3. Impacts des changements climatiques sur les
ressources naturelles
Les changements climatiques ont des effets négatifs sur
les ressources naturelles dans la commune rurale de Garalo. La
dépendance directe aux ressources naturelles, une
caractéristique fréquente des populations du Mali surtout de la
commune rurale de Garalo, entraîne des conséquences lourdes lors
de stress climatiques.Une seule étude parmi celles-ci
considérées dans cet article s'intéresse au lien entre
ladynamique du couvert végétal et la mobilité humaine(Van
der Geest et al. 2010).
Cetterecherche mobilise une approche «
push-pull» à travers une méthode statistique quicroise
la destination de cent dix migrants au Ghanaet le « Normalized
DifferenceVegetationIndex» (NDVI). Les auteurs arrivent à la
conclusion quela migration Nord-Sud est liée àun meilleur couvert
végétal. L'accès aux ressourcesnaturelles semble
prépondérant dansle choix de la destination. En effet, les
populations rurales ont tendance à migrer vers desrégions moins
peuplées car l'accessibilité des terres cultivables en termes de
prix est plusabordable. Nous voyons ici que les déficits
pluviométriques, la distribution des
précipitations,l'augmentation des températures et
l'évolution du couvert végétal ont un
impactconfirmé sur les migrations internes ou interrégionales et
peuvent jouer un rôle defacteur déclencheur et/ou orienter les
migrants vers certaines destinations privilégiées. Acet
égard, on peut citer les zones urbaines comme
particulièrement attractives,notamment, dans des situations de
déficit pluviométrique et lorsque les
températuresaugmentent. A contrario, il semblerait que la distribution
et la dynamique du couvertvégétal pousseraient les individus vers
une migration rurale-rurale en direction de zonesmoins peuplées et ceci
est comparable au cas du phénomène migratoire dans la commune
rurale de Garalo.
3.2 Impacts des changements climatiques sur
l'écologie ou sur la biodiversité
Les changements climatiques ont des effets négatifs sur
l'écologie dans la commune rurale de Garalo. Ces effets s'expliquent
par :une baisse des niveaux de l'eau de la nappe phréatique, des
barrages ou une diminution du débit des rivières (Simms, 2005).
Parallèlement, cela pourrait affecter défavorablement la
qualité de l'eau par un tarissement plus rapide des puits, une
augmentation de la concentration des eaux usées comme l'explique le
(Ministère de l'environnement du Burkina Faso, 1999). Cela ferait
croître les maladies et réduit la qualité et la
quantité d'eau potable pour l'usage domestique et agricole (GIEC, 2001a)
;
une désertification par l'assèchement des
terres et de la végétation (Mohamed, Duivenbooden et al., 2002;
Simms, 2005); une dégradation de la qualité des sols (Seidou,
1999); Une raréfaction des zones cultivables;une disparition de
certaines espèces de plantes ; une migration ou disparition de
certaine espèces animales ; une diminution des rendements agricoles
(Mohamed et al, 2002). Plus de la moitié des plantes de la
planète seraient menacées de disparation à cause du
réchauffement global à l'horizon de 2080 selon les chercheurs
environnementalistes. De nombreux animaux et certains types de phoques
pourraient disparaitre d'ici 20 ans du fait du réchauffement climatique,
selon le world Wildfund (WWF) en 2015. Dans le domaine agraire lors du
réchauffement climatique, le mécanisme de fixation du carbone
diffère selon les plantes, ce processus qui fait que durant la
photosynthèse le co2 est converti en carbone organique. Ce
qui implique que dans un scénario d'augmentation du co2
atmosphérique, certaines cultures seront défavorisées par
rapport à d'autres. Aussi les changements de températures
provoquent un déplacement des limites entre les zones et
conséquemment la migration des espèces dont la répartition
géographique est contrôlée par la température. De ce
fait, on pourrait assister à la migration des insectes nuisible aux
cultures ou tout simplement aux humains des zones chaudes vers les zones
tempérées et vis versa.
3.3 Impacts des changements climatiques sur
l'agriculture
Les changements climatiques affectent l'agriculture dans la
commune rurale de Garalo. Les rivières, les affluents, les
précipitations et les points d'eau de la localitésont
indispensables pour les activités socio-économiques notamment,
l'agriculture. En effet, les ressources en eau disponibles et la
quantité de précipitations de cette région sont
nécessaires pour l'agriculture, l'élevage et les activités
domestiques (Lacoste, 2003). Puisque la variation des précipitations
affecte l'agriculture, qui est la base de l'économie locale, toute
l'économie de la commune est affectée.
En plus, l'agriculture, à majorité non
irriguée, est pratiquée sur un sol faible et peu productif (Zeba,
1995), est d'autant plus sensible aux aléas climatiques. À un
niveau plus local, les agriculteurs dépendent du climat pour leur
alimentation. En effet, au Mali, particulièrement la commune rurale de
Garalo, les cycles agricoles et climatiques sont directement reliés
à ce qui se retrouvera, ou non, dans l'assiette des paysans.La «
Mauvaise pluviométrie est égal à la famine, les
animaux sont malades, donc c'est difficile de les vendre et cela réduit
leur prix de vente. Et en cas de famines, nous devons acheter des
céréales de l'extérieur alors que nousavons moins de
revenus» affirme une Femme de 50 ans, non scolarisée.La
variation des précipitations affectent ainsi la qualité de vie
à travers les échanges. « S'il pleut abondamment, les
gens font une bonne récolte. S'il ne pleut pas beaucoup, c'est le
désespoir total. Par exemple, le plat de couscous est à 400
Francs s'il ne pleut pas alors qu'en tempsnormal il est à 200
Francs» affirme un homme de 27 ans, lettré. Lorsque les pluies
sont insuffisantes, la terre est asséchée et perd ses nutriments.
Inversement, lorsque les pluies sont trop abondantes, le sol est
érodé et la couche supérieure du sol, la plus fertile,
est lavée par le passage de l'eau.En effet, les ménages sont
particulièrement sensibles aux variabilités climatiques puisque
leur économie est essentiellement agro-sylvopastorale. Dans la commune
rurale de Garalo, les récoltes dépendent des
précipitations, l'agriculture étant à majorité
pluviale, soit non irriguée. Les récoltes sont la majeure source
d'alimentation et de revenu des ménages. Par conséquent, la
quantité de nourriture qu'un ménage peut acheter pour
compléter et varier ses récoltes est limitée par la
fluctuation du prix des céréales. Le prix des
céréales dépend de la récolte, et indirectement
des précipitations, puisque le prix varie selon l'offre et la demande.
Le manque de liquidité - argent, entraîné par les saisons
difficiles, rend ardu l'achat de matériel et de fertilisants, ce qui
réduit la production.). Le cas de la sécheresse au Mali en
2005 démontre bien cette situation. Les mauvaises
précipitations, lors de l'hivernage de 2004, suivies de l'invasion de
criquets pèlerins, ont gonflé le prix des céréales
et baissé le prix du bétail en raison des très faibles
récoltes.). Cette hausse des prix limite le pouvoir d'achat des
ménages et à entraîner la migration au Mali et la commune
rurale de Garalo n'est pas en marge de cette migration. D'autre part, la
diminution de la fertilité des sols pour les petits agriculteurs est
la cause biophysique fondamentale, étant responsable de la baisse de
la production en Afrique de l'Ouest (Enyong, Debrah et al. 1999). La
diminution des jachères et de l'épandage de fumure organique,
la surexploitation, mais aussi la variabilité climatique affectent
négativement la fertilité des sols. Puisque la production
dépend en grande partie de la fertilité des sols, tout aspect
pouvant réduire la qualité des sols peut être
problématique. On voit bien à quel point les ressources
naturelles influentles rendements agricoles, qui sont à la base de
l'alimentation, donc de la qualité de vie. Cette dépendance
augmente la vulnérabilité des agriculteurs devant les variations
climatiques.Selon un enseignant âgé de 70
ans « dans les années 1960, il pleuvait à
Garalo pendant 6 à 7 mois dans l'année, mais, aujourd'hui vu les
manifestations des changements climatiques les saisons pluvieuses varient de 5
à 6 mois dans la commune ».
La photo 4 ci-dessous montre l'aspect d'un champ de maïs
en fin des saisons des pluies, il faut noter que le rendement des champsa
baissé à cause des changements climatiques et de ses effets
négatifs.
Photo 4 : un champ de maïs en fin de
récolte dans le village de Fara
Source : cliché personnel, octobre 2019
La photo 4 ci-dessus prise en octobre 2019, montre un champ de
maïs qui est sur le point d'être asséché dans le
village de Fara à cause des irrégularités des pluies ou
l'arrêt des pluies et des mauvaises pluviométries accentuée
ou amplifiée par les conséquences néfastes des changements
climatiques.
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