2-2-6- Décisions individuelles et
hypothèse d'erreur
Après avoir conclu que les différentes
définitions du niveau optimal ne semblent pas influencer
l'émergence de comportements extrêmes, NEUVEU a essayé de
savoir si les décisions qui ne sont pas à l'optimum sont dues
seulement aux erreurs associées à ces décisions.
Observation 6 : La décision de contribution
sous optimale des joueurs ne sont ni la conséquence d'erreurs de
compréhension, ni la conséquence d'une décision
aléatoire.
Afin de différencier les contributions
associées à des erreurs de compréhension de la part des
individus, des contributions volontairement effectuées, l'auteur a
comparé le nombre de contributions observées au-dessus de la
contribution symétrique optimale au nombre de contributions en dessous
de la contribution optimale symétrique. Si l'on retient
l'hypothèse que les individus n'ont pas compris le but de
l'expérience et que leurs contributions peuvent provenir d'erreurs, le
nombre de contributions en dessous de l'optimum devrait être
équivalent au nombre de contributions au-dessus de cet optimum. Pour
chaque traitement un test bilatéral du 2 est appliqué
suivant l'hypothèse nulle que la distribution des contributions est
symétrique autour de la contribution symétrique optimale. Cette
hypothèse est rejetée au taux d'erreur de 1%. Ainsi, puisque les
décisions en deçà de la contribution symétrique
représentent respectivement 64,4% pour OP 30 et 82,08% pour OP 70,
il est évident de conclure que les décisions des joueurs ne
sont pas la conséquence d'erreurs de compréhension ou de
décisions aléatoires.
Observation corollaire 7 : En jeu de contribution
volontaire, les « sur
contributions » des individus par
rapport à l'équilibre
sont des décisions
intentionnellement sous optimales.
A partir des observations 1 et 6, nous pouvons déduire
que les joueurs contribuent volontairement par des sommes positives au bien
public mais que ces sommes sont plus souvent sous optimales que sur
optimales.
Arrivant à ce stade4(*)4, nous pouvons déjà conclure que
l'expérimentateur à pu, en utilisant aussi bien le langage de la
théorie des jeux que la technique expérimentale, trouver une
explication convaincante au problème des contributions volontaires des
individus dans le cas des financement des biens publics. Cette
expérience en optimum intérieur a permis de révéler
certain nombre de caractéristiques associées au comportement de
contribution volontaire agrégé des individus. Le taux de
contribution est fortement dépendant du niveau de financement efficient
du bien public. Plus cet optimum est élevé, plus les
contributions des joueurs sont importantes. Pourtant, ce fort taux de
contribution doit être relativisé. Lorsqu'on s'intéresse au
taux de financement du bien public, il apparaît que les conditions
d'optimum faible assurent un financement plus efficient du bien public. D'autre
part, quel que soit le niveau optimal, la répétition du jeu fait
converger les taux de financement à environ 80% après un tiers
des répétitions du jeu. Par ailleurs, compte tenu des
distributions de choix des individus, l'hypothèse d'erreur de choix de
contribution pour chacun des traitements effectués au cours de
l'expérience est rejetée.
Conclusion :
Dans ce chapitre nous avons essayé de mettre en
lumière le rapprochement qui s'est réalisé entre
l'économie expérimentale et la théorie des jeux. En effet,
nous avons montré qu'il y avait (depuis leur naissance) une sorte de
consentement entre d'un côté l'expérimentateur, qui a vu
dans la théorie des jeux un outil capable de fournir un éclairage
différent et intéressant sur les problèmes posés
par la microéconomie traditionnelle, la théorie des jeux a
surtout fait apparaître de nouveaux problèmes, et de l'autre
côté le théoricien des jeux qui s'est convaincu de la
pertinence du laboratoire comme environnement acceptable pour la validation
des théories existantes ainsi que pour le développement de
nouvelles théories (rapprochées de plus en plus de la
réalité humaine).
Dans la première section nous avons
développé une approche historique et méthodologique. Cette
dernière nous a permis de conclure que dès leur naissance, la
théorie des jeux et l'économie expérimentale ont
été amené à ce développer conjointement.
Cependant, nous avons avancé deux explications différentes pour
la justification de ce développement parallèle. La
première prône pour un développement naturel tandis que la
deuxième voie que c'est le passage d'une interprétation
mathématique ou « instrumentale-normative » de la
théorie des jeux à une interprétation
« descriptive-prédictive » de celle-ci qui en est la
cause.
Dans la deuxième section, nous avons
présenté deux exemples concrets des expériences
réalisées grâce à l'union entre le langage de la
théorie des jeux et les techniques expérimentales.
* 44 - Notons que le
travail de NEUVEU ne s'arrête pas à ce niveau, d'autres analyses
ont été effectué. Voir NEUVEU. ( 2002), op. cit pour les
analyses et résultats complets de cette expérience. Nous donnant
ci-dessous, en bref, les importants résultats non mentionnés dans
cet exposé.
- La contribution la plus souvent réalisée
est la contribution optimale symétrique définie par les
règles de l'expérience. Néanmoins,
plus le niveau optimal est haut, plus la
répartition des contributions s'étend sur l'ensemble des
possibilités.
- Les individus choisissent plus fréquemment la
contribution symétrique optimale lorsque l'optimum est faible.
- L'émergence d'un comportement du passager clandestin
est indépendante de la définition du niveau optimal.
- L'émergence d'un comportement de coopérateur
est indépendante de la définition du niveau optimal.
- Au niveau des choix individuels et du processus de
décision, il apparaît que quelle que soit la définition du
point optimal, les joueurs choisissent de contribuer principalement le montant
optimal symétrique (3 ou 7 jetons selon l'optimum).
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