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La prise en charge des mineurs non accompagnés marocains.


par Nadia Violain
Université Paris Est Creteil - Master expertise ingénierie et projets internationaux 2019
  

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PARTIE XI : ANNEXES

Retranscription de l'entretien association suédoise Habibi

Nadia : Je vais commencer par me présenter et présenter mon travail de recherche, je m'appelle Nadia, Sooi et moi nous connaissons, je termine mon master 2 en science de l'éducation, j'ai créé une association en France. Cela fait environ deux ans que j'interviens auprès des jeunes mineurs non accompagnés d'origine marocaine. Nous intervenions sur différents points, l'urgence avec des distributions alimentaires, vestimentaires..., un accompagnement psychosocial et le plaidoyer. Mon travail de recherche porte sur la prise en charge européenne de ces mineurs particulièrement la France et la Suède.

Sooi : Effectivement, j'ai pu intervenir à tes côtés plusieurs fois en France. Nous avons vu la même situation en Suède il y a quelques années une grosse vague de mineur non accompagnés marocain est arrivé. La différence est qu'en Suède tous les services en liens avec ces mineurs travaillent ensemble pour intervenir le plus rapidement possible et trouver une solution, la justice le service de migration, les associations. C'est pour cela qu'à Stockholm il n'y a pas

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d'enfant à la rue, on peut en retrouver dans la ville de Gôteborg. Souvent la société ne voit que les problèmes superficiels de ces jeunes comme la délinquance et l'addiction à la drogue. En Suède, dès son arrivé le mineur doit obligatoirement passer par le service de migration, ce qui introduit une prise en charge.

Suzanne : Le problème en Suède, est que la réponse du service de migration concernant l'évaluation de l'âge peut arriver à n'importe quel moment et stopper toute prise en charge.

Nadia : En France et en Espagne, ces mineurs ne demandent pas l'asile mais sont pris en charge sous le principe du droit de l'enfant donc ce n'est pas le service de migration qui évalue les jeunes mais des structures d'évaluations associatives (la croix rouge, France terre d'asile) présente dans chaque département.

Sooi : Ce qui définit le système Suédois est vraiment la coordination, par exemple si un mineur ne rentre pas dans son foyer ou sa famille d'accueil, celle-ci prévient le contact person qui lui contacte le social qui lui prévient la police lui envoie la photo du jeune pour qu'il le recherche sur le territoire et le ramène. La société Suédoise a vraiment étudié le phénomène des MNA Marocains, que ce soit socialement ou psychologiquement. Ils ont visité diffèrent pays pour comprendre comment ils étaient pris en charge comment ils se comportaient face à cette prise en charge et pourquoi ils erraient.

Nadia : Avez-vous déjà entendu qu'il y avait des accords entre le Maroc et certains pays européens concernant l'expulsion des jeunes ?

Sooi : Je ne sais pas, mais l'état Marocain aide la prise en charge de ces jeunes. En Espagne aussi, il essaie de trouver des solutions, il existe des associations qui aident les jeunes comme la « fondacion raises » à Madrid.

Nadia : Avez-vous déjà observer une politique spécifique aux MNA Marocains ? Comme une politique d'identification, répression ?

Sooi : Oui, Oui par exemple la prise en charge différencie en fonction de l'âge des MNA, de séparer les plus jeunes. Parce que l'un des gros problèmes de ce public est que les plus vieux

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utilise les plus jeunes, donc c'est important de les séparer. Mais il faut aussi aider les plus grand pour mieux aider les plus jeunes.

Nadia : Oui, tout en sachant que pour la majorité ils sont arrivés mineurs en Europe.

Sooi : Oui mais lorsque le jeune atteint 18 ans ça devient problématique, toute la prise en charge s'arrête, on les retrouve à la rue de plus en plus délinquante. La Suède ne fait aucune expulsion tant qu'elle n'a pas les papiers du jeune, avant c'était différent à ses 18 ans le jeune recevait de l'argent, un logement

Suzanne : Oui l'ancien protocole, après trois refus successifs de demande d'asile continuait le versement d'allocation et l'attribution du logement le temps de trouver une solution. Actuellement, à partir du troisième refus la prise en charge est arrêté automatiquement et le jeune majeur reçoit une obligation de quitter le territoire Suédois. La seule solution possible pour le jeune, est de prouver sa minorité avec des papiers d'identité marocain.

Sooi : C'est un cercle vicieux, puisque les jeunes après cela s'enfuient dans un autre pays européen comme le Danemark ou l'Allemagne, mais si on prend leur empreinte on retrace leur parcours et à. Une fois renvoyé en Suède, on le transfère directement en centre de rétention.

Nadia : Serait-il possible que chacun se présente, présente son rôle dans l'association, son parcours ectÉ

Sooi : Mon Mari Tobias et moi avons commencé en 2015, nous avons accompagné un homme d'origine marocaine lors d'une distribution alimentaire pour des jeunes marocains dans le centre de Stockholm, nous avons discuté avec un jeune se retrouvait à la rue à Stockholm, il nous a demandé de l'aide. J'avais déjà l'expérience avec les jeunes surtout les jeunes filles ayant des problèmes d'addictions. J'avais l'idée que l'État Suédois était très protecteur envers les enfants mais quand j'ai rencontré ce jeune j'ai compris que lui personne ne le protégeait. Je l'ai fait monter dans ma voiture et j'ai immédiatement appelé mon mari Tobias pour lui expliquer la situation. Ce jeune était assez difficile, il avait un avis très négatif vis-à-vis de la police et du sociale. Il était dans un centre éducatif fermé, il n'avait pas le droit de sortir. La police le recherchait parce qu'il avait fui du centre, en discutant avec les acteurs sociaux de rues

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et la police ils m'ont expliqué que je pouvais devenir « familihem » et prendre en charge ce jeune. Ce que j'ai accepté, au bout de trois mois, on m'a amené deux autres jeunes, au bout de sept mois je me suis retrouvé avec sept jeunes chez moi, le social à accepter parce qu'il y a très peu de famille qui accepte de prendre en charge les jeunes marocains et il n'y a pas de foyer

qui les prend en charge. Tous leurs besoins sont pris en charge par l'État suédois, et nous
recevons de l'argent pour chaque enfant. Je me suis rendu compte que cela ne suffisait pas mais qu'il fallait garantir à ces jeunes leurs droits, c'est comme ça que nous avons commencé à travailler avec les jeunes et que nous avons créé notre association HABIBI qui se bat pour leurs droits. Depuis 2015, il n'y a pas un jeune Marocain qui n'est pas passé par notre association en Suède, et environ 400 jeunes qui sont passés à notre domicile. Nous intervenons principalement sur deux points, le premier le plaidoyer et le deuxième nous aidons les familles d'accueils à mieux prendre en charge ou à mieux comprendre ces jeunes et à mieux les intégrer à la société Suédoises. Nous avons aussi observé que ce sont les majeurs qui « exploitent » les plus jeunes, dans la délinquance mais aussi sexuellement, ce qui créent beaucoup de problème.

Tobias : Nous avons mis environ un an pour vraiment comprendre la problématique et les spécificités de ce public. Au début nous ne comprenions pas le problème.

Sooi : Par exemple, il y avait un jeune qui se prostituait, à la fin nous avons compris et observés que ce sont les majeurs qui utilisaient « ces services ». Nous avons contacté la police et chercher une solution. Aussi, nous avons environ mis un an à obtenir leur confiance. Je fais en sorte d'utiliser cette connaissance des jeunes pour faciliter leur intégration et leur rapport aux autres.

Tobias : Nous faisons en sorte qu'il n'y ai aucune distinction et discrimination dans la prise en charge de ces mineurs, que ceux-ci soit vu comme de simple MNA.

Sooi : Actuellement, j'aide toujours les jeunes mais j'essaie vraiment de faire en sorte que l'État comprenne ces jeunes et que tous leurs droits soient respectés.

Tobias : Moi j'étais spécialisé sur la situation des roumains en Suède, et j'ai directement compris le lien entre les enfants roumains et les MNA Marocains. Dans les deux cas, les gens et l'État de manière générale ont des préjugés sur eux.

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Nadia : Que faisais-tu exactement avec les enfants roumains ?

Tobias : Beaucoup de personnes ont une mauvaise image des enfants roumains ou des jeunes Marocains, il y a un professeur qui a fait une recherche sur les ressemblances entre ces deux publics, il a observé qu'au-delà de la proximité, ces deux groupes s'entraident énormément surtout dans les villes du bas de l'Espagne. Certains jeunes marocains parlent même leur langue. En Suède, ils ne s'entendent pas aussi bien.

Nadia : Et donc quel est ton rôle dans l'association ?

Tobias : Actuellement, j'ai diminué mes actions avec les jeunes MNA Marocains, j'aimerais me consacrer aux jeunes majeurs puisque sans papier ils se retrouvent bloqué et ne peuvent rien faire. Nous avons créé une équipe de travail pour trouver des solutions.

Nadia : Comment peux-tu décrire la prise en charge des MNA Marocain en Suède ?

Tobias : Je n'ai jamais vu une tel prise en charge avec des mineurs en Suède sans compter les jeunes roumains pourtant nous avons observés d'autres prise en charge de jeune migrant somalien , syrien... les droits sont bafoués et la prise en charge modifié seulement pour ces deux publics .

Nadia : Que qualifierais-tu de positif et de négatif dans la prise en charge des jeunes marocains ?

Tobias : Le positif pour Stockholm est qu'ils ne laissent aucun enfant à la rue, ils placent les

jeunes directement et leur attribue un contact person, un goodman É Le négatif est que la
prise en charge est longue, très longue, pour qu'à la fin le jeune n'obtienne aucune régularisation.

Nadia : Pour toi quelles sont les différences entre la prise en charge des MNA marocains et des autres MNA ?

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Tobias : L'Etat ne prend pas de temps pour les jeunes marocains, il cherche la facilité dans la prise en charge alors que pour les autres ils cherchent à identifier les problèmes et mettent tout en place pour le stabiliser.

Nadia : Vois-tu des solutions ?

Tobias : Oui comme donner la possibilité aux jeunes majeurs de travailler, ou de régularisé les MNA arrivé jeunes .Cela changerait même la vision des Suédois vis-à-vis des jeunes .

Sooi : Je pense que la solution reste dans la protection, l'Etat se doit de tout mettre en place pour protéger les jeunes. Et la protection pour moi passe par la régularisation, cela éviterait une mise en danger perpétuelle de ces jeunes.

Suzanne : J'ai commencé avec un jeune qui étais à la rue, Sooi m'a contacté et m'a demandé si je pouvais venir en aide à ce jeune. Je n'avais jamais entendu parler de ces jeunes. J'ai accepté, et j'ai rencontré ce jeune qui était très gentil mais avait beaucoup de problème lié à sa situation de rue. J'ai essayé de prendre contact avec son social qui ne l'a pas aidé. J'ai compris que les institutions ne feraient rien donc j'ai décidé de trouver des solutions pour lui venir en aide. Ses droits n'étaient pas respectés, il était comme invisible pour l'État. Cela a été ma première expérience dans le social, avant je travaillais dans l'économie. Pour moi ceux qui ont besoin de plus d'aide sont les jeunes de plus de 18 ans, les jeunes majeurs, c'est donc mon rôle dans l'association. Plus précisément, je leur explique leur droit sur le territoire, et les accompagne dans toutes les étapes, je suis en contact avec toutes les institutions liées à la demande d'asile. Je les aide aussi dans les besoins primaires.

Nadia : Selon toi quelles sont les conséquences de cette prise en charge pour les jeunes majeurs ? Et environ combien de jeunes as-tu aidé, parmi-eux combien ont obtenu une régularisation ?

Suzanne : La plupart des jeunes sont arrivés et sont devenu majeur, et sont entrés dans un cercle de drogue, de rue. Ils n'ont pas trouvé d'autres chemins. Ceux qui ont trouvé un repère, des contacts, ont pu conserver une prise en charge. Il y a aussi beaucoup de jeunes qui attendent très longtemps la réponse de demande d'asile, par exemple 4ans. J'essaie vraiment d'expliquer

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tout le processus aux jeunes pour éviter les faux espoirs. Aussi, nous avons remarqué que beaucoup de leurs droits n'étaient pas respecté, comme le droit à un avocat au commissariat ou encore. J'ai observé que ces jeunes bénéficiait d'un processus spécifique, et qu'ils étaient facilement emprisonner par exemple pour des faits de consommation de cannabis alors qu'en règle général on n'emprisonne pas pour cela.

Nadia: As-tu eu des jeunes qui s'en sont sorti, qui ont obtenu l'asile ? Suzanne : oui absolument

Sooi : Oui elle connait très très bien le droit, elles a accompagnés certains jeunes dès leurs arrivés sur le territoire Suédois qui ont obtenus une régularisation

Suzanne : Oui, mais ces jeunes racontait toute leurs histoire au service de migration et c'est cette histoire qui était décisive. Il y a cinq jeunes qui ont eu trois refus mais ont obtenu leurs papiers parce que le service de migration a reconnu certaines erreurs.

Nadia : Ces jeunes qui ont obtenus leurs régularisations sont-ils passées par toutes les difficultés que l'on connait aujourd'hui ? Sont-ils aussi mobiles que les groupes actuels ?

Suzanne : oui tout les jeunes ont subis des maltraitances et ont souffert sur la trajectoire Sooi: Oui et non,

Suzanne : Il ne donne pas la nationalité, mais juste un titre de séjour .

Sooi : Moi je connais les jeunes qui ont obtenus la nationalité directement, mais tout ceux qui ont été régulariser sont arrivés avant 2012, 2013, le système de demandeurs d'asile ne fonctionnait pas comme aujourd'hui. Aussi, ces jeunes n'ont souvent aucune famille dans leur pays d'origine comme XXX par exemple.

Nadia : Justement, si l'on prend ces jeunes pour moi ils restent très très différents du groupe actuel, celui qui ont migré à partir de 2015.

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Sooi : Oui, ces nouveaux sont différent du Maroc,

Suzanne : Oui ces jeunes ont besoin de beaucoup d'aide, même un avocat ne peut pas les aider, d'autant plus qu'il y a un gros problème de langue

Tobias : Il faut savoir que c'est le service de migration qui attribue les avocats, et souvent les avocats ne comprenne pas le cas de ces enfants

Suzanne: Oui, ou sinon ceux sont de nouveaux avocats donc souvent il n'est pas bien défendu. Souvent ils ne connaissent pas du tout le phénomène et les problématiques des jeunes Marocains mais plutôt celles des afghans.

Nadia : Selon toi, un jeune qui obtient sa régularisation par l'asile est-elle une bonne solution pour ces jeunes ?

Suzanne : Le problème c'est que la demande d'asile est très très longue, il y a une autre solution celle de trouver un contrat de travail, celle-ci est beaucoup plus simple.

Sooi : Vraiment, le temps est un problème pour tout demandeur d'asile mais surtout pour ces jeunes là, attendre cinq ans c'est impossible

Nadia : Pourriez-vous me donnez votre avis sur l'enfermement des jeunes marocains aux SIS

Sooi : Il n'y a pas de lois qui autorise à placer directement un jeunes au SIS, normalement ceci est le dernier cas de figure, c'est interdit au moins de 12 ans. Il y a beaucoup de problème et de questionnement sur cette question, au début du phénomène il envoyait des groupes de jeunes au SIS mais ils se sont aperçu qu'il y avait de la violence entre eux, de la violence sexuelle, des logiques de pouvoirs É Il y a aussi beaucoup de choses qui sont bien, comme l'école, la rupture avec les addictions et donc un nouveau départ. D'autres jeunes sont ressortis du SIS avec plus de problème judiciaire que lorsqu'il sont entrés. Le vrai problème est le personnel du SIS ne connaisse pas le vécu du jeune, tous ces traumatismes et du coup ils en créer d'autres.

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Tobias : Le social place beaucoup de jeune au SIS pour les protéger , d'eux même et des autres. Mais les jeunes ne comprend pas, c'est très dur pour eux d'être privé de liberté, ce qui les rend encore plus dur

Sooi : Oui il y a beaucoup de jeune qui sont placé pour être protégé comme XXX, et en ressortent totalement changer, parlant Suédois. D'autres, maintenant n'arrivent plus à s'adapter à la société extérieure et se met toujours en situation de délinquance pour être renvoyé au SIS. J'aimerais vraiment t'emmener au SIS pour que tu vois. C'est la seule solution que l'État à trouver pour les protéger pour le moment. Il préférerait autre chose, une autre solution.

Nadia : Le SIS fait-il un travail concernant le psycho-trauma ? Aussi, prenons pour exemple le jeune XXX actuellement incarcéré au SIS, que l'on soupçonne de se prostituer, ce jeune m'explique qu'il mange bien, qu'il va à l'école mais souffre d'un énorme manque parce que personne ne lui rend visite, personne ne lui envoie d'affaire contrairement aux autres jeunes. Même son « contact person » ne lui rend pas visite, tout contact est coupé. Que pense tu de ça ?

Sooi : Son social ne veut pas communiquer avec moi, même si je suis en contact avec lui. Donc je ne peux rien faire, c'est souvent comme ça le social ferme beaucoup de porte à ses jeunes. Actuellement, j'essaie justement de faire en sorte d'informer ou de former le social à ce public en passant par d'autres institutions.

Tobias : Il faut vraiment que cet enfermement serve à quelque chose, que le jeune en sorte en bonne santé mentale et physique.

Sooi : La prison par exemple est en avance à ce sujet . Même si la prison est plus dure au niveau des règles, ils sont plus ouvert et essaie de trouver des solutions pour «réparer les jeunes», leur donner une certaines libertés . Je les ai rencontré plusieurs fois à ce sujet. Si jamais tu fais des recherches sur le SIS, tout à l'air parfait c'est pourtant une autre réalité.

Nadia : Dernière question , que pensez vous de l'uniformisation européenne de la prise en charge des MNA marocains ?

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Sooi : Il faut vraiment selon moi qu'il y ai une convention commune à tous les pays européens dans la prise en charge de ces enfants, même si certes il y a beaucoup de lois qui sont censés les protéger.

Suzanne : oui j'en suis convaincu aussi.

Sooi : j'aimerais aussi que tout les jeunes obtiennent une régularisation, malheureusement la population ne sera jamais d'accord. Je pense aussi, que l'Etat et la population devrait les aider à trouver des formations ou du travail ça permettrait uen vrai intégration .

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Retranscription de l'entretien association française Hors la Rue

Nadia : Comme je t'expliquais, mon mémoire se porte sur la prise en charge Européenne des mineurs non accompagnés, avec une comparaison entre les prises en charge étatique et associatives Suédoises et françaises. Particulièrement, l'uniformisation européenne des prises en charge. Est-ce qu'il est possible pour toi de reprendre le contexte d'intervention de votre association auprès du public des MNA marocains.

Mathilde : Alors je suis très mauvaise en date mais en gros ça à démarrer sur un mail de l'UASA (unité d'assistance des sans-abris) de la ville de paris avec lesquels ont travaillent depuis plusieurs années déjà sur des problématiques communes : familles, mineurs à la rue, essentiellement en mendicité de Roumanie primo arrivant ou installé sur le territoire depuis longtemps. Nous avons un partenariat assez fonctionnel, un jour nous recevons un mail évoquant de très jeunes marocains en errance sur le quartier de la goutte d'or, avec plusieurs professionnels associatifs ou autres ayant tenté d'approcher ces jeunes ou de les accrocher sans succès, voilà ils attirent notre attention sur ce phénomène. Nous décidons de rédiger comme on le fais souvent une demande d'intervention, Hors la rue a l'habitude d'aller vers des publics les plus vulnérables, ceux qui sont le plus éloigné de la protection et du droit commun avec notre stratégie qui est d'aller au-devant du jeune et de créer un lien de confiance quand cela est possible avec orientation vers notre centre si le jeune le souhaite et si on estime que c'est adapté à sa situation et ses besoins. Le jour même nous sommes allés voir, au bout de quinze minutes nous avons rencontrés cinq très très jeunes enfants ayant visiblement entre 12 et 14ans effectivement défoncé, il consommait de la colle dans rue nous les avons approché pour nous présenter, ils nous ont dit qu'ils avaient faim donc nous les avons emmené manger, nous avons remarqué qu'ils étaient très sale nous leurs avons donc demandé si ils avaient ou se doucher ils nous ont répondu non donc nous les avons emmenés dans notre centre, ceux qui a été le début d'une longue histoire mais qui s'est écourté plus tôt que prévu. Très rapidement nous avons mis en place des maraudes deux fois par semaines, cela ne fait pas partie de notre stratégie éducative que d'être présent tous les jours sur le territoire surtout que l'on pleins d'autres publics vers lesquels on va régulièrement. Donc nous avons mis en place une tournée de deux après-midis

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par semaine, il y avait bien sûr du repérage pour repérer les nouveaux jeunes qui arrivait. Essayer de faire émerger des demandes, de l'accompagnement individuel, et d'activités sachant que ça dépendait beaucoup de l'état des jeunes, il y avait aussi beaucoup de demande qui émergeait mais qui ne tenait pas c'est-à-dire le temps que la réponse se mette en place le jeune n'a plus la même demande que celle qu'il avait effectué, c'est pour cela que des réunions multi partenariales ce sont mis en place par la mairie de Paris parce que ces jeunes échappait complètement aux propositions proposées par la ville de Paris d'autant plus que les services de protections sont des pôles d'évaluations en fait donc ce sont des structures dessiner pour des jeunes qui sont demandeurs, elles ne sont déjà pas adapter pour ces jeunes qui sont demandeurs avec des demande de protecteurs pérennes donc encore moins pour des jeunes qui ont des demande très ambivalente, très changeante et surtout qui ont surtout des demandes de satisfaction de leurs besoins fondamentaux c'est-à-dire : dormir, manger, faire une pause, se vêtir, mais n'était pas du tout sur des demandes de protection pérennes. Nous en avons eu très peu et quand nous en avons eu c'était plutôt un style d'adaptation à ce que nous voulions entendre. Aujourd'hui, pendant un an et demi sur la base de notre travail de terrain , tourner deux fois par semaine et accueillir des jeunes sur l'accueil de jour de manière inadapté en faisant avec les moyens du bord, ça nous a surtout permis de remonter des informations et de faire du plaidoyer pour qu'il y ait une prise en charge, à l'époque nous allions les chercher au commissariat sachant que les commissariats faisaient à la fois des interventions coup de poing pour protéger les jeunes c'est-à-dire qu'ils débarquaient dans les « auto lib[1] » la ou les jeunes dormaient beaucoup et c'était les mêmes policiers qui arrêtaient les jeunes en actes de délinquance pour leur survie , pour les protéger et pour cela ils les sortaient violemment des « autolibs » parce que les jeunes n'étaient pas dans l'adhésion, ils les faisaient attendre toutes la journée et éventuellement après X maltraitance nous avons saisis le défenseur des droits sur les maltraitances dont ont pu être victimes les jeunes au commissariats, un jeune a pu témoigner . Cela fait partie de notre travail de constater les violences dont les jeunes ont été victime. Même si il y avait une volonté de faire en sorte à ce que les jeunes ai accès à une protection, il a été très difficile d'adapter ce système à ces jeunes, en vrai on a très longtemps dis qu'il ne fallait passer par les policiers pour la protection, même si le système français prévoit que si un mineur lambda se retrouve à la rue il peut frapper à la porte d'un commissariat pour demander de l'aide en réalité pour des jeunes en situation de délinquance cela ne se passe pas comme cela, nous

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avons pu avoir des échanges avec des policiers complètement excédé, violent et complètement maltraitant à l'égard de ces jeunes. Les pôles d'évaluations ça ne fonctionne pas non plus, puisque le dispositif est clairement dessiné pour des jeunes qui sont très demandeurs et très motivés pour passer toutes les étapes. Donc au bout d'un an et demis de plaidoyer et de terrain on a assister à énormément de réunion, même si au bout d'un mois nous avions compris que la problématique était d'abord essentiellement celle des enfants des rues, c'est la première fois que l'on en a en France il faut s'inspirer des pays en développement qui sont confronté de manière récurrente aux enfants des rues même si cela doit être adapter à la France parce que les logiques ne sont pas les mêmes et qu'ils ne sont pas chez eux, qu'il y a des problèmes d'acculturation, nous on estimait qu'il fallait un centre d'accueil de jour ouvert H24 et un travail de rue pour commencer. Ne surtout pas attendre un an comme ça a été le cas, d'autant quand nous avons que les enfants pouvaient arriver pas trop abimé et en deux mois de rue c'est fini, toute les accroches que l'on pouvait avoir disparaitre, bon ce n'est pas trop tard bien sûr ce sont des enfants mais la lenteur de la mise en place des dispositifs par exemple pour avoir accès aux bains douches sachant que l'on a jamais obtenu ce que l'on voulait c'est-à-dire que les mineurs puissent aller se doucher librement quand ils le souhaitent, parce qu'il faut que l'on s'adapte à leur errance et leur envie de liberté. Si on est en permanence accompagné d'un éducateur, pareil nous avons mis en place une cantine mais sans éducateur ce n'était possible, cela marchait une deux fois. On a essayé de relayer leur parole, en leur disant que c'était à nous système de protection de s'adapter à leur errance et à leur profils et par l'inverse sinon ça ne marchera pas alors certes au bout d'un ans et demi de plaidoyer nous avons pu fortement contribué à ce qu'un dispositif soit mis en place pour nous ce dispositif mis en place n'est pas celui dont les enfants ont besoin après c'est mieux que rien parce qu'au moins on a réussis pour certains MNA, ce qui d'ailleurs était très questionnant mettre en place une protection ADOX c'est-à-dire sans passer par le DEMIE alors que tous les autres mineurs sur paris , par exemple les mineurs nigériens en situation de prostitution . Ce que je veux dire c'est qu'il y a eu de la part de la ville de Paris un effort hallucinant de mettre en place quelque chose spécifique à ces jeunes. Ils ont quand même entendu par intervention de plusieurs acteurs notamment des acteurs européens qu'ils ont fait venir parce qu'ils ont vite compris que le phénomène dépassait la problématique parisienne. Je pense que c'est quand même un échec total sur la prise en charge de ces jeunes, et pour Hors la Rue ça à été extrêmement compliqué vu leur état de souffrance et leur incapacité

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de s'adapter à ce qu'on leur propose, parce que nous ce que l'on propose c'est déjà très dessinner, c'est un centre pour jeune trés en errance, trés éloigné du droit commun, mais en vrai les jeunes qui se présentent sont des jeunes demandeurs qui ne sont pas reconnus mineurs et ne sont pas pris en charge. Et donc avec les années, on s'en ai rendu compte avec les marocains notre centre est devenu un centre ou il y a trop de règle, par exemple ils débarquait à quinze sous drogue, il essayait de consommer dans notre centre, ils avaient tous des besoins de douche sachant que l'on a une douche, c'est créer de l'attente , de la frustration, de l'enfermement , certains au bout d'une heure n'en pouvait plus , certe ils avaient le droit de sortir mais notre dispositif cours de français ectÉ pour eux n'était pas du bas seuil. Ils ont besoins de très bas seuil pour faire de l'éducatif, cela à créer énormément de débat au sein de l'équipe éducative, avec énormément de souffrance au travail parce que les éducateurs ont été violenté par les jeunes mais aussi psychologiquement de voir des enfants aussi jeunes et ne pouvoir pas faire grand chose, ce qui a été très dur aussi c'est que les éducateurs voulaient faire de l'éducatifs avec ces jeunes mais la base c'était que less besoins de base soient satisfait, nous sommes sur des jeunes qui sont sales, malnutris, pas soignés donc c'est très frustrant, et notre dispositif ne fonctionnait pas pour eux. Après là, ou nous avons de l'espoir c'est quand le CASP, à été désigner pour mettre en place déjà une mise à l'abri, nous avons l'espoir que cela fonctionne , nous voulions travailler avec eux, on estimait que notre travail de rue fonctionnait et ce que nous avions pu mettre en place aussi, comme l'équipe de la croix rouge avec un pédopsychiatre et des infirmiers en rue par exemple c'est Hors la rue qui l'a mis en place. Le CASP l'a repris, mais c'est une solution que nous avions mis en place ce qui a pu d'ailleurs un peu améliorer l'accès aux soins même si pour ces jeunes ce qui à marcher c'est l'urgence mais nous n'avons jamais pu faire en sorte que les jeunes soient accompagnés aux points de vue consommations. Il y a eu des brives de projet, ensuite ce qui a été compliqué c'est que le CASP a mis en place de la mise à l'abri sur base de tri dans la rue, un système pour nous est voué à l'échec dès le départ, on enterrine des hierarchie qui sont déjà existante dans les groupes, et finalement le tri c'est pas les éduc qui le font mais les jeunes eux même donc en fait cela renforce les logiques de rues donc ça ne fonctionne pas. Après, je ne dis pas que la solution est simple, notamment il y a une question qui n'a pas été assez abordé, c'est la question du mélange entre les mineurs et les majeurs, c'est à dire qu'à partir du moment ou on observe que nous sommes sur des groupes mixtes, avec des mineurs bien bien mineurs et qui sont très jeunes et d'autres faux mineurs il

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faut mettre en place des solutions pour les deux . Cela à aussi été notre limite, puisque notre tranche d'âge c'est 10/17 ans et nous avions des mineurs marocains de 12 ans qui arrivait avec des majeurs de 25 ans très en errance , très en souffrance , très précaires, ca nous met forcément dans une situation de tri, il n'y a pas de raison que l'on accepte des majeurs marocains alors que tout les jours ici nosu avons des majeurs auquels nous disons nous, cela nous a mis face à toutes ces problématiques là. Il fallait un programme spécifique, on aurait voulu un programme, beaucoup plsu souple, beaucoup plus experimental qui innove un petit peu plus, et surtout on aurait aimé être parti prenante comme l'ensemble des partenaire, je pense que sur ce type de public c'est impossible de travailler seul, une structure avec ses solutions ne peut pas avoir la solution pour ce public, donc les échanges sont indispensables, la collaboration aussi et c'est ce qu'il manque à ce programme. Et à mon avis ce que tu est en train de faire est aussi la solution parce qu'au delà des échanges sur un territoire nationale, sur paris ou sur le territoire français vu les caractéristiques d'errances géographiques intraeuropéennes de ces jeunes, il n'y a pas de solution sur un territoire qui existe mais un fil à construire pour s'adapter à l'itinérance de ces jeunes donc je trouve que tu as complétement raisons et ca fais parti aussi des préconisations qui avait été faites par l'assocation trajectoire qui avait été mandaté par la mairie de paris pour faire l'enquête. C'est à nous de nous adapter à ses jeunes, et de reconnaitre que nos solutions ne fonctionne pas même si c'est bien d'essayer et que l'on a appris pleins de choses sur ce public et sur nous aussi. Mais ça a été super dur, moi j'ia plus de la moitié de mon équipe qui a démissionné, ils sont rentrés dans nos failles, c'est ce que font ce public, ils sont si abimé qu'ils nous mettent face à nos incohérence, à nos difficultés , à nos manques, à nos carence à nous. Et en même temps, voir des enfants si jeune de 12/13 ans nous en avions jamais vu, pourtant je travaille avec des enfants en errance depuis longtemps et essentiellement des jeunes roumains tous en situation de travail quotidien, certains en situation de TEH mais ça n'atteint pas des niveaux de misére humaines tel que les marocains, psychologiquement c'etait extremment difficile pour les equipes d'autant plus que nos solutions n'etait pas les bonnes , nous en avions conscience et donc le débat au sein de l'équipe c'est nous savons que les solutions ne sont pas les bonnes mais est-ce que cela a du sens de continuer à le faire ? Et le principe de la hierarchie était de dire à ce jour, il n'y a rien, rien d'autre, mais on estime que c'est mieux que de ne rien faire. Et tout cela à créer de la maltraitance au travail, il y a tellement de chose à dire de l'accompagnement de ces jeunes. Ce qui a été vraiment compliqué, une des priorité c'est l'accès

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aux soins et même sur ça nous avons eu d'énorme barrieres, qui sont incroyable, nous avions conscience que notre système de santé n'était pas adapté aux personnes les plus precaires mais encore moins ces jeunes là, quand on emmene un jeune couvert de sang et qu'à l'accueil on nous demande sa date de naissance sinon il n'aura pas accès aux soins, je carricature mais globalement c'est la réalité.Ces jeunes étant énormément susceptible, si ils sentent la moindre rétissence du personnel medical ils sont prêt à renoncer malgrès un niveau de douleur intense, ce qui est très difficile pour nous , nous nous demandions estce qu'a chaque fois nous devons les convaincre d'aller à l'hopital la Riboisière qui est le plus proche en sachant l'accueil qu'ils vont avoir, est ce que nous sommes pas nous même en train de participer à les éloigner du soins plutôt que de les en rapprocher. C'est pour celà que nous avons mis en place une action de bobologie de rue, parce que nous avions beaucoup de jeune avec des miniblessures mais avec un enorme besoin d'être soigné pour cette blessure inexistante , ca ca c'etait interessant , ça c'etait un moteur éducatif, et voilà nous avons plus préconiser celà à un moment avoir des infirmiers en rue parce qu'emmener les jeunes dans les hopitaux ou ils sont mal accueillis les éloigne de la santé . Ce qui était très dure aussi, de voir des jeunes se scarifier sous nos yeux, pas juste des scarification de poigné et qui refusait l'accompagnement d'urgence, avec des questionnements incroyables comme est-ce qu'on appelles les pompiers ou pas . Sachant que les pompiers n'étaient pas non plus accueillant avec les jeunes, c'est quand même fou aujourd'hui quand on est dans de l'intervention d'urgence de se dire est ce que je fais appelle comme n'importe quels usagers à se service sachant que ca va peut être faire plus de mal que de bien. Après il y a eu des hospitalisations qui étaient indispensable et necessaire . Donc je pense que c'est un public pas simple , et il n'y a pas une solution mais c'etait indispensable d'experimenter, et on experiment pas assez. Par exemple la le dispositif qui est mis en place depuis presque deux ans j'ai l'impression qu'il n'a pas bougé. Avec une mise à l'abri non occupé par les jeunes, il faut peut etre trouver une formule un peu diferente je ne sais pas.

Nadia : Quand vous avez analyser la situation, que vous l'avez diagnostiquer, qu'avez vous mis en place ?

Mathilde: Nous avons monté un partenariat avec le XSAPA spécialisé dans

l'accompagnement de jeunes ayant un problème d'addiction qui avait un point écoute jeune, ce

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que nous n'avons pas utilisé mais nous avons plutôt mis en place une maraude hebdomadaire avec les infirmiers et les médiateurs santé, sur nos tournez le Xsapa était présent une semaine et le pédopsychiatre une fois par mois. Nous avons mis en place un partenariat avec le dispositif ELSA à l'hôpital Robert debré pour pouvoir leur orienté rapidemeent et de manière un peu concerté les jeunes mais ça n'a pas donné grand chose parce que ce n'est pas non plus un dispositif d'urgence ou l'on peut ammener les jeunes à tout moment. Nous avons fais beaucoup de sensibilisation dans les foyers notemment Croix nivert, la MAE Eleanor Roosevelt ou les jeunes étaient placés via le commissariat. Notemment il y a eu plusieurs réunions d'organisés avec la mairie de Paris ect.. pour dire qe c'était inutile de mettre ces jeunes à l'abri si ils n'étaient pas immédiatement vu par médecin le lendemain matin. Je parle de la première année ou nous étions très investis, tout les jeunes avaient une problématique addictive très forte, et nous étions sur des consommations de colle , rivotril, alcool, cannabis, ça à changé après puis c'était périodique . La vraiment, le moment ou l'on a monter le programme nous étions sur colle et Benzodiazépine. Donc nous avons contribuer à la formation, la sensibilisation des autres personnes dans toute la chaîne qui était ammener à rencontré ces jeunes. Après, en réalité si l'on prend la MAE Eleanor Roosevelt cela n'a jamais été effectué, aucun jeune n'a été accompagné après la mise à l'abri vers un médecin. On avait aussi demandé à être appelé par les commissariats pour pouvoir effectuer un accompagnement individuel, de manière à pouvoir proposé des temps de pause hors du groupe, et retarder le retour à la rue. Ce sont des espaces ou l'on peux travailler avec le jeune, ils ne sont pas sous consommation ça facilite. Mais je pense que c'était beaucoup trop rigide, nous ne pouvions pas être disponible H24 comme tu l'étais. J'ai toujours reconnu que c'était nécessaire comme intervention, parce que nous dans notre approche professsionnelle ça ne fonctionne pas, nous ne sommes pas suffisament souple pour ce public.

Nadia : Oui effectivement, ils sont dans le recherche d'immédiateté

Mathilde : Oui, et nous on diffère , on lui demande de revenir le lendemain mais lui le lendemain il a un autre problème puis il a même oublié . Donc effectivement notre approche qui fonctionne avec pleins de publics, n'est pas du tout adapté à ses jeunes. mais on a essayé , essayé pleins de choses.

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Nadia : Oui certes, mais votre accueil de jour à bien fonctionné, beaucoup de jeunes venaient ici malgrès la distance.

Mathilde : oui effectivement, ca a permis une certaine accroche, certains jeunes étaient très réguliers . On a mis en place du soins à l'accueil de jour, on a fait venir des médecins puisque les jeunes n'allaient pas à l'hôpital mais venait à l'accueil de jour pour se reposer, là aussi ça n'a pas été satisfaisant , nous avons effectué deux sessions puis on a arrêté . Les médecins posaient beaucoup trop de questions aux jeunes alors que nous leurs disions de pas leurs en poser du tout de seulement les soignés , de les soignés même s'ils n'ont rien du tout. Parce que nous n'étions pas dans une étape ou nous connaissions très bien les jeunes , le but était de les faire revenir pour tisser le lien. Puis ces jeunes la moindre erreur il pardonne pas, après nous sommes une institution donc nous avons un mur, un cadre et ces jeunes sortent du cadre tout le temps donc les exceptions dont ils ont beaucoup bénéficier ont commencé à poser probléme à l'équipe éducative notamment aux autres jeunes qui frequentent le centre de jour qui ne comprenait pas les différence de traitement. C'était énormément de travail, puisque c'est un public auprès duquel il faut être tout le temps, par exemple il s'enfermait pour consommer, il volait dans les frigos É en termes de sécurité nous nous sommes poséénormément de questions. Cela a bouleversé toute nos pratiques, par exemple avec l'achat de vêtement que l'on devait réitéré deux fois par semaine. Pourtant ce n'était pas notre souhait et on estime que ce n'était pas éducatif mais on ne pouvait pas les laisser repartir dans cet état. Nous avons fais énormément de vestiaire, ce qui nous as demandé une énergie tellement folle que sans doute nos autres public ont ampatis . Mais il y avait une urgence humanitaire aussi, je pense que l'on a essayé de gérer cette urgence humanitaire et en faire de l'éducatif ça a été un peu plus dur . Je pense que vous vous avez réussis à individualiser , à avoir des contacts familles ce que l'on fait nosu avec tous nos jeunes sauf avec ces jeunes là, nous étions tout le temps sur une intervention de groupe. Nous même en groupe éducateurs et eux en groupes jeunes. Quelques fois des jeunes ont essayé de venir ici seul et justement pour se poser, mais les autres suivaient en fait. Ca c'est quelque chose que l'on aurait bien voulu mettre en place avec le CASP, mais ils ne ce sont pas saisis de l'opportunité, ou peut être trouvé que ce n'étais pas pertinent. C'était justement parmis les jeunes qu'ils voient en groupe dans la rue ou sur leur centre , identifier des jeunes qui auraient des petits besoins d'être séparé , en demande d'avoir des temps de pause.

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Le but était de les orienter vers nous comme ça nous ne serons plsu dans une approche de groupe mais dans une approche complémentaire pour ces jeunes. Je trouve qu'il y aurait eu une vrai complémentarité à travailler comme ça.

Nadia: Oui, d'autant plus qu'il y a eu énormément d'acteur , vous avez été l'un des premiers et vous avez réussis à avoir une accroche .

Mathilde : Oui mais malheureusement il n'y a pas eu de prise en charge perenne, enfin si il y en a eu mais c'était finalement des jeunes ayant une problématique différente, avec une volonté de s'insérer et n'était pas dans les addictions. Et ça c'est une variable qui change beaucoup de chose et facilite la prise en charge.

Nadia: Oui, mais comme tu la souligné plus haut, nous étions face à une situation d'urgence, d'urgence humanitaire.

Mathilde : Oui, et c'est ça qui est incroyable d'imaginer qu'un pays comme la France n'a pas les moyens de gérer une urgence humanitaire d'enfant. C'est très inquiétant, et je pense que le phénoméne se reproduirait aujourd'hui on ne serait toujours pas comment gérer.

Nadia : Le phénomène est toujours présent actuellement.

Mathilde : Oui mais seulement avec une dizaine d'enfant, nous nous étions sur une cinquantaine d'enfant très jeunes. Même plus sur un instant T.

Nadia : Concernant les partenariats, les collaborations ?

Mahtilde : Donc nous étions en partenariat concret avec le CSAPA que nous avons réussis à faire financer par l'agence régionale de santé, après il y a eu tout un dispositif de lancer c'est à dire que la Mairie de Paris a mis en place des réunions bimensuelles auxquelles on aurait souhaité que vous soyez présent parce que ce sont tous les acteurs en interaction avec les jeunes qui devrait être accueillis. Il y a eu l'UASA qui dans les premiers temps à gérer la mise à l'abri avec lesquels nous avons beaucoup travaillé, ce qui était intéressant c'est que eux nous pouvions les appelé à tout heure du jour et de la nuit pour essayer de placer les enfants un moindre mal

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par rapport aux commissariats même si il y avait un homme en uniforme avec une camionnette blanche, les jeunes avaient bien identifié que ce n'étaient pas la police mais ça n `a pas durer parce que c'était trop exigeant en ressources humaines. Il aurait fallu un dispositif spécifique, avec le même système disponible H24. Après, le reste ce n'est pas vraiment des partenariats opérationnels mais c'est tisser un réseau d'acteurs susceptible d'intervenir, par exemple la Mairie de Paris à mis en place une permanence au centre de santé Marcadet ou l'on pouvait plus facilement orienté les jeunes, parce que justement nous avions fais remonter nos difficultés avec les urgences de l'hôpital la Riboisiére donc ils ont mis en place un accueil d'urgence les accueillant le jour même : IMMIEDATETE , ce qui est très important et cela nous as permis de les accompagner, de faire du soins mais plus de l'activité de rue un peu plus facile. L'idée étant qu'une fois que le jeune a été vu par le centre de soins accompagné par nous, il pouvait y retourné seul. Ce qui est extrêmement important, il faut que le jeune soit autonome dans ses soins sinon ça ne peut pas marcher. Ca a marcher avec certains jeunes. Ca marche toujours ?

Nadia : Oui toujours .

Mathilde : Ca fait plaisir, encore une fois si l'on avait pas nous tous fais remonté les constats de l'accueil catastrophique dans les services d'urgences , nous n'aurions pas eu ça : une solution de proximité, suffisamment souple pour que les jeunes puissent s'en saisir. Même si ce n'est pas évident pour le personnel. Je me souviens des médecins qui étaient choqué au début, il voyait les jeunes arriver dans des états, même si ils ont l'habitude avec le public précaire, la on est plus dans de la simple précarité

Nadia : Oui, en plus il y avait beaucoup de problème d'hygiène du genre la gale, poux de corp

É

Mathilde : C'est ça, il y a aussi eu la croix rouge, on a essayé de monter quelque chose avec le club de prévention spécialisé la DCLJC mais qui s'est vite retiré, . On fait nous on a passé notre temps à chercher des acteurs pour travailler avec nous, parce que nous avions bien conscience que nosu seuls ca ne marcherait pas . D'autant plus que je trouvais que la DCLJC avait sa place puisqu'il vise un public 16/25 ans, et ils fallaient une intervention pour jeunes majeurs . on a fait des maraudes avec eux aussi parce qu'ils étaient présent aux réunions mais un jour nosu

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avons reçu un mail disant qu'ils s'étaient retiré de la question. En fait trés souvent les acteurs nosu ont laissés seuls. Il y a eu Charonne qui a participé aussi, mais ça c'était quand le CASP était dans la boucle, nous ont avait montéle partenariat avec le CSAPA et ont trouvait que ca soit bien qu'ils perdurent même si on se retirait mais le CASP a fait appel à Charonne avec un éducateur spécialisé qui tournait avec eux c'était des fois l'un des fois l'autre. Après il y a toujours des guerres inter-associatives qui n'ont pas lieu d'être . Je trouve au contraire que la complémentarité des approches est interessante, de pouvoir en parler et de faire comprendre aux jeunes que nous sommes tous en liens. Je trouve vraiment dommage que ca n'ai pas pu être le cas.

Nadia : Nous ont a toujours été en lien .

Mathilde : Oui toujorus , avec ce public en plus toutes les approches sont légitimes. Tous ceux qui cherche à faire quelque chose ont leur place. Ont a participé à la premiére mise à l'abri, pareil suite à un plaidoyer pour une mise à l'abri d'urgence, pour dejà commencer à voir les jeunes dans un autre contexte un contexte de nuit. On a appris beaucoup de chose d'ailleurs, et pleins d'autres liens se créaient. Sauf que très rapidement, la mairie de paris nosu a demandé de faire du tri, on a préféré arrêté. Nous ne pouvions pas demandé aux éducateurs de rue ayant pour objectif de créer du lien de choisir qui va dormir ou non. On a quand même fait certaines mise à l'abri ou l'on devait accompagné une dizaine de jeunes à travers Paris, ce qui était assez perilleux et dangereux donc c'est a ce moment là qu'est intervenu `l'UASA pour nous aider avec leurs camionnettes. Bon la je t'explique cela de manière dispatcher, il faudrait tout expliquer dans l'ordre , j'ai d'ailleurs des écrit que je pourrais te faire parvenir : des petits rapports officiels que nosu avions rédigés .

Nadia : Je me souviens de l'UASA qu'en période de grand froid, mais c'est dommage parceque c'était très interessant

Mathilde : Oui, il aurait fallu le perenniser . Oui ca plus ca plus ca , il faut tout faire, en fait c'est un énorme dispositif qu'il fallait mettre en place . Je trouve que tout confié à une association c'est trop complexe puis tu les isoles . Après la question des maraudes H24 et 7/7, ca nosu questionnait , on estime que les jeunes doivent garder un peu de liberté, ca peu même

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être vu comme de la surveillance. C'est d'ailleurs pour cela que nous avons pas mis en place de maraudes, on estime qu'intervenir sur un terrain ou un autre acteurs intervient ca ne se fait qu'en collaboration pas en concurrence.

Nadia : Oui, si je reprend notre intervention par exemple, nous n'avions pas besoin d'être là H24, les jeunes connaissaient mon numéro par coeur et me contactait au moindre problème.

Mathilde : Oui je pense que ces jeunes nous poussent à sortir de notre cadre habituel, et il faut décider de le faire ou non.

Nadia : Oui, ces jeunes reflétent la limite des actions collectives et instituelles, et c'est totalement actuel puisque ca nous pousse à nous demander si les dispositifs de protection de l'enfance sont adaptés à ces générations. Aviez-vous des interventions concernant le trauma ?

Mathilde : Oui nous avons une psychologue qui travail a temps plein et fait parti de notre équipe, participait au travail de tournée. Après il n'y avait pas d'invidualisation possible dans notre contexte d'intervention. Puis il y a eu aussi le partenariat ELSA avec des psychiatre, mais c'est pareil c'etait très nouveau pour les médecins, ils n'avaient jamais eu de jeune de ce type, ils connaissaient des jeunes maghrebins addict aux benzodiepines mais avec des profils différent n'étant pas dans la même situation d'errance des marocains qui par exemple tenait leur placement à l'hôtel. Parce que oui, l'ASE a mis en place des hebergments hotels pour les marocains, ce qui n'était pas adapté, même l'hotel il finissait par detruire complétement la chambre et s'en aller. Ils étaient beaucoup dans la destruction des solutions qui leurs a été proposé.

Nadia : Oui puis dans l'angoisse aussi de se retrouver seul dans une chambre d'hotel.

Mathilde : Totalement, d'ou le fait de faire intervenir un pédopsychiatre dans la rue, qui fait un travail extraordinaire d'ailleurs, c'est lui qui a formé notre équipe pour aidé les jeunes à mettre des mots sur leur angoisse, leur consommation plus que leur projet, parler sur leur quotidien. D'autant plus qu'il a une connaissance des enfants des rues puisqu'il a monté un programme au vietnam avec les enfants des rues donc ils connait bien la problématiques d'errance et de grande précarité, il n'avait donc pas d'attente trop haute. Parce que la difficulté

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que l'on a eu avec les institutionnels, on s'est beaucoup battu pour mettre en place des actions humanitaires qui ont mis enormement de temps à se mettre en place mais une fois mise en place ils s'etonnaient que les jeunes ne s'en saisissent pas plus régulierment, ce qui montre bien qu'ils n'ont pas compris qu'elles sont les logiques d'errance, de grande précarité et de souffrance de ces jeunes. Parce que nous sommes sur un phénoméne nouveaux auquels personnes n'est formé. Je me souviens de ces personnes de la mairie qui étiaent de bonne volonté, qui essayait mais on ne parlait pas le même discours. C'est à dire que quand nous on expliquait qu'on était arrivé avec dix jeunes et qu'on avait beau leur dire qu'ils n'avaient pas le droit de revenir seuls ce qui était hyper dur a faire parce que expliquer à un jeune qui sait parfaitement comment se doucher tout seul, se reperer dans le territoire, comprendre des horaires d'ouvertures et de fermetures parce qu'ils sont trés debrouillards même quand ils avaient consommé et la personne de la mairie s'enervait parce qu'ils étaient venus seuls. En disant qu'ils ne pouvaient pas faire ça, venir comme ca quand ils le veulent. Après ce que l'on aurait pu faire qui aurait été interessant avec ces groupes et que l'on pas pu faire en raisons de leur mobilité en europe, je pense qu'avec ces jeunes ils ne faut pas mettre en place quelque chose qui ne changent pas au contraire, on va arriver a faire de l'educatif si au départ on dit ok la les besoins humanitaires sont réglé, le jeune est regularisé il a compris, petit à petit on va lever le niveau d'exigence, il ne faut pas se satisfaire d'un jeune qui va se servir à la carte parce que c'est le maintenir dans une logique de survie alors qu'il faut le faire rentrer dans une logique de projection mais pour cela il faut voir le jeune suffisament , réguliérement comme sur le centre de jour par exemple on a pu, certains jeunes sont arrivés à ne plus consommer quand il étaient ici ou nous donner leur consommation quand il arrivait ici, qui participaient aux tâches collectives, faisaient la cuisine... Mais ça c'était les plus réguliers, les jeunes qui arrivaient comme ça un peu volatile, ca ne fonctionnait pas . Après je pense qu'il faut aussi revoir les objectifs pour moi un centre d'accueil de jour doit servir en premier lieu à ce que le jeune puisse se poser, accepte rqu'il est pas envie de s'y poser souvent, s'y poser longtemps et qu'il ai d'autre projet qui font sens quand même. Ca ce n'est pas forcément acquis pour les institutions. Notemment accepter des jeunes en transit, parce que quelque part c'est ça qui était difficile d'identifier, ceux qui était en transit ceux qui ne savait pas.

Nadia : Oui, si je me trompe Hors la Rue fais tout un travail sur le trauma migratoire ?

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Mathilde : Oui le problème c'est que ces jeunes nous ne pouvions pas vraiment nous entretenir avec eux, ils étaient entre dix et quinze quand ils arrivaient, donc nous étions dans de la gestion de groupe. A chaque fois en réunion d'équipe nous essayions de trouver un moyen d'individualisé : la XXX on va pouvoir discuter avec lui, il y a un moyen informel . Mais à chaque fois ils arrivaient à quinze, «défoncés» avec des jeunes majeurs, c'était hyper mobilisant donc ils ont un peu déjoué nos stratégies. La dessus nous n'avons rien pu faire. Je pense que les jeunes n'ont jamais eu réellement confiance en nous.

Nadia : Je pense que au delà de la confiance, parce que la question de confiance elle est actuelle, à votre époque il n'y avait pas la peur , la méfiance , la rupture de confiance d'aujourd'hui.

Mathilde : Oui il n'avait pas peur de nous.

Nadia : Oui, c'est aussi le contexte géographique qui explique celà.

Mathilde : Oui, il y aussi une question communautaire, ce n'est pas pour rien qu'avec Moustapha, il y a la langue mais pas que la langue il y a aussi d'autres choses. Mais le plus important c'est quand même la régularité et la disponibilité. Nous déjà je pense qu'on était trop de tête, tout les jours ce n'est pas les mêmes éducateurs sur le centre, forcément tisser du lien c'est plus long quand tu n'a pas identifier une personne ressource.

Nadia : C'est vrai qu'à notre époque, nous étions vraiment comme tu le disais sur de l'urgence, il était très compliqué pour nous tous de faire de l'éducatif, mais actuellement la situation le permet beaucoup plus.

Mathilde : Oui, c'est pour ça que je trouve dommage on pourrait être une solution ponctuelle, on pourrait est une ressource parmis d'autres pour certains jeunes.

Nadia : Oui, en plus vous êtes spécialisé dans prise en charge des mineurs d'origines Roumaines, qui ressemble aux MNA Marocains

Mathilde : oui dans les logiques mafieuses, le sacrosaint, le pouvoir de l'argent, la famille et le pays d'origine sur un pied d'estale comme un fantasme, ils en parlent tout le temps. Oui

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beaucoup de ressemblance, mais quand même les jeunes roumains sont beaucoup plus impliqué dans le travail et affilié. Alors que pour les marocains je trouve que l'on avait un profil très désaffilié. Il y avait vraiment la rue, la rue et les copains de rues. C'étaient vraiment leur socle alors que pour les roumains c'était un autre socle, ils sont un peu plus étayés.

Nadia : Oui, j'avais une question concernant les signalements peut tu m'en dire un peu plus.

Mathilde : Alors nous estimons que c'est notre obligation en tant que citoyen et association, que de signaler toute situation d'enfant en danger. L'idée c'était aussi de permettre aux institutions de mesurer l'ampleur du phénoméne. Et on mettait l'accent sur la grande vulnérabilité des jeunes, c'est à dire qu'on a des institutions qui sont habitués à voir «des grands mineurs» ou des jeunes majeur demander une protection. Et la on voulait accentuer sur le fait qu'on était face à des jeunes adolescent en partie mais pas que. La ou ca a été trés compliqué c'est que l'on ne peut pas signaler tout les jeunes que l'on voit lors de chaque tournée, chaque semaine on se disait quel à été les jeunes les plus vulnérables de la semaine, on avait souvent des fins de non recevoir parce que les jeunes n'étaient pas demandeurs de protections, ce qui légalement n'étaient pas un critère pour un mineur demander une protection n'est pas lié à son adhésion au projet mais le fait qu'il soit sans domicile fixe avec une identité non verifier non déclarer, ca mettait beaucoup en péril l'éxecution de ses dispositifs. Après notre but étant quand même d'obtenir des OPP, à partir du moment ou l'on siat que l'on a une protection, une OPP pour un jeune ca nous permait en rue, de dire voilà à tout moment tu peux être protéger sans passer par la police. Ce qui pour nous est intéressant, ca nous a permis de travailler un peu une projection pour les jeunes. Nous on aurait voulu travailler avec des OPP pérennes, par exemple des OPP de deux mois sur un jeune et on voit, on lui donne l'information et on voit comment il s'en saisit. On a aussi beaucoup travailler sur le fait qu'une mise à l'abri soit possible à chaque fois qu'il l'a demande , parce que dans sa tête peut se construire l'envie de se poser petit a petit. Après on a aussi beaucoup travailler sur la question de l'éloignement, qui de notre sens n'a pas du tout été mis en place pour ces jeunes ou pas suffisament i ly en a eu quelque uns. Mais des éloignements des éloignements du secteur parisiens, des éloignement des lieux vies, en milieu rurale par exemple avec des dispositifs éducatifs un peu accrocheur selon les profils des jeunes, on nous a renvoyé quatre cinq échec à l'aide social à l'enfance. Mais à notre sens il faut

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vraiment expérimenter si une solution peut marcher il faut la rendre systématique. Ces jeunes ont bien compris que le système français n'était protecteur, parce que je pense qu'a chaque fois qu'ils se faisaient interpeller par la police ils auraient du être mis a l'abri systématiquement, alors que ca n'était pas le cas, nous avons assister à des sorties de commissariats de jeunes dont la minorité était avéré ce qui illégale. Ca c'est pareil avec les roumains, quand on est avec des jeunes en délinquance qui ne sont pas demandeurs de protection on les relache quand bien même il n'y a pas de référent parentale qui se présente au commissariat. Ca ne devrait pas être permis, et c'est le mauvais message à faire entrer dans la tête du jeune , on lui dit fait ce que tu veux tout est permis c'est toi qui décide

Nadia : C'est aussi la difference avec beaucoup de pays européens

Mathilde : En France dans les textes ça devraient être le cas, c'est très clair c'est une pratique illégale que de remettre un enfant à la rue. Or c'est ce qui ai fait. Je comprend que ces enfants on jamais pu faire confiance en notre système puisqu'on les remet à la rue donc on estime que leur sécurité passe en second plan . Et c'est clair que quand en on fait ce genre de constat c'est compliqué ensuite de trouver des solutions, pour moi la solution passe par le systématisation de la proposition d'éducative après le jeune s'en saisit ou pas. Le placement en foyer systématique, si cela ce passe mal, obligation de proposer une autre solution éducative et de tester et d'expérimenter . Ily a des jeunes que l'on a eu sous la main pendant plusieurs mois qui était interpeller par les forces de police quasiment quotidiennement donc qu'il ne nous dise pas qu'il est impossible d'experimenter des solutions: d'éloignement, d'hospitalisation, séjours de ruptures. Les juges n'ont pas pris leur responsabilité.

Nadia : Je pense aux foyers PJJ aussi, qui ont la connaissance des adolescents délinquants. Ca non plus ca n'a pas été fait , ou très peu .

Mathilde : Ca n'a pas été fait du tout.

Nadia : Nous nous avons eu un jeune pour qui cette prise en charge à fonctionner, nous avons travailler avec la PJJ de Nanterre en totale collaboration. Son éducatrice PJJ à identifier et mis

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au centre le lien que l'on avait avec le jeune, et nous l'avons accompagner dans toute sa prise en charge, dans le transfert entre la rue et le foyer.

Mathilde : Educatrice pjj de la prison ou du milieu ouvert ?

Nadia : milieu ouvert. Pour terminer, je pourrais avoir ta vision sur la prise en charge européennne et des différentes politiques sociales en Europe. Comme la demande d'asile au nord de l'Europe. Ainsi que ton avis sur une uniformisation de celles-ci.

Mathilde : Je pense que c'est une catastrophe, dans la mesure ou il faut toujours s'efforcer d'individualiser l'accompagnement et la prise en charge. Aller sur une uniformisation alors que les territoires sont différent et n'ont pas les même logiques, les mêmes problématiques ca me semble une érésie mais cela vaut aussi bien pour la protection de l'enfance que d'autre phénoméne. Dans l'exemple de ses jeunes je trouve qu'au contraire l'experimentabilité des dispositifs parce qu'on est sur un phénoméne nouveau qui change tout le temps et extrêment vite. Et que du coup l'uniformiser ca prend enormement de temps et le temps que l'on uniformise on se rend compte qu'on ai deja passer à d'autre mode de fonctionnement . POur moi l'experimentabilité des dispositifs ,leurs souplesse et la complémentarité . Il ne faut pas mettre une solution en place mais pleins de solutions en place ce qui nous permettra de mieux nous adapter aux besoins des jeunes, de tester des choses et d'être un peu plus à la carte parce que même si on avait des logiques de groupes assez importantes avec ces jeunes on avait des individualités bien différente avec des histoires bien différente , des projets bien différentes, et justement pouvoir avoir un panel de solution à selectionnée aurait été hyper interessant avec ces jeunes. Les jeunes se seraient sentis un peu moins moutons que l'on met dans un meme sac.

Nadia : Pense tu que ca n'aurait changer les choses, si les jeunes auraient déjà en esprit que la prise en charge est identique en europe.

Mathilde : Si on va vers plus de liberté et plus d'octroi de titre de séjour, moi je veux qu'on uniformise les politiques sociales mais je ne pense pas que c'est vers là qu'on se dirige . Moi je ne sais pas, je ne sais pas ce qui est en train de se passer, moi ca me fait un peu peur parce qu'en général par exemple sur le territoire parisien en matière de protection des mineurs non

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accompagnés , l'uniformisation de paris vers le territoire national s'est étendu en tirant vers le bas . C'est à dire qu'il y a vingt ans quand j'ai commencé à travaillé avec les MNA, les prises en charges hôtelières étaient extrêmement réduite et réservé aux jeunes proches de la majorité, autonome dans un cadre d'insertion. Aujourd'hui on met des enfants de quatorze ans, primo arrivant , non francophone, dans un hôtel avec un accompagnement éducatif qui se résume par une visite par semaine . La maintenant en france la pratique de mise à l'abri par l'hôtel est devenu la norme. Il y a dix ans ce n'était pas le cas, pour moi c'est une uniformisation par le bas. Mais si c'est une uniformisation par le haut qui permet qu'à partir du moment ou un mineur es entré sur le territoire européen quel que soit le pays pourra y construire son futur tout en choisissant le pays, moi je suis pour bien sûr. Mais c'est sur que politiquement ca ne sert à rien d'investir le moindre centime sur la protection de se enfants si ils n'ont pas la possibilités de resté sur le territoire ensuite mais ca c'est un plaidoyer que l'on avec l'ensemble des jeunes qui sont pris en charge mis a la porte à leur majorité, à quoi ca sert d'avoir financé l'insertion , les apprentissages d'un jeune pendant deux ans pour qu'il soit expulsable, et c'est ce que font beaucoup de pays européens. On sait très bien que plus ils sont récessifs, en tout cas la fameuse question de l'appel d'air, la fameuse vague qui arriverait, ca ne fonctionne pas parce que les droits diminus que les migrants sont moins nombreux. Donc au contraire ils faut que les investissements soit pereins et permette aux personnes de se projetter sur la durée , parce que effectivement ce que vivent les jeunes marocains qui même quand ils ont accès à un minimum de prise en charge ça ne dure pas, c'est tous nos jeunes qui sont ici, c'est à dire tous les jeunes qui sont demandeurs, prêt à tout faire , prêt à se livrer entièrement et à faire tout ce qu'on leur dit au mépris de leur propre envie notamment dans l'éducation beaucoup par exemple veulent faire un cursus classique nous leur disons non tu vas faire un métier plombier , électricien puis c'est tout, eh bien ces jeunes s'adaptent à tout et pourtant ils ont une épée de Damoclès en permanence au-dessus de la tête donc grandir sereinement et s'épanouir dans ce contexte c'est compliqué d'autant plus si on est carencé comme le sont les jeunes marocains

Nadia : Je te remercie.

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Mathilde : Je t'en prie Nadia.

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Retranscription de l'entretien association française Centre d'Action Social Protestant

Nadia : Bonjour, alors pour t'expliquer, comme je te disais c'est pour l'écriture de mon mémoire qui se porte sur les MNA marocains et plus particulièrement sur les comparaisons entre les prises en charge étatiques et associatives entre la France et la Suède. En fait la grosse question c'est l'uniformisation européenne de la prise en charge. On se connait, mais est-ce que c'est possible pour toi de résumer un peu les objectifs de ton association et plus particulièrement ton pôle à toi ?

Chansia : Pour les objectifs de l'association du CASP tu peux faire un copier-coller sur internet. Mon pôle s'appelle le lien social de proximité parce que toutes mes activités et en tout cas mes services sont inscrits dans un territoire notamment parisien puisque je ne suis que sur Paris. Les objectifs de mon pôle c'est de permettre la prise en charge de publics en grande difficultés qui sont sur un territoire d'errance soit pour la majorité d'entre eux un territoire dans lequel ils n'habitent pas. Donc j'ai EST, un espace solidarité insertion qui accueille toutes les familles en situation de rue sur le territoire de Paris et notamment sur le centre de Paris. Tl y a aussi de la prévention sociale sur les 1e 2eme 3eme 4eme arrondissements et surtout sur le forum des halles et sur Beaubourg et qui s'occupe des jeunes en grandes difficultés sociales qui sont sur le centre de Paris mais qui n'habitent pas le centre de Paris mais qui sont en errance sur ce territoire. J'ai un centre social qui lui est territorialisé dans le centre et qui accueille tous les publics qui ont besoin d'un accompagnement sur les langues et l'informatique ou du soutien scolaire qui sont dans le centre de Paris ou sur Paris. Certains vivent dans le centre de Paris mais dans des conditions qui sont dans des petits logements, chambres de bonnes ou de hôtels sociaux, dans des conditions qu'on appelle le mal logement et puis j'ai un multi-accueil qui est sur le 2e arrondissement et qui accueille des famille du 2eme et également des familles qui sont sur des structures sociales tels que des CHRS, des CHU et qui sont des familles monoparentales pour la majorité d'entre elles et qui ont besoin d'un mode de garde pour rentrer dans des formations. J'ai un lieu accueil enfant parents qui accueil des familles sur le 2eme pour les familles au centre de paris avec un espace d'écoute avec des psychologues par rapport à des problématiques de parentalité et j'ai aussi un LAEP hors les mur c'est à dire un lieu accueil enfant qui va sur

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les CHRS et les CHU pour pouvoir proposer à des familles qui ne pousseront pas forcément la porte de ces établissements la même pratique et le service d'accueil et d'écoute avec des psychologues sur les difficultés qu'ils peuvent rencontrer avec leur tout petit. Donc le service MNA on m'a demandé d l'écrire parce qu'on est poly-spécialisé sur la prise en charge d'un public qui pourrait occuper un territoire mais qui n'y habite pas et aussi parce que j'ai une expertise en politique public et surtout n politique avec les mairies d'arrondissement car je travaille avec en tout 7 mairies d'arrondissement. Donc ma spécialité c'est ça c'est de savoir inscrire un dispositif sur un territoire dans un cadre partenarial et aussi de mettre en place l'action pour toucher les publics en situation de marginalité sur le territoire et en particulier sur un territoire qu'il n'habite pas.

Nadia : Donc ça veut dire que le service MNA est un des plus récent

Chansia : Oui c'est mon dernier Nadia : Qui date de 2018 ? Chansia : C'est ça, fin 2017

Nadia : Pour revenir au service MNA, est ce que tu pourrais expliquer comment tu as fait la mise en place de ce service-là ? Quel était le cadre et comment ça à évoluer ?

Chansia : En fait j'ai créé un appel à projet, la mairie de Paris a lancé un projet et m'a invité à y répondre en ayant une connaissance partielle de ce qui se passait. La connaissance était celle dont pouvait parler les médias au moment où il fallait rédiger cet appel à projet je me suis rapproché d'hors la rue pour ne pas leur couper l'herbe sous les pieds parce qu'ils y étaient déjà donc il n'y avait aucune raison de se mettre en concurrence avec un association qui avait déjà commencé à travailler avec ce public. Quand ils m'ont expliqué qu'ils n'avaient pas l'intention de débloquer un dispositif autour de ce public, je leur ai demandé de m'expliquer ce qui se passait et donc la ma connaissance de ce qui se passait dans le 18e je l'ai surtout eu à travers or la rue et en comprenant ce qu'ils me disaient et e déclinant ce qu'ils pensaient être les besoins par rapport à ces gamins. J'ai fait un peu de rue aussi pour essayer de comprendre ce qui se passait dans le 18e mais c'est pour ça que je dis que c'est une connaissance partielle parce que

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par exemple la mairie de Paris m'a dit qu'ils aimeraient que j'écrive un appel à projet d'EPADE pour les personnes qui vivent à la rue donc des personnes qui commencent à prendre de l'âge. Un EPADH je sais ce que c'est, je peux monter un EPADH et je sais quelles orientations il y a derrière un EPADH, le public sans domicile fixe vieillissant je vois exactement ce qu'il peut être et sociologiquement je peux expliquer ce public et créer un dispositif autour de cette problématique reviendrait à reprendre certaines réglementations et certaines lois en montant quelque chose qui existe avec une particularité. Là on ne parlait pas du tout de ça, on parlait d'un public que la France découvrait, en tout cas que Paris découvrait, on parlait d'un public qui semblait ne correspondre à rien du tout en termes de dispositif existant pour une prise en charge spécifique donc on était avec des jeunes très jeunes qui refusaient la prise en charge ASE qui refusait la prise en charge XX du coup il y avait les alias et des difficultés liés à leurs addictions, errance, migration et leur violence et délinquance. Donc il fallait comprendre ces différents champs qui sont des champs d'intervention dans le social. Des mineurs non accompagnés en situation d'isolement, il y a une structure qui existe avec une prise en charge, un protocole, une loi et des institutions qui savent prendre en charge ce public qu'on le conteste ou pas il y a quelque chose qui existe déjà et ces jeunes ne rentraient pas dedans. La prise en charge addictologie est développé en France depuis une vingtaine d'années avec des structures qui se sont spécialisé dedans et des associations qui en ont fait le corps de leur métier et même sur les prises en charge de jeunes il y a une pensée et une réflexion sauf que les addictions sur un public aussi jeune c'était aussi quelque chose d'inconnu. L'errance de jeune sur un territoire approprié c'est aussi un service dans mon pôle c'est une problématique que je connais par coeur et sur lequel j'ai beaucoup travaillé et réfléchi sauf que là pour la première fois j'étais en face d'un public qui était super jeune et qui cumulé des difficultés qui rendaient une prise en charge et une approche un petit peu difficile. Par exemple nous les jeunes qu'on a sur les Halles se sont des jeunes qui se sont exclus de toutes institutions et en même temps nous notre travail c'est de les réconcilier avec institutions et là il ne s'agit même plus de réconcilier ces jeunes avec les institutions c'était juste de leur proposer une prise en charge en institution qu'ils refusaient catégoriquement. De plus la problématique de la délinquance qui est une problématique PJJ, c'est une problématique des jeunes en situation de conduite à risque qui sont délictuel c'est une prise en charge qui est connu est repéré depuis longtemps. La mission de prévention spécialisé à une démarche de prévention de la délinquance mais qui est annexé à la mission de réinsertion

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des jeunes. Donc travailler avec des jeunes qui commettent des délits, les accompagner au niveau de la justice et faire en sorte de travailler avec eux pour qu'ils puissent sortir de leurs habitudes de délinquance c'est un travail qui est fait depuis l'ordonnance de 45 et une mission qui a été archi développé justement par rapport à un public qui ne rentre pas dans les cases ou qui refuserait une prise en charge traditionnelle ou qui se mettrait dans une voie de marginalisation et pareillement nous étions avec des jeunes que nous n'arrivons pas à tracé suffisamment pour pouvoir apporter une condamnation qui puisse permettre à la fois une réparation et le faite de les sortir de ce cercle vicieux et qu'on arrivait pas non plus à dater la naissance et qui favoriserait des mesures répressive qui correspondrait à leurs âges et donc lorsqu'on présente ça il faut inventer quelque chose mais qui correspond finalement à rien mais tout en essayant de penser à tout. Donc le but a été de se dire sur tel problématique ça fonctionne ou pas. Donc par exemple le dispositif a été créé en prenant des bouts de tout ce qui est adapté sur des public en difficulté. Le travail de rue, la faite d'aller vers c'est vraiment se dire on va aller à leur rencontre on ne va pas attendre qu'ils viennent vers nous et on va faire en sorte que ce soit des jeunes qui puisse à travers une relation de confiance avec un adulte va se dire « il peut m'aider» et prendre cette aide de manière ponctuelle dans un premier temps et créer une relation éducative qui soit un peu plus durable dans un second temps. Ça c'était pour leur errance et un peu leur marginalisation. Pour toute la partie isolement sur un territoire inconnu et ce côté lutte contre les grandes exclusions car on est quand même avec des gamins qui dormaient dehors et qui sont complètement exclus de tout cadre et institution donc le but c'était de mettre en place des prestations de besoin primaire donc de premières nécessité et ça c'est ce qu'on fait au niveau des EST donc on a des douches un petit déjeuner des collations et aussi de l'accompagnement social quand les familles viennent on ne leur demande pas seulement de rentrer dans un bureau et de raconter leur problème on leur propose aussi de répondre à des besoins de premières nécessité on a des couches des vêtement du lait on a des bouteilles pour les gamins on essaye de répondre aussi a ça pour enlever le temps de leur présence dans notre espace le soucis de se dire comment je vais laver mon enfant et moi-même et nous nourrir pour avoir quelque chose dans le ventre dans la journée. Et puis quand on a ouvert Marcadet et l'accueil de nuit c'est parce qu'il était indispensable qu'on puisse répondre à leur besoin primaire et ne jamais ergoté sur les douches la collation et en ça la maraude a été un point d'appui pour les jeunes majeur car on avait espoir qu'on permettait aux jeunes majeur qui

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trainait avec les mineurs puisse aussi avoir accès à quelque chose qui leur permette de rester propre et digne ça permettrait aux petits de se rendre compte qu'il fallait rester propre et digne et ça c'est un des points qu'on a pensé en se disant qu'il était important d'apporter une réponse sur les besoins primaires et ensuite sur la question du soin et de l'aller vers ce qui nous avait été remonté c'était que les jeunes était dans une approche de soin parce qu'ils se blessaient et se martyrisait physiquement et il était important que cette question soit primordial dans notre projet. En lisant énormément de mémoire et de documents sur les enfants des rues cela revenait tout le temps le fait de médicalisée l'approche de rue en tout cas de permettre que le soin est une place importante nous a semblait être une porte d'entrée qui s'est avéré être la vrai porte d'entrée. Donc proposer une proposition de soin pour ensuite proposer une écoute et une aide donc là on a commencé à se dire qu'il était important d'avoir un poste d'infirmier. Et puis bien évidemment c'est compliqué de faire tout ce travail de jour et d'être dans une approche en journée pour ensuite leur dire notre journée de travail à nous elle est fini au revoir les cocos on se revoit demain et débrouillez-vous pour dormir ou alors on vous emmène au commissariat ou on vous emmène au XXX mais en dehors de ça on ne peut pas faire grand-chose. Donc on a choisi d'ouvrir un accueil de nuit parce qu'on s'est dit qu'on pouvait continuer le travail de journée la nuit en permettant au jeune de rester dans un endroit où il puisse profiter d'un cadre qui est sécurisant et demander à ce moment-là à être pris en charge dans des structures qui soit complètement adaptés. L'accueil de nuit n'est pas un foyer et c'était vraiment important pour nous dès le début de le dire car on ne veut pas prendre la place de l'ASE ou la place de la PJ l'objectif c'est que c'est un espace de repris et c'est comme ça que ça s'appelle. Dans le projet l'accueil de nuit s'appelle le répit pour que le jeune puisse s'y reposer manger se laver lui et ses vêtements avoir un endroit au chaud ou pouvoir penser où je vais dormir ce soir et ensuite profiter de ce temps de répit pour pouvoir envisager une prise en charge autre, ça c'est le projet. Après il y a la réalité.

Nadia : Donc du coup, excuse-moi de te couper, dans le projet complet si je reprends il y a tout le travail d'aller vers, le travail de rue de journée tout ce qui est soin l'accueil de jour de Marcadet et les collations et les douches etc.

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Chansia : Et aussi des ateliers pour créer des temps avec les jeunes, créer des ateliers éducatifs et des sorties et en fait crée des espaces de temps de rencontrer et de vie commune que les jeune puisse vivre autre chose que leur errance et s'occuper avec autre chose qu'à la survie et qu'ils puissent envisager de vivre autrement et avoir envie de vivre autrement et donc créer les espaces qui sont autour avec les ateliers qu'on anime et qu'on met en place pour permettre à ce qu'il y ai autre chose que de l'errance de rue quoi. Et sur l'addiction sur le projet ce qui était évident c'est que le CASP n'a pas de spécialisation sur l'addictologie, ce sont d'autres associations qui se sont spécialisé là-dedans ont dans leur ADN toute une lutte et un combat pour les personnes qui sont consommatrices mais nous nous on n'a pas ça dans notre ADN, nous on a plutôt des luttes contre l'exclusion et pour l'hébergement des personnes à la rue. Et dans le projet ce qui était important c'était de ne pas s'inventer une expertise qu'on n'avait pas et de ne surtout pas commencer une clinique sur une difficulté qui l'était déjà pour les associations addicto. Sans voir ne serait-ce une structure qui soit dirigé vers les public addicto, ça ne veut pas dire que dans nos établissements le crack et les problèmes d'addiction ça fait pas partie du quotidien des éducateurs mais nous orientons les jeunes s'il y a besoin d'une prise en charge addicto parce que ça ne fait pas partie de notre coeur de métier et dans le projet ce qui était important c'était accrocher à notre dispositif une asso addicto de manière à ce que cette asso puisse nous donner son expertise et son regard sur les questions addicto et nous aider à construire une prise en charge autour de l'addiction et surtout que les personnes qui interviendrait pourrait en feedback alimenter sa propre association pour qu'il y ai une réflexion et qu'il y ai une clinique de la prise en charge addicto pour des jeunes aussi jeune en situation de grande marginalisation et qui sont dans des consommations et des comportements à risque lié à la consommation et ça c'est ce qu'on a fait avec Charonne et avec Pierre Nicole et ce qu'on a commencé à construire en 2018 mais qu'on a vraiment construit en 2019 pour qu'il y ai vraiment cette prise en charge addicto mais avec une association addicto et pas s'inventer quelque chose qu'on est pas. Et ça c'est aussi super important dans le projet

Nadia : Et donc, pour ce qui est accompagnement juridique parce qu'il y a un très très gros problème de délinquance, c'est quoi votre biais ?

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Chansia : En fait nous, on est parti du principe qu'on était qu'un sas entre la rue, ce qui existe et ce qu'il doit exister sur la prise en charge de ces jeunes. On est qu'un sas, donc qu'un premier palier. On est l'espace du «non» le jeune refuse les prises en charges qui leur est proposé, c'est comme ça que ce public nous a été présenté et nous on est que la pour que ce non puisse se transformer en pourquoi pas. Donc en gros on n'a pas à vocation de travailler sur l'insertion de ces jeunes, on a vocation à faire de l'orientation de ces jeunes et c'est là où s'est très compliqué pour nous, parce que notre travail c'est d'aller dans la rue. Par exemple, un jeune arrive sur Paris à la Goutte d'Or, notre travail c'est d'aller à sa rencontre de lui dire qu'il existe des structures qui existe et qui pourrait le prendre en charge. Qu'en attendant nous on est là mais qu'il puisse rentrer en contact avec les structures qui pourrait le prendre en charge. Quand un mineur étranger arrive sur le territoire français il se déclare à une association d'une mairie ou autre pour déclarer qu'il est seul isolé et qu'il est mineur isolé étranger. Ces jeunes ne font pas cette démarche-là, il reste dans une espèce de no man's land où finalement ils s'autogèrent eux même sur un territoire et nous notre travail c'est de casser ce rythme de no man's land et de leur montrer qu'il y a des institutions qui se préoccupent d'eux de leur devenir et surtout de leur présent et nous on est là sur le présent pour qu'ils puissent entrevoir leur avenir mais on n'est pas là pour les accompagner par la suite. Pour les questions de problèmes de délinquance c'est à la PJJ de gérer ça ensuite s'il y a une question sur la mise en relation avec des avocats du barreau ou autre on peut le faire, on pourrait mais ça n'est pas notre fin ou notre mission première. Nous notre mission c'est qu'il puisse y avoir prise en charge soit de la PJJ soit de l'ASE

Nadia : Après peut être que je me trompe mais il y a quand même une notion d'accompagnement. Par exemple l'accompagnement à un rdv PJJ ou ASE

Chansia : C'est pour ça que la réalité est différente du projet bien évidement l'accompagnement c'est ce qu'il y a de plus chronophage dans le dispositif et c'est pour ça que j'ai des équipes qui s'épuisent, parce qu'ils sont toujours dans le dedans et dans le dehors donc ils sont constamment dans une prise en charge de l'urgence sur des besoins de nécessité première et en même sur des prises en charge d'orientation et d'accompagnement. Lorsque les jeunes se retrouvent avec des convocations bien évidemment qu'on va les accompagner sinon

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ils n'y vont pas et les dossiers s'entassent et au bout d'un moment tout tombe et là y'en a plein qui sont tombé parce qu'au bout d'un moment ça tombe.

Nadia : Bien sûr bien sûr

Chansia : Donc oui notre travail c'est aussi de les accompagner c'est de les accompagner sur leur difficulté ou suivi PJ ou leur condamnation au tribunal ou autre et c'est d'essayer de les accompagner au maximum quand nous sommes informés et lorsque les courroies de transmission d'information fonctionnent à peu près. Soit au niveau du jeune soit au niveau de la PJJ.

Nadia : Et du coup quand vous avez écrit le projet et essayé de le mettre en place etc. rapidement ça été quoi vos premières difficultés ?

Chansia : En fait on a monté le projet à l'envers. Normalement on aurait dû commencer par inscrire une équipe de rue et une équipe de jour. Le projet a été écrit comme ça c'était d'abord l'équipe de jour qu'il fallait inscrire sur le territoire et une fois cela fait on aurait fait une ouverture la nuit. Que l'équipe de jour s'approprient les difficultés de ses jeunes et qu'ils n'ont pas dans un premier temps la pression de la nuit alors oui effectivement ça allait être compliqué pour cette équipe de laisser les jeunes le soir et en même temps ça aurait pu laisser le temps et permettre à l'équipe de rentrer dans cette espèce de besoin et de nécessité du répit et de cette accueille de nuit et de création de place qu'on pouvait avoir. On ne peut pas refaire l'histoire peut être que ça aurait été tout autant difficile, le truc c'est comme on a ouvert l'accueil de nuit en premier parce qu'on est en décembre 2017, ça a mis l'équipe de jour la pression de proposer un accueil de nuit à ces gamins. Quand on a commencé l'accueil de huit ce que j'avais en tête c'est un pette maison ou il y aurait une maîtresse de maison et une cuisinière mais recréer quelque chose qui soit un espace où finalement ils se sentent en sécurité mais pas dans une institution pas dans un foyer en fait et dans un endroit où il y a des adultes bienveillant qui les accueillent où ils peuvent se poser, où il y a quelqu'un qui fait à manger ça c'était vraiment important que la cuisine soit préparé et qu'on soit pas du tout sûr de la livraison froide et vraiment qu'au moment où on accueille les 12 jeunes car en l'occurrence il y avait 12 place on puisse recréer une atmosphère de maison d'hôte de maison d'accueil et comme c'était l'hivers

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et qu'on nous a précipité un peu dans cette ouverture il a fallu trouver des lieux temporaire ce qu'on appelle aviaire et intercalaire donc on s'est un peu détourné du répit tel qu'il a été pensé au début mais en plus ont ouvert la nuit en première. Ce qui a été demandé aux travailleurs de jour qui ont été embauché au fur et à mesure de se retrouver à devoir gérer l'accompagnement de nuit mais d'une manière prioritaire dans leur mission alors que ce n'était pas ça leur priorité dans leur mission initiale.

Nadia : Je comprends tout à fait. Du coup c'était leur plus grosse difficulté ?

Chansia : Ouais, ouais ouais en 2018 ça été leur plus grosse difficulté on avait beaucoup plus de demande que de place et en plus ont été sur une urgence au quotidien qui était la nuit quoi.

Nadia : Ouais je vois très très bien. Je ne sais pas si depuis que vous avez mis en place le projet il y a eu de gros changement, je ne veux pas dire politique mais plutôt dans la prise en charge ?

Chansia : Chez nous nan

Nadia : Pas chez vous mais j'ai l'impression que quand le projet a été écrit on retrouve une fonction associative, l'aller vers etc. et l'accueil de jour et comme tu disais et dans la réalité on est obligé d'avoir un rôle qui est un peu plus institutionnel donc tu sais vers des institutions d'état. Tu vois ce que je veux dire ou pas ?

Chansia : En fait nous on est là pour orienter vers l'état. Notre travail c'est de faire en sorte que ses jeunes aient accès à une prise en charge qui est réglementaire, la protection de l'enfance est légiféré on est pas du tout sur quelque chose qui est aléatoire ou à la carte c'est pensé et légiféré et ça fait depuis plus de 60 ans que la protection de l'enfance existe et au fur et à mesure des décennie il y a eu des lois qui sont arrivé pour cadrer et encadrer les mesures de protection d l'enfance et au fur et à mesure aussi l'arrivée de nouveaux public et l'arrivée de nouveaux public comme les mineurs non accompagné dans les années 1980 ils ne savaient pas ce que c'était.

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Nadia : Bien sûr mais ce que je veux dire plus précisément j'ai cette impression en tout cas c'est par rapport à ce que j'ai vu et mon expérience c'est qu'au début la prise en charge des MNA comme tu dis elle est générale est légiféré, il y a des règles. Par exemple le MNA il arrive sur le territoire et il doit être évalué mais plus on avance plus on se spécialise dans ce public-là qui est très très spécifique parce que les MNA marocains ils ne ressemblent pas aux autres MNA tu vois ce que je veux dire. Par exemple je me souviens qu'il y avait eu des discussions avec la croix rouge pour que ça soit plus facile entre les éducateurs du CASP et de la Croix Rouge tu vois ce que je veux dire je parle de ce genre de chose là dont je parle.

Chansia : Donc ça y est c'est fluide maintenant. Entre le DEMIE et nous c'est totalement fluide.

Nadia : Et donc quels genres de transformations et est ce qu'il y en a qui ont été plus ou moins difficile et avec quelles institutions ?

Chansia : Je ne comprends pas, c'est quoi les transformations en fait ? C'est que de l'évolution de projet en gros. Nous on s'est inscrit dans quelque chose qui a pris de court tout le monde et qui a mis tout le monde sous pression après il a fallu aussi du temps pour que des pratiques communes se prennent pour que des usages et des habitudes se prennent et je veux dire ça a mis à peu près 1 ans de construction avec le DEMIE pour qu'aujourd'hui on accompagne des jeunes au DEMIE et on a un retour par rapport aux jeunes qu'on a accompagné avant ça n'était pas du tout le cas en 2018 par exemple. Parce qu'il a fallu aussi que le DEMIE puisse se restructurer et aussi absorber la particularité de ce public au regard de l'immensité de leur travail parce que finalement les mineurs marocains c'est 0,5% des mineurs non accompagné à Paris, on est sur un tout petit nombre comparé aux mineurs non accompagnés

Nadia : Bien sûr bien sûr

Chansia : Et je parle des mineurs non accompagné Marocains qui passent par la Goutte d'or parce qu'après il y en a d'autre qui ne passe pas par la Goutte d'Or

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Nadia : Moi après mes questions elles sont sur les MNA marocains de la Goutte d'Or de toute façon, bien sûr avec toutes cette expertise et tout ce travail de rue a permis à plusieurs d'améliorer ou de continuer à évoluer la prise en charge

Chansia : Fluidifier la prise en charge ça ne veut pas dire qu'on est sur des résultats magiques aujourd'hui ça veut dire que chaque partenaire institutionnel maintenant sait ou est sa place et sa mission et qui nous sommes et comment nous travaillons et comment on doit avoir à chaque fois un traitement différent

Nadia : Et du coups toutes ces parties qui s'emboîtent, vous vous êtes en relation avec quelle partie le plus souvent ?

Chansia : La PJJ, le DEMNA, le SEMNA, le DEMIE, Charonne la croix rouge et surtout les signalements le parquet des mineurs en direct

Nadia : d'accord ça marche et du coup c'est à quel fréquence les signalements

Chansia : Alors en fait il y a deux règles, je signale tous ceux qui ont moins de 13 ans sans exception et je signale ceux qui sont dans de grosses difficultés physiques et de santé peu importe l'âge. En fait les plus fragiles. Et pourquoi ce choix ? C'est que je veux que la porte d'entrée avec le parquet des mineurs donc en fait avec la cheffe des parquets des mineurs puisse être direct j'ai son numéro de problème et son mail et lorsqu'elle reçoit un mail de moi elle sait que c'est grave. Si je commençais à signaler tous les gamins ou bout d'un moment on se perdrait dans une espèce de conjoncture administrative. Et c'est moi qui fais les signalements. C'est à dire que les éducateurs me signalent une situation dès qu'ils voient un tout petit ou un jeune en très grande difficulté physique ou d'addiction. Ils me remontent l'information et j'écris le signalement avec l'éduc' et c'est moi qui l'envoi et le signe. Parce que de toute façon après pour les autres le travail c'est vraiment l'orientation vers le demi et ensuite ce sont vraiment des jeunes qui repéré soit par la PJJ soit par le demi soi par nous dans le cadre de nos réunion DEMNA SEGNA et CASP

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Nadia : Et toutes les réunions elles sont là toutes les semaines c'est ça ?

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Chansia : Oui toutes les semaines

Nadia : Et du coup il y a un gros point qui concernent les mineurs marocains c'est l'errance, en tout cas c'est un gros point dans mon travail et je sais que tu as travaillé avec la Suède alors du coup est ce que tu aurais quelque chose à me dire mais plus au niveau européen ? Dans ce que tu aurais pu observer dans la prise en charge des MNA marocains ?

Chansia : Très honnêtement l'ASE et la Police qui font de la maraude ensemble en Suède et qui hésite à ce que les mineurs dorment dehors, pour moi c'est la solution.

Nadia : D'accord alors si je reprends vous...

Chansia : On ne peut pas obliger nous les gamins de venir avec nous on a aucun pouvoir à obliger les gamins à venir avec nous. Actuellement on a 5 petits et on ne peut rien faire pour les obliger à venir avec nous en dehors de les amadouer créer du lien et voilà donc quand moi j'ai rencontré les policiers et ce que je suppose être une éducatrice ou une assistante sociale à l'enfance à Stockholm m'expliquent comment ils travaillent je me dis Ok, nous à ce moment-là on est confronté au refus de certains qu'on considère comme prioritaire à une prise en charge à ce moment-là on est confronté à XXX ?

Nadia : Et donc dans l'équipe que tu as rencontrée il y avait la police Suédoise de Stockholm et ils étaient beaucoup nan ?

Chansia : Ouais et il y avait l'aide social à l'enfance en tout cas l'équivalent de l'aide sociale à l'enfance à Stockholm. Pour moi c'est l'errance qui abime les gamins

Nadia : Moi aussi, et en tout cas

Chansia : Plus ils restent à la rue plus ils s'abîment et plus ils sont petits plus ils s'abiment rapidement

Nadia : et plus ils déploient un vice qui n'existait pas, par exemple j'ai passé beaucoup de temps en Suède et les jeunes ils sont rodé quand ils arrivent en Suède c'est à dire qu'il n'y a aucune faille dans leur discours parce que du coup ils ont eu le temps de comprendre comment

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tous les systèmes marchaient. Et du coup à par cette histoire d'obliger les jeunes à aller en foyer ou à être pris en charge par la police par exemple en Suède est ce que tu as vu d'autres différences qui sont importantes et qui améliorerait la prise en charge qui diffère de la France quoi ?

Chansia : Nan je n'ai pas plus approfondi que ça mais le point de départ il est déjà complètement différent après même si pareil que la France le point de départ est différent ce que je suis en train de dire c'est que les jeunes savent que dès qu'ils arrivent en Suède sauf s'ils se cachent ils ne peuvent pas rester à visage découvert dehors et dormir dehors ils le savent donc le point de départ est différent. Nous ils nous regardent et ils nous disent NON

Nadia : en fait je te pose cette question parce qu'au-delà du fait qu'on ne peut pas laisser un enfant à la rue en Suède la prise en charge des mineurs est complétement différente au niveau politique parce qu'eux ils sont complétements sur des droits étranger demande d'asile

Chansia : Sauf qu'ils ne les ont pas, la réalité c'est que les gamins ils n'ont pas l'asile aussi

Nadia : Ah nan ils n'obtiennent pas l'asile mais à partir du moment où ils arrivent dans une circonscription peu importe en suède ils deviennent demandeur d'asile c'est leur statut. Donc toute leur procédure elle est lié à l'immigration et d'ailleurs quand ils arrivent sur le territoire l'institution qui les évalue c'est le service de l'immigration. E donc pour moi ça change beaucoup dans la prise en charge car la demande d'asile ça n'a rien à voir.

Chansia : Je suis bien d'accord mais l'histoire du Maroc avec la France ça n'a rien à voir avec l'histoire de la Suède et du Maroc donc on est pas du tout dans la possibilité de faire une demande d'asile. Même au niveau Européen, le Maroc n'est pas du tout dans un pays à risque, donc au final ce n'est qu'une procédure. En faisant une réflexion comme ça très rapide, la Suède est une île donc les étrangers qui pourrait demander refuge à la Suède rentrait je suppose tous dans la demande d'asile et ensuite la procédure écarte ce qui correspondrait à la demande d'asile tel que la convention de Genève et tout ce qui est déjà en place et tout ce qui ne rentrerait pas dedans. Donc là on est sur deux histoires de la prise en charge de la migration complètement différentes.

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Nadia : Bien sûr, totalement mais c'est aussi tout un changement parce qu'il n'y a pas que la Suède, il y a plein de pays qui fonctionne sur autre chose par exemple tout le côté Hollande Néerlandais c'est demande d'asile et des camps de demandeurs d'asile tandis que plus au Sud en Espagne et en France ce qui prime c'est le droit de l'enfant entre guillemet donc bien sûr ça change complètement la prise en charge. Et c'est pour ça que dans ma réflexion je me pose la question sur la prise en charge car d'un côté on prime sur le droit de l'enfant et de l'autre sur la demande d'asile. Parce qu'on sait très bien qu'il n'y aura aucune régularisation c'est impossible comme tu le dis et quelle est le rapport avec le Maroc. Donc la finalité de tout ça sera ta réflexion sur le sujet

Chansia : C'est celle que je viens de te donner, c'est pas du tout la même histoire donc forcément. Mais après j'en sais pas du tout comment ça se passe en Suède sur la prise en charge des gamins parce que comment te dire, au niveau de notre dispositif nous ce qui nous intéresse c'est comment est-ce que ces gamins rentrent dans le droit commun et comme le point de départ de la Suède c'est drastique après la prise en charge des gamins et les modalités, intellectuellement ça va me plaire si je réfléchis et je me pose deux secondes et que je me lis ton mémoire ça va m'intéresser et peut être me donner des pistes mais nous on est sur avant, pour faire en sorte qu'ils soient pris en charge

Nadia : J'ai suivi les MNA marocains dans à peu près 10 pays dans des associations, des institutions des prisons je les ai rencontrés dans n'importe quel cas dans pratiquement tous les pays européens où ils sont passé et j'ai suivi leur itinéraire et si je réfléchis bien les endroits où j'ai retrouvé l'errance et la rue c'est la Belgique, la France et l'Espagne un peu

Chansia : Pas un peu l'Espagne beaucoup

Nadia : Ça dépend où tu va

Chansia : Moi ce que j'en ai vu à Barcelone c'est chaud quand même... Nadia : A Barcelone oui mais par exemple à Madrid c'est différent

Chansia : Par exemple mais c'est parce que ça n'est pas la même fédération

Nadia : Oui et même à Barcelone ça dépend du groupe de jeune etc. ça dépend beaucoup mais oui en tout cas c'est les 3 pays ou j'ai retrouvé la rue. Après Le Danemark, L'Allemagne La hollande la Suède la Suisse tout cela et la plupart sont sur un système de demandeur d'asile et ils ne sont pas aussi sévère que les suédois c'est à dire pas de consommation sinon c'est directement en prison à 10h de route et pas de rue sinon enfin il sont hyper strict et pourtant ils rentraient dans le système tu vois pas longtemps mais ils y rentraient tu vois. Après moi je me pose la question est ce que le faite que ça soit aussi différent entre les pays européens où ils tournent ça met pas aussi en échec parce qu'ils savent qu'en Espagne ils peuvent rester dehors alors ils redescendent enfin tu vois ça joue sur le faite qu'ils tournent en rond

Chansia : je suis d'accord avec toi après je ne suis pas certaines que ça soit la demande d'asile qui change quelque chose je ne suis pas certaine que c'est parce qu'ils entrent dans le cadre de la demande d'asile c'est ça que je ne comprends pas

Nadia : Oui moi non plus c'est pas parce qu'il y a la demande d'asile moi j'observe juste que la plupart des pays où ils rentrent dans un droit commun c'est des pays qui fonctionnent sur la demande d'asile après je ne fais pas d'analyse la tu vois

Chansia : Après tu vois par exemple l'Allemagne j'arrive même pas à comprendre qu'il les fasse rentrer par la demande d'asile par exemple puisque la réglementation des dublinois c'est l'Allemagne tu vois je ne comprends pas ça vient de l'Allemagne normalement leur premiers pays c'est l'Espagne, normalement l'Allemagne les ramène sauf s'ils sont sur un protocole de protection de l'enfance et on ne renvoie pas un enfant et là c'est la protection de l'enfance qui prime

Nadia : Après personne en renvois d'enfant parce que c'est interdit. En tout cas je te remercie Beaucoup

Chansia : D'accord tu as eu toutes tes informations

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Nadia : Je ne sais pas mais en tout cas j'en ai eu pas mal déjà

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Chansia : Je suis désolé de jongler tout le temps mais c'est l'avant en fait et la grande différence entre la Suède et la France et bien c'est que eux l'avant ils ont pas ce problème

Nadia : Après ils ont pas ce problème en concret par contre ils ont les conséquences de ce problème mais direct

Chansia : Bah moi j'ai vu la tête du flic quand il a vu XX dans la rue je peux te garantir qu'il s'est décomposé le mec en me disant « ils sont dans un état» et ça c'est à la rue en plus pour avoir travaillé avec beaucoup de gens qui sont à la rue je peux te dire que ça abime et ça pardonne pas la rue et s'ils ont eu un doute que ce qu'ils faisaient c'était pas bien en venant en France ils ont plus le doute après je pense pas que ça soit magique la bas et que les Suédois sont mieux que nous mais en tout cas ce qu'ils ont mis en place évite une chose et c'est la seule et je ne sais pas si en suisse comment ça se passe s'ils peuvent les prendre en charge je ne sais pas si leur prise en charge et bonne ou pas et si la France a une bonne prise en charge des MNA mais tout ça en fait je ne rentre même plus la dedans moi je dis juste que le temps d'errance et notre combat on est en fait sur une course contre la montre et ce temps d'errance les abîmes. Plus les jeunes restent dehors plus ils s'abîment et on est tous les jours sur une course contre la montre là on est en train de voir un gamin se dégrader en ce moment et tous les jours on est en train de se demander comment on fait pour le sortir de la rue

Nadia : Bien sûr et ces temps on réfléchit sur comment on fait pour les sortir de la rue ils sont décisifs

Chansia : Donc après eux ils ont cette solution je n'en suis pas sûr que ça soit la meilleurs mais que si ça évite ce temps d'errance ça évite que le gamin il s'abîme ça j'en suis convaincu

Nadia : Moi aussi et comme tu dis de toute façon dans ce genre de sujet c'est très difficile de mettre les adjectifs de bonne prise en charge, il y a des gens chose qui sont moins bien, qui sont cohérentes plus ou moins mais après on est sur un public qui est très complexe et le reste va avec donc voilà quoi. Merci en tout cas.

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Chansia : Bon courage pour ton mémoire

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Nadia : Une dernière chose tu m'avais dit que vous faisiez des rapports tous les 6 mois ou un an, ces rapports sont-ils publics ?

Chansia : nan tu ne sais pas le nombre de personne qui me demande et surtout dans les médias et non je ne diffuse rien mais je dis non à tout le monde et c'est une demande que j'ai quasiment toutes les semaines et maintenant c'est une réponse automatique.

Retranscription de l'entretien avec le chef de projet de la DASES

Nadia : Alors comme je te disais, je suis actuellement en pleine rédaction de mon mémoire sur la prise en charge des MNA Marocains, en comparant la prise en charge associative et étatique en France et en Suède. La finalité est de revenir sur l'uniformisation européenne de la prise en charge, des politiques sociales liées à ces mineurs, et donc de voir un peu ton avis sur ces questions en tant qu'institution. Pourrais-tu reprendre ton rôle, ce que tu représentes, ton poste pour enfin introduire ton travail avec les jeunes Marocains.

Abdel : D'accord, alors moi j'ai été embauché comme chef de projet sur un dispositif mineur marocain, alors le dispositif que je pilote à commencer en décembre 2017, c'est parti du constat qu'il y avait de jeunes errants sur le quartier de la goutte d'or, qui avait un profil poly toxicomanes, délinquants sachant que de jeune errant comme cela nous n'en avions pas vu depuis la seconde guerre mondiale. En fait, il n'y avait aucune accroche avec les dispositifs disons « banales » de protection de l'enfance. Dans un premier temps avant 2017, il y a eu plusieurs actions humanitaires qui avaient été mis en place, à savoir mise à disposition de douche, de repas, et même d'hébergement, c'est l'association Hors la rue qui avait été missionné pour aller vers ces jeunes, il y avait aussi Pierre Nicole qui s'occupe de l'addictologie qui tournait sur le quartier avec deux infirmières deux fois par semaine. Et deux éducateurs Taga qui tournaient tous les jours sur le quartier. Derrière la ville a choisi de mandater une association pour s'occuper de l'ensemble éducatif et de créer une accroche pour ramener ces jeunes vers les dispositifs de protection de l'enfance. Ce projet se décline en trois points à savoir un accueil de jour à proximité du lieu où sont les jeunes « la goutte d'or », des maraudes quotidiennes et un accueil de nuit un peu plus éloignés du quartier. Nous ce que nous avons mis en place au niveau de la ville, on a ouvert l'accès aux centres médicaux de Paris, on a ramené

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des partenaires qui connaissaient aussi ce public à savoir la PJJ par exemple ou encore Pierre Nicole, Charronnes, et tout ça pour avoir une présence éducatives quotidiennes. Donc tout ça, ça fait beaucoup d'acteurs et mon rôle est de piloter ces acteurs et de coordonner les actions sur le terrain.

Nadia : Ok, tu me parlais des partenaires, serait-il possible de me citer tous les partenaires officiels de la mairie de Paris sur ce projet.

Abdel : Alors les partenaires, il y a l'ARS qui a missionné Pierre Nicole et charronnes, il y a la PJJ et le CASP forcément qui pilote un peu le projet.

Nadia : Et au niveau de la protection de l'enfance ASE, et le DEMIE ?

Abdel : Alors en fait le partenariat c'est construit un peu après avec le DEMIE puisque ces jeunes n'y allait pas ou était très peu à y aller, après nous avons mis en lien le CASP et le DEMIE. Quand je te parlais du pilotage de partenaire , effectivement l'ASE par exemple c'est le service du SEMNA dans l'ASE qui est sollicité puisque c'est lui qui par la suite prend en charge les jeunes une fois entré dans l'ASE.

Nadia : Après si j'ai bien compris, la prise en charge se divise en deux soit une prise en charge ASE, soit une prise en charge PJJ ?

Abdel : Oui mais ça peut être les deux, beaucoup de jeunes ont des doubles mesures, ils sont pris en charge PJJ mais aussi ASE sur les questions de l'hébergement etc..

Nadia : Quand vous êtes arrivé, tu me dis que c'était pour coordonnées tous les acteurs en lien avec ce public, pourrais-tu me décrire les facilités, les difficultés , les choses que tu as ressentis toi en tant que coordinateur dans la prise en charge ?

Abdel : Disons que personne ne savait faire dans ce public-là, c'est un phénomène que nous n'avions pas vu depuis la seconde guerre mondiale, des enfants errants qui refusent tout. Il n'y avait pas d'association qui était spécialiste dans la prise en charge de ce public-là, donc la ville

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a choisi une association parmi celle qui avait été présenté, une qui connaissait le travail de prévention, de rue, qui avait aussi une fibre humanitaire et ce sont orienté vers le CASP

Nadia : La coordination et plutôt fluide entre les partenaires ?

Abdel : Je pense que tout le monde voit ou l'on veut aller, après les difficultés entre les partenaires il y en a forcément, mais là il y a les réunions de coordinations toutes les deux semaines, les choses sont dites et les acteurs peuvent se voir au-delà de ses réunions de coordination, il y a des choses qui se réajustes au fur et à mesure.

Nadia : Que peut tu me dire de la prise en charge de manière générale . Comment sont départager les interventions entre les institutions associatives & étatiques ?

Abdel : Comme je te disais puisque personne n'a de réelle connaissance sur ce public, tout le monde apprend sur le tas donc il a fallu que tout le monde apprenne à connaitre ce public-là . Bon il y avait des individus parmi les personnes qui travaillaient pour ces associations qui connaissaient ce public mais qui n'avait pas non plus une longue expérience. Du coup coordonner les actions c'était aussi faire découvrir ce public au fur et à mesure. Bon maintenant, au-delà du CASP, Charronnes par exemple travaille avec des publics toxicomanes, Pierre Nicole aussi, la PJJ travaille avec des jeunes difficiles qui ont des problèmes avec la justice donc il travaillait tous avec un des profils que pouvaient avoir ces jeunes.

Nadia : Mais je me souviens de ton arrivé et de celle du CASP, on était vraiment sur une situation d'urgence donc forcément avec une réponse à ce besoin, comme par exemple l'accueil de nuit d'urgence qui est d'ailleurs toujours resté une accueil de nuit d'urgence. Quelles sont les actions actuelles et futures dans le but de s'éloigner de l'urgence et de passer à une prise en charge pérennes.

Abdel : Oui, en fait le dispositif CASP en tant que tel n'ont pas vocation à durer, le but étant de créer une accroche pour pouvoir l'inscrire dans le dispositif d'évaluation et de l'aide sociale à l'enfance. Le but de la ville de Paris est qu'il intègre vers la protection de l'enfance. Donc oui, ce n'est pas quelque chose de pérennes, mais on ne peut pas installer des enfants qui sont dans la rue et accepter qu'il reste dans la rue et qu'ils viennent dormir toute l'année dans le

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même lieu. Le but est quand qu'ils intègre les foyers de l'aide sociale à l'enfance sur paris ou ailleurs.

Nadia : Ok, mais quels moyens sont mis en place pour qu'il y ai un basculement de l'urgence

.

Abdel : Ca c'est tout le travail d'accroche qui doit être fait, c'est-à-dire expliquer au jeune que ça ce n'est que du ponctuel et qu'il a vocation à aller au DEMIE et dans les services de protections de l'enfance.

Nadia : Je comprends tout à fait, mais je te pose cette question parce que par exemple quand je reprends l'association Hors la rue, avec les mises à l'abri d'urgence , il y avait un souhait que quand un jeune était mis à l'abri la structure l'accompagne directement soit au DEMIE, ou encore vers un médecin spécialisé en trauma-addictologie. Est-ce que là, c'est le même système . Que ce passe-t-il après l'hébergement d'urgence concrètement ?

Abdel : En fait, le lendemain matin, il y a des activités et il y a quelqu'un qui les emmène au DEMIE. Bon ça ne marche pas pour tous . Des fois, il peut en accompagner un dans la semaine et d'autres fois trois ça fonctionne comme ça. On sait que le matin, c'est la partie de la journée ou l'accroche est plus facile, déjà ils n'ont' pas consommé, des fois aussi ils y ont passé la nuit donc il y a un travail éducatif qui a été fait. Il y a des accompagnements qui sont fait le matin, bon pas autant que l'on voudrait .

Nadia : Donc tu peux dire qu'il y a des résultats dans la prise en charge ?

Abdel : Oui il y a quelques résultats dans la prise en charge. Bon je t'avouerais que quand ils vont au DEMIE, ils font le premier entretien, ils bénéficient souvent d'une prise en charge hôtelière puis après il ne vont pas au bout du processus, parce qu'ils ne s'imaginent pas rester en France de toute façon.

Nadia : Selon votre diagnostic, quelles sont les variables qui mette en péril ou font en sortes que la prise en charge ne marche pas. Bon déjà j'entends le fait qu'il n'ait pas de visibilité sur l'avenir, qu'il n'ait pas pour but de rester en France.

p g p

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Abdel : Oui je pense que c'est l'une des première chose, je ne pense pas qu'il ait comme perspective ,et ça il le dise, de s'installer en France. Donc pourquoi s'inscrire dans un dispositif ou rentrer à l'ASE. Il y en a qui le font, souvent après un passage à l'hôpital assez long ou une incarcération ou un passage en CEF, donc il y en a qui vont faire le pas. Mais spontanément les jeunes te disent non je vais repartir en Espagne, en suède É Je ne vais pas rester .

Nadia : Tu ne penses pas qu'il ait d'autres raisons dans le fait qu'ils ne restent pas? Vois-tu d'autres choses qui fait qu'ils n'accroche pas à la prise en charge ou qu'elle ne fonctionne pas sur eux ?

Abdel : Moi honnêtement je ne vois pas d'autres raisons, alors pour ceux qui sont entrés dans les dispositifs de protection de l'enfance il y a toujours eu une adaptation des structures. Jamais, ils sont entrés comme les autres MNA en acceptant l'ensemble des règles de la structure, chacun a toujours bougé ses lignes, que ce soit le jeune ou la structure accueillante. Donc ça c'est tout le travail de suivi que j'effectue dans les situations particulières sur les structures.

Nadia : Tu pourrais me donner des exemples d'adaptation de structures, d'institution étatique.

Abdel : J'en ai une très récente, il y a deux jours, ils te disent non le jeune n'a pas le droit de fumer mais c'est impossible. Donc il s'adapte en acceptant qu'il continue à fumer, en l'aidant à diminuer sa consommation. S'adapter en prenant le jeune ou il ait, pas de ce qu'on aimerait qu'il soit. Les structures elles l'entendent finalement, elles joue le jeu et prennent «le pari de « , « nous allons prendre ce jeune et voir comment nous pouvons nous adapter, nous allons en discuter avec l'équipe».

Nadia : Oui, je me souviens par exemple du lien créer entre le CASP et le DEMIE, qui a énormément fluidifier les échanges et la prise en charge non ?

Abdel : Oui, par exemple. Nadia : Tu vois autre chose?

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Abdel : Je ne vois pas autre chose, mais après que je sache en Suède tu dois le savoir que moi ( rire ), il n'y pas beaucoup de perspective d'obtenir une régularisation sans demande d'asile. Bon pourquoi voit-il en Suède, énigme.

Nadia : Justement, quand on écoute les jeunes, ils vont en Suède pour la prise en charge, qui est différente. C'est une prise en charge directe, avec très peu de situation de rue voire aucune. Dès leur arrivée, ils sont placés en famille d'accueil, et ce qui est impressionnant c'est que leur placement marche.

Abdel : La, on essaie en ce moment. Mais il faut que ce soit des familles d'accueil volontaire qui sache quel type de public elles vont accueillir, j'ai demandé à ce qu'on propose à des familles volontaires d'accueillir ces jeunes-là. Notamment pour les jeunes.

Nadia : C'est intéressant, du coup vous avez déjà mis le processus en place ? vous êtes a la recherche de famille ?

Abdel : C'est en cours. Pour l'instant, là le service de la ville qui s'occupe de ça ont envoyé un mail à des familles qui pourraient être volontaire. Je dois les rencontré pour leur décrire le profil de ces jeunes. Je suis persuadé qu'il y a des familles qui vont bien correspondre avec ces jeunes, surtout en connaissant le respect qu'ils peuvent porter à la famille et aux plus âgés. Même pour le jeune, ça peut aussi le détendre de passé du temps , si il veut par exemple passé un coup de fil à ses parents il peut passer la famille, il n'est pas obligé de mentir.

Nadia : Après au-delà des familles, il y a aussi tout le fonctionnement qui est différent, par exemple automatiquement le jeune a un tuteur, un kontaktperson équivalent à un éducateur spécialisé&travailleur social spécifique à lui, et c'est lui qui fait le lien entre le jeune et le social. En fait c'est tout le processus qui est différent aussi.

Abdel : Oui c'est sûr, mais c'est vrai que je suis vraiment curieux de cet attrait pour la Suède, parce qu'au-delà de l'accueil qui peut être hyper bienveillant, parce que si on part du principe qu'ils veulent s'installer, de régulariser leur situation administrative, finalement il n'irait pas en Suède puisque les chances de régularisation sont mince.

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Nadia : Après certains sont conscient que les chances de régularisation sont mince, mais il y en a beaucoup qui y croient, qui attendent une régularisation.

Abdel : Ah bon, ils font quelles démarches pour ça du coup.

Nadia : Oui, Oui, ils essaient de s'insérer dans société par les familles d'accueils l'école etc.É Ils ont un but, la régularisation, ils attendent. Et il y en a énormément, énormément qui sont resté très longtemps en situation de rue en France, il y en a beaucoup qui y sont depuis longtemps. Des jeunes qu'ont auraient imaginé d'ailleurs.

Abdel : Pour moi ça reste une énigme, qu'ils aillent jusqu'à là-bas pour ne pas être régularisé.

Nadia : Du coup, je me rappelle qu'un groupe Suédois est venu vous rencontrer. C'est la DASES qu'ils sont venu rencontrer ?

Abdel : Oui, ils sont venus rencontré la ville, mais tu étais là d'ailleurs quand on les a vu. Ils sont restés deux jours, ils ont été reçus à Mairie, ils ont visité la goutte d'or. Nous avons échangé sur les pratiques, ils voulaient aussi voir Barbes parce que les jeunes en parlent beaucoup.

Nadia : Quels ont été les issues de vos échanges ?

Abdel : En fait, ils voulaient juste voir comment les jeunes étaient en France et ce que l'on avait mis en place pour eux. Si c'était les même jeunes ou pas. Nous avons échangé. Ce qu'ils ont retenus, c'est que les jeunes sont beaucoup plus abimés ici à Paris qu'en Suède. Ils consomment beaucoup plus, ils sont beaucoup plus visibles.

Nadia : Et vous vous en avez retenu quoi ?

Abdel : C'est toujours intéressant de savoir comment sont les jeunes dans d'autres pays. Maintenant, je pense qu'il faudrait aller voir leur pratique. Après, nous on vise quand même à travers les dispositifs de protection de l'enfance, ceux qui le souhaite, être régularisé. Ca ne passe pas forcément par une demande d'asile donc le jeune qui entre en foyer, qui est rigoureux au niveau scolaire des fois même pas à toutes ses chances d'être régularisé.

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Nadia : Plus généralement, que pense tu des prises en charge des MNA marocains de ce que tu connais en Europe ?

Abdel : Alors au niveau européen, je ne connais pas plus que ça, ce que je te disais concernant la régularisation en Suède et un peu en Espagne. Je sais qu'ils sont moins stricts que la Suède en termes de régularisation mais il faut quand même qu'il y est une présence sur le territoire. Après on sait que beaucoup souhaite être régularisé en Espagne. Après je ne maitrise pas leur système suffisamment pour en parler. En tout cas ça leur permet de faire des grands allers retour à travers les pays européens, maintenant est-ce que ceux qui ont commencé des procédures de régularisation en Suède vont être régulariser je ne sais pas.

Nadia : Est-ce que tu penses à travers ton expérience, ton diagnostic, que ces différences de prise en charge, je dis bien que ce soit une demande d'asile en Suède, en Allemagne, en hollande ou une régularisation basée sur la minorité et l'isolement du jeune en France ou en Espagne, ne met pas en échec la prise en charge ? Et influe la mobilité des jeunes ?

Abdel : Oui ce raisonnement pourrait se tenir si on avait une forte demande de régularisation en France. Parmi l'ensemble des pays ce que l'on peut dire, alors l'Espagne je pense qu'ils sont à peu près comme nous.

Nadia : Il y a quand même énormément de régularisation en Espagne. Après ce qui se passe la majorité du temps, c'est qu'on leur accorde un titre de séjour d'un an, mais pour différente raisons il n'est pas réitéré ou il lui est retiré.

Abdel : Oui comme une réglementation probatoire, ce qui n'existe pas en France, du moment que tu es régularisé c'est que tu es passé par les foyers de l'ASE et même si tu as commis des petits délits on te régularise quand même si tu as un bon dossier ASE, si tu es assidu au niveau formation. Pour revenir sur ta question initiale, si on partait de cette logique la, beaucoup demanderait à être régulariser en France, à entrer dans les dispositifs de l'ASE, qui est l'une des plus souples en Europe mais ce n'est pas le cas. Proportionnellement quand tu regardes l'ensemble du public qui se présente au DEMIE, ils sont très peu de ce public.

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Dans ton questionnement, si on adapte l'ensemble des dispositifs européens pour favoriser l'intégration de ces jeunes dans les dispositifs de protection de l'enfance, ce que moi j'approuve totalement. Donc on aurait peut-être une masse de jeune qui voudraient s'inscrire dans les dispositifs, sauf que ce n'est pas le cas. Ce n'est pas ici, qu'ils ont choisi de s'installer. Ici ça ne reste que du transit.

Nadia : Oui

Abdel : Tu n'as pas l'air convaincu

Nadia : Si, Si, moi je suis vraiment là pour prendre ton avis sur ces questions, comprendre ta vision des choses au niveau de l'uniformisation européenne des politiques sociales, comment tu places la France dans la prise en charge, c'est vraiment ton questionnement qui m'intéresse particulièrement avec ta posture.

Abdel : Après, si on alignait tout le monde sur la position de la France moi ça me convient. Mais je ne crois pas que ce soit prévu.

Nadia : Justement peut être que si les politiques sociales seraient uniformisés, peut-être la France et l'Espagne ne seraient plus de simples pays de transit.

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Abdel : Oui.

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Retranscription de l'entretien association Suédoise FramtidstOEget

Nadia : Comme je vous expliquais j'écris un mémoire sur la prise en charge des mineurs non accompagnés d'origine marocaine, c'est une comparaison entre les prises en charge associative et étatiques française et suédoise. La problématique générale se porte sur l'uniformisation des pratiques en Europe. Pourriez-vous commencer par vous présenter, la mission de chacun, son poste et sa relation, posture face aux jeunes.

Sitapha : Mon travail est de mettre les enfants et les jeunes qui vivent dans des situations socialement vulnérables en Suède, et qui ont donc besoin de venir dans un foyer sûr et stable. C'est ce que vous appelez des foyers d'accueil. Je travaille pour le compte du service social à Stockholm. Mon travail consiste à superviser les familles qui reçoivent ces enfants ou des jeunes, afin de fournir les meilleures conditions pour l'enfant d'avoir un bon environnement familial. Je collabore avec les enfants, la famille, les services sociaux et parfois avec les parents biologiques de l'enfant. Dans ma profession, il n'y a pas d'objectifs directs, mais l'objectif global est de faire en sorte que l'enfant vit dans une famille sûre que possible et de fournir un soutien aux familles qui prennent soin de l'enfant.

Samir : Oui, je m'appelle Samir, j'ai 35 ans, je travaille comme « kontaktperson», c'est à dire un éducateur social pour les mineurs, je travaille depuis deux ans avec les mineurs, j'ai un très bon contact avec beaucoup de personnes qui viennent de différents milieux du Maroc. Ma mission comme éducateur sociale est la continuation du contact c'est à dire le suivi du jeune dans leur vie, à l'école, ses addictions É

Nadia : Du coup tu te situes ou exactement dans la prise en charge entre le social et le godman ?

Samir : C'est une bonne question, le godman à un rôle juridique, de tutelle moi je n'ai pas de rôle juridique mais un rôle amical, éducatif et social, je suis comme un ami pour le jeune, je suis là pour lui s'il veut se confier, partager quelque chose. Il peut m'appeler je suis là pour ça. J'ai aussi pour rôle de créer de la motivation pour changer leurs vies.

Nadia : As-tu des exemples d'actions ?

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Samir : Oui par exemple, les jeunes qui veulent arrêter de fumer du cannabis, ils ont de la volonté mais ont besoin d'aide, besoin d'une personne qui les accompagne, qui leurs montre le chemin, la méthode. En plus, une personne qui les suit, les guides. Ce que l'on appelle le «coaching». Mais mon rôle principal a FramtidstOEget est Kontaktperson, c'est à dire créer des activités pour les jeunes.

Nadia : En tant que Kontaktperson tu es en lien avec qui ? avec le service social ?

Samir : Oui nous travaillons ensemble, avec le service social, les familles et les consultants des familles d'accueils.

Nadia : Au niveau du rôle du kontaktperson, c'est l'intégration du jeune dans la société suédoise, le suivi du jeune sur sa demande d'asile ?

Samir : Non ce qui concerne la demande d'asile est géré par le godman. Mais nous on leur montre le chemin pour comprendre le fonctionnement. Ils sont jeunes pour connaître les procédures concernant le service de migration, l'école, la santé mais aussi dans la société civile, les familles É

Mustapha : Alors moi je suis Mustapha, psychothérapeute. J'ai travaillé pendant longtemps avec les jeunes marocains. Nous sommes très souvent appelés par le service de migration comme structure d'urgence comme un jeune arrive sur le territoire.

Nadia : Quand un jeune arrive, il est directement placé dans une famille d'accueil ou il passe une première nuit dans un centre ?

Mustapha : Quand il arrive en Suède, les services sociaux peuvent les placer directement dans une famille d'accueil, il contacte soit des structures publiques d'état soit privé comme nous et nous nous sommes très souvent contactés parce que nous avons la connaissance et la compétence de ce public en suède.

Samir : Si on parle d'emplacement, dès qu'un jeune arrive en Suède, il est dirigé vers le service sociale qui le place vers une famille d'accueil, il existe deux types de familles : les familles

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d'accueil d'urgence le jeune peut y rester six mois maximums et les familles d'accueil permanente là où il reste tout le temps. Le rôle du service social est de s'assurer que le jeune soit placé dans une famille le plus possible.

Nadia : Si je reprends, le jeune arrive il passe par le service social d'urgence qui évalue qui est le jeune, son âge, sa provenance etc.... Ensuite, le service social contact des organismes pour lui trouver une place dans une famille d'accueil en même temps il lui est accordé une personne qui s'occupe de lui individuellement, « son social» c'est ça ?

Mustapha : Oui directement son social est désigné.

Samir : Mais le point de migration, tant qu'il est mineur la procédure avec le bureau de migration n'est pas vraiment importante. Elle passe en second plan, il doit d'abord avoir un cadre, un hébergement... Le plus important est de le connecter avec l'école, la famille, le kontaktperson et après vient le service de migration

Nadia : Je pensais que les deux étaient liés, j'ai l'impression que le service de migration a un poids important dans la prise en charge sociale.

Samir : Oui, mais leur rôle est totalement différent ce sont deux administrations différentes. Pour un mineur le service social a un poids beaucoup plus important. Le service de migration n'interviendra que pour obtenir une résidence. Pour un adulte, c'est le service de migration le plus important.

Nadia : Oui, pour revenir à ta posture Mustapha, donc tu es psychothérapeute des familles c'est ça ?

Mustapha : Oui, avant j'avais aussi le rôle de kontaktperson avec les jeunes marocains, et de famille d'accueil d'urgence.

Nadia : Avez-vous mis en place des thérapies spécifiques pour ces jeunes ?

Mustapha : Ca c'est le service social qui s'en occupe, nous on supporte, on créer des moments d'échanges etc. on discute des addictions mais c'est pareil il y a une institution spécialisée par

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laquelle ils sont pratiquement tous passé d'ailleurs. Parce qu'ils ont tous un problème d'addiction. La par exemple le dernier cas qui vient d'arriver, il habite chez une famille, il a beaucoup de problème de drogue, il n'avait pas de contact avec sa famille au Maroc donc il n'était pas stable dans sa famille d'accueil en Suède, il faut toujours le suivre et faire attention car il se scarifie. Nous on essaie d'être toujours là.

Nadia : Au niveau de la prise en charge spécifique de FramtidstOEget, concernant ces jeunes-là, qu'avez-vous mis en place ?

Mustapha : La première chose c'est que nous avons la compétence de leur culture, il y a beaucoup de personnes d'origine Marocaine qui travaille ici, ça veut dire que l'on peut communiquer avec ces jeunes de manières directe et clair pour comprendre leurs besoins. Par exemple, pour beaucoup de jeune il faut trouver un traducteur pas seulement parlant arabe mais parlant le dialecte maghrébins. Nous nous évitons cela, nous avons la compétence de comprendre le contexte général de ces jeunes.

Samir : Et de leur faire comprendre comment cela se passe ici, la procédure en Suède. Et ça c'est très important que les mineurs comprennent comment ça fonctionne. Sinon, concernant la prise en charge nous avons une responsabilité d'assurer que la famille d'accueil du jeune a la compétence d'héberger ce jeune, par exemple nous n'allons pas passer un jeune chez une famille qui a problème d'agressivité, ou encore d'alcool, une famille qui n'est pas approprié pour accueillir ce jeune.

Nadia : Faut-il des familles spécifiques pour ce groupe de jeune ?

Mustapha : Oui dans tous les cas ce n'est n'importe qu'elle famille qui peut recevoir des jeunes. Les familles passent par un test pour vérifier s'ils sont vraiment compétents à recevoir un jeune, il ne faut pas que ce soit seulement pour l'argent après pour revenir à la question, la prise en charge c'est très clair dès que les services sociaux reçoivent un jeune, ils ont un plan d'activité.

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Nadia : D'accord, ce plan est spécifique à ce groupe ou c'est pour tous les jeunes

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Mustapha : Tout les jeunes, ce plan d'exécution nous donne la démarche à suivre avec ce jeune. Les objectifs à travailler dans la prise en charge souvent aller à l'école, veiller au bon lien avec la famille, la santé, les drogues.

Nadia : D'accord, j'aimerais vraiment comprendre la différence et la continuité entre la prise en charge étatique et associative. Comment se départage les tâches, il y va-t-il des complications etc.É J'ai pu entendre à travers d'autres entretiens, que le service social était très rigide par exemple avec ce public en particulier.

Sitapha : Les services sociaux sont ceux qui nous appellent et nous disent qu'ils ont des responsabilités sur les enfants non accompagnés du Maroc, et demande à notre société de trouver des familles pour les placer là. Nous rencontrons les enfants et les jeunes du Maroc qui viennent de conditions brisées et sont très usés quand ils viennent en Suède. Les enfants ont vécu des choses qu'un enfant ne doit pas l'expérience, et donc ils sont déjà « cassé » quand nous entrons en contact avec eux.

Je dirais que nous faisons un bon travail avec eux. Le groupe cible est difficile et pas beaucoup d'entreprises et de services sociaux en Suède peuvent travailler avec eux. Notre entreprise est conçue pour créer les conditions pour le jeune de créer un avenir. Une grande partie de notre groupe de personnel d'origine étrangère a, et dans de nombreux cas, milieux marocains. Cela signifie que le renforcement de la confiance, qui est un élément fondamental du travail avec les enfants marocains, devient plus facile. Nous avons aussi divers projets qui sont spécifiquement orientés vers ce groupe cible. Le but des projets est de faire participer les jeunes se sentent gens et espoir pour l'avenir.

La prise en charge générale pour ce groupe cible est le même que celui d'un enfant ordinaire en Suède. Étant donné que les enfants sont le plus souvent les demandeurs d'asile, ils ont le droit aux soins de santé, les soins médicaux et d'autres types de soutien dont ils ont besoin. Il n'y a rien prononcé sur ce groupe cible, et il n'y a généralement pas beaucoup parler de ce groupe. La raison ne sait pas, mais il est sans aucun doute un groupe en Suède, où vous avez besoin de trouver des solutions pour les aider.

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Le point positif est que la Suède est un pays construit sur un système de protection sociale, ce qui signifie que ces enfants peu importe leur droit aux soins de santé, l'école, une maison et la chose la plus importante qu'un enfant a besoin. Et que la Suède fait suite à la convention des enfants, ce qui est fondamental dans l'UE, ce qui signifie occuper les meilleurs intérêts de l'enfant en tout temps. Donc, s'il y a un besoin de soutien supplémentaire pour le jeune de se sentir bien, la Suède est un pays qui soutient la jeune personne à obtenir l'aide.

Le négatif est que tout est long, et il peut être suffisant pour ce groupe cible se fatiguent et partir. Sinon, ils pensent qu'il faut si longtemps, qu'ils commencent par le crime au lieu d'être agité.

Samir : Ici à FramtidstOEget un de nos but premier est de faire comprendre aux jeunes qu'il est très important de s'installer. De lui expliquer de nous le prenons en charge, et que nous le soutenons. Le faire prendre conscience qu'il est très important d'avoir une routine dans la vie : comme simplement se lever le matin. Ce qui est très compliqué pour ces jeunes qui ont traversé différentes étapes de rues dans leurs vies. Lui faire comprendre qu'ici il a une chance de changer sa vie, mais qu'il ne peut pas changer sa vie tout seul et que nous sommes là pour ça. Lui faire comprendre aussi qu'il a besoin d'aide.

Nadia : Théoriquement je comprends très bien mais qu'est-ce que ça donne en pratique en connaissant les spécificités de ce public ? Si on prend un pourcentage, il y en-t-il beaucoup qui accroche ?

Mustapha : Ces jeunes pour arriver ici, ils ont traversé beaucoup d'étapes, c'est un trauma pour eux. Mais le travail de nos kontaktperson est énorme, parce que ces jeunes ne font confiance à personne. Ils se méfient toujours et surtout de quelqu'un qui les aides. Si nous prenons des exemples nous avons deux trois cas qui sont super difficile mais ils sont toujours en Suède. Même si c'est compliquer, il faut leur donner des chances, prendre le temps, les écouter É comprendre leur situation, aider la situation de leur famille au Maroc, veiller à leur santé...

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Samir : Il y a beaucoup de facteurs sur le fait qu'ils ne s'installent pas, comme l'habitude d'errer, le milieu familial, le chemin migratoire, l'arrière-plan, leurs histoires sont pleines de drame, de traumatisme certains ont été agressé sexuellement, c'est difficile pour un enfant qui a traverser ces drames, cette mélancolie, ces situations très difficiles. Nous par exemple nous ne pourrions même pas vivre deux jours comme eux. Ils n'ont pas de but dans la vie mais ce n'est pas leur faute, ils sont seuls et on sait pourtant que la famille est la base dans la construction du jeune, la base. Nous travaillons avec des cas très difficile, les jeunes ne nous croient pas, se méfient, nous insultes, c'est très difficile de construire une alliance avec ces jeunes, mais pour l'aider cette alliance est nécessaire. Mais lui il est nouveau sur ce territoire, il se protège. C'est sa manière de survivre, et de se défendre. Il a passé toute sa vie à se protéger des autres. Il ne fait confiance à personne.

Mustapha : Oui, il ne faut pas oublier que ces jeunes, ils savent dès le départ qu'ils n'ont pas d'avenir ici. Ils viennent ici et ont déjà en tête qu'ils n'auront aucun papier. C'est vrai, que j'ai déjà eu des discussions avec des personnes des services sociaux qui dénoncent que ces jeunes n'étaient pas traités comme les autres sur tous les droits. Dès que le mineur est fiché comme marocain.

Nadia : Quelles sont les difficultés avec ce public-là ? Ou les différences ?

Sitapha : Quand nous rencontrons les enfants du Maroc ils viennent de conditions brisées et sont très usés quand ils arrivent en Suède. Les enfants ont vécu des choses qu'un enfant ne doit pas vivre, et donc ils sont déjà « cassé » quand nous entrons en contact avec eux.

Mustapha : Oui, comme je disais la première difficulté c'est la confiance, puis aussi l'argent qu'il place en priorité, il a besoin d'envoyer de l'argent à sa famille et du coup le reste passe au second plan.

Samir : Pour moi les différences, n'apparaissent que dans la société civile et non dans la prise en charge, par exemple ils se font souvent tapés par la sécurité ou ont des altercations avec la police. Parce que ces jeunes n'ont pas peur et ne se laisse pas faire. Donc eux font la différence, ce groupe se font identifié juste par leur vêtement. Et directement ils se font contrôler par

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exemple. On essaie de leur faire comprendre ça aussi, que la tenue vestimentaire joue beaucoup sur l'image qu'ils renvoient.

Nadia : J'ai pu entendre aussi, que concernant la répression le service social était beaucoup plus rigide et rapide avec ce groupe ? Par exemple le SIS.

Samir : Pour le SIS, il y a trois étapes, il n'envoie pas un jeune directement au SIS, il passe par deux autres institutions avant. La première qui ressemble à un centre de soins, d'assistance, c'est un centre qui n'est pas fermé, le jeune a le droit de sortir, d'aller à l'école mais il a des horaires à respecter. Il a une chambre individuelle, une salle ou il y a une télévision, et le personnel est présent jour et nuit. Si cela n'a pas fonctionné, il envoie le jeune en LVU, c'est aussi un centre de soin mais qui est beaucoup plus rigide, et si cela ne marche pas il est envoyé au SIS qui est un centre totalement fermé similaire à un établissement pénitencier.

Nadia : Oui, mais en réalité passe-t-il par toutes ces étapes ?

Samir : Non des fois il loupe une étape, en général ces jeunes n'ont pas l'habitude d'un cadre structuré avec des limites. Des que quelqu'un les resserre ils fuient.

Nadia : Oui, mais par exemple beaucoup de jeunes marocains passe de la famille d'accueil au SIS directement.

Samir : Oui, l'évaluation du service social détermine qu'il n'a pas besoin de passer par ses étapes, que ce jeune a besoin d'être soigné directement. Comme par exemple les jeunes qui prennent des cachets.

Nadia : Et donc vous vous continuez le suivi quand un jeune est envoyé dans l'une de ces étapes ?

Samir : Non, nous nous ne sommes plus mandatés si le jeune est transféré vers ces centres. Nous travaillons que dans la première étape, notre lien est lié aux familles d'accueil. Le reste c'est le service social.

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Nadia : Donc si tu construis une relation avec un jeune, et que celui-là est envoyé dans l'une de ces structures, toi qui es un repère pour lui la relation s'arrête ? au niveau professionnel ?

Samir : Les jeunes continuent de nous contacté, mais nous ne sommes plus mandatés. Bien sûr nous ne stoppons pas la relation. Certains continuent à venir dans notre association, à faire les activités. Parce à FramtidstOEget nous avons mis en place des activités pour ce groupe de jeunes, des repas «culturels »tous les jeudis, des match et cours de foot & boxes, des ateliers de réparations de téléphones et des ateliers de langues. Donc nous continuons à les aider et à les voir.

Nadia : Tout à l'heure, nous parlions du service de migration et du service social, en France un mineur non accompagnés s'il est régularisé c'est pour sa qualité de mineur, ici à ce que j'ai pu comprendre ces mêmes jeunes passent par une demande d'asile, il y a-t-il d'autres voies de régularisation ? Vous que faites-vous pour faciliter sa demande de régularisation ?

Samir : Oui il doit passer par une demande d'asile, c'est pour cela que j'explique toujours aux jeunes qu'ici ce n'est pas comme l'Espagne. En Suède, il n'y a que trois moyens, la régularisation par l'école plus particulièrement le baccalauréat qui automatiquement lui donnera son numéro de résidence, la demande d'asile et le mariage. Concernant, l'asile c'est le godman qui est à cette charge, nous nous pouvons conseiller le jeune c'est tout. Je sais qu'en France et en Espagne c'est plus facile.

Nadia : Pense-tu que concernant les mineurs si les politiques sociales étaient uniformes, cela ne changerait-il pas toute la prise en charge des jeunes, est-ce les jeunes resteraient plus ici ? S'insèreraient-ils plus ici ?

Samir : Je pense que la base c'est la régularisation, pour les mineurs et les jeunes majeurs. C'est ça le moyen d'intégration, si tu le régularise il peut travailler et devenir indépendant, il sera obligé de se responsabiliser puisque lui seul sera responsable de sa vie. Travailler ou étudier. Il faut que tous les pays est le même système de régularisation, bien sûr avec des conditions qui montre que tu es une personne active dans la société. Mais pour moi c'est la solution qui marcherait. Il ne faut oublier que ces jeunes ont risqués leurs vies en migrant et

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contrairement à beaucoup d'autres enfants ils migrent seuls. Ils fuient souvent une société qui les méprise, et quand ils arrivent ils sont confrontés à une multitude de structure, d'acteurs, un système complexe. S'ajoute à ça le fait qu'il sait déjà qu'il n'a pas de futur, donc il n'essaie même pas d'intégrer la société du pays où il est. Vraiment, la variable de savoir qu'il n' pas de futur c'est extremement dangereux, il n'a pas de limite et peut faire n'importe quoi. Donc créer un systeme de regularisation commun ca securiserait ces jeunes, et le mttrait à égalité avec les autres. Lui donner une chance d'avancer et de s'intégrer dans la société.

Sitapha : Je n'ai pas d'avis parce que je n'ai pas un bon aperçu de la façon dont la garde des enfants dans le reste de l'Europe a l'air. Ce que je sais est que la Suède est parmi les pays d'Europe qui ont un système de protection sociale qui fonctionne, et où les meilleurs intérêts de l'enfant sont toujours au centre.

Il est une question difficile. Chaque individu est unique et la normalisation des politiques sociales peut avoir ses avantages et ses inconvénients. Étant donné que chaque personne est différente de l'autre, leurs besoins peuvent différer de l'autre. Si l'on avait normalisation, peut-être les besoins d'un individu n'auraient pu être atteints sur la base qu'il y a toujours une norme sur laquelle se baser. Personnellement, je pense, par exemple, les enfants non accompagnés du Maroc doivent jouer un rôle plus important dans les pays européens qui les reçoivent. C'est de ne pas fermer les yeux sur ce qui se passe au Maroc, et la nécessité de comprendre que les jeunes enfants fuyant du Maroc à un pays comme la Suède ont des problèmes majeurs qui doivent être résolus. Cependant, la solution est à un niveau politique, que le Maroc n'est pas un pays où il y a une raison d'asile à fuir. Cependant, il y a des problèmes majeurs qui causent les enfants à fuir et l'Europe doit assumer la responsabilité de répondre à leurs besoins d'une meilleure façon que maintenant. Par exemple, pour donner aux enfants un permis de séjour, quand il espère pour l'avenir et qu'ils ne se retrouveront pas dans le crime.

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Nadia : Merci.

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Retranscription de l'entretien association française Au Coeur de la Précarité

Nadia : Bonjour, alors pour t'expliquer, comme je te disais c'est pour l'écriture de mon mémoire qui se porte sur les MNA marocains et plus particulièrement sur les comparaisons entre les prises en charge étatiques et associatives entre la France et la Suède. En fait la grosse question c'est l'uniformisation européenne de la prise en charge. On se connait, mais est-ce que c'est possible pour toi de résumer un peu les objectifs de ton association et plus particulièrement ton pôle ?

Fatiha : Très bien,

Nadia : Pourrais-tu introduire ton intervention concernant le public MNA d'origine Marocaine ?

Fatiha : Après avoir pris connaissance via les médias main Stream et des riverains de la présence d'un groupe de mineurs isolés à la rue en situation de grande vulnérabilité dans le quartier de la Goutte d'Or ( plus exactement le square Baschung ) , notre association Au Coeur De La Précarité est partie, dans un premier temps en tant qu'observateur , accompagné du responsable de l'association BaniStreet, qui a contribué à fortement sensibiliser notre association sur les enfants marocains à la Goutte d'Or. Au début mon objectif était simple : connaître le type de public, leurs besoins, et savoir quels types de réponse l'Etat comptait leur apporter. En effet, je suis militante depuis 2007 dans de nombreux réseaux associatifs ou collectifs qui luttent pour le respect des droits des étrangers en France, contre le racisme institutionnel, les violences et les crimes policiers, et contre l'islamophobie. En plus de ces activités de militantisme, j'apporte avec l'association Au Coeur De La Précarité, dans le cadre de mes fonctions bénévoles de Responsable du Pôle Migrants Isolés, un soutien aux primo-arrivants enfants, adolescents, ou jeunes adultes, d'où qu'ils viennent. La plupart arrivant d'Afrique et d'Afghanistan.

J'ai aussi été contactée par un éducateur qui travaillait pour l'entreprise d'intérim TAGA SOCIAL. Cet éducateur avait entendu parler de mon action auprès des mineurs étrangers isolés

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à la rue depuis 2014. En 2014, notre association avait mené, en lien avec d'autres associations, des syndicats de travailleurs une forte mobilisation qui avait duré plus de 4 mois à Jaurès et la Chapelle. À cette époque, chaque soir entre 60 et 100 jeunes (certains particulièrement petits), étaient littéralement jetés à la rue devant la cellule d'évaluation des mineurs de Paris (auparavant géré par France Terre d'asile). Soit-il dû attendre des semaines sans abri, ni soin, avec pour seul repas dans la journée une boisson et un pain aux raisins. Alors que la loi oblige à héberger tout nouvel arrivant jusqu'à son rendez-vous avec la cellule d'évaluation, entre 60 et 100 jeunes dormaient en plein hiver sous des tentes. Seuls les associations et syndicats leur distribuaient le nécessaire : produits d'hygiène, vêtements, et repas. Les associations ont dû signer un texte commun réclamant la mise à l'abri immédiate des jeunes. Et des gymnases ont été réquisitionnés. Finalement, après des négociations quotidiennes avec la mairie, les mineurs pouvaient rester dormir dans les gymnases jusque 7h du matin. Mais aucune activité ou centre d'accueil de jour n'était prévu la journée. Parmi les migrants laissés seuls à la rue, il y avait d'ailleurs des marocains. Il me semble important de contextualiser dans le temps et dans l'espace le cadre dans lequel évoluent les enfants migrants isolés qui arrivent à Paris. Le Nord de Paris (Jaurès, Stalingrad, La Chapelle, Barbès, Château-rouge, et Porte de la Chapelle) est traditionnellement un lieu d'arrivée de migrants de différentes nationalités. Ils y sont plus tolérés que dans d'autres arrondissements. Mais ce n'est pas la seule raison. L'état français semble privilégier d'une certaine manière l'accueil des migrants dans ce secteur de la capitale puisque les organismes dédiés à l'évaluation des migrants, qu'ils soient demandeurs d'asile ou migrants mineurs isolés sont dans le 18ième arrondissement ou des arrondissements proches du 18ème arrondissement.

Ainsi, il faut souligner que la problématique d'enfants migrants isolés à la rue n'est pas nouvelle à Paris. L'état a toujours montré des réticences à accueillir les migrants mineurs en mettant des blocages institutionnels. Le rapport du Défenseur des Droits, Jacques Toubon, est d'ailleurs clair. L'ancienne structure d'évaluation des mineurs à Paris mandatée par le Département, à savoir France Terre d'asile n'a pas été reconduite dans ses missions d'orientation et d'évaluation des primo-arrivants mineurs suite aux pressions de collectifs de défense de mineurs auxquels j'appartiens. Des dérives ont été constatées dans le procès d'évaluation : entretiens longs et

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difficiles, décisions arbitraires et discriminatoires. À la sortie des entretiens, des mineurs ont le sentiment qu'ils ne sont pas les bienvenus.

C'est dans ce contexte global que s'inscrit la problématique des mineurs marocains. Comment peuvent-ils, avec leurs fragilités, se présenter dans des institutions qui peuvent leur être hostiles ? Seuls les plus armés ou les mieux préparés peuvent surmonter les obstacles du parcours d'immigration en France.

Nadia : Oui, dans ce contexte global, quelles sont les particularités des mineurs non accompagnés Marocains.

Fatiha : Le public des migrants marocains en situation d'errance présente des particularités mais ne constitue pas pour autant un public homogène. Tout d'abord, comme je le disais plus haut des migrants mineurs en situation de rue n'est pas tout à fait une situation inédite, puisque le même phénomène s'observe chez les Roms, par exemple. La première caractéristique commune chez le public des mineurs marocains est l'absence totale de liens avec les institutions françaises et leur marginalisation. La seconde caractéristique est que la plupart ont pour projet de gagner de l'argent, soit dans un objectif de survie, soit dans le but d'aider un membre de leur famille, le plus souvent leur mère ou les deux. Beaucoup d'entre eux vivaient dans des milieux sociaux modestes ou appartenaient à la classe moyenne et leurs parents ont subi un accident de la vie (séparation, perte du travail, grave maladie) mettant en péril les finances peu solides de la famille. L'absence de filet de protection sociale au Maroc est un facteur aggravant la situation de leurs familles. D'ailleurs, la plupart ont quitté l'école très jeune et ont commencé à travailler petit au Maroc. Il ressort également que beaucoup d'entre eux vivaient dans des quartiers populaires et dangereux. Un autre trait commun aux jeunes est la consommation de cannabis dans des quantités assez importantes, initiée depuis leur enfance au Maroc. Pour certains elle s'ajoute à la prise d'autres substances telles que psychotropes, alcool, ecstasy, cocaïne, crack. Du fait de leur addiction aux drogues, leur placement dans un foyer est difficile. Ils sont donc amenés à vivre directement dans la rue, dans des squats, ou des connaissances. Bon nombre de mineurs marocains et algériens vivent dans des squats, sans forcément être connus des services de l'Etat, mais ne fréquentent pas Barbès car ils savent qu'ils peuvent y être interpellés sans cesse et sans motif.

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Deux éléments ont accéléré la prise de décisions par les services de l'Etat pour mettre en place, en premier lieu, un dispositif de prévention et de médiation :

- la présence de mineurs particulièrement petits. On pourrait donner à certains de ces enfants l'âge de 7 ans. Mais ils sont en réalité légèrement plus âgés. Leur développement intellectuel et physique est gravement freiné par leur mode de vie. Il n'en reste pas moins que ce sont des enfants

- la concentration dans un square devenu leur espace de vie, provoquant d'importants troubles du voisinage

Suite à plusieurs pétitions des riverains enjoignant la Mairie du 18ième arrondissement à agir en urgence, ainsi que de nombreux reportages télévisés et articles de presse sur le sujet, la Mairie de Paris a, dans un premier temps mandaté deux organismes : l'association Hors-La-Rue et l'entreprise d'intérim TAGA SOCIAL. L'objectif était de placer des éducateurs / médiateurs sur le terrain l'après-midi tous les jours de la semaine pour aider les jeunes du square Baschung. Les responsables de ces organismes avaient aussi pour mission de faire un diagnostic de la situation sur le terrain et des recommandations. Pour ma part, après un entretien avec la responsable de TAGA, j'ai fini par refuser un poste de travailleur social sur le terrain car la mission ne cadrait pas avec mes convictions politiques et personnelles. J'ai préféré faire ce travail bénévolement. Ma position privilégiée, si j'ose dire, vis-à-vis des pouvoirs publics, me permet d'avoir un regard critique et d'être indépendant sans agir toutefois comme un électron libre, mais en réseau avec des avocats, des défenseurs des droits de l'homme, des collectifs de défense des étrangers, et des militants contre la répression policière. Ma présence a d'ailleurs gêné l'ensemble des acteurs sur place.

Nadia : Suite à ton diagnostic initial, par quoi a tu débuté ton intervention auprès des MNA Marocain ?

Fatiha : Au début de mon intervention, mes actions ont été de trois ordres :

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- répondre aux besoins alimentaires et sanitaires

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- permettre l'accès aux soins - faciliter l'accès aux droits

J'ai été choquée de constater que les droits fondamentaux de ces enfants étaient bafoués. Il m'a semblé logique de répondre aux besoins vitaux de ces jeunes à la rue. Quand je suis arrivée dans le quartier, ils étaient environ une quarantaine. En accord avec la responsable et les éducateurs de TAGA, nous avons mis en place une distribution alimentaire dans le square. C'étaient des éducateurs de TAGA qui allaient chercher une cinquantaine de sachets contenant des chips, un sandwich, une bouteille d'eau, une briquette de jus et un paquet de mouchoirs.

Cette distribution n'était possible que lors des jours d'intervention de TAGA. Les autres jours, à savoir le mardi et le jeudi, étaient les jours d'intervention de Hors-la-Rue qui ne souhaitaient pas de distribution alimentaire au motif que " ce n'était pas éducatif et que les jeunes avaient de l'argent plein les poches ".

Avec TAGA, nous pensions au contraire que ces repas donnés dans l'après-midi vers 15h avaient plusieurs intérêts : ils assuraient partiellement les besoins alimentaires des jeunes, et permettaient un moment d'échange et de convivialité entre les jeunes et les éducateurs. A ce moment-là, les éducateurs étaient quasiment dépourvus de moyens. Ils avaient un petit budget pour l'achat de médicaments. Ainsi, ils ne pouvaient pas répondre aux demandes alimentaires des jeunes ni proposer des activités payantes telles que piscine, cinéma...comme le souhaitaient certains d'entre eux. Cela aurait pu pourtant les faire sortir du quartier de la Goutte d'Or et du square Baschung en particulier. Je me souviens que les éducateurs de TAGA se plaignaient beaucoup de l'absence de moyens et qu'ils n'avaient pas le sentiment d'être écoutés par les représentants institutionnels lors des réunions organisés chaque semaine par la Mairie de Paris. Je me souviens aussi que la responsable des éducateurs de TAGA était très ambitieuse pour les jeunes et avait commencé à contacter plusieurs associations pour répondre à l'ensemble des besoins. Mais elle était freinée par la Mairie qui était son financeur.

Mon premier sentiment, qui s'est conforté par la suite, fut un manque de volonté politique vis-à-vis de ce public. Je veux dire qu'il n'y a jamais vraiment eu, à mon sens de vrai politique de

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la jeunesse ni de grand projet socio-culturel conçu pour le public des mineurs marocains. Pourtant, le quartier de la Goutte d'Or est un quartier qui est classé sensible et est une zone prioritaire en matière de politique de la ville. De nombreuses associations y sont installés dans de nombreux domaines : sport, culture, alphabétisation, ...L'axe de la prévention n'a pas été assez travaillé. J'ai vu des jeunes se radicaliser dans la délinquance, poussés par des mauvaises fréquentations dans le quartier ou s'enfoncer dans la toxicomanie. De nombreuses portes leur ont été fermées au motif qu'ils étaient étrangers. Des éducateurs de TAGA très expérimentés ont activé leur réseau pour demander l'accès à des structures parisiennes de loisirs et de sport mais leurs démarches ont été bloqués. Ils ont d'ailleurs fini par démissionner. Le turn-over chez les éducateurs de TAGA était relativement important. Il était très intéressant pour moi de travailler avec les éducateurs de TAGA, qui faisaient souvent appel à moi. Ils étaient tous arabophones et m'aidait aussi dans les relations avec les jeunes, notamment pour leur traduire le système du droit des mineurs étrangers. Je me fais également aider par des adultes algériens, que je fais venir parfois au square.

Le fait que je ne parle pas arabe est un sérieux handicap dans ma tâche d'accompagnement. Les jeunes qui viennent vers moi sont souvent enthousiastes quand je leur dis que je suis d'origine algérienne mais sont déçus de ne pas pouvoir parler en arabe avec moi. Il y a beaucoup de jeunes qui, dès le départ, ne me font pas confiance à cause de la barrière de la langue. Ils le disent entre eux d'ailleurs car je comprends certaines fois des phrases comme :" Non ne lui dis pas où tu vas dormir ce soir. ..." . Mais je comprends leurs réticences. Ces réticences s'amenuisent chez certains au bout d'un certain laps de temps. D'ailleurs c'est quand tu es arrivée que les choses ont été beaucoup plus faciles, surtout avec les petits. Avec les plus âgés, la confiance a été bien plus facile à mettre en place.

Avec les éducateurs de Hors-la-Rue il n'y avait aucun contact sur le terrain. Aucun éducateur ne venait vers moi pour savoir ce que je faisais. Je pense que pour eux, j'entravais leur mission. Il arrivait que des jeunes se détournaient d'eux quand ils me voyaient, ce qui pouvait provoquer des petites tensions.

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Pour revenir à la question de la sécurité alimentaire, notre association a été sollicitée par un fonctionnaire du cabinet de la Maire de Paris pour apporter directement les repas. Mais cette option n'était pas possible de notre côté, faute de bénévoles disponibles l'après-midi.

La Mairie a alors mis en place un autre système en permettant aux jeunes l'accès à un restaurant le soir ouvert aux sans-abri situé trois stations de métro plus loin. Les jeunes devaient être accompagnés d'un éducateur. En pratique, cette solution a échoué, notamment car les éducateurs n'étaient pas assez nombreux et devaient aussi assurer au même moment les accompagnements aux commissariats à des fins de mise à l'abri pour la nuit.

En ce qui concerne l'accès aux soins, elle a été une priorité pour l'association. Nous avons découvert là encore sur ce plan une situation sanitaire catastrophique. Sur le plan dermatologique d'abord : par manque d'hygiène, les jeunes étaient touchés par des problèmes de gale, parfois surinfectés, ils avaient toujours des plaies également dans un très mauvais état. L'accès aux soins dermatologiques est un vrai casse-tête. Plusieurs fois, l'hôpital Lariboisière a refusé les jeunes qui se présentaient seuls à l'hôpital. Cela me surprend parce que dans le cas de la gale, c'est contagieux. Il fallait systématiquement retourner à l'hôpital avec eux et négocier leur prise en charge, puisqu'ils n'avaient ni pièce d'identité ni carte de sécurité sociale. C'était donc systématiquement à nous de financer les médicaments, parfois très onéreux, prescrits sur l'ordonnance. Nous avions aussi à traiter les séquelles physiques des scarifications.

Sur le plan psychique, c'est toi qui par ta patience, a pu convaincre des mineurs de se faire suivre dans des unités d'addictologie. Là-aussi, la prise en charge a été bloquée, alors que théoriquement un enfant en danger devrait bénéficier, avec l'aide des services sociaux hospitaliers, d'un accès immédiat aux soins, que ce soit à l'hôpital ou tout autre centre médical. Pour ma part, je ne suis pas convaincue de la qualité des soins psychiatriques en France mais cela reste un avis personnel. Tous les marocains et algériens devenus majeurs que j'ai rencontrés et qui avaient réussi à se sevrer du cannabis et du Rivotril l'ont fait seuls, sans recours à des médicaments de substitution.

Sur le plan dentaire, absolument rien n'est prévu. Ils ne bénéficient d'aucun suivi. Leur santé bucco-dentaire est clairement pour la plupart négligée par les institutions, qui bloquent l'accès

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aux soins. C'est le cas de l'hôpital La Pitié Salpêtrière, seul hôpital parisien à assurer les urgences dentaires. Enfin sur le plan général, les jeunes étant confrontés à de la violence quotidienne, nous avons dû les accompagner pour des urgences telles que : fractures de la mâchoire, mains, clavicules, agressions au couteau ...Ces problématiques d'accès aux soins ne sont toujours pas réglées aujourd'hui. C'est un véritable scandale.

Hier encore, dans l'après - midi, un jeune présentait des symptômes grave de surdose médicamenteuse : violents maux de tête, vomissements ...Nous l'avons accompagné chez un pharmacien maghrébin qui est devenu un de nos partenaires dans le quartier. Il ausculte les jeunes et grâce à son charisme et son comportement bienveillant et paternel, arrive à les convaincre d'aller à l'hôpital quand la situation est trop grave. C'est un gros avantage d'avoir un partenaire comme cela. Aujourd'hui notre association suit plusieurs cas, faute de suivi par les autres institutions :

- un jeune qui a subi une importante fracture de la clavicule. L'accès aux soins de rééducation va être un véritable problème.

- une mineure enceinte sans suivi gynécologique et qui consomme de la drogue telle qu'alcool et qui n'a pas arrêté la cigarette.

- un jeune ayant des infections bucco-dentaires.

L'accompagnement aux soins est très chronophage mais c'est une priorité. Comme j'ai fondé il y a quelques années une association d'accès aux soins pour les Maghrébins, je connais les arcanes du système d'accès aux soins, les blocages. Le monde médical n'est pas épargné par le racisme. Beaucoup de jeunes s'en plaignent.

Il est possible que la Mairie de Paris via le CASP ait mis en place des facilités d'accès aux soins. Mais soit les jeunes ne les connaissent pas, soit ils ne veulent pas être accompagnés des éducateurs du CASP. Une solution serait de mettre en place des maraudes sanitaires gérés par des organismes tels que Médecins du Monde, Médecins Sans Frontières, Croix-Rouge comme

dans certains camps de migrants.

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Notre rôle auprès de tous ceux qui arrivaient était de leur expliquer et faire valoir leurs droits.

Dans le quartier, il n'y a aucun point fixe d'accueil et d'orientation des migrants. Donc je me considère un peu comme un bureau mobile d'information parfois, en sillonnant les rues du quartier. Les nouveaux arrivants savent qu'en tant que mineur isolé, ils peuvent bénéficier d'une protection particulière mais ils ne savent pas les points d'accès, comment ça marche.

Car il faut savoir que pour l'ensemble des mineurs non accompagnés et a fortiori pour les marocains, le dispositif d'entrée dans le système de protection de l'enfance est complexe. Ils doivent passer des entretiens où ils sont obligés de raconter immédiatement leur enfance, leur histoire, leur parcours d'immigration alors que beaucoup ont subi des traumatismes. S'ils sont refusés lors du premier entretien, ils doivent faire un recours auprès du Juge pour Enfants. C'est une démarche qu'ils ne font jamais. Convaincre un juge que l'on est un enfant en danger n'a aucun sens.

La mise en place d'un abri adapté à leur situation par la Mairie de Paris est d'ailleurs une excellente chose. Le problème est qu'ils doivent quitter cet abri très tôt le matin, le confort est tout à fait rudimentaire. L'esprit du projet d'accueil de nuit est d'être un tremplin vers le dispositif de droit commun. Mais ce n'est pas en un mois que les jeunes vont subitement basculer d'une situation de rue à une situation de foyer classique. Cela marche bien sûr pour certains cas, mais pas pour la plupart.

Les autres aspects sur lesquels nous faisons valoir leurs droits sont le droit à la scolarité. Pour exemple des jeunes qui étaient à la rue au départ et qui ont réussi à intégrer l'Aide Sociale à l'Enfance ont été scolarisés au bout d'un voire deux ans ! Là-aussi nous sommes obligés d'intervenir directement auprès des services académiques à la place des éducateurs référents.

Un autre aspect fondamental concerne la défense de leurs droits lorsqu'ils sont inculpés. Certains jeunes nous confient leurs convocations devant la justice après avoir fait de la garde à vue et déféré au Parquet. Compte tenu des risques de ne pas se représenter devant le Juge, nous insistons pour qu'ils aillent au tribunal, si nécessaire en les accompagnant physiquement, en leur indiquant que, en France, la justice a pour principe de protéger les mineurs.

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Néanmoins, comme des mineurs, très jeunes et très fragiles, ont écopé de lourdes peines pour des délits mineurs (par exemple, un mineur de 15 ans avait été condamné à 8 mois de prison ferme pour un vol de portable), nous tenons à ce que, comme tout citoyen en France, ils bénéficient d'une défense de qualité qui tient compte de leurs parcours. En effet, les avocats commis d'office n'ont aucune connaissance de ce public et n'étudient le dossier qu'à la dernière minute sans pouvoir apporter aucune pièce au dossier tels que des passages à l'hôpital pour consommation de drogue. Cela a un coût mais c'est primordial que les mineurs soient bien défendus et orientés vers des mesures de réparation et éducatives adaptées.

Nadia : Comment se passe la coordination avec les autres acteurs de terrain ?

Fatiha : Comme je te disais, au départ, je me coordonnais très bien avec les éducateurs de TAGA : nous agissions ensemble sur la problématique des besoins primaires et urgents. Il y avait les repas que les éducateurs venaient chercher au local de notre association, nous allions aussi ensemble faire les mises à l'abri au commissariat vers 19h/20h, avec Taga ça marchait assez bien et on avait beaucoup de jeunes qui suivaient. Et on se relayait aussi pour rester à l'hôpital avec les jeunes. Les éducateurs de Taga ne laissaient jamais un jeune seul à l'hôpital, même s'il en avait pour plusieurs jours. L'intérêt de travailler avec Taga, c'était que même quand un jeune passait dans une autre institution il continuait à être suivi. Par exemple, sur le terrain, il y avait plusieurs jeunes qui étaient à la rue toute la journée mais étaient placés à l'Aide Sociale à l'Enfance. Ils retournaient dans leur hôtel le soir. Ils étaient quand même assez jeunes. Ce sont des jeunes qui ne souhaitaient absolument pas être en foyer, mais qui finalement somatisaient et déprimaient dans leurs chambres , et le suivi éducatif était insuffisant. finalement nous nous sommes mis directement en contact avec leurs éducateurs. Les éducateurs de l'ASE du 93 étaient très coopérants et soulagés de notre présence qu'ils considéraient comme un relais institutionnel, tandis que les éducateurs de l'ASE du 75 , le SEMNA , étaient complètement fermés, inaccessibles.

La coordination avec Hors-la-Rue , s'est pour ma part , mal passée. Ils se sont positionnés clairement comme concurrents et non comme des acteurs complémentaires. Ils ont cherché à nous fermer des portes, et je trouve cela inadmissible.

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S'agissant du CASP, cela dépend des éducateurs. Mais avec la Direction, il n'y a quasiment aucune collaboration. Je leur envoie des alertes, mais je n'ai aucun retour. De toute façon c 'est difficile en pratique de coopérer, car nous n'avons pas les mêmes identités des jeunes. Certains jeunes ne veulent pas que l'on parle de certains de leurs problèmes aux éducateurs du CASP, et ils font probablement la même chose avec le CASP vis-à-vis de moi. En tout cas je relève pour ma part , une méfiance de plus en plus grande des jeunes vis - à vis du CASP et je suis personnellement en manque de confiance vis-à-vis de cette institution financée à 100 % par la Mairie de Paris.

Au début , lorsque le Directeur du CASP a présenté son dispositif, il a précisé que l'objectif final était le retour des jeunes chez leur famille au Maroc. A partir de là, j'ai compris que le dispositif du CASP était du court-termisme. Le fait que le CASP procède à du tri parmi les jeunes est un réel problème. Je suis en désaccord avec cette politique d'évaluation de la minorité. Tout migrant a droit à une protection.

Avec le Chef de projet de la Mairie , en charge notamment de la coordination entre les acteurs, nos relations , tendues au départ se sont améliorés. Il s'est opposé à ce que nous mettions à disposition des jeunes des avocats . or, c'est un droit pour tout mineur de disposer d'un avocat. Le Chef de projet est à la fois partie prenante dans le processus de suivi des jeunes mais il est aussi dépendant d'une politique.

Et pour l'instant tout ce que j'ai vu de cette politique se résume à une fermeté vis-à-vis des migrants : toujours plus de police, aucun jeune n'a été régularisé, y compris ceux installés dans un processus de formation. C'est l'inconvénient du dispositif, en mettant en place des mesures spéciales pour les MNA marocains , il contribue à les ficher et les stigmatiser si bien qu'ils finissent par être trop connus des services de police et de la préfecture comme les " mineurs toxicomanes de la Goutte d'or " . Les Algériens du quartier n'ont pas ce problème. Mais ils bénéficient davantage de la solidarité de la communauté des sans-papiers algériens . Du coup lorsqu'ils rencontrent des problèmes avec la police , ils sont finalement parfois mieux protégés que les marocains par la justice française et certains arrivent à avoir un titre de séjour même en ayant eu des problèmes de délinquance. Tout ceci me fait dire qu'il y a un enjeu politique international derrière impliquant directement les plus hautes autorités marocaines et françaises.

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Nadia : Que penses-tu de la prise en charge en Suède et en Espagne ?

Fatiha : Je n'y connais pas grand-chose, à part les retours de jeunes. Pour la Suède, je suis en contact régulièrement avec Sooi de l'association Habibi comme tu sais, elle connaît beaucoup des jeunes qui sont à Paris car ils avaient bénéficié d'une prise en charge auparavant en Suède. Quand je l'écoute, j'ai le sentiment que la Suède est beaucoup plus en avance que la France, et que les acteurs institutionnels sont plus en étroite coordination et bienveillants. Les jeunes aussi me disent tous que la Suède est bien mieux que la France, d'ailleurs ils parlent très bien le suédois, alors que beaucoup de jeunes marocains peuvent rester à Paris des mois et des mois voire plus d'une année sans parler français. C'est la même chose pour l'Espagne. Les jeunes sont souvent très fiers de me montrer qu'ils parlent très bien l'espagnol. Ils me montrent des photos aussi de leur séjour en Suède ou en Espagne, et là je constate à l'examen de ces photos qu'ils sont beaucoup plus épanouis, et mieux pris en charge. La différence est édifiante. Ceci est pour moi la démonstration claire qu'en France, le problème ce n'est pas eux mais bien les institutions et la société en général, contrairement au discours dominant. La France n'est pas vraiment une terre d'accueil pour eux, et au-delà des dysfonctionnements institutionnels, il y a un réel problème de racisme anti arabo-musulman.

J'ai eu également l'opportunité de me rendre en Espagne, à Madrid et à Barcelone. J'ai rencontré des militants pour la protection des droits des MNA mais je n'ai pas assez de connaissances sur l'Espagne. A Madrid, il y a pas mal de jeunes en squat aussi, et à Barcelone la police est omniprésente. Néanmoins j'ai vu des jeunes qui avaient pu monter un vrai projet même après un parcours chaotique.

Nadia : selon toi serait-ce une bonne chose d'aller vers une uniformisation européenne des systèmes de protection des MNA ?

Fatiha : Cela ne fait aucun doute pour moi que les États doivent aller vers plus d'uniformisation à condition de s'aligner sur les meilleures politiques. Avant cela l'Europe, elle le fait peut-être déjà, doit échanger sur les meilleures pratiques. Ça suppose que les différentes associations ou structures soient transparentes sur leur mode de fonctionnement, leurs statistiques. Or, si l'on prend l'association CASP, mandaté par la Mairie de Paris pour l'accueil et l'orientation des

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MNA marocains, il n'existe aucun rapport public, ne serait-ce que pour mesurer le nombre de jeunes accueillis, ceux qui ont rejoint le dispositif de droit commun, ceux qui ont été incarcérés...Cela n'est pas normal car d'abord il s'agit d'argent public, et les responsables peuvent dire ce qu'ils veulent sans être contrôlés ou du moins sans que cela ne tombe dans le débat public. Une association comme Hors-la Rue, qui reçoit aussi des fonds publics pour des missions à caractère régalien, est quant à elle beaucoup plus transparente. Pour notre association, nous ne fonctionnons qu'avec des fonds privés et nous manquons de bénévoles expérimentés pour être à la fois sur le terrain et rédiger tous les rapports d'intervention.

L'uniformisation doit concerner les modalités d'évaluation, les instances de contrôle, les modalités d'accueil, les systèmes de scolarisation É Il faut, comme en Espagne, donner la possibilité au jeune de bénéficier d'un titre de séjour de courte durée à son arrivée, pour lui donner accès aux principaux services publics : hôpitaux, école, transports. Ceux qui ne veulent pas donner leur identité devraient quand même bénéficier d'un titre de circulation officiel qui montre qu'ils sont suivis.

Enfin, les pays européens doivent sérieusement se poser la question de la sécurisation des parcours migratoires au sein de l'Europe car il en va de la sécurité des mineurs. Le passage des frontières fait prendre des risques aux mineurs et ils peuvent s'exposer à des problèmes de traite des enfants.

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