SECTION 2 : PROBLEMATIQUE
Les systèmes financiers africains sont dominés
par les banques qui demeurent au centre des efforts de développement du
secteur financier sur le continent dont le Sénégal.
L'écart de développement entre les divers
systèmes bancaires au Sénégal est important. Certains sont
d'ores et déjà au niveau des standards internationaux tandis que
d'autres commencent à peine à sortir des périodes de
répression financière. Toutefois, un certain nombre
d'observations générales peuvent être faites sur les
banques et sur leur rôle au sein du secteur financier à travers le
pays.
La plupart des banques sénégalaises sont de
taille restreinte, aussi bien en termes absolus qu'en termes relatifs. Le
manque d'économies d'échelle est souvent associé à
des inefficacités. Par ailleurs, le manque d'expertise et de
technologies adéquates limite souvent la capacité des banques
à offrir des services financiers appropriés pour les
économies porteurs de croissance.
Les banques n'offrent souvent qu'un éventail
limité de services, et les activités bancaires sont pratiquement
inexistantes hors des centres urbains.
Les données bancaires montrent clairement que les
banques sénégalaises ont de fortes possibilités de
développement, par rapport aux autres banques de la sous régions.
Les indicateurs tels que le ratio liquid liability/PIB (qui mesure les
ressources monétaires mobilisées par les banques) et le ratio
crédit privé/PIB (qui mesure le crédit octroyé par
les banques) sont en effet, les plus faibles au monde.
Les banques de second rang affichent de faibles ratios
d'intermédiation (mesurant les dépôts ayant fait l'objet
d'une intermédiation au bénéfice du secteur privé).
Cela est principalement due, d'une part, à la difficulté
d'évaluer la solvabilité des clients, et d'autre part, à
faire respecter les droits des créanciers.
Cette situation reflète, la prévalence de la
pauvreté, les données dans le rapport 2013 de la BCEAO montrent
que moins de 20 % des Sénégalais adultes sont titulaires d'un
compte bancaire, contre 30 à 50 % dans les autres pays en
développement. Cela s'explique en partie par le niveau
élevé des commissions, le faible taux de
pénétration des succursales, ainsi que le grand nombre de
documents exigés pour l'ouverture d'un compte bancaire et
l'alourdissement des taxes fiscale.
S'agissant de l'inefficacité, les banques
sénégalaises sont généralement
caractérisées par le niveau élevé des
différentiels, des marges d'intermédiation et des charges
indirectes. Etant de taille plus restreinte que les banques des autres pays en
développement, les possibilités d'économies
d'échelle et de diversification des risques s'en trouvent
limitées. Les faiblesses de leurs cadres contractuels et la
volatilité politique dans ces pays augmentent le coût de la
pratique des affaires. Ces inefficacités persistent dans de nombreux
cas, en l'absence d'une concurrence significative dans le secteur. En
dépit d'améliorations substantielles dans l'efficacité et
la responsabilité des systèmes bancaires africains au cours de la
dernière décennie, il reste encore beaucoup à faire.
Ce constat de sous financement des activités
économiques du Sénégal par les banques classiques nous
amène à formuler la question principale de recherche suivante:
les banques sénégalaises financent t- elles
l'économie sénégalaise ?. Pour
répondre à cette interrogation, nous essayerons de faire la revue
théorique et empirique de la littérature.
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