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MEMOIRE PRESENTE
POUR OBTENIR LE TITRE MASTER SPECIALISE DE
KEDGE BUSINESS SCHOOL
ECOLE DE COMMERCE ET DE MANAGEMENT
SPECIALITE : MANAGEMENT DES ACHATS INTERNATIONAUX ET
INNOVATION
PAR M. Ilyass Mohammed SMIMID
L'impact d'une crise économique sur la relation
fournisseur - acheteur
Tuteur : M. Jean-Marc ANDRE
Membre du jury :
M. ANDRE, Jean-Marc Directeur de la recherche Tuteur
Ecole
Nationale Supérieure de Cognitique (ENSC)
Remerciements
Ce travail n'aurait pas
été possible sans l'aide d'un certain nombre de personnes que je
tiens à remercier vivement.
En premier lieu, je tiens à exprimer mes
sincères remerciements au Professeur Jean-Marc ANDRE, mon tuteur de
mémoire, pour sa disponibilité, ses conseils avisés et son
exigence qui ont largement contribué à faire de ce travail ce
qu'il est aujourd'hui.
Je souhaite exprimer toute ma reconnaissance à mon
oncle Redouan Smimid, qui en dehors de sa disponibilité a
été le premier à croire en mon projet. Je n'oublierai pas
la précision de son coaching et son soutien durant toute cette
période.
Comment remercier l'aide de Sandrine qui a su me guider
dans la rédaction de mon mémoire et finalement me transmettre un
peu de son savoir et de son enthousiasme littéraire.
Il y a toujours des facteurs déclencheurs à
une telle démarche, alors merci à Laetitia pour m'avoir
incité dans cette voie.
Je remercie l'ensemble des experts sollicités pour
leur ouverture d'esprit et la richesse des informationsrecueillies.
Je n'oublie pas l'ensemble de ma famille qui m'a permis de
m'investir dans ce projet en comprenant mes moments d'absence.
Title: The impact of an economic downturn on
supplier - buyer relationship.
I. Abstract
Managing a relationship has never been easy, because it
depends on the willingness of two or more parties to develop and maintain it.
Many factors can at any time prevent continuity, such as cultural difference,
conflict of interest, impact of an external element etc. In a business context,
the interdependence of stakeholders has generated many relationships through
the exchange of flows.
This memory will focus on the supplier -buyer relationship and
how it is impacted during a recession.
Our study is based aroundthree parts.The first
part shows the bibliographical research about the evolution of
supplier - buyer relationship through an economic downturn. The second
partpresents the research method chosen and how the questionnaire has
been made?Finally, the third partis fully dedicated to the
expert interview analysis and recommendations of best procurement practices to
maintain a robust relationship with suppliers during an economic decline.
Keywords :
Supplier
Buyer
Relationship
Evolution
Economic downturn
Procurement
Lexique
Lean Management :Méthode d'organisation
pour éviter le gaspillage.
Cost killer :Concept de réduction des
coûts.
Subprimes : La crise des subprimes est une
crise financière qui a touché le secteur des
prêts hypothécaires à risque aux États-Unis à
partir de juillet 2007.
LME : Loi de modernisation de
l'économie.
DPN : Développement des Produits
Nouveaux.
CDAF : Compagnie de dirigeants et acheteurs
de France
VA/VE : Value Analysis and Value
Engineering,est une méthode qui focalise sur la conception au service du
coût total du produit basée sur l'analyse fonctionnelle du produit
et processus.
FERMA :Federation of European Risk
Management Associations.
Sourcing :L'action menée par
l'acheteur afin d'identifier les fournisseurs susceptibles de répondre
à son besoin.
ROI :Return on investment, en
français retour sur investissement.
NDA : Non-disclosure agreement en
français accord de confidentialité.
Open market : Marché
ouvert.
Front line agents : Les agents de
première ligne.
Middle managers : Les cadres
intermédiaires.
ADRA : Association des directeurs et
responsables achats
TABLE DES MATIERES
I. Introduction
générale
3
II. Bibliographie
académique
4
1. Analyse du portefeuille Achat
4
1-1 Les stratégies achats
(Kraljic)
5
2. La segmentation fournisseur
5
3. Les types de relations fournisseur -
acheteur
6
4. L'organisation du management des
relations
8
5. Le mode de management des relations
client-fournisseur
10
6. Développement de la confiance dans
la relation fournisseur - acheteur
12
7. La gestion des risques
14
7-1 Définition de la gestion des
risques
14
7-2 Le rôle des acheteurs dans la
gestion des risques
15
8. Les outils de gestion des risques
fournisseurs
15
8-1 Identification et classification des risques
Achat
16
8-1-1 Les risques économiques
17
A. Les risques macro-économiques
17
B. Les risques Pays
19
8-1-2 Les risques financiers
19
8-1-3 Les risques industriels et
qualités
20
8-1-4 Les risques liés au domaine
légal
21
8-2 L'évaluation et la priorisation
des risques fournisseurs
21
8-3 La mise en place du plan d'action
22
8-4 Le suivi et le contrôle de la
maitrise des risques fournisseurs
23
9. Conclusion de la première
partie
24
III.
Méthodologie de recherche
25
10. Origine de la recherche
25
11. Choix de la méthode
d'enquête
26
12. La méthode DELPHI
27
12-1 Les étapes de la méthode
DELPHI
27
13. Le guide d'entretien
30
13-1 La construction du guide d'entretien
30
13-2 Mode d'administration du guide
d'entretien
32
14. Les fiches de synthèse
33
15. Conclusion de la deuxième
partie
33
IV. Les
résultats de l'enquête
34
16. Thème : Organisations et
stratégies Achats
34
16-1 Sous thème : Organisations
Achats
34
16-2 Sous thème :
stratégies Achats
36
17. Thème : La fonction Achat
face à la crise
37
17-1 Sous thème : Le début
de la crise
37
17-2 Sous thème : L'impact de la
crise sur les fournisseurs
39
17-3 Sous thème : les
priorités de la fonction Achat en période de crise
41
17-4 Sous thème : La gestion des
risques fournisseurs
43
17-5 Sous thème : L'impact de la
crise sur la relation fournisseur - acheteur
44
18. Thème : La relation
fournisseur - acheteur après la crise
47
V.
Présentation du guide pratique
50
Préconisation 1 : Renforcer la
communication
50
Préconisation 2 : Accélérer la
digitalisation de la fonction achat
51
Préconisation 3 : Diversifier les sources
51
Préconisation 4 : Maintenir un bon niveau de
stock de sécurité
52
Préconisation 5 : Développer
l'agilité
52
Préconisation 6 : Mettre en place une cellule
de crise
53
Préconisation 7 : Instaurer la confiance
fournisseurs
53
Préconisation 8 : Intégrer
l'intelligence artificielle
53
VI. Conclusion
générale
55
Bibliographie
57
Les fiches de synthèse
60
Listes des figures
71
II.
Introduction générale
Le contexte économique mondial est devenu de plus en
plus instable et incertain. Entre la concurrence acharnée, lesconflits
politiques, les crises économiques, les catastrophes naturelles et
plusieurs autres enjeux. La force d'adaptation ainsi que la gestion des risques
sont aujourd'hui les éléments clépour les entreprises afin
de préserver leurs activités, croissance et
pérennité.Une telle complexitéa ainsiobligé les
entreprises à développer des stratégies collaboratives
visant le rassemblement des ressources et le partage d'un flux important
d'information à travers des systèmes intégrés.Ceci
a crééplusieurs fromes de dépendance entre les
différents acteurs de l'économie. Formant ainsi un système
interconnecté reposant sur plusieurs maillants connus sous le
terme« Mondialisation ».
L'adaptation au changement que les organisations ont connu,
s'est étendu sur toutesles fonctions de l'entreprise.La fonction achat
principalement a subi des phases d'évolution différentes parfois
complexes, impliquant ainsi une évolution sur la relation
fournisseur-acheteur.
Afin de mieux comprendre l'origine de la conjoncture
économique actuelle et remettre les choses dans leur propre contexte, un
retour dans le temps nous donnerait un éclairage.
LesTrente Glorieuses, depuis 1946 jusqu'à 1973.Un
marché caractérisé par une demande supérieure
à l'offre, c'était l'euphorie économique, tout ce qu'on
produisait était vendu pour assouvir les besoins d'une demande toujours
insatisfaite,ceci revient principalementaux séquelles dramatiques de la
deuxième guerre mondiale qui a tout détruit.L'objectif ultime
donc était d'acheter pour produire, donnant naissance alors à
deux célèbres courant économiques(Taylorisme, Fordisme).
Pendant cette périodela fonction Achat se résumait à
« acheter pour produire » (Potage, 2016).
Coût d'achat +
Coût de production + Marge = Prix de vente
La marge est fixée par le producteurdurant la
période 1946 - 1973
1973-1995: Nous sommes en plein choc pétrolier et les
paradigmes s'inversent. La demande n'est plussupérieure à
l'offre, le prix de venteest doncfixé par le marché.La crise des
années 70a ralenti la croissance économique, mettant fin à
l'époque du gain de productivité. Les années 80, le Japon
en pleine expansion industrielle, propose une nouvelle forme d'organisation
avec le puissant modèle Toyota, visant une bonne maitrise des
coûts à travers plusieurs techniques : cinq
zéro(stock, délai,
défaut, panne, papier),les 5S, le lean Mangement etc. A
ce moment, l'Europe s'est beaucoup inspirée du modèle japonais,
nous nous trouvons dans une situation de marché saturé, ouvert et
très concurrentiel.La fonction Achat se transforme ainsià «
acheter pour vendre »,Les a
chats deviennent alors une fonction stratégique
constituant un levier de productivité et de compétitivité
pour maintenir et améliorer les marges des entreprises d'autant plus
qu'il n'était pas rare de constater la constitution des coûts
achats à hauteur de 60% du chiffre d'affaire de l'entreprise.Les
acheteurs et afin de répondre aux besoins de leurs entreprises, sont
devenusdes négociateurs de métier, connu sous le termede
« Cost killer » allant gratter le moindre centime chez
leurs fournisseurs qui agonisent.Sans pitié la relation fournisseur -
acheteur se transforme envéritable rapport de force induisant dans la
plupart des cas à une relation à court terme.
Prix de vente - Coût d'achat - Coût de
production = Marge
La marge est imposée par le marché 1946 -
1973
1995-2019 :Suite à la faillite d'un bon nombre de
fournisseurs,et la crisefinancière de 2008 et l'émergence des
pays à bas coût, le marché a connu un
déséquilibre importantallant à l'encontre des objectifs
des acheteurs qui à travers leurs comportement « Cost
killer » ont favoriséindirectement le monopole de quelques
fournisseurs en éliminant leurs concurrents.Pour stopper
l'hémorragie,plusieurs lois sont venues réguler ce rapport de
force. En France par exemple, la loi LMEpromulguée en 2008 a
été créée pour fixer et respecter les délais
de paiement et préserver ainsi la trésorerie nécessaire au
bon fonctionnement des fournisseurs. L'introduction en 2012 de la
médiation inter-entreprises par la CDAF,pour créer une relation
équilibrée et durable.Désormais,Fini l'époque de
l'acheteur chasseur de coût,et bienvenue à l'acheteur responsable
qui certes, va toujours versun objectif de réduction de coût mais
cette fois en prenant en compte la santé financière de
sonfournisseur, la dimension stratégique de la relation,
l'interdépendance des stratégies des entreprises clients -
fournisseurs, voir même une contribution à la protection de
l'environnement. Une nouvelle vision s'instaure, faisant apparaitre plusieurs
formes collaboratives, telles que : Innovation, intégration des
fournisseurs dans le processus deDPN, amélioration continue de la
qualité, VA/VE etc.La fonction Achat en ce moment est en pique de
maturité, elle devient force de proposition et de
créativité.On parle alors de « acheter pour
innover ».
2019-2020 : La relation fournisseur - acheteur est
à l'épreuve de la crise sanitaire mondiale
générée par le virus Covid19 qui a vu le jour en
Chineaudébut de décembre 2019, créant des risques majeurs
de continuité des chaines d'approvisionnements. Cette pandémie
sans précédent a mis à rude épreuve la relation
fournisseur - acheteur conduisant les acheteursà mieux cerner les
risques auxquels leurs entreprises se voit exposer.
Si on revient à la succession historique des
événements, on constate que la relation fournisseur - acheteur a
depuis toujours été mouvementé par un
élément commun, une crise économique qui s'est
déguisée endifférentsmasques à savoir :
deuxième guerre mondiale, le choc pétrolier, la crise
des Subprimes et aujourd'hui la crise sanitaire.Plusieurs
questions se posent,n'y a-t-il pas une recetteAchat de gestion de crise ?
Comment les directions Achats gèrent elles les risques ? Les
acheteurs ont-ils tiré les leçons des crises
précédentes ? A quelpoint une entreprise est capable de
soutenir ses fournisseurs stratégiquesen période de
récession ?
Toutes ces questions vont nous permettre de formaliser notre
sujet de recherche : l'impact d'une crise économique sur la
relation fournisseur - acheteur.
Ce mémoire cherche à faire progresser la
manière dont la fonction Achat peut gérer la relation fournisseur
dans un contexte de crise économique pour en tirer le maximum de profit
tout en minimisant les conséquences négatives mettant en danger
la pérennité de l'entreprise.
Le plan de ce mémoire s'articule autour de trois
parties. La première partie traite ce que la
bibliographie académique aavancé au sujet de la gestion de la
relation fournisseur - acheteur.
La deuxième partie, fera l'objet d'une
étude empirique, elle présentera la méthodologie de
terrain, et enfin la troisième partie analyse les
résultats de l'enquête de terrain pour répondre à
notre question de recherche.
Première partie
III. Bibliographie académique
A travers l'introduction générale, nous avons pu
voir l'évolution historique de la fonction Achat,accompagnée par
une brève description des rôles et des responsabilités que
l'acheteur a endossés. Nous avons décrit le cadre de notre
mémoire à travers l'identification de la crise économique
comme élément déclencheur du changement dans la relation
fournisseur - acheteur.
Dans cette partie, nous allons aborder ce que la
littérature académique a avancé au sujet de l'impact d'une
crise économique sur la relation fournisseur - acheteur.
1.
Analyse du portefeuille Achat
Pour mieux cartographier le panel fournisseur et leur impact
sur les résultats de l'entreprise, la matrice de Kraljic(Kraljic, 1983)
propose une méthode de segmentation du portefeuille Achat afin de
comprendre le poids stratégique des différentes familles d'Achats
et les fournisseurs associés.
Figure 1 : La matrice de Kraljic
(kraljic,1983)
La matrice met en parallèle deux aspects :
- L'importance stratégique de la famille Achat en
ordonnée.
- La complexité du marché fournisseur en
abscisse.
1-1 Les stratégies achats(Kraljic)
Segmentation des types d'Achat
|
Importance stratégique
|
Recommandations des leviers Achats
|
Les Achats simples
|
Ces achats ont peu d'impact sur l'activité de
l'entreprise. Leur approvisionnement reste simple, comme par exemple les
fournitures de bureau.
|
Rationnaliser les produits, automatiser les processus et
contrôler les volumes.
|
Les Achats leviers
|
Ces achats ont un impact décisif sur le business de
l'entreprise mais leur approvisionnement reste également simple. Avec
les achats leviers, il y a une bonne marge de gains intéressantes.
|
Exploiter pleinement sa puissance achat en mettant par exemple en
concurrence les fournisseurs, en négociant ou en trouvant des produits
de substitution.
|
Les Achats critiques
|
Ces achats ont un risque business faible mais souffrent d'un
marché limité (faible nombre d'acteurs)
|
Garantir les volumes, piloter la relation fournisseur,
sécuriser les stocks et les approvisionnements.
|
Les Achats stratégiques
|
De ces achats dépend l'activité même de
l'entreprise, il s'agit souvent de ressources rares ou uniques, soit des achats
à fort enjeu pour l'entreprise.
|
Développer des partenariats fournisseurs, notamment via un
logiciel SRM, analyser le marché, envisager l'intégration
verticale.
|
Figure 2 : Les stratégies Achatselon la
matrice Kraljic
2.
La segmentation fournisseur
Une étude plus poussée de la segmentation du
portefeuille Achat selon la matrice Kraljic, nous permet d'identifierdeux types
de positionnementsfournisseurinfluençant ainsi la nature de la
relationavec l'acheteur, à savoir :
· Les fournisseursstratégiques :Les Achats
critiques - Les Achats Stratégiques
· Les fournisseurs non stratégiques : Les
Achats simples - Les Achats leviers
Fournisseurs non stratégiquesFournisseurs
stratégiques
Achats stratégiques
Achats leviers
Importance de l'achat
Achats critiques
Achats simples
Complexité des marchés
Figure 3 : Types de fournisseurs selon Kraljic
3.
Les types de relations fournisseur - acheteur
En 1983 Peter Kraljic (Kraljic, 1983) a défini deux
types de relations fournisseur - acheteur, en s'appuyant sur deux dimensions,
l'importance stratégique du produit acheté et la
complexité du marché fournisseur. Ce qui a permis de faire la
différence entre :
· Relationsstratégiques,relations
qui lient l'acheteur avec les fournisseurs stratégiques comme
défini précédemment, ce type de relation impose le
partenariat à l'acheteur puisque selon Kraljic, ce genre de fournisseur
entre dans l'écosystème du client, ainsi la raison d'être
de ce dernier dépend de ses fournisseurs stratégiques.
· Relations non stratégiques,
relations qui lient l'acheteur avec les fournisseurs non stratégiques,
comme il existe un bon nombre de fournisseurs dans le marché qui peuvent
répondre aux besoins de l'acheteur, ce dernier joue le rapport de force
en mettant ses fournisseurs non stratégiques en concurrence afin d'avoir
le bon rapport qualité-coût-délai.
A la fin des années 1990, le processus Achat est devenu
de plus en plus complexe (De Boer, 1998) ainsi la nature des produits
achetés n'est plus suffisante pour segmenter les fournisseurs. Des
recherches ont essayé de développer l'analyse de Kraljic en
ajoutant une nouvelle dimension liée au fournisseur lui-même et
à la relation qu'il entretient avec son client (Bensaou, 1999). Dyer,
(Dyer, et al.,1998) ont relié la caractéristique des produits
avec celle de l'interdépendance client - fournisseur.
Quasi marchés (relationstransactionnelles)
|
Quasi hiérarchies (partenariat stratégique)
|
Commodités
|
Produits personnalisés
|
Faible niveau d'interdépendance
|
Niveau élevé d'interdépendance
|
Figure 4 : Basée sur (Dyer, et al.,1998)
A travers cette étude on peut distinguerl'opposition
entre une relation fournisseur - acheteur transactionnelle, reposant sur
l'équilibre du marché, avec des liens faibles entre l'acheteur et
ses fournisseurs et une relation fournisseur - acheteur collaborative,
stratégique et partenariale, basée sur une forte relation de
coopération. Cette dichotomie transaction/relation trouve ses origines
d'un paradigme marketingrelationneldéveloppé depuis les
années 1990. Il est représenté par une continuité
relationnelle qui commence par la transaction pour aller vers la
coopération (Grönroos, 1994), (Day, 2000),(Anderson, et al,. 2004).
D'une part, l'acheteur et le fournisseur se contentent de l'échange de
produits à des prix compétitifs, d'autre part la relation se
développe sur la based'un relationnel coopératif. Il est
important alors « D'entretenir d'étroites relations avec les
fournisseurs, afin de créer mutuellement de la valeur, à
coût faible, à travers l'investissement durable dans la
coopération et la collaboration » (Sheth et al,. 2000).
Pour les acheteurs, convaincre leurs fournisseurs et
développer avec eux des relations solides pour pouvoir par la suite
partager les gains d'une collaboration efficace sont une mission difficile et
très coûteuse car cela demande un grand
investissementmatériel et humain. Il est donc intéressant de bien
distinguerles différentes relations pour adapter une stratégie
spécifique à chaque situation d'échange et de mettre en
place les plans d'actions pertinents qui leur sont associés. Afin
d'établir ce type de relation fournisseur - acheteur, l'entreprise
cherche à caractériser les éléments clés de
cette relation.Pour cela, ils doivent tenir compte des caractéristiques
du produit acheté, du processus de fabrication à mettre en
oeuvre, des enjeux financiers, de la complexité de l'ensemble de la
chaîne d'approvisionnement ou les capacités de l'acheteurà
influencer la façon dont le fournisseur fonctionne. Il existe plusieurs
méthodes, généralement sous des formes
différentes,
mais qui ont la même démarche
àsavoir,caractériser des segments technologiques et
économiques.
En 2010, Stéphane Nogatchewsky et Gwenaëlle
Nogatchewskyfont la distinctionentre trois types de relations fournisseurs -
acheteurs :
Ø Les relations stratégiques, avec une
complexité technologique élevée, des contraintes
économiques fortes, ainsi qu'une rareté de la ressource (un
nombre limité de fournisseurs, complexité de la chaine
d'approvisionnement). Dans ce cas, l'acheteurdoit sécuriser au mieux les
relations, avec une réduction du nombre de fournisseurs
approuvés. Mais, dans son souci de performance, l'acheteur doit aussi
promouvoir l'amélioration continue des leviers de
différentiations générateurs de productivités,
à travers des chantiers de type Kaizen, la réduction des cycles
ou la réduction des coûts menés chez le fournisseur. Dans
des secteurs technologiques de pointe, le client cherche aussi à
impliquer le fournisseur le plus en amont possible dans les programmes de
développement. Cette stratégie consiste à obtenir un
partage des risques associés (Coût de développement,
industrialisation...) entre client et fournisseur. (Nogatchewsky, et al,.
2010).
Ø Les relations tactiques, caractérisées
par un niveau de complexité technologique modéré, des
enjeux économiques importants mais un potentiel de sources offrant des
alternatives crédibles. A ce niveau, la stratégie de l'acheteurse
traduit par la mise en concurrence régulièredes fournisseurs.
Pour ce faire l'acheteur met en place des analyses comparatives et cherche des
opportunités potentielles sur le marché. L'acheteur peut alors
intégrer ses fournisseurs dans des processus d'amélioration de la
performance globale et leur adresserdes missions liées au levier de la
concurrence, sans pour autantconsacrer le même niveau d'implication que
dans le cadre de relations stratégiques. Son but est d'avoir
différentes sources qualifiées et ainsi de diviser pour mieux
régner. (Nogatchewsky, et al,. 2010).
Ø Les relations «open
market»caractérisées par des contraintesfinancières
plus ou moins élevés, mais qui ne présentent pas de
contrainte technologique et où la concurrence existe. Dans ce cas,
l'acheteurest en position de force pour tirer le maximum de profit à
traversl'effet volume par une mise en concurrence systématique et
à limiter les coûts du processus sourcing (à travers les
enchères inversées,la délégation, etc.). Ce sont
des contrats deroutine à court terme à moindre coût.
(Nogatchewsky, et al,. 2010).
4. L'organisation du management des
relations
L'organisation du management des relations n'est pas une
problématique nouvelle. Des recherches historiques au sein l'industrie
automobile en font preuve (Fabre et al., 2010) avancent que la
démarche de l'externalisation s'est
accompagnéepar une réflexion sur les structures
organisationnelles (où positionner les Achats ? quelle importance
donner à la direction des Achats ? Comment créer une
interaction efficace avec les autres fonctions de l'entreprise ?). Des
réflexions approfondies dans le milieu de l'industrie
aéronautique et automobile sur le sujet dans le sens où les
achats deviennent de plus en plus complexes et coûteux. Leur style de
management est structuré pour être en parfaite adéquation
avecles relations stratégiques. La mise en oeuvre de l'organisation
s'est ensuite orientée vers les relations tactiques et ensuite open
market.
On fait la différence généralement entre
trois niveaux hiérarchiques qui sont directement impliqués dans
lemanagement des relations client-fournisseur : les front line agents, le
middle management et
le top management.(Nogatchewsky, et al,. 2010).
Ø Les «front line agents» de l'acheteur et du
fournisseur cherchent à améliorer les résultats
opérationnels. Ils veulent un impact immédiat sur la performance
à travers des initiatives opérationnelles et
l'amélioration de la flexibilité. Ils collaborent sur la
résolution de problèmes qualité, logistiques et
l'optimisation des produits et processus de fabrication. Acteurs de terrain,
ils tirent leur efficacité d'une expérience partagée.
(Nogatchewsky, et al,. 2010).
Ø Les« middle managers» de l'acheteur et du
fournisseur concentrent leurs efforts sur l'optimisation et l'efficacité
des moyens à mettre en oeuvre. Par conséquent, Ils
cherchentà obtenir de bon résultats grâce à
l'intégration horizontale des stratégies et de moyens. Il s'agit
pour l'acheteur et le fournisseur de connecter les procédures et les
structures des deux entreprises afin d'avoir un bon impact sur la coordination
des actions envisagées. En particulier, c'est à ce niveau que se
pense l'intégration la plus poussée des processus du client et du
fournisseur.(Nogatchewsky, et al,. 2010).
Ø Enfin, les« top managers» de l'acheteur et
du fournisseur créent et formalisent ensemble la vision et les
objectifs. En remettant en question le statu quo, ils se basent sur la
motivation des hommes et mettent en placeles orientations à donner pour
assurer la réconciliation de leurs cultures et structures respectives. A
travers cette démarche, une collaboration dynamique peut se
développer dans la coopération client-fournisseur.(Nogatchewsky,
et al,. 2010).
C'est l'articulation entre les trois niveaux
hiérarchiques et les autres parties prenantes des entreprises cliente et
fournisseur qui permet d'initier et de développer la relation. Chacune
des deux parties joue un rôle important dans la collaboration et dans le
management de la relation.
5. Le mode de management des relations
client-fournisseur
Dans une étude réalisée en 2008 par
Ernst & Young, 70% des acheteursquestionnés jugent que leurs
méthodes de suivi sont insuffisantes et souhaitent les améliorer
dans l'avenir. La problématique de management des relations fournisseurs
est aujourd'hui leurs centre d'intérêt.La plupart des travaux de
recherche avancent généralement trois important types de
management des relations d'échange (Nogatchewsky, 2009) :
· Le marché (Mettre en concurrence les
fournisseurs)
· La bureaucratie (Formalisation des contrôles
à travers des processus normés avec des indicateurs de
performance élargis)
· La confiance (Avoir la confiance dans la bonne
volonté du partenaire)
Si l'on se base sur la segmentation relation open
market,stratégique et tactique citée précédemment,
on va pouvoir distinguer différents modes de management fournisseur -
acheteur : d'une part, dans les relations open market, l'acheteur adopte
un management orienté contrôle par le marché. D'autre part,
dans les relations stratégiques, l'acheteurmet en place des processus
complexes avec un contrôle à la fois formel et informel,quant aux
relations tactiques, elles sont managées de manière
intermédiaire.
Dans les relations open market, l'acheteurapplique une gestion
au coup par coup et il est en mesure de changer rapidementde fournisseur si la
performance attendue n'est pas atteinte. Mettre en concurrence les
fournisseursà travers les enchères inversées par
exemple,accompagnée par un suivi des performances (coûts,
qualité, délai) est la meilleur solution. Ce genre de relations
est géré quotidiennement par les front line agents, ce qui permet
d'optimiser les coûts de management de la relation.
Dans les relations stratégiques, des modes de
management plus complexes sont envisagés, il s'agit bien d'allier des
procédures formels et informels aux différents niveaux de
l'organisation.
Dans ce type de relations, la phase de sélection est
très importante. Elle précède un contrat à long
terme et la modélisation du cadre de management de la relation.
D'après des travaux de recherche, cette phase permet d'éviter les
risques qui peuvent entraver le bon déroulement de la
coopération : l'opportunisme, les risques de la dépendance,
la défaillance financière, l'incompétence, etc. ainsi que
les difficultés de transparence liées à
l'interdépendance des partenaires(Dekker, 2008). Quand la relation est
stratégique, il faut bien prendre le temps avant de choisir le
partenaire car on le choisit pour longtemps.Plusieurs entreprises industrielles
ont développé pour cela des méthodes,cela consiste
à sélectionner les fournisseurs potentiels sur la base d'un bon
nombre de critères à savoir :le niveau de
compétitivité (coût, qualité, délai), la
capaciter du fournisseur à innover, ses moyens technologiques, ses
ressources humaines, la qualité de l'organisation du fournisseur
potentiel, sa
santé financière, son degré
d'implication, son partage d'information.
Pour contrôler la concordance d'un partenaire
éventuel, on peut utiliser différentes techniques comme les
audits, l'appel d'offre ou bien les études d'experts. C'est ce qu'on
appelle des techniques de management. Mais la confiance reste le plus important
pour prendre la décision d'un partenariat avec un fournisseur et elle
s'évalue sur sa notoriété ainsi que les relations
partagées lors des différents échanges.
Le choix du fournisseur est procédé par
l'acheteur stratégique (au niveau middle management) mais pas seulement.
En effet, d'autres décideurs rentrent en jeu aussi (comme les
prescripteurs, utilisateurs, et les tops managers) et apprend des
renseignements des mandataires de première ligne. La décision du
fournisseur est contractualisée pour définir le partenariat et
comment il sera honoré.
La mise en pratique du contrat s'accomplit aux trois niveaux
hiérarchiques. Les fronts agents se rencontrent très
fréquemment pour résoudre des problèmes
opérationnels. Ils mettent en oeuvre les plans d'action. Certains agents
sont même délocalisés sur les sites de leur partenaire pour
être au plus près du terrain. Les managers des deux entreprises se
rencontrent lors des revues formelles dites stratégiques qui ont lieu
régulièrement (par exemple tous les trimestres). Ces rencontres
ont pour objet de faire le point sur la conduite des projets, les performances,
les points de blocage éventuels et les plans d'action à mettre en
oeuvre. Enfin, les tops managers se rencontrent lors de symposiums
organisés par le client pour expliciter sa stratégie au sein de
leur réseau personnel ou professionnel (salons, manifestations
culturelles ou sportives, clubs professionnels, etc.).
Tous les niveaux hiérarchiques sont
complémentaires dans le management de la coopération. Cette
osmose des différents niveaux permet d'appuyer une coopération
sur la base d'intérêts convergents à long terme et
divergents à court terme. Ainsi, les tops managers maintiennent la
collaboration à longue échéance. Ils peuvent être
amenés à gérer des conflits qui constituent des blocages
pour la poursuite d'un projet et qui n'ont pas trouvé de solution aux
échelons inférieurs. Cependant, la solution de ces
désaccords s'effectue de manière globalement homogène
entre des acteurs s'inscrivant dans des réseaux professionnels
équivalents. A leur tour, les middle managers régentent le
déroulement de la collaboration. Ils commercent les prix et dialoguent
sur les problèmes de qualité ou de délais. C'est
délicat car c'est là que les intérêts sont les plus
discordants et donc les rapports les plus problématiques. Au niveau des
front line agents, on observe souvent une complicité entre des personnes
qui travaillent très régulièrement ensemble et qui lient
ainsi des liens de confiance. Il n'est pas rare de voir un front line agent
donner des informations privilégiées à son fournisseur
afin qu'il se place davantage sur un nouveau marché et défendre
ensuite sa candidature en interne.
Au final, chaque niveau répond à des besoins
particuliers de la coopération (partage de la vision stratégique
au top management,de la compétitivité et l'entente au niveau
middle et action des opérations au front line). Cette difficulté
accorde d'adoucir les chocs puisque les conflits se gèrent à
certains niveaux, sans freiner les bonnes relations personnelles à
d'autres. C'est comme cela que peut s'améliorer une confiance
inter-entreprise qui paraît essentielle au succès des relations
stratégiques.
6. Développement de la confiance
dans la relation fournisseur - acheteur
Depuis les années 90, la confiance est à
l'honneur dans les nombreux ouvrages et articles de professionnels et de
chercheurs sur les relations fournisseur - acheteur. Croire en son partenaire,
c'est espérer qu'il peut et veut agir de façon positive
dès que possible. Cette conviction appartient aussi bien aux
caractéristiques techniques (confiance dans les compétences du
partenaire à réaliser la tâche prévue) que des
caractéristiques morales (confiance dans la détermination de
l'autre à agir dans l'intérêt du partenaire).
(Nogatchewsky, et al,. 2010).
Dans des contextes de doutes, la confiance donne l'aisance
nécessaire aux partenaires pour faire face aux bouleversements
imprévus, pour appréhender les opportunités,
déployer des innovations, etc.Les vertus de la confiance ont
été affirmées par plusieurs études. La confiance
privilégie l'action jointe et la collaboration. Elle facilite la
coordination et la résolution des conflits. Des relations de confiance
accordent en outre, de considérer un futur encourageant entre des
partenaires, un engagement réciproque sur une coopération
étendue puisque chaque collaborateur est persuadé des aptitudes
et de la sincérité de l'autre. Finalement, la confiance a un
impact direct sur la performance des partenaires : elle aide à diminuer
les coûts de négociation et les coûts du contrôle
(moins de temps à passer à définir les contrats, à
contrôler).
Ces bénéfices sont exactement ceux qui sont
attendus d'une coopération vertueuse. Dès lors, il semble
important de créer et de développer la confiance entre les
partenaires. Beaucoup d'études ont ainsi abouties sur le sujet.
Auparavant, les caractéristiques des partenaires sont
importantes : la réputation, la taille, le niveau d'expertise et le
partage des valeurs sont autant d'éléments qui encouragent la
confiance. Il apparait donc primordial de prendre en considération ces
aspects dans la phase de sélection des fournisseurs stratégiques
d'une part et la complexité à développer de réels
partenariats avec des fournisseurs ayant une instruction culturelle très
différente d'autre part.
Par ailleurs, le bon déroulement des échanges
permet de renforcer chaque jour ce sentiment de confiance fondamental. Ainsi,
les interactions répétées entre les individus, les
succès communs
permettent de faire apparaitre des règles
précises (procédures de communication, partage d'informations) et
tacites (honnêteté, transparence, réciprocité,
solidarité) qui renforcent la confiance (Larson, 1992). Par
conséquent, les individus sont le fil conducteur du déploiement
de la confiance. Le rassemblement des équipes de R&D sur des
plateaux-projets ou la présence réciproque des front line agents
sur les sites sont autant d'actions qui rendent possible de construire et
consolider les liens favorables. Cependant, la confiance qui débute de
ces interactions est avant tout interindividuelle. Dans un contexte où
l'inconstance professionnelle des personnes est influente (un acheteur reste
à son poste environ 3 ans), la question est de savoir comment rendre
durable la relation de confiance interpersonnelle et de la modifier en relation
de confiance inter-entreprise. L'une des réponses demeure dans la
régularisation des échanges et la correspondance sur lesbonnes
pratiques entre entreprises afind'améliorer une orientation collective
positive sur le partenaire qui est à la base de la confiance
inter-entreprise.
C'est pourquoi, les nouvelles formes de management des
relations fournisseur - acheteur sont celles qui autorisent de créer et
d'améliorer la confiance entre les partenaires. Il s'agit aussi bien de
la confiance dans les compétences de l'autre que dans sa bonne
volonté. La confiance n'exclue pas le contrôle. Au contraire, elle
s'accroit progressivement par la mise en place des dispositifs de
contrôle formels qui, eux-mêmes, évoluent dans le temps. Le
succès de ce mode de management présume de ne pas sacrifier
aujourd'hui les relations durables sur l'autel des difficultés
économiques. A long terme, la stratégie est rentable. Des
recherches dévoilent que les entreprises qui ont fait de la relation
avec leurs fournisseurs un axe d'amélioration à long terme (ex.
Toyota) créent davantage de valeur, et ce, même en période
de crise. La stratégie de la confiance, qui n'est pas celle de la
crédulité, ne peut être appliquée qu'à partir
d'une réflexion sur la complexité des structures
inter-organisationnelles. Ces structures doivent concéder de
réunir coopération et compétition aux différents
niveaux hiérarchiques. L'étude des organisations internes des
entreprises et leur impact sur le management des relations client-fournisseur
n'en est encore qu'à son commencement.
Sur la base de la segmentation Kraljic et les classifications
des types de relations fournisseur - acheteur de Dyer et Gwenaëlle
Nogatchewsky on constate que les trois approches se complètent pour dire
qu'en général il y a deux types de fournisseurs. Le premier type
regroupe les fournisseurs non stratégiques avec qui l'acheteur ne
développe pas une grande relation collaborative et se contente juste de
l'échange de transactions à travers l'achat de biens
commodités en contrepartie
d'un paiement. Le deuxième type regroupe les
fournisseurs stratégiques, avec qui l'acheteur se trouve dans
l'obligation de développer une relation stratégique solide et
durable, puisqu'il s'agit d'un achat de produits complexes ou
personnalisés. Etant donné que ce mémoire traite le sujet
de l'impact de la crise économique sur la relation fournisseur -
acheteur, on a choisi donc de se focaliser
sur les relations fournisseurs - acheteurs stratégiques
puisqu'on a constaté une quasi-inexistence même de relation entre
les acheteurs et les fournisseurs non stratégiques.
Désormais, l'objectif de ce mémoire est de
comprendre comment les relations de l'acheteur avec ses fournisseurs
stratégiques sont impactées par une crise économique. Si
on revient à la littérature académique, on trouve que ce
sujet s'enregistre dans un contexte plus global qui est celui de la gestion des
risques fournisseurs, puisque la crise économique réfère
par définition à une dégradation brutale de la situation
économique et des perspectives économiques. Son étendue
sectorielle, temporelle et géographique peut aller d'un seul secteur,
d'une seule région pour une brève période à
l'ensemble de l'économie mondiale pendant plusieurs années, on
parlera alors de ralentissement économique ou, plus grave, de
récession économique. (Blondeel et al,1995).
Si on projette cette définition sur notre sujet, on
peut dire généralement que les conséquences de la crise
impactent négativement les acteurs de l'économie. Les
fournisseurs sont avant tout des entreprises qui font partie de
l'écosystème en crise. Un tel déséquilibre
crée des problèmes financiers aux fournisseurs, bloque leurs
productions, baisse la qualité de leurs produits, retarde leurs
délais de livraison etc. Les conséquences ne s'arrêtent pas
à ce niveau puisqu'elles vont évidemment impacter directement
l'acheteur. Il est donc important de citer ce que la bibliographie
académique avance au sujet de la gestion de risques au sein de
l'entreprise globalement ou plus précisément, comment les
acheteurs gèrent les risques fournisseurs.
7.
La gestion des risques
8.
7-1Définition de la gestion des risques
D'après Laurent Pierandrei la gestion des risques est
une « Discipline qui s'attache à identifier et à traiter
avec méthode lesrisques auxquels s'expose l'entreprise, quel que soit la
nature oul'origine de ces risques »(Pierandrei, 2019).
Selon FERMA la gestion des risques est « un processus
continu d'amélioration qui commence avec la définition de la
stratégie et se poursuit avec l'exécution de celle-ci. Elle
devrait traiter systématiquement tous les risques qui entourent les
activités de l'organisation, que celles-ci soient passées,
présentes et surtout futures».
Jean-David Darsa définit la gestion des risques comme
suit : « L'ensemble des politiques, des stratégies, des
dispositifs de maîtrise, de contrôle et de suivi et des moyens
humains, financiers et matériels mis en oeuvre par une organisation afin
d'identifier, de détecter, limiter et maîtriser les risques
liés directement ou indirectement à ses activités »
(Darsa, 2009).
Une entreprise, quelle que soit son activité ou sa
taille, est exposée à plusieurs risques, depar son marché,
son environnement, ses relations commercialesavec ses partenaires,
sesfournisseurs,ses concurrents ou même ses clients etc. Elle est donc
obligée d'identifier ces risques et d'élaborer des
stratégies adaptées pour y faire face. Lagestion des risques
devient alors un processus qui doit être géré au quotidien,
pouridentifier les risques, les analyser, et mettre en place les actions afin
de les maîtriser et même deles anticiper.
Face à cet enjeu de gestion des risques, on va
approfondir unecatégorie bien précise de risques liée aux
risques fournisseurs et comment les acheteurs gèrent les risques
fournisseurs ?
7-2 Le rôle des acheteurs dans la gestion des
risques
Les acheteurs sont les contacts privilégiés des
fournisseurs. Ils sont l'interface entre lesfournisseurs et les clients
internes. Cela leur permet donc d'occuper une position stratégique dans
lagestion des risques fournisseurs.
De plus, au niveau interne, les acheteurs travaillent de plus
en plus en amont, en mode projet
avec les différents services de l'entreprise (R&D,
qualité,les services commerciauxet production, direction
générale, financier et service juridique).
D'ailleurs, comme cela a été cité
précédemment, le métier des acheteurs a beaucoup
évolué et lagestion des risques est devenue une compétence
indispensable.Voici un extrait d'une offre d'emploi pour un poste Achat
:«Rôle et missions :Identifier et mesurer proactivement tous
risques fournisseurs et mettreen place des plans pour sécuriser la
chaîne logistique ».
D'après une
étude
d'Agile Buyer et X-Achats réalisée en 2017 à travers
un questionnaire administré à 489 acheteurs principalement des
entreprise du CAC40, la gestion des risques fournisseurs fait partie des
priorités pour 75% des décideurs Achats, 40% d'entre eux estiment
même avoir rencontré des difficultés dans leurs relations
fournisseurs au cours des trois précédentes années. Le
principal risque redouté par les décideurs Achats est directement
lié à la disponibilité de l'offre, et ce plus
particulièrement pour les entreprises innovantes. (Wajnsztok, et al.,
2017).
9.
Les outilsde gestion des risques fournisseurs
La gestion des risques fournisseurs est devenue une des
tâches principales de l'acheteur, elle représente 60% de ses
priorités aujourd'hui. En effet, une mauvaise gestion des Achats,
enparticulier des risques fournisseurs, peut sérieusement affecter la
continuité de leur production, la
qualité des produits et le développement de la
productivité. Il est donc important d'identifier les risques,
d'évaluer leur impact sur les objectifs stratégiques de
l'entreprise et de les maîtriser.
L'analyse des risques fournisseurs repose sur quatre
étapes : il s'agit d'un processus de gestioncontinu, comprenant
l'identification, la priorisation, la prévention et le suivi des risques
fournisseurs. L'analyse des risques fournisseurs peut aider les entreprises
à déterminer les principaux risques
auxquels elles sont confrontées. Par conséquent,
elle peut les éliminer ou réduire leur impact en
développant un plan d'action préventif.
C'est un outil très efficace de gestion et de
communication qui permet d'avoir une vision plus claire sur le processus
d'Achat ainsi que les menaces qui peuvent surgir durant celui-ci.
Figure 5 : Les étapes de gestion des risques
fournisseurs selon Rémi Bachelet
10. 8-1Identification et classification des risques Achat
Avant de conclure un contrat avec un fournisseur, l'acheteur
doit avant tout prendre en considération tous les risques susceptibles
d'être associés à cette étape importante, car cela
implique son entreprise dans une relation commerciale avec le fournisseur pour
une durée déterminée. Cela peut avoir un risque sur
l'image de son entreprise, son éthique, sa position stratégique,
financière, concurrentielle, un impact environnemental et sa
responsabilité sociétale. Afin d'éviter ces risques
l'acheteur est amené à cartographier toutes les
conséquences négatives liées à un engagement avec
son fournisseur.
Il s'agit d'identifier et de cartographier les risques
liés aux Achats en fonction de leur criticité. Par
conséquent, la collecte des bases de données, la connaissance
approfondie du marché fournisseur,accompagnées par un suivi
permanent sont donc indispensables afin de disposer de la bonne
information lors du processusd'Achat.Lors de la cartographie
des risques fournisseurs, l'acheteur peut répartir les risques
identifiés comme suit:
Figure 6 : Cartographie des risques selon (Salviac et
al,. 2010)
11. 8-1-1 Les
risqueséconomiques
A.
Les risques macro-économiques
Ø Les facteurs de risques liés au
marché :
L'analyse consiste ici à détecter les facteurs
de risques générateurs de déséquilibre du
marchéduquel dépend l'entreprise.Pour mener une analyse
approfondie, on recommande d'utiliser l'outild'analyse stratégique des
cinq forces de Porter, adaptée aux Achats en considérant le volet
clients comme étant l'entreprise acheteuse. (Porter, 1986).
Figure 7 : D'après Michael PORTER, L'avantage
concurrentiel, Inter Éditions, Paris, 1986
D'une manière générale, Les facteurs de
risques marché sont liés potentiellement aux
déséquilibres du marchécausé par un rapport de
force défavorable avec les fournisseurs.
Ø Les facteurs de risques liés au
prix :
Globalement le prix d'achat est fixé avec le
fournisseur au moment de la négociation, dans ce cas l'acheteur est
couvert puisque le prix restera stable, mais il existe d'autres cas ou le prix
est variablecomme dans le marché à terme. Le prix d'une
matière première par exemple varie d'une période à
l'autre.Les marchés de matières premières sont
cotés, ils sont soit structurés et liquides, soit reposent sur
des transactions de gré à gré dontles prix sont rendus
publics.
Ø Les facteurs de risquesliés au
change :
Le risque de change provient de la variation de cours,
à une période donnée,entre une opération de vente
et des coûts facturés dans des devises différentes.
Laconversion en une devise crée cet écart au fil du temps. Par
exemple,un euro fort face à un dollar faible peut affaiblir l'entreprise
qui vend en dollars et achète en euros.
Ø Les facteurs de risques
climatiques :
Il s'agit des éventuels risques causés par les
changements climatiques, en France par exemple Metnext (une entreprise
chargée d'évaluer les risques
météorologiques)procure aux entreprises
des prévisions surmesure pourévaluer et
gérer leur sensibilité météorologiquecar il existe
des secteurs d'activité qui sont beaucoup impactés par ce risque,
dans le secteur de l'habillement par exemple, une étude prouve que 83 %
des ventes sont directement provoquées par l'unique facteur des
températures. Metnext propose même une couverture des pertes
liées au risquemétéorologique, il est désormais
possible au acheteurs de se couvrir de ce risque.
B. Les risques Pays
Ø Lesfacteurs de
risquespolitiques :
Ce sont les risques liés à la stabilité
des régimes et du pacte politique, économique et
monétaire, par exemple les contrainte liées aux
réglementations sur les investissements, les devises, les taux
d'intérêts etc. L'acheteur doit apprécier les facteurs de
continuité et de stabilité qui peuvent avoir un impact sur sa
politique Achat.
Ø Les facteurs de
risqueséconomiques :
La croissance du PIB, le taux de chômage, l'inflation et
généralement le contexte économique doivent être
pris en compte par l'acheteur dans une optique long terme, car la
célérité de développement a une influence sur
l'orientation des entreprises.
Ø Les facteurs de risques
légaux :
Il s'agit d'apprécier globalement le risque liés
aux lois applicables sur la propriété industrielle, la
contrefaçon et les contrats, le respect des réglementations
environnementales.
Ø Les facteurs de risques
sociaux :
Cela regroupe les lois sociales sur le travail, les violations
des droits de l'homme, le niveau d'éducation et la stabilité
sociale. Un fournisseur qui fait travailler les mineurs impactera l'image de
ses clients.
Ø Les facteurs de risques liés aux
infrastructures :
Cette catégorie de risques réfère
à la capacité logistique(réseauet organisation des
transports, l'énergie, la sécurité, procédures
douanières).
12. 8-1-2 Les
risquesfinanciers
Ø Le risque sur l'exploitation:
Le risque sur l'exploitation peut être défini
comme tout facteurcapable dedégrader la production du fournisseur et
à impacter l'exploitation à titre provisoire voire même
définitif de l'entreprise
acheteuse. Sur leplan économique, le risque
d'exploitation a trait à l'incertitude entourantla rentabilité
d'exploitation, c'est-à-dire la marge que l'entreprise retire deses
ventes. (Salviac et al,. 2010).
Ø Le risque financier
fournisseurs :
Le risque financier du fournisseur est le risque relatif
à la gestion de son bilan et de son compte de résultat, le plus
récurrent est celui de la cessation des paiements (incapacité de
faire face à ses engagements), pouvant faire l'objet d'une liquidation
judiciaire. L'acheteur doit anticiper les difficultés financières
de ses fournisseurs. Il est obligédonc de mener une analyse
financière poussée qui permet d'évaluer la santé du
fournisseur à l'instant t, et de prévoirle risque de
défaillance financière. L'analyse financière repose sur
des compétences en générale peu présentes au niveau
de la fonction Achats. A ce moment la direction financière peut venir en
aide, ou même parfois desentreprises externes susceptibles d'apporter
leur expertise.
Ø Le risque sur la trésorerie :
Le risque sur la trésorerie concerne la prise en compte
les risques qui peuvent avoir un impact négatif sur la trésorerie
de l'entreprise ou celle de ses fournisseurs. En générale,
l'occurrence d'un risque sur la trésorerie signifie la rupture
évidente de la relation entre l'acheteur et son fournisseur.
13. 8-1-3 Les risques
industriels et qualités
Ø Lerisque qualité et l'Assurance
Qualité Fournisseurs :
Par définition, la qualité est la satisfaction
des produits ou servicesachetés aux critères de conformité
attendue comme définie dansle cahier des charges envoyé au
fournisseur.
La qualité peut constituer un risque à
l'acheteur si la qualification du fournisseur est incomplète, si le
cahier des charges n'est pas bien défini, ou en cas d'absence de
politique qualité du côté de l'acheteur comme du
côté fournisseur.
Ø Le risque vis-à-vis de la
technologie :
Dans le contexte des Achats, le risque de l'entreprise
vis-à-vis de la technologie proposée par les fournisseurs
consiste principalement à mesurer le risque de la dépendance
technologique vis-à-vis du fournisseur par rapport à une
technologie que l'on ne maîtrise pas. Dans le même sens, une
entreprise qui se laisse dépassée par le développement
technologique se trouvera non compétitive.
Ø Le risque industriel :
Du point de vue des Achats, il s'agit ici d'apprécier
les facteurs de risquesliés à l'activité industrielle du
fournisseur, et particulièrement à sa capacitéà
faire face à ses engagements de production.Le risque industriel est
lié à la probabilité d'apparition d'un
événementredouté sur un site et pouvant
entraîner des conséquences
immédiatesgraves pour le personnel, les populations avoisinantes, les
biens ou l'environnement, de nature à altérer le schéma
industriel du fournisseur, et àmettre en cause sa production, donc ses
livraisons à l'entreprise.
Ø Le risque sur la supply
chain :
Le risque sur la supply chain peut être défini
comme la somme des facteurs de risque à l'origine de la
désynchronisation des flux physiques entre le besoin exprimé par
l'entreprise cliente d'une part, et la livraison réelle par le
fournisseur ou son prestataire transport logistique du besoin appelé,
d'autre part. Cette désynchronisation peut, dans certains
casextrêmes, conduire à la rupture du cycle de production de
l'entreprise oubien encore à des phénomènes de sur
stockage.
14. 8-1-4 Les risques
liés au domaine légal
Ø Le risque contractuel :
Le risque initial, même s'il paraît
évident, c'est simplement l'inexistencede contrat entre l'entreprise et
ses fournisseurs. Par nature, le contrat estun instrument de prévision,
de sécurité juridique et de sécurité
économique, basé sur la volonté des parties et le libre
consentement. Il matérialise et définit la transaction
commerciale et son contenu. Il constituedonc un point de
référence pour l'acheteur. Il convient non seulement
decontracter, mais également de gérer la base de contrats, et de
s'assurer
de leur mise à jour au fil du temps.(Salviac et al,.
2010).
Ø Le risque juridique :
Au-delà des difficultés liées aux
contrats, les problèmes juridiquespeuvent concerner des champs
finalement assez vastes. En voici quelquesexemples non limitatifs :
Risquesliés à la propriété
intellectuelle, risques règlementaires au niveau sanitaire, risques
liés au droit de la concurrence etc.
Ø Le risque de fraude :
Par nature, la fraude est un acte de mauvaise foi, en
général pour un profitpersonnel, commis au détriment de
l'entreprise.Néanmoins, aucune règle exacte ne peut
prétendre définir la fraude.L'imagination dans ce domaine n'a pas
de limites, et l'homme est capabled'inventer des moyens de tricheries, tous
plus ingénieux les uns que les autres.Au niveau Achat, la fraude peut
toucher la transparencelors des négociations, le niveau de
contrôle des prix et des commandes, ces exemples ne sont pas
limitatifs.
8-2
L'évaluation et la priorisation des risques fournisseurs
Cette étape consiste à évaluer sur une
échelle de 1 à 4 la probabilité qu'un risque se produise
(P)
et son impact(I) sur la stabilité de l'entreprise. Le
calcul de la criticité (C) de chaque risque se fait ensuite en
multipliant sa probabilité(P) par son impact(I).
Figure 8 : Méthode de calcul de la
criticité d'un risque
Une fois la criticité calculée, l'acheteur doit
ensuite prioriser les risques en identifiant ceux qui sont majeurs en fonction
de leur coefficient de criticité. Les risques ayant la criticité
la plus forte doivent impérativement être traités en
premier.
8-3 La mise en
place du plan d'action
L'acheteur établit pour chaque risque critique, un plan
d'action permettant d'une part de le prévenir et de diminuer son impact,
et d'autre part de sécuriser les achats en mettant en place des plans
d'urgence en cas de crise.
Figure 9 : Exemple d'un plan d'action de gestion des
risques fournisseurs
8-4 Le suivi et le
contrôle de la maitrise des risques fournisseurs
L'acheteur doit ensuite suivre et contrôler en continue
le pilotage des risques en mettant en place des tableaux de bord. Il instaure
des indicateurs de surveillance pour faciliter le suivi et la maîtrise
des risques.
Figure 10 : Exemple d'un tableau de bord de suivi des
risques fournisseurs
IV. Conclusion de
la première partie
A travers cette première partie, on a vu les quatre
familles d'Achats qui constituent le portefeuille d'un acheteur. Ensuite sur la
base de la segmentation Kraljic et Dyer on a défini les deux types de
relation fournisseur - acheteur (relation stratégique et non
stratégique). On a approfondi l'analyse de ces deux types de relation
pour prouver la faiblesse par nature des relations fournisseur - acheteur non
stratégiques, puisqu'elles se limitent à des simples transactions
commerciales de courte durée contrairement aux relations
stratégiques, qui au-delà des rapports commerciaux, la
rareté des fournisseurs sur le marché et la complexité des
produits obligent l'acheteur à développer une bonne relation
collaborative et partenariale à long terme. Pour la suite de ce
mémoire on a décidé de se focaliser sur les relations
stratégiques pour voir comment elles sont impactées par une crise
économique. La littérature académique nous a
proposé les différents modes de management de la relation
fournisseur acheteur. Cependant elle a été limitéeau sujet
de l'impact de la crise économique sur la relation fournisseur -
acheteur. A ce stade, on a essayé de voir le sujet dans l'ensemble pour
finir parl'enregistrer dans le cadre d'une gestion de risques, puisque à
ce propos, la bibliographie académique considère que la crise
économique entre dans les facteurs de risques fournisseurs. En
étudiantla cartographie des risques fournisseur, on a compris la
complexité du pilotage des risques par la fonction Achat, chose qui la
rend encore plus stratégique.
La réponse à notre problématique n'est
pas traitée en détail, ce qui nous amène à lancer
une étude empirique qui fera l'objet de la deuxième partie de ce
mémoire. A travers une étude qualitative on va adresser un
questionnaire aux professionnels des Achats ainsi que leurs fournisseurs pour
voir la réalité du terrain. La crise économique actuelle
dû à la Covid19et son impact sur la relation fournisseur -
acheteur sera l'objet de nos entretiens, afin de comprendre ce que la crise a
changé dans cette relation, quels étaient les moyens misen oeuvre
pour la traverser ? Pourquoi certaines relationsfournisseur - acheteur
ont pu résister voir même devenir plus forte qu'avantalors que
d'autres ont échoué ?
Deuxième partie
V. Méthodologie de recherche
Cette partie présente la méthode de recherche
utilisée dans le cadre de notre contexte. Elle présente aussi la
démarche du travail mis en oeuvre pour répondre à notre
question centrale : l'impact de la crise économique sur la relation
fournisseur - acheteur.
Après avoir mis en perspective les différentes
relations fournisseur - acheteur et présenté les risques
liés à la fonction Achat dans la partie précédente,
l'objectif de l'enquête de terrain est de tirer des leçonspour
réaliser d'une part, un guide pratique et d'autre part,de proposer les
perspectives d'évolution.
Pour notre enquête de terrain, nous avons
interviewé différentsprofessionnels des Achats ainsi que leurs
fournisseurs. Notre volonté a consisté à les choisir parmi
les groupes industriels les plus touchés par la crise économique
actuelle relative à la Covid19.
Dans cette partie, nous décrirons tout d'abord
l'origine de notre démarche et de notre intervention sur le terrain,
ensuite on abordera le principe retenu entre une enquête qualitative ou
quantitative. Enfin nous expliquerons la construction du guide d'entretien et
la méthode d'analyse.
15. Origine de la
recherche
L'origine de notre démarche prend sa source au niveau
des décisions stratégiques des entreprises qui, pour maintenir
leur compétitivité, décident d'intégrerles
expertises externes. Aujourd'hui, les acheteurs sont confrontés
à plusieurs enjeux, ainsi ils ont réalisé que l'atteinte
des objectifs passe avant tout à travers l'intégration des
fournisseurs stratégiques, le partage d'une vision commune et la
collaboration avant, pendant et après le processus de réalisation
de projet.De leur côté, certains fournisseurs vont appliquer une
démarche similaire et ainsi faire bénéficier leurs clients
de leur savoir-faireen termesd'innovation etdedéveloppement de nouveaux
produits. La direction des Achats ainsi que les autres fonctions de
l'entreprise vont devoir intégrer les ressources externes pour un
objectif partagé dans un esprit de collaboration positive.
Pour aborder ce sujet, nous avons ciblé une population
experte selon troiscritères :
- les personnes interviewées font parties de grands
groupes industriels occupant une bonne position dans le marché, avec une
maturité Achat élevée.
- les personnes interviewées gèrent ou/et
participent à l'élaboration de la stratégie Achats
directeurs ou responsables des Achats.
- les personnes interviewées gèrent ou/et
participent à l'élaboration de la stratégie marketing et
commerciale, directeurs ou responsables grands comptes.
16. Choix de la méthode
d'enquête
La méthode d'enquête repose
généralement sur le choix entre une approche qualitative ou
quantitative. Les chercheurs avancent que l'analyse qualitative
précède toujours l'analyse quantitative. Il ne faut donc pasfaire
une opposition dans le choix entre les deux. Ainsi pour une première
étape de la recherche, une analyse qualitative est la mieux
appropriée, ensuite elle peut être suivie d'une analyse
quantitative plus déductive. Elles sont généralement
complémentaireset utilisées pour tester des hypothèses
à travers la collecte des données avec objectivité pour
enfin les validerou les rejeter.La différence entre les deux
méthodesest relative : les résultats d'une
étudequalitative vont souvent déboucher sur des exploitations en
partie quantitatives et, inversement, les enquêtes quantitatives donnent
souvent lieu à des interprétations plus fines et très
« qualitatives ». Dans les deux cas, il s'agit de donner du sens, de
mieux comprendre et expliquer une situation.
Dans le cadre de notre mémoire, nous souhaitons
interroger des experts du métier des Achats et leurs fournisseurs. Nous
allons opter pour une étude qualitative puisqu'elle est plus
adaptée. Lesquestions que nous souhaitons posersontplutôt
ouvertes, de forme « comment » (étude de cas descriptive) ou
« pourquoi » (étude de cas à visée
d'explication). Cela va nous permettre d'obtenir des réponses ouvertes
et approfondies à travers les interviews. Afin de structurer et
organiser notre enquête de terrain, on va utiliser la méthode
DELPHI vu qu'ellecorrespond à notre besoin de recueil de données
par le biais des experts.
17. La
méthode DELPHI
Conçue en 1950 par Olaf Helmer, la méthode
DELPHI organisela consultation d'experts sur un sujet précis. Son
objectif principal repose sur la mise en évidencede la convergencedes
opinions, de consensus et éventuellement de perspectives
d'évolutions.
La méthode DELPHI se caractérise des autres
méthodes usuelles pour ce qu'elle propose sur les plans suivants:
- consolide les opinions d'une populationen limitant le nombre
de participants,
- flexibilité dans sa réalisation,
- adaptée à une enquêtequalitative,
- intuitive (plutôt que rationnelle),
- participative (toute opinion liée au sujet d'une
problématique complexe exposée à un public concerné
par le sujetabordé).
La méthode DELPHI doit respecter deux règles
importantes:
- l'anonymat des données ainsi que des experts
participants, ce qui donne un plus grand champ de liberté dans les
réponses aux questionsposées,
- l'indépendance des avis puisque chaque personne est
interrogée individuellement afin que chacun donne son propre avis sans
être influencé par le discours ou les opinions d'unautre.
12-1 Les étapes de la
méthode DELPHI
Crochemore (Crochemore, 2005) identifie quatre étapes
principales :
Etape1.définir en détail le sujet à
traiter et son périmètre,
Etape2.sélectionner et former le paneldes experts,
Etape3.préparer et rédiger un guide
d'entretien,
Etape4.collecterdesdonnéessoitparcourrier,parentretien
téléphonique ouen face à face puis traiter
desrésultats.
L'application de ces étapes à notre propre
enquête débouche sur le déroulement suivant :
Etape 1. définition du périmètre de
l'étude : au cours de nos recherches académiques et des
études publiées,il s'est avéré qu'aucune
démarche globale ne faisait référence, en termes
desolutions attendues, à l'impact d'une crise économique sur la
relation fournisseur - acheteur. Les conséquences visibles
serévèlent sous forme de comportement mal adapté de la
part des fournisseurs et des acheteurs durant la crise économique
liée à la crise sanitaire Covid19. Ces questionnements nous
amènent, à cerner plus précisément notre question
de recherche et à bien construire le panel d'experts
àsolliciter.
Etape 2. la formation du panel d'experts : nous avons
construitle panel des experts en Achat et en vente appartenant à des
groupes industriels bien structurés, ayant un niveau de maturité
Achat élevé (Direction impliquée dans les Achats,
présence de comité de direction, intégration des
fournisseurs dans le développement de nouveaux produits,une relation
stratégique avec les fournisseurs etc.). On désigne par «
expert » toute personne disposant d'une bonne maitrise pratique du sujet
et ayant une expérience professionnelle significative pour exprimer un
avisreprésentatif.
Etape 3. la conception et la rédaction du guide
d'entretien : pendant cette troisième étape, nous avons
rédigéle guide d'entretien destiné aux experts tout en
respectant les règles de la méthode DELPHI pour éviter
d'influencer les réponses par des questions trop orientées. Nous
avons donc opté pour une méthode d'entretien ouverte pour obtenir
le maximum d'informations possible, puis nous avons intégré
quelques questions fermées nous permettant de mieux positionner la
réalité des entreprises. A travers ces entretiens, nous
recherchons l'avis des experts concernant : Ce que la crise économique a
changé dans leurs relations avec les fournisseurs, les priorités
des Achats pendant la crise, le rôle des outils de gestion des risques
Achats et enfin leur vision de l'avenir avec un focus particulier sur les
questions d'Achats responsables.
Etape 4. réaliser la collecte des informations et le
traitement des résultats : après la rédaction du
questionnaire, on a approchéles experts par mail et ensuite par
téléphone. On a partagé avec eux le contexte de notre
recherche à travers un bref résumé(problématique,
objectifs et méthodologie).Ensuite nous avonsproposé un
entretienen visioconférence vu que le face à face n'était
pas possible en raison de la conjoncture sanitaireactuelle liéeà
la Covid19,ainsi que l'éloignement géographique (4
expertssitués en dehors du territoire français (Chine, Maroc,
Pays-Bas, Suisse). Tous les experts sollicités ont accepté
positivement et activement la
collaboration. Pour des raisons de confidentialité, ils
ont accepté d'être enregistrés à conditionde
ne pas citer leur nom ni celui des entreprises dans notre
mémoire.Le contenu des entretiens a été
représenté sous forme de fiches de synthèse.
Figure 11 : Les principales étapes de la
méthode DELPHI (Crochemore 2005)
18. Le guide d'entretien
Le guide d'entretien est un outil d'observation construit
autour d'un questionnaire. Il est un moyen efficace pour comprendre le sens que
les expertsdonnent à leurs pratiques Achats et aux contraintes
auxquelles ils sont confrontés: leurs méthodes de gestion des
risques, leurs repères normatifs, leur réaction face à une
situation de crise, leur gestion des relations fournisseurs, l'analyse d'un
problème précis (ses données, ses enjeux), la constitution
d'un processus d'actions, d'expériences ou d'évènements du
passé, etc.
Dans cette partie on évoquera la construction de ce
guide d'entretien et son mode d'administration.
13-1 La construction du guide
d'entretien
Construire un guide d'entretien est " sans doute la phase la
plus délicate de la mise en oeuvre d'une enquête " (Evrard, et
al., 1997). Sa mise en forme implique que les questions posées soient
comprises et provoquent une réaction. Il est important
d'interpréter au mieuxcette réaction et de la retransmettre
fidèlement (Lecrivain, 2011). Il s'agit de préparer en amont une
liste de questions adéquates et pertinentes avec la problématique
de recherche.Cesquestionsdoiventavoirdusensparrapportau sujet de
recherchemaisdoiventen même temps donner du sens pour l'interviewé. Les questions peuvent être
ouvertes ou fermées, selon le type de retour attendu :
· Questions ouvertes : permettent d'avoir un retour
très riche en informations sur le sujet défini à travers
des réponses plus libres dans leurs formeset leurs longueurs,
· Questions fermées : permettentd'avoir un retour
plus précissur le sujet défini. La réponse atteste et
implique une prise de position del'interviewé. A travers les questions
fermées on répond à une gestion statistique mais aussi
à une analyse plus fine de certaines questions.
GUIDE D'ENTRETIEN
Question 1 :
Pouvez-vous nous décrire l'organisation de votre
fonction achat ?
Question 2 :
Appliquez-vous la même stratégie achat pour tout
le panel fournisseurs ?
Thème 1 :Organisations et
stratégiesAchats
GUIDE D'ENTRETIEN
Thème 2 : La fonction Achat face à
la crise
Question 3 :
Comment classifiez-vous aujourd'hui cette crise par rapport
aux précédentes ?
Question 4 :
Quelle est la catégorie de fournisseurs la plus
touchée par la crise économique ?
Question 5 :
Quelles sont vos procédures et outils de gestion de
risques fournisseurs ?
Question 6 :
Avez-vous des projets innovants avec vos fournisseurs ?
Si oui, comment ils ont été impactés par la
crise ?
Question 7 :
Avez-vous eu des fournisseurs en difficulté, comment
cela s'est traduit et comment avez-vous géré la relation avec vos
fournisseurs en difficulté ? (Hausse tarifaire ...)
Question 8 :
Est-ce que vous avez eu des révisions de contrats avec vos
fournisseurs suite à la crise et quelles sont les
conséquences ?
Questions 9 :
Quelle est le degré de confiance avec vos fournisseurs
suite à l'impact de la crise ?
Question 10 :
Pouvez-vous nous décrire l'impact de la crise sur les
rapports de force avec les fournisseurs ?
Question 11 :
Avez-vous rencontré des ruptures de la chaine
d'approvisionnement à cause d'un fournisseur ? Si oui, comment
avez-vous géré ce problème ?
GUIDE D'ENTRETIEN
Thème 3 : Après la crise
Question 12 :
Comptez-vous garder le même panel fournisseur après
la crise ?
Question 13 :
Comment vous projetez-vous sur la période post
crise ?
13-2 Mode d'administration du
guided'entretien
Mener un entretien, c'est adopter une position
d'humilité et de fausse naïveté (sans pour autant faire
l'ignorant). Le but étant de laisser parler au maximum
l'interviewé pour approfondir le thème de recherche
(Lefèvre, 2013).
Nous avons adopté une position d'écoute
attentive, d'ouverture en essayant de ne pas influencer l'interviewé par
nos regards, gestes et attitudes. Le mode semi-directif a été
utilisé en ce sens qu'il n'est ni entièrement ouvert, ni
entièrementfermé.
Dès le départ, nous savions que le mode
d'administration du guide d'entretien se ferait autant que possible en
visioconférence. Cela nous a semblé plus pertinent pour obtenir
une interactivité et une souplesse appréciable dans le recueil
des données puisque le face à face n'était pas possible.
Les entretiens ont eu lieu en fonction des possibilités de chacun des
experts.
Chaque expert a été contacté au
début de la démarche d'entretien afin de s'assurer dans une
première étape de son accord à y participer.
Lors des entretiens, après une présentation de
l'objet de notre mémoire, nous demandons à l'interviewé si
nous pouvons enregistrer à l'aide d'un dictaphone.
Cela pour deux raisons :
- la première est que l'enregistrement de l'entretien
permet au chercheur de se focaliser sur le discours de l'interviewé (en
prenant quelques notes) et permet de surmonter la difficulté de noter
l'intégralité du contenu des réponses,
- la seconde parce que l'interviewés'assure que le
chercheur est à l'écoute, cela le poussedonc à fournir
l'effort de soigner donc la richesse de ses propos. C'est aussi, un gage de
sérieux.
Toutefois, l'interviewé doit s'assurer à quel
point l'anonymat et la confidentialité seront respectés. En
même temps, il doit savoir qu'il a le droitd'avoir accès à
tout moment à l'intégralité de son enregistrement.
19. Les fiches desynthèse
Dans un premier temps, nous avons procédé
à la retranscriptiondes données brutes de l'enquêtede
l'interview par écrit. Cette étape est importante même si
elle demandeun long travail, néanmoins notre guide d'entretien facilite
ce travail. Il s'est avéré que le volume des informations
collectées est important et ne permet pas un travail d'analyse. Alors
chaque retranscription a été transformée en fiche de
synthèse puisque ce système de synthétisation
répond en partie à la nécessité de réduire
le volume des documents. L'intérêt de la fiche de synthèse
est de faciliter l'interprétation et l'analyse d'écriture afin de
relater l'essentiel du contenu des interviews. Ce qui nous a permis de
repérer immédiatement les informations qui nous
semblentimportantes.
Pour la retranscription des interviews, nous avons
utilisé un logiciel de reconnaissance vocale pour un gain de temps et de
fiabilité de l'information collectée.
Nous avons retranscrit de manière compréhensible
sans modifier la parole de l'expert. Ensuite nous avons trié les
idées en fonction des questions de façon à ne garder que
les informations clés.
VI. Conclusion de
la deuxième partie
Cette partie a été dédiée pour la
présentation de la méthode de recherche utilisée pour
notre enquête deterrain.
Dans un premier lieu, nous expliquons l'origine de notre
recherche ensuite,nous nous sommes interrogés sur le choix de la
méthode : qualitative ou quantitative. Après analyse des deux
méthodes au regard de notre sujet de recherche cela nous a conduit
à affirmer que la méthode qualitative, avec un nombre
limité d'acteurs, est la plus adéquate.
La méthode qualitative nommée DELPHI est celle
que nous avons choisie pour le recueil et la collecte de nos données.
Cette méthodologie est confirmée par les spécialistes.
Puis, nous avons construit le guide d'entretien. Dans une
perspective d'enquête qualitative, on a opté principalement pour
des questions ouvertes.
Nous avons décritle mode d'administration du guide
d'entretien, en adoptant une démarche orientée plus vers
l'écouteafin de faire parler le plus possible les experts pour
approfondir les réponses. Et enfin, pour faciliter l'analyse des
données, nous avons retranscrit les interviews sous forme de fiches de
synthèses.
Troisième partie
VII. Les résultats de l'enquête
Cette partie présente les résultats de notre
enquête sur la base de la méthodologie détaillée
dans la partie précédente :
- une typologie d'enquête :qualitative,
- une méthode :DELPHI,
- un processus : fiche de synthèse.
Cette démarche s'applique à notre sujet de
recherche : L'impact de la crise économique sur la relation fournisseur
- acheteur.
Notre panel d'experts se compose principalement d'une cible de
professionnels ayant un impact significatif dans la définition
stratégique de la fonction Achats et des responsables grands comptes.
En effet, notre objectif est de décrire la situation
actuelle et d'en tirer des enseignements nécessaires pour créer
un guide pratique s'adressant aux entreprises souhaitant :
- Améliorer la gestion des risques fournisseurs
- Mieux gérer la relation fournisseur en période
de crise
- Adapter l'organisation del'entreprise et recentrer le
rôle des Achats pour mieux adhérer aux besoins internes ou
externes pendant la période de crise.
Notre analyse s'appuie sur les réponses issues de nos
différents entretiens
20.
Thème :Organisations et stratégiesAchats
Ce thèmerépond aux questionsune et deux du guide
d'entretien
Pouvez-vous nous décrire l'organisation de votre
fonction Achat ?
Appliquez-vous la même stratégie Achat
pour tout le panel fournisseurs ?
On a essayé de faire un état des lieux des
différents types d'organisationsAchats et des stratégies Achats
propres à chaque catégorie de fournisseurs.
16-1 Sous thème : OrganisationsAchats
Selon la taille de l'entreprise, nos experts Achats optent
pour une organisation centraliséepar business unit pour chaque
région si l'entreprise est multinationale, ensuite au sein de
chaquebusiness unit, on trouve des acheteurs locaux. La direction Achat est
centralisée pour regrouper les volumeset bénéficier ainsi
de productivité. Elle reporte directement à la direction
générale.
Figure 12 : Organisation Achat
centralisée
Directeur Achats
Directeur Achats
Directeur des Projets
Chef de Projet
Réfrigérateur
Intelligent
Chef de Projet
Réfrigérateur
Table/Top
Chef de Projet
Réfrigérateur
Chef de Projet
Réfrigérateur
silencieux
Directeur des Compresseurs
Directeur des isolants
Directeur de
la miroiterie
Directeur de la
matière
Acheteur
Acheteur
Acheteur
Acheteur
Acheteur
Acheteur
Acheteur
Acheteur
Acheteur
Acheteur
Acheteur
Acheteur
Acheteur
Acheteur
Acheteur
Acheteur
La direction des Achats est organisée d'une manière
matricielle pour permettre une bonne exploitation des ressources humaines
Figure 13 : Exemple d'organisation matricielle d'une
direction des Achats
16-2 Sous thème : stratégies Achats
La majorité de nos experts gèrent une famille
des Achats directs, ils assurent le suivi d'un panel fournisseurs important.Ils
confirment tous la mise en oeuvre des stratégiesAchats
différentes et adaptées pour chaque catégorie de
fournisseurs. Puisqu'ils occupent une position Achat stratégique, ils
sont responsablesde gestionde la relation fournisseurs stratégiques ou
desAchats critiques, nos experts sont plus dansune stratégie marketing
des Achats essayant de rendre leurs entreprises attractives aux yeux de leurs
fournisseursen vue d'une relation privilégiée et
pérenne.
«Unfournisseur stratégique peut être un
fournisseur de niche, d'une pièce où une composante
extrêmement particulière très compliquée à
fabriquercela peut être aussi à cause d'une implantation
géographique ».
« Il est quasi impossible de gérer tout le
panel fournisseurs de la même manière».
A cet effet, nous pouvons retenir plusieurs modalités
applicables à un fournisseur en fonction de plusieurs
paramètres : son historique, sa valeur ajoutée, sa
compétitivité, sa performance et ses exigences
éthiques.
Concernant le segment des Achats indirects, les experts
accordent une importance particulière à cette catégorie
d'Achat.
Nous pouvons citer un de nos experts, occupant le poste de
directeur Achat logistique,quiaffirme aussiavoir différentes
stratégies Achats pour son panel fournisseurs. Il accorde un suivi
particulier aux fournisseurs dont le centre de coût est
conséquent.
« A traversun Pareto, on a classé
nosfournisseurs selon trois catégories A, B et C. Cela nous a permis
d'avoir une vision claire de nos dépenses et nous a aidé à
mieux adapter nos stratégies Achats pour chaque catégorie
».
Ce qu'Il faut retenir du thème : Organisation et
stratégie Achats
Organisation et stratégiesAchats
|
Organisation centralisée
|
Les experts revendiquent une organisation Achats
centralisée pour bénéficier des réductions des prix
à travers un effetvolume
|
Structure matricielle
|
Permet une bonne exploitation des ressources humaines.
|
Types d'Achats
|
Il existe deux types d'Achats : Directs et
Indirects
|
Stratégies Achats
|
Il existe différentes stratégies Achats selon le
type de fournisseurs, sa capacité d'innovation, la complexité du
produit ou service, le volume des dépenses etc.
|
21.
Thème : La fonction Achat face à la crise
Dans cette partie on va présenter les résultats
du deuxième thème de notre guide d'entretien.Ce thème
aborde le coeur de notre problématique à savoir la fonction Achat
face à la crise ainsi que l'impact de la crise sur la relation
fournisseur- acheteur.
17-1 Sous thème : Le début de la crise
Cette partie répond principalement à la question
trois :
Comment classifiez-vous aujourd'hui cette crise par rapport
aux précédentes ?
Nos experts sont tous unanimeset s'accordent que la crise
sanitaire Covid19 est inédite comparée à celles d'avant.
Même les acheteurs les plus pessimistes n'auraient pas pu prévoir
un tel impact sur la fonction Achat.
Sila dernière crise des subprimesa touché que la
santé financière des entreprises, celle du covid19 est
allée beaucoup plus loin, en bloquantdes chaines
d'approvisionnementsuite à la fermeture des frontières,
engendrant une récession économique aigue et sans
précédent, entrainant des difficultés
financièresaux fournisseurs, arrêt de production,pénurie de
matière première, baisse de qualité, absence des
collaborateurs à cause du confinement ou par le manque de masques et du
gel hydro- alcoolique au début de la crise.
« La crise sanitaire que nous connaissons
actuellement a, et aura des conséquences que personne n'est en mesure
d'évaluer à ce stade »
«Dans un contexte sanitaire et économique
incertain, les Achats se trouvent en première ligne en matière de
gestion. Sécuriser la chaîne d'approvisionnent, réduire les
coûts et améliorer les délais de paiements sans pour autant
aggraver la santé financière de nos fournisseurs».
«Nos outils de gestion de risques fournisseurs, ne
permettent pas d'anticiper la crise ».
17-2 Sous thème : L'impact de la crise sur les
fournisseurs
Cette rubrique aborde la réponseaux questions quatre,
sept et onze :
Quelle est la catégorie de fournisseurs la plus
touchée par la crise économique ?
Avez-vous eu des fournisseurs en difficulté, comment
cela s'est traduit et comment avez-vous géré la relation avec vos
fournisseurs en difficulté ?
Avez-vous rencontré des ruptures de la chaine
d'approvisionnement à cause d'un fournisseur ? Si oui, comment
avez-vous géré ce problème ?
« Tous les fournisseurs ont été
impactés par la crise sanitaire, mais pas de la même
manière ni au même niveau ».
« Cela varie en fonction de la taille, de la position
concurrentielle et de la santé financière, il y a eu des
fournisseurs qui ont pu résister à la crise actuelle, d'autres
non. Mais cela ne suffit pas. Les fournisseurs qui ont fait preuve d'une
capacité d'adaptation et d'agilité sont ceux qui ont
purésister le mieux voire même tirer profit de cette
crise».
70% des experts confirment avoir eu au moins un fournisseur,
soit en difficulté financière, ou en incapacité de
livraison.
« On a eu des fournisseurs en difficultés
financières, notre engagement vis-à-vis d'eux nous a
poussé à réduire nos délais de paiement pour les
aider à avoir de la trésorerie et un fond de roulement
immédiat, on a même prévu à titre exceptionnel, le
paiement à l'avance de certainesfactures ».
«Nous avons eu des difficultés
financières, ce qui nous a empêché d'aider nos
fournisseurs, au contraire, notre fournisseur historiquea maintenu la livraison
mêmeà défaut de paiement »
90% des experts ont eu une rupture de leurs chaines
d'approvisionnement, ou un retardement de livraison d'une façon
inédite et exceptionnelle qui pousse toute la chaine logistique à
s'innover et à se réinventer. Ceci est dû principalement
à la fermeture brutale des frontières aériennes, maritimes
et terrestres.
La logistique mondiale a été fortement
fragilisée, tous nos experts s'approvisionnent d'une manière
directe ou indirecte depuis la Chinequi est devenue un carrefour
stratégique de la chaine d'approvisionnement.
Ceci les a poussés à repenser leurs orientations
stratégiques sur la sécurisation des sources d'approvisionnement.
«On a souvent évitéles ruptures
d'approvisionnement depuis l'Asie grâce à la duplication des
sources, toutefois, même dans les pires scénarii, jamais on
n'aurait pensé à une fermeture complète des
frontières, la relocalisation pourrait être une solution
envisageable. »
«Certaines entreprises étaient plus
préparées que d'autres pour faire face à une telle
éventualité, eIles ont développé des relations
solides avec des fournisseurs clés. Ceci leur a permis de gagner en
visibilité sur toute la chaine d'approvisionnement.De façon
à anticiper les risques et prendre des mesures nécessaires en
fonction de leurs priorités. Elles ont fait preuved'agilité face
à leurs réseaux de production et de distribution.»
«Certaines entreprises dépendent
principalement d'une région ou d'un seul fournisseur pour obtenir des
produits clés. Elles ne disposent pas d'une bonne maitrise ni de
visibilité suffisante pour percevoir les risques.»
17-3 Sous thème : les priorités de la
fonction Achat en période de crise
Cette partie répondra à la question six :
Avez-vous des projets innovants avec vos
fournisseurs ? Si oui, comment ils ont été impactés
par la crise ?
Capter l'innovation auprès des fournisseurs est devenu
un enjeu de différenciation majeur pour les entreprises induisant un
accent incontournable chez les acheteurs. En effet, ils doivent suivre
l'évolution du marché à travers la participation active
aux salons fournisseurs, l'organisation et le déroulement des
journées d'innovation afin de challenger leurs propres panels
fournisseurs.
En revanche, l'innovation implique un lourd investissement qui
risque d'être impacté pendant une période de
récession.
80% de nos experts confirment avoir été
impliqués avec leurs fournisseurs dans des projets d'innovation, 75% des
80% ont suspendu les projets jusqu'à nouvel ordre, 25% ont maintenu les
projets.
« En cette période de crise, les directions
Achats recentrent leurs priorités,il faut d'abord gérer les
urgences, le pilotage des risques fournisseurs et de la supplychain,
l'accélération de la transformation digitale et
l'amélioration de la visibilité pour une prise de décision
rapide et claire.»
« Nous sommes dans une étape avancée
dans nos projets d'innovation, on est tenu par des obligations vis-à-vis
de nos fournisseurs qui ont beaucoup investi aussi. Certes la crise a un peu
retardél'avancement, mais nous noussommes bien alignés avec nos
partenaires afin de surmonter cette phase critique. »
« Nous rencontrons des difficultés de
trésorerie, nous sommes dans l'incapacité de maintenir les
investissements en innovation, notre client a été
compréhensif et on s'est mis d'accord pour suspendre
momentanément le projet.»
17-4 Sous thème : La gestion des risques
fournisseurs
Cettepartierépondra à la question cinq de notre
guide d'entretien :
Quelles sont vos procédures et outils de gestion de
risques fournisseurs ?
Les acheteurs sont les responsables de la gestion du panel
fournisseur. Ils sont les premiers à entrer en contact avec les
ressources externes, et sont tenus à veiller sur leurs performances
à travers un suivi régulier, une gestion des risques
éventuelle, et ceci avant et pendant toute la durée du
contrat.
La quasi-totalité des experts Achats ont à
leurdisposition des outils de gestion de risques fournisseurs mais
déclarent par la même occasion leur insatisfaction au regard des
résultats escomptés.
«Nous disposons de plusieurs outils de gestion de
risques fournisseurs.On révise chaque année leur santé
financière, à travers des questionnaires, on vérifie que
nos fournisseurs adhèrent à nos valeurs sociétales, en
plus de cela, on organise des visites régulières aux usines de
nos fournisseurs pour s'assurer des conditions de travail et le bon respect des
normes. »
«La normalisation des gestions de risque doit
être systématique par les collaborateurs afind'intégrer
toutes les données dans nos ERP pourfluidifier le passage
d'information. »
« L'investissement a été
portée sur les outils de gestion des risques fournisseurs, les
données sont tellement volumineuses au point de compliquer l'analyse aux
utilisateurs. »
« Nous sommes en train d'étudier la
possibilité de consolider toutes les bases de données grâce
à l'intelligence artificielle, pour pouvoir ressortir des informations
synthétiques et fiables »
« Pendant la crise sanitaire, les visites physiques
et les déplacements chez les fournisseurs n'ont pas été
possible, il faut repenser les moyens d'audit. »
« Pendant la crise du covid19, plusieurs
sociétés ont eu desdifficultés de
signaturesélectroniques du contrat avec leurs fournisseurs, des
difficultés de correspondance faute de moyens technologiques suffisants
permettant l'accessibilité du traitement de
l'information. »
«C'est dur aux acheteurs de gérer
l'ensembledes risques fournisseurs. Il est temps de créer une cellule
autonome dédiée à la gestion de tous risques.
»
17-5 Sous thème : L'impact de la crise sur la
relation fournisseur - acheteur
Cette rubriques'articule autour du coeur de notre sujet, il
répond aux questions huit, neuf et dix :
Est-ce que vous avez eu des révisions de contrats
avec vos fournisseurs suite à la crise et quelles sont les
conséquences ?
Pouvez-vous nous décrire l'impact de la crise sur
les rapports de force avec les fournisseurs ?
Quelle est le degré de confiance avec vos
fournisseurs suite à l'impact de la crise ?
La pandémie du covid19 a impacté la
régulation des prix définis dans les contrats liant les
fournisseurs aux acheteurs.
En effet, les prix de certaines matières
premières ont flambé ce qui a conduit les fournisseurs à
demander une révision de prix à la hausse, même constat
pour les conditions de livraison, suite aux retards et aux contraintes
logistiques.
La baisse de la demande a poussé les acheteurs à
revoir leurs volumes d'achat. Les délais de paiement ont aussi
été modifiés suite aux contraintes de trésorerie.
Certains acheteurs ont même apporté des avenants propres aux
nouvelles conditions de la crise sanitaire.
« J'ai accepté une révision de prix
avec un de nos fournisseurs suite à la pénurie exceptionnelle de
matière première. »
« Suite à la baisse d'activité, notre
client a demandé une révision du volume à livrer, cela
nous a coûté des frais de stockage supplémentaires qu'on a
partagé à deux. »
« Notre stock de sécurité nous a
aidé à surmonter le pic de la crise, nous n'avons pas eu besoin
de modifier les contrats. »
La crise sanitaire a déséquilibré
quelques relations fournisseurs - acheteurs, comme nous l'avons cité
précédemment, la pénurie des produits a valorisé la
position de certains fournisseurs qui ont essayé d'en tirer le maximum
de profit. Nos experts en Achat n'ont pas eu de cas similaire mais ils
redoutent tousce comportement pragmatiqueet n'envisagent aucune collaboration
sur le long terme avec ce genre de fournisseurs.
Concernant la confiance, comme on a cité dans la
bibliographie, c'est un élément important pour développer
une relation durable avec les fournisseurs. La crise actuelle a renforcé
la confiance dans certainesrelations fournisseurs - acheteurs, comme elle en a
affaiblie d'autres.
« Globalement je suis satisfait de la
réactivité et la résilience de mon panel fournisseurs,
j'ai toujours basé ma relation avec mes fournisseurs sur la confiance.
Pendant la crise, on a intensifié la communication pour un maximum de
transparence, je n'ai pas eu d'effet surprise. Pour moi, développer le
capital social avec les fournisseurs est le seul moyenpour faire face aux
risques. »
« Mon fournisseur a eu beaucoup de retard pour
recevoir le gel désinfectant et les masques, ce qui a ralenti sa
production,j'étais dans l'obligation de chercher une source alternative
pour maintenir notre activité. »
Ce qu'Il faut retenir du thème : L'impact de la crise
sur les fournisseurs
L'impact de la crise sur les fournisseurs
|
Impact financier
|
70% des experts Achats confirment que la crise actuelle a
impacté la santé financière de leurs fournisseurs
|
Impact sur la chaine d'approvisionnement
|
90% des experts Achats ont rencontré des ruptures ou
difficultés d'approvisionnement.
|
Diversification des sources
|
Les experts reconnaissent l'importance de la diversification des
sources et régions d'approvisionnement.
|
La maitrise de la chaine logistique
|
Entretenir une bonne relation avec les fournisseurs aide
à anticiper les risques et donne un bonne visibilité sur toute la
chaine d'approvisionnement.
|
L'innovation
|
75% des experts ont dû suspendre leurs projets
d'innovation, pour se concentrer sur les urgences.
|
Les priorités des acheteurs en période de
crise
|
le pilotage des risques fournisseurs et de la supply chain,
l'accélération de la transformation digitale et
l'amélioration de la visibilité pour une prise de décision
rapide et claire
|
Engagement fournisseurs - acheteurs
|
Les acheteurs sont obligés de respecter les engagements
vis-à-vis des fournisseurs impliqués dans des projets
d'innovation.
|
Outils de gestion de risques fournisseurs
|
-Révision financière
-Audit interne
-Questionnaire
|
Fluidité d'information
|
L'intégration des outils de gestions de risque
fournisseurs dans L'ERP facilitera le passage d'information
|
La digitalisation des outils de gestions de risques
|
L'intelligence artificielle permettra une consolidation des
données relatives à la gestion des risques fournisseurs, pour une
information synthétique et fiable en temps exacte.
|
Cellule de gestion de risques
|
La création de cellule ou entité au sein de
l'entreprise dédiée qu'à la gestion des risques permettra
un bon suivie, une bonne réactivité et des résultats
efficaces.
|
Contrats
|
60% de nos experts ont procéder à une
révision des contrats, soit sur le contrat cadre soit par avenants.
|
La communication
|
Nos experts affirment que la communication avec les fournisseurs
est importante surtout en période de crise.
|
La confiance
|
Une relation fournisseur - acheteur basée sur la
confiance permet un gain de temps en période de crise et favorise la
réactivité.
|
Le stock de sécurité
|
La crise sanitaire a montré l'importance du stock de
sécurité.
|
22.
Thème : La relation fournisseur - acheteur après la
crise
Ce thème répond aux questions douze et treize du
guide d'entretien :
Comptez-vous garder le même panel fournisseur
après la crise ?
Comment vous êtes-vous projetés sur la
période post crise ?
La crise économique a mis en exergue plusieurs
défaillances chez les entreprises.Des retards de livraison, une faible
réactivité, des chaines logistiques fragilisées, des
contraintes financières, l'absence d'outils informatiques, etc.
Ceci a éclairci le niveau de maturité des
fournisseurs aux yeux des acheteurs. Sur le plan stratégique, nos
expertssont liés à des contrats de longues durées avec des
fournisseurs de grande taille choisis minutieusement. Ilsne peuvent paschanger
leursfournisseurs historiques ou stratégiques sur le court terme. Par
contre, ils prévoient la révision des fournisseurs non
stratégiques afin d'optimiser leurs rapports quantité,
coût, délais.
«On ne peut pas changer un fournisseur historique du
jour au lendemain, c'est une collaboration qui date depuis des années ce
qui rend le changement plus difficile. »
Nos experts se préparent déjà pour la
sortie de la crise, ils ont tous la volonté de renforcer les faiblesses
détectées en pleine période de crise. Le fait que leurs
entreprises évoluent dans un marché qualifié de volatile,
incertain, complexe et ambigu, complique leur fonctionnement, plus
particulièrement en période de crise.
« Nous avons détecté plusieurs
anomalies qu'on espère améliorer. Lesplans d'actions qu'on a mis
en place visent le traitement des urgences sur le court terme, pour anticiper
les pires scénarios et s'y préparer, fluidifier la communication
avec nos fournisseurs et réduire les coûts externes. Sur le long
terme, on s'oriente vers l'amélioration de notre agilité, la
construction d'un programme de gestion des risques, la réduction des
coûts en investissant dans la technologie et la digitalisation.
»
Ce qu'Il faut retenir du thème : La relation
fournisseur - acheteur après la crise
La relation fournisseur - acheteur après la
crise
|
Révision du panel fournisseur
|
Les experts prévoient la révision du panel
fournisseursnon stratégiques, mais comptent améliorer les
fournisseurs stratégiques et historiques.
|
La préparation à la période post
crise
|
Court terme :
- Renforcer la communication avec les fournisseurs
- Anticiper les crises
- Réduire les coûts
Long terme :
- Améliorer l'agilité
- Améliorer la gestion des risques
- Investir sur la technologie et la digitalisation
|
VIII. Présentation du guide
pratique
L'enquête réalisée dans la
précédente partie nous a permis de construire un guide pratique
proposant un ensemble depréconisations pour accompagner les entreprises
et les directions des Achats dans lagestion de la relation fournisseurs en
période de crise économique. Son déploiement va permettre
aux acheteurs de bien piloter les différents projets en période
de récession, de maintenir un bon relationnel avec les fournisseurs et
préparer un terrain propice pour la phase post crise.
Nos recommandations sont construites sur la base d'une
étude terrain poussée à travers l'analyse des
différents retours d'expériences de nos experts en Achat pour
s'assurer d'une efficacité optimale. L'impact de la crise
économique sur la relation fournisseur - acheteur est conséquent,
durant toutes nos phases de recherche, il s'est avéré qu'il
n'existe pas une seule et unique solution pour répondre à notre
problématique, mais plutôtdes préconisations et de bonnes
pratiques Achats approuvées par nos experts qu'on va
présentersous forme d'un kit d'outilspuissant regroupant les actions
à mettre en place suivant un ordre selon le niveau d'urgence.
A cet effet, nos experts jugent que l'application des
recommandations suivantes permettra une bonne maitrise des risques liés
à une crise économique, renforcera la résistance d'une
fonction Achat dans les phases critiques d'une récession,minimisera au
maximum les retombéesnégatives et mettra en avant le rôle
stratégique de la fonction Achat au sein de l'entreprise.
Préconisation 1 :
Renforcer la communication
Intensifier lacommunication en période de crise
économique s'est avéré un outil puissant pour minimiser
les risques et s'assurer d'une bonne visibilité.
En interne comme en externe la communication simplifie la
prise de décision et la fluidité de l'information. Les acheteurs
doivent communiquer en permanence avec leurs fournisseurs ainsi que toutes les
fonctions de l'entreprise afin d'assurer la bonne progression des projets.
Une communication optimale passe avant tout par des canaux. La
crise actuelle a imposé le télétravail mettant en exergue
la faiblesse des moyens informatiques aux sein des entreprises. Il est temps
d'investir davantage dans ce sens pour éviter la saturation des
serveurs, mettre des outils informatiques performants à la disposition
du personnel et développer les plateformes de collaborations virtuelles.
Une bonne communication avec les fournisseurs renforce la
relation par le biais de la transparence et la confiance. Elle est un
élément incontournable pour faire face aux imprévus et
avoir une bonne visibilité sur toute la chaine depuis
l'approvisionnement jusqu'à la distribution.
Préconisation 2 :
Accélérer la digitalisation de la fonction achat
La crise économique actuelle a remis en question le
rôle de la digitalisation. La révolution numérique dans le
milieu de l'industrie conduit chaque fonction à réinventer ses
pratiques, son avenir et même son poids au sein de l'entreprise, les
directions Achats n'échappent pas à la règle.
La
digitalisation de
la fonction Achat aura des conséquences profondes sur la relation
avec les fournisseurs dont certaines n'ont pas encore été assez
étudiées. A titre d'exemple, l'extension de la chaîne de
valeur grâce à la digitalisation augmentera la qualité et
la rapidité de réponse aux acheteurs, toutefois elle
représente une source de conflits juridiques, en matière de
propriété et de protection des données fournisseurs.
Quoi que la digitalisation ait des contraintes, notre
étude a mis en évidence plusieurs avantages. La signature
électronique des contrats à titre d'exemple a permis un gain en
temps et en argent. Les acheteurs ne disposant pas de cet outil ont
rencontré un blocage pendant la crise empêchant l'avancement de
leurs projets. Pareil pour la sécurité des approvisionnements,
grâce à la digitalisation la passation des commandes se fait
aujourd'hui à travers des plateformes digitales
interconnectées,l'approvisionnement en ligne, est devenu la solution
efficace de la fonction Achats permettant une interconnexion fournisseurs,
acheteurs et opérationnels autour de pratiques et de
référentiels communs.
Préconisation 3 :
Diversifier les sources
Les acheteurs optimisent leurs chaînes
d'approvisionnement à travers la réduction des stocks et les
coûts d'approvisionnement, cela les a poussés à sourcer
dans les pays à bas coût sans prendre en considération le
risque lié à la rupture de la chaine logistique.
La crise du Covid-19 pourrait ainsi amener certaines
entreprises à repenser leur évaluation des risques de rupture
d'approvisionnement, en portant une attention accrue à la concentration
géographique de la production de certains articles.
Une telle réévaluation aboutirait à une
diversification des sources d'approvisionnement en maintenant plusieurs
fournisseurs en même temps pour renforcer la résilience de leur
chaîne logistique. Mais diversification ne signifie pas
nécessairement relocalisation sur le territoire national ou
régionalisation des chaînes de production.
Préconisation 4 :
Maintenir un bon niveau de stock de sécurité
Le stock de sécurité a souvent été
source de conflit au sein des entreprises. Entre la sécurisation des
approvisionnements et le coût qu'il représente, le maintenir ou
pas représente un réel dilemme. Il a fallu attendre
l'arrivée de la crise actuelle pour reconnaitre son importance. Avec la
pénurie des matières premières et le blocage des chaines
logistiques, seules les entreprises ayant gardé un bon niveau de stock
de sécurité ont pu maintenir leur activité.
Le concept du juste à temps qui se base sur le principe
de l'arrivée des biens au moment où l'on a besoin d'eux, risque
également d'évoluer. Les stocks de sécurité seront
reconsidérés et ne seront plus forcément vus comme des
sources de coûts. Les entreprises ne sont pas obligées d'appliquer
ce principe pour tous les produits. Elles peuvent selon leurs moyens se baser
uniquement sur les activités critiques limitant ainsi l'impact
financier. Elles doivent remettre en cause certains principes de
rentabilité en sollicitant la trésorerie pour assurer des stocks
de sécurité des produits sensibles, dans le cas ou ceux-ci ne
peuvent pas être produits à proximité.
Préconisation 5 :
Développer l'agilité
L'agilité de la fonction Achat à travers la
rapidité d'exécution de stratégies de contournement est un
enjeu révélé par la crise économique lié au
Covid19.Les acheteurs doivent répondre à deux contraintes
pour
garantir la
continuité d'activité:
· Remplacer les fournisseurs incapables partiellement ou
totalement de livrerpar d'autres solutions.
· Lancerun sourcing pour garantir des équipements
et des composants non couverts par les fournisseurs (Masques, gel
désinfectants).
Pour développer l'agilité et la
réactivité de la fonction Achat, il est important de mettre en
place un plan de continuité d'activité à travers :
· Le maintien de la collaboration en
télétravail
· La maintenance opérationnelle d'un vivier
de fournisseurs alternatifs
· La traçabilité des stocks de
composants et de produits semi-finis pour définir des stratégies
de mutualisation inter-sites
· Capacité à accélérer la
procédure de référencement sans sacrifier la
sécurité
Préconisation 6 :
Mettre en place une cellule de crise
Une meilleure réactivité et une bonne pertinence
des décisions prises par la fonction Achat impliquent une
cohérence exhaustive de l'information.
La création d'une cellule dédiée à
la gestion des risques au sein des entreprisespermettra un suivi
centralisé et efficace desdifférentes crises. Elle doit
être aujourd'hui une fonction indépendante parmi les autres
fonctions classiques surtout au sein desentreprises dont l'image s'étend
à l'international induisant ainsi un périmètre
d'intervention plus large et des impacts plus importants.
L'actuelle crise sanitaire a confirmé
l'incapacité des acheteurs de suivre à la fois les risques
fournisseurs et les risques d'une crise économique. La création
d'une cellule de crise rattachée directement aux autres fonctions de
l'entreprise permettra :
· Une garantie aux collaborateurs, à travers la
mise en place des outils d'intervention efficaces et adaptés pour
chaque type de risque.
· Unmaintien de l'activitéà travers la
sécurisation des matières premières
stratégiques.
· Une adaptation et une agilité suffisantepour
surfer sur les éventuelles vaguesd'évolution du marché et
des modèles économiques.
· Une rapide réactivité
permettantd'éviter un retard de prise de décision.
Préconisation 7 :
Instaurer la confiance fournisseurs
La crise Covid19 a causé une pénurie à
tous les niveaux (main d'oeuvre, moyens de transports, matières
premières, services). Les décisions brusques des gouvernements
ont poussé chaque acteur économique à procéder
à des arbitrages au jour le jour, en fonction de l'évolution de
la situation.
Le moment où la majorité des entreprises ont des difficultés pour accéder à des
capacités et à des services indispensables à
la supply chain, celles dont la fonction Achat a su tisser au fil des
années des
relations de confiance
avec leurs fournisseurs à travers des programmes d'innovation et
d'amélioration continue de la chaîne de valeur au profit de
tousdisposent clairement d'un avantage et d'une position confortée
pendant la tempête.
Préconisation 8
:Intégrer l'intelligence artificielle
Les avancées technologiques ont
révolutionné le monde industriel. Aujourd'hui, une multitude
d'outils informatiques proposent une gestion préventive des risques
fournisseurs. Néanmoins, ils ressortent un énorme volume
d'informations compliquant ainsi le suivi et la prise de décision.
L'intelligence artificielle est la solution efficace pour
consolider toute les bases de données afin de présenter un
tableau de bord des risques fournisseurs. A travers la corrélation des
informations et des algorithmes,l'IA est capable d'analyser tous les risques
liés à un fournisseur, tel que (Difficultéet
dépendance financière, conditions météorologiques,
fraude, corruption, non-respect de l'environnement, subvention d'organismes
terroristes, blanchiment des capitaux etc.)pour enfin les présenter sous
forme de rapportset des graphiques simples à interpréter
résumant et facilitant ainsi le suivi aux usagers.
Préconisations de dispositions Achats en période
de crise
Echelle d'urgence
IX. Conclusion
générale
Le cadre général de notre mémoire
s'inscrit dans une démarche d'amélioration de la relation
fournisseur. Notre questionnement de recherche porte sur l'impact de la crise
économique sur la relation fournisseur - acheteur.
L'introduction générale,
retrace les phases d'évolution de la fonction Achat, son passage
d'acheter pour produire à acheter pour vendre et enfin acheter pour
innoverainsi queles répercussionsde cette transformation sur la
relation fournisseur - acheteur.La place et la responsabilité de la
direction des Achats sont alors discutées à travers le rôle
stratégique qu'elles occupentdans la gestion de la relation fournisseur
en période de récession.On a représenté les
thèmes principaux qui vont être étudiés tout au long
de notre mémoire. L'ensemble convergeant vers notre questionnement de
recherche sur l'art et la manière dont les Achats vont accompagner
l'entreprise en période de crise économique.
Dans la première partie, nous
orientons notre recherche bibliographique, vers l'approfondissement des
thèmes analysés durant la première partie. Nous
déclinons les différentes stratégies Achats, la
segmentation fournisseur etles types de relations fournisseur - acheteur
existantes.Ensuite nous analysons les modes de management de cette fameuse
relation et nous évoquons le rôle que la confiance joue dans son
développement. Nous introduisonsaprès la notion de la gestion des
risques aux sein des entreprisespuis nous étalons l'ensemble des risques
liés principalement aux fournisseurs. De ce postulat, nous avons inscrit
la crise économique dans le cadre d'un risque fournisseur lié au
marché pour finir par une proposition d'outil de gestion de
risques.Notre recherche n'a pas été fructueuse en matière
d'outils Achats incluant une description précise de leur
déploiement, d'où nos questions sur ce thème durant
l'enquête. En complément, la recherche sur l'état de l'art
nous a orienté vers un focus particulier surcomment les acheteurs
peuvent maintenir une forte relation avec les fournisseurs en pleine crise
économique. Le sens emblématique de ces thèmes en lien
avec les enjeux de demain, nous a incité à les confronter
à la réalité actuelle, à travers notre
enquête.
La deuxième partie précise la
méthode de recherche retenue, la création d'un questionnaire
d'entretien et la méthode d'analyse des données. Le choix de la
méthode d'enquête de terrain et la construction du questionnaire
s'appuient sur la première partie. Nous avons privilégié
une méthode de recherche qualitative et la réalisation
d'entretiens avec des experts reconnus dans la sphère des achats
industriels. La méthode correspond à celle nommée «
DELPHI ». En effet, après adaptation, elle s'inscrit parfaitement
dans le cadre de notre recherche. Pour capitaliser l'opinion d'acteurs majeurs
de la profession, le questionnaire élaboré est articulé
autour des thèmes abordés dans la partie sur l'état de
l'art et orienté afin de les confronter à la
réalité contemporaine du terrain.
La troisième partie est exclusivement
consacrée à l'analyse des résultats et à la
déclinaison de nos préconisations à travers un guide
pratique. Les entretiens approfondissent certains thèmes et confrontent
notre problématique et l'état de l'art aux vécus de nos
experts. Si certains rejoignent les idées développées lors
de l'état de l'art, d'autres manifestent un décalage conduisant
à une partie de nos préconisations. La création du guide
pratique se fixe pour but d'échanger sur les « best practice »
des grands groupes. De plus, ce guide apporte des réponses aux
problématiques soulevées dans la première partie et prend
en compte les informations recueillies à travers la recherche
bibliographique et du résultat de l'enquête de terrain.
Préconisations :
ü Renforcer la communication
|
ü Accélérer la digitalisation de la
fonction Achat
|
ü Diversifier les sources
|
ü Maintenir un bon niveau de stock de
sécurité
|
ü Développer l'agilité
|
ü Mettre en place une cellule de crise
|
ü Instaurer la confiance fournisseur
|
ü Intégrer l'intelligence artificielle
|
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Les fiches de
synthèse
Entretien du 22 Novembre 2020 avec l'expert
1
Directeur des Achats dans l'industrie de chauffage et de
ventilation
Question n°1 : Pouvez-vous nous
décrire l'organisation de votre fonction Achat ?
Notre organisation est composée de 2 niveaux :
groupe et local.
Nous sommes organisés par familles Achats directes et
indirectes gérées par des catégories manager avec des
acheteurs opérationnels au niveau des sites.
Cette organisation Achats par catégorie nous permet de
créer des synergies et de répondre aux besoins communs et
spécifiques de nos sites de production.
Question n°2 : Appliquez-vous la
même stratégie Achat pour tout le panel
fournisseurs ?
Nous définissons par catégorie,
« leader » avec lesquels nous entretenons une relation plus
intégrée en amont dans le développement de nos projets.
Question n°3 : Comment
classifiez-vous aujourd'hui cette crise par rapport aux
précédentes ?
La crise actuelle est universelle, elle touche la santé
humaine et a révélé la fragilité de certaines
entreprises, la dépendance de plusieurs secteurs économiques et
la complexité des chaines d'approvisionnement. En effet les ruptures de
la supply chain causées par différents facteurs dont le transport
a généré des allongements de délai voire des
arrêts de production.
Question n°4 : Quelle est la
catégorie de fournisseurs la plus touchée par la crise
économique ?
Plusieurs de nos fournisseurs ont été
impactés par la crise. Ceux qui étaient fragiles avant la crise
ont souffert davantage. La crise a accentué leur faiblesse
financière et a condamné leur pérennité.
Question n°5 : Quelles sont vos
procédures et outils de gestion de risques
fournisseurs ?
Nous réalisons une évaluation de risque
annuelle. Les risques les plus critiques avec un impact potentiel majeur sur
nos résultats font l'objet d'un suivi pour les gérer et
définir des plans d'action de mitigation de risques.
Question n°6 : Avez-vous des projets
innovants avec vos fournisseurs ? Si oui, comment ils ont
été impactés par la crise ?
Nos projets de développement avec certains de nos
fournisseurs stratégiques ont fait l'objet d'une revue
détaillée pour en considérer les plus indispensables et
ainsi préserver une trésorerie solide. Nous avons reporté
certains projets pour 2021 et 2022 ce qui va se traduire forcément par
un manque de revenu de certains de nos fournisseurs dans les 3 prochaines
années.
Question n°7 : Avez-vous eu des
fournisseurs en difficulté, comment cela s'est traduit et comment
avez-vous géré la relation avec vos fournisseurs en
difficulté ?
Certains de nos fournisseurs ont eu un manque de
trésorerie, le montant limite de leur garantie d'assurance a
baissé.Pour continuer à alimenter leurs outils de production, ils
ont eu besoin de réduire les termes de paiements. D'autres fournisseurs
ont eu recoursà la qualification des fournitures équivalentes
pour assurer la continuité de leurs activités.
Question n°8 : Est-ce que vous avez
eu des révisions de contrats avec vos fournisseurs pour donner suite
à la crise et quelles sont les conséquences ?
Nous avons surtout créé de nouveaux contrats et
avons fait signer nos fournisseurs nos conditions générales
d'achats dans le cadre de la sécurisation de nos approvisionnements.
Cela nous a permis de consolider nos relations à long termes pour
pérenniser nos actions communes.
Question n°9 : Quelle est le
degré de confiance avec vos fournisseurs pour donner suite à
l'impact de la crise ?
Nos fournisseurs qui ont entretenu une communication
étroite et transparente,qui nous ont accompagné en
répondant à nos besoins malgré les difficultés,
vont voire leurs crédibilités et leurs capital confiance
augmentée.
Question n°10 : Pouvez-vous nous
décrire l'impact de la crise sur les rapports de force avec les
fournisseurs ?
La crise a surtout révélé notre
interdépendance avec un certain nombre de nos fournisseurs, elle nous a
permis d'apprendre leurs difficultés ainsi que leurs solidité
pour faire face à la crise. Nos échanges et plan d'actions commun
nous ont permis de mieux les intégrer dans notre contexte et surtout
partager plus de visibilité afin d'anticiper les difficultés post
crise.
D'une manière générale, un
équilibre de la relation s'est ressenti car nous comprenions les
contextes et nous avions un objectif commun celui de gérer aux mieux la
situation.
Question n°11 : Avez-vous
rencontré des ruptures de la chaine d'approvisionnement à cause
d'un fournisseur ? Si oui, comment avez-vous géré ce
problème ?
Partiellement oui, nous avons eu de la chanced'avoir eu des
stocks de sécurité élevé sur certaines
catégories qu'on avait prévu pour pallier la période de
fête du nouvel an chinois. Quelques ruptures nous ont conduit à
valider des nouvelles sources d'approvisionnement.
Question n°12 : Comptez-vous garder le
même panel fournisseur après la crise ?
Nous allons nous adapter aux conséquences de la crise,
revoir avec nos fournisseurs stratégiques ce qu'on doit changer ensemble
dans nos développements communs. Nous comptons garder les fournisseurs
qui ont mieux gérer la crise et il est certain que de nouveaux
critères de gestion de risques vont faire partie dorénavant de
nos évaluations des fournisseurs.
Question n°13 : Comment vous
projetez-vous sur la période post crise ?
Nous allons retenir des leçons apprises lors de cette
crise et adresser des plans d'actions sur notre stratégie de sourcing et
sur le risque management de nos fournisseurs critiques. Nous allons
également standardiser davantage nos produits pour mieux maitriser nos
approvisionnements.
Entretien du 29 Novembre 2020 avec l'expert
2
Directeur des Achats directe (Industrie métallique)
Question n°1 : Pouvez-vous nous
décrire l'organisation de votre fonction Achat ?
On organise nos fonction Achats de façon à ce
qu'elle soit capable de répondre aux différents projets. Ces
équipes achat sont composées d'un acheteur projet, ils sont
très proches des bureaux d'études. Il y a quelques années
nous étions localisés pour être plus proche de
l'Engineering mais elle s'est avérée plus couteuse, aujourd'hui
nous avons une structure centrale qui nous a permis d'optimiser nos
coûts.
Question n°2 : Appliquez-vous la
même stratégie Achat pour tout le panel
fournisseurs ?
Non, nos fournisseurs sont classés selon leurs poids
stratégique, chaque classe a une stratégie adéquate.
Question n°3 : Comment
classifiez-vous aujourd'hui cette crise par rapport aux
précédentes ?
La crise du Covid-19 est assez particulière, on ne sait
même pas encore ses retombés futures.
Question n°4 : Quelle est la
catégorie de fournisseurs la plus touchée par la crise
économique ?
Tous nos fournisseurs ont été touchés par
la crise, il y en a ceux qui ont bien su la gérer, d'autres non.
Question n°5 : Quelles sont vos
procédures et outils de gestion de risques
fournisseurs ?
Nous avons investi dans pas mal d'outils, notre prochaine,
nous oeuvrons à ce que leurs normalisation soit systématique par
les collaborateurs afin d'intégrer toutes les données dans nos
ERP pour de fluidifier le passage d'information.
Question n°6 : Avez-vous des projets
innovants avec vos fournisseurs ? Si oui, comment ils ont
été impactés par la crise ?
Oui, dès l'arrivée du Covid-19, nous avons
suspendu tous les projets d'innovation pour ce focaliser sur les urgences.
Question n°7 :Avez-vous eu des
fournisseurs en difficulté, comment cela s'est traduit et comment
avez-vous géré la relation avec vos fournisseurs en
difficulté ?
On a eu des fournisseurs en difficultés
financières, notre engagement vis-à-vis d'eux nous a
poussé à réduire nos délais de paiement pour les
aider à avoir de la trésorerie et un fond de roulement
immédiat, on a même prévu à titre exceptionnel, le
paiement à l'avance de certaines factures.
Question n°8 : Est-ce que vous avez eu
des révisions de contrats avec vos fournisseurs suite à la crise
et quelles sont les conséquences ?
Non, je gère principalement des fournisseurs avec qui
j'ai développé une confiance. On a négocié quelques
conditions dès l'arrivée du Covid19, mais pas au point de toucher
au contrats.
Question n°9 : Quelle est le
degré de confiance avec vos fournisseurs suite à l'impact de la
crise ?
Globalement je suis satisfait de la réactivité
et la résilience de mon panel fournisseurs, j'ai toujours basé ma
relation avec mes fournisseurs sur la confiance. Pendant la crise, on a
intensifié la communication pour un maximum de transparence, je n'ai pas
eu d'effet surprise. Pour moi, développer le capital social avec les
fournisseurs est le seul moyen pour faire face aux risques.
Question n°10 : Pouvez-vous nous
décrire l'impact de la crise sur les rapports de force avec les
fournisseurs ?
On n'a pas eu de cas extrêmes, mis à part un
seule fournisseur qui a demandé une hausse de prix suite à la
hausse du court d'acier, ce qui est tout à fait normale.
Question n°11 : Avez-vous
rencontré des ruptures de la chaine d'approvisionnement à cause
d'un fournisseur ? Si oui, comment avez-vous géré ce
problème ?
Oui, notre fournisseur basé en Inde n'a pas pu nous
livrer à temps, ce qui nous a poussé à
s'approvisionné d'une autre source basée en Europe.
Question n°12 : Comptez-vous garder le
même panel fournisseur après la crise ?
Oui.
Question n°13 : Comment vous
projetez-vous sur la période post crise ?
Nous avons détecté plusieurs anomalies qu'on
espère améliorer. Les plans d'actions qu'on a mis en place
visent le traitement des urgences sur le court terme, pour anticiper les pires
scénarios et s'y préparer, fluidifier la communication avec nos
fournisseurs et réduire les coûts externes. Sur le long terme, on
s'oriente vers l'amélioration de notre agilité, la construction
d'un programme de gestion des risques, la réduction des coûts en
investissant dans la technologie et la digitalisation.
Entretien du 15Décembre 2020 avec l'expert
3
Directeur des Achats dans une entreprise d'ingénierie
Question n°1 : Pouvez-vous nous
décrire l'organisation de votre fonction Achat ?
Nos achats sont organisés sous forme de Business Unit
implantées dans les quatre coins du globe, Chaque BU gère ses
achats d'une manière centralisé afin de bénéficier
de l'effet volume.
Question n°2 : Appliquez-vous la
même stratégie Achat pour tout le panel
fournisseurs ?
Non, Il est d'ailleurs impossible de le faire, un fournisseur
de frais généraux ne bénéficiera pas de la
même attention qu'on accorde à un fournisseur
d'ingénierie.
Question n°3 : Comment
classifiez-vous aujourd'hui cette crise par rapport aux
précédentes ?
La crise Covid-19 est difficile à gérer vu qu'on
ne dispose pas d'une vision gouvernementale claire dans le temps, on est
obligé de s'adapter au jour le jour.
Question n°4 : Quelle est la
catégorie de fournisseurs la plus touchée par la crise
économique ?
Le niveau d'impact diffère d'un fournisseur à un
autre, Cela varie en fonction de la taille, de la position concurrentielle et
de la santé financière, il y a eu des fournisseurs qui ont pu
résister à la crise actuelle, d'autres non. Mais cela ne suffit
pas. Les fournisseurs qui ont fait preuve d'une capacité d'adaptation
et d'agilité sont ceux qui ont pu résister le mieux voire
même tirer profit de cette crise.
Question n°5 : Quelles sont vos
procédures et outils de gestion de risques
fournisseurs ?
L'investissement a été portée sur les
outils de gestion des risques fournisseurs, les données sont tellement
volumineuses au point de compliquer l'analyse aux utilisateurs
Question n°6 : Avez-vous des projets
innovants avec vos fournisseurs ? Si oui, comment ils ont
été impactés par la crise ?
Notre activité se base principalement sur l'innovation,
alors oui on a des projets d'innovations avec nos fournisseurs et on est
toujours en train de les développer malgré la crise.
Question n°7 : Avez-vous eu des
fournisseurs en difficulté, comment cela s'est traduit et comment
avez-vous géré la relation avec vos fournisseurs en
difficulté ?
Oui, on a eu des fournisseurs en difficultés, mais
c'était des fournisseurs de troisième ronds qui n'arrivaient pas
à s'en sortir même avant la crise, comme ils étaient en
rouge, on a déjà prévu des sources alternatives.
Question n°8 : Est-ce que vous avez eu
des révisions de contrats avec vos fournisseurs suite à la crise
et quelles sont les conséquences ?
Oui, on a ajouté des clauses propres aux nouvelles
conditions qu'a imposé le Covid19.
Question n°9 : Quelle est le
degré de confiance avec vos fournisseurs suite à l'impact de la
crise ?
Notre groupe a toujours insisté sur le suivi de la
performance des fournisseurs, globalement on n'a pas eu de grande surprise, est
on a toujours confiance dans notre panel fournisseurs
Question n°10 : Pouvez-vous nous
décrire l'impact de la crise sur les rapports de force avec les
fournisseurs ?
Quand tu conclu des contrats avec tes fournisseurs, les termes
et les conditions sont bien claires, chacun est dans l'obligation de remplir
son devoir.
Question n°11 : Avez-vous
rencontré des ruptures de la chaine d'approvisionnement à cause
d'un fournisseur ? Si oui, comment avez-vous géré ce
problème ?
Oui, cela a retardé le développement des
projets, mais la plupart de nos client étaient compréhensifs.
Question n°12 : Comptez-vous garder le
même panel fournisseur après la crise ?
Oui, globalement, ils ont fait preuve d'une grande
agilité en cette période de crise.
Question n°13 : Comment vous
projetez-vous sur la période post crise ?
Nous avons accéléré la digitalisation de
nos Achats sur le court terme, et la révision de notre stock de
sécurité sur le long terme. Nous comptons aussi créer une
cellule de gestion de crise en interne pour maitriser et anticiper les
risques.
Entretien du 22Décembre 2020 avec l'expert
4
Directrice des Achats dans une entreprise d'assurance
Question n°1 : Pouvez-vous nous
décrire l'organisation de votre fonction Achat ?
Nous disposons d'une structure d'Achats projets servant
d'interface entre les projets et les acheteurs familles. Mais l'ensemble
reporte à une seule est unique direction qui centralise les
coûts.
Question n°2 : Appliquez-vous la
même stratégie Achat pour tout le panel
fournisseurs ?
Non, on applique des stratégies différentes
à nos fournisseurs.
Question n°3 : Comment
classifiez-vous aujourd'hui cette crise par rapport aux
précédentes ?
La crise sanitaire que nous connaissons actuellement a, et
aura des conséquences que personne n'est en mesure d'évaluer
à ce stade.
Question n°4 : Quelle est la
catégorie de fournisseurs la plus touchée par la crise
économique ?
Nul n'a échappé à l'impact négatif
de cette crise.
Question n°5 : Quelles sont vos
procédures et outils de gestion de risques
fournisseurs ?
Nous sous traitons la gestion des risque, nous recevons que
des rapports mensuels.
Question n°6 : Avez-vous des projets
innovants avec vos fournisseurs ? Si oui, comment ils ont
été impactés par la crise ?
Non, on observe ce qui se passe sur le marché, si un
fournisseur se présente avec une idée innovante on peut
envisagé son intégration.
Question n°7 : Avez-vous eu des
fournisseurs en difficulté, comment cela s'est traduit et comment
avez-vous géré la relation avec vos fournisseurs en
difficulté ?
Oui, notre responsabilité sociétal nous a
poussé à prendre des actions d'aide vis-à-vis d'eux,
surtout en termes de réduction de délais de paiement.
Question n°8 : Est-ce que vous avez eu
des révisions de contrats avec vos fournisseurs suite à la crise
et quelles sont les conséquences ?
Non.
Question n°9 : Quelle est le
degré de confiance avec vos fournisseurs suite à l'impact de la
crise ?
Tout le monde a été impacté par la crise,
on ne peut pas juger nos fournisseur dans cette période.
Question n°10 : Pouvez-vous nous
décrire l'impact de la crise sur les rapports de force avec les
fournisseurs ?
De notre part, on n'a jamais abusé de notre pouvoir
vis-à-vis nos fournisseurs, un tel comportement empêche le
développement de la relation sur le long terme.
Question n°11 : Avez-vous
rencontré des ruptures de la chaine d'approvisionnement à cause
d'un fournisseur ? Si oui, comment avez-vous géré ce
problème ?
Non, l'implantation de nos principaux fournisseurs en Europe
nous a évité la rupture de la chaine d'approvisionnement.
Question n°12 : Comptez-vous garder le
même panel fournisseur après la crise ?
Oui, malgré le fait qu'on a constaté quelques
anomalies chez quelques fournisseurs, cela à fait l'objet d'une
réunion avec eux pour améliorer certains points.
Question n°13 : Comment vous
projetez-vous sur la période post crise ?
Nous comptons investir davantage dans la digitalisation et
l'intégration de l'intelligence artificielle dans la gestion des
risques.
Entretien du 26Décembre 2020 avec l'expert
5
Directeur des Achats dans le secteur aéronautique
Question n°1 : Pouvez-vous nous
décrire l'organisation de votre fonction Achat ?
Notre Supply Chain est mondiale pour. Il s'agit d'achat de
produits brut (à usiner) ou usinés (seulement à assembler)
ou assemblés.
Question n°2 : Appliquez-vous la
même stratégie Achat pour tout le panel
fournisseurs ?
Non, on applique des stratégies différentes
à nos fournisseurs.
Question n°3 : Comment
classifiez-vous aujourd'hui cette crise par rapport aux
précédentes ?
Profonde et difficilement quantifiable pour le secteur
aéronautique.
Question n°4 : Quelle est la
catégorie de fournisseurs la plus touchée par la crise
économique ?
Les petits fournisseurs (PME). Et essentiellement les
fournisseurs très orientés sur le secteur aéronautique.
Question n°5 : Quelles sont vos
procédures et outils de gestion de risques
fournisseurs ?
Nous sous traitons la gestion des risque.
Question n°6 : Avez-vous des projets
innovants avec vos fournisseurs ? Si oui, comment ils ont
été impactés par la crise ?
Oui, actuellement ils sont suspendus.
Question n°7 : Avez-vous eu des
fournisseurs en difficulté, comment cela s'est traduit et comment
avez-vous géré la relation avec vos fournisseurs en
difficulté ?
Oui il y a des fournisseurs de notre panel en
difficulté. Il me semble que des accords financiers ont
été trouvé entre nos sociétés afin de
partager les dommages liés à la crise.
Question n°8 : Est-ce que vous avez eu
des révisions de contrats avec vos fournisseurs suite à la crise
et quelles sont les conséquences ?
Oui, on a surtout révisé le volume avec nos
fournisseur.
Question n°9 : Quelle est le
degré de confiance avec vos fournisseurs suite à l'impact de la
crise ?
Tout dépend des fournisseurs et de leur
dépendance au secteur aéronautique.
Question n°10 : Pouvez-vous nous
décrire l'impact de la crise sur les rapports de force avec les
fournisseurs ?
Aucun à ma connaissance. Mais certains fournisseurs
risquent de se diversifier sur le moyen termes afin de réduire leur
dépendance au secteur aéronautique. Ce qui aura pour effet de
réduire notre pourcentage de chiffre d'affaires chez eux donc in fine
une implication diminuée sur notre business.
Question n°11 : Avez-vous
rencontré des ruptures de la chaine d'approvisionnement à cause
d'un fournisseur ? Si oui, comment avez-vous géré ce
problème ?
Oui. En construisant des plans de rattrapage (courbes, plan
d'actions, suivis journalier/hebdo). En réduisant les cycles
théoriques. En modifiant les types de transport.
Question n°12 : Comptez-vous garder le
même panel fournisseur après la crise ?
Oui, au maximum car le sourcing de pièces
aéronautiques est complexe et long.
Question n°13 : Comment vous
projetez-vous sur la période post crise ?
Nous sommes dans l'obligation de revoir notre agilité,
pour plus de résilience.
Entretien du 4Janvier 2021 avec l'expert 6
Directeur famille Achats grande distribution
Question n°1 : Pouvez-vous nous
décrire l'organisation de votre fonction Achat ?
La direction des Achats était rattachée à
la direction financière, à ce moment, nos objectifs
étaient orientés coût, par la suite nos achats ont
gagné en maturité dès le rattachement à la
direction générale, cette décision a
révolutionné le poids et le rôle des Achats au sein de
notre groupe, aujourd'hui en plus des coûts on est tenu par l'obligation
de développer la qualité et l'innovation.
Question n°2 : Appliquez-vous la
même stratégie Achat pour tout le panel
fournisseurs ?
Non, je gère une famille d'achat directe (packaging)
composée d'un peu prêt de 40 fournisseurs. Il y en a ceux qui sont
indispensables pour notre activité et d'autres moins, donc il est clair
qu'on accorde des stratégies différentes. Enfaite c'est parfois
le marché qui t'exige un certain nombre de choses.
Question n°3 : Comment
classifiez-vous aujourd'hui cette crise par rapport aux
précédentes ?
Il faut avouer que la crise liée à la Covid19
est assez critique que celles d'avant, néanmoins je pense qu'on a
passé le moment le plus difficile en été. Maintenant, on
s'est plus adapté aux nouvelles contraintes du marché. Pas mal de
personnes pensent que le secteur de la grande distribution est le gagnant de
cette pandémie vu la demande agressive qu'on a connu. Mais, il faut
savoir que derrière c'est tout un travail stressant qui se fait, surtout
au niveau des achats et la logistique.
Question n°4 : Quelle est la
catégorie de fournisseurs la plus touchée par la crise
économique ?
Les PME et les petites coopératives sont les plus
touchées par cette crise, ils n'ont pas pu répondre surtout
à la grande demande.
Question n°5 : Quelles sont vos
procédures et outils de gestion de risques
fournisseurs ?
Nous révisons chaque année la dépendance
et la santé financière de nos fournisseur. Dernièrement on
a créé une fonction appelé conformité au sein de
notre groupe, elle s'occupe principalement du contrôle d'éthique,
le respect de l'environnement et le négative média.
Question n°6 : Avez-vous des projets
innovants avec vos fournisseurs ? Si oui, comment ils ont
été impactés par la crise ?
Oui, principalement moi qui gère la famille d'achat
emballage. Avec mes fournisseurs, nous essayons de développer des
matériaux pour remplacer le plastique. On est plus orienté
maintenant carton bio dégradable. C'est projets ont étaient
freinés par l'arrivé de la pandémie, puisqu'on avait une
contrainte de surproduction à ce moment-là, mais petit à
petit ils ont repris leurs avancement normal.
Question n°7 : Avez-vous eu des
fournisseurs en difficulté, comment cela s'est traduit et comment
avez-vous géré la relation avec vos fournisseurs en
difficulté ?
Oui, comme j'ai cité avant, les petites
coopératives étaient les plus touché par cette crise, de
notre part, le maximum qu'on a pu faire c'est réduire les délais
de paiement.
Question n°8 : Est-ce que vous avez eu
des révisions de contrats avec vos fournisseurs suite à la crise
et quelles sont les conséquences ?
Oui, avec la pénurie de certains produits, on a
été amené à réviser les prix de certains
contrats.
Question n°9 : Quelle est le
degré de confiance avec vos fournisseurs suite à l'impact de la
crise ?
Tout dépend des fournisseurs et de leur
dépendance au secteur aéronautique.
Question n°10 : Pouvez-vous nous
décrire l'impact de la crise sur les rapports de force avec les
fournisseurs ?
Aucun à ma connaissance. Mais certains fournisseurs
risquent de se diversifier sur le moyen termes afin de réduire leur
dépendance au secteur aéronautique. Ce qui aura pour effet de
réduire notre pourcentage de chiffre d'affaires chez eux donc in fine
une implication diminuée sur notre business.
Question n°11 : Avez-vous
rencontré des ruptures de la chaine d'approvisionnement à cause
d'un fournisseur ? Si oui, comment avez-vous géré ce
problème ?
Oui, surtout pendant le premier confinement, on a dû
réadapter nos chaines logistiques suite aux nouvelles
règlementations gouvernementales.
Question n°12 : Comptez-vous garder le
même panel fournisseur après la crise ?
Oui, toutes les entreprises ont eu des difficultés
pendant la crise, je pense que cette période est
éphémère, et je reste optimiste pour l'avenir.
Question n°13 : Comment vous
projetez-vous sur la période post crise ?
L'urgence est de préparer des sources alternatives pour
faire face au pics des demandes.
Entretien du 15 Novembre 2020 avec l'expert
7
Directrice des Achats chez un laboratoire pharmaceutique
Question n°1 : Pouvez-vous nous
décrire l'organisation de votre fonction Achat ?
Les Achats sont organisés sous forme de projets, les
acheteurs désignés pour un projet assurent son suivi du
début jusqu'à la fin.
Question n°2 : Appliquez-vous la
même stratégie Achat pour tout le panel
fournisseurs ?
Non, on adapte des stratégies différentes selon
le poids et l'importance du fournisseur.
Question n°3 : Comment
classifiez-vous aujourd'hui cette crise par rapport aux
précédentes ?
On ne peut pas comparer l'impact des précédentes
crises à celle du Covid-19, celle-ci a touchée tous les secteurs
et toutes les fonctions.
Question n°4 : Quelle est la
catégorie de fournisseurs la plus touchée par la crise
économique ?
Tous les fournisseurs ont été impactés
par la crise sanitaire, mais pas de la même manière ni au
même niveau.
Question n°5 : Quelles sont vos
procédures et outils de gestion de risques
fournisseurs ?
Nous disposons de plusieurs outils de gestion de risques
fournisseurs. On révise chaque année leur santé
financière, à travers des questionnaires, on vérifie que
nos fournisseurs adhèrent à nos valeurs sociétales, en
plus de cela, on organise des visites régulières aux usines de
nos fournisseurs pour s'assurer des conditions de travail et le bon respect des
normes.
Question n°6 : Avez-vous des projets
innovants avec vos fournisseurs ? Si oui, comment ils ont
été impactés par la crise ?
Oui, nous les maintenons, mais c'est vrai que la crise
actuelle a ralenti leurs progression.
Question n°7 : Avez-vous eu des
fournisseurs en difficulté, comment cela s'est traduit et comment
avez-vous géré la relation avec vos fournisseurs en
difficulté ?
Non, on collabore surtout avec des fournisseurs de dimension
internationale, ils jouissaient d'une bonne capacité financière,
ce qui les a permis de résister pendant la récession.
Question n°8 : Est-ce que vous avez eu
des révisions de contrats avec vos fournisseurs suite à la crise
et quelles sont les conséquences ?
Oui, on a surtout ajouté des avenants propres aux
nouvelles conditions de collaboration liées la crise sanitaire.
Question n°9 : Quelle est le
degré de confiance avec vos fournisseurs suite à l'impact de la
crise ?
Mon fournisseur a eu beaucoup de retard pour recevoir le gel
désinfectant et les masques, ce qui a ralenti sa production,
j'étais dans l'obligation de chercher une source alternative pour
maintenir notre activité.
Question n°10 : Pouvez-vous nous
décrire l'impact de la crise sur les rapports de force avec les
fournisseurs ?
On est plutôt sur un esprit collaboratif que de rapport
de force.
Question n°11 : Avez-vous
rencontré des ruptures de la chaine d'approvisionnement à cause
d'un fournisseur ? Si oui, comment avez-vous géré ce
problème ?
Certes on a eu un retardement de livraison depuis la Chine,
mais notre stock nous a permis de maintenir l'activité jusqu'à la
réouverture des frontières.
Question n°12 : Comptez-vous garder le
même panel fournisseur après la crise ?
La crise nous a permis d'identifier pas mal de faiblesses chez
quelques fournisseurs, ceci nous pousse à revoir nos grilles de
notations fournisseurs, ceux qui ne veulent pas s'adapter à nos nouveaux
critères, on va certainement les changer.
Question n°13 : Comment vous
projetez-vous sur la période post crise ?
Nous sommes en train d'étudier la relocalisation de nos
usines en Europe,
Entretien du 26 Novembre 2020avec l'expert
8
Responsable grands comptes (Prestations logistiques)
Question 1 : Pouvez-vous nous
décrire la catégorie de clients que vous gérer
?
Nous avons une clientèle diversifié, vu que nous
offrons plusieurs services logistique BtoC, BtoB et DtoC. Je gère
principalement le BtoB. Mon portefeuille clients est composé
principalement d'entreprises de grande taille.
Question 2 : Quelles sont les
différentes stratégies ventes adoptées pour
chaque catégorie de clients ?
Le poids du client sur le marché et le chiffre qu'on
réalise avec lui annuellement font que nous accordons plus d'importance
à des clients par rapport aux autres, cela peut se traduire par un
accompagnement particulier, des réductions de prix et même des
délais de paiement favorables.
Question 3 : Comment vous classifiez
aujourd'hui cette crise (Covid19) ?
La crise sanitaire que nous connaissons actuellement a, et
aura des conséquences que personne n'est en mesure d'évaluer
à ce stade.
Question 4 : Quelles est la
catégorie de clients la plus touchée par la crise
économique ?
Je n'ai pas eu de cas de clients en difficulté de
paiement, mais il faut avouer qu'on a eu une baisse de la demande.
Question 5 : Quelles sont
vos procédure et outils de gestion de
risque client ?
On revoit principalement la santé financière de
nos clients pour s'assurer de leurs solvabilité.
Question 6 : Avez-vous des projets
innovants avec vos clients ? Si oui, comment ils ont
été impactés par la crise ?
Non, personnellement je ne développe aucun projet
innovant pour l'instant.
Question 7 : Avez-vous eu
des clients en difficulté, comment cela s'est
traduit et comment avez-vous géré la relation avec
vos clients en difficulté ?
Je n'ai pas eu de cas de clients en difficulté de
paiement, mais il faut avouer qu'on a eu une baisse de la demande. Mais si
jamais cela arrive, on pourra prolonger les délais de paiement s'il
s'agit d'un client historique.
Question 8 : Est-ce que vous avez eu des
révisions de contrats avec vos clients suite à la crise
et quelles sont les conséquences.
Oui, sur le volume des commandes surtout.
Questions 9 : Quelle est le degré
de confiance avec vos clients suite à l'impact de la crise
?
Nous avons toujours cru en nos clients, s'est d'ailleurs la
raison de notre force.
Listes des figures
Figure 1 : La matrice de Kraljic (kraljic,1983)
Page 4
Figure 2 : Les stratégies Achat selon la
matrice Kraljic Page 5
Figure 3 : Types de fournisseurs selon Kraljic
Page 6
Figure 4 : Basée sur (Dyer, et al.,1998)
Page 7
Figure 5 : Les étapes de gestion des risques
fournisseurs selon Rémi Bachelet Page 16
Figure 6 : Cartographie des risques selon (Salviac et
al,. 2010) Page 17
Figure 7 : L'avantage concurrentiel, Porter, Paris, 1986
Page18
Figure 8 : Méthode de calcul de la
criticité d'un risque Page 22
Figure 9 : Exemple d'un plan d'action de gestion des
risques fournisseurs Page 23
Figure 10 : Exemple d'un tableau de bord de suivi des
risques fournisseurs Page 23
Figure 11 : Les principales étapes de la
méthode DELPHI (Crochemore 2005) Page 29
Figure 12 : Organisation Achat centralisée
Page 35
Figure 13 : Exemple d'organisation matricielle d'une
direction des Achats Page 35