret n° 15/PR-DN du 6 janvier 1983
Décret n°14/PR du 24 avril 1985
Décret n° 19/PR du 18 janvier 1964
Décret n° 19PM portant création de la
Gendarmerie Nationale du Gabon à compter du 1er janvier 1961.
Décret-loi n°27/PM du 9 janvier 1961
Décret n°38/PR du 21 janvier 1964.
-Accords
Accord de défense du 17 août 1960
Accord quadripartite du 15 août 1960
Accord spécifique concernant matières
premières du 12 février 1974
-Conventions
Convention sur le maintien de l'ordre du 18 mars 1961
Convention portant organisation et règlement
intérieur du conseil de défense de la zone d'Afrique
équatoriale du 25 août 1960
Complément de l'accord de défense sur les bases
étrangères du 18 mars 1961 Complément de l'accord de
défense sur les escales et survols du 16 novembre 1960
-Discours
Léon Mba, ancien président de la République
Gabonaise. Discours prononcé le 16 août 1960, à 23h58 avant
la proclamation de l'indépendance.
121
Nicolas Sarkozy, ancien président de la
République Française. Discours du Cap du 28 février
2008.
- Lois de Finances de la République
Gabonaises
Deuxième session ordinaire, session budgétaire,
séance du 11 septembre au 11 novembre 1960.
LFRG. Années 1973, 1983, 1990, 1991, 2010, 2011, 2012,
2013, 2014, 2015, 2016, 2017. - Rapports
Rapport Annuel de performance, Mission Ministérielle
Défense Nationale, Annexe au Projet de loi de Règlement pour
2015.
Rapport Annuel de performance, Mission Ministérielle
Défense Nationale, Annexe au Projet de loi de Règlement pour
2017.
Rapport au parlement, les exportations d'armement de la
France, août 2010. Rapport au parlement, les exportations d'armement de
la France, août 2011.
Rapport du sénat, session ordinaire de 2010-2011,
enregistré à la présidence du sénat le 19 Janvier
2011 n°245.
B- Bibliographie
1/ Ouvrages généraux
Aron R., 1968, Paix et guerre entre les Nations,
Paris, Calmann-Lévy.
Beaufre A., 1980, Doctrine et défense militaire,
stratégie et défense, Armand colin.
Bourgi A., 1980, La politique française de
coopération en Afrique : le cas du Sénégal, Nouvelles
Editions Africaines.
Chaigneau P., 1984, La politique militaire de la France en
Afrique, Paris, CHEAM.
Duroselle J-B., 1981, Tout empire périra. Une
vision théorique des relations internationales, Paris Sorbonne.
122
Duroselle J-B, Renouvin P., 1991 (rééd.),
Introduction à l'histoire des relations internationales, Paris,
colin.
Magnard F - Tenzert N., 1988, La crise africaine ; quelle
politique de coopération pour la France ? Paris, P.U.F.
Merle M., 1985, Forces et enjeux dans les relations
internationales, Paris, Economica.
Milza P., 1970, Les relations internationales de 1914
à 1971, Paris, Walter de Gruyter, Coll. « U2 ».
Nkoa Atenga C., 1980, Réflexion sur la
stratégie de la défense en Afrique noire, Yaoundé,
Editions Clé.
Noirot T, Tarrit F., 2014, Françafrique, la famille
recomposée, diplomatie armée entreprises, Paris, Edition
Syllepse.
N'Sole Biteghe M., 1990, Echec aux militaires au Gabon en
1964, Paris, Chaka, coll. « Afrique contemporaine », volume
8.
Owaye J.-F., 2011, Sécurité nationale
gabonaise. Introduction par les textes (1958-2000), Libreville, PUG.
Ratanga-Atoz A. 1985, Histoire du Gabon, des migrations
historiques à la République, XVe-XXe siècle,
Paris, Les Nouvelles Éditions Africaines.
Roche J-J., 2006, Théorie des relations
internationales, Paris, Montchrestien, 6ème
édition. Vennesson P., 2000, Sociologie militaire, Paris,
Armand Colin. Zorbibe Ch., 1983, Les relations internationales, Paris,
P.U.F.
2/ Ouvrages spécialisés
Mengue Moto M. F. 2017, La coopération militaire
entre la France et le Gabon, de 1960 jusqu'à nos jours,
Paris, Amazon.
Touchard L., 2017, Forces armées africaines,
organisations, équipements. Etat des lieux et capacités,
Paris, Edition LT.
123
Vaisse M., 1997, La IVe République face aux
problèmes d'armement. Acte de colloque organisé les 29 et 3
septembre 1997, à l'Ecole militaire de Paris, Centre d'étude
d'archives de la défense.
3/ Articles
Bangoura D., 1984, « la politique militaire
française au Gabon, dans l'intérêt des deux pays »,
L'Union du 8 mai 1984, p. 7.
Yakemtchouk R., 1983, « La coopération militaire
de l'Afrique noire avec la France », Afrique Contemporaine,
N° 127, pp.127-136.
4/ Mémoires et thèses
Nzengue D., 1993, Les accords de défense et de
sécurité dans les relations interafricaines, thèse de
doctorat en science politique, sous la direction de Jean-Claude Gautron
Université de Paris I, 310p.
Nguema L., 1990, La défense nationale gabonaise,
ses orientations politico-stratégiques, Mémoire de DEA
d'histoire militaire, Montpellier III.
Nsole Biteghe M., 1981, Les relations franco-gabonaises,
depuis 1960, thèse de doctorat de 3ème cycle d'histoire,
Université de Paris I, 300p.
Obiang Meyo M., 1991, La coopération militaire
franco-gabonaise dans les relations franco-africaines, Diplôme des
relations internationales, EHEI, Paris, 311p.
5/ Revues, Journaux et périodiques
Forces Armées Gabonaises, 50 ans d'indépendance,
1960-2010, 58p.
Frères d'Armes, Revue de liaison de coopération
militaire et de défense, N°238, 40p.
Gabon Défense, Revue des forces de défense
gabonaises, N°2 août, 2001, 79p.
Gabon Défense, Revue des forces de défense
gabonaise, N°4 août, 2004, 62p.
Gabon Défense, Revue des forces de défense
Gabonaise, N°5 août, 2005, 62p.
Gabon Défense, Revue des forces de défense
gabonaises, N°8 août, 2007, 32p.
Gabon Défense, Revue des forces de défense
gabonaises N° spécial, Edition 2007, 33p.
124
Gabon Défense, Revue des forces de défense
gabonaise, N°13 août 2010, 63p. Gabon
Défense, Revue des forces de défense gabonaises, N°12
août, 24p. Gabon Défense, Revue des forces de défense
gabonaises, N°17 août, 2012, 74p. Gabon sélection N° 19
du 27 mai 1981.
Gabon sélection n°96 du 17 septembre 1984.
Gabon sélection n° 59 du 27 décembre 1982.
Information d'Outre-mer-Janvier 1985 N° 1087.
Information d'outre-mer, N°1050/1051, 14/5/1984.
L'union : Samedi 5 -Dimanche 6 mai 1984 ; Mardi 8 mai
1984 ; Lundi 27 juillet 1992 ; Vendredi 24 juillet 1986 ; Lundi 27 juillet 1984
; Mardi 1er décembre 1992 ; Jeudi 11 décembre 1986 ;
16 octobre 1984 ; Jeudi 2 mai 1985 ; Mardi 19 février 1985 ; Vendredi 16
décembre 1988 ; Vendredi 31 août 1984.
ANNEXES
Table des annexes
Annexe 1 : Carte du Gabon 114
Annexe 2 : Carte de la présence militaire
française en Afrique ;
|
114
|
Annexe 2 : Extrait des accords de coopération militaire
entre la France et le Gabon du 17 août
1960 115
Annexe 3 : Projet de loi sur le nouveau partenariat de
défense ....118
Annexe 3 : Extrait des accords du nouveau partenariat 119
Table des matières
Dédicace i
Remerciements ii
Sigles et abréviations iii
Introduction générale 2
PREMIERE PARTIE : Aux fondements de la
coopération franco-gabonaise en matière d'armement et
d'équipements des forces de défense du Gabon
(1959-1960)
14
Chapitre I : Les déterminants
historiques et stratégiques ..15
I- Le réalisme des partenaires franco-gabonais
15
A/ Le Gabon : une plate-forme stratégique pour la France
15
B/ Un résultat des démarches diplomatiques
soutenues .17
II- Une réponse aux enjeux des années 1960
18
A/ La coopération militaire comme déterminant des
nouveaux rapports franco-
gabonais 19
B/ La création des forces armées gabonaises comme
fondement de la souveraineté du
nouvelle État 21
Chapitre II : Le cadre juridique et la portée de
la coopération militaire 25
I- La mise en place du cadre juridique 25
A/ Les accords et les conventions en matière de
défense 25
B/ L'Assistance Militaire Technique (AMT) 28
II- La portée de la coopération militaire
franco-gabonaise ...32
A/ Une portée géopolitique 32
B/ Une portée géostratégique 34
DEUXIEME PARTIE : L'organisation
institutionnelle et les politiques d'armement et
d'équipements militaires en France et au Gabon
40
Chapitre I : L'organisation institutionnelle en France
et les politiques d'armement et
d'équipements militaires 41
I- La France un pays producteur et exportateur
d'armement 41
A/ Le rôle de la DGA 41
B/ Le rôle des PME 43
II- Une politique d'armement contrôlée
transparente 45
A/ Le contrôle des exportations d'armements en France
45
B/ Le traité sur le commerce des armes en France 47
Chapitre II : L'organisation institutionnelle et la
politique d'armement et d'équipements
militaires au Gabon 49
I- Les acteurs de la politique d'armement et
d'équipements militaire et les questions
d'opérationnalité 49
A/ Les organes décisionnels de la défense 49
B/ L'opérationnalité des forces de
défense 53
II- Kaléidoscope du matériel militaire
reçu de la France et répartition des armements
commandés 59
A/ Les armes lourdes et légères 60
B/ Matériel logistique 79
III- La question du financement de achats d'armements
et des équipements militaires
par le Gabon 87
A/ L'analyse de la loi des finances 88
B/ Le budget d'investissement en armement et équipements
militaires 88
TROISIEME PARTIE : vers une recomposition de la
coopération franco-gabonaise en
matière d'armement et d'équipements
militaire
|
92
|
Chapitre I : Les bases d'un nouveau partenariat de
défense
|
93
|
I- I/ Le contexte interne du Gabon dans les années
2010
|
...93
|
A/ Un partenariat de premier ordre
|
93
|
B/ L'acquisition de nouveaux équipements et la
réhabilitation des anciens
|
95
|
II/ L'adoption d'un nouveau traité de partenariat
|
96
|
A/ Les grands principes du traité
|
97
|
B/ Le statut des personnels
|
99
|
Chapitre II : L'ouverture tous azimuts
à d'autres partenaires
|
..101
|
I- Les Etats-Unis ou la posture formative et de
sécurité humaine
|
. 101
|
A/ L'armement
|
101
|
B/ Le matériel logistique
|
103
|
II- Le cas de la Chine
|
106
|
|
A/ L'armement
|
107
|
B/ Le matériel Logistique
|
109
|
Conclusion générale
|
112
|
Sources et bibliographie
|
..115
|
Annexes
|
....121
|
|
|