Réflexion sur le processus de démocratisation en Afrique. Cas de la république démocratique du Congo.( Télécharger le fichier original )par Christophe Zamba Mungongo Université libre De Kinshasa - Licence en droit public 2012 |
§2. L'EDIFICATION PROGRESSIVE DE L'ÉTAT DE DROITComme patrimoine communautaire, l'Etat ne peut en aucun cas appartenir à une famille politique donnée, représentée par les partis politiques. C'est un instrument que la population a mis au point pour s'administrer, pour se gérer ; c'est la raison pour laquelle aucune tendance politique ne peut en revendiquer la propriété, car, par essence, l'Etat reste neutre. La neutralité de l'Etat vis-à-vis du pouvoir politique et de la société civile s'insère dans la logique de sa mission d'intérêt général. Dans leur ouvrage intitulé « solution sociale » Henri de Lovinfosse et Gustave Thibon écrivent : « nous avons pris l'habitude de vivre dans un monde absurde que cette absurdité ne nous choque même plus. La paresse, le conformisme alliés souvent à notre intérêt personnel et immédiat, nous voilent le désordre qui nous entoure. Et si, par éclair, nous entrevoyons la gravité des problèmes, nous nous hâtons de les déclarer insolubles afin d'échapper au dur effort qu'exigerait leur solution ». Cette situation s'applique à 100% pour le cas de la RDC où la vie de tout un peuple est réglée par des mythes et des principes erronés que la conférence nationale souveraine (CNS) a appelé avec raison « antivaleurs » ayant neutralisé le dynamisme créateur de tout un peuple66(*). 1. Le rôle des partis politiques dans un état de droitQu'est-ce qu'on entend par partis politiques et que doit-on entendre par état de droit ? Quelles en sont les interactions ? Sans verser dans des définitions savantes, retenons qu'un parti politique est un groupement des citoyens et des citoyennes autour d'une certaine idée de la société dans laquelle ils vivent et pour des objectifs communs, censés d'intérêt majeur pour eux, voire pour l'ensemble de la communauté nationale. Les partis politiques se dissocient ainsi bien de groupes divers qui participent à plusieurs niveaux à la vie politique de la société. Ce sont les syndicats, les églises, les associations, les organisations professionnelles, les clubs de soutien.67(*) Qu'en est-il de l'état de droit que, par ailleurs, nous souhaitons tous ardemment pour notre pays ? L'état de droit désigne une société politique dont l'organisation et l'exercice du pouvoir repose sur les fondements et la mise en oeuvre des principes et valeurs de la démocratie, des droits de l'homme et des libertés fondamentales pour tous. Il s'agit donc d'une adhésion aux valeurs, dans une société organisée, c'est-à-dire régie par le droit. Un état de droit est un Etat démocratique. Or, au-delà d'une réflexion purement institutionnelle et normative d'un pouvoir qui arrête le pouvoir, la démocratie nous interpelle sur les forces qui la font vivre. Et, c'est ici que nous retrouvons les forces publiques que sont les partis politiques, aussi bien que les forces de la société civile. L'interaction est établie : les partis politiques sont censés relayer les aspirations du peuple, les formuler en termes politiques et revendiquer leur satisfaction au niveau politique. Il est tout à fait vrai que dans une société démocratique, les partis politiques sont également les forces qui préviennent les dérives du pouvoir et contribuent à ce que la démocratie ne dégénère en ochlocratie. Ainsi, dans une approche non orthodoxe, faut-il en convenir, nous considérons, dans un premier temps, les partis politiques dans leurs fonctions de messagers du peuple, dont ils portent et traduisent politiquement les aspirations (A), dans un second temps, leur rôle dans la prévention des dérives du pouvoir (B), et, enfin, dans un troisième temps, leur rôle de prévenir que la démocratie ne dégénère en ochlocratie(C). * 66 Bruno MupingayiKadiakuidi, Vers la faillite de la démocratie en Afrique, cas du Zaïre, Kinshasa, CARI, 1994, p. 1. * 67IngangewaIngange, J.D. Notes du cours polycopiées de droit constitutionnel et institutions politiques, Kinshasa, inédit, 2011-2012, p.85. |
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