Epigraphe
« Il serait juste que le peuple régnât
à son tour sur ses oppresseurs et que la sueur baignât l'orgueil
de leur front ».1(*)
Saint-Just
ZambaMungongo Christophe
DEDICACE
qu'elle
trouve ainsi mon affection, car, en dépit des vicissitudes de la vie,
elle a toujours consenti des sacrifices énormes sous le soleil
accablants et de nuits horribles pour la cause de ses enfants, en vue de leur
assurer les études.
Remerciements
Au seuil de cette étude qui marque la fin de nos
études universitaires en droit public, il nous est impérieux de
remercier en premier lieu le seigneur Jésus-Christ, cause
première et fondamentale de tout ce qui existe, celui sans qui nous ne
pouvons rien faire de bien.
Ce travail a été réalisé grâce
au concours de plusieurs personnes à qui nous tenons à exprimer
notre gratitude.
Le plus grand mérite revient particulièrement au
professeur Jean-DésiréIngangewaIngange qui, en dépit
de ses multiples occupations, a accepté d'assurer la direction de ce
travail ; ses remarques pertinentes ont été pour nous un
atout majeur.
Notre gratitude va également à l'assistant
Jean-PierreMunzongoMunyama pour son encadrement, dont les conseils pour la mise
en page de texte, nous ont été d'une grande utilité.
Nous tenons à témoigner notre reconnaissance
à l'ensemble des autorités académiques et du corps des
enseignants de l'ULK qui, avec l'esprit d'abnégation, ont eu la
délicate tache de nous donner une bonne formation intellectuelle dont ce
mémoire en constitue le couronnement.
Nous adressons ensuite, nos vifs remerciements à toute
la famille Mungongo notamment à Georgine Ndoyikia, Esperance
Molela, François Maibenga, Lopez Mowenge, MetheMindengo, Elisée
Nyamunsaka, Nestor Ndobe, Germaine Bansanisa et Catherine Mwalengwa.
Il serait très indu de boucler ce travail sans exprimer
nos sincères reconnaissances à Gérard Ngwanga, dont
l'assistance tant financière que matérielle et son implication
ont été d'une ultime utilité pour le succès de nos
études ; nous pensons par la même occasion à
Prospère Malongo, BekumboBompeli, Henri Bomboko et BikokoMalongo.
Nous pensons enfin, à nos condisciples de promotion,
plus particulièrement à Musa Useni, Kabeya Kalonji,
NdjokuwaNdjoku, MukalaNsendula, KabongowaKabongo et TresorCibamba.
Que tous ceux qui, ayant de près ou de loin, concouru
à la réalisation et à la réussite de ce travail,
trouvent ici l'expression de notre sincère reconnaissance.
Liste de principale sigles
et abréviations
AFDL : Alliance des forces démocratiques pour la
libération du Congo
AMP : Alliance pour la majorité présidentielle
Art. : Article.
CEI : Commission électorale indépendante
CENI : Commission électorale nationale
indépendante
CNS : conférence nationale souveraine
CSAC : conseil supérieur de l'audiovisuel et de la
communication
CSJ : cour suprême de justice
CVR : Commission vérité et réconciliation
HAM : haute autorité des médias
MLC : Mouvement de libération du Congo
MP : Majorité présidentielle
ONG : Organisation non gouvernementale.
PALU : Parti lumumbiste unifié
PNUD : Programme des Nations Unies pour le
développement
PPRD : Parti du peuple pour la reconstruction et la
Démocratie
RCD : Rassemblement congolais pour la Démocratie
RDC : République démocratique du Congo
RLTV : Radio lisanga télévision
UDPS : Union pour la Démocratie et le progrès
social
ULK : Université libre de Kinshasa
Introduction
générale
Le titre du présent travail constitue une incitation au
lecteur à suivre l'évolution politique de l'Afrique de
manière générale et plus particulièrement celle de
la RDC.
Notre introduction se consacrera d'abord, à une
problématique (I), après, les hypothèses de recherche
(II), suivit du choix et de l'intérêt du sujet (III), ensuite, la
délimitation du travail (IV), et la méthodologie (V), enfin, le
plan sommaire (VI).
I. Problématique
Poser la problématique d'un sujet de recherche revient
à s'interroger sur la question ou les questions sur lesquelles le
chercheur aimerait apporter des éclaircissements ou des réponses
(différentes toutefois d'une solution définitive). En fait, il ne
s'agit pas tant d'apporter une réponse que de la construire
progressivement, en approfondissant la question initiale.
Il importe en ce qui nous concerne, de faire une «
réflexion sur le processus de démocratisation enAfrique, cas de
la RDC », de donner une vue panoramique sur ledit processus, son
bilan, ses blocages et le cas échéant de trouver des
thérapeutiques appropriées.
En effet, le projet démocratique en RDC est un chantier
en perpétuel recommencement. Bien que les efforts les plus importants en
matière de construction d'une société démocratique
aient été réalisés au cours des dix
dernières années, la quête pour une meilleure
société démocratique est plus vieille.
Les élections communales de 1957,
réalisées à titre expérimental, s'étaient
déroulées dans un cadre colonial de dominant-dominé. Les
élus issus de ces élections étaient donc soumis à
certaines contraintes dans l'exercice de leur mandat.2(*)
De même, les élections législatives
nationales et les élections présidentielles, au second
degré, qui ont conduit en 1960 à la première
assemblée législative et à la formation du premier
gouvernement n'ont assuré ni la stabilité des institutions, ni la
paix à notre peuple.
L'ignorance, l'impréparation politique ou la mauvaise
application du projet démocratique a parfois constitué un
élément catalyseur aux périodes les plus tragiques de
l'histoire post coloniale de la RDC.
La révocation du premier ministre élu E. Patrice
Lumumba le 5 septembre 1960, suivie de son assassinat en janvier 1961, a
déclenché une avalanche de violations des règles de la
représentativité démocratique qui sont à l'origine
de la longue crise politique, des sécessions et des guerres civiles
entre 1960 et 1964.2(*)
Le mépris de la majorité issue des
élections démocratiques de mai et juin 1965 a fait le lit du coup
d'Etat militaire de novembre 1965 qui a préparé les 25 ans de
dictature de Mobutu.Ecartée du système de gouvernance pendant la
période la plus longue de l'histoire post coloniale de la RDC, la
démocratie fait aujourd'hui l'objet de désirs intransigeants de
la part des citoyens.
Nous pouvons compter plus d'une trentaine d'années, que
plusieurs pays d'Afrique parmi lesquels la RDC, ont vécu des
systèmes monolithiques et totalitaires. Mais, avec le vent de la
pérestroïka, la pression des mouvements estudiantins et de la
société civile, la plupart d'entre eux se sont résolus
à s'engager sur la voie du changement devant les conduire à
l'instauration de sociétés démocratiques où
l'exercice des droits fondamentaux sera effectif et le progrès possible.
C'est ainsi que le processus démocratique interrompu par le coup d'Etat
du 24 novembre 1965 refit surface le 24 avril 1990.
Dans cet ordre d'idée, le processus actuel a
débuté le 24 avril 1990 lorsque le président Mobutu Sese
Seko a annoncé une série de réformes, parmi lesquelles la
fin du régime de parti unique, l'ouverture au multipartisme, la
séparation des pouvoirs, le pluralisme syndical et la fixation d'une
période de transition vers un régime démocratique.
Il a ensuite accepté l'initiative de l'opposition de
convoquer le 15 juillet 1991, une conférence nationale souveraine
regroupant plus de 2000 délégués des partis politiques,
d'organisations de la société civile et de divers groupements
socioprofessionnels chargés de dresser le bilan de la gouvernance au
Congo depuis son indépendance et de définir l'agenda de la
période de transition.
La mise en oeuvre effective du processus de transition
défini par la CNS avait connu d'énormes difficultés dues
principalement aux nombreux désaccords entre acteurs politiques sur ses
échéances et son contenu.
Ce processus a finalement été interrompu par les
crises politiques provoquées par les guerres civiles qui se sont
succédé entre 1996 et 2002.Le sentiment de frustration des
aspirations démocratiques a souvent été donné pour
explication à l'adhésion d'une frange importante de citoyens aux
rebellions armées.
Plus récemment, la demande d'instaurer une
démocratie fondée sur les libertés fondamentales a
été avancée parmi les justifications aux crises et
conflits politiques violents qui ont successivement endeuillé le pays
entre 1996 et 2002 et figure aussi parmi les éléments
caractérisant les efforts déployés en RDC au cours des dix
dernières années pour rompre avec un passé par des guerres
civiles et un régime dictatorial.
Cette demande se justifie par des accords politiques
successifs conclus par les belligérants pour mettre fin à ces
guerres civiles en vue de restaurer la démocratie et de promouvoir la
paix.En plus des belligérants et du gouvernement de Kinshasa, les
délégués de la société civile et des partis
politiques ont été invités à prendre une part
active à ces négociations de paix, appelées aussi :
« dialogue inter congolais », qui s'est
déroulé en Afrique du sud entre avril et décembre 2002.
L'accord global et inclusif conclu à Pretoria le 17
décembre 2002 par les participants est largement crédité
pour avoir non seulement mis fin à la seconde vague de conflits
armés débutée en 1998, mais aussi et surtout pour avoir
déclenché un processus de transition vers la démocratie,
en mettant en place les institutions de transition, le cadre institutionnel
pour l'organisation des élections, ainsi que la procédure
d'élaboration et d'adoption d'une nouvelle constitution.
La constitution du 18 février 2006, adopté par
référendum organisé en décembre 2005, instaure un
cadre démocratique mettant en place des procédures assurant une
séparation effective des pouvoirs entre les institutions
représentant les trois pouvoirs classiques, tout en garantissant leur
bon fonctionnement.
A côté de ces institutions classiques, la
constitution prévoit des institutions d'appui à la
démocratie chargées de veiller au respect des mécanismes
de contre poids démocratiques et de conduire des élections
transparentes.
Ces procédures démocratiques sont
néanmoins confrontées à un défi majeur
d'effectivité quelques années seulement après
l'entrée en vigueur de la nouvelle constitution.Les institutions d'appui
à la démocratie ont des difficultés à jouer leur
rôle de veille démocratique et voient, pour certaines, leur
crédibilité sérieusement mise en doute.
En particulier, la commission électorale a des
difficultés à maintenir le même niveau de
crédibilité et de professionnalisme dont elle a joui à
l'occasion de la gestion des élections de 2006.
Le parlement, hormis sa mission d'élaborer et de voter
des lois, il a aussi exercé son rôle de contrôle sur
l'exécutif, mais avec une effectivité de plus en plus incertaine.
Sa crédibilité comme institution indépendante de contre
poids est, en plus, constamment questionnée au vu de l'emprise de plus
en plus évidente qu'exerce l'exécutif, à travers le parti
au pouvoir, sur la majorité parlementaire.
En dépit du vote d'une loi sur le statut de
l'opposition politique, le rôle que devrait jouer les partis politiques
de l'opposition comme force de propositions et de critiques, est limité
par leur manque de ressources et l'absence de démocratie en leur sein.
Depuis lors, malgré la volonté réellement exprimée
par la population de s'engager effectivement sur le chemin de la
démocratisation, le changement voulu s'accompagne de tensions, heurts et
accrocs.2(*)
Au regard de ce tableau désolant, tout laisse à
croire que la démocratie n'est pas faite pour les congolais. C'est la
raison pour laquelle nous allons dans le cadre de notre travail, analyser le
processus démocratique sur base des questions suivantes :
Ø Pourquoi les congolais ont-ils opté pour la
démocratie, quelle démocratie, et comment la faire
advenir ?
Ø Comment les congolais pensent-ils construire une
infrastructure démocratique appropriée, un Etat où la
normalité serait le substrat référentiel absolu pour tous
et la chose publique gérée rationnellement en fonction des
aspirations des populations ?
Ø Quelle analyse pouvons-nous faire du processus
démocratique en RDC, 23 ans après son lancement ?
Ø Le peuple congolais n'est-il pas à la fois
auteur et victime de sa passivité et de sa complicité dans la
gestion de la chose publique par ses dirigeants politiques ?
Ø Quelle thérapeutique appropriée faut-il
proposer pour curer cette endémie en RDC ?
Telles sont les questions auxquelles notre analyse essayera
de répondre anticipativement par des hypothèses que nous pourrons
inspecter plus tard pour y parvenir à une conclusion
conséquente.
II. Hypothèses
G. Mace et F. Pétry présentent une
hypothèse comme : « un énoncé
déclaratif précisant une relation anticipée et plausible
entre des phénomènes observés ou
imaginés ». Une position qu'il faudra vérifier en le
comparant aux faits.2(*)
Noussommes d'avisavec Sylvain Shomba que l'hypothèse
est une série des réponses qui permettent de prédire une
vérité scientifique vraisemblable au regard des questions
soulevées par la problématique et dont la recherche
vérifie le bien fondé ou le mal fondé.3(*)
Dans cet angle de vue, La situation politique de l'Afrique en
général et de la RDC en particulier tient au fait que :
Primo, les africains cherchent la transplantation
clé-en-main des institutions européennes et des régimes,
militaires surtout, hérités de la colonisation ;4(*)
Secundo, les besoins des populations n'inspirent pas l'action
de la classe dirigeante, par le fait que la population, surtout congolaise ne
se préoccupe pas de consolider l'infrastructure démocratique
comme s'il s'agissait d'une affaire des politiciens, alors que toute
société souhaitant rester libre et développer, doit
s'assurer que ses citoyens connaissent les principes démocratiques et
les mettent en pratique.5(*)
Tercio, si nous voulons établir la démocratie
dans notre pays, il faut que tout le peuple soit invité à
participer à sa construction, car, la démocratie n'est pas un
cadeau du leader politique à la population, mais le fruit des efforts de
tout un peuple.
En outre, il reste vrai que la convoitise de
potentialités incommensurables que regorgent la RDC ne favorise pas
toujours l'émergence d'une démocratie au Congo et la prise en
charge par les congolais de leur destin : « tout se passe
comme si les grandes décisions pour la gestion politique du pays ne
peuvent que se prendre ailleurs et par les autres».
Enfin, la forme adéquate de démocratie en
Afrique est celle qui s'efforcera de concilier la démocratie occidentale
moderne avec la démocratie africaine traditionnelle dans une figure
politique à la fois libérale et communautaire.
III. Choix et
intérêt du sujet
Ce travail présente un double
intérêt : scientifique et sociologique. sur le plan
scientifique, nous avons jugé impérieux au terme de notre second
cycle d'étude en droit public, de rédiger un travail dont la
réflexion porte sur le processus de démocratisation de l'Afrique
de manière générale et la RDC en particulier en vue de
disséquer les principes fondamentaux de la démocratie, ses
origines, ses préalables et son utilité.
Car, nous osons croire que la classe dirigeante congolaise n'a
jamais considéré la démocratie, telle qu'elle s'actualise
dans le champ sociopolitique national, comme la conséquence de la
revendication interne de la population.
Celle-ci la considère comme la prise en compte des
pressions extérieures destinées à inscrire les
régimes totalitaires dans l'ossature de la nouvelle philosophie
politique post-guerre froide.
Il s'agit d'une démocratie qui ne garantit pas
jusqu'alors l'institutionnalisation de la participation politique des citoyens.
Une démocratie pour satisfaire des besoins d'un « prêt
à l'appui ».
Sur le plan sociologique, nous sommes convaincu qu'il ne se
passe pas un seul jour, sans que les congolais parlent politique et par
conséquent la démocratie étant donné son impact sur
la vie des citoyens dans une société. Outre, depuis son accession
à l'indépendance, la RDC, grand et majestueux pays au coeur de
l'Afrique, est encore en quête d'autonomie et par voie de
conséquence d'une nouvelle culture politique capable de promouvoir la
paix, la justice, le travail et le progrès social. La démocratie
est aujourd'hui identifiée comme une solution à la crise
congolaise, notamment à la crise de légitimité que
véhicule le Congo depuis les années 60.
C'est ainsi que toutes les couches de la population congolaise
s'intéresse à la démocratie, mais ne connaisse pas peut
être comment cette dernière fonctionne, c'est la raison pour
laquelle nous voulons établir la vérité de manière
rigoureuse quant au fonctionnement de la démocratie enfin de permettre
aux congolais de la connaitre et de l'appliquer.
IV. Délimitation du
travail
Ce travail se délimite d'un triple point de
vue :
Du point de vue temporel, le travail se consacrera au
processus démocratique déclenché depuis
1990 jusqu'à nos jours;
Du point de vue spatial, il concerne le territoire de la
république démocratique du Congo ;
Enfin, du point de vue typologique ou de la nature des faits
sociaux, il s'agit d'une matière à la fois politique et
juridique.
V. Méthodologie du
travail
Au sens le plus élevé et le plus
général du terme, la méthode est constitué de
l'ensemble des opérations intellectuelles par lesquelles une discipline
cherche à atteindre les vérités qu'elle poursuit, les
démontre et les vérifie.6(*)
Autrement dit, la méthode est une procédure
logique, inhérente à toute démarche scientifique,
considérée comme un ensemble de règles
indépendantes de toute recherche et contenu particulier, visant surtout
des processus et formes de raisonnement et de perception, rendant accessible la
réalité à saisir.
Dans ce cas, la méthode dicte surtout des façons
concrètes d'envisager ou d'organiser la recherche, mais ceci de
façon plus ou moins impérative, précise, complète
et systématisée.
Il sied de préciser que l'approche juridique comporte
plusieurs méthodes. La méthode exégétique s'impose
au juriste et l'invite à rechercher, en toutes circonstances, le droit
positif applicable à la question posée7(*).
Pour notre part, la réflexion porte sur base des
méthodes suivantes :
Ø La méthode juridique sous son aspect
exégétique, en vue d'établir le sens de différents
textes juridiques internationaux relatifs à la démocratie en
Afrique et autres documents à la matière.
Car, cette dernière se définie comme
étant une méthode normative consistant à exposer et
à analyser les textes de loi ainsi que divers documents.
Ø La méthode dialectique nous sera utile pour
analyser les avantages et inconvénients de la démocratie, car on
ne peut pas conclure dans un travail scientifique comme celui-ci que tout est
bon ou tout est mauvais.
v Nous allons aussi recourir à la technique de la
documentation qui nous permettra de puiser les données par la lecture
des documents écrits à caractère officiels, privés,
publicset les documents inédits.
VI. Plan sommaire
Hormis l'introduction générale et la conclusion
générale, notre travail est subdivisé en deux grandes
parties :
La première partie comporte en son sein deux chapitres
dont le premier sera consacré à une vue panoramique de la
démocratie et le deuxième chapitre mettra l'accent sur le bilan
du processus démocratique en Afrique.
Tout comme la première, la deuxième partie
consacre aussi deux chapitres : le premier a pour pierre de touche
l'état de droit commecondition de la démocratie et enfin, le
dernier chapitre bouclera sur la bonne gouvernance comme thermomètre de
la démocratie.
Etat de la question
Notre tâche ici, n'est pas de contempler ce que nul n'a
encore contemplé, mais de méditer comme personne n'a encore
médité sur ce que tout le monde connaisse de la
démocratie.
La plupart d'ouvrages que nous avons lus traitant de la
démocratie, les auteurs sont parvenus à des conclusions
divergentes.
Pour certains, (Léon MatangilaMusalida) le processus
démocratique en Afrique est émaillé de difficultés
car, les africains cherchent la transplantation clé-en-main de la
formule démocratique libérale propre à l'occident.
Jean-Jacques WONDO OMANYUNDU, pense que le
désastre que connait actuellement la RDC est le résultat
inévitable d'une politique nébuleusement essoufflée
naviguant à vue et mal inspirée du fait de manque de vrai
leadership au sommet de l'Etat et de volonté politique, à tous
les échelons du pouvoir.
Pour d'autres, (Honoré Ngbanda)8(*) l'Afrique doit définir
sa propre démocratie car la démocratie du type occidental est
piégée.
D'autres encore pensent que, ces difficultés sont le
fait de l'impréparation par les colonisateurs de l'élite à
assumer quelques responsabilités politiques. Ou mieux, elles sont dues
à la volonté des uns et des autres de demeurer seuls maitres de
la destiné des peuples.
Pour nous, elles sont le fait non seulement, du manque notoire
du sens de l'étique de responsabilité, du respect des droits et
libertés politiques, individuels, des partis, et de l'inculture
politique démocratique de nos leaders et opérateurs politiques,
inculture aggravée par un multipartisme fallacieux et
incontrôlé. Mais aussi et surtout, de l'idée que se font
les peuples congolais selon laquelle, la démocratie doit arriver comme
un cadeau du leader politique à la population.
PREMIERE PARTIE :
ETAT DES LIEUX DU PROCESSUS
DE DEMOCRATISATION DE LA REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO
Parmi les 193 pays reconnus par les Nations Unies, il y a 123
démocraties.9(*)
Ainsi, plus de la moitié des Etats a établi une forme de
gouvernement caractérisée par la participation politique du
peuple, sous une forme ou une autre. Mais que faut-il exactement comprendre
lorsqu'on parle de démocratie ? Chacun a sûrement sa propre
conception de ce que «démocratie» veut dire, mais quelle
serait l'explication commune qu'il faudrait fournir ? Quelle est son
origine ? Qu'est-ce qui caractérise une démocratie ? Comment
la consolider ? Quels sont ses avantages, et ses faiblesses ? C'est autour de
ce questionnaire que sera basée notre réflexion concernant cette
première partie du travail.
CHAPITRE I : VUE
PANORAMIQUE DE LA DEMOCRATIE
Notre modeste contribution dans ce chapitre consistera
à analyser les concepts de base de notre sujet (section 1), avant de
faire une brève historique de la démocratie en RDC (section
2).
SECTION I : ANALYSE DE
CONCEPTS
Lorsqu'on lit le réel social, lorsqu'on le questionne
en vue de le connaitre, il faut des mots pour cela. En effet, pour distinguer
une réalité d'une autre, en parler avec d'autres en se comprenant
mutuellement, il nous faut des concepts.
Le concept n'est pas seulement une aide pour percevoir mais
une façon de concevoir : il organise la réalité en
retenant les caractères distinctifs des phénomènes. Il
exerce un premier tri au milieu du flot d'impressions qui assaille le
chercheur.
Ce sont des représentations mentales d'un ensemble des
réalités en fonction de leurs caractéristiques communes
essentielles.10(*) Nous
n'avons pas ici la prétention d'apporter des nouveaux éclairages
sur les concepts à étudier, mais nous allons essayer de les
comprendre en nous situant par rapport à ce qui existe comme
littérature théorique.
Il sera question dans cette section d'analyser le concept
processus (§1) ensuite la démocratie (§2).
§1. LE PROCESSUS
1. Définition
La rousse super major, définit le processus comme un
enchainement de phénomènes qui aboutissent à un
résultat, à une fonction.11(*)
Mot latin « procedere » qui signifie
marcher, avancer. Etapes d'une évolution complexe impliquant une
coordination de causes et d'effets.12(*)
WanadjaMboyo le définit comme étant : les
différentes phases qui permettent à une organisation de
réaliser le programme d'action pour atteindre des objectifs, notamment
l'élaboration, l'exécution et le contrôle des
résultats.
2. PROCESSUS DE DEMOCRATISATION
Etymologiquement, la démocratisation qui vient du verbe
« démocratiser » est formée de deux
mots : la
démocratie,aveclesuffixe
« iser »quiexprimeun changement
d'état.
En politique, la démocratisation est le processus qui
permet à un régime d'évoluer vers une
démocratieouderenforcer son caractère
démocratique.
S'il s'agit d'un
régime
autoritaire, d'une
dictature ou de
tout régime non-démocratique évoluant vers une
démocratie, on parle de
transitiondémocratique.
Le processus de démocratisation est donc, un effort de
passage d'un ordre ancien (dictatorial) vers un ordre nouveau
(démocratique). Ce passage s'avère comme une longue marche,
longue promenade tumultueuse.
Chronologiquement parlant, le processus de
démocratisation est donc cet espace de temps compris entre le temps X,
considéré comme point de départ et le temps Y
considéré lui aussi comme point d'arrivé.
Du point de vue du contenu et de l'objet, le processus de
démocratisation peut être considéré comme un passage
d'une nature quelconque (dictatoriale) autoritaire du système vers une
autre nature (démocratique) libérale du même
système.
C'est donc une transformation progressive de l'état
initial décrié, moins souhaité à un autre
état plus souhaité, spécifiquement démocratique.
§2. DEMOCRATIE
1. NOTION DE LA DEMOCRATIE
La notion de démocratie revêt une grande
importance pour le peuple congolais et ses dirigeants dans cette période
de la reconstruction de notre pays. Il suffit pour s'en convaincre d'observer
et de constater les multiples rencontres et échanges consacrés
à la démocratie.
Il sied de remarquer que même l'occident qui a soutenu
à bras le corps pendant presque trois décennies, des dictatures
irrespectueuses des droits de l'homme, n'a trouvé d'autre solution que
la démocratie pour rétablir la paix, la concorde et le
développement dans les pays africains.13(*)
2. Définition
La démocratie connote plusieurs définitions
aussi complémentaires que divergentes. Le terme est parfois mal compris
et mal utilisé. C'est ainsi que certains régimes totalitaires se
présentent comme des républiques démocratiques alors que
leurs constitutions ne garantissent que des droits et libertés
inexistants.
Pour certains auteurs, la démocratie est une forme de
gouvernement dans laquelle le pouvoir politique est détenu et
exercé par le peuple, où les citoyens sont égaux devant
la loi et où les décisions politiques sont prises à la
majorité sans porter préjudice aux droits des minorités.
Dans une démocratie, le gouvernement existe pour servir le peuple, non
le contraire. Comme le gouvernement démocratique tire son
autorité du consentement des gouvernés, ceux-ci ont la
possibilité de changer de gouvernement par des voies pacifiques
lorsqu'ils n'ont plus confiance en lui sans crainte d'être
fusillés.14(*)
Pour d'autres, la démocratie est le système
politique dans lequel le pouvoir est détenu ou contrôlé par
le peuple (principe de souveraineté), sans qu'il y ait de distinctions
dues à la naissance, la richesse, la compétence... (Principe
d'égalité).15(*)
La définition devenue classique reste celle de l'ancien
président américain Abraham Lincoln pour qui la démocratie
est « le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple.
Cette définition est reprise par
Périclès : « Gouvernement par le peuple, la
souveraineté y est investie dans le peuple et exercée directement
par lui ou par ses représentants désignés au cour
d'élections libres. » Pour ces deux hommes, la
démocratie doit avant tout se baser sur un principe de liberté du
peuple.
Cette définition suppose que le peuple détient
le pouvoir et l'exerce au profit de ses intérêts. La
démocratie est fondée directement ou indirectement sur
l'égalité des citoyens et le respect de la liberté.
Elle suppose la liberté de s'exprimer et de s'informer,
la liberté de participer aux affaires publiques. Elle exige de la part
des citoyens, certaines conditions à savoir l'éducation
(instruction), la volonté de participation, etc.
La démocratie implique donc la libération de
l'ignorance, de la pauvreté et de la misère sous toutes ses
formes afin de garantir aux citoyens, la liberté de participation
conséquente, c'est-à-dire responsable et
éclairée.
Bref, le mot «démocratie» est
dérivé d'un terme grec composé des deux mots :
« demos » qui veut dire : Peuple et
« kratein » qui signifie : gouverner, régir.
«Démocratie» peut donc se traduire littéralement par
les expressions suivantes : Gouvernement du peuple ou Gouvernement de la
majorité. La démocratie, en tant que forme de gouvernement, se
démarque de la monarchie, de l'aristocratie et de la dictature.
1.1. ORIGINE ET
EVOLUTION DE LA DEMOCRATIE
1.1.1. ORIGINE
L'histoire de la
démocratie
remonte à l'
Antiquité,
avec une réémergence au XVIIe siècle
jusqu'à nos jours.
En 594 av. J.-C. : l'archonte Solon établit un
système de classe pour la sélection des magistrats : les citoyens
les plus pauvres ont accès aux tribunaux et à l'assemblée
du peuple, mais pas aux postes de magistrats et de membres du conseil.
Athènes avance ensuite vers plus de démocratie avec Pisistrate et
surtout Clisthène, qui fait adopter les réformes qui fondent la
démocratie athénienne.16(*)
Le grec
Solon est le premier
législateur et le père de la démocratie européenne,
mais en ce qui concerne les premières traces de la démocratie sur
terre, c'est au cours de son voyage en Égypte qu'il a connu pour la
première fois cette notion d'égalité entre les êtres
humains. Il ajouta, c'est durant son apprentissage que le premier
législateur européen " Solon d'Athènes, 640 à 558
avant J-C " a lu des documents qui parlait de la Démocratie et du Droit
de Greve :
· Sur une inscription datant du règne de la
VIème dynastie il est écrit à propos du peuple qui ne
supportait plus que le parlement continue à augmenter l'impôt, et
demanda la compréhension du pharaon, qui donna des instructions à
son ministre de finance : (Sa Majesté ordonna de ne pas lever
l'impôt).
· Sur le papyrus judiciaire de Turin, datant de
l'époque de Ramsès III, on parle d'une procédure
juridique.
· Sur une autre inscription datant toujours du
règne de Ramsès III, les artisans de Deir el Medinah
s'apprêtaient à faire grève pour réclamer leur
salaire et des bonnes conditions de travail.
A. L'inde ancienne
L'une des premières civilisations démocratiques
a été identifiée dans des républiques de l'Inde
ancienne, aux environs du VIe siècle av. J.-C.
Parmi ces républiques (
en: Mahajanapadas)
l'État de
Vaishâli fut la
première république.
Sous Alexandre le Grand (IVe siècle
av. J.-C.) les Grecs ont écrit que les États de Sabarcae et
Sambasrai (actuellement
Pakistan et
Afghanistan) avaient
"une forme de gouvernement démocratique.
Émergence de la démocratie dans les
gouvernements modernes avant le XVIIIe siècle, l'
humanisme de la
Renaissance
fut un mouvement culturel en Europe, qui commença en
Italie
(particulièrement
Florence) dans les
dernières décennies du XIVe siècle.
Les philosophes humanistes recherchèrent les principes
sur lesquels la société pourrait être organisée, en
opposition à la concentration du pouvoir par l'
Eglise ou
les monarques. Quelques développements limités de la
démocratie eurent lieu : introduction de l'idée que les
détenteurs du pouvoir sont responsables devant un
électorat :
Simon V de
Montfort appela les propriétaires terriens à voter aux
élections anglaises de 1265.
C. Les tendances contemporaines
L'histoire contemporaine et les conflits actuels
démontrent que la culture démocratique a rarement
été suffisante pour entraîner une transition de la
dictature vers la démocratie, en l'absence d'une tradition politique et
d'une formation progressive des institutions.
Des démarches tentent une plus grande implication des
citoyens dans la politique (
démocratie
participative) : Francis Fukuyama annonce que «la
démocratie libérale pourrait bien constituer le "point final de
l'évolution idéologique de l'humanité".17(*)
1.1.2. EVOLUTION
Premières communautés
pré-démocratiques.
A. La « révolution » anglaise (1649 et
1688)
En 1689, alors qu'une nouvelle révolution a
éclaté en 1688, les Anglais ont demandé au prince
Guillaume d'Orange de prendre la tête des troupes anglaises contre leur
roi Jacques II, dont les exactions ont conduit à une révolte
populaire. Néanmoins, avant de lui donner ce commandement, ils lui
demandent de signer un texte de loi : le Bill of Rights. Signé
à Westminster en 1689, il résume les droits reconnus aux Anglais
et reconnaît que le souverain ne peut établir l'absolutisme.
Il est interdit au roi de suspendre des lois, d'empêcher
leur exécution et d'ériger une juridiction d'exception. Ce texte
préfigure la démocratie moderne : la doctrine de la
souveraineté populaire remplace celle du droit divin. C'est la
véritable naissance du parlementarisme britannique.18(*)
B. La Révolution américaine (1776)
En1776,Thomas Jefferson, Benjamin Franklin et John Adams
rédigent la déclaration de l'indépendance des
États-Unis, alors que la Révolution américaine, née
de la révolte des colonies américaines contre la domination
britannique bat son plein.
Les grands principes de la démocratie modernes sont
posés : existence de droits inaliénables, pouvoir issu du
peuple... : «Tous les homes sont nés égaux ; ils sont
dotés par leur Créateur de certains droits inaliénables
[...]. Les gouvernements sont établis par les homes pour garantir ces
droits et leur juste pouvoir émane du consentement des
gouvernés».
La Constitution des Etats-Unis d'Amérique est
adoptée le 17 septembre 1787 par les représentants des treize
colonies américaines. Elle s'appuie sur la déclaration de 1776 et
définit les contours d'une démocratie représentative
garantissant une société ouverte et égalitaire. Elle
concilie le pouvoir des États avec le pouvoir fédéral
centralisateur, tout en garantissant les institutions.
La Constitution qui entre en vigueur le 4 mars 1789 organise
les trois pouvoirs selon les idées de Locke et de Montesquieu. Le
pouvoir exécutif est confié à un président
élu, le pouvoir législatif appartient aux deux Chambres (des
représentants et du Sénat), le pouvoir judiciaire est
représenté par la Cour suprême.
Le droit de vote est étendu, pour devenir dès
1800 pratiquement universel dans 7 des 13 États que compte l'Union. La
révolution américaine exerça une influence
considérable en Europe.19(*)
C. La Révolution française (1789)
Le 6 juillet 1789, a lieu en France, la formation de
l'Assemblée Nationale Constituante. Suivit de la prise de la Bastille
(14 juillet), l'abolition des privilèges (4 août) et la
proclamation de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen (26
août), première charte européenne des droits
fondamentaux.
En effet, la royauté absolue fut remplacée par
une monarchie constitutionnelle. La bourgeoisie fait triompher les
idéaux issus du siècle des Lumières et promeut le
libéralisme économique et social. Le 26 août 1791 : le vote
de la Déclaration des Droits de l'Homme et du citoyen marque une
étape considérable vers la démocratie : ce texte fondateur
des libertés publiques proclame en s'inspirant de Rousseau que les
«hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits' (art. 1),
accorde aux citoyens les libertés fondamentales (liberté de
pensée, de se réunir et de critiquer), garantit la
propriété privée, et proclame la souveraineté de la
nation (art. 3).
Telles sont l'origine et l'évolution de la
démocratie. Il sied de remarquer cependant, que cette dernière a
un sens et une signification spécifiques.
3. LE SENS ET LA SIGNIFICATION DE LA DEMOCRATIE
Depuis ses lointaines origines égyptiennes et grecques
jusqu'à son adoption par l'occident, la démocratie a toujours
été considérée comme un système politique
dans lequel le peuple est souverain.
Dans ce type de système politique, l'autorité ne
vient ni de Dieu, ni des dirigeants eux-mêmes, mais du peuple.
Pour paraphraser le révérend Jacques Marion, on
peut dire que la démocratie est la seule institution qui assure le
fragile équilibre entre l'intérêt général et
l'intérêt individuel, recherché par la plupart des
constructeurs politiques (Marion, 1997).
Elle est une gestion intellectuelle et morale du pouvoir
politique et des rapports entre les hommes au sein de la cité. De ce
fait, elle exige d'importantes vertus morales de la part des
gestionnaires.20(*)
Seules les institutions démocratiques semblent garantir
aux mieux cet équilibre de paix sociale. Ainsi, l'équilibre entre
l'intérêt général et l'intérêt
individuel garanti par la démocratie engendre la paix sociale.
Dans cette logique, les congolais ont compris l'urgence de la
question démocratique dans la lutte pour la vie heureuse des individus
et de la nation, en ce sens que la démocratie implique non seulement la
liberté de la créativité, mais également des
institutions politiques stables, une bonne gestion et le respect des droits
fondamentaux de l'homme. 21(*)
Cependant, la sève qui nourrit le fonctionnement de la
démocratie ne vient pas des structures qui la soutiennent, la
matérialisent mais du coeur de l'homme. C'est pourquoi, les aspects
matériels ou extérieurs ne suffisent pas pour bâtir la
vraie démocratie ; celle-ci doit être soutenue par
l'âme du peuple qui n'est autre que sa culture. Il faut donc une
intériorisation des valeurs démocratiques à tous les
niveaux : individus, familles, et institutions.Ce qui est important
à retenir c'est que la démocratie la vraie apporte aux
citoyens : liberté, dignité, égalité et
respect.22(*)
SECTION II :
APERÇU HISTORIQUE DU PROCESSUS DEMOCRATIQUE EN RDC
Une esquisse du processus de démocratisation a
été dressée dans la problématique du présent
travail, il nous revient donc ici, de passer en revue les
événements importants ayant influencé le
déclenchement dudit processus.
Puisant ses sources dans un faisceau des circonstances et
événements conjugués tels que les retombées de la
perestroïka et de la glasnost, la pression des mouvements estudiantins et
de l'opposition le processus démocratique est parsemé de beaucoup
d'embûches et s'est fait au prix de gros sacrifices.
Officiellement lancé le 24 avril 1990 par le feu
Maréchal MOBUTU, suite à des facteurs exogènes et
endogènes, le processus de démocratisation de l'Etat congolais a
connu plusieurs moments forts qui marquent à ce jour, de manière
indélébile, l'histoire politique du pays. Nous allons, dans les
lignes qui suivent, passer en revue quelques uns de ces faits marquants qui
seront catégorisés dans deux facteurs : il ya d'une part,
les facteurs exogènes (§1) et d'autre part, les facteurs
endogènes (§2).
§1. LES FACTEURS
EXOGENES
La fin du vingtième siècle reste pour le monde
l'ère de la démocratisation dans le Tiers-monde et la RDC
n'échappa pas à ce vent de changement. A la base plusieurs faits
extérieurs peuvent expliquer également ce
phénomène.
1. La fin du communisme (et la démocratisation
de l'Europe de l'Est)
Il convient de rappeler ici qu'à la fin des
années 1980 et au début des années 1990, il ya eu une
série d'événements politiques importants dans les pays de
l'Europe de l'Est : chute et assassinat du président roumain
Ceausescu en raison de son régime autoritaire et des atrocités
commises dans son pays, Perestroïka, Glasnost, chute du mur de Berlin,
réunification de deux Allemagnes Est et Ouest, effondrement de l'union
des républiques socialistes soviétiques (URSS), rejet du
communisme, etc.
La division du monde en bloc de l'Est et bloc de l'Ouest
prenait ainsi fin avec cette révolution pacifique en Europe de l'Est. Le
rideau de fer que constituait la majorité des pays de L'Europe de l'Est
autrefois inféodés à l'union soviétique,
s'était déchiré avec la chute du mur de Berlin.23(*)
Après l'effondrement du système communiste et de
l'URSS, l'ensemble des pays de la sphère d'influence soviétique
en Europe de l'Est s'orienta vers des régimes multipartistes, à
l'exception de la Yougoslavie, que les sentiments nationalistes de dirigeants
furent basculer dans la guerre.
En Afrique, de nombreux pays issus de la décolonisation
qui s'étaient dotés de partis uniques, au début des
années 1990 ont été secoué par ce vent de l'Est,
(la perestroïka et la glasnost) ; y ajoutant le discours de la Baule
de François Mitterrand donna aux peuples africains l'espoir de
l'avènement sur le continent noir d'une société plus juste
et plus démocratique.
Depuis la dislocation de l'union soviétique, on a
assisté aux bouleversements politiques en Europe de l'Est qui ont
beaucoup contribué à changer la vision occidentale des
problèmes politiques auxquels les pays du Sud ont toujours
été confrontés dans la recherche de la démocratie.
Ainsi, le communisme qui présentait le danger et qui était devenu
une obsession pour les pays occidentaux pendant toute la durée de la
guerre froide, une fois écarté, particulièrement en
Afrique, ils sont devenus soudain porte-flambeau de la démocratie dans
les pays du Sud où ils ont eux-mêmes longtemps combattu les hommes
et les femmes qui se sont sacrifiés et qui ont même perdu leur vie
pour l'instauration de la démocratie dans leurs pays.
Il faut donc reconnaitre que la révolution pacifique
dans les pays de l'Est avait servi de détonateur dans la mesure
où le passage du communisme à la démocratie
pratiquée en Europe occidentale, avait conscientisé les pays
occidentaux sur les méfaits des partis uniques et des régimes
totalitaires qu'ils avaient pourtant favorisés dans les pays du Sud et
sur l'impérieuse nécessité de passer de la dictature
à la démocratie.
Comme pour leur indépendance, les peuples africains
seront obligés de lutter pour la démocratie et ça serrait
au prix de longues luttes et de dures sacrifices que les ouvertures
démocratiques ont été acquises. Il sied aussi de signaler
que, la démocratisation n'en était pas du goût des
dirigeants africains à l'époque car, elle signifiait
élections libres et transparentes, et donc leur départ du
pouvoir.
A l'instar du président Mobutu, tirant le dissous de ce
bouleversement en Europe de l'Est, ne va pas hésiter un seul instant
pour ouvrir son pays dès le 24 avril 1990 dans une ère nouvelle
de la démocratisation, chose qui n'était pas du tout facile.
En plus, se lancer dans un système libéral
signifiait l'ouverture de la société contrairement à celle
fermée de la période dictatoriale. Une ouverture qui devait
mettre au grand jour toutes les dérives des chefs d'Etat et de leurs
régimes.Mais malgré le refus des régimes en place,
malgré les répressions sanglantes, les chefs d'Etat d'Afrique
seront obligés d'introduire des règles démocratiques dans
le jeu politique, afin de mettre fin au monopartisme.
Ceci dit, l'année 1990 marque le début de la
démocratisation en Afrique, avec la tenue des conférences
nationales censées consacrer la rupture avec un passé politique
dominé par des régimes de parti unique, fait de violence et de
sang.24(*)
D'où la nécessité d'une phase transitoire
qui devrait être le prélude à la troisième
république, nouvelle et démocratique. Telle est l'origine de la
vague démocratique en Afrique.
2. Exigences de coopération au
développement (condition de prêt à l'appui)
L'Afrique part du principe que tout discours sur le
développement suppose l'implantation de la démocratie.
Il convient de noter qu'à l'aube des
indépendances, les occidentaux soutenaient qu'il fallait un pouvoir fort
susceptible de mobiliser toute la population dans le cadre d'un parti unique
pour atteindre les objectifs du développement.
Mais plus de trente ans après les indépendances,
tout le monde s'était rendu compte que les régimes dictatoriaux
implantés partout en Afrique ont aggravé le
sous-développement tout en enrichissant les dictateurs.
On sait que tout le temps que dura la guerre froide, les Etats
occidentaux se sont accommodés des dictatures africaines et des
multiples violations subies par les droits de l'homme sur le continent. Mais,
on a oublié que l'universalisme de ce modèle ne s'est
imposé qu'il y a peu, et qu'il peut y avoir des pesanteurs locales ou,
tout honnêtement, des particularités locales, et que, de toutes
les façons, tous les Etats ne sont pas sur la même ligne de
départ, et qu'ailleurs les rythmes de progression peuvent être
plus ou moins rapides.
Le lien entre les intérêts des Etats occidentaux
et l'action menée en faveur de la démocratisation, avec plus ou
moins de célérité, n'en demeure pas moins évident.
C'est ce qui explique que là une puissance ait plutôt
intérêt à interrompre brutalement la
démocratisation, et qu'ici un Etat occidental voulant se défaire
de tel dirigeant, peut-être dictateur, mais en plus gênant de gros
intérêts économiques et financiers, les choses soient
précipitées et même bâclées.25(*)
Car elle était présentée par le Ministre
français de la Coopération Alain PLANTEY en ces termes : `Qu'il
n'est pas de développement sans démocratie et de
démocratie sans développement'. Donc pour la RDC ex (Zaïre)
afin de sortir de son chaos de sous-développement, la démocratie
était la voie de cette sortie.
Outre, au sommet qui s'était tenu à partir du 03
avril 2000 au Caire en Egypte et qui avait réuni les chefs d'Etat des
pays d'Afrique et ceux de l'union Européenne, au menu des discussions,
il y avait parmi les principaux points soulevés par les chefs d'Etats
africains, la demande d'annulation par l'union européenne de la dette
africaine qui s'élevait à environ 350 milliards de dollars US.
A cette demande, la réponse des chefs d'Etat
européens était claire et nette. Ils avaient insisté sur
le respect de droits de l'homme, lutte contre la corruption, la
démocratisation c'est-à-dire la mise en place des institutions
républicaines, légitimes, seules capables de donner une
perspective de légitimation et un gage de stabilité et de paix
à la nation, à ses voisins et finalement à la
communauté internationale.26(*) Nous nous demandons si cette exigence de
démocratisation serait au bénéfice des africains ou des
occidentaux eux-mêmes.
§2. FACTEURS ENDOGENES
Rappelons qu'en 1977, des pressions intérieures furent
exprimées pour le réajustement politique du pays.
1. Mutineries des soldats katangais
Depuis l'avènement de la Deuxième
République, la RDC avait connu une période relativement calme.
Les premières secousses du système centraliste
résultent des mutineries des ex-gendarmes en 1966 à Kinshasa, des
insurrections des mercenaires en 1967 sous la direction de Jean SCHRAMME et de
Bob DENARD, de la révolte des étudiants en juin 1969 et en juin
1971 ainsi que du bras de fer entre MOBUTU et MALULA suite à la
révolution culturelle de 1972 qui ouvrit une campagne de
débaptisassions des cultes, conséquence de la doctrine Mobutisme
du recours à l'authenticité. Mais aussi efficaces
paraissent-elles, elles ébranlèrent suffisamment le
régime.
En effet, l'action menée par le FNLC dans la province
du Katanga, alors Shaba en mars 1977 puis en mai 1978, le pouvoir du
Maréchal ne fut sauvé que grâce au soutien d'une coalition
d'intérêts stratégiques et individuels des forces
étrangères à cette guerre dite des Quatre-vingts jours.
Le Front, branche politique du mouvement insurrectionnel avait
dans son programme minimum les objectifs ci- après :
1. Lutter contre la dictature ;
2. Eriger un Etat républicain et une démocratie
nouvelle ;
3. Améliorer les conditions de vie des masses
populaires.
D'aucuns estiment que l'action du FNLC aurait essentiellement
motivé le discours tenu le 1er juillet 1977, lequel annonça la
nouvelle orientation de l'organisation administrative et politique du pays.
2. Les contestations estudiantines
Dans la nuit du 11 au 12 mai 1990, des incidents sanglants se
sont produit au campus de l'université de Lubumbashi. On parle de
plusieurs morts et blessés. Le pays et le monde sont stupéfaits.
L'on s'interroge ; Pourquoi de tels incidents alors que le pays vient de
s'ouvrir à la démocratisation ? Pourquoi de tels incidents
au moment où toutes les énergies de la nation sont censées
être dirigées vers la construction d'un devenir meilleur pour le
peuple dont le bonheur se conjuguait à l'imparfait ?
Quelles que soient les réponses, les effets de ces
malheureux événements sur le pays sont négatifs,
néfastes.27(*)
Les étudiants dont le foyer principal est
l'université ont souvent constitués de base arrière de
l'opposition à travers l'Afrique afin de pouvoir se faire entendre et
imposer l'alternance, cela prend essentiellement la forme d'une action
politique pacifiste et non violente.28(*)
Réclamant aussi une reforme démocratique de
l'enseignement supérieur, puis une restructuration de la vie sociale et
un socialisme démocratique, les étudiants ont finalement
exigé l'abolition de toutes les structures du pouvoir et de domination,
c'est-à-dire des transformations irréversibles de la
société et des modes de vie.La RDC en a bien les souvenirs, ici,
nous faisons allusions aux événements des étudiants
congolais dans l'ex-zaïre au campus de Kinshasa et celui de Lubumbashi.
3. Les manifestations de l'opposition
La plupart des mouvements qui ont secoués les pouvoirs
dictatoriaux à travers l'Afrique, relevés du ras-le-bol de la
population, ainsi, avec la bénédiction des opposants, s'en suive
une péripétie des manifestations comme c'était le cas en
RDC, allusion ici aux 13 parlementaires qui avaient emboités les pas en
exigeant en 1980 au président Mobutu de démocratiser son
régime.
Alors qu'on croyait que la population se résignait
à son sort parce qu'incapable de répondre aux défis
majeurs de son destin de manière créatrice, les treize
parlementaires ont élevé énergiquement la voix en 1980
pour résister au système de concentration de pouvoir, et se sont
battus pour une idée autre de la vie et de l'espace politique
zaïrois.
En fait, ces parlementaires furent sanctionnés le 21
décembre 1980 par la Commission de discipline du Comité Central
du MPR. Cette dernière les condamna pour manquement à la
discipline du Parti-Etat. Les "parlementaires rebelles" sont loin d'être
des `révolutionnaires', appartenaient au Collège des Commissaires
Généraux mis en place par MOBUTU en 1960.
Bravant les normes du parti politique et la police du
régime, ils créèrent une nouvelle formation politique,
``l'UDPS''. Autant par nécessité que par conviction, ce parti
fait le choix de la non- violence, et se réfère aux idéaux
démocratiques, au respect des droits de l'homme.
Emprisonnés, battus, relégués en
province, les fondateurs de ce parti, feront preuve de courage notable et
Etienne TSHISEKEDI sera le plus populaire d'entre eux.
Au commencement, c'était juste une froide
initiée, mais face à l'autisme du
maréchal-président, ce mouvement déboucha un an plus tard,
soit en 1981, par la création d'un parti politique battant pavillon
opposition du temps fort du MPR parti-Etat
dénommé « union pour la démocratie et le
progrès social » (UDPS) parti cher à Etienne
Tshisekedi.29(*)
La répression fut sans appel, les commissaires du
peuple furent déchus de leurs fonctions et mis aux arrêts. Car,
dans le contexte de la deuxième république, l'acte posé
était plus qu'un simple crime de lèse-majesté. Cela
équivalait purement et simplement à la trahison.
Ainsi donc, arrestations, relégations aux villages,
tortures et autres sévices devenaient le vécu quotidien de ceux
qui avaient osé braver le tout-puissant « président
fondateur », guide éclairé, leader charismatique, le
seul maitre après Dieu dans l'ex-Zaïre.
Rappelons également que la classe moyenne et les
enseignants furent durement touchés par les mesures
d'austérité que le FMI imposa à la nation zaïroise
dans le cadre de l'ajustement structurel à partir de 1983. Des dizaines
de milliers de fonctionnaires et d'enseignants rejoindront ainsi le rang de
l'Opposition.
Il est aussi à noter que la création de l'UDPS
fut l'aboutissement de tout un processus qui était parti de la
première guerre du Shaba, guerre des quatre-vingts jours. C'est à
ce titre que celle-ci peut-être considérée comme un
tournant décisif vers l'effondrement du régime dictatorial de la
deuxième République.
D'une manière générale, les causes
profondes qui avaient conduit le régime à l'ajustement
institutionnel se justifiaient par la misère générale du
peuple.
En effet, la population zaïroise prenait de plus en plus
conscience de la misère dans laquelle elle vivait, de la pression
extérieure, des réclamations incessantes des opposants, tant de
l'intérieur que de l'extérieur.
Bref, la population prend conscience de la situation politique
chaotique qu'elle a vécue sous la deuxième république.
En plus, quelques manifestations seront organisées dans
les rues, surtout à Kinshasa, pour réclamer la fin de la
dictature et l'instauration d'un régime politique nouveau.
Face à toutes ces contraintes sur le plan interne et
sur le plan externe, le pouvoir en place ne pouvait plus que s'inscrire sur la
voie de la démocratie. C'est ainsi que les consultations populaires
seront organisées pour déboucher sur l'annonce du processus
démocratique le 24 avril 1990.
1.1. LES CONFERENCES
NATIONALES
Les africains avaient instauré un cadre d'assise
appelé « conférence nationale »,
réunissant le détenteur du pouvoir, l'opposition et les forces
vives de la nation, pour faire le bilan du passé, établir et
évaluer les causes des souffrances des peuples pour repartir les
responsabilités ; débutera par une transition vers
l'état de droit, véritablement démocratique. Le Benin est
le premier pays à tenter cette expérience et sera suivie du Congo
Brazza.30(*)
Premièrement, dans le but de pousser le régime
du Président MOBUTU vers une démocratie réelle et non de
façade, le peuple congolais a réclamé et obtenu la tenue
de la Conférence Nationale Souveraine.
Pour mener à bien la démocratisation ainsi
déclenchée, les dirigeants de la deuxième
République jugèrent bon de la convocation d'un forum qui
regroupaient les délégués des Forces Vives de la nation en
vue d'analyser les causes de la crise et de jeter dans un esprit de dialogue
les nouvelles bases d'une société réellement
démocratique.
Cette grande rencontre avait comme objectif à atteindre
faire asseoir une période de transition à l'issue de laquelle
s'organiseraient les élections. Ses travaux se sont
déroulés avec beaucoup d'obstacles. Près de trois mille
délégués ont été regroupés. Elle
connût des problèmes sur le plan matériel, financier et
politique.
Cette dernière caractérisée par une crise
de tolérance occasionnée par la bipolarisation de la scène
politique rendant houleux les débats et empêchant le bon
déroulement des travaux.
Il s'agissait des débats de société
devant poser les bases de la transition démocratique. Ainsi, de l'avis
de Fabien EboussiBoulaga, l'exigence de la percée que représente
la conférence nationale est double : elle déconstruit et
reconstruit tout à la fois, elle déconstruit l'ordre despotique
qui existait et reconstruit un nouvel ordre qui se veut
démocratique.31(*)
Mais les conférences nationales n'auront pas lieu dans tous les pays
africains.
En effet, pour s'adapter au nouvel environnement politique
international et créer un espace politique national désormais
ouvert à tous, les africains du centre ont emprunté trois
itinéraires différents. On aura la lutte armée au (Rwanda,
Tchad), le passage au multipartisme de fait par l'application de la
constitution ou d'une loi spécifique (Cameroun, Burundi), l'organisation
de référendum (Guinée Equatoriale, Ghana, Madagascar,
Mauritanie).
Pour ce qui est des conférences nationales, elles
seront acceptées dans certains pays et refusées dans d'autres.
Elles seront effectives au Bénin, en Ethiopie, au Gabon, au mali, au
Niger, au zaïre, au Togo... par contre, LANSANA Conté les refusera
en guinée Conakru, ainsi que blaise Compaoré au Burkina, et Paul
Biya au Cameroun. Au Cameroun, à la place de la conférence
nationale refusée, on assistera à une conférence
tripartite regroupant le gouvernement, l'opposition et la société
civile. Comme on le sait, la montagne accouchera d'une sourie.
Pour les pays où elles ont été
organisées, les conférences nationales ont donné lieu
à des débats de société où les
régimes en place étaient jugés.
Bref, ces régimes étaient face à des
sortes de tribunaux populaires où ils devaient rendre compte de leurs
gestions calamiteuses de la chose publique.C'est très probablement pour
cette raison que beaucoup de chefs d'Etat les ont refusées ou
esquissées.
Mobutu avait accepté la tenue de ce débat de
société au Zaïre, mais a mis un terme peu après
à son déroulement au vue des critiques sévères et
des jugements négatifs qu'il subissait.
A cela, il faut ajouter la mauvaise volonté manifeste
du pouvoir en place qui, de temps à autre sabotait les travaux de cette
conférence, allant jusqu'à sa suspension injustifiée et
qui conduisit aux effets de triste mémoire dont les massacres de
chrétiens du 16 février 1992.
En outre, les concertations du Palais de Marbre I et II
avaient été initiées les unes après les autres pour
décrisper le climat de tensions entre les diverses forces politiques de
la transition, pourtant voulue non conflictuelle. Les concertations ont abouti
à des accords sous forme d'une déclaration commune signée
par les deux principales forces politiques de la transition à savoir la
Mouvance Présidentielle et l'Opposition.
Toute cette réalité ne manquait de
déceler l'intention que présentait chacun des camps à
détenir si pas le monopole mais la maîtrise de la situation
politique du pays.
Toutefois, on se rend compte que, en particulier là
où des conférences nationales ont été tenues, les
attentes sont loin d'être satisfaites au regard des objectifs que les
conférences nationales s'étaient assignés.32(*)
Quelle que soit la voie empruntée, le processus de
démocratisation a permis dans tous les pays l'instauration du
multipartisme, du pluralisme politique, économique et syndical,
l'organisation des élections disputées, la rédaction de
nouvelles constitutions et leur adoption par référendum ; bref,
l'organisation de la vie démocratique.
L'effervescence qui a accompagné ce processus
était telle que certains observateurs n'ont pas hésité
à annoncer le caractère irréversible de la
démocratie pluraliste au plan universel, et en particulier en
Afrique.33(*)
Pour tout dire, c'est au prix de luttes parfois sanglantes que
les peuples africains ont acquis des ouvertures démocratiques aux
débuts des années 1990.
1.2. La transition en
RDC
L'analyse du bilan de la transition ne peut être
réaliste, que si elle intègre deux paramètres essentiels
que les juristes considèrent comme « circonstances
atténuantes» : le contexte et les acteurs politiques de la
transition. Autrement dit, si l'on tient compte du contexte et des acteurs, la
réussite de la transition relevait du miracle.
En effet, la cause primordiale du chaos congolais est
l'absence de l'Etat qui remonte à la décolonisation
bâclée. Certes, la chape de plomb du despotisme obscur
exercé par le régime Mobutu, avait fait oublier les
sécessions du Katanga et du Sud Kasaï (1960), les rebellions
Lumumbistes(1964), la peur et la violence politique en tant que méthode
de gouvernement.34(*)
Cependant, les guerres de l'Est de 1996 et 1998 ont
révélé au monde ce que les observateurs savaient depuis
belle lurette déjà : la république
démocratique du Congo est un champ de ruines où il n'existe ni
gouvernement, ni armée, ni administration, ni économie.
Pis encore, les métastases de ce chaos permanent ont
fait éclater la bulle spéculative de « l'entreprise de
libération » concoctée par Laurent Désiré
Kabila et alliés. Au point que la vulnérabilité humaine a
été ajoutée à la vulnérabilité
structurelle, car la charge de la transition est confiée aux hommes et
aux femmes dont la qualité est, de notoriété publique
réputée médiocre, au point de vue probité
intellectuelle et morale.
A titre d'illustration, peu des ministres,
députés et sénateurs savaient distinguer le projet de loi
et la proposition de loi, plusieurs mois après l'exercice de leurs
fonctions. De même, la majorité des hauts dirigeants, les
ministres y compris, se demande encore à quoi sert un conseil des
ministres ou à quoi sert un budget national.
Tout au long de la longue transition, la classe politique
congolaise nous a administré la preuve qu'elle n'est
généralement d'accord sur rien. L'on a assisté, de la part
des hommes politiques, à un phénomène permanent
d'auto-neutralisation consécutif à des alliances, des compromis,
des consensus et des réconciliations éphémère ou
sans lendemain.
C'est dans ce contexte que plusieurs concertations,
négociations et autres pourparlers n'ont cessé de s'organiser
pendant la transition, souvent sans résultats probants et
durables.35(*)
Evoquant la vision de quelques leaders de la transition, un
analyste politique congolais note ce qui suit au sujet du président
Laurent Désiré Kabila : son plus beau rêve, dit-il, sa
brillante utopie fut de proclamer : nous allons chasser la pauvreté
de ce pays, je dis bien chasser. Et de conclure, « mais l'homme
finira par trahir son rêve en le coupant de l'énergie du
peuple ».36(*)
CHAPITRE II : LE BILAN
DU PROCESSUS DEMOCRATIQUE EN AFRIQUE
Le processus entre dans une seconde phase : celle de la
consolidation de l'infrastructure démocratique ; le présent
chapitre n'a pas la prétention de proposer un bilan exhaustif de la
démocratie en Afrique, mais de dégager les tendances
générales qui semblent se dessiner vingt-trois ans après
l'euphorie du processus démocratique. Il s'agit d'identifier les
succès les plus significatifs du processus ainsi que les
résistances qu'il est donné d'observer à la lumière
de l'actualité récente (section I) et de faire le
parallélisme entre la démocratie occidentale à
l'épreuve des réalités africaines (section II).
SECTION I : DES SUCCES
ET DES RESISTANCES AU PROCESSUS DEMOCRATIQUE EN AFRIQUE
Le mérite de l'instauration de la démocratie en
Afrique est d'avoir solennellement affirmé le caractère universel
des principes et règles qui fondent toute démocratie et qui
s'articulent autour de la primauté du suffrage universel, de la
séparation des pouvoirs, de l'indépendance de la justice, de la
garantie des libertés d'expression et du respect des droits de l'homme.
Toutes ces valeurs démocratiques sont prévues dans bon nombre des
constitutions de pays africains en termes de succès au processus
démocratique.
§1. DES SUCCES
Au-delà de certaines réalisations qui permettent
de dire que l'Afrique s'est engagée sur le chemin de la
démocratisation, il existe aujourd'hui d'autres acquis qui laissent
croire que les États africains veulent consolider et renforcer leur
démocratie. Il est possible de résumer les progrès ainsi
réalisés en deux grandes tendances : la consécration d'une
démocratie constitutionnelle (1), et l'organisation des élections
disputées (2).
1. Consécration de la démocratie
constitutionnelle
Le nouveau constitutionnalisme africain, marqué par
l'avènement dans presque tous les pays du continent d'une Constitution
écrite, élaborée selon un processus participatif et
adoptée par référendum, s'inscrit dans la perspective de
la démocratie libérale occidentale.
Il s'agit au fond d'un retour à la conception
occidentale que ces pays avait épousée au début de leurs
indépendances avant de la répudier rapidement à partir de
1963 au profit du système de parti/État.
Parmi les traits caractéristiques de la
démocratie libérale figurent notamment le pluralisme, la
proclamation des droits et libertés et subséquemment la
reconnaissance et le respect de l'opposition.
1.1. Le retour du
pluralisme
Le pluralisme renvoie à la diversité, à
la liberté de choix et peut prendre plusieurs figures (politique,
associative, religieuse, etc.) Le pluralisme politique est l'une des conditions
essentielles de la démocratie libérale, laquelle suppose que le
peuple choisisse ses gouvernants.
Or il n'y a de choix que si l'on peut se déterminer
entre plusieurs possibilités, plusieurs combinaisons. La
démocratie libérale postule donc la diversité, le
pluralisme politique. Michaël Walzer la définit comme un
système qui accepte l'existence et l'exercice de la libre expression de
différentes idées politiques, en particulier la reconnaissance
des partis politiques concurrentiels.37(*)Presque toutes les constitutions africaines consacrent
la liberté de créer des partis et le multipartisme
intégral.38(*)
Cette reconnaissance du multipartisme s'est
immédiatement traduite par une explosion du nombre des partis, une
prolifération sans précédent des partis politiques en
Afrique.
Dans la plupart des pays africains, le monopartisme a
laissé place à l'existence de dizaines de formations politiques.
L'exemple le plus frappant à cet égard est celui de la
République démocratique du Congo (RDC) où l'on est
passé du parti unique à plus de quatre cents partis.
D'un point de vue qualitatif, le nouveau pluralisme politique
a été un remarquable outil dans le renouvellement du personnel
politique. Sans faire disparaître les dinosaures, il a en effet
favorisé l'émergence de nouveaux hommes et femmes sur la
scène politique et par conséquent l'espoir d'un gouvernement plus
démocratique que celui en oeuvre depuis les indépendances.
Enfin, le pluralisme politique contribue à
l'institutionnalisation du pouvoir et au renforcement de l'état de
droit.
Il se double par ailleurs d'un pluralisme associatif. Le
processus de démocratisation de l'Afrique est en effet marqué par
l'émergence d'une multitude d'associations appartenant à la
société civile.
Ces associations se sont affirmées dans les
années 1990 par leur opposition aux pouvoirs autoritaires. Grâce
à une remarquable pression, les syndicats, la presse, les associations
de droits de l'homme ont contraint les pouvoirs politiques, les régimes
autoritaires africains à engager des réformes constitutionnelles
visant à instaurer la démocratie pluraliste. Il en fut ainsi au
Bénin, au Congo, en RDC, au Gabon, en Côte d'Ivoire, en
Centrafrique, au Togo, au Niger, au Mali...
Au Burkina Faso par exemple, le mouvement « Trop c'est
trop » est apparu comme un acteur incontournable du changement politique.
Par la mobilisation populaire qu'il a suscitée, ce mouvement a
incontestablement forcé le régime de Blaise Compaoré
à inscrire les problèmes de l'état de droit et de la
démocratie dans son agenda politique.
1.2. LA
PROCLAMATION DES DROITS ET LIBERTES
Le retour au pluralisme s'est accompagné d'une
abondante proclamation des droits et libertés dans les nouvelles
constitutions africaines qui en présentent de véritables chartes,
ce qui marque une rupture d'avec le passé autoritaire des régimes
africains.
L'organisation des sociétés africaines est
désormais dominée par le principe de la liberté des
citoyens dont découle toute une série de manifestations
concrètes qui forment la liste des droits de l'homme.39(*)
Les dirigeants africains étant conscients qu'une
démocratie libérale ne peut « se parer de la
légitimité » qu'à la condition que les
libertés nécessaires soient respectées, on observe presque
partout une meilleure garantie de celles-ci.40(*)
Une large palette de droits et libertés est ainsi
reconnue par la plupart des constitutions africaines : des libertés
individuelles (liberté d'aller et venir, de penser, d'exprimer ses
opinions, de la presse et la communication audiovisuelle, des individus et des
partis qui ont besoin d'exprimer leurs opinions publiquement pour convaincre
les citoyens) à la liberté politique, à savoir le droit de
choisir les gouvernants, de devenir soi-même gouvernant, de participer
aux décisions, de contrôler l'exercice du pouvoir.
Les nouveaux régimes africains se sont
contentés de proclamer des droits et libertés. Ils ne s'efforcent
pas d'offrir les moyens matériels et financiers nécessaires
à leur réalisation en termes des subventions à la presse,
aux syndicats, aux partis politiques, etc.
L'exemple type est celui de la RDC où la constitution
du 18 février 2006 prévoit une cinquantaine d'articles
consacrés aux droits et libertés qui restent jusqu'à
preuve du contraire inexistants ou simplement sur le texte.
L'État a de surcroît pour assurer les garanties
des libertés mais, il se pose un problème de volonté
politique. Le respect des libertés se manifeste au fond par
l'affirmation et la garantie juridictionnelle des droits individuels. C'est en
cela qu'à l'époque moderne la démocratie est
inséparable de l'état de droit.
1.3. La
reconnaissance de l'opposition
Le respect de l'opposition est une conséquence de la
proclamation des libertés. Il représente une des vertus
cardinales de la démocratie libérale sur le plan politique. En
effet, le jeu de la liberté doit conduire à la diversité
des opinions à propos de la gestion des affaires publiques. La
liberté appelle donc l'existence de partis politiques destinés
à se succéder au pouvoir.
L'opposition d'aujourd'hui a naturellement vocation à
devenir la majorité de demain. C'est pourquoi elle doit être
respectée et protégée. Elle est une composante essentielle
de la démocratie en ce qu'elle offre aux citoyens une alternative
à la politique définie et appliquée par le régime
politique en place.
Elle assume au fond une mission de service public :
contrôler et critiquer l'action gouvernementale, proposer des valeurs,
des idées et un projet de société alternatif à ceux
véhiculés et appliqués par le parti ou la coalition de
partis au pouvoir, et briguer les suffrages des citoyens.
La reconnaissance de l'opposition a été pendant
plus de trois décennies une des préoccupations politiques
majeures des démocrates africains. Elle a été au centre
des débats occasionnés par la transition démocratique
enclenchée à partir de 1990, à la suite du discours de La
Baule tenu par François Mitterrand lors du sommet France-Afrique en juin
1990.
Une fois le pluralisme consacré par les nouvelles
constitutions africaines, des concertations entre partis politiques de la
majorité et de l'opposition ont été organisées
périodiquement dans plusieurs pays en vue de parvenir à une
définition consensuelle des règles du jeu politique et une
pacification des rapports majorité/opposition.
Ainsi en est-il du Mali, du Burkina et du
Sénégal. Georges Vedel enseigne que « la démocratie,
dans le contexte des systèmes politiques majoritaires, renvoie à
l'exercice du pouvoir d'État par la majorité sous le
contrôle de l'opposition et l'arbitrage du peuple ».41(*)
L'existence d'une minorité ou d'une opposition est une
dimension constitutive de l'État démocratique. L'opposition en
question ici ne désigne pas seulement le groupe politique le moins
représenté à l'assemblée législative avec
lequel, conformément au voeu de Kelsen, le gouvernement de l'État
démocratique est susceptible de négocier des compromis, mais
surtout l'ensemble formé par les citoyens fondamentalement hostiles aux
objectifs du régime en place, fussent-ils organisés ou non.
Reconnaître un statut à l'opposition constitue de
ce fait une opportunité pour celle-ci d'avoir les moyens de porter son
message au peuple et de conquérir ses suffrages à l'occasion
d'élections pluralistes transparentes, loyales et sincères.
Les nouvelles constitutions africaines ne se contentent pas de
reconnaître l'opposition ; certaines d'entre elles affirment lui
attribuer un statut formel destiné à assurer son expression, sa
représentation dans les instances de la République, son
inscription dans le débat parlementaire et sa participation dans
certains organes de travail.
Lors des travaux de la 28e conférence de l'Union
parlementaire africaine, organisée en Mars 2005 à Brazzaville,
les participants se sont unanimement accordés sur la
nécessité de consolider la démocratie pluraliste par la
définition, entre autres, d'un statut de l'opposition. L'adoption d'un
statut de l'opposition est devenue une aspiration majeure des
démocraties en construction.
Plusieurs pays africains en ont érigé au profit
de leur opposition politique, à l'instar du Congo. Il en est ainsi du
Mali, du Burkina Faso et du Niger. Certains pays sont allés plus loin en
associant l'opposition à l'exercice du pouvoir dans le cadre de
gouvernements d'union nationale (Sénégal, Afrique du Sud, Mali,
Gabon, Togo...).
2. Organisation des élections
disputées
La question du pouvoir, de son origine, de sa source, de son
acquisition, de son exercice, de sa fonction, fonde la démocratie, fait
des élections le mécanisme par lequel les gouvernés
(détenteurs souverains du pouvoir) en octroient l'exercice à une
minorité qui l'exerce en son nom et idéalement pour
l'intérêt de la majorité.42(*)
L'élection politique est inséparable de la
démocratie en ce qu'elle marque le passage d'un régime
monolithique contraire au pluralisme politique. La démocratie, reposant
sur la volonté du plus grand nombre, implique donc le suffrage
universel. L'élection fonde la démocratie représentative
et légitime à elle seule le pouvoir. Comme on a pu le dire,
« elle est devenue un rite démocratique ».43(*)
On note, pour s'en féliciter, l'acceptation
générale en Afrique du principe de l'organisation des
élections libres et transparentes à intervalles réguliers.
Le citoyen africain se trouve ainsi conforté dans son droit de choisir
ou de sanctionner les dirigeants au moyen de sa carte d'électeur. Il
n'est donc pas nécessaire de recourir à la violence ou à
la désobéissance civile pour exprimer sa désapprobation.
L'échéance électorale lui permet d'exprimer sa
citoyenneté, de demander des comptes aux gouvernants et d'exiger la
prise en charge de ses aspirations.
Dans un régime démocratique, une des
réglementations parmi les plus délicates concerne le
déroulement des opérations électorales. La
sincérité des votes et l'effectivité d'un suffrage
universel dépendent essentiellement des modalités d'organisation
d'une élection. Cette nouvelle donne a conduit plusieurs pays africains
à réformer leurs codes électoraux, à accepter la
présence d'observateurs internationaux.
Pour surmonter les suspicions de fraude avec la
complicité des administrations, ils ont accédé à la
revendication des oppositions consistant à créer des organismes
nationaux de gestion et de supervision des élections chargés de
veiller à la sincérité des votations.
La création de ces organes est un gage de consolidation
du pluralisme politique, mais en même temps un facteur de
l'avènement d'un changement politique. Ces commissions
électorales ont su, à la suite d'événements
politiques majeurs, se positionner comme les véritables organes de
légitimation du processus électoral. Elles sont devenues des
acteurs et des vecteurs de la démocratie en Afrique.
Selon la Cour constitutionnelle du Bénin, « la
création d'une commission électorale indépendante est une
étape importante de renforcement et de garantie des libertés
publiques et des droits de la personne ; elle permet d'une part d'instaurer une
tradition d'indépendance et d'impartialité en vue d'assurer la
liberté et la transparence des élections, et d'autre part de
gagner la confiance des électeurs et des partis et mouvements politiques
».
Ces organes, lorsqu'ils sont libres et dotés d'un
pouvoir significatif, parviennent à surmonter les suspicions de fraudes
et à légitimer des pouvoirs issus d'élections. La
commission électorale namibienne, celle du Ghana, du Cap-Vert et la CENA
du Bénin ont à cet égard enregistré des
succès répétés en organisant des élections
libres et transparentes sans contestation. Ces pays ainsi que d'autres ont au
surplus la particularité d'avoir connu plusieurs alternances. John
Kufuor, qui vient d'achever son deuxième mandat au Ghana, avait
succédé à Jerry Rawlings, conformément à la
Constitution.
Une nouvelle élection présidentielle s'est tenue
le 8 décembre 2008, à l'occasion de laquelle un nouveau
président (candidat de l'opposition) a été
désigné : John Atta Mills. On le voit, des progrès
notables ont été accomplis dans la voie de la
démocratisation, mais le chemin est encore long. Le processus qui entre
dans sa phase de consolidation est confronté à des
velléités de résistance.
§2. Des
résistances
L'Afrique est devenue un vaste chantier constitutionnel depuis
le début des années 1990. Mais l'apprentissage de la
démocratie demande du temps et doit encore vaincre des
résistances multiformes.
L'état de droit est mis à mal dans certains pays
par des velléités de retour à l'autoritarisme et au
despotisme ; certaines expériences sont fragilisées par la
persistance de conflits armés et des coups d'États, les
élections mal préparées ou manipulées ont fait
sombrer plus d'un pays dans la tourmente.
Trois aspects emblématiques pour consolider la
démocratie sont affectés dans plusieurs pays africains : il
s'agit de la séparation des pouvoirs(1), le contrôle de
constitutionnalité des lois (justice constitutionnelle) (2) et les
élections imparfaites(3).
1. Le reniement de la séparation des
pouvoirs
La séparation des pouvoirs est solennellement
consacrée par toutes les constitutions africaines comme pour conjurer
les démons de la confusion des pouvoirs qui avaient
caractérisé la période autoritaire des régimes
africains. Mais, à l'épreuve des faits, la proclamation de ce
principe fondamental de la démocratie libérale a de plus en plus
les allures d'une pétition de principe.
La séparation des pouvoirs est en effet vidée de
son contenu par l'hypertrophie des pouvoirs reconnus par les constitutions au
président et par le phénomène majoritaire. En Afrique, le
président est la clé de voûte de tout l'édifice
constitutionnel. Il assure la direction effective de l'exécutif en
même temps qu'il concentre entre ses mains l'essentiel du pouvoir. Il
détermine la politique de la nation, nomme aux emplois civils et
militaires, nomme et révoque les ministres ad nutum.
Le chef de l'attelage gouvernemental est presque partout un
Premier ministre administratif. Quant aux ministres, « juxtaposés
les uns par rapports aux autres, cultivant l'humilité, [ils]
gèrent leur département respectif un peu à la
manière des chefs de service, sans participer à la
détermination de la politique nationale, apanage du chef de
l'État ». 44(*)Ce point de vue exprimé à propos du
Cameroun est encore valable pour un grand nombre d'États africains.
Le souci de conserver leur poste est dès lors la
préoccupation majeure des membres du gouvernement. De plus, le
président est à la fois chef de l'État et chef de parti.
Un tel cumul est, par exemple, explicitement reconnu au président du
Sénégal par la Constitution du 22 janvier 2001. Il en
résulte une concentration des pouvoirs exécutif et
législatif entre les mains du président, car il est le chef du
parti ou de la coalition majoritaire à l'Assemblée nationale.
L'exécutif et le législatif ne sont plus séparés,
mais solidaires sous l'autorité du chef de l'État, titulaire de
la majorité.
Dans ces conditions, le développement du
phénomène majoritaire produit comme conséquence la remise
en cause du pilier fondamental de la séparation des pouvoirs : le
contrôle de l'action gouvernementale par l'Assemblée
parlementaire.
Ainsi note-t-on dans de nombreux pays un glissement de la
souveraineté nationale vers celle du parti et de son chef et, par voie
de conséquence, une perversion de la représentation. C'est lui
qui dresse la liste d'investiture des candidats de son parti aux scrutins et
les élus ont un devoir de loyauté à son égard.
Cette concentration de l'autorité, incompatible avec la
logique démocratique, remet en cause la séparation des pouvoirs,
le pluralisme politique, et dénature le contrôle parlementaire,
lequel n'est plus exercé que par l'opposition si elle est
représentée ou par la société civile, sinon au
travers des manifestations de la rue par les populations elles-mêmes.
Au Sénégal par exemple, les
députés de la majorité, pour assurer le chef de
l'État de leur allégeance et de leur loyauté,
n'hésitent pas à proclamer publiquement qu'ils sont ses
députés et à parler de lui comme « la seule constante
».
D'un autre côté, l'indépendance de la
justice pourtant inscrite dans la Constitution est hypothéquée.
Les magistrats ne sont pas inamovibles dans les faits. Ils peuvent être
affectés en tout lieu, voire démis de leurs fonctions par le
Conseil supérieur de la magistrature, généralement
présidé par le chef de l'État. Leur devenir professionnel
dépend directement de ce dernier.
Pour conserver leur poste et bénéficier de
promotion, ils doivent donc se montrer conciliants. À titre
d'illustration, il est difficile de croire que les délibérations
qui ont conduit à la libération de l'ancien Premier ministre
sénégalais, Idrissa Seck, ont été prononcées
« dans l'intime conviction » des juges alors que les dates et heures
de cette mise en liberté avaient été annoncées une
semaine auparavant par des organes de presse.
Le contrôle populaire étant mis en échec
par le phénomène partisan, il appartient à la
société civile de l'exercer. Il se produit alors une sorte de
désinstitutionalisation du contrôle, car l'organe dont c'est la
vocation de l'assurer est dépossédé de son attribution.
C'est donc en dehors des institutions étatiques qu'il va
désormais être assuré, au travers de l'action d'une
société civile dynamique ou de manifestations de la rue.45(*)
L'Assemblée parlementaire réduite à un
appendice du gouvernement, la justice sous contrôle, la séparation
des pouvoirs - principe essentiel de la démocratie libérale est
discutée et la voie dégagée pour le pouvoir personnel et
le despotisme dans de nombreux pays africains.
2. La déchéance du contrôle de la
constitutionnalité
Chacun sait que le développement de la justice
constitutionnelle réhabilite le droit constitutionnel en lui restituant
sa vraie dignité, sa vocation première.46(*) Or, dans de nombreux pays
africains, on observe une faiblesse qualitative et quantitative de la
jurisprudence constitutionnelle.
Le droit y éprouve de réelles difficultés
pour saisir la politique et pour garantir les libertés fondamentales en
dépit de leur proclamation en abondance par les constitutions.
Cette faiblesse de la jurisprudence constitutionnelle est
d'abord due au fait que les pays en cause ont délibérément
choisi de confiner la justice constitutionnelle dans un champ de
compétence restreint (contrôle de constitutionnalité des
lois, contentieux électoral).
Ensuite, les juridictions constitutionnelles elles-mêmes
ont une conception minimaliste de leurs prérogatives et manquent de
hardiesse dans leur interprétation du droit. A titre d'exemple, le
Conseil constitutionnel Sénégalais rappelle
systématiquement qu'il est « une juridiction d'attribution dont la
compétence est strictement limitée par les textes [...] et qu'il
ne saurait se prononcer que sur des cas expressément prévus par
ces textes ».
Enfin, le caractère restreint du régime de leur
saisine est une cause de la faiblesse quantitative de leurs décisions.
Au Sénégal, le Conseil constitutionnel n'en a rendu qu'une
centaine en quinze ans d'existence.
Cette observation vaut également pour le Burkina Faso,
le Cameroun, le Togo, la Guinée... Cette faiblesse de la jurisprudence
constitutionnelle en Afrique est à la mesure de la modestie de la
mission confiée par les régimes politiques aux juridictions
constitutionnelles.
Elle révèle en même temps un
déficit de culture démocratique des dirigeants africains à
un moment où l'accent est mis, à l'échelle universelle,
sur la valorisation du rôle et de la responsabilité du juge dans
les démocraties contemporaines.
3. Élections imparfaites
Ce qui se trouve être notre préoccupation
à travers ces lignes, c'est de chercher à scruter, l'horizon de
sens et de non sens, de la marche du processus démocratique à
travers les élections.
En effet, pour moins que l'on prenne la mesure des
événements tragiques, des tensions sociopolitiques et des
dérives électorales que connaissent ces dernières
années, ces dernières mois ou ces derniers jours, des pays
africains tels que la Mauritanie, le Togo, le Zimbabwe, le Kenya, la
Guinée Bissau, le Gabon, la Tanzanie, le Sénégal, le
Madagascar, le Tchad, le Burundi, l'Ouganda, la Somalie, le Niger, l'Egypte, la
côte d'Ivoire, le Burkina, l'Algérie, la Tunisie, la
République démocratique du Congo, ... l'on est en droit de
s'interroger, tant et si bien qu'une foule de questionnements taraude la
conscience : pourquoi tant de violences pré-électorales et
postélectorales ? Les élections dans nos pays
deviennent-elles contre démocratiques ?
S'il est évident qu'il est trop difficile de fournir
des réponses précises à chacune des ces questions, mais
nous savons que la majorité des dirigeants africains se trompent
délibérément de démocratie en pratiquant la
restauration autoritaire.
Du reste, ce déplorable état de choses
bénéficie de la complicité (active ou passive) de la
communauté internationale en raison de divers intérêts en
jeu (intérêts économique, géopolitique,
géostratégique, dividende lié au financement
électoral, etc.47(*)).
La période des élections est l'un des temps
forts de la vie politique d'un pays. L'élection exprime le pluralisme
politique, fonde la démocratie représentative et légitime
le pouvoir.
Elle est devenue, nous l'avons noté, « un rite
démocratique ». Mais on peut s'interroger sur sa pertinence
lorsqu'elle sert uniquement à légitimer des pouvoirs, à
renforcer des pouvoirs autoritaires par le détournement du suffrage
universel par des clans et des intérêts privés.
L'élection présidentielle, notamment, devient
dans ce cas une simple formalité administrative, un simple verni
démocratique dont certains n'hésitent plus à demander la
suppression.48(*)
Cet appel à l'élimination totale de ce mode de
désignation des chefs de l'État peut paraître excessif,
mais il est en vérité l'expression de l'indignation causée
par la dévalorisation de l'acte électif, la perte de son pouvoir
de contrôle et de sanction en démocratie. Son organisation par les
pouvoirs en place ne cesse de susciter de vives contestations, conduisant
parfois les oppositions à les rejeter et refuser d'y participer.
Au Sénégal, l'opposition dite significative
regroupée au sein du Front « Siggil Sénégal » a
décidé de boycotter les élections législatives du 3
juin 2007 au motif que le fichier électoral n'était pas fiable.
Il faut reconnaître par ailleurs que le pouvoir en place a
unilatéralement modifié à plusieurs reprises les
règles du jeu électoral, remettant ainsi en cause le consensus
réalisé sur cette question en 1992. Pareilles contestations ont
émaillé d'autres scrutins un peu partout en Afrique, notamment en
Centrafrique en 1998, au Burkina Faso en 2000, au Togo en 2005, au Gabon en
2001, au Cameroun en 1997 et en Côte d'Ivoire en 1995, au Zimbabwe en
2005 et 2008.
Au Kenya, une grave crise sociopolitique est née de
l'élection présidentielle du 27 décembre 2007. En effet,
la sincérité des résultats de l'élection,
consacrant la victoire de MwaiKibaki, a été contestée
à bon droit par l'opposition et il en est résulté une
crise politique particulièrement meurtrière.
Cette situation est d'autant plus regrettable que ce pays
avait réussi une alternance démocratique remarquable en 2002.
L'opposition regroupée dans la coalition nationale Arc-en-ciel
derrière son leader MwaiKibaki avait alors remporté les
élections présidentielles et législatives contre le
président sortant Daniel Arap Moi.
Tout le monde s'accorde à dire que les autorités
kenyanes pouvaient épargner les centaines de vies humaines perdues, si
elles avaient respecté le suffrage populaire issu des urnes. Plus grave,
les violences ont pris une tournure ethnique. Elles ont en définitive
opposé les Kikuyus, ethnie du président Kibaki, aux Louos, celle
de son rival RaylaOndinga. On a parlé de « nettoyage ethnique
» et les deux camps se sont mutuellement accusés de
génocide.
La rétention des résultats du scrutin
présidentiel obéit à la même logique de
perpétuation du pouvoir et constitue une forme d'entrave à la
libre expression du suffrage populaire et à l'alternance. Ainsi, au
Zimbabwe, plus d'un mois après le scrutin présidentiel du 29 mars
2008, le régime du président Robert Mugabe a usé du
subterfuge du recomptage des voix pour tenter d'inverser les résultats
de l'élection, avant de publier finalement des résultats
manifestement préfabriqués.
Ces manoeuvres lui permirent de se maintenir pour le second
tour contre l'opposant Morgan Tsvangirai dont le parti avait déjà
remporté les élections législatives avec une confortable
majorité. Mais ce dernier, qui était pourtant arrivé
largement en tête à l'issue du premier tour selon les
résultats officiels, fut contraint de se retirer de la course pour
mettre un terme aux intimidations, actes de violence et arrestations
arbitraires perpétrés contre ses partisans par l'armée et
la police zimbabwéenne dans l'entre-deux-tours.
Ce retrait a permis à Robert Mugabe, unique candidat au
second tour, d'obtenir 85 % des voix à l'issue d'un scrutin
marqué par un très fort taux d'abstention. Cette élection
entachée de multiples irrégularités est qualifiée
par la plupart des d'observateurs de simulacre de démocratie.
Tirant la leçon de
l'expérience du passé, le
Zimbabwe a adopté en 2013,
une tradition électorale respectée, celle d'éviter de
faire
régner la terreur dans les bureaux de vote. En résumé, que
tout s'est passé sans débordements spectaculaires jusqu'au
premier tour de la présidentielle. Ce comportement est encourageant, et
nous invitons les dirigeants africains à respecter les résultants
des urnes.
Dans le même ordre d'idée, des élections
présidentielles, parlementaires, et de gouverneurs ont eu lieu au
Nigéria du 09 au 26 avril 2011, dans un climat de paix. Malheureusement,
la Commission électorale nationale indépendante, organe
chargé de superviser les élections pour la fonction publique dans
le pays, n'a communiqué aucune information relative au nombre de femmes
inscrites pour être votées.
Le nombre réduit de femmes élues à des
fonctions publiques lors des élections qui ont récemment eu lieu
au Nigéria montre la lenteur de l'évolution, voire la
régression des systèmes législatif, politique et social de
ce pays.
Au cours de la dernière législature, 7,3%
seulement des représentants des chambres haute et basse du
Nigéria étaient des femmes. Toute fois, il existe de nombreux
obstacles qui entravent la participation politique des femmes au
Nigéria. D'après Ajao, ceux-ci sont principalement liés
aux idées religieuses fausses et aux mentalités rigides quant au
rôle des femmes, au manque de ressources des candidates pour faire
campagne et à la violence politique exercée contre la pleine
participation des femmes aux processus électoraux. L'échec du
gouvernement à s'approprier et mettre en oeuvre les conventions
internationales promouvant une participation égale des femmes aux
processus de gouvernance constitue une autre barrière.
De plus, le Cameroun a organisé en 2012 un scrutin
présidentiel libre, équitable et crédible. Le scrutin,
organisé par l'organisme ELECAM, est, pour la première fois,
ouvert au camerounais vivant à l'étranger, sous réserve
qu'ils ne disposent pas d'une double nationalité.
Ailleurs, la révolution qu'a connue la Tunisie en
janvier 2011 a introduit des perspectives radicalement différentes. La
révolution tunisienne a combiné de façon inédite
revendications sociales et revendications politiques dans un mouvement
d'accélération sans précédent. Après le mot
d'ordre « Dégage ! » et la chute du régime, s'ouvre le
moment politique.
Il ne s'agit pas seulement de l'avènement formel de la
démocratie. Plusieurs chantiers sont ouverts : les médias, la
police, la justice, toutes les instances de gestion du pouvoir doivent
être réorganisées. Mais cela se fait lentement. L'unique
acquis est l'organisation des premières élections libres. Nos
amis de Tunisie « assure que les revendications sociales ont baissé
» dans leur pays.
En Egypte par contre, l'armée a démis Mohammed
Morsi de la présidence et lui interdit de sortir du pays.
Systématiquement diabolisé depuis les tous premiers jours de son
arrivée au pouvoir après des élections transparentes,
Mohammed Morsi a fini par être éjecté après que
"l'opposition", pourtant battue aux élections en 2012, ait réussi
à faire descendre des millions d'Egyptiens dans les rues.
Morsi est accusé (de façon ridicule mais
très efficacement puisque les accusations seront médiatiquement
relayées et largement amplifiées) tour-à-tour de n'avoir
pu régler, après un an d'exercice du pouvoir, les
problèmes des égyptiens, de s'accaparer de tous les pouvoirs et
d'avoir fait pire sur le plan des libertés que Moubarak et tous les
régimes précédents.
Deux questions se posent cependant :
Ces erreurs sont elles suffisantes pour que sa
légitimité soit remise en cause ?
Existe t-il une "limite" aux erreurs qu'un président peut
faire au delà desquelles sa légitimité peut être
remise en cause ?
Je ne pense pas que l'on puisse répondre qu'il n'y a
pas de limite. Il existe dans certains états des procédures de
destitution "Constitutionnelle" comme c'est le cas aux USA (Clinton a failli y
goûter et Nixon a démissionné pour l'éviter).
En l'absence d'une telle procédure, il aurait
été très élégant de la part de Morsi de
démissionner, afin d'éviter à l'Égypte le bain de
sang actuel, en raison de ses nombreuses erreurs qu'il reconnaît lui
même et l'ampleur de la contestation à son encontre. Mais, mettre
à bas les règles constitutionnelles, quelles que soient les
raisons avancées, est toujours périlleux. Comme l'expliquait un
professeur de droit allemand à ses étudiants dans les
années 193049(*).
Enfin, nous pensons que l'acte électif n'a de sens, au
fond, que s'il permet l'alternance démocratique50(*), c'est-à-dire s'il
réunit les conditions d'un changement de régime sans effusion de
sang, l'alternance étant un puissant indicateur de l'enracinement d'une
expérience démocratique. Or, les manipulations
électorales, intimidations et recours à la force qui
émaillent bien des élections en Afrique sont les signes du refus
d'accepter les règles du jeu démocratique, souvent à
l'origine de troubles postélectoraux.
Les pays africains ont certes accompli des progrès
significatifs sur la voie de la démocratisation. Mais
l'expérience est encore jeune et fragile, donc réversible. Les
résistances rencontrées démontrent que les perspectives
prometteuses que l'ouverture démocratique au début des
années 1990 avait laissé entrevoir semblent être dans une
impasse préoccupante.
Mais cette mauvaise passe ne doit pas incliner à
l'afro-pessimisme car la démocratie est une quête permanente. Il
reste que, pour qu'elle puisse se hisser de son état embryonnaire
à un niveau plus achevé, elle doit s'appuyer sur une
véritable culture démocratique qui lui fait encore défaut.
Les dirigeants en place n'y ont souvent adhéré que du bout des
lèvres51(*),
contraints et forcés par des contingences internationales et nationales.
Les individus ne sont pas encore suffisamment éduqués et
informés pour devenir des citoyens avisés et actifs. Dans la
plupart des pays africains, la route est encore longue pour accéder
à une démocratie de forte intensité.
4. Persistance des conflits armés et des coups
d'État
Profitant du contexte international favorable ou contraire
à elle, l'Organisation de l'unité africaine (OUA) avait
décrété les coups d'État hors la loi et
sonné l'alerte contre des régimes prétoriens. Mais
l'avènement de dirigeants élus démocratiquement n'a rien
changé aux politiques de prédation, de clientélisme et de
corruption, alors que les populations attendaient une répartition plus
équitable des richesses nationales.
Dans plusieurs pays, les gouvernements se sont
révélés incapables de satisfaire les demandes des
populations. L'euphorie a alors cédé la place à la
désillusion et à la frustration. C'est dans ce contexte social
que les coups d'État militaires firent de nouveau irruption un peu
partout sur le continent africain52(*).
La démocratie postule normalement l'abandon de tout
recours à la force au profit du dialogue dans les compétitions
politiques, le renouvellement des élites dirigeantes et la
résolution des problèmes sociaux. Les conflits armés et
les coups d'État sont donc incompatibles avec la démocratie. Au
début des années 1990, l'entrée de l'Afrique dans le train
de la démocratie sous l'influence de la convergence
d'événements nationaux et internationaux avait laissé
entrevoir l'espoir d'un bannissement de la violence dans les relations
sociales. Mais cet espoir a été de courte durée. Les coups
d'État ont repris de plus belle et les conflits armés perdurent
bien que le vent de la démocratie continue de souffler en Afrique.
Cependant, la plupart des conflits armés qui ont
affecté le continent africain pendant les premières années
d'indépendance étaient des conflits de souverainetés, des
conflits interétatiques. Ces affrontements se sont intensifiés
et, surtout, ont changé de nature.
Ce sont désormais des conflits intra étatiques,
ou guerres civiles, engendrés par la gouvernance des États qui
frappent l'Afrique. La récurrence de ces affrontements armés ne
remet pas seulement en cause la démocratie naissante, mais elle sape
aussi les fondements de l'État africain et de l'unité
nationale.
Le conflit ivoirien est symbolique à cet égard,
puisqu'il a éclaté au moment précis de l'élection
présidentielle, à l'occasion d'un banal contrôle
d'identité. De même, les guerres civiles en république du
Congo confirment la fragilité de l'expérience démocratique
en cours, celle-ci n'étant pas encore parvenue à extirper la
violence du champ des compétitions politiques et de la résolution
des problèmes sociaux. Les conflits de Sierra Leone, du Liberia et de la
Guinée-Bissau ont également éclaté pendant le
processus de démocratisation de ces pays.
Les guerres civiles font encore des ravages en RDC, en Somalie
et au Darfour malgré plusieurs tentatives de faire revenir la paix. Les
hostilités ont au demeurant repris avec une violence inouïe en RDC
en 2007, alors que Joseph Kabila venait juste d'être élu au terme
d'un scrutin jugé libre et sincère par tous les observateurs.
Dans les pays affectés par la phase de révolte armée, la
guerre civile pervertit les institutions de l'État.
Les forces armées et de sécurité,
l'appareil judiciaire et les organes de régulation qui permettent un
fonctionnement républicain de l'État sont
dépouillés de leur rôle d'intégration nationale,
pour n'être plus que des outils au service de factions ou de groupes
à base ethnique ou régionale. Dans ces conditions le
système démocratique se trouve piégé
durablement.
SECTION II : LA
DEMOCRATIE OCCIDENTALE A L'EPREUVE DES REALITES AFRICAINES
En effet, face aux carences constatées dans le
fonctionnement des institutions politiques héritées de la
colonisation sur le continent africain et dans notre propre pays, nous
interpellent et nous invitent à apporter les matériaux
nécessaires pour la construction d'une véritable
démocratie africaine moderne susceptible d'assurer la paix et le
progrès de nos sociétés.53(*) Au moment où notre peuple, après une
longue période de transition, de guerre de libération et de
guerre d'agression qui se poursuit encore malgré les élections
organisées aspire encore et toujours à la vraie démocratie
susceptible d'engendrer la paix véritable, nous avons cru utile de
tourner notre regard vers la tradition démocratique africaine. Peut
être y trouverons-nous des enseignements utiles qui puissent nous aider
à bâtir une démocratie enracinée dans notre culture
et à garantir une paix durable.
Notre modeste contribution dans cette section, consistera
à dégager les caractéristiques essentielles du
fonctionnement de la démocratie dans les sociétés
traditionnelles africaines et à proposer, dans le cadre de nouvelles
institutions politiques (modernes) quelques pistes en relation avec le
processus de démocratisation en RDC.
§1. LA DEMOCRATIE DANS LA
TRADITION AFRICAINE
Lorsqu'on aborde la question de la démocratie en
relation avec la tradition africaine, il convient d'éviter toute
confusion entre ces deux concepts et les régimes politiques africains
post coloniaux. Ceux-ci ne reflètent ni la tradition africaine, ni la
démocratie tout court. Ils sont et demeurent de simples
stratégies de confiscation de la souveraineté populaire, à
l'exception de quelques cas rares et récents.
En effet, les régimes politiques post coloniaux,
à partis uniques, ont littéralement vidé la tradition
démocratique africaine de sa substance.Il importe donc de
réhabiliter les valeurs traditionnelles de démocratie si nous
voulons bâtir des régimes politiques vraiment démocratiques
et vraiment africains.
Car, depuis les indépendances jusqu'à nos jours,
note Yves-Emmanuel Dogbe, le pouvoir personnel et la dictature ont
été de gros obstacles à la relance du développement
de l'Afrique.
Comme l'esclavage et comme la colonisation, l'autocratie en
Afrique et, partout ailleurs a pour fondement l'intérêt.
L'intérêt d'une personne et l'intérêt d'une
minorité au détriment de celui de l'ensemble de la
communauté « Dogbe, 1983» mais que signifie la
tradition dans le contexte africain ?
1. LA TRADITION
Le philosophe camerounais Fabien EboussiBoulaga en
déduit cette définition de la tradition : « Un
être-ensemble et un avoir-en-commun qui appellent à une
destinée commune par un agir-ensemble ».
D'après I.A. Akinjogben, la tradition ne
présente rien d'autre que les modalités d'interaction sociale
admises par une communauté donnée à un moment donné
en fonction de sa conception du monde et de ses expériences
historiques ; modalités qui lui fournissent un grand nombre de
possibilités, parmi lesquelles le système de valeurs choisi,
jugé particulièrement utile.
Il s'en suit que la tradition n'est pas statique.54(*) La tradition incarne le
patrimoine culturel de l'Afrique : les langues, les religions, les
systèmes de pensée, les littératures, les institutions
sociales et politiques.
L'étude des régimes politiques africains
révèle que la tradition politique en Afrique n'était pas
homogène, qu'elle était riche et variée. Elle montre,
certes, qu'il y a eu en Afrique noire d'hier, comme ailleurs au monde, des
régimes tyranniques ou despotiques.
On ne peut pas opposer la démocratie occidentale
à la démocratie africaine. Chacune à ses
réalités :
La démocratie africaine, les idéologies
politiques africaines ont, en commun leur conception du pouvoir : (le
pouvoir ne se partage pas), le chef qui incarne toutes les figures collectives
aurait conformément à la tradition dite africaine droit aux
honneurs, au culte de la personnalité, jamais, il ne serait
contesté ; bref, le pluralisme ou le partage du pouvoir serait
selon les propos termes de L.S. Senghor « un
monstre ».
Les présidents autoritaires ont pu se réclamer
d'un proverbe vraisemblablement apocryphe, selon lequel « il ne peut y
avoir deux crocodiles mâles dans un même marigot », pour
affirmer leur suprématie personnelle au sein de régimes de parti
unique.
Certains d'entre eux - Tombalbaye au Tchad, Eyadema au Togo,
Mobutu au Zaïre - ont même nourri des projets totalitaires en
s'efforçant de constituer une société « holiste
» à partir de sociétés éminemment «
individualistes » - quoi qu'on en dise - au nom du retour à
l'« authenticité », et en imposant des rituels
néo-traditionnels.55(*)
Alors que, la démocratie occidentale réside dans
la prise en compte de plusieurs éléments, à savoir :
l'application de l'état de droit, la bonne gouvernance et le respect des
droits fondamentaux de l'homme. Le pouvoir n'a pas d'autres
légitimités, en démocratie, que l'expression du peuple
souverain par la voie des urnes et l'alternance du pouvoir.
Toutefois, l'étude ces mêmes régimes
africains révèle aussi qu'il y a eu dans cette même Afrique
des régimes démocratiques ou des pratiques démocratiques
remarquables. Parmi ces pratiques, il ya lieu pour paraphraser A.S. Adane, la
prise d'une décision importante par la pratique de la palabre avant
d'entreprendre une action intéressant tout le peuple.
La palabre africaine consiste en des débats
contradictoires et libres où chaque personne avait droit à la
parole pour exprimer sans contrainte sa pensée, son opinion, ses
arguments. Ces palabres mettent en évidence l'existence de l'esprit
critique; montrent ainsi qu'il n'y avait pas de déterminisme social et
absolu.
Pour tout dire, les régimes autocratiques africains
postcoloniaux n'ont pas cherché à puiser dans la riche tradition
africaine les valeurs positives et démocratiques susceptibles d'imprimer
un véritable élan à nos sociétés. De ce
fait, ces valeurs n'ont pas été intégrées dans le
fonctionnement des structures de nos Etats modernes. Par contre, à leur
place, ils ont préféré substituer des antivaleurs.
Certes, les dirigeants africains ont parfois eu recours aux
chefs traditionnels qui sont considérés comme nos
véritables banques de données pour nos valeurs traditionnelles et
démocratiques, mais ce n'est pas pour y puiser la sagesse, c'est tout
simplement pour légitimer leur pouvoir dictatorial.
D'autres hommes politiques par contre, ont eu recours à
la tradition pour mettre en oeuvre des processus de démantèlement
des pouvoirs autoritaires et de passage à la démocratie, par
exemple en organisant des conférences nationales en 1990 sur le mode de
la « palabre » et en utilisant à leur tour des rites
néo traditionnels de « purification » pour promouvoir la
« réconciliation ».
De ce qui précède, quelles sont les valeurs
démocratiques que nos traditions ont jalousement conservés et
constamment adoptées et réajustées ? Elles ne sont
pas très différentes des valeurs qu'on raconte dans une
démocratie digne de ce nom.
En effet, nous pouvons relever :
1. Le droit à la vie : à l'exception des
criminels et bandits, les chefs traditionnels africains avaient un respect
sacré de la vie des membres de leurs communautés
respectives ;
2. Le droit au travail : chacun devrait travailler pour
apporter sa contribution. C'est ainsi d'ailleurs que les enfants étaient
intégrés très tôt (5 à 6ans) dans le circuit
de la création et de la production. Le phénomène de
parasitisme social observé dans nos villes est quasi inexistant dans nos
villages.
3. Le droit à fonder une famille : nous ne nous
étendrons pas sur ce point ; car comme on le sait, un
célibataire n'a pas de statut envieux dans nos communautés
traditionnelles. L'africain aime la vie et il la reproduit ! et par
conséquent, il honore celui ou celle qui la transmet.
4. Le droit de participation à la vie
économique, culturelle et politique de la communauté : ce
droit plus que les autres permet à l'africain de se sentir un membre
à part entière d'une communauté, d'un corps social. Il
jouit de ce droit de plusieurs façons en exécutant des pas de
danse, en prenant parole démocratiquement au cours des palabres qui
décident de l'avenir et du bien être de la
communauté ;
5. Le droit de penser et d'avoir une opinion personnelle
(même différente de celle des autres) et de l'exprimer
librement : le consensus social n'a jamais été un unanimisme
irréfléchi, c'est toujours l'aboutissement, la conclusion heureux
d'un débat souvent très animé autour de l'arbre à
palabre. La palabre est un élément très important de la
démocratie africaine. Ceux qui la tournent en dérision se
trompent. En effet, ne voit-on pas dans les parlements européens et nord
américains des discussions qui durent des nuits et des journées
entières lorsqu'il s'agit des problèmes vitaux pour leurs
sociétés ? avec cette différence, qu'autour de
l'arbre à palabre africain, on ne s'insulte pas, on ne se montre pas de
poings et on ne se tient pas au collet de la veste ou de la chemise, comme cela
arrive souvent dans les parlements européens et nord
américains ;
6. Le droit d'entreprendre, d'inventer. L'africain dans sa
communauté a toujours été libre d'entreprendre. Ceci
explique la richesse de notre artisanat, de notre littérature orale, de
nos créations matérielles et spirituelles ;
7. Le droit de circuler librement sur le territoire de la
communauté et sur les territoires des communautés voisines sans
qu'on soit inquiété de la présence d'un agent de l'ordre
inquisiteur ou rançonneur !
Ces valeurs et droits n'ont jamais été mis en
question, ils étaient des pratiques tout à fait normales ;
car l'esprit de la démocratie s'est toujours imposé sans
ambiguïté dans nos sociétés traditionnelles. Il en
est de même du pouvoir politique ; il est partagé et
exercé par l'ensemble des membres de la communauté car la survie
du groupe en dépend.56(*)
2. UNE DEMOCRATIE APPROPRIEE A L'AFRIQUE
En même temps que disparait la démocratie
populaire imaginée par le régime communiste, et qu'une ferme
convergence des esprits semble s'organiser autour d'une conception unique,
libérale, occidentale, de la démocratie, des voix
s'élèvent néanmoins pour contester l'universalité
de la démocratie dans ses modes d'effectuation comme dans son rythme
d'avènement dans les sociétés politiques.
Des contre positions au discours de la
« Baule » discours de la conditionnalité de l'aide
à l'ardeur de la réalisation démocratique à
l'occidentale soulignent l'esprit foncièrement antidémocratique
qui habite le peuple occidental pourtant imposeur de démocratie.
Les contre positions intellectuelles qui ont le plus de chance
de se faire écouter ou de s'imposer sont évidemment celles des
personnes qui détiennent l'effectivité du pouvoir.
Les événements sociaux prennent en effet la
couleur et la direction de la pensée de ceux qui détiennent le
pouvoir économique et politique. Ainsi, les analyses prospectives des
sociétés ont-elles l'obligation de prendre en compte et au
sérieux la pensée des puissants leur raison étant toujours
la meilleure.
En RDC, comme ailleurs, le débat est relativement
intense, autour de la nature, de la qualité et de la force de la
démocratie dans une Afrique spécifique. La thèse ou la
contre position contenue dans « Afrique démocratie
piégée » figure parmi les plus tranchées et les
plus audacieuses.
Il est important de connaitre cette pensée politique
non seulement parce qu'elle recherche activement des lieux d'expansions et
d'effectuation concrète, mais aussi parce qu'elle s'inscrit,
manifestement, dans la ligne des désirs intransigeants, et
légitimes, qui clament la nécessité de la colonisation
réelle de l'Afrique vis-à-vis de l'occident et de ses vicaires
indigènes, qui rêvent d'une possibilité africaine de
construction de la démocratie dans le monde moderne.
On souligne, en effet, que l'Afrique moderne vit actuellement
la deuxième phase de son rêve de liberté, et de sa
volonté d'exister. Comme le
mot « indépendance » dans les années
1950 et 1960 du vingtième siècle, et celui de
« développement » dans les trois premières
décennies post coloniales, le
mot « démocratie» exprime aujourd'hui, un puissant
désir de libération des masses africaines vis-à-vis de
l'oppression politique.57(*)
L'Afrique lutte pour sa seconde libération, note la
fondation Dag Hammarskjöd, vis-à-vis de l'occident remplacé
et efficacement secondé, depuis les indépendances, par ses commis
indigènes, dirigeants politiques cyniques et dépourvus de
nationalisme, enchainés et manipulés par lui, selon l'ordre et
l'inflexion de ses intérêts économiques.
Mais l'euphorie des désirs de démocratie comme
voie d'avènement du développement, c'est-à-dire
d'accès des nations à de meilleurs conditions de vie, peut
terriblement décevoir, comme naguère l'effervescence des
indépendances.C'est ainsi qu'il s'avère nécessaire et
urgent, pour les intellectuels, de penser les conditions, exigences et voies
d'avènement d'une démocratie véritable et
appropriée à l'Afrique.
Dans cette tâche politique que doit assumer activement,
d'une manière ou d'une autre, tout intellectuel responsable, Ngbanda
retient et valorise, parmi les exigences de la construction démocratique
en Afrique, celle de ne point oublier l'autre front du combat : celui
apparemment désuet mais fondamental, et encore actuel, de la lutte
à mener contre l'universalisme occidentaliste.
Tandis que la plupart des regards sont tournés vers la
démocratie libérale, nous pensons que s'il y a
sincérité et sans arrière pensée, la condition
fondamentale de la réalisation démocratique en Afrique, à
savoir, la nécessité d'interrogation critique de la source qui
l'initie, l'inspire, la module et lui donne la couleur de ses choix et
intérêts.
De ce fait, cette pensée redit, sur des bifurcations et
passions nouvelles, la vieille question de la possibilité et de la
nécessité d'une authenticité africaine en matière
de gestion du pouvoir et de démocratie politique.58(*)
Il semble de plus en plus admis pour les africains que
l'acquisition et l'intériorisation des valeurs et des normes qui fondent
le fonctionnement de la démocratie exigent un long processus
continuellement enrichi par diverses expériences afin de parvenir
à la construction d'un état de droit véritablement
démocratique.59(*)
§2. La conception moderne
de la démocratie en Afrique
Il est important de souligner ici que les petits-fils des
Gaulois ne sont pas les seuls à définir la démocratie, il
y a sur le continent africain des esprits brillants, dignes fils d'Afrique, qui
ont défini ce concept de façon objective, à partir du type
de démocratie exercée en Afrique dans les sociétés
traditionnelles.
Ils ont ainsi rencontré les peuples africains sur leur
propre terrain, dans leur âme et dans leur culture. Dans ce lot, il faut
citer notamment Joseph Ki-Zerbo, Ahmed Ben Salah, Daniel KadjaMianno,
Alpha-Abdoulaye Diallo.
Ces scientifiques libres d'esprit, ont fait honneur à
l'Afrique et à la science africaine par leurs travaux scientifiques
où ils ont défini avec grande pertinence la démocratie au
visage africain.
Tous sont unanimes à reconnaître que la
démocratie en Afrique est un projet et un grand projet de
société, contrairement aux orateurs de la RDC, qui
considèrent la démocratie comme un acquis aux contours
irréversibles, d'où leur précipitation à la
consommer à chaud à l'aide d'un juridisme à
caractère universel.
Le manque de conscience que la démocratie en Afrique
est encore un projet, est à la base du drame Congolais. Comme on peut le
constater, la démocratie prêchée en RDC et qui a pour
fondement : la répartition équitable et
équilibrée du pouvoir entre politiciens, n'a aucun rapport avec
la démocratie incarnée par la charte africaine de la
participation, qui est une nette négation du système
démocratique Congolais et voici comment :
La démocratie prônée par la charte
africaine et,
|
La démocratie pratiquée en
RDC
|
1 Un objectif à atteindre
|
1 Un acquis à gérer
|
2 un phénomène socio-économique et
culturel
|
2 un phénomène politico-juridique
|
3 Une oeuvre de participation populaire
|
3 une affaire de politiciens
|
4 du type original
|
4 du type classique ou d'inspiration occidentale
|
5 implique la responsabilité du peuple
|
5 implique la responsabilité d'une oligarchie
|
6 souligne la nécessité de rendre des comptes au
peuple
|
6 l'oligarchie responsable ne doit rien au peuple
|
7 implique la justice sociale et économique
|
7 instaure la loi de la jungle
|
8 respecte les droits de l'homme et les droits syndicaux
|
8 viole constamment tous les droits
|
9 suppose un bon délai de préparation du peuple
à l'exercice de la démocratie
|
9 ne trouve aucune nécessité de préparer
le peuple à la démocratie.
|
En examinant ce tableau, on se rend compte que le slogan
démocratie « pouvoir par le peuple et pour le
peuple » diffusé à grand flot en RDC par les
politiciens n'est qu'un trompe-l'oeil. Le changement dont on parle tant au
Congo, devait être la conversion de son schéma démocratique
à la lumière de celui prôné par la charte Africaine
de participation, et non un mot de passe propre à un groupe politique
donné.60(*)
Conclusion de la
première partie
La question démocratique en Afrique a donné lieu
à toute une série de commentaires et d'interprétations
culturalistes qui fleurent une certaine condescendance, voire un racisme
certain. Le sous continent ne serait pas « mûr » pour la
démocratie, selon les pétitions de principe que bon nombre
d'hommes politiques français ont réitérées tant
qu'ils le pouvaient. Et maintenant qu'ils ne le peuvent plus
complètement, ils ne la verraient s'instaurer ou se consolider qu'au
terme d'un « long processus », à l'image de ce qui s'est
produit en Europe même. Seraient en cause non plus de la «
mentalité primitive », mais de la tradition, le tribalisme, la
pauvreté et le legs colonial.
En raison de cette mutation qualitative, toute assimilation de
la question démocratique contemporaine à la problématique
des sociétés africaines anciennes relève de la
naïveté ou de la manipulation idéologique. Le champ du
pouvoir, sa dimension démographique, ses enjeux ne sont pas les
mêmes et impliquent des régulations autres. Plus fondamentalement,
les Africains ne sont pas enfermés dans un
tête-à-tête avec leur passé. Pour la politique comme
pour la musique ou la religion, ils procèdent par hybridation entre des
répertoires culturels autochtones et des répertoires
importés de l'Occident. Dans ce même ordre d'idée, la vraie
démocratie en Afrique c'est celle qui va concilier la démocratie
occidentale aux réalités africaines.
Le processus a été accompagné des coups
de fusil de 1990 aux élections de 2006. Il s'agit d'une période
pleine de violence politique qui met, de prime à bord, le processus dans
une zone d'incertitudes. Pour conserver le pouvoir, malgré la vague
démocratique, il ya eu recourt à la violence. Pour arracher un
espace de liberté, il fallait recourir à la violence. La guerre a
même été utilisée comme prétexte pour
instaurer un cadre démocratique. La campagne électorale et la
publication des résultats des élections ont été
marquées de violence. Tout semble indiquer que la violence est la
culture politique congolaise.
Comme système politique, la démocratie en RDC,
devrait en principe apporter un développement intégral à
l'instar des pays de vieilles démocraties ; malheureusement, depuis
le déclenchement de ce processus dans ledit pays, tout semble tourner en
rond, bien que dans l'entretemps, les mutations politiques, économiques
et sociales en cours dans le continent noir depuis la fin des années
1980, et en particulier en RDC depuis les années 1990, sont
révélatrices de la volonté de l'Afrique et plus
particulièrement du Congo-Kinshasa, d'adhérer au standard
quasi-universel de l'état de droit, de démocratie et de bonne
gouvernance.
DEUXIEME PARTIE :
LES MECANISMES DE
RENFORCEMENT DU PROCESSUS DEMOCRATIQUE EN REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO
La construction de la démocratie ne s'improvise pas.
Elle ne s'instaure et ne se perpétue pas par miracle. Si son ferment est
une bonne organisation économique et sociale, elle assure sa force et sa
stabilité en se référant à un ensemble des
aspirations constitutionnelles et juridiques, toutes inspirées par un
objectif fondamental : le respect des droits de l'homme ce qui implique
l'état de droit61(*).
Si la démocratie est recherchée par
elle-même, il est cependant important de noter que sa consolidation
nécessite une amélioration des conditions de vie de la
population. Cette condition ne peut être remplie que si les gouvernants
arrivent à améliorer les performances économiques de leur
pays ; ce qui à son tour exige la pratique de la bonne gouvernance.
C'est ainsi que nous traiterons dans cette deuxième
partie de notre travail de l'état de droit (condition de la
démocratie) chapitre I, et de la bonne gouvernance comme
thermomètre de la démocratie chapitre II.
CHAPITRE I : L'ETAT
DE DROIT : CONDITION DE LA DEMOCRATIE
La constitution du 18 février 2006 prévoie au
premier alinéa de son premier article que République
Démocratique du Congo est, dans ses frontières du 30 juin 1960,
un état de droit,62(*)... alors que dans sa situation politique actuelle, la
RDC, se trouve comme dans un état de nature.
Pour les théories qui s'intéressent aux
conditions de création d'un ordre social légitime, fondé
sur l'harmonie, la justice et la paix, l'état de nature se
présente comme un état pré-politique, irrationnel,
où règnent le désordre, la guerre, l'arbitraire, bref
l'insécurité.
En partant d'un présupposé philosophique clair,
à savoir que c'est la raison qui introduit l'ordre dans la
société et que le processus social doit commencer par un contrat,
un accord entre les hommes, le présent chapitre se propose de
réfléchir sur les conditions d'un contrat social durable en RDC,
en vue de passer de l'état pré politique, état de nature
à l'état de droit. Car, disons-le d'emblée, avec les
forces négatives par-ci par-là, l'occupation du territoire par
des armées étrangères ainsi que le manque de
cohésion nationale autour de l'essentiel parmi les fils et filles du
pays, il est inutile de penser à la construction d'un état de
droit véritablement démocratique63(*). Que doit-on entendre par un état de
droit ?
Section I : NOTION DE
L'ETAT DE DROIT
Lorsqu'on veut savoir ou connaître ce qu'il faut
réellement entendre par l'état de droit, on découvre que
le vocable revêt plusieurs significations.
La notion de l'état de droit apparait du coup
polysémique selon que pour certains, il indique un idéal à
atteindre et souvent inaccessible tandis que pour d'autres, il se
réfère à la moralité politique des gouvernants et
des gouvernés, soit une certaine culture politique quand ce n'est
l'allusion au contexte politique dominé par l'impérium
constitutionnel.
D'autres encore pensent que toute idée de
démocratie doit forcement s'accompagner de celle de l'état de
droit ou vice-versa par l'ensemble des citoyens, à commencer par les
gouvernants que la constitution du pays impose ses règles et ses
contraintes à tous sans exception aucune et que tous doivent s'y
soumettre.
De tous les Etats qui connaissent dans leurs droits
constitutionnels les principes de la séparation des pouvoirs et les
droits de l'homme comme principe directeur sont réputés
être des états de droit.
§1. HISTORIQUE ET
DEVELOPPEMENT DE LA NOTION
Il sied tout d'abord de remarquer que l'expression,
état de droit a été inventée dans les
années 1860 par deux auteurs allemands : Bähr et gneist pour
trouver une solution juridique au contrôle par le juge des actes
administratifs. Et dès le début, l'expression
« état de droit » se concentrait ainsi sur les
problèmes des droits fondamentaux des individus.
Au commencement, les juristes allemands entendaient par
état de droit, un Etat dans lequel le pouvoir exécutif est
réservé au roi, où la loi s'impose au respect tant du roi
que des juridictions et où ces dernières sont
indépendantes et soumises à la seule autorité de la
loi.
Comme on peut donc bien le constater, la notion de
l'état de droit, en droit constitutionnel allemand regroupe un certain
nombre de principes constitutionnels plus concrets. Il s'agit principalement du
principe de la séparation des pouvoirs, du principe de la
primauté et de la réserve de la loi, et enfin, du principe de la
protection juridictionnelle de droits fondamentaux.
On peut dire que dans le droit allemand, l'état de
droit n'est pas seulement un Etat tenu de respecter la dignité de la
personne humaine et les droits fondamentaux qui en découlent, mais
encore un Etat confiant aux juges le droit au dernier mot, bref, un Etat des
juges.64(*)
1. CONCEPTION ALLEMANDE DE L'ETAT DE DROIT
Signalons ici, qu'on attache d'autant plus d'importances
à l'affirmation de l'état de droit que les régimes
politiques de l'époque étaient faiblement démocratiques,
mais ils attachent aujourd'hui une grande importance dans la mesure où
l'avènement de la démocratie au XXe siècle n'apporta pas,
du moins dans un premier temps, plus de liberté. L'état de droit
devrait être au service de liberté ou garantir plus de
liberté.65(*)
2. Conceptions américaine, britannique et
française de l'état de droit
Le principe de la séparation des pouvoirs est dans le
droit allemand l'équivalent américain de « checks and
balance » c'est-à-dire (le pouvoir arrête le pouvoir).
En grande Bretagne, l'équivalent de l'état de
droit c'est « rule of law », aux Etats-Unis, la
constitution connaît le terme « due of law ».
En droit français la notion voisine ou synonyme de
l'état de droit serait celle de l'ordre républicain.
§2. L'EDIFICATION
PROGRESSIVE DE L'ÉTAT DE DROIT
Comme patrimoine communautaire, l'Etat ne peut en aucun cas
appartenir à une famille politique donnée,
représentée par les partis politiques. C'est un instrument que la
population a mis au point pour s'administrer, pour se gérer ; c'est
la raison pour laquelle aucune tendance politique ne peut en revendiquer la
propriété, car, par essence, l'Etat reste neutre. La
neutralité de l'Etat vis-à-vis du pouvoir politique et de la
société civile s'insère dans la logique de sa mission
d'intérêt général.
Dans leur ouvrage intitulé « solution
sociale » Henri de Lovinfosse et Gustave Thibon
écrivent : « nous avons pris l'habitude de vivre dans un
monde absurde que cette absurdité ne nous choque même plus.
La paresse, le conformisme alliés souvent à
notre intérêt personnel et immédiat, nous voilent le
désordre qui nous entoure. Et si, par éclair, nous entrevoyons la
gravité des problèmes, nous nous hâtons de les
déclarer insolubles afin d'échapper au dur effort qu'exigerait
leur solution ».
Cette situation s'applique à 100% pour le cas de la RDC
où la vie de tout un peuple est réglée par des mythes et
des principes erronés que la conférence nationale souveraine
(CNS) a appelé avec raison « antivaleurs » ayant
neutralisé le dynamisme créateur de tout un peuple66(*).
1. Le rôle des partis politiques dans un
état de droit
Qu'est-ce qu'on entend par partis politiques et que doit-on
entendre par état de droit ? Quelles en sont les
interactions ?
Sans verser dans des définitions savantes, retenons
qu'un parti politique est un groupement des citoyens et des citoyennes autour
d'une certaine idée de la société dans laquelle ils vivent
et pour des objectifs communs, censés d'intérêt majeur pour
eux, voire pour l'ensemble de la communauté nationale.
Les partis politiques se dissocient ainsi bien de groupes
divers qui participent à plusieurs niveaux à la vie politique de
la société. Ce sont les syndicats, les églises, les
associations, les organisations professionnelles, les clubs de
soutien.67(*)
Qu'en est-il de l'état de droit que, par ailleurs, nous
souhaitons tous ardemment pour notre pays ?
L'état de droit désigne une
société politique dont l'organisation et l'exercice du pouvoir
repose sur les fondements et la mise en oeuvre des principes et valeurs de la
démocratie, des droits de l'homme et des libertés fondamentales
pour tous. Il s'agit donc d'une adhésion aux valeurs, dans une
société organisée, c'est-à-dire régie par le
droit. Un état de droit est un Etat démocratique.
Or, au-delà d'une réflexion purement
institutionnelle et normative d'un pouvoir qui arrête le pouvoir, la
démocratie nous interpelle sur les forces qui la font vivre. Et, c'est
ici que nous retrouvons les forces publiques que sont les partis politiques,
aussi bien que les forces de la société civile.
L'interaction est établie : les partis politiques
sont censés relayer les aspirations du peuple, les formuler en termes
politiques et revendiquer leur satisfaction au niveau politique. Il est
tout à fait vrai que dans une société démocratique,
les partis politiques sont également les forces qui préviennent
les dérives du pouvoir et contribuent à ce que la
démocratie ne dégénère en ochlocratie.
Ainsi, dans une approche non orthodoxe, faut-il en convenir,
nous considérons, dans un premier temps, les partis politiques dans
leurs fonctions de messagers du peuple, dont ils portent et traduisent
politiquement les aspirations (A), dans un second temps, leur rôle dans
la prévention des dérives du pouvoir (B), et, enfin, dans un
troisième temps, leur rôle de prévenir que la
démocratie ne dégénère en ochlocratie(C).
A. Les partis politiques, rouages d'expression politique des
aspirations populaires
Dans une démocratie représentative, l'expression
politique des aspirations du peuple transite par des rouages bien
organisés. Outre la représentation nationale que sont les
honorables députés, l'autre rouage le plus important est
constitué par les partis politiques. Ceux-ci se distinguent soit par
leur appartenance au pouvoir, soit par leur appartenance à l'opposition
au pouvoir.
Dans tous les cas, comme nous l'avons souligné dans la
définition, les partis politiques ont des obligations qui pèsent
sur eux pour qu'ils puissent au mieux assumer leur rôle
institutionnel.
En particulier, ils se doivent de proposer à leurs
concitoyens un projet de société qui est le fruit d'une
réflexion fondée sur l'analyse des aspirations populaires et
coulée dans une idéologie ou vision du monde qu'ils proclament.
Au travers de cet exercice, les partis politiques jouent également un
rôle moteur d'information et de formation de la base. Et, ce n'est pas la
moindre de leurs fonctions.
Il est en effet, établi que défendre ses droits
c'est d'abord les connaitre. Au travers de leurs activités quotidiennes
dans ces domaines clés, les partis politiques se révèlent
être un puissant facteur de développement d'un pays. Dès
lors, il est permis de dire que les partis politiques, au-delà des cas
de dérives idéologiques totalement regrettables, sont une
école de démocratie.
Etroitement lié à toutes ces fonctions, les
partis politiques jouent le rôle de la mobilisation et de la
préparation de leurs citoyens à des échéances
politiques majeures, qui emportent toutes, à un niveau ou à un
autre, un choix de société.
Ainsi, les partis politiques sont d'une éminente
contribution à la préparation des élections, auxquelles
leurs Etats-majors respectifs présentent des candidats à des
fonctions politiques du pays, sur base de leurs programmes respectifs. Il en
est de même pour d'autres échéances politiques, comme les
consultations référendaires, où les vues exprimées
par les partis politiques, leurs mots d'ordre sont d'une importance
déterminante quant à l'issue de l'exercice.
Enfin, révélons que, tout comme les principes et
valeurs qui les sous-tendent, l'état de droit est un idéal
à atteindre et, en tant que tel, toujours en construction. Les partis
politiques en sont la cheville ouvrière et, avec les autres forces
sociales, concourent à la prévention des dérives du
pouvoir68(*).
B. Les partis politiques, organes de prévention des
dérives du pouvoir
Veiller à ce que le pouvoir ne verse dans des
dérives totalitaires, prévenir ces dérives ou simplement
proposer le changement des politiques arrivés au bout du regard par
l'usure du pouvoir ou autres considérations, c'est aussi le rôle
des partis politiques, qui contribuent ainsi à préserver
l'état de droit, garant d'un mieux-être social pour chacun et pour
tous.
Ce débat d'idées est un terrain
privilégié du combat politique auquel se livrent, au quotidien,
les partis politiques. D'une façon générale, ils observent
un regard critique du pouvoir et formulent des propositions à son
endroit, notamment à travers leur représentation au parlement.
Plus encore, lorsqu'ils sont dans l'opposition, ils
préparent l'opinion, recherchent à sanctionner le pouvoir par les
urnes ou à travers leur représentation au parlement et proposent
une alternance démocratique.
Dans un état de droit, l'exercice est normal et
procède d'une nécessité sociale. C'est-à-dire qu'il
est tout aussi légal que légitime. Nous sommes loin de
l'entreprise de « diabolisation » et /ou de
« positionnement » chère à notre
environnement politique.
Au bout de ce combat politique, se présentent parfois
des situations singulières : ainsi, le peuple peut-il élire
un Président de la République, pour ses qualités propres
et préférer envoyer au parlement une majorité
parlementaire d'un courant politique contraire.
C. Les partis politiques, rouages pour que la
démocratie ne dégénère en ochlocratie
L'un des dangers qui guettent la démocratie, c'est bien
l'ochlocratie, c'est-à-dire le gouvernement de la populace. Quant les
citoyens commencent à vouloir légiférer en lieu et place
du parlement, à gouverner en lieu et place des gouvernants, à
juger en lieu et place des cours et tribunaux, ce n'est plus de la
démocratie, mais l'ochlocratie.
Ce sont des phénomènes auxquels nous avons
souvent assistés, parfois, et à tort, avec complaisance. Ce
n'était pas la démocratie, mais nous avons vu des êtres
brulés vifs par leurs semblables au motif non étayé de
sorcellerie, de vol ou que sais-je encore. Cela ne peut-il pas inquiéter
un esprit précis, épris de paix et de liberté ?
La justice humaine est imparfaite ; aussi, pour plus de
sérénité l'avons-nous démocratiquement
confiée au juge. Les lois sont et seront toujours des tissus mal cousus
pour habiller des cas particuliers ; elles sont et seront toujours en
retard par rapport au développement des faits sociaux. C'est une sagesse
dont nous avons confié l'élaboration au parlement69(*).
La gestion de la cité s'opère sur la
complexité du réel. Nous l'avons confiée à nos
gouvernants. Tel est le modus vivendi dans un Etat démocratique. Les
partis politiques pièces maîtresses de ce régime
représentatif, contribuent hautement à ce que cela soit entendu
par tous.
2. Les caractéristiques des partis politiques
en RDC
A. Absence totale d'élections au sein de partis
politiques
La plupart des partis politiques congolais ne connaissent
guère d'élections libres en leur sein. Les décisions
stratégiques et de gestion sont généralement
dictées par le chef du parti. En plus, même si les statuts et
règlements intérieurs des partis prévoient d'organiser
périodiquement des réunions de leurs Congrès ou
Assemblées générales, il n'y a pas beaucoup de partis qui
s'en tiennent à cette obligation. Seuls le PPRD et le MLC disent avoir
organisé des congrès, respectivement en 2006 et 2007 ; mais la
représentation nationale ne paraît pas avoir été
suffisamment assurée.
C'est en 2009 seulement que l'UDPS, créé en
1982, a pu organiser son premier congrès qui a du reste
été boycotté par une partie importante des militants et
dirigeants de ce parti70(*).
Les chefs de partis politiques avancent
généralement les raisons matérielles à cette
absence de grandes réunions des partis. Il leur manque de moyens
financiers de réunir un nombre important de membres venant de toutes les
provinces du vaste Congo.
Le manque de moyens financiers est un obstacle réel et
évident au bon fonctionnement des partis politiques. Mais, à
l'analyse, il se révèle qu'il y a aussi, indiscutablement, une
peur certaine, de la part des responsables, de se voir écarter de la
direction du parti.
Il est vrai que la démocratie s'apprend et, sans aucun
doute, cela demande du temps, pour arriver à intérioriser la
culture démocratique, et à créer une tradition. Mais il
faut que l'apprentissage commence, soit assuré effectivement et
accepté. Et il faudrait fondamentalement expliquer le manque de
démocratie interne dans les partis par le fait que le pays se trouve
encore au stade d'émergence démocratique.
En effet, pendant plusieurs décennies, le Congo n'a
connu ni pluralisme politique ni élections démocratiques. C'est
ainsi que la plupart des partis politiques ne savent guère qu'il est
utile d'organiser des élections primaires au sein du parti pour se
choisir les personnes les plus compétitives sur la scène
politique nationale ou provinciale.
B. De la prolifération des partis politiques
Depuis le déclenchement du processus de
démocratisation, l'espace politique est extraordinairement envahi par
une multitude des partis politiques.
Près de 500 partis politiques se sont
déjà affichés jusqu'à ce jour sans pour autant
parvenir à rasséréner l'environnement politiques toujours
en proie à la pollution, l'explosion du multipartisme ainsi
observée témoigne, certes, de la vitalité
démocratique d'un pays où l'expression politique est
demeurée longtemps muselée. Mais, la multiplication à
l'infini des partis politiques ne semble pas constituer une chance pour la
démocratie.
Au ministère de l'intérieur, on a
également révélé que beaucoup de dossiers
déposés par les partis politiques sont rarement complets. Ils ne
comportent pas souvent divers éléments exigés à
l'article 5 de la loi71(*)
portant organisation et fonctionnement des partis politiques en RDC72(*). A vrai dire, cette loi est
ignorée par beaucoup de partis politiques. Et si on l'évoque,
c'est à peine pour couvrir des irrégularités
appliquées d'une manière sélective.
Enfin, le multipartisme est donc une condition sine qua non
à l'avancement de la démocratie, mais n'est pas une garantie pour
la démocratie. C'est ce qui amène Ben Yahmed à estimer
que « le multipartisme n'est pas la démocratie, tant s'en
faut. Il est à la démocratie ce que le sel est à la
cuisine : un ingrédient nécessaire et dont au surplus, il
est facile d'abuser73(*) ».
C. Déficit de démocratie interne
Le système partisan au Congo est en déficit
profond en termes de règles et pratiques de démocratie interne,
lesquelles comprennent la tolérance dans les discussions, l'aptitude
d'écoute mutuelle des différents membres prenant part aux
délibérations, l'aptitude du parti à organiser des
élections régulières pour pourvoir aux différents
postes jugés utiles pour son fonctionnement, et pour la sélection
des personnes pouvant représenter le parti au niveau des institutions de
l'Etat ou pouvant présenter des candidatures aux postes
électifs.
La volonté d'alternance n'est pas le propre des chefs
de partis en République Démocratique du Congo. Fondateurs ou
co-fondateurs se comportent tous, vis-à-vis du parti, comme
propriétaires d'un bien personnel, familial ou ethnique, qu'ils ne
tiennent pas à céder à d'autres mains « peu
sûres » ou « étrangères ».
La peur de tenir des réunions inclusives sur des
questions importantes est en plus suscitée par des nombreuses
dissensions qui surviennent dans les partis, pour des raisons d'opinions
divergentes concernant une question donnée ou encore de gestion du
personnel ou des finances du parti.
Ces querelles aboutissent souvent à des exclusions des
membres voire à des scissions du parti donnant lieu à des ailes
concurrentes. Au PPRD, le secrétaire général Vital Kamerhe
a été écarté en mars 2009 des fonctions de
président de l'Assemblée nationale par son parti politique pour
avoir exprimé une opinion contraire à celle du président
de la République, chef du parti, concernant les opérations
militaires conjointement menées par les forces armées rwandaises
et congolaises dans la province du Nord Kivu.
A l'intérieur du MLC, les dissensions,
démissions et exclusions sont nombreuses, généralement
dues à une attitude d'intolérance, ou à des
allégations de carence de fidélité à la politique
du parti. Le député Yves Kisombe a été radié
du parti pour s'être démarqué de la ligne de conduite du
parti à l'occasion du vote d'une motion initiée contre le
député MuandaNsemi, un allié du MLC.
Selon M. Ambana, le Ministre José Endundo a
été exclu du parti parce qu'il aurait détourné des
fonds destinés à la réhabilitation de l'avenue Kasa-Vubu
dans son tronçon compris entre le Boulevard du 30 Juin et Kintambo
Magasin, alors ministre des infrastructures.
Cette pratique ne cadrerait pas avec les valeurs
républicaines défendues par le MLC. Quant à Olivier
Kamitatu, « le parti l'a radié pour trahison : il voulait que
Jean-Pierre Bemba et Joseph Kabila soient à la remorque de Louis Michel
», alors ministre belge des Affaires étrangères.
Durant les mois, de mai à juin 2008, le PALU a
traversé des moments de sérieuses turbulences politiques internes
: Godefroid Mayobo, alors Ministre délégué auprès
du Premier Ministre, a été accusé de trahir les
intérêts du parti, plus exactement de vouloir créer des
« structures concurrentes au parti », et devait donc être
déchu de ses fonctions de Secrétaire général du
parti et de ministre.
Le Comité Exécutif National qui exige son
exclusion est opposé à l'opinion exprimée par le chef du
parti, Antoine Gizenga. Une décision d'autorité de ce dernier a
permis au membre du parti contesté de conserver son poste de ministre et
sa qualité de membre du parti.
L'UDPS a une longue histoire de démissions et
d'exclusions, dues à un climat permanent d'intolérance et de
sacralisation du statut de Monsieur Etienne Tshisekedi à la tête
du parti. Le Dr Phongo, Secrétaire Général du parti
pendant de longues années, a été accusé de trahison
contre le chef du parti et écarté sans ménagement
après avoir été lynché par les « combattants
» du parti.
Mme Eve Bazaiba, une dirigeante populaire au sein des
militants de base de Kinshasa, a dû rejoindre l'Union pour la Nation,
plateforme politique formée autour de l'ancien vice-président
Jean-Pierre Bemba, après s'être mise en contradiction avec la
position du parti concernant la participation aux élections de 2006.
Les disputes qui tendent à mettre à
l'écart des personnalités importantes comme Rémy Massamba,
ancien Secrétaire Général du parti, et Valentin Mubake,
ancien président du Comité national, ou encore Monsieur
Beltchika, témoignent de malaises sérieux encore persistants au
sein de cette formation politique.
Les dirigeants de ce parti s'en défendent et
maintiennent que « l'UDPS ne chasse pas les membres. Mais lorsqu'un membre
se sent incapable de respecter rigoureusement les principes et valeurs
défendus par le parti, il est libre de s'en aller. C'est le cas de Me
Mukendi, ancien conseiller de Tshisekedi qui a détourné l'argent
de la vente des cartes de membres et les fonds lui alloués pour
l'organisation du congrès national. Monsieur Beltchika par exemple a
violé les statuts du parti en s'autoproclamant président de
l'UDPS. L'UDPS combat les antivaleurs, toute personne qui ne marche pas suivant
les idéaux du parti est libre de partir ».
En somme, la raison majeure du manque de tenues de
congrès, des dislocations des partis et des exclusions de membres, est
l'absence de démocratie à l'intérieur des formations
politiques congolaises.74(*)
Avec cette carence, il se trouve que « les partis
politiques réputés d'envergure nationale sont
personnalisés et leurs leaders déifiés et
sacralisés par l'imagination collective des fanatiques ».
A l'approche des élections de 2006, les chefs de partis
ont estimé, comme allant de soi, devoir être candidats même
si certains de leurs membres étaient mieux positionnés qu'eux.
Ils se sont placés sur la courte ou même trop longue liste des
candidats, parfois à plusieurs postes à la fois, par exemple,
comme candidat Député national et candidat Sénateur.
A titre illustratif, Pierre PayPay et Jean-Pierre Bemba se
sont présentés candidats à la fois aux élections
présidentielles et aux élections législatives. Et c'est
aux chefs de partis seuls qu'il revenait de confectionner la liste des
candidats aux élections, et de proposer des noms pour nomination, selon
les intérêts ou le sentiment du chef, créant ainsi des
frustrations énormes au sein du parti.75(*)
Dans une terrible perversion, on a même connu des chefs
de partis qui ont présenté des candidats fictifs sur leurs listes
de personnes proposées à l'élection ou à la
nomination. Le cas d'un certain Ilunga, présenté par l'Union des
Fédéralistes et Républicains Indépendants (UFERI)
de Monsieur KisimbaNgoyi pour nomination au poste de Ministre, est sans doute
celui qui a été le plus saillant et le plus étonnant aux
yeux du public.
§3. L'impact des partis
politiques au processus de démocratisation
Les partis politiques constituent normalement le cadre
général à travers lequel et par lequel s'exprime et se
pratique la démocratie. Par leur nature, leur nombre et leur dimension,
les partis politiques déterminent, pour une large part, le
fonctionnement d'un système politique.
Instrument de conquête et d'exercice du pouvoir, les
partis politiques constituent aussi des critères qui servent à
définir et à classifier les différents systèmes
politiques. Un système politique est dit démocratique dans la
mesure où la nature et les nombres des partis politiques, en oeuvre dans
la société, traduisent en pratique l'exercice de la
démocratie.
Le parti unique, par exemple est incompatible avec la
démocratie libérale, élective. Il est allergique au
pluralisme basé sur la liberté humaine, fondement de la
démocratie. Le parti unique exclut la possibilité d'expression
institutionnelle à l'opposition.76(*)
1. Le fonctionnement interne d'un parti politique
démocratique
Un Etat démocratique ne peut pas être
dirigé par des partis politiques qui n'ont pas une structure
démocratique.
La démocratie interne d'un parti se mesure dans les
différentes procédures qui permettent son fonctionnement normal
et harmonieux : choix des responsables du parti, choix des
représentants du parti, mécanismes de prise de décision,
règlement des conflits, système de sanction et comportement des
membres.77(*)
2. Les fonctions des partis politiques en
démocratie
D'après les recherches les mieux poussées, la
faiblesse de la démocratie dans les sociétés africaines,
c'est l'indifférence et l'ignorance de la majorité des
électeurs.Beaucoup ne savent désigner les représentants et
comprendre les missions qui leur sont confiées. Dans certains pays, et
c'est le cas de la RDC, les électeurs dans leur majorité ne se
soucient même pas d'exercer leur très précieux droit de
vote.
Cela pose non seulement une question descriptive comment la
démocratie fonctionne-t-elle en RDC ? Mais aussi une question
normative comment doit-on, si possible, remédier à ce
problème ?
Ces interrogations peuvent trouver des réponses dans
les fonctions des partis politiques, car ces derniers ont comme fonctions
primaires de structurer l'opinion publique, de mesurer ses attitudes et de les
transmettre aux responsables gouvernementaux et aux dirigeants, de telle sorte
que gouvernés et gouvernants, l'opinion et le pouvoir soient
raisonnablement proches les uns des autres.
De ce qui précède, les partis politiques
remplissent des fonctions multiples et variées selon le pays et selon
les régimes où ils opèrent.
Les fonctions considérées comme classique sont
les suivantes :
- L'organisation et le fonctionnement du parti ;
- La formation idéologique des militants ;
- La formation de l'opinion publique ;
- La sélection des candidats ;
- L'encadrement des élus.78(*)
SECTION II :
RENFORCER L'EFFICACITE DU PARLEMENT CONGOLAIS ET DES INSTITUTIONS D'APPUI A LA
DEMOCRATIE
§1. LE PARLEMENT
CONGOLAIS
Se trouvant dans un régime semi-présidentiel
à connotation présidentialiste avec ses velléités
dictatoriales, le peuple congolais semble ne pas avoir confiance ni à
l'institution Président de la République, ni au gouvernement qui
semble jouer le jeu du chef de l'exécutif. Il place toute sa confiance
au parlement qui, croit-il, est à même de rencontrer ses
préoccupations.
Pour s'en convaincre, tous ceux qui s'estiment victimes d'une
injustice quelconque, se rendent au siège du parlement pour faire
entendre leurs voix et solliciter que celui-ci soit leur interprète pour
les faire rentrer dans leurs droits.
De l'analyse de tous ces comportements de la population, force
est de croire que le peuple congolais est essentiellement parlementariste en ce
qu'il place toute sa confiance en ses représentants pour réaliser
ses désirs79(*).
1. Bilan du parlement
Le Parlement congolais issu des élections de 2006
réunit de la façon la plus évidente les deux visages du
paradoxe de la restauration de la démocratie après plusieurs
années de dictature et de conflits inter communautaires violents.
Creuset des débats démocratiques, le Parlement se présente
comme un modèle de production législative.
Doté d'une indépendance institutionnelle, le
Parlement est maître de son propre calendrier législatif, une
prérogative dont les Députés et Sénateurs ont
usé de façon intense et largement effective.
En plus des projets de loi déposés par le
gouvernement et soumis à un examen parfois professionnellement critique
du Parlement, les membres des deux Chambres du Parlement ont soumis des
propositions de loi à leur propre initiative, parfois suppléant
la défaillance de l'exécutif à mettre en oeuvre les
fondements législatifs des nécessaires réformes
économiques, politiques, judiciaires et sociales du pays.
L'impressionnante production législative qui en est
résulté a été rendue possible dans une grande
mesure par la qualité des Députés et Sénateurs qui
proviennent de diverses origines sociales et professionnelles et dont un grand
nombre, surtout au Sénat, apportent avec eux des expériences
variées et riches acquises dans les secteurs publics et privés.
Le Parlement a néanmoins largement failli à remplir son
rôle en matière de contrôle de l'exécutif avec la
même efficacité qui caractérise son activisme en
matière législative.
Les Parlementaires ont utilisé tous les
mécanismes de contrôle à leur disposition : questions
orales et écrites, audition en commissions, interpellation, commissions
d'enquête pour s'informer sur l'action de l'exécutif et l'examiner
de façon critique. Dans un nombre de cas, le contrôle
Parlementaire a constitué l'unique canal d'information du public sur les
affaires importantes et donné aux citoyens l'occasion de participer aux
débats sur la gouvernance de leur pays. Ces efforts sont
néanmoins restés limités.
La très forte soumission de la majorité
Parlementaire à l'autorité politique du Président de la
République l'a empêchée d'appuyer les initiatives tendant
à sanctionner l'action de l'exécutif suite au contrôle
Parlementaire. En partie à cause de l'absence de toute sanction
possible, les recommandations issues du contrôle parlementaire sont
largement ignorées par le gouvernement.
2. Comment rendre réel le contrôle
parlementaire
Dans un système démocratique véritable,
il revient au pouvoir législatif de contrôler le pouvoir
exécutif. Cette mission ne peut être efficacement
réalisée que s'il y a une véritable séparation de
pouvoir entre l'exécutif et le législatif.
D'une manière générale, le contrôle
des actions gouvernementales par les députés est également
limité par la jeune expérience de la pratique démocratique
dans les pays africains et les traditions africaines
caractérisées par un pouvoir exécutif fort.
En outre, lorsque le chef de l'exécutif est issu du
même parti que celui de la majorité au parlement, quel que soit le
régime du pays, les critiques des actions gouvernementales par les
députés sont mitigées.
Il serait souhaitable de désigner au parlement les
hommes et femmes dignes réputés comme tels par rapport à
leur parcours politiques, leur honnêteté, leur compétence
et non par rapport à leur appartenance à un parti politique.
En somme, dans la majorité des cas des pays africains,
le contrôle des actions gouvernementales par le pouvoir législatif
serait plus une vue d'esprit en Afrique qu'une réalité.
§2. Les institutions
d'appui à la démocratie
1. La nécessité de renforcement de
capacité de la CENI
De manière inquiétante, cependant, la loi sur la
Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI, qui a
remplacé la CEI) porte les germes d'un défaut de consensus
politique préjudiciable à sa légitimité. Son
élaboration a profondément divisé les deux chambres du
Parlement sur les critères de sa composition.
La version finale de la loi est celle qui a
privilégié une composition basée sur la
représentativité partisane plutôt qu'impartiale. Une telle
composition entraîne les risques d'une inféodation politique qui
pourrait saper la crédibilité dont la CENI a besoin pour asseoir
sa légitimité.
Elle tranche avec la composition de la CEI qui était
formellement indépendante des composantes et entités signataires
de l'Accord Global et Inclusif et dont les membres étaient censés
« couper le cordon ombilical » qui les liait à leurs
composantes d'appartenance.
Bien que l'indépendance de la CEI était en
réalité largement limitée par l'influence du gouvernement
et des partenaires au développement, son autonomie politique formelle
lui permettait de pouvoir bâtir un consensus politique entre partis
politiques et organisations de la société civile en
développant avec ces forces qu'elle n'était pas censée
représenter, des courroies de dialogue politique nécessaires.
Le caractère partisan de la CENI est de nature à
l'empêcher de développer une relation de confiance politique
crédible avec les forces politiques en compétition en
particulier, les partis et coalitions politiques non représentés
à la CENI.
La consolidation de la CENI doit passer par un ferme
engagement du gouvernement dans le financement des élections pour
réduire sa trop grande dépendance vis-à-vis de
l'assistance de la communauté internationale.
Pour éviter l'inféodation de la CENI par le
gouvernement ou les bailleurs de fonds par le truchement de son financement, le
budget de la CENI doit être alimenté par le biais d'une allocation
budgétaire sur base d'une évaluation des coûts
opérationnels et de besoins institutionnels faite par la CENI au cours
d'une procédure ouverte à tous les partis politiques et à
la société civile.
2. De garantie de la souveraineté
La constitution de la RDC à son article 5
alinéas 1 et 2 stipule : « la
souveraineté nationale appartient au peuple. Tout pouvoir émane
du peuple qui l'exerce directement par voie de référendum ou
d'élections et indirectement par ses représentants. Aucune
fraction du peuple ni aucun individu ne peut s'en attribuer l'exercice. La loi
fixe les conditions d'organisation des élections et du
référendum »80(*).
Il relève de l'analyse de cette disposition
constitutionnelle que la CENI, organe chargé de l'organisation des
élections, doit veiller à ce que le peuple congolais (souverain
primaire) jouisse effectivement de son droit par le biais de vote.
Malheureusement, certains hommes politiques au pouvoir en
Afrique et en l'occurrence en RDC, passent outre la souveraineté
nationale avec la complicité de la CENI. Ils ont créé une
situation intermédiaire entre dictature et démocratie.
Ils organisent des élections sans être
disposés à les perdre tout en déclarant autre chose. Ils
sont élus ou se font élire démocratiquement bon gré
mal gré des électorats à la souveraineté
douteuse.
Ils font élire des assemblées nationales
à la majorité absolue, nomment des juges et des ministres qui
font absolument leur jeu. Les nommés leur sont logiquement plus soumis
qu'aux collectivités. Ces dernières ne jouissent pas du droit
absolu de se faire représenter puisqu'on peut trafiquer leur vote.
Les chefs d'Etat qui organisent de tels trafics ont la
liberté de disposer du souverain primaire sans répondre devant
une quelconque autre autorité supérieure. Ils ont la
possibilité de faire changer des lois pour donner une allure
légale à leur volonté et puissance suprêmes au
gré des circonstances.
En Afrique et notamment en RDC, la souveraineté
réelle incarnée par les hommes politiques tranche avec la
souveraineté symbolique des peuples. Les politiciens se comportent comme
s'ils étaient en réalité supérieurs au droit. Ne
font-ils pas les lois ? Ce n'est que pour consolider leur puissance qu'il
donne une assise juridique à la souveraineté primaire pour
être en harmonie avec la démocratie en vogue. Au fond, leur
capacité ou plutôt leur pouvoir est illimité. Ils
décident souverainement et déterminent les conditions
légales de l'exécution de leur volonté.
Les constitutions de leurs républiques sont tenues de
se conformer, souvent à coup de révisions rocambolesques,
à ce qu'ils veulent. Devant leur volonté érigée en
crame absolue, la morale et toutes les autres valeurs s'inclinent. C'est ainsi
que toute initiative de transfert de souveraineté à une
volonté supérieure, comme dans le cas des Etats-Unis d'Afrique,
est inacceptable pour certains présidents africains qui, dans leurs
réflexes de véritables souverains craignent d'être
amputés de leur toute puissance acquise ou entretenue à coup de
guerres civiles, de répressions permanentes ou de pillages des richesses
nationales. Céder une partie de ce qu'ils ont arraché
pseudo-démocratiquement aux peuples ne leur est pas
envisageable81(*).
3. Régulation des médias (CSAC)
La tâche de la régulation a été
assumée, pendant la Transition, par la Haute Autorité des
Médias (HAM). Cette « institution citoyenne d'appui à la
démocratie », créée par la loi n°04/017 du 30
juillet 2004, est remplacée dans la Constitution de 2006 par le Conseil
Supérieur de l'Audiovisuel et de la Communication (CSAC), organe
chargé de faire respecter la déontologie en matière
d'information et l'accès équitable des partis politiques, des
associations et des citoyens aux moyens officiels d'information et de
communication.82(*)
Pour pouvoir être efficace, le CSAC doit s'appuyer sur
la collaboration avec les autres structures intervenant dans le secteur, telles
que l'Autorité de la Régulation des Postes et des
Télécommunications (ARPTC) pour le volet technique,
l'Observatoire des Médias Congolais (OMEC), qui est une instance
privée d'autorégulation du secteur, l'Union Nationale de la
Presse du Congo (UNPC), laquelle est un cadre de concertation des
professionnels, associations et entreprises au niveau national.
En supposant que les agents chargés du contrôle
des médias auront la formation technique et administrative requise,
cette collaboration permettra également d'éviter des actions de
contrôle susceptibles de nuire consciemment ou inconsciemment au
fonctionnement des médias dans les marges de liberté qui leur
sont reconnues.
Le ministère de l'Information a toujours tendance
à empiéter sur les compétences du CSAC et pose des actes
de régulation des médias, une tâche qui n'est plus dans ses
attributions.
En avril 2005 par exemple, le Ministre de l'Information a
suspendu les chaînes de télévision CEBS et
Global TV pour des manquements supposés dans le contenu d'une
information diffusée. Le Ministre n'est revenu sur sa décision
qu'après protestation de la HAM qui s'est saisie du dossier.
Les manquements supposés ayant été
considérés par la HAM comme étantquasiment non
avérés, les deux chaînes ont dû poursuivre leurs
émissions normalement après « admonition ».83(*)
Les médias congolais se plaignent également des
nombreux contrôles administratifs qu'ils subissent, devenant de simples
tracasseries aux fins de rançonnements. Ces contrôles et
tracasseries sont l'oeuvre de divers services nationaux et provinciaux relevant
de différents ministères : de l'Intérieur, du Commerce,
des Finances, de la Culture et de l'Information.
A. Liberté d'expression sous haute surveillance
Le droit à l'information et à la liberté
d'expression sont garantis et protégés en vertu de la
Constitution du 18 février 200684(*) ainsi que de la loi sur la presse.85(*)Sur le plan pratique, la R.D.
Congo bénéficie d'une large gamme de moyens d'expression,
d'information et de formation de la population.
Il existe plus de trois cents médias audiovisuels
(stations de radiodiffusion et chaînes de télévision,
publiques, communautaires et privées), sur le territoire national. Aux
côtés des médias publics gérés à
travers la Radio Télévision Nationale Congolaise (RTNC), les
organes d'information privés jouissent et font preuve d'une large
liberté d'expression.
Leurs programmes font souvent intervenir des débateurs
représentant des positions, opinions et origines politiques diverses
voire contradictoires. C'est incontestable que les médias privés
jouissent d'un degré élevé de liberté d'expression
en RDC. Certains observateurs pensent même qu'ils sont les plus libres
d'Afrique.
La liberté d'expression demeure néanmoins
très fragile. En dépit des garanties juridiques, l'Etat ne semble
pas suffisamment disposé à tolérer les voix discordantes.
Des journalistes sont régulièrement harcelés, poursuivis
et arrêtés pour avoir exercé leur liberté
d'expression.
Au cours des dernières années, de nombreux
journalistes ont été interpellés, emprisonnés,
tués à Kinshasa et dans les autres parties du pays ; plusieurs
responsables des chaînes de télévision et de radio ont fait
l'objet de harcèlements et leurs organes d'information ont
été saccagés ou fermés.
C'est le cas de Radio Liberté, de Canal
Kin. Télévision, de Canal Congo
Télévision, de Global Télévision et
de Molière Télévision.
Des journalistes ont été assassinés au
cours des années qui ont suivi les élections de 2006 apparemment
en rapport avec leur profession. L'Union Nationale de la Presse Congolaise
(UNPC) a enregistré au moins un mort violent chaque année depuis
2005 parmi les membres de la profession, y compris Franck Ngyke (Kinshasa,
2005), BapuwaMwamba (Kinshasa, 2006), Serge Maheshe (Bukavu, 2007),
MutomboKahilo (Lubumbashi, 2007), Patrick Kikuku (Goma, 2007), DidaceNamujimbo
(Bukavu, 2008), et Bruno KokoChirambiza (Bukavu, août 2009).
B. Accès aux médias publics
Il est reconnu que les médias audiovisuels et
écrits d'Etat sont des services publics dont l'accès est, en
principe garanti de manière équitable à tous les courants
sociaux, politiques et idéologiques. Dans la pratique, cependant, le
parti au pouvoir use de ces outils presque en exclusivité. Il est vrai
que la disparition du parti-unique a largement desserré les verrous de
la presse publique.
Toutefois, il demeure que la quasi-totalité des
manifestations du gouvernement sont encore retransmises, longuement et
abondamment, à la télévision et à la radiodiffusion
nationales, lesquelles possèdent des relais dans chaque chef-lieu de
province dans le pays.
C. Droit à l'information
Il n'existe pas, à ce jour, de loi garantissant et
réglementant l'accès des citoyens aux informations publiques. On
connaît et on comprend la délicatesse de certaines informations
qui peuvent être utilisées aussi bien pour informer objectivement
que pour simplement nuire, surtout quand la presse ne fait pas toujours montre
de responsabilité et d'éthique professionnelle.
Néanmoins, une loi judicieuse et raisonnable sur
l'accès aux informations peut, de toute évidence, aider à
rendre la société plus transparente. L'existence d'une telle loi
devrait pouvoir intéresser aussi bien les chercheurs que les
professionnels des médias et les activistes de la société
civile.
La presse privée, en particulier, connaît de
difficultés importantes pour accéder aux informations
détenues par les services publics. Certaines erreurs commises par la
presse, au nom de la liberté d'informer, le sont parfois à l'insu
de leurs auteurs, faute de moyens adéquats et suffisants de
vérification de l'information, défaut dû principalement
à la pauvreté financière des journalistes et des organes
qui les emploient, et aussi du fait des difficultés d'accès
à la source de l'information.
Par ailleurs, plusieurs professionnels des médias se
plaignent régulièrement de la rétention de l'information
par ceux qui la détiennent dans les cercles politique, économique
et social congolais.
L'absence d'accès aux sources primaires d'information
amène à supputer, à imaginer et, finalement, à
tomber dans l'erreur. Les hommes et femmes des médias savent qu'il leur
appartient de faire des efforts pour accéder à l'information, en
usant parfois de ruse, d'investigation et peut-être d'achat de documents
et informations dont la plupart sont abusivement classés confidentiels.
Il n'existe pas de disposition légale faisant
obligation d'informer le peuple sur les matières jugées
privées comme les salaires, les émoluments, les avoirs de comptes
bancaires des gouvernants, ou les biens déclarés par ces derniers
avant d'entrer en fonction et en quittant les fonctions86(*).
CHAPITRE II : LA
BONNE GOUVERNANCE : THERMOMETRE DE LA DEMOCRATIE
La charte africaine de la démocratie, des
élections, et de la gouvernance dans son préambule consacre
l'importance de la bonne gouvernance, de la participation populaire, de
l'état de droit et des droits de l'homme. Elle mentionne ensuite, les
contributions de l'Union africaine et des Communautés économiques
régionales à la promotion, à la protection, au
renforcement et à la consolidation de la démocratie et de la
bonne gouvernance.
Enfin, elle rebondie sur la volonté collective
d'oeuvrer sans relâche pour l'approfondissement et la consolidation de la
démocratie, de l'état de droit, de la paix, de la
sécurité et du développement dans nos pays, en mettant un
accent sur la promotion des valeurs universelles et des principes de la
démocratie, de la bonne gouvernance, des droits de l'homme et de droit
au développement.
Le concept de gouvernance étant au centre de notre
réflexion dans ce chapitre, il est bon d'en retracer l'historique, de
façon à dégager les exigences de la bonne gouvernance, que
nous allons préciser en termes de paramètres. Le concept
étant évolutif, l'angle historique nous permettra certainement
une meilleure compréhension du concept et de ses applications possibles
dans notre cher et beau pays, la RDC.
SECTION I :
HISTORIQUE DU CONCEPT DE GOUVERNANCE EN AFRIQUE
Les Etats africains connaissent des problèmes
économiques et sociaux tout simplement parce qu'ils sont mal
gérés. D'où les préoccupations et les questions sur
l'efficacité du gouvernement.En 1960, au lendemain des
indépendances, devant la nécessité de former des cadres de
l'administration publique, on a parlé de programmes de création
des institutions.
En 1989, la Banque mondiale va révolutionner le concept
en mettant en avant l'idée de « gouvernance for
development » : qui signifie pouvoir au service du
développement. Governance étant entendu comme le pouvoir
politique de diriger les affaires d'une nation.
A partir de l'année 1990, au lendemain de la chute du
mur de Berlin, après trente années d'indépendance, la
plupart des pays d'Afrique ont présenté un tableau sombre
caractérisé par la débâcle de leurs
économies, la faillite des Etats totalitaires, la misère et la
pauvreté galopantes et les répressions ou interdictions violant
les droits de l'homme et les libertés fondamentales.
Face à la corruption des élites de l'Etat et
à l'inefficacité croissante de l'Etat lui-même, la B.M. va
lier la gouvernance à la nécessité de la suprématie
du droit, de la liberté de presse, du respect des droits de la personne,
et à, l'existence d'une action des citoyens à travers leurs
propres associations, agissant comme médiateurs entre l'Etat et le
citoyen. C'est la démocratie qui fut mise en évidence comme
nécessité de gouvernance.
Cette approche très politique fut donc contrée
par les élites dirigeantes d'Afrique. D'où la tendance à
privilégier la dimension économique, et un approche
technocratique qui poussent à encourager la croissance
économique, plutôt qu'à encourager une politique favorable
et à la démocratie.
A ce stade donc, les paramètres de la gouvernance ont
été essentiellement des paramètres économiques,
soit donc les talents techniques et les capacités de gestion efficace
visant notamment à réduire les dimensions de l'Etat, à
privatiser, à améliorer l'administration des fonds d'aide etc.
La fondation Ford : organisme non gouvernemental, va
amener une troisième conception de la gouvernance, qui vise directement
la question de la responsabilité politique. L'idée de base, dans
cette conception de la gouvernance, est que : « un
gouvernement efficace dépend de la légitimité que lui
assure une participation à large assise, de l'équité et de
la responsabilité87(*)».
§1. Notion et
définition de la bonne Gouvernance
1. Notion
Parler de la bonne gouvernance revient d'abord à parler
de la gouvernance.
La notion de gouvernance est née de la langue
française du mot qui renvoyant, dans le langage politique du Moyen
Âge, au terme de gouvernement qui l'a progressivement remplacé. Le
mot a disparu pendant des siècles avant de réapparaître
dans un contexte très différent à partir des années
1970 : celui de l'entreprise, à travers l'expression de
« corporategovernance » (Gouvernance d'entreprise).
C'est donc à partir du secteur privé qu'a
resurgi la notion, qui désignait alors un mode de gestion des firmes
fondé sur une articulation entre le pouvoir des actionnaires et celui de
la direction. Il s'agit alors de poser la question du type d'acteurs
impliqués dans la prise de décision au sein de l'entreprise, et
de leur mode d'interaction.
Actuellement, dans les sociétés occidentales
régies par la démocratie libérale, la gouvernance renvoie
aux interactions entre l'État, le corps politique et la
société, et donc aussi aux systèmes de lobbysmes et de
coalitions d'acteurs publics et privés.88(*)
La gouvernance est une notion parfois controversée, car
définie et entendue de manière diverse et parfois contradictoire.
Cependant, malgré la multiplicité des usages du
mot, il semble recouvrir des thèmes proches du « bien gouverner
». Chez la plupart de ceux qui, dans le secteur public ou privé,
emploient ce mot, il désigne avant tout un mouvement de «
décentrement » de la réflexion, de la prise de
décision, et de l'évaluation, avec une multiplication des lieux
et acteurs impliqués dans la prise de décision89(*).
2. Définition
Gouvernance vient du verbe « gouverner »,
diriger. Il a pour synonyme gérer, c'est-à-dire : administrer,
s'occuper de quelqu'un ou quelque chose de manière suivie et attentive.
Gérer, terme au sens élargi, il s'applique aussi bien au fait de
diriger une administration publique que privée.
Dans son sens large, la gouvernance est définie comme
l'ensemble des interactions publiques et privées entamées pour
résoudre des problèmes de société ou pour
réaliser les ambitions de cette société.
Elle comprend la formulation, l'application et le respect des
règles du jeu, des lois, des normes et valeurs, ainsi que leur
maintien.
Le terme de « gouvernance » pour le P.N.U.D.
désigne le cadre de règles, d'institutions et de pratiques
établies qui définissent les limites et les restrictions
concernant la conduite des individus, des organisations et des entreprises.
Pour notre part, nous pouvons considérer la bonne
gouvernance comme l'ensemble des procédés de prise en charge des
vies et des préoccupations des citoyens par les pouvoirs publics plus
conscients et plus compétents qui mettent en place des stratégies
et des programmes appropriés dans le but de réaliser le
bien-être collectif.
En d'autres termes, la bonne gouvernance sous-entend la bonne
manière de vivre avec et de gérer les personnes en vue de
concourir positivement à la bonne marche de la société.
Sous cet angle de vue, la bonne gouvernance consiste à
gérer la nation d'une manière sensée et efficace en
instaurant des mécanismes de démocratie à tous les niveaux
et dans tous les secteurs de la vie économique, administrative,
politique et socioculturelle.
Elle consiste prioritairement à établir des
structures et principes d'action susceptible de générer et
d'entretenir une culture de gestion rigoureuse, démocratique et
transparente de l'ensemble de la vie nationale.
Par conséquent, la bonne gouvernance implique la
prévision, la planification, l'organisation et le commandement, de la
distribution correcte des responsabilités, l'évaluation
régulière et sanctionne des mérites ou des manquements.
Tout cela repose sur un front de sincérité, de
transparence et de patriotisme ; avec un plein de sens de la discussion
intelligente, lucide et pleinement libre.90(*)
§2.
Caractéristiques de la gouvernance en RDC, pendant les 53
dernières années.
En considérant l'histoire politique de notre pays, les
caractéristiques de la gouvernance, en cinquante-trois ans
d'indépendance sont encore, au plan politique, les suivantes :
ü La personnalisation du pouvoir, laissant les centres de
décision dans des cercles informels, et dont les manifestations
sont : les manipulations des textes constitutionnels, la politisation
néfaste de la fonction publique, la répression sans merci des
partis d'opposition etc.
ü Une instabilité institutionnelle et des
violences chroniques, dont les illustrations ont été notamment
l'absence d'une constitution définitive et d'une alternance, les crises
tragiques entre le chef de l'Etat et le premier ministre,
l'anéantissement des majorités parlementaires, les guerres de
sécession, les insurrections armées et autres conflits
armés ;
ü Une lamentable situation de dépendance ;
ü Participation politique : expériences
démocratique nulle.
Les acteurs de la gouvernance :
Ø L'Etat : omniprésent au départ,
puissant, dirigiste, puis faillite et démissionnaire.
Ø Les partis politiques : fragiles et peu
durables.91(*)
1. La bonne gouvernance comme critère
d'attribution de l'aide publique au développement
Les bailleurs de fonds les plus importants pour le continent,
les Institutions de BrettonWoods et l'Union européenne notamment, font
de la bonne gouvernance un des critères d'attribution de l'aide publique
au développement. L'occident parle désormais de la bonne
gouvernance comme base pour toute libération de l'aide
économique92(*).
Le Groupe de la Banque africaine de développement a
également ressenti l'importance de la pratique de la bonne gouvernance
pour l'amélioration de l'efficacité des politiques de
développement en général et des performances de ses
activités dans ses pays membres en particulier.
Quant aux éléments fondamentaux de la «
bonne gouvernance », ils comprennent l'existence d'un état de
droit, la démocratie, la transparence et la responsabilité dans
la vie publique et privée, la participation à la gestion et la
décentralisation de la prise de décision, la gestion rigoureuse
des ressources publiques, un cadre macroéconomique sain, incitateur et
favorable à la libre entreprise et à l'économie de
marché, la lutte contre la corruption.
2. La « Bonne Gouvernance » une
nécessité visant à rechercher une gestion efficace de
l'Etat congolais.
La bonne gouvernance met en exergue la capacité des
pouvoirs publics à normaliser les rapports de l'Etat avec ses membres en
vue de promouvoir une dynamique adhésive plus soutenue de ces derniers
à ses actions dans la mesure où ils y trouvent le cadre de leur
épanouissement effectif et durable.
En même temps que les africains recherchent plus de
démocratie, ils visaient également l'amélioration de leurs
conditions de vie. S'il paraît difficile d'établir a priori une
relation entre type de régime politique et performances
économiques, il est cependant prouvé que la consolidation de la
démocratie exige de bonnes performances économiques.
Plus que la nature du régime ce serait plutôt la
pratique de la gouvernance du pays qui expliquerait la différence dans
les performances économiques.
La bonne gouvernance serait de nature à garantir de
meilleures performances économiques. La bonne gouvernance suppose
l'existence de capacités institutionnelles, humaines et
matérielles adéquates ainsi que des acteurs (l'administration
publique, les pouvoirs exécutif, législatif et, judiciaire ainsi
que la société civile) forts et qui s'équilibrent. Or
actuellement, ces conditions sont loin d'être remplies dans beaucoup de
pays d'Afrique.
Dans ces conditions, la consolidation de la pratique de la
bonne gouvernance dans les pays africains exige le renforcement des
capacités institutionnelles et humaines des différents acteurs
(notamment administration publique, pouvoir judiciaire et société
civile). La bonne gouvernance est ainsi perçue aussi bien par les
populations que les partenaires des pays africains comme indispensable pour la
promotion du développement.
On a ainsi assisté à des oppositions le plus
souvent violentes entre, d'une part, les tenants du pouvoir et, d'autre part,
les populations aspirant à plus de liberté, à plus de
respects des droits de l'homme, à une meilleure distribution des
richesses du pays et à une meilleure façon de diriger et de
gérer le pays.
A. Capacités institutionnelles et humaines
Ici, une question se pose de savoir si l'Etat congolais
dispose de capacités institutionnelles et humaines en mesure de
concevoir, formuler et mettre en oeuvre de bonnes politiques ?
En effet, en plus d'une bonne appréciation de la
situation et des prévisions non biaisées, la conception, la
formulation et la mise en oeuvre de bonnes politiques exigent des ressources
humaines compétentes, honnêtes et prêtes à accepter
les erreurs et à appliquer les politiques nécessaires.
Elles exigent également des méthodes,
procédures et instruments de travail adéquats. Elles
nécessitent enfin des hommes politiques prêts à accepter
les erreurs et à expliquer clairement ce qui n'a pas marché et
dire les efforts à fournir pour l'avenir. La capacité de l'Etat
à accomplir de manière efficace ses différents rôles
exigent l'existence de capacités institutionnelles et humaines de
l'administration performante.
A l'indépendance, l'administration publique de notre
pays ne disposait pas d'un nombre suffisant de cadres qualifiés.
Même si cette insuffisance fut supplée par un personnel
expatrié de la fonction publique coloniale. Le feu président
Mobutu, aussitôt arrivé au pouvoir, il opta pour une
Zaïrianisation rapide du système administratif. Cette politique
s'est traduite par le recrutement quasi automatique de tous les
diplômés des institutions de formation universitaire y compris les
étudiants.
Suite à ce constat, de l'incapacité de
l'administration publique de notre pays, ainsi que des institutions politiques
du pays, tout semble indiquer que l'Etat congolais fonctionne sans budget
précis, sans connaître le nombre des ses fonctionnaires, de la
population y compris l'ampleur et la structure de la dette extérieure
etc.
Les pays s'est engagé dans des réformes
macroéconomiques et sectorielles (finances publiques, marché
financier, commerce international, agriculture, infrastructures
économiques, secteurs sociaux etc.) Pour ce faire, l'administration a
besoin de personnel compétent. Elle doit entrer en compétition
avec le secteur privé.
Or, la libéralisation de l'économie a
favorisé l'expansion du secteur privé, ce qui a conduit
nécessairement à une hausse des revenus dans ce secteur
privé. Pour répondre à ce que la société
attend d'elle, l'administration aurait dû être en mesure d'offrir
des salaires compétitifs. Ceci a loin souvent été le cas :
à titre d'exemple, une enquête effectuée en février
1998 révélait que le salaire moyen dans la fonction publique se
situait entre 28% et 40% de celui du secteur privé !
L'administration de notre pays est marquée par des
procédures lourdes et qui ne sont pas le plus souvent codifiées.
Les circuits administratifs sont lents et complexes favorisant les conflits de
compétences entre les institutions. Cette situation est renforcée
par l'absence de coordination des activités des différents
départements ministériels, jaloux de leur indépendance. En
plus des remaniements ministériels fréquents, le pays demeure
toujours caractérisé par un changement fréquent de
dénomination des ministères entraînant ainsi des
changements fréquents des tutelles des services centraux de
l'administration et de leur organigramme.
Les prérogatives et les compétences des
structures administratives, elles-mêmes cloisonnées, sont mal
définies et ne sont pas toujours bien respectées. La circulation
des informations entre les différentes structures est nettement
insuffisante donnant lieu à des productions d'informations
contradictoires. La cohérence entre les objectifs et les
compétences des différentes structures administratives n'est pas
évidente. Le processus de prise de décision est morcelé
avec des interventions de plusieurs départements ministériels et
directions.
Pour être performant, les fonctionnaires ont besoin
d'équipement et matériel par exemple. Les services des douanes ne
peuvent être performants sans moyens de déplacement ; les centres
de santé sont inefficaces s'il n'y a que du personnel sans
équipement ni médicament93(*).
B. LES ACTEURS DE LA GOUVERNANCE
La bonne gouvernance suppose notamment, le respect de
l'état de droit, des droits de l'homme, de la transparence dans la
gestion de la chose publique et l'obligation de rendre compte. La pratique de
la bonne gouvernance impose à tous ceux qui sont investis d'un mandat
public l'obligation de rendre compte de l'affectation, de l'utilisation et des
ressources publiques qu'ils ont eues à gérer et de l'exercice de
leur mandat. La mauvaise gestion, les détournements des ressources
publiques à des fins personnelles et la corruption avérées
devraient être sanctionnées.
Pour que ces conditions soient remplies, il est
nécessaire que le pays dispose :
- d'un système judiciaire efficace et
indépendant pour pouvoir sanctionner les gouvernants notamment et faire
respecter l'état de droit ;
- d'une société civile mobilisée pour
pouvoir dénoncer les abus des gouvernants, traduire et défendre
les aspirations des différentes composantes de la société
et favoriser la cohésion sociale ;
Le pouvoir judiciaire et la société civile
constituent à notre avis, les acteurs de la Gouvernance dont le
dynamisme et l'efficacité permettront d'améliorer la gestion des
ressources publiques du pays.
SECTION II : DU
POUVOIR JUDICIAIRE ET DE LA SOCIETE CIVILE
§1. DU POUVOIR
JUDICIAIRE
Le système judiciaire est l'ensemble des règles
et mécanismes juridiques dont l'objectif est de dire le droit. La cour
constitutionnelle incarne le pouvoir judiciaire car elle veille à la
régularité des consultations électorales, à la
légalité et constitutionnalité des actes administratifs,
des lois et règlements.En attendant l'installation de la Cour
constitutionnelle, la Cour suprême de justice exerce les attributions qui
lui sont dévolues par la Constitution.
En participant à la sauvegarde de la
sécurité, de l'ordre public et la protection de la
propriété privée, la justice a un rôle
économique important. La sécurité et l'ordre public
permettent la protection et la sauvegarde des biens des personnes.
Selon Rihard A. Posner (1998), l'existence d'un cadre
légal favorise le développement. Si ce cadre n'existe pas, la
possibilité de recours à la violence pour le règlement des
contrats est fort probable.
1. Indépendance de la justice
Le système juridique africain est marqué par la
coexistence de deux systèmes qui se côtoient en s'ignorant : d'une
part, le système moderne est calqué sur le système
français et, d'autre part, le système de droit local ou coutumier
est issu des coutumes.
Avant la colonisation, c'est le système juridique
coutumier qui était la pratique. La justice était rendue par le
chef coutumier (ou conseil de notables) qui avait le pouvoir de commander et de
juger. La puissance coloniale n'a pas réussi à faire
disparaître ce système. Cependant, la justice de droit local est
contrôlée par les fonctionnaires de l'Etat assistés
d'assesseurs coutumiers.
Dans le cas de la justice du droit local,
généralement, une grande partie d'actes judiciaires ne sont pas
écris mais oraux. Cette pratique est la conséquence de
l'oralité de la civilisation, du taux d'analphabétisme
élevé mais aussi et surtout de la culture renforcée par
les difficultés d'accès au système juridique moderne.
Cependant, l'effritement des traditions et la coexistence des
deux systèmes juridiques permettent aux citoyens de trouver des
échappatoires pour le non-respect du système juridique en
vigueur.
En effet, l'enfreinte aux règles traditionnelles fait
l'objet de sanctions morales ou psychologiques inorganisées et souvent
diffuses : maladies, troubles mentaux, mort.L'effritement des croyances
traditionnelles et la diminution de la peur des sanctions mystiques,
constituent une forte incitation pour le non-respect des règles
juridiques. Ce comportement est d'autant plus réconforté qu'il y
a parfois des contradictions entre les dispositions de deux systèmes
juridiques.
2. Les insuffisances du système judiciaire
A. L'insuffisance de ressources humaines en quantité
et en qualité
Le même constat quant à l'insuffisance du
personnel, peut être fait pour les auxiliaires de justice (greffiers,
personnel administratif et de service, garde de sécurité
pénitentiaire) et des collaborateurs privilégiés des
magistrats (huissiers de justice, avocats, notaires etc.) Les greffiers ne
reçoivent pas de formation idoine.
Le nombre limité de personnel entraîne une faible
couverture géographique du pays. Pour lutter contre la concentration
judiciaire dans les grandes villes des pays, le système judiciaire a mis
en place les audiences foraines (déplacement de l'instance judiciaire
compétente sur le lieu de commission de l'infraction). Ce
système, censé approché la justice du justiciable, est
handicapé par la pénurie des moyens de déplacement.
En outre le système de juge unique, adopté pour
faire face à la pénurie de magistrats, ne garantit pas
l'intégrité de la justice compte tenu des préjugés
défavorables que les citoyens ont vis à vis des juges.
En effet, décrivant le système judiciaire du
Burkina Faso, Yonaba (1997) pense que «beaucoup de justiciables sont
convaincus que, sur les causes qui sont soumises aux juridictions, celles-ci
tranchent soit selon l'appartenance politique, soit en faveur du riche contre
le pauvre, de l'habitant de la ville contre celui de la campagne, du
lettré contre l'analphabète, de l'homme contre la femme ».
Cette situation s'applique aussi pour le cas de la RDC.
B. L'insuffisance de moyens matériels de
fonctionnement
En dehors du déficit en personnel, l'administration
judiciaire souffre d'un sous équipement. C'est ainsi que les fournitures
courantes de bureau font défaut. Le matériel informatique est
rare. Les archives sont épisodiquement constituées et
conservées. Les locaux sont inadaptés et vétustes car
souvent construits sous l'époque coloniale. Les véhicules de
fonctionnaires, lorsqu'ils sont disponibles, sont rarement en état de
marche et manquent de carburant. La documentation juridique est une
denrée rare.
La faible décentralisation de l'appareil judiciaire et
l'insuffisance notoire de la couverture judiciaire de l'ensemble du pays a pour
conséquence d'éloigner la justice du justiciable. Cette distance
géographique se trouve renforcée par une distance psychologique
qui résulte de l'ignorance en matière juridique et
d'analphabétisme élevé de la population. De plus, la
justice a alors recours à des interprètes. La
fidélité de la traduction n'étant pas assurée,
cette pratique a un impact négatif sur la fiabilité des
informations sur lesquelles sont basés les jugements rendus.
3. L'absence de spécialisation des
magistrats
Cette situation est le résultat de la formation qui met
l'accent sur la justice judiciaire (droit pénal et droit civil.) Le
contenu de la formation est identique pour tous les magistrats qui peuvent
recevoir après cette formation, n'importe quelle affectation. Cependant
des voyages d'études, des séminaires, des journées de
réflexions ou d'études, etc. leur donnent parfois l'occasion,
lorsqu'ils peuvent en bénéficier, de compléter et/ou
mettre à jour leurs connaissances. Les magistrats siègent
indifféremment dans toutes les matières.
En dehors de leur appartenance à des partis politiques,
des magistrats entretiennent des liens parfois coupables avec des hommes
d'affaires. L'action disciplinaire qui devrait les remettre en droit chemin ne
fonctionne pas souvent.
Les collaborateurs des magistrats que sont les huissiers de
justice, les notaires et les avocats ont parfois une faible
considération de la déontologie de la profession. Le justiciable
reproche à beaucoup d'entre eux de rechercher
frénétiquement l'argent. Des citoyens pensent que les avocats
sont des hommes d'affaires et qu'ils retiennent par dévers les clients,
des sommes d'argents ; des prévenus ne reçoivent pas la visite de
leurs avocats ; des clients sont obligés de préparer les
mémoires pour leurs avocats.
4. Le coût élevé de la justice et
la perception par le justiciable de la non efficacité de la
justice
Le coût de la justice comprend les frais liés au
fonctionnement de l'appareil judiciaire (fixes et frais proportionnels) et des
honoraires des auxiliaires de justices (avocats, huissiers, notaires, experts,
etc.) ce que les justiciables considèrent comme exorbitant.
Plus que la réalité, c'est la perception que la
population se fait du système et du corps judiciaire qui est ici
important.
L'indépendance de la justice, inscrite dans toutes les
constitutions, est beaucoup plus formelle que réelle. Les violations de
cette indépendance sont constantes. La prééminence du chef
de l'exécutif dans les pays africains ne permet pas de garantir cette
indépendance.
De plus, des magistrats, après avoir exercé des
fonctions politiques (ministres, conseillers par exemple) reprennent leur robe.
Des juges ont des affinités politiques bien connues.
La confirmation des résultats des élections
législatives ou présidentielles à la faveur de partis
politiques au pouvoir quelles que soient les preuves de fraudes et les
irrégularités dans le processus électoral est de nature
à prouver aux citoyens que la chambre constitutionnelle est purement et
simplement à la merci du pouvoir exécutif et du partis au
pouvoir.
Pour s'en convaincre, la reconnaissance, de la victoire du
Président Joseph Kabila par la Cour suprême de justice lors des
élections présidentielles de décembre 2011, malgré
les irrégularités graves dont il a lui-même reconnu,
enlève toute crédibilité à cet organe censé
garantir l'indépendance du pouvoir judiciaire.
Le statut des magistrats prévoie que «les
magistrats du parquet sont placés sous la direction et le contrôle
de leurs chefs hiérarchiques et sous l'autorité du ministre
chargé de la Justice.» L'évolution de la carrière des
magistrats du parquet dépend étroitement de leur supérieur
hiérarchique qui se trouve être une autorité politique!
§2. DE LA SOCIETE
CIVILE
1. Notion et rôle de la société
civile
A. Notion
C'est la première expression de liberté des
mouvements populaires. La société civile n'est pas un mouvement
proprement politique. Elle regroupe les différentes associations de
citoyens existantes : organisations non gouvernementales (ONG), des
syndicats, des groupements villageois et des organisations professionnelles, de
la presse, des chefferies traditionnelles, des mouvements religieux
(églises).
Des institutions à caractère consultatif et de
régulation quoique de nature étatique constituent des supports et
des lieux d'expression de la société civile. Certaines jouent un
rôle important dans le processus de démocratisation : Association
de promotion des droits humains ou de la démocratie ; associations
syndicales ; les associations ou ONG de développement ; les associations
de femmes, de jeunes, d'élèves et d'étudiants ; les
autorités religieuses et coutumières ; la presse et les
médias.
La société civile se manifeste à
l'occasion de crises sociales ou politiques en organisant des manifestations
populaires, des marches et des pétitions. En plus, la
société civile peut même prendre positions contre certaines
décisions émanant des partis politiques.
La capacité de la société civile à
jouer un rôle efficace, exige d'elle, qu'elle fonctionne aussi selon les
règles démocratiques (transparence, imputabilité,
impartialité, légalité, etc.), nécessite qu'elle
ait des moyens de sa politique et qu'elle se comporte en professionnel.La
participation de la population à la vie de la cité est une des
conditions de la bonne gouvernance.
Pour qu'elle puisse être efficace, la participation
exige l'existence d'une société civile dynamique, efficace et
structurée pour permettre l'intégration des préoccupations
des différents groupes du pays. Plus proche de la population, la
société civile est plus en mesure de contribuer à une
synthèse des aspirations des différentes composantes de la
société. Elle veillera également à l'information de
la population et à surveiller les actions gouvernementales dans
l'intérêt de la population.
B. Rôle de la société civile
Ici et là, la société civile est devenue
un levier de contre-pouvoir, exerçant une forte influence sur le monde
politique, l'obligeant à tenir compte des volontés des individus.
Elle assume de ce point de vue un rôle de sentinelle de
la démocratie. Elle est un gage de la préservation des acquis
démocratiques. Elle exerce en outre, son office de médiateur dans
un environnement où la compétition est féroce.
Au surplus, la société civile a vocation
à contribuer à la promotion d'une participation la plus large
possible dans tous les secteurs de la société et donc au
renforcement du tissu démocratique.
Elle est allée plus loin dans certains pays, ne se
contentant plus de faire la médiation entre les compétiteurs.
Certains de ses membres, assumant pleinement leur citoyenneté,
n'hésitent plus à briguer les suffrages de leurs concitoyens,
remettant ainsi en cause le monopole des partis politiques.
2. Le comportement de la société civile
congolaise
De nombreuses organisations de la société civile
congolaise ont été en grande partie responsables et complices
dans le maintien des régimes autoritaires et dans le blocage du
processus démocratique au Congo.
Leur prise de position en faveur des pouvoirs autoritaires
successifs est connue et même leurs fréquentes participations aux
marches de soutien organisées en faveur des pouvoirs autoritaires n'ont
jamais laissé de doute sur leur attachement à ces pouvoirs et
leur indifférence à l'égard de la misère du peuple
congolais.
Elles ont toujours eu difficile à soutenir l'opposition
démocratique dans son combat pour la démocratie et ont souvent
favorisé la recrudescence et le maintien des antivaleurs :
corruption, favoritisme, tribalisme, injustices, trafic d'influence ;
leurs membres développent de plus en plus des ambitions perceptibles et
inavouées de positionnement, elles n'avaient pas manqué de faire
partie de la réunion de Bruxelles qu'avait convoquée le
gouvernement Belge en Février 2002 en prévision de la tenue du
dialogue inter-congolais.
A cette occasion, leurs membres n'avaient pas manqué
de soutenir parfois aveuglement certaines décisions sans toutefois tenir
compte des aspirations réelles de la population qu'ils sont
censés défendre94(*).
3. Participation de la société civile
congolaise à la vie politique
Le cadre juridique et institutionnel qui réglemente les
libertés d'expression et d'association ainsi que les droits des
organisations non gouvernementales en RDC met en place des conditions
suffisantes pour assurer une participation aussi large que possible de la
société civile dans les affaires politiques.
La Constitution du 18 février 2006 réserve un
chapitre entier, avec 22 articles, à l'affirmation et à la
protection des libertés et droits civils et politiques des citoyens.
Contrairement aux pratiques dictatoriales instituées
par le régime colonial et, ensuite, par le système de parti
unique, la participation des citoyens et des groupes de citoyens à la
vie politique est désormais rendue possible, ouverte, admise et
encouragée par la Constitution et les lois du pays. La loi sur la presse
est largement libérale et des organes de presse privés jouissent
d'une indépendance relativement large comparativement à beaucoup
de pays africains de même niveau de développement politique.
Cependant il apparaît que, dans la pratique courante,
l'effectivité de la jouissance de ces droits et libertés n'est
pas pleinement assurée. A travers des mesures administratives
tatillonnes l'exécutif parvient à exercer sur les médias
un contrôle insidieux qui contrarie les libertés garanties dans la
constitution. Des faiblesses institutionnelles et une capacité
organisationnelle décroissante empêchent la société
civile à participer pleinement aux processus décisionnels.
Section III :
Suggestions et propositions
Nous avons démontré à travers cette
deuxième partie du travail, l'apport de l'état de droit à
la consolidation de la démocratie en RDC. Nous avons aussi
dégagé tout au long de ce chapitre, le contexte et les
paramètres de la bonne gouvernance, les limites du concept ainsi que son
impact au processus démocratique. Les paramètres ou les exigences
qui ressortent le plus sont certainement la participation ; la
responsabilité et l'équité95(*). Il nous revient néanmoins, dans cette
section, de proposer des pistes de solutions pouvant permettre au processus
démocratique de sortir de son gouffre du cercle infernal.
§1. Construire la
cité démocratique au-delà de l'ethnie
Après les années 50 et 60, années des
indépendances, les années 90 de la perestroika, du discours de la
baule et des conférences nationales, l'Afrique est restée
démocratiquement malade, malade de ses choix et de ses exigences. Faute
d'avoir des nations dignes de ce nom, nous n'avons pas pu choisir des
nationalistes pour être restés attachés à nos
tribus, nous avons choisis des tribalistes96(*).
Nous aimerions attirer l'attention du lecteur sur le fait que
le présent paragraphe ne traite ni de l'histoire, moins encore de la
sociologie politique. Il s'agit plutôt d'une réflexion sur un
phénomène qui est à la base de nombreux conflits et
guerres civiles (et conséquemment de nombreuses violations des droits de
l'homme) en RDC : l'instrumentalisation politique des identités
ethniques et son interférence dans le processus de
démocratisation. Cette instrumentalisation dérive le plus souvent
vers l'ethnicisme ou le tribalisme.
Le tribalisme apparait sous différentes facettes et
dans presque tous les secteurs de la vie nationale ; nous avons voulu
l'aborder ici, sous un angle particulier : son utilisation comme moyen
d'accéder ou de conserver le pouvoir politique et donc, un blocage au
processus démocratique97(*).
La cité démocratique est l'élément
le plus saillant du rêve humain de réaliser l'Etat le
meilleur ; elle est une exigence à la fois rationnelle et
éthique. Son érection nécessite la mise en oeuvre d'une
gouvernance fondée sur l'effort permanent de reconnaissance du droit
à l'égalité humaine et interethnique, sur la
répartition équitable des richesses, sur la pleine participation
des citoyens à la prise des décisions sur la gestion de la
cité.
L'érection d'une cité démocratique est
à la fois une exigence morale et une nécessité pratique de
bonne gouvernance politique.
Dans la situation concrète de notre
société, elle exige une double opération
fondamentale : primo, le passage de l'esprit ethnocentriste à la
culture nationaliste ; secundo, l'instauration d'une culture de gestion
politique résolument fondée sur le principe éthique de
justice.
Je comprends ce passage dans le sens de l'exigence, pour le
citoyen, comme pour l'ensemble du peuple, de se départir de l'ethnicisme
comme mal, pour se construire dans l'esprit et dans les normes d'action, une
conscience aiguë de ses responsabilités vis-à-vis de la
nation.
C'est une exigence d'ouverture d'esprit et de conscience, une
demande civique impérative de passage d'un Etat, jugé sauvage,
à un autre Etat estimé digne et civilisé, focalisé
sur l'ouverture nationaliste, sur le nationalisme comme vertu d'amour de la
nation érigée en valeur supérieure et souveraine, en
deçà de laquelle il n'y a pour le citoyen, ni possibilité
de dignité ni de vie véritable.98(*)
L'ethnicité est une décharge émotionnelle
primaire qui se manifeste par un ensemble d'attitudes, d'actions et de
pensées focalisées, de manière exclusiviste, sur sa propre
ethnie au détriment des autres.
Investi de sentimentalité exaltante gonflée de
chauvinisme sinon de fanatisme, le fait ethnique, l'ethnicité devient
idéologique, ethnicisme, tout comme la reconnaissance exaltée et
instrumentalisée de la tribu mue se transforme en se dégradant en
tribalisme.
D'aucun estime même que (et ce de l'avis de melchior
Mbonimpa), l'homme africain est par essence tribal, le mode d'occupation du
territoire africain est tribal, même dans les villes ! De
même, où qu'il se trouve, c'est à la manière tribale
que l'africain gère les relations avec ses semblables99(*).
La caractéristique majeure de l'ethnicisme est la
manifestation d'attitudes, de réactions et de comportements primaires.
Quiconque est pénétré, parfois sans le savoir, par le
venin ethniciste, et sans vouloir s'en débarrasser est tout
instinctivement porté à ne voir que ses frères ethniques
ou, tout au plus, ses camarades d'école, d'université, de
secondaire et surtout de primaire, comme le seul monde de confiance et de
sécurité sans faille.
Comme le tribalisme, l'ethnicisme est une réponse
primaire à la compétition de la vie. Attitude d'esprit de recours
inconditionnel à la confrérie ethnique, l'ethnicisme prive
l'individu de toute capacité de transcendance et d'accès
au-delà de la surface des réalités. Il est vide de
profondeur, dépourvu de maturité et dénué de
capacité de réflexion. Quiconque est noyé dans le fleuve
de la sentimentalité ethniciste devient, fatalement un naufragé
de la déraison.
Il ternit en lui le soleil de la raison lumineuse, en
dessèche la source de toute générosité,
déforme irrémédiablement le jugement, construit parmi les
humains et les ethnies des couloirs d'exclusion étanche, et fait
déferler sur la société des flots géants de
conflits et d'inter-destructions permanents.100(*)
Pour le cas de la RDC, le comble est l'absence de couloirs
idéologiques sur la scène politique nationale qui fait
naître et exacerber le phénomène d'ethnicité comme
mobilisation des solidarités ethniques se posant en forces semi-ouvertes
de compétition voire de rivalité sociale, culturelle et politique
entre les ethnies.
1. Le contrôle effectif du processus
démocratique par la population
La vraie démocratie doit être comprise comme
l'effort perpétuel des gouvernés contre les abus du pouvoir.
(Philosophat Saint-Augustin, le congo-Zaïre dans tous ses Etats :
bilan et perspectives, Kinshasa, PA, 2001), De cet avis, la population
congolaise est loin d'appréhender et de pratiquer cette notion.
Face à une société civile
préoccupée de plus en plus, comme les politiciens, par des luttes
d'influence et des querelles de positionnement, alors qu'elle est censée
défendre ses intérêts, le peuple congolais n'a jamais
manqué de s'exprimer par les voies qui lui sont propres bien entendu,
par sa participation toujours massive aux journées villes mortes et
autres manifestations pacifiques organisées souvent par les
organisations politiques, voire associatives101(*).
Toutes ces réactions de la population, ce sont des
indications qui doivent encore aujourd'hui montrer que la population congolaise
a toujours détenu une grande capacité de réactions
lorsqu'il se rend réellement compte que la gestion de la
« Respuplica » n'est pas confiée entre des bonnes
mains.
Face par exemple au tribalisme et au régionalisme
souvent prônés par le régime en place pour freiner toute
ouverture politique dans le pays et renforcer le pouvoir autoritaire, le peuple
est tout à fait conscient que ces genres des pratiques discriminatoires
ne font que créer la division entre congolais et ne peut pas favoriser
le développement, mais il ne réagit pas.
C'est pourquoi nous poussons un cri d'alarme au peuple
congolais en lui informant qu'il doit être le seul maître de son
destin s'il veut vraiment construire un Etat démocratique.
2. Privilégier l'alternance politique
Il est on ne peut plus dramatique de parler de la question
aussi délicate et dangereuse que de l'alternance politique en RDC. Mais,
il est aussi malaisé et peu responsable de taire les choses dont on sait
qu'elles peuvent entrainer ou entrainent déjà la mort d'hommes.
Dans l'un ou l'autre cas, il faut toujours oser grand, il faut initier une
rigoureuse évaluation.
Ainsi pour le meilleur et pour le pire et, au regard des
situations qui ont empêché la réussite de la
démocratie dans notre pays depuis les premières heures de
l'indépendance jusqu'à ce jour, nous sommes, chacun en ce qui le
concerne, appelés à nous interroger sur les réels et
majeurs obstacles à l'avènement de la démocratie.
Cinquante-trois ans déjà depuis l'accession du
pays à la souveraineté nationale et internationale, les choses
à tous les niveaux de la vie semblent patauger, on a l'impression que
nous sommes toujours au même point de départ.
De l'élite indépendantiste aux pères
libérateurs en passant par les pères providentiels, la gestion du
pouvoir en RDC semble connaitre des difficultés.
Tout compte fait, éclairer notre histoire, prendre en
charge les questions existentielles et réponses qui sourdent de
l'expérience de notre temps et de notre pays, tel est le souci qui nous
anime dans le cadre de cette partie du travail consacrée aux
propositions et suggestions pouvant faire avancer le processus
démocratique en RDC.
Un tel souci qui se veut un engagement mesuré pour
aider autant que faire se peut, notre pays à sortir du cycle infernal
des misères, d'intolérance et de la difficile coexistence
politique commune.
Il s'agit en fait d'une évaluation rigoureuse de la
gestion du pouvoir, des difficultés qui ont jusqu'à ce jour
empêché l'éclosion du jeu de l'alternance
démocratique des partis au pouvoir et les dérives qui en ont
découlé et qui ont enfoncé ou qui continuent à
enfoncer le pays dans le gouffre de sous-développement, de la
pauvreté et des guerres fratricides102(*).
3. Signification de l'alternance politique et
démocratique
Généralement, quand on parle de l'alternance
politique, on suppose une succession au pouvoir de deux tendances politiques
par le jeu du suffrage. Autrement dit, il y a alternance lorsque le parti de
l'opposition a la possibilité, non seulement légale, mais
réelle, de gouverner à son tour en remplaçant le parti au
pouvoir.
De la sorte, les partis en compétition se
succèdent sans rompre l'unité de la nation. On peut dans ce cas,
parler de l'alternance démocratique au pouvoir.
Un parti qui d'une manière ou d'une autre, confisque le
pouvoir pendant plusieurs législatures ne permet pas l'alternance
indispensable à l'équilibre de la vie démocratique.
L'alternance ne peut entraîner les changements profonds de politique,
mais elle suppose toujours la possibilité de revenir à la
politique antérieure.
En outre, l'alternance démocratique non seulement se
refuse toute confiscation du pouvoir, mais également toute prise de
celui-ci par la force ou par coup d'Etat.
En effet, la politique est supposée être une
scène où chaque acteur joue son rôle dans un temps
donné et laisse la place à l'autre ou aux autres. Une telle
vision des choses suppose que personne, alors personne, ne peut sous quelques
prétextes que ce soit, s'octroyer le droit de confisquer la gouvernance
du pouvoir et perdurer.
L'alternance démocratique suppose la limite et le sens
du partage, l'équilibre et la reconnaissance mutuelle des
libertés politiques103(*).
4. Lutter contre les réseaux de pillages du
Congo, une entrave majeure à sa démocratisation
La démocratisation du Congo signifierait
l'avènement d'un état de droit et la fin de l'anarchie et du
désordre actuel qui favorisent le pillage des richesses du pays. La
démocratie équivaudrait à la mise en place d'une bonne
gouvernance qui s'appuierait sur les différents mécanismes de
contrôle du pouvoir et sur une justice efficace et indépendante
or, tous les chasseurs des richesses du Congo qu'il s'agisse des Etats, des
entreprises nationales et multinationales, des organisations nationales ou
internationales, ... ils ont difficile à accepter la fermeture de leurs
sources d'approvisionnement.
Le rapport des experts de 'ONU qui ont enquêté
sur le pillage des richesses du Congo et qui a été publié
le 21 octobre 2002, a montré que ce grand pays immensément riche
est devenu une jungle impitoyable où survivre exige de participer
à l'oppression des plus faibles.
Ce rapport avait démontré les mécanismes
de pillage qui étaient curieusement semblables dans tous les
camps : gouvernement dominé par l'Angola et le Zimbabwe, RCD/Goma
contrôlé par le Rwanda, et MLC sous le contrôle de
l'Ouganda.
A chaque fois, un réseau d'élites comprenant des
dirigeants politiques, des militaires et des hommes d'affaires avait mis les
ressources du Congo à sa portée en coupe réglée. Il
se faisait avec l'aide des hommes armés qui intimidaient et utilisaient
les filières et les services d'organisations criminelles. Ce rapport
soulignait le fait que : « le pillage qui était
auparavant le fait des armées, a été par la suite
remplacé par des systèmes organisés de détournement
de fonds, de fraude fiscale, d'extorsion de fonds, d'octroi d'options d'achat
d'actions comme dessous-de-table et de détournements de fonds publics
sous la direction de groupes assimilables à des organisations
criminelles.
Nous dénonçons avec la dernière
énergie cette classe politique qui est impliquée dans ce pillage
et lui conseillons à ressaisir et stopper avec ces pillages qui
constituent un véritable blocage au développement de la nation.
De plus, y a-t-il de la part des autorités politiques congolaises une
réelle volonté politique de se débarrasser
définitivement des milices hutus interahamwe et des soldats rwandais
ex-far, devenus mercenaires et qui ont élu domicile au Congo où
ils sont déjà incorporés dans des réseaux de
pillage des richesses du pays et où ils ne cessent d'insécuriser
les populations congolaises ?
Quand on lit le rapport spécial de deux journalistes
américains Prendergast et Smock sur « la théorie
américaine de la souveraineté limitée», on constate
que les autorités américaines sont toujours inquiètent du
fait que les autorités congolaises n'ont pas encore abordé
sérieusement la question des menaces que constituent toujours les
milices armées rwandaises pour leur pays104(*).
Le Congo connaitra-t-il une réelle mutation
démocratique en vue de sa bonne gouvernance ? La démocratie
tant souhaitée par le peuple congolais, a difficile à se
réaliser dans ce grand pays tant le chemin pour y arriver ressemble bien
à un véritable chemin de la croix dans la mesure où le
parcours est plein d'embuches.
L'analyse du parcours réalisé depuis 1990
jusqu'à ce jour a montré qu'il existe des obstacles aussi bien
internes qu'externes pour y parvenir tout comme existe aussi des conditions
à remplir pour sa réalisation car il s'agit d'un travail de
longue haleine qui nécessite la mobilisation de toutes les
énergies et surtout une véritable volonté
politique105(*).
§2. LA PAIX CONDITION DE
LA DEMOCRATIE
Sans un minimum de paix, il n'y a pas de démocratie ou
mieux, il s'avère problématique d'enclencher et de réussir
le processus de démocratisation.
La paix peut être entendue comme absence de violence, de
guerre. On peut aussi envisager la paix comme un état de concorde,
d'accord entre membre d'une communauté. La paix peut être
conçue comme tranquillité, quiétude un état sans
désordres.
La paix est opposée, bien sur à
l'insécurité physique. La paix est aussi opposée à
l'insécurité sociale. Il y a sécurité sociale,
lorsque les besoins primaires de la population au moins se trouvent
satisfaits.
Dans ses relations avec la démocratie, la paix peut
tout aussi bien, être appréhendée comme un fondement et
comme un effet, une conséquence : fondement, la paix favorise la
démocratie.
En effet, la paix peut être saisie comme la
conséquence de la démocratie.Et lorsque la démocratie
s'instaure et qu'elle s'applique correctement, elle génère
forcement la paix dans sa plénitude.
Si l'on voie bien, dans la réalité sociale et
politique si complexe, démocratie et paix sont en relation dialectiques.
L'une ne va pas, normalement sans l'autre. Pour paraphraser M. Duverger, les
mécanismes de la démocratie répriment la
violence106(*).
1. ELECTIONS ET AVENIR DE LA DEMOCRATIE
Dans un Etat moderne, l'élection est le mode par
excellence, de désignation des gouvernants.107(*) La constatation suffit pour
induire qu'à l'instar d'une fondation pour un immeuble, les
élections sont indispensables à la mise à place des
régimes démocratiques.
A partir d'elles, en effet, on peut juger de la
capacité d'un régime politique à assurer
l'effectivité des libertés politiques, l'égal exercice
pour chaque citoyen, de ses droits, le recours au suffrage universel comme
technique de désignation des gouvernants ainsi que la garantie que les
droits de la majorité et de l'opposition soient
protégés108(*).
Il s'agit ici, de donner la parole au souverain primaire, le
peuple, pour qu'il désigne ses représentants en vue d'un nouvel
ordre politique. En effet, ces élections doivent se faire à
différents niveaux : referendum constitutionnel, élections
présidentielles, élections législatives, élections
des gouverneurs, élections des députés provinciaux,
élections des conseillers des communes, élections des conseillers
des territoires, élections des conseillers des collectivités.
Actuellement, dans la situation que traverse le pays, tout le
monde convient que les élections libres, transparentes et
crédibles constitueraient la voie obligée pour garantir l'avenir
de la démocratie en RDC. Mais, il sied aussi de préciser que
toutes les élections ne mènent pas forcément vers la
démocratie.
L'exemple le plus patent nous est fourni par la
République sud africaine et les dernières élections
organisées au Zimbabwe. D'autres exemples peuvent être
tirés de notre propre passé. La victoire en 1960 du MNC et des
partis alliés leur a été confisquée avec
l'éviction du premier ministre et la fermeture du parlement. En 1965, le
coup d'Etat de Mobutu a mis fin au rêve de Moïse Tshombe
d'accéder à la présidence de la république
après la victoire de son parti la CONACO et de ses alliés.
Malgré cela, nous affirmons que l'avenir de la
démocratie en RDC est lié à la nature des
élections. Autant ces élections seront libres, honnêtes,
compétitives et transparentes, autant donneront-elles des gages à
la démocratie.
Autant ces élections désigneront des
représentants compétents, soucieux de la bonne gouvernance et du
bien-être général, autant poseront-elles des fondements
solides pour la démocratie dans notre pays. A tout congolais, votre vote
engage l'avenir du pays.
2. L'APPRENTISSAGE DE LA DEMOCRATIE
Bien que le désire de liberté soit inné,
il convient d'enseigner et d'apprendre le fonctionnement de la
démocratie.
L'enseignement de la démocratie suppose l'acquisition
d'habitudes, d'attitudes et des valeurs ainsi qu'un engagement sans
équivoque, cette forme de gouvernement ne peut triompher et durer que si
chaque génération a des moyens d'en comprendre le
fonctionnement109(*).
Il faut pour cela :
Des programmes d'études et d'activités
extrascolaires ; des cours et ateliers, émissions
radiotélévisées, des articles des journaux et des
magasines ; des activités organisées par des groupements
civiques pouvant aider des citoyens de tous âges à apprendre la
démocratie.
Pour un bon apprentissage de la démocratie, le
gouvernement doit remplacer les programmes politiques et de modifier les
habitudes pédagogiques. L'apprentissage de la démocratie n'est
pas un remède qui agit instantanément : il faut, pour y
parvenir, un travail de fond et un enragement de longue haleine de la part des
pouvoirs publics et des citoyens.
L'enseignement de la démocratie est très
nécessaire quelque soit le degré d'avancement auquel parvient une
société démocratique.
Plus la démocratie est solidement établie dans
un pays, plus le risque est grand de voir les citoyens tenir pour acquis ses
principes, ses institutions et ses avantages.
Conclusion de la
deuxième partie
Le processus de démocratisation qui s'est engagé
surtout depuis le début des années quatre-vingt-dix, a permis
à un certain nombre de citoyens de pays africains de gagner une plus
grande libéralisation de la vie politique. Même si un nombre
encore important de pays résistent aux changements politiques, le
mouvement de démocratisation semble irréversible.
Il ressort de l'analyse que malgré les réformes
de la fonction publique, des progrès dans le système
éducatif et des programmes de renforcement institutionnel mis en place
dans beaucoup de pays, les capacités institutionnelles et humaines
actuelles des pays africains et l'efficacité de l'administration
publique demeurent encore faibles.
Les autres acteurs de la gouvernance qui doivent servir de
contre poids au pouvoir exécutif ne sont pas en mesure dans bien des cas
à jouer efficacement leur rôle.
Dans ces conditions, les politiques partisanes des leaders,
sans contre pouvoir, peuvent limiter les chances d'une croissance durable qui
exigent pour se faire la pratique de la bonne gouvernance.
Le renforcement des capacités institutionnelles et
humaines des différents acteurs de la gouvernance constitue une
priorité pour garantir la consolidation de la pratique de la bonne
gouvernance dans les pays africains.
Si la communauté internationale a aidé par le
passé, les autocrates à accéder et à consolider
leur pouvoir, il serait souhaitable qu'elle contribue également au
renforcement des capacités des administrations, de la
société civile dans les pays africains.
Mais, comment prouver qu'en réunissant toutes les
conditions que nous venons d'envisager, nous obtiendrons la ligne droite, le
plus court chemin vers le succès de la démocratie ? Rien ne
peut le prouver dans la mesure où c'est l'avenir qui est en jeu !
On doit toujours admettre que l'avenir est un pays sans preuves. Il reste
pourtant que rien ne nous libère de la responsabilité de
travailler pour un avenir démocratique plus humain.
Conclusion
générale
Après quatre cents ans d'esclavage, quatre-vingts ans
de colonisation et trente-deux ans de dictature, il eut un 24 avril 1990, le
jour où le peuple congolais avait acquis un peu d'espace de
liberté.
Cette détente tactique fut naïvement
appelée : démocratie qu'il y a eu par moment des
manifestations des rues, des opinions osées dans la presse
écrite.
Il faut reconnaître que le mérite du discours du
24 avril 1990 n'était qu'un jalon de la démocratie, laquelle
restait un projet encore intact dans une perspective très lointaine.
Au moment où notre pays poursuit inexorablement ce
processus de démocratisation de notre société, nous nous
rappelons les martyrs de la démocratie pour que le changement tant
revendiqué à l'époque soit mis en route.
Le 16 février 1992 reste et restera un jour
mémorable pour tous les croyants de la République
Démocratique du Congo. Ce jour là, des milliers de fidèles
de différentes confessions religieuses, des citoyens de tout âge
et de différents horizons se sont levés et se sont engagés
pour revendiquer la réouverture de la Conférence Nationale
Souveraine, symbole de la volonté de changement du peuple à
l'époque.
Aujourd'hui en effet, comme en 1992, notre vie reste
caractérisée par l'insécurité, le
délabrement des infrastructures de base (routes, eau,
électricité, etc.), le chômage, la mauvaise
rémunération des travailleurs, la délinquance
juvénile, la corruption, l'impunité et les nombreuses
déficiences des services publics. Cette situation ne peut perdurer.
Levons-nous et engageons-nous pour un changement réel dans notre pays.
Prenons des initiatives constructives pour une
société de liberté, de responsabilité, de justice,
de tolérance, de solidarité et de sens du bien commun. Le moment
favorable est arrivé. Organisons-nous et mobilisons-nous dans nos
paroisses, dans nos communes, secteurs et villages pour contribuer à la
reconstruction de notre pays.
Mettons en place des mécanismes très efficaces
en vue de nous approprier l'organisation des prochaines élections
locales. Ainsi, nous manifesterons notre engagement à prendre en main
notre destin, à changer le cours de notre histoire comme ceux qui sont
descendus dans les rues des différentes villes du pays le 16
février 1992.
Certes, nous avons déjà accompli du chemin avec
la mise en place des institutions issues des élections au niveau
national et provincial. Mais il nous reste à élire des
conseillers municipaux, des bourgmestres, des maires, des chefs de secteurs,
des conseillers urbains et des conseillers de secteurs ou chefferies, sans
lesquels les fruits du changement démocratique resteront difficilement
visibles dans notre vécu quotidien.
Malgré ces importantes avancées politiques, la
démocratisation en RDC demeure confrontée à de nombreux
défis à court et à long terme.
A long terme, en plus de la nécessité d'avoir un
gouvernement légitime issu de l'alternance démocratique, il
faudra aussi mettre en place des institutions efficaces, promouvoir
l'état de droit, encourager la croissance économique et
créer une armée républicaine et professionnelle.
A court terme, il faudra encourager le dialogue, rechercher le
compromis politique et la cohésion nationale.
Pour conjurer le danger incontestablement réel, la
solution consiste à consolider le régime démocratique par
un changement radical de mentalités, qui ne peut s'opérer que
dans un état de droit à réhabiliter par : la
nécessité des partis politiques représentatifs, des
élections libres transparentes et crédibles, de
l'éducation à la démocratie et à la
citoyenneté, de la société civile forte et
mobilisée, du respect des droits humains, de la nécessité
de l'armée républicaine, de l'administration publique
responsable, de la discipline librement consentie de privilégier en
toute circonstance l'intérêt général en lieu et
place de l'intérêt partisan ; la sécurité
juridique et judiciaire pour tous en vertu du principe de
l'égalité de tous les citoyens devant la loi.
C'est le moment où jamais pour les congolais où
chacun doit faire l'interrogation de John F. Kennedy « que
dois-je faire pour mon pays et non pas que doit faire le pays pour
moi ?».
Bibliographie
I. Textes officiels
1. La constitution de la RDC du 18 février 2006 telle
modifiée et complétée par la loi n° 11/002 du 20
janvier 2011 portant révision de certains articles de la Constitution,
Kinshasa, journal officiel, numéro spécial
47ème année, 2006.
2. Charte africaine de la Démocratie, des
élections et de la bonne gouvernance.
3. loi n° 04/002 du 15 mars 2004 portant organisation et
fonctionnement des partis politiques en RDC, Kinshasa, journal officiel,
numéro spécial 45ème année, 2004.
4. loi organique modifiant et complétant la loi n°
10/013 du 28 juillet 2010 portant organisation et fonctionnement de la
commission électorale nationale indépendante, Kinshasa, journal
officiel, numéro spécial 54ème année,
2013.
II. Doctrine
1. B. HamuliKabaruza, Reconstruction et
démocratisation de la RDC, Kinshasa, CNONGD, 1997.
2. BapuwaMwamba, Pourquoi ce bilan de sang sur les
campus ? Bulletin de l'association canadienne des études
africaines, 1991.
3. Bruno MupingayiKadiakuidi, vers la faillite de la
démocratie en Afrique, cas du Zaïre, Kinshasa, CARI,
1994.
4. Calloy, M ; et Gruenois M., Des dictateurs
issus des urnes, In manière de voir, n° 51, Mai juin
2000.
5. Cyriaque-Magloire Mongo Dzon, Relever les
défis électoraux en Afrique, Paris, l'Harmattan, 2009.
6. EboussiBoulaga F, Les conférences nationales
en Afrique noire, Paris, Kartala, 1993.
7. Evariste TshimangaBakadiababu, La démocratie
et ses blocages au Congo Kinshasa de 1958 à nos jours, Paris,
L'harmattan, 2004.
8. F. MukokaNsenda, Etat et gouvernementalité au
Congo(RD), Kinshasa, ICREDES, 2012.
9. Ferdinand KapangaMutombo (LCE),
Démocratisation, état de droit et bonne
gouvernance, Kinshasa, Cedi, 2001.
10. Francis Fukuyama, La fin de l'histoire et le
dernier homme, Paris, Flammarion, 1992.
11. Henri MovaSakanyi, Vivement les
élections ? Peuple, Libération et
démocratie, Kinshasa, Editions Safari, 2005.
12. Honoré Ngbanda, Afrique :
démocratie piégée, Paris, Corlet, 1994.
13. IngangewaIngange, J.D. Notes du Cours polycopiées
de droit constitutionnel et institutions politiques, Kinshasa, inédit,
2011-2012.
14. Jean Gicquel, Jean-Éric Gicquel, Droit
constitutionnel et Institutions politiques, Paris, Montchrestien,
2005.
15. J-Louis EsamboKangashe, Le droit
constitutionnel, Paris, l'Harmattan, 2013.
16. Kamana, « Penser la politique de notre
pays à partir de nos espérances », Le
potentiel, n° 3648 du 13/02/2006.
17. Léon MatangilaMusalida, Pour une
démocratie au Congo Kinshasa, Paris, L'harmattan, 2001.
18. MabialaMantubaNgoma, Partis politiques,
démocratie et paix en RDC, Kinshasa, I.D.L.P., 2001.
19. Mace, G. et PETRY, F., Guide d'élaboration
d'un projet de recherche en sciences sociales, Bruxelles, De Boek,
2011.
20. Madeleine Grawitz, Méthodes des sciences
sociales, Paris, Dalloz, 2001.
21. Melchior Mbonimpa, Ethnicité et
démocratie en Afrique, l'homme tribal contre l'homme
citoyen ? Paris, l'Harmattan, 1994.
22. Michaël Walzer, Pluralisme et
Démocratie, Éditions Esprit, 1997.
23. Modeste MutingaMutuishayi, RDC à l'aube de
la 3ème république : démocratie ou
démocrature ?, Bruxelles, Espace-Afrique éditions,
2005.
24. MwabilaMalela, de la déraison à la
raison, Appel aux intellectuels Zaïrois pour un nouveau
débat sur la société, Kinshasa, éd. Sois
prêt, 1995.
25. MwayilaTshiyembe, La transition en RDC :
bilan, enjeux et perspectives, Paris, L'Harmattant, 2005.
26. P. NgomaBinda, J. OtemikongoMandefuYahisule, Leslie
MoswaMombo, Démocratie et participation à la vie
politique: une évaluation des premiers pas dans la
troisième république, SouternAfrica, Open Society, 2010.
27. P. Ngomabinda, La participation politique,
Kinshasa, Ifep, 1995.
28. P. NgomaBinda, Une démocratie
libérale communautaire pour la RDC et l'Afrique, paris,
l'harmattan, 2001.
29. Philippe Ardant, Institutions politiques et Droit
constitutionnel, Paris, LGDJ, 2007.
30. Philosophat Saint-Augustin, le Congo-Zaïre
dans tous ses Etats : bilan et perspectives, Kinshasa, PA,
2001.
31. SabakinuKivilu, Démocratie et paix en
RDC, Kinshasa, PUK, 1999.
32. Souga Jacob Niemba, état de droit,
démocratique fédéral au Congo-Kinshasa source de
stabilité réelle en Afrique centrale, Paris,
l'harmattan, 2002.
33. Sylvain ShombaKinyamba, Méthodologie de la
recherche scientifique, Kinshasa, PUK, 2012.
34. Vincent de Paul Lunda Bululu, Conduire la
première transition au Congo-Zaïre, Paris, l'Harmattan,
2003.
III. Ouvrages de référence
1. Dictionnaire de l'académie française,
5ème édition, 1798.
2. Dictionnaire, encarta Microsoft corporation, collection
encyclopédique, éd. 2009.
3. Larousse super major, éd. 2007.
4. Lexique des sciences sociales, Paris, 3è éd.
Dalloz,2003.
IV. Webographie
1. www.leganet.cd
2. www.toupie.org
3. www.google.cd
4. www.freedomhouse.org
5. Table des
matières
Epigraphie
I
DEDICACE
II
Remerciements
III
Liste de principale sigles et
abréviations
IV
Introduction générale
1
I. Problématique
1
II. Hypothèses
5
III. Choix et intérêt du
sujet
6
IV. Délimitation du travail
7
V. Méthodologie du travail
7
VI. Plan sommaire
8
Etat de la question
8
PREMIERE PARTIE :
10
ETAT DES LIEUX DU PROCESSUS DE DEMOCRATISATION DE
LA REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO
10
CHAPITRE I : VUE PANORAMIQUE DE LA DEMOCRATIE
11
SECTION I : ANALYSE DE CONCEPTS
11
§1. LE PROCESSUS
11
§2. DEMOCRATIE
12
SECTION II : APERÇU HISTORIQUE DU
PROCESSUS DEMOCRATIQUE EN RDC
18
§1. LES FACTEURS EXOGENES
19
§2. FACTEURS ENDOGENES
22
CHAPITRE II : LE BILAN DU PROCESSUS
DEMOCRATIQUE EN AFRIQUE
29
SECTION I : DES SUCCES ET DES RESISTANCES AU
PROCESSUS DEMOCRATIQUE EN AFRIQUE
29
§1. DES SUCCES
29
§2. Des résistances
35
SECTION II : LA DEMOCRATIE OCCIDENTALE A
L'EPREUVE DES REALITES AFRICAINES
45
§1. LA DEMOCRATIE DANS LA TRADITION
AFRICAINE
45
§2. La conception moderne de la
démocratie en Afrique
51
Conclusion de la première partie
53
DEUXIEME PARTIE :
54
LES MECANISMES DE RENFORCEMENT DU PROCESSUS
DEMOCRATIQUE EN REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO
54
CHAPITRE I : L'ETAT DE DROIT : CONDITION
DE LA DEMOCRATIE
55
Section I : NOTION DE L'ETAT DE DROIT
55
§1. HISTORIQUE ET DEVELOPPEMENT DE LA
NOTION
56
§2. L'EDIFICATION PROGRESSIVE DE L'ÉTAT
DE DROIT
57
§3. L'impact des partis politiques au
processus de démocratisation
65
SECTION II : RENFORCER L'EFFICACITE DU
PARLEMENT CONGOLAIS ET DES INSTITUTIONS D'APPUI A LA DEMOCRATIE
66
§1. LE PARLEMENT CONGOLAIS
66
§2. Les institutions d'appui à la
démocratie
68
CHAPITRE II : LA BONNE GOUVERNANCE :
THERMOMETRE DE LA DEMOCRATIE
74
SECTION I : HISTORIQUE DU CONCEPT DE
GOUVERNANCE EN AFRIQUE
74
§1. Notion et définition de la bonne
Gouvernance
75
§2. Caractéristiques de la gouvernance
en RDC, pendant les 53 dernières années.
77
SECTION II : DU POUVOIR JUDICIAIRE ET DE LA
SOCIETE CIVILE
81
§1. DU POUVOIR JUDICIAIRE
81
§2. DE LA SOCIETE CIVILE
85
Section III : Suggestions et propositions
87
§1. Construire la cité
démocratique au-delà de l'ethnie
87
§2. LA PAIX CONDITION DE LA DEMOCRATIE
93
Conclusion de la deuxième partie
96
Conclusion générale
97
Bibliographie
99
Table des matières
102
* 1Léonard SheOkitundu et
Freddy Albert Mukoyi, La social-démocratie,
Genève, Méta-éditions 2006, p. 9.
* 1SabakinuKivilu,
Démocratie et paix en RDC, Kinshasa, PUK, 1999, p11.
* 2P. NgomaBinda, J.
OtemikongoMandefuYahisule, Leslie MoswaMombo, Démocratie et
participation à la vie politique: une évaluation des
premiers pas dans la troisième république, SouternAfrica, Open
Society, 2010, p. 2.
* 3B. HamuliKabaruza,
Reconstruction et démocratisation de la RDC, Kinshasa,
CNONGD, 1997, p. 11.
* 2 Mace, G. et PETRY, F.,
Guide d'élaboration d'un projet de recherche en sciences
sociales, Bruxelles, De Boek, 2011, p. 43.
* 3Sylvain ShombaKinyamba,
Méthodologie de la recherche scientifique, Kinshasa,
PUK, 2012, p. 34.
* 4Léon
MatangilaMusalida, Pour une démocratie au Congo
Kinshasa, Paris, L'harmattan, 2001, p. 9.
* 5Ferdinand KapangaMutombo
(LCE), Démocratisation, Etat de droit et bonne
gouvernance, Kinshasa, Cedi, 2001, p. 120.
* 6Grawitz, M.,
Méthodes des sciences sociales, cités par Sylvain
Shomba, Op. cit., p. 28.
* 7J-Louis EsamboKangashe,
Le droit constitutionnel, Paris, l'Harmattan, 2013,
p. 28.
* 8Honoré Ngbanda,
Afrique : démocratie piégée, Paris,
Corlet, 1994, p. 15.
* 9
www.freedomhouse.org, lundi le
11 mars 2013 à 15H07.
* 10Wingenga (J), Notes du
Cours polycopiées, G2 SPA, 2010-2011, ULK, Inédit, p. 21.
* 11Larousse super major,
éd. 2007, p. 847.
* 12Lexique des sciences
sociales, Paris, 3è éd. Dalloz, 2003, p. 248.
* 13Sabakinukivilu,
Op. cit., p. 12.
* 14Ferdinand KapangaMutombo
(LCE), Op. cit., p. 120.
* 15Livre d'option science
politique,
Http://www.toupie.org/Dictionnaire/Democratie.htm.,
samedi le 13 avril 2013 à 17H15.
* 16Cédric
Polère,Démocratie : de quoi parle t-on ?, Paris,
le centre ressources prospectives du grand Lyon, 2007, p. 1.
* 17Francis Fukuyama,
La fin de l'histoire et le dernier homme, Paris, Flammarion,
1992, p. 11.
* 18Cédric
Polère,Op. cit., p. 1.
* 19Cédric
Polère,Op. cit., p. 2.
* 20P. Ngomabinda, la
participation politique, Kinshasa, Ifep, 1995, p. 105.
* 21SabakinuKivilu, Op.
cit., p. 7.
* 22 Idem, p. 12.
* 23 Dictionnaire, encarta
Microsoft corporation, collection encyclopédique, éd. 2009.
* 24Calloy, M ; et
Gruenois M., Des dictateurs issus des urnes, In manière
de voir, n° 51, Mai juin 2000, p. 33.
* 25Honoré Ngbanda,
Op. cit., p. 85.
* 26 Evariste
TshimangaBakadiababu, La démocratie et ses blocages au Congo
Kinshasa de 1958 à nos jours, Paris, L'harmattan, 2004, p.
9.
* 27 Vincent de Paul Lunda
Bululu, Conduire la première transition au
Congo-Zaïre, Paris, L'Harmattan, 2003, p. 32.
* 28BapuwaMwamba,
Pourquoi ce bilan de sang sur les campus ? Bulletin de
l'association canadienne des études africaines, 1991, pp. 3-13.
* 29Amnesty international,
La république du Zaïre en marge de la loi, les forces de
sécurité répriment les opposants au gouvernement
(1988-1990), Londres : AI, AFR62/10/90, 1990, p. 25.
* 30Honoré Ngbanda,
Op. cit., p. 103
* 31EboussiBoulaga F,
Les conférences nationales en Afrique noire, Paris,
Kartala, 1993, p. 173.
* 32Honoré Ngbanda,
Op. cit., p. 123.
* 33 Francis Fukuyama,
Op. cit., pp. 7-8.
* 34MwayilaTshiyembe,
La transition en RDC : bilan, enjeux et perspectives,
Paris, L'Harmattan, 2005, p. 11.
* 35F. MukokaNsenda,
Etat et gouvernementalité au Congo(RD), Kinshasa,
ICREDES, 2012, p. 28.
* 36Kamana,
« Penser la politique de notre pays à partir de nos
espérances », Le potentiel, n° 3648 du
13/02/2006, p. 13.
* 37Michaël Walzer,
Pluralisme et Démocratie, Éditions Esprit, 1997,
p. 60.
* 38 Art. 13 de la Constitution
du Burkina Faso.
* 39 Philippe Ardant,
Institutions politiques et Droit constitutionnel, Paris, LGDJ,
2007, p. 153.
* 40Jean Gicquel,
Jean-Éric Gicquel, Droit constitutionnel et Institutions
politiques, Paris, Montchrestien, 2005, p. 194.
* 41Cité par El Hadji
Mbodj, in « Les garanties et éventuels statuts de
l'opposition en Afrique », Actes de la quatrième
réunion préparatoire au symposium international de Bamako «
La vie politique », mai 2000, p. 1, www.google.cd, Lundi, 15 avril 2013
à 12H17.
* 42Henri MovaSakanyi,
Vivement les élections ? Peuple, Libération
et démocratie, Kinshasa, Editions Safari, 2005, p. 16.
* 43 Philippe Ardant,
Op. cit., p. 185.
* 44 Jean Gicquel,
Jean-Éric Gicquel, Op. cit., p. 707.
* 45Philippe Ardant,
Op. cit., p. 157.
* 46IsmailaMadiorFall (dir.),
Les décisions et avis du conseil constitutionnel du
Sénégal, Dakar, Credila, 2008, pp. 21-22.
* 47 F. MukokaNsenda,
Op. cit., p. 84.
* 48Thierry Michalon, «
Le suffrage universel détourné par les clans et les
intérêts privés. Pour la suppression de
l'élection présidentielle en Afrique », Le Monde
diplomatique, janvier 2004, pp. 24-25.
* 49Odile Jacob, Dans le
roman de Manès Sperber, Et le buisson devint cendre,
Paris, 1990, p. 199.
* 50Jean du Bois de Gaudusson,
« Les élections à l'épreuve de
l'Afrique », Les Cahiers du
Conseil constitutionnel, n° 13, 2002, p. 105.
* 51Pascal Quantin, « Pour
une analyse comparativedes élections africaines », Politique
africaine, n° 69, 1998, p. 12.
* 52NiandouSouley Abdoulaye,
« Le capital de confiance initiale des régimes militaires
africains », Afrique et Développement, vol. 20,
n° 2, 1995, p. 42.
* 53Sabakinukivilu,
Op. cit., p. 11.
* 54Sabakinukivilu, Op.
cit. p16.
* 55Philippe de Lara, «
Anthropologie du totalitarisme. Lectures de Vincent Descombes
et Louis Dumont », Annales HSS, vol. 63, n° 2, mars-avril
2008, pp. 353-354.
* 56Sabakinukivilu, Op.
cit., p. 17.
* 57 P. NgomaBinda, Une
démocratie libérale communautaire pour la RDC et
l'Afrique, Paris, L'Harmattan, 2001, p. 99.
* 58P. NgomaBinda, Une
démocratie libérale communautaire pour la RDC et
l'Afrique, Op. cit., p. 100.
* 59Sabakinukivilu,
Op. cit., p. 7.
* 60 Bruno MupingayiKadiakuidi,
Vers la faillite de la démocratie en Afrique, Cas du
Zaïre, Kinshasa, CARI, 1994, p. 18
* 61Bien que l'erreur soit
fréquemment commise, « état » s'écrit
sans majuscule dans l'expression « état de droit »,
puisque l'acception de ce mot est « situation» (comme dans
« état de nature », « état de
siège »...) et non corps politique comme dans « Etat
souverain », « Etat démocratique »...
dictionnaire de l'académie française, 5ème
éditions, éditions ebooks-France, 1798, p. 1121.
* 62 Article 1er de
la Constitution du 18 février 2006 en RDC telle que modifiée et
complétée à ce jour par la loi n° 11/002 du 20
janvier 2011 portant révision de certains articles de la
Constitution,numéro spécial 47ème année Kinshasa,
18 février 2006.
* 63MabialaMantubaNgoma,
Partis politiques, démocratie et paix en RDC, Kinshasa,
Institut pour la démocratie et leadership politique (I.D.L.P.), 2001, p.
48.
* 64Ferdinand KapangaMutombo
(LCE), Démocratisation, Etat de droit et bonne
gouvernance, Kinshasa, Cedi, 2001, p. 106.
* 65Idem, p. 103
* 66 Bruno MupingayiKadiakuidi,
Vers la faillite de la démocratie en Afrique, cas du
Zaïre, Kinshasa, CARI, 1994, p. 1.
* 67IngangewaIngange, J.D.
Notes du cours polycopiées de droit constitutionnel et institutions
politiques, Kinshasa, inédit, 2011-2012, p.85.
* 68MabialaMantubaNgoma,
Op cit., p. 106.
* 69MabialaMantubaNgoma,
Op cit., p. 107.
* 70Lukieni lu Nyimi et
MasialaMuanda, « Valeurs et objectifs d'un parti démocrate
» in: Ngoma-Binda et MutambaMakombo (sous la direction de),
Valeurs et objectifs d'un parti politique démocrate, social et
chrétien, Kinshasa, Publications de l'Institut de Formation et
d'Etudes Politiques, 1997, p. 21.
* 71Article 5 de la loi n°
04/002 du 15 mars 2004 portant organisation et fonctionnement des partis
politiques.
* 72Modeste
MutingaMutuishayi, RDC à l'aube de la 3ème
république : démocratie ou
démocrature ?, Bruxelles, Espace-Afrique éditions,
2005, p. 25.
* 73Jeune Afrique,
n°1556, du 24 au 30 octobre 1990.
* 74 N'Saka wa N'Saka, Jena,
« Les grands partis dans la zone de turbulences », dans Le
Phare, 30 décembre 2009. L'auteur de l'article décrit la vie
interne des partis politiques congolais les plus en vie : le PPRD, l'UDPS, le
PALU, le MLC, le RCD, et autres, tous minés par des crises internes
attestatrices de manque de démocratie.
* 75C'est visiblement dans
le souci de faire émerger la culture démocratique au sein des
partis politiques et du parlement que le Professeur Boshab, Président de
l'Assemblée Nationale, a organisé une journée
entière, pour les Députés et les Sénateurs, le 30
novembre 2009. Cette Séance Académique a
été focalisée sur le thème : Démocratie
et Tolérance en Politique. En plus de Monsieur Justin Koumba,
Président de l'Assemblée Nationale de la République du
Congo, trois enseignants d'université ont été
invités à présenter des exposés sur la culture de
la tolérance politique : le Professeur AkeleAdau, le Professeur
Jean-Chrétien Ekambo, et le Professeur Ngoma-Binda.
* 76Sabakinukivilu,
Op. cit., p. 152.
* 77MabialaMantubaNgoma,
Op. cit., p. 93.
* 78Léon
MatangilaMusalida, Pour une démocratie au Congo
Kinshasa, Paris, l'harmattan, 2001, p. 9.
* 79LongomoMpetshi, La
contribution des institutions de la transition au processus de
démocratisation en RD, cas de l'assemblée
nationale, mémoire, ULK, 2005-2006, p. 5.
* 80 Article 5 de la
constitution du 18 février 2006 en RDC telle que modifiée et
complétée par la loi n° 11/002 du 20 janvier 2011.
* 81Cyriaque-Magloire Mongo
Dzon, Relever les défis électoraux en Afrique,
Paris, l'Harmattan, 2009, p.13-14.
* 82Article 212 de la
constitution du 18 février 2006 en RDC.
* 83Haute Autorité des
Médias, Recueil des Actes, Décisions, Recommandations,
Observations, Avis, août 2004 - juin 2005, Kinshasa, juillet 2005,
p. 110.
* 84 L'article 24 de la
Constitution garantit la liberté de la presse, la liberté
d'information et d'émission par la radio et la télévision,
la presse écrite ou tout autre moyen de communication sous
réserve du respect de l'ordre public, de bonnes moeurs et des droits
d'autrui.
* 85 Loi n°96-002 du 22
juin 1996 fixant les modalités de la liberté de la presse.
* 86La loi fait obligation
de déclarer les biens avant la prise de fonctions publiques tout comme
à la fin de ces fonctions (entre autres les membres du gouvernement et
les gestionnaires d'entreprises publiques). Mais ces déclarations
demeurent confidentielles. Les informations y relatives ne sont pas accessibles
au citoyen contribuable.
* 87MabialaMantubaNgoma,
Op. cit., p. 78.
* 88Fumuzanza, J., «
La bonne gouvernance en RDC : orientations et stratégies de la
gouvernance », Communication, Séminaire-atelier
organisé par la Commission Interministérielle d'Audit et Bonne
Gouvernance (CIABG), Kinshasa 16-17 juillet 2009.
* 89Mabi, M. (2006) ;
« Pour une bonne gouvernance des Entités Administratives
Décentralisées », Congo-Afrique, N° 402-403,
Février-Mars 2006, p. 113.
* 90LIGUE CONGOLAISE DES
ELECTEURS, La bonne gouvernance et les droits de l'homme,
Kinshasa, édition LCE, p. 9.
* 91MabialaMantubaNgoma,
Op. cit., p. 75.
* 92 NGOMA BINDA,
Principes de bonne gouvernance politique, dans la
Référence plus, n° 1601 du 11 juin 1999, p. 4.
* 93Gogué, A.T., G.
Kester et O. Sidibé (1997) Pour une Démocratie Participative
», in Kester, G. et O. O. Sidibé, Syndicats à Vous
Maintenant ! Pour une Démocratie Durable, Paris,
L'Harmattan, p. 109.
* 94Evariste
TshimangaBakadiababu, Op. cit., p. 177.
* 95MabialaMantuba-ngoma,
Op. cit.,p. 85.
* 96Cyriaque-Magloire Mongo
Dzon, Relever les défis électoraux en Afrique,
Paris, l'Harmattan, 2009, p. 9.
* 97Sébastien
Kayembe -N'kokeshA, Le défi de l'ethno-démocratie,
ethnies, tribalisme et démocratisation au Congo, Kinshasa,
Observatoire, 2000, p. 8.
* 98 P. NgomaBinda, Une
démocratie libérale communautaire pour la RDC et
l'Afrique, Op. cit., p. 238.
* 99Melchior Mbonimpa,
Ethnicité et démocratie en Afrique, l'homme tribal contre
l'homme citoyen ? Paris, l'Harmattan, 1994, p. 11.
* 100 Idem, p. 239.
* 101Evariste
TshimangaBakadiababu, Op. cit., p. 152.
* 102Philosophat
Saint-Augustin, Le Congo-Zaïre dans tous ses Etats : bilan et
perspectives, Kinshasa, PA, 2001, pp. 88-89.
* 103Philosophat
Saint-Augustin, Op. cit., p. 89.
* 104 P. NgomaBinda,
Une démocratie libérale communautaire pour la RDC et
l'Afrique, Op. cit., p. 223.
* 105Idem, p. 239.
* 106Sabakinu kivilu,
Op. cit., p. 151.
* 107J-Louis EsamboKangashe,
Op. cit., p. 155.
* 108Idem, p. 181.
* 109Ferdinand
KapangaMutombo (LCE), Démocratisation, état de droit et
bonne gouvernance, Kinshasa, cedi, 2001, p. 120.