REPUBLIQUE DU BENIN
==@@@==
UNIVERSITE D'ABOMEY-CALAVI (UAC)
==@@@==
FACULTE DES LETTRES, ARTS ET SCIENCES HUMAINES
(FLASH)
==@@@==
DEPARTEMENT DE SOCIOLOGIE- ANTHROPOLOGIE
(DS-A)
==@@@==
MEMOIRE DE MAITRISE
LE MARCHE DE LA SECURITE PRIVEE DANS LA VILLE DE COTONOU
Sujet :
Réalisé par : Sous la
Direction de:
DJIDENOU G. Jonas Dr
MouléroDodji AMOUZOUVI
Maître de conférences du
CAMES
ANNEE ACADEMIQUE 2012 - 2013
SOMMAIRE
Pages
RESUME .............................................................................................................7
INTRODUCTION..................................................................................................8
PREMIERE PARTIE : Considérations théoriques et
méthodologique
del'étude...............................................................................................................10
CHAPITRE1: Les Considérations théoriques de
l'étude................................10
CHAPITRE2 : Les considérations méthodologiques de
l'étude.....................26
DEUXIEME PARTIE : La formation de l'industrie de la
sécurité
privée.................................................................................................................46
CHAPITRE3: L'émergence de formes privées de
surveillance et deprotection
.........................................................................................................46
TROISIEME PARTIE : La constitution des rapports marchands autour
des services de protection des personnes et des biens dans la ville de
Cotonou.............................................................................................................55
CHAPITRE4 : Les acteurs et leurs logiques sur la scène
marchande...........55
CHAPITRE 5 : Les usages sociaux de la sécurité
privée.................................65
CONCLUSION.....................................................................................................76
REFERENCES
BIBLIOGRAPHIQUES................................................................78
ANNEXES
..........................................................................................................81
DEDICACE
A mon papa Crespin Vinakou DJIDENOU et à ma maman Alice
Mahoutin METOHOUE qui ont su orienter mes pas vers l'école et m'ont
soutenu sans faille. Qu'ils trouvent à travers ce mémoire, toute
ma reconnaissance.
REMERCIEMENTS
La réalisation du présent mémoire a
été possible grâce à la participation de plusieurs
personnes à qui nous exprimons notre profonde gratitude. Ainsi, nos
remerciements vont particulièrement à l'endroit de :
v Notre Maître de mémoire, le Docteur Dodji
AMOUZOUVI qui, malgré ses multiples occupations, a accepté
diriger ce travail. Trouvez ici, le symbole de notre profonde
reconnaissance ;
v Tous les enseignants du Département de
Sociologie-Anthropologie (DS-A), qui ont contribué à notre
formation ;
v Mes parents, mes frères, soeurs et cousins pour leurs
soutient et leurs conseils;
v Mes amis pour leurs diverses contributions à la
réalisation de ce mémoire;
v Tous les informateurs, sans qui la réalisation de ce
travail ne sera effective ; qu'ils trouvent ici l'expression de notre
profonde gratitude.
Tous ; infiniment merci.
Sigles et acronymes
CNSS :Caisse National de Sécurité Social
DS-A : Département de Sociologie-Anthropologie
DCSP : Direction Centrale de Sécurité
Publique
DGPN : Direction Générale de la Police
Nationale
DSP : Direction de la Sécurité Publique
FLASH : Faculté des Lettres, Arts et Sciences
Humaines
MESRS : Ministère de l'Enseignement Supérieur
et de la Recherche Scientifique
MOI : Modèle Intégré d'Organisation
MISPC : Ministère de l'Intérieur,de la
Sécurité Publique et des Cultes
PDC : Plan de Development Communal
RGPH : RecensementGéneral de la Population et de l'
habitat
SMiG : SalaireMinimum interprofessionnelGaranti
SWOT : Strength, Weakness, Opportunities and
threats
UPEGS : Union Professionnelle des Entreprises et
société de Gardiennage de Surveillance et de protection
UAC : Université d'Abomey-Calavi
USSP : Union des Sociétés de
Sécurité Privée
Liste des tableaux et
graphiques:
Tableau I : Centre de
documentation et bibliothèque
Tableau II : Facteurs internes et externes de CITYPOOL
SECURITY
Tableau III : Matrice des orientations stratégiques
Tableau IV : Présentation de l'échantillon par
arrondissement
Tableau V : Calendrier de la recherche
Graphe I : Nombre d'entreprises de sécurité
privée créées par an au Bénin (1990-2012)
Tableau VI : Nationalités en présence
Tableau VII : Agents déclarés ou non
à la CNSS
Tableau VIII : Durée de travail et salaire des
agents
Tableau IX : Formation des agents
Tableau X : Raisons de la création des entreprises
Tableau XI : Coût des prestations à l'endroit
des clients
Graphe II : Variation des infractions en fonction de
l'année
Tableau XII : Types de services des entreprises et les
catégories de clients
Liste des photos
Photo N°1 : Rapport entre la police et la
sécurité privée
Photo N°2 et 3 : Services privés de
sécurité
Photo N° 4 :Effets pervers de la
sécurité privée
Résumé
La ville de Cotonou est la capitale économique du
Bénin et un grand centre politico administratif à
caractère cosmopolite. Elle pose d'énormes problèmes de
sécurité que l'Etat ne parvient pas à résoudre seul
de façon efficace. Ce dernier a procédé à la
libéralisation de certains services de sécurité au profit
des entreprises de sécurité privée. C'est dans l'objectif
de déterminer les facteurs socio - anthropologiques qui ont
favorisé la constitution des rapports marchands autour des services
de la protection des personnes et des biens que cette étude a
été effectué dans ladite ville. La méthodologie
utilisée a permis de mener une enquête de terrain avec comme
outils le guide d'entretien et le questionnaire. Au total cent quarante-
huit(148) acteurs ont été approchés compte tenu de leur
rôle spécifique dans le secteur. Les logiques de l'homooeconomicus
qu'incarnent les entrepreneurs du secteur et les effets pervers que
génèrent les pratiques de leurs vigiles, imposent à
l'Etat, un suivi rigoureux, des activités des entreprises de
sécurité privée
Mots clés : Cotonou,
sécurité, entreprise de sécurité, entrepreneurs,
vigile.
Summary
Thecity of Cotonou is the
economic capital of Benin and a large center politico administrative
cosmopolitan character. It poses huge security problems that the State is
unable to solve alone effective. This has made the liberalization of
certain security services for the benefit of private security
companies. It is the aim of determining the socio - anthropological
favored the establishment of relations merchants around services for the
protection of persons and property that the study was conducted in said
city. The methodology used to conduct a field survey with tools like the
interview guide and questionnaire. A total of 148 players were approached
considering specific role in the sector. The logic of homoeconomicus
entrepreneurs and perverse practices that generate their guards require careful
monitoring of the activities of
private security companies
Keywords: Cotonou,
security, security companies, contractors, security
guards.
INTRODUCTION
La sécurité privée est l'une des
composantes de la sécurité intérieure qui s'est
développée face aux insuffisances de la sécurité
publique. Les secteurs de marché qu'elle occupe proviennent soit de
l'externalisation de tâches de sécurité publique, soit de
tâches dont le besoin est apparu récemment. Comme le mentionne
clairement HOBBES(1651)« aucune société ne peut vivre
en perpétuelle tension, en insécurité croissante sans
trouver un moyen pour juguler ses problèmes ». En effet,
l'augmentation constante du sentiment d'insécurité au sein de la
population fait accroître la demande en sécurité. Aussi, la
création sans cesse évolutive des centres commerciaux, des
banques, des unités de microcrédits ainsi que le grand nombre de
manifestations (culturelles, politiques etc..) imposent-ils le renforcement du
dispositif sécuritaire, alors que les forces de l'ordre sont en nombre
insuffisant puisque l'effectif des policiers n'a pas augmenté de
manière significative ces dernières années :environ
de trois mille deux cent vingt-cinq(3225) policiers en activités pour
plus de sept million sept cent soixante-neuf mille neuf cent quatorze
(7.769.914) d'habitants au Bénin(RGPH4INSAE 2013). Le cas de
Cotonou est plus frappant ; le ratio par policier est estimé
à mille deux cent habitants (1/1200), alors que le ratio par policier
selon les normes internationales est de un policier pour cent habitants
(1/100). A cela vient s'ajouter le fait que le traitement salarial d'un
policier est de loin meilleur que celui d'un agent de sécurité
privée, agent que le client ne paie que pour les heures qu'il preste
pour lui.
L'augmentation des larcins, des fraudes et des
incivilités a fait prendre conscience aux commerçants et aux
administrateurs qui se sontrenduscompte que la police publique se consacrait
à des problèmes plus graves et ne pouvait plus leur offrir les
services sur mesure qu'ils en attendaientd'elle. Or LEIBNIZ (1705)
définit dans une lettre, l'Etat comme une
« société dont l'objet est la sûreté
commune ». Mais il apparaît que l'Etat se désengagedes
services publics de sécurité au profit des entreprises de
sécurité privée qui effectuent désormais des
tâches habituellement dévolues à la police. Ce qui
amène à parler de délégation de tâches de
sécurité. Ces entreprises de sécurité privée
qui foisonnent dans la ville de Cotonou répondent ainsi à un
besoin réel de sécurité qu'éprouvent les habitants
de la capitale économique du Bénin et justifie la position de
CUSSON(1998) selon laquelle, « la sécurité
privée est devenue au cours du XXème siècle un
joueur majeur dans la prévention du crime ». Ainsi, il s'est
imposé un mode de contrôle social inédit qui, parce qu'il
était soumis aux règles de l'économie de marché,
devait pratiquer des prix compétitifs et répondre aux attentes du
client sans interférer dans ses opérations. Motivés par la
demande et talonnés par la concurrence, les experts en
sécurité ont inventé une version empirique de
prévention situationnelle. Toute la question est de savoir comment se
sont constitués des rapports marchands autour des services de protection
des personnes et des biens dans la ville de Cotonou?
Le travail s'articulera autour de deux axes en dehors de
l'introduction générale. Le premier traitera des
considérations théoriques et méthodologiques du travail.
Le second exposera les résultats de la recherche. Pour ce faire, nous
partirons des conditions d'émergences de nouvelles formes de protection
et de surveillance pour aborder les logiques des acteurs sur la scène
marchande de la sécurité. Nous finirons avec les usages sociaux
de la sécurité privée dans la ville de Cotonou.
PREMIERE PARTIE:Considérations
théoriques et
méthodologiques de l'étude
CHAPITRE I : Considérations
théoriques de l'étude
1.1 Problématique
L'une des fonctions régaliennes de l'Etat est la
sécurisation des personnes et des biens. La défaillance du
dispositif du système sécuritaire à entraîner le
recours par les populations à des structures aptes à
répondre aux besoins de sécurité non satisfaits.
L'avènement des entreprises de sécurité privée
vient ainsi combler le vide laissé par la machine étatique de
sécurité. D'une part, on assiste à une multiplication de
grands événements d'ordre culturel, sportif ou politique; ainsi
qu'à l'émergence de grands centres de consommation (commerce,
centre sportif, espaces de divertissement etc....) qui créent des
besoins accrus en matière de sécurité rapprochée.
D'autre part, le sentiment d'insécurité alimenté par
certains faits divers tend à se répandre dans la population,
laquelle attend davantage qu'autrefois des forces de l'ordre qu'elles assurent
une présence visible (patrouilles) à proximité des
habitations, dans les centres urbains, etc. Or, l'Etat arrive difficilement
à mobiliser les ressources nécessaires pour répondre
à ces besoins accrus, compte tenu des moyens financiers limités
dont il dispose, surtout en période de difficultés
budgétaires. Les agences privées de sécurité
représentent à cet égard une solution de remplacement,
notamment au niveau des coûts pour combler des besoins qui peuvent
être ponctuels (événement) ou durables (manque d'effectif).
La majeure partie des entreprises de sécurité privée
siègent à Cotonou (capitale économique du Bénin).
La recrudescence de la criminalité clairement illustré dans
ledocument ALAFIA 2025 est manifeste ; une
« insécurité généralisée
marquée par des actes de banditisme et de violence gratuite (braquage de
véhicule, vols à mains armées, tortures physiques et
morales) infligées à de paisibles populations et
particulièrement aux femmes » (NTPS-BENIN 2025,2000 :21)
du fait que la ville de Cotonou n'est pas totalement couverte par les forces de
l'ordre. Ces actes criminels engendrent et alimentent un sentiment de peur au
sein des paisibles populations. Le crime qui, selon DURKHEIM(1985) est un
« acte qui offense certains sentiments collectifs doués d'une
énergie et d'une netteté particulière » explique
la nécessité ressentie par les populations de prendre en charge
leur propre sécurité vue la défaillance du dispositif
étatique de sécurité. Le marché de la
sécurité privée est ainsi en pleine expansion dans la
ville de Cotonou avec un chiffre d'affaires constamment croissant. Ces
entreprises de sécurité privée offrent principalement des
services de surveillance de garde rapproché, de gardiennage, d'escorte,
de protocole, de conseil.CUSSON(1998), donne un éclairage
intéressant sur le marché de la sécurité en
stipulant qu' « en stricte logique économique,
l'existence même d'un marché de la sécurité d'une
certaine ampleur présuppose une demande elle-même tributaire d'une
insécurité bien réelle ». Et si les acteurs
économiques ne paient pas volontiers de leurs deniers ce qu'ils peuvent
obtenir gratuitement, pourquoi ont-ils déboursé pour une
sécurité que l'Etat fournit en principe sans frais ? C'est
que l'expansion du marché de la sécurité résulte de
la rencontre d'un besoin réel de sécurité ressenti dans le
monde du commerce et d'une offre privée plus intéressante
qu'ailleurs ». Les promoteurs des entreprises privées de
sécurité visent ce que MARX (1974) appelle «la
plus-value » des contrats de sécurité. Ils accordent
peu d'importance à la formation des agents de sécurité,
surtout en période de forte demande de leur service. Ce qui explique le
pullulement des entreprises de sécurité privée dans la
ville de Cotonou et met à mal leur crédibilité.
L'expansion du marché de la sécurité privée
résulte alors de la conjonction de phénomènes sociaux
décelables dans la défaillance de l'Etat dans la fourniture des
services publics de sécurité, dans la recrudescence de la
criminalité dans la ville de Cotonou et dans la forte demande des
services de sécurité rapprochée par les populations.
Comment est-on arrivé à considérer que la protection des
personnes et des biens, très fortement rattachée dans les esprits
aux prérogatives exclusives de l'Etat, pouvait être l'objet d'un
échange marchand?
Pour essayer de répondre à cette
interrogation ; plusieurs réponses anticipées ont
été envisagées.
1.2 Hypothèses
- Le marché de la sécurité privée
est favorisé par le désengagement de l'Etat des services publics
de sécurité.
- Le marché de la sécurité privée
à Cotonou est animé par des acteurs intervenant dans une
même activité avec des logiques différentes.
- La demande croissante des services de sécurité
rapprochée, favorise l'expansion du marché de la
sécurité privée.
A partir de ces hypothèses,
nous avons émis un objectif général décliné
en des objectifs spécifiques.
1.3 Objectifs
1.3.1 Objectif
général
« Comprendre les facteurs qui expliquent les
dynamiques observées autour de la sécurité dans la ville
de Cotonou».
1.3.2 Objectifs spécifiques
Ø Décrire l'historique de la constitution du
marché de la sécurité privée dans la ville de
Cotonou.
Ø Présenter les acteurs des entreprises de
sécurité privée et leurs logiques sur la scène
marchande de la sécurité.
Ø Etablir la relation entre les besoins de
sécurité et les services des entreprises de
sécurité privée.
1.4 Justification du choix du sujet
Le réflexe de ne pas rester les bras croisés
pendant les périodes de vacances nous a poussé à la
recherche d'un job de vacance dans les structures en place dans la ville de
Cotonou. Après maintes recherches vaines, les sociétés de
gardiennage en recherche croissante d'effectif s'offrent à nous comme
une solution. Après avoir porté le choix sur l'une de ces
sociétés, nous avons rempli les conditions d'accès afin
d'acquérir la qualité d'agent. Avec notre petite
expérience de chercheur en Sociologie-Anthropologie nous nous sommes
lancés dans une observation participante dont le but initial
n'était pas pour une fin heuristique. Mais vu la forte demande des
services de ces entreprises nous nous sommes rendu compte que la
sécurité représente l'une des aspirations majeure des
habitants de la ville de Cotonou. Le regard critique porté sur le mode
de recrutement ; la durée et la qualité de la formation des
agents devant assurer la sécurité de leurs clients, puis
« la plus-value » que prélèvent les
responsables de ces sociétés sur les contrats de
sécurité, nous ont amené à transformer ces
préoccupations en un sujet de recherche.
1.5 Délimitation
thématique et clarification conceptuelle
1.5.1 Délimitation thématique
Notre sujet porte sur le marché de la
sécurité privée dans la ville de Cotonou, et suscite
beaucoup d'interrogations qui interpellent notre curiosité pour mettre
en évidence les conditions dans lesquelles s'est constitué un
marché dans une zone de la vie sociale ou la marchandisation serait
apparu d'emblée improbable. A ce propos ce sujet se veut une
réponse scientifique en raison des connaissances accumulées dans
les disciplines comme : la Sociologie, l'Economie, l'Anthropologie, la
Criminologie.
1.5.2 Clarification conceptuelle
Le thème même de sécurité n'a pas
une signification unique. En effet, dans son sens général, il
signifie une situation dans laquelle aucun danger n'est à redouter.
Cependant, la distinction est souvent faite de la part de professionnels de la
branche entre la sécurité dite active aussi appelée
sûreté ou « security » en anglais et la
sécurité dite passive ou « safety ». Par
ailleurs, le terme de « sécurité » selon
GRAWITZ(2004) désigne un « besoin qui satisfait, provoque un
sentiment particulier de quiétude. Ce besoin est fondamental mais les
moyens de le satisfaire diffèrent suivant les individus, les situations,
les époques et les cultures ».
L'expression sécurité privéene
soulève pas de difficulté quand il est question d'une agence de
gardiennage chargée de la surveillance d'un centre commercial ou du
service de sécurité de la société
INTER-CONSECURITY, par exemple. Qu'ont en commun tous les organismes que
l'usage courant place sous le chapeau de la sécurité
privée ? La réponse pourrait être qu'ils offrent une
sécurité ciblée, une protection qui profite en
propre à un client particulier ou à un site
déterminé. Alors que la police publique a pour mission de faire
régner la sécurité partout, l'agence ou le service de
sécurité ne protège que les intérêts de son
client et ne rend compte qu'à lui. La sécurité
privée est donc une sécurité particulière :
elle ne s'intéresse qu'aux besoins du client tels qu'il les
définit lui-même. Elle se caractérise par un désir,
motivé par le profit, de répondre à ses souhaits et par
une mission circonscrite : assurer la sécurité de tel site,
de telles personnes ou de tel réseau, à l'exclusion de tout autre
site, personne ou réseau. De son côté, la
sécurité publique assume des responsabilités plus
étendues et plus diffuses ; elle étend son parapluie
protecteur à toute la collectivité et fait respecter partout les
lois en appréhendant les délinquants et en les traduisant en
justice.
Une autre manière de saisir la
spécificité de la sécurité privée est de la
comparer à la police. LOUBET (1992) définit cette dernière
en ces termes : il y a fonction policière lorsque des aspects
majeurs de la régulation sociale sont assurés par une institution
agissant au nom du groupe et ayant la possibilité « d'user en
ultime recours de la force physique ». Il ajoute, que cette fonction
est consubstantielle à l'organisation politique. Par opposition, trois
caractéristiques de la sécurité privée sautent aux
yeux :
1) elle n'agit pas au nom du groupe, mais de son client ;
2) elle ne dispose qu'exceptionnellement du pouvoir d'user de
la force, avant tout elle surveille et prévient ;
3) elle ne relève pas du politique, étant
régie principalement par les lois du marché.
Ces considérations débouchent sur une
définition : par sécurité privée ou
particulière, nous entendons l'ensemble des biens et services servant
à la protection des personnes, des biens et de l'information que des
spécialistes motivés par le profit offrent à des
organisations en vue de répondre à leurs besoins particuliers.
Dans sa définition la plus générale, un
marché désigne le point de rencontre entre une offre et une
demande ; son existence est enregistrée dès qu'un certain
nombre de fournisseurs d'un bien ou d'un service particulier trouve les
consommateurs adéquats. Abstraitement on caractérisera dans le
temps un marché selon le type des biens échangés Ce
concept présente une matrice qui explique le phénomène de
la sécurité privée dans un contexte nouveau de pluralisme,
de compétition, de concurrence où l'offre et la demande, la
circulation, la production et la consommation de biens et services, la
recherche du profit, le système de prix sont autant d'aspects
manifestes.
1.6 Présentation du cadre
d'étude
1.6.1 Les contrastes issus du cadre
physique
Cotonou est la ville la plus attrayante du Bénin. Elle
est la capitale économique et grand centre politico-administratif. Elle
est située à 6°20 latitude Nord et 2°26 longitude Est
et se trouve à 30km de la frontière du Nigéria à
90kmde la frontière du Togo et à 610km de celle de Niger. Elle se
trouve au Sud du Bénin dans le département du Littoral. La ville
est limitée au Nord par le lac Nokoué, au Sud par l'Océan
Atlantique, et à l'Est par l'agglomération de Godomey (11km) et
à l'Ouest par Agblangandan (7 km) du centre-ville.
Cotonou est un microcosme de la société
béninoise. Elle abrite une population de 678874 habitants avec un taux
de croissance de 0,18%(RGPH4 INSAE 2013). D'une densité de
8593 habitants par km2, Cotonou abrite plusieurs groupes ethniques
et apparentés ; on y rencontre de nombreux ressortissants
étrangers. Etant non loin de la mégapole Lagos connue pour
être une ville de grand banditisme ; elle subit par effet de
diffusion ce système de grand banditisme sur son sol à cause de
la porosité de sa frontière.
Source : PDC Cotonou, 2008
Figure 1 : Découpage
administratif de la commune de Cotonou, 2008
1.6.2Les caractéristiques
socio-anthropologiques
Du fait de la dynamique de la population de Cotonou, selon les
données obtenues à l'Institut Nationale de la Statistique et de
l'Analyse Economique (INSAE, 2013) sur des enquêtes démographiques
et de fécondité, une compréhension peut être faite
en ce qui concerne les problèmes engendrés par la
précarité urbaine et qui entraine sur la psychologie de
l'individu un nombre inquiétant de traumatismes et de séquelles.
Le citadin, du fait de cette précarité retrouve son mental
entamé et développe lui-même de ce fait des comportements
propres à l'homme de la ville. C'est dans cette optique que nous
parlerons des données socio-économiques, des données
sociodémographiques et des données socioculturelles qui
favorisent l'insécurité dans la ville de Cotonou.
1.6.2.1. Données
socio-économiques
Cette première variable que nous avons
considérée est celle qui réside dans ce que nous pouvons
appeler le taux d'activité de la ville de Cotonou. Etant la capitale
économique, elle représente ainsi un grand levier
économique pour le pays à travers sa main mise sur les centres de
décisions économiques. La ville abrite plus de 57,6% des
établissements industriels et commerciaux (INSAE, 2008) du pays avec un
taux d'activité largement au-dessus de la moyenne. La population active
occupée représente près de 70,7% de la population de 10ans
et plus (INSAE, EMICoV, 2011). Pourtant la proportion des personnes sans
qualification des diplômes sans emploi et autres personnes au
chômage augmente invariablement. Dans la mesure où cette «
armée » de chômeurs et de sans emploi est celle qui alimente
les réseaux de banditismes et les acteurs s'y retrouvent parce que
n'ayant aucune occupation, la facilité pour eux de tomber sous le coup
de la tentation devient grande. L'absence de pouvoir d'achat amène les
populations à s'enfermer dans des zones de logement insalubres facteur
potentiel de la violence du fait des traumatismes vécus. Le
régime foncier amène un nombre important de population rurale
à vivre des problèmes d'insalubrités.
Or la caractéristique fondamentale du régime
foncier à l'origine de la ville est la coexistence de
propriétés collectives et des propriétés
individuelles. Ces dernières sont les plus nombreuses aujourd'hui compte
tenu de l'évolution des propriétés qui perdent peu
à peu leur caractère familiale, gage de sécurité
pour l'individu. La catégorie socioprofessionnelle et le revenu sont les
critères qui définissent aujourd'hui l'habitat à Cotonou.
Cette organisation de l'espace urbain à Cotonou qui impose au citadin
une place ou un logement du fait de son statut ou de ses ressources
limitées, sera à l'origine des disparités urbaines
observées. Cette répartition de fait, va créer une sorte
de `'ghetto'' d'enferment dans lequel sont catégorisées
certaines tranches de la population. Cela va entrainer d'ailleurs des tensions
tacites où l'autre n'est perçu qu'en fonction de sa zone de
résidence. Cette discrimination spatiale combinée avec d'autres
difficultés de chances scolaires et sociales constituant les indicateurs
d'une transformation générale de la société qui
favorisent l'approfondissement des inégalités sociales ayant pour
conséquence une violence urbaine exacerbée.
1.6.2.2.Données
sociodémographiques
Des données fournies par l'Institut National de la
Statistique et de l'Analyse Economique (INSAE) sur des enquêtes
démographiques et de fécondité et sur les recensements
généraux de la population et de l'habitat de février 2002
nous informent sur le mouvement de la population de Cotonou, zone de forte
sensibilité.
En 2002, Cotonou comptait 665100 habitants soit 11% de la
population nationale. Au quatrième recensement général de
la population et de l'habitat cette population est estimée à
678874 habitants soit un taux d'accroissement de 0,18%(INSAE, RGPH4,
2013). Il en résulte que l'augmentation de la population de Cotonou
entraîne une difficulté dans la maîtrise des couches les
plus vulnérables en précarité urbaine. Elle est surtout
alimentée par les migrations rurales. Cotonou étant aussi une
ville assez cosmopolite où cohabite la plupart des groupes ethniques du
Bénin avec de nombreuses communautés étrangères,
son choix permet de rendre compte d'un phénomène de la
sécurité privée vu la recrudescence de la
criminalité et la forte demande de sécurité dans cette
ville.
1.6.2.3. Données
socioculturelles
Pour mieux comprendre comment les facteurs socioculturels ont
une incidence sur l'émergence et l'accroissement de
l'insécurité dans la ville de Cotonou, il faudrait remonter
à la famille de base et voir comment celle-ci assure l'éducation
des enfants. De tout temps, la famille a été l'instrument
privilégié du conditionnement socioculturel. C'est elle qui
transmet de génération en génération la tradition
et c'est elle qui donne la première éducation. Elle a toujours
joué son rôle structurant dans la personnalité de base de
tout un chacun. Plus particulièrement la famille dite traditionnelle
éduquait les enfants dans un cadre tel que les valeurs inculquées
à l'enfant lui permettaient d'affronter la société. Ce
pouvoir éducatif qui pesait sur l'enfant tout au long de sa vie,
l'aidait à mieux intégrer la société et à
fuir ce qui peut l'en écarter. Les valeurs enseignées sont
essentiellement : l'honnêteté, le courage, le respect des biens
d'autrui. Mais avec les nouvelles façons de vivre influencées de
l'extérieur, avec la modernisation et l'urbanisation
accélérées que connaissent les sociétés
d'aujourd'hui, on observe le relâchement dans ce pouvoir éducatif
traditionnel. Le processus d'urbanisation et de modernisation ainsi que la
pauvreté qui sévir dans les campagnes ont poussé les
jeunes à un exode massif de leur localité vers les grandes
villes. Coupés des réalités culturelles de leur milieu et
abandonnés à eux-mêmes, les jeunes cherchent une porte de
sortie à travers les petits boulots, le commerce informel.
Les mauvaises fréquentations auxquelles ils sont soumis
entraînent forcement des comportements déviants ou se
mélangent à la fois délinquance, tabagisme, alcoolisme.
1.7Quelques axesde la discussion
Cette recherche porte sur la constitution des rapports
marchands autour des services de la protection des personnes et des biens. Si
l'on met l'accent sur l'objet de la relation d'échange, il semble alors
raisonnable de commencer par une revue de la littérature sur la
production de la sécurité et ses formes historiques. En effet,
les services de protection des personnes et des biens qui sont produits en tant
que valeurs d'échanges constituent une des formes possibles de la prise
en charge des fonctions de sécurité. Il faut alors situer ces
rapports marchands dans le cadre d'autres mécanismes de protection et il
faut discuter les conséquences qui s'en dégagent relativement au
fonctionnement de l'Etat, à son monopole de la contrainte
légitime et à la métamorphose de la fonction
policière.
BECKER(1974) a soutenu que l'apparition de la
sécurité privée relève d'une combinaison des
défaillances des services publics de la police et d'une tendance
culturelle propice à l'autoprotection. D'un côté, les
« polices privées » font ce que la
« police publique » ne peut pas faire : celle-ci est
de plus en plus chargée d'activités liées au maintien
(général) de l'ordre et de moins à la protection
(spécifique) des personnes et des biens ; ceux qui ont de l'argent
se procurent sur le marché leurs propres services de
défense ; ceux qui n'ont pas les moyens peuvent néanmoins
organiser des groupes de vigiles. De l'autre côté, les
sociétés anglo-saxonnes seraient porteuses d'une inclinaison
culturelle vers l'autoprotection déterminante pour le
développement de formes privées de sécurité.
LOADER (1997) dans ses explications suivant le même
chemin a montré comment les instances publiques ne peuvent pas
satisfaire (ou ne peuvent plus satisfaire) les besoins de protection des
groupes sociaux. Il mentionne que, pour répondre aux contraintes et aux
défaillances de la police, et, de l'autre côté, aux
exhortations gouvernementales de ne pas devenir dépendant des services
publics, les individus, les communautés et les organisations se sont
tournés vers le marché.
Pour certains auteurs, la crise de l'Etat et la
« privatisation de la sécurité »font partie
de transformations sociales plus générales. L'anthropologue
brésilienne CALDEIRA (2000) est l'auteur d'un des
textes les plus stimulants concernant les changements urbains dans les
sociétés contemporaines : elle montre la manière dont
les mutations de la violence,
des manières d'organisation des groupes sociaux et des
notions du « publics »rebondissent sur l'espace politique.
Elle stipule que « la privatisation de la
sécurité remet en cause le monopole étatique de
l'usage de la force. Dans les dernières décennies, la
sécurité est devenue un service qui est vendu et acheté
sur le marché, en nourrissant une industrie très
rentable ».Lorsqu'il s'agit de penser le problème de la
sécurité, elle exprime toutefois un lieu commun très
répandu dans ce type de travaux ; comme dans beaucoup de travaux
sur les transformations de la fonction policière dans les
sociétés contemporaines.
Il existe d'autres explications de SPITZER et
SCULL (1999) selon lesquelles l'Etat n'est pas un fournisseur
défaillant mais un ensemble d'institutions subissant des transformations
dans divers domaines : les logiques mercantiles progressent et menacent
les autres formes d'allocation de biens et de services, comme les droits des
usagers des services publics qui accompagnent l'existence concrète de
l'Etat. La privatisation de la sécurité serait ainsi une
manifestation d'un processus plus général qui englobe la
santé, l'éducation, le transport ou les retraites.Selon ces
auteurs, les conditions de la vie économique depuis la seconde guerre
mondiale produiraient une différenciation entre les fonctions de
maintien de l'ordre et de protection des profits : la « police
publique » pouvait remplir la première d'une façon
efficace tandis que la deuxième constituait une base pour l'expansion de
l'industrie de la « police privée ». Les
transformations du système capitaliste, qui sont aussi à la base
de la crise de l'Etat, expliquent donc l'émergence, les transformations
et l'élargissement du secteur de la sécurité
privée. Les changements dans les modes de gestion
des entreprises contribuent à la constitution de
nouveaux besoins de protection et les entreprises de sécurité
sont, grâce à leur flexibilité, plus efficaces que la
police pour apporter le type de solutions que le secteur privé souhaite.
Pour ces auteurs, les besoins non satisfaits des clients expliquent la mise en
place des différents marchés de la sécurité
Si la littérature sur la sécurité
privée nous permet de situer la
« sécurité-marchandise » dans l'univers des
formes de la protection des personnes et des biens, la sociologie des
marchés nous permettra de situer notre marché particulier dans le
cadre d'autres marchés. Et ce faisant, nous pouvons saisir les logiques
communes à la mise en place et au fonctionnement des marchés en
général, mais aussi celles qui relèvent des
spécificités propres de la sécurité en tant
qu'objet d'un rapport contractuel.
Ce qui est aujourd'hui appelé « la nouvelle
sociologie économique, porte sur des problèmes centraux
dessciences sociales existants depuis l'époque classique. Les
études de DURKHIM (1893) sur la division du travail,
les contrats et les propriétés, les travaux de
WEBER (1904) sur les rapports entre l'éthique
religieuse et les dispositions économiques ou les réflexions de
SIMMEL (1908) sur l'argent, ne sont que les pages les plus
remarquables de l'histoire d'une discipline qui n'a connu que beaucoup plus
tard la formalisation en spécialité académique bien
définie. Les « industries » sont souvent un objet
des enquêtes de la sociologie économique. Il s'agit alors
d'étudier des groupes d'entreprises opérant dans une même
branche de production de biens ou services, leurs interactions et les
structures sociales qui régissent leur fonctionnement.
L'analyse de la construction sociale des industries, ainsi que
des marchés qui leurs sont rattachés, s'accompagne presque
toujours d'interrogations sur la nature de l'action des entrepreneurs et leurs
déterminations sociales. Ces questions peuvent enrichir l'interrogation
sur les origines des dispositifs économiques, mais aussi sur le
rôle de « l'action » dans le fonctionnement des
« systèmes ». Les études de
WEBER (1904) et de SOMBART (1913) avaient
déjà établie les bases d'une approche sociologique de
cette catégorie particulière d'agents appelée
« entrepreneurs » et du type particulier d'action
significative appelée « entreprendre ».
L'étude du rôle d'entrepreneur en sciences sociales reste pourtant
attaché à la figure de SCHUMPETER (1911).
Quelques aspects des travaux de Schumpeter sur les entrepreneurs peuvent servir
à une réflexion sur le rôle de ces agents dans
l'introduction d'un nouveau produit et dans la création d'une industrie.
L'entrepreneur peut être (comme le veut l'usage courant) un
« agent économique indépendant », mais aussi
un « directeur » ou un « financier » de
société par actions. « Des `'fabricants'', des
`'industriels'' ou des `'commerçants'' (que l'on y inclut toujours) ne
sont pas nécessairement des `'entrepreneurs'' ».
L'entrepreneur est défini par sa fonction plutôt que son statut.
L'entrepreneur est celui qui « exécute de nouvelles
combinaisons ».
GRANOVETTER (1985) l'une des figures
marquante de la nouvelle sociologie économique stipule que les
marchés sont des systèmes de relations sociales engageant
à la fois la participation des entrepreneurs et de leurs entreprises, et
celle des clients qui achètent leurs produits ou leurs services. Les
pouvoirs publics y participent parfois directement en tant que
régulateurs, producteurs, ou consommateurs des biens et services. Ces
marchés fonctionnent selon des logiques qui ne se laissent pas
appréhender par les modèles abstraits de la science
économique. Il ne s'agit pas simplement de système de relations
sociales, mais de systèmes de relations sociales
« encastrées ».
L'encastrement des rapports économiques (y compris les
échanges marchands) dans les cadres sociaux, culturels et politiques
n'est pas une nouveauté pour les sciences sociales.
MARX (1852) l'avait souligné lorsqu'il parlait de la
société en tant que « totalité
organique », ensemble de rapports sociaux qui fait
système. DURKHEIM (1928) a aussi souvent
considéré les fonctions économiques comme l'appareil
digestif d'un corps social dont l'Etat serait le cerveau et les administrations
le système nerveux. WEBER (1904) a quant à lui
démontré que l'émergence du capitalisme moderne n'aurait
pas été possible sans un droit rationnel et un Etat
prévisible. POLANYI (1944) a introduit la notion
d' « encastrement » pour caractériser
l'articulation entre l'économie et d'autres sphères de la vie
sociale dans les sociétés dites primitives. Au contraire, les
sociétés modernes ont pour spécificité de
« désencastrement » de l'économie sous la
forme du « marché autorégulateur ».
GRANOVETTER (1985) dans le cadre de la
rénovation de la sociologie économique refuse l'opposition entre
sociétés primitives et sociétés modernes, et
notamment le fait que cela soit synonyme de la différence entre
économies encastrées et économies
désencastrées. Dans ces travaux,
« l'encastrement », d'une part ne se présente pas
comme une alternative mais comme un complément des analyses de la
science économique, d'autre part l'encastrement
« social » est très souvent réduit à
la simple immersion dans des « réseaux de
relation », ou de « contacts ».
Par ailleurs,LEBARON(2006) a montré
que la production des marchés a été accomplie par les
pouvoirs publics lors du processus de constitution du capitalisme moderne. Par
des textes législatifs et réglementaires, et les
politiques publiques, mais aussi par la prise en charge de la
formation des compétences et par l'achat direct de biens et de services,
l'Etat continue aujourd'hui à modeler les relations économiques.
Ainsi, la mise en place des « marchés » en tant que
dispositifs d'organisation économique, résulte de l'action
politique des Etats, donc des gouvernements et des partis : les analyses
critiques du « néolibéralisme » et de la
« globalisation » en témoignent.
SelonBOURDIEU (2000), l'Etat contribue
à la construction sociale des marchés par la
réglementation de la production et par la création tant de
l' « offre » que de la
« demande ». Les pouvoirs publics contribuent à
façonner la production, la consommation et les échanges
marchands. Comme MARX (1977) l'a montré le premier
à propos du « marché du travail »,
l'émergence des marchés résulte de causes historiques
spécifiques qui nous invitent à rechercher pour quelque
marché que ce soit, les conditions sociales, culturelles et politiques
de son existence. Lorsque tous les objets du travail humain ne sont pas par
définition des marchandises, il faut s'interroger alors sur les
processus par lesquels certains biens ou certains services deviennent des
« valeurs d'échange ».
CHAPITRE II : Considérations
méthodologiques de l'étude
2.1 Cadre pratique
La démarche méthodologique suivie comprend les
étapes suivantes :
· la conception du projet de recherche ;
· la collecte des données secondaires à
travers la revue de littérature et les entretiens préliminaires
avec les personnes ressources ;
· la collecte des données primaires sur le terrain
avec un échantillonnage composé des différents
groupes-cibles autour du marché de la sécurité
privée ;
· le traitement et l'analyse des matériaux
empiriques et des données secondaires ;
· l'examen de la pertinence et de la
réalité des hypothèses ;
Pour l'analyse, deux modèles d'analyse ont
été choisis à savoir le structuralisme et le modèle
stratégique des adaptations chez GOFFMAN(1973).Ce choix
se justifie par le fait que la sécurité est perçue comme
un système total et que la sécurité privée est une
partie de ce « tout », « cette
totalité »LEVI-STRAUSS (1962) que forme le
dispositif global de sécurité dans la ville de Cotonou. On ne
peut pas donc étudier le marché de la sécurité
privée en dehors de la sécurité publique. Notre analyse se
fera alors sur la base du rapport société/individu. Par ailleurs,
les études deGOFFMAN(1973) évoquent la
stratégie de l'acteur qui, dans un premier temps se transforme en
collaborateur et devient un membre normal,
programmé ou incorporé vu le bien-être
qu'offre l'institution et les
sanctions prévues permettent de parler d'adaptation
primaire. Par la suite, une adaptation secondaire qui caractérise toute
disposition habituelle permettant à ce dernier d'utiliser des moyens
défendus, ou de parvenir à des fins illicites (ou les deux
à la fois) et de contourner ainsi les prétentions de
l'organisation relative à ce qu'il devrait faire ou recevoir, et
partant, à ce qu'il devrait être. Les adaptations secondaires
représentent pour l'acteur des moyens de s'écarter du rôle
du personnel que l'institution lui assigne tout naturellement.
2.2 Nature de l'étude
Notre sujet porte sur le marché de la
sécurité privée dans la ville de Cotonou et se veut
qualitatif parce qu'il s'agira de :
- comprendre les raisons qui fondent la libéralisation
de certains services de sécurité au profit des entreprises
privées, ce qui permettra de mettre en lumière comment s'est
opérée une division du travail entre la répression
publique et la sécurité privée ;
- appréhender le sens que les acteurs donnent à
leurs actions sur la scène marchande de la sécurité
privée ; et
- reconstruire logiquement et intellectuellement une
chaîne de causalité à partir du vécu des acteurs.
Toutefois, une étude quantitative sera adoptée
pour dénombrer les entreprises de sécurité privée
qui animent remarquablement le marché de la sécurité
privée à travers les différentes prestations et les
systèmes de prix pratiqués.
2.3La durée de la recherche
Débuté en mai 2011, le travail a pris fin en
juillet 2013, soit un total de vingt-deux (27) mois. Cette durée
s'explique par les difficultés
rencontrées sur le terrain et notre souci de respecter les exigences méthodologiques
de recherche en sciences sociales: la recherche documentaire, l'observation
directe sur le terrain, les interviews, le traitement et l'analyse des
données et enfin la rédaction
2.4La recherche documentaire
Les études et réflexions sur les acteurs autour
de la sécurité privée ont été
effectuées par nombre d'auteurs, aussi bien en Sociologie, en
Anthropologie qu'en Criminologie. L'exploitation de quelques travaux
scientifiques a permis de faire le point sur l'état de la question. Nous
avons exploité des ouvrages classiques, des articles d'auteurs en ligne,
des manuels et guides de recherches en sciences sociales.
Les données de la recherche documentaire nous ont
permis de modifier ou de maintenir les hypothèses
pré-formulées et d'élaborer les indications de recherche
qui nous ont aidées à aborder la deuxième étape
avec aisance.
L'accès aux documents a été possible
grâce aux bibliothèques et centres de documentation que nous avons
parcourus. Ils sont présentés dans le tableau ci-dessous.
Tableau I : Centre de
documentation et bibliothèque
Centre de documentation et bibliographique
|
Nature des documents
|
Types d'informations
|
Centre de documentation de la FLASH
|
Mémoire de maîtrise
|
Informations d'ordre général et
spécifique
|
Bibliothèque centrale de l'UAC
|
Ouvrages sociologiques et anthropologiques
|
Informations relatives au crime, à la déviance
|
Institut Français du Bénin
|
Ouvrages généraux de Sociologie et
d'Anthropologie
|
Informations relatives au crime
|
Internet
|
Rapports, articles, revues, colloques, séminaires
|
Information d'ordre général et spécifique
|
Source :
données de terrain, 2011-2012
Le tableau que nous venons de présenter nous renseigne
sur les sources des informations recueillies lors de la recherche documentaire.
Ces données nous ont éclairé par rapport au comportement
des acteurs sociaux autour de la sécurité privée et nous
ont guidé pour la recherche.
2.5Enquête
préliminaire
Elle a lieu dans le but de vérifier les
hypothèses formulées et de tester les outils
de recherche élaborés (guide d'entretien et questionnaires).
Elle nous a aussi permis d'avoir des informations sur la sécurité
privée et les actions des entrepreneurs de la sécurité
dans les prestations de service de sécurité rapprochée
dans la ville de Cotonou. Pour ce faire, nous nous sommes
entretenus avec des responsables de la DSP, des agences de
sécurité privée ainsi que des personnes ressources sur
l'histoire de la sécurité privée, sa pratique actuelle et
les raisons qui sous-tendent les motivations des promoteurs d'organismes de
sécurité privée. A cette étape, nous avons fait un
stagede deux (02) mois dans la société CITYPOOL SECURITY,
une agence de sécurité privée de la ville de
Cotonou. Cela a fait suite à la décision des responsables du
Département de la Sociologie-Anthropologie pour une immersion
professionnelle des étudiants. Nous nous sommes exercés lors de
notre stage à réaliser le diagnostic organisationnel de la
structure qui a servi de cadre à notre immersion professionnelle. En
nous appuyant sur des connaissances théoriques, nous avons
appliqué l'outil de diagnostic organisationnel qu'est le Modèle
Intégré d'Organisation (MIO) à l'entreprise
« CITYPOOL SECURITY ». Cet exercice nous a permis
d'appréhender le phénomène de la sécurité
privée et de cerner les contours du marché de la
sécurité privée dans la ville de Cotonou. Il a
été d'un grand intérêt pour comprendre
l'évolution de l'offre et de la demande en matière de
sécurité rapprochée. Il nous a révélé
les systèmes de prix pratiquée d'une société
à une autre, les turbulences sur le marché de la
sécurité privée dans la ville de Cotonou et l'attitude des
clients qui vont d'agence en agence à la recherche de service de
qualité et ce, à moindre coût. Nous présentons
ci-dessous le tableau des orientations stratégiques issu des facteurs
internes et externes de ladite société et quelques
stratégies énumérées.
Tableau II :Facteurs internes et externes
deCitypool Security
N°
|
Forces
|
Faiblesses
|
1
|
1-Conseil d'Administration fonctionnel
|
1- Insuffisances dans la structuration de CITYPOOL (absence de
comptable et de personnes compétentes au sein du CA)
|
2
|
2-Existence des agents de prospection très dynamiques
|
2- Insuffisante des Vigiles pour répondre aux demandes
de sécurité rapprochée
|
3
|
3-Existence de contrôleurs et d'assistants
contrôleurs opérant des contrôles réguliers et
inopinés sur les sites
|
3- Rigidité des relations contrôleurs /Vigiles
occasionnant des défections dans le rang des vigiles
|
4
|
4- Fonctionnalité du système de motivation, de
formation et de recyclage des vigiles, des assistants contrôleurs et
des contrôleurs
|
4-Le système de motivation pour juguler le manque
d'effectif par les reconductions n'est pas opérationnel
|
5
|
5- Le Well-being physique des vigiles, toujours frais et
disponible
|
5-Les Vigiles indélicats qui sapent par leur inconstance
et leur moralité la crédibilité de CITYPOOL
|
6
|
6- CITYPOOL dispose d'un système d'information et de
communication efficace
|
6-Insuffisance et vétusté des matériels
roulant pour effectuer les patrouilles et les déploiements de gardes
|
|
Opportunités
|
Menaces
|
1
|
1-La croissance vertigineuse de la demande en
sécurité rapprochée
|
1-Les modalités de tarification des autres entreprises de
sécurité privée
|
|
3-Naissance de nouvelles structures compétentes offrant
des services de sécurité de qualité, à moindre
coût et des conditions sociales plus adéquates aux vigiles
|
4-L'augmentation constante de l'armée des chômeurs,
des délinquants et des déviants sociaux.
|
2
|
2- Disponibilité des clients bon payeurs exigeant le
Well-being, l'embonpoint et la rigueur au poste des vigiles
|
2-Les clients débiteurs qui vont d'agence en agence
|
3
|
3-L'inefficacité, le défaut d'écoute et la
lenteur des autres agences de sécurité à l'égard
des plaintes et doléances du client
|
3-Naissance de nouvelles structures compétentes offrant
des services de sécurité de qualité, à moindre
coût et des conditions sociales plus adéquates aux vigiles
|
4
|
4-Existence de zone potentielle d'extension pour les
activités de CITYPOOL (les zones péri-urbaines et les autres
villes du Bénin)
|
4-L'augmentation constante de l'armée des chômeurs,
des délinquants et des déviants sociaux
|
Source: Enquête de terrain, 2011
Quelques orientations
stratégiques
OS1 : Saisir l'O1 et utiliser la F4 pour éliminer
les f3 et f4
OS1 : Saisir la croissance vertigineuse de la demande en
sécurité rapprochée et utiliser la fonctionnalité
du système de motivation, de formation et de recyclage des vigiles, des
assistants contrôleurs et des contrôleurs pour réduire la
rigidité des relations contrôleurs / vigiles occasionnant des
défections dans le rang des vigiles et la non
opérationnalité du système de motivation pour juguler le
manque d'effectif par les reconductions.
Stratégie 1 : Assainir les
moeurs de CITYPOOL SECURITY notamment en matière de gestion des
ressources humaines (revitaliser les rapports interpersonnels en donnant une
place centrale à la communication et au style démocratique) et
financière (allouer un budget pour les reconductions et payer
automatiquement les vigiles).
OS2 : Saisir l'O2, utiliser les F2 et F3 pour
éliminer les f2, f4 et f5
OS2 : Saisir la disponibilité des clients bon
payeurs exigeant le well-being, l'embonpoint et la rigueur au poste des vigiles
et utiliser l'existence des agents de prospection très dynamiques, ainsi
que l'existence de contrôleurs et d'assistants contrôleurs
opérant des contrôles réguliers et inopinés sur les
sites pour éliminer l'insuffisance des vigiles pour répondre aux
demandes de sécurité rapprochés, et déceler les
vigiles indélicats qui sapent par leur inconstance et leur
moralité la crédibilité de CITYPOOL SECURITY.
Stratégie 2 : Redynamiser
les procédures de prospection de vigiles (proposé à
travers des spots publicitaires des conditions sociales adéquates de
travail aux vigiles) et améliorer la qualité des matériels
roulants (acquisition nouvelle et durabilité de la maintenance) et celle
des ressources humaines (recrutement et renforcement des capacités).
2.6 L'enquête de terrain proprement
dite
Cette étape nous a permis d'investiguer dans les
arrondissements de Cotonou afin de recueillir des données empiriques.
Elle a durée dix (10) mois, de mai à juillet, de septembre
à décembre 2012. Puis de Février à Juillet 2013.
Cette période a pris en compte la disponibilité de nos
enquêtés à nous fournir les informations
nécessaires.
2.7 Technique, outils de collecte et analyse de
données
A la suite de la pré-enquête, trois techniques
ont été utilisées. Il s'agit de l'observation, de
l'entretien et du questionnaire qui ont pour outils respectifs la grille
d'observation, le guide d'entretien et le questionnaire.
L'observation a été essentielle dans le cadre de
cette étude car c'est grâce à elle que nous avons pu
constater les indicateurs d'une marchandisation de la
sécurité : des vigiles en uniforme à travers la
ville, des guérites de sécurité devant les maisons des
particuliers et des patrouilles motorisés dans la ville de Cotonou. Le
questionnaire a permis d'adresser des questions très précises
auxquelles nous espérons des réponses concises. L'entretien
semi-structuré quant à lui, a favorisé une ouverture de
nos enquêtes qui ont donné leur point de vue puisant ainsi de
leurs expériences. Ce qui nous a aidé à découvrir
les aspects du sujet que nous n'aurions pas prévu. Le choix de ces
techniques s'explique par le fait qu'il s'agit d'une enquête aussi
bienqualitative que quantitative.
2.8 Groupes cibles et
échantillonnage
Pour constituer l'échantillon, deux techniques ont
été adoptées. Il s'agit de l'échantillonnage
à choix raisonné et l'échantillonnage aléatoire
(par groupe). Au niveau des entreprises prestataires de service de
sécurité, ainsi que de leurs vigiles, l'échantillonnage
aléatoire a été utilisé. Des 75 entreprises de
sécurité privée, 17 ont été choisi de
façon aléatoire.Il s'agitde CITYPOOL SECURITY, MSA, INTER-CON,
SUNTREV SECURITY, DA-SECURITE, IBSB SECURITE, RANGERS, BODYUARD, SECURITE
ASSOUKA, LEADERS SECURITY, SOFT SECURITY, TYGER SECURITY, MEN'S PROTECTION,
TIGER SECURITY, ANFANI SECURITY, CREDO SECURITY, PROTECTION SECURITY.De
façon aléatoire 65 vigiles appartenant aux 17 entreprises ont
été choisi. Nous avons procédé à un choix
raisonné au niveau des responsables étatiques chargés de
la régulation du secteur. Pour ce qui concerneles clients, nous avons
fait un choix aléatoire de 52 clients pour qui les 17 entreprises
donnent des services rapprochés de sécurité. Des 13
arrondissements que compte la commune de Cotonou, 05 ont été
choisis de façon raisonnée. Il s'agit du 1er, du
2ème, du 4ème, du 5ème et
du 12ème arrondissement de Cotonou. Au niveau des
enquêtés, nous avons tenu compte du rôle ou de la place de
chaque acteur dans le secteur. Pour ce qui est du côté de l'Etat,
les chargés politiques de la régulation de la
sécurité dans la ville de Cotonou ont été pris en
compte.Du côté des entreprises, les producteurs des services
rapprochés à savoir : les entrepreneurs, les commerciaux,
les vigiles prestataires de service de sécurité, ainsi que les
demandeurs de sécurité rapprochée ont été
ciblés. Nos investigations ont été réalisées
en premier lieu et successivement dans le 1er,
2ème et le 4èmearrondissement de Cotonou.
Ces arrondissements regroupent certains quartiers d'Akpakpa où
l'onretrouve le siège social de plusieurs entreprises de
sécurité privée de notre échantillonnage. Nos
enquêtes ont lieu par la suite dans le 6ème
arrondissement où nous avons rencontré nombre de clients des
entreprises de notre échantillonnage. Le 5ème
arrondissement a été en amont et en aval de notre recherche en ce
qui concerne les enquêtes menées compte tenu de la présence
de la DGPN, de la DCSP et de la DSP ; les structures étatiques de
la régulation de la sécurité publique, qui sont aussi
chargées de la régulation des activités des entreprises de
sécurité privée.
Nos investigations ont portés en dernier lieu sur le
12ème arrondissement de Cotonou dans lequel l'on retrouve
quelque siège social d'entreprise de sécurité
privée et beaucoup de clients particuliers. Au total, 148 acteurs ont
été enquêtés dans les 5 arrondissements
2.9 Taille de l'échantillon
Tableau III : Présentation de
l'échantillon par arrondissement
Groupe cible
|
Arrondissements
|
Nombre
|
Etat (responsables de la DGPN, DCSP et DSP)
|
5ème Arrondissement
|
06
|
Entrepreneurs de la sécurité privée
|
1er Arrondissement
|
07
|
2ème Arrondissement
|
02
|
4ème Arrondissement
|
05
|
12ème Arrondissement
|
03
|
Les Commerciaux
|
1er Arrondissement
|
02
|
2ème Arrondissement
|
01
|
4ème Arrondissement
|
02
|
12èmeArrondissement
|
01
|
Clients
|
1er Arrondissement
|
15
|
2ème Arrondissement
|
15
|
4ème Arrondissement
|
12
|
12ème Arrondissement
|
12
|
Vigiles
|
1er Arrondissement
|
25
|
2ème Arrondissement
|
18
|
4ème Arrondissement
|
12
|
12ème Arrondissement
|
10
|
Total
|
5 Arrondissements
|
148
|
Source : terrain 2012
2.10 Traitement et analyse des
données
Quatre étapes principales concourent au traitement des
données sont. Il s'agit de la transcription des données, du
dépouillement, de l'analyse et de la vérification.
2.11 Transcription des
données
Elle a été faite par fiche individuelle pour
toutes les enquêtes. L'usage des signes et codes particuliers dans la
prise de notes a été abondant au cours des entretiens. La mise au
propre quotidienne fut alors nécessaire pour rendre les textes
conventionnels.
2.12 Dépouillement
Il a été fait manuellement. Les informations ont
été synthétisées selon trois axes : les points
communs, les points divergents et les points spécifiques.
2.13 Type d'analyse
L'utilisation des modèles structuraliste et
stratégique que nous avons déjà présentés
dans la partie « cadre méthodologique et théorie du
travail » a été nécessaire à ce niveau
pour l'analyse.
2.14Chronogramme de tâches
Le calendrier du déroulement de la recherche se
présente dans le tableau IV ci-dessous:
Tableau IV : Calendrier de la
recherche
Période
|
Activités
|
Lieu
|
Personnes impliquées
|
Juin 2011 à Octobre 2011
|
Cadre théorique, stage, entretiens exploratoires
|
Centre de documentation de la FLASH(UAC)
Bibliothèque centrale de l'UAC, Bibliothèque de
l'ENAM, siège social de CITYPOOL, Cyber café, DGPN
|
Personnes ressources, responsables de l'agences de
sécurité, autorités administratives de la DGPN, de la
DCSP, de la DSP et autres acteurs
|
Mai 2012
|
Travaux préliminaires avec le maitre
|
F1 ENAM (UAC)
|
Directeur de mémoire et Etudiantsmémorants
|
Juillet 2012
|
Révisions des outils de collecte des données
|
F1 ENAM (UAC)
|
Moniteurs et Etudiants mémorants
|
Novembre 2012
|
Enquêtes proprement dites
|
Ville de Cotonou
|
Entrepreneurs de la sécurité privée, les
clients, les vigiles, les commerciaux, les administrations
|
Janvier 2013
|
Dépouillement, analyse des données,
rédaction et dépôt de la première version du
mémoire
|
Abomey-Calavi
|
Personnes ressources
|
Février 2013
|
Prise en compte et intégration des observations des
lecteurs, dépôt de la deuxième version
|
Abomey-Calavi
|
Directeur de mémoire, personnes ressources
|
Source : Terrain 2011-2013
2.15 Difficultés
rencontrées
Les difficultés rencontrées sur le terrain
résident essentiellement dans l'absence d'un cadre conceptuel accessible
autour de la sécurité privée en tant que
phénomène émergent de ces dernières
années.Par ailleurs, la période de notre recherche a
coïncidée avec un temps de turbulence dans le secteur. En effet, la
prise d'un nouveau arrêté, le 183/MISPC/DC/SGM/DGPN/DCPN/SA du 22
novembre 2011 par le ministre Benoit C. Assouan DEGLA a suscité la vive
réaction des promoteurs du secteur à cause des dispositions que
ces derniers qualifiaient de délétères pour les
entreprises. Cette situation a eu une influence considérable sur les
rendez-vous d'entretiens avec les responsables de la DSP en charge de la
régulation de la sécurité privée. Ce qui a
retardé notre accès aux informations officielles.L'idée de
faire part de nos difficultés d'accès aux informations
officielles au Directeur de la DCSP, a porté ses fruits. La demande
d'audience laissée avec notre numéro téléphonique
au secrétariat de la DCSP, a suscité la volonté manifeste
du Directeur de la DCSP, organe de tutelle de la DSP, qui nous a appelés
pour s'enquérir de nos difficultés le lendemain même de la
demande. Il nous a aussitôt confié au nouveau commissaire
responsable de la DSP pour nous fournir les informations nécessaires.
Par ailleurs, la réticence de nos enquêtés à se
prêter à nos questions, a montré le caractère
sensible de l'étude entreprise. Certains ont pensé qu'il s'agit
d'une enquête au profit de la CNSS ou de la Chambre de Commerce, et sur
ce, ne dévoilent que quelques informations parcellaires. Pourtant ces
difficultés, loin de nous entraîner aux biais, ont
constitué pour la phase d'analyse, une donnée essentielle.
DEUXIEME PARTIE : Présentation des
résultats de la
recherche
CHAPITRE III: L'émergence de formes
privées de
Surveillance et de protection
3.1 Le contexte d'apparition
Le renouveau démocratique intervenu à partir de
1990 à nos jours s'est donné pour objectif la relance de
l'économie à travers la promotion du secteur privé. Il
fait valoir une ère nouvelle où l'individu occupe une place
prépondérante dans le système économique qu'est le
libéralisme économique.L'Etat alors se constitue sur une nouvelle
base idéologique. Ainsi, face au défi de la mondialisation, le
Bénin s'intègre dans le concert des Nations par la
réorganisation politique et la gestion des ressources humaines.
Désormais, le libéralisme concède la gestion des
entreprises aux privés surtout avec les exigences de l'ajustement
structurel. Le champ de la gestion libérale des entreprises fait
désormais figure de favori dans les politiques économiques
parce-que perçu comme le mieux adapté pour une réussite
économique et sociale.Le secteur de la sécurité fortement
rattaché dans les esprits aux prérogatives exclusives de l'Etat
n'est pas resté en marge de cette réalité.
Les nombreux problèmes de moyens techniques que connais
la police sur le plan d'équipement combiné avec le faible ratio
populations / policier à l'échelle nationale avec le cas de
Cotonou où l'on dénombre un policier pour 500 habitants est
frappant. Par ailleurs l'avènement récent de la police municipale
ne résout pas de façon significative l'épineux
problème d'effectif
des forces de l'ordre dans la ville de Cotonou. Ces derniers
sans armes de dissuasions se concentrent essentiellement sur le maintien
d'ordre dans le marché Dantokpaet son quelque fois positionnés au
côté de la police nationale pour la régulation de la
circulation au niveau des grands carrefours de la ville. La
nécessité de libéraliser certaines taches de la police
publique afin de permettre à des entrepreneurs d'exercer des taches de
sécurité rapprochée pour répondre
aux besoins accrus de sécurité exprimer par la population s'est
imposée depuis le renouveau démocratique. Ainsi selon l'article
1er, des dispositions générales sur la
sécurité privée, les activités de surveillance de
gardiennage et de protection des personnes et des biens peuvent
êtreexercées par des entreprises privées. L'externalisation
de ces services a permit un très fort essor de la
« sécurité contractuelle »
c'est-à-dire des services offerts par des individus et des groupes qui
s'organisent désormais sous la forme d'entreprises indépendantes.
Ces corps spécialisés dans la production de
sécurité deviendront les éléments d'une
véritable industrie de la sécurité, qui entretient
désormais des rapports marchands avec des consommateurs ainsi devenus
leurs clients.
3.2 L'essor de la
sécurité contractuelle
Pour saisir la trajectoire de l'industrie de la
sécurité, on a utilisé la base de données sur les
entreprises de sécurité privée au niveau de la DSP.Cette
source nous fournit la date de fondation des 75 entreprises privéesde
sécurité agrééesdont l'activité principale
est la surveillance humaine. Cette liste prend en compte les
sociétés ayant reçu leur agrément
délivré par le Ministère de l'Intérieur, de la
Sécurité Publique et des Cultes. Les sociétés
informelles n'étant pas prises en compte, l'évolution du secteur
peut êtrereprésenté à l'aide du graphe
ci-dessous.
Graphe 1 :Nombre d'entreprises de
sécurité privée crées par an au Bénin
(1990-2012)
Source : Enquête de terrain, 2013
Ce graphique montre que la plupart des entreprises qui offrent
aujourd'hui des services de sécurité privée ont
été créées dans les dix dernières
années, mais aussi qu'il y a un noyau qui est restés depuis le
début de la libéralisation. Ce mouvement de création
d'entreprises exprime immédiatement l'action d'individus qui envisagent
une activité commerciale dans le domaine de la surveillance et de la
protection, devenant ainsi des entrepreneurs de la sécurité qui
vendent leurs services sur le marché, entant qu'artisans de la
protection des personnes et des biens.
Le rythme de création d'entreprises varie faiblement
entre 1992 et 2002. Une montée en flèche se produit en 2009 et
la courbe devient alors décroissante jusqu'en 2012.
Entre 1991 et1993 les entreprises opérant dans le
secteur étaient au nombre de quatre à savoir :
SUNTREV,PAO SECURIY, MSA, IBSB SECURITE. La société SUNTREV est
la première société de sécurité
privée créée par un civil :Monsieur Privat FELIHO.
Elle a bénéficié de l'apport technique des agents partis
volontaires de la Police et de l'armée. Ils ont fortement
contribué à la formation des agents de sécurité
privée. Par le biais de son oncle Monsieur Florentin FELIHO, ex-ministre
de l'intérieur du président Nicéphore Dieudonné
SOGLO, le responsable de SUNTREV a gagné plusieurs contrats publics de
sécurité(Port Autonome de Cotonou, la Poste des
Télécommunications et biens d'autres) au profit de sa
société offrant ainsi des services de sécurité
selon les exigences du terrain. La visibilité des agents de SUNTREV et
leurs actions sur le terrain au début de la libéralisation fait
qu'aujourd'hui les agents de sécurité dans leur ensemble sont
désignés par SUNTREV dans le langage populaire. A la suite de
SUNTREV, les trois autres entreprises ont été
créées par des civils rendant aussi par le biais de leurs agents
des services rapprochés de sécurité aux populations.
Le 15 avril 1993, le ministre de l'intérieur, Florentin
FELIHO a pris un arrêté, en l'occurrence l'arrêté
n° 69/MISAT/DC/CTS/SA portant règlementation des activités
de surveillance de gardiennage et de protection des personnes et des biens par
des entreprises privées en République du Bénin. Il
comporte les dispositions générales, les conditions pour
l'obtention de l'agrément, les règles sur ports d'uniforme des
agents sur les armes d'auto- défense et sur la formation professionnelle
des agents de sécurité. A cemoment là, les entreprises
privées de sécurité étaient au nombre de quatre.
Quatre ans après, le nombre d'entreprise est passé de 04 à
20 entreprises. Au cours de cette année, le 05 Août 1997, le
ministre de l'intérieur Théophile N'DA prend un nouvel
arrêté actualise qui actualise le précédent. Ce
nouvel le n°101/MISAT/DC/DGPN/DSP/SA porte toujours règlementation
des activités de surveillance,de gardiennage et de protection des
personnes et des biens par des entreprises privées.C'est au cours de
cette même année que l'Union Professionnelle des Entreprises et
société de Gardiennage, de Surveillance et de protection (UPEGS)
a vu le jour précisément le 06 Novembre 1997. Entre 1997 et 2009
le mouvement de création évoluant progressivement et atteint son
maximum en 2009 avec 32 entreprises privées de sécurité
créées au cours de cette année. On note ainsi une
floraison des entreprises sous le ministre de l'intérieur Armand
ZINZINDOHOUE, qui regroupa les entreprises privées de
sécurité dans le dernier trimestre de 2009 pour mobiliser les
entrepreneurs du secteur à se constituer dans un ensemble afin
d'élaborer un code de déontologie pour assainir le secteur. Cet
appel a permis la relance des activités et la sortie de
léthargie de l'UPEGS qui a tenu un congrès de refondation le 15
Avril 2010 dont les grandes décisions sont :
· Le changement de dénomination (l'UPEGS est
devenue l'USSP)
· L'adoption de nouveaux statuts et règlements
intérieurs de même qu'un code de déontologie.
Le mouvement de création d'entreprise qui a atteint son
maximum en 2009 a commencé par chuter progressivement jusqu'en 2011,
année de la prise d'un nouvel arrêté.
Le 22 novembre 2011, le ministre de l'intérieur Benoit
C. Assouan DEGLA a pris un nouvel arrêté qui selon les
entrepreneurs du secteur comporte des dispositions
délétères pour les entreprises. Cet arrêté
n'a duré que quelques mois et fut abrogé par le ministre à
cause de la vive réaction des promoteurs du secteur. Le ministre sort un
nouvel arrêté, le n° 183 le 16 août 2012 qui s'impose
aux entreprises.Toutefois, les griefs des entrepreneurs demeurent surtout au
sujet de l'article n°17 du nouvel arrêté.
Le mouvement de création qui a considérablement
chuté en 2012 s'est presque annulé en 2012 ; car
désormais pour être entrepreneur du secteur, il faut payer
1.000.000 de francs CFA non remboursable pour les frais d'agrément au
lieu de 150.000 francs CFA. Il faut également payer 250.000 francs CFA
pour les frais d'étude de dossiers au lieu de 50.000 francs CFA. De plus
il faut prévoir un montant de 5.000.000 de francs CFA pour un
dépôt à terme irrévocable pour trois ans.
Par ailleurs, malgré que le nombre d'entreprises reste
stable et le rythme de création de nouvelles entreprises diminue, le
nombre de salariés s'élargit de façon considérable
(démarrée avec 04 gardes CITYPOOL security compte plus de 500
gardes aujourd'hui). Selon une estimation de l'USPP, les 75 entreprises
utilisent quelques 15.000 personnes. Cela témoigne d'une augmentation
générale du volume des services produits par les entreprises
privées de sécurité et consommées par la
population. De fait, l'évolution du nombre de salariés dans le
secteur de la sécurité privée est d'autant plus
extraordinaire qu'elle a lieu dans un contexte de stagnation voire de
décroissance qui touche presque tous les autres secteurs.
Ces éléments peuvent servir de point de
départ à une interrogation portant sur les conditions
particulières qui régissent ce domaine restreint de la vie
sociale et politique (qui revêt certes une forme économique). Il y
a en effet eu des entreprises qui ont réussi à vendre leurs
services dans un contexte où d'autres faisaient systématiquement
faillite. On note également qu'un ensemble d'individus au chômage
a trouvé dans cette industrie un emploi rémunéré
par des travailleurs intermittents ou systématiquement rejetés
par les autres branches de l'économie. Il s'agit d'un secteur
économique qui dispose de conditions sociopolitiques très
favorables à son développement : d'abord parce qu'il offre
une réponse spécifique (et apparaissant comme de plus en plus
légitime) à des problèmes inhérents aux conditions
d'existence de la société contemporaine, ensuite parce qu'il se
développe sous l'aile protectrice de l'Etat, enfin parce qu'il se
développe sous l'impulsion des catégories sociales dominantes.
3.3 Rapport de la police publique à la
sécurité privée
Les demandeurs des services de sécurité
rapprochée ont mentionné que la police publique est devenue de
plus en plus sourde aux multiples demandes de sécurité
rapprochée qu'ils formulent à son endroit. Elle s'est ainsi
progressivement désengagée du champ de la petite et moyenne
délinquance et « ne réagit que de façon ponctuelle
» selon les propos d'un chef de sécurité de la SUNTREV. Un
commissaire de la DSP nous a révélé que certaines
fonctions de sécurité ne pouvaient plus être accomplies par
la police, notamment celle de la protection de la propriété
privée particulière. Ce dernier nous fait comprendre que le
manque cruel d'effectif que connait la police n'autorise pas qu'on accorde les
services rapprochés de la police à la population. Ce sont
uniquement les autorités étatiques qui bénéficient
d'un tel service. Par conséquent, les tâches de
sécurité rapprochée sont ouvertes aux entrepreneurs qui
veulent bien exercer dans ce secteur pourvu qu'ils remplissent les conditions
d'admissions.
Au Bénin, l'industrie de la sécurité
privée est aujourd'hui constituée par 75 entreprises qui
emploient environ 15000 salariés avec une visibilité très
frappante dans la ville de Cotonou. Ces sociétés offrent leurs
produits à des clients divers, dont les administrations, des firmes et
des groupes domestiques. Nettement remarquables, les services de «
sécurité privée » venaient ainsi remplir les trous
laissés par la « police publique », qui ne pouvait pas (ou ne
pouvait plus) accomplir certaines fonctions.
Pour mieux appréhender la relation qui existe entre la
police et la sécurité privée nous avons observé
leur rapport dans une institution bancaire qui emploie simultanément un
policier et un vigile pour des tâches de sécurité, les
fonctions remplies par chacun de ces acteurs, sont bien
différenciées.
Ici, nous sommes dansd'une institution financière
où l'on remarque la présence d'un agent de sécurité
et d'un policier armé. Notre observation portant sur le rôle de
chacun de ces acteurs a permis de notifier que l'agent de
sécurité cumule un ensemble de tâches : ouvrir la
porte aux clients de la banque, surveiller les engins garés devant la
banque, ouvrir le portail aux véhicules de convoyages de fonds, aider
les clients non lettrés à remplir les fiches de retrait ou de
versement, empêcher les clients d'effectuer des appels à
l'intérieur de la banque, surveiller parfois les agents de la
maintenance logistique pour empêcher le vol de matériels etc.
Tandis que le policier joue un rôle de dissuasion avec l'ensemble
d'équipements paramilitaires qu'il porte surtout l'arme à feu. Ce
dernier n'agit éventuellement que lors de l'intrusion d'un fraudeur ou
lors d'éventuels braquages.On note clairement une division du travail
entre le travail du policier et celui de l'agent de sécurité
privée.Par la force des choses, il s'est développé une
division du travail de facto entre la répression publique et la
sécurité privée. La première se réserve les
délits commis sur la voie publique, la criminalité de violence,
les vols graves, le crime organisé et les affaires de drogues ; la
seconde prend en charge les incivilités et la délinquance mineure
ou modérément grave commise sur les sites ou à l'encontre
des entreprises et autres organisations.
Troisième partie : La constitution des
rapports marchandsautour des services de protection des personnes et des biens
dans la ville de Cotonou.
CHAPITRE IV : Les acteurs et leurs logiques sur
la scène marchande
4.1 Les acteurs en présence
4.1.1L'Etat
Acteur principal de la sécurité, il
détient le monopole de la violence physique légitime. Ce
rôle régalien au fil des années a subit des mutations
profondes. Les transformations générales de la
société ont fait apparaître de nouveaux besoin de
sécurité qui ne peuvent être satisfaits par ce dernier, il
a dû libéraliser certaines tâches de sécurité
qui sont pris en compte par des organismes de sécurité
privée.A travers des arrêtés ministériels, l'Etat
assure la régulation des activités des entreprises de
sécurité privée.
De l'arrêté ministériel N°
69/MISAT/DC/CTS/SA du 15 Avril 1993 en passant par l'arrêté
N° 101 du 05 Août 1997 à l'arrêté N° 183
qui n'a duré que trois (03) mois à cause des réactions
énergiques des producteurs du secteur contre les conditions très
rigides qu'il exige avant l'accès au marché, l'Etat semble
réguler le secteur avec le prix comme critère fondamental
d'octroi du marché.
A l'article N° 13 de l'arrêté N° 101 du
05 Août 1997, l'Etat fixe les conditions financières pour
l'obtention de l'agrément du Ministre de l'Intérieur, de
Sécurité Publique et des Cultes. Les frais d'étude de
dossier sont fixés à 50.000 FCFA et les frais d'agrément
à 150.000 FCFA. L'arrêté N° 183 qui a suscité
la vive réaction des promoteurs du secteur en a fixé les frais
d'agrément à 15.000.000 FCFA, soit 100 fois le montant
fixé dans l'arrêté précédent. L'Union des
Sociétés de Sécurité Privée, le seul et
unique regroupement des entreprises de sécurité privée
(USSP) a saisi la haute cours de justice et bien d'autres instances
suprêmes de régulation pour l'annulation de ces conditions
qu'elle qualifie de délétères pour les entreprises de
sécurité. Dans l'intervalle de trois mois, le ministre abroge les
dispositions de cet arrêté et sort un nouvel arrêté,
le N° 145 dont l'article N° 17 fixe désormais les frais
d'étude de dossier à 250.000 FCFA et les frais d'agrément
à 1.000.000 FCFA avec un dépôt à terme
irrévocable pour trois ans fixé à 5.000.000 de francs CFA.
4.1.2 Les entrepreneurs
La libéralisation du secteur de la
sécurité a entraîné la formalisation d'un nouveau
patronat composé d'opérateurs économiques, d'anciens
policiers et d'anciens militaires. Les premiers producteurs du marché
sont des civils qui ont bénéficié de l'apport soutenu des
hommes venus des milieux militaires (les départs volontaires, les
militaires et policiers retraités) qui ont su donné une formation
rigoureuse aux agents de sécurité. La rentabilité des
activités du secteur a suscité l'adhésion de quelque
commissaire retraité de la police et d'ancien militaire à la
tête des entreprises prestataires de service de sécurité
privée.
Les entrepreneurs investissent soit un capital social
ancré dans la parenté et le voisinage, soit un capital social
bâti dans la fonction publique, soit enfin un capital social dont
l'origine se situe dans l'activité commerciale elle-même. Nous
avons observé que les sociétés brandissent par ailleurs
des propriétés qu'elles font fonctionner comme capital symbolique
pour se légitimer auprès des clients : trajectoire,
notoriété, leadership, clientèle, attestation officielle
de qualité. Ces entrepreneurs de la sécurité et leurs
porte-parole dans l'espace public ont affiché la nécessité
de lutter contre l'insécurité en soulignant les bons
résultats qu'ils avaient atteints et la demande croissante
exprimé par les clients. Ce faisant, ils ont mis en scène, des
valeurs qui dépassent la pure et simple justification de
l'échange marchand.
4.1.3Les commerciaux
Véritable machine de prospection de marché et de
vigiles, les agents de prospection constituent un maillon important au sein des
entreprises de sécurité privée. La capture des contrats de
sécurité qui représente un enjeu important
nécessite de la part des agents de prospection, un dynamisme accru et
une capacité très élevée dans l'art de convaincre.
Présenter le produit, convaincre de la qualité du produit,
rassuré de ce que le produit sera à la hauteur des attentes par
l'utilisation des formules stéréotypées comme chez
CITYPOOL Security « une personne de toute confiance pour votre
sécurité » par exemple, est un exercice des gens qui
s'y connaissent en la matière. Ils présentent aux clients leur
société, ses moyens techniques (les équipements
paramilitaires utilisés: tonfa, aérosol de défense,
menottes, sifflet, gilet), les vigiles jouissant d'un embonpoint, les rondiers
qui effectuent des patrouilles motorisées, tout ceci avec un prospectus
bien confectionné.
Par des stratégies d'incitation des responsables
d'entreprises industrielles et commerciales au lancement d'un appel d'offre
pour la capture d'un contrat de sécurité, les agents de
prospection offrent de vastes possibilités de choix aux clients qui
expriment des besoins de sécurité. La croissance vertigineuse de
la demande en sécurité rapprochée du fait de la
recrudescence de la criminalité pose aux entreprises, le problème
d'insuffisance des vigiles pour répondre aux demandes de
sécurité. Les agents de prospection s'élancent dans la
quête de la main d'oeuvre aussi bien à l'intérieur du pays
dans les centres reculés qu'au-delà des frontières
béninoises. « Nous étions ici désoeuvrés
quand les gens sont venus de Cotonou avec des bus pour nous dire qu'il y a du
travail à Cotonou. Arrivés à Cotonou, on nous a
habillé et on nous a déployé sur des sites », a
rapporté un ressortissant togolais, agent de sécurité
d'une agence privée de sécurité. Par ailleurs, la
volonté manifeste de satisfaire la demande lorsqu'elle est en pic,
amène les entreprises à accepter des repris de justice
dissimulés et des gardes d'autres agences renvoyés pour des cas
d'immoralité. Faute d'une formation
adéquate, ils deviennent par la suite source
d'insécurité potentielle pour les clients pour qui ils prestent.
4.1.4Les clients
Très diversifiés, les clients des entreprises de
sécurité privée sont essentiellement des acteurs qui
expriment des besoins spécifiques de sécurité. Les
demandeurs des prestations des entreprises de sécurité
privée sont les firmes commerciales ou industrielles, les organisations
internationales ou des groupes domestiques. Aussi, retrouve-t-on des petits
commerçants, les propriétaires de vente d'objets de valeurs, les
propriétaires de pharmacies ou de bars restaurants. Ces acteurs dont
les actions et les représentations s'inscrivent dans le paradigme de
« l'insécurité » sont orientéspar la
logique de la prévention et la peur du crime.Ils confient leurs biens
à des organismes de sécurité qui veillent aussi bien sur
eux que sur leurs biens. Le choix d'engager un service de protection,
s'organise selon différents critères : la confiance dans la
fiabilité du service, ses avantages économiques et les
différentes possibilités offertes par le marché et
d'autres institutions sociales.
Par ailleurs, les institutions étatiques, sont aussi
consommateursde produit des entreprises de sécurité
privée. Ainsi, dans le Ministère de l'Enseignement
Supérieur et de la Recherche Scientifique, celui de
l'Intérieur et de la Sécurité Publique, à la mairie
de Cotonou et beaucoup d'autres institutions et sociétés d'Etat,
l'on retrouve des vigiles qui remplissent des tâches de
sécurité.Certains clients responsables des sociétés
d'import-export qui ont juste besoin d'un gardien pour ouvrir et fermer le
portail à l'arrivée des gros porteurs chargés de
marchandises, se soucient peu de la qualité de la prestation. Sur-ce,
ils fondent leurs critères de choix sur le prix, cherchant ainsi les
agences dont la tarification est basse. Les firmes commerciales ou
industrielles qui ont besoin d'un agent de sécurité bien
formé, capable de détecter un intrus, étudier ses
mouvements, prendre des dispositions pour l'empêcher de commettre son
forfait, se calquent sur la qualité du service pour opérer leur
choix au niveau des agences prestataires de sécurité
rapprochée.
5.1.5Les vigiles
Venus de plusieurs horizons, hommes et femmes à la
quête d'un emploi rémunéré, les agents de
sécurité représentent un ensemble
hétéroclite au service de la communauté pour la
satisfaction des besoins de sécurité approchée. De
l'ensemble des vigiles enquêtés, plusieurs nationalités
sont présentent :
Tableau V : Les nationalités en
présence
Nationalités
|
Effectifs
|
Pourcentages
|
Béninois
|
42
|
64,61 %
|
Togolais
|
15
|
23,09%
|
Centrafricains
|
08
|
12,30 %
|
Total
|
65
|
100 %
|
Source : Enquête de terrain, 2012
Il ressort que 64,61 % des vigiles interrogés sont des
béninois dont la moitié sont des jeunes ruraux de niveaux
d''étude compris entre le CE1 et la classe de 4ème
à la quête d'un emploi rémunéré. La seconde
moitié est un mélange de jeunes ayant reçu une formation
professionnelle (mécanique générale, conduite de
véhicule, etc...) et faute de moyen pour ouvrir leur atelier ou pour
passer leurs permis de conduirese sont réfugiés dans le
métier de gardiennage, quelques vieillards acceptés par certaines
entreprises à cause de leur situation très démunies et
enfin quelques étudiants sans allocation universitaire qui s'adonnent
à ce métier pour faire face à leurs études
universitaires. Les 23,09% des vigiles interrogés sont des togolais
(hommes et femmes) réfugiés ou non, de niveau d'étude
primaire ou secondaire. Les 12,30% des vigiles interrogés sont des
centrafricains qui sont en majorité des étudiants dans les
universités privées de Cotonou qui s'adonnent aussi à ce
métier d'agent de sécurité pour compléter leur
budget.
4.2 Les stratégies de maximisation du profit
utilisées par les entrepreneurs de la sécurité
privée
4.2.1 Aspects sociaux
Tableau VI : Les agents
déclarés ou non à la CNSS
Sont déclarés
|
05
|
07,70%
|
Sont non déclarés
|
60
|
92,30%
|
Total
|
65
|
100%
|
Source : Enquête de terrain, 2012
Des soixante-cinq (65) agents de sécurité
choisis au hasard appartenant aux dix-sept (17) entreprises de
sécurité privée de notre échantillon,soixante(60)
ne sont pas déclarés à la CNSS soit un pourcentage de
92,30% parmi lesquels nous avons certains qui déclarent avoir fait 4 ans
de service et d'autres jusqu'à 14 ans de service dans une même
entreprise. Cette situation dénote d'une part, d'un manque d'information
des agents de sécurité en matière des lois et
règlements sur l'embauche et la sécurité sociale au niveau
de la CNSS ; d'autre part, de la non connaissance de l'existence de la DSP
pouvant lutter pour leur cause.
Tableau VII : Durée de travail et
salaire des agents
Durée de travail
|
12H (7H-19H ou 19H à 7H)
|
Salaire : approximatif au SMIC (30.000 à 32.000
F.CFA)
|
Soit 1.000F CFA/jour
|
53
|
81,53%
|
Légèrement au-dessus du SMIC (32.000 à
40.000 F.CFA)
|
Soit 1161,29F CFA/jour
|
12
|
18,47%
|
Total
|
65
|
100%
|
Source : Enquête de terrain, 2012
Les 81,53 % des vigiles perçoivent un salaire moyen de
31000 FCFA. Seulement 18,47% des vigiles perçoivent un salaire moyen de
36000 FCFA. Il apparaît que le salaire de ces derniers qui abattent douze
(12) heures de travail d'affilé (7H à 19H ou 19H à 7H) ne
reflète aucunement le métier à risque qu'ils exercent. On
note clairement que l'accumulation qui est faite ne profite qu'à une
minorité. Les responsables des entreprises de sécurité
privée prélèvent ainsi « la
plus-value » des contrats de sécurité et n'accordent
à l'agent qu'un salaire dérisoire qui ne lui permet pas de
subvenir à ses besoins et de prendre en charge sa petite famille. Le
secteur de la sécurité privée fait ainsi image de parent
pauvre ce qui explique quelque peu son rang de délaissé et
l'étiquetage de misérable qui est fait aux agents de
sécurité privée.
4.2.2 Aspect technique
Tableau VIII : La formation des
agents
Formation en bonne et due forme (formé à la
maison de la police nationale)
|
02
|
3,08%
|
Formation basique (formé dans les lieux non
agréés par le Ministère de l'intérieur en quelques
10H)
|
63
|
96,92%
|
Total
|
65
|
100%
|
Source : Enquête de terrain, 2012
Des 65 agents de sécurité interrogés, 02
seulement ont eu une formation de qualité, soit un pourcentage de3,08%.
Ils déclarent avoir reçu une formation d'environ soixante (30)
jours à l'école nationale de la police. Ces derniers jouent le
rôle de formateur au sein desentreprises.Les quarante-six (63) restants
sont un mélange d'agents ayant reçuune formation basique de
quelques dix(10) heures de cours théoriques et pratiques et d'agents
n'ayant reçu aucune formation selon que la demande est en pic sur le
marché. Or, la négligence de ce facteur important qu'est la
formation des agents finie toujours par jouer contre les entrepreneurs de la
sécurité qui recrutent parfoisdes repris dissimulés de la
justice.
5.2.3 Aspects économiques
Tableau IX : Les raisons de la
création des entreprises
Motivé pour la chose sécuritaire
|
12
|
70,58%
|
Motivé par la rentabilité du secteur
|
5
|
29,42%
|
Total
|
17
|
100%
|
Source : Enquête de terrain, 2012
70,58% des entrepreneurs déclarent être
motivés pour la chose sécuritaire.
29,42% avouent qu'il s'agit d'un secteur porteur, d'où
leur motivation pour cette activité.
Tableau X : Le coût des prestations
à l'endroit des clients
Tarification 60.000 à 100.000f cfa
|
15
|
88,23%
|
Tarification 80.000 à 150.000f cfa
|
2
|
11,77%
|
Total
|
17
|
100%
|
Source : Enquête de terrain, 2012
Les 88,23% des entreprises de sécurité
privée enquêté donnent des prestations pour un coût
moyen de 80.000 F.CFA par vigile et par mois ; 11,77% des entreprises de
sécurité privée enquêtées donnent des
prestations pour un coût moyen de 115.000FCFA par vigile et par mois.
CHAPITRE V: Les usages sociaux de la
sécurité privée dans la ville de Cotonou
5.1 La dimension de l'insécurité et
les pratiques concrètes de protection
5.1.1 Expression statistique de
l'insécurité dans la ville de Cotonou
Les investigations faites au Commissariat central de Cotonou
sur la manifestation de la violence urbaine sous toutes ses formes, a permis
d'avoir les histogrammes et courbes symboliques de l'insécurité
suivants :
Source: Enquête de terrain, DJIDENOU,
2013
Histogramme montrant la proportion des
infractions
L'histogramme ci-dessus traduit la proportion des variables
statistiques de l'insécurité dans la ville de Cotonou au cours
des années 2008, 2011 et 2012. Il renseigne sur les actes qui font
parlés d'une exacerbation de l'insécurité dans la ville de
Cotonou.
Ainsi, au nombre des infractions faisant mention de
l'insécurité sur la fiche statistique des infractions (à
l'annexe) les plus significatives entres autres sont : coups et blessures
volontaires, violences et voie de fait, menaces, agressions, vols simples, vols
qualifiés, cambriolages, escroquerie, abus de confiance, destructions de
biens, recel de choses, tentatives de vols, viols et disparition d'enfants. Les
plus marquantes restent encore : coups et blessures volontaires, violences
et voies de faits, menaces, vols simples, escroquerie, abus de confiance; et
les plus répétitifs sont les coups et blessures volontaires, le
vol simple et les abus de confiance.
Il ressort pour une simple analyseque les coups et blessures
volontaires et le vol simple méritent d'être criés en 2008
et plus encore en 2011 avant de laisser place aux abus de confiance en 2012.
Par ailleurs, la présence très remarquable des vigiles dans les
centres commerciaux, dans les boutiques d'objets de valeurs et autres
institutions commerciales, reste des indicateurs révélateurs
d'une disposition de prévention contre les abus de confiance que
prennent certains commerçants dans la ville de Cotonou.
Graphe 2 : Variation des infractions (moyennes) en
fonction de l'année
Source: Enquête de terrain, 2013
Variation des infractions (moyennes) en fonction de
l'année
Cette courbe est obtenue à partir des données
statistiques d'actes d'incivisme et de menaces à la
sécurité dans la ville de Cotonou. Elle est construite avec les
moyennes des variables statistiques respectives des trois années 2008,
2011 et 2012. Les moyennes étant sensiblement égales à
933.667, 1447.714 et 1310.143 ; on note une variation absolue en hausse
d'environ 514.047 entre 2008 et 2011 et une variation absolue en baisse de
137.571 entre 2011 et 2012 et enfin une variation absolue en hausse d'environ
376.476 entre 2008 et 2012 ; ce qui traduit une augmentation de
l'insécurité par rapport à 2008 et une diminution par
rapport à 2011. Ceci renseigne plus ou moins sur les stratégies
mises en place par les forces de l'ordre pour réduire
l'insécurité dans la ville. Par ailleurs, on note
également, entre 2008 et 2009 (voir graphe 1), une nette augmentation du
nombre des entreprises de sécurité privée.Ceci, correspond
à une volonté du ministre de l'intérieur d'alors, Monsieur
Armand ZINZINDOHOUE de lutter contre l'insécurité dans ses formes
primaires. Les nombreuses infractions notifiées dans la ville de
Cotonou, suscitent des sentiments d'insécurité au sein de la
population.
5.1.1 Les contenus de l'insécurité
subjective
Les investigations faites à l'endroit des demandeurs de
la sécurité privée révèlent que le sentiment
d'insécurité est aux fondements des besoins exprimés. Chez
nos interviewés, « l'insécurité » est
de façon unanime un problème et elle ne cesse d'augmenter depuis
quelques années. Le fait d'avoir été victime d'un vol,
constitue un thème de conversations avec les proches, les amis, les
relations ou les simples inconnus avec lesquels on interagit. Au-delà du
cercle des amis et des proches, les interactions avec les partenaires
commerciaux font circuler le même type d'expérience et de
représentations. Une des caractéristiques fortes de la
représentation sociale de
« l'insécurité » chez les profanes que dans
les discours journalistiques et politiques ; c'est qu'elle n'épargne
personne. Lorsque la victime est un proche, ce sentiment devient plus fort. Un
salarié d'un cabinet de marketing, lors de nos entretiens, nous a
confié qu'on a volé quelque chose à son beau-frère
qui est pourtant un homme grand, quand on le voit. Alors, s'ils ont
été victime de vol à la lumière du jour, et sans
aucun problème, à vrai dire, il n'y a rien qu'on puisse faire
pour l'éviter. Si des personnes à priori peu vulnérables
sont victimes d'agression, un fatalisme s'impose à ceux qui se sentent
une cible plus facile pour les délinquants. Le discours sur la
victimisation de personnes de l'entourage estégalement fréquent
chez les petits commerçants et permet d'élaborer des pronostics
sur la probabilité d'être victime dans l'avenir. Un habitant de
Sènadé, un de nos enquêtés du 1er arrondissement
nous rapporte ceci: « je me sens beaucoup moins en sécurité,
cette zone est terrible. Tous les jours, tu entends qu'on a volé en face
ou dans le coin. Et le véhicule de patrouille de la police ne cesse de
passer, en faisant hurler la sirène. Ce n'est pas simplement pour
surveiller qu'ils sont sortis mais pour attraper quelqu'un pour répondre
à un appel, à une dénonciation. Tu te dis donc «
ça sera quand mon tour ? ». Au final, les gens s'habituent, se
préparent presque pour ce qui pourrait arriver.
5.1.2 Les services de sécurité
privée et leur utilisation ciblée
5.1.2.1 Les services
achetés
Le secteurde la sécurité privée est un
vaste domaine qui regroupe plusieurs activités dont quelques-unes sont
notifiées pour le cas de notre cadre d'étude.
Cliché DJIDENOU 2012
Tableau XI : Types de services des
entreprises et les catégories de clients (en pourcentage)
Types de services
|
Gardiennage
|
Protection rapprochée
|
Convoyage de fonds
|
Escorte de camion
|
La sureté
|
Sécurité événementielle
|
Entreprises prestataires
|
92
|
72
|
08
|
40
|
12
|
48
|
Effectif des clients ayant recours
|
35,21
|
23,94
|
08,45
|
14,08
|
1,4
|
16,9
|
Source : Enquête de terrain 2012
Les 92% des entreprises de sécurité de notre
échantillon donnent des services de gardiennage. La protection
rapprochée se fait ressentir dans le secteur du commerce. On note 72%
des entreprises qui prestent pour une protection rapprochée. Aussi,
arrive-t-il de remarquer que certains expatriés font expressément
recours à ce service des agences de sécurité. Par ailleurs
08% des entreprises donnent des services de convoyage de fonds avec des
véhicules appropriés à ce type de service. Les 40% des
entreprises de sécurité privée font l'escorte de camion de
l'intérieur du Port Autonome de Cotonou vers des zones reculées
ou vers des magasins installés à l'intérieur de la ville
de Cotonou. Le service de sureté est rendu à l'intérieur
de l'aéroport, on note 12% de prestataires dans ce domaine
5.1.2.2 L'utilisation ciblée des
prestations
De l'analyse du tableau XI, il ressort que 35,21% des clients
achètent
des services de gardiennage de bâtiments
résidentiels, de bureaux, d'usines, de chantiers etc... pour dissuader
les voleurs, empêcher les cambriolages organisés par des jeunes
déviants du quartier. De plus, les clients ont recours à ce
service pour régulariser l'accès aussi bien des personnes que des
véhicules. Les 23,94% des clients qui ont recours à la protection
rapprochée, sont essentiellement des commerçants, des
propriétaires de boutiques d'objets de valeurs, des institutions
financières. Ces clients achètent ce service pour leur propre
protection et celle de leurs biens. On note 08,45% des clients qui
bénéficient du service de convoyage de fonds, ce sont
essentiellement des institutions bancaires. Les clients qui formulent des
besoins de sécurité d'escorte de camion, représentent les
14,08% de notre échantillon. Ils utilisent ce service pour
empêcher le vol des marchandises par les camionneurs et de s'assurer du
transfert intégral du contenu des conteneurs. Le service de
sûreté est consommé par 1,4% des clients
enquêtés. Ce service est rendu par les entreprises de
sécurité sur demande des responsables de l'aéroport pour
savoir si les voyageurs ne portent pas des armes à feu avant leur
entrée dans l'avion. Les 16,09% des clients qui ont recours à la
sécurité événementielle, le font pour assurer la
sécurité des lieux lors d'un spectacle d'envergure, d'un mariage,
au cours d'une cérémonie mortuaire ou d'une
cérémonie de délivrance d'attestation de fin
d'apprentissage.
5.2 Les effets pervers des besoins
exprimés
5.2.1 Les stratégies d'arrondissements de
fin du mois
La récurrence des retards dans les paiements de salaire
aux agents de sécurité, est un fait connu de plusieurs. Le
traitement fait par certains entrepreneurs à l'égard de leurs
employés qui remplissent des tâches de sécurité
auprès de la population a plusieurs fois fait l'objet de grognes sur
certaines radios de la ville de Cotonou. Des investigations faites sur le
terrain, il ressort que cette situation dénote d'une part du non-respect
des engagements au niveau de certains clients qui accusent d'énormes
retards dans le paiement des factures à eux leurs adressées par
les entreprises de sécurité privée. D'autre part, la
mauvaise volonté affichée de certains promoteurs qui
privilégient certaines réalisations personnelles dans le but
d'une ascension sociale au détriment du panier de la
ménagère très maigre de leurs gardes. Face à une
situation où l'on doit manger et donner à manger à
d'autres bouches, les gardes cherchent des portes de sortie dans toutes de
sortes de directions. Certains gardes qui ont su développer à
travers les interactions quotidiennes avec les clients des sentiments de
familiarité usent de ceci pour demander une assistance urgente. Par
ailleurs, d'autres gardes cèdent à la tentation, s'adonnant ainsi
à de petits vols au sein des espaces dont ils ont la garde.
5.2.2 Les contrastes des besoins rapprochés
de sécurité
Les jeunes chercheurs d'emplois
rémunérés, trouvent du travail dans les entreprises de
sécurité privée pouvant leurs permettre de gagner
mensuellement de l'argent pour subvenir à leurs besoins vitaux. Ces
derniers, employés par des entrepreneurs de la sécurité
privée pour des services rapprochés auprès de leurs
clients qui ont formulé des besoins de sécurité,
deviennent des membres à part entière de l'univers privé
de ces clients. Les interactions quotidiennes entre l'agent de
sécurité et le client pour qui il preste, renforcent leur lien
social. Ainsi, se formalise un climat de confiance dont en abusent parfois
certains vigiles perpétrant ainsi à l'encontre du client des
actes d'immoralité graves.
Clichés DJIDENOU 2012
Lors de nos enquêtes, nous nous sommes rendus dans les
locaux d'une entreprise de sécurité privée. Sur le tableau
d'affichage contigu au mur de la salle de formation se trouvant du
côté droit à l'entrée de l'enceinte, nous apercevons
la photo d'un jeune homme avec l'inscription en
dessous : `'Rechercher pour fuite avec une forte somme d'argent''.
Nos entretiens avec les futurs gardes en formation et avec d'autres vigiles de
cette société nous révèlent d'immenses choses. Le
garde dont la photo est affichée, est employé dans une
institution financièrepour des besoins de sécurité. Ses
rapports avec un client de la banque qui venait régulièrement
faire des versements sont passés d'un simple rapport à une
relation de confiance mutuelle. Plusieurs fois, le client en question lui a
confié d'énormes sommes d'argent à verser sous son
patronyme, ce qu'il fit en lui remettant chaque fois le reçu du
versement. Mais il est advenu que le dernier dépôt laissé
auprès de lui par le client de la banque a suscité son envie de
grandir rapidement. Il s'est simplement volatilisé dans la nature avec
l'argent.
Les dix - sept (17) entreprises de sécurité
privée ayant constitué notre unité de recherche ont toutes
reçues un agrément délivré par le ministre
chargé de la sécurité. Il ressort que toutes les
entreprises se sont conformées à l'article 13 de
l'arrêté N°145 portant réglementation des
activités des entreprises de sécurité privée.
Lorsqu'on vient à l'article 24 de l'arrêté N° 145 l'on
se rend compte que ce dernier n'est aucunement appliqué aux agents de
sécurité faute de l'existence d'un dispositif étatique
opérationnel pouvant exiger des entreprises de sécurité
privée l'enquête de moralité effectuée sur le futur
employé. Vu la multiplicité des nationalités des 65 agents
de sécurité considérés (64,61% de
béninois ; 23,09% de togolais, 12,30% de centrafricains) il y a une
forte possibilité pour que certaines entreprises de
sécurité privée deviennent des nids de gangsters. Cette
situation trouve d'une part sa raison dans la valeur qu'accordent les
responsables de ces entreprises de sécurité privée au
volet commercial en période de forte demande de sécurité
par les populations. D'autre part, elle est due à l'absence de
régulation par l'Etat des activités de ses entreprises de
sécurité privée. D'un point de vue structuraliste, les
entreprises de sécurité privée font partir du dispositif
global de sécurité et partant de là, le mauvais
fonctionnement de l'un pourrait porter atteinte à l'ensemble du
système. L'Etat est l'organe par excellence devant assurer la
sécurisation des personnes et des biens et de par son monopole de la
puissance publique doit fait régner l'ordre partout. L'article 35 de
l'arrêté N° 145 remet entièrement à la charge
des entreprises de sécurité privée la formation
professionnelle des personnels de surveillance. Paradoxalement, dans certaines
institutions étatiques l'on rencontre des vigiles qui accomplissent des
tâches habituellement dévolues à la police. Cette situation
prouve nettement le désengagement de l'Etat des services publics de
sécurité dans un environnement où les besoins de
sécurité vont croissant à cause de la recrudescence de
la criminalité.
De notre observation assortie d'analyses sociologiques de
notre cadre d'étude, il apparaît que de nos trois
hypothèses susmentionnées, toutes les trois sont
vérifiées, à savoir :
Le marché de la sécurité privée
est favorisé par le désengagement de l'Etat des services publics
de sécurité.
- Le marché de la sécurité privée
est constitué d'acteurs exerçant une activité avec des
logiques différentes.
- Le besoin croissant des populations en matière de
sécurité rapprochée, explique l'expansion du marché
de la sécurité privée.
CONCLUSION
La marchandisation de la sécurité est un
processus matériel et symbolique qui transforme la protection des
personnes et des biens en marchandise. La sécurité marchandise
entraîne la suppression progressive du lien qui unissait la notion de
sécurité à l'Etat, lien qui s'était à son
tour construit en contre d'une vision de la sécurité comme
responsabilité des groupes sociaux secondaires (familles, tribus,
villes). Ce processus est réalisé par des acteurs qui agissent
pratiquement, en organisant les actions et les choses selon une logique
marchande : les entrepreneurs de la sécurité et leurs
clients. En effet, le marchéde la sécurité existe dans les
liens concrets entre les producteurs et les consommateurs, mais aussi dans les
représentations que s'en font d'autres groupes sociaux et notamment dans
la croyance en la légitimité de cette modalité de prise en
charge de la sécurité.Le secteur de la sécurité
privée en pleine expansion doit effectuer deux changements radicaux s'il
veut assumer ses fonctions vis-à-vis de l'Etat et construire sa
crédibilité vis-à-vis de la population : mettre en place
un véritable code de déontologie pour éliminer les «
moutons noirs » qui sapent, par leur manque de déontologie et de
professionnalisme, le travail des autres entreprise du secteur ;
élaborer un texte de loi afin de mettre à niveau l'ensemble de la
profession et augmenter sa crédibilité au niveau national.L'Etat
doit également assumer son rôle et ne plus jouer sur deux tableaux
: d'une part en attribuant ses marchés avec le prix comme critère
prépondérant. L'Etat demeure le premier garant de la
sécurité des personnes et des biens. C'est à l'Etat d'agir
par lui-même pour maîtriser les espaces dont il a la
responsabilité. Le temps est venu de reconnaître la place du
secteur privée dans la protection des personnes et des biens. C'est le
choix de l'efficacité, c'est la condition d'une action adaptée
aux besoins des populations, c'est le sens de la responsabilité qui doit
être privilégié. Il revient à l'Etat d'assurer la
fonction de contrôle.
Références
bibliographique
Ø BECKER T. (1974), « The place of private
police in society : an area of research forthe social
sciences », social problems, vol31,n°2
Ø BENIN 2025 : ALAFIA (Stratégie de
développement du Bénin à long terme) août 2000,
235p
Ø BOURDIEU P., CHAMBOREDON J-C. et PASSERON J-C.
1993 , Le métier de sociologue, PARIS : EHESS.
Ø BOURDIEU P.1985, La distinction : critique
sociale du jugement, Paris, Minuit .
Ø CUSSON M., 1998, La sécurité
privée : le phénomène, la controverse, l'avenir,
criminologie, vol.31, n°2.
Ø DURKHEIM E., 1985 (1960). Les règles de la
méthode sociologique, Paris, PUF.
Ø DURKHEIM E. 1950.Leçons de sociologie,
physique des moeurs et du droit, Paris
PUF
Ø GOFFMAN E.,1973(1959), La mise en scène de la
vie quotidiènne 1: la presentation de soi, Paris,Minuit
Ø GRANOVETTER M., 1985. « Economic action and
social structure : the problem of embeddedness », American
journal of sociology, vol. 95, n°3 novembre
Ø GRAWITZ M., 2004. Lexique des sciences sociales,
Paris, DALLOZ.
Ø HOBBES T., 1651. Le Léviathan, Paris, PUF
Ø LEBARON F., 2006, Ordre monétaire ou chaos
social : la BCE et la révolution néolibérale, Paris,
Edition du Croquant, 61p
Ø LOADER I.. 1997, « Private security and the
demand for protection incotemporary Britain », Policing ans society,
vol7
Ø LUBET B. 1992. La police : approche
socio-politique, Paris, Montchrestien (coll. Clefs)
Ø MARK K., 1977, Le capital : critique de
l'économie politique, Paris Editions sociales
Ø MARX K., 1969 (1952) le 18 Brumaire de Louis
Bonaparte, Paris, Editions sociales
Ø MARX K., 1972. « Introduction
générale à la critique de l'économie
politique », dans la contribution à la critique de
l'économie politique, Editions sociales
Ø MARX K., 1974. Théorie sur la plus-value,
Paris éditions sociales.
Ø POLANYI K., 1944, La grande transformation : aux
origines politiques et économiques de notre temps, Paris, Gallimard,
(1983)
Ø QUIVY R. et CAMPENHOUDT L. 1998. Manuel de
recherche en sciences sociales, Paris Dunod, .
Ø SCHUMPETER J., 1911, Théorie de
l'évolution économique : recherches sur le profit, le
crédit, l'intérêt et le cycle de la conjoncture, Paris,
Dalloz
Ø SIMMEL G., 1999 (1908). Sociologie :
études sur les formes de la socialisation, Paris, PUF
Ø SPITZER S., SCULL A., 1999, « Privatization
and Capitalist development »
Ø TERESA C. 2000, City of walls : crime,
segregation and citizenship in Sao Paulo, Berkeley, University of California
Press
Ø WEBER M., 1991 (1904). L'éthique protestante
et l'esprit du capitalisme, Paris, Presses Pocket
Ø WEBER M., 2003, Economie et société,
Paris, Pocket, 424p
Ø WENER S., 1913, Le bourgeois : Contribution
à l'histoire morale et intellectuelle de l'homme économique
moderne. Paris, Bayol
ANNEXES
Questionnaire adressé aux clients des
entreprises de sécurité privée
Nom :
Prénom :
Age :
Situation matrimoniale :
Activité professionnelle :
1- Les besoins de sécurité
rapprochée et leurs fondements
1.1 Avez-vous le sentiment d'être en
insécurité ?
1.2 Qu'est-ce qui vous a poussé à demander les
services rapprochés de sécurité d'une
société de gardiennage ?
1.3 Pourquoi avez-vous sollicité les services
rapprochés d'une société de sécurité
privée et non de la police ?
1.4 Quels sont les critères mis en oeuvre pour choisir
un service et un prestataire ?
1.5 Depuis quand cette société vous offre ses
services ?
1.6 Avez-vous changé une fois de prestataire de service
de sécurité privée ?
1.7 Quelles sont les raisons qui vous ont poussé
à changer d'agence de sécurité ?
1.8 Comment appréciez-vous les prestations des
entreprises de sécurité privée ?
1.9 Les services rendus par cette agence de
sécurité ont-ils apaisés vos sentiments
d'insécurité ?
Questionnaire à l'endroit des agents de
sécurité privée
Nom :
Prénom :
Age :
Situation matrimoniale :
Profession :
1- Le métier d'agent de sécurité
et les rapports avec le public
1.1 Pourquoi faites-vous le métier de
sécurité ?
1.2 Qu'est - ce qui vous-à pousser à devenir
agent de sécurité ?
1.3 Depuis quand faites-vous ce métier ?
1.4 Comment avez-vous été
recruté ?
1.5 Votre formation a durée combien de temps ?
1.6 Qui sont vos formateurs ?
1.7 Quels sont les problèmes d'insécurité
que vous affrontez sur le terrain ?
1.8 Quel type de rapport avez -vous avec les
policiers ?
1.9 Quel type de rapport entretenez-vous avec le client et
avec le public en général ?
1.10 Combien gagnez-vous pour votre travail d'agent de
sécurité ?
1.11 Ce salaire vous permet-il de subvenir à vos
besoins ?
1.12 Il vous arrive-t-il d'avoir le sentiment d'abandonner ce
métier de sécurité ?
GUIDE D'ENTRETIEN : A l' endroit des
autorités en charge de la sécurité
privée
I- Connaissance de la genèse du
phénomène
1- Problèmes structurels
2- Nature des incivilités
3- Représentation de la sécurité des
personnes et des biens
4- La monté permanente de
l'insécurité
5- La libéralisation du secteur de la
sécurité privée
6- Liens entre la monté de la criminalité et
l'expansion du marché de la sécurité
7- Rapport de la sécurité privée
à la police publique de sécurité
8- Relation entre la police et la sécurité
privée
GUIDE D'ENTRETIEN : A l' endroit des entrepreneurs de
la sécurité privée
I- Identification
1- Nom et prénoms
2- Age
3- Activité professionnelle
4- Ancienneté dans l'activité actuelle
II- Connaissance de l'entreprise de sécurité
privée
1- Dénomination
2- Année de création
3- Nombre de vigiles
4- Le recrutement
5- La formation des vigiles
III- Motivation
1- Raison de création de l'entreprise de
sécurité privée
2- Historique du phénomène de la
sécurité
3- La demande formulée par le client
4- La tarification des prestations des services de
sécurité
5- La demande et l'offre des services de
sécurité
6- Attitudes des clients
7- Comportements des vigiles
GRILLE D'OBSERVATION
- Des vigiles hommes et femmes en pantalon marron et chemise
blanche ou autre couleur et une casquette partout dans la ville.
- Des vigiles avec quelques équipements (Tonfas ;
Aérosol de défense ; paire de menotte, couteau)
plantés devant les centres commerciaux, les institutions de
micro-finance, à l'entrée des banques, devant des maisons des
particuliers.
- Des inscriptions sur les casquettes et les chemises pour
distinguer les différentes entreprises de sécurité
privée.
- Des véhicules avec les inscriptions des entreprises
de sécurité privées servant à faire des
déploiements d'agents ou de convoi de fonds
- La formation, sa durée, son contenu.
LISTE DES SOCIETES
AGREES
BONKAANO SECURITE RAPPROCHEE ALI HOUDOU
GENEDIS SECURITY Stanislas F.GANDONOU
ASM Silvestre Sébastien SOSSOU
SAMA GROUP <<2SG>> Omer HINCATI
BSG SECURITY SYSTEMS Germain C. ESSOU
EAGLE VIEW SECURITY<<EVS>>
Barthélémy J. DAGNON
MSA Silvestre S.SOSSOU
HPI-BENIN SA Justin LOKOSSOU
SOLO GROUP'S ET COMPANY Souleyman AMZAT
DELTA FORCE ASSISTANCE SECURITY Symplice MENSAH
ABEIC-GOD EYES Lakounlé OLOROUMBIDJI
ASSISTANCE SECURITE BENIN René Joel E. ALITONOU
CONDORS MULT SERVICE Claude Paqui
KNIGT &SHIELD PROTECTION Emile S. KOUDJO
SOFT SECURITY. SYSTEMS Anastasie A. ADOMOU ATTIGNON
GEROBA Frétus Emile AGUIAH
AURUS SECURITYXavierCodjo ADIWA
YAVOEDJI GROUP SUPER
NINJASECURITYInnoncentTchégninou YAVOEDJI
SECURYTA-BENIN Liamidi dine Séfou SAIZONOU
BENIN SERVICE ASSISTANCE <<BSA>> Sérafin
G. AMOUSSOU
GOD WILL SARL Antoine GNANCADJA
INTELLIGENCE SERVICES ET SECURITE BENIN SARL Jean Marie
LINKPEHOU
SOCIETE BENIN ACTIONS SERVICES <<BAS>> Jeacques
DJIDONOU
FM -3F SAMATA
Mahouna M. Médin
GPGMB
Laurent Coffi ALOWANOU
SERVICE SEUCRITE D'INCENDIE ET D'ASSISTANCS
<<SIA-BENIN>>ANTONIO Cyrille Koffi
DIEU LE VERITABLE GARDIEN <<DVG>> GOUGJINOU
Kuassi Eugène
SOCIETE PROSERV SECURITY BENIN SARL BOKO DOSSOU Blaise
SECURITE BENIN
DJAGOUN Alassan
AFRIQUE PRESTATION SARL
ADEDJOUMA SaliouAdélalou
CREDO SECURITY BENIN HOUNSOU GUEDE C. Patrice
PROTECTION ASSISTANCE SECURITE `'PAS SARL'' AYITE
Georges Michel
UNIVERSAL SECURITY Christian AHEHEHINNOU
FOX INTERNATIONAL SARL Aimé TOMETIN
COUP D'OEIL SECURITE Léandre S. DEHOTO ZINSOUGA
LYNX SECURITE AFRIQUE SARL HOUINSOU Abdou Razack
RADAR SECURITY KADI CHABI A. Christophe
MEN'S PROTECTION Aristide MENSAH
SECURITE ASSOUKA SURETE André TCHEKOUNOU
BODYGUARD INTERNATIONAL (SBI) CAMAROU Amidou Mohamed
(SSPB) MOUDOUKOU YépounoaGeraldo
SPG BIO TIMPEREGOU OrouGaoué
BENIN ENTRETIEN SARL OUINSOU Thomas S. Ludger
IMS DAOUDA ALIOU Abiodoun
TOP SECURITY HOUESSOU KOUDJENOUME Marcellin
LEADERS SECURITY KOUTANGNI Idossa François
TIGER SECURITY AFFIONME T.A. Augustin
BENIN MULTI SERVICE SECURITY KINNENON Zacharie
INTER-CON SECURITY SYSTEMS-BENIN DENBY Simon
GLOBALE PROTECTION ET SECURITY ZOSSOU André
ANFANI SECURITY SARL MEDEGAN F. Leonard
SOCIETE DE GARDIENNAGE, DE LA PROTECTIONHOUNGBO Dona Lionel O.
RAPROCHEE
RANGERS SARL Jean -Claude LETCHIMY
GAM'S (Groupe d'Assistance et Multiservices MAMAM Gjiblil
AGI PROTECTION DICKODET Valentin Koffi Claude
BENIN ALTLANTIC BEACH HOTEL CAKPO KINKPE Gilbert
COSS-BENIN HOUNKPE Gaston
SGS (Société de gardiennage et de Surveillance)
GBEDJI Ruth Leslie Gnimabou
TAS-BENIN (Toute Assistance Service) AZON Guillaume
Julien
GARS-BENIN (Général d'Assistance
Représentation Sécurité) AMOUSSOU
Zénayé Hippolyte
Groupe Zédus GBAGUIDI Comlan Gilles
PROTECTION SECURITY ADJIDJOLA Djelili
D.A. Sécurité (D.A.S.) DOSSA
Hippolyte
SOGESCO SECURITY SARL HOUSSOU Christophe
GPS SARL (GENIE PROTECTION SECURITE) Abdou Oualou
BOURAÏMA
EVOLUTION STATISTIQUE DES INFRACTIONS DES ANNEES
2008, 2011 ET 2012 ENREGISTREE AU COMMISSARIAT CENTRAL DE
COTONOU
INFRACTIONS
|
Années
|
2008
|
2011
|
2012
|
Coups et blessures volontaires
|
3519
|
5944
|
4412
|
Violence et voie de fait
|
1163
|
1806
|
2061
|
Menaces
|
1388
|
2269
|
2386
|
Découverte de cadavre
|
79
|
54
|
53
|
Meurtre
|
10
|
16
|
4
|
Violation de domicile
|
16
|
19
|
3
|
Agression
|
141
|
234
|
153
|
Outrage à Agent
|
9
|
46
|
26
|
Vols simples
|
4765
|
7010
|
5699
|
Vols qualifiés
|
401
|
353
|
171
|
Cambriolage
|
106
|
46
|
133
|
Escroquerie
|
1555
|
3156
|
3869
|
Abus de confiance
|
5773
|
7892
|
7599
|
Destruction de biens
|
360
|
842
|
612
|
Vol à main armée
|
6
|
3
|
15
|
Recel de choses
|
19
|
116
|
34
|
Tentative de vol
|
77
|
229
|
107
|
Emission de chèque sous provision
|
10
|
19
|
48
|
Viol
|
92
|
169
|
77
|
Disparition d'enfant
|
101
|
132
|
16
|
Enlèvement de mineur
|
17
|
47
|
35
|
Source : Enquête de terrain, 2013
TABLE DES MATIERES
SOMMAIRE 1
DEDICACES 2
REMERCIEMENTS 3
Sigles et acronymes 4
Liste des tableaux 5
Liste des photos 6
Résumé 7
INTRODUCTION 9
PREMIERE PARTIE : Considérations théoriques et
méthodologiques de l'étude 11
CHAPITRE I : Considérations théoriques de
l'étude 11
1.1 Problématique
11
1.2 Hypothèses
11
1.3 Objectifs 13
1.3.1 Objectif général 13
1.3.2 Objectifs spécifiques 13
1.4 Justification du choix
du sujet 13
1.5 Délimitation thématique et clarification
conceptuelle 14
1.5.1 Délimitation
thématique 14
1.5.2 Clarification conceptuelle 14
1.6 Quelques axes de la
discussion 17
CHAPITRE II : Considérations
méthodologiques de l'étude 22
2.1 Cadre pratique 22
2.2 Nature de l'étude 23
2.3 La durée de la recherche 23
2.4 La recherche documentaire 24
2.5 Enquête préliminaire 25
2.6 L'enquête de terrain proprement dite 26
2.7 Technique, outils de collecte et analyse de données
26
2.8 Groupes cibles et échantillonnage 27
2.9 Taille de l'échantillon 28
2.10 Traitement et analyse des données 29
2.11 Transcription des données 29
2.12 Dépouillement 29
2.13 Type d'analyse 29
2.14 Chronogramme de tâches 29
2.15 Difficultés rencontrées 31
2.16 Présentation de la ville de Cotonou
2.16.1 Caractéristique de la ville 32
2.16.2 Les contrastes issus du cadre physique 32
2.16.3 Les caractéristiques socio-anthropologiques
34
2.16.3.1 Données socio-économiques 35
2.16 3.2 Données socio- démographiques 36
2.16.3.3 Données socioculturelles 37
DEUXIEME PARTIE :
La formation de l'industrie de la sécurité
privée 39
CHAPITRE III: L'émergence de formes privéesde
surveillance et de protection
3.1Le contexte d'apparition 39
3.2L'essor de la sécurité contractuelle 40
3.3 Rapport de la police publique à la
sécurité privée 41
Troisième partie : La constitution des rapports
marchands autour des services de protection des personnes et des biens dans la
ville de Cotonou 44
CHAPITRE IV : Les acteurs et leurs logiques sur la
scène marchande
4.1 Les acteurs en présence 44
4.1.1 L'Etat 44
4.1.2 Les entrepreneurs 45
4.1.3 Les commerciaux 45
4.1.4 Les clients 46
4.1.5 Les vigiles 47
4.2 Les stratégies de maximisation du profit
utilisées par les entrepreneurs de la sécurité
privée 48
4.2.1 Aspects sociaux 48
4.2.2 Aspect technique 50
4.2.3 Aspects économiques 50
CHAPITRE V: Les usages sociaux de la sécurité
privée dans la ville de Cotonou 52
5.1 La dimension de l'insécurité et les
pratiques concrètes de protection 52
5.1.1 Les contenus de l'insécurité subjective
52
5.1.2 Les services de sécurité privée et
leur utilisation ciblée 53
5.1.2.1 Les services achetés 53
5-1-2-2 L'utilisation ciblée des prestations 54
5.2 Les effets pervers des besoins exprimés 55
5.2.1 Les stratégies d'arrondissements de fin du mois
55
5.2.2 Les contrastes des besoins rapprochés de
sécurité 55
CONCLUSION 59
Références bibliographiques 61
ANNEXES 64