La réception des réseaux sociaux dans la presse écrite au cameroun: essai d'analyse de la fréquentation de facebook et twitter par les journalistes camerounais de six (06) quotidiens (cameroon tribune, la nouvelle exppression, le messager, le jour, mutations)par Philippe Kléber Biboum Université Protestante d'Afrique Centrale - UPAC - Master 2 Recherche, Journalisme de paix 2011 |
CONCLUSION :Avec les réseaux sociaux que l'on assimile aussi aux nouveaux médias, la pratique du journalisme se trouve aujourd'hui modifiée par un style d'écriture nouveau, par l'interactivité, la diffusion de l'information en temps réel, mais surtout par le fait que tout individu, toute organisation professionnelle ou non, peut désormais se muer en agent d'information. Cette recherche nous a amené à comprendre que la fréquentation de Facebook et Twitter peut véritablement influencer la manière de travailler du journaliste camerounais de quotidien. Mais, conformément à ce qui a été mentionné plus haut, ce n'est pas encore véritablement le cas pour le contexte camerounais. Nous nous sommes rendus à l'évidence que la ruée vers ces nouveaux médias n'avait encore, a priori, rien d'un caractère professionnel. Nous pouvons affirmer que de février 2008 à décembre 2011, un journaliste de quotidien est passé en moyenne une fois tous les deux jours sur les réseaux sociaux en y consacrant environ 2 à 3h incluses de temps, à partager des contenus. Soit une moyenne de 2520 heures consacrées à Facebook et à Twitter durant cette période, équivalent à un total de 105 jours sur 1470 jours, soit une fréquentation cumulée à 26 jours par an. Pratiquement un (01) mois de présence effective sur Facebook et Twitter. Il n'y a point de doute qu'ils y aient bien appris des choses intéressantes, tout en espérant qu'ils y aient autant mis du contenu, nous référant à leur objectif d'information. Car nous avons remarqué que les pages d'accueil des quotidiens sur Facebook (notamment) n'étaient pas assez enrichies en termes de contenus, d'articles ou de commentaires. Néanmoins, nous avons relevé une relation profitable entre le journaliste et les réseaux sociaux Facebook et Twitter. Plus de facilité, plus de rapidité, plus de créativité Page 91 sur 128 dans le traitement, puis la diffusion de l'information vers un public varié. Une interaction garantie grâce à la technologie Web 2.0 et maintenant le Web 3.0. Les journalistes ont à leur portée un important outil pour doper leur activité de presse. Et pourtant, à côté de cette opportunité, il est à noter que la confusion désormais entre le journaliste citoyen et le professionnel est évidente. De plus en plus, la source d'une information dans les réseaux sociaux est difficilement authentifiable. Aussi, cet environnement visiblement virtuel de Facebook et Twitter n'est pas inoffensif. Les utilisateurs sont avant tout des personnes physiques. Les événements évoqués plus haut, notamment les irrégularités du printemps arabe, sont autant d'éléments qui ont favorisé une approche préventive de la violence dans un contexte camerounais de non guerre, mais de paix négative ; un contexte, dirions-nous, où le pouvoir d'attraction des réseaux sociaux Facebook et Twitter n'est plus un leurre. Les utilisateurs de ces communautés virtuelles parmi lesquels les journalistes, sont exposés à toutes vagues (déferlantes ou non) d'informations et de contenus. Parlant d'information, elle devient une arme redoutable pour tout utilisateur qui peut la consommer ou la produire grâce ou à cause du Web 2.0. En s'inspirant de la matrice endogène du Docteur Fopa Etienne (en page annexe 9), l'on remarque très bien que dans le cas d'une structure défectueuse, les médias peuvent se servir de l'information pour aspirer au développement. Avec les médias sociaux, c'est en somme la situation qui prévaut, plusieurs Etats, Nations, individus, ..., ont besoin de l'information en temps réel pour s'affirmer, prendre promptement de meilleures décisions ou finalement conforter leur opinion. Et cette information doit être vérifiée et bien élaborée par les soins de journalistes. Enfin, notre analyse de ces différentes positions nous a amené à soutenir, malgré quelques réalités qui nous auraient échappées, que notre hypothèse centrale a été vérifiée. Page 92 sur 128 Beaucoup de journalistes de quotidiens camerounais ouvrent des comptes Facebook et Twitter afin de rechercher ce qui était caché. Très peu, à moins d'être ignorants de la donne alphanumérique, ont de la peine à y développer un réseau ; bien plus, nous pouvons voir que la fréquentation des réseaux sociaux ne saurait être réservée à une nouvelle catégorie de journalistes camerounais de quotidiens ; car il s'agit effectivement de journalistes classiques (professionnels), mais qui auraient développé une aptitude à s'approprier la technologie du Web 2.0. Au niveau de l'aspect perception, la fréquentation des réseaux sociaux n'est pas une mauvaise chose en soi. Elle est même opportune et peut améliorer la façon de travailler du journaliste camerounais de quotidien qui saura s'en servir. Au niveau de la presse écrite quotidienne camerounaise, il est clair que Facebook et Twitter ont régulièrement servi de viaduc à leurs utilisateurs respectifs pour consolider des liens forts avec des amis, des connaissances, des collègues, voire des milliers de personnes ou groupes de personnes. Les théories des sociologues Burt et Granovetter montrent par exemple que dans une relation d'amitié fortement établie sur la toile sociale, les opinions étaient plus homogènes. Ces opinions peuvent par exemple intéresser les journalistes de quotidiens pour rendre compte de ce que pensent les utilisateurs de Facebook ou Twitter sur telle ou telle question ou événement majeur au Cameroun. Par peur d'une "confiance aveugle" pour les réseaux sociaux qui ont quand même montré leurs limites, beaucoup de journalistes camerounais de quotidiens demeurent systématiquement méfiants aujourd'hui ; mais cette méfiance n'est-elle pas tout aussi aveugle ? Tant qu'il y aura un malaise social, nulle prétention de dire que les journalistes de quotidiens camerounais, autant que d'autres acteurs de l'information, peuvent se servir des réseaux sociaux pour prévenir la cyberviolence ou alors pour stopper la survenance de la violence tout-court. Un tel facteur engendre toute sorte d'écarts, d'abus sur Facebook et Twitter, devenus des lieux d'expression libertaires par excellence, dans lesquels le plus Page 93 sur 128 grand nombre d'internautes développe une opinion individuelle et y décharge tout ce qui est gênant, défiant parfois même la répression souveraine de l'Etat. Vivement que la loi spécifique n° 2010/012 du 21 décembre 2010 relative à la cybersécurité et à la cybercriminalité au Cameroun, puisse servir véritablement pour traquer tout contrevenant. Mais en définitive, considérant ce qui s'est passé au Sénégal par exemple, lors des récentes élections présidentielles à deux tours, nous avons observé que les journalistes en général se sont servis de Facebook et de Twitter pour faire la lumière sur le dépouillement en live du scrutin. Dans un billet de son blog, Cheikh Fall103 appelle les électeurs à accompagner les journalistes dans leur rôle de rapporteur. Pour ce faire, l'électeur observateur a simplement eu besoin de se munir d'un téléphone multimédia, si possible d'un appareil photo et d'une démarche assez simple à suivre, pour traquer les irrégularités. Et si ça n'avait pas été le cas, peut-être que le Sénégal se serait également retrouvé dans la violence comme en Côte d'Ivoire où l'on a attendu, pendant environ cinq (05) mois selon Reuters104, avant de faire définitivement la lumière sur les résultats de la présidentielle invalidés105 du 02 décembre 2010. Ces réseaux sociaux ont donc bien servi à quelque chose de positif, ils ont permis de tourner, dans le calme et la paix, toute une page de l'histoire politique de l'Afrique en général et du Sénégal en particulier. Vivement que la postérité s'en serve toujours avec responsabilité. 103 Bloggeur sénégalais, initiateur du projet «sunu2012?, il est cité dans le Livre Blanc Dakar 2.0 de Aboubacar Sadikh NDIAYE, Facebook, Twitter et autres réseaux sociaux pour les élections 2012, p.66 - 70. 104Source : http://www.lexpress.fr/actualites/2/monde/l-election-de-ouattara-finalement-proclamee-en-cote-d-ivoire_989745.html, L'élection de Ouattara finalement proclamée en Côte d'Ivoire, publié le 05/05/2011 à 18:59. 105 Voir Le Figaro, source : http://www.lefigaro.fr/international/2010/12/02/01003-20101202ARTFIG00609-alassane-ouattara-remporte-la-presidentielle-en-cote-d-ivoire.php, mis à jour le 03/12/2010 à 15:54, publié le 02/12/2010 à 15:53. Page 94 sur 128 |
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