Dans un jeu à n personne où à la
fois la communication directe entre les joueurs et la formation de coalition
sont impossibles, une issue ( x1, ..., xn ) du jeu ( X1, ..., Xn , U1, ...,
Un ) est un équilibre non coopératif ( ou équilibre de
NASH ) si elle vérifie :
i ( 1, ..., n ) yi Xi U1 ( yi , xî
) Ui ( x1, ..., xn )
( la notation (yi , xî
) désignant l'issue (x1,..., xi-1 , yi
, xi+1, ..., xn ) )6(*)3
Selon les termes de LAKHDAR, l'issue ( x1, ...,
xn ) est dite équilibre non coopératif ou point
d'équilibre de NASH si, étant donné n-1 stratégies,
le nième joueur ne peut augmenter ses résultats en changeant sa
propre stratégie.
Il s'agit donc bien d'un concept de solution
du jeu puisque cet n-tuple de stratégies ( ou ce couple pour les jeux
à deux joueurs) correspond à ce qu'un analyste du jeu pourrait
conseiller à chacun des joueurs. C'est aussi un concept
d'équilibre dans la mesure où la description du jeu contient la
description du comportement des joueurs et que cette solution est un
équilibre de ces comportements : le comportement des joueurs ne les
incitant pas à dévier des stratégies proposées par
la solution, parce que du point de vue individuelle cette dernière est
la meilleure pour chacun tant que le choix des autres est fixé.
En revenant aux deux définitions précedentes,
on peut remarquer leur forte tonalité non coopérative. Prenons,
pour bien éclaircir l'idée, l'exemple présenté dans
le tableau ci-dessous6(*)4.
Prisonnier B
Prisonnier A
|
Colonne 1
|
Colonne 2
|
Ligne 1
|
5, 5
|
-1, 6
|
Ligne 2
|
6, -1
|
0, 0
|
|
Ce jeu présente le cas d'un dilemme
de prisonnier, Nous remarquons comme l'a fait David KREPS, que dans ce jeu
l'ensemble formé par la ligne 2 et la colonne 2 est un équilibre
de NASH. Mais s'il y a une possibilité de communication entre les
joueurs, ceux-ci choisiront sans doute l'autre stratégie, à
savoir la ligne 1 et la colonne 1 parce qu'il auront un gain de plus par
rapport à la situation d'équilibre. Rappelons-nous cependant que
nous nous intéressons ici à la théorie des jeux non
coopératifs et que dans ce contexte la possibilité de telles
actions n'existe en fait pas, les joueurs devant choisir leurs actions de
façon simultanée et indépendante ; chaque joueur
choisira donc probablement « l'action non
coopérative », puisqu'il n'y a aucune façon pour un
joueur de contraindre l'autre à respecter un éventuel accord, ni
pour ce dernier d'infliger une punition quelconque pour son non respect.
Le concept d'équilibre de NASH soulève beaucoup
de questions d'un grand intérêt. La plus évidente parmi
elles est celle concernant l'existence de cet équilibre, c'est à
dire dans quelles conditions un jeu possède-t-il au moins un
équilibre ? Le théorème de NASH prouve qu'un
équilibre existe pour tous les jeux dont les ensembles de
stratégies sont des compacts convexes ( en particulier les
stratégies mixtes sur un ensemble fini de stratégies pures) et
dont les fonctions d'utilité sont continues et quasi-concave par rapport
aux stratégies.6(*)5 Nous trouverons dans l'ANNEXE I l'exemple d'un jeu
ou ces propriétés ne sont pas respectées (un jeu fini
où les joueurs complètent leurs ensembles de stratégies
par l'utilisation des stratégies mixtes6(*)6 ceci pour leur donner les propriétés
voulues par le théorème de NASH, le concept utilisé dans
ce cas devient Equilibre de NASH en stratégies mixtes
considéré actuellement par de nombreux auteurs comme un
véritable concept représentatif de la rationalité
individuelle des joueurs surtout pour les prise de décision dans
l'incertain ) .
La deuxième question qu'on peut poser à cet
égard est celle concernant la stabilité de cet équilibre.
Ce dernier une fois atteint est stable. Les individus n'en bougeront pas si
l'histoire du jeu ou les événements les y conduisent. Si
x* est un équilibre de NASH, les agents ont toutes les
chances de respecter ce vecteur. Ainsi, nous pouvons expliquer ceci, comme l'a
fait Hervé MOULIN, par le fait que l'existence même d'une mince
probabilité que les autres jouent x-i* augmente
la probabilité que le joueur i joue xi*
puisque cette dernière est la
meilleure réponse à x*-i
, ce qui en retour augmente la probabilité que les autres jouent
x*-i et ainsi de suite. Ce processus a été
appelé par Hervé MOULIN « un phénomène de
convergence psychologique » vers l'équilibre. En effet, les
faibles probabilités ont un effet subjectif accru : cela contribue
à l'attrait par exemple des billets de loterie et des assurances
automobiles - tout ceci concerne des événements relativement
improbables, mais à l'impact psychologique fort. En outre
l'équilibre de NASH « apparaît en fait comme équilibre
« auto-réalisateur », à savoir que les
anticipations des joueurs sur leurs stratégies ( de NASH ) provoquent
leurs réalisations »6(*)7 effective.
Le défaut essentiel du concept d'équilibre de
NASH est que l'issue correspondante peut être mauvaise du point de vue
collectif, c'est dire aller à l'encontre de l'intérêt
général. En effet, un équilibre de NASH n'est pas toujours
Pareto-optimal. Si on prend les choses à l'envers il est facile de
prouver qu'un optimum de Pareto6(*)8 est un équilibre de NASH car personne ne
peut améliorer sa situation sans détériorer celle d'un
autre ( donc, si cet autre ne bouge pas, une telle amélioration
n'est pas possible). Mais la réciproque n'est pas vraie et c'est
d'ailleurs cette non optimalité au sens de Pareto de certain
équilibres de NASH qui est à l'origine de la naissance et la
célébrité de fameux « dilemme du
prisonnier »6(*)9. Nous avons constaté dans ce
jeu que l'issue d'équilibre
( équilibre en stratégie dominante qui est
aussi l'unique équilibre de NASH ), malgré qu'elle s'impose du
point de vue individuelle, est rejetée du point de vue collectif et donc
n'est plus un optimum de Pareto.
Comme l'a fait remarquer LAKHDAR7(*)0 la relation
équilibre de NASH - optimalité dépend des situations que
l'on doit analyser et plus exactement de la nature de la matrice des
résultats.
Concernant la question d'unicité de
l'équilibre, il est fermement prouvé qu'elle n'est jamais eu une
réponse affirmative, cependant il demeure le problème de la
sélection d'un état d'équilibre dans le cas (
fréquent) de multiplicité des états
associés7(*)1. Il
se peut qu'un jeu comporte plus d'un équilibre de NASH, prenons
l'exemple du tableau ci-dessous :
Joueur B
Joueur A
|
t1
|
t2
|
t3
|
s1
|
( 4, 3 )
|
( 2, 7 )
|
( 7, 4 )
|
s2
|
( 5, 2 )
|
( 5, 1)
|
( 6, 0 )
|
|
Remarquons que dans ce jeu les couples ( s2,
t1 ) et (s2, t2 ) sont tous deux des
équilibres de NASH. Il y a là un problème sérieux,
parce qu'un modèle comportant plusieurs équilibres est en quelque
sorte « indéterminé »7(*)2, dans ce cas ne nous
permettant pas de désigner (de manière claire) l'un d'entre eux
en tant que solution du jeu ; à supposer que celle-ci existe, elle
ne nous aide pas à la trouver7(*)3. Malheureusement cette situation est
fréquente en théorie des jeux, où l'existence d'un et d'un
seul équilibre est l'exception plutôt que la règle7(*)4.
Comme l'a fait mentionner RULLIERE, NASH était lui
même conscient de cette difficulté qui peut atténuer le
pouvoir productif de son concept d'équilibre. Alors que les principaux
critères de raffinement7(*)5 ont été développés au
cours des années 807(*)6, on néglige souvent le fait que là
encore, NASH a été un précurseur. En particulier, il
propose le concept d'équilibre interchangeable. NASH avait aussi
proposé une heuristique, donnant lieu par la suite au mécanisme
de sélection de la main tremblante7(*)7 de Selten7(*)8. Ce qui distingue NASH de SELTEN, cependant, tient
au support de la perturbation : tandis que NASH introduit des
perturbations sur les paiements en utilité, SELTEN introduit des
perturbations sur les ensembles de stratégies (
interprétés comme des erreurs de la part des agents). Il est
intéressant de noter que si les travaux de SELTEN portent sur les moyens
de raffiner l'équilibre, ils traitent aussi des équilibres peu
plausibles (imparfaits) dans une structure de jeu séquentiel. Ainsi,
SELTEN a offert une des principales extensions de l'équilibre de NASH
avec le critère de perfection en sous-jeu - a ce jour, l'un des concepts
les plus utilisés dans la théorie économique
contemporaine.
L'autre extension majeure7(*)9 de l'équilibre de NASH est due à la
contribution de HARSANYI8(*)0. En introduisant la notion de type de joueur, elle
permet de représenter l'incertitude aussi bien sur les actions
passées que sur les caractéristiques des joueurs. Cette
équivalence, plus connue sous le nom de « doctrine
d'HARSANYI », a donné un caractère suffisamment
général au concept d'équilibre de NASH. Ce type
d'extension de l'équilibre de NASH a permis, par la suite, d'apporter
une meilleure justification à l'usage de la stratégie mixte. Il
s'agit là d'interpréter une stratégie mixte d'un joueur
comme des croyance ou des conjectures de la part de ses adversaires concernant
son propre comportement. Cette approche a donné lieu, d'une part, au
concept d'équilibre corrélé de AUMANN8(*)1 et, d'autre part, à
la caractérisation des fondements épistémiques de
l'équilibre de NASH8(*)2.
Pour d'autres8(*)3, dans certains cas on a pas besoin de tous ces
raffinements, car le fait de connaître ( sans préciser comment)
les conjectures de l'autre définit là encore un état parmi
d'autres, la sélection peut s'effectuer grâce à des
conventions qui sont de connaissance commune entre les joueurs portant
généralement sur des phénomènes culturels hors
modèles8(*)4. Se
sont là des hypothèses fortes considérées par pas
mal d'auteurs comme source de faiblesse de ce concept d'équilibre.
Ainsi, Olivier DE WOLF8(*)5 pense que cet équilibre est moins une
conséquence nécessaire de la rationalité. Pour lui cette
solution ne paraît avoir du sens que si l'on suppose que chacun des
joueurs, au moment de choisir sa stratégie, prédise correctement
celles sélectionnées par ses adversaires. En d'autres termes,
l'utilisation de cet équilibre suggère une sorte de don
divinatoire de la part des joueurs ainsi qu'une capacité inimaginable de
stockage d'information ( mémoire) ou de calcul. Un autre problème
est que le théorème fondamental de NASH est basé sur la
limite suivante : certes on pense à la place de l'autre (selon les
principes classiques de la théorie de l'esprit), mais on ne pense pas un
seul instant que l'autre puisse ne pas penser comme on pense qu'il devrait
penser. Ces hypothèses portant sur les caractéristiques des
joueurs étant très contraignantes. Bernard WALLISER8(*)6 parle d'une analogie avec
le commissaire-priseur walrassien qui fournit les prix d'équilibre aux
agents économiques, puisqu'on peut introduire une entité fictive,
le « régulateur nashien » qui calcule un état
d'équilibre de jeu et suggère aux acteurs de l'adopter. Encore
faut-il que les acteurs l'adoptent effectivement, ce qui n'est le cas que s'ils
ont de bonnes raisons de penser que leurs adversaires l'adopteront aussi.
Ceci est dit, l'équilibre de NASH reste toujours un des
concepts de base préconisé pour la construction de modèles
s'appliquant à des domaines très variés ( économie
industrielle, économie internationale, économie du travail,
macro-économie, etc.).
2-3-2- Jeux coopératifs
Comme on l'a montré sur l'exemple du dilemme du
prisonnier et sur celui de la bataille des sexes, l'équilibre de NASH
n'est pas un concept de solution satisfaisant pour les jeux où la
coopération est possible. La coopération qui est traduite par la
formation de coalitions nécessite des concepts de solutions qui
caractérisent les coalitions que les agents ont intérêt
à former. Pour l'étude de tels jeux, la considération des
stratégies individuelles n'est pas nécessairement utile, on
préfère décrire le jeu par une forme dite forme
« caractéristique » qui consiste à attribuer
une valeur à chaque membre de la coalition, cette valeur étant
ensuite répartie entre les joueurs.
La fonction caractéristique associe à chaque
coalition un nombre : sa valeur. A chaque coalition correspond un jeu
à deux joueurs ( cette coalition et la coalition formée par tous
les autres joueurs) et à somme constante. Ce jeu a une valeur qui est le
maximum des gains minimaux que la coalition peut obtenir en jouant contre celle
formée par tous les autres joueurs. C'est cette valeur qui est
donnée à cette coalition par la fonction
caractéristique.
De façon générale, on peut définir
un jeu coopératif de la façon suivante :
Un jeu coopératif ( I, v ) est donné par
· Un ensemble fini de joueurs I
· Un nombre v ( S ) pour chaque coalition S I
appelé valeur de S.
Pour bien éclaircir, prenons les trois exemple
ci-dessous :
Exemple 1 :
On a un groupe de pécheurs, et un groupe de pilotes de
bateaux. Pour partir à la pêche, il faut être un pilote et
un pécheur.
Les pêcheurs : I = A B , ou A est l'ensemble des
pêcheurs et B celui des pilotes. Pour S I , v ( S ) = min( S A, S B )
.
L'assemblée : I = { 1 , 2 , 3 } .
v ( S ) = 1 si card ( S ) 2 ,
v ( S ) = 0 sinon.
Exemple 2 :
Jeux d'unanimité
C'est un jeu dans lequel v ( I ) = 1 , et v ( S ) = 0 si S I
.
Exemple 3 :
Jeux de majorité
On a I joueurs. Chaque joueur i possède pi
voix. La majorité est à q voix.
v ( I ) = 1 si i pi q
v ( I ) = 0 sinon.
Dans le but de garder les choses un peu
claires, nous allons présenter seulement les concepts de solution les
plus importants pour les jeux ayant un vecteur de paiements et une fonction
d'utilité transférable.
Le concept le plus important dans ce cadre est celui
« d'imputation ». Une imputation est une liste de paiements
(ou une redistribution des ressources) proposés à chaque joueurs.
Elle est telle que :
- chaque joueur reçoit au moins autant que ce qu'il
peut s'assurer en jouant seul contre tous les autres joueurs,
- la somme des paiements de tous les joueurs est égale
à la somme des paiements qu'ils obtiendraient en jouant tous
ensemble.
Formellement une imputation est un vecteur8(*)7
x = ( xi ) i I tel que I
xi v ( I ).
IL s'agit donc d'une redistribution de la valeur totale (au
plus) à tous les joueurs.
2-3-2-1- La solution de VON NEUMANN et
MORGENSTERN
C'est une solution basée sur le
concept de dominance : une imputation I domine une imputation J s'il
existe une coalition dont la valeur ( définie par la fonction
caractéristique) est au moins égale aux paiements proposés
par l'imputation J.
Une solution est alors un ensemble d'imputations qui ne sont
pas dominées et qui sont telles que toute imputation qui n'est pas
solution est dominée par l'une des imputations de la solution.
La faiblesse de ce concept réside dans ce que le nombre
d'imputations dans une solution et le nombre de solutions sont très
grands : il n'a donc pas de pouvoir prédictif.
2-3-2-2- Le noyau8(*)8
Le principe de cette solution a
été avancé pour la première fois par
EDGEWORTH8(*)9 en 1981,
le premier qui a constaté ce fait est SHUBIK9(*)0 cependant, c'est à
DEBREU et SCARF9(*)1
qu'on doit la démonstration de cette liaison. DEBREU et SCARF fondaient
leur démonstration sur la méthodes des duplication successives
pour justifier que l'analyse en terme de la solution du noyau permet
l'apparition d'un système de prix. En se basant sur la même
méthode ( duplications successives) les deux auteurs pouvaient, en plus,
généraliser considérablement le résultats
précédent, ils montraient que « s'il y a des
duplications successives, dans un marché avec n'importe quel nombre
d'échangistes différents, le coeur se ``rétrécit''
(...) jusqu'à ce que l'on obtienne une9(*)2 allocation limite, à
laquelle peuvent être associés des prix, qui peut être
considérée comme la limite du coeur. »9(*)3. En d'autres termes, on
peut dire qu'ils ont pu démontrer que : à la limite9(*)4 les allocations du coeur et
les allocations concurrentielles coïncident9(*)5.
Formellement le noyau est défini de la façon
suivante :
Une imputation u1 ... un est
bloquée par une coalition S formée de s joueurs, s'il existe des
valeurs u1s ... uns dont
la somme est la valeur de la coalition et pour chaque joueur i :
uis ui. Autrement dit, l'imputation u1
... un est bloquée par la coalition S si celle-ci offre
aux joueurs qui la forment des gains supérieurs à ceux qui leur
sont proposés par l'imputation u1 ... un. Le noyau
(ou coeur) est caractérisé par une série
d'inégalités larges. C'est donc un ensemble fermé, et
convexe. I. e. si x et y sont dans le noyau et [0 , 1], alors x + (1 - ) y est
dans le noyau.
Le noyau du jeu est alors un ensemble d'imputations qui ne
sont bloquées par aucune coalition. Cela signifie que tout ensemble
d'agents, la somme de gains proposés par l'imputation est
supérieure à celle qu'ils obtiendraient en se coalisant. C'est
une condition très contraignante et pour de nombreux jeux le noyau est
vide, c'est dire qu'une telle solution n'existe pas.
De nombreux concepts de solutions ont été
proposés moins restrictifs que le noyau et plus restrictifs que la
solution de VON NEUMANN et MORGENSTERN.
Une approche intéressante caractérise la valeur
que chaque agent attribue au jeu en fonction des coalitions auxquelles il peut
appartenir, nous la présentons ci-dessous.
2-3-2-3- La valeur de SHAPLEY
La valeur de SHAPLEY pour un jeu est en fait un vecteur :
c'est une liste des valeurs que chaque joueur peut attendre du jeu. Le
système de coalitions qui résout le jeu doit être tel que
chaque joueur obtienne cette valeur.
La valeur de SHAPLEY existe et peut être calculée
pour tous les jeux pour lesquels trois axiomes sont
vérifiés :
- la valeur d'une coalition est la somme des
valeurs de SHAPLEY des joueurs qui la forment ;
- la valeur de SHAPLEY de chaque joueur ne
change pas si les rôles des joueurs sont permutés ;
- si un jeu est décomposé en
deux sous jeux, la valeur de SHAPLEY du jeu est, pour chaque joueur, la somme
des valeurs des deux sous-jeux.
La valeur de SHAPLEY de chaque joueur est donnée par la
formule suivante : N est la coalition de tous les n joueurs, T est une
coalition de t joueurs quelconques, V est la fonction caractéristique et
Vi est la valeur de SHAPLEY du joueur i :
[ V(T) - V(T- i ) ]
(T - 1) ! (n - t) !
n !
T N i T
Vi =
La valeur de SHAPLEY à l'avantage d'être
basée sur un axiome de symétrie et un axiome d'efficacité.
On peut résumer ces deux axiomes en disant qu'à des droits
égaux correspondent des rémunérations égales et que
le résultat est optimal selon le critère de Pareto9(*)6. A cet égard, il
faut noter que là aussi il a été
démontré9(*)7 que lorsque le nombre d'agents augmente, la valeur
de SHAPLEY tend vers l'allocation associé au système prix
concurrentiel.
CONCLUSION
Comme conclusion, on peut dire que les apports potentiels de
la théorie des jeux pour l'analyse du décideur sont difficiles
à évaluer. A partir de la discussion qui précède,
on peut définir deux utilisations très différentes:
· Premièrement, la théorie des jeux
nous permet de définir formellement quelques unes des situations de
conflit et de coopération ainsi que les choix offerts au joueurs. En
effet,, si l'on arrive à classer une situation-type, on peut mieux
décrire (du moins analytiquement) ce qu'un acteur peut potentiellement
faire, même si cette théorie n'arrive pas souvent à fournir
des recettes optimales. L'utilité principale de la théorie des
jeux réside donc dans la compréhension de la structure de
l'interaction entre les joueur, non seulement pour connaître la meilleure
façon de jouer, mais aussi pour comprendre les différentes
décisions possibles et les effets d'un changement des règles du
jeu9(*)8.
· Deuxièmement et paradoxalement, la
théorie des jeux nous amène vers une négation de la
pensée de la maximisation individuelle du profit. En effet, la
méthode de choix rationnelle et formelle n'est applicable qu'à
une partie infime de l'action humaine. Nous tirons une deuxième
leçon de la théorie des jeux: des situations de décision
qui ont l'air très simples ne sont pas si simples que cela. On constate
très rapidement qu'un choix ne peut pas se fonder uniquement sur des
règles de choix individuelles (utilité du type "maximin"), mais
également sur la base de comportement ayant trait au raisonnement
à long terme ainsi qu'à l'interaction entre joueurs.
Une troisième utilisation que nous n'avons encore pas
discuté est la suivante :
· Les jeux comme cadre expérimental pour
décortiquer le raisonnement de sujets dans des situations type: la
discussion des jeux expérimentaux a montré les
potentialités de cet usage, ainsi que l'apport des croyances dans la
détermination de l'issue d'équilibre. Grâce à un
environnement contrôlé d'action, il nous est possible de formuler
quelques règles de décision, comme la règle "la confiance
induit la confiance, et la méfiance induit la méfiance"
applicable dans des situations où (1) la coopération est
profitable, (2) la coopération de l'un et la non-coopération de
l'autre est désastreuse pour l'un, et (3) la non-coopération des
deux est mauvaise pour les deux. Nous essayerons dans le troisième
chapitre de traiter avec plus de soin le rapprochement entre le laboratoire et
la théorie des jeux pour découvrir et montrer la solidité
de cette union.
* 63 - MOULIN H. (1981),
op.cit.
* 64 - l'exemple est
tiré de KREPS D. (1999), op.cit p27.
* 65 - Hervé
MOULIN (dans MOULIN H. (1981), op.cit) présente le
Théorème de NASH comme suite : si pour tout i = 1, ..., n
les ensembles Xi sont des sous-ensembles convexes et compacts d'un
espace vectoriel et si les fonctions d'utilité vérifient :
Pour tout i, i = 1, ..., n, ui est continue
et xi ui (xi , xî) est
quasi-convexe sur Xi
Alors le jeu possède au moins un équilibre
non coopératif.
* 66 - Pour de plus
amples détails voir le travail de MAUROY H. (
2002), « Equilibre de NASH en stratégies mixtes,
critères de classement des loteries et déformation des
paiements », Revue Economie Appliquée, N°3, p.91-104.
* 67 - WALLISER bernard
(2002), op. cit, p 699
* 68 - Hervé MOULIN
((1981) op. cit) définit l'optimum de Pareto comme suit :
une issue ( x1, ..., xn ) du jeu
( X1, ..., Xn , u1, ..., un ) est
dite dominée par l `issue ( y1, ..., yn ) si on
a :
i 1, ...,n ui (
x1, ..., xn ) ui ( y1, ...,
yn )
i 1, ...,n ui (
x1, ..., xn ) ui ( y1, ...,
yn )
on appelle optimum de Pareto une issue qui n'est
dominée par aucune autre issue.
* 69 - cf. supra p. 55.
* 70 - LAKHDAR B. (1985),
op.cit, p 133
* 71 - Walliser B. (2002),
op.cit
* 72 - VERGARA F. (1992),
op. cit
* 73 - KREPS D. (1999),
op. cit p. 86
* 74 - L'apport le
l'économie expérimentale en ce qui concerne ce sujet est
important, ainsi Gerard CACHON ET Colin CAMERER ont souligné que
« In games with multiple equilibria ... players must somehow
coordinate their choices to achieve Pareto efficiency...but generally leave
unanswered a central question. Why is one equilibrium selected rather than
another ? Experimental analysis is well suited to help answer this
question because the specialized conditions of a coordination game can easily
be created in the laboratory. Then a wide range of variables can be altered to
help infer the principles that guide selection of equilibria »
« dans les jeux à plusieurs équilibres... les joueurs
doivent d'une manière ou d'une autre coordonner leurs choix afin
d'atteindre l'efficience paretiènne. .. mais généralement
reste encore une question centrale sans réponse : pourquoi un
équilibre doit être choisi au lieu d'un autre ? l'analyse
expérimentale est bien conçu pour répondre à de
telle questions parce que les conditions spéciales des jeux de
coordination sont faciles à créer dans le laboratoire. Donc, une
large gamme de variables peuvent être modifiées dans le but de
déduire les principes de sélection
d'équilibre. » p. 165 dans CACHON G. .P., CAMERER C. F.
(1996), « Loss-Avoidance and Forward Induction in Experimental
Coordination Games », Quarterly Journal of Economics, February,
165-194.
* 75 - les raffinements de
l'équilibre sont des techniques consistant à invoquer une notion
plus forte d'équilibre, ces raffinements de l'équilibre
sont en effet définis en imposant des conditions plus
restrictives aux comportements qui constituent un équilibre de
NASH ; en général, ils consistent à interdire aux
joueurs d'effectuer des menaces ou des promesses qui ne sont pas
crédibles ou de déduire des propositions non crédibles
de leurs observations.
* 76 - Pour de plus
amples détails voir KREPS D. (1999), op. cit
* 77 - Voir Annexe I
* 78 - voir à cet
égard:
- SELTEN R. (1965), « spieletheoretische
Behandlung eines Oligopolmodells mit Nash-frageragheit », Zeitschrift
fur die Gesamte
staatswissenschaft, 12, p. 301 -324.
- SELTEN R (1975), « Reexamination of the
Perfectness Concepts for Equilibrium Points in Extensive Games »,
International Journal of Game Theory, 4, p. 25-55.
* 79 - Cependant il existe
d'autres techniques de raffinement, parmi les plus importantes d'entre elles on
peut cité l'utilisation de la récurrence
à rebours et de la récurrence projective
( forward induction)
* 80 - HARSANYI J.C.
(1967-1968), « Games with Incomplete Information Played by Bayesian
Players », Management Science, 14, p.159-
182, p. 320-334, p. 486-502 cité dans RULLIERE
J. L. (2000), op. cit.
* 81 - AUMANN R.J. (1974),
« Subjectivity and Correlation in Randomized Strategies »,
Journal of Mathematical Economics, 1, p. 67-96.
* 82 - AUMANN R.J.,
BRANDENBURGER A. (1991), « Epistemic Conditions for Nash
Equilibrium », Working Paper, n°91-042, Harvard
Business School.
* 83 - Comme bernard
WALLISER
* 84 - David KREPS ( KREPS
D. (1999), op. cit ) avait exprimé différemment cette idée
en disant : « ...dans certains jeux où il existe une
multiplicité d'équilibres, les joueurs
« savent » néanmoins comment se comporter. Ce savoir
provient à la fois d'expériences passées directement
utilisables et de connaissances sur la façon dont les individus agissent
en général. » p 89.
* 85 - DE WOLF O.
(1998), « Fondements des concepts de solution en théorie
des jeux », Annales d'économie et de statistique, N°51, p
2.
* 86 - WALLISER B. (2002),
op. cit, p 694.
* 87 - SCHOTTER A.,
SCHWODIAUER G. (1981), op. cit, p 487.
* 88 - Les termes Noyau et
Coeur sont utilisés dorénavant comme synonymes.
* 89 - EDGEWORTH Y. F.
(1991), Mathematical psychics : an assay on the application of mathematics
to moral sciences, Kegan Paul,
London.
* 90 - SHUBIK M. ( 1959),
Stratégie et structure de marché , New York: Wiley, 1959.
Edition française (1964), Dunod, Paris.
* 91 - DEBREU G., SCARF H.
(1966), « théorème de limite sur le coeur d'une
économie », Techniques Economiques Modernes, N°5,
GAUTTIER - VILLARS, Paris, p 19-33.
* 92 - le caractère
gras et le soulignement est le notre.
* 93 - SHUBIK M. (1991),
Théorie des jeux et sciences sociales, Economica, traduit par Bernard
GUERRIEN, Nicolas PONTY et Raoul
SALOMON, p 399- 400.
* 94 - Lorsque les trois
hypothèses suivantes :
- Insatiabilité ;
- Convexité forte des
préférences ;
- Continuité des préférences.
sont respectées par la fonction de
préférence.
* 95 - Voir LAKHDAR B.
(1985), op. cit. p. 86 pour la démonstration.
* 96 - SHUBIK M. (1991),
op. cit p 401.
* 97 - voir : -
SHAPLEY L., SHUBIK M. (1967), « Concepts and theories of pure
competition », dans « Essays in mathematical
economics in honour of Oskar MORGENSTERN, édité par Martin
SHUBIK, Princeton University Press, Princeton, p 63-79.
- SHAPLEY L., SHUBIK M.
(1969), « On market games », Journal of Economic
Theory, Juin, p.9-25.
* 98 - GARICANO L. (2000),
op. cit p 15.
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