Réflexion sur le processus de démocratisation en Afrique. Cas de la république démocratique du Congo.( Télécharger le fichier original )par Christophe Zamba Mungongo Université libre De Kinshasa - Licence en droit public 2012 |
2. Privilégier l'alternance politiqueIl est on ne peut plus dramatique de parler de la question aussi délicate et dangereuse que de l'alternance politique en RDC. Mais, il est aussi malaisé et peu responsable de taire les choses dont on sait qu'elles peuvent entrainer ou entrainent déjà la mort d'hommes. Dans l'un ou l'autre cas, il faut toujours oser grand, il faut initier une rigoureuse évaluation. Ainsi pour le meilleur et pour le pire et, au regard des situations qui ont empêché la réussite de la démocratie dans notre pays depuis les premières heures de l'indépendance jusqu'à ce jour, nous sommes, chacun en ce qui le concerne, appelés à nous interroger sur les réels et majeurs obstacles à l'avènement de la démocratie. Cinquante-trois ans déjà depuis l'accession du pays à la souveraineté nationale et internationale, les choses à tous les niveaux de la vie semblent patauger, on a l'impression que nous sommes toujours au même point de départ. De l'élite indépendantiste aux pères libérateurs en passant par les pères providentiels, la gestion du pouvoir en RDC semble connaitre des difficultés. Tout compte fait, éclairer notre histoire, prendre en charge les questions existentielles et réponses qui sourdent de l'expérience de notre temps et de notre pays, tel est le souci qui nous anime dans le cadre de cette partie du travail consacrée aux propositions et suggestions pouvant faire avancer le processus démocratique en RDC. Un tel souci qui se veut un engagement mesuré pour aider autant que faire se peut, notre pays à sortir du cycle infernal des misères, d'intolérance et de la difficile coexistence politique commune. Il s'agit en fait d'une évaluation rigoureuse de la gestion du pouvoir, des difficultés qui ont jusqu'à ce jour empêché l'éclosion du jeu de l'alternance démocratique des partis au pouvoir et les dérives qui en ont découlé et qui ont enfoncé ou qui continuent à enfoncer le pays dans le gouffre de sous-développement, de la pauvreté et des guerres fratricides102(*). 3. Signification de l'alternance politique et démocratiqueGénéralement, quand on parle de l'alternance politique, on suppose une succession au pouvoir de deux tendances politiques par le jeu du suffrage. Autrement dit, il y a alternance lorsque le parti de l'opposition a la possibilité, non seulement légale, mais réelle, de gouverner à son tour en remplaçant le parti au pouvoir. De la sorte, les partis en compétition se succèdent sans rompre l'unité de la nation. On peut dans ce cas, parler de l'alternance démocratique au pouvoir. Un parti qui d'une manière ou d'une autre, confisque le pouvoir pendant plusieurs législatures ne permet pas l'alternance indispensable à l'équilibre de la vie démocratique. L'alternance ne peut entraîner les changements profonds de politique, mais elle suppose toujours la possibilité de revenir à la politique antérieure. En outre, l'alternance démocratique non seulement se refuse toute confiscation du pouvoir, mais également toute prise de celui-ci par la force ou par coup d'Etat. En effet, la politique est supposée être une scène où chaque acteur joue son rôle dans un temps donné et laisse la place à l'autre ou aux autres. Une telle vision des choses suppose que personne, alors personne, ne peut sous quelques prétextes que ce soit, s'octroyer le droit de confisquer la gouvernance du pouvoir et perdurer. L'alternance démocratique suppose la limite et le sens du partage, l'équilibre et la reconnaissance mutuelle des libertés politiques103(*). * 102Philosophat Saint-Augustin, Le Congo-Zaïre dans tous ses Etats : bilan et perspectives, Kinshasa, PA, 2001, pp. 88-89. * 103Philosophat Saint-Augustin, Op. cit., p. 89. |
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