UNIVERSITE CADI AYYAD DE MARRAKECH
FACULTE DES SCIENCES JURIDIQUES
ECONOMIQUES ET SOCIALES
ÉCONOMIE EXPÉRIMENTALE ET THÉORIE
DES JEUX
MEMOIRE POUR L'OBTENTION DU DIPLOME DES
ETUDES SUPERIEURES
APPROFONDIES EN SCIENCES ECONOMIQUES
Option : Théorie Economique et Techniques
Quantitatives
Présenté et soutenu par :
ADIL FERTAH
JURY
PRESIDENT : Mr. BACHIR. S. I.
LAKHDAR
PROFESSEUR A L'UNIVERSITE DE MARRAKECH
SUFFRAGANTS :
Mr.
Mohamed ABDAÏMI
PROFESSEUR A L'UNIVERSITE DE MARRAKECH
Mr. Mohamed
BOUGROUM
PROFESSEUR A L'UNIVERSITE DE MARRAKECH
SEPTEMBRE 2003
SOMMAIRE
INTRODUCTION
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CHAPITRE I : L'ÉCONOMIE EN LABORATOIRE
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SECTION I : APERÇU SUR L'ÉCONOMIE
EXPÉRIMENTALE
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1-1- DÉFINITION
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1-2- LA MÉTHODE EXPÉRIMENTALE
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1-3- LA BONNE EXPÉRIENCE
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1-4- CHAMP D'APPLICATION
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SECTION 2- LE RECOURS EN LABORATOIRE : RAISONS ET
OBJECTIONS
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2-1- LES RAISONS DU RECOURS A
L'EXPERIMENTATION
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2-2- LES CRITIQUES ADRESSÉES À
L'EXPÉRIMENTATION
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CONCLUSION
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CHAPITRE II THÉORIE DES JEUX ET MODÉLISATION DES
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INTERRACTIONS INTERINDIVIDUELLES
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SECTION I. BREF APERÇU SUR LA THÉORIE DES JEUX :
NOTIONS DE BASE
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1-1- THÉORIE DES JEUX : OBJET
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1-2 - DÉFINITION D'UN JEU
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1-3- FORMALISATION GÉNÉRALE DES JEUX
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1-4- TYPOLOGIES DES JEUX
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SECTION-2- FORMALISATION ET ANALYSE DES JEUX NON COOPÉRATIFS
ET
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DES JEUX COOPÉRATIFS
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2-1-LES JEUX NON COOPÉRATIFS
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2-2-LES JEUX COOPÉRATIFS
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2-3- CONCEPTS DE SOLUTION
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CONCLUSION
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CHAPITRE III : LA THÉORIE DES JEUX AU LABORATOIRE
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SECTION I : RAPPROCHEMENT ENTRE LA THÉORIE DES JEUX
ET
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L'ÉCONOMIE EXPÉRIMENTALE
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1-1 DE LA THÉORIE DES JEUX À
L'EXPÉRIMENTATION :
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APERÇUS HISTORIQUES ET
MÉTHODOLOGIQUES
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1-2- L'INTUITION DERRIÈRE LE
RAPPROCHEMENT ENTRE LA
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THÉORIE DES JEUX ET
L'EXPÉRIMENTATION
|
SECTION II- LES JEUX EXPÉRIMENTAUX : UNE DISCUSSION DE
CAS
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2-1- JEUX À DEUX JOUEURS ET À
SOMME NON NULLE : UNE ÉTUDE
EXPÉRIMENTALE
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2-2 : LE FINANCEMENT D'UN BIEN PUBLIC ENTRE
L'OPTIMALITÉ
|
ET LA RECHERCHE D'EQUILIBRE : UNE
ÉTUDE EXPÉRIMENTALE
|
CONCLUSION
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CONCLUSION GENERALE
TABLE DES MATIÈRES
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BIBLIOGRAPHIE
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ANNEXES
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INTRODUCTION
Il y avait un temps où l'opinion
communément admise était que, parce que l'économie est une
science caractérisée par la complexité, naturellement des
expériences en laboratoires avaient peu à offrir aux
économistes. L'idée qui prévalait était que
l'économie, comme discipline, est une science de pensée et de
réflexion plus qu'une science d'observation, par conséquent, on
croyait que les problèmes économiques peuvent être compris
et résolus seulement en pensant à eux. Cependant, l'essor et le
développement des techniques expérimentales ont contribué
grandement au changement de cette façon de voire les choses. Ainsi,
selon les termes de V SMITH1(*), en élaborant des expériences en
laboratoire, nous pouvons rapidement nous apercevoir qu'un nombre important de
résultats expérimentaux peuvent être
répliqués par nous même et par d'autres. la
conséquence, donc, est que la théorie économique sera de
ce fait construite d'un ensemble de concepts et de propositions capable
d'être, à n'importe quel moment et par n'importe qui,
testée prouvant ainsi leur validité ou leur rejet. Le propos des
techniques expérimentales ne s'arrête pas à ce stade, elles
deviennent aussi un outil bien établi pour la prédiction2(*) de nouvelles observations.
Cette transformation peut être expliquée par
plusieurs raisons : Premièrement, comme la plupart des autres
sciences, l'économie est considérée comme une science
d'observation, les théories économiques sont conçues pour
expliquer les activités de marchés. Toutefois, si les
économistes ont développé un ensemble sophistiqué
de modèles, leur capacité prédictive reste, jusqu'à
présent, souvent en retrait. C'est, donc, pour pallier à cette
insuffisance que les économistes ont adressé plus d'attention aux
expériences en laboratoires. La deuxième raison est celle due au
besoin accru des méthodes expérimentales dans les études
de comportement du choix individuel. Comme les économistes se sont
concentrés sur les théories microéconomiques qui
dépendent des préférences des individus et du fait que
celles-ci sont difficilement observables dans des environnements naturels, les
économistes sont, en quelque sorte, devenu obliger de compter sur le
laboratoire pour voir si les suppositions faites sur les individus
étaient en fait descriptives de leur comportement effectif3(*). L'expérimentation permet
par exemple de fournir des données relatives aux croyances, à
l'aversion au risque, à l'apprentissage, alors que ces mêmes
éléments ne sont pas en général accessibles sous
leur forme naturelle4(*) (ni
peuvent être produits par d'autres techniques). En plus l'environnement
et l'institution qui caractérisent un protocole expérimental,
non seulement ils garantissent le fait que les données produites n'ont
pu être affectées par des chocs externes non pertinents, mais
surtout il est possible d'effectuer plusieurs traitements expérimentaux
selon que certains paramètres sont susceptibles d'affecter la prise de
décision et les interactions stratégiques entre les individus.
De plus, la publication en 1944, par VON NEUMANN et
MORGENSTERN5(*) de leur
ouvrage célèbre « Théorie des Jeux et Comportement
Economique » a accéléré l'intérêt
dans l'expérimentation puisque la théorie utilitaire qu'il ont
présenté a ouvert la voie aux expérimentations
concernées par le choix individuel. En effet, une vague d'essais
expérimentaux dans le domaine économique à
été lancé, au moins depuis L.L. THURSTONE (1931)6(*) considéré par A.
E. ROTH7(*) un des premiers
expérimentateurs en économie. Il a employé des techniques
expérimentales communes dans la psychologie pour examiner si la
représentation de la courbe d'indifférence des
préférences pouvait avec cohérence organiser les choix
des individus.
En effet, le principal objectif des travaux
expérimentaux est définir le domaine de validité, la
pertinence et la robustesse des prédictions de modèles
économiques formels tout en leur offrant une assise empirique.
Les dernieres oeuvres qui peuvent être cité dans
ce domaine sont celles de D. DAVIS et C. HOLT (1993)8(*), A ROTH et J.H. KAGEL
(1995)9(*), T.C. BERGSTROM
et J H. MILLER (1997)1(*)0
et enfin les travaux de V L. SMITH titulaire du dernier Prix Nobel (2002).
Dans le but de mettre en lumière l'importance de
cette méthode, notre travail a pour objectif d'évaluer
l'intérêt scientifique, méthodologique et empirique du
recours aux méthodes de l'économie expérimentale surtout
dans le domaine de la théorie des jeux.
Cette évaluation consiste
précisément à réaliser une revue sélective
de la littérature sur le thème « théorie des
jeux et économie expérimentale ». Ceci permettra de
discuter des caractéristiques propres de la méthode
expérimentale en économie « Quel est son projet ?
Quel est son champ d'utilisation ? ». Notamment, Nous montrerons -
à travers des exemples de jeux expérimentaux-
l'intérêt de l'économie expérimentale comme
méthode de production de données comportementales comparativement
aux méthodes habituellement utilisées en théorie des jeux.
D'autre part, cette revue permet de montrer la richesse des
développements théoriques permis par l'économie
expérimentale.
Ce travail est organisé de la façon
suivante : Dans le premier chapitre nous présenterons
l'économie expérimentale comme domaine de recherche bien
établi. Dans un deuxième chapitre nous rappellerons (sans
être exhaustif) les concepts de base de la théorie des jeux. Nous
terminerons enfin avec le chapitre consacré à la mise en valeur
du rapprochement entre la théorie des jeux et le laboratoire
économique. Nous illustrons ce fait à travers les
résultats de deux jeux expérimentaux.
CHAPITRE I : L'économie en laboratoire
L'idée prévalant il y a pas mal de
décennies est que l'économie n'est pas une science
expérimentale, et la plupart des économistes étaient
convaincus que les expériences en laboratoire avaient peu à
offrir aux économistes. LEMIEUX1(*) a exprimé cette idée en disant que
c'est cette impossibilité de l'expérimentation empirique qui
distinguait les sciences sociales des sciences exactes. On n'arrivait plus
à concevoir la possibilité de contrôler des conditions
expérimentales dans une société humaine complexe c'est
à dire que le fait de répliquer toute la complexité du
monde pour tester une politique macroéconomique en laboratoire
était certes impossible2(*).
Aujourd'hui l'économie expérimentale est devenue
un outil bien établi pour la recherche économique. On ira
même jusqu'à dire que c'était un chemin indispensable
à suivre pour arriver, actuellement, au (début du) stade de
l'ingeneering microéconomique3(*).
ROTH (1991), en essayant de spéculer sur l'avenir de
l'économie expérimentale, stipule qu' « il y a
beaucoup de questions pour lesquelles l'expérimentation en laboratoire
constituera la voie la plus directe pour tester la théorie et pour
examiner les effets des variables qui sont difficiles à mesurer et
à contrôler par n'importe quelle autre
méthode »4(*).
En d'autres termes, la voie expérimentale nous
permettra de répondre à la question suivante :
Comment peut-on, à travers l'utilisation du laboratoire
économique, valider ou non une théorie économique.
Cependant, avant d'aborder cette étape du travail, une remise en
lumière de cette méthode s'impose. Ceci constituera l'objectif de
ce premier chapitre où on essayera, dans un premier temps (Section I),
de définir ce que l'on veut dire par l'expérimentation de la
théorie, le deuxième point ( section II) se focalisera sur les
différentes raisons qui ont conduit les économistes à
suivre cette voie de recherche ainsi que les objections adressées
à l'encontre de l'expérimentation.
Section I : Aperçu sur l'économie
EXPÉRIMENTALE
1-1- Définition
Selon O. BOISSIN et B. RUFFIEUX5(*), « l'économie
expérimentale peut ainsi se définir comme l'activité de
création, dans un cadre contrôlé par le chercheur, de
situations économiques réelles impliquant des participants ( dans
la plupart du temps des étudiants motivés par des
récompenses monétaires) de façon à pouvoir observer
leurs comportements économiques ».
De cette manière, le fait que l'économie est
mise en laboratoire permet de tester, de valider, ainsi que de faire
apparaître des régularités empiriques dans des situations
économiques encore mal théorisées.
Pour V. L. SMITH6(*)-7(*), il s'agit en fait de l'application des
méthodes de laboratoire pour l'étude du comportement
économique d'un certain nombre de sujets motivés par des
règles explicites ou implicites. Les règles explicites peuvent
être définies par une séquence de mouvements
contrôlés par l'expérimentateur. Les règles
implicites sont les normes, les traditions et les habitudes que les gens
(sujets) apportent avec eux au laboratoire comme partie de leur héritage
culturel et biologique : elles ne sont pas normalement
contrôlées par l'expérimentateur.
A coté de ce rôle pratique et dans un but
pédagogique, l'expérimentation permet, à tout le moins, de
démontrer aux étudiants la vraisemblance des
théorèmes économiques élémentaires8(*). Elle constitue par ceci un
outil performant d'enseignement, car en impliquant directement les
étudiants dans des situations économiques réelles, cette
méthode permet une initiation aux modèles d'interactions
interindividuelles, à la décision individuelle dans un
environnement incertain, aux mécanismes des marchés et de la
concurrence.
1 - 2 - La méthode expérimentale
L'expérience économique, dans le but de
création de situations économiques réelles, doit
satisfaire à un certain nombre de principes très strictes. Il
s'agit de préciser, selon Vernon L. SMITH9(*) (1982) que chaque expérience en tant que
système microéconomique ( artificiel) est constituée par
un environnement qui « désigne l'ensemble des
caractéristiques de tous les agents : les goûts et la
technologie qui sont représentés respectivement par les relations
de préférences ou les fonctions d'utilité et par les
dotations initiales [ en compétence et en ressources] et les fonctions
de coût et de production. A partir de ces éléments peuvent
être dégagées les fonctions de demande des consommateurs et
les fonctions d'offre des producteurs [ en général peuvent
être tirés les résultats associés qui motivent les
échanges entre les sujets] »* 1(*)0. Cet environnement est contrôlé en
utilisant un système de récompense monétaire afin de
révéler de véritables comportements économiques.
Ce système microéconomique définit aussi une
institution qui établit le langage de communication, en
général sous forme de messages qui révèlent des
offres, des seuils d'acceptation, des valeurs de réserves, et les
conditions sous lesquelles ces messages se transforment en engagement
irrévocable c'est à dire les règles du jeu
définissant les conditions dans lesquelles les messages et actions
deviennent des contrats et par conséquent des allocations. L'institution
peut soit mentionner, explicitement ou implicitement, l'ordre dans lequel les
offreurs et les demandeurs parlent et agissent, soit stipuler que ceux-ci sont
libres de parler et d'agir à leur guise. Enfin, les comportements
observés des participants dans l'expérimentation doivent se
déterminer en fonction de l'environnement et de l'institution qui
constituent les variables contrôlées.
Selon DELOCHE, cette définition en forme de triptyque
nous permet de parler de la fécondité de l'expérimentation
et de sa supériorité sur l'économétrie.
L'économiste-économétre ne contrôle aucun des trois
ingrédients qui entrent dans la composition d'un système
microéconomique ou d'une théorie.
L'économiste-expérimentateur du laboratoire peut créer et
contrôler les institutions en définissant à la fois les
messages (actions) à la disposition des agents et les règles du
jeu. L'économiste-expérimentateur du laboratoire peut
contrôler non seulement les institutions mais encore l'environnement. Il
peut donc vérifier les hypothèses de la théorie en ce qui
concerne le comportement des agents à la double condition de disposer
d'une théorie prenant en compte les institutions et d'utiliser un
système de rémunération des participants aux
expériences permettant de faire correspondre à chaque
résultat une valeur monétaire déterminée.
La première condition prouve selon SMITH1(*)1 que les
expérimentateurs et leurs recherches ont été fortement
influencés par la théories des institutions qui a commencé
à se développer au début des années 60, ceci
explique, selon DELOCHE, la solidité de l'union de la théorie des
jeux et de l'économie expérimentale par l'importance que toutes
les deux accordent aux institutions.
DELOCHE trouve dans la deuxième condition une mise en
oeuvre, par les expérimentateurs, de la théorie de la valeur
induite qui est constituée par cinq principes :
Insatiabilité ; proéminence ; dominance ;
secret et parallélisme. Les deux premiers principes -
insatiabilité et proéminence - sont suffisants pour qu'une
économie expérimentale existe puisqu'ils assurent
respectivement que l'utilité de chaque agent soit une fonction connue de
ses actions et de celles des autres agents. Pour qu'une économie
expérimentale contrôlée existe, les deux
principes suivants - dominance et secret - doivent en outre
être respectés. La dominance assure que, pour chaque agent, la
récompense qu'il est susceptible d'obtenir pour avoir participer
à l'expérience est le seul mobile , la seule raison significative
de ses actes : les coûts et avantages (de penser, de calculer,
d'agir) non monétaires de ceux-ci ne peuvent jouer qu'un rôle
négligeable. Le secret, c'est à dire le fait que, au cours d'une
expérience, chaque participant n'est informé que de ses propres
dotations et récompenses, garantit l'autonomie de chaque agent. Joints
aux deux premiers principes d'insatiabilité et de proéminence,
la dominance et le secret certifient donc l'aptitude des données
expérimentales à permettre des inférences de laboratoire,
le cinquième et dernier principe - le parallélisme - doit, de
plus, être satisfait au mieux. Le degré de réalisation de
cette exigence mesure en effet l'ampleur de la ressemblance entre
l'environnement du laboratoire et celui du monde réel. Le
parallélisme assure donc que des propositions concernant le comportement
des agents et les performances des institutions qui ont été
vérifiées en laboratoire sont de même valables dans une
économie réelle à l'image de celle construite par
l'expérimentateur.
Revenons à la définition avancée au
dessus du système microéconomique en forme de triptyque,
SMITH1(*)2 affirme, en
adoptant cette conception, que l'économie expérimentale a
découvert que les institutions importent parce que les règles ou
les normes importent et les règles importent parce que les motivations
importent. Mais les motivations auxquelles les gens répondent ne sont
pas, parfois, celle espérées par la théorie
économique. Ces contradictions
fournissent des indices précieux sur l'importance du
rôle joué par les règles implicites1(*)3 suivies par les gens, ce qui
ouvre la voie, à l'examen en laboratoire, de nouvelles hypothèses
théoriques.
RULLIÈRE1(*)4 ajoute que le respect de cette définition en
forme de triptyque du système microéconomique implique que les
décisions soient prises de manière anonyme( par le cloisonnement
des postes informatiques), dans un temps réduit afin d'éviter la
fatigue ou la lassitude. En outre, pour un même protocole
expérimental, les sessions doivent être rapprochées de
façon à éviter des fuites d'information entre les sujets
potentiels.
Par ailleurs, RULLIÈRE avance que outre l'anonymat les
expérimentations tendent à devenir le plus souvent
décontextualisées. Il illustre cette idée en affirmant
que la meilleure façon d'apprécier le rôle joué par
la mémoire, l'histoire, le passé des acteurs, du poids et de la
nature de leurs relations sociales et des institutions dans lesquelles la vie
économiques et sociale se déroule, consiste
précisément à organiser les interactions
économiques en neutralisant ces effets de contexte.
D'un autre coté, et en essayant d'appliquer la
démarche expérimentale à l'économie, les
expérimentalistes ont rencontré un problème technique qui
est apparu à première vue comme difficile à
évacuer. Il s'agit en effet de la représentation théorique
de la structure des préférences. Normalement, dans la
modélisation microéconomique. Cette représentation
correspond de manière standard à la définition d'une
fonction d'utilité. Cependant, dans le contexte expérimental,
cette correspondance ne peut être établie. En effet,
l'appréciation psychologique des plaisirs et des peines revêt, par
nature, un caractère personnel propre à chaque sujet (
idiosyncrasique ).
SMITH a contourné cet obstacle en proposant en
19761(*)5 la
méthode dite de la valeur induite. Par exemple, supposant que l'on
souhaite qu'un participant à une expérience révèle
sa fonction de demande D pour un certain bien
homogène. Ne connaissant pas directement sa fonction d'utilité
U(.), pour tout prix unitaire donné, on va lui demander
d'exprimer la quantité désirée, q= D(
p) ; pour cela, il suffit de construire dans le protocole
expérimental une fonction de rémunération du sujet
R(.) qui lui permette de gagner une somme monétaire
équivalente à R(.) - pq.
En supposant que le participant se comporte comme si sa
fonction d'utilité était monotone, croissante et concave, et
comme le participant doit choisir q tel que R'(q) = p,
on obtient alors : D (p) = q = (R')-1
( p ) et avec
U [ R(q) D P.q] . [ R'(q) - p ] = 0
Cette méthode est maintenant couramment utilisée
pour réduire un modèle microéconomique à un
protocole expérimental.
Ce problème ainsi évité, nous pouvons
dire qu'aujourd'hui les données une fois recueillis peuvent faire
l'objet de traitements statistiques sophistiqués ( par rapport aux
premiers travaux expérimentaux) dans la mesure où
l'expérimentateur dispose actuellement d'un arsenal de technologie
informatique assez développé ainsi que des progrès
réalisés en économétrie des données
expérimentales ( en particulier l'économétrie des
données de panels). La mise à la disposition de ces nouveaux
instruments permet aussi de répondre à la nécessité
de répliquer et de répéter des protocoles
expérimentaux. En effet, souvent des anomalies par rapport aux
prédictions théoriques sont dues à l'absence totale de
phase d'apprentissage. Pour cela il est devenu exigeant de passer par une telle
phase surtout lorsqu'il s'agit d'un problème théorique
difficilement maîtrisable par les sujets.
1 - 3 - La bonne expérience
Qu'est ce qu'une bonne expérience ?
SMITH1(*)6 répond à cette question en affirmant
que ceci dépend de ce que nous voulons évaluer et explorer, ainsi
que de la manière avec laquelle nous abordons le sujet1(*)7. SMITH ajoute aussi qu'une
bonne expérience est celle qui contrôle les hypothèses
alternatives les plus plausibles capables d'expliquer ce qui est observé
et permet ainsi de distinguer entre elles. Ceci est dit, nous ajoutons que les
hypothèses alternatives dépendent des développements
récents dans la théorie, dans le laboratoire, ou dans le domaine.
Donc « une bonne expérience » est une
créature de son temps ( faisant du contrôle des hypothèses
attachées une affaire inutile dans des expériences future). C'est
pourquoi les expérimentalistes refusent de donner n'importe quelles
directives méthodologiques strictes, des axiomes, des préceptes
ou des règles précises. Et la bonne méthodologie
expérimentale dépend des questions pour lesquelles on cherche
à trouver une réponse à travers
l'expérimentation.
Abordant maintenant un autre point, à savoir celui du
contrôle par l'expérimentateur des préférences des
sujets en utilisant une récompense monétaire. Il y en a
différents points de vue : ROTH1(*)8 dans « Handbook of Experimental
Economics » a privilégié la voie libérale. Il a
été contre l'établissement d'une orthodoxie rigide
concernant la méthodologie des expériences. Il a affirmé
que si, par contre, l'expérience était conçue d'une
façon lilbérale (sans être contraingnée par
l'utilisation des récompenses monétaires)
telle qu'on peut adresser des questions d'un
intérêt particulier, les résultats expérimentaux
seront pleinement riches surtout s'ils ont été
répliqués par d'autres expérimentateurs, l'exigence d'une
récompense monétaire peut mener à l'abondance d'un nombre
important d'expériences surtout lors du manque de ressources
financières1(*)9.
Cette approche suit l'adage stipulant que le `` parfait'' peut devenir l'ennemi
du ` ``bon'' . Elle contrarie celle de BINMORE2(*)0 (1994) qui argumente qu'il
n'y a plus de crédibilité pour les expériences dans
lesquelles la performance des sujets n'est pas récompensée par
rapport à leurs coûts d'opportunité. En outre, BINMORE
affirme que l'expérimentateur ne doit pas se présenter durant
l'expérience et que « toute personne interagissant directement
avec les sujets ne doit pas avoir un intérêt personnel dans leurs
résultats »2(*)1.
1 - 4 - Champ d'application
Plusieurs raisons justifient le recours à la
méthode expérimentale ( voir section II) que ce soit en
économie ( notamment en microéconomie des risques et de la
décision individuelle dans un environnement incertain, en théorie
des jeux et en microéconomie de l'organisation industrielle ou la
théorie des marchés) ou en sciences de gestion ( notamment en
marketing, en finance, en assurance, en théorie de l'organisation et en
commerce électronique). L'utilisation de l'expérimentation dans
ces différents domaines est considérée comme un moyen de
production de données naturelles et de connaissance, qui est
complémentaire aux méthodes statistiques de tout ordre, aux
enquêtes et aux simulations.
Dans le domaine économique qui nous intéresse
ici, nous pouvons distinguer, comme l'a fait ROTH2(*)2, entre trois branches
essentielles dans lesquelles l'expérimentation a attiré plus
d'attention. Il s'agit en premier lieu des théories du choix individuel,
deuxièmement les théories des organisations industrielles et en
troisième lieu les théories des interactions comportementales. Il
faut noter ici que l'avènement des expériences dans ces
différents domaines a été fortement influencé
par la publication en 1944 du célèbre ouvrage de Von Neuman et
Morgenstern, « Theory of Game and Economic
Behavior »2(*)3.
1-4-1 Les théories du choix individuel
Jusqu'à présent, l'expérience2(*)4 de THURSTONE2(*)5 en 1931 (examen de la
vraisemblance de la théorie de l'utilité ordinaire), celle de
MOSTELLER et NOGEE en 1951 et celle de ALLAIS2(*)6 en 1953 ( qui établit quelques violations
dans la théorie classique du choix individuel2(*)7) restent les
références les plus importantes dans ce domaine. En outre
DAY2(*)8 affirme qu'il
faut, tout d'abord, associer à ce champ, qui s'intéresse à
la décision en incertitude, la conférence dont le thème
était « la conception des expériences sur les processus
de décision » déroulant en 1952 au « RAND
Corporation » à Santa Monica aux Etats Unis mettant ainsi en
contact des mathématiciens, des psychologues, des économistes et
des sociologues.
En général, ce genre d'expérience a pour
objectif : premièrement de faire des tests des prédictions
de la théorie du comportement rationnel et deuxièmement essayer
d'expliquer et de faire des investigations concernant les
régularités non prédites.
Mais, il y a différentes formulations du comportement
rationnel qui influencent à leur tour la conception des
expériences. Parmi ces différentes
formulations de la rationalité on peut citer : le
comportement maximisateur, la maximisation de l'utilité ordinaire, la
maximisation de l'utilité espérée et la maximisation de
l'utilité espérée subjective.
Il faut noter ici que dans ce domaine, les expériences
sont dans la plupart des cas simples. Souvent, il s'agit, seulement de poser
des questions sur certains choix hypothétiques2(*)9. Mais l'interprétation
de ces choix observés ont des implications économiques
très importantes. Parfois, et surtout pour les théories du choix
basées sur les préférences, on essaye d'étudier les
effets de présentation des décisions, puisque le choix entre deux
alternatives peut dépendre de la façon avec laquelle la
décision est présentée ou formulée ( ce
genre d'études sont faites actuellement d'une manière importante
dans des domaines tels que la communication des décisions publiques, le
marketing).
Pour bien montrer ce point prenons, l'exemple de deux
expériences développées par KAHNEMAN et TVERSKY (1979).
Les décisions à prendre dans les deux expériences sont les
mêmes, mais la façon avec laquelle elles sont
présentées sont différentes.
Expérience 1 : Imaginez que vous avez
décidé de voir un spectacle pour lequel le prix d'entrée
est de 10 Dh. En entrant au théâtre vous découvrez la perte
du billet à 10 Dh. Etes-vous prêt à payer 10 Dh pour le
ticket du spectacle.
Résultat : Oui : 88
% NON : 12 %
Expérience 2 : Imaginez que vous avez
décidé de voir un spectacle pour lequel vous avez payé 10
Dh pour le ticket d'entrée. En entrant au théâtre vous avez
découvert la perte de votre ticket en sachant que ce dernier ne peut
être remboursé. Etes-vous encore prêt à payer 10 Dh
pour un autre ticket.
Résultat : Oui : 46 %
NON : 54 %
N.B : le nombre de sujets enquêtés est 62
étudiants de collège.3(*)0
On remarque donc que malgré que la décision
à prendre dans les deux expériences soit la même, la
façon de sa présentation a un effet important sur les
résultats des expériences.
1-4-2 La théorie de l'organisation industrielle
des
marchés.
Dans ce domaine on a eu recours à l'expérimentation
depuis les années cinquante du siècle dernier. Cependant, les
travaux de CHAMBERLIN3(*)1
(en 1948), de FOURAKER et SIEGEL3(*)2 (en 1960) et précisément de Vernon L
SMITH sont à la base de presque tous les travaux contemporains.
CHAMBERLIN est considéré comme le
précurseur de l'économie expérimentale grâce
à sa contribution de 1948, dans laquelle il cherche à tester un
modèle de la concurrence parfaite3(*)3 entre les agents rationnels. Les résultats de
cette première tentative étaient peu concluants, ce qui à
poussé SMITH3(*)4
après, à reproduire ce travail mais en modifiant
l'expérience originelle de CHAMBERLIN. Cette contribution donnera
très vite à SMITH le statut de fondateur de l'économie
expérimentale. Selon RULLIERE3(*)5, cette expérimentation reste à ce jour
exemplaire sur au mois deux plans : d'un coté SMITH parvient
à un résultat d'une grande élégance et d'un autre
coté, il ouvre la voie à de nombreuses recherches en
précisant les premiers éléments fondamentaux de la
méthode expérimentale en économie.
SMITH organise un marché3(*)6 en répartissant de manière
aléatoire des sujets entre des acheteurs et des offreurs d'un seul bien
pour lequel chacun se voit attribuer un valeur de réserve. Alors que
chacun des sujets ne disposent pas de l'information pour calculer
l'équilibre du marché, il parvient par cette méthode
à mettre en évidence une convergence réelle vers le prix
d'équilibre théorique et donc prouver l'efficience du
marché.
En portant jugement sur ces travaux pionniers ( CHAMBERLIN (
1948) et SMITH (1962))3(*)7, NOUSSAIR et RUFFIEUX3(*)8 affirment que ceux-ci portaient sur la
vérification empirique de l'hypothèse fondamentale des
modèles de la microéconomie des marchés, hypothèses
selon laquelle la concurrence est efficace, l'efficacité était
définie ici comme la réalisation de tout le surplus potentiel
dans l'échange, autrement dit la maximisation de la valeur
créée dans les échanges. Ces travaux entendaient explorer
les conditions concrètes dans lesquelles les prix de marchés
étaient stables et les quantités échangées
correspondaient aux niveaux attendus par la théorie concurrentielle. Si
les travaux de CHAMBERLIN (1948), utilisant des procédures
d'échange décentralisées, ne furent pas concluants, ceux
de SMITH (1962), utilisant les règles de la double enchère orale
continue, montraient qu'il était possible de faire converger les prix et
les quantités échangées d'une économie à
marché unique vers l'équilibre concurrentiel.
Ce résultat était capital : il montrait que
les propriétés d'optimalité d'un équilibre
concurrentiel théorique, obtenu avec les comportements
hypothétiques de l'Homo economicus pouvaient être obtenues, avec
un environnement et des institutions adéquates, avec des Homo Sapiens,
en l'occurrence avec des étudiants. Néanmoins, cette
efficacité n'était justifiée que pour des marchés
de biens et services non financiers. En essayant de faire pareil pour les
marchés d'actifs3(*)9, les expérimentalistes se sont convaincus que
ceux-ci étaient loin d'avoir les mêmes propriétés
d'efficacité que les marchés non financiers.
NOUSSAIR et RUFFIEUX affirment que si on accepte que, pour un
marché financier, l'efficacité est définie comme
l'aptitude à révéler la valeur fondamentale des actifs
échangés, il est en effet saisissant que les prix
constatés sur un marché financier de laboratoire n'ont pas
tendance à converger vers cette valeur fondamentale, même lorsque
celui-ci est obtenu de tous les participants et que l'information est
commune.
Tout au long de presque 60 ans, les expérimentalistes
des marchés ont réussit à construire une nouvelle
méthode d'investigation des phénomènes liés
à la théorie des organisations et des marchés, cette
méthode a permis de trouver des réponses, auparavant impossibles
ou difficiles à trouver, a des questions telles que : comment
considérer par exemple l'hypothèse selon laquelle, sur un
marché particulier de l'emploi, des considérations de
bienveillance ou d'équité sont déterminantes dans la
formation du salaire ?4(*)0
L'idée pour tous ces auteurs, consiste donc à
inverser la démarche scientifique : on reproduit artificiellement
un contexte économique (un marché oligopolique, monopolique,
concurrentiel,...etc) dans un laboratoire avec de vraie participants (des
acheteurs et des vendeurs) et des transactions monétaires
réelles4(*)1. Cette
méthode a le mérite d'isoler certaines variables constituants
l'objet d'étude et par conséquent d'en considérer la
pertinence. Ceci a permis de mettre en évidence le rôle crucial
des institutions qui définissent un marché. Cette conclusion,
selon RULLIERE, a eu un impact important sur le choix par exemple des
mécanismes marchands de privatisation des services collectifs4(*)2 comme
l'électricité et l'eau.
Enfin, et afin de résumer en quelques mots ce qu'a
apporté le laboratoire à la recherche scientifique dans le
domaine de l'organisation industrielle, on atteste la citation suivante :
« Nous avons fait nos observations dans des conditions
contrôlées,... Dans l'utilisation du laboratoire plutôt que
le recours direct au champ, nous avons été capables d'isoler les
phénomènes d'intérêt à la recherche .... Nous
avons utilisé la méthode expérimentale, c'est à
dire que nous avons manipulé certaines variables et avons observé
les effets de variations de celles-ci sur certaines autres variables. En
recourant, donc, a cette méthode, nous manifestons que la
quantité d'information disponible à un commerçant et son
niveau d'assimilation sont des déterminants significatifs des contrats (
prix-quantité) qui seront atteints. Nous déclarons que seulement
la méthode expérimentale pourrait avoir démontrer
l'influence et l'importance de ces déterminants ». ( SIEGEL et
FOURAKER (1960)).4(*)3
1-4-3- La théorie des interactions
comportementales
Il y a dans notre vie réelle beaucoup de contextes
économiques où les interactions des agents revêtent un
caractère stratégique. L'articulation des politiques de relance
de deux pays interdépendants, la politique de prix d'un monopole qui
fait face à une menace d'entrée, la proposition de prix pour un
marché public sont tout aussi des situations d'interaction
stratégique où les choix
des autres agents influencent explicitement les gains de
chaque agent.
Ces situations sont relativement complexes à analyser
et seul le développement de la théorie des Jeux nous a
permis de comprendre leur
fonctionnement. Nous présenterions dans le
deuxième chapitre (sans être exhaustif) les différents
concepts développés par ce champ de l'analyse
économique.
Section II- Le recours au laboratoire : Raisons et
Objections.
2-1-Les raisons du recours à
l'expérimentation
Plusieurs raisons ont été avancées par
les économistes ( quelque soit leur domaine d'activité) pour
justifier le recours à l'expérimentation. la plupart de ces
raisons ont été citées auparavant, mais nous essayerons
dans ce point de les rassembler. Nous empruntons pour ceci la classification
avancée par V SMITH4(*)4 qui a essayé d'énumérer les
différentes raisons citées dans la littérature
économique, et il a réussi a en trouver sept.
2-1-1 Tester la théorie ou discriminer entre les
théories
Cette motivation vient précisément des
théoriciens des jeux. On teste la théorie en comparant son
message ou ses implications en terme des résultats avec les observations
expérimentales. Plus les prédictions théoriques heurtent
(ou sont proche de) ce qui est observé plus la théorie est
bonne.
2-1-2 Déterminer les causes d'échec d'une
théorie
Lorsque les observations issu de l'expérience
n'arrivent pas à se conformer avec les implications théoriques,
la première chose à faire est de réexaminer la
manière avec laquelle l'expérience est conçue et s'assurer
qu'il s'agit bien d'une incapacité de la théorie à
prédire les comportements des expérimentés et non pas
d'une erreur de conception ( environnement non adéquat, non respect des
règles du jeu, etc). On essayera donc de répliquer
l'expérience et de voire si l'échec est sûr. L'échec
de la théorie à prédire les comportement pousse aussi
bien les théoriciens que les expérimentalistes à
consentir des efforts supplémentaires pour découvrir les causes,
ainsi que chercher de nouvelles suggestions théoriques.
2-1-3 Etablir des régularités empiriques
pour de nouvelles théories.
Nous pouvons concevoir de nouvelles théories soit
(comme précédemment ) à cause de la mise en doute de la
prédictibilité d'une certaine théorie, ce qui impose la
recherche d'un substitut, soit à travers le contrôle (au sein du
laboratoire) par le théoricien-expérimentateur, de certaines
variables difficilement observables et traitables à travers le seul
travail théorique. Dans ce dernier cas, de nouvelles théories, de
plus en plus proches de la réalité humaine, peuvent être
élaborées.
2-1-4 Comparer les environnements
La comparaison des expériences ayant des environnements
différents mais en utilisant la même institution peut nous
renseigner sur la robustesse de cette institution, ainsi que sur les conditions
sous lesquelles cette institution ne tient pas (déterminant par ceci les
limites de cette institution).
2-1-5 Comparer les institutions
Dans le cas contraire, si, en utilisant le même
environnement, la comparaison des institutions différentes (par exemple
en changeant les règles d'échange dans un marché
quelconque) permet de tirer des conclusions en ce qui concerne les
propriétés de chaque institution et les effets de ces
dernières sur la détermination des issues des jeux
expérimentaux.
2-1-6 Evaluer les politiques
économiques
Alors que le décideur se trouve face à un grand
nombre d'options, il serait souhaitable qu'il puisse les tester et
procéder à des allers-retours entre la paramétrisation de
son modèle de décision et l'expérimentation. Or le
laboratoire offre la possibilité de tester l'efficacité relative
de politiques privées ou publiques alternatives, ou d'évaluer
ex-post les éléments d'une décision, en réunissant
des éléments de preuve dans un débat.
2-1-7 Conception de nouveaux designs
institutionnels
Cette raison se déduit de la précédente.
En évaluant ex-post les éléments d'une décision, la
laboratoire permet de pré-évaluer de nouvelles politiques et de
nouveaux designs institutionnels sans avoir à subir les coûts
sociaux ou privés associés à leur mise en oeuvre
réelle.
2-2- Les critiques adressées à
l'expérimentation
N'importe quelle méthode d'investigation a des limites
et les économistes réussissent toujours à trouver des
objections à l'encontre de ces différentes méthodes
d'investigation et le laboratoire économique ne se présente pas
à cet égard, comme exceptionnel. Les économistes ont
réussi à relever certaines faiblesses de la méthode
expérimentale dont les principales sont énumérées
par Bertrand MUNIER4(*)5
qui a essayé d'apporter à ces objections les réactions et
les réponses des expérimentalistes.
2-2-1- Les situations réelles sont plus
complexes que les situations du laboratoire.
Sachant ceci, il est impossible de produire à partir du
laboratoire des connaissances applicables aux situations réelles. Ce qui
nous amène à affirmer que, par exemple, les marchés
expérimentaux ne sont pas pertinents parce que les économies
construites au laboratoire ont des structures beaucoup plus simples que celles
qu'on trouve dans la réalité du terrain et qui sont celles qui
nous intéressent en dernier ressort.
Cette critique est formulée d'une autre manière
par COLMAN4(*)6. En effet
depuis la naissance de l'économie expérimentale, un groupe de
commentateurs a émergé exprimant ses doutes à
l'égard de ce qu'ils appelaient « la validité
écologique » des jeux (du laboratoire) expérimentaux
(expérimental). « La validité
écologique » est un sujet sur lequel s'est
déroulé un débat chaleureux entre sociologues et
psychologues (surtout durant les années 70) et il exprime l'idée
que les résultats expérimentaux peuvent être
généralisés au monde réel naturel. A cette
égard, il est à distinguer entre « validité
interne » (le champ pour lequel, les conclusions de
l'expérience sont vraies sous certaines conditions d'environnement et
d'institution particulières) et la « validité
externe » (l'état où les conclusions sont
généralisées aux situations réelles). Les
expériences expérimentales, à cause de leur nature
abstraite et fortement artificielle, restent particulièrement
vulnérables aux critiques qui portent sur leur
« validité écologique ». On atteste à
ce sujet les paroles de HAMBERGER : «Lorsque les gens sont mis dans
une situation artificielle simple, on peut affirmer qu'ils se comporteront
conformément à cette situation, de ce fait, cela ne
révèle aucune information sur la manière avec laquelle ils
se comporteront dans des vraies situations complexes »4(*)7.
COLMAN4(*)8 pense que c'est cette difficulté de prouver
la validité écologique des expériences économiques
qui explique le manque d'intérêt et la pénurie des travaux
dans ce domaine durant les décennies 50, 60, 70. C'est pour cela qu'on
trouve aussi, qu'il y a de rares tentatives de comparaison entre les
comportements dans un environnement expérimental et ceux observés
en réalité. WRIGHTSMAN, O'CONNOR et BAKER en essayant
d'établir une revue séléctive des travaux
expérimentaux effectués jusqu'alors exprime leur surprise
à l'égard de la rareté des travaux de ce genre en
disant : « ce qui nous a supris le plus, tout au long de notre
recherche, c'est qu'il n'y avait aucune étude dont l'objectif
était la comparaison entre le comportement au sein du laboratoire et
celui dans les différentes situations du monde réel.
Malgré que les manipulations au laboratoire permettent une meilleure
évaluation du monde artificiel, la comparaison entre le comportement
dans ces différents états s'impose. ».4(*)9
La réponse à cette critique, selon les termes de
NOUSSAIR et RUFFIEUX5(*)0,
est que le propos de l'expérimentation n'est pas nécessairement
de reproduire la réalité que l'on trouve en dehors du
laboratoire. L'intention première des expérimentalistes est
d'évaluer les conditions dans lesquelles une théorie
économique est pertinente. En économie, les modèles
théoriques guident la structuration de la plupart des
expériences. En d'autres termes, la simplicité vient plutôt
de la théorie que de l'expérience et si on veut demander plus de
ressemblance par rapport à la réalité c'est aux
théoriciens de le faire et non plus aux expérimentalistes. Le
souci de l'expérimentation n'est donc plus de copier la
réalité mais créer une économie dont l'institution
et l'environnement copient ceux du modèle théorique, et c'est
cette possibilité de confrontation, des modèles théoriques
et des expériences ayant les mêmes environnements et les
mêmes institutions, qui permet de faire une comparaison directe des
résultats.
Dans le même sens TEDESCHI, SCHLENKER et BONOMA5(*)1 ont estimé que le
critère de « validité écologique » des
expérimentations en économie est inexistant et qu'aucune
généralisation n'est admise des résultats
expérimentaux vers le monde réel sans enquêtes et travaux (
a priori ) théoriques approfondies. En 1978, SCHLENKER et BONOMA5(*)2 ont essayé d'expliquer
ce jugement pris auparavant en mentionnant qu'il y a une réalité
à ne pas oublier, c'est que ce sont les considérations
théoriques qui déterminent notre jugement sur la
généralisation et la validité écologique des
résultats expérimentaux.
2-2-2- Le manque de motivation au sein du
laboratoire
Les sujets ne sont pas vraiment motivés dans le
laboratoire, c'est ce qui explique leur déviation par rapport au
modèles théoriques. La réponse à cette objection
est qu'il existe dans les protocoles « bien faits » des
techniques de motivation et d'incitation des sujets semblables à celles
qu'on trouve dans les modèles théoriques que l'on cherche
à tester. Les participants doivent avoir les mêmes incitations que
celles que le modèle suppose. Ceci est réalisé en
créant une économie entièrement monétaire,
où les valeurs et les coûts sont directement exprimés en
numéraires. Les participants sont rémunérés en
monnaie réelle, en fonction du montant du numéraire
détenu, qu'ils conservent à l'issu de l'expérience. Ces
montants ( en ECU)5(*)3
sont proportionnels à la valeur de la fonction objectif qui
résulte des décisions des sujets.
MUNIER avance une autre réponse à cette
objection. Il affirme que si les sujets expérimentés ne
répondaient pas en fonction d'une quelconque motivation dans
l'expérience et dans l'expérience seulement, leurs
réponses seraient distribuées au hasard et pour ce genre de
situations il existe des techniques permettant d'écarter de tels sujets
de l'échantillon. la répétition de l'expérience
à une distance de temps adéquate pour tester la stabilité
des réponses et recueillir les explications subséquentes des
sujets (le debriefing) est un exemple des techniques utilisées pour
faire face à ce genre d'obstacles.
2-2-3- La mal compréhension de la part des
sujets de la situation
étudiée.
Les sujets sont obligés de répondre
à une situation différente de leur
situation habituelle. La situation étudiée est,
dans la plupart des cas, ignorée ou mal comprise de la part des sujets.
S'ils avaient compris, leur réponses seraient plus proches de celles
des modèles théoriques.
NEMETH5(*)4 a expliqué cette idée en disant que le
comportement irrationnel apparent dans les jeux expérimentaux est
dû en grande partie à l'incompréhensibilité
même de la situation dans laquelle les sujets sont placés.
Pour répondre à cette objection, nous pouvons
dire que (comme on a déjà reproché à
l'expérimentation économique) l'économie du laboratoire
est souvent simplifiée et très loin de la complexité de la
réalité économique. Mais pour tenir compte de cette
objection, il est essentiel de savoir que les expérimentalistes
s'assurent toujours, par une pré-expérimentation brève,
que les sujets ont bien compris les questions. Par exemple au début
d'une expérience du marché, les sujets apprennent à
utiliser les institutions ( les règles de communication et
d'échange) et à se familiariser avec l'environnement de
l'expérience. Cette première phase d'apprentissage n'a pas
d'influence sur les résultats de l'expérience et elle n'est pas
prise en compte dans les gains des sujets.
2-2-4-La manipulation des sujets
L'objection stipule qu'on manipule les sujets et on leur fait
répondre ce que l'on veut. En répondant à cette objection,
MUNIER affirme que celle-ci ignore que des expériences telle que le
paradoxe d'ALLAIS ont été faite des centaines de fois par des
centaines d'expérimentateurs différents, ayant des objectifs
divers et des cultures différentes ( psychologues, ingénieurs,
civils, économistes, etc.), dans des pays et à des époques
différentes et en usant des variantes diverses du protocole, alors que
le résultat est étonnamment robuste. Serait-il envisageable que
tous ces expérimentateurs aient formé un complot ? et
pourquoi ? L'objection souligne que le protocole n'est pas
complètement neutre par rapport aux réponses obtenues. La
réponse à l'objection consiste à faire ce que l'on vient
d'évoquer : répliquer les expériences sous des
protocoles différents, des sujets différents, des
expérimentateurs différents.
A ces quatre critiques énumérées par
MUNIER, nous pouvons citer une autre avancée par COLMAN5(*)5. Celle-ci porte sur
l'incertitude qui touche la structure des paiements dans les expériences
économiques. Les expériences se présentent comme moyen de
prévoir les comportements des sujets en utilisant certaines
propriétés stratégiques spécifiques. A cet
égard, l'hypothèse qu'on se pose toujours est que les
préférences individuelles dépendent seulement des
récompenses monétaires. Mais il est tout à fait
raisonnable de croire que les préférences individuelles peuvent
être influencées par des facteurs autres que ceux supposés
dans les jeux expérimentaux d'où les expériences
actuellement utilisées pour tester des phénomènes
(humains) tel que la réciprocité, l'aversion à
l'inéquité ou à l'inégalité et la
confiance.
Conclusion :
Au cours de ce chapitre, nous avons essayé de donner
une idée générale sur ce qu'on entend par recherche
expérimentale, ainsi nous avons avancé plusieurs arguments
prouvant que l'économie expérimentale est un domaine de recherche
bien établi, surtout lorsqu'il s'agit de l'examen de l'effet des
variables qui sont difficiles à mesurer et à contrôler par
n'importe quelle autre méthode. En effet, nous avons montré que
la recherche expérimentale est un outil performant de la
production des données. Notre jugement s'est basé
premièrement sur la qualité des résultats attendus et
deuxièmement sur sa comparaison par rapport aux autres techniques de
production des données. Ainsi, notre définition du système
microéconomique, en tant qu'entité composée de trois
éléments à savoir l'institution, l'environnement et le
comportement des agents, nous a permis de porter jugement sur la
supériorité de l'outil expérimental par rapport aux autres
techniques. En effet, l'expérimentateur peut
contrôler aussi bien l'institution que l'environnement,
une chose qui est impossible par n'importe qu'elle autre outil. Cependant,
malgré cette supériorité, les éxperimentateurs sont
hostiles quant à l'unicité de cet outil pour la production des
données, ils admettent que chaque outil a ses avantages et qu'une
collaboration entre ces différentes techniques améliorera
certainement la qualité des résultats attendus. L'exemple que
nous pouvons avancer à cet égard est la naissance et le
développement de l' « économétrie des
données expérimentales », qui est
considérée comme le fruit d'une union entre la
modélisation économétrique et les techniques
expérimentales.
D'un autre côté, et s'agissant seulement de
l'économie, nous avons pu dégagé trois domaines
d'application pour lesquels la méthode expérimentale a
été bien établie. Il s'agit de la théorie du choix
individuel, la théorie de l'organisation industrielle des marchés
et la théorie des jeux bien que actuellement on constate, que dans la
plupart des études expérimentales, il y a une tendance vers
l'utilisation conjointe de plusieurs théories pour le traitement d'un
seul problème, l'exemple le plus fréquent est celui des jeux
expérimentaux dans lesquels la théorie des jeux est
utilisée comme langage pour la description de la structure des
marchés.
Dans un dernier point, nous avons pu découvrir que,
malgré tous les avantages que procure la méthode
expérimentale, il y a des faiblesses qui subsistes surtout celle
concernant le parallélisme des résultats expérimentaux
c'est à dire de degré de ressemblance entre l'environnement
expérimental et celui du monde réel.
Après avoir présenter l'économie
expérimentale comme domaine de recherche proprement dit, nous allons
nous intéresser au cours du chapitre suivant au développement des
différents concepts avancés par la théorie des jeux
considérée comme un des champs d'application les plus
prospères en terme d'études expérimentales.
Chapitre II Théorie des jeux et
modélisation
des interactions interindividuelles
«Von Neumann and Morgenstern's theory is based on an
analysis of the interrelationships of the various coalitions which can be
formed by the players of the game. Our theory, in contradiction is
based on the absence of coalitions in that it is assumed that each participant
acts independently, without collaboration of communication with any of the
others.»(*)
Dans le chapitre précédent nous avons
présenté l'économie expérimentale comme nouvelle
technique d'investigation, en mettant, ainsi, en lumière les
différentes raisons du recours au laboratoire sans oublier ses limites
et faiblesses. Nous avons été intéressé aussi par
les différents champs d'application de cette (nouvelle) méthode
à savoir la théorie des marchés, la théorie des
choix individuels et la théorie des interactions stratégiques
entre individus. Et c'est sur cette dernière que nous allons nous
concentrer dans le présent chapitre en essayant dans un premier point
de présenter un bref aperçu sur l'objectif de cette discipline
censée avoir intéresser un grand nombre d'expérimentateurs
et présenter un champ d'application fertile pour eux ainsi que la
présentation de ses notions de base ( Section I). Dans un
deuxième point, nous essayerons d'analyser les deux situations
importantes en théorie des jeux à savoir les interactions
interindividuelles dans un environnement non coopératif et celles dans
un environnement coopératif, ainsi que l'analyse des différents
concepts de solution présentés dans chaque cas ( Section II ).
Section I. Bref Apercu sur la théorie des
jeux : notions de base
1 -1- Théorie des jeux : Objet
La théorie des jeux est une théorie dont on peut
voir l'acte de naissance dans l'oeuvre de VON NEUMANN et MORGENSTERN
publié en 1944 et intitulé « Theory of Game and
Economic Behavior ». Cet ouvrage se situe à la fois dans le
prolongement et en rupture avec les réflexions sur les jeux de hasard,
qui ont donné naissance au calcul des probabilités. L'objet de la
théorie des jeux tel qu'on l'entend depuis Von NEUMANN et MORGENSTERN
est l'étude des interactions des comportements de plusieurs individus (
au moins deux) qui sont conscient de l'existence de ces interactions. Avant
cette période la seule conception du processus compétitif
était celle véhiculée à travers l'Equilibre
Economique Général ( EEG) dans lequel, comme l'atteste
LAKHDAR1(*), Communication
et interdépendance sont médiatisées par le système
prix. Toute communication interindividuelle autre que celle qui passe par les
prix est bannie. Dans ce contexte les phénomènes de pouvoir, de
mimétisme et de confiance sont occultés. Ceux-ci portent sur des
relations interindividuelles et non sur des relations entre sujets et objets.
L'étude de ces relations nécessite une logique autre par rapport
au modèle de l'EEG. Une logique où la décision d'un agent
est fonction de son comportement mais aussi des comportements de ses
partenaires.2(*)
A sa naissance, la théorie des jeux promettait de
placer toute la théorie économique en forme stratégique
dans laquelle le concept du processus compétitif devrait
être restructuré et reformulé en fonction
des jeux
stratégiques3(*). Avant cette naissance4(*) c'est à dire avant que le mathématicien
VON NEUMANN et l'économiste MORGENSTERN ne publient en 1944, leur livre
fondateur « Theory of Games and Economic Behavior » les
économistes n'avaient guère de moyens pour analyser correctement
les interactions stratégiques entre les entreprises. Les recherches se
limitaient aux situations dans lesquelles ou bien les concurrents
étaient trop nombreux sur un marché pour qu'une entente ait
quelque poids( c'est la « concurrence parfaite »), ou bien
une entreprise n'avait aucun concurrent ( c'est le
« monopole »)5(*)
A cette égard, nous pouvons affirmer , selon les termes
de VERGARA6(*), que les
décisions prises par les individus en interactions ( les joueurs ) et la
résultante ou les conséquences de ces décisions, pour eux
et pour la collectivité qu'ils forment, représentent l'objet de
la théorie des jeux . cette théorie s'applique à des jeux
au sens strict ( lorsque je déplace ma tour sur un échiquier je
modifie le domaine de choix de mon adversaire), mais aussi à
l'économie (mes achats offrent des débouchés aux
vendeurs), à la sociologie, à la science politique, à la
psychologie7(*) ...etc.
Elle se propose, donc, de fournir un cadre unifié, ou un langage,
permettant de traiter de façon unitaire des thèmes relevant de
disciplines très diverses.
Revenons un peu à l'objectif de cette discipline pour
donner plus d'éclaircissement, Bernard GUERRIEN8(*) voit qu'il y a
« confusion à ce propos, certains auteurs prétendant
qu'elle cherche à expliquer les phénomènes
observés, ou à faire des prédictions, d'autres qu'elle est
prescriptive (normative), d'autres qu'elle est l'une et l'autre, d'autres (bien
moins nombreux) enfin ne se prononçant pas ». Quelques
exemples :
1- Version descriptive :
- Eric RASMUSSEN : « C'est là exactement le
paradigme de la théorie des jeux, celui qui construit le modèle
attribue des fonctions de gain et des stratégies aux joueurs puis
OBSERVE se qui se passe lorsqu'ils choisissent des stratégies pour
obtenir le gain maximum. »9(*)
- Ken BINMORE : « la théorie (des
jeux), telle qu'elle est développée actuellement, est surtout la
DESCRIPTION de ce qui se passe lorsque des personnes interagissent
rationnellement. »1(*)0
- David KREPS : « l'objet de la
théorie des jeux est d'aider les économistes à COMPRENDRE
et à PREDIRE ce qui se produit dans différentes situations
économiques.»1(*)1 P. 7
2 - Version Normative :
- VAN DAMME : « La théorie des jeux est
une théorie normative : elle prescrit ce que chaque joueur dans les
jeux doit faire afin de rendre ses intérêts
optimaux ».1(*)2
- LUCE et RAIFA : « il est essentiel, pour
nous, que le chercheur en sciences humaines sache que la théorie des
jeux n'est pas DESCRIPTIVE, mais plutôt (conditionnellement) NORMATIVE.
Elle n'établit ni comment les gens se comportent, ni comment ils
devraient le faire pour atteindre certains buts. Elle prescrit, avec des
hypothèses données, des types d'action qui conduisent à
des issues ayant un certain nombre de propriétés qui
relèvent de l'optimalité. »1(*)3
3 - Ambiguïté :
- OSBORNE et RUBINSTEIN : « La théorie
des jeux est un bagages d'outils analytiques désigné à
nous AIDER A COMPRENDRE le phénomène que nous OBSERVONS lorsque
les décisions interagissent.»1(*)4
4 - Vague :
- Andrew COLMAN : « la théorie des
jeux est concernée par la logique de prise de décisions dans des
situations sociales dans lesquelles les résultats dépendent des
décisions prise par deux ou plusieurs agents
autonomes »1(*)5
- Robert AUMANN : « cette discipline concerne
le comportement des joueurs dont les décisions affectent les uns les
autres. »1(*)6
- Bachir S.I. LAKHDAR : « Cette
théorie se donnait pour but la prise en compte de la formalisation des
phénomènes d'interaction et d'interdépendance directe
entre les sujets économiques. »1(*)7
En effet, cette multitude d'approches pour la théorie
des jeux est considérée par les uns1(*)8 (plus nombreux) une preuve de
malléabilité et de flexibilité de cet outil ce qui
justifie son utilisation dans plusieurs domaines, pour les autres1(*)9 cette cacophonie à
propos de la nature de la théorie des jeux - sur ce qu'elle fait ou
permettrait de faire - découle de ce qu'elle ne
« résout » rien et ne
« propose » rien aux joueurs, elle permet essentiellement
d'attirer l'attention sur les problèmes que posent les choix d'individus
rationnel en interaction, lorsque toutes les hypothèses des
modèles sont spécifiées. Ces derniers justifient leur
point de vue en avançant l'idée que tandis que la théorie
des jeux a adopté dès sa naissance le postulat de
rationalité des individus, il est devenu usuel chez les
théoriciens des jeux les plus réputés ( par exemple,
AUMANN, KREPS, ROTH, RUBINSTEIN) d'affirmer que la seule issue pour la
théorie des jeux, si elle veut rendre compte de ce qu'on observe dans le
monde économique, est de faire appel à la
« rationalité limitée » notion d'abord
proposée par Herbert SIMON2(*)0 ( qui depuis longtemps, nie toute pertinence et
intérêt de la théorie des jeux ).
Mais tous ces auteurs quelque soit leur points de vue sont
d'accords sur le fait que cette nouvelle discipline a promis dès son
apparition de placer toute la théorie économique dans une
nouvelle position stratégique dans laquelle le concept du processus
compétitif doit être restructuré et reexprimé en
termes de jeux et de stratégies.2(*)1
A cet égard, il faut noter que la théorie des
jeux contient et utilise des modèles mathématiques formels de
jeux, que l'on analyse de manière déductive. Comme pour la
théorie économique plus traditionnelle, on peut citer selon David
KREPS2(*)2 au moins trois
avantages qui sont censés découler de la modélisation
mathématique :
a- elle propose un langage clair et précis pour
exprimer nos réflexions et nos idées. En particulier, elle
fournit des hypothèses suffisamment générales pour
transformer des idées et des intuitions d'une situation à une
autre, ou de les confronter dans divers contextes.
b- Elle permet de tester la cohérence logique des
intuitions et des idées proposées ;
c- Elle aide à remonter des `observations' aux
hypothèses sous-jacentes , de façon à déterminer
celles d'entre elles qui sont véritablement essentielles pour parvenir
à certaines conclusions.
Nous allons dans ce qui suit présenter un
exposé2(*)3 de
quelques notions de base sans être exhaustif, travail que nous somme loin
d'avoir les qualités pour le faire.
1-2 - Définition d'un jeu
Un jeu est un ensemble de règles, pour une situation
particulière, délimitant les actions des joueurs et leur
attribuant des résultats ( gains ou pertes) sur la base des actions
choisies. Un jeu est une suite de décisions des joueurs, dans des
situations régies par des règles.2(*)4 2(*)5
Un jeu est une interdépendance de n libertés (
le libre arbitre stratégique de chaque joueur et de n
intérêts des joueurs).2(*)6
En effet, dans un contexte d'interaction, les
différents choix des agents
( les joueurs ) constituent leur stratégies2(*)7, le gain de chaque
joueur dépend des stratégies choisies par chacun des joueurs.
Par conséquent, les agents, leur stratégies possibles et la
connexion entre ces stratégies et les gains des joueurs
définissent ensemble un jeu.2(*)8
Comme LAKHDAR l'a précisé, il convient de ne pas
confondre les règles du jeu et les stratégies. Chaque joueur
choisit librement ses stratégies : son principe de comportement.
Les règles sont des contraintes intrangressibles. Les règles
délimitent des frontières, des espaces à
l'intérieur desquels (desquelles) les plans complets d'action, que sont
les stratégies, sont opérationnel(les). Les stratégies
spécifient ces mouvements à faire. Pour chaque n.tuple de
stratégies - une stratégie par joueur et en présence de n
joueurs - les règles du jeu spécifient le résultat, le
paiement que procure le jeu à chaque joueur.
Il existe, en effet, plusieurs manières de
décrire un jeu dont la forme extensive et celle normale sont les
principales.
1-3- Formalisation générale des jeux.
La formalisation des situations de conflit a commencé
par la création de jeu de société : jeux de dames,
jeux d'échecs,...etc. Les règles de ces jeux sont des conventions
qui représentent abstraitement des possibilité offertes aux
acteurs représentés ( déplacements des pièces au
jeu d'échecs). comme on l'a mentionné auparavant, un jeu est
défini par l'ensemble des joueurs, les choix qui leur sont possibles et
les conséquences ( gains ou pertes, paiements positifs ou
négatifs) de ces choix. Afin de développer cette analyse des
situations de jeux, il était nécessaire de formaliser les
manières avec lesquelles un choix individuel est fait. On utilise
principalement deux types de descriptions pour représenter un jeu :
la forme EXTENSIVE et la forme NORMALE.
1-3-1-Les jeux sous forme stratégique ou sous
forme normale.
Ce type de jeu se caractérise par trois
éléments :
a- Une liste de participants, les joueurs : Prenons J
l'ensemble de ces joueurs
avec j = 1,2,...,i,...n s'il y a n joueurs.
b- Un ensemble de stratégies ( Si)i J ,
une stratégie par joueur.
c- Une fonction de résultat pour chaque joueur (
Ri)i J , cette fonction dépend de l'ensemble des
stratégies choisies par tous les joueurs. Elle est conçue de
façon à représenter les préférences des
joueurs.
Ri (s) est l'utilité associée au résultat
pour i quand le vecteur de stratégie pour l'ensemble de joueurs est S =
( s1, ...,si,...sn ).
Dans les jeux sous forme normale, les joueurs sont
supposés choisir leurs stratégies si Si
simultanément, ce choix ne concerne pas le temps en terme physique mais
cela veut dire que chacun ignore les décisions prise par les autres
joueurs. Si ce jeu statique est répété à l'infini
alors la résultante est appelée Super Jeu.2(*)9
On représente généralement
la forme réduite d'un jeu à l'aide des matrices. Il faut
noter ici que la forme normale d'un jeu est particulièrement
adaptée à l'étude des situations de conflit sans
possibilité de coopération. Les jeux coopératifs et en
particulier ceux dans lesquels des paiements latéraux sont possibles
entre les joueurs ( partage des gains ) sont plus difficiles à analyser
dans ce contexte puisque les utilités doivent être
exprimées dans une même unité, ce que la seule
représentation du comportement individuel ne permet pas d'affirmer.
Pour donner une idée sur ce que permet la forme normale
de décrire prenons un exemple.3(*)0
Nous allons considérer deux entreprises, que nous
appellerons Lacto et Lacta, qui se proposent de lancer un nouveau type de
Yaourt, dont elles savent qu'il est possible d'écouler 10 millions
d'unités, à 3 Dh pièce. On suppose que les deux
entreprises ont le même coût marginal égal à 1 Dh.
Par conséquent, le bénéfice - ou recette nette - par
unité produite est de 2 Dh. Toutefois, les coûts fixes de Lacto
sont supérieurs à ceux de Lacta, 15 millions de Dh contre 12
millions ( lorsqu'il n'y a pas production ces coûts sont nuls).
Ainsi, si Lacta satisfait toute la demande ( 10 millions
d'unités), elle fait un profit de :
2 Dh * 10 millions d'unités - 12 M Dh
= 8 M Dh
( Recettes nettes) (coûts fixes)
( profit )
Dans le cas ou Lacto est seule à produire, son profit
est de :
2 Dh * 10 millions d'unités - 15 M Dh
= 5 M Dh
Reste le cas où toute les deux décident de
produire ; cas délicat, qui peut conduire à des guerres de
prix, à un partage de marché ou à toute autre forme de
conflit ou collusion. Ici, nous supposerons que si les deux entreprises se
lancent dans la production, elles peuvent chacune écouler 5 millions
d'unités ( mais alors Lacta perd 2 M Dh et Lacto 5 M Dh).
Ces précisions étant données, on peut
construire le tableau suivant, dont on dit qu'il représente le jeu sous
forme stratégique ou normale.
Tableau 1
Lacta
Produit
Lacto
ne produit pas
Produit ne produit pas
(- 5 , -2 )
|
( 5, 0)
|
( 0, 8)
|
( 0, 0)
|
Le vecteur ( x, y) signifie que Lacto à un profit
égal à x et que Lacta réalise un profit égal
à y.
1-3-2-Les jeux sous forme extensive.
Au cours du déroulement d'un jeu, chaque joueur,
alternativement ou conjointement selon les règles du jeu, choisit une
action parmi un ensemble de possibilités. A certains stades du jeu, son
déroulement peut dépendre d'aléas que les joueurs ne
peuvent prévoir mais sur lesquels ils peuvent connaître une
distribution de probabilité : il est d'usage, pour décrire
un jeu d'ajouter à la liste des joueurs un joueur n° 0
appelé « la nature » dont les choix seraient ces
événements aléatoires. Ces aléas peuvent
représenter un jet de dés ou un tirage de cartes dans un jeu de
société, il peuvent être les conditions climatiques, les
résultats d'une recherche technologique ou de forage dans des situations
réelles. Dans la représentation des jeux, on supposera qu'on est
capable de définir l'ensemble des événements pertinents
à chaque étape où ils interviennent.
La structure du jeu peut être représentée
par un arbre ou un graphe. Les branches de l'arbre ou les arêtes du
graphe représentent les différents choix possibles de chacun des
joueurs et de la nature. Ces choix sont limités par les règles du
jeu. En plus, ces règles spécifient l'information disponible pour
les joueurs en indiquant ce qu'un joueur sait sur les actions
antérieures des autres3(*)1. Les sommets du graphe ( embranchement de l'arbre)
représentent les étapes où ces choix sont faits. Les
sommets terminaux du graphe indiquent les gains du chacun des joueurs à
l'étape finale du jeu. Concernant les choix de la nature, lorsque cela
est possible, on indiquera les probabilités de chaque
possibilité.
Si la représentation extensive d'un jeu sous forme d'un
arbre est théoriquement possible, elle est pratiquement difficile
à utiliser vu la multitude de décisions conditionnelles
attachées à chaque stratégie.
Comme pour la forme précédente prenons un
exemple pour bien clarifier. Le jeu présenté
précédemment, pour clarifier la forme normale, peut être
aussi représenté par un jeu sous forme extensive c'est à
dire sous la forme d'un arbre de jeu, dit arbre de Kuhn, comme dans la figure 1
si dessous, où les points noirs sont appelés
« noeuds », chaque flèche représente un coup
du jeu.
Figure 1 : un arbre de Kuhn
produit ( -5, -2 )
Lacta
ne produit pas
produit
( 5, 0 )
Lacto
produit ( 0, 8 )
lacta
ne produit pas
ne produit pas ( 0, 0 )
Cette présentation est peut être
« parlante » que celle donné par un tableau de
chiffres. Toutefois elle suggère qu'il y a un certain ordre dans les
actions, donné par le sens des flèches : Lacto
« joue » d'abord, Lacta ensuite. Or, comme rien n'a
été dit jusqu'à présent à ce propos, on peut
considérer que la forme normale est moins ambiguë.
Quoi qu'il en soit, il apparaît que, pour que le jeu
soit bien spécifié, il faut préciser l'ordre des coups (
cet ordre fait donc partie des règles du jeu). Ici, trois cas sont
possibles : Lacto joue d'abord ( c'est le cas décrit dans la figure
1), Lacta joue d'abord ( figure 2), Lacto et Lacta jouent
simultanément3(*)2
(figure 3). Dans ce dernier cas, on « relie » par un
pointillé ou on englobe dans un « ballon », les
noeuds de l'arbre représentant les choix du
« deuxième » joueur, pour signifier que celui-ci
ignore le choix du « premier » joueur.
Figure 2 : Lacta « joue »
d'abord
produit ( -2, -5 )
Lacto
ne produit pas
produit
( 8, 0 )
Lacta
produit ( 0, 5 )
lacto
ne produit pas
ne produit pas ( 0, 0 )
Figure 3 : Jeu à coups
simultanés
produit ( -2, -5 )
Lacto
Ne produit pas
produit
( 8, 0 )
Lacta
produit ( 0, 5 )
lacto
ne produit pas
ne produit pas ( 0, 0 )
L'ensemble des noeuds se trouvant à l'intérieur
d'un même « ballon » est appelé ensemble
d'information. Evidemment, l'existence d'ensemble d'information comportant au
moins deux noeuds va poser des problèmes au moment du choix des
stratégies par les joueurs concernés (mais aussi pour les autres,
qui doivent tenir compte de leur comportement). C'est pourquoi on dit que les
jeux comportant de tels ensembles d'information sont des jeux à
information imparfaite ( cas de la figure 3), les jeux à information
parfaite n'ayant que des ensembles d'information réduits à un
seul noeud ( ce sont des singletons : cas des figures 1 et 2, où on
suppose que le « deuxième » joueur connaît le
choix du premier).
Dans cette représentation, deux règles ne sont
jamais violées. Premièrement, il y a au moins une flèche
qui part de chaque noeud ( le joueur concerné par ce noeud a au moins
une action à sa disposition). Et au plus une flèche qui y
aboutit. En fait, tous les noeuds, en dehors du noeud initial, ont une
flèche - et une seule - dirigée vers eux. Il s'ensuit que si on
se situe à n'importe quel noeud autre que le noeud initial et si on se
déplace à contre courant - c'est à dire dans le sens
opposé des flèches -, alors il y a toujours une et une seule
façon de remonter jusqu'au noeud initial. Deuxièmement, si on se
déplace ainsi, à contre-courant, et à partir d'un noeud
quelconque, alors on n'y revient jamais ; en fait, en poursuivant de la
sorte, on aboutit au noeud initial.3(*)3
Malgré cette différence en terme de
présentation, on ne peut pas nier qu'il y a une relation entre ces deux
formes. Ainsi David KREPS a résumé l'essentiel de ce qui peut
être dit sur ce rapport en déclarant qu' «
à chaque jeu sous forme extensive correspond un jeu sous forme
stratégique, dans lequel les joueurs choisissent simultanément
les stratégies3(*)4 qu'ils mettront en oeuvre. En revanche, un jeu sous
forme stratégique donnée peut, en général,
correspondre à plusieurs jeux sous forme extensive
différents. ».
1-4- Typologies des jeux
1-4-1-Typologie 1 : Jeux en terme de gain
Dans ce cadre on trouve les jeux à somme nulle et les
jeux à somme non nulle. Un jeu est dit « à somme
nulle »3(*)5,
si le montant du gain d'un joueur est toujours égal au montant de la
perte de l'autre3(*)6,
autrement dit, si :
R1 (s) = - R2 (s)3(*)7
La plupart des jeux de cartes sont de ce type, de même
que les échecs et les dames. Quelques situations militaires, telles que
les duels à mort, peuvent être considérées comme des
jeux à somme nulle. La propriété principale d'un jeu
à somme nulle est d'être une situation d'opposition pure. C'est un
jeu strictement compétitif où il n'y a pas de possibilités
d'entente car aucune stratégie jouée d'un commun accord ne peut
améliorer la position des deux joueurs à la fois. Nous appelons,
donc, un jeu dans lequel les pertes d'un côté ne sont pas
nécessairement égales aux gains de l'autre, un jeu à somme
non nulle. Dans ce cas tous les agents peuvent, simultanément, retirer
des bénéfices en jouant une certaines stratégie.
Exemple :
les deux matrices 1 et 2 ci-dessous décrivent les deux
situations décrites auparavant.
Jeu à somme nulle
jeu à somme non nulle
1 2
|
1
|
2
|
1
|
1 , -1
|
-1 , 1
|
2
|
-1 , 1
|
1 , -1
|
1 2
|
1
|
2
|
1
|
5 , 2
|
-10 , -13
|
2
|
4 , 1
|
-20 , -23
|
Remarquons donc qu'il s'agit bien de deux jeux opposés,
dans la première matrice ( à gauche) la somme des gains mutuels (
des deux joueurs) est nulle, on dit aussi que ce jeu est à somme
constante, dans la deuxième matrice ( à droite) cette somme est
non nulle, le jeu est dit dans ce cas à somme non constante.
1-4-2-Typologie 2 : Jeux et
coopération
La théorie des jeux est principalement divisée
en deux principales branches ou disant deux approches pour traiter les
relations interindividuelles, il s'agit de la vision non coopérative et
de celle coopérative. La première met l'accent sur les
comportements égoïstes des individus ou en d'autre termes les
situations de conflit dont le cas extrême est celui du jeu à somme
nulle3(*)8
considéré comme situation de pure conflit, car tout ce qui est
gagné par l'un et perdu par l'autre, et vice-versa. L'exemple type ici
en est le jeu d'échecs où les joueurs ont des
intérêts strictement opposés. Les échecs sont plus
précisément un jeu à somme nulle à information
complète puisque chaque joueur connaît précisément
les conditions dans lesquels se trouve l'adversaire.3(*)9
Dans les jeux non coopératifs il n'y a pas de
communication directe entre les individus4(*)0. chaque jeu décrit un cadre institutionnel
dans lequel chaque joueur arrête seul ses choix sans consulter les autres
joueurs. Cela pour une série de raisons, entre autres, soit parce
qu'un mur empêche la communication, soit qu'il existe un manque de
confiance entre les joueurs4(*)1, soit qu'il y a manque de sympathie4(*)2 entre eux ou d'autres
sentiments pouvant aider à créer un environnement dans lequel une
communication directe est possible.
La seconde vision est celle qui voie les relations
interindividuelles d'un point de vue coopératif. Cette branche fait
« intervenir d'autres facteurs, relevant de l'altruisme »
incitant les individus à coopérer. Ainsi, le conflit pur est une
abstraction théorique qui se rencontre rarement dans la
réalité de l'existence. la plupart des situations dominées
par le conflit comportent généralement une certaine
dépendance mutuelle. C'est le cas des grèves, des
négociations commerciales, de la dissuasion des criminels, des conflits
de classe, des préparatifs de cessez-le-feu, du chantage, de la
coercition exercée par les parents sur les enfants. Ainsi, dans une
situation aussi problématique qu'une prise d'otage, les preneurs d'otage
et les proches de ce dernier souhaitent les uns comme les autres que la
négociation aboutisse. On parle alors de jeu coopératif, le mot
coopération ne signifiant pas un accord amical, mais simplement un
comportement qui accorde aux deux parties, un résultat relativement
satisfaisant4(*)3 ou
selon les termes de B. GUERRIEN, « coopération »
s'entend donc ici au sens de participation intéressée à
une coalition.
Alors que la théorie des jeux non coopératifs
prend l'individu pour point de départ, la théorie des jeux
coopératifs envisage des coalitions formées par ces individus,
sans préciser comment elles se sont constituées et comment
s'effectue le partage des gains en leur sein.
Dans la réalité, la plupart des sujets
traités par les scientifiques révèlent qu'il y a dans la
majorité des cas un mélange de lutte et de coopération.
Ainsi, on a ressenti un besoin de faire un mariage entre les deux approches. En
effet, NASH a été le premier qui a rendu compte de cette
nécessité.
RULLIERE4(*)4 a bien décrit l'apport du
« programme de NASH » dans ce sujet. Selon
les termes de RULLIERE, NASH4(*)5 a immédiatement ressenti la
nécessité de justifier le choix de ses axiomes à partir
d'un scénario décrivant de manière non coopérative
le déroulement effectif de la négociation. Dans cette
perspective, l'idéal serait bien évidemment que l'on puisse
caractériser un équilibre de Nash unique soutenant ainsi la
solution4(*)6 de
NASH.
Ainsi NASH écrivait : « L'auteur a
développé une approche dynamique pour l'étude des jeux
coopératifs fondée sur une réduction à la forme non
coopérative. On procède en construisant un modèle de
négociation préalable tel que les étapes de la
négociation deviennent des coups dans un jeu non coopératif
étendu(...)décrivant la situation. Ce jeu étendu est alors
traité du point de vue de la théorie dans cet article(...) et si
des valeurs sont obtenues, elles sont considérées comme les
valeurs des jeux coopératifs. Dès lors, analyser un jeu
coopératif revient à rechercher un modèle de
négociation non coopératif approprié et
convaincant. »4(*)7
Cette articulation entre les concepts coopératif- la
solution- et non coopératif - l'équilibre - recouvre ce qu'il
est convenu d'appeler le programme
de NASH. D'emblée, il convient de souligner que NASH ne
conçoit pas la théorie des jeux comme devant se développer
en deux sphères indépendantes ou
opposées : il s'agirait « des deux faces
d'une même pièce » qui sont chacune nécessaires
l'une à l'autre. NASH nous donne donc la clé du
développement moderne de la théorie des jeux en contraignant le
modélisateur à tester sa construction coopérative par une
maquette non coopérative.
Comme l'avait remarqué GUTH4(*)8, le programme de NASH est
loin aujourd'hui d'avoir été entièrement exploré.
D'une part, de nombreuses configurations institutionnelles de la
négociation restent à être mises en évidence.
D'autre part, de nombreux modèles coopératifs de
négociation ont été développés dans la
lignée des propositions théoriques contenues dans l'ouvrage de
LUCE et RAIFFA4(*)9 . la
plupart des ces constructions axiomatiques synthétisées par
ROTH5(*)0 ont cependant
la caractéristique de s'être affranchies du programme de NASH. Par
conséquent, elles sont toutes soumises à l'objection de NASH,
à savoir qu'elles n'ont pas été chacune testées par
une maquette non coopérative montrant comment les joueurs parviennent
à prendre leur engagement pour atteindre la solution
spécifiée.
Récemment les réflexions sur ce sujet ont
été profondément renouvelées par plusieurs auteurs
en essayant de trouver une réponse à une question devenue
centrale de la théorie économique à savoir : comment
la coopération peut-elle surgir entre des individus
égoïstes ? Parmi ces auteurs on trouve Robert AXELROD5(*)1, professeur de sciences
politiques à l'université du Michigan. Il a invité des
spécialistes de la théories des jeux et des passionnés
d'informatique à lui soumettre des programmes pour un tournoi sur
ordinateur du dilemme du prisonnier, chaque partie comptant 200 coups. Il
a reçu 76 programmes, dont certains très complexes. C'est en fait
le plus simple, « Donnant-donnant » (Tit for tat) qui s'est
également montré le plus performant,
« Donnant-donnant » commence par coopérer, puis
répète systématiquement ce qu'à fait l'autre joueur
au coup précédent (coopération, s'il y a eu
coopération, défection, s'il y a eu défection). En effet,
face à « Donnant-donnant », le joueur qui choisit de
coopérer, aboutit à un résultat bénéfique
pour les deux, alors que s'il opte pour la défection, le résultat
s'avère funeste pour les deux.
Selon AXELROD, « ce qui rend possible l'apparition
de la coopération, c'est le fait que les joueurs peuvent être
amenés à se rencontrer à nouveau ». La
conclusion globale qu'il tire de ce tournoi informatique est que la
coopération peut émerger dans un monde d'égoïstes en
l'absence de pouvoir central. Cet auteur rapproche ces résultats du
comportement de certains soldats allemands et français dans les
tranchées de la première Guerre mondiale. Ils s'abstenaient
souvent de tirer pour tuer, dès lors que ceux de l'autre
côté adoptaient la même attitude, à tel point que
dans certains lieux, des soldats pouvaient marcher à portée de
fusil derrière leurs propres lignes. Ce qui n'était
évidemment pas du goût des états-majors. Ce système
« vivre et laisser vivre » démontre que
l'amitié n'est pas nécessaire à l'apparition de la
coopération. « Dans des conditions appropriées, la
coopération fondée sur la réciprocité peut se
développer même entre adversaires », conclut AXELROD.
Comme le souligne CORDONNIER5(*)2, ce genre de comportement relève plus d'une
approche coopérative du conflit que d'une approche stratégique.
L'essentiel pour les joueurs semble être parvenir à coordonner
leur comportement avec celui de leur alter ego, et non développer une
stratégie optimale face à leur adversaire. »
Considérant que les relations sociales ne sont pas seulement
dominées par l'intérêt personnel, mais aussi par le lien
social, CORDONNIER propose une nouvelle interprétation de ce qu'est la
rationalité : « Être rationnel, dans ces
conditions, c'est faire en sorte que nos actions soient comprises et admises
par les auteurs ».
Dans le point qui suit nous allons essayer de présenter
comment formellement les jeux non coopératifs et les jeux
coopératifs se présentent.
Section-2- Formalisation et analyse des jeux
non coopératifs et des jeux
coopératifs
2-1- Les jeux non coopératifs
Un cas particulier de jeux non coopératifs est le
« jeu à deux joueurs de somme nulle », comme les
échecs et les dames. Dans de tels jeux, l'absence de coopération
vient de la nature des gains et non des règles du jeu. Les jeux à
deux joueurs de somme nulle sont utilisés pour illustrer ou
présenter la théorie des jeux non coopératifs.
Lorsque les ensembles de stratégies sont finis, la
forme normale des tels jeux se présente comme un tableau à deux
entrées qui sont les stratégies possibles de chaque joueur. Les
éléments du tableau ci-dessous sont les gains du joueur I, ceux
du joueur II leur étant opposés :
1 2
|
S12
|
...
|
Sj2
|
...
|
S12
|
S11
|
a1 1
|
|
|
|
A1 n
|
...
|
|
|
|
|
|
Si1
|
ai 1
|
|
ai j
|
|
Ai n
|
...
|
|
|
|
|
|
Sm1
|
am 1
|
|
|
|
Am n
|
ai j= RI
(Si1, Sj2 ) = -
RII (Si1, Sj2 )
La forme normale d'un jeu non coopératif à n
joueurs est représentée par un tableau à n entrées
qui sont les stratégies de chaque joueur, les éléments du
tableau étant les listes des gains de chacun des joueurs correspondant
au choix d'une stratégie par chacun d'eux. lorsque les ensembles de
stratégies ne sont pas finis, le tableau ne représente que
quelques valeurs des fonctions de gains.
Le concept de solution proposé ultérieurement,
adapté à de tels jeux, est celui d'équilibre de NASH. Une
telle solution n'existe pas toujours lorsque les ensembles des
stratégies sont finis. Elle existe, en revanche, si ces ensembles sont
assez riches, c'est à dire qu'ils contiennent toutes les combinaisons
convexes de stratégies.
La combinaison convexe de deux stratégies S1
et S2 est une stratégie tS1 + (
1 - t) S2 où t [ 0 , 1].
Tous les jeux à ensemble fini de stratégies
peuvent être étendu en un jeu à ensemble convexe de
stratégies : en effet, il suffit pour cela d'autoriser les joueurs
« à tirer au hasard » leur stratégie. Selon
la manière de « tirer au hasard » qu'ils utilisent,
les joueurs ont à leur disposition de nouvelles possibilités de
gain (se sont en fait de nouvelles espérances de gains).
On appelle stratégie mixte une distribution de
probabilité sur l'ensemble des stratégies pures d'un joueur.
Pratiquement, une stratégie mixte peut être obtenue par un
mécanisme utilisant une expérience aléatoire :
- une pièce de monnaie
équilibrée peut attribuer la probabilité 1/ 2 à
une stratégies ( si face apparaît ) et 1/ 2 à une autre (si
pile apparaît ) ;
- un dé peut attribuer la
probabilité 1/ 3 à une stratégie ( si 1 ou 2
apparaît ), et 2/ 3 à une autre ( si 3, 4, 5 ou 6 apparaît
).
Pour se faire une idée de ce qu'est
une stratégie mixte avec une distribution de probabilité
P1, P2 , ..., Pn ( P1 +
P2 + ...+ Pn = 1) sur n stratégies s1
... sn, on peut songer à une roue divisée en n
quadrants dont les arcs ont pour longueur les proportions P1, ...,
Pn du périmètre. Si la roue s'arrête sur l'arc
i, la stratégie si est choisie avec la probabilité
Pi : ici s3 est choisie, la probabilité que
la flèche indique le 3 est P3.
Figure 4
P2
P1
P3
P4
Ce dernier mécanisme a incité
les théoriciens à appeler aussi « loterie »
une stratégie mixte.
Les stratégies mixtes ont plusieurs
interprétations qui justifient leur emploi et l'intérêt de
leur utilisation pour l'amélioration des résultats de la
théorie.
- Si on imagine que le jeu est
répété identiquement, la stratégie mixte :
ts1 + (1-t)s2 se traduira par l'emploi de la
stratégie pure s1 pendant une proportion t du nombre de
répétitions du jeu et de la stratégie pure s2
pendant le reste du temps. Une telle manière de jouer rend
imprédictible pour les observateurs la décision du joueur.
Ainsi, si une compagnie fait passer deux
spots publicitaires à la télévision, soit 1/ 3 du temps
pour l'un et 2/ 3 du temps pour l'autre, on pourra considérer qu'elle
fait passer un spot mixte. Un téléspectateur aura une chance sur
trois de voir le premier, à un instant donné.
- Si l'on considère que les joueurs
annoncent leurs stratégies, on peut interpréter l'annonce d'une
stratégie mixte comme un moyen de ne pas
révéler complètement
les décisions prises. Ainsi dans le jeu suivant :
I II
|
s12
|
s22
|
S11
|
1, 1
|
1, 3
|
S21
|
0, 2
|
2, 1
|
|
Si le joueur I annonce
s11 il est sûr de gagner 1, s'il annonce
s21 , il peut gagner 0 ou 2 selon ce que joue le joueur
II. S'il annonce s21 , il peut supposer que le joueur II
annoncera s12 qui offre un supérieur. En
annonçant qu'il suivra la stratégie s11
avec la probabilité 1/ 2 et s21 avec la
probabilité 1/ 2, le joueur I laisse le joueur II dans l'incertitude par
rapport à son gain, Mais peut-être que la probabilité 2/ 3
sur s11 et 1/ 3 sur s21 inciterait
le joueur II à jouer plutôt la stratégie
s12 .
Dans le cas de l'utilisation des
stratégies mixtes, le choix des joueurs porte sur la distribution selon
laquelle ils choisissent leur stratégie, « ils créent
(donc) de l'incertitude sur leurs propre stratégies ».5(*)3
2-2- Les jeux coopératifs
Dans certaines configurations de jeux sous
forme normal, une attitude entièrement non coopérative de la part
des joueurs peut conduire à une catastrophe collective, on en verra
quelques exemples ci-après. Il y a donc incitation à la
coopération. Celle-ci peut prendre la forme d'une autorité qui
coordonne les décisions de chaque joueur et dispose d'un certain pouvoir
de coercition. Elle peut aussi être le fait d'un simple consensus entre
les joueurs. Cet accord peut concerner tous les joueurs ou seulement certains
groupes de joueurs : on définira alors les coalitions entre
joueurs.
Quelques exemples illustrent de telles
situations :
Deux entreprises en concurrence peuvent adopter chacune, soit
une stratégie agressive se traduisant par le déclenchement de
manoeuvre de conquête du marché, soit une stratégie
préservant le statu quo. Il est clair que si les deux firmes adoptent la
stratégie agressive et se ruinent en cherchant à conquérir
le marché sans y réussir, le résultat est moins bon que le
statu quo.
Le choix du lieu d'implantation d'un point de vente par des
entreprises concurrentes est un autre exemple où l'absence de
coopération peut se traduire par des conséquences
désastreuses pour tous les concurrents.
Le rachat de parts du capital d'une société,
l'enjeu étant le contrôle de la société, est un
exemple où l'absence de consensus entre les acheteurs peut les amener
à acheter très cher des parts dont le nombre restera
insuffisant.
Ces exemples peuvent être traduits sous une forme
voisine de celle du classique « dilemme de
prisonnier ».5(*)4 Ce jeu montre à travers un exemple
folklorique comment des choix rationnels d'un point de vue individuel peuvent
conduire à des situations sous-optimales (donc non rationnelles
« collectivement ») pour l'ensemble des individus qui ont
fait ces choix.
L'essence de ce type de situation peut être
décrite par le jeu suivant5(*)5 : Deux malfaiteurs ont été
arrêtés et soupçonnés d'avoir commis un crime
d'homicide volontaire, il ont été accusés à juste
titre mais sans preuve suffisante. Il sont alors confrontés à la
situation suivante : mis dans une cellule individuelle et privé de
communiquer avec l'autre coupable, chacun doit choisir entre une
stratégie pacifique et une stratégie agressive ( ici ne pas
dénoncer = pacifique et dénoncer = agressive ), le juge essaye de
sa part de les faire avouer tous deux pour les condamner à cinq ans
chacun, faute de quoi il les condamnera à un an chacun pour le crime.
Mais, il leur propose de relaxer celui qui témoignerait contre l'autre,
ce dernier sera juger de vingt ans.
En suivant la logique du dilemme du prisonnier, on remarque
qu'il y a un conflit curieux entre la rationalité individuelle et la
rationalité collective. En suivant leurs motivations personnelles, il
est clair qu'il est rationnel pour les deux joueurs de choisir leur
stratégie agressive (dénoncer), mais si les deux se comportent
d'une manière coopérative et optent pour la stratégie
pacifique, le résultat sera bénéfique pour les deux, en
d'autres termes, la coalition des deux joueurs leur assure un gain meilleur que
celui qu'ils peuvent s'assurer individuellement. Ce qui complique les choses
dans ce dilemme c'est que l'attaque surprise ( utiliser la stratégie
agressive pendant que l'autre joueur est toujours pacifique) est payante, dans
ce cas la perte est plus grave si on se place du côté du
pacificateur.
Cependant, dans cette histoire, il y a quatre issues qui, du
point de vue de l'un ou l'autre prisonnier, peuvent être classées
de la façon suivante : la situation la plus avantageuse pour un
prisonnier est celle où il dénonce l'autre sans être
dénoncé par lui ; une situation un peu moins avantageuse est
celle où il ne dénonce pas tout en n'étant pas
dénoncé par lui ; une situation nettement moins avantageuse
est celle où il dénonce l'autre, qui fait de même ;
enfin, la situation la plus pire pour un prisonnier est celle où il est
dénoncé alors qu'il se tait. Le tableau ci-dessous donne
l'exemple chiffré de notre histoire et du classement qui vient
d'être écrit.
I II
|
ne dénonce pas
|
Dénoncer
|
Ne dénonce pas
|
1, 1
|
20, 0
|
Dénoncer
|
0, 20
|
5, 5
|
|
On vérifie facilement que la
stratégie pacifique ( ne dénonce pas) d'un joueur est
dominée5(*)6 par
sa stratégie agressive. Donc le jeu possède un unique
équilibre en stratégies dominantes5(*)7 ( Dénoncer,
Dénoncer) qui correspond à la guerre ouverte. Bien entendu une
telle issue n'est pas satisfaisante du point de vue collectif puisque l'issue
pacifique ( ne dénonce pas, ne dénonce pas) lui est strictement
préférée par les deux joueurs. Etre agressif ( tous les
deux) n'est pas un optimum de pareto. C'est là précisément
que réside le dilemme : pour un joueur qui n'est pas
entièrement assuré des intentions pacifiques de son partenaire,
l'usage de la stratégie agressive s'impose au nom des
intérêts individuels, mais l'intérêt commun
recommande bien sûr de tout faire pour aboutir à l'issue de paix.
Selon CORDONNIER « le dilemme de prisonnier est l'archétype
des situations dans lesquelles l'intérêt individuel fait
échec à la coopération... et fait échec à
l'intérêt individuel »5(*)8, et c'est dans la multitude de ce genre de
situations ( dans des contextes très divers) dans la vie
économique qu'a trouvé ce dilemme sa popularité.
Revenons au concept de stratégies mixtes afin
d'établir sa relation avec les jeux coopératifs ainsi qu'avec
notre exemple de dilemme de prisonnier. Ce concept correspond, dans les jeux
coopératifs, à celui de stratégies
corrélées. Les n joueurs d'une coalition jouent des
stratégies corrélées s'ils choisissent leurs
stratégies en s'en remettant à une loterie sur l'ensemble des
vecteurs (s1, s2,..., sn) de leurs
stratégies pures de départ.
Ainsi dans notre dilemme de prisonnier, les deux joueurs
peuvent choisir de jouer ( dénoncer, dénoncer) avec une
probabilité de 1/ 5, ( ne dénonce pas, ne dénonce pas)
avec une probabilité de 4/ 5 et une probabilité de 0 pour le
reste ( c'est à dire qu'ils décident de ne pas dénoncer
seuls). Il peuvent même décider de jouer ( ne dénonce pas,
ne dénonce pas) avec une probabilité de 1, ce qui formalise la
possibilité qu'ils ont de se mettre d'accord. le concept de
stratégies corrélées permet donc de formaliser certains
jeux avec communication entre les joueurs.
Ceci est dit nous pouvons maintenant aborder le point traitant
les différentes solutions qui ont été proposées
pour résoudre les situations de conflits issues que ce soit des jeux
coopératifs ou des jeux non coopératifs.
2-3- Concepts de solution des jeux
Pour résoudre les situations de
conflit, différents concepts de solution ont été
proposés. Chaque situation requiert une solution qui lui est propre et
les concepts généraux dégagés par la théorie
doivent être considérés comme des outils d'analyse plus que
comme des conseils d'aide à la décision. La théorie s'est
attachée à définir des concepts pour les situations les
mieux définies, celle des jeux non coopératifs et celle des jeux
totalement coopératifs.
Cependant, lorsque la question à poser est celle de la
définition d'une solution pour un jeu approprié, nous devons
avant tout spécifier le type et la forme descriptive du jeu sous
question. Par exemple, si le jeu est coopératif à n personnes,
notre travail sera la recherche d'un vecteur d'utilité ou de paiement
garantissant une meilleur dispersion de l'utilité pour les joueurs et
ayant la propriété de stabilité dans un sens significatif.
Dans ce cas l'objectif de la théorie des jeux sera de fournir certaines
notions de stabilité. Dans l'autre côté, si le jeu est non
coopératif à n personnes et à somme non nulle ( en forme
normale), l'objectif de la théorie des jeux sera la recherche d'un
vecteur n-tuple de stratégies qui lorsqu'elles seront prises ensemble,
formeront donc un équilibre pour le jeu. Encore une fois, la
contribution de la théorie des jeux sera de définir de
manière convenable les notions d'équilibre qui vont être
utilisées.
Ainsi, pour les jeux non coopératifs, le concept
d'équilibre de NASH, qui généralise celui de la solution
de Mini-Max de VON NEUMANN, s'est imposé. Ce concept correspond
mathématiquement à la notion de point-selle, ou de col de
montagne : un col, lorsqu'il existe, est à la fois le point le plus haut
des points les plus bas et le point le plus bas des point les plus hauts. Ainsi
le col est le point le plus haut par lequel passe une route qui cherche
à monter le moins possible, c'est aussi le point le plus bas par lequel
passerait un chamois qui cherche à rester le plus haut possible sur la
montagne.5(*)9
Dans un jeu sous forme normale, le concept d'équilibre
de NASH s'applique à une liste de gains pour chacun des joueurs qui sont
tels que ce sont les meilleurs qu'un joueur puisse obtenir parmi les pires que
peuvent lui imposer les autres joueurs, de sorte que chacun puisse avec raison
se dire la chose suivante : « Avec ma stratégie de NASH, mon
gain est au moins aussi grand que pour toute autre stratégie, tant que
l'autre ne change pas sa stratégie de NASH ». Il s'agit de
minimiser les pertes et de maximiser les gains - et il ne s'agit pas d'une
simple intelligence de la situation, mais bel et bien d'une traduction
économique d'une théorie psychologique de
l'intentionnalité qui fait appel à une coalition
d'intérêts de joueurs supposés également
compétents.
Pour les jeux coopératifs, le concept
d'équilibre de NASH n'est pas le concept d'équilibre le plus
adapté, comme on le voit dans le dilemme du prisonnier où le
point d'équilibre est ( dénoncer, dénoncer) ce qui
correspond à un résultat qui est moins bon pour chacun des deux
joueurs que la solution ( ne dénonce pas, ne dénonce pas).
Un autre exemple classique argumentant contre
l'équilibre de NASH comme concept de solution pour les jeux où la
coopération est possible, est celui de la bataille des sexes. Ce jeu est
appelé ainsi parce qu'on peut le présenter en considérant
deux époux qui doivent décider de l'endroit où ils vont
passer la soirée. Le mari préférerait aller à un
match de Basket-ball , alors que sa femme désirerait aller voir un
ballet. Mais tous deux préfèrent par dessus tout sortir ensemble
à l'un ou l'autre spectacle, plutôt que d'assister seul à
son spectacle préféré. La forme normale du jeu, où
les gains sont des utilités, peut être représentée
de la manière suivante 6(*)0:
Femme mari
|
Basket-ball
|
Ballet
|
Basket-ball
|
4,5
|
0,0
|
Ballet
|
1,1
|
5,4
|
|
Ce jeu est représentatif de beaucoup de situations
où les deux ( ou plus) parties cherchent à coordonner leurs
actions, bien qu'elles aient des préférences opposées en
ce qui concerne l'issue sur laquelle la coordination doit avoir lieu. En
économie industrielle, la segmentation du marché par des
entreprises rivales peut aussi être examinée dans cette
perspective ; tel est le cas également de deux fabricants de biens
complémentaires qui doivent adopter des normes- tous deux
préfères que leurs normes soient compatibles, mais chacun
aimerait que la sienne prévale. En économie du travail, un
syndicat et une entreprise peuvent gagner à accepter les conditions de
l'autre partie plutôt que d'endurer les conséquences d'une
grève, mais même ainsi, chaque partie préfère que
l'autre accepte ses exigences.
Revenons à notre exemple, les deux couples de
stratégies ( basket-ball, basket-ball) et (ballet, ballet) sont des
équilibres, mais l'un d'eux est préférable pour lui,
l'autre pour elle. Ces équilibres ne sont pas stables en ce sens que
chacun des joueurs à intérêt à ne pas jouer la
stratégie qui lui est défavorable afin d'amener l'autre à
jouer l'autre stratégie d'équilibre.
Remarquons que, pour ce jeu, une solution consiste à
aller au match une fois sur deux et au ballet une fois sur deux, ou encore si
le jeu n'est pas répété, à tirer à pile ou
face le spectacle où aller. Cette solution est un équilibre
corrélé ; c'est un concept de solution faisant intervenir
des stratégies corrélées qui est adapté à
certains jeux coopératifs.
Le concept de solution le plus répandu pour les jeux
coopératifs est défini dans le cas où des paiements
latéraux sont possibles ( partage des gains pour former des coalitions).
Le Noyau ou Coeur ( deux traductions discutables de l'anglais
« Core ») caractérise un ensemble de coalitions qui
est stable dans le sens où les joueurs n'ont pas intérêt
à quitter ces coalitions pour en former d'autres. il n'y a
malheureusement pas de théorème général de non
vacuité du noyau.
Un autre concept de solution pour les jeux où la
coopération est possible est caractérisé par la valeur de
SHAPLEY. La valeur de SHAPLEY attribue à chaque joueur un nombre qui
représente son pouvoir dans la formation des coalitions, ou encore une
valeur qu'il attribue au jeu ( semblable au maximum des gains minimaux qu'il
peut obtenir) et qui est fonction du pouvoir que lui donne la structure du jeu
pour se coaliser avec d'autres joueurs.
Nous allons essayer, dans ce qui suit, d'éclairer
chacun de ces concepts ainsi que d'autres qui ne sont pas
évoqués.
2-3-1-Jeux non coopératifs
Comme l'avait bien définit Hervé MOULIN, un
contexte non coopératif est celui dans lequel
« les joueurs se comportent comme s'ils n'avaient pas conscience de
leur interdépendance stratégique : ils envisagent de changer
de stratégie sans pouvoir anticiper la réaction des autres
joueurs à ce changement, donc en supposant qu'ils ne réagiront
pas .... Tout se passe comme si les joueurs ne ressentaient pas les effets
externes de leur comportement, ne tenaient pas compte de l'influence qu'ils
pourraient ainsi acquérir sur les autres joueur. »6(*)1
La forme normale d'un jeu se prête
particulièrement bien à l'analyse des jeux dans un contexte non
coopératif à information complète. Dans un tel contexte,
les stratégies des joueurs correspondent en effet à une
description satisfaisante de leurs comportements : le choix d'une
stratégie correspond au choix d'une suite d'actions et le critère
est sans ambiguïté la maximisation du gain associé à
une suite d'actions.
Le concept de solution qui s'impose pour l'analyse de tels
jeux est celui d'équilibre de NASH6(*)2 : C'est une liste des gains des joueurs (
c'est à dire une case du tableau de la forme normale du jeu) qui
correspond à une liste de stratégies pour chaque joueur telles
que aucun changement unilatéral de stratégie par l'un des joueurs
ne lui permettrait d'augmenter son gain. On peut dire aussi qu'un
équilibre de NASH est une liste de stratégie de chacun des
joueurs telle qu'aucun d'eux n'a d'incitation à en changer
unilatéralement.
Nous allons présenter la définition formelle
d'un équilibre de NASH à travers l'exemple de deux jeux, à
savoir le jeu à deux joueurs et le jeu à n joueurs.
Définition 1 : Pour un
jeu à deux joueurs dont les ensembles de stratégies sont X
et Y et les fonction de gains : U1 : X x Y et
U2 : X x Y
Un équilibre de NASH est un couple ( x* , y* )
de X x Y tel que :
x X U1 ( x* , y* ) U1 ( x , y* )
x X U2 ( x* , y* ) U2 ( x*
, y )
Définition 2
Dans un jeu à n personne où à la
fois la communication directe entre les joueurs et la formation de coalition
sont impossibles, une issue ( x1, ..., xn ) du jeu ( X1, ..., Xn , U1, ...,
Un ) est un équilibre non coopératif ( ou équilibre de
NASH ) si elle vérifie :
i ( 1, ..., n ) yi Xi U1 ( yi , xî
) Ui ( x1, ..., xn )
( la notation (yi , xî
) désignant l'issue (x1,..., xi-1 , yi
, xi+1, ..., xn ) )6(*)3
Selon les termes de LAKHDAR, l'issue ( x1, ...,
xn ) est dite équilibre non coopératif ou point
d'équilibre de NASH si, étant donné n-1 stratégies,
le nième joueur ne peut augmenter ses résultats en changeant sa
propre stratégie.
Il s'agit donc bien d'un concept de solution
du jeu puisque cet n-tuple de stratégies ( ou ce couple pour les jeux
à deux joueurs) correspond à ce qu'un analyste du jeu pourrait
conseiller à chacun des joueurs. C'est aussi un concept
d'équilibre dans la mesure où la description du jeu contient la
description du comportement des joueurs et que cette solution est un
équilibre de ces comportements : le comportement des joueurs ne les
incitant pas à dévier des stratégies proposées par
la solution, parce que du point de vue individuelle cette dernière est
la meilleure pour chacun tant que le choix des autres est fixé.
En revenant aux deux définitions précedentes,
on peut remarquer leur forte tonalité non coopérative. Prenons,
pour bien éclaircir l'idée, l'exemple présenté dans
le tableau ci-dessous6(*)4.
Prisonnier B
Prisonnier A
|
Colonne 1
|
Colonne 2
|
Ligne 1
|
5, 5
|
-1, 6
|
Ligne 2
|
6, -1
|
0, 0
|
|
Ce jeu présente le cas d'un dilemme
de prisonnier, Nous remarquons comme l'a fait David KREPS, que dans ce jeu
l'ensemble formé par la ligne 2 et la colonne 2 est un équilibre
de NASH. Mais s'il y a une possibilité de communication entre les
joueurs, ceux-ci choisiront sans doute l'autre stratégie, à
savoir la ligne 1 et la colonne 1 parce qu'il auront un gain de plus par
rapport à la situation d'équilibre. Rappelons-nous cependant que
nous nous intéressons ici à la théorie des jeux non
coopératifs et que dans ce contexte la possibilité de telles
actions n'existe en fait pas, les joueurs devant choisir leurs actions de
façon simultanée et indépendante ; chaque joueur
choisira donc probablement « l'action non
coopérative », puisqu'il n'y a aucune façon pour un
joueur de contraindre l'autre à respecter un éventuel accord, ni
pour ce dernier d'infliger une punition quelconque pour son non respect.
Le concept d'équilibre de NASH soulève beaucoup
de questions d'un grand intérêt. La plus évidente parmi
elles est celle concernant l'existence de cet équilibre, c'est à
dire dans quelles conditions un jeu possède-t-il au moins un
équilibre ? Le théorème de NASH prouve qu'un
équilibre existe pour tous les jeux dont les ensembles de
stratégies sont des compacts convexes ( en particulier les
stratégies mixtes sur un ensemble fini de stratégies pures) et
dont les fonctions d'utilité sont continues et quasi-concave par rapport
aux stratégies.6(*)5 Nous trouverons dans l'ANNEXE I l'exemple d'un jeu
ou ces propriétés ne sont pas respectées (un jeu fini
où les joueurs complètent leurs ensembles de stratégies
par l'utilisation des stratégies mixtes6(*)6 ceci pour leur donner les propriétés
voulues par le théorème de NASH, le concept utilisé dans
ce cas devient Equilibre de NASH en stratégies mixtes
considéré actuellement par de nombreux auteurs comme un
véritable concept représentatif de la rationalité
individuelle des joueurs surtout pour les prise de décision dans
l'incertain ) .
La deuxième question qu'on peut poser à cet
égard est celle concernant la stabilité de cet équilibre.
Ce dernier une fois atteint est stable. Les individus n'en bougeront pas si
l'histoire du jeu ou les événements les y conduisent. Si
x* est un équilibre de NASH, les agents ont toutes les
chances de respecter ce vecteur. Ainsi, nous pouvons expliquer ceci, comme l'a
fait Hervé MOULIN, par le fait que l'existence même d'une mince
probabilité que les autres jouent x-i* augmente
la probabilité que le joueur i joue xi*
puisque cette dernière est la
meilleure réponse à x*-i
, ce qui en retour augmente la probabilité que les autres jouent
x*-i et ainsi de suite. Ce processus a été
appelé par Hervé MOULIN « un phénomène de
convergence psychologique » vers l'équilibre. En effet, les
faibles probabilités ont un effet subjectif accru : cela contribue
à l'attrait par exemple des billets de loterie et des assurances
automobiles - tout ceci concerne des événements relativement
improbables, mais à l'impact psychologique fort. En outre
l'équilibre de NASH « apparaît en fait comme équilibre
« auto-réalisateur », à savoir que les
anticipations des joueurs sur leurs stratégies ( de NASH ) provoquent
leurs réalisations »6(*)7 effective.
Le défaut essentiel du concept d'équilibre de
NASH est que l'issue correspondante peut être mauvaise du point de vue
collectif, c'est dire aller à l'encontre de l'intérêt
général. En effet, un équilibre de NASH n'est pas toujours
Pareto-optimal. Si on prend les choses à l'envers il est facile de
prouver qu'un optimum de Pareto6(*)8 est un équilibre de NASH car personne ne
peut améliorer sa situation sans détériorer celle d'un
autre ( donc, si cet autre ne bouge pas, une telle amélioration
n'est pas possible). Mais la réciproque n'est pas vraie et c'est
d'ailleurs cette non optimalité au sens de Pareto de certain
équilibres de NASH qui est à l'origine de la naissance et la
célébrité de fameux « dilemme du
prisonnier »6(*)9. Nous avons constaté dans ce
jeu que l'issue d'équilibre
( équilibre en stratégie dominante qui est
aussi l'unique équilibre de NASH ), malgré qu'elle s'impose du
point de vue individuelle, est rejetée du point de vue collectif et donc
n'est plus un optimum de Pareto.
Comme l'a fait remarquer LAKHDAR7(*)0 la relation
équilibre de NASH - optimalité dépend des situations que
l'on doit analyser et plus exactement de la nature de la matrice des
résultats.
Concernant la question d'unicité de
l'équilibre, il est fermement prouvé qu'elle n'est jamais eu une
réponse affirmative, cependant il demeure le problème de la
sélection d'un état d'équilibre dans le cas (
fréquent) de multiplicité des états
associés7(*)1. Il
se peut qu'un jeu comporte plus d'un équilibre de NASH, prenons
l'exemple du tableau ci-dessous :
Joueur B
Joueur A
|
t1
|
t2
|
t3
|
s1
|
( 4, 3 )
|
( 2, 7 )
|
( 7, 4 )
|
s2
|
( 5, 2 )
|
( 5, 1)
|
( 6, 0 )
|
|
Remarquons que dans ce jeu les couples ( s2,
t1 ) et (s2, t2 ) sont tous deux des
équilibres de NASH. Il y a là un problème sérieux,
parce qu'un modèle comportant plusieurs équilibres est en quelque
sorte « indéterminé »7(*)2, dans ce cas ne nous
permettant pas de désigner (de manière claire) l'un d'entre eux
en tant que solution du jeu ; à supposer que celle-ci existe, elle
ne nous aide pas à la trouver7(*)3. Malheureusement cette situation est
fréquente en théorie des jeux, où l'existence d'un et d'un
seul équilibre est l'exception plutôt que la règle7(*)4.
Comme l'a fait mentionner RULLIERE, NASH était lui
même conscient de cette difficulté qui peut atténuer le
pouvoir productif de son concept d'équilibre. Alors que les principaux
critères de raffinement7(*)5 ont été développés au
cours des années 807(*)6, on néglige souvent le fait que là
encore, NASH a été un précurseur. En particulier, il
propose le concept d'équilibre interchangeable. NASH avait aussi
proposé une heuristique, donnant lieu par la suite au mécanisme
de sélection de la main tremblante7(*)7 de Selten7(*)8. Ce qui distingue NASH de SELTEN, cependant, tient
au support de la perturbation : tandis que NASH introduit des
perturbations sur les paiements en utilité, SELTEN introduit des
perturbations sur les ensembles de stratégies (
interprétés comme des erreurs de la part des agents). Il est
intéressant de noter que si les travaux de SELTEN portent sur les moyens
de raffiner l'équilibre, ils traitent aussi des équilibres peu
plausibles (imparfaits) dans une structure de jeu séquentiel. Ainsi,
SELTEN a offert une des principales extensions de l'équilibre de NASH
avec le critère de perfection en sous-jeu - a ce jour, l'un des concepts
les plus utilisés dans la théorie économique
contemporaine.
L'autre extension majeure7(*)9 de l'équilibre de NASH est due à la
contribution de HARSANYI8(*)0. En introduisant la notion de type de joueur, elle
permet de représenter l'incertitude aussi bien sur les actions
passées que sur les caractéristiques des joueurs. Cette
équivalence, plus connue sous le nom de « doctrine
d'HARSANYI », a donné un caractère suffisamment
général au concept d'équilibre de NASH. Ce type
d'extension de l'équilibre de NASH a permis, par la suite, d'apporter
une meilleure justification à l'usage de la stratégie mixte. Il
s'agit là d'interpréter une stratégie mixte d'un joueur
comme des croyance ou des conjectures de la part de ses adversaires concernant
son propre comportement. Cette approche a donné lieu, d'une part, au
concept d'équilibre corrélé de AUMANN8(*)1 et, d'autre part, à
la caractérisation des fondements épistémiques de
l'équilibre de NASH8(*)2.
Pour d'autres8(*)3, dans certains cas on a pas besoin de tous ces
raffinements, car le fait de connaître ( sans préciser comment)
les conjectures de l'autre définit là encore un état parmi
d'autres, la sélection peut s'effectuer grâce à des
conventions qui sont de connaissance commune entre les joueurs portant
généralement sur des phénomènes culturels hors
modèles8(*)4. Se
sont là des hypothèses fortes considérées par pas
mal d'auteurs comme source de faiblesse de ce concept d'équilibre.
Ainsi, Olivier DE WOLF8(*)5 pense que cet équilibre est moins une
conséquence nécessaire de la rationalité. Pour lui cette
solution ne paraît avoir du sens que si l'on suppose que chacun des
joueurs, au moment de choisir sa stratégie, prédise correctement
celles sélectionnées par ses adversaires. En d'autres termes,
l'utilisation de cet équilibre suggère une sorte de don
divinatoire de la part des joueurs ainsi qu'une capacité inimaginable de
stockage d'information ( mémoire) ou de calcul. Un autre problème
est que le théorème fondamental de NASH est basé sur la
limite suivante : certes on pense à la place de l'autre (selon les
principes classiques de la théorie de l'esprit), mais on ne pense pas un
seul instant que l'autre puisse ne pas penser comme on pense qu'il devrait
penser. Ces hypothèses portant sur les caractéristiques des
joueurs étant très contraignantes. Bernard WALLISER8(*)6 parle d'une analogie avec
le commissaire-priseur walrassien qui fournit les prix d'équilibre aux
agents économiques, puisqu'on peut introduire une entité fictive,
le « régulateur nashien » qui calcule un état
d'équilibre de jeu et suggère aux acteurs de l'adopter. Encore
faut-il que les acteurs l'adoptent effectivement, ce qui n'est le cas que s'ils
ont de bonnes raisons de penser que leurs adversaires l'adopteront aussi.
Ceci est dit, l'équilibre de NASH reste toujours un des
concepts de base préconisé pour la construction de modèles
s'appliquant à des domaines très variés ( économie
industrielle, économie internationale, économie du travail,
macro-économie, etc.).
2-3-2- Jeux coopératifs
Comme on l'a montré sur l'exemple du dilemme du
prisonnier et sur celui de la bataille des sexes, l'équilibre de NASH
n'est pas un concept de solution satisfaisant pour les jeux où la
coopération est possible. La coopération qui est traduite par la
formation de coalitions nécessite des concepts de solutions qui
caractérisent les coalitions que les agents ont intérêt
à former. Pour l'étude de tels jeux, la considération des
stratégies individuelles n'est pas nécessairement utile, on
préfère décrire le jeu par une forme dite forme
« caractéristique » qui consiste à attribuer
une valeur à chaque membre de la coalition, cette valeur étant
ensuite répartie entre les joueurs.
La fonction caractéristique associe à chaque
coalition un nombre : sa valeur. A chaque coalition correspond un jeu
à deux joueurs ( cette coalition et la coalition formée par tous
les autres joueurs) et à somme constante. Ce jeu a une valeur qui est le
maximum des gains minimaux que la coalition peut obtenir en jouant contre celle
formée par tous les autres joueurs. C'est cette valeur qui est
donnée à cette coalition par la fonction
caractéristique.
De façon générale, on peut définir
un jeu coopératif de la façon suivante :
Un jeu coopératif ( I, v ) est donné par
· Un ensemble fini de joueurs I
· Un nombre v ( S ) pour chaque coalition S I
appelé valeur de S.
Pour bien éclaircir, prenons les trois exemple
ci-dessous :
Exemple 1 :
On a un groupe de pécheurs, et un groupe de pilotes de
bateaux. Pour partir à la pêche, il faut être un pilote et
un pécheur.
Les pêcheurs : I = A B , ou A est l'ensemble des
pêcheurs et B celui des pilotes. Pour S I , v ( S ) = min( S A, S B )
.
L'assemblée : I = { 1 , 2 , 3 } .
v ( S ) = 1 si card ( S ) 2 ,
v ( S ) = 0 sinon.
Exemple 2 :
Jeux d'unanimité
C'est un jeu dans lequel v ( I ) = 1 , et v ( S ) = 0 si S I
.
Exemple 3 :
Jeux de majorité
On a I joueurs. Chaque joueur i possède pi
voix. La majorité est à q voix.
v ( I ) = 1 si i pi q
v ( I ) = 0 sinon.
Dans le but de garder les choses un peu
claires, nous allons présenter seulement les concepts de solution les
plus importants pour les jeux ayant un vecteur de paiements et une fonction
d'utilité transférable.
Le concept le plus important dans ce cadre est celui
« d'imputation ». Une imputation est une liste de paiements
(ou une redistribution des ressources) proposés à chaque joueurs.
Elle est telle que :
- chaque joueur reçoit au moins autant que ce qu'il
peut s'assurer en jouant seul contre tous les autres joueurs,
- la somme des paiements de tous les joueurs est égale
à la somme des paiements qu'ils obtiendraient en jouant tous
ensemble.
Formellement une imputation est un vecteur8(*)7
x = ( xi ) i I tel que I
xi v ( I ).
IL s'agit donc d'une redistribution de la valeur totale (au
plus) à tous les joueurs.
2-3-2-1- La solution de VON NEUMANN et
MORGENSTERN
C'est une solution basée sur le
concept de dominance : une imputation I domine une imputation J s'il
existe une coalition dont la valeur ( définie par la fonction
caractéristique) est au moins égale aux paiements proposés
par l'imputation J.
Une solution est alors un ensemble d'imputations qui ne sont
pas dominées et qui sont telles que toute imputation qui n'est pas
solution est dominée par l'une des imputations de la solution.
La faiblesse de ce concept réside dans ce que le nombre
d'imputations dans une solution et le nombre de solutions sont très
grands : il n'a donc pas de pouvoir prédictif.
2-3-2-2- Le noyau8(*)8
Le principe de cette solution a
été avancé pour la première fois par
EDGEWORTH8(*)9 en 1981,
le premier qui a constaté ce fait est SHUBIK9(*)0 cependant, c'est à
DEBREU et SCARF9(*)1
qu'on doit la démonstration de cette liaison. DEBREU et SCARF fondaient
leur démonstration sur la méthodes des duplication successives
pour justifier que l'analyse en terme de la solution du noyau permet
l'apparition d'un système de prix. En se basant sur la même
méthode ( duplications successives) les deux auteurs pouvaient, en plus,
généraliser considérablement le résultats
précédent, ils montraient que « s'il y a des
duplications successives, dans un marché avec n'importe quel nombre
d'échangistes différents, le coeur se ``rétrécit''
(...) jusqu'à ce que l'on obtienne une9(*)2 allocation limite, à
laquelle peuvent être associés des prix, qui peut être
considérée comme la limite du coeur. »9(*)3. En d'autres termes, on
peut dire qu'ils ont pu démontrer que : à la limite9(*)4 les allocations du coeur et
les allocations concurrentielles coïncident9(*)5.
Formellement le noyau est défini de la façon
suivante :
Une imputation u1 ... un est
bloquée par une coalition S formée de s joueurs, s'il existe des
valeurs u1s ... uns dont
la somme est la valeur de la coalition et pour chaque joueur i :
uis ui. Autrement dit, l'imputation u1
... un est bloquée par la coalition S si celle-ci offre
aux joueurs qui la forment des gains supérieurs à ceux qui leur
sont proposés par l'imputation u1 ... un. Le noyau
(ou coeur) est caractérisé par une série
d'inégalités larges. C'est donc un ensemble fermé, et
convexe. I. e. si x et y sont dans le noyau et [0 , 1], alors x + (1 - ) y est
dans le noyau.
Le noyau du jeu est alors un ensemble d'imputations qui ne
sont bloquées par aucune coalition. Cela signifie que tout ensemble
d'agents, la somme de gains proposés par l'imputation est
supérieure à celle qu'ils obtiendraient en se coalisant. C'est
une condition très contraignante et pour de nombreux jeux le noyau est
vide, c'est dire qu'une telle solution n'existe pas.
De nombreux concepts de solutions ont été
proposés moins restrictifs que le noyau et plus restrictifs que la
solution de VON NEUMANN et MORGENSTERN.
Une approche intéressante caractérise la valeur
que chaque agent attribue au jeu en fonction des coalitions auxquelles il peut
appartenir, nous la présentons ci-dessous.
2-3-2-3- La valeur de SHAPLEY
La valeur de SHAPLEY pour un jeu est en fait un vecteur :
c'est une liste des valeurs que chaque joueur peut attendre du jeu. Le
système de coalitions qui résout le jeu doit être tel que
chaque joueur obtienne cette valeur.
La valeur de SHAPLEY existe et peut être calculée
pour tous les jeux pour lesquels trois axiomes sont
vérifiés :
- la valeur d'une coalition est la somme des
valeurs de SHAPLEY des joueurs qui la forment ;
- la valeur de SHAPLEY de chaque joueur ne
change pas si les rôles des joueurs sont permutés ;
- si un jeu est décomposé en
deux sous jeux, la valeur de SHAPLEY du jeu est, pour chaque joueur, la somme
des valeurs des deux sous-jeux.
La valeur de SHAPLEY de chaque joueur est donnée par la
formule suivante : N est la coalition de tous les n joueurs, T est une
coalition de t joueurs quelconques, V est la fonction caractéristique et
Vi est la valeur de SHAPLEY du joueur i :
[ V(T) - V(T- i ) ]
(T - 1) ! (n - t) !
n !
T N i T
Vi =
La valeur de SHAPLEY à l'avantage d'être
basée sur un axiome de symétrie et un axiome d'efficacité.
On peut résumer ces deux axiomes en disant qu'à des droits
égaux correspondent des rémunérations égales et que
le résultat est optimal selon le critère de Pareto9(*)6. A cet égard, il
faut noter que là aussi il a été
démontré9(*)7 que lorsque le nombre d'agents augmente, la valeur
de SHAPLEY tend vers l'allocation associé au système prix
concurrentiel.
CONCLUSION
Comme conclusion, on peut dire que les apports potentiels de
la théorie des jeux pour l'analyse du décideur sont difficiles
à évaluer. A partir de la discussion qui précède,
on peut définir deux utilisations très différentes:
· Premièrement, la théorie des jeux
nous permet de définir formellement quelques unes des situations de
conflit et de coopération ainsi que les choix offerts au joueurs. En
effet,, si l'on arrive à classer une situation-type, on peut mieux
décrire (du moins analytiquement) ce qu'un acteur peut potentiellement
faire, même si cette théorie n'arrive pas souvent à fournir
des recettes optimales. L'utilité principale de la théorie des
jeux réside donc dans la compréhension de la structure de
l'interaction entre les joueur, non seulement pour connaître la meilleure
façon de jouer, mais aussi pour comprendre les différentes
décisions possibles et les effets d'un changement des règles du
jeu9(*)8.
· Deuxièmement et paradoxalement, la
théorie des jeux nous amène vers une négation de la
pensée de la maximisation individuelle du profit. En effet, la
méthode de choix rationnelle et formelle n'est applicable qu'à
une partie infime de l'action humaine. Nous tirons une deuxième
leçon de la théorie des jeux: des situations de décision
qui ont l'air très simples ne sont pas si simples que cela. On constate
très rapidement qu'un choix ne peut pas se fonder uniquement sur des
règles de choix individuelles (utilité du type "maximin"), mais
également sur la base de comportement ayant trait au raisonnement
à long terme ainsi qu'à l'interaction entre joueurs.
Une troisième utilisation que nous n'avons encore pas
discuté est la suivante :
· Les jeux comme cadre expérimental pour
décortiquer le raisonnement de sujets dans des situations type: la
discussion des jeux expérimentaux a montré les
potentialités de cet usage, ainsi que l'apport des croyances dans la
détermination de l'issue d'équilibre. Grâce à un
environnement contrôlé d'action, il nous est possible de formuler
quelques règles de décision, comme la règle "la confiance
induit la confiance, et la méfiance induit la méfiance"
applicable dans des situations où (1) la coopération est
profitable, (2) la coopération de l'un et la non-coopération de
l'autre est désastreuse pour l'un, et (3) la non-coopération des
deux est mauvaise pour les deux. Nous essayerons dans le troisième
chapitre de traiter avec plus de soin le rapprochement entre le laboratoire et
la théorie des jeux pour découvrir et montrer la solidité
de cette union.
Chapitre III : La théorie des jeux en
laboratoire
« the construction of a theory to deal with an
unlimited or very large number of negotiation possibilities is as yet so
difficult that it seems desirable to restrict and severely formalise the
negotiation procedure to that point where a meaningful theory can be
constructed (...) because of the relatively undeveloped status of the theory.
The authors feel that the use of an experimental approach is strongly
indicated »*(*)
Dans les deux chapitres précédents nous
étions amenés à présenter l'intérêt
scientifique de la méthode expérimentale, en montrant qu'il
s'agit bien d'un outil d'investigation différent des autres techniques
traditionnelles ( une différence que les expérimentateurs la voie
tantôt, comme supériorité, tantôt comme
complémentarité). En outre, nous avions pu découvrir que,
au moins pour l'économie, la méthode expérimentale ne
cesse pas de se développer, ceci se justifie par sa couverture de
plusieurs domaines d'investigation parmi lesquels nous avons cité la
théorie des jeux au quelle nous avons donné plus d'importance.
Notre choix s'explique par le fait que cette théorie a le
privilège d'être (pour l'expérimentateur) à la fois,
un champ d'application et l'outil le plus adéquat pour la conception des
jeux expérimentaux. Pour cela nous examinerons, dans ce troisième
chapitre, de façon un peu plus claire le rapprochement entre
l'économie expérimentale et la théorie des jeux (section
I). Dans un deuxième point (section II) et toujours dans le même
but de mettre en lumière ce rapprochement fructueux entre ces deux
disciplines, nous présenterons l'exemple de deux expériences
expérimentales (ou plutôt deux jeux expérimentaux).
Section I : Rapprochement entre la
théorie des jeux et
l'économie
expérimentale
« ... I am cautiously optimistic that, a hundred
years from now, game theory will have become the backbone of a kind of
micro-economic engineering that will have roughly the relation to the economic
theory and laboratory experimentation of the time that chemical engineering has
to chemical theory and bench chemistry »1(*)
1-1- De la théorie des jeux à
l'expérimentation :
aperçus historiques et
méthodologiques
Le développement de la théorie des jeux et le
recours croissant à l'expérimentation en laboratoire ont
constitué deux des principales innovations des soixante dernières
années en science économique. Ainsi la théorie des jeux
s'est présentée comme un outil fournissant un éclairage
différent sur les problèmes posés par la
microéconomie traditionnelle, elle a surtout fait apparaître de
nouveaux problèmes. Elle est considérée par ses
défenseurs comme un intéressant outil de réflexion.
Quant à la pratique de l'expérimentation en
laboratoire elle est légèrement moins familière aux
économistes. Elle consiste en une observation du comportement
d'individus dont on tente de contrôler les dotations en biens, les
préférences et les coûts, dans une situation
caractérisée par un certain nombre de modes d'échange de
l'information et de conclusion des contrats dont on essaie également de
contrôler la nature. Elle se déroule souvent dans un lieu clos et
utilise un matériel parfois sophistiqué (ordinateurs ou autres
dispositifs de communication entre les joueurs et d'enregistrement des
conduites)- d'où l'utilisation de l'expression « en
laboratoire ». Elle a pour buts principaux de tester des
théories, d'étudier les raisons des échecs de ces
dernières à expliquer les comportements des individus, ou de
découvrir des régularités empiriques susceptibles de
constituer le socle de nouvelles théories2(*). C'est à la fin des
années 40 qu'on peut situer la naissance de l'économie
expérimentale, avec les « expériences de
marché » d' E. H. CHAMBERLIN3(*) (en 1948). Tout comme la théorie des jeux,
l'économie expérimentale a éprouvé quelques
difficultés à s'imposer dans le champ de la pratique des
économistes, mais on peut affirmer sans hésitation que sa
position, sans toutefois l'emporter sur celle des travaux statistiques et
économétriques, est à présent assez solidement
établie. De nombreux économistes cherchent aujourd'hui à
formuler des théories nouvelles ou à reformuler d'anciennes
théories de manière notamment à ce que puisse être
testée dans des conditions contrôlées telle ou telle
proposition de la théorie4(*).
L'étendue et la portée de cette union -
forcée par à la fois le développement et l'utilisation de
la théorie des jeux et par le recours croissant à
l'expérimentation en laboratoire- sont attestées par le nombre
des publications, la variété des applications théoriques,
l'apparition d'enseignements spécifiques et la multiplication des
manuels.
Dès le début, ou presque, du
développement parallèle de ces deux approches ( théories
des jeux d'un côté, expérimentation de l'autre), des
chercheurs ont été amenés à les utiliser
conjointement. En effet, à la fin des années 1950, soit peu de
temps après la publication de Theory of Games and Economic Behavior
et de l'expérience de marché de CHAMBERLIN, M FLOOD
(1958)5(*) et H RAIFFA
(1962) mettent en oeuvre ce que nous appellerons, dans la suite,
« des jeux expérimentaux »6(*). Il s'agit
d'expérimentations en laboratoire dans lesquelles on observe le
comportement d'individus participant à des jeux- dans le sens que les
théoriciens des jeux donnent à ce terme. L'expérimentation
la plus connue de FLOOD consiste ainsi à faire jouer à deux
individus le jeu matriciel décrit par le tableau suivant :
Joueur 1
1 2
1
joueur 2
2
-1 ; 2
|
0,5 ; 1
|
0 ; 0,5
|
1 ; -1
|
Qui est un jeu à « somme non
nulle », puis à comparer le comportement observé des
individus qui le jouent avec des « prédictions »
s'inspirant des résultats de la théorie des jeux. Ces
prédictions reposent sur l'idée que si les agents se comportent
« rationnellement », alors il est possible qu'ils se
conforment aux choix stratégiques mis en avant par la théorie des
jeux. Dans son compte rendu expérimental, FLOOD se demande ainsi si les
joueurs jouent ou non une « stratégie
d'équilibre » compte tenu de la stratégie choisie par
son adversaire. Dans son jeu7(*), FLOOD se demande ainsi si l'équilibre de
NASH correspondant au choix de la stratégie 2 pour le joueur 1 et de la
stratégie 1 pour le joueur 2, soit l'issue dont le vecteur de gain est (
0 ; 0,5), est un bon « prédicteur » du
comportement des joueurs, ce qui serait le cas si chacun d'entre eux
décidait de jouer une stratégie d'équilibre.
Autour des interrogations de ce type, la théorie des
jeux et la recherche expérimentale ont ainsi commencé à
entretenir des relations qui se sont, avec les années, progressivement
intensifiées. En plus des premiers jeux expérimentaux
recensés conçus par FLOOD et RAIFFA, on compte également
dans la période pionnière une expérience
réalisée en 1952 et cosignée par NASH lui-même
(KALISCH, MILNOR, NASH et NEERING, 1954). A ce volet-ci, mariant la
théorie des jeux et l'expérimentation, on doit, en premier lieu,
faire correspondre les travaux fondateurs de RAPOPORT et CHAMMAH8(*) (en 1965) concernant le
dilemme du prisonnier. Puis, après quelques années
d'hésitation, les chercheurs en sciences sociales commencent peu
à peu à mettre régulièrement en oeuvre des jeux
expérimentaux (plus souvent d'ailleurs en psychologie sociale,
sociologie ou théorie du comportement qu'en économie). En 1962,
RAPOPORT et ORWANT répertorient plus de vingt articles dont l'objet est
un compte rendu expérimental, des articles où sont
décrites en tout une trentaine de jeux expérimentaux
différents.
Dans le champ de la psychologie sociale ou de la
théorie du comportement, le succès est fulgurant à partir
des années 1960, comme le décrit A COLMAN9(*) :
« Vers 1965, les jeux expérimentaux
étaient devenus si populaires que le Journal of Conflict Resolution
commença à leur consacrer une section distincte dans chacun de
ses numéros, et, en 1972, plus de 1000 études empiriques avaient
été publiées dans cette revue ou ailleurs1(*)0 (...). Depuis les premiers
travaux expérimentaux jusqu'au milieu des années 1990, ce sont
quelques 2000 jeux expérimentaux [experimental gaming] qui ont
été publiés. » p. 13.
Dans le champ de l'économie, les travaux
expérimentaux se développent initialement autour des
thèmes liés à la théorie du duopole et d'oligopole,
et à la théorie du marchandage1(*)1. Puis, dans les années 1980, le nombre de
jeux expérimentaux étudiés augmente
régulièrement. Les jeux en question sont issus de toutes les
parties de la théorie des jeux depuis la théorie des jeux
non-coopératifs, sous forme normale ou extensive, jusqu'à
l'étude des conditions d'information des joueurs, en passant par la
coordination ou la théorie du marchandage - séquentiel ou non. En
1992, l'International Journal of Game Theory s'enrichit d'ailleurs d'une
section spéciale intitulée « Games and
Experiment » pour laquelle SELTEN joue le rôle d'éditeur
. Depuis plusieurs années, la revue Games and Economic Behavior publie
également des comptes rendus de jeux expérimentaux.
En plus de constituer un corpus de travaux en expansion, ces
jeux expérimentaux représentent une fraction importante de la
littérature expérimentale économique. On peut en prendre
la mesure en considérant la place qu'ils occupent dans les premiers
manuels d'économie expérimentale. En 1991, J. D. HEY1(*)2 publie le premier de ces
manuels, qui consacre des développements importants à la
théorie du comportement interactif - dont un sixième de l'ouvrage
pour les thèmes du marchandage et des jeux en général. Le
Handbook of Experimental Economics de J. H. KAGEL et A ROTH1(*)3 contient plusieurs
chapitres portant sur les jeux expérimentaux. Par ailleurs, en
juin 1998 débute la publication de la revue
Experimental Economics, dont une grande partie des articles traitent de
problèmes liés à la théorie des jeux.
1-2- l'intuition derrière le rapprochement
entre la théorie des jeux et
l'expérimentation
Ce rapprochement des idées de la théorie des
jeux et des méthodes de l'expérimentation, à l'oeuvre dans
les jeux expérimentaux, était-il fortuit ? Non, semble-t-il.
Des travaux de la pensée économique nous apprennent en effet que
nombre important de spécialistes de la théorie des jeux ont fait
appel aux méthodes de la recherche expérimentale. L'explication
la plus fréquente du développement de l'expérimentation
dans le champ de l'économie qui est alors proposée est que
certains théoriciens des jeux ont souhaité produire de nouveaux
énoncés théoriques au moyen d'observations
expérimentales. Ainsi, par exemple, A ROTH déclare :
« Nombre des premiers économistes
expérimentateurs sont aujourd'hui connus avant tout comme des
théoriciens des jeux réputés ; ils ont
été poussés vers l'expérimentation par le fait que
cette dernière leur donnait la possibilité de tester les
prédictions de la théorie des jeux et d'observer des
comportements non prédits dans un environnement contrôlé (
voir par exemple le travail expérimental des années 1950 et 1960
de Maschler, Nash, Schelling, Shubik et Selten) »1(*)4
En quoi l'expérimentation leur donnait-elle
« l'occasion » de tester les prédictions de la
théorie des jeux et d'observer les comportements non
prédits ? En ce que, répond par exemple DELOCHE1(*)5, l'expérimentation
en laboratoire en économie entretient avec la théorie des jeux
une relation privilégiée. Pour caractériser cette
relation, il faut d'abord revenir à notre définition de la
théorie économique comme étant un ensemble
constitué par trois éléments :
l' «environnement »,
l' « institution » et les
« comportements ». et c'est à partir de cette
définition, sous forme de trio, de la théorie économique
qu'on retrouve ce que les défendeurs de l'expérimentation en
laboratoire appelle une supériorité par rapport à
l'économétrie, ainsi
« l'économiste-expérimentateur de laboratoire peut
contrôler non seulement les institutions, mais aussi
l'environnement. »1(*)6
L'expérimentation en laboratoire permet un
contrôle plus étendu des conditions initiales des propositions
théoriques testées ou des régularités
observés. Toutefois cet avantage n'est intéressant que si, dans
les théories testées et les régularités que l'on
veut découvrir, l'institution1(*)7 est définie avec précision.
Or, comme on a pu le voir dans la définition de la
notion de jeu, la théorie des jeux accorde une grande importance
à la caractérisation de l'institution. De la sorte que, non
seulement des théoriciens des jeux ont-ils été
tentés de réaliser des expérimentations mais encore des
expérimentateurs ont-ils trouvé dans la théorie des jeux
et les théories qui utilisaient la théorie des jeux une occasion
propice à la réalisation de tels travaux. Selon DELOCHE, la
solidité de l'union de la théorie des jeux et de
l'économie expérimentale » s'explique ainsi
« par l'importance que toutes les deux accordent aux
institutions »1(*)8.
Ainsi, le rapprochement décrit par DELOCHE,
après d'autres, semble d'autant plus naturel qu'il peut être
facilement mis en pratique. Des théoriciens des jeux auraient voulu
tester la théorie des jeux et observer le comportement des individus en
situation de jeu, et des chercheurs intéressés par la
réalisation d'expérimentations en laboratoire dans le champ des
sciences économiques ( et sociales) auraient trouvé, dans les
jeux et la théorie des jeux des concepts et des propositions
particulièrement adaptés à ce type d'études1(*)9.
Cependant, selon P MAMAS2(*)0 cette explication, (avancée par DELOCHE)
considérant le rapprochement entre la théorie des jeux et le
laboratoire comme processus naturel, est insuffisante puisque en remontant
à l'origine de l'apparition de la théorie des jeux on trouve que
la possibilité d'établir des relations entre la démarche
du théoricien des jeux et la recherche expérimentale ne va pas de
soi puisque on sait déjà que la théorie des jeux des tout
premiers fondateurs - E ZERMELLO (1913), E BOREL (1921), J VON NEUMANN (1928)-
apparaît d'abord comme une mathématique, créée par
des mathématiciens, pour des mathématiciens pour lesquels la
rigueur de la démonstration mathématique compte plus que
l'existence d'une quelconque référence empirique. Dans cette
mesure, le théoricien des jeux ne recherche pas directement dans
l'observation des conduites humaines un contrôle de son travail ou une
source essentielle d'inspiration.
MAMAS continuent son raisonnement ( afin de trouver une autre
explication à ce rapprochement entre la théorie des jeux et
l'expérimentation) en affirmant que d'un autre point de vue, la
théorie des jeux de ZERMELO, de BOREL et de VON NEUMANN est aussi une
mathématique appliquée. On peut s'en persuader en remarquant que,
d'une part, les notions de jeu, de joueur, de stratégie, renvoient
directement, par leur nom même, à des objets empiriques,
observables, et que d'autre part, il est possible de s'inspirer de la
théorie des jeux pour formuler des conseils à l'attention de
joueurs qui seraient placés dans les mêmes conditions que les
joueurs de la théorie.
Les premiers théoriciens des jeux ne se privent
d'ailleurs pas de donner ce genre de conseils. Ainsi, J VON NEUMANN indique en
1928 que, dans un jeu à deux joueurs et à somme nulle, un joueur
qui cherche à obtenir le gain le plus avantageux possible doit jouer la
stratégie qui maximise ( sur l'ensemble de ses stratégies) le
minimum ( sur l'ensemble des stratégies de l'adversaire) de
l'espérance mathématique de son gain - autrement dit sa
stratégie « maximin ». MAMAS interprète ce
genre de conseil comme une proposition
« instrumentale-normative », c'est à dire comme un
conseil (instrument) en termes de choix stratégique donné
à un joueur dont les objectifs sont arbitrairement
prédéfinis (norme). En ce sens, MAMAS considère que, dans
les premières années de son existence, en se rapprochant des
objets d'observation, la théorie des jeux fait simplement l'objet d'une
interprétation « instrumentale-normative ».
Cependant, même en adoptant cette interprétation
« instrumentale-normative » de la théorie des jeux,
la relation de cette dernière aux faits d'observation reste
limitée. En effet, dans la mesure où la démarche de la
théorie des jeux, dans sa dimension appliquée des années
1910-1920, vise à conseiller des joueurs sur la base d'objectifs
arbitraires et de raisonnements démonstratifs mathématiques,
l'observation des choix des individus lui est de peu d'utilité. cette
situation s'accorde mal avec l'utilisation ultérieure de la
théorie des jeux en lien avec la recherche expérimentale. Le
comportement des individus dans les jeux y devient au contraire un objet
d'étude privilégié, observé en relation avec les
idées et concepts de la théorie des jeux, et il est souvent
utilisé pour « tester » cette dernière. En
effet, cette interprétation
« instrumentale-normative » décrit mal la situation
actuelle de la relation entre la théorie des jeux et l'économie
expérimentale.
Il a nécessairement fallu que, dans l'intervalle, une
autre interprétation de la théorie des jeux apparaisse et se
développe. Selon MAMAS, cette nouvelle lecture de la théorie des
jeux se présente comme une interprétation
« descriptive-prédictive », autrement dit elle
consiste à dire que la théorie des jeux peut aider à
décrire, prédire ou expliquer le comportement d'individus
réels participant à des jeux. Cette interprétation
s'inspire des propositions mathématiques centrales de la théorie
des jeux pour formuler des énoncés de type: si un joueur
participe à un certain type de jeu et est caractérisé par
certains objectifs et préférences spécifiées, alors
il joue (ou jouera) telle stratégie. Par exemple,
l'interprétation « descriptive-prédictive »
de la proposition « instrumentale-normative » de VON
NEUMANN énoncée précédemment est : dans un jeu
à deux joueurs et à somme nulle, un joueur qui cherche à
obtenir le gain le plus avantageux possible joue (ou jouera) sa
stratégie maximin.
On peut conclure donc que, contrairement à DELOCHE qui
voit dans le rapprochement actuelle entre la théorie des jeux et
l'expérimentation un processus naturel ( soit parce que
l'expérimentation en laboratoire se dote d'une supériorité
par rapport aux autres types de techniques empiriques, soit parce que la
théorie des jeux et l'expérimentation ont un point commun qui les
rapproche à savoir l'importance que les deux accordent à
l'institution), MAMAS affirme que les relations privilégiées qui
existent aujourd'hui entre la théorie des jeux et les jeux
expérimentaux, présupposent qu'on soit passé d'une
interprétation mathématique ou
« instrumentale-normative » de la théorie des jeux
à une interprétation
« descriptive-prédictive » de celle-ci2(*)1.
Pour matérialiser le rapprochement entre la
théorie des jeux et l'expérimentation ainsi que l'avantage qu'a
procuré cette union pour résoudre des problèmes propres
à d'autres domaines, nous allons donner, dans la prochaine section, deux
exemples typiques de jeux expérimentaux.
Section II- les jeux expérimentaux :
une discussion de cas
Historiquement nous pouvons affirmer que le rapprochement
entre la théorie des jeux et l'expérimentation a connu deux
étapes d'évolution2(*)2 :
- la première étape commence du début des
années 50 jusqu'à la fin des années 60. durant cette
période le recours au laboratoire avait pour objectif exclusif la
validation théorique des concepts de solutions avancés par la
théorie des jeux2(*)3. Les chercheurs ont essayé pendant cette
étape de gagner une certaine confiance quant à la
fiabilité de la théorie des jeux comme outil performant qui
permet une modélisation correcte des interactions stratégiques
entre individus. En d'autres termes on a essayé pendant cette
période d'avoir une réponse à la question suivante :
Est ce que, en créant un environnement (expérimental) aussi
semblable que celui préconisé par la théorie, le concept
de solution avancé par cette dernière (tel que l'équilibre
de NASH dans un environnement non coopératif) tiendra ?
En effet, nous essayerons dans un premier point de donner
l'exemple d'une expérience de ce type. Nous avons choisi une
expérience qui reste jusqu'à présent parmi les plus
célèbres dans le domaine de la théorie des jeux, il s'agit
de l'expérience réalisée par SHUBIK en 19622(*)4 dont l'objectif
était la validation expérimentale des différentes concepts
de solutions, connu jusqu'à cette date, pour des jeux à deux
joueurs, à somme non nulle avec information incomplète sur les
règles du jeux.
-La deuxième étape commence du début des
années 70 jusqu'à nos jours. Cette période se
caractérise par une conviction de la part des théoriciens des
jeux ou plus généralement des économistes quant à
la pertinence de la théorie des jeux comme outil performant de la
modélisation des interactions interindividuelles. Une fois cette
confiance établie, les économistes commence à utiliser le
langage de la théorie des jeux dans plusieurs domaines (là
où il y a interaction stratégique entre individus). Là
encore on trouve que c'est SHUBIK qui était le précurseur, sa
conviction quant à la pertinence de la théorie des jeux
était même très précoce2(*)5 par rapport à la
plupart des autres économistes. Mais en général ce n'est
que pendant cette deuxième période qu'on a pu abordé, en
utilisant aussi bien l'expérimentation que le langage de la
théorie des jeux, des questions en relations avec des sujets
réels tels que l'étude des structures des marchés (
l'émergence des Cartel et leur stabilité, l'apparition des
attaques spéculatives dans les marchés financiers, la
réaction des marchés aux modifications de la
réglementation), les relations internationales (les négociations
bilatérales ou multilatérales), l'étude et l'analyse des
décisions publiques ( les opérations de privatisation, la
communication des décisions publique tel que la communication des
risques).
Pendant cette deuxième période, on peut
remarquer qu'il y avait un changement dimensionnel et formel de la relation
entre la théorie des jeux et l'économie expérimentale.
Cette relation prend parfois une forme bi-dimensionnelle («théorie
des jeux-économie expérimentale »), il s'agit là
de la forme classique dans laquelle le laboratoire est considéré
comme outil de validation théorique seulement ou plutôt un outil
de raffinement des processus d'équilibration. Dans d'autres cas cette
relation prend une forme tri-dimensionnelle (ou plus)
(« théorie des jeux-économie
expérimentale-domaine(s) de référence »), dans
ce cas l'objectif du
« théoricien-expérimentateur » n'est pas
seulement la recherche de la pertinence d'un certain concept théorique,
mais il y a un second objectif aussi important que le premier. Il s'agit de
chercher, à travers cette jonction entre théorie des jeux et
économie expérimentale, la résolution des problèmes
propres à certains domaines. On peut citer à titre
d'exemple : la détermination des mécanismes de
privatisation, la détermination des raisons des attaques
spéculatives dans les marchés financiers, la conception de
nouveaux marchés (boursiers). En d'autres termes, on dira qu'on a
vécu pendant cette période la naissance de ce que nous appelons
les « jeux expérimentaux appliqués » menant
par la suite à la constitution d'un domaine de recherche proprement dit,
ROTH l'a nommé le « Design Economics ».
Nous essayerons, donc, dans un deuxième point de
présenter une expérience matérialisant ce changement
dimensionnel en prenant comme « domaine de
référence » la communication des décisions
publiques et plus précisément les décisions publiques pour
un financement efficient d'un bien public.
2-1- jeux à deux joueurs et à somme non
nulle :
une étude expérimentale
Comme nous l'avons évoqué auparavant cette
expérience à été réalisée par
l'économiste SHUBIK et elle remonte à 1962 malgré son
ancienneté elle reste toujours une référence importante
pour les théoriciens-expérimentalistes, sa
célébrité est due à la fois à sa
simplicité, à sa clarté et à l'importance2(*)6 des résultats qu'on
a pu tirer.
Avant de présenter son expérience, SHUBIK
commence son article par une présentation des différentes
formalisations d'un jeu quelconque, une présentation sur laquelle nous
ne revenons pas puisqu'elle est déjà évoquée dans
le deuxième chapitre2(*)7. Dans un deuxième point, l'auteur
présente les différents concepts de solutions, connus
jusqu'à cette date, pour les jeux à deux joueurs et à
somme non nulle.
Dans les points qui suivent l'auteur présente
l'expérience proprement dite ( les différents jeux
expérimentaux qu'il a essayé d'étudier, les
hypothèses et les conditions sous-tendant l'expérience, la
confrontation des solutions théoriques et les choix des joueurs et enfin
les résultats de cette confrontation).
2-1-1- les concepts de solutions proposés pour les
jeux à deux
joueurs et à somme non nulle
SHUBIK affirmait que la théorie des jeux telle qu'elle
se présentait à cette date était une théorie
normative, il considérait que les efforts fourni dans le sens de la
conception des jeux expérimentaux sont très importants pour
l'acheminement vers, premièrement la validation des théories
qui se prétendaient être descriptives et deuxièmement vers
la production ou l'apparition de nouvelles théories descriptives.
L'auteur se limitait dans cette étude aux jeux
à deux personnes, à durée finie, et à somme non
nulle. Soit P1(s1, s2) le paiement du premier
joueur s'il joue sa stratégie s1 et si le second joueur joue
sa stratégie s2 ; de manière similaire on peut
définir P2(s1, s2).
Soit le jeu présenté dans la matrice ci-dessous
(figure 1) :
1
2
1
2
5 ; 2
|
-10 ; -13
|
4 ; 1
|
-20 ; -23
|
Fig 1
Nous remarquons qu'il s'agit d'un jeu à somme non nulle
ou d'une manière générale d'un jeu à somme non
constante ( la somme des paiements des deux joueurs diffère d'un casier
à un autre).
VON NEUMANN et MORGENSTERN ont suggéré que dans
les jeux à somme non constante les joueurs doivent maximiser
conjointement leur bien être. Cela suppose évidemment qu'ils
communiquent entre eux et qu'il y a possibilité de paiements
latéraux. Mais dans leur description de ce jeu ils n'ont pas inclus
d'une manière explicite ce processus de négociation ainsi que la
possibilité de paiement latéraux. Ces opérations existent
mais elles prennent place hors du jeu. La description du comportement des
joueurs dans ce jeu est donnée mathématiquement par la condition
suivante :
s1 s2
Max. Max. (P1(s1, s2) +
P2(s1, s2))
[1]
Ceci veut dire que chaque joueur doit choisir sa
stratégie telle que la somme des paiements soit maximum (choisir le
maximum joint)2(*)8.
Appliquée au jeu de la figure 1 cette condition suggère que
chaque joueur doit jouer sa première stratégie .
NASH avait introduit une théorie des jeux non
coopératifs2(*)9
qui se prétend être une généralisation de la
théorie de l'Équilibre Economique Général. La
théorie de NASH est appliquée pour les situations qui se
caractérisent par l'absence de communication entre les joueurs ainsi que
l'absence des paiements latéraux. NASH montre que pour n'importe quel
jeu fini, il existe au moins une paire de stratégies
s1* et s2* tel que les deux
conditions suivantes :
[2]
s1
s1* = Max.
P1(s1, s2*)
s2
s2* = Max.
P1(s1*, s2)
sont simultanément satisfaites par le choix de
s1* et s2* par le premier et le
deuxième joueur respectivement. En d'autres termes, si le premier joueur
croit que le second joueur utilisera s2* contre lui, sa
meilleure réaction sera le choix de s1* et vice
versa.
A coté de ces deux solutions, SHUBIK avance deux autres
solutions moins acceptables mais possible dans un environnement tel que celui
des jeux à deux joueurs à somme non nulle.
La troisième solution est envisageable dans le cas
où les deux joueurs sont très pessimistes, dans ce cas ils
s'efforcent à minimiser les pertes qu'ils peuvent concéder. En
d'autres termes, en supposant que l'adversaire est un ennemi chacun croit que
l'autre essayera toujours de minimiser sa récompense, il s'efforce donc
de maximiser son résultat dans ces conditions. Formellement Ceci peut
être exprimé de la façon suivante :
[3]
s1 s2
Max. Min. P1(s1, s2)
s1 s2
Max. Min. P2(s1, s2)
La quatrième solution avancée par SHUBIK est
celle qui stipule que les joueurs peuvent trouver avantageux de maximiser la
différence en terme de gain entre eux. La conséquence sera donc
la maximisation du gain individuel. C'est la manière de penser qui
prévalent chez les spéculateurs. Formellement, on peut
représenter ce cas de la manière suivante :
s1 s2
Max. Min. (P1(s1, s2) -
P2(s1, s2))
[4]
Ce sont là les quatre solutions proposées par
SHUBIK pour les jeux à deux joueurs et à somme non nulle. Dans ce
qui suit nous allons présenter comment SHUBIK a pu, en faisant recours
aux jeux expérimentaux, étudier la validation théorique de
ces concepts de solution.
2-1-2- Quelques jeux expérimentaux et leurs
solutions
théoriques
1 2
SHUBIK donne l'exemple de six jeux joués par cinq
paires de joueurs3(*)0.
On donne ci-dessous les matrices des gains pour ces jeux.
1
2
Jeu 1 :
6 ; 3
|
6 ; 7
|
10 ; 3
|
10 ; 7
|
Fig 2
1
2
1
2
Jeu 2 :
Fig 3
1
2
1
2
Jeu 3 :
2 ; 1
|
-1 ; -1
|
-1 ; -1
|
1 ; 2
|
Fig 4
1
2
1
2
Jeu 4 :
3 ; 3
|
-1 ; -1
|
-1 ; -1
|
2 ; 2
|
Fig 5
1
2
1
2
Jeu 5 :
3 ; 3
|
-2 ; 7
|
7 ; -2
|
-1 ; -1
|
Fig 6
1
2
Jeu 6 :
1
2
5 ; 2
|
-10 ; -13
|
4 ; 1
|
-20 ; -23
|
Fig 7
Fig 8
Dans la figure 8 ci-dessous, tous les concepts de solutions
qui ont été avancés précédemment sont
maintenant appliqués aux six jeux ci-dessus. Les paires de
stratégies représentant les solutions sont notées. Par
exemple l'expression (1 ; 1) représente la solution selon laquelle
chaque joueur joue sa première stratégie ( s1 = 1 et
s2 = 2).
|
Solution [1]
|
Solution [2]
|
Solution [3]
|
Solution [4]
|
Jeu 1
|
(2 ; 2)
|
(2 ; 2)
|
(2 ; 2)
|
(2 ; 2)
|
Jeu 2
|
(1 ; 2)
|
(1 ; 1) (1 ;2)
(2 ; 1) (2 ; 2)
|
(1 ; 1) (1 ;2)
(2 ; 1) (2 ; 2)
|
(2 ; 1)
|
Jeu 3
|
(1 ; 1) ou
(2 ; 2)
|
(1 ; 1) ou
(2 ; 2)
|
*
(2/5 ; 3/5) et
(3/5 ; 2/5)
|
(1 ; 2)
|
Jeu 4
|
(1 ; 1)
|
(1 ; 1) ou
(2 ; 2)
|
*
(3/7 ; 4/7) et
(3/7 ; 4/7)
|
(1 ; 1) (1 ;2)
(2 ; 1) (2 ; 2)
|
Jeu 5
|
(1 ; 1)
|
(2 ; 2)
|
(2 ; 2)
|
(2 ; 2)
|
Jeu 6
|
(1 ; 1)
|
(1 ; 1)
|
(1 ; 1)
|
(1 ; 1) (1 ;2)
(2 ; 1) (2 ; 2)
|
* Ces deux solutions impliquent des stratégies mixtes.
les paires entre parenthèses indiquent les probabilités
employées par chaque joueur.
Lorsqu'il sont appliqués pour le premier jeu, les
quatre concepts de solutions donnent la même solution (2 ; 2).
SHUBIK affirme que, à travers une étude attentive de ce jeu, on
peut constater qu'il y a des raisons structurelles pour l'apparition de ce
résultat. Les joueurs sont stratégiquement indépendants de
telle manière que leur sorts (ou leur destin) ne sont pas reliés.
Ce jeu représente le cas où il y a une isolation complète
des deux adversaires dans un marché de concurrence pure. En effet, sans
tenir compte de leur intentions, les joueurs se trouvent dans une situation
où leur comportement ne changera plus quel que soit les circonstances.
SHUBIK appelle se genre de jeu « un jeu inessentiel »
où rien ne peut être gagner à travers la discussion, la
négociation ou la collusion, tous ces termes n'ont pas de sens dans ce
cas.
Remarquons aussi que dans les jeux 3 ; 4 et 6, la
solution non coopérative [2] et celle du maximum joint [1] se
coïncident ceci s'explique par le fait que la structure de ces jeux
génère une sorte de collusion implicite.
2-1-3- Description de l'expérience :
Hypothèses, Conditions
du travail et Résultats
En se référant à d'autres travaux
précédents, SHUBIK suggère que le concept de solution non
coopérative est le meilleur prédicteur ( parmi les quatre
présentés dans cette expérience) dans une situation des
jeux à somme non nulle. Ceci est vrai, ajoute-t-il, avec une seule
modification. Les jeux seront joués sous la conditions d'information
incomplète sur les règles. Cette incomplétude
informationnelle est de deux sortes :
1- les joueurs seront informés seulement sur ses
propres fonctions de paiements. Ils n'auront plus d'information sur les
fonctions de paiements des autres joueurs. Pour chaque joueur, ses adversaires
( ou ses partenaires) seront choisi de manière aléatoire, en
plus, toute communication sera interdite sauf celle via le moniteur qui
transmettra l'information concernant les choix de chaque joueur après
chaque période du Super Jeu.
2-les joueurs ne seront pas initialement informés sur
le nombre de périodes pour les Super Jeux. Ceci pour éviter ce
qu'a appelé l'auteur « les effets de conclusion »,
en d'autres termes afin d'éviter les raisonnement reposant sur le
principe de la récurrence à rebours `` backward induction''. Les
étudiants (joueurs) auront approximativement une minute par
période.
Il faut noter ici que pour tester l'hypothèse selon
laquelle la solution non coopérative est la meilleure parmi les quatre
avancées, l'auteur ne s'est basé que sur les données des
cinq dernières périodes pour chaque jeu. Le terme
« meilleure » doit être compris dans un sens
général parce qu'aucune solution ne peut être retenue pour
tous les jeux.
La figure 9 ci-dessous donne les résultats
observés pour les cinq dernières périodes.
|
Les paires de stratégies
|
Paire (joueurs)
1
|
Paire
2
|
Paire
3
|
Paire
4
|
Paire
5
|
Prédiction des solutions
[1] [2] [3] [4]
|
Jeu
1
|
(1 ; 1)
(1 ; 2)
(2 ; 1)
(2 ; 2)
|
-
-
-
5
|
-
-
-
5
|
-
-
-
5
|
-
-
-
5
|
-
-
-
5
|
X X X X
|
Jeu
2
|
(1 ; 1)
(1 ; 2)
(2 ; 1)
(2 ; 2)
|
-
-
2
3
|
-
-
-
5
|
-
-
3
2
|
-
1
2
2
|
-
5
-
-
|
X X
X X X
X X X
X X
|
Jeu
3
|
(1 ; 1)
(1 ; 2)
(2 ; 1)
(2 ; 2)
|
-
-
-
5
|
-
-
-
5
|
-
-
-
5
|
5
-
-
-
|
5
-
-
-
|
X X 6/25
4/25 X
9/25
X X 6/25
|
Jeu
4
|
(1 ; 1)
(1 ; 2)
(2 ; 1)
(2 ; 2)
|
5
-
-
-
|
5
-
-
-
|
5
-
-
-
|
5
-
-
-
|
3
1
1
-
|
X X 9/49 X
12/49 X
12/49 X
16/49 X
|
Jeu
5
|
(1 ; 1)
(1 ; 2)
(2 ; 1)
(2 ; 2)
|
-
-
3
2
|
-
-
1
4
|
-
-
1
4
|
-
-
-
5
|
-
-
1
4
|
X
X X X
|
Jeu
6
|
(1 ; 1)
(1 ; 2)
(2 ; 1)
(2 ; 2)
|
5
-
-
-
|
5
-
-
-
|
5
-
-
-
|
5
-
-
-
|
5
-
-
-
|
X X X X
X
X
X
|
Fig 9
En examinant les deux figures 8 et 9, on observe que
l'ensemble des théories ont la même force prédictive pour
le premier jeu, en plus cette observation est en complet accord avec les
résultats concernant le jeu expérimental n°1. ceci affirme
que les joueurs se dotent d'une rationalité effective.
Pour le deuxième jeu, les solutions [1] et [4] doivent
être rejetées, tandis que les solutions [2] et [3] n'ont pas une
force de résolution suffisante pour les prendre comme
référence sur laquelle nous pouvons reposer notre
prédiction des comportements réels des joueurs d'où leurs
inconsistance par rapport aux données expérimentales. Ce que nous
constatons pour ce jeu c'est qu'il y a une certaine tendance des joueurs
à choisir la paire (2 ; 2) avec une grande fréquence, mais
aucune des solutions n'a pu capter ce constat. L'auteur propose de rejouer ce
jeu une deuxième fois mais en permutant les lignes et les colonnes
parce qu'il pense que ce dernier constat ( le choix des joueurs de la paire
(2 ; 2) ) ne se base pas sur le principe de rationalité, il avance,
sans fermeté, qu'il y a derrière ce genre de comportement
d'autres considérations (de type géométrique par
exemple).
Pour le troisième jeu, les solutions [1] et [2]
tiennent pour toutes les données, tandis que les solutions [3] et [4]
doivent être rejetées.
Pour le quatrième jeu, les solutions [1] et [2] sont
consistantes avec les donnés de l'expérience ( malgré que
les données issues de la 5ème paire de joueurs
reflètent une certaine variabilité. La solution [3] doit
être rejetée et la solution [4] n'a pas une force de
résolution satisfaisante.
Pour le cinquième jeu, ce qui est remarquable c'est
que les joueurs font preuve d'une difficulté d'apprentissage, ils
n'arrivent pas à coordonner leurs stratégies pour
améliorer leur profit joint. Par conséquent, la solution [1] est
rejetée tandis que toutes les autres solutions restent acceptables.
Pour le sixième jeu, les solutions [1], [2] et [3] sont
en complèt accord avec les données expérimentales ;
la solution [4] n'a pas une force de résolution satisfaisante.
Le tableau ci-dessous résume en quelque sorte les
résultats de cette expérience :
|
Solutions
|
Jeux
|
|
1
|
2
|
3
|
4
|
1
|
Oui
|
Oui
|
Oui
|
Oui
|
2
|
Non
|
?*
|
?
|
Non
|
3
|
Oui
|
Oui
|
?
|
Non
|
4
|
Oui
|
Oui
|
?
|
?
|
5
|
Non
|
Oui
|
Oui
|
Oui
|
6
|
Oui
|
Oui
|
Oui
|
?
|
* le point d'interrogation ( ? ) indique que la solution
n'a pas une force de résolution
A travers les résultats de son expérience,
SHUBIK a pu tirer la conclusion suivante : pour l'ensemble des jeux -
pris dans cette expérience - aucun concept de solution n'est
prédominant. Parfois on trouve qu'ils sont consistant par rapport aux
données de l'expérience, dans d'autres cas on trouve qu'ils sont
rejetés ( faute de force de résolution ou mauvaise
prédiction). Des modifications s'imposent donc. Ces dernières
doivent être faite dans le sens de rendre compte de certains aspects tels
que la réciprocité, la confiance, l'équité et plein
d'autres facteurs que des expériences ultérieures ont
essayé de mettre en valeur.
L'expérience de SHUBIK n'a pas pu juger d'une
manière un peu plus claire sur la pertinence des concepts de solutions
avancés (ou plus précisément sur la pertinence de
l'équilibre de NASH comme l'a souhaité SHUBIK lui-même).
Ces conclusions insatisfaisantes3(*)1 ont poussé l'auteur à se douter
à propos de la méthode expérimentale comme outil de
validation théorique. Ainsi il déclare dans la conclusion de son
article : « there are great difficulties to be faced in
attempting to use experimental games in vitro to learn about human
processes in vivo.(...). The environnement of the simple experimental
game probably destroys many of the factors contributing to the acceptance of
stable standards of behaviour in societies or even in industries and trade
associations »3(*)2. Il avance que la meilleure façon qui peut
mettre en valeur l'apport de la méthode expérimentale - ce qui
peut en dernier lieu mettre en lumière ces facteurs encore
négligés par les conditions expérimentales - est la
clarification de la relation entre environnement social et environnement
expérimental.
Actuellement on est allé très loin dans le
processus de clarification de cette relation parce que tous les
théoriciens sont convaincus maintenant de la chose suivante : il y
a deux logiques du cheminement vers l'équilibre qui sont
envisagées. Soit, l'équilibre est atteint à l'aide du
mécanisme d'équilibration supposé par la théorie.
Soit, le processus menant à l'équilibre est
complété par la présence d'éléments
extra-rationnels, partagés entre les individus. Ces
éléments peuvent être d'ordre psychologique (la
sensibilité à l'équité ou l'aversion à
l'inéquité, la réciprocité et l'absence d'envie) ou
d'ordre sociologiques ( moeurs et habitudes). L'incorporation de ces
éléments dans les modèles théoriques
améliore certainement leur pouvoir prédictif mais, en faisant,
une question importante s'impose : celle concernant le fondement et
l'origine de ces éléments extra-rationnels3(*)3.
Dans ce qui suit on rencontrera un cas d'expérience
où les jeux expérimentaux sont utilisés pour expliquer les
comportements des gens lorsqu'il doivent choisir entre un investissement
privé et un investissement public.
2-2 : Le financement d'un bien public entre
l'Optimalité et la recherche
d'Equilibre :
une étude expérimentale3(*)4
Dans les jeux de contribution volontaire à un bien
public, les membres d'un groupe font face à un dilemme social. Chaque
individu doit investir tout ou une partie de ses ressources ( sa dotation) soit
dans un bien privé, soit dans un bien public. Le bien privé
rapporte à l'individu un gain qui est uniquement fonction de son
investissement personnel dans ce bien, tandis que le bien public rapporte
à chaque individu du groupe un gain qui est fonction de l'investissement
collectif des membres du groupe pour le bien public. Le dilemme réside
dans le fait que le gain marginal du bien privé est supérieur au
gain marginal du bien public. La fonction de gain totale, telle que la
définissent ISAAC, WALKER et THOMAS (1984)3(*)5, connaît deux issues
opposées. L'équilibre de NASH du jeu est atteint lorsque aucun
des membres du groupe ne contribue au financement du bien public (c'est la
stratégie dominante de sous jeu ou stratégie de passage
clandestin « Free Riding ». L'optimum de Pareto est obtenu
lorsque tous les membres du groupe avancent l'intégralité de leur
dotation pour le bien public.
Les résultats des expérimentations
précédentes portant sur les contributions volontaires
(LEDYARD3(*)6) montrent
que les individus ne souhaitent ni contribuer par l'intégralité
de leur dotation, ni jouer la stratégie de passage clandestin mais
choisissent un niveau de contribution intermédiaire. Ces contributions
diminuent avec les répétitions du jeu et approchent la
contribution d'équilibre. Parmi les différentes hypothèses
formulées pour expliquer ce comportement complexe, NEVEU avance :
les erreurs de compréhension des règles de l'expérience et
la définition du niveau de financement efficient du bien public.
La première hypothèse tient au fait que les
individus peuvent ne pas avoir saisi les règles de l'expérience.
ANDREONI3(*)7 explique
ceci par le fait que les individus cotisent avec une partie de leur dotation
sans véritablement savoir pourquoi. Toujours selon ANDREONI, les
individus, suite à un apprentissage au cours des
répétitions du jeu, assimilent les règles de
l'expérience et les conséquences de leurs choix. Ils versent
ainsi des sommes qui tendent vers la stratégie de passage clandestin et
qui convergent vers l'équilibre de NASH du jeu. Pour rendre compte des
comportements volontaires de contribution et de les distinguer des
éventuelles erreurs de compréhension, beaucoup
d'expérimentalistes3(*)8 ont eu recours à la définition d'un
jeu dont l'équilibre de Nash est obtenu par une contribution partielle
des joueurs. Dans un tel jeu, des contributions supérieures et
inférieures à la contribution d'équilibre doivent
apparaître si des erreurs de compréhension sont à la source
du choix des individus. En revanche, si les joueurs assimilent les
règles mais tentent de développer un comportement
coopératif, alors seules des contributions au-dessus de
l'équilibre émergeront. Ces études montrent que les
joueurs, en toute connaissance de cause, contribuent au bien public par des
montants supérieurs à la contribution d'équilibre. Le
phénomène de « sur-contribution » par rapport à
la stratégie d'équilibre n'est donc plus lié à des
erreurs de choix. Reste la question des choix de contributions sous optimales.
Si les individus choisissent volontairement des contributions
supérieures à la contribution d'équilibre, pourquoi ne
choisissent-ils pas la pleine coopération, qui serait collectivement
plus profitable ? Cette question suppose que le problème du passage
clandestin n'est plus l'unique facteur explicatif du comportement non
coopératif des individus. Il semble donc qu'il soit intéressant
de comprendre pourquoi le bien public n'est que partiellement financé
dans les jeux de contribution volontaire.
L'auteur propose dans un premier point une explication dans
laquelle il modifie la définition de l'optimum de Pareto. Si les
individus choisissent de conserver leur richesse au détriment du
financement du bien public, la sous optimalité des contributions
s'explique par l'aversion des joueurs à contribuer par
l'intégralité de leur dotation. Un individu peut avoir saisi
l'intérêt de la coopération mais ne souhaite pas investir
l'intégralité de sa dotation, de peur d'être le seul
à agir ainsi. La diminution dans le temps du taux de contribution
serait alors due à la généralisation de ce type de
comportements en réponse aux différents niveaux de contributions
réalisés sur les périodes précédentes.
Partant de cette hypothèse, on suppose donc qu'un bien public peut
être financé sans qu'une contribution égale à la
totalité de la dotation individuelle soit demandée aux membres du
groupe. NEUVEU qualifie cette structure de financement volontaire de bien
public un « optimum intérieur ». L'équilibre de NASH
est toujours défini par une contribution nulle (c'est la
stratégie dominante de sous jeu) ; en revanche, l'optimum de Pareto ne
sera atteint que si les individus choisissent de contribuer par une partie de
leur dotation.
Intégrer un optimum intérieur ouvre un
problème de coordination des décisions individuelles. Une
règle logique de décision de contribution, permettant d'atteindre
le financement efficient, est que chaque joueur contribue par une part
équivalente du montant requis. Dans ce cas, l'optimum de Pareto dit
« symétrique » est atteint. Toutefois, si un joueur cotise
moins que cette somme et qu'un autre individu cotise proportionnellement plus
que cette somme, le bien public est également efficacement
financé, et le résultat constitue également un optimum de
Pareto mais « non symétrique ». Là,
réside le problème de coordination des décisions
individuelles pour atteindre le point optimal symétrique. Comprendre
pourquoi les individus rencontrent ce problème de coordination et
quelles motivations les conduisent à contribuer plus que la part
équivalente qui leur assure un paiement Pareto optimal symétrique
est rendu possible.
NEUVEU a fait recours à une comparaison
expérimentale de deux jeux qui diffèrent selon leur niveau
d'optimum. Dans le premier cas, le financement efficient du bien public est
obtenu lorsque 30% de la dotation agrégée du groupe est
cotisée ; dans le deuxième cas, le financement efficient est
atteint avec 70% de la dotation agrégée. L'analyse des
résultats de l'expérience met en évidence les conclusions
suivantes. Concernant le problème des choix sous optimaux des individus,
l'auteur conclut qu'une éventuelle mauvaise compréhension des
règles de l'expérience est exclue. Les joueurs contribuent
volontairement avec des montants positifs inférieurs à la
contribution optimale (des sur-contributions sous optimales). De plus, selon la
définition des optima testés (30% ou 70%), les individus n'ont
pas un comportement de contribution identique. Le taux de financement du bien
public se trouve amélioré dès que le point optimal se
rapproche de la contribution d'équilibre. Enfin, les résultats
obtenus permettent de comprendre comment les joueurs établissent leur
choix de contribution. Voyons maintenant comment l'expérience
conçue par NEUVEU a pu générer ces résultats.
2-2-1- Comparaison entre deux optima
intérieurs
Afin de savoir d'une part, si une modification de la
définition de l'optimum de Pareto influence le comportement de
contribution des joueurs et, d'autre part, si les erreurs de contributions sont
intentionnelles ou résultent d'un choix individuel
délibéré, deux traitements ont été
réalisés au cours de cette expérimentation.
Le financement efficient du bien public a été
défini à 30% et 70% de la dotation agrégée du
groupe3(*)9. Ainsi la
distance du premier optimum par rapport à l'équilibre se trouve
égale à 30% de la dotation et la distance par rapport à la
pleine contribution assure le complément de la dotation de 70%. Le
deuxième optimum se définit alors logiquement comme le
symétrique par rapport à 50% ; c'est à dire à 70%
de la dotation par rapport à la contribution d'équilibre et
à une distance de 30% de la dotation par rapport à la pleine
contribution.(voir figure 10 ci-dessous).
Equilibre (0 % )
50 %
70 %
100 %
Dotation
Equilibre (0 %)
30 %
50 %
100 %
Dotation
Fig 10
3-2-2-2- Détermination des solutions de
jeu
2-2-2 Détermination des solutions du jeu.
Quelles que soient les caractéristiques du
modèle (OP30 ou OP70)4(*)0, l'équilibre du jeu est toujours obtenu par
la contribution nulle de l'ensemble des membres du groupe. Cette
stratégie de passage clandestin est la stratégie dominante du
jeu. En revanche, l'optimum de Pareto est obtenu lorsque les individus ne
contribuent par qu'une partie et non plus par l'intégralité de
leurs dotations comme c'est le cas dans les autres expériences de
contribution volontaire.
Il faut alors pouvoir différencier l'optimum de Pareto
dit « symétrique », qui assure un paiement équivalent
entre les membres du groupe, et l'ensemble des combinaisons de contributions
qui assurent un financement également efficient du bien public mais qui
sont des optima de Pareto « non symétriques ».
Considérons le cas OP30 (resp OP70), le bien public est financé
dès que la contribution globale du groupe atteint 30% de la dotation
agrégée. Ainsi, toutes combinaisons de contributions
individuelles permettant d'atteindre 30% des ressources totales du groupe
assure une production efficiente de bien public. Avec une dotation individuelle
de 10 jetons par période (40 jetons pour la dotation
agrégée dans un groupe de 4 individus), le financement efficient
du bien public est atteint dès que 12 jetons sont versés par le
groupe. Ainsi, toutes combinaisons des contributions des joueurs qui permettent
de recueillir 12 jetons se trouvent être un point de l'ensemble qui
assure le financement efficient du bien public (optimum non symétrique).
En revanche, un seul de ces points (une seule combinaison des décisions
de contribution individuelles) est l'optimum de Pareto symétrique. Il
s'agit du point défini par une contribution individuelle
équivalente entre les joueurs et égale à 30% de la
dotation individuelle soit 3 jetons par joueur.
Si tous les joueurs versent une part équivalente au
bien public, chaque joueur du groupe obtient le paiement optimal
symétrique. Les joueurs n'ont aucun intérêt à
dépasser ce niveau de financement car le paiement associé au bien
public diminuerait. Dans une telle situation, les joueurs reçoivent un
paiement plus faible, à la fois du bien public mais aussi du bien
privé (car plus de jetons sont investis dans le bien public). En
revanche, chaque individu va être individuellement incité à
dévier de la contribution symétrique optimale vers la
stratégie de passager clandestin puisque la non contribution constitue
la stratégie dominante. Ainsi, toute déviation unilatérale
vers la contribution nulle aura pour effet d'augmenter le paiement du joueur
déviant mais de diminuer le paiement des autres membres du groupe (car
moins de jetons sont investis dans le bien public). Si chaque joueur suit ce
raisonnement, il y aura convergence vers l'équilibre.
Le paiement maximum d'un joueur survient si ce joueur ne paye
rien pour le financement du bien public et si dans un même temps, les
autres membres du groupe assurent à eux seuls le financement complet du
bien public. Par exemple4(*)1, dans la condition OP30, le joueur passager
clandestin profite du paiement maximum du bien privé (950 jetons) et du
paiement maximum du bien public (607 jetons), soit un gain total de 1557
jetons. Les 3 autres joueurs auront un gain (1177 jetons, dont 607 du bien
public et 577 du bien privé) moins important que le paiement à
l'optimum « symétrique » (gain total de 1272 jetons par
individu). Les joueurs coopérateurs auront une incitation plus forte
à dévier de cette position puisqu'elle ne leur assure pas le
paiement collectif optimal.
Une telle situation est cependant peu envisageable. Si un
joueur agit comme passager clandestin, les autres joueurs du groupe n'ont aucun
intérêt individuel à tenter de compenser cette
défection par une augmentation de leur propre contribution au bien
public. En effet, le paiement associé à une situation de sous
financement du bien public est préférable au paiement
associé à une situation de financement optimal mais
asymétrique.
Au cours de l'expérience les individus n'ont donc
aucun intérêt à dépasser la contribution
symétrique optimale (i.e. 30 ou 70% de leur propre dotation).
Sous l'hypothèse que les joueurs versent des sommes positives afin de
signaler aux autres leurs intentions de coopérer, une contribution plus
importante que la contribution symétrique optimale n'aurait pour effet
que d'inciter les autres membres du groupe à diminuer leur contribution.
Si cette hypothèse du signalement des intentions de coopération
est vraie, les joueurs doivent contribuer des montants compris entre 0 et la
contribution symétrique optimale (3 ou 7 jetons selon le traitement).
Toute contribution au-dessus de la contribution symétrique optimale doit
donc théoriquement être interprétée comme une erreur
de compréhension du jeu.
A l'équilibre, le paiement individuel par
période est de 950 jetons pour le traitement OP30 et de 300 jetons pour
le traitement OP70. A l'optimum symétrique, ce paiement augmente
à 1272 jetons pour le traitement OP30 et à 639 jetons pour le
traitement OP70. La comparaison de ces deux traitements permet de mettre en
évidence la sensibilité du financement efficient du bien public
au niveau prédéfini de l'optimum. Fixer un optimum à 30%,
plutôt qu'à 70%, conduit-il les individus à contribuer plus
efficacement au bien public ?
2-2-3-Protocole expérimental
NEUVEU a réalisé son expérience au cours
du printemps 2000 et a réuni un total de 60 étudiants en DEUG
Sciences Economiques, répartis aléatoirement en 15 groupes de 4
joueurs. Ces groupes conservent la même composition au cours des
différentes périodes et des différents traitements (pas de
brassage des joueurs). Sur ce total de 15 groupes, 8 participent à
l'expérience OP30 et 7 groupes participent à l'expérience
OP70.
A leur arrivée sur les lieux de
l'expérimentation, chaque étudiant tire au sort un numéro
qui lui désigne sa place. A aucun moment les étudiants ne peuvent
avoir accès à une quelconque information concernant leur
numéro de groupe. Ainsi les participants ne savaient pas avec qui ils
étaient en interaction.
Les décisions sont prises sur PC et l'expérience
est gérée grâce au logiciel REGATE4(*)2 . Seules les instructions
sont distribuées sur papier et lues à voix haute par
l'expérimentaliste. Il est précisé aux sujets que la
rémunération en monnaie liquide s'effectuera à la fin de
l'expérience, sur la base de leur gain cumulé au cours du jeu. Le
taux de conversion appliqué est de : une unité
monétaire pour 700 jetons dans la condition OP-30 et une unité
monétaire pour 300 jetons dans la condition OP70. Les gains sont
payés aux sujets de manière privée.
Chaque traitement comporte 20 périodes de
décision et les sujets disposent d'une dotation de 10 jetons au
début de chaque période. Durant l'expérience, les joueurs
ne sont pas autorisés à communiquer. A la fin de chaque
période, les joueurs disposent des informations suivantes réunies
dans un tableau récapitulatif continuellement disponible à
l'écran : le numéro de la période en cours, le montant de
la dotation individuelle, leur choix individuel de contribution au cours des
périodes passées, la somme des contributions du groupe pour
chaque période (sans connaître le détail des contributions
individuelles), ainsi que leurs gains individuels issus de chacun des deux
biens, leur gain total de la période et leur gain cumulé en
jetons depuis le début de l'expérience.
Nous allons à présent mettre en lumière
quelques analyses faites par l'expérimentateur dans le but de tester les
hypothèses posées au début.
2-2-4-Le rôle du niveau de l'optimum sur le
comportement
individuel
L'objectif est de pouvoir isoler le comportement de
contribution associé à la définition de l'optimum de
Pareto symétrique.
- Différenciation des comportements de
groupe
Lorsque le jeu de contribution volontaire définit un
optimum intérieur, l'analyse des comportements agrégés
doit s'effectuer sur deux variables distinctes qui se confondent lorsque les
solutions des jeux de contribution volontaire sont en coin. Il s'agit du taux
de contribution et du taux de financement du bien public. Dans le premier cas,
il s'agit de la contribution au bien public faite par les joueurs, dans le
second, il s'agit de la part du financement efficient du bien public atteinte
par ce niveau de contribution.
Les résultats présentés
révèlent les différences de comportement associées
à chaque traitement.
- La contribution au bien public
Afin d'analyser les conséquences du niveau de
l'optimum sur le comportement de contribution, NEUVEU procède à
la comparaison des niveaux de contribution moyens réalisés par
les joueurs dans chacun des traitements. Le graphique 1 met en relation
l'évolution des taux de contribution moyens pour les groupes de chaque
traitement. Les moyennes sont calculées par période pour chaque
traitement sur les 32 (ou 28) joueurs4(*)3 constituant les différents groupes d'un
même traitement.
Observation 1 : Plus le niveau de financement
efficient du bien public est haut,
plus la contribution
moyenne des sujets est élevée.
On remarque que les joueurs contribuent significativement au
bien public dans chacun des traitements étudiés. La moyenne des
contributions, sur l'ensemble des périodes et des groupes, est de 2,68
jetons (écart type 1,84) pour le traitement OP30 et de 5,24 jetons
(écart type 2,56) pour le traitement OP70. Un test unilatéral de
Wilcoxon Mann Whitney a été effectué sur les contributions
moyennes des joueurs de chaque groupe. L'hypothèse nulle
d'équivalence des contributions moyennes des groupes entre les
traitements est rejetée au seuil de 1%. La conclusion donc est que la
contribution moyenne des sujets est plus forte sous OP70 que sous OP30.
Observation 2 : Le niveau de l'optimum n'a pas de
conséquences sur la stabilité
du comportement
de contribution entre les groupes.
Après cette dernière conclusion, l'auteur s'est
attaché à vérifier les différences de contribution
inter-groupes entre les traitements. Les écarts de contributions entre
les groupes dans un même traitement sont-ils sensiblement
différents des écarts de contributions entre les groupes pour un
autre traitement ? Afin de vérifier cette hypothèse, on calcule
l'écart absolu moyen des contributions des groupes du traitement OP30
par rapport à leur contribution moyenne (2,68) ainsi que l'écart
absolu moyen des contributions des groupes du traitement OP 70 par rapport
à leur contribution moyenne (5,24). Au seuil 1%, un test
bilatéral de Wilcoxon Mann Whitney appliqué à ces mesures
accepte significativement l'hypothèse nulle d'une équivalence des
écarts de contribution entre les traitements. Il apparaît donc que
les comportements de contribution inter-groupes sont équivalents entre
les traitements.
Observation 3 : Les écarts des contributions
entre les membres d'un même
groupe augmentent avec
la définition du niveau optimal.
Toujours dans le cadre d'analyse des contributions, on
s'intéresse à présent au problème des
différences de contribution à l'intérieur d'un même
groupe. NEUVEU a commencé par supposer que la différence des
contributions dans un même groupe est fortement dépendante de la
définition du niveau de financement optimal du bien public. Pour tester
cette hypothèse, l'auteur envisage deux mesures. La première, est
une analyse des écarts types des contributions sur l'expérience
à l'intérieur d'un groupe de joueurs. La seconde, est la mesure
de stabilité des décisions des groupes. Cette dernière se
calcule comme la moyenne des changements absolus de contribution pour un
individu d'une période à la suivante sur l'ensemble de
l'expérience. La mesure de stabilité du groupe est la moyenne des
stabilités individuelles pour chaque groupe.
Un test unilatéral de Wilcoxon Mann Whitney rejette, au
taux d'erreur de 1%, à la fois l'hypothèse nulle supposant une
équivalence des écarts types des contributions entre les
traitements et l'hypothèse nulle d'équivalence entre les mesures
de stabilité de décision entre les traitements. Avec un
écart type global de 1,84 pour OP 30 et un écart type global de
2,56 pour OP 70, nous pouvons en conclure que les contributions des joueurs
changent plus lorsque le niveau de financement optimal est haut. Ce constat est
renforcé par le calcul de la stabilité des décisions
individuelles puisque la stabilité moyenne des décisions est de
0,78 sous OP 30 alors qu'elle est de 1,41 sous OP 70.
Ces premiers résultats mettent en évidence une
différence de contribution associée à chaque niveau
Pareto optimal. Il reste à déterminer dans quelle mesure ces
différences de comportement affectent le financement efficient du bien
public.
2-2-5-Taux de financement et convergence vers un
niveau
intermédiaire
Afin de savoir si l'un des deux traitements permet
d'atteindre plus fréquemment le niveau de financement efficient,
l'expérimentateur s'intéresse aux taux de financement du bien
public pour chaque traitement. Le taux de financement se définit comme
le ratio entre la somme versée par l(es)'individu(s) et la contribution
optimale pour une période donnée. Ce taux de financement est
analysé au niveau individuel et au niveau agrégé.
La première analyse porte sur l'évolution du
taux de financement sur les 20 périodes de l'expérience pour
chaque traitement. Cette analyse conclut que le taux de financement est plus
important sous le traitement OP 30 que sous le traitement OP 70. D'autre part,
avec la répétition du jeu, il semble que les écarts de
financement entre les deux traitements se réduisent et que le taux de
financement converge autour de 80% de l'optimum.
Observation 4 : Sur le premier tiers de
l'expérience, le taux de financement est plus important lorsque le
niveau optimal est bas.
Observation 5 : Sur les deux derniers tiers de
l'expérience, il n'y a pas de différence de taux de financement
entre les deux traitements.
Afin d'analyser la convergence des taux de financement entre
les deux traitements, NEUVEU considère les écarts absolus des
taux de financement entre OP 30 et OP 70. Pour repérer un
éventuel changement de ces écarts, un test du changement de point
est appliqué à ces mesures sur l'ensemble des 20 périodes.
Au seuil 1% l'hypothèse nulle d'invariance des écarts de taux de
financement est rejetée. Le calcul du test révèle que le
changement s'effectue à la sixième période de jeu. Il
existe donc une différence des écarts des taux de financement
entre ces deux traitements. La sixième période constitue un point
de rupture dans l'évolution de ces écarts. Il s'agit donc
à présent de comparer les taux de financement moyens de chaque
traitement avant et après cette période de rupture. Sur chacun de
ces sous-ensembles (avant et après la 6ème période),
l'objectif est de savoir si les taux de financement moyens des groupes sont
propres à chaque traitement. En d'autres termes les écarts de
financement entre les groupes d'un même traitement sont-ils sensiblement
différents des écarts de financement entre les groupes pour un
autre traitement ? Sur les périodes 1 à 6, un test
bilatéral de Wilcoxon Mann Whitney appliqué à ces mesures
rejette significativement à 1% d'erreur l'hypothèse nulle d'une
équivalence des taux de financement entre les traitements. Avec un taux
de financement moyen de 106% pour le traitement OP 30 contre 80% pour le
traitement OP70 (l'analyse du graphique 1 donne aussi le même
résultat). Il est donc évident de conclure que sur le premier
tiers de l'expérience, le taux de financement est plus
élevé lorsque le niveau optimal est faible.
Au contraire, sur les données de la fin de
l'expérience (de la période 7 à la période 20), ce
même test de Wilcoxon Mann Whitney accepte l'hypothèse nulle d'une
équivalence des taux de financement entre les deux traitements. Avec une
moyenne de financement à 82% pour le traitement OP 30 et une moyenne de
73% pour le traitement OP 70, il est acceptable de conclure qu'après le
premier tiers de l'expérience, le taux de financement du bien public
tend à converger vers 80%, quel que soit le traitement retenu.
2-2-6- Décisions individuelles et
hypothèse d'erreur
Après avoir conclu que les différentes
définitions du niveau optimal ne semblent pas influencer
l'émergence de comportements extrêmes, NEUVEU a essayé de
savoir si les décisions qui ne sont pas à l'optimum sont dues
seulement aux erreurs associées à ces décisions.
Observation 6 : La décision de contribution
sous optimale des joueurs ne sont ni la conséquence d'erreurs de
compréhension, ni la conséquence d'une décision
aléatoire.
Afin de différencier les contributions
associées à des erreurs de compréhension de la part des
individus, des contributions volontairement effectuées, l'auteur a
comparé le nombre de contributions observées au-dessus de la
contribution symétrique optimale au nombre de contributions en dessous
de la contribution optimale symétrique. Si l'on retient
l'hypothèse que les individus n'ont pas compris le but de
l'expérience et que leurs contributions peuvent provenir d'erreurs, le
nombre de contributions en dessous de l'optimum devrait être
équivalent au nombre de contributions au-dessus de cet optimum. Pour
chaque traitement un test bilatéral du 2 est appliqué
suivant l'hypothèse nulle que la distribution des contributions est
symétrique autour de la contribution symétrique optimale. Cette
hypothèse est rejetée au taux d'erreur de 1%. Ainsi, puisque les
décisions en deçà de la contribution symétrique
représentent respectivement 64,4% pour OP 30 et 82,08% pour OP 70,
il est évident de conclure que les décisions des joueurs ne
sont pas la conséquence d'erreurs de compréhension ou de
décisions aléatoires.
Observation corollaire 7 : En jeu de contribution
volontaire, les « sur
contributions » des individus par
rapport à l'équilibre
sont des décisions
intentionnellement sous optimales.
A partir des observations 1 et 6, nous pouvons déduire
que les joueurs contribuent volontairement par des sommes positives au bien
public mais que ces sommes sont plus souvent sous optimales que sur
optimales.
Arrivant à ce stade4(*)4, nous pouvons déjà conclure que
l'expérimentateur à pu, en utilisant aussi bien le langage de la
théorie des jeux que la technique expérimentale, trouver une
explication convaincante au problème des contributions volontaires des
individus dans le cas des financement des biens publics. Cette
expérience en optimum intérieur a permis de révéler
certain nombre de caractéristiques associées au comportement de
contribution volontaire agrégé des individus. Le taux de
contribution est fortement dépendant du niveau de financement efficient
du bien public. Plus cet optimum est élevé, plus les
contributions des joueurs sont importantes. Pourtant, ce fort taux de
contribution doit être relativisé. Lorsqu'on s'intéresse au
taux de financement du bien public, il apparaît que les conditions
d'optimum faible assurent un financement plus efficient du bien public. D'autre
part, quel que soit le niveau optimal, la répétition du jeu fait
converger les taux de financement à environ 80% après un tiers
des répétitions du jeu. Par ailleurs, compte tenu des
distributions de choix des individus, l'hypothèse d'erreur de choix de
contribution pour chacun des traitements effectués au cours de
l'expérience est rejetée.
Conclusion :
Dans ce chapitre nous avons essayé de mettre en
lumière le rapprochement qui s'est réalisé entre
l'économie expérimentale et la théorie des jeux. En effet,
nous avons montré qu'il y avait (depuis leur naissance) une sorte de
consentement entre d'un côté l'expérimentateur, qui a vu
dans la théorie des jeux un outil capable de fournir un éclairage
différent et intéressant sur les problèmes posés
par la microéconomie traditionnelle, la théorie des jeux a
surtout fait apparaître de nouveaux problèmes, et de l'autre
côté le théoricien des jeux qui s'est convaincu de la
pertinence du laboratoire comme environnement acceptable pour la validation
des théories existantes ainsi que pour le développement de
nouvelles théories (rapprochées de plus en plus de la
réalité humaine).
Dans la première section nous avons
développé une approche historique et méthodologique. Cette
dernière nous a permis de conclure que dès leur naissance, la
théorie des jeux et l'économie expérimentale ont
été amené à ce développer conjointement.
Cependant, nous avons avancé deux explications différentes pour
la justification de ce développement parallèle. La
première prône pour un développement naturel tandis que la
deuxième voie que c'est le passage d'une interprétation
mathématique ou « instrumentale-normative » de la
théorie des jeux à une interprétation
« descriptive-prédictive » de celle-ci qui en est la
cause.
Dans la deuxième section, nous avons
présenté deux exemples concrets des expériences
réalisées grâce à l'union entre le langage de la
théorie des jeux et les techniques expérimentales.
CONCLUSION GÉNÉRALE
Nous avons voulu, à travers ce travail de recherche,
répondre aux interrogations suivantes :
- Qu'est ce que l'économie
expérimentale ?
- Quel est son projet ?
- Quel est son champ d'utilisation ?
- Sachant que la théorie des jeux est un des champs
d'application les plus développés par les
expérimentalistes, comment peut-on expliquer ce rapprochement
fructueux ? ou alors est-il, seulement, fortuit ?
- Quel est l'intérêt de l'économie
expérimentale comme méthode de production de données
comportementales comparativement aux méthodes habituellement
utilisées en théorie des jeux ? et comment pouvons-nous,
à travers les jeux expérimentaux, prouver la validité ou
non d'une théorie ?
Au terme de ce travail, nous pouvons conclure que :
L'économie expérimentale est devenue un outil
bien établi pour la recherche économique. Le fait que
l'économie est mise en laboratoire permet, aux théoriciens, de
tester, de valider, ainsi que de faire apparaître des
régularités empiriques dans des situations économiques
encore mal théorisées. Ces facultés viennent du fait que
l'expérimentation économique présente
l'intérêt de mesurer ou de contrôler des
éléments non observables et donc mal théorisés par
d'autres méthodes. En outre, un des éléments les plus
importants, rendant le travail au laboratoire si productif, est le fait que
cette méthode n'est reliée à aucun espace de
données quelconque, puisque l'expérimentateur
génère ses propres données ce qui lui permet de tester des
hypothèses précises. Un autre point positif en faveur de
l'économie expérimentale est la replicabilité et le
parallélisme des résultats expérimentaux ce qui permettra
aux économistes-expérimentateurs d'avoir une conviction commune
sur la validité ou non d'une quelconque théorie. En plus de cet
apport théorique, l'économie expérimentale joue un
rôle important en matière de politique économique, elle
permet, en effet, de tester l'efficacité relative des politiques
privées ou publiques alternatives.
Ceci dit, nous pouvons affirmer que, outre ces avantages
d'ordre scientifique et pratique, l'économie expérimentale se
présente comme outil pédagogique avec excellence. Elle facilite
le contact (qui est toujours difficile) des étudiants avec la
théorie microéconomique. On peut l'assimiler au même
rôle que joue l'expérience dans l'enseignement de la physique. La
difficulté, due à la plus ou moins grande conceptualisation des
phénomènes étudiés, peut être-partiellement-
levée grâce à la participation des étudiants
à des expériences de laboratoire, mettant, par ceci, en
évidence le rôle de la formalisation.
D'un autre côté, nous pouvons dire que si
réussite il y a dans travaux expérimentaux c'est grâce
à l'utilisation de la part des expérimentateurs d'un langage
aussi simple et claire que celui de la théorie des jeux. Le
développement de la théorie des jeux a rendu possible, pour les
expérimentateurs, de rendre compte de certains phénomènes
auparavant inobservables. Mais le développement même de cette
discipline n'est et ne sera possible que grâce ou recours au laboratoire.
ROHT explique cette idée en disant que :
« si nous ne progressons pas dans l'adjonction
à la théorie des jeux de fondements empiriques solides, autrement
dit si au contraire nous continuons à recourir à la
théorie des jeux principalement en essayant d'obtenir des
avancées conceptuelles (aussi profondes et satisfaisantes puissent-elles
être), il est probable que, bien avant un siècle, la
théorie des jeux connaîtra des rendements nettement
décroissants. A cet égard, je pense que les cent prochaines
années apportent vraisemblablement un changement dans la relation entre
le travail théorique et le travail empirique en Economie en
général, et que, dans le cas contraire, l'Economie tout
entière pourrait bien ne pas porter tous ses fruits1(*) ».
Ceci veut dire qu'il est préconisé d'avoir un
développement parallèle de la théorie des jeux et des
travaux expérimentaux.
En suivant le programme de recherche esquissé par ROTH,
nous nous mettant devant une problématique. Il s'agit selon BULTER que
« En choisissant d'étudier l'économie à travers
la voie expérimentale, nous nous trouverons obligés de
développer des modèles ayant un caractère de plus en plus
comportemental2(*)»
et avec toute leur complexité. Et c'est cette complexité de la
vie humaine qui pose problème, ainsi dans la plupart des
expériences conçues jusqu'à présent il y a
dominance d'une seule suggestion (dans le cas d'invalidité d'une
théorie) à savoir que « la théorie standard a
oublié une chose »3(*) (on dit par exemple que le phénomène
d'aversion d'inégalité est occulté dans tel ou tel cas),
l'expérimentateur ne peut pas dire plus. Autrement dit on ressent une
difficulté d'incorporation des facteurs exogènes dans les
modèles standard4(*).
La plupart des économistes-expérimentateurs
pensent que la solution se trouve dans un compromis et une collaboration avec
la psychologie cognitive et celle évolutionnaire. C'est à travers
cette union, pensent-ils, qu'on pourra réconcilier les suppositions de
la théorie économique à l'évidence empirique. il y
a même ceux qui sont allés plus loin en incorporant les
théories de l'imprécision et de l'erreur.
Cet appel à la collaboration entre économistes
et psychologues est ressenti par l'attribution du Prix Nobel en Sciences
Economiques 2002 à un économiste (Vernon SMITH) et un psychologue
( KAHNEMAN). Ceci veut dire que les mobiles du comportement économique
ne se réduisent pas tous au simple argument de la défense de
l'intérêt personnel ; bien d'autres ressorts psychologiques
sont à l'oeuvre.
Alors que la main invisible d'Adam SMITH renvoie une image
simple et dépouillé de la défense de
l'intérêt personnel, l'économie expérimentale, en
rendant (partiellement) visible les comportements économiques, ouvre la
voie à la constitution d'une économie du comportement dans
laquelle la défense de l'intérêt personnel peut se
révéler sophistiquée.
Table des matières
INTRODUCTION..........................................................................................
|
4
|
CHAPITRE I : L'ÉCONOMIE EN
LABORATOIRE..............................................
|
8
|
10
SECTION I : APERÇU SUR
L'ÉCONOMIE EXPÉRIMENTALE............................
|
1-1-
DÉFINITION.................................................................................
|
10
|
1-2- LA MÉTHODE
EXPÉRIMENTALE.......................................................
|
11
|
1-3- LA BONNE
EXPÉRIENCE..................................................................
|
16
|
1-4- CHAMP
D'APPLICATION..................................................................
|
17
|
1-4-1-LES THÉORIES DU CHOIX
INDIVIDUEL..........................................................
|
18
|
1-4-2- LA THEORIE DE L'ORGANISATION
INDUSTRIELLE DES MARCHES..................
|
20
|
1-4-3- LA THEORIE DES INTERACTIONS
INDIVIDUELLES.........................................
|
24
|
SECTION 2- LE RECOURS AU LABORATOIRE : RAISONS ET
OBJECTIONS.........
|
24
|
2-1- LES RAISONS DU RECOURS A
L'EXPERIMENTATION.........................
|
24
|
2-1-1 TESTER LA THÉORIE OU
DISCRIMINER ENTRE LES
THÉORIES........................
|
25
|
2-1-2 DÉTERMINER LES CAUSES
D'ÉCHEC D'UNE
THÉORIE.................................
|
25
|
2-1-3 ETABLIR DES
RÉGULARITÉS EMPIRIQUES POUR DE NOUVELLES
THÉORIES.......
|
25
|
2-1-4 COMPARER LES
ENVIRONNEMENTS.....................................................
|
26
|
2-1-5 COMPARER LES
INSTITUTIONS...........................................................
|
26
|
2-1-6 EVALUER LES POLITIQUES
ÉCONOMIQUES.............................................
|
26
|
2-1-7 CONCEPTION DE NOUVEAUX DESIGNS
INSTITUTIONNELS...........................
|
26
|
2-2- LES CRITIQUES ADRESSÉES À
L'EXPÉRIMENTATION........................
|
26
|
2-2-1- LES SITUATIONS RÉELLES
SONT PLUS COMPLEXES QUE LES SITUATIONS DU
|
|
LABORATORE..............................................................................
|
27
|
2-2-2- LE MANQUE DE MOTIVATION AU SEIN DU
LABORATOIRE..........................
|
29
|
2-2-3- LA MAL COMPRÉHENSION DE LA
PART DES SUJETS DE LA SITUATION
|
|
ÉTUDIÉE..................................................................................
|
30
|
2-2-4-LA MANIPULATION DES
SUJETS..........................................................
|
31
|
CONCLUSION..........................................................................................
|
32
|
CHAPITRE II THÉORIE DES JEUX ET MODÉLISATION DES
|
|
INTERRACTIONS
INTERINDIVIDUELLES..................................
|
34
|
SECTION I. BREF APERÇU SUR LA THÉORIE DES JEUX :
NOTIONS DE BASE....
|
35
|
1-1- THÉORIE DES JEUX :
OBJET............................................................
|
35
|
1-2 - DÉFINITION D'UN
JEU...................................................................
|
40
|
1-3- FORMALISATION GÉNÉRALE DES
JEUX...........................................
|
41
|
1-3-1-LES JEUX SOUS FORME
STRATÉGIQUE...............................................
|
42
|
1-3-2-LES JEUX SOUS FORME
EXTENSIVE...................................................
|
44
|
1-4- TYPOLOGIES DES
JEUX .................................................................
|
48
|
1-4-2-TYPOLOGIE 1 : JEUX EN TERME
DE GAIN.............................................
|
48
|
1-4-2-TYPOLOGIE 2 : JEUX ET
COOPÉRATION
.............................................
|
49
|
SECTION-2- FORMALISATION ET ANALYSE DES JEUX NON COOPÉRATIFS
ET
|
|
DES JEUX
COOPÉRATIFS.................................................
|
54
|
2-1-LES JEUX NON
COOPÉRATIFS.........................................................
|
54
|
2-2-LES JEUX
COOPÉRATIFS................................................................
|
57
|
2-3- CONCEPTS DE SOLUTION DES
JEUX................................................
|
61
|
2-3-1-JEUX NON
COOPÉRATIFS...............................................................
|
64
|
2-3-2- JEUX
COOPÉRATIFS....................................................................
|
72
|
2-3-2-1- LA SOLUTION DE VON
NEUMANN ET MORGENSTERN....................
|
74
|
2-3-2-2- LE
NOYAU......................................................................
|
75
|
78
80
82
2-3-2-3- LA VALEUR DE
SHAPLEY.....................................................
|
76
|
CONCLUSION
|
74
|
CHAPITRE III : LA THÉORIE DES JEUX AU
LABORATOIRE..............................
|
SECTION I : RAPPROCHEMENT ENTRE LA THÉORIE DES JEUX
ET
|
L'ÉCONOMIE
EXPÉRIMENTALE.................................................
|
1-1 DE LA THÉORIE DES JEUX À
L'EXPÉRIMENTATION :
|
|
APERÇUS HISTORIQUES ET
MÉTHODOLOGIQUES...........................
|
82
|
1-2- L'INTUITION DERRIÈRE LE
RAPPROCHEMENT ENTRE LA
|
|
THÉORIE DES JEUX ET
L'EXPÉRIMENTATION...............................
|
87
|
92
SECTION II- LES JEUX
EXPÉRIMENTAUX : UNE DISCUSSION DE CAS.............
|
2-1- JEUX À DEUX JOUEURS ET À
SOMME NON NULLE : UNE ÉTUDE
|
|
EXPÉRIMENTALE......................................................................
|
95
|
2-1-1 LES CONCEPTS DE SOLUTIONS
PROPOSÉS POUR LES JEUX À
|
|
DEUX JOUEURS ET À
SOMME NON NULLE.............................
|
96
|
2-1-2- QUELQUES JEUX EXPÉRIMENTAUX
ET LEURS SOLUTIONS
|
|
THÉORIQUES.....................................................................
|
98
|
2-1-3- DESCRIPTION DE
L'EXPÉRIENCE : HYPOTHÈSES, CONDITIONS
|
|
DU TRAVAIL ET
RÉSULTATS..................................................
|
100
|
2-2 : LE FINANCEMENT D'UN BIEN PUBLIC ENTRE
L'OPTIMALITÉ
|
|
ET LA RECHERCHE D'EQUILIBRE :
UNE ÉTUDE EXPÉRIMENTALE...
|
106
|
2-2-1- COMPARAISON ENTRE DEUX OPTIMA
INTÉRIEURS..................
|
110
|
2-2-2- DETERMINATION DES SOLUTIONS DU
JEU..............................
2-2-2-PROTOCOLE
EXPÉRIMENTAL..................................................
|
111
113
|
2-2-3-LE RÔLE DU NIVEAU DE L'OPTIMUM
SUR LE
|
|
COMPORTEMENT
INDIVIDUEL.............................................
|
115
|
2-2-4-TAUX DE FINANCEMENT ET CONVERGENCE
VERS UN
|
|
NIVEAU
INTERMÉDIAIRE...................................................
|
118
|
122
123
127
129
139
2-2-5- DÉCISIONS INDIVIDUELLES ET
HYPOTHÈSE D'ERREUR............
|
120
|
CONCLUSION.........................................................................................
|
CONCLUSION
GENERALE............................................................................
|
TABLE DES
MATIERE..................................................................................
BIBLIOGRAPHIE..........................................................................................
|
ANNEXES....................................................................................................
|
|
BIBLIOGRAPHIE
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Annexe 1
1- l'apport de SELTEN : l'équilibre parfait
en sous-jeu
Il y a « équilibre parfait en
sous-jeu » lorsque, dans la séquence de coups constituant le
jeu, les joueurs, à chaque coup, donnent une « meilleure
réponse » au regard du sous-jeu « pur »
restant. On s'aperçoit toutefois immédiatement que lorsque les
entreprises effectuent leur choix stratégiques de telle manière
qu'aucune des deux ne connaît le choix de l'autre ( par exemple, lorsque
leurs choix respectifs s'effectuent simultanément), le concept
d'équilibre parfait en sous-jeu devient inopérant, car c'est
alors l'ensemble du jeu qui constitue le seul sous-jeu restant et chacun des
deux équilibres de Nash est aussi un équilibre parfait en
sous-jeu. C'est pour résoudre cette difficulté que SELTEN a
formulé en 1975, une analyse encore plus fine de l'équilibre de
NASH, avec la théorie des équilibres séquentiellement
rationnels dite encore « théorie de la main qui
tremble ».
La main qui tremble repose sur l'idée que les joueurs
commettent des erreurs au moment de choisir leurs stratégies
d'équilibre et ont une probabilité faible, de choisir chacune
des stratégies qui ne conduisent pas à la réalisation de
l'équilibre. Plus simplement, un équilibre de NASH remplit les
conditions de la main qui tremble lorsqu'il implique des meilleures
réponses mutuelles même lorsque la main du joueur tremble et que
tend vers zéro.
Prenons l'exemple d'une matrice de gain représentant la
situation d'un monopoleur (entreprise 2) qui fait face à un nouveau venu
(entreprise 1).
Entreprise 2
Entreprise 1
|
Se battre sur les prix
|
Ne pas se battre sur les prix
|
Ne pas entrer sur le marché
|
(0 ; 8)
|
(0 ;8)
|
Entrer sur le marché
|
(-2 ; -2)
|
(3 ; 3)
|
Appliquons la condition précédente au couple de
stratégie « ne pas entrer sur le marché, se battre
sur les prix ». nous constatons que « se battre sur les
prix » ne constitue pas une meilleure réponse pour
l'entreprise 2. S'il est possible, avec une probabilité 0, que
l'entreprise 1 entre sur le marché, alors l'espérance
mathématique de gain procuré par la stratégie
« ne pas se battre sur les prix », soit [(1-).8 + 3. ], est
supérieure à celle de « se battre sur les
prix », soit [(1-).8 - 2.]. les deux stratégies ne promettent
la même espérance de gain que lorsque = 0, autrement dit, que
lorsque la probabilité que l'entreprise 1 entre sur le marché est
nulle. Il s'ensuit que l'équilibre « ne pas entrer, se battre
sur les prix » ne satisfait pas aux conditions de la « main
qui tremble ». un raisonnement analogue montre qu'en revanche le
couple de stratégie « entrer sur le marché, ne pas se
battre » permet d'atteindre un équilibre
séquentiellement rationnel.
2-l'apport de HARSANYI : le concept de formation des
anticipations
Dans le domaine de la théorie des jeux, l'apport
essentiel d'HARSANYI réside dans la prise en compte des
phénomènes d'information incomplète. Un joueur dispose
d'une information complète lorsqu'il connaît toutes les
composantes de la matrice de jeu qui décrit la situation de
décision. Le nombre et l'identité des autres joueurs, les gains
(ou évaluation des événements) qui leur sont
associés. Ainsi, lorsque nous avons discuté le jeu de
« monopole -nouveau entrant », ont est parti du principe
que les joueurs connaissaient les composantes de la matrice. A partir du moment
où un joueur ignore ne serait-ce qu'une de ces composantes, son
information est incomplète.
Dans le jeu d'entrée sur un marché dans le
tableau précédent (en supposant maintenant qu'il s'agit d'un
monopoleur fort c'est que son gain en jouant sa stratégie « se
battre sur les prix » est 5 au lieur de -2 lorsque son rival joue sa
stratégie « entrer sur le marché » ), on
ne peut aucune situation d'équilibre lorsque, par exemple, les gains
associés à l'entrée sur le marché ne sont pas
connus et le concept d'équilibre ne permet alors aucune prévision
relative aux décisions des joueurs. Soit l'entreprise 2, monopoleur
« fort », qui a opté, dans ce cas de figure, pour le
couple stratégique « entrer sur le marché, se battre
sur les prix », à laquelle est associé pour elle, un
gain de 5 ; on s'aperçoit que si les gains des deux joueurs
étaient égaux, « se battre sur les prix »
serait une stratégie faiblement dominante et le couple « ne
pas entrer sur le marché, se battre sur les prix » serait
alors le seul équilibre de NASH ( qui remplirait aussi les conditions
d'équilibre parfait en sous-jeu et celle de la « main qui
tremble ») ; quelle stratégie l'entreprise 1 doit-elle
adopter ?
Pour donner un commencement de réponse à cette
question, HARSANYI a eu l'idée proprement géniale de transformer
l'information incomplète en information imparfaite de manière que
le jeu considéré puisse être discuté comme si les
décisions étaient prises simultanément.
Pour cela, il introduit un joueur supplémentaire, la
Nature (ou « joueur 0 »), qui décide si le
monopoleur établi - l'entreprise 2- est un monopoleur
« faible » (on se trouve alors dans le jeu décrit
par la matrice précédente (sans modification) ou
« fort » ( matrice modifiée). Bien entendu,
l'entreprise 1 ne connaît pas l'arrêt de la Nature sur la force de
l'entreprise 2 et elle ne sait pas d'avantage comment l'entreprise
réagira à sa propre décision
d' «entrée » ou de « ne pas entrer sur le
marché ». Autrement dit, l'information de l'entreprise 1 est
imparfaite. Dans la mesure où elle ne dispose d'aucune information
supplémentaire, l'entreprise 1 part du principe qu'il existe une
même probabilité (0,5) que l'entreprise 2 soit un monopoleur
« faible » ou, au contraire, un monopoleur
« fort », et , sur cette base, elle calcule les gains
associés aux stratégie « entrer » et
« ne pas entrer sur le marché » en combinant les
deux matrice (avant modification et après modification ».
Si, par le passé, l'entreprise 1 a déjà
eu l'occasion de constater que l'entreprise 2 avait barré un candidat
à l'entrée en pratiquant une guerre des prix acharnée,
suivant une logique bayésiènne, elle affectera d'une
probabilité supérieure à 0.5 l'hypothèse que
l'entreprise 2 est un monopoleur « fort ». d'où
l'intérêt, pour un monopoleur « faible », de
se forger une réputation de force, susceptible de dissuader, au moins
jusqu'à un certain point, les candidats à l'entrée. Mais
la fabrication d'une telle réputation à son prix : ici,
c'est la différence entre le gain pour l'entreprise 2 aux conditions
d'équilibre de la « main qui tremble » dans le jeu
précédent, sans modification ( soit donc 3) et son gain, dans le
même jeu, pour la stratégie « entrer sur le
marché, se battre sur les prix » (-2). Le gain
résultant de l'effort consenti pour se bâtir une réputation
de force se mesure entre autres à la durée de la période
pendant laquelle les candidats à l'entrée sont tenus à
l'écart du marché.
Si à l'inverse, il apparaît à l'entreprise
1 que, dans le passé, l'entreprise 2 n'a pas fait obstacle à
l'entrée d'un concurrent, elle est en droit de supposer que l'entreprise
2 est un monopoleur « faible » et, par conséquent,
toujours selon la même logique bayésiènne, elle affecte
d'une probabilité égale à 1 la matrice
précédente (sans modification).
ANNEXE 2
L'option X correspond au bien privé et l'option Y au
bien public.
Nombre de jetons alloué à l'option Y par
l'ensemble du groupe
|
Gain issu de Y
|
0
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
26
27
28
29
30
31
32
33
34
35
36
37
38
39
40
|
0
1
9
34
84
156
245
340
429
505
561
595
607
600
576
540
496
447
396
346
298
254
214
178
147
121
98
79
64
51
40
32
25
19
15
12
9
7
5
4
3
|
Grille des gains*(*) pour OP 30
Nombre de jetons alloué à l'option X
|
Gain issu de X
|
0
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
|
0
95
190
285
380
475
570
665
760
855
950
|
Grille des gains pour OP 70
Nombre de jeton alloué à l'option Y par
l'ensemble du groupe
|
Gain issu de Y
|
0
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
26
27
28
29
30
31
32
33
34
35
36
37
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240
270
300
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* 1
« experimentation changes the way you think about economics. If you
do experiments you soon find that a number of important experimental results
can be replicated by yourself and by others. As a consequence, economics begins
to represent concepts and propositions capable of being or failing to be
demonstrated ».p. 152 dans SMITH V. L. (1989),
« Theory, Experiment and Economics », Journal of Economic
Perspectives, Vol 3, N°1, p. 151-169.
* 2 - A cet égart, le
seul déterminant de la réussite des expérimentalistes est
leur effort consenti dans ce sens. Comme l'a annoncé
EINSTEIN : « [T]his theory is not speculative in
origin ; it owes its envention entirely to the desire to make physical
theory fit observed fact as well as possible... the justification for a
physical concept lies exclusively in its clear and unambiguous relation to
facts that can be experienced. » cité dans SMITH. (1989), op.
cit. p. 152. Cette déclaration reste valable pour toute science qui se
prétend être observationnelle.
* 3 - Voir Chapitre I (section 2) pour
les autres raisons justifiant le recours aux techniques
expérimentales.
* 4 - RULLIERE J L. (2003), «D'Adam
Smith à Vernon Smith : la main invisible observée à
travers les comportements expérimentaux, Revue
d'Economie Politique, N° 3, mai-juin, p. 309-322.
* 5 - VON NEUMANN J., MORGENSTERN O.
(1944), Theory of Games and Economic Behavior, Princeton, Princeton University
Press.
* 6 - THURSTONE L.L. (1931),
« The Indifference Function », Journal of Social
Psychology, 2, p. 139-167.
* 7 - ROTH A E. (1993), « On the
early history of experimental economics », Journal of the History of
Economic thought, 15, Fall, p. 184- 209.
* 8 - DAVIS D. H. 1993), Experimental
Economics, Princeton University Press.
* 9 - KAGEL J. H., ROTH A. E. (1995),
Handbook of Experimental economics, Princeton University Press.
* 10- BERGSTROM T. C., MILLER J.
(1997), Experiments with Economic Principles, McGraw-Hill.
* 1 - LEMIEUX P. (1999),
« L'économie comme science expérimentale »,
Le Figaro-Economie, 9 avril, P. XI.
* 2 - MUNIER B. (2001),
« Introduction : expérimenter en économie ou en
gestion », Revue d'Economie Politique, 111, N°1 janvier-fevrier,
P.1- 6
* 3 - ROTH A. E. (1991),
« Game Theory as a part of empirical economics », Economic
Journal, January, vol.101, p. 107-114
* 4 - ROTH A. E. (1991), op. cit,
p.107.
* 5 - BOISSIN O., RUFFIEUX B. (1996),
« L'économie expérimentale », Revue
Ingénieur INPG, N°96, 2 juin.
* 6 - SMITH L. V. (1982),
« What is Experimental economics ? », American
Economic Review, April, 72, p. 612-654.
* 7 - Vernon leon SMITH de
l'université de George Masson en Virginie a été
distingué en octobre 2002 par l'attribution du prix Nobel en Sciences
Economiques pour avoir fait de l'expérimentation en laboratoire un
instrument d'analyse économique empirique, en particulier dans
l'étude des différentes structures du marché.
* 8 - LEMIEUX P, (1999), op. cit. P.
11.
* * ce qui est entre les crochets est
hors citation.
9 - SMITH V. L. (1982), « Microéconomic
System as an experimental science », American Economic Review, Papers
and Procedings, p. 274 - 9.
* 10 - DELOCHE R. (1995),
« Expérimentation, science économique et théorie
des jeux : Nunc est bibendum », Revue Economique, vol 46,
n°3, mai, p. 951 - 960.
* 11 - SMITH V.L. (1989), op. cit. Dans
ce même article, et dans le but de faire différencier la
méthode expérimentale par rapport à
l'économétrie, SMITH avance : « In the testes
based only on field data, the economist has no independent control over the
environment and the institution ; as a result, the process is a composite
test of the theory's assumptions about the environment, the institution and
agent behavior. If the theory passes the test, it may be because all elements
of the theory are `` correct'' or because `` incorrect'' elements of the theory
had offsetting effects that could not be identified by the test. If the theory
fails, the economist cannot know which of its elements accounted for the
falsifying outcome ». p. 154.
* 12 - SMITH V. L. (1994),
« Economics in the laboratory », Journal of Economic
Perspectives, 8, p. 113 - 131.
* 13 - SMITH écrit dans SMITH
V.L. (1976), « Experimental Economics : Induced value
theory », American Economic Review, Papers and Proceding, p.
275 : `` It's necessary to constantly remind ourselves that human activity
is diffused and dominated by inconscious, autonomic, neuropsychological systems
that enable people to function effectively without always calling upon the
brain's scarcest resource : attentional circuity... if it were otherwise
no one could get through the day under the burden of self-conscious monitoring
and planning every trivial action in detail.'' `` il est nécessaire de
se rappeler constamment que l'activité humaine est répandue et
dominée par des systèmes inconscients, autonomes et
neuropsychologiques qui permettent aux gens de fonctionner efficacement sans
toujours faire appel à la ressource la plus rare du cerveau :
circuit intentionnel ... si c'était autrement, personne ne pourrait
passer le jour sous le fardeau du contrôle embarrassé et la
planification de chaque action insignifiante en détail.''
Pour bien éclaircir cette idée, nous pouvons
penser à la peine que peut souffrir un client si, au supermarché,
il a été exigé pour explicitement évaluer
l'utilité de chaque combinaison de dizaines de milliers des articles
d'épicerie qui sont faisable pour un budget donné. ( l'exemple
est cité dans SMITH. (1994), op. cit, p. 114.
* 14 - RULLIERE J. L. (2003), op. cit,
p. 311.
* 15 - SMITH. ( 1976) op. cit, p.
275.
* 16 - SMITH. (1994). op. cit, p.
113-131.
* 17 - Parce que les économistes
et les psychologues dirigent parfois des expériences plutôt
différentes concernant des phénomènes grossièrement
semblable. A titre d'exemple nous pouvons faire la comparaison entre les deux
protocoles utilisés par les auteurs des deux articles suivant :
- ALLAIS M. (1953), « le comportement de
l'homme rationnel devant le risque : critiques des postulats et axiomes de
l'école américaine », économétrica,
n°21, p. 503- 546 ( comme économiste).
- KAHNEMAN D., TVERSKY A. (1979), « Prospect
theory : ananalysis of décision under risk »,
économétrica, n° 47, p. 263-291 (comme psychologue). Il faut
noter ici que D. KAHNEMANN a été illustré en l'an 2002 en
s'attribuant le prix Nobel en sciences économiques partageant ainsi
cette distinction avec V L. SMITH. L'académie Royale des sciences du
suède a voulu à travers cette décision, confirmer
l'idée selon laquelle les mobile du comportement économique ne
se réduisent pas tous au simple argument de la défense de
l'intérêt personnel, bien d'autres motifs psychologiques sont
à l'oeuvre, comme la pression des groupes sociaux auxquels notre
comportement fait référence, l'altruisme et la confiance.
* 18 - ROTH A.E.
(1995), Handbook of Experimental economics, Princeton University
Press.
* 19 - BUTTER D. (1996),
« The experimental economics' experiment », Journal of
Economic Survey's, vol. 10, n° 3, p.347.
* 20 - BINMORE K.
(1994), « Game theory and the social contract »,
Cambridge, MA, MIT Press. Cité dans BUTTER David (1996), op. cit, p.
349.
* 21 - « Anyone who
interacts directly with the subjects should have no personal interest in its
outcome » in BINMORE ( 1994 ), op. cit.
* 22 - ROTH A E. (1993), op. cit, p.
184.
* 23 - NEUMANN J.V., MORGENSTERN O.
(1944). op.cit.
* 24 - Dans son expérience,
THURSTONE a été intéressé par le problème de
la détermination ( de manière expérimentale ) de la courbe
d'indifférence individuelle. Il a proposé une expérience
dans laquelle chaque sujet a été demandé de faire
plusieurs choix possibles entre des paquets de différents produits. Ces
paquets peuvent contenir soit des chapeaux et des manteaux, soit des chapeaux
et des chaussures soit des chaussures et des manteaux. En reportant des
données détaillées sur un seul sujet, il a conclu que ces
dernières peuvent adéquatement être
représentées par des courbes d'indifférence (
hyperboliques).
* 25 - THURSTONE L.L. (1931), op.
cit
* 26 - ALLAIS M. (1953). op. cit.
* 27 - ALLAIS s'est inspiré dans
son expérience de l'article de MOSTELLER et NOGEE ( MOSTELLER F., NOGEE
P. (1951), « An experimental measurement of utility »,
Journal of Political Economy, 59, p 371 - 404.) dans lequel ils ont conclu que
malgré la possibilité de construction, de manière
expérimentale, des fonctions d'utilité, les prédictions
dérivées de celles-ci ne sont pas assez bonnes comme elles
devraient. En effet, dans son expérience, ALLAIS a essayé de
prouver expérimentalement que des violations systématiques da la
théorie de l'utilité espérée peuvent être
observées.
* 28 - DAY R.H.
(1993), « On the origins of experimentation in
economics », dans DAY R.H., SMITH V.L, « Experiments
in decision, organisation and exchange », Amsterdam, North-Holland,
cité par DELOCHE Régis. (1995). op. cit, p. 952.
* 29 - Nous pouvons donner l'exemple
suivant :
laquelle des options suivantes
préférez-vous ?
gagner surement 30 Dh ;
[ 78% ] Les résultats de l'expérience
avoir 80% de chance de gagner 45 Dh [ 22% ]
l'expérience est due à KAHNEMAN et TVERSKY. (
KAHNEMAN D., TVERSKY A. (1979), op. cit. Cité dans THALER R. ( 1987),
« The psychology of choice and the assumptions of
Economics », dans ROTH A. E. « Laboratory Experimentation
in Economics : six points of view », Cambridge University
Press.
* 30- Experiment 1. Imagine that you
have decided to see a play, admission to which is $10 per ticket. As you enter
the theater you discover
that you have lost a $10 bill. Would you still pay $10
for the ticket to the play?
Yes: 88% No: 12%
Experiment 2. Imagine that you have decided to see a
play and paid the admission price of $10 per ticket. As you enter the theater
you
discover that you have lost your ticket. The seat was
not marked and the ticket cannot be recovered. Would you pay $10 for another
ticket?
Yes: 46% No: 54%
Dans TVERSKY., KAHNEMAN. (1979), op.cit.
* 31 - CHAMBERLIN E.H. (1948),
« An experimental imperfect market », Journal of Political
Economy, 56, p. 95 - 108.
* 32 - ROURAKER E.L., SIEGEL S.
(1960), « Bargaining and group decision making : Experiments in
bilateral monopoly » , New York,
McGraw-Hill.
* 33 - Pour plus d'information sur
l'Equilibre Economique Général voir LAKHDAR S.I.B. (1985), Les
processus de coordination : Prix, Normes et Ordre Social, Thèse
d'Etat en sciences économiques, Aix Marseille III, p 327.
* 34 - SMITH V.L,
(1962), « An experimental study of market behavior »,
Journal of Political Economy, p. 111 - 137.
* 35 - RULLIERE J L. (2003) op. cit, p.
311.
* 36 - Pour plus d'information sur les
techniques et le matériel nécessaire à la conception d'un
marché concurrentiel :
- PLOTT C., GRAY P. (1990), « The multiple
unit double auction », Journal of Economic Behavior and Organisation,
13 (2), p. 245 -
258.
- DAVIS D., HOLT C. (1993), Experimental Economics,
Princeton NJ, Princeton University Press.
- FRIEDMAN D., SUNDER S. (1994), Experimenal
methods : A primer for Economists, Cambridge, Cambridge University
Press.
* 37 - ces auteurs n'ont pas
été les seuls à contribuer à l'essors de la
l'économie expérimentale des marchés. On peut citer parmi
ceux
récemment illustrés : WILLIAMS ,
HOLT , PLOTT et NOUSSAIR.
* 38 - NOUSSAIR A., RUFFIEUX B. (2002),
« Un enseignement majeur de l'économie expérimentale
des marchés : marchés non financiers et
marchés financiers s'opposent en matière
d'efficacité », Revus Economique, 53(5), p. 1051- 1074.
* 39 - le premier travail
établie dans ce sens était de SMITH, SUCHANEK et WILLIAMS ( SMITH
V.L., SUCHANEK G., WILLIAMS A. (1988), « Bubbles, Crashes ans
Endogenous Expectations in Experimental Spot Asset Markets »,
Econometrica, p. 1119 - 1151.
* 40 - RULLIERE J L. (2003), op. cit,
p. 317.
* 41 - Ce point, concernant la nature
des transactions, constitue une des différences essentielles entre les
contributions originelles de CHAMBERLIN (1948) et de SMITH (1962). A l'encontre
de CHAMBERLIN, SMITH soutient que les sujets doivent être
rémunérés en fonction de leurs décisions et des
décisions des agents avec lesquels ils interfèrent : en
d'autres termes, il est vain de croire que les comportements observés
peuvent avoir du sens lorsqu'ils sont fondés uniquement sur des
incitations monétaires fictives. Ceci constitue encore une
différence notoire avec les travaux en psychologie
expérimentale. Cette condition de rémunération
substantielle est primordiale pour faire disparaître ou réduire
certaines anomalies expérimentales.
* 42 - Pour de plus amples
détails :
- CASTELLANOS S. G. (1998), « Analysis
of Mexico's privatisation mechanisms and loan market regulation »,
UCLA.
- RASSENTI S.J., SMITH V.L., WILSON B.J.
(2001), « Controling market power and price spikes in
electricity networks demand-
side bidding », Mimeo, George Masson
University.
* 43 - SIEGEL., FOURAKER. (1960) op.
cit. p. 72 - 73.
* 44 - SMITH V. L. (1994), op. cit, p.
115.
* 45 - MUNIER B. (2001),
« expérimenter en économie ou en gestion »,
Revue d'Economie Politique, édition spéciale : Economie
Expérimentale, Edition Dalloz, N°111, janvier-février.
* 46 - COLMAN M. A. (1982), Game Theory
and Experimental Games, Pergamon Press, New York.
* 47 - « When people are put in a
simple artificial situation, one might argue, they will behave in ways
appropriate to a simple artificial
situation, thereby revealing nothing about How they will
behave in a complex real situation », dans HAMBERGER H. (1979), Games as
Models of Social Phenomena, San Francisco : W. H.
Freeman. Cité dans COLMAN (1982), op. cit. p. 231.
* 48 - COLMAN A. (1982), op.cit, p
232.
* 49 - « What surprises us most,
in our review of research, is that apparently no studies have compaired
(behavior) in a laboratory game with (behavior) in different real world tasks.
While artificiality can also assessed throught laboratory manipulations,
comparaison of behavior accross settings should be undertaken », dans
WRIGHTSMAN. L. S., O'CONNOR. J., BAKER. N. J. (1972), Cooperation and
Competition : Readings in Mixed-Motive Games, Belmont, Brookes-Cole, p.
227.
* 50 - NOUSSAIR C., RUFFIEUX B. (2002),
« un enseignement majeur de l'économie expérimentale
des marchés : marché non financiers et
marchés financiers s'opposent en matière
d'efficacité », Revue Economique, Mai.
* 51 - TEDESCHI J. T., SCHLENKER B. R.,
BONOMA T. V. (1973), Conflict, Power and Games, Chicago, Aldine.
* 52 - SCHLENKER B. R., BONOMA T. V.
(1978), « Fun and Games : The validity of games for the study
of conflict », Jounal of Conflict
Resolution, 22, p. 7-38.
* 53 -- ECU : Experimental
Currency Unit.
* 54 - NEMETH C. (1970), Bargaining
and reciprocity, Psychological Bulletin, 71, p. 297-308.
* 55 - COLMAN A. (1982), op. cit, p
236.
* NASH J.F.
(1999), « My Autobiography », dans Les prix Nobel, The
Nobel Foundation, Stockholm, cité dans RULLIERE J.L. (2003), op.cit
* 1 - LAKHDAR. (1985). op
cit.
* 2 -
« Economist's interest in game theory was prompted by dissatisfaction
with the assumption underlying the notion of competitive equilibrium that each
economic agent ignores other agents' actions when making choices. Game theory
analyses the interaction of agents who ``think strategically'', making their
decisions rationally after forming beliefs about their opponents' moves,
beliefs that are based on an analysis of the opponents' interests. »
p. 834, dans OSBORNE M., RUBINSTEIN A. (1998), « Games With
Procedurally Rational Players », The American Economic Review, Vol.
88, N°4, Septembre, p. 834-847
* 3 - SCHOTTER A.,
SCHWODIAUER G. (1980)., « Economics and the theory of games : A
survey », Journal of Economic
Literature, vol. XVIII, June, PP. 479-527.
* 4 - Par mot naissance on
veut dire l'apparition d'un nouveau outil d'analyse et on précisant de
plus notre déclaration, il faut dire que le
travail de J. Von NEUMANN et O. MORGENSTERN a donné
naissance à la théorie des jeux coopératifs quand à
la théorie des jeux non coopératifs sa naissance est due à
un autre nom à savoir J. Forbes NASH. Ainsi Jean Louis RULLIERE (
RULLIERE J L. (2000) « L'indétermination et la méthode
de Nash » Revue Economique, Vol. 51 Num. 5 ) déclare :
« Tandis que le programme de la théorie des jeux a connu une
rupture entre ses deux fondateurs et John NASH, on peut observer que les
travaux postérieurs aux deux contributions de NASH de 1950 entrent dans
le cadre des méthodes d'analyse développées par ce dernier
et que de Nombreuses avancées apparaissent comme des extensions
déjà formalisées, en particulier, dans sa thèse
(...) c'est à ce titre que NASH apparaît finalement comme le
fondateur de la théorie des jeux non coopératifs.
* 5 - GARICANO L. (2000),
« comment mettre à profit la théorie des
jeux », Problèmes Economiques, N° 2653, 23 janvier.
* 6 - VERGARA F. (1992),
« la concurrence imparfaite : Eléments de théorie
des jeux », Cahiers Français, N°254, P. 42.
* 7 - Il y a une autre
typologie, il s'agit de celle qui distingue entre :
- Les jeux contre la nature où pour chaque joueur
seule compte la réalisation éventuelle d'un
événement aléatoire qui ne dépend ni de son propre
choix ni de celui des autres ( choix au hasard, jeu de pile ou face).
- Les jeux de société où il y a au moins
deux participants actifs dont les choix s'interagissent mutuellement, chacun en
étant plus ou moins conscient.
Et c'est ce deuxième genre de jeux qui va
intéresser l'économiste et précisément le
théoricien des jeux où ce que vont faire les autres devient
un source fondamentale d'incertitude.
* 8 - GUERRIEN B. (2002),
« Sur la théorie des jeux »,
http://www.lasavate.org/files/articles/thjeux.htm.
* 9 - RASMUSSEN E. (1994),
« Jeux et information », Basil Blackwell.
* 10 - BINMORE K.
(1990), « Essays on the fondation of game theory »,
Oxford, Basil Blackwell.
* 11 - KREPS M. D.
(1999), « Théorie des jeux et modélisation
économique », Dunod, Paris.
* 12 - VAN DAMME E. (1987),
« Stability and perfection of Nash equilibria, Springer Verlag.
* 13 - LUCE R. D., RAIFFA H.
(1957), Games and Decisions: Introduction and Critical Survey, New York,
Wiley.
* 14 - OSBORNE M.J.,RUBINSTEIN
A. (1995), A course in Game Theory, Cambridge, M.I.T. Press.
* 15 - COLMAN A. (1982),
Game theory and experimental Games : the study of strategic enteraction,
Pergamon Press, USA.
* 16 - AUMAN J.R. (1987),
Game theory, the new Palgrave and dictionnary of economics, edited by Catwell,
Migate, Neuman, Vol. 2.
* 17 - LAKHDAR B. (1985), op
cit, p. 119.
* 18 - On peut citer par
exemple : AUMANN, HARSANYI, KREPS, NASH, RUBINSTEIN et SELTEN.
* 19 - On peut citer
à cet égard Herbert SIMON et Bernard GUERRIEN.
* 20 - Rymond BOUDON (BOUDON
R. (2002), « Utilité ou rationalité ?
rationalité restreinte ou générale ?, Revue
d'Economie
Politique, 112 (5), Septembte - Octobre ) avance :
« Herbert SIMON a notamment assoupli la notion d'optimisation :
le sujet social
prend selon lui des décisions plutôt
satisfaisantes qu'optimales ; il a insisté sur le fait que
l'information étant coûteuse, les décisions
doivent être analysées comme se fondant
sur une rationalité limitée » P. 756.
Dans le même sens, Christian SHMIDT (SHMIDT C.
(2002), « Sur quelques difficultés d'appréhender les
croyances dans l'analyse économique et la théorie des
jeux », Revue d'Economie Politique, 112 (5), Sep - Oct) avance que
AUMANN a montré dans son article de 1992 intitulé
« Irrationality in game theory » sur la base d'un exemple
de jeu non coopératif à deux joueurs en forme normale, que chacun
des joueurs pouvait effectuer un choix rationnel, sans être
obligé de croire que le choix de l'autre joueur le fut
également.
* 21 - SCHOTTER A.,
SCHWODIAUER G. (1980). op cit.
* 22 - KREPS D. (1999), op
cit.
* 23 - Nous nous inspirons
pour la présentation de ces notions des travaux suivants :
- LAKHDAR B. (1985), op cit.
- SCHOTTER A., SCHWODIAUER G. (1980), op. cit.
- KREPS D. (1999), op cit.
- WALLISSER B. (2002), « Les justifications des
notions d'équilibre de jeux », Revue d'Economie Politique, 112
(5), Sep-Oct.
- GUERRIEN B. (1999), Dictionnaire d'analyse
économique, Dunod.
- MOULIN H. (1981), Théorie des jeux pour
l'économie et la politique, Hermann, Collection méthodes, Paris,
P.245.
* 24 - LAKHDAR B. (1985),
op. cit.
* 25 - « Nous
pouvons associer au mot jeu, les mots règles, joueurs, mouvements,
stratégies, paiements, certains concepts de concurrence et de
coopération, et quelques notions souvent mal
définies sur la nature et l'importance de l'information... »
SHUBIK M. (1964), Stratégie et
structure des marchés, Dunod, Paris.
* 26 - MOULIN H. (1981),
op. cit.
* 27 - LAKHDAR ( dans
LAKHDAR B. (1985) op. cit.) définit une stratégie comme un plan
qui dit à chaque joueur ce qu'il doit faire dans
chaque circonstance du jeu.
* 28 - Hervé MOULIN
(dans MOULIN H. (1981) op. cit.) considère un jeu comme l'objet
mathématique formalisant un conflit entre plusieurs
agents ( les joueurs) c'est à dire une
situation qu'ils jugent selon des préférences contradictoires et
dont ils peuvent influencer certains
paramètres.
* 29 - Voir FREIDMAN W J.
(1979), « Non-cooperative Equilibria for Exit Super
games » International Economic Review, Feb. Pp. 147-56
cité dans SCHOTTER A., SCHWODIAUER G. (1981),
op.cit.
* 30 - l'exemple est de
VERGARA F. (1992), op. cit.
* 31 - LAKHDAR. B. (1985),
op.cit.
* 32 - La chronologie
effective n'est importance ici que si elle intervient sur ce qu'un joueur sait
à propos de l'action choisie par l'autre. Que
les joueurs choisissent simultanément ou l'un
après l'autre, le point essentiel étant que chacun prend sa
décision en ignorant ce que
l'autre va faire.
* 33 - KREPS D. (1999), op.
cit. Voir ce même ouvrage pour plus de détails.
* 34 - Le caractère
gras est propre à l'auteur.
* 35 - Ce genre de jeux est
appelé aussi les jeux strictement compétitifs dans lesquels
l'augmentation du bien être d'un joueur implique la diminution du bien
être de l'autre. pour plus de détails consulter l'article de
SHUBIK M. (1962), « Some experimental non-zero sum games with ladk of
information about the rules », Management Science, Vol. 8, N°.
2, January, dans SHUBIK M. (1999), Political economy, oligopoly and exp Games,
Edward Elgar, Massachussetts.
* 36 - SHUBIK M. (1964),
op. cit.
* 37 - Nous nous limitons
ici au cas des jeux qui mettent en présence deux joueurs seulement.
* 38 - cf . supra p.
45.
* 39 - LECOMPTE J. (1999),
« La théorie des jeux », Problèmes
Economiques, N°2.599, 13 janvier.
* 40 - Pourtant il y a
communication entre eux. Hervé MOULIN ( MOULIN H. (1981) op. cit)
à bien expliquer cette idée en disant que dans les situations non
coopératives « les joueurs communiquent entre eux, ne
serait-ce que par l'intermédiaire des coups qu'ils jouent et qu'ils
s'observent jouer. Ils peuvent aussi échanger directement de
l'information, se mettre d'accord sur telle ou telle issue, mais à
condition qu'ils ne contractent pas d'accord contraignant : c'est à
dire qu'ils vont peut-être convenir de jouer telle
stratégie mais que jamais ceci ne constituera un réel
engagement : ils n'abdiqueront jamais la moindre parcelle de
souveraineté dans le choix de leur propre
stratégie ».
* 41 - LAKHDAR B. (1985),
op. cit.
* 42 - le concept de
sympathie est très souvent évoqué en économie du
bien-être comme en économie politique classique, pour expliquer
les comportements coopératifs ou altruistes des agents.
L'hypothèse de sympathie est définie par Philippe MAITRE ( MAITRE
P. ( 2000), « A l'origine de la coopération et de
l'altruisme : l'hypothèse de sympathie »,
Problèmes Economique, N°2693, 20 décembre) comme le fait
« d'échanger momentanément son point de vue avec celui
d'autrui, sans oublier que ce qui est bon pour les autres n'est pas
nécessairement bon pour soi. ». Pour HARSANYI ( HARSANYI J.C.
(1982), « Morality and the theory of rational behaviour »,
dans SEN A.K. et WILLIAMS B., Utilitarianism and Beyond, Maisons des Sciences
de l'homme de Cambridge University Press. Cité dans MAITRE P (2000), op.
cit ) il s'agit de se « mettre dans les chaussures des autres pur
observer le monde de leur point de vue ».
* 43 - LECOMTE Jacques
(1999), op. cit.
* 44 - Pour de plus amples
détails voir RULLIERE J.L.
(2000), « L'indétermination et la méthode de
Nash », Revue Economique, Vol. 51 N° 5.
* 45 - NASH J.F. (1950a),
« The Bargaining Problem », Econometrica, 18, p.
155-162.
* 46 - Comme le
suggère la sémantique, l'équilibre étant redevable
aux jeux non coopératifs et la solution aux jeux coopératifs.
* 47 - NASH J.F. (1951),
« Non-cooperative Games », Annals of Mathematics, 54,
p.286 - 295, cité dans RULLIERE (1999) op.cit, p. 1177.
* 48 - GUTH W. (1998),
« Negotiation Rules and Bargaining Behavior - what is known and what
need to be further explored ? », Working
Paper, Humboldt University of Berlin, Bepartement of
Economics. Cité dans RULLIERE J. L. (1999), op.cit.
* 49 - LUCE R. D., RAIFFA
H. (1957), op. cit.
* 50 - ROTH A.E. (1979),
Axiomatic Models of Bargaining, Berlin, Springer Verlag.
* 51 - AXELROD R. (1992),
Donnant-donnant, théorie de comportement coopératif, Odile jacob,
1992.
* 52 - CORDONNIER L.
(1997), Coopération et réciprocité, Puf cité dans
LECOMTE J. (1999), op.cit.
* 53 - LAKHDAR B. (1985),
op.cit, p. 129.
* 54 - Un jeu
inventé pour la première fois par Merrill FLOOD et Melvin
DRESHER en 1951, il est formalisée peu après par TUCKER.
L'appellation « dilemme de prisonnier » est originaire
à ce dernier.
* 55 - Nous nous somme
inspirés pour la présentation de ce dilemme de : COLMAN A.
(1982), op.cit. et MOULIN H. (1981), op cit.
* 56 - Dans le jeu (
X1, ..., Xn, u1, ..., un ) on dit
que la stratégie xi Xi du joueur i domine sa
yi Xi stratégie si on a :
x i Xî :
ui ( yi , xî ) ui (
xi , xî )
x i Xî :
ui ( yi , xî ) ui (
xi , xî )
La notation ( yi , xî )
désignant l'issue ( xi , ..., xî -1,
yi , xî+1, ..., xn )
Dire que la stratégie yi du joueur
i est dominée par sa stratégie xi revient à
dire que quel que soit le choix stratégique des autres joueurs,
employer xi est au moins aussi profitable pour i qu'employer
yi , et que parfois ( pour au moins un (n-1) uple de
stratégie des autres joueurs) la stratégie xi
est strictement meilleure que yi. En d'autres termes, et selon les
termes de bernard WALLISER (WALISER B. (2002) op.cit) une
stratégie d'un acteur est dite dominée (fortement) lorsqu'il
existe une autre stratégie de cet acteur qui lui donne une
utilité (strictement) meilleure pour toute les stratégies de ses
adversaires.
* 57 - Pour de plus
amples détails voir MOULIN H. (1981), op.cit.
* 58 - CORDONNIER L.
(1997), op. cit.
* 59 - KAST R. (2002), La
théorie de la décision, la Découverte, juin.
* 60 - l'exemple est de
KREPS D. (1999) op.cit.
* 61 - MOULIN H.(1981),
op. cit p 58
* 62 - NASH J. F.
(1950b), « Equilibrium Points in n-person Games »,
Proceeding of the National Academy of Sciences fo the USA, 36,
P. 48 - 49.
* 63 - MOULIN H. (1981),
op.cit.
* 64 - l'exemple est
tiré de KREPS D. (1999), op.cit p27.
* 65 - Hervé
MOULIN (dans MOULIN H. (1981), op.cit) présente le
Théorème de NASH comme suite : si pour tout i = 1, ..., n
les ensembles Xi sont des sous-ensembles convexes et compacts d'un
espace vectoriel et si les fonctions d'utilité vérifient :
Pour tout i, i = 1, ..., n, ui est continue
et xi ui (xi , xî) est
quasi-convexe sur Xi
Alors le jeu possède au moins un équilibre
non coopératif.
* 66 - Pour de plus
amples détails voir le travail de MAUROY H. (
2002), « Equilibre de NASH en stratégies mixtes,
critères de classement des loteries et déformation des
paiements », Revue Economie Appliquée, N°3, p.91-104.
* 67 - WALLISER bernard
(2002), op. cit, p 699
* 68 - Hervé MOULIN
((1981) op. cit) définit l'optimum de Pareto comme suit :
une issue ( x1, ..., xn ) du jeu
( X1, ..., Xn , u1, ..., un ) est
dite dominée par l `issue ( y1, ..., yn ) si on
a :
i 1, ...,n ui (
x1, ..., xn ) ui ( y1, ...,
yn )
i 1, ...,n ui (
x1, ..., xn ) ui ( y1, ...,
yn )
on appelle optimum de Pareto une issue qui n'est
dominée par aucune autre issue.
* 69 - cf. supra p. 55.
* 70 - LAKHDAR B. (1985),
op.cit, p 133
* 71 - Walliser B. (2002),
op.cit
* 72 - VERGARA F. (1992),
op. cit
* 73 - KREPS D. (1999),
op. cit p. 86
* 74 - L'apport le
l'économie expérimentale en ce qui concerne ce sujet est
important, ainsi Gerard CACHON ET Colin CAMERER ont souligné que
« In games with multiple equilibria ... players must somehow
coordinate their choices to achieve Pareto efficiency...but generally leave
unanswered a central question. Why is one equilibrium selected rather than
another ? Experimental analysis is well suited to help answer this
question because the specialized conditions of a coordination game can easily
be created in the laboratory. Then a wide range of variables can be altered to
help infer the principles that guide selection of equilibria »
« dans les jeux à plusieurs équilibres... les joueurs
doivent d'une manière ou d'une autre coordonner leurs choix afin
d'atteindre l'efficience paretiènne. .. mais généralement
reste encore une question centrale sans réponse : pourquoi un
équilibre doit être choisi au lieu d'un autre ? l'analyse
expérimentale est bien conçu pour répondre à de
telle questions parce que les conditions spéciales des jeux de
coordination sont faciles à créer dans le laboratoire. Donc, une
large gamme de variables peuvent être modifiées dans le but de
déduire les principes de sélection
d'équilibre. » p. 165 dans CACHON G. .P., CAMERER C. F.
(1996), « Loss-Avoidance and Forward Induction in Experimental
Coordination Games », Quarterly Journal of Economics, February,
165-194.
* 75 - les raffinements de
l'équilibre sont des techniques consistant à invoquer une notion
plus forte d'équilibre, ces raffinements de l'équilibre
sont en effet définis en imposant des conditions plus
restrictives aux comportements qui constituent un équilibre de
NASH ; en général, ils consistent à interdire aux
joueurs d'effectuer des menaces ou des promesses qui ne sont pas
crédibles ou de déduire des propositions non crédibles
de leurs observations.
* 76 - Pour de plus
amples détails voir KREPS D. (1999), op. cit
* 77 - Voir Annexe I
* 78 - voir à cet
égard:
- SELTEN R. (1965), « spieletheoretische
Behandlung eines Oligopolmodells mit Nash-frageragheit », Zeitschrift
fur die Gesamte
staatswissenschaft, 12, p. 301 -324.
- SELTEN R (1975), « Reexamination of the
Perfectness Concepts for Equilibrium Points in Extensive Games »,
International Journal of Game Theory, 4, p. 25-55.
* 79 - Cependant il existe
d'autres techniques de raffinement, parmi les plus importantes d'entre elles on
peut cité l'utilisation de la récurrence
à rebours et de la récurrence projective
( forward induction)
* 80 - HARSANYI J.C.
(1967-1968), « Games with Incomplete Information Played by Bayesian
Players », Management Science, 14, p.159-
182, p. 320-334, p. 486-502 cité dans RULLIERE
J. L. (2000), op. cit.
* 81 - AUMANN R.J. (1974),
« Subjectivity and Correlation in Randomized Strategies »,
Journal of Mathematical Economics, 1, p. 67-96.
* 82 - AUMANN R.J.,
BRANDENBURGER A. (1991), « Epistemic Conditions for Nash
Equilibrium », Working Paper, n°91-042, Harvard
Business School.
* 83 - Comme bernard
WALLISER
* 84 - David KREPS ( KREPS
D. (1999), op. cit ) avait exprimé différemment cette idée
en disant : « ...dans certains jeux où il existe une
multiplicité d'équilibres, les joueurs
« savent » néanmoins comment se comporter. Ce savoir
provient à la fois d'expériences passées directement
utilisables et de connaissances sur la façon dont les individus agissent
en général. » p 89.
* 85 - DE WOLF O.
(1998), « Fondements des concepts de solution en théorie
des jeux », Annales d'économie et de statistique, N°51, p
2.
* 86 - WALLISER B. (2002),
op. cit, p 694.
* 87 - SCHOTTER A.,
SCHWODIAUER G. (1981), op. cit, p 487.
* 88 - Les termes Noyau et
Coeur sont utilisés dorénavant comme synonymes.
* 89 - EDGEWORTH Y. F.
(1991), Mathematical psychics : an assay on the application of mathematics
to moral sciences, Kegan Paul,
London.
* 90 - SHUBIK M. ( 1959),
Stratégie et structure de marché , New York: Wiley, 1959.
Edition française (1964), Dunod, Paris.
* 91 - DEBREU G., SCARF H.
(1966), « théorème de limite sur le coeur d'une
économie », Techniques Economiques Modernes, N°5,
GAUTTIER - VILLARS, Paris, p 19-33.
* 92 - le caractère
gras et le soulignement est le notre.
* 93 - SHUBIK M. (1991),
Théorie des jeux et sciences sociales, Economica, traduit par Bernard
GUERRIEN, Nicolas PONTY et Raoul
SALOMON, p 399- 400.
* 94 - Lorsque les trois
hypothèses suivantes :
- Insatiabilité ;
- Convexité forte des
préférences ;
- Continuité des préférences.
sont respectées par la fonction de
préférence.
* 95 - Voir LAKHDAR B.
(1985), op. cit. p. 86 pour la démonstration.
* 96 - SHUBIK M. (1991),
op. cit p 401.
* 97 - voir : -
SHAPLEY L., SHUBIK M. (1967), « Concepts and theories of pure
competition », dans « Essays in mathematical
economics in honour of Oskar MORGENSTERN, édité par Martin
SHUBIK, Princeton University Press, Princeton, p 63-79.
- SHAPLEY L., SHUBIK M.
(1969), « On market games », Journal of Economic
Theory, Juin, p.9-25.
* 98 - GARICANO L. (2000),
op. cit p 15.
* *- NASH J.F., KALISH G.K.,
MILNOR J.W., NERING E.D. (1954), « Some Experimental n-person Games
», dans THRALL R.M., COOMBS. Et DAVIS R.L. (eds), Decisions Processes, New
York, p. 302
* 1 - ROTH. (1991), op.
cit p 107.
« je suis avec précaution optimiste que,
cent ans dès maintenant, la théorie des jeux deviendra la colonne
vertébrale de l'ingénierie microéconomique qui aura
grossièrement avec la théorie économique et
l'expérimentation en laboratoire de l'époque le même type
de relation que l'ingénierie chimique entretient aujourd'hui avec la
théorie chimique et la chimie de paillasse »
A cet égard Alvin ROTH parle déjà en 2002
de la naissance d'un nouveau domaine de recherche proprement dit qui est le
« Design economics » qui est une sorte de cet
« ingenieering » économique dont il avait
parlé en 1991. Pour ROTH le « Design economics » est
le fruit et le résultat de la jonction de trois autres domaines de
recherche à savoir : l'économie expérimentale, la
théorie économique traditionnelle et la théorie des jeux.
Voir son article fondateur : «The Economist as Engineer: Game Theory,
Experimental Economics and Computation as Tools of Design Economics »,
Econometrica, 70, 4, July 2002, 1341-1378, dans lequel il définit ce
nouveau domaine comme étant « the part of economics intended
to further the design and maintenance of markets and other economic
institutions. » p 1342.
* 2 - Voir SMITH
V.L.(1994), p. 113-115.
* 3 - CHAMBERLIN
E.H.(1948), op. cit.
* 4 - Pour un recensement
des faits attestant le développement de la pratique de
l'expérimentation en économie, voir par exemple DELOCHE R.
(1995), notamment les pages 951-955, ou des manuels d'économie
expérimentale tels que HEY (1991), DAVIS et HOLT (1992), FRIEDMAN et
SUNDER (1994) ou KAGEL et ROTH (1995).
* 5 - FLOOD, M. M.
(1958), « Some experimental games », Management
Science, Vol. 5, p. 5-26.
* 6 - Une expression
qu'utilise déjà FLOOD (1958), p. 6.
* 7 - Réaliser avec
la collaboration de M DRESHER.
* 8 - RAPOPORT A., CHAMMAH.
A.M, (1965), Prisoner's Dilemma: A Study in Conflict and Cooperation, Ann
Arbor, University of Michigan Press. Voir aussi STRAFFIN P. (1980), The
Prisoner's Dilemma, Umap Journal, N°1, p. 101-103 pour un historique de
l'invention de ce jeu.
* 9 - COLMAN A. (1999),
Game Theory and its Applications in the Social and Biological Sciences, Londres
et New York: Routledge. ( Seconde édition corrigée et
augmentée- première impression en 1995 chez Butterworth-Heinemann
- de Game theory and Experimental Games, 1982, Oxford, Pergamon Press.)
cité dans MAMAS P. (2001), op. cit p. 7.
* 10 - l'auteur renvoie aux
publications suivantes :
- WRIGHTSMAN L.S., O'CONNOR. J., BAKER N. J. (1972),
Cooperation and Competition : Readings in Mixed-Motive Games,
Belmont : Brookes-Cole.
- GUYER. M., PERKEL. B. (1972), Experimental games : a b
ibliography (1945-1971), Ann Arbor, Mich : Mental Health Research
Institute, Communication 293.
* 11 - Voir à ce
sujet les travaux pionniers suivants :
- SAUERMANN. H., SELTEN R. (1959), « Ein
Oligopoleexperiment », Zeitschrift für die Gesamte
Staatswissenschaft, vol. 115, p. 427-471;
- SIEGEL S., FOURAKER L.E. (1960), Bargaining and Group
Decision Making, New York : McGraw-Hill .
* 12 - HEY J.D. (1991),
Experiments in Economics, Oxford, Royaume Uni.
* 13 - ROTH A., KAGEL J,
(1995), op. cit.
* 14 - ROTH A. (1991), op.
cit p. 107.
* 15 - DELOCHE.(1995), op.
cit, p 957
* 16 - DELOCHE.(1995), op.
cit, p.957.
* 17 - Cf. supra, p . En
plus de ce qui est dit dans cette dernière page il faut noter à
cet égard que la distinction entre règle de comportement et
institution ( règles d'échange et institution de marché
par exemple) est utile en terme d'exposition. Pourtant, elle ne revêt pas
un caractère économique fondamental car une institution sociale
n'est autre qu'un ensemble de règles spécifiant le comportement
de chaque joueur à chaque itération du jeu (organisant les
échanges dans un marché). Le lecteur désirant plus
d'information sur la relation règle de comportement - institution
sociale et sur l'émergence, le rôle et le fonctionnement de cette
dernière voir le travail de LAKHDAR (1985) op. cit.
* 18 - DELOCHE (1995), op.
cit, p. 957.
* 19 - Parmi les domaines
les plus familiarisés avec le langage de la théorie des jeux on
peut citer les applications qui ont été faite dans les domaines
monétaires et financières surtout les travaux considérant
les attaques spéculatives comme des cas qui peuvent être
modélisés comme un jeu global ( un jeu global sous-entend
un jeu de coordination avec complémentarités stratégiques
dans un environnement stochastique, où le vrai jeu est
sélectionné aléatoirement parmi les jeux dont les
fonctions de paiements des joueurs diffèrent. En d'autres termes on
injecte dans l'environnement propre à ce jeu des signaux privés
bruités concernant les paiements du jeu. ) le lecteurs désirant
avoir plus d'information sur ce sujet peuvent consulter les travaux
intéressants suivants :
- CARLSSON H., VAN DAMME E. (1993), « Global Games and
Equilibrium Selection », Econometrica , vol. 61, n° 5,
Septembre, p. 989-1018.
- HELLWIG C. (2001), « Public Information, Private
Information and the Multiplicity of Equilibria in Coordination Games »,
London School of Economics.
http://econ.lse.ac.uk/phdc/papers/hellwig_jmp.pdf
- KAJII A., MORRIS S. (1997), « The Robustness of
Equilibria to Incomplete Information », Econometrica, p.
1283-1309.
KAJII A., MORRIS S. (1998), « Payoff Continuity in
Incomplete Information Games », Journal of Economic Theory, vol.
82, p. 267- 276
- MORRIS S. (2000), « Coordination, Communication and
Common Knowledge: A Retrospective of the Electronic Mail Game »,
Août. http://www.econ.yale.edu/~smorris
- MORRIS S., SHIN H.S. (1998), « A Theory of the Onset of
Currency Attacks, in Asian Financial Crisis: Causes, Contagion, and
Consequences », Septembre, édité par Agenor, Miller, Vines,
and Weber, Cambridge University Press (1999).
http://www.nuff.ox.ac.uk/users/Shin/working.htm
- MORRIS S., SHIN H. S. (2000), « Rethinking Multiple
Equilibria in Macroeconomics », NBER Macroeconomics Annual 2000,
p. 139- 161, M.I.T. Press, 2001.
http://www.nuff.ox.ac.uk/users/Shin/working.htm
- MORRIS S., SHIN H. S. (2001), « Global Games: Theory
and Applications », Mars, Conference Volume of the Eighth World
Congress of the Econometric Society.
http://www.nuff.ox.ac.uk/users/Shin/working.htm
- RUBINSTEIN A. (1989), « The Electronic Mail Game:
Strategic Behavior Under "Almost Common Knowledge" », American
Economic Review, vol. 79, n° 3, Juin, p. 385-391.
* 20 - MAMAS P. (2001),
Théorie des jeux et jeux expérimentaux : éléments
d'histoire et d'épistémologie. Thèse de doctorat
en Sciences Economiques de l'Université Paris I, p. 10.
* 21 - Pour plus de
détails sur cette explication voir MAMAS P. (2001), op.cit, notamment le
chapitre 4 (Multiplicité et complexité des relations possibles
entre théorie des jeux et jeux expérimentaux).
* 22 - En ne parlant pas
précisément de l'évolution conjointe de la théorie
des jeux et les expériences en laboratoire, GAGEY et REY voient que en
général l'expérimentation a parcouru trois étapes.
Ainsi ils déclarent : « Les recherches menées
en ce domaine se sont schématiquement déroulées en trois
étapes. Tout d'abord, les expériences ont été mises
au point pour tester, à l'aide de simulations, les conditions
d'application à la réalité des modèles
théoriques. Par la suite, de nombreuses études ont
été consacrées à l'analyse de l'impact du contexte
institutionnel (structure informationnelle, mode d'enchères,...) sur le
déroulement et l'issue des expériences. Plus récemment,
enfin, l'expérimentation a été utilisée comme
instrument de prévision et effectivement appliquée à
l'étude de situations réelles. » p. 6 dans GAGEY F.,
REY P. (1986), « l'Economie expérimentale comme outil
pédagogique : Elaboration d'un jeu d'incitation à la
micro-économie », Revue Economique, N°1, Janvier.
* 23 - WRIGHTSMAN, O'CONNOR
et BAKER (trois expérimentalistes éminents de cette
époque) étaient conscient de l'absence de travaux rapprochants le
laboratoire à la vie réelle. Ainsi ils déclaraient en 1972
que « apparently no studies have compared degreee of cooperative
behavior in loratory mixed-motive game with cooperation in different real-world
tasks » p207. dans WRIGHTSMAN L.S., O'CONNOR J., BAKER N.J. (1972),
Cooperation and Cometition Reading in Mixed-Motive Games, Belmont,
Brookes-Cole. Cité dans COLMAN. (1982). op. cit. p. 128-129.
* 24 - SHUBIK M. (1962),
« Some Experimental Non-Zero Sum Games With Lack of Information about
the Rules » Management Science, Vol. 8, N° 2, January.
* 25 - SHUBIK
déjà en 1964 ( SHUBUK M. (1964). op.cit) utilisait le langage de
la théorie des jeux pour la représentation des différentes
structures de marché. Ainsi, il écrivait dans le premier chapitre
de son ouvrage : « A l'origine de ce livre on trouve la
conviction que les méthodes de la théorie des jeux nous aident
à découvrir et à étudier cette
structure ». Parallèlement il a conçu des
expériences dont l'objectif était la validation de ses
modèles théorique. Voir par exemple :
- « Comments Upon Games as a Teaching Device », in
Proceedings of the Conference on Business Games ( avec DILL. W. T., JACKSON. J.
R., SWEENEY J. W), New Orleans: Tulane University, 1961, 134-135.
- « Oligopoly Bargaining: The Quantity Adjuster Models
» (avec FOURAKER L.E et SIEGEL S), Bargaining Behavior, Hightstown, NJ:
McGraw-Hill, 1963.
- «Experimental Gaming and Some Aspects of Competitive
Behavior », New Perspectives in Organization Research, New York: Wiley,
1964, 449-463.
- « The Dollar Auction Game: A Paradox in Noncooperative
Behavior and Escalation », The Journal of Conflict Resolution, 15, 1,
1971, 109-111.
* 26 - l'expression
« résultats importants » ne doit pas être
comprise dans un sens qualitatif. Comme on va le voir l'auteur a trouvé
des difficultés pour conclure de manière ferme sur la
validité théorique d'un des solutions théoriques
proposées, mais son expérience a aidé beaucoup les
expérimentalistes à changer leur manière de penser quant
à la façon avec laquelle les expériences sont
conçues, ceci afin de rendre compte de certains aspects humains dans
leur modélisation (altruisme, réciprocité, confiance,
sympathie, etc.).
* 27 - Cf. supra chapitre
II p.39.
* 28 - LUCE et RAIFFA (
1957) ont affirmé que la répétition des jeux à
somme non nulle peut mener à l'adoption de la solution du maximum joint.
Ainsi, ils déclaraient : « We feel that in most cases (
ils discutent ici le cas des jeux à somme non nulle) an unarticulated
collusion between the players will develop....This arises from the knowledge
that the situation will be repeated and that reprisals are possible »
p. 101 dans LUCE R.D., RAIFFA H (1957), Games and Decisions : Introduction
and Critical Survey, New York, wiley. Cité dans COLMAN A. (1981), op.
cit, p. 115.
* 29 - Cf. supra. p. 51.
* 30 - les joueurs sont des
étudiants en économie de l'université de Yale section
Organisation Industrielle.
* 31 -il faut noter que ces
résultats insatisfaisants sont dues en grande partie aussi à la
nature même des jeux à joueurs et à somme non-nulle. Ainsi
selon les termes de A. COLMAN : « The mathematical
inconclusiveness of mixed-motive games (non-zero-sum games) can be explained by
an abundance of psychologically interesting phenomena for which they provide
precise models, such as cooperation and competition, risk taking and caution,
trust and suspicion, altruism and spite, threats, retaliations, and
commitments. ». Dans COLMAN. (1982). op.cit, p. 93.
* 32 - SHUBIK M. (1962),
op. cit, p. 229. Outre le problème d'incompatibilité des
environnements évoqué par SHUBIK dans cette citation , il y a
celui de la capacité des joueurs à refléter des
comportements conformes à la structure des paiements. COLMAN
déclare à cet égard que : « the
finding of researches in this area therefore demonstrate beyond reasonable
doubt that subjects in experimental games do not invariably play according to
the explicit payoff structures presented to them. This problem strikes at the
heart of experimental gaming and is badly in need of direct
investigation » dans COLMAN (1982). op. cit, p. 118-119. Voir la
réponse des éxpérimentalistes pour ce genre de critiques
Supra. p. 25.
* 33 - Voir pour ce
sujet :
- BOLTON G., OCKENFELS A. (2002), « ERC : a
Theory of Equity, Reciprocity and Competition », American Economique
Review, novembre, Vol. 92, n°5, p 1125-1155.
- FEHR E., SCHMIDT K. (1999), « A Theory of
Fairness, Competition, and Cooperation », Quaterly Journal of
Economics, August, 3, p. 769-816.
- SCHOTTER A., WEISS A., ZAPATER I. (1996),
« Fairness and survival in ultimatum and dictatorship
games », Journal of Economic Behavior and Economics, vol. 31, p.
745-779.
* 34 - Cette
expérience a été réalisé par NEVEU M.
(membre groupe de recherche GATE :Groupe d'Analyse et de Théorie
Économique à lyon 2). Il l'a publié dans son
article : « Optimum et financement efficient d'un bien public :
une expérience », GATE, Document de travail 02-14,
décembre 2002.
* 35 - ISAAC R.M., WALKER
J., THOMAS S, (1984), « Divergent evidence on free riding : an
experimental examination of some possible explanations », Public Choice,
43, 113-149.
* 36 - LEDYARD J. (1995),
« Public Goods : a survey of experimental research », 111-194, dans
AE ROTH et J KAGEL (eds.), The Handbook of Experimental Economics, Princeton
University Press.
* 37 - Andréoni J.
(1995), « Coopération in Public Goods Experiments : Kindness or
Confusion », American Economic Review, 85 (4), 891-
904.
* 38 - on peut citer
à titre d'exemple :
- KESER C. (1996), « Voluntary Contribution to a
Public Good When Partial Contribution is a Dominant Strategy »,
Economic Letters,
50, 359-366.
- SEFTON M., STEINBERG R. (1996), « Reward
Structures in Public Good Experiments », Journal of Public
Economics, 61, 263-287.
- ISAAC R.M., WALKER J. (1998), « Nash as an
Organizing principle in the Voluntary Provision of Public Goods : Experimental
Evidence », Experimental Economics, 1
(3), 191-206.
- WILLINGER M., ZIEGELMEYER A. (1999), «
Non-Cooperative Behavior in Public Goods Experiment with Interior Solution
»,
mimeo, Beta, Université de
Strasbourg.
* 39 - Nous
présentons ci-après les raisons, avancées par NEUVEU, du
recours à ce choix :
- Les optima ne pouvaient être que des multiples de 10%
de la dotation agrégée car la dotation individuelle par
période était égale à 10 jetons et les
contributions devaient être des nombres entiers.
- Les résultats expérimentaux
précédents ont montré que les joueurs contribuent en
première période entre 40 et 60% de leur dotation, les optima
à 40, 50 et 60% de la dotation agrégée ont donc
été éliminés.
- Les deux optima ont dû être
caractérisés par une distance équivalente entre les
solutions de coin (i.e. 0% ou 100%) pour pouvoir mesurer la distance entre le
choix et la contribution optimale.
- L'optimum symétrique à 10% (1 jeton
contribué par individu) n'a pas été retenu car l'espace
des erreurs par rapport à l'équilibre (0 jeton contribué)
aurait été quasi-inexistant. L'optimum à 20% (2 jetons
contribués par individu) aurait également défini une zone
d'erreur trop faible.
* 40 - l'auteur note OP30
pour désigner le traitement expérimental se
référant à l'optimum à 30% et OP70 celui de
l'optimum à 70%.
* 41 - Pour les grilles
des gains concernant les deux modes de financement (30% ou 70%) et pour les
deux options ( bien privé ou bien public) voir l'annexe 2.
* 42 - Logiciel
d'expérimentation du GATE, gratuitement téléchargeable sur
http://www.gate.cnrs.fr
* *- Source : NEVEU M. (2002),
op. cit, p. 17.
43 - L'expérience a réuni 8
(respectivement 7) groupes de 4 joueurs dans le traitement OP30 (OP70)
* 44 - Notons que le
travail de NEUVEU ne s'arrête pas à ce niveau, d'autres analyses
ont été effectué. Voir NEUVEU. ( 2002), op. cit pour les
analyses et résultats complets de cette expérience. Nous donnant
ci-dessous, en bref, les importants résultats non mentionnés dans
cet exposé.
- La contribution la plus souvent réalisée
est la contribution optimale symétrique définie par les
règles de l'expérience. Néanmoins,
plus le niveau optimal est haut, plus la
répartition des contributions s'étend sur l'ensemble des
possibilités.
- Les individus choisissent plus fréquemment la
contribution symétrique optimale lorsque l'optimum est faible.
- L'émergence d'un comportement du passager clandestin
est indépendante de la définition du niveau optimal.
- L'émergence d'un comportement de coopérateur
est indépendante de la définition du niveau optimal.
- Au niveau des choix individuels et du processus de
décision, il apparaît que quelle que soit la définition du
point optimal, les joueurs choisissent de contribuer principalement le montant
optimal symétrique (3 ou 7 jetons selon l'optimum).
* 1 - « However
if we do not take steps in the direction of adding a solide empirical base to
game theory, but instead continue to rely on game theory primarily for
conceptual insights ( deep and satisfying as these may be), then it is likely
that long before a hundred years game theory will have experienced sharply
diminishing returns. In this respect, I think the next hundred years will
likely bring about a change in the way theoretical and empirical work are
related in economics generally, and that, if not, then the entire discipline of
economics may alose fail to realize its potential. » dans ROTH A. E.
(1991), op. cit. p 107.
* 2 -« by choosing to take
economics down the experimental path, we are committing ourselves to developing
models that are increasingly behavioural in character » dans BULTER D.
(1996), « the `Experimental Economics' Experiment »,
Journal of Economic Surveys, Vol. 10, N°3, p. 347.
* 3 - BULTER exprime ceci en disant
que « The suggestion that something is missing from the standard
conception of rational economic man is the most consistent finding of the
research (en économie expérimentale), but no general explanation
is offered as to why this should be so. » dans BULTER. (1996).
Op.cit.
* 4 - à l'exception des
dernières tentatives d'incorporation de la réciprocité.
Voir les travaux de ABDELLAOUI, de RUBINSTEIN et de HOLT.
* * -
l'auteur s'inspire, pour le calcul des gains, des fonctions de paiement
formulée dans Isaac R.M., Walker J., S. Thomas. (1984),
« Divergent evidence on free riding : an
experimental examination of some possible explanations », Public
Choice, 43, 113-149.