INTRODUCTION
1. PROBLEMATIQUE
L'évaluation quantitative de certaines enzymes dans le
sérum sanguin a pris aujourd'hui une importance considérable en
médecine humaine, car elle est faite dans tous les syndromes, en
l'occurrence les syndromes cardiaques, hépatiques, pancréatiques,
prostatiques, dans les anémies, les atteintes musculaires et les tumeurs
(Grissart, 2003).
La consommation de certains aliments extérieurs a des
effets sur la teneur en cholestérol, créatinine, mais aussi sur
l'activité de certaines enzymes. Sur ce, le tabac est un inducteur
enzymatique sur le foie, c'est-à-dire que fumer
régulièrement augmente les enzymes hépatiques permettant
de filtrer et d'éliminer les substances toxiques comme la nicotine
(Adnot, S., 2002).
A l'échelle mondiale, le tabagisme constitue l'une des
principales causes de décès et des maladies évitables chez
l'homme. En 2012, la consommation du tabac a provoqué les
décès d'environ 6 millions de personnes plus que la tuberculose,
le VIH/SIDA et le paludisme réunis. Presque 80% de ces
décès ont été observés dans les pays en
développement (OMS, 2013).
En Chine, une étude épidémiologique
menée dans la région à forte prévalence des
hépatites virales B et C, a évalué les facteurs
prédictifs d'élévation de l'activité enzymatique
des transaminases chez les sujets ayant une hépatopathie chronique
virale. En analyse multivariée, une consommation habituelle de l'alcool
et de tabagisme quotidien supérieur à un paquet étaient
les deux facteurs prédictifs indépendants d'augmentation d'ALAT
et d'ASAT chez les sujets ayant une hépatite C chronique (Wang,
C.S., Chang, T.T. et al, 2002).
Toujours en Chine, une enquête mondiale sur le tabagisme
a été réalisée chez les adultes en 2015. A l'issue
de celle-ci, il s'était révélé que dans ce pays,
seuls 26,6% des adultes savent que le tabac provoque des cardiopathies
coronariennes et des accidents vasculaires cérébraux
(OMS, 2019).
Par ailleurs, la relation entre l'usage du tabac et
l'hépatopathie chronique a initialement été
évoquée dans une étude montrant que le tabagisme est un
facteur prédictif indépendant de cirrhose d'origine alcoolique ou
virale (Klatsky, Armstrong et al, 1992).
Une étude rétrospective monocentrique
française récente, menée chez 310 patients atteints de
l'hépatite C, a observé une relation significative entre la
consommation de tabac et la sévérité de la fibrose
à l'examen histopathologique du foie (Passione, F. et al,
2001).
En effet, si le rôle néfaste de l'alcool est
largement établi, l'influence éventuelle du tabagisme est
longtemps restée indéterminée, alors que la consommation
de ces substances est largement répandue. Ainsi, une étude
menée en France en 2005 démontre que parmi les adultes de 18-75
ans, 29% des personnes interrogées sont des fumeurs quotidiens avec
toutefois une nette diminution de la prévalence avec l'âge
(Guibert, P., Gautier, A., Bech et al,
2005).
Bien que certaines études n'aient pas retrouvé
de corrélation stricte entre lefait de fumer et l'importance de
l'athérosclérose Coronaire, il existe unerelation entre le
tabagisme et la maladie coronaire.La maladie coronaire est une cause importante
de décès dans les pays développés.Une étude
prospective parisienne a montré que le risquerelatif de maladie
coronaire chez les fumeurs de plus de 20 cigarettes parjours est
multiplié par 3 par rapport aux non-fumeurs ; quant au risque
relatifd'infarctus du myocarde ou de mort subite, il peut atteindre
5,2(Vance, J.E. et Vance, D.E., 2008).
Le tabac est aussi connu pour dégrader le
système cardiovasculaire. Fumer augmente en effet, le risque
d'artères bouchées, d'hypertension artérielle,
d'anévrisme et d'accident vasculaire cérébral. Le
déficit en oxygène endommage les muscles cardiaques.
Considéré comme responsable de 90% de cancer des poumons en
France, le tabac est loin d'affecter uniquement la santé de l'appareil
respiratoire, et contribue au contraire, à l'apparition de nombreuses
pathologies graves pouvant toucher tous les organes (Charlotte Arce,
2018).
EnAfrique, la prévalence du tabagismeaugmente
d'année en année, elle se situait à 15,8% en 2010, et
aujourd'hui elle atteint 21,9%. En 2012, le tabac a provoqué les
décès d'environ 6 millions de personnes dont 80% ont
été observés dans les pays africains
(OMS,2013).
Les études effectuées au cours de ces
dernières années, indiquent que la prévalence de fumeurs
en Afrique parmi les adolescents est en constante augmentation, et l'âge
d'initiation est de plus en plus précoce. Si cette tendance se
maintient, le tabagisme serait responsable de la mort de 250 millions d'enfants
et adolescents (WHO, 2008).
En Algérie, l'augmentation du tabagisme est une menace
pour la santé : 30.000 nouveaux cas de cancer sont
diagnostiqués chaque année, soit une augmentation de 50% du
nombre de cas entre 1986 et 2000. Dans un an, près de 20.000 personnes
meurent du cancer. Le taux de prévalence du tabagisme était de
43,8% chez les hommes et 6,8% chez les femmes, 50% des fumeurs étaient
âgés de 27 ans (OMS, 2017).
En République Démocratique du Congo, les
données les plus fiables sont celles de l'Enquête
GYTS-RD008dont le rapport avait fait
état d'une prévalence du tabagisme de 22,3% et de 24,6% chez les
élèves respectivement de Kinshasa et de Lubumbashi (Mbuyu
Muteba, R. et Banza Lubaba, N.C., 2008).
Une étude menée en 2014 dans deux formations
médicales de la capitale de la RDC, Hôpital ROI BAUDOUIN de MASINA
et HGR de NDJILI, a révélé les statistiques
suivantes : sur 209 décès, au moins 26% étaient morts
du tabac et des antécédents dont ils étaient victimes
étaient : cancer des poumons, tuberculose, accident
cardiovasculaire et insuffisance cardiaque (Mbuyu Muteba, R.,
2016).
Des études plus approfondies ont été
effectuées aussi bien à l'extérieur qu'à
l'intérieur de notre contrée, les cas de certains travaux de fin
de cycle réalisés à l'ISTM Mbujimayi méritent
d'être mis en exergue : la variation de l'activité
enzymatique sérique des transaminases au cours du traitement
antituberculeux et étude des effets du tabac sur la teneur en
cholestérol sérique chez les fumeurs de la ville de Mbujimayi de
18-49 ans. A l'issue de l'une de ces études, l'auteur démontre
que 66,8% des enquêtés étaient âgés de
18-33ans et la consommation de tabac influençait sans doute
l'élévation de cholestérol (Kabanga Matembele,
S.A., 2002).
Au regard de ce qui précède, dans le souci de
contribuer à la connaissance des effets du tabac sur certains organes,
nous nous sommes posé les questions suivantes :
Ø Y-a-t-il une variation significative de
l'activité enzymatique des transaminases chez les fumeurs ?
Ø Cette variation est-elle influencée par les
caractéristiques des fumeurs (âge et ancienneté) ?
Et pour répondre à ces questions, nous avons
décidé d'entreprendre une étude intitulée :
« Variation de l'activité enzymatique sérique
des transaminases chez les fumeurs, cas de village de Bakwa
TSHIMUNA ». Et les résultats de cette étude
pourront contribuer à la meilleure prise en charge de fumeurs atteints
des cardiopathies et maladies hépatiques dans nos milieux.
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