Réflexion sur le processus de démocratisation en Afrique. Cas de la république démocratique du Congo.( Télécharger le fichier original )par Christophe Zamba Mungongo Université libre De Kinshasa - Licence en droit public 2012 |
1.1. LES CONFERENCES NATIONALESLes africains avaient instauré un cadre d'assise appelé « conférence nationale », réunissant le détenteur du pouvoir, l'opposition et les forces vives de la nation, pour faire le bilan du passé, établir et évaluer les causes des souffrances des peuples pour repartir les responsabilités ; débutera par une transition vers l'état de droit, véritablement démocratique. Le Benin est le premier pays à tenter cette expérience et sera suivie du Congo Brazza.30(*) Premièrement, dans le but de pousser le régime du Président MOBUTU vers une démocratie réelle et non de façade, le peuple congolais a réclamé et obtenu la tenue de la Conférence Nationale Souveraine. Pour mener à bien la démocratisation ainsi déclenchée, les dirigeants de la deuxième République jugèrent bon de la convocation d'un forum qui regroupaient les délégués des Forces Vives de la nation en vue d'analyser les causes de la crise et de jeter dans un esprit de dialogue les nouvelles bases d'une société réellement démocratique. Cette grande rencontre avait comme objectif à atteindre faire asseoir une période de transition à l'issue de laquelle s'organiseraient les élections. Ses travaux se sont déroulés avec beaucoup d'obstacles. Près de trois mille délégués ont été regroupés. Elle connût des problèmes sur le plan matériel, financier et politique. Cette dernière caractérisée par une crise de tolérance occasionnée par la bipolarisation de la scène politique rendant houleux les débats et empêchant le bon déroulement des travaux. Il s'agissait des débats de société devant poser les bases de la transition démocratique. Ainsi, de l'avis de Fabien EboussiBoulaga, l'exigence de la percée que représente la conférence nationale est double : elle déconstruit et reconstruit tout à la fois, elle déconstruit l'ordre despotique qui existait et reconstruit un nouvel ordre qui se veut démocratique.31(*) Mais les conférences nationales n'auront pas lieu dans tous les pays africains. En effet, pour s'adapter au nouvel environnement politique international et créer un espace politique national désormais ouvert à tous, les africains du centre ont emprunté trois itinéraires différents. On aura la lutte armée au (Rwanda, Tchad), le passage au multipartisme de fait par l'application de la constitution ou d'une loi spécifique (Cameroun, Burundi), l'organisation de référendum (Guinée Equatoriale, Ghana, Madagascar, Mauritanie). Pour ce qui est des conférences nationales, elles seront acceptées dans certains pays et refusées dans d'autres. Elles seront effectives au Bénin, en Ethiopie, au Gabon, au mali, au Niger, au zaïre, au Togo... par contre, LANSANA Conté les refusera en guinée Conakru, ainsi que blaise Compaoré au Burkina, et Paul Biya au Cameroun. Au Cameroun, à la place de la conférence nationale refusée, on assistera à une conférence tripartite regroupant le gouvernement, l'opposition et la société civile. Comme on le sait, la montagne accouchera d'une sourie. Pour les pays où elles ont été organisées, les conférences nationales ont donné lieu à des débats de société où les régimes en place étaient jugés. Bref, ces régimes étaient face à des sortes de tribunaux populaires où ils devaient rendre compte de leurs gestions calamiteuses de la chose publique.C'est très probablement pour cette raison que beaucoup de chefs d'Etat les ont refusées ou esquissées. Mobutu avait accepté la tenue de ce débat de société au Zaïre, mais a mis un terme peu après à son déroulement au vue des critiques sévères et des jugements négatifs qu'il subissait. A cela, il faut ajouter la mauvaise volonté manifeste du pouvoir en place qui, de temps à autre sabotait les travaux de cette conférence, allant jusqu'à sa suspension injustifiée et qui conduisit aux effets de triste mémoire dont les massacres de chrétiens du 16 février 1992. En outre, les concertations du Palais de Marbre I et II avaient été initiées les unes après les autres pour décrisper le climat de tensions entre les diverses forces politiques de la transition, pourtant voulue non conflictuelle. Les concertations ont abouti à des accords sous forme d'une déclaration commune signée par les deux principales forces politiques de la transition à savoir la Mouvance Présidentielle et l'Opposition. Toute cette réalité ne manquait de déceler l'intention que présentait chacun des camps à détenir si pas le monopole mais la maîtrise de la situation politique du pays. Toutefois, on se rend compte que, en particulier là où des conférences nationales ont été tenues, les attentes sont loin d'être satisfaites au regard des objectifs que les conférences nationales s'étaient assignés.32(*) Quelle que soit la voie empruntée, le processus de démocratisation a permis dans tous les pays l'instauration du multipartisme, du pluralisme politique, économique et syndical, l'organisation des élections disputées, la rédaction de nouvelles constitutions et leur adoption par référendum ; bref, l'organisation de la vie démocratique. L'effervescence qui a accompagné ce processus était telle que certains observateurs n'ont pas hésité à annoncer le caractère irréversible de la démocratie pluraliste au plan universel, et en particulier en Afrique.33(*) Pour tout dire, c'est au prix de luttes parfois sanglantes que les peuples africains ont acquis des ouvertures démocratiques aux débuts des années 1990. * 30Honoré Ngbanda, Op. cit., p. 103 * 31EboussiBoulaga F, Les conférences nationales en Afrique noire, Paris, Kartala, 1993, p. 173. * 32Honoré Ngbanda, Op. cit., p. 123. * 33 Francis Fukuyama, Op. cit., pp. 7-8. |
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