Chapitre VI : Analyse
de la situation ou Analyse et interprétation des résultats de
l'enquête
I-
Résultats qualitatifs :
Voici quelques discours présentés selon leur
ordre d'enregistrement, ils proviennent des interviews faites auprès de
certains acteurs de la promotion féminine (D.N.P.F, D.R.P.F.E.F.B,
CNDIFE, etc.), des personnes sus-indiquées et de réponses
(qualitatives) contenues dans le questionnaire administré sur le
terrain :
Discours N°1 : une
présidente d'association de femmes
« Impossible de parler de la Femme malienne.
Selon qu'elles vivent en zone rurale ou en zone urbaine, dans un environnement
conservateur et traditionnaliste ou dans un environnement intellectuel, la vie
des femmes diffère. Une chose est sûre, leur vie n'est pas
aisée. Autrefois, les mamans contribuaient aux besoins de la
famille ; aujourd'hui, elles jouent un rôle
prépondérant et nécessaire à la survie. Elles sont
peu nombreuses à avoir un emploi rémunéré ou
à créer leur propre entreprise. Elles exercent majoritairement
dans le secteur informel. Leurs revenus leur permettent de nourrir la famille,
d'éduquer les enfants et d'avoir un minimum d'autonomie vis-à-vis
de leur époux. Et pourtant, à l'époque de nos
grand-mères, de nos mères, les femmes maliennes s'exprimaient.
Leur empreinte était forte. Elles se sont battues pour que le Mali
accède à la démocratie. Elles ont donné leur
poitrine aux balles. Aujourd'hui, le Code de la famille en vigueur a
dégradé le texte d'origine qui n'avait rien à envier aux
démocraties occidentales. Aujourd'hui, la société malienne
a reculé. Je reste optimiste, car sur la scène politique et dans
le monde économique, de plus en plus, des femmes émergent
et s'imposent. Nous, jeunes, sommes à la croisée des chemins,
entre tradition et modernité. Les femmes maliennes sont en bonne
voie. »
Commentaire : cette militante met en
lumière les difficultés de la femme malienne qui est diverse
selon les milieux ou selon son niveau d'instruction. Elle souligne
également sa condition de vie pas très aisée du fait
qu'elle a peu accès à l'emploi et est moins
créatrice ; cette intervenante pense que la pauvreté des
femmes maliennes leur empêche d'avoir un peu d'autonomie vis-à-vis
de leur époux mais souligne également la bravoure des
grand-mères qui ont luttées pour l'émancipation des femmes
et la démocratie au Mali. Elle pense également que le code des
personnes et de la famille constitue un recul pour la femme malienne même
si elle reste optimiste à cause de l'émergence, actuellement,
des femmes sur la scène politique et économique. En sommes cette
dirigeante d'association féminine estime que : «Les femmes
maliennes sont en bonne voie».
Discours N°2 : F. S., chef
d'entreprise dans l'A.C.I 2000
« Ce sont les femmes qui se sont toujours
levées quand le Mali était en danger. Malgré le poids
culturel et social, la vie des femmes dépend d'elles-mêmes. Elles
peuvent s'épanouir et beaucoup agissent pour émerger. Elles
ont des choses à dire et à faire. Elles savent prendre les droits
dont elles ne bénéficient pas. Il y a une vraie césure
entre celles qui vivent à Bamako et les femmes rurales. Les jeunes
urbaines ont parfois perdu le sens des valeurs fondamentales de notre culture,
alors que les rurales sont souvent envahies par le traditionalisme qui les
freine. Que ce soit au pays ou en France où je vis, on parle
d'égalité des droits, mais dans nos familles, les filles sont
éduquées à se soumettre à leur mari. C'est
ancré dans notre culture. Nous subissons une pression sociale. Le
mariage de leurs filles demeure l'objectif principal des parents, quelles que
soient les études entreprises par la jeune femme. En milieu malien, les
hommes craignent parfois l'ambition professionnelle des femmes. Ils ont peur
qu'elles ne restent pas «à leur place». Nous,
les jeunes, devons astucieusement savoir rester dans l'ombre, mais agir,
nous épanouir, sans déséquilibrer nos valeurs
socioculturelles. Inutile de prouver à ton mari que tu réussis
mieux que lui ou que tu gagnes plus que lui. Oser, travailler, atteindre nos
objectifs, sans insister, c'est respecter l'autre. Mais, chez nous, ce sont les
relations intergénérationnelles qui pèsent le plus sur les
jeunes, femmes et hommes. Quand les aînés parlent, nous
devons nous taire et nous plier à leurs décisions. Née en
France, je bénéficie, comme toutes les jeunes maliennes vivant
à l'extérieur, d'une double culture. »
Commentaire : A lecture de ce bref
discours qui étouffe à suffisance la réalité
sociale malienne ; cette chef d'entreprise veut nous parler primo, du
rôle que les femmes ont joué dans l'avènement de la
démocratie au Mali malgré le poids des facteurs socioculturels
qui les pèse. Cette femme leader fait constat que le combat des femmes
malienne et la coupure qu'existe entre celles de Bamako qui ont perdus nos
valeurs, notre culture, et les femmes rurales qui sont conservatrices. Cette
native de la France confirme que la femme malienne, que quel que soit sa
résidence, en ville ou en campagne, ou encore à
l'extérieur du pays, subit une pression sociale et culturelle qui
l'apprend à se soumettre au mari ; elle pense également
qu'au Mali, les hommes ont peur de l'ambition professionnelle de la femme et se
soucient de la stabilité de femme au foyer. Elle finit par les conseils
à l'endroit de la nouvelle génération : les
jeunes.
Discours N°3 : une fonctionnaire
dans la promotion féminine.
« Au sein de la société civile,
les femmes sont organisées en faîtières, coalitions ou
plateformes, mais elles ne s'impliquent souvent que pour les questions de
genre. Elles jouent un rôle politique, mais le système est
hiérarchisé, dominé par les hommes. Malgré leur
présence dans tous les secteurs de production, les femmes maliennes
n'accèdent que très peu aux actifs de production, au
contrôle et à la gestion des ressources. Les femmes sont
conditionnées par la pauvreté et par le poids de certaines
traditions culturelles et religieuses qui entravent leur avancée. Trop
d'hommes les méprisent, et n'hésitent pas à utiliser les
violences verbales et physiques pour les intimider. Elles payent un lourd
tribut à la persistance de certaines pratiques
coutumières. L'excision, les mariages précoces et ou
forcés sont autant de violences qu'elles subissent, surtout en milieu
rural.
À cause de la faiblesse du statut juridique et
social de la femme, elles ne sont toujours pas en mesure de prendre les
décisions importantes pour leur propre santé et survie. Les us et
coutumes attribuent ce rôle au chef de famille, qui est souvent
différent du conjoint. Le droit coutumier leur est souvent
défavorable. Il est appliqué en milieu rural au détriment
de la loi, notamment en ce qui concerne la succession sur le foncier.
Malgré cet état de fait, les femmes maliennes savent
agir. »
Commentaire : cette fonctionnaire
souligne l'organisation des femmes dans divers groupements insoucieuses des
questions de genre et souligne la domination des hommes au sein de ces
groupements et plateformes. Elle pense également que les femmes sont
à tous les niveaux d'activités mais accèdent moins aux
actifs de production qu'elles ne gèrent et contrôlent pas. Cette
intervenante affirme que les femmes souffrent surtout en milieu rural, de la
pauvreté, des traditions et de certaines pratiques néfastes
à leur santé ainsi que de leur statut juridique qui ne les donne
pas l'opportunité de prendre par elle-même les décisions
importantes les concernant et qui donne leur sort aux maris qui les
méprisent.
Discours N°4 : une fonctionnaire
dans la promotion de la femme.
« La vie de la femme
malienne n'est pas un long fleuve tranquille. Elle est encastrée
entre les murs, les obstacles et les conditions peu enviables que les
traditions lui ont façonnés. «La femme est un esclave»,
dit cet adage bien d'ici. L'esclave de l'homme auquel elle doit
obéissance. Homme qui la laisse trimer sous l'ardent soleil, effectuer
de durs labeurs, des travaux des champs, tenir un petit commerce, enfant au dos
et ventre rebondi par une grossesse en cours. L'avenir ne semble point
rayonnant pour la femme malienne. Elle n'est toujours pas
protégée par la loi.
Heureusement, lettrée ou pas, la Malienne est une
battante. Elle a cette hargne qui lui dicte de se battre pour que la vie de ses
enfants soit meilleure... Ma mère n'était pas allée
à l'école, mais elle s'est battue pour que j'y aille, pour que
j'y reste et que je réussisse, comme mes autres frères et soeurs.
Nous avons tous fait et réussi des études supérieures. Je
me suis battue et je me bats toujours autant qu'elle, car c'est important pour
le Mali. Chaque femme est une chance pour le Mali. L'Etat doit en prendre
conscience, et penser à aider les Maliennes, car ce sont des
battantes. »
Commentaire : cette autre travailleuse
de la promotion féminine explique la difficile existence de la femme
malienne qui dit-elle, est peu enviable entre une éducation
traditionnelle socialisatrice à l'esclave de la femme,
l'obéissance aveugle à l'homme et ses pénibles travaux
domestiques et champêtres. Cette répondante évoque
également l'insécurité légale de la femme et finit
par affirmer que la femme malienne est une battante, se tue pour l'avenir de
ses enfants en prenant l'exemple sur la bravoure de sa mère. En somme,
cette intervenante a foi en la femme malienne qui se bat toujours malgré
les pesanteurs socio-culturelles qui pèse sur elle et estime que Chaque
femme est une chance pour le Mali car dit-elle, « ce sont des
battantes ».
Discours N°5 : une jeune
femme de Lafiabougou.
« Je suis étudiante et j'habite à
Lafiabougou ; la situation de la femme malienne au regard de nos us et
coutumes, est inquiétante. L'homme est toujours en ce
21èmesiècle, le maitre de la famille au Mali, elle a
besoin de l'autorisation de celui-ci pour faire tout ce qu'elle a besoin de
faire surtout lorsqu'elle est en couple. Et quand elle n'est pas en couple, la
femme se heurte encore au veto des parents qui ne la laissent pas en
liberté comme les garçons, par exemple voyager, entreprendre
certains métiers hors de ceux en relation avec la cuisine, et même
vendre au marché à l'extrême. Malheureusement, notre
société justifie le plus souvent ces vetos, cette discrimination
par la religion qui se mélange à mon avis à notre
tradition encore en défaveur de nous femmes du Mali. »
Commentaire : cette étudiante
nous parle de la situation de la femme malienne au foyer et en famille qu'elle
trouve inquiétante et qui, à la lecture de son intervention
considère la femme comme une « éternelle
mineure » qui doit demander l'aval du tuteur (selon qu'elle soit
en couple ou non) pour pouvoir faire ses choix, ses activités
importantes. Cette jeune femme déplore que cet état des choses
soit justifié dans notre société au nom de la religion ou
de la tradition qui favorise l'homme par rapport à la
femme ».
Discours N°5 : une
commerçante au marché d'Hamdallaye
« Je suis commerçante au marché
d'Hamdallaye, mère quatre (4) enfants et je suis dans ce quartier il y a
dix(10) ans de cela. La femme doit être autonome car l'homme et la femme
doivent se compléter dans la famille, par contre si la femme est
à la merci de l'époux, le poids du foyer sera d'un seul
côté et c'est ce que les hommes veulent, aiment se vanter de cela
alors que la femme aussi a besoin de se sentir importante. Chez les hommes
compréhensifs, on ne voit celui assure les besoins de la famille car
chacun contribue de son côté et la balance est
équilibré ; au pire des cas, quand l'homme est au
chômage et que la femme est active, celui-ci est couvert par la femme.
Les femmes intellectuelles sont peu nombreuses ; et
en ce qui me concerne, mon mari ne voit aucun mal que je puisse me
débrouiller ici au marché par ce que je suis sur place et par
ailleurs, même si je voudrai essayer la politique, je ne sais pas s'il va
l'accepter mais je suis sûre et certaine qu'il ne me laissera pas dans
les réunions infinissables jusqu'à 20 Heures même si c'est
un droit pour moi et il est de mon devoir d'épouses de l'obéir,
il est avant tout le chef de notre famille. »
Commentaire : cette commerçante
et mère d'enfants nous parle de l'autonomie de la femme et sa
nécessité dans le foyer. Elle nous confie que son époux ne
l'empêche pas de vendre sur place au marché, ce qui laisse
sous-entendre que si elle était ambulante, il s'y serait opposé.
Elle nous confie également qu'elle ignore si son époux acceptera
son entrée dans la politique au motif que ce dernier ne la laissera pas
dans les réunions à une certaines périodes et elle
obéit cette autorité du mari pour la bonne marche de la
famille.
Discours N°6: L.D., un vieux
retraité à Lafiabougou.
« J'ai 65 ans et je suis un retraité des
chemins de fer, je suis parmi les premiers occupants de Lafiabougou. Bamako est
la capitale, c'est à Bamako qu'habite et a habité toutes les
premières dames, c'est elles qui transmet les besoins des femmes
à son mari(le président de la République). Toi-même
vois les femmes du village par exemple, s'il y avait pas Bamako, on n'aura
jamais parlé d'émancipation de la femme dans ce pays car ce sont
certaines femmes comme Aoua Keita, Sira Diop et d'autres qui ont importé
ces notions d'émancipation et autres corollaires chez nous sinon
les femmes seraient aujourd'hui comme elles ont été dans le
temps.
Le nouveau concept de votre temps de maintenant
d'autonomie des femmes est plutôt une déroute des femmes. A
l'ère où la femme veut être un homme ou s'en comporter
c'est le monde à l'envers mais ce sont les réalités de ce
monde qui tend à sa fin ».
Commentaire : ce retraité des
rails explique le rôle de Bamako dans l'émancipation de la femme
malienne par la présence des premières dames à Bamako qui,
pour lui, sont des relais entre les autres femmes et les hautes
autorités, à ce propos, il explique que dans
l'émancipation de la femme malienne, si Bamako n'existait pas, il
fallait le créer. Cependant, il pense que c'est certaines femmes
intellectuelles qui ont ramenées le concept d'émancipation dans
notre pays que sinon que les maliennes seraient toujours à la case de
départ, en outre, le vieux retraité trouve l'autonomie de la
femme comme une débâcle, une déroute de la femme dans un
univers apocalyptique.
Discours N°7 : Une fonctionnaire
d'une des directions du M.P.F.E.F
« L'autonomisation économique est
l'essentiel de l'autonomisation des femmes maliennes. C'est un facteur pour les
autres types d'autonomisation à savoir politique et même sociale.
Les avancées ont été faites pour aider les femmes à
se détacher des hommes sinon à accéder aux mêmes
opportunités de chance et de services au même titre que les hommes
sans discrimination ; par exemple ; nous avons beaucoup salué
le FAFE qui donne la chance aux femmes de réaliser leur rêve et la
loi sur le quota que nous avons beaucoup attendu car les femmes n'ont
occupés que de postes de secrétaires à l'organisation ou
aux conflits et autres postes non affichés dans les partis politiques.
Cette loi a offert une égalité et une autonomie politique aux
femmes maliennes. »
Commentaire : cette actrice de la
promotion féminine estime que l'accent doit être mis sur
l'autonomie économique des femmes maliennes pour qu'elles retrouvent les
autres types d'autonomies comme celle politique et sociale. Elle nous note
également le FAFE et la loi sur le quota des femmes dans les postes
électifs et nominatifs comme étant des avancées faites en
faveur de l'autonomisation des femmes de notre pays.
Discours N°8 : M.B., une
étudiante- stagiaire d'Hamdallaye.
« Je suis étudiante-stagiaire et j'habite
à Hamdallaye. A mon avis Bamako a joué un rôle dans
l'émancipation de la femme malienne en ce sens qu'il est
considéré comme une plateforme où la femme a le plus de
liberté et d'opportunités. Bamako concentre le plus d'O.N.G et de
programme d'appui qui viennent en aide aux femmes afin qu'elles se prennent en
main et deviennent aussi acteurs de la société. A mon avis,
l'étape la plus importante de l'émancipation de la femme malienne
fut la nomination de la première femme à la tête du
gouvernement sous le régime d'Amadou Toumani Touré. En ce qui
concerne la femme bamakoise, elle est différente des autres femmes du
pays car elle jouit énormément de cette position de capitale qui
l'offre un facile accès aux services sociaux de base. Pour certaines,
la bamakoise représente un modèle, de par sa confiance en soi et
son indépendance, mais pour d'autres, elle constitue un danger pour
notre coutume, nos traditions. En tant que femme et résidante à
Bamako, nous réclamons l'autonomie financière mais aussi sociale
et politique. Pour ce qui sont des contraintes qui pèsent à la
fois sur la femme et à son autonomie, il faut savoir que toutes les
religions monothéistes mettent l'homme au-dessus de la femme et la
rendent dépendante de l'homme. A côté de la religion qui
entrave énormément sur la femme malienne, je pense que
l'éducation, l'instruction et l'alphabétisation de la femme sont
importante pour son épanouissement or, tout le monde sait que les femmes
sont majoritairement analphabètes et même si elles partent
à l'école, peu atteignent un certain niveau sans par des
multiples corvées qu'elles sont obligées d'effectuer à la
maison avant de faire autres choses. A côté de tout ce que je
viens dire, les femmes maliennes sont confrontés à la
résistance de leurs époux qui ne laissent pas l'accès des
opportunités économiques par pure jalousie pour ne pas
exagérer sinon par égoïsme pure et simple. Pour ma part je
suis optimiste même si notre coutume ne nous laisse pas le choix car le
gouvernement est entrain d'oeuvrer pour notre
libération. »
Commentaire : cette étudiante
estime que Bamako a joué un rôle dans l'émancipation de la
femme malienne, elle justifie son avis par le fait que cette ville est une
plateforme, un lieu où la femme a plus d'opportunités et par le
fait que Bamako abrite la quasi-totalité des structures destinées
aux femmes. L'étape la plus remarquable selon elle, a été
la nomination d'une femme à la tête du gouvernement. Elle estime
que Bamako différencie ses femmes des autres femmes du pays et nous a
confié que les bamakoises réclament l'autonomie sur les plans
financier, politique et social. Elle ajoute également que les religions
monothéistes, l'analphabétisme, les travaux domestiques et la
résistance des époux sinon leur égoïsme sont des
contraintes qui pèsent sur la femme malienne dans sa quête
d'autonomie, mais cette répondante reste tout de même optimiste au
regard des efforts gouvernementaux en faveur de l'autonomisation de la femme
malienne.
Discours N°9 : une
secrétaire de Djicoroni- Para.
« Je suis secrétaire de direction
de 27 ans et j'habite à Djicoroni-Para. Pour moi, Bamako n'a
joué aucun rôle dans l'émancipation de la femme malienne
car les femmes sont toujours à la traine, nous sommes en chômage
et pauvre. Il n'y a que des femmes à Bamako qui pensent qu'elles
revendiquent pour toutes les femmes du Mali alors qu'elles sont les seules
à tout profiter au noms des autres femmes. La femme n'est même pas
émancipée au Mali, Bamako n'a rien fait d'abord.
La femme de Bamako est différente des autres femmes
du pays car ces femmes comme par exemple, de la campagne, souffrent beaucoup
plus que nous qui sommes à Bamako ici avec presque toutes les
facilités de la villes ; or nos mères du village, des
régions perdent toujours leurs temps dans la corvée d'eau, de
bois et les travaux pénibles comme le pillage du mil et les travaux
champêtres ; nous nous avons ici les machines qui pilent à
notre place et nos maris pourvoient à nos besoins essentiels, on est
vraiment différent.
Nous les femmes de Bamako réclamons toutes les
formes d'autonomies pouvant conduire à notre plein
épanouissement. Mais la religion musulmane constitue une barrière
pour ce que nous demandons car elle nous soumet à notre époux qui
choisit le bon et le mauvais pour nous. Les femmes intellectuelles, instruites
sont peu nombreuses dans ce pays alors que l'école contribue à
notre développement sinon j'ignore comment les associations et les
manifestations peuvent contribuer à l'autonomisation des femmes. Tout
bon époux doit mettre sa femme à l'abri des coureurs de jupons et
je trouve très mauvais de laisser une femme faufiler çà et
là dans les soi-disantes associations débordées par les
hommes. Cependant, on ne doit nullement empêcher la femme d'exercer le
commerce si elles sur place ou de l'empêcher d'élever des animaux
ou des volailles. Je pense qu'une bonne femme ne doit pas penser à
s'autonomiser ».
Commentaire : cette répondante
pense que Bamako n'a joué aucun rôle dans l'émancipation de
la femme malienne ; elle justifie son point de vue par le fait que c'est
un groupuscule de femmes qui dit réclamée l'émancipation
de la malienne et qui profitent de toutes les retombées au nom des
autres femmes et elle met même en cause l'émancipation de la
malienne. Cette secrétaire de direction estime également que
Bamako offre plus de facilités aux femmes, ce qui, selon elle,
différencie la femme de Bamako des autres femmes du pays qui sont plus
occupées aux corvées d'eaux, de bois et aux travaux
pénibles. Elle soutient que les bamakoises réclament toutes les
formes d'autonomies pouvant leur assurer le bien-être, pour autant elle
confirme que la religion musulmane, l'analphabétisme, constituent des
barrières pour les femmes. Elle n'admet également pas qu'on
empêche la femme d'accéder aux opportunités même si
elle ne voit pas de mal qu'un homme empêche sa femme d'assister/
d'adhérer aux associations ou manifestations culturelles.
Discours N° 10 : un haut cadre du
M.P.F.E.F.
« Bamako étant la capitale, tous les
départements sont là, tous les ministères sont là,
toutes les organisations sont concentrées à Bamako, ce qui fait
que tous les leaders sont à Bamako. Même si les autres femmes des
régions adhèrent à l'idée mais ce qui est
sûr, c'est que la matière centrale est là à Bamako
ce qui fait que la ville abrite les sièges des organisations et des
services. Tout est coordonné à partir de Bamako. Bamako joue un
rôle de coordination et de plaidoyer dans l'émancipation de la
femme en tant capitale. Les grandes actrices de l'émancipation sont
nombreuses mais je peux te citer entre autres : Sira Diop, Aoua
Keita...
En réalité les femmes de Bamako sont
là mais la plupart des difficultés sont au niveau de la campagne.
Les femmes de Bamako, urbaines revendiquent au nom de leurs consoeurs de la
campagne au milieu rural. Les bamakoises ne sont que de meneuses, elles
coordonnent les mouvements.
Dans le contexte où nous parlons, entre guillemets,
on dit que la femme de Bamako sont des « MISOROBATIGUI »,
elles ne sont pas dans le besoin même si elles revendiquent au nom de
leurs consoeurs au niveau des régions, local. Elles militent au nom des
femmes mais les vraies cibles sont les femmes rurales.
Il y a une très grande différence/ notoire
entre la bamakoise entre ces femmes du village. La bamakoise est un peu
là à l'abri du besoin alors que leurs soeurs n'ont pas même
accès à certains trains de vie.
À mon avis, les femmes réclament
l'autonomisation économique surtout à travers financement des
AGR. L'autonomisation sociale aussi, car il faudrait que les hommes contribuent
à cela en diminuant certains pesanteurs sociaux. Elles réclament
beaucoup au niveau économique, quand leurs AGR seront financer, elles
n'embêteront plus les hommes, elles pourront se vêtir, se soigner,
assurer leur tontine eux-mêmes. Dans ces conditions elles s'occuperont
plus aisément aux enfants, à la famille.
Les femmes veulent aussi une autonomie au niveau
politique, mais l'Etat a adopté la loi sur le quota de30% pour favoriser
l'émergence politique des femmes, une façon d'obliger les hommes
à laisser certains fauteuils aux femmes.
Les pesanteurs socioculturels que sont toujours les
idées qui excluent la femme de certains activités pendant
qu'elles ont la compétence, des idées sexo-spécifiques
(ceux est pour hommes....d'autres pour les garçons) étouffe la
femme malienne.
Le code des personnes et de la famille entrave la femme
car il fait référence à des préceptes religieux qui
ne sont pas en faveur des femmes. Pour lutter contre ces pesanteurs, il faut la
sensibilisation, il faut que les hommes prennent conscience que les femmes
peuvent produire, qu'ils changent de comportement et il faut pour cela
intensifier les CCC (Communications pour le Changement de Comportement), que
les hommes s'engagent aux cotés des femmes pour éviter les
rivalités ou l'égoïsme dans le foyer. »
Commentaire : Ce haut placé du
ministère explique le rôle joué par le district de Bamako
dans l'émancipation de la femme à travers la concentration des
organisations, des O.N.G et des femmes leaders à Bamako; ils pensent que
cette ville a joué un rôle de coordination et de plaidoyer dans
l'émancipation de la femme malienne. Il ajoute que les femmes du
district militent pour la cause des femmes du pays.
Ce cadre répète l'appellation
« misôrôbatigui » attribuée aux
bamakoises et pense qu'elles sont différente des autres femmes car
dit-il « elles ne sont pas dans le besoin » et du fait
qu'elles accèdent facilement aux services sociaux de base contrairement
aux autres femmes.
Ce répondant estime que les femmes réclament
plus l'autonomie économique, sociale et politique et évoque un
peu d'une avancée sur le plan politique (quota de 30% des postes), il
termine par les contraintes qui pèsent sur l'autonomisation de la femme,
à cet effet, il nous parle des idées sexo-spécifique qui
excluent les femmes de certaines activités, le code des personnes et des
familles qui s'inspire de la religion. Pour lutter contre ces pesanteurs, il
préconise la sensibilisation et la communication pour le changement de
comportement.
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