Ministère de l'Enseignement Supérieur
et de la Recherche Scientifique
REPUBLIQUE DU MALI
*************************
**************************
Secrétariat Général
******************
Un Peuple - Un But - Une Foi
INSTITUT NATIONAL DE FORMATION DES
TRAVAILLEURS SOCIAUX (INFTS)
Tel: 20 21 31 83/ 20 21 19 10
E-mail: infts2006@yahoo.fr
MEMOIRE DE FIN D'ETUDES
Cycle supérieur- Option Développement
Social
Autonomisation de la femme malienne face à la
tradition : mythe ou espoir ? Etude de cas en commune IV du District
de Bamako.
THEME
En vue de l'obtention du Diplôme
Supérieur en Travail Social (DSTS)
Sous la direction de:
Présenté et soutenu par:
Issa DOUMBIA
Professeur Sidiki TRAORÉ
Année Universitaire:2015-2016
Table des matières
DEDICACE
III
Remerciements
II
LISTE DES TABLEAUX
IV
SIGLES ET ABREVIATIONS
V
Résumé
VII
INTRODUCTION :
1
Motivations
3
QUESTIONS DE RECHERCHE :
3
OBJECTIFS DE RECHERCHE :
3
Objectif Général :
3
Objectifs spécifiques :
4
HYPOTHESES DE RECHERCHE
4
PROBLEMATIQUE :
5
II- METHODOLODIE
9
A- REVUE CRITIQUE DE LA LITTERATURE :
9
B- CLARIFICATION DES CONCEPTS :
17
C- INSTRRUMENTS D'ENQUETE
21
1-RECHERCHE DOCUMENTAIRE
21
2- L'ENTRETIEN
22
3- LE QUESTIONNAIRE
24
III- L'échantillonnage
24
1-Taille de l'échantillon
24
2- Caractéristiques de
l'échantillon
25
Tableau n° 1: caractéristique de
l'échantillon selon l'âge.
25
Tableau n° 2 : caractéristique de
l'échantillon selon la situation matrimoniale
25
Tableau n° 3: description de
l'échantillon selon le niveau d'instruction
26
Tableau n° 4: description de
l'échantillon en fonction de la religion
27
IV- Difficultés
rencontrées :
27
PREMIERE
PARTIE
28
CHAPITRE I : PRESENTATION DU DISTRICT DE
BAMAKO ET DE LA COMMUNE IV
29
I. PRESENTATION DU DISTRICT DE BAMAKO
29
A-Aspects Historiques
29
B- Les données physiques
30
1- Climat
30
2-Population
31
C-Langues et Religions
31
D- Administration : District, communes et
quartiers
31
E-Transport et Economie
33
F- Santé
34
II-LA COMMUNE IV DU DISTRICT DE BAMAKO
34
Situation géographique
34
Le relief :
36
b. Le climat :
36
c. L'hydrographie :
36
B. La population
37
a. Historique du peuplement de la commune IV
37
b. Structure et Évolution de la
population
38
Tableau N°6: Répartition de la
population par ménage et par sexe en 2009.
38
Tableau N°7 : Répartition de la
population par âge et par sexe en 1998.
39
C. Les infrastructures et les équipements de
base
40
a. Les infrastructures
40
1. Les infrastructures routières
40
2. Les services sociaux de base
40
a. L'Éducation
40
Tableau N°8 : Répartition des
écoles par statut, CAP et par niveau en commune IV.
41
b. La Santé
41
c. L'Approvisionnement en eau potable
41
d. Les activités économiques
42
1. Le secteur primaire :
42
2. Le secteur secondaire
42
3. Le secteur tertiaire :
43
E. La situation administrative et
politique :
43
CHAPITRE II : HISTOIRIQUE DE L'EMANCIPATION DE
LA FEMME MALIENNE A PARTIR DE BAMAKO.
45
I- LES PRINCIPALES ORGANISATIONS FEMININES DE 1960
A NOS JOURS
45
A. La commission Sociale des Femmes
45
B- Le Secrétariat d'État aux Affaires
Sociales sous la période du Comité Militaire de
Libération Nationale (C.M.L.N)
47
C- l'Union Nationale des Femmes du Mali
(1974-1991)
49
D- La Coordination des Associations et O.N.G
féminines du mali sous la période du multipartisme
50
II-LE CADRE INSTITUTIONNEL D'EMANCIPATION DE LA
FEMME AU MALI
51
A- Le Commissariat à la promotion des
femmes
51
B- Le Ministère de la Promotion de la Femme,
de l'Enfant et de la Famille
52
DEUXIEME
PARTIE
53
CHAPITRE III : LA FEMME DU DISTRICT DE
BAMAKO
54
I. LA FEMME MALIENNE : SON ROLE SOCIAL ET
CULTUREL
54
A. LA FEMME MALIENNE DANS LA FAMILLE
54
B. LA FEMME MALIENNE DANS LA SOCIETE
55
II-LA FEMME DANS LES SOCIETES MODERNES
MALIENNES
56
III- LA FEMME DU DISTRICT DE BAMAKO
57
CHAPITRE IV : LA QUETE D'AUTONOMIE DE LA
BAMAKOISE
59
I- Typologie de quête d'autonomie de la
Bamakoise
59
A- sur les plans politique et
économique :
59
B- Sur les plans éducatif et sanitaire
61
C- Sur le plan syndical et autre
62
II- Efforts gouvernementaux pour l'autonomisation
de la femme malienne:
63
66
TROISIEME
PARTIE
66
CHAPITRE V : LE POIDS DE LA TRADITION SUR LA
FEMME MALIENNE
67
I- LES OBSTACLES À L'AUTONOMIE SOCIALE DE LA
FEMME MALIENNE
67
II-LES OBSTACLES EMPECHANT LA FEMME MALIENNE
À S'INVESTIR DANS LA POLITIQUE
68
III- LES OBSTACLES RETARDANT LA RELANCE ECONOMIQUE
DE LA FEMME MALIENNE
70
A. La surcharge ménagère et
l'économie domestique pesant sur la femme malienne
70
Tableau N°9: Charge d'occupation quotidienne
aux activités domestiques :
71
B- Le difficile accès à la terre
72
a-Accès à la terre selon le droit
foncier moderne
72
b- Accès à la terre suivant le droit
foncier coutumier
73
C- hiérarchie, rôles et division du
travail au Mali
75
D- Le poids de la religion sur la femme
76
a. L'Islam
76
b. Le christianisme
78
E-L 'analphabétisme, un mal qui frappe
beaucoup plus les femmes
78
Tableau N°10 : Alphabétisation de la
population de 15 ans et plus (en %)
79
Tableau N°11 : Proportion de la population (6
ans et plus) n'ayant jamais fréquenté l'école
80
a) Le niveau d'instruction des
femmes demeure faible:
80
IV- Le droit de la femme au Mali, un droit
à cheval entre le droit moderne et le droit coutumier
81
V- Les violences faites aux femmes comme freins
à leur autonomisation
82
A. Quelques violences faites aux femmes
82
B. La conséquence des violences sur
leur autonomisation
83
a. Sur la femme elle-même
83
b. Sur la famille et la
société :
84
Chapitre VI : Analyse de la situation ou
Analyse et interprétation des résultats de l'enquête
85
I- Résultats qualitatifs :
85
II- Résultats quantitatifs :
94
Tableau N° 12: genre d'autonomie
réclamée par les femmes
94
Tableau N° 13: contenu donnée
à l'autonomie
95
Tableau N°14: contraintes religieuses
96
Tableau N°15 : contraintes familiales
97
Tableau N° 16 : les contraintes
socioculturelles
98
Tableau N°17: contraintes
économiques
100
Tableau N° 18 : l'avenir de
l'autonomisation de la femme malienne
101
III-Synthèse et Discussion des
résultats :
101
CONCLUSION :
106
BIBLIOGRAPHIE
109
ANNEXES
IX
QUESTIONNAIRE DE RECHERCHE
X
GUIDE D'ENTRETIEN
XIII
DEDICACE
A
Mon père adoptif Madou Traoré dit SINPLAY pour
l'affection qu'il m'a donnée dès mon enfance. Je me souviendrai
toujours de ses larmes quand j'ai dû le quitter pour l'école
à Dioulafoundo. Si mon père biologique m'a éduqué,
lui, il m'a façonné.
Remerciements
Au terme de mes études à l'Institut National de
Formation des Travailleurs Sociaux, marquée par la réalisation de
ce mémoire, c'est l'occasion pour moi de remercier tous ceux qui,
dès les premières heures de mon parcours scolaire à nos
jours, par leur apport moral et matériel n'ont cessé de
m'épauler ; et surtout aux moments les plus difficiles.
Il s'agit notamment de :
- L'ensemble de l'encadrement technique de l'I.N.F.T.S y
incluant les professeurs pour les connaissances que j'ai acquises auprès
d'eux durant tout mon cycle, particulièrement le Professeur Sidiki
Traoré, mon directeur de mémoire de m'avoir fait confiance en
acceptant de m'encadrer durant tout le processus de ce mémoire. Je le
remercie surtout pour sa disponibilité et ses encouragements qui m'ont
été d'une très grande source de motivation ;
- Mes chers parents Mamoutou Doumbia et Maryama Camara sans
oublier Aminata Magassouba et Aminata Traoré pour leurs sacrifices
consentis pour que je puisse être instruit et devenir responsable dans la
vie. Qu'ils trouvent dans ce travail le fruit de leurs efforts
conjugués ;
- De ma grand-mère Bintou Diabaté, mes tantes du
village Djéssira Doumbia et Mamou Kouyaté ainsi que mes tontons
Amara et Lansiné Doumbia pour leur soutien tant moral que
matériel qu'ils n'ont cessé de m'apporter. Qu'ils retrouvent ici,
l'espoir dont ils ont été les porteurs;
- Mes frères et soeurs Djibril, Boubacar, Sanaba,
Almamy Fanoumou, Sayon et Seyba Doumbia qui sont les raisons de ma lutte, pour
leur confiance qu'ils ont portés à ma personne ;
Je souhaite ensuite, du fond du coeur, remercier vivement la
famille TRAORE et particulièrement à titre posthume, M. Bakary
Traoré qui n'a jamais cessé de me faire confiance et de
m'encourager et ce, jusqu'à ses derniers jours ; également
mes tantes Aminata Doumbia, Nassoun Keita et Hawa Camara pour avoir pris soin
de moi depuis mon lycée.
Par la même occasion j'exprime ma reconnaissance
à toutes les personnes que j'ai pu rencontrer ou contacter et qui m'ont
apporté leur témoignage, explication, orientation, conseil et
observation ou point de vue sur notre thème. Je pense à M.
Malick SOW, M. Issa Panama Dembélé, M. Abdoulaye Hasseye, Mme
Sylla et tout le personnel du CNDIFE avec qui, je me suis entretenu moult
fois. Egalement à M. Sekou Kaba Cissé, Mme Dembélé
Hawa Katilé, M. Issa Goita et M. Mamadou Sinaba de la D.N.P.F et Mme
Babo Mariam Kané ainsi que Mme Kanouté Hawa Doumbia directrice de
la D.R.P.F.E.F de Bamako sans occulter M.Boulkassoum Cissé du FAFE pour
leur sens de la coopération et leur attention face mes multiples
questions.
Je tiens à remercier également tous les amis de
la promotion 2013-2016 de l'Institut National de Formation des Travailleurs
Sociaux, singulièrement Mme Doumbia Rokiatou Konaté pour ses
multiples encouragements, Assétou Doumbia pour m'avoir pris comme
frère ; çà, je ne l'oublierai jamais et M. Diakaridia
Sangaré pour son soutien moral et matériel qu'il n'a cessé
de m'apporter durant mes trois ans de l'institut et pour sa conception du mot
« amitié », qu'ils retrouvent ici l'expression de ma
profonde reconnaissance.
Je tiens à remercier, enfin, toutes les personnes qui
se reconnaîtront pour les divers soutiens qu'ils m'ont apportés
dans la réalisation de cette étude.
LISTE DES TABLEAUX
Tableau N°1 :
Caractéristiques de l'échantillon selon l'âge.
Tableau N°2 :
Caractéristique de l'échantillon selon la situation
matrimoniale.
Tableau N°3 : Description de
l'échantillon selon le niveau d'instruction.
Tableau N°4 : Description de
l'échantillon en fonction de la religion.
Tableau N°5 : Evolution de la
population de la commune IV de 1976 à 2009.
Tableau N°6 : Répartition de
la population par ménage et par sexe en 2009.
Tableau N°7 : Répartition de
la population par âge et par sexe en 1998.
Tableau N°8 : Répartition
des écoles par statut, CAP et par niveau en Commune IV.
Tableau N°9 : Charge d'occupations
quotidiennes aux activités domestiques.
Tableau N°10 :
Alphabétisation de la population de 15 ans et plus.
Tableau N°11 : Proportion de la
population (6 ans et plus) n'ayant jamais fréquenté
l'école.
Tableau N°12 : Genre d'autonomie
réclamée par les femmes.
Tableau N°13 : Contenu donné
à l'autonomie.
Tableau N°14 : Contraintes
religieuses.
Tableau N°15 : Contraintes
familiales.
Tableau N°16 : Contraintes
socioculturelles.
Tableau N°17 : Contraintes
économiques.
Tableau N°18 : Avenir de
l'autonomisation de la femme malienne.
SIGLES ET ABREVIATIONS
ADEMA / PASJ : Alliance pour la
Démocratie au Mali/ Parti Africain pour la justice et la
Solidarité
APDF : Association pour le
Progrès et la Défense des Droits des Femmes
CNDIFE : Centre National de
Documentation et d'Information sur la Femme et l'Enfant
CAFO : Coordination des Associations et
Organisations Féminines du Mali
CAP : Centre d'Animation
Pédagogique
C.M.L.N : Comité Militaire de Libération
Nationale
CSCOM : Centre de santé
communautaire
CSF : Commission Sociale des Femmes
COFEM : Collectif des Femmes du Mali
D.N.P.F : Direction Nationale de la
Promotion de la Femme
DNSI : Direction Nationale de la
Statistique et de l'Informatique
D.R.P.F.E.F.B : Direction
Régionale de la Promotion de la Femme, de l'Enfant et de la Famille de
Bamako
EDM- S.A : Energie du Mali-
Société Anonyme
EDS : Enquête Démographique
et de Santé
ELIM : Enquête
Légère Intégrée auprès des Ménages
EMEP : Enquête Malienne
d'Evaluation de la Pauvreté
EPAM : Enquête Emploi Permanente
auprès des Ménages
FAFE : Fonds d'Appui à
l'Autonomisation de la femme et à l'Epanouissement de l'Enfant
I.N.F.T.S : Institut National de Formation des
Travailleurs Sociaux
INSTAT : Institut National de la
Statistique
M.P.F.E.F : Ministère de la
Promotion de la Femme, de l'Enfant et de la Famille
OMD : Objectifs du Millénaire
pour le Développement
O.N.U : Organisation des Nations
Unies
PDSEC : Programme de
Développement Social, Economique et Culturel
P.N.G : Politique Nationale Genre
PNUD : Programme des Nations Unies pour
le Développement
PRODEC : Programme Décennal de
l'éducation
PRODEJ : Programme Décennal de la
Justice
R.G.P.H : Recensement
Général de la Population et de l'Habitat
RECOFEM : Projet de Renforcement des
Capacités des Organisations Féminines au Mali
R.N : Route Nationale
SMIG : Salaire Minimal
Interprofessionnel Garanti
UEMOA : Union Economique
Monétaire Ouest Africaine
UDPM : Union Démocratique du
Peuple Malien
UNTM : Union Nationale des Travailleurs
du Mali
UNESCO : Organisation des Nations Unies
pour l'Education, la Science et la Culture
UNFM : Union Nationale des Femmes du
Mali
US-RDA : Union Soudanaise, section du
Rassemblement Démocratique
Africain
VIH/ Sida : Virus Immuno-
Déficience Humaine/ Syndrome Immuno Déficience Acquise
Résumé
Des concepts ambitionnant la résolution des maux
féminins ou du moins interpellant le développement de la femme
ont suivi une certaine évolution dans notre pays ; si on est
passé de l'émancipation de la femme dans les
années 1960 car à cette époque, on a pensé qu'en
plus des désastres de la colonisation, c'est la femme qui souffrait le
plus encore , d'où la volonté de l'émanciper, de la mettre
au même rang que l'homme, àla promotion de la femme, le
concept tend aujourd'hui à l'autonomisation de la femme,
autrement dit, à son indépendance. Ce trinôme poursuit le
même objectif, celui du développement de la gente féminine.
Le Mali, étant un pays de fortes traditions culturelles
a maintenu au cours des années, la femme dans une position structurale
et institutionnelle de faiblesse, d'incapacité et de dépendance.
Cette situation est aggravée par le poids des traditions, la force des
habitudes souvent accompagnées de clichés et les
résistances culturelles qui maintiennent la femme dans une situation de
précarité économique, politique, sanitaire, sociale... et
qui constituent de facto, un frein à la promotion et à la
reconnaissance de ses droits.
La femme a été de, de tout temps,
considérée comme pour reprendre Fatoumata Siré
Diakité, « une éternelle mineure »
ou une étrangère venue de nulle part qui doit rester
dépendante et demander l'autorisation de sa famille ( parents et/ou
époux) pour décider, faire ses choix... C'est partant de ce
constat et avec la volonté de mieux dresser un état des lieux de
la condition féminine que nous nous sommes proposés ce
thème intitulé : « Autonomisation de la femme
malienne face à la tradition : mythe ou espoir ? Etude de cas
en Commune IV du District de Bamako ».
Notre objectif dans ce travail de recherche est d'apporter une
contribution modeste à la compréhension de la dépendance
de la femme dans notre société, ce, en complément de la
lutte menée par les associations, groupements et ONGs
féminines pour cette cause; et d'analyser le poids de la tradition
sur les perspectives d'autonomisation de celle-ci.
Nous sommes partis de trois (3) hypothèses que nous
avons vérifiées sur le terrain à l'aide d'un questionnaire
adressé à 80 personnes et d'un guide d'entretien que nous avons
administré à une population de 20 sujets composés
d'acteurs de la promotion féminine( travailleurs de la D.N.P.F, du
CNDIFE...), d'associations féminines, de notables de la Commune IV et de
prêcheurs. Ainsi nous avons pu atteindre nos objectifs par une analyse
détaillée du thème.
Pour ce faire, nous avons structuré notre étude
en trois (3) parties :
-la première présente le District de Bamako et
la Commune IV ainsi que l'historique de l'émancipation de la femme
malienne à travers les associations qui ont émaillés la
question de l'indépendance du Mali à nos jours ;
-la deuxième partie cerne la femme du District de
Bamako et sa quête d'autonomie ;
-la troisième partie enfin, expose le poids de la
tradition sur la femme malienne et une analyse de la situation à travers
la présentation et l'interprétation des données issues du
terrain.
Enfin, les différents résultats auxquels nous
sommes parvenus nous permettent de cerner le rôle joué par le
District de Bamako dans l'émancipation de la femme malienne, la place de
la Bamakoise sur l'échiquier national, sa quête d'autonomie ainsi
que les différentes contraintes traditionnelles auxquelles
l'autonomisation de la femme malienne se heurte dans son quotidien.
Cependant, notre étude ne se veut point une
étude exhaustive, elle n'est qu'un complément d'information que
nous apportons à la suite des nombreux travaux déjà
existants sur la femme.
NB : les termes la bamakoise et
la femme du District de Bamako sont employés tout au long de ce
mémoire comme synonymes.
INTRODUCTION :
Depuis l'aube des temps et dans tous les pays du monde, il a
été établi et accepté que la femme a beaucoup
souffert et continue malheureusement de souffrir. Ainsi, la question des
femmes, de leur droit et de leur émancipation, de leur pleine et
équitable participation au développement de la nation constitue
des questions d'une grande importance.
Des cas à travers l'histoire démontrent assez
éloquemment que cette vision négative de la femme n'est
l'apanage d'une race ni d'une seule société mais de toute
l'humanité.
Ainsi, il a toujours existé un écart entre
l'homme et la femme. Cet état de fait semble avoir commencé avec
l'avènement de la société régie de telle sorte que
l'homme semble avoir le monopole de toutes les activités
économiques, culturelles et politiques ; ce qui lui semble donner
un privilège devant la femme. Depuis ces époques, des
idéologies furent mises à jour montrant la suprématie du
sexe male sur le sexe femelle. On voyait nettement l'opposition du principe
masculin sur le principe féminin dans beaucoup de mythes et de
cosmogonies ; celui de l'homme est symbole de la puissance, du courage, la
transcendance et de la pérennité. Quant à la femme, elle
symboliserait la soumission, la faiblesse, la perversion et la douceur.
Cette image négative de la femme est transmise de
génération en génération à travers les
religions, mythes, les contes et autres pratiques sociales qui sont à
l'origine de la différenciation des statuts et des rôles et
même du travail selon le sexe.
Au Mali comme ailleurs, à de degrés
différents, les valeurs et les normes qui cautionnent cette situation
sont inculquées aux jeunes filles à travers le système
éducatif de leur enfance jusqu'à leur âge adulte comme
l'explique DE BEAUVOIR.
L'école des filles n'a pas été facile du
fait de certaines pesanteurs sociales. On enseignait à la femme des
comportements et des conduites à adopter à l'égard des
hommes et de la femme. Selon beaucoup de traditions, elle est
élevée selon l'idée qu'elle doit laisser sa vraie famille
pour aller s'installer ailleurs, celle de son mari. On lui apprend bref, une
vie de subalterne par rapport à l'homme. Il n'est pas rare d'entendre
dans notre vie de tous les jours des affirmations sinon des clichés du
genre comme : « une femme n'est qu'une femme...elle est
comme un enfant... » ; S'ajoutent à cela certains propos
conservateurs comme : « la place de la femme, c'est son
foyer » ou «C'est l'homme qui fait la dignité de la
femme». Ces propos phallocratiques jetés sur la figure des femmes
ne sont pas vides de sens et sont loin d'être des propos lancés
par erreur. Ils s'appuient et accompagnent une mentalité, pratique de
société archaïque qui conférerait à la femme
un statut d'infériorité et de dépendance par rapport
à l'homme.
Ces différentes formes d'oppression,
d'aliénation et d'exploitation dont les femmes ont été
victimes et continuent d'être dans beaucoup de régions
représentent de nos jours la plus criante survivance des mépris
humains, le sexisme le plus dur et endémique encore que la guerre, le
racisme et autres injustices de notre ère et de surcroit,
témoignent le paternalisme dont souffre notre société.
L'ouverture démocratique fut un déclic pour la
femme malienne, qui s'est vue accorder de nombreux droits. Présentes en
nombre croissant sur la scène politique, les femmes au Mali, au
même titre que les hommes participent à tous les combats et sur
tous les fronts pour la prospérité du Mali et le bien-être
des populations. De la lutte anticoloniale au combat pour la démocratie
et l'émancipation, les femmes au Mali ont été de tous les
combats. Ceci leur vaut la réputation de pionnières dans le
développement du Mali. Cependant ceci ne touche qu'une infime partie des
femmes maliennes. Quant à l'avenir des filles, il est souvent
élaboré en dehors de toute scolarisation, ou toute information
sur leur droit, ce qui limite dramatiquement leur capacité d'insertion
comme citoyen modèle dans la vie sociale du pays. Cette exclusion des
femmes expose certaines à toute sorte de violences physique et
psychologique1(*).
Toutes nos constitutions, de 1960 à nos jours, ont
oeuvrés dans l'optique de faire de la femme l'égale de l'homme.
C'est ainsi que notre ancienne garde des sceaux, à l'époque JEAN
MARIE KONE déclarait en ces termes : « Notre opinion
sur l'égalité des sexes, affirmée dans notre constitution,
sort la femme de citoyen diminue en lui accordant la plénitude des
droits civiques ».
L'actuelle constitution du 25 février 1992 a
proclamé « ...sa détermination à défendre
les droits de la Femme... » ; d'où le dispositif de son
article 2 qui stipule que: « Tous les Maliens naissent et
demeurent libres et égaux en droits et en devoirs. Toute discrimination
fondée sur... le sexe, ... est prohibée ». Outre ces
volontés nationales, le Mali a ratifié beaucoup d'autres
engagements internationaux garantissant la promotion des femmes,
l'égalité des sexes et de surcroit, l'autonomisation des
femmes.
Pourtant, les femmes ont jusqu'à présent du mal
à entreprendre, investir, exercer des activités
génératrices de revenus et à s'engager dans la vie
politique du fait des garde-fous, des stéréotypes qui survivent
encore dans notre société et ce, malgré
l'élaboration en 2011 d'une Politique Nationale Genre. Ces tares
constituent des freins, des blocages aux processus d'émancipation et
d'autonomisation des femmes tant en milieu rural qu'urbain.
Vu l'ampleur du thème, le temps imparti et les faibles
moyens financiers, notre études sera centrée uniquement sur la
Commune IV du District de Bamako bien qu'elle intéresse toute la nation
entière. Il sied que nous nous approchions aux dynamiques sociales et
voir ce que les populations ont de plus soucieux afin de comprendre les
barrières qui empêchent cette couche non négligeable de
notre société à être de sujets au même titre
que les hommes, à pouvoir se détacher de ce dernier pour enfin
devenir autonome.
Motivations
La commune IV étant l'une des communautés
conservatrices de Bamako et, où les préjugés
socioculturels( à travers nos observations) entravent la pleine et
entière autonomisation des femmes; cet état de fait a
suscité notre curiosité intellectuelle et nous a incité
à vouloir rechercher les fondements, les causes, les freins
c'est-à-dire les zones de blocage pour essayer de faire ressortir au
cours de cette étude les dynamiques sociales et traditionnelles qui
régissent cette communauté.
Outre, ce thème a été retenu comme sujet
de mémoire d'abord en tant que défenseur des causes
féminines et intellectuel sensible aux souffrances qui touchent les
femmes et les filles.
Ensuite, nous voudrons aussi apporter notre modeste
contribution à un monde scientifique reposant sur l'intégration
de la femme dans le processus de développement à toutes les
étapes.
Enfin l'actualité mondiale/ les aspirations mondiales
et l'importance du problème exigent qu'on réfléchit sur ce
problème avec tout le sérieux que cela peut demander.
Ainsi notre étude s'articulera autour des objectifs,
questions et hypothèses de recherche suivants :
QUESTIONS DE
RECHERCHE :
-Quel a été le rôle joué par le
district de Bamako dans l'émancipation de la femme malienne ?
-Que représente la femme de Bamako sur
l'échiquier national ? Et quel genre d'autonomie
réclame-elle ?
-Quelles sont les contraintes de la tradition sur les femmes
maliennes dans leur quête d'autonomie ?
OBJECTIFS DE
RECHERCHE :
Objectif
Général :
-Souligner le rôle joué par le District de Bamako
dans l'émancipation de la femme malienne, la place de la femme de Bamako
sur l'échiquier national, préciser le genre d'autonomie qu'elle
réclame pour les autres femmes et analyser les contraintes de la
tradition pesant sur elles dans sa quête d'autonomie.
Objectifs
spécifiques :
-Déterminer le rôle joué par le
District de Bamako dans l'émancipation de la femme malienne.
-Déterminer ce que représente la femme de Bamako
sur l'échiquier national et le genre d'autonomie qu'elle
réclame.
-Analyser le poids de la tradition sur la femme malienne dans
sa quête d'autonomie.
HYPOTHESES DE RECHERCHE
-Le District de Bamako a joué un grand rôle dans
l'émancipation de la femme malienne.
-Incarnant les facteurs de changement, les femmes du District
de Bamako réclament une autonomie sur les plans économique,
politique et social.
-Les contraintes exercées par la tradition sur la femme
malienne dans sa quête d'autonomie sont nombreuses et complexes.
Dans la présente recherche, nous allons
présenter dans un premier temps, la problématique, la
méthodologiqueet dans un second temps, les différentes parties du
travail seront abordées.
La première partie comporte deux(2) chapitres :
-le premier abordela présentation du district de Bamako
et de la commune IV ;
-le deuxième est axé sur l'historique de
l'émancipation de la femme malienne à partir de Bamako.
La deuxième partie examine la femme du district de
Bamako et sa quête d'autonomie en deux(2) chapitres. Elle est
structurée de la manière suivante :
- chapitre trois porte sur la femme du district de
Bamako ;
-chapitre quatre analysela quête d'autonomie de la femme
du district de Bamako ;
Quant à la troisième partie, elle étudie
le poids de la tradition face à l'autonomie de la femme.
Elle est contient également deux(2) chapitres agencés
comme suit :
-le chapitre cinq présentesle poids de la
tradition sur la femme malienne ;
-le chapitre six développe une analyse de la
situation. Une conclusion termine ce travail.
PROBLEMATIQUE :
Au Mali, les femmes représentent 50,4%2(*)de la population. Cette frange
importante reste malheureusement confrontée à d'énormes
difficultés telles que : les violences conjugales, les violences
domestiques, le mariage précoce, les inégalités..., et la
dépendance. Les femmes sont faiblement représentées dans
les instances de prises de décisions.
Les opportunités permettant l'épanouissement de
la gente féminine restent encore minimes. Au préscolaire, le taux
de scolarisation reste faible. Selon les données du Ministère de
l'Éducation Nationale, les taux bruts de scolarisation au premier cycle
passent de 75,0% (65,1% pour les filles) en 2005/2006 à 77,6% (68,0%
pour les filles) en 2006-2007 et à 72.3% pour les filles en
2008-20093(*) ; ces
chiffres bien qu'ils soient en légère amélioration, sont
loin de celui des garçons.
Le taux de réussite au Diplôme d'études
fondamentales (DEF) en 2006 était de 59,24% pour les filles et 68,82%
pour les garçons. En 2008-2009, le taux d'achèvement au premier
cycle fondamental est de 63.8% pour les garçons et 46.8% pour les
filles. Ce taux se réduit à la fin du second cycle où le
taux d'achèvement est de 39.0% pour les garçons et seulement de
24.1% pour les filles. Il ressort clairement que très peu de filles
complètent les 9 années de scolarité au Mali. Les abandons
des filles avant la fin des 9 années de scolarité sont
majoritairement liés à l'éloignement des écoles
(surtout le second cycle), aux mariages et grossesses précoces. Les
parents sont encore réticents à envoyer la fille loin de la
famille pour les études4(*).
La faible présence de femmes / filles est
également remarquable au niveau secondaire (dans les lycées) et
dans les facultés.
Dans la fonction la fonction publique, les femmes ne
représentent que 15% de la catégorie A, 27% de la
catégorie B2, 20% de la catégorie B1, 13% de la catégorie
C et seulement 24% des contractuels5(*).
Selon EPAM 2007, 70% des femmes actives occupées ont un
revenu inférieur au SMIG contre 30% pour les hommes. En milieu rural,
74% de femmes ont un revenu de 29 000 FCFA contre 60% dans les autres
villes et 52% à Bamako. Selon la même source, 1,7% de femmes ne
gagnent rien en termes de revenu à Bamako, 11,6% dans les autres villes
et 10% en milieu rural6(*).
Dans l'emploi du secteur privé, la situation de la
femme malienne est assez précaire car 47,9% d'entre elles
déclarent ne percevoir aucune forme de rémunération en
2006 et seulement 4,6% ont un emploi régulier.
Sur l'ensemble des emplois déclarés en 2006,
seulement 7,32% sont occupés par les femmes. Cette faible
représentativité s'explique d'une part, par le fait que certains
travaux restent réservés uniquement aux hommes selon la tradition
et d'autre part, par les dispositions du Code du travail qui interdisent le
travail de nuit des femmes7(*).
Au niveau de l'accès à la terre, on constate que
des inégalités persistent, dans la mesure où moins de 20%
des responsables de parcelles agricoles sont des femmes (Recensement agricole,
2007)8(*).
Faute de données actualisées, nous avions dans
les services militaires et paramilitaires, en 2000, il y avait trois (3) femmes
lieutenant-colonel et deux (2) commandants dans l'armée. Dans la police
il y avait trois (3) contrôleurs généraux de police sur 39
hommes.
Dans les ambassades et services consulaires, en 2000, il y
avait deux (2) femmes ambassadeurs sur 20, sur six (6) consuls
généraux, il n'y avait aucune femme et il y avait 5
conseillères d'ambassades sur 46. En 2005, le nombre de femme
ambassadeur est passé à deux9(*).
L'augmentation de la participation des femmes à la vie
politique, le contrôle des ressources, dont la terre, l'accès
à l'emploi, aux crédits et à l'éducation sont
cruciaux pour promouvoir un développement durable.
Il faut ajouter ensuite qu'au Mali, le comportement
reproductif obéit à des références et à des
valeurs culturelles. La femme est reconnue socialement à travers la
procréation et l'éducation des enfants. Elle contribue ainsi
à assurer la survie de la famille et des communautés
villageoises. La fonction biologique et le rôle socio-économique
de la femme définissent son statut social que l'environnement pro
nataliste et religieux lui imprime. La fécondité reste
très élevéepuisqu'une femme donne naissance, en moyenne,
à 6,8 enfants. Selon EDS III (en 2001), un tiers (1 /3) des jeunes
femmes de moins de 20 ans ont déjà donné naissance
à au moins un enfant et plus d'une femme de 20-24 ans sur quatre a
déjà eu trois enfants ou plus. Les adolescentes (15-19 ans)
contribuent pour près de 14% à la fécondité totale
des femmes. A 17 ans, 38% des femmes ont déjà un enfant et
à 19 ans, elles sont mères à 61%. Cette
précocité est plus forte en milieu rural (49%) qu'en milieu
urbain (28%), notamment chez les adolescentes sans instruction.
Des femmes pouvant se prendre plus en charge seront plus
susceptibles d'avoir moins d'enfants, d'avoir accès aux services de
santé et de contrôler les ressources de santé tout en
subissant moins de violence domestique. Leurs enfants auront plus de chances de
survivre. Dans le même temps, un meilleur état de santé des
femmes peut les aider à se prendre davantage en charge et à
gagner en autonomie.
Sur le plan politique, aux élections
présidentielles de 2007, il n'y avait qu'une seule femme candidate sur
11 (soit 9,09%). Les législatives 2009 ont enregistrés 203 femmes
sur 1312 (soit 15,48%) tandis que les municipales de la même année
notaient 13537 (soit 16%) des candidatures. Quant au taux d'élues, ils
n'ont pas suivi la même progression que celui du taux de candidature car
les femmes sont seulement 15/147 des Députés de
l'Assemblée Nationale (soit 10%), 928/10772 des conseillers communaux
(soit 8,66%) et seules 08 communes sont dirigées par des maires
femmes.
Quant aux législatives 2013, elles enregistrent une
régression par rapport à 2007 (15,48%) avec un taux de
13,73%10(*).
Ces statistiques montrent à combien la situation des
femmes est inquiétante dans notre pays, combien elles sont absentes du
processus de développement national et à quel degré
l'accent doit leur être mis afin qu'elles aient le contrôle de
leurs potentialités, qu'elles s'épanouissent.
Depuis la proclamation, à Mexico en 1975, de
l'année internationale de la femme, suivie de la décennie des
Nations Unies pour la femme (1976-1985), la conférence de Beijing en
1994 l'amélioration du statut des femmes et de leurs conditions
d'existence, l'égalité entre homme et femme,
l'équité, la parité, le genre, etc. sont devenus des
volets incontournables de tous les discours, de déclarations politiques
et programmes de développement économique social et culturel.
L'O.N.U, à travers les objectifs du Millénaire
pour le développement lancés en 2000, pour éradiquer la
pauvreté dans le monde, a inclue la promotion de l'égalité
des sexes et l'autonomisation des femmes dans son objectifs 3 reconduit par les
nouveaux objectifs de développement durable adoptés le 25
septembre 2015 à travers son objectifs 5 consistant à
« parvenir à l'égalité des sexes et autonomiser
toutes les femmes et les filles.»
Cet objectif énonce de façon claire que sans
l'égalité entre les sexes, il est impossible de réellement
diminuer la pauvreté, la faim et la maladie. Il mentionne que les femmes
doivent avoir des pouvoirs décisionnels sur leur vie équivalents
à ceux des hommes pour leur permettre d'accéder à une
autonomie complète. Sachant que le taux de scolarisation est beaucoup
plus faible chez les jeunes filles que chez les garçons, l'ONU
considère qu'il fallait se fixer des cibles dans ce domaine.
La cible proposée en l'an 2000 visait à
éliminer les disparités entre les sexes dans les enseignements
primaires et secondaires pour 2005 si possible, et à tous les niveaux de
l'enseignement en 2015 au plus tard. L'ONU propose de mesurer cette cible
à l'aide de trois indicateurs. « Le premier
étant le calcul du nombre de garçon versus le nombre de filles
dans les systèmes d'éducation primaire, secondaire et tertiaire.
Le second indicateur propose de calculer le nombre de femmes ayant une
rémunération dans le secteur non agricole. Le dernier porte sur
la proportion de femmes détenant des sièges dans les parlements
nationaux11(*)».
Par ailleurs, plusieurs journées internationales telles
que la Journée Internationale de la femme(le 08 mars) et la Panafricaine
des femmes (31 juillet), des droits et d'égalité des femmes sont
manifestées dans notre pays.
Au Mali, plusieurs groupements de sociétés
civiles et d'O.N.G nationales et Internationales militent et travaillent pour
la défense des droits des femmes, l'égalité des sexes et
pour l'autonomisation de la femme.
Malgré les visions mondiales à autonomiser les
femmes à divers niveau de la vie; les journées recommandant plus
d'égalité, plus d'implication des femmes, plus d'autonomie
à la femme dans notre pays, le concept ou du moins la mise en
oeuvre de cette autonomisation de la femme est confrontée à la
tradition, notre coutume qui voit en la femme un être subalterne,
cantonnée, limitée aux seules activités
ménagères et de reproduction au service de l'homme. Cette
pesanteur sociale (accompagnée très souvent de
stéréotypes) constitue un blocus à toutes
possibilités d'autonomisation pour les femmes. Cet état des
choses se manifeste à l'égard de la femme au foyer, au niveau de
leur instruction, dans ses pouvoirs/ facultés à exercer des
A.G.R. et dans les instances de prise de décisions... ; elle
souffre d'une discrimination et d'une inégalité flagrante par
rapport aux hommes. Cette situation est malheureusement justifiée par
des mythes que regorgent notre société ; des tares qui
témoignent notre état idéologique et qui astreignent
encore de nos jours les femmes au joug « marital ».
Face à cette situant préoccupante de la femme
malienne, force est de constater qu'il n'existe pas de stratégie
nationale spécifique pour le genre. Les orientations du gouvernement
s'inscrivent essentiellement dans le Cadre Stratégique de Lutte contre
la Pauvreté (CSLP) qui visent à contrecarrer les obstacles
constatés : (i) l'analphabétisme comme obstacle à la
promotion des femmes, (ii) la santé de la femme qui demeure
préoccupante, (iii) le statut juridique et social de la femme qui reste
inchangé en raison de la persistance des pesanteurs socio culturelles,
(iv) le poids démographique qui ne permet pas à la femme
d'assurer une puissance dans la gestion de la vie publique12(*).
Sur le site Internet de l'ONU où l'on retrouve
l'information sur les OMD, une mention fait état du fait que les femmes
sont peu rémunérées pour leur travail, qu'elles
travaillent dans de nombreux secteurs non officiels et que la pauvreté
est un obstacle sérieux par rapport à l'éducation des
filles, ce qui est un frein majeur à l'autonomisation des femmes.
II- METHODOLODIE
La recherche universitaire exige l'utilisation des
procédés scientifiques précis, opératoires,
rigoureux, transmissibles, susceptibles d'être adaptés et
appliqués à l'étude d'un problème donné. Ces
procédés sont appelés « méthode de
recherche ». La méthode de recherche est une démarche
intellectuelle qui vise à établir ou à mener un
raisonnement rigoureux portant sur un sujet d'étude.
A- REVUE CRITIQUE DE LA
LITTERATURE :
La recherche documentaire nous a conduits à la lecture
et l'étude de quelques ouvrages qui ont déjà plus ou moins
abordé ce thème.
Quelques documents sur la femme et le développement,
son statut et sa position sociale et/ou juridique dans les différentes
sociétés; nous ont également été d'un grand
apport. Il s'agit entre autres de :
v « L'église et la femme: vers une
anthropologie trinitaire à la lumière de la théologie
orthodoxe » de Xiénia IOURIEV ; dans ce recueil
d'anthropologie théologique, comme titré, traite la place
réservée à la femme dans l'église et tente
d'apporter des solutions pour cet état de fait.
S'agissant de la place accordée à la femme dans
l'église, IOURIEV nous parle ainsi de ce que les pères
d'église disaient au IVème siècle :
« Nous ne permettons pas que les femmes exercent une fonction
d'enseignement dans l'église, mais elles doivent seulement prier et
écouter l'enseignement... car si l'homme est le chef de la femme, il
n'est pas normal que le chef soit dominé le corps qui dépend de
lui.»(p-89).
L'auteur analyse certaines situations ecclésiales en se
posant trois questions fondamentales : « les raisons du
statut des femmes dans la société ont-elles une valeur normative
au sein de l'église ?, quelles sont les conséquences de
l'absence des femmes dans les instances de décision ? et enfin,
leur place secondaire dans le mariage et leur exclusion des sacerdoces
ministériels sont-elles justifiées ou non ?»(p-19)
dont il essaie de répondre en faisant usage des passages et/ou
récits bibliques ainsi des théologiens chrétiens.
En réponse à ces différentes
préoccupations posées, Xiénia Iouriev propose que :
«lorsque nous souhaitons que la place soit faites aux femmes en tant
qu'être humain parfaitement libre et membre pleinement responsables du
corps du christ ; dans le mariage et les ministères
ordonnés, il ne s'agit nullement d'une innovation. Tout au contraire,
c'est la mise en pratique de nos vérités théologiques, la
fidélité à notre tradition envers et contre la
mentalité du monde, une conversion à l'esprit
évangélique que nous demandons. Certes, il n'est pas facile de
changer des choses que la coutume et une longue durée de temps on fait
respecter, mais notre évolution spirituelle nous libère du
conformisme et du conservatisme pour appeler aux changements dans la
continuité et la fidélité à notre tradition
vivifiante.» Cet ouvrage prétend à rechercher si la
pratique de l'église est exactement conforme à son
enseignement.
v Francesco TORNIERI et Soyata MAIGA, dans
« Etude analytique sur le statut de la femme et la loi au
Mali », Bamako, 2011. Cette étude menée
par les consultants sur la situation de la femme donne un bref aperçu
des liens existant entre les principales caractéristiques
socioéconomiques et politiques et le statut de la femme au Mali. Elle
met également en exergue le cadre politique/ institutionnel et
juridique/ réglementaire relatif au statut de la femme, divulgue les
acquis dans certains domaines prioritaires de promotion du statut de la femme
ainsi que les reformes qui était en cours à l'époque dans
certains secteurs prioritaires pour la promotion du statut de la malienne.
Il faut souligner que cet ouvrage ne traite pour autant pas
en tant que telle l'autonomisation de la femme même s'il a le
mérite d'aborder les obstacles dans certains « domaines
prioritaires » d'épanouissement de la femme comme
l'accès au crédit, à la terre, à la justice... du
point de vue juridique.
Nous pouvons considérer ce livre comme traitant
intrinsèquement ce qu'on peut appeler par abus de langage «
l'autonomisation juridique de la femme malienne » par une analyse
détaillée des instruments juridiques en faveur de
l'égalité des sexes au Mali.
v Fatoumata Maiga, Mali : 50 ans de parcours de
femme, Edicef-média 2011 ;
Est un ouvrage qui rend hommage, qui donne la parole et qui
valorise la femme malienne. Il incite, exhorte également les hommes(le
gouvernement) à s'investir dans l'implication des femmes dans la gestion
du pays dans le processus de développement. Ce qui est plus important
c'est que ce livre retrace presque toute l'histoire du combat de la femme
malienne pour l'émancipation, la promotion et ce, de
l'indépendance à nos jours, enfin, au cinquantenaire de
l'accession de notre pays à la souveraineté. Pour cela, ce
recueil nous l'horizon (leur portrait) des femmes pionnières de
l'émancipation de la féminine, du combat des femmes pour leur
pleine implication à la gestion de la chose publique. Il met
également en filigrane les différentes femmes qui ont
été responsabilisées dans les différentes
institutions ou services (Député, ambassadrices, ministres, hauts
gradés de l'armée...) ainsi que celles qui se sont fait
distinguées dans d'autres activités/ domaines comme le
théâtre, le journalisme, la santé, l'éducation, le
sport...au Mali de la première république jusqu'à la
fête du cinquantenaire (2010). Cette publication a eu toute fois le
mérite de ne pas occulter la part des femmes rurales dans ce
récit historique.
Cet essai de Fatoumata Maiga constitue également une
voix pour dénoncer, décrier tous les préjugés, les
mentalités religieuses et stéréotypes qui se sont mis sur
le chemin de l'émancipation voire de la promotion de la femme et qui se
ont constitués depuis l'indépendance, des blocages auxquels les
maliennes ont fait face.
v Regard croisé sur les mouvements
féministes au Mali (2004) de Drissa DOUMBIA est un bref
document critique comme le laisse entendre son intitulé du
féminisme tel que brandit par les mouvements féministes du Mali.
Ici l'auteur fait une historique des différents courants
féministes depuis la période coloniale jusqu'à la date
publication de son livre(2004) en passant par un rappel de l'histoire de la
survivance de la question féminine dans le monde et toute sa
complexité selon les sociétés, les cultures...
Cette publication est, si nous nous le permettons, une vision,
un pamphlet témoignant la position et l'analyse d'un conservateur
vis-à-vis des revendications et des pensées féminines
féministes dans une société accrochée à ses
valeurs et à ses traditions.
Dans ce pamphlet, l'auteur s'acharne sur un document de
« plaidoyer pour une effectivité des droits de la femme au
Mali » ; qui, dit-il accompagne une brochure
intitulée « Mieux lire et comprendre la convention sur
l'élimination de toutes les formes de discriminations à
l'égard de la femme.» lequel document qu'il analyse et compare
à notre coutume ou société déjà selon lui,
« en avance » ou ayant des explications que ledit
document néglige l'opportunité.
Dans cet ordre d'idée, l'auteur critique beaucoup les
conceptions occidentales véhiculées par les féministes des
faits tels que le mariage (la célébration, le consentement de la
fille...), le travail des femmes, la scolarisation des filles...
Cette brochure (je veux dire livre) est un témoignage
de notre société à vouloir demeurer dans son
idéologie conservatrice, de son refus du changement puisque l'auteur
affirme « ne pas s'identifier de la version occidentale
à l'égard des droits de la femme » ; c'est
pourquoi il dit être étonné par les féministes du
Mali qui, selon lui « parlent beaucoup des droits de la femme, et
rarement des devoirs.» (p-36)
v Et si l'on relisait le coran, la
Sahélienne, Bamako, 2013 ; de Hanane Keita. Ce
livre de Hanane répond à certaines questions qui, dit-elle,
« se posent à la conscience musulmane moderne ». Il
analyse beaucoup d'aspects comme l'islam et les prêcheurs, islam et
législation...
Dans sa partie consacrée à la question de la
femme et l'islam, l'auteure propose l'islam comme défenseur de la femme,
et les musulmans, les premiers apôtres des droits de la femme en ces
termes : « l'islam a trouvé en place des
pratiques rétrogrades. Ainsi le fils pouvait prendre en héritage
la femme de son père. De même un homme pouvait épouser
à la fois la mère et la fille, ou les deux soeurs en même
temps (...). L'islam a aboli ces pratiques... » (p-34). Mais
l'auteure déplore tout au long de cet ouvrage que les «
exégètes ont interprétés les versets coraniques
relatifs à la femme à leur guise, selon leurs désirs et
leurs intérêts, sans aucune considération pour l'esprit du
coran » (p-35).
v Djénné d'hier à
demain, Donnya, Bamako, 1999 de Joseph
Brunet-Jailly :ce livre, dans son esprit s'adresse aux touristes,
aux visiteurs cultivés susceptibles de s'engager dans la
découverte la ville sainte : Djenné. Pour ce faire, il
retrace l'histoire ou du moins, l'origine de Djenné à partir des
sources archéologiques et des sources écrites. Ce «ouvrage
de touristique » fait également la lumière sur le
quotidien des habitants de la ville en faisant le point sur les principales
activités (religion, commerce, fêtes, écoles, enfance, les
métiers d'art de Djenné...). Outre, ce livre fait une
brève description monographique de cette ville qui a tant séduit
l'auteur. Bref, cet ouvrage ne nous parle que de Djenné dans son
ensemble.
En dépit des aspects touristiques avec lesquels le
lecteur excité par la ville peut être amené à
s'intéresser davantage, ce manuel a l'opportunité de nous faire
l'état de la situation, voire de la vie la femme à Djenné
en ces termes « les femmes sont(...) soulagées dans
les travaux domestiques(...). L'installation des bornes fontaines et l'eau
courante a beaucoup réduit, sinon complètement supprimée
la corvée d'eau ; l'installation de décortiqueuses, de
moulins à céréales puis récemment
l'électrification, ont allégé sensiblement les travaux qui
emplissait la vie des femmes. En outre, elles ont actuellement la
possibilité de diversifier leurs revenus par le maraichage, le commerce
de « sucrerie » ou d'eau glacée ; par le
jardinage, elles ont amélioré l'alimentation familiale en y
ajoutant les légumes.»(p-83)
Ensuite, ce livre met en relief l'autonomie de la
djénnéka13(*) composée de plusieurs ethnies( dogon, peulh,
songhoy, bamanan...), à ce propos il témoigne ainsi
: « les femmes disposent de tout le pouvoir au pouvoir au
sein de leur foyen, pour ce qui est de l'utilisation de leurs revenus
personnels, de la gestion de leurs biens personnels et des questions relatives
au ménage( essentiellement la cuisine et l'éducation des
filles)(...) la femme peut décider seule de scolariser ses filles et est
de toutes façons responsable de leur bonne éducation. Les biens
personnels de la femme sont principalement constitués de bétails
(vaches, moutons ou chèvres...) (p-93).
v « Femme d'Afrique, la vie d'Aoua Keita
racontée par elle-même », présence
Africaine, Paris, 1975 : cet ouvrage écrit par la première
femme élue député au Mali et l'une des premières
sages-femmes de l'Afrique est l'autobiographie de Mme Diallo Aoua Keita, la
femme qui a osé entreprendre, s'engager dans la vie publique à
une époque où les idéologies n'étaient pas
développées au Mali, où les femmes peinaient du fait de
leur bas niveau d'éducation et d'instruction ainsi que de leur position
sociale à s'affirmer devant et parmi les hommes.
L'auteure Aoua Keita nous raconte sa vie, nous explique
l'éducation traditionnelle qu'elle a reçue ainsi que les
conditions dans lesquelles elle a été admise à
l'école, son école, sa vie professionnelle de sage-femme, de sa
vie de couple et de sa vie de femme politicienne dans un Mali fortement
patriarcale et « misogyne ».
Parlant de sa vie de femme politique, Aoua Keita nous montre
à quel point l'accès à la politique, bref au pouvoir est
mal apprécié et accompagné des agissements misogyniques et
sexués dans la société malienne. Elle nous raconte l'une
de ses mésaventures dans un village où elle s'était rendue
lors des campagnes électorales en 1959 et où le chef l'interdit
l'accès de son village en l'apostrophant ainsi : «
Sors de mon village, femme audacieuse. Il faut que tu sois...
effrontée pour essayer de te mesurer aux hommes en acceptant une place
d'homme... c'est la faute des fous dirigeants du RDA qui bafouent les hommes de
notre pays en faisant de toi leur égale...Koutiala, pays de vaillants
guerriers, de grands chasseurs, de courageux anciens combattants de
l'armée française, avoir une petite femme de rien du tout
à sa tête ?...Moi, sergent-chef de l'armée
française, ayant battu les Allemands, accepter d'être
coiffé par une femme ? Jamais !...j'ai trois femmes comme toi
qui me grattent le dos tous les soirs à tour de
rôle... » (P-13 et 389).
Alors raconte-t-elle toujours « je compris la
gravité de la situation et pris beaucoup de précautions pour
parler au chef. Mais ce dernier me bouscula avec violence et me cracha
dessus(...) Fous-moi le camp femme à langue mielleuse. Je me moque de
toi, de tes paroles de diable et de Satan (...). Retiens ta langue. Si tu
continues à me parler, je te ferais bastonner par les
femmes. » (p-390).
v Femmes, éducation et autonomisation : voies
menant à l'autonomie, de Carolyn
Medel-Añonuevo, un Rapport du Séminaire international
tenu à Institut de l'UNESCO pour l'Education (IUE)
en1995.
Le Séminaire international sur l'éducation et
l'autonomisation des femmes fut réuni en 1995 dans le contexte de la
discussion sur la pertinence de l'éducation des femmes pour
l'amélioration de leur situation, à court terme, et pour leur
émancipation, à long terme. Son rapport résulte de la
compilation des rapports d'atelier sur la problématique de
l'éducation et de l'autonomisation des femmes dans les contrées
de l'Asie. Ce rapport s'appuie donc, sur la Déclaration par les
Nations Unies de la Décennie pour la femme en 1975 avec
l'hypothèse que si les femmes comprenaient leurs conditions,
connaissaient leurs droits et acquéraient des compétences leur
étant traditionnellement refusées, une autonomisation s'en
suivrait.
Il évoque la condition féminine en ces
termes : « Les conditions actuelles de travail et de vie
empêchent, par ailleurs, de nombreuses femmes de participer
sérieusement à des programmes ou projets d'éducation
conçus spécialement pour elles. Leur paupérisation accrue
les contraint à se concentrer sur des activités
génératrices de revenus tout en vaquant à leurs
corvées ménagères. Ce quotidien, par conséquent,
limite le temps et l'énergie qu'elles pourraient investir dans des
programmes d'éducation. » (p-5)
Avant de justifier son hypothèse en Asie, ce rapport se
penche sur les définitions doctrinales de plusieurs auteurs. Ainsi, il
nous ouvre une multitude de définitions tout en approuvant que la
nature de l'autonomisation la rend difficile à définir. Car nous
raconte-t-il d'une part, elle constitue souvent un objectif dans de nombreux
programmes ou projets de développement. D'autre part, on peut aussi la
concevoir comme un processus subi, qui conduit éventuellement à
des changements (p-9). Il nous rapporte la définition de Nelly
Stromquist qui voit l'autonomisation comme « un processus qui
transforme le rapport des forces à la fois dans les relations
interpersonnelles et dans les institutions de la société, tandis
que Lucy Lazo la décrit comme "un processus d'acquisition, de
répartition, d'attribution des ressources et des moyens ou bien
permettant d'accéder à la maîtrise de
ceux-ci. »(p-9)
Il cite également l'avis de Namtip Aksornkool qui cite
la définition de l'autonomisation de Paz comme "étant la
capacité à diriger et à maîtriser sa propre vie".
Mais Citant Depthnews, l'autonomisation ressort comme « un
processus qui permet aux femmes de maîtriser leur propre vie en
connaissant et en exigeant leurs droits à tous les échelons de la
société, aux niveaux international, local et
personnel. »
L'autonomisation individuelle signifie que les femmes
acquièrent leur autonomie, sont capables de définir
elles-mêmes leurs buts et sont pleinement impliquées dans le
processus de prise de décision économique et
sociale ».
Dans ce même canevas, ce document rapporte plusieurs
autres définitions différentes les unes des autres du mot pour
démontrer toute la relativité de l'autonomisation. Quoique vue
dans un sens différent, est l'une des caractéristiques majeures
discutées dans l'article de Madame Lazo.
Parlant des composantes de l'autonomisation, ce rapport
affirme que l'autonomisation peut avoir quatre composantes : cognitive,
psychologique, économique et politique. (p-10)
Selon madame Stromquist, la composante cognitive inclurait la
"compréhension par les femmes de leurs conditions de subordination
et de leurs causes aux niveaux macro et micro de la société. Elle
implique l'acquisition de nouvelles connaissances engendrant une nouvelle
conception des rapports entre les sexes ainsi que la suppression des vieilles
croyances qui structurent les idéologies traditionnelles concernant les
différences entre femmes et hommes". La composante psychologique,
d'autre part, inclurait le "développement de sentiments que les
femmes peuvent influencer l'amélioration de leur condition. Ce qui
signifie croire au succès de leurs efforts visant à un
changement".
La composante économique "requiert que les femmes
soient capables de s'engager dans une activité productive qui leur
permettra d'accéder à un certain degré d'autonomie, peu
importe qu'elle soit faible et difficile à obtenir au
départ"
La composante politique comprendrait "la capacité
à s'organiser et à se mobiliser en vue d'un changement. Par
conséquent, un processus d'autonomisation doit inclure non seulement une
prise de conscience individuelle, mais aussi une prise de conscience et une
action collectives".
Ce rapport va loin jusqu'à nous citer les indicateurs
de l'autonomisation. Il finit par la théorie de l'éducation pour
l'autonomisation des femmes avec comme mot d'ordre, « instruire
pour autonomiser »
Les défenseurs de l'éducation pour
l'autonomisation ont affirmé que l'éducation ne doit pas se
limiter simplement à "rendre capable". Elle doit considérer les
femmes en tant que membres actifs de la société qui ont besoin
d'instruction pour prendre part, d'une manière efficace et
significative, à toute activité, et en tant que partenaires
égales des hommes. (p-58)
Bref, ce rapport aide à comprendre les fondements
théorique de l'autonomisation et développe combien l'instruction
est cruciale à l'épanouissement socioéconomique de la
femme ainsi qu'à sa participation à la gestion des projets de
développement. Cependant, ce document n'approfondi pas la relation entre
la tradition et l'autonomisation de la femme alors que partout dans le monde
quelque part, la tradition a été évoquée pour
empêcher les femmes d'accéder aux voies de leur autonomisation.
v « LE DEUXIEME SEXE »
de SIMEONE DE BEAUVOIR, Gallimard, 1975.
Ce livre II commence avec la phrase la plus
célèbre de Simone de Beauvoir,
« 0n ne nait pas femme, on le devient ».
De Beauvoir cherche à détruire l'essentialisme
qui prétend que les femmes sont nées femmes, mais au contraire
sont construites telles par l'endoctrinement social. De Beauvoir
appuie cette thèse en retraçant l'éducation de la
femme depuis son enfance, en passant par son adolescence jusque dans ses
relations sexuelles. A chaque étape, Beauvoir illustre comment les
femmes sont forcées d'abandonner leurs revendications à la
subjectivité transcendante et authentique au profit d'une acceptation
d'un rôle «passif» et «aliéné»,
laissant à l'homme le rôle actif et subjectif. De Beauvoir
étudie les rôles d'épouse, de mère, et de
prostituée pour montrer comment les femmes, au lieu de se transcender
par le travail et la créativité, sont réduites à
des existences monotones, au rôle de mère et de maîtresse
domestique et celui de réceptacle sexuel de la libido masculine.
Cependant, un malentendu commun sur De Beauvoir consiste
à croire que la femme n'est plus libre. Il faut se souvenir que
De Beauvoir est une philosophe existentialiste, autrement dit
qu'elle considère la liberté ontologique des êtres comme
absolues : l'homme ne détruit pas la liberté de la femme en
objectivant la femme, mais il tente d'en faire un objet. La femme reste une
transcendance, transcendée par la transcendance masculine, ou
formulée autrement : une transcendance transcendée.
Néanmoins, et c'est là toute la
complexité et subtilité de l'analyse de Beauvoir, les femmes
peuvent être responsables et participer à leur propre
sujétion. De Beauvoir distingue ainsi 3 conduites
inauthentiques dans lesquelles les femmes fuient leur condition de
transcendance pour se fixer dans des croyances et des valeurs
prédéterminées. Ces trois attitudes, formant autant de
tableaux sont : la narcissique, l'amoureuse et la mystique. Ces trois
catégories ont en commun la fuite de leur liberté au profit de
l'objet. Dans le cas de la narcissique, l'objet est elle-même, dans celui
de l'amoureuse, son bien-aimé et dans celui de la mystique, l'absolu ou
Dieu.
De Beauvoir formule en conclusion des recommandations
pratiques pour favoriser l'émancipation de la femme. Tout d'abord, elle
exige qu'on permette à la femme de transcender à travers
ses propres projets. En tant que tel, la femme moderne «se targue de
penser, d'agir, de travailler, de créer dans les mêmes conditions
que les hommes. Au lieu de chercher à les dénigrer, elle se
déclare leur égal».
Afin d'assurer l'égalité de la femme, Simone de
Beauvoir préconise de tels changements dans les structures sociales
telles que la légalisation de la contraception et de l'avortement, la
liberté économique de la femme et son indépendance
à l'égard de l'homme. En ce qui concerne le mariage, De Beauvoir
le voit comme un obstacle à la libération des femmes car il fixe
dans une institution les rôles archaïques de mari, patron de la
famille, et celui de l'épouse, son esclave
domestique.
B- CLARIFICATION DES
CONCEPTS :
Définir un concept revient à ne pas créer
un nouveau mot ou à se jeter sur les dictionnaires ; les
définitions correspondent le plus souvent à l'usage commun de la
langue, donc pas celles des sciences sociales.
R.K. MERTON avait vu l'importance des concepts lorsqu'il
affirmait qu' :« une recherche consciente de ses besoins ne
peut passer entre la nécessité de clarifier les concepts, car une
exigence essentielle de la recherche est que les concepts soient définis
avec clarté.14(*)»
E.DURKHEIM, lui aussi, est revenu sur cette
nécessité en disant que : « le savant doit d'abord
définir les concepts dont il traite afin que l'on sache et qu'il sache
bien de quoi il est question.15(*)»
Ainsi, la clarification des concepts ci-après est
nécessaire à la compréhension de notre
étude :
*Autonomisation des femmes :
Pour définir l'autonomisation des femmes, il faut
d'abord se rapporter au concept plus général d'autonomisation.
La notion d'autonomie remonte au droit que les romains avaient
laissé à certaines
villes grecques de se gouverner elles-mêmes. D'un point
de vue étymologique, le mot dérive de la combinaison de deux mots
grecs : auto (à soi-même, pour soi-même) et de
nomos (la loi). C'est se donner à
soi-même sa propre loi.
Lorsqu'il se rapporte à un individu, il met en
évidence la liberté d'action, et partant, l'indépendance
de cet individu. L'autonomisation, elle, désigne le processus par lequel
un individu acquiert peu à peu cette liberté d'action et cette
indépendance.
Les Nations Unies quant à eux, définissent
l'autonomie des femmes à partir des cinq(5) principaux critères
suivants : le sens de la dignité, le droit de faire et de
déterminer ses choix, le droit d'avoir accès aux ressources et
opportunités, le droit d'avoir le contrôle sur sa propre vie, tant
à l'intérieur qu'à l'extérieur du foyer, et la
capacité d'influencer le changement social afin de créer un ordre
économique et social plus juste nationalement et internationalement
(PNUD 2008).
Voici ce qu'en dit le Ministère de la Condition
féminine et famille Congolais lorsqu'il évoque la
nécessaire autonomisation des femmes :
« Autonomiser est le fait de rendre autonome ou de
jouir de l'autonomie. C'est l'indépendance d'un individu, la
possibilité qu'il a de disposer librement de soi, ce qui peut le
conduire à son épanouissement et à son
développement.
Autonomiser la femme c'est la libérer en brisant
les différents obstacles qui l'empêchent d'évoluer
normalement dans différents domaines comme son partenaire homme16(*). »
*Mythe :
Le mot mythe vient du grec muthos qui signifie
récit ; mais il ne s'agit pas de n'importe quel récit. Le
mythe est une histoire ayant pour but d'expliquer les mystères du monde,
ses origines, ses valeurs, son sens, de situer les relations entre les hommes
et les dieux.
Un mythe est un récit qui se veut explicatif et
surtout fondateur d'une pratique sociale. Il est porté à
l'origine par une tradition orale, qui oppose une explication pour certains
aspects fondamentaux du monde et de la société qui a forgé
ou qui véhicule ces mythes :
-la création du monde ;
-les phénomènes naturels ;
-le statut de l'être humain, et notamment ses rapports
avec le divin, avec la nature, avec les autres individus (d'un autre sexe, d'un
autre groupe etc.),
-la genèse d'une société humaine et ses
relations avec les autres sociétés.
Le terme Mythe est souvent employé pour
désigner une croyance manifestement erronée au premier abord,
mais qui peut se rapporter à des éléments concrets
exprimés de façon symbolique et partagée par un nombre
significatif de personnes.17(*)
D'après le dictionnaire de l'ACADEMIE
FRANCAISE, le premier sens du mot mythe, apparu au
XIXè Siècle, est un récit fabuleux,
pouvant contenir une morale plus ou moins implicite.
L'anthropologue français Claude
Lévi-Strauss, offre cet avis : « un
mythe se rapporte toujours à des évènements passées
avant la création du monde [...] ou [...] pendant les premiers
âges [...] en tout cas [...] il y a longtemps [...]. Mais la valeur
intrinsèque attribuée au mythe provient de ce que les
évènements, censés se dérouler à un moment
du temps, forment aussi une structure permanente. Celle-ci se rapporte
simultanément au passé, au présent et au
futur. »
Le dictionnaire LAROUSSE définit le mythe
comme «l'ensemble des croyances, des représentations
idéalisées autour d'un personnage, d'un phénomène,
d'un évènement historique, d'une technique et qui leur donnent
une force, une importance particulières.»
Le mythe, au sens courant et populaire, renvoie à une
croyance erronée, une aspiration irréalisable.
*Espoir :
Selon le wikitionnaire, c'est le fait d'espérer et par
extension, la chose espérée.
Il s'agit du fait espérer, d'attendre avec confiance la
réalisation dans l'avenir de quelque chose de favorable,
généralement précis ou déterminé, que l'on
souhaite, que l'on désire.
*Tradition :
Le mot « tradition » (en latin traditio,
« acte de transmettre ») vient du verbe tradere,
« faire passer à un autre, livrer, remettre »,
désigne la transmission continue d'un contenu culturel à travers
l'histoire depuis un évènement fondateur ou un passé
immémorial. Cet héritage immatériel peut constituer le
vecteur d'identité d'une communauté humaine.
Dans le langage courant, le mot tradition est parfois
employé pour désigner un usage, voire une habitude,
consacré par une pratique prolongée au sein du groupe social et
même restreint.
En sociologie, une tradition est une coutume ou une habitude
qui est mémorisée et transmise de génération en
génération, à l'origine sans besoin d'un système
écrit.
NB: certains auteurs font une distinction
entre la tradition et la coutume.
La tradition est universelle et se présente souvent
sous différentes formes selon les pays, mais n'est pas toujours à
l'échelle nationale, elle peut être familiale. La coutume est une
histoire de localité, de région.
Les traditions illustrent l'histoire des peuples ; elles
se transmettent de génération en génération et
concernent des doctrines qui peuvent être religieuses, morales,
politiques etc.
La coutume et la tradition sont intimement liées et
sont souvent associées mais la tradition peut être définie
comme la pensée qui entoure la mise en application concrète de la
coutume dans les faits.
C- INSTRRUMENTS D'ENQUETE
Dans le cadre de ce mémoire, la méthodologie
sera de nature à la fois quantitative et qualitative. C'est une
recherche qui vise l'explication et la compréhension d'un
phénomène.
Ce chapitre expose la démarche de recherche
utilisée dans le cadre ce mémoire à travers trois (03)
niveaux. Le premier point traite la recherche documentaire, le
second, la technique d'entretien, le dernier porte sur
le questionnaire.
1-RECHERCHE DOCUMENTAIRE
De même que l'homme de science prépare
soigneusement et longuement sa future expérience en laboratoire, de
même l'enquêteur doit préparer son futur départ sur
le terrain en se constituant une bibliographie adéquate (Baud et Weber,
2003).
Selon ces auteurs, la recherche scientifique nécessite
un travail de documentation préalable à travers la lecture des
livres, des archives, des comptes rendus déjà publiés.
La recherche documentaire vise à rassembler les
informations ou les données nécessaires relatives au sujet, par
la lecture des divers documents. Elle permet de situer le travail de la
recherche dans la limite des débats sur le sujet dans le but de ne pas
être en dehors de celui-ci ou de rabâcher les termes
antérieurs de la recherche sur un sujet et de confirmer ou d'infirmer
les hypothèses.
Dans le cadre de mémoire, la recherche documentaire
s'est basée sur l'analyse et l'exploration des ouvrages
généraux et spécialisés, des mémoires, des
rapports d'étude en rapport avec notre thème de recherche.
Elle a été faite respectivement à la
bibliothèque Nationale du Mali, au CNDIFE et dans les
bibliothèques des organismes de défense des droits
féminins et de sociétés civiles : l'APDF, le
RECOFEM. Il faut également souligner que nous avons été
à la D.N.P.F et à la CAFO pour lire des documents. Les sites
internet, quant à eux, ont permis de télécharger des
ouvrages et des rapports en rapport à notre thème.
Les informations tirées de la lecture des
différents documents ont servi à l'élaboration de la revue
littéraire, à définir les concepts clés
utilisés dans ce travail, à présenter le milieu
d'enquête et à argumenter les hypothèses soutenues dans ce
mémoire.
2- L'ENTRETIEN
D'après Boutin, cité par Sékou
Chérif Diallo18(*)(2004), l'entretien est une technique qui a pris au
cours des années une vogue considérable dans la recherche en
sciences sociales. Dès l'origine, c'est-à-dire dans les
premières enquêtes sociales, l'écoute de l'autre est venue
s'ajouter à l'interrogatoire pur. Puis, au fur de l'évolution de
l'enquête sociale vers l'enquête sociologique, l'écoute
d'attitude sociale est devenue technique sociologique : il s'agit alors,
non seulement d'écouter les enquêtés sur les sujets qui
leurs étaient proposés, mais de les faire parler librement sur un
thème donné.
Pour Ghiglione et Matalon(1978), l'entretien de recherche est
une méthode de collecte qui vise à recueillir des données
(informations, ressentis, sentiments, récits, témoignages, etc.)
appelées matériaux dans un but de les analyser. Il s'inscrit dans
une démarche préparée, dans un projet de recherche, et
obéit à des règles relativement rigoureuses.
Pour ces auteurs, on distingue trois types d'entretiens en
fonction de leur degré de structuration : l'entretien non directif
(appelé également libre ou en profondeur). L'enquêté
développe le thème qui lui est proposé et
l'enquêteur utilise des relances, mais n'introduit aucune nouvelle
information ou orientation.
L'entretien semi directif(ou partiellement structuré).
La consigne de départ est fixe, puis les divers thèmes du guide
d'entretien seront introduits en fonction du déroulement de celui-ci.
L'entretien directif (ou standardisé) s'apparente
à la méthode du questionnaire, mais reste fondamentalement
différent dans la mesure où l'enquêté peut
répondre comme il le souhaite à la question posée et
où l'enquêteur peut observer les réactions du sujet aux
questions posées.
Blanchet et Gotman (1992), considèrent que l'entretien
s'impose chaque fois que l'on ignore le monde de référence, ou
que l'on ne veut pas décider à priori du système de
cohérence interne des informations recherchées.
Dans le cadre de ce mémoire, nous utilisons l'entretien
semi directif. Le choix de cette technique découle du fait que notre
étude porte sur une pratique, celle des obstacles traditionnels
auxquels se heurte la femme malienne dans son autonomisation. Elle fait appel
chez l'interviewé à la volonté de raconter pour expliquer
ou décrire cette pratique.
La population cible de la présente recherche est
composée de femmes mais aussi d'hommes résidant dans la Commune
IV du District de Bamako, de femmes leaders dans les associations de femmes de
ladite commune ainsi que les travailleurs et responsables des structures en
charge des questions féminines au Mali.
Vingt (20) interviews et un focus group de cinq (5) membres
ont été réalisées sur le terrain avec les
différentes catégories sociales que compose la population cible
répartie comme suit :
-cinq (05) entrevues avec les travailleurs de la D.N.P.F,
-cinq(05) entrevues avec les travailleurs du CNDIFE,
-une entrevue avec certaines responsables de l'APDF,
-deux(02) entretiens avec deux hautes responsables de la
D.R.P.F.E.F,
-une entrevue avec certains travailleurs du FAFE,
-trois (03) entrevues avec des vieux de Lafiabougou,
- quatre (04) entrevues avec des prêcheurs de
Lafiabougou.
La collecte de données a eu lieu du 03 au 31 mai 2016.
Les entretiens après avoir ciblé les répondants, ont
porté sur le concept d'autonomisation, il s'agissait de leur demander du
sens qu'ils donnaient subjectivement au concept ; le rôle
joué par le district de Bamako dans l'émancipation de la femme
malienne ; la place de la femme du District sur le plan national; le genre
d'autonomie réclamée par la bamakoise ; les contraintes
traditionnelles pesant sur l'autonomisation de la femme malienne et l'avis des
répondants sur l'autonomisation de la femme malienne ; bref, de la
femme malienne et de sa condition.
Tous les entretiens sont individuels et isolés. Les
données ont été collectées au moyen d'un guide
d'entretien dont la durée d'entretien varie entre 30 à 45
minutes. Les entretiens ont été menés en langue
française et en langue locale(le bamanankan) à l'aide d'un
téléphone ayant fonctionnalité/ option de dictaphone
préparer à cet effet et cela, pour ne laisser aucune information
en fumée.
Une fois sur le terrain, nous avons commencés par
expliquer aux enquêtés l'objet de la recherche et nos attentes en
terme de collaboration, tout en leurs garantissant de la confidentialité
des informations qu'ils vont donner. Cette démarche consiste avant tout,
à instaurer un climat de confiance entre les enquêtés et
nous pour pouvoir mener à bien notre recherche.
Les informations tirées du terrain ont
été soumises à une analyse qui consiste à leur
regroupement par thème afin de dégager les points de convergence
et divergence des informations des personnes enquêtées.
Nous avons commencé d'abord par la transcription des
enregistrements, suivis du regroupement des idées clés par
entretien et par thème. Nous avons enfin, procéder au
regroupement des informations par point de convergence et de divergence.
3- LE QUESTIONNAIRE
En plus de la recherche «
bibliothécaire » et l'entretien semi directif, nous avons
également fait usage du questionnaire. Ce dernier est un livret de
dix-neuf (19) questions, élaborées en tenant compte des
objectifs de recherche.
La première section du questionnaire aborde les
variables sociodémographiques ou d'identification de
l'enquêté excepté le nom (il s'agit du quartier, de
l'âge, du sexe, du niveau d'instruction, la religion, la situation
matrimoniale et de la profession.) , la deuxième analyse le rôle
joué par le district de Bamako dans l'émancipation de la femme
malienne, la troisième analyse elle, la place de la femme de Bamako sur
l'échiquier national, et la quatrième et la dernière
section sont respectivement axées sur le genre d'autonomie
réclamé par les femmes et les contraintes de la tradition face
à l'autonomisation de la femme malienne.
III-
L'échantillonnage
L'échantillon est une fraction de l'univers
d'enquête. La population mère est constituée de personnes
résidant en Commune IV du District de Bamako. Cette commune comprend
huit(8) quartiers qui sont : Lafiabougou, Hamdallaye, Sébenicoro,
Djicoroni-Para, Lassa, Kalabambougou, Taliko et Sibiribougou.
Dans l'obsession d'une représentativité, nous
avons prélevé notre échantillon selon la technique de
l'échantillonnage par quota de façon aléatoire en raison
de dix (10) enquêtés par quartier.
1-Taille de
l'échantillon
La taille de l'échantillon est de quatre-vingt (80)
personnes dont les chiffres paritaires de 40 femmes et 40 hommes. Ces
personnes habitant tous la commune IV, voici ci-dessous, les
caractéristiques de l'échantillon.
2- Caractéristiques de
l'échantillon
Tableau n° 1:
caractéristique de l'échantillon selon l'âge.
Age
Sexe
|
0 - 18
|
19 - 29
|
30+
|
Total
|
Hommes
|
2
|
2.5%
|
26
|
32.5%
|
12
|
15%
|
40
|
50%
|
Femmes
|
3
|
3.75%
|
20
|
25%
|
17
|
21.25%
|
40
|
50%
|
Total
|
5
|
6.25%
|
46
|
57.5%
|
29
|
36.25%
|
80
|
100%
|
Source : Enquête personnelle, mai
2016
Nous constatons à la lecture de ce tableau que notre
échantillon est divisé en trois(3) groupes d'âges ; le
premier groupe d'âge est l'intervalle situé entre 0 et 18 ans
inclus, ceux-ci représentent 6.25% de la population enquêté
, soit 2.5% d'hommes et 3.75% de femmes ; le second groupe d'âge est
constitué de personnes dont l'âge est compris entre 19 et 29 ans,
il est le plus représenté avec 46 personnes soit 57.5% de notre
échantillon dont 20 femmes et26 hommes représentant
respectivement 25% et32.5% de nos enquêtés.
Enfin, il y a le groupe d'âge de 30 ans et plus avec un
total de 29 personnes soit 36.25% dont 15% d'hommes et 21.25% de femmes de la
population interrogée.
Tableau n° 2 :
caractéristique de l'échantillon selon la situation
matrimoniale
S.M*
Sexe
|
Marié
|
Célibataire
|
Veuf (ve)
|
Total
|
Homme
|
16
|
20%
|
24
|
30%
|
0
|
0%
|
40
|
50%
|
Femme
|
30
|
37.5%
|
6
|
7.5%
|
4
|
5%
|
40
|
50%
|
Total
|
46
|
57.5%
|
30
|
37.5%
|
4
|
5%
|
80
|
100%
|
Source : Enquête personnelle, mai
2016
S.M : Situation matrimoniale
A l'observation de ce tableau, trois(3) situations se
distinguent. La première correspond aux personnes mariées. Elles
sont au nombre de 46 personnes et constituent la couche la plus
représentée avec 57% de notre échantillon dont 16 hommes
(soit 20%) et30 femmes (soit 37.5%). Ensuite, la série des
célibataires comprend 30 personnes soit 37.5% de notre population
d'enquête dont 24 hommes (soit 30%) et 6 femmes (soit 7.5%).
Enfin, il y a les veuves qui ne sont que 4 personnes et
constituent 5% de notre population d'enquête. Cette catégorie est
la moins représentée.
Tableau n° 3:
description de l'échantillon selon le niveau d'instruction
N.I*
Sexe
|
Analphabète
|
Fondamental
|
Secondaire
|
Supérieur
|
Autres
(coranique)
|
Total
|
Homme
|
3
|
3.75%
|
4
|
5%
|
9
|
11.25%
|
27
|
33.75%
|
1
|
1.25%
|
44
|
55%
|
Femme
|
11
|
13.75%
|
8
|
10%
|
7
|
8.75%
|
8
|
10%
|
2
|
2.5%
|
36
|
45%
|
Total
|
14
|
17.5%
|
12
|
15%
|
16
|
20%
|
35
|
43.75%
|
3
|
3.75%
|
80
|
100%
|
Source : Enquête personnelle, mai
2016
N.I : Niveau d'instruction
Comme ci-dessus indiqué dans le tableau, la
majorité des personnes enquêtées ont le niveau
supérieur, celles-ci représentent 43.75% de notre
échantillon dont 33.75% d'hommes et 10% de femmes. Ensuite viennent les
personnes ayant le niveau secondaire avec 20% (dont 11.25% d'hommes et 8.75%
de femmes) et les analphabètes avec 17.5% ; ici, les femmes
analphabètes sont plus nombreuses avec13.75% contre 3.75% d'hommes.
Enfin, les personnes ayant le niveau du fondamental représentent 15%
(dont 5% d'hommes et 10% de femmes) et il ya également les personnes
ayant d'autres niveaux comme le niveau coranique ; elles
représentent 3.75% de notre population d'enquête dont 1.25%
d'hommes contre 2.5% de femmes.
Tableau n° 4:
description de l'échantillon en fonction de la religion
Religion
Sexe
|
Musulmane
|
Chrétienne
|
Total
|
Homme
|
36
|
45%
|
4
|
5%
|
40
|
50%
|
Femme
|
37
|
46.25%
|
3
|
3.75%
|
40
|
50%
|
Total
|
73
|
91.25%
|
7
|
8.75%
|
80
|
100%
|
Source : Enquête personnelle, mai
2016
Les deux grandes religions pratiquées par notre
population d'enquête sont la religion musulmane et la religion
chrétienne. Mais le tableau nous montre que 91.25% (avec 45% d'hommes et
46.25% de femmes) de l'échantillon sont musulmans et seulement 8.75% de
chrétiens (dont 5% d'hommes et 3.75% de femmes). Cela justifie que ces
deux grandes religions sont les plus présentes et pratiquées dans
la commune IV du district de Bamako.
IV- Difficultés
rencontrées :
Au cours de nos recherches, nous avons été
confrontés à un certain nombre de difficultés :
Une d'elle a été la difficulté de
s'entretenir avec certains groupes des groupes cibles, notamment les acteurs
des questions féminines( APDF, Cafo etc.) du fait de leur
mobilité et emploi du temps très chargé en
séminaire et en réunion. « La course aux
acteurs » en vue d'un entretien a fortement diminué le
ratio-temps de l'administration de mes autres méthodes de recherche.
Nous étions également confrontés aux problèmes de
documentation, car les écrits sont très rares
sur « l'autonomisation de la femme » en tant que
telle.
Outre les difficultés sus-citées, le manque de
temps et la mauvaise volonté, manifestés par les gens (femmes et
hommes) soit pour remplir le questionnaire, soit pour faire une interview a
été un grand handicap, ce qui a nous obligé à
réduire la taille de notre échantillon.
PREMIERE PARTIE :
LE DISTRICT DE BAMAKO CREUSET DE L'EMANCIPATION DE LA FEMME
MALIENNE
CHAPITRE I :
PRESENTATION DU DISTRICT DE BAMAKO ET DE LA COMMUNE IV
I. PRESENTATION DU DISTRICT DE
BAMAKO
Bamako, fondée par les Niaré (ou
Niakaté), est la capitale du Mali. Principal centre administratif du
pays, important port fluvial sur le Niger et centre commercial rayonnant sur
toute la sous-région, la ville compte 2 009 109 habitantsen
200919(*). Son rythme de
croissance urbaine est actuellement le plus élevé d'Afrique (et
le sixième au monde). La capitale Bamako est érigée en
district et divisée en six communes dirigées par des maires
élus.
A-Aspects Historiques
Le site de Bamako a été occupé dès
la préhistoire comme l'ont confirmé les fouilles
archéologiques de Magnambougou.
Bamako, du bambara « bàmak?? » (qui signifie
« marigot du crocodile »), a été fondée à
la fin du XVIe siècle parles Niaré, anciennement appelés
Niakaté, qui sont des Sarakolés à l'origine. Le crocodile
étant le fétiche de Bamako,chaque année lui était
donné une jeune fille viergeà manger20(*).
Simballa Niakaté, un chasseur venu de Lambidou (cercle
de Nioro, région de Kayes), un village sarakolé, a choisile site.
Mais, c'est son fils ainé Diamoussa Niakaté
courammentappelé Diamoussan Djan (à cause de sa tailletrès
grande) qui fonda Bamako.Niaréla, lequartier des Niaré, est un
des plus anciens quartiers deBamako.Les trois crocodiles qui symbolisentBamako
trouvent leur origine à partir des trois marigotsqui traversaient Bamako
: Lido, Diafarana et Bèlèsôkô.
Les marigots se rejoignaient environ à 500
mètres à l'est de l'Hôtel de l'Amitié de Bamako (qui
est le fruit de la coopération égypto-malienne aux lendemains des
indépendances) pour ensuite se jeter dans le Niger.
À la fin du XIXe siècle, Bamako est un gros
village fortifié de 600 habitants, lorsque le 1er
février 1883, les Français,avec Borgnis-Desbordes, y
pénètrent21(*).
Cette entrée coïncida avec la naissance d'Amadou
CoumbaNiakaté (1883-1963), le premier fils de chef traditionnel à
fréquenter « l'école des blancs » qui sera l'un des
tout premiers nstituteurs de Bamako. Après le décès de son
grand frère Maridiè Niaré en 1956, Amadou Coumba
Niakaté deviendra chef de la province de Bamako. Mais il ne régna
que durant deux ans avant l'abolition de la chefferie traditionnelle en
1958.
En 1895, Bamako devient chef-lieu de cercle avant de devenir
capitale du Haut Sénégal-Niger le 17 octobre 1899 puis du Soudan
français en 1920.
En 1904, la ligne du chemin de fer Dakar-Niger est
inaugurée.
En 1905 débute la construction de l'Hôpital du
point G. Entre 1903 et 1907 est construit le palais de Koulouba, palais du
gouverneur puis siège de la présidence de la République
à partir de l'indépendance en 1960.
Le 20 décembre 1918, un arrêté
général érige Bamako en commune mixte, dirigée par
un administrateur-maire.
Henri Terrasson de Fougères, gouverneur
intérimaire (en 1920 et 1921), puis Gouverneur du Soudan français
du 26 février 1924 à 1931, réside au palais de Koulouba.
Il est à l'origine d'un grand nombre d'aménagements urbains.
En 1927 est construite la cathédrale du
Sacré-Coeur-de-Jésus. La Maison des artisans est
créée en 1931. En 1947un premier pont sur le Niger est
érigé.
Le 18 novembre 1955, la loitransforme Bamako en commune de
plein exercice. Modibo Keïta est élu maire un an plus tard, le 16
novembre 1956. Le 22 septembre 1960, l'indépendance du Mali est
proclamée et Bamako en devient la capitale.
La loi du 11 février 1993définit le district de
Bamako comme une collectivité territoriale dotée de la
personnalité morale et de l'autonomie financière. À partir
de 1998, le district est dirigé par un maire.
B- Les données
physiques
Située sur les rives du fleuve Niger, appelé
Djoliba (« lefleuve du sang »), la ville de Bamako est construite
dans une cuvette entourée de collines. Elle s'étend d'ouest en
est sur 22 km et du nord au sud sur 12 km, sur une superficie de 267
km².
Le district de Bamako compte une forêt classée,
celle de Koulouba qui couvre une superficie de 2 010 ha.
1- Climat
Bamako occupe la frange la plus méridionale du Sahel
africain correspondant à la zone soudanienne. Elle
bénéficiede ce fait d'un climat tropical assez humide avecun
total des précipitations annuelles de 878 millimètres mais avec
une saison sèche et une saison des pluies bienmarquées. Le mois
le plus sec ne reçoit en effet pas lamoindre goutte de pluie
(précipitations égales à 0 mm endécembre) tandis
que le mois le plus pluvieux est bien arrosé
(Précipitations égales à 234 mm en
août). Les pluies régulières estivales permettent le
développement d'une savane arborée ainsi que la culture de
plantes telles que le sorgho, le maïs et le coton.
2-Population
L'accroissement démographique de Bamako est
impressionnant: 2 500 habitants en 1884, 8 000 habitants en 190822(*), 37 000 habitants en 1945,
près de 100 000 en 1960 lors de l'indépendance du Mali,
l'agglomération compte en 2009 1 809 106 habitants23(*)et continue d'attirer une
population rurale en quête de travail. Cet accroissement
incontrôlé entraîne des difficultés importantes en
termes de logement, d'éducation, de santé, d'emploi
d'hygiène (accès à l'eau potable, assainissement), et de
pollution.
Entre 1998 et 2009, la population a été
multipliée par près de 1,8, soit un taux annuel d'accroissement
moyen de 4,8 % qu'est l'effet direct de la forte urbanisation dont la ville est
victime.
Les femmes représentent 49,8 % de la
population24(*).
Située à 1 000 kilomètres de Dakar et
d'Abidjan, à 850 kilomètres de Ouagadougouet à 120
kilomètres de la frontière guinéenne, Bamako est devenu un
carrefour de l'Afrique de l'Ouest et accueille une population variée,
composée des différentes ethnies du Mali mais et des pays
limitrophes.
C-Langues et Religions
Le français est la langue officielle du Mali. Le
bamanakan, une langue mandé, l'une des 13 langues nationales du Mali, la
langue véhiculaire du pays est parlé Bamako.Il est largement
utilisé dans les activités quotidiennes; c'est la principale
langue maternelle au Mali (46 %) et également la langue la plus
parlée (52 %).
Comme pour l'ensemble du Mali, la principale religion est
l'islam, avec environ 95 % de musulmans, avec néanmoins une
présence animiste et des minorités chrétiennes.
D- Administration : District,
communes et quartiers
Le district de Bamako est divisé en six communes par
l'ordonnance n° 78-34/CNLM du 18 août 1978, du 18 août 1978
modifiée par la loi de février 1982.
La commune I comptait en 2009, 256 216 habitants.
Limitée au nord par la commune rurale de Djalakorodji (cercle de Kati),
à l'ouest par la Commune II, au nord-est par la commune rurale de
Sangarébougou (cercle de Kati), à l'est par la commune rurale de
Gabakourou III et au sud par le fleuve Niger, elle couvre une superficie de
34,26 km².
Neuf quartiers composent cette commune : sont Banconi,
Boulkassombougou, Djélibougou, Doumanzana, Fadjiguila, Sotuba, Korofina
Nord, Korofina Sud et Sikoroni.
La commune II, limitée à l'est par le marigot de
Korofina, à l'ouest par le pied de la colline du Point G, au nord par la
limite nord du District et au sud par le lit du fleuve Niger, couvre une
superficie de 16,81 km² et compte une population de 160 680 habitants. La
commune compte onze quartiers : Niaréla (le plus ancien où
réside la famille des fondateurs de Bamako), Bagadadji,
Médina-coura, Bozola, Missira, Hippodrome, Quinzambougou,
Bakaribougou,
TSF, Zone industrielle et Bougouba. La commune abrite 80 % des
industries du Mali.
La commune III est limitée au nord par le cercle de
Kati, à l'est par le boulevard du Peuple qui la sépare de la
Commune II, au sud par la portion du fleuve Niger, comprise entre le pont des
Martyrs et le Motel de Bamako, et à l'ouest, par la rivière
Farako à partir du Lido, l'Avenue Cheick Zayed El Mahyan Ben Sultan et
route ACI 2000, couvrant une superficie de 23 km². Sa population est de
119 287 habitants. La commune III est le centre administratif
et commercial de Bamako. Elle accueille notamment les deux
plus grands marché de la capitale, le Grand marché Dabanani et
Dibida. Vingt quartiers composent cette commune et les villages de Koulouninko
et Sirakorodounfing ont été rattachés à la Commune
III.
La Commune IV, limitée à l'est par la Commune
III, au nord et à l'ouest par le cercle de Kati et au sud par la rive
gauche du fleuve Niger, couvre une superficie de 36 768 hectares, avec une
population de plus de 200 000 habitants en 2001. La commune IV est
composé de huit quartiers: Taliko, Lassa, Sibiribougou, Djikoroni-Para,
Sébénikoro, Hamdallaye, Lafiabougou et Kalabambougou.
La Commune V couvre une superficie de 41 km². Elle est
limitée au nord par le fleuve Niger, au sud par la zone
aéroportuaire et la commune de Kalanban-Coro, à l'est par la
Commune VI et le Niger. Elle est composée de huit quartiers
Badalabougou, Sema I, Quartier Mali, Torokorobougou, Baco-Djicoroni,
Sabalibougou, Daoudabougou et Kalaban-Coura et compte 249 727 habitants.
La commune VI avec une superficie de 8 882 hectares est la
plus vaste du district de Bamako. Sa population est d'environ 600 000
habitants. Elle est constituée de dix quartiers : Banankabougou,
Djanékéla, Faladié, Magnambougou, Missabougou, Niamakoro,
Sénou, Sogoniko, Sokorodji et Yrimadio.
Bamako est également érigé en
districtavec un maire élu par l'ensemble des conseillers.
Chaque commune est gérée par un conseil communal
et un maire élu en son sein
Chaque conseil communal élit également ses
représentants au conseil de district : Ces conseillers du district
élisent le maire du district.
Adama Sangaré (ADEMA/PASJ) a été
élu maire du district de Bamako le 6 juillet 2007, en remplacement de
Moussa Badoulaye Traoré, décédé le 6 juin 2007. Le
vendredi 19 juin 2009, les 27 conseillers du district ont réélu
à l'unanimité Adama Sangaré au poste de maire du
district...La capitale malienne est dotée de 15 commissariats qui
contrôlent chacun un arrondissement de police.
E-Transport et Economie
Une ligne de chemin de fer relie Bamako à Dakar en
passant par Kati, Négala, Kita et Kayes.
Le réseau routier permet de se rendre vers Koulikoro,
Kati, Kolokani, Ségou, Sikasso.
L'aéroport international de Bamako-Sénou est
situé à 15 km du centre-ville et dessert les principales
capitales des pays de la sous-région mais également du reste de
l'Afrique et Paris.
La navigation sur le fleuve Niger est possible à partir
de Koulikoro vers Mopti et Gao.
Une bonne partie du transport se fait soit par le fleuve
Niger, notamment par la Compagnie malienne de navigation, soit par les routes
asphaltées qui relient Bamako aux principales grandes villes des
régions. Le taxi-brousse est l'un des principaux éléments
du transport routier malien.
La ville de Bamako est située de part et d'autre du
fleuve Niger. Trois ponts relient les deux rives :le « pont des Martyrs
» (ancien pont Vincent Auriol avant l'indépendance, puis pont de
Badalabougou, achevé en janvier 1960 et rebaptisé en
mémoire des manifestants tués en mars 1991 par le régime
de Moussa Traoré),le « pont du roi Fahd d'Arabie saoudite »,
du nom du bailleur de fonds, en amont du premier pont ; _ et le «
pont de l'amitié sino-malienne » financé par la
République populaire de Chine. Localisé à hauteur de
Sotuba en aval du premier pont non loin de l'ancienne chaussée
submersible, il a comme objectif de désengorger la circulation dans la
ville. Il a été inauguré le 22 septembre 2011 lors du
cinquante-et-unième anniversaire de l'indépendance. Une
chaussée submersible à Sotuba est praticable en période de
basses eaux.
L'agriculture est limitée essentiellement au
maraîchage, la pêche (malgré la présence de
pêcheurs bozos) et l'élevage sont peu développés.
Le district de Bamako concentre 70 % des entreprises
industrielles.
Le secteur tertiaire est le plus développé,
notamment l'artisanat (avec notamment la Maison des artisans) et le commerce.
Mais Bamako est aussi le siège des grandes entreprises et des
administrations du pays. L'électricité, dont la distribution est
assurée par Énergie du Mali, provient du barrage
hydroélectrique de Sélingué.
La distribution d'eau potable à Bamako et à Kati
est assurée par une station de pompage sur le fleuve Niger. Cependant,
la capacité de 135 000 m d'eau potable par jour est insuffisante pour
assurer les besoins estimés à 152 000m durant la saison chaude
entre avril et juin. Durant cette période, les quartiers situés
en hauteur connaissent de fréquentes coupures d'eau dans la
journée. Une nouvelle station de pompage a été ouverte
à Kabala en 2009.
F- Santé
L'hôpital du point G, construit entre 1906 et 1913,
couvre une superficie de 25 hectares. Ancien hôpital militaire, devenu
hôpital civil peu avant l'indépendance du Mali, il se situe sur
une colline surplombant Bamako, nommée par le colonisateur
français Point G.
Le deuxième hôpital de Bamako est le Centre
hospitalo-universitaire Gabriel Touré qui porte le nom d'unjeune
médecin et humaniste soudanais né en 1910 à Ouagadougou et
mort en 1935 après avoir été contaminépar un malade
atteint de la peste pulmonaire. Il a été crééle 17
janvier 1959 à la place d'un ancien dispensaire.
Un nouvel hôpital, dénommé
Hôpital du Mali, dont le contrat d'exécution de la
construction a été signé le 27 décembre 2008 est en
construction dans le quartier Yirimadio (rive droite de Bamako) dans la commune
IV. Il comprendra un département mère-enfant (pédiatrie et
gynécologie-obstétrique), un département de
médecine interne, d'imagerie médicale et un service
d'hospitalisation de 150 lits, ainsi qu'un service d'urgence
réanimation, un service technique de blocs opératoires, une
unité d'hospitalisation du jour ou de courte durée.
II-LA COMMUNE IV DU DISTRICT DE
BAMAKO
Situation géographique
Située, dans la partie Ouest de Bamako, la commune
couvre une superficie de 37,68Km² soit 14,11% de la superficie du district
de Bamako (18.000ha) pour une population de 300.085 habitants (RGPH 2009) soit
une densité de 7964/km².
Elle est limitée :
-Au Nord-Est par la commune III,
-A l'Ouest par la commune du Mandé (cercle de Kati),
-Au Sud par le fleuve Niger.
Figure 1 : Carte de la COMMUNE IV
Source : PDSEC de la Commune IV, 2009
Le
relief :
La commune IV repose sur le socle granitique et schisteux du
précambrien, recouvert par une couverture sédimentaire de
grès. Elle est entièrement située dans un vaste ensemble
morphologique du plateau Mandingue. Le relief est dominé par quelques
collines qui se situent dans sa partie Ouest et Nord, notamment le Lassa
koulou, le koulouniyèlèko et le kokokoulou qui sont des
formations gréseuses constituant les dernières marches des
Mandingues, et la vallée du Niger (Sibiribougou, Kalabambougou,
Sebenikoro). Ces collines constituent des contraintes naturelles pour
l'accessibilité de certains quartiers comme Lassa.
b. Le
climat :
La commune IV est située entre les isohyètes 700
à 1300mm. Le relief est peu marqué pour influencer la circulation
de la basse atmosphère.
Le climat est de type soudanien marqué par l'alternance
d'une saison pluvieuse appelée hivernage avec une pluviométrie
comprise entre 800 et 1200mm/an, et saison sèche.
La saison des pluies s'étend sur 5 mois de Juin
à Octobre. C'est la période de transmission intense du paludisme.
La température et l'humidité influent directement sur la
densité des larves et la fécondité.
Une saison sèche repartie en deux périodes, une
période froide (de Novembre à Janvier) et celle chaude (de
Février à Mai). La saison sèche limite fortement la
capacité des femmes à cultiver dans certaines zones (Lassa,
Taliko...),mais elles exploitent tout de même dans les deux saisons, les
espaces non bâtis pour la culture de certains légumes ou
condiments( salade, choux, carotte etc.) .
c.
L'hydrographie :
La commune est traversée au sud par le fleuve Niger, au
centre par la rivière Woyowayanko. La rivière de Farako ou
Diafaranako tire sa source des collines de Lassa pour aboutir au fleuve Niger.
Il Ya également le Souroutoumba de Sibiribougou.
Le fleuve et les rivières de la commune servent
à irriguer ou du moins arroser les jardins aménagés par
les femmes généralement sur les rives de ces rivières.
Les autorités compétentes doivent tenir compte
de l'aménagement de ses rivières et de la berge du fleuve qui
permettra l'insertion de beaucoup de femmes dans le jardinage.
B. La
population
a. Historique du peuplement
de la commune IV
L'histoire de commune IV se confond
presque à celle de la ville de Bamako. La commune IV est
constituée de huit (08) quartiers qui sont des entités distinctes
les unes des autres par leur mode de peuplement et par certain mode de vie.
A l'origine, le peuplement de la commune a commencé
à Lassa situé au Nord-Est de la commune IV. Il fut fondé
vers le XVIII siècle par les Camara originaires de Siby.
Sibiribougou, fondé vers le XIX siècle par
Sibiri Camara en provenance de Siby en compagnie d'autres transfuges.
Kalabambougou situé au bord du fleuve Niger fut
fondé vers 1860 par les Camara en provenance de Koursalé pour
échapper aux exactions d'AlmamySamory Touré.
Taliko a été fondé vers 1860 par Mariko
Traoré venu de Sanakoroba.
Vers le XIX siècle que fut fondé Djikoroni-Para
par Laye Diakité en demande de l'hospitalité au Niaré
famille fondatrice de Bamako.
Sebenikoro, crée vers 1910 par des fugitifs originaires
du Beledougou dont Fodeba Sangaré, Moriba et Diallo auxquels les
familles Touré et Niaré ont accordé
l'hospitalité.
Hamdallaye a été créé vers 1948
par Edmond Louveau, Gouverneur du Soudan français dans la mise en oeuvre
de sa politique de désengagement des quartiers du centre -ville de
Bamako.
Lafiabougou a été créé en 1961 par
les autorités de la 1ère République du Mali,
ceux refoulés du Congo-Zaïre et les habitants de Bamako
restés sans habitats.
Ces quartiers sont administrés par des autorités
coutumières qui sont les chefs de quartiers. Ceux-ci sont soit
nommés par l'autorité administrative régionale sur
proposition des notables du quartier, guidés eux même par le
coefficient de valeur du candidat, soit simplement désignés par
ces mêmes notables ou élus par les populations. Ils sont
assistés dans leurs tâches par des conseillers qu'ils nomment
après consultations des populations.
Les conseillers sont choisis suivant les aires
géographiques. Ainsi certains quartiers sont divisés en secteurs
et /ou comprennent des zones spontanées dont la prolifération
croit à un rythme galopant. Cette prolifération des quartiers
spontanés met en péril le développement de la commune,
puisque ces zones ne sont pas équipées pour répondre aux
besoins des populations, besoins que l'administration communale et les
différents partenaires au développement essaient facilement de
satisfaire.
b. Structure et
Évolution de la population
La commune abritait en 1976 une population
administrative de 92.867 habitants (RGPH 1976). Elle était de 137.402
habitants en 1987 (RGPH 1987). En 1998 la commune comptait une population de
186.200 habitants (RGPH 1998). Le recensement général de la
population et de l'habitat de 2009 a donné une population de 300.085
habitants (RGPH 2009), avec un taux d'accroissement naturel de 4,4%.
Tableau N°5: Evolution de la population
de la commune IV de 1976 à 2009
Années
|
Populations (habitants)
|
1976
|
92.867
|
1987
|
137.412
|
1998
|
186.200
|
2009
|
300.085
|
Source : INSTAT , bureau de
documentation, Avril 2010 / EX-DNSI
Il apparait dans ce tableau que la population de la commune IV
est en croissance rapide. L'écart entre la population de 1976 et de 1987
est de 44545 habitants, 48788 pour 1987 et 1998 et 113885 pour 1998 et 2009.
Tableau N°6:
Répartition de la population par ménage et par sexe en 2009.
Commune IV
|
Ménage
|
Hommes
|
Femmes
|
Populations
|
49.210
|
149.840
|
150.245
|
300.085
|
Source :INSTAT , bureau de
documentation, Avril 2010 / EX-DNSI
L'analyse de ce tableau nous montre que les femmes sont
légèrement nombreuses que les hommes avec un écart
d'effectif de 405.
Tableau N°7 :
Répartition de la population par âge et par sexe en 1998.
Tranche d'âge
|
Masculin
|
Féminin
|
Total
|
0-4 ans
|
12065
|
11502
|
23567
|
5-9 ans
|
12028
|
12001
|
24029
|
10-14 ans
|
11073
|
12312
|
23385
|
15-19 ans
|
10525
|
13247
|
23772
|
20-24 ans
|
8598
|
7909
|
16507
|
25-29 ans
|
7071
|
6201
|
13272
|
30-34 ans
|
6041
|
4904
|
10945
|
35-39 ans
|
4509
|
3562
|
8071
|
40-44 ans
|
3210
|
2526
|
5736
|
45-49 ans
|
2317
|
2155
|
4472
|
50-54 ans
|
1606
|
1632
|
3238
|
55-59 ans
|
1268
|
1432
|
2700
|
60-64 ans
|
890
|
870
|
1760
|
65-69 ans
|
644
|
662
|
1306
|
70-74 ans
|
367
|
359
|
726
|
75-79 ans
|
851
|
810
|
1661
|
TOTAL
|
94196
|
92004
|
186200
|
Source :INSTAT , bureau de
documentation, Avril 2010 /EX-DNSI
Ce tableau nous donne un ensemble de vue sur la population.
Avec la forte croissance naturelle, la commune IV a une population très
jeune. Les enfants de 0-14 ans représentent plus de 38,12% de la
population totale en 1998. La classe d'âge de 15 à 59 ans
représentait 47,64%. Les 60 ans et plus représentaient 2,92%.
Ces chiffres témoignent que la population est jeune
d'où la nécessité de prendre des dispositions
concrètes pour scolariser ce grand nombre d'enfants, créer des
centres de santé et des emplois pour les jeunes.
Les enfants de moins de 5ans représentaient 12,65% et
les femmes 49% de la population en 1998, sont les couches les plus
vulnérables.
C. Les infrastructures et les
équipements de base
a. Les infrastructures
1. Les infrastructures
routières
La commune IV est desservit par deux grands axes
routiers :
- Route Nationale N5(RN5) actuellement renommée
Boulevard Roi Mohamed V qui traverse les quartiers de Djikoroni-para et
Sébénikoro en continuant vers la République de
Guinée.
- Le boulevard Cheick ZAHED qui traverse le quartier de
Hamdallaye et Lafiabougou pour rejoindre le RN5 au niveau de woyo-wayako ;
la route pavée qui traverse Hamdallaye au niveau du plateau ; la
route bitumée qui part du rond-point Cabrale de Lafiabougou pour
déboucher sur Djikoroni-para.
Tous les quartiers sont liés par les routes. Le
quartier Lassa situé sur la colline, est lié à la commune
IV par une route bitumée de la commune III.
Les moyens de transport en commun sont constitués par
les SOTRAMA (société de transport du Mali), les BUS et Taxis. Le
secteur est organisé en syndicat de transport. Le transport fluvial est
moins danse et se compose de pirogue.
Dans le domaine de la télécommunication, le
réseau est constitué par le téléphone, le fax et
internet fournis par les deux grands opérateurs de
télécommunication (à savoir ORANGE et MALITEL) ...
2. Les services sociaux de
base
a. L'Éducation
Tous les ordres d'enseignement sont représentés
au niveau de la Commune : préscolaire, fondamental, secondaire et
supérieur comme l'explique le tableau suivant (N°4).
L'enseignement informel occupe également une place importante dans
l'éducation des populations sur tout dans le domaine de l'information,
l'éducation et la communication(IEC) en faveur de la santé.
Certaines universités privées sont actuellement visibles dans la
zone A.C.I. 2000
L'alphabétisation fonctionnelle est assurée au
niveau de trois quartiers à savoir : Taliko,
Sébénikoro, Lassa.
Tableau N°8 :
Répartition des écoles par statut, CAP et par niveau en commune
IV.
Statut des écoles
|
CAP de Lafiabougou
|
CAP de Sébénicoro
|
Nombre par niveau
|
Nombre de niveau
|
1ercycle
|
2ème cycle
|
CC*
|
Total
|
1ercycle
|
2ème cycle
|
|
Total
|
Publiques
|
34
|
16
|
08
|
58
|
19
|
05
|
-
|
24
|
Privées
|
16
|
02
|
-
|
18
|
17
|
05
|
-
|
22
|
Communautaires
|
02
|
-
|
-
|
02
|
-
|
-
|
-
|
-
|
Medersas
|
08
|
01
|
04
|
13
|
10
|
05
|
-
|
15
|
CED
|
10
|
-
|
-
|
10
|
-
|
-
|
-
|
-
|
Jardins d'enfants
|
11
|
-
|
-
|
11
|
03
|
-
|
-
|
03
|
Total
|
82
|
19
|
12
|
112
|
49
|
15
|
-
|
64
|
Source : Monographie de la commune IV
CC : Centre Communautaire
b. La Santé
Le district sanitaire comprend un centre de santé de
référence, neuf (09) CSCOM ASACODJIP, ASACOLA1, ASACOLA2,
ASACOLABASAD, ASACOSEK, ASACOSEKESI, ASACOHAME, ASACOLAB5, DJIKORONI PARA, une
maternité à Hamdallaye non équipée, 37 structures
privées, 22 officines pharmaceutiques, des cabinets de
radiothérapeutes agréés.
c. L'Approvisionnement en eau potable
Dans la commune IV, l'eau est distribuée par le
réseau d'eau potable de la Société Malienne de Gestion
d'Eaux Potables (SOMAGEP S.A) qui couvre la presque totalité de la
commune notamment l'A.C.I 2000, quartier huppé ; Lafiabougou,
Hamdallaye et d'autres quartiers à niveau de vie moyen. Cependant,
à la suite de coupures d'eaux, survenant généralement
dans la période de canicule ; la population s'approvisionne au
niveau des bornes fontaines et des puits, que d'ailleurs quasiment toute
famille dispose. Presque tous les quartiers sont électrifiés par
l'EDM sauf Kalabambougou, Sibiribougou
d. Les
activités économiques
1.Le secteur
primaire :
L'agriculture est pratiquée dans les quartiers de
Sibiribougou, Lassa, kalabambougou, Sébénikoro par une frange de
la population à niveau de vie relativement faible. A but notamment
vivrier, cette agriculture de faible production concerne le maïs, le mil,
l'arachide, la patate, haricot... Les femmes, généralement veuves
et venues du village, s'occupent du maraichage dans ces zones et pratiquent
surtout le jardinage des légumes comme la salade, le choux, la
tomate...dans les espaces non construits de l'A.C.I. 2000. Le produit de ce
jardinage féminin contribue
2. Le secteur secondaire
Dans le domaine industriel, il existe quelques unités,
notamment :
- SECAM Aluminium s'occupe de la fabrication d'articles
ménagers en aluminium ;
- Usine céramique qui produit de la chaux vive, et la
porcelaine e des matériaux de construction en banco ;
stabilisé.
Ces deux (2) usines sont implantées à
Djikoroni-para.
- VALIMEX situé dans la zone ACI 2000 est
l'unité de vitrerie qui fabrique des produits en verre ;
- Usine de fabrication de poteaux métalliques,
bétonnés et de briques
dénommées « GTMH »
- Usine de tissage métallique à
Sébénikoro, qui fabrique des grillages
Dans le domaine agro- alimentaire, il existe plus d'une
dizaine de boulangeries modernes, une fabrique de pâte alimentaire
dénommée NIPAL et des unités de productions et de
transformation de lait.
Sur le plan artisanal, on y rencontre plusieurs entreprises
qui interviennent dans les domaines de l'habillement, de la teinture de
l'esthétique et de la coiffure avec une part importante de femmes. On
peut affirmer même en l'absence de données fiables que ces
domaines emploient à peu près 50% des femmes de la commune.
D'autres entreprises comme celles de la menuiserie métallique ; du
bois et de l'ameublement ; des bâtiments...sont également
implantées dans la Commune.
3. Le secteur
tertiaire :
Dans le domaine commercial, il existe des structures
d'encadrement, à savoir :
- Un démembrement de la chambre de commerce et
d'Industrie du Mali ;
- Une coopérative multifonctionnelle des
commerçants détaillants ;
- Une mutuelle pour des opérateurs économiques
de la commune IV.
On y rencontre des installations comme les étalagistes,
les aires de lavages pour motos et véhicules, les cabines
téléphoniques.
On compte dans la commune dix(10) marchés où les
activités commerciales se développent. Les marchés sont
gérés par des comités de gestion avec la collaboration de
la mairie. Dans la commune IV comme partout dans la ville de Bamako, les femmes
sont plus nombreuses dans les marchés et participent activement à
l'économie de ménage.
Enfin sur le plan de la micro finance, l'évolution du
niveau de la vie de la population est soutenu par l'existence de caisses
d'épargne et de crédits notamment : Jemeni, Jiguiyasoba,
Danayaso et le réseau Nyèsigiso et actuellement, on assiste
à la prolifération des caisses ORANGE Money, Mobicash, LEMONWAY
et autres caisses de transfert d'argent et d'épargne
téléphoniques. Ces caisses contribuent à financer les
activités génératrices de revenus.
E. La situation administrative
et politique :
La commune IV est une collectivité administrative
décentralisée, dirigée par un conseil communal de 37
conseillers, présidé par un maire. Le conseil est l'organe de
décision et de validation des actions de développement
socio-sanitaires dans la commune.
En vue de rapprocher les services administratifs à la
population, des centres secondaires d'Etat civil ont été
créés dont deux(02) à Lafiabougou, deux(02) à
Hamdallaye, deux(02) Djikoroni-para, deux(02) à Sébénikoro
et un(1) à Lassa soit neuf (09) centres d'états Civil
secondaires. En outre, il existe des services déconcentrés de
l'Etat et des services techniques propres à la Mairie.
L'avènement de la démocratie a favorisé
l'émergence de plusieurs partis politiques dont treize(13) ont leurs
sièges dans la commune, ainsi que plusieurs associations et ONG
intervenant dans divers domaines de développement. Les Programmes
sectoriels (PRODESS, PRODEC, PRODEJ) sont mis en oeuvre dans la commune
à travers le centre de santé de référence, le
Service du Développement Social et de l'Economie Solidaire, le Centre
d'Animation Pédagogiques, le tribunal de première instance et
tous les autres intervenant dans les dits secteurs.
CHAPITRE II :
HISTOIRIQUE DE L'EMANCIPATION DE LA FEMME MALIENNE A PARTIR DE BAMAKO.
L'émancipation est définie par les juristes
comme un
acte
juridique qui soustrait, de manière anticipée, un mineur
à la
puissance
parentale ou à sa
tutelle afin de le
rendre capable d'accomplir tous les actes de la vie civile nécessitant
la
majorité
légale : gérer ses biens, percevoir ses
revenus,
réaliser des actes d'
administration...
En disposant de sa pleine capacité juridique, le mineur est
assimilé
à un majeur.
Par extension, dans le langage courant, émanciper
signifie affranchir d'une autorité, d'une tutelle, d'une domination,
d'une servitude, d'une aliénation, d'une entrave, d'une contrainte
morale et intellectuelle, d'un préjugé...Elle donne à une
catégorie de la population des droits identiques aux autres
catégories.
En Afrique et au Mali en particulier, le combat des femmes
pour l'émancipation se confondit avec la lutte pour
l'indépendance politique, la colonisation (en fait le système
colonial) était considérée comme la principale source de
l'oppression des colonisés (hommes et femmes).
Après les indépendances, la lutte pour la
libération de la femme fut marqué par quatre (4) grandes
associations (I) d'envergure nationale ayant lutté à des
périodes diverses du Mali indépendant pour l'émancipation,
le respect des droits, l'égalité et pour l'autonomisation de la
femme et dont les objectifs et mobilisations ont permis aux autorités de
valoriser les questions féminines qui s'est traduit par la mise en place
des « institutions » consacrées aux femmes(II).
I- LES PRINCIPALES
ORGANISATIONS FEMININES DE 1960 A NOS JOURS
Il s'agit de la Commission Sociale des Femmes de 1960 à
1968, du Secrétariat d'Etat aux Affaires Sociales de 1968 à 1979
sous la transition du CMLN, l'Union Nationale des Femmes entre 1974 et 1991 et
la Coordination des Associations et ONG Féminines de l'avènement
de la démocratie à nos jours.
A. La commission Sociale des
Femmes
La commission sociale des femmes a vu le jour en mars
1963.Elle était affiliée à US-RDA, parti au pouvoir dont
elle était un instrument de travail.
La principale mission de la CSF était de soutenir les
actions de construction nationale, susciter chez les femmes la prise de
conscience de leur rôle de citoyennes et d'oeuvrer pour leur promotion.
Aussi, à ce tournant de notre histoire, les femmes d'un engagement, d'un
dévouement et d'un dynamisme sans précédent dans
l'accomplissement de la mission qui leur était dévolue.
Pour atteindre les objectifs, il fallait un minimum
d'instruction alors qu'à l'époque, la population féminine
était quasi analphabète. C'est pour cette raison que, la
commission sociale avait fait de l'alphabétisation son cheval de
bataille.
A l'époque, les femmes s'étaient d'abord,
organisées en comité de quartiers, de villages et en
comités exécutifs. Des démembrements de la commission
sociale avaient été créés au niveau des cercles,
des arrondissements et des quartiers de la capitale. En outre, les femmes
étaient représentées dans les organes de direction du
parti par des commissaires chargés de la diffusion des mots d'ordre du
parti et de la coordination des activités des femmes.
Dans la bataille pour la construction nationale, les
présidentes des femmes ont su mobiliser et rassembler les femmes aussi
bien lettrées qu'illettrées. C'est à la suite de ce
travail que la CSF a été mis en place.
La commission sociale était divisée en six
sous-commissions : la sous-commission accueil ; fêtes et
théâtre ; éducation civique et morale ;
santé ; alphabétisation ; et la sous- commission de
rédaction.
Chaque sous-commission était dirigée par une
présidente et un rapporteur. L'ensemble des présidentes et des
rapporteurs constituaient la grande commission sociale dirigée par
l'épouse du Chef d'Etat, Mme Keita Mariame Travélé et Mme
Diallo Aoua Keita.
Les questions majeures qui figuraient au centre des
préoccupations de la commission étaient : la lutte contre
l'analphabétisme, le redressement moral, la rénovation du
folklore, l'amélioration de la santé de la mère et de
l'enfant.
La lutte contre l'analphabétisme avait donné
lieu à une campagne intense de formation des femmes. C'était un
défi national.
Dans ce processus, la sous-commission alphabétisation
avait lancé un vaste mouvement de d'alphabétisation auquel ont
contribué de nombreuses institutrices et animatrices volontaires et
enthousiastes. Les quelques femmes lettrées devaient aider les soeurs
analphabètes en leur transmettant les notions pratiques et utiles. Un
plan dont le principe était « quiconque sait lire doit
apprendre à l'autre » avait été
élaboré qui fut initié par Mme Diop Sira Sissoko en 1965.
La démarche était d'alphabétiser les femmes au niveau des
quartiers. Les cours étaient dispensés essentiellement par les
femmes. Des fournitures scolaires étaient distribuées à
cet effet. La commission envisageait, en perspective de mettre à la
disposition de chaque collectivité villageoise une animatrice
qualifiée.
La commission éducation civique et morale était
chargée de la reconversion des mentalités féminines
à travers les vastes campagnes de sensibilisation et d'information sur
la scolarisation des enfants, la surveillance des tout-petits. Les mères
étaient sensibilisées pour empêcher les petites filles de
faire les vendeuses ambulantes. La formation idéologique venait
compléter les activités avec la répétition des
slogans relatifs à des sujets jugés très importants.
Quant à la sous-commission santé, elle avait
pour mission d'éduquer les femmes, de la préparer à son
rôle de mère à travers les causeries dans les quartiers,
les villages et les villes, à la radio, en assemblées
générales sur l'hygiène, la puériculture etc.
Entre autres elle encourageait les femmes à fréquenter les
centres de protection maternelle et infantile.
Pour la concrétisation des objectifs de la CSF, il fut
créé le 8 mars 1963 le foyer de femme malienne. Appelé
à jouer le rôle de centre pilote, le foyer de la femme avait pour
vocation la formation idéologique et l'alphabétisation
fonctionnelle. Il devait aussi préparer les animatrices formatrices
pour les centres régionaux dont la création était en vue.
Le foyer disposait salle de couture dotée de douze(12) machines, de
tables de coupe et de repassage, de vitrines d'exposition de travaux. Il
était équipé d'une cuisine et d'une case modèle
(qui permettait d'apprendre aux femmes l'entretien et l'aménagement de
la maison), d'un bureau et d'une salle de réunion contigus et d'une
salle d'alphabétisation. Des cours pratiques et théoriques y
étaient dispensés. On apprenait aux femmes à coudre,
à tricoter, à raccommoder, à faire la lessive et le
blanchissage. Elles étaient initiées aux notions de budget
familial, de cuisine, de puériculture, d'hygiène et
d'éducation des enfants.
La commission sociale s'est illustrée dans la campagne
de sensibilisation de la loi du 03 février 1963 sur le code du mariage
et de la tutelle.
Grace à de nombreux dons qu'elle recevait de ses
partenaires, elle distribuait des médicaments, de matériels
médicaux et a mené des campagnes d'assainissement par
investissement humains dans tous quartiers (curage de caniveaux, ramassage
d'ordures ménagères, balayage des rues...)
B- Le Secrétariat
d'État aux Affaires Sociales sous la période du Comité
Militaire de Libération Nationale (C.M.L.N)
Après le coup d'État militaire du 19 novembre
1968, le CMLN dissout les partis politiques ainsi que toutes associations
à travers le Mali. Les années 1968-1674 sont marquées par
l'activité du secrétariat d'État aux affaires sociales et
de la commission technique des femmes.
La stratégie adoptée par le SEAS pour atteindre
les objectifs assignés par le gouvernement était la
création de groupes d'animation dans les quartiers.
Des bureaux des unions locales des femmes furent mis en place.
Ce processus et poursuivi au niveau des régions. Les unions des femmes
ont beaucoup contribué à la mise en place des groupes
d'animation. Les groupes d'animation des quartiers étaient
dirigés par des comités de gestion et d'administration de cinq
personnes.
Les groupes d'animation avaient pour mission :
-la reconversion des centres sociaux en centre de
développement communautaire et du personnel social en agent
développement communautaire ;
-la promotion du bien-être de la famille et de la
communauté ;
-la réorganisation du centre de
rééducation de Bollé.
De 1968 à 1972, l'accent a été mis sur le
développement communautaire en tant que méthode de travail
permettant aux populations d'identifier elles-mêmes les problèmes
qui se posent à elles et de les responsabiliser dans la recherche des
solutions à ces problèmes. On estime que le développement
communautaire facilite les problèmes du groupe « enfance,
jeunesse, femmes » par rapport à une optique de
développement sectoriel.
À partir des années 1970, les ONG
commencèrent à se constituer en vue d'aider les pouvoirs publics
dans la lutte contre les fléaux sociaux. Parmi les associations
crées à cette époque, on peut citer :
-l'association des amis de Samanko (1970) ;
-l'association de malades mentaux (1974) ;
-l'association d'aide aux handicapés physiques
(1975).
Le secrétariat d'Etat aux affaires sociales s'est
inspiré de l'expérience de développement communautaire (de
Sanankoroba en 1967 et d'Hamdallaye 1968) pour la vulgarisation de ses actions
de développement au niveau des femmes.
Dans le domaine de la santé, les animatrices furent
formées pour assurer des soins d'hygiène et d'assainissement du
milieu. Des centres de nutrition furent, également ouverts pour lutter
contre la malnutrition. Une vaste campagne de nivaquinisation fut menée
en faveur des enfants de 0 à 6 ans. Les groupes d'animation mobilisaient
les femmes pour les séances de vaccination. Il eut par ailleurs une
véritable promotion des jardins et garderies d'enfants.
C-l'Union Nationale des Femmes
du Mali (1974-1991)
L'union nationale des femmes du Mali (UNFM) a
été créée sous le Comité Militaire de
Libération Nationale (CMLN), le régime de transition entre la
première et deuxième république.
L'association a vu le jour au sortir de son congés
constitutif ; tenu les 28, 29 et 30 décembre 1974 à Bamako.
D'abord, l'association apolitique à vocation nationale et à but
non lucratif, l'UNFM s'est par la suite, muée en structure
affiliée au parti unique au pouvoir, l'Union Démocratique du
Peuple Malien (UDPM) créée en 1979.
L'organisation a oeuvré pour l'intégration de
la femme au développement dans le cadre d'une Économie
nationale indépendante planifiée. Elle s'est investie pour
la lutte contre les préjugés sociaux, l'injustice et pour la paix
et la justice.
Sa première présidente active a
été Mme Traoré Mariam Cissoko, épouse du chef de
l'État de la deuxième République, le Général
Moussa Traoré.
L'UNFM avait pour objectifs : l'intégration des
femmes au sein d'une même association, leur alphabétisation,
l'augmentation du taux de scolarisation des filles, l'exécution des
programmes visant à améliorer les conditions d'existence des
femmes et à les soulager des travaux domestiques.
Elle a su harmoniser son action avec les programmes nationaux
de développement économique, social et culturel.
UNFM était bien structurée. Elle était
organisée en comités, sous sections et Bureau Exécutif
National, conformément au découpage politique de l'UDPM au niveau
du village, du quartier ou fraction, de l'arrondissement et du cercle.
Ses instances de base étaient l'assemblée
générale, la conférence du comité, la
conférence de sous-section et la conférence de section.
L'UNFM a joué un rôle important dans la
sensibilisation, l'information et la mobilisation des femmes. Sa principale
préoccupation était l'amélioration de leurs conditions de
vie et de leur participation aux efforts de développement
socio-économique et culturel du pays.
En 17 ans d'existence, elle a oeuvré aussi bien pour le
bien-être de la femme que celui de l'enfant et de la famille. Elle a
initié des actions d'allégement des travaux domestiques de la
femme et a surtout contribué à la lutte contre la
désertification et pour la vulgarisation des foyers
améliorés et métalliques.
Au plan économique, l'UNFM a oeuvré pour
l'indépendance économique de la femme et sa participation au
processus de développement. Elle a créé l'Association pour
l'intégration de la femme dans l'économie malienne(AIFEM),
affiliée à la women's world Banking(WWB) de New York.
L'UNFM a géré de nombreux de nombreux projets
qui ont permis l'installation des moulins à grain, d'outils de
jardinage, de foyer améliorés, de coopératives
multifonctionnelles en zone rurale et urbaine. Elle a mené une vaste
campagne de sensibilisation sur les foyers améliorés. Dans le
cadre de l'expérimentation d'autres sources d'énergie de
substitution au bois, elle entreprit de tester en collaboration avec Shell Mali
et Total, des réchauds à gaz. L'UNFM avait créé des
centres d'animatrices rurales à Ouélessougou et à
Dougouwolo à 300 km de Bla. Elle gérait un projet de
vulgarisation et d'installation des foyers améliorés dans le
District de Bamako et dans le cercle de Kati.
Elle accordait des bourses d'études aux filles pour
l'ex Union Soviétique et les pays de l'ancien Bloc socialiste. L'UNFM a
joué un rôle important au sein de la commission nationale pour la
promotion de la femme(1976). Cette commission est composée des membres
de son BEN et des représentants des différents ministères.
Elle avait pour mission d'étudier tous les problèmes
d'épanouissement de la femme et à son intégration au
processus de développement. En 1988, fut abrogé le décret
de création de la commission. L'UNFM pris la relève et devint le
mécanisme national d'intégration de la femme au
développement.
L'UNFM était représentée au niveau de
toutes les instances du parti, dans le gouvernement, à
l'Assemblée Nationale et dans toutes les commissions politiques et
économiques.
L'effort a porté aussi sur la scolarisation des filles,
la lutte contre la déperdition scolaire. Dans ce sens, un centre de
formation fut construit à Bamako dans la cour du siège de
l'Union dont l'objectif était la réinsertion des filles et leur
intégration dans le processus de développement à travers
l'apprentissage des métiers de coup, et couture, hôtellerie,
coiffure, teinture...
D- La Coordination des
Associations et O.N.G féminines du mali sous la période du
multipartisme
La CAFO a été créée le 20 octobre
1991, par quatre associations de femmes : le Collectif des Femmes du Mali
(COFEM), le Comité d'Action des droits de l'Enfant et de la
Femme(CADEF), l'Association pour la Défense des droits de la Femme(APDF)
et le comité syndical des femmes de l'UNTM sous le
récépissé du 24 mars 1992. En 2006, la CAFO selon ses
responsables, regroupait environ 2296 associations et O.N.G dont 574 à
Bamako, environ 455 dans les capitales régionales et environ 1267 dans
les cercles du Mali.
Elle a pour mission de contribuer à la valorisation du
statut de la femme à travers le groupement, la coordination des
activités de ses membres et l'influence politique dans une
société de paix et d'équité, favorable à la
participation effective de la femme au processus de développement
durable.
De façon spécifique, son objectif est d'amener
les femmes à collaborer au sein d'une structure organisée et
crédible leur servant de cadre de mobilisation et de formation, de
concertation et d'action.
Elle vise également à favoriser la participation
des femmes dans les instances de décisions politiques, administratives,
économiques, sociales, juridiques et culturelles. Cette organisation
oeuvre à ses membres les moyens de se prononcer sur toutes les questions
au niveau national, local sous-régional et même international.
Elle fait pour cette vocation, du plaidoyer/ lobbying, de la formation et de
l'information, de l'appui conseil et la facilitation ainsi que de la
médiation.
La CAFO est une structure à caractère national,
composée de cinq(5) coalitions thématiques : Education, Paix
et culture, Environnement-Développement local et
Décentralisation, Développement-intégration
économique, Multimédia ; santé et
Développement Social et Mobilisation sociale. Elle a un centre de
promotion et d'autopromotion dans lequel elle alphabétise et appuie
les femmes dans la lutte contre la pauvreté.
II-LE CADRE INSTITUTIONNEL
D'EMANCIPATION DE LA FEMME AU MALI
A- Le Commissariat à la promotion
des femmes
Cette structure, créée par décret
n°93-119/PM-RM du 04 Mai 1993, était directement rattachée
à la primature et avait pour mission de :
-donner au premier ministre des informations sur les
conditions des femmes et des avis sur la définition et la conduite de
la politique gouvernementale en matière de promotion de la
femme ;
-conseiller le premier ministre sur tout ce qui concerne la
pleine intégration des femmes dans le développement national sur
tous les plans ;
-constituer une banque de données sur les
problèmes des femmes.
-donner, à la demande du premier ministre, des avis sur
les questions relatives à la promotion féminine et suivre la
recherche-action sur les femmes.
Ainsi, la conduite de la politique de promotion des femmes
était confiée au premier ministre. Les autres ministères
mettaient en oeuvre, chacun dans la sphère de sa compétence ou de
son intervention, les actions, plans et programmes de développement qui
concourent à la promotion des femmes. Pour s'assurer que les
éléments des stratégies étaient pris en compte lors
de l'élaboration des plans et programmes nationaux de
développement, tout programme ou projet devait être soumis au
commissariat pour analyse et agrément. Pour mener à bien cette
mission de coordination des activités de l'ensemble des intervenants, le
commissariat avait été de deux(2) institutions qui sont :
- Le comité interministériel chargé
d'assister le commissariat dans la mise en mise oeuvre des
stratégies ;
- La commission paritaire Gouvernement-ONG-Associations, qui
devait veiller à ce que les actions des ONG et Associations
féminines s'inscrivent bien dans des stratégies nationales de
promotion de la femme.
À côté de ces organes de conception et de
coordination, il y a des organes d'exécution qui sont les services
techniques sectoriels chargés de l'élaboration et de
l'exécution des activités dans les programmes et projets
sectoriels, dans les domaines respectifs. Auprès de certains
ministères, était nommée une déléguée
chargée de veiller à la prise en compte de la
« dimension femme » dans les programmes et projets
sectoriels. Au niveau de chaque chef-lieu de région, était
nommée une coordinatrice régionale chargée de la mise en
oeuvre de la stratégie nationale de promotion de la femme, au niveau
régional et local.
B- Le Ministère de la
Promotion de la Femme, de l'Enfant et de la Famille
Le ministère a été créé par
le décret n°97-290/P-RM du 16 septembre 1997. Ses attributions ont
été successivement reconduites par le décret
n°00-058/P-RM du 21 février 2000 et par décret
n°01-276/P-RM du 23 juin 2001. Ces différents décrets
assignent au ministère entre autres, les attributions
suivantes :
-élaborer et mettre en oeuvre les mesures devant
assurer le bien-être de la femme, de l'enfant et de la famille ;
-assurer une meilleure insertion économique, sociale
et culturelle des femmes et des enfants par la prise en charge de leurs besoins
spécifiques ;
-promouvoir les droits de la femme et de l'enfant et veiller
à leur respect...
En plus des directions centrales et régionales du
MPFEF, le décret n°99-413/P-RM du 23 décembre 1999
prévoit la mise en place d'un(e) chargé(e) de programme pour la
promotion de la femme (...) au niveau de chaque cercle, de chaque commune ou
groupe de communes.
DEUXIEME
PARTIE : LA FEMME DU DISTRICT DE BAMAKO ET SA QUETE
D'AUTONOMIE
CHAPITRE III : LA
FEMME DU DISTRICT DE BAMAKO
I. LA FEMME MALIENNE : SON
ROLE SOCIAL ET CULTUREL
Dans la société malienne, la femme a toujours
occupé une place de premier choix en sa qualité d'épouse
et de mère, de travailleuse et de citoyenne.
Considérée comme le pilier du foyer et de la
famille, elle a un rôle de production et de reproduction. C'est dans son
rôle d'épouse et de mère qui lui donne un véritable
statut social que la femme est reconnue en premier, ce aussi bien en milieu
urbain qu'en milieu rural. Ce statut lui confère un rôle de
ménagère quelles que soient les activités
économiques qu'elles mènent : travaux agricoles, emplois
salariés, etc.
Elle est celle qui est chargée entre autres des
tâches domestiques (préparation des repas, entretien de la maison,
etc.) et de l'éducation des enfants ainsi que de leur socialisation. Ces
tâches sont de fois longues et pénibles.
La société lui donne la charge morale de
gardienne des us et des coutumes et gérante de l'honneur et de la
responsabilité de la famille. Aussi, si l'époux est sale ou mal
habillé, d'après la société, c'est la faute
à la femme ; la mauvaise conduite d'un enfant est attribuée
à la mère qui en est blâmée. Toutes ces images
stéréotypées font d'elle un être inférieur et
discriminé.
Les différentes transformations sociopolitiques
intervenues dans notre pays depuis l'indépendance n'ont pas
entrainé un réel changement du rôle et de l'image de la
femme dans la famille et dans la société quel que soit le milieu.
A. LA FEMME MALIENNE DANS LA
FAMILLE
Petite fille, elle est élevée à
être dépendante et soumise. Dans la majorité des cas, son
éducation scolaire n'est pas une priorité contrairement à
celle du garçon qui est considéré comme un investissement
par les parents.
La fille est élevée à devenir mère
et épouse plutôt que citoyenne et responsable. On lui apprend
à s'effacer et à jouer un second rôle, alors que le
garçon doit être indépendant, dominateur et volontaire.
Adolescent, il est déjà associé à certaines prises
de décision de la famille où il va jusqu'à remplacer le
père absent dans certains cas. Certains parents vont jusqu'à
choisir pour la fille ses jeux et ses études généralement
littéraires et/ ou courtes.
Cette situation d'infériorisation de la fille laisse
toujours de séquelles chez la femme à l'âge adulte. Dans
certaines ethnies, par exemple chez les peulhs, la fille est
élevée à ne pas élever le ton et à garder la
tête baissée quand elle s'adresse aux adultes ou à l'homme
or il est connu de tous que le pouvoir de dire est un moyen de s'assumer et de
se libérer des préjugés et des discriminations de l'ordre
patriarcal. La relation de la femme à la parole se résume selon
Ahmadou Kourouma à trois(03) noms qui ont la même
signification : résignation, silence, soumission. Là
où les hommes parlent, les femmes n'ont pas droit à la parole. Ce
qui illustre bien l'adage qui dit que : « quand le coq chante,
la poule se tait ».
Une telle éducation est pleine de
préjugés et de stéréotypes qui accompagnent la
femme dans son âge adulte, dans sa vie privée et dans celle
publique.
Ainsi, dans au moins 90% des foyers, l'homme reste celui qui
décide seul et la femme celle qui obéit25(*).Cette situation est
corroborée par bien d'images stéréotypées comme
« le pouvoir est du domaine mâle, c'est un domaine
réservé aux hommes. »
Ceci dénote d'un déséquilibre dans les
relations du couple et de la domination systématique de l'homme sur la
femme quel que soit le niveau d'éducation de celle-ci et son apport
économique dans le foyer.
Ainsi, ces rapports proviennent essentiellement des
comportements culturels découlant de l'éducation reçue
dans la famille, une éducation essentiellement patriarcale qui confine
la femme à un rôle subalterne, loin des sphères de
décisions.
Dans la plupart des cas, elle n'est pas consultée dans
la prise de décisions concernant la vie de la famille, surtout dans un
ménage polygamique, même quand parfois il s'agit de ses propres
enfants dans certaines familles : la décision du mariage de la
fille revient aux tantes qu'à la mère qui est plutôt
informée que consultée26(*).
Nous voyons finalement que, malgré le rôle de
pilier de la famille qui lui est dévolue, la femme y fait l'objet de
discrimination basée sur le sexe tel que le veuvage.
B. LA FEMME MALIENNE DANS LA
SOCIETE
Son rôle et son image sont des plus
stéréotypés car découlant d'une éducation
patriarcale reçue et renforcée par des préjugés
socioculturels crées et entretenus par la société.
N'est-il pas dit au garçon depuis l'adolescence « qu'un
homme ne doit pas confier son secret à une femme ? » une
telle pensée exclut toute confiance, voire toute complicité entre
l'homme et la femme même dans le couple. La femme est plutôt vue
comme un être léger ne sachant pas garder les secrets, donc elle
doit mériter aucune confiance de la part de l'homme. Ces pratiques
traditionnelles néfastes exercées, voire imposées à
la femme, aux filles du fait de son genre. Ce sont entre autres : le
mariage précoce ou forcé, la répudiation, lévirat,
sororat et les mutilations génitales féminines communément
appelé excision. Cette situation de violence et de violation des droits
de la femme est aussi favorisée par l'option de polygamie qui est la
pratique la plus courante, laquelle met souvent les femmes en
compétition face aux faveurs distribuées par l'époux
commun. Ainsi, cette option permet légalement à l'homme
d'épouser jusqu'à quatre(04) sans en remplir les conditions
requises par les textes ou même les percepts de l'islam.
La société malienne tolère et même
accepte cette injustice dont sont victime les femmes. Au-delà de cette
acceptation, elle va jusqu'à reconnaitre à la pratique de la
polygamie le signe d'un pouvoir de l'homme, pouvoir qui peut être social,
culturel ou simplement économique.
Le plus intéressant est que les femmes
elles-mêmes l'acceptent car dans bien des cas, elles disent y trouver
leur « compte ». Après tout,
ce « compte » dont elles parlent est plus
imposé par la société malienne qui est moins
tolérante vis-à-vis du célibat de la femme. Tout en lui
donnant des « responsabilités » dans la famille, la
société ne reconnait pas à la femme le droit de participer
officiellement aux prises de décision, ou celui de
représentation.
Aussi, le cadre de l'affirmation de la responsabilité
de la personnalité et de l'exercice du pouvoir par la femme, si on peut
parler de pouvoir à ce niveau, est-il délimité par cette
même société qui lui laisse la sphère
privé, un domaine moins visible, moins reconnu et plus contraignant, la
sphère publique étant le domaine réservé à
l'homme avec plus d'opportunité de s'affirmer, de prendre ou d'exercer
le pouvoir, quel qu'il soit.
Toute femme qui essaie d'occuper une partie de
ce « no man's land »est mal acceptée, mal
jugée et mal vue par la société et par certaines femmes
aussi. Malheureusement, elle est souvent accusée à tort de
vouloir « porter le pantalon », c'est-à-dire
devenir homme; une manière de dire encore que le pouvoir est d'essence
masculin. Ce rôle secondaire et cette image
stéréotypés imposés à la femme par la
société ne sont pas, bien sûr, exempts de violence.
II-LA FEMME DANS LES SOCIETES
MODERNES MALIENNES
Tout comme dans les sociétés traditionnelles
maliennes, la femme dans nos sociétés modernes actuelles reste
cet être faible à qui on ne doit pas confier de secrets. Sa
faiblesse ressort au niveau de la prise de décisions au sein de la
famille. En plus de cela, ajoutons son identité en tant qu'agent de
production.
Les femmes dans les sociétés modernes sentent le
besoin de s'affirmer, c'est pourquoi elles commencent malgré les
difficultés de tout genre, à s'imposer dans tous les
domaines : politique, économique, culturel et social.
Notons cependant que le rôle et l'image de la femme
comme avant, n'ont pas beaucoup changé, seulement avec la crise
économique, elle se sent plus obligée d'avoir le moyen de
s'auto-affirmer. De ce fait, au niveau de son image personnelle, on peut parler
de changement avec la création des associations, des groupements
d'intérêt économiques, des coopératives
gérées et financées par elles-mêmes.
La femme était autrefois respectée à
cause de ses vertus, qualités et rôle, mais elle est devenue de
nos jours un objet de plaisir, une marchandise qui, pour être vendue, se
livre à des pratiques honteuses telles que la dépigmentation.
III- LA FEMME DU DISTRICT DE
BAMAKO
La femme du district de Bamako est diversiforme pour ne pas
dire « multicouche » et leur caractère
diffère selon les quartiers, les secteurs et les disparités
socioculturelles sont notoires.
Elle est analphabète, instruite et interviennent selon
sa classe sociale, dans l'économie, dans la politique sans
déroger à sa fonction sociale principale de
ménagère. On peut dire que la femme de Bamako est entre la
tradition et la modernité.
Dans ce dualisme, les femmes les plus démunies, tout
comme leurs homologues de milieux ruraux, pratiquent des activités
orientées essentiellement vers la production des biens de consommation
alimentaire de la famille. Sans pouvoir d'épargne suffisant, ces femmes
arrivent tout de même à tirer de leurs activités assez
d'argent pour faire face aux dépenses liées à l'entretien
des enfants, aux besoins collectifs de la famille( sucre, savon, sel...) et aux
évènements sociaux( mariage, baptême...).
Cette couche généralement analphabète se
livre à des activités commerciales surtout dans l'alimentation,
le textile, des ustensiles de cuisines et passent presque toute la
journée hors de la maison (marché, grandes artères ou
autres espaces / places publiques) ; ce qui les oblige à recruter
des aide-ménagères pour les travaux ménagères
domestiques et la garde des enfants ; elles exercent tout de même
des activités libérales (teintures, coiffures, etc.) dans
lesquelles elles s'en sortent bien et qui les procurent un plus grand prestige
sur les plans esthétique et vestimentaire.
Quant à celles ayant fréquenté
l'école, elles sont salariées, et présentes dans tous les
secteurs (public et privé) et occupent actuellement dans des domaines
comme le Bâtiment et Travaux Pratiques et les Nouvelles Technologies de
l'Information et de la Communication considérés autrefois comme
des « domaines masculins » du fait de leur
technicité.
Leur situation de salariée fait qu'elle n'est
plus « esclave » de leur mari dans la mesure où
elles gagnent un revenu fixe dont elle peut jouir librement. Le travail
salarié a permis à la femme de s'émanciper. Grace à
son activité professionnelle et salariale, la femme s'impose comme une
personne responsable et consciente. Son travail salarié constitue donc
une promotion sociale et économique, si nous nous référons
à son statut dans la société traditionnelle. Pour ces
femmes, l'emploi est source d'autonomie financière.
La femme du district de Bamako est le prototype de femme qui
essaie de joindre les deux bouts tout en préservant son identité
de ménagère. Comparativement à leurs consoeurs du village,
elle est émancipées car ayant la capacité de transformer
son entourage, elles sont libres et osent prendre la parole pour discuter
d'égal à égal avec leur époux des problèmes
familiaux. Tout au moins elles savent que la femme et l'homme forment le couple
et qu'ils sont complémentaires dans le foyer même si elles se
heurtent fréquemment aussi à certaines pensées et images
socioculturelles stéréotypées dans certaines
sphères de l'émancipation de la femme. Elles sont visibles sur la
scène politique, à de proportions faibles, et à tous les
niveaux (municipal, régional, dans le gouvernement...). A cette
époque de démocratie, les bamakoises se regroupent de plus en
plus au sein des associations, formelles et informelles, dans de mutuelles de
santé ainsi que dans les groupements d'intérêts
économiques. C'est ce qui explique la prolifération des
associations et groupements féminines à buts divers.
De par sa situation sociale et économique mieux en
avance sur celle des autres femmes du pays, la femme de Bamako restent le
modèle à copier, une vitrine et un miroir pour leurs consoeurs du
pays car jouissant d'un meilleur cadre de vie relativement aux autres femmes.
Ne serait-ce que de par son emplacement (sa position, dans la capitale) moins
hostile par rapport au village, la bamakoise est un peu à l'abri du
besoin, loin des champs, maitrisent sa maternité, ayant plus
accès aux services sociaux de base et plus enclin à entreprendre.
La bamakoise milite pour ses homologues des régions
mais en réalité, elle-même ne sent pas / subit pas le
besoin ou les difficultés contre lesquelles elle revendique au nom de
toutes les femmes raison pour laquelle certains n'hésitent pas à
les taxer de « MISÔRÔBATIGUI »
(littéralement, femme aux grandes voiles), c'est-à-dire grandes
dames, déjà émancipées et autonomes et qui crient
sans cesse à l'autonomisation et à l'émancipation.
CHAPITRE IV : LA QUETE
D'AUTONOMIE DE LA BAMAKOISE
Bamako abritant la quasi-totalité des structures en
charges des femmes ; la femme de Bamako réclame l'autonomie sur
divers échelons non seulement en son nom mais aussi pour toutes les
autres femmes du pays.
I- Typologie de quête
d'autonomie de la Bamakoise
Sa quête d'autonomie sera analysée sur les plans
suivants :
A- sur les plans politique et
économique :
En Afrique, et particulièrement au Mali, la grande
masse des femmes a toujours été économiquement active.
Elles participent aux divisions traditionnelles du travail basées sur le
sexe et l'âge, notamment au sein des familles paysannes et
artisanales.
Suite à l'occupation coloniale et aux politiques
postcoloniales de développement, ces modes de vie traditionnels ont
commencé à se transformer. La colonisation va ainsi créer
une nouvelle forme de marginalisation et de dépendance de la femme avec
la fonction de ménagère : « C'est aussi, depuis, que la
fonction et le statut de ménagère ont un contenu précis
avec les épouses de certains salariés qui, en dehors du travail
de ménage (cuisine, lessive, soins aux enfants, etc.), n'apportent
aucune contribution à l'obtention des moyens d'existence27(*).» Ce
phénomène s'est progressivement étendu à la
quasi-totalité des femmes citadines.
Mais par la suite, des questions de nécessité
économique vont obliger ces ménagères à travailler
en dehors de la famille. Aussi, l'expansion de l'éducation scolaire, la
montée des nouvelles valeurs (démocratie, liberté,
égalité) associées depuis plus d'une décennie aux
mouvements démocratiques et populaires vont d'une part, créer un
noyau de femmes accomplies et d'autre part, accentuer la revendication de
l'exigence d'un traitement des femmes sur le même pied
d'égalité que les hommes conséquent sur la quête
d'autonomie de la femme.
Depuis lors, donner une autonomie à la fois politique
et économique à la femme malienne est devenu un objectif majeur
des gouvernements depuis l'avènement de la démocratie au
Mali(1991).
Au niveau politique, depuis l'accession de notre pays à
l'indépendance, les femmes ont été écarté de
la sphère politique sinon l'ont participé à des
proportions faibles. Cependant, elles ont contribué à
l'élection des dirigeants mais n'ont pas été conscientes
de leurs potentialités à gérer elles aussi les affaires
publiques et de leur supériorité numérique. Elles ont
été toujours mobilisées par les hommes politiques.
La prolifération des associations et groupements
féminines a été la conséquence de notre jeune
démocratie au tout début des années 1990. Depuis ces
temps, ces associations, groupements et ONG féminines bien sûr,
à partir de la capitale ont dénoncées cette
présence relative des femmes dans la politique et mènent sans
relâche des manifestations de sensibilisation, d'information, de
renforcement de capacité, de plaidoyer et même de lobbying pour un
plus grand investissement des femmes dans la politique.
Si le nombre de femmes dans les électives a
été toujours en baisse, de nos jours, surtout dans les grandes
villes maliennes comme Bamako ; les femmes, avec l'appui des associations
et des groupements de femmes, sont nombreuses presque dans tous les niveaux de
la politique : maires, députés, ministres, etc. et
n'hésitent plus comme avant à se présenter aux
élections en dépit des différentes contraintes de tous
genres.
Les dernières élections municipales ont vu
l'élection des femmes de la BASE militaire, avec l'appui du CAFO.
Au niveau économique, la bamakoise est occupée
à différentes activités économiques qui
génèrent des revenus non négligeables. On retrouve ces
activités au niveau du secteur formel ainsi que celui du secteur
informel.
- dans le secteur formel, de plus en plus avec les politiques
nationales de scolarisation des filles, notre pays a enregistré
l'entrée des femmes dans le secteur économique formel à
l'instar des femmes du district de Bamako et ce, depuis les années 1960.
A ce niveau, même si le nombre de femmes reste insuffisant, elles
deviennent de plus en plus présentes et actives économiquement
tant dans la conception que dans la mise en oeuvre des plans et programmes
nationaux. Ainsi, avec l'accès des femmes bamakoises aux postes de
décision, leurs rôles deviennent mieux perçus. Ce qui ne
veut pas dire qu'il y a déjà une égalité entre
hommes et femmes dans les faits. Elles sont par ailleurs,
généralement cantonnées dans les secteurs sociaux :
santé, éducation, affaires sociales... margé cela, la
bamakoise a commencé à occuper les secteurs dits masculins. De
plus en plus on la retrouve dans presque tous les domaines de la vie
économique de notre pays. Elle envahit de plus en plus le secteur de
l'informatique et sont chefs d'entreprise.
- quant au secteur informel, nombre de chercheurs trouvent que
le secteur informel résulte du taux sans cesse croissant des populations
vivant en ville d'une part, et d'autre part, des difficultés, voire de
l'impossibilité de trouver de l'emploi dans le secteur formel28(*). Pour la bamakoise, le
commerce est le domaine d'activité par excellence du secteur informel.
Dans ce secteur, elle s'affaire dans diverses activités
qui vont du commerce en gros, demi-gros et détails, aux prestations de
services : secrétariat, bureautique en passant par l'artisanat
moderne, la teinture, la couture, le bogolan, la sérigraphie, etc.
parallèlement au commerce, les prestataires de services ont vu la
diversification de leurs activités ainsi que l'accroissement de leur
nombre. En effet, en plus des aides ménagères, il est apparu de
nombreuses autres activités dans l'artisanat moderne ainsi que dans la
restauration. Elles constituent, pour beaucoup de femmes et leurs familles,
des sources de revenus les aidant à subvenir à leurs besoins
fondamentaux.
Comme mentionné un peu en haut, le commerce constitue
l'activité principale de la grande majorité des femmes de ce
secteur. Très variée, l'activité commerciale comprend les
femmes entrepreneurs, de grandes commerçantes import-export, les
commerçantes à capitaux moyens et celles qui vendent au jour le
jour faute de capitaux. A Bamako, les femmes sont nombreuses et évoluent
dans le petit commerce : alimentation, produits maraichers et fruits,
etc.
Les activités génératrices de revenus des
femmes évoluant dans l'informel, les activités qui peuvent
être principales ou secondaires, connues ou clandestines servent à
juguler très souvent les aléas quotidiens. Il suffit donc d'un
léger problème/ déséquilibre pour que ces
activités économiques s'effondrent puisse qu'elles ne
bénéficient d'aucune assurance bancaire. Toutefois, il faut
souligner l'existence d'un nouveau phénomène financier qui est
accessible aux femmes, ce sont les caisses populaires de crédit et
d'épargnent, et à l'heure actuelle, la prolifération des
caisses de transfert électronique et téléphonique
d'argent.
En attendant la vulgarisation de ces structures de
microcrédits, la majorité des femmes du district évoluant
en particulier dans le commerce et dans le secteur informel en
général sont exposées à la faillite, étant
donné que nombre d'entre elles bénéficient de marchandises
à crédit. À cela, il faut ajouter le fait que les femmes
du district travaillant dans le secteur informel, concilient leurs
activités de ménage avec celles économiques ;
ensuite, la plupart d'entre elles exercent le commerce à domicile, chez
elles ou dans l'anonymat par peur des taxes et impôts, mais une chose est
sûre, c'est que le secteur informel est créateur d'emploi et
générateur de revenu non négligeable dans la lutte contre
la pauvreté des femmes.
B- Sur les plans
éducatif et sanitaire
L'acquisition de compétences, de connaissances et de
savoir-faire technique par le biais de l'éducation et de la formation
joue un rôle clé dans l'autonomisation de la femme.
Conscientes « qu'éduquer une fille c'est
éduquer toute une nation » et qu'une éducation ou
alphabétisation influe sur l'état de santé, la bamakoise a
fait de l'éducation un investissement dans le capital humain au
même titre que l'homme, des études transnationales ont
révélé que chaque année additionnelle de
scolarité primaire pour une fille a des effets positifs directs sur son
avenir : salaires accrus, nombre d'enfants moindre, probabilité
réduite d'un mariage à l'adolescence29(*) ; ce qui fait qu'elles
sont particulièrement visibles de façon massive aussi à
tous les niveaux( séries scientifiques, techniques et
littéraires) et à tous stades( primaire, secondaire, et
supérieurs) de l'école. La ville de Bamako regorge le plus grand
nombre de femmes lettrées, intellectuelles qui, naturellement et
contrairement à leurs homologues du village trop débordées
par les corvées ménagères, envoient leurs filles à
l'école et parfois dans des prestigieuses écoles privées
pour bénéficier d'un enseignement de qualité.
Sur le plan sanitaire, la femme du District, lettrée
ou illettrée, de par leur condition de vie un peu plus acceptable,
contrôle sa santé.
Cette situation est favorisée par le fait que les
femmes sont proches des structures sanitaires qui les permettent d'avoir la
mainmise sur leur fécondité. Elles bénéficient de
nombreux progrès scientifiques en matière de santé surtout
en ce qui concerne les consultations prénatales et l'accouchement
assistés. Elles utilisent les méthodes contraceptives et sont de
ce fait peu exposées au VIH/ sida et autres maladies sexuellement
transmissibles.
Même si la couche de bamakoises aux moyens
limités n'a pas l'effectivité d'accès aux soins de
qualité, elle demeure tout de même plus à l'abri si nous
faisons allusion à la précarité dont sont victimes les
femmes des villages.
La santé de la femme est une condition
nécessaire à leur autonomisation, une femme malade serait
incapable de se procurer les ressources de production dont elle a besoin ou de
participer aux activités économiques qui se déroulent dans
son entourage.
C- Sur le plan syndical et
autre
Le district de Bamako regroupe la quasi-totalité des
femmes travailleuses et intellectuelles du pays. Conscientes des avantages de
la participation des femmes au syndicat, les femmes du district sont en
quête d'autonomie syndicale. Face à la surcharge
ménagère qui leur pèsent, l'éducation
traditionnelle et familiale dont elles sont victimes, et les pesanteurs
socioculturelles et même religieuses qui relèguent la femme au
second plan, constituant ainsi des freins à la participation des
femmes au syndicat ; la bamakoise demande plus de participation aux
revendications syndicales, leur représentation dans les organismes
syndicales et la lutte contre les discriminations et le harcèlement
sexuel dont elles sont victimes dans un environnement fortement dominé
par les hommes comme le souligne K.D, fonctionnaire de son
état : « bien vrai que nous sommes
représenté dans les syndicats surtout à l'U.N.T.M, moi je
pense que ce secteur reste la chose des hommes car nous n'occupons pas de
places visibles, chose qui nous manque beaucoup. Cette attitude veut montrer
tacitement que les hommes savent mieux revendiquer que nous ; chose que
nous voulons démontrer le contraire dans les syndicats».
Sur un tout autre plan qu'est les médias,
l'accès à l'information est particulièrement important
dans une optique de changement de comportement et de mentalité dans les
différents groupes de la société.
Il faut noter que les évènements du 26 mars 1991
ont engagé le mali dans un vaste processus de démocratisation
dont le socle constitue la liberté d'expression et d'association,
l'état de droit, la libération des initiatives privées, le
pluralisme politique. Cela s'est traduit dans le domaine de la communication
par une véritable révolution médiatique. L'accès
aux médias est beaucoup plus important en milieu urbain qu'en milieu
rural ; à Bamako, 84% des femmes regardent la TV, 83%
écoutent la radio et 20% lisent les journaux alors que 43% des femmes
rurales n'ont accès à aucun des médias30(*).
Fatoumata Siré Diakité et autres, dans le Livre
Blanc de l'APDF fait le constat que « la libération de la
presse, le foisonnement des titres n'accompagne guère de l'effet
correspondant quant à la participation populaire, où
l'égal accès de tous les citoyens aux médias (...)
l'euphorie a très peu profité aux femmes ». Elle
souligne également que la dizaine de titres crées par des femmes
n'ont eu d'autre alternatives que la disparition pure et simple31(*)».
Si les femmes, particulièrement celles du District sont
présentes aujourd'hui à tous les niveaux et sont même
promotrices d'organes de presse ; en effet, en dehors de cet état
de fait, on ne note nulle part une femme dans les instances de décision.
Elles jouent des rôles surtout d'animatrice de radios et de
télévision. Elles réclament une plus grande couverture
médiatique des femmes dites battantes, des problèmes
féminins ainsi que des activités revalorisatrices des femmes par
les médias qui sont « plutôt focalises sur les
personnalités publique et le gouvernement ».
Cependant, le gouvernement malien est en train d'oeuvrer pour
donner à la femme une certaine indépendance et ses efforts ont le
mérite d'être mis à la lumière.
II- Efforts gouvernementaux
pour l'autonomisation de la femme malienne:
Les femmes et les enfants constituent les couches sociales les
plus défavorisées dont les droits les plus essentiels sont
insuffisamment protégés en raison de leur faible accès aux
services sociaux de base, et dans la prise en charge des besoins de la famille.
Les femmes et les enfants sont considérés comme les groupes
marginalisés de la société quand il s'agit d'exprimer
leurs droits de citoyenneté. Afin de renverser cette situation, le
gouvernement a créé le Fonds d'appui à l'autonomisation de
la femme et à l'épanouissement de l'enfant (FAFE) en janvier
2012.
Le FAFE est un programme gouvernemental de renforcement de
l'émergence des femmes et de promotion des droits de l'enfant à
travers des actions diverses. En effet, le fonds est créé par la
loi n°2012-002 du 23 Janvier 2012 et dédié au financement
des programmes qui favorisent le renforcement des opportunités
économiques des femmes et leur participation politique aux niveaux local
et national. Il porte également une attention particulière
à la réalisation des objectifs axés sur la promotion des
droits de l'enfant.
Le FAFE est, selon Mme Sangaré Oumou Ba, ministre
de la Promotion de la Femme, de l'Enfant et de La Famille
« l'expression de notre pays pour la Décennie de la femme,
pour l'année 2015, déclarée par l'Union africaine
Année de l'autonomisation de la femme. Il est aussi l'expression du Mali
pour l'Agenda en faveur des enfants maliens. »
Le FAFE est composé de trois guichets. Le premier est
dédié au financement des actions de développement de
l'entrepreneuriat féminin afin de consolider la participation des femmes
au développement. Le second s'occupe du volet de financement des actions
de renforcement du leadership féminin et de la participation politique
des femmes. Le dernier guichet finance les actions de réinsertion
socioéconomique des enfants en situation difficile.
Le premier guichet finance :
-la création et le développement d'unités
en milieu rural et rural ;
- l'adoption de programme de développement
d'unité de transformation, labélisés, gérés
et exploités par les femmes ;
-l'appui/conseil aux femmes entrepreneurs pour l'accès
au financement des institutions financières ;
-les activités de renforcements des capacités
organisationnelles et de gestion des femmes ;
-les actions relatives à l'amélioration de la
rentabilité du travail des femmes rurales dans les secteurs
productifs ;
-l'appui aux femmes rurales engagées dans
l'agroalimentaire à devenir des opératrices
économiques.
Il comprend deux(02) composantes : une composante
consacrée au financement des actions de développement de
l'entreprenariat féminin en milieu urbain et l'autre pour le monde
rural.
Quant au guichet « Financement des actions de
renforcement du leadership féminin et la participation politique des
femmes, il finance :
-les actions de renforcement des capacités des femmes
pour une meilleure participation à la vie politique ;
-l'appui aux femmes candidates et élues aux
élections législatives et communales ;
-les initiatives incitatives pour une meilleure
représentation des femmes dans les instances locales, nationales,
régionales/ internationales et les missions diplomatiques ;
-les actions relatives à une meilleure connaissance des
disparités entravant le développement du leadership
féminin au niveau national et local.
Enfin, le guichet « financement des actions de
réinsertion socioéconomique des enfants en situation
difficile » finance :
-le développement d'un programme de lutte contre la
mendicité des enfants en milieu urbain ;
-le développement d'un programme de renforcement des
familles des enfants en situation difficiles ;
-la création d'un dispositif d'accueil, d'appui et
d'orientation pour filles migrantes en détresse et enfants victimes de
traite.
Le FAFE, est financé par le budget national, les
apports des partenaires techniques et financiers, les dons et legs ainsi que
les apports des intérêts. Il a succédé à deux
autres fonds qui octroyaient des crédits aux femmes avec de faibles taux
d'intérêts. Il s'agit du Fonds d'Appui aux Activités des
Femmes (FAAF Layidu) qui, après la dévaluation, a
été mis en place par le gouvernement afin d'atténuer les
effets négatifs du changement de parité du CFA en 1992.
Par ailleurs, le Projet d'appui à la promotion des
femmes et à l'allégement de la pauvreté a mis en place le
SYCREF en 1999 qui avait pour objectif de faciliter l'accès des femmes
au crédit et d'assurer la formation de base des femmes afin de favoriser
la prospérité de leurs projets. Ainsi, 60 000 femmes ont eu
accès aux crédits à travers le système de
crédit mis en place auprès du MPFEF.
Sur le plan politique, la loi N°2015-052 du 18
décembre 2015 offre la chance d'être représenté
à l'occasion des nominations dans les institutions ou dans les
différentes catégories de services publics à hauteur de
30%. Cette loi dite de promotion du genre prévoit l'alternance dans les
listes de candidature aux élections locales et stipule en son article 2
qu' : « à l'occasion de l'élection des
députés à l'Assemblée Nationale, des membres du
Haut Conseil des Collectivités territoriales, aucune liste d'au moins
trois(3) personnes, présentée par parti politique, groupement de
partis politiques ou regroupement de candidats indépendants, n'est
recevable si elle présente plus de 70% de femmes ou d'hommes.
Cette loi vivement saluée par les organisations
féminines favorise l'implication des femmes malienne dans la gestion du
pays, de la chose publique.
TROISIEME PARTIE :
LE POIDS DE LA TRADITION FACE A L'AUTONOMIE DE LA FEMME
MALIENNE
CHAPITRE V : LE POIDS
DE LA TRADITION SUR LA FEMME MALIENNE
La société malienne se compose de
différents groupes ethniques répartis sur l'ensemble du
territoire national dont les principaux sont : les Bambaras, les
Malinkés, les Soninkés, les Sénoufos, les Dogons, les
Sonrhaïs, les Bozos, les Tamasheqs, les Peuls et les Maures. Ils sont
nomades ou sédentaires et de fait, évoluent dans trois
systèmes de production dominants à savoir l'agriculture, la
pêche et l'élevage sur lesquels viennent se greffer l'artisanat et
le commerce.
Ces groupes ethniques se caractérisent
traditionnellement par une forte hiérarchie sociale introduisant des
clivages entre d'une part les « nobles »; et d'autre part
les personnes de « castes » et les
« captifs ». Les valeurs socialement acquises sont
véhiculées en leur sein à travers une socialisation dont
les contenus et canaux d'apprentissage (rites et cérémonies,
interdits, pratiques comportementales, contes, adages et proverbes) se
transmettent entre les générations principalement à
travers l'oralité. Du fait de cette catégorisation sociale, la
femme malienne connaît une diversité de situation mettant en jeu
son niveau d'accès aux ressources, à la prise de parole et
à la décision ou encore d'opportunités économiques
et sociales, bref, à ses possibilités d'autonomisation qui lui
sont tant nécessaires pour son épanouissement. Cet état de
fait est favorisé par les pesanteurs sociales qui résultent de
nos us et coutumes, notre tradition.
I- LES OBSTACLES À
L'AUTONOMIE SOCIALE DE LA FEMME MALIENNE
La famille se présente comme l'institution de base
à partir de laquelle s'organise principalement la vie sociale et
économique. Malgré la diversité de leurs croyances et
pratiques, les ethnies partagent la spécificité de la
différenciation des rôles masculin et féminin, même
si celle-ci peut varier en intensité selon le milieu géographique
d'appartenance la catégorie socioprofessionnelle et l'âge.
Dans ces systèmes sociaux de type patriarcal, la vie
des ménages s'érige selon une culture valorisée de
subordination des femmes et de domination de l'homme.
Traditionnellement l'homme qui incarne l'autorité au
sein du ménage, instaure les règles, assure le contrôle et
la gestion des biens familiaux, décide de la répartition du
patrimoine foncier familial et en planifie l'utilisation, prend les
décisions capitales, assure la fourniture des moyens de subsistance
notamment la distribution des céréales aux membres du
ménage. La femme lui doit respect et obéissance, voire pour
certaines cultures un témoignage quotidien de gratitude.
La femme, mère et épouse a la charge sociale du
fonctionnement de la vie domestique, elle réalise les travaux
ménagers, prend soin des enfants, entretient la reproduction sociale de
la main d'oeuvre. Il lui revient, par ailleurs, de soutenir l'homme dans sa
mission sociale au niveau de la famille, en prenant en charge tout ce qui
concourt à organiser les conditions favorables à
l'accomplissement de cette mission et aussi, dans les conditions
d'incapacité (absence, maladie). Elle se substitue alors à
l'homme dans la réalisation pratique de ses prérogatives.
Les rôles sociaux sont ainsi confortés par des
stéréotypes qui en font les portraits imagés facilement
intériorisés comme étant dévolus aux hommes et aux
femmes en fonction de capacités féminines/masculines
considérées comme normales. Les stéréotypes,
richesse culturelle fièrement affichée, sont souvent confondus
à dessein ou inconsciemment avec les sources religieuses (cas de
l'excision). Ils gardent une force et un poids moral et psychologique à
travers les générations.
II-LES OBSTACLES EMPECHANT LA
FEMME MALIENNE À S'INVESTIR DANS LA POLITIQUE
Le taux de participation des femmes dans la conduite des
affaires et dans la politique en milieux urbain et rural est encore faible au
regard de leur poids numérique dans la société. Cette
situation paradoxale est significative de la conception patriarcale de la
société malienne et de la position d'infériorité de
la femme par rapport à l'homme. Le domaine des affaires et de la
politique est encore dans la conscience collective un domaine masculin
fondé sur l'autorité et le pouvoir, deux attributs qui
échappent totalement aux femmes.
Victimes de leur statut de subordonné, les femmes
elles-mêmes renforcent cette discrimination. La plupart d'entre elles
manquent de confiance dans leurs capacités personnelles et craignent de
ne pas être à la hauteur de leurs responsabilités. En
outre, face à leurs obligations familiales et sociales, qui demeurent
une exigence, elles hésitent à échanger la
stabilité familiale contre une quelconque promotion ; quand elles
décident d'aller de l'avant, elles se retrouvent en constante recherche
de conciliation entre leurs obligations professionnelles ou politiques et leurs
responsabilités d'épouse et de mère. Malheureusement, le
plus souvent nombre d'entre elles préfèrent renoncer à une
telle promotion.
Les femmes qui vont surmonter les obstacles découlant
de ces discriminations vont être victimes de stéréotypes
ainsi que leurs époux.
Ainsi, à Kadiolo(cité par Béridogo 2005),
seront traités de : « bajanbilamuso », ce qui
signifie « chèvre en divagation» les femmes
commerçantes, et de « musocèkanfola », femme
au discours d'homme, la femme actrice politique.
Dans le même sens, selon une responsable d'association
(cité par Béridogo2005) :
« Toutes les femmes qui ont connu une certaine ascension
sociale sont soit des veuves, soit des femmes plus influentes et plus
importantes économiquement, plus dynamiques et populaires que leurs
maris. Tout mari qui dispose d'une certaine assise économique et
financière n'acceptera pas que sa femme participe aux réunions.
Toutes nos conseillères sont des épouses d'hommes mous
»32(*).
Ajoutons à cela, la résistance face au
changement de certains hommes et de certaines communautés qui
digèrent mal une ascension femelle au pouvoir comme le témoignent
les propos de ce responsable de parti politique (cité par
B.Béridogo) lorsque dans la commune rurale d'Essouk, région de
Kidal, une femme,avait été élue maire lors des
élections communales de 1997. Mais, elle n'a jamais pu exercer la
fonction. Des hommes s'y sont opposés, « l'islam n'interdit pas
auxfemmes l'ascension, mais il y a des limites. Une femme ne doit pas exercer
desfonctions de chef suprême, gouverneur, député,
maire »33(*).
Aoua Keita explique les difficultés et les injures
auxquelles elle a fait face dans son parcours politique et s'est vu interdire
l'accès, lors de la campagne électorale, d'un village où
le chef de village l'accueillit en ces termes : « sors
de mon village, femme audacieuse. Il faut que tu sois non seulement audacieuse,
mais surtout effrontée pour essayer de te mesurer aux hommes en
acceptant une place d'homme. Mais tu n'as rien fait. C'est la faute des fous
dirigeants du RDA qui bafouent les hommes de notre de notre en faisant de toi
leur égale. Hé ! Population de Singné, vous voyez
ça ? Koutiala, un pays de vaillant guerriers, de grands chasseurs,
de courageux anciens combattants de l'Armée française, avoir une
petite femme de rien du tout à sa tête ? Non, pas possible.
Si tes hommes du RDA se moquent de nous, nous saurons nous faire respecter. Moi
sergent-chef de l'Armée française, ayant combattu les Allemands,
accepté d'être coiffé par une femme ? Jamais34(*).».
De telles attitudes persistent toujours dans notre pays et
continuent d'empêcher les femmes à jouir d'un de leurs droits
fondamentaux : la politique.
A côté de ces obstacles liés à
l'exercice du pouvoir par les femmes, une étude menée par B.
Béridogo a analysée d'autres obstacles de diverses natures qui
bloquent également les femmes dans l'arène politique. Ce
sont :
· Les obstacles liés aux causes
culturelles de la discrimination
- L'analphabétisme ;
- le faible niveau d'instruction ;
- la marginalisation des femmes par les hommes ;
- le manque de sensibilisation des femmes pour soutenir leurs
paires ;
- la crise de compétence ce qui entraîne la
rareté de candidature valable
- l'incompétence de certaines femmes déjà
en poste, élues ou nommées.
· Les obstacles liés aux causes
économiques de la discrimination
- la féminisation de la pauvreté (manque de
propriété pour la garantie);
- le manque de moyens financiers pour faire campagne au moment
des élections ;
- les difficultés et conditions d'accès au
crédit et aux autres facteurs de production.
· Les obstacles liés aux traditions
politiques du Mali
- La perception négative du politique et le manque de
motivation des femmes à militer dans des partis politiques ;
- l'inexpérience politique des femmes ;
- la discrimination des femmes au moment de
l'élaboration des listes de candidature (mauvais rang sur les listes)
;
- les difficultés dans la constitution des dossiers de
candidature (absence de pièces d'état civil)
· Les obstacles liés aux causes
psychologiques la discrimination
- La peur d'échouer ;
- Le manque de confiance des femmes en elles-mêmes ;
- le complexe d'infériorité ;
- le manque de solidarité entre les femmes ;
- les effets de l'éducation traditionnelle ;
- l'esprit d'adversité et de clan ;
- le manque « d'agressivité ».
III- LES OBSTACLES RETARDANT
LA RELANCE ECONOMIQUE DE LA FEMME MALIENNE
Promouvoir l'autonomisation économique des femmes,
c'est avant tout promouvoir la participation pleine et entière des
femmes au devenir de leur société et en favoriser le
développement durable. Cette pleine et entière participation de
la femme rencontre de difficultés à bien d'égards.
A. La surcharge
ménagère et l'économie domestique pesant sur la femme
malienne
Après l'analyse de l'implication des femmes maliennes
dans les activités économiques marchandes, il ressort que leur
niveau de participation reste encore faible par rapport à celui des
hommes. Cette faiblesse s'explique d'une part, par des pesanteurs sociologiques
et culturelles qui contribuent à décourager le travail des femmes
et à les confiner dans des rôles de mère et épouse.
D'autre part, elle s'explique aussi par la sous-estimation des taux
d'activités qui n'intègrent pas les activités domestiques
comme des activités économiques car le Système de
Comptabilité Nationale (SCN) ne les considère pas comme telles
dès lors qu'elles ne donnent pas lieu à une
rémunération.
Les activités domestiques occupent une part importante
de la journée de travail de la femme malienne quel que soit son statut
social. Pour remplir son rôle de maîtresse de maison, la femme
assure l'entretien de son foyer, donc elle se livre à des tâches
purement domestiques qui n'ont aucune valeur marchande. Il s'agit entre autres
: de la préparation des repas, la lessive, l'entretien de la maison,
l'éducation des enfants, les corvées d'eau, la prise en charge
des personnes malades et handicapées, etc.
On constate que les femmes consacrent beaucoup plus de temps
aux activités domestiques.
Les résultats d'une étude de cas ont permis une
évaluation du temps que les femmes consacrent aux travaux domestiques
selon leur zone de résidence :
Tableau N°9: Charge
d'occupation quotidienne aux activités domestiques :
Zone de résidence
|
HOMMES
|
FEMMES
|
Ratio temps H/ temps Femmes
|
Effectif
|
Zone urbaine
|
0.6h
|
3.7h
|
16.4 %
|
20
|
Zone rurale Sud
|
0.7h
|
13.5h
|
5.0%
|
15
|
Zone rurale Nord
|
2.6h
|
3.4h
|
77.8%
|
15
|
Ensemble du Mali
|
1.0h
|
7.2h
|
14.2%
|
50
|
Source : Etude d'Evaluation
Stratégique des enjeux en matière de genre au Mali,
2005.
De l'analyse du tableau, il ressort que les femmes du sud sont
les plus chargées car seules 5% des tâches domestiques sont
exercées par les hommes, les 95% sont prises en charges par les femmes.
Au nord par contre, 77,8% des tâches domestiques incombent aux hommes.
Dans cette répartition du travail domestique, on
constate un grand écart entre les ratio homme/femme du milieu rural par
rapport au milieu urbain ; les femmes rurales consacrent beaucoup plus temps
que les femmes urbaines aux travaux domestiques. Les femmes urbaines consacrent
moins de temps aux activités domestiques car elles recrutent des aides
ménagères ou « bonnes », ce qui leur permet de mener
d'autres activités génératrices de revenus.
D'après les résultats des enquêtes 123
réalisées auprès de 7 pays membres de l'UEMOA entre
2001-2002, dont Bamako, les femmes passent en moyenne 17 heures par semaine
à effectuer des activités domestiques quand les hommes se
contentent de huit fois moins (2 heures). Par ailleurs, ces enquêtes
mettent en évidence, un phénomène dit de la « double
journée des femmes actives » en milieu urbain qui passe plus de
temps que les inactives à se consacrer aux activités domestiques
(18h contre 16h). Ceci traduit le rôle social joué par les femmes
qui se partagent entre deux fonctions : la prise en charge de la reproduction
interne des unités familiales et une contribution importante au pouvoir
d'achat des ménages à travers l'exercice d'une activité
économique.
B- Le difficile accès
à la terre
a-Accès à la
terre selon le droit foncier moderne
Au Mali, c'est le Code Domanial et Foncier qui
détermine les conditions d'accès au foncier naturel (terre et
accessoires, eaux, formations végétales) et au foncier artificiel
(aménagements hydro agricoles).
Au niveau du foncier naturel, la femme rurale dispose donc de
tout un éventail d'instruments juridiques de droit moderne qui lui
garantit le droit de propriété. Toutefois, les populations
rurales continuent de privilégier les us et coutumes en la
matière.
Au niveau du foncier artificiel, l'accès à la
terre est reconnu à la femme sans discrimination alors que les
critères d'accès ne favorisent pas la femme. Le foncier
artificiel est constitué de périmètres
aménagés dont les principaux sont l'Office du Niger (ON) qui
fournit actuellement 50% de la production de riz du Mali, de l'Office du
périmètre réhabilité de Baguinéda (OPIB), de
l'Office Riz Ségou (ORS), de l'Office Riz Mopti (ORM), et des petits
périmètres irrigués villageois de Gao. Dans toutes ces
zones, les terres sont toujours immatriculées au nom de
l'Etat ; par contre, les modes d'exploitation de ces
aménagements ressortent de la réglementation propre à
chaque zone.
· Dans la zone de l'Office du Niger (ON), Ségou
:
La loi reconnaît à la femme rurale le droit
d'accès au foncier aménagé de l'Office du Niger sans
discrimination et établit une parité entre l'homme et la femme
pour ce qui concerne les voies d'accès. La substitution de l'indicateur
d'attribution à connotation discriminatoire "travailleur-homme" par
celui de "travailleur-actif" plus neutre a facilité l'intégration
des femmes dans ces périmètres. Même si les femmes, chefs
d'exploitation, ne représentent que 3% des effectifs en 2003.
· Sur les terres aménagées de l'Office du
Riz de Ségou (ORS), Ségou
L'ORS est un établissement public doté de
personnalité morale et d'autonomie financière. Il encadre 234
villages ; la propriété des terres revient à l'Etat.
L'accès à la terre est soumis à l'avis d'une commission
technique qui accorde la priorité aux femmes exploitantes sur place. Les
femmes ne souffrent d'aucune discrimination quant à l'accès aux
terres rizicoles tant à titre individuel qu'à titre collectif.
Sur l'ensemble de ces deux zones, la démarche
d'attribution est la même. Hommes et femmes ont les mêmes droits
à ce niveau. La formulation de la demande et le respect du cahier de
charge sont exigés pour les deux sexes.
· Dans la zone de l'Office du Riz de Mopti (ORM),
Mopti
Dans cette zone la population est à 98% rurale. Les
demandes de parcelles pour la culture du riz sont adressées
à l'Office Riz Mopti à travers les associations villageoises.
Pour être éligible, il faut être chef de famille ou chef
d'unité de production et avoir un degré d'équipement
conséquent ou des moyens financiers suffisants afin de mettre en valeur
la terre.
Ces critères seront difficiles à remplir par les
femmes dans la mesure où le statut de chef de ménage revient
à l'époux et qu'elles sont rarement propriétaires d'actifs
de production. De plus, à ces disparités s'ajoutent les normes
d'attribution des superficies qui octroient 0,30 ha à l'homme contre
0,21 ha à la femme éligible. La priorité est de fait
accordée aux hommes en tant que chef de famille.
· Sur les terres irriguées de l'office du
périmètre de Baguinéda
L'attribution de parcelles aux ruraux se fait dans les
mêmes conditions qu'à l'Office du Riz de Mopti où les
critères de chef de famille et de disponibilités d'actifs de
production sont appliqués.
Ainsi, malgré les textes officiels qui stipulent
l'égal accès à la terre sur le foncier artificiel, il faut
souligner que dans la pratique l'attribution est inégalitaire comme en
attestent les critères d'attribution dans les zones de l'ORM et de
l'OPIB. En réalité, la pression est le facteur
déterminant. En effet, chaque fois que les terres sont limitées,
la priorité est accordée à l'homme. Les propos recueillis
auprès de chefs d'exploitation illustrent bien cet état de
fait :
En fait, dans la catégorie des chefs de famille, seule
la femme veuve peut être considérée comme telle et cela en
cas d'inexistence ou d'absence d'un fils majeur. Pour les sites
aménagés pour la culture maraîchère, où les
femmes sont les principales productrices, les superficies, également
attribuées selon le critère de chef de famille,
représentent le double de celles attribuées aux femmes.
b- Accès à
la terre suivant le droit foncier coutumier
En dehors des périmètres aménagés,
on constate que les ressources naturelles sont régies par le droit
coutumier qui est constitué d'un ensemble de règles
traditionnelles de nature socioreligieuse qui déterminent la position
des populations vis-à-vis de l'attribution, de la gestion et de
l'exploitation de la terre et de ses accessoires (eau, pâturage,
forêts...). Il convient de faire une distinction entre la situation dans
le Sud et dans le Nord du Mali.
· Les Zones non aménagées du Sud du
Mali
Pour connaître les moyens par lesquels la femme rurale
accède à la terre selon les us et coutumes, il suffit de mettre
en exergue le rôle qui lui est dévolu dans le système de
production rurale.
Ainsi on observe que la facilité d'accéder
à une parcelle de culture n'est pas synonyme de sécurité
foncière pour la femme rurale.
Dans les périphéries des grandes villes, on
observe une pression de plus en plus forte sur la terre à cause d'un
changement de mentalité chez les ruraux pour qui la terre perd peu
à peu sa valeur sacrée.
· Les Zones non aménagées du Nord
du Mali
La région de Gao présente la
particularité, au plan foncier, d'avoir subi un recensement foncier vers
1949. Ce recensement a modelé le caractère individualiste de la
propriété foncière, qui sert de base au cadastre
traditionnel pour l'identification des terres.
Une des conséquences de l'individualisation de la terre
est la disparition du terroir villageois en tant qu'espace homogène
collectif géré par une autorité ou une institution au nom
de la communauté villageoise. Cette situation a fait qu'aucune terre ne
peut être affectée à un usage sans le consentement de son
propriétaire. Le fait que la majorité des terres appartienne
à la minorité de la population favorise toutes sortes de
situations : vente, métayage, location, etc.
Ainsi, quel que soit la communauté concernée, la
relation de la femme à la terre est régie par les règles
du droit coutumier et ce malgré les dispositions de la Constitution et
du Code Domanial et Foncier qui reconnaissent l'accès égal
à la terre à l'homme et à la femme.
Ces disparités de traitement explicitent bien les
difficultés que la femme rurale rencontre pour subvenir à ses
besoins, à ceux de sa famille et en même temps participer
efficacement au développement économique du ménage. Cette
situation contribue pour beaucoup à la féminisation de la
pauvreté. Elle affecte également la capacité
d'investissement de la femme parce que, si rien ne change, elle ne sera jamais
en mesure de fournir en garantie un titre de propriété pour
obtenir par exemple un crédit bancaire, destiné à
accroître sa surface financière.
C- hiérarchie,
rôles et division du travail au Mali
Pour ce faire, on dénote que la hiérarchie se
joue sur plusieurs plans. On la remarque d'abord par le principe de
l'âge. Les aînés ont un respect et une autorité
inconditionnels, peu importe leur sexe. Ainsi, un jeune se doit d'obéir
aux commandements de son aîné(e). Cependant, la hiérarchie
est aussi existante par la prédominance du sexe masculin. Donc, la
femme, de manière générale, est subordonnée
à l'homme, mais aussi aux femmes plus âgées qu'elle. On
constate, entre autres, ces rapports hiérarchiques par les chaînes
de parole. Par exemple, lors d'une réunion, un jeune homme ne peut
s'adresser directement à l'aîné qui dirige la conversation.
Il doit s'adresser à la personne au-dessus de lui dans la
hiérarchie d'âge, qui elle fera circuler le message de la
même manière. Cela s'applique aussi pour les femmes. Donc, une
chaîne verbale est créée suivant l'âge des gens. Par
ailleurs, les femmes doivent passer par leur représentante, qui est
souvent l'aînée, pour s'adresser aux hommes. On a vu
précédemment que l'homme prend les décisions au sein de la
famille et, du moins, même si les femmes participent, c'est l'homme qui
détient le dernier mot. Ceci est un exemple clair de hiérarchie
démontrant une subordination des femmes. Ce pouvoir de décision
s'impose dans tous les domaines, donc nécessairement dans celui du
travail.
Bien évidemment, les rôles des hommes et des
femmes ne sont pas les mêmes.
Les tâches des hommes s'apparentent au domaine de la
production alors que celles des femmes sont à la fois de l'ordre de la
reproduction et de la production. Dans les zones rurales, où les gens
vivent -pour ne pas dire survivent- de l'agriculture, la production s'exprime
par tout ce qui touche le travail aux champs. Pour ce qui est du terme de
reproduction, il évoque la procréation, donc donner la vie. Les
femmes sont en charge de l'éducation et de la transmission des valeurs
et de la culture. On confère à la femme toutes les
responsabilités liées aux enfants, car biologiquement elle leur
donne naissance.
En conséquence, la femme s'acquitte, non seulement de
toutes les tâches domestiques, mais aussi du travail aux champs. Il
importe de spécifier que les tâches domestiques regroupent
plusieurs activités. D'abord elles font référence à
tout ce qui touche de près ou de loin les enfants, la collecte de l'eau,
du bois, la préparation des repas, la lessive, la vaisselle ainsi que le
pillage du mil (céréale à la base de leur alimentation).
Les femmes se trouvent donc avec une lourde tâche qui ne s'arrête
que très rarement.
Dans une certaine mesure, la division des tâches peut
être complémentaire, mais elle illustre certainement une
subordination des femmes par l'ampleur des tâches effectuées.
Enfin, les femmes sont ainsi les piliers des familles et
voient à ce que tout fonctionne correctement.
En milieu urbain, la femme tient toujours ses activités
de « soins » nécessaires au maintien du lien social comme son
homologue du village. L'homme contrairement, s'occupe de ramener les aliments
de consommation de la famille et d'assurer le bien-être de la famille.
Cette division du travail selon le sexe est nettement en défaveur de la
femme sur qui pèsent les travaux les plus longs et pénibles et
qui, très souvent nécessitent de l'attention. C'est ce qui a fait
réagir, lors du Séminaire de Rosario sur les droits des femmes en
Amérique Latine (décembre 2009) une participante de Colombie qui
disait que : « Ce n'est pas naturel que les femmes soient
tournées vers les activités ménagères et ce n'est
pas par nature que les hommes en seraient incapables. Qui oserait croire que le
fait de pouvoir enfanter donne du talent pour faire la vaisselle ?
Eduquer les filles dès l'enfance à tenir ce
rôle domestique, par imitation de leur mère et par pressions
familiales et sociales, c'est ne pas leur donner les mêmes chances qu'aux
garçons de faire des études (...) Enfermer les femmes dans cette
fonction c'est bien souvent leur fermer l'accès à une
activité professionnelle reconnue et rétribuée.35(*)»
D- Le poids de la religion sur
la femme
L'islam et le christianisme bien qu'ayant largement
contribué à la protection de la femme surtout dans les
sociétés fortement coutumières, sont des obstacles
à l'amélioration de leur statut. D' abord par la mauvaise
interprétation des règles religieuses et ensuite par l'absence de
dissociation entre ces règles et les coutumes. Il s'agit alors de voir
ce qui recouvre chacune des deux religions.
a. L'Islam
L'on retiendra que la société malienne,
musulmane à 90%36(*) a adoptée l'idéologie islamique en
matière de statut de la femme. Cette idéologie est dominée
par la soumission aveugle et inconditionnelle à celle-ci à
l'homme. C'est au nom de cette idéologie qu'elle accepte elle-même
son sort ainsi que toutes les violences exercées sur elle.
Ainsi quand les méditations du prophète se
tournèrent vers les femmes, ce fut essentiellement pour consolider les
prérogatives des hommes d'une situation déjà
établie. « Si je dois ordonner à une personne de
s'incliner devant une autre, c'est à l'épouse que j'ordonnerai
à s'incliner devant son époux...la femme n'aura accompli ses
devoirs envers Dieu que lorsqu'elle aura accompli ses devoirs envers son
époux » (le coran).
L'essence de l'islam, tournée essentiellement vers les
mâles et consacre leur suprématie, fut également
dénoncé dénoncée par les femmes déjà
converties.
Aussi, les diatribes abondent sur eux, leur imputant une
malignité naturelle. « Nous avons les héritiers
pour les plaisirs de l'esprit, pour le plaisir des sens, et des épouses
pour nous donner des enfants ; la femme est le négatif de ce
positif, elle est son antithèse ». Nombre d'hadiths montrent
la femme plutôt mauvaise dans son essence et prônent son
éloignement du pouvoir : « ne connaitre jamais la
prospérité au peuple qui confère ses affaires à une
femme. La femme est un mal nécessaire... »
Ajoutons aussi qu'au Mali, l'amélioration du statut de
la femme est compromise par la mauvaise interprétation des règles
du coran et aussi le manque de dissociation entre ces règles et les us
et coutumes. Par exemple, la pratique de l'excision est souvent
présentée comme une instruction coranique, dans certains milieux,
l'interdiction aux femmes de sortir la nuit est aussi considérée
comme d'origine coranique.
Malgré tout, des améliorations
appréciables sont là ; l'islam reconnait des droits
imprescriptibles et consacre la liberté de la jeune fille/ femme,
appelée à se marier en ce qui concerne son avis est
désormais requis pour le choix de son futur époux. Dans le
mariage polygamique, le mari a l'obligation d'agir en toute
équité entre ses épouses. Les règles qui
établissent la division du travail par sexe et qui définissent la
condition de la femme sont en premier lieu, celles du coran. Le prophète
fera des reformes à l'endroit des femmes en les réintroduisant
dans l'héritage et la limitation de la polygamie à quatre (4)
femmes.
Ainsi les hommes sont considérés comme le
soutien familial ; c'est à eux de fournir à la femme, ses
besoins vitaux : nourriture, abri, vêtement,...
En échange, on attend de la femme qu'elle accomplisse
une série de tâches domestiques : donner des enfants et les
entretenir, faire la cuisine, etc.
Il n'y a pas de dispositions textuelles islamiques explicites
quoi que ce soit qui prive la femme de compétences dans le domaine des
activités politique et économique. Mais si nous envisageons la
question d'un autre point de vue, nous constatons que les fondements de l'islam
ainsi que ses principes empêchent la femme le droit d'exercer des
activités politique et économique non pas à cause de son
probable incompétence, mais pour de raisons d'intérêt
social :
-la protection de la famille exige de la femme une
disponibilité totale.
-la fréquentation des hommes étrangers est
interdite à la femme par l'islam et surtout l'entrevue en tête
à tête.
-le fait de monter autre chose que ce que Dieu a permis,
c'est-à-dire le visage, les mains jusqu'aux poignets, est aussi
interdite par l'islam.
-le voyage monotone de la femme en dehors du pays, sans
être accompagnée par un homme (ayant des rapports de
parenté et qui rendent le mariage prohibé) est aussi une
prohibition de l'islam.
Pour ces raisons nous pouvons dire que la fonctionnarisation,
l'entreprenariat féminin est une question que l'islam reprouve avec
force pour ne pas dire qu'il l'interdit, non pas à causes de la carence
de la femmes, mais à cause des préjugés sociaux qui en
découlent.
b. Le christianisme
Malgré le message d'amour et discours égalitaire
du christ, la théologie, forte de ses racines juives, eut sa part de
responsabilité dans le renforcement et la justification de
l'autorité paternelle et maritale en invoquant constamment deux textes
lourds de conséquences pour l'histoire de la femme. Le premier de ces
textes est celui de la genèse dont les actes du drame sont :
-Acte premier :sur la création de la
femme
La création de l'homme qui, aussitôt sorti des
mains divines, nomme toutes les espèces animales crées avant lui.
Le voyant déçu de ne trouver parmi elles la compagnie qui lui fit
assortie : Dieu l'endorme, prend une de ses cotes et formes un tissu de
chair autour : ainsi naquit la femme.
-Acte deux : Les malédictions
Chacun garde en mémoire les deux promises à
Eve : « j'aggraverai tes labeurs et ta grossesse et tu
enfanteras dans la douleur », « la passion t'attirera vers
ton époux et lui, te dominera ». Le concept de passion
implique nécessairement les idées de passivité, de
soumission, d'aliénation qui définit la condition
féminine.
Dans ce texte majeur et premier dans la Bible,
découlent un certain nombre de conséquence pour l'image et le
statut d'Eve. Plus accessible aux tentations de la chair et de la
variété, elle s'est rendue, par ses faiblesses, coupable du
malheur de l'homme. Au mieux, elle une créature faible et frivole.
E-L 'analphabétisme, un
mal qui frappe beaucoup plus les femmes
L'éducation permet l'acquisition des connaissances sans
lesquelles la jouissance des autres aspects du développement et la
réalisation des projets personnels seraient gravement compromises ou
fortement limitées. Aussi, la simple capacité de lire et
d'écrire ne constitue pas une preuve d'un niveau élevé
d'éducation, mais elle s'apparente à la connaissance de base la
plus importante pour l'émergence et la propagation d'un
développement humain minimal.
Or selon une étude menée par l'Agence
Suédoise de Coopération Internationale Au Développement en
200437(*), la proportion
des femmes et des hommes âgés de plus de 6 ans qui n'ont jamais
été à l'école est respectivement de 77% et 66%.
Moins de 2% des femmes et 3% des hommes ont fini l'école primaire. Entre
7 et 12 ans, seulement 44% des garçons et 33% des filles vont à
l'école. Parmi les enfants entre 13 et 18 ans, seulement 10% vont
à l'école secondaire. À tous les niveaux, moins de filles
que de garçons vont à l'école.
Seulement 15% des femmes savent lire et écrire
comparées à presque 32% des hommes. Comme pour
l'éducation, l'analphabétisme se retrouve parmi les personnes
âgées des régions rurales et pauvres38(*). « Selon l'EDS-III,
80,0% des femmes maliennes n'ont aucun niveau d'instruction. Elles sont 11,3%
au primaire, 4,9% au secondaire et 3,8% au niveau supérieur39(*)».
Tableau N°10 :
Alphabétisation de la population de 15 ans et plus (en %)
Année
|
Masculin
|
Féminin
|
Ecart
|
2001
|
30,7
|
12,7
|
18,0
|
2006
|
34,9
|
18,2
|
16,7
|
2009
|
41,6
|
18,8
|
22,8
|
2011
|
43,1
|
24,6
|
18,5
|
2014
|
41,5
|
21,5
|
20,0
|
Source : CNDIFE, Bulletin Statistique, La femme
et l'enfant en chiffre 2014, octobre 2015.
Les disparités homme/femme persistent en
défaveur des femmes. : L'alphabétisation fait
référence à toute personne sachant lire, écrire
dans une langue quelconque. Sur cette base, d'après les résultats
du CNDIFE en 2006, le taux d'alphabétisation des femmes était de
18,2% contre 34,9% chez les hommes. En 2001, soit un taux
d'alphabétisation des femmes de 12,7% contre 30,7 % chez les hommes.
Les femmes, sont restées en marge des activités
d'alphabétisation en raison de leurs multiples occupations, de la
réticence des maris, des pesanteurs socioculturelles et de
l'extrême pauvreté des populations surtout en milieu rural.
Tableau N°11 :
Proportion de la population (6 ans et plus) n'ayant jamais
fréquenté l'école
Pop de 6+ ans n'ayant jamais
fréquenté
|
Hommes
|
Femmes
|
Parité
|
Année 1998
|
66,8%
|
80,6%
|
124%
|
Année 2001
|
70,2%
|
81,4%
|
120%
|
Année 2003
|
63,5%
|
75,1%
|
122%
|
Année 2006
|
61,3%
|
72,7%
|
121%
|
Source: RGPH98, EMEP 2001, ELIM 2003,
ELIM2006 - DNSI cité dans le Rapport sur la situation de la femme
au Mali, MPFEF, DNPF, RECOFEM.
a) Le niveau d'instruction
des femmes demeure faible:
L'instruction fait référence au fait d'avoir
fréquenté une fois l'école conventionnelle. En 1998, 80,6%
des femmes (6 ans et plus) n'ont jamais fréquenté l'école
contre 66,8% d'hommes de la même tranche d'âge. Le rapport de
féminité14 correspondant est de 124 femmes pour 100 hommes qui
n'ont jamais fréquenté l'école (Tableau N°11).
L'examen de ces indicateurs au cours des trois dernières enquêtes
(2001, 2003 et 2006) permet de se rendre compte que l'écart entre le
sexe masculin et le sexe féminin se maintient malgré le fait que
la proportion de femmes n'ayant jamais fréquenté soit en
diminution.
b) Les considérations socioculturelles
comme déterminant de la demande scolaire :
Les disparités enregistrées dans l'accès
à l'éducation selon le sexe s'interprètent comme
étant la conséquence logique de la division sexuelle du travail.
En effet, dans le cadre de cette division classique, le rôle et la place
de la femme au Mali se trouvent dans le foyer et se situent principalement au
niveau de la procréation et à l'accomplissement des travaux
domestiques. Un certain nombre de perceptions et de préjugés
socioculturels militent en défaveur de la fille en ce qui concerne son
accès à l'éducation comme l'attestent ces propos
ci-dessous :
« Bon nombre de parents pensent que les
garçons doivent être encouragés à terminer leurs
études ; puisqu'une fois qu'ils deviennent fonctionnaires, la famille
peut compter sur eux ; par contre la fille est appelée tôt ou tard
à fréquenter un autre foyer » (une éducatrice
de
Koutiala)40(*).
« Envoyer sa fille à l'école n'a pas de
finalité. Elle est appelée à aller construire le foyer
d'autrui » (femme de Badinko, Kita)41(*).
Face à ces considérations fatalistes, il est
important de préciser que l'école est utile et en particulier
qu'elle procure à la femme un certain nombre de bien-être
indispensable à son épanouissement. Conscient du rôle de
l'éducation dans le développement socioéconomique de
l'homme en général et de la femme en particulier, le Mali,
très tôt, a exprimé sa volonté de faire de
l'éducation une priorité nationale.
L'analphabétisme et le manque de formation
qualifiée maintiennent les femmes dans l'ignorance. Cette ignorance fait
que la femme est mal placée pour affronter les problèmes que pose
un environnement difficile sur le plan socioculturel. Quelque fois cet
environnement l'oblige à se résigner et accepter sa situation
comme une fatalité.
IV- Le droit de la femme au
Mali, un droit à cheval entre le droit moderne et le droit coutumier
La remarque que l'on peut faire de notre système
juridique, c'est la coexistence sinon, pour dire ainsi, un fondamentalisme
juridico-coutumier, surtout quand il s'agit des femmes. On constate donc une
double volonté des autorités de faire évoluer le droit, de
suivre le monde et celle de garder tout de même nos valeurs
socioculturelles. Ce qui fait que nos textes sont très souvent en retard
sur certaines questions touchant la femme et dont les tentatives
d'évolution sont très souvent accompagnées de mouvements
de protestations religieuses qui influencent facilement les
autorités.
Un exemple typique en est « le Code des personnes et de
la famille » dont le processus de relecture en 2011 a été
pris en otage par les autorités religieuses musulmanes et ce,
malgré tous les efforts déployés par le Gouvernement et la
société civile féminine. La relecture du Code a
porté sur les droits de la personne, le mariage religieux, le divorce,
la filiation naturelle et l'adoption, la minorité, la tutelle et
l'émancipation et enfin les successions. Sur un total de 1143 articles,
51 ont été amendés et adoptés par
l'Assemblée Nationale. Il est important de noter que les thèmes
ayant fait l'objet de relecture sont ceux qui portent directement sur les
rapports hommes/femmes, visualisant du coup tout l'intérêt des
tenants pour la maitrise des normes régissant ces rapports
sexo-spécifiques à savoir :
- La femme reste et demeure une éternelle mineure (elle
doit obéissance et soumission à son mari).
- Son consentement n'est pas prise en compte pour le mariage
de sa fille mineure ce qui laisse les portes grandement ouvertes au mariage
précoce et forcé (selon l'article 284 dudit code, « Le
futur époux, en principe, ne peut contracter mariage, en cas de dispense
d'âge, sans le consentement de ses père et mère. En cas de
désaccord, l'avis du père suffit.
En cas de décès ou d'impossibilité pour
le père de manifester sa volonté, le consentement du conseil de
famille élargi à la mère suffit. »)
- La femme n'a pas d'avis à donner sur la tutelle de
ses enfants mineurs, elle n'est plus responsable pour gérer sa famille
lorsque le mari décède car le conseil de famille prend la place
du chef de famille42(*).
Le nouveau Code est considéré par bon nombre
d'observateurs comme étant en net recul par rapport au texte de 1962(le
code du mariage et de la tutelle) puisqu'il fait prévaloir les
traditions religieuses et établit une discrimination entre la femme et
le mari et viole les droits fondamentaux des femmes et des enfants.
V- Les violences faites aux
femmes comme freins à leur autonomisation
A. Quelques violences faites aux
femmes
La violence contre la femme existe dans toutes les
sociétés maliennes. Elle est ancrée dans les
mentalités, elle se manifeste à domicile, sur le lieu de travail,
dans la rue, à travers les médias, dans la vie publique et sous
différentes formes : agressions physiques, coups et blessures
volontaires, viols, violences sexuelles, incestes, séquestrations,
mariage forcés,... elles sont présentes dans les
sociétés patriarcales où la femme occupe une position de
subordination et d'infériorité, soumise à l'exploitation
sous toutes ses formes. La femme subit quotidiennement la violence au nom de la
tradition dont les normes mal définies ne profitent qu'à ceux qui
la conservent et en jouissent : les hommes.
Ainsi les expressions de la violence sont multiples, elles se
traduisent en famille par le comportement de l'homme qui pense que la femme est
une propriété dont il peut jouir et disposer sans s'attendre
à une quelconque réaction rebelle de la part de celle-ci.
Les manifestations les plus courantes et
régulières sont entre autres, les obligations multiples
imposées par les règles traditionnelles de la vie conjugale comme
les mariages précoces et / ou forcés, les grossesses
multiples et souvent indésirées, les excessifs travaux
domestiques, le viol conjugal, les rites liées au veuvages,
l'expropriation de la femme en cas de divorce ou décès du
conjoint, le lévirat, le sororat, la confiscation totale du pouvoir de
décision à la femme...les violences faites aux femmes sont
multiples et multiformes et leurs natures sont variantes. Elles sont
très souvent accompagnées de pratiques traditionnelles
néfastes à la femme qui constituent également des formes
de violence exercées à l'encontre de la femme au nom de la
tradition et de la culture. Les plus courantes dans notre pays sont entre
autres les tatouages, scarifications, gavage, les mutilations génitales,
la diète excessive en vue du mariage etc.
B. La conséquence des violences
sur leur autonomisation
Il résulte des violences sur les femmes, des
conséquences qui se répercutent non seulement sur les femmes
(victimes) mais également sur leur famille et sur l'ensemble de la
collectivité.
a. Sur la femme elle-même
La femme qui subit la violence sur le lieu de travail, au
foyer a forcément un rendement faible du fait qu'elle sera moins
concentrée sur son travail, elle saisit chaque opportunité pour
se soustraire aux jugements. La violence a un aspect négatif sur la
promotion professionnelle de la femme, cette situation peut à la longue
entrainer une perte d'emploi.
La femme ayant subi des violences est si faible
psychologiquement qu'elle sera vulnérable du fait qu'elle se
culpabilisera chaque fois, ce qui l'amène à se dévaloriser
et à se sous-estimer faisant ainsi perdre son estime de soi, la rendant
alors encore soumise et dépendante.
La violence contre les femmes restreint à leur
égard un des droits fondamentaux de la personne à savoir le droit
à la sécurité. La violence menace la liberté de
mouvement, d'expression ..., elle mine l'estime et la confiance en soi en plus
de rabaisser la dignité humaine. Elle limite les choix et empêche
les femmes de participer au même titre que les hommes au
développement de leur pays. Quand du fait de la violence ou de la menace
qu'elle représente, les femmes ne peuvent assister à des
réunions, gagner leur vie, conserver leur revenu, participer pleinement
à des projets de développement.
Aussi, un époux dont la femme a été
harceler sera peu enclin ou sera résistant à l'implication de
cette dernière dans les activités économiques rentables
qui, nécessitent le plus souvent des voyages, et dans la gestion de la
vie publique, c'est-à-dire à exercer la politique, dans laquelle
elle sera fréquemment aux contacts des hommes.
b. Sur la famille et la
société :
Lorsque les comportements violents tendent à se
répéter d'une génération à une autre et les
enfants témoins de violence au foyer sont plus susceptibles d'être
malades, d'éprouver des difficultés sur le plan social et d'avoir
un faible rendement scolaire. Ces adultes de demain voient leur avenir remis en
cause et se jettent dans la délinquance (drogue, prostitution, vol,
...).
En ne mettant pas à profit le potentiel des femmes et
en ne leur permettant pas de participer aux projets de développement, la
société se prive de la contribution d'un grand nombre de ses
membres ; en outre l'efficience et l'efficacité des projets et
programmes s'en trouvent réduites et même leur réussite est
menacée.
En réduisant la participation de la femme, la
société perpétue l'inégalité, le manque
d'équité, l'injustice et l'insécurité au sein
d'elle-même. Pourtant tous les rapports des grandes institutions et la
4ème Conférence Mondiale sur les femmes
relèvent que le développement durable passe nécessairement
par une meilleure qualité et condition de la vie pour toutes les
personnes sans regard à leur sexe43(*).
Tant que les inégalités, les injustices et la
domination des uns sur les autres persisteront le développement durable
ne sera qu'une utopie.
Chapitre VI : Analyse
de la situation ou Analyse et interprétation des résultats de
l'enquête
I-
Résultats qualitatifs :
Voici quelques discours présentés selon leur
ordre d'enregistrement, ils proviennent des interviews faites auprès de
certains acteurs de la promotion féminine (D.N.P.F, D.R.P.F.E.F.B,
CNDIFE, etc.), des personnes sus-indiquées et de réponses
(qualitatives) contenues dans le questionnaire administré sur le
terrain :
Discours N°1 : une
présidente d'association de femmes
« Impossible de parler de la Femme malienne.
Selon qu'elles vivent en zone rurale ou en zone urbaine, dans un environnement
conservateur et traditionnaliste ou dans un environnement intellectuel, la vie
des femmes diffère. Une chose est sûre, leur vie n'est pas
aisée. Autrefois, les mamans contribuaient aux besoins de la
famille ; aujourd'hui, elles jouent un rôle
prépondérant et nécessaire à la survie. Elles sont
peu nombreuses à avoir un emploi rémunéré ou
à créer leur propre entreprise. Elles exercent majoritairement
dans le secteur informel. Leurs revenus leur permettent de nourrir la famille,
d'éduquer les enfants et d'avoir un minimum d'autonomie vis-à-vis
de leur époux. Et pourtant, à l'époque de nos
grand-mères, de nos mères, les femmes maliennes s'exprimaient.
Leur empreinte était forte. Elles se sont battues pour que le Mali
accède à la démocratie. Elles ont donné leur
poitrine aux balles. Aujourd'hui, le Code de la famille en vigueur a
dégradé le texte d'origine qui n'avait rien à envier aux
démocraties occidentales. Aujourd'hui, la société malienne
a reculé. Je reste optimiste, car sur la scène politique et dans
le monde économique, de plus en plus, des femmes émergent
et s'imposent. Nous, jeunes, sommes à la croisée des chemins,
entre tradition et modernité. Les femmes maliennes sont en bonne
voie. »
Commentaire : cette militante met en
lumière les difficultés de la femme malienne qui est diverse
selon les milieux ou selon son niveau d'instruction. Elle souligne
également sa condition de vie pas très aisée du fait
qu'elle a peu accès à l'emploi et est moins
créatrice ; cette intervenante pense que la pauvreté des
femmes maliennes leur empêche d'avoir un peu d'autonomie vis-à-vis
de leur époux mais souligne également la bravoure des
grand-mères qui ont luttées pour l'émancipation des femmes
et la démocratie au Mali. Elle pense également que le code des
personnes et de la famille constitue un recul pour la femme malienne même
si elle reste optimiste à cause de l'émergence, actuellement,
des femmes sur la scène politique et économique. En sommes cette
dirigeante d'association féminine estime que : «Les femmes
maliennes sont en bonne voie».
Discours N°2 : F. S., chef
d'entreprise dans l'A.C.I 2000
« Ce sont les femmes qui se sont toujours
levées quand le Mali était en danger. Malgré le poids
culturel et social, la vie des femmes dépend d'elles-mêmes. Elles
peuvent s'épanouir et beaucoup agissent pour émerger. Elles
ont des choses à dire et à faire. Elles savent prendre les droits
dont elles ne bénéficient pas. Il y a une vraie césure
entre celles qui vivent à Bamako et les femmes rurales. Les jeunes
urbaines ont parfois perdu le sens des valeurs fondamentales de notre culture,
alors que les rurales sont souvent envahies par le traditionalisme qui les
freine. Que ce soit au pays ou en France où je vis, on parle
d'égalité des droits, mais dans nos familles, les filles sont
éduquées à se soumettre à leur mari. C'est
ancré dans notre culture. Nous subissons une pression sociale. Le
mariage de leurs filles demeure l'objectif principal des parents, quelles que
soient les études entreprises par la jeune femme. En milieu malien, les
hommes craignent parfois l'ambition professionnelle des femmes. Ils ont peur
qu'elles ne restent pas «à leur place». Nous,
les jeunes, devons astucieusement savoir rester dans l'ombre, mais agir,
nous épanouir, sans déséquilibrer nos valeurs
socioculturelles. Inutile de prouver à ton mari que tu réussis
mieux que lui ou que tu gagnes plus que lui. Oser, travailler, atteindre nos
objectifs, sans insister, c'est respecter l'autre. Mais, chez nous, ce sont les
relations intergénérationnelles qui pèsent le plus sur les
jeunes, femmes et hommes. Quand les aînés parlent, nous
devons nous taire et nous plier à leurs décisions. Née en
France, je bénéficie, comme toutes les jeunes maliennes vivant
à l'extérieur, d'une double culture. »
Commentaire : A lecture de ce bref
discours qui étouffe à suffisance la réalité
sociale malienne ; cette chef d'entreprise veut nous parler primo, du
rôle que les femmes ont joué dans l'avènement de la
démocratie au Mali malgré le poids des facteurs socioculturels
qui les pèse. Cette femme leader fait constat que le combat des femmes
malienne et la coupure qu'existe entre celles de Bamako qui ont perdus nos
valeurs, notre culture, et les femmes rurales qui sont conservatrices. Cette
native de la France confirme que la femme malienne, que quel que soit sa
résidence, en ville ou en campagne, ou encore à
l'extérieur du pays, subit une pression sociale et culturelle qui
l'apprend à se soumettre au mari ; elle pense également
qu'au Mali, les hommes ont peur de l'ambition professionnelle de la femme et se
soucient de la stabilité de femme au foyer. Elle finit par les conseils
à l'endroit de la nouvelle génération : les
jeunes.
Discours N°3 : une fonctionnaire
dans la promotion féminine.
« Au sein de la société civile,
les femmes sont organisées en faîtières, coalitions ou
plateformes, mais elles ne s'impliquent souvent que pour les questions de
genre. Elles jouent un rôle politique, mais le système est
hiérarchisé, dominé par les hommes. Malgré leur
présence dans tous les secteurs de production, les femmes maliennes
n'accèdent que très peu aux actifs de production, au
contrôle et à la gestion des ressources. Les femmes sont
conditionnées par la pauvreté et par le poids de certaines
traditions culturelles et religieuses qui entravent leur avancée. Trop
d'hommes les méprisent, et n'hésitent pas à utiliser les
violences verbales et physiques pour les intimider. Elles payent un lourd
tribut à la persistance de certaines pratiques
coutumières. L'excision, les mariages précoces et ou
forcés sont autant de violences qu'elles subissent, surtout en milieu
rural.
À cause de la faiblesse du statut juridique et
social de la femme, elles ne sont toujours pas en mesure de prendre les
décisions importantes pour leur propre santé et survie. Les us et
coutumes attribuent ce rôle au chef de famille, qui est souvent
différent du conjoint. Le droit coutumier leur est souvent
défavorable. Il est appliqué en milieu rural au détriment
de la loi, notamment en ce qui concerne la succession sur le foncier.
Malgré cet état de fait, les femmes maliennes savent
agir. »
Commentaire : cette fonctionnaire
souligne l'organisation des femmes dans divers groupements insoucieuses des
questions de genre et souligne la domination des hommes au sein de ces
groupements et plateformes. Elle pense également que les femmes sont
à tous les niveaux d'activités mais accèdent moins aux
actifs de production qu'elles ne gèrent et contrôlent pas. Cette
intervenante affirme que les femmes souffrent surtout en milieu rural, de la
pauvreté, des traditions et de certaines pratiques néfastes
à leur santé ainsi que de leur statut juridique qui ne les donne
pas l'opportunité de prendre par elle-même les décisions
importantes les concernant et qui donne leur sort aux maris qui les
méprisent.
Discours N°4 : une fonctionnaire
dans la promotion de la femme.
« La vie de la femme
malienne n'est pas un long fleuve tranquille. Elle est encastrée
entre les murs, les obstacles et les conditions peu enviables que les
traditions lui ont façonnés. «La femme est un esclave»,
dit cet adage bien d'ici. L'esclave de l'homme auquel elle doit
obéissance. Homme qui la laisse trimer sous l'ardent soleil, effectuer
de durs labeurs, des travaux des champs, tenir un petit commerce, enfant au dos
et ventre rebondi par une grossesse en cours. L'avenir ne semble point
rayonnant pour la femme malienne. Elle n'est toujours pas
protégée par la loi.
Heureusement, lettrée ou pas, la Malienne est une
battante. Elle a cette hargne qui lui dicte de se battre pour que la vie de ses
enfants soit meilleure... Ma mère n'était pas allée
à l'école, mais elle s'est battue pour que j'y aille, pour que
j'y reste et que je réussisse, comme mes autres frères et soeurs.
Nous avons tous fait et réussi des études supérieures. Je
me suis battue et je me bats toujours autant qu'elle, car c'est important pour
le Mali. Chaque femme est une chance pour le Mali. L'Etat doit en prendre
conscience, et penser à aider les Maliennes, car ce sont des
battantes. »
Commentaire : cette autre travailleuse
de la promotion féminine explique la difficile existence de la femme
malienne qui dit-elle, est peu enviable entre une éducation
traditionnelle socialisatrice à l'esclave de la femme,
l'obéissance aveugle à l'homme et ses pénibles travaux
domestiques et champêtres. Cette répondante évoque
également l'insécurité légale de la femme et finit
par affirmer que la femme malienne est une battante, se tue pour l'avenir de
ses enfants en prenant l'exemple sur la bravoure de sa mère. En somme,
cette intervenante a foi en la femme malienne qui se bat toujours malgré
les pesanteurs socio-culturelles qui pèse sur elle et estime que Chaque
femme est une chance pour le Mali car dit-elle, « ce sont des
battantes ».
Discours N°5 : une jeune
femme de Lafiabougou.
« Je suis étudiante et j'habite à
Lafiabougou ; la situation de la femme malienne au regard de nos us et
coutumes, est inquiétante. L'homme est toujours en ce
21èmesiècle, le maitre de la famille au Mali, elle a
besoin de l'autorisation de celui-ci pour faire tout ce qu'elle a besoin de
faire surtout lorsqu'elle est en couple. Et quand elle n'est pas en couple, la
femme se heurte encore au veto des parents qui ne la laissent pas en
liberté comme les garçons, par exemple voyager, entreprendre
certains métiers hors de ceux en relation avec la cuisine, et même
vendre au marché à l'extrême. Malheureusement, notre
société justifie le plus souvent ces vetos, cette discrimination
par la religion qui se mélange à mon avis à notre
tradition encore en défaveur de nous femmes du Mali. »
Commentaire : cette étudiante
nous parle de la situation de la femme malienne au foyer et en famille qu'elle
trouve inquiétante et qui, à la lecture de son intervention
considère la femme comme une « éternelle
mineure » qui doit demander l'aval du tuteur (selon qu'elle soit
en couple ou non) pour pouvoir faire ses choix, ses activités
importantes. Cette jeune femme déplore que cet état des choses
soit justifié dans notre société au nom de la religion ou
de la tradition qui favorise l'homme par rapport à la
femme ».
Discours N°5 : une
commerçante au marché d'Hamdallaye
« Je suis commerçante au marché
d'Hamdallaye, mère quatre (4) enfants et je suis dans ce quartier il y a
dix(10) ans de cela. La femme doit être autonome car l'homme et la femme
doivent se compléter dans la famille, par contre si la femme est
à la merci de l'époux, le poids du foyer sera d'un seul
côté et c'est ce que les hommes veulent, aiment se vanter de cela
alors que la femme aussi a besoin de se sentir importante. Chez les hommes
compréhensifs, on ne voit celui assure les besoins de la famille car
chacun contribue de son côté et la balance est
équilibré ; au pire des cas, quand l'homme est au
chômage et que la femme est active, celui-ci est couvert par la femme.
Les femmes intellectuelles sont peu nombreuses ; et
en ce qui me concerne, mon mari ne voit aucun mal que je puisse me
débrouiller ici au marché par ce que je suis sur place et par
ailleurs, même si je voudrai essayer la politique, je ne sais pas s'il va
l'accepter mais je suis sûre et certaine qu'il ne me laissera pas dans
les réunions infinissables jusqu'à 20 Heures même si c'est
un droit pour moi et il est de mon devoir d'épouses de l'obéir,
il est avant tout le chef de notre famille. »
Commentaire : cette commerçante
et mère d'enfants nous parle de l'autonomie de la femme et sa
nécessité dans le foyer. Elle nous confie que son époux ne
l'empêche pas de vendre sur place au marché, ce qui laisse
sous-entendre que si elle était ambulante, il s'y serait opposé.
Elle nous confie également qu'elle ignore si son époux acceptera
son entrée dans la politique au motif que ce dernier ne la laissera pas
dans les réunions à une certaines périodes et elle
obéit cette autorité du mari pour la bonne marche de la
famille.
Discours N°6: L.D., un vieux
retraité à Lafiabougou.
« J'ai 65 ans et je suis un retraité des
chemins de fer, je suis parmi les premiers occupants de Lafiabougou. Bamako est
la capitale, c'est à Bamako qu'habite et a habité toutes les
premières dames, c'est elles qui transmet les besoins des femmes
à son mari(le président de la République). Toi-même
vois les femmes du village par exemple, s'il y avait pas Bamako, on n'aura
jamais parlé d'émancipation de la femme dans ce pays car ce sont
certaines femmes comme Aoua Keita, Sira Diop et d'autres qui ont importé
ces notions d'émancipation et autres corollaires chez nous sinon
les femmes seraient aujourd'hui comme elles ont été dans le
temps.
Le nouveau concept de votre temps de maintenant
d'autonomie des femmes est plutôt une déroute des femmes. A
l'ère où la femme veut être un homme ou s'en comporter
c'est le monde à l'envers mais ce sont les réalités de ce
monde qui tend à sa fin ».
Commentaire : ce retraité des
rails explique le rôle de Bamako dans l'émancipation de la femme
malienne par la présence des premières dames à Bamako qui,
pour lui, sont des relais entre les autres femmes et les hautes
autorités, à ce propos, il explique que dans
l'émancipation de la femme malienne, si Bamako n'existait pas, il
fallait le créer. Cependant, il pense que c'est certaines femmes
intellectuelles qui ont ramenées le concept d'émancipation dans
notre pays que sinon que les maliennes seraient toujours à la case de
départ, en outre, le vieux retraité trouve l'autonomie de la
femme comme une débâcle, une déroute de la femme dans un
univers apocalyptique.
Discours N°7 : Une fonctionnaire
d'une des directions du M.P.F.E.F
« L'autonomisation économique est
l'essentiel de l'autonomisation des femmes maliennes. C'est un facteur pour les
autres types d'autonomisation à savoir politique et même sociale.
Les avancées ont été faites pour aider les femmes à
se détacher des hommes sinon à accéder aux mêmes
opportunités de chance et de services au même titre que les hommes
sans discrimination ; par exemple ; nous avons beaucoup salué
le FAFE qui donne la chance aux femmes de réaliser leur rêve et la
loi sur le quota que nous avons beaucoup attendu car les femmes n'ont
occupés que de postes de secrétaires à l'organisation ou
aux conflits et autres postes non affichés dans les partis politiques.
Cette loi a offert une égalité et une autonomie politique aux
femmes maliennes. »
Commentaire : cette actrice de la
promotion féminine estime que l'accent doit être mis sur
l'autonomie économique des femmes maliennes pour qu'elles retrouvent les
autres types d'autonomies comme celle politique et sociale. Elle nous note
également le FAFE et la loi sur le quota des femmes dans les postes
électifs et nominatifs comme étant des avancées faites en
faveur de l'autonomisation des femmes de notre pays.
Discours N°8 : M.B., une
étudiante- stagiaire d'Hamdallaye.
« Je suis étudiante-stagiaire et j'habite
à Hamdallaye. A mon avis Bamako a joué un rôle dans
l'émancipation de la femme malienne en ce sens qu'il est
considéré comme une plateforme où la femme a le plus de
liberté et d'opportunités. Bamako concentre le plus d'O.N.G et de
programme d'appui qui viennent en aide aux femmes afin qu'elles se prennent en
main et deviennent aussi acteurs de la société. A mon avis,
l'étape la plus importante de l'émancipation de la femme malienne
fut la nomination de la première femme à la tête du
gouvernement sous le régime d'Amadou Toumani Touré. En ce qui
concerne la femme bamakoise, elle est différente des autres femmes du
pays car elle jouit énormément de cette position de capitale qui
l'offre un facile accès aux services sociaux de base. Pour certaines,
la bamakoise représente un modèle, de par sa confiance en soi et
son indépendance, mais pour d'autres, elle constitue un danger pour
notre coutume, nos traditions. En tant que femme et résidante à
Bamako, nous réclamons l'autonomie financière mais aussi sociale
et politique. Pour ce qui sont des contraintes qui pèsent à la
fois sur la femme et à son autonomie, il faut savoir que toutes les
religions monothéistes mettent l'homme au-dessus de la femme et la
rendent dépendante de l'homme. A côté de la religion qui
entrave énormément sur la femme malienne, je pense que
l'éducation, l'instruction et l'alphabétisation de la femme sont
importante pour son épanouissement or, tout le monde sait que les femmes
sont majoritairement analphabètes et même si elles partent
à l'école, peu atteignent un certain niveau sans par des
multiples corvées qu'elles sont obligées d'effectuer à la
maison avant de faire autres choses. A côté de tout ce que je
viens dire, les femmes maliennes sont confrontés à la
résistance de leurs époux qui ne laissent pas l'accès des
opportunités économiques par pure jalousie pour ne pas
exagérer sinon par égoïsme pure et simple. Pour ma part je
suis optimiste même si notre coutume ne nous laisse pas le choix car le
gouvernement est entrain d'oeuvrer pour notre
libération. »
Commentaire : cette étudiante
estime que Bamako a joué un rôle dans l'émancipation de la
femme malienne, elle justifie son avis par le fait que cette ville est une
plateforme, un lieu où la femme a plus d'opportunités et par le
fait que Bamako abrite la quasi-totalité des structures destinées
aux femmes. L'étape la plus remarquable selon elle, a été
la nomination d'une femme à la tête du gouvernement. Elle estime
que Bamako différencie ses femmes des autres femmes du pays et nous a
confié que les bamakoises réclament l'autonomie sur les plans
financier, politique et social. Elle ajoute également que les religions
monothéistes, l'analphabétisme, les travaux domestiques et la
résistance des époux sinon leur égoïsme sont des
contraintes qui pèsent sur la femme malienne dans sa quête
d'autonomie, mais cette répondante reste tout de même optimiste au
regard des efforts gouvernementaux en faveur de l'autonomisation de la femme
malienne.
Discours N°9 : une
secrétaire de Djicoroni- Para.
« Je suis secrétaire de direction
de 27 ans et j'habite à Djicoroni-Para. Pour moi, Bamako n'a
joué aucun rôle dans l'émancipation de la femme malienne
car les femmes sont toujours à la traine, nous sommes en chômage
et pauvre. Il n'y a que des femmes à Bamako qui pensent qu'elles
revendiquent pour toutes les femmes du Mali alors qu'elles sont les seules
à tout profiter au noms des autres femmes. La femme n'est même pas
émancipée au Mali, Bamako n'a rien fait d'abord.
La femme de Bamako est différente des autres femmes
du pays car ces femmes comme par exemple, de la campagne, souffrent beaucoup
plus que nous qui sommes à Bamako ici avec presque toutes les
facilités de la villes ; or nos mères du village, des
régions perdent toujours leurs temps dans la corvée d'eau, de
bois et les travaux pénibles comme le pillage du mil et les travaux
champêtres ; nous nous avons ici les machines qui pilent à
notre place et nos maris pourvoient à nos besoins essentiels, on est
vraiment différent.
Nous les femmes de Bamako réclamons toutes les
formes d'autonomies pouvant conduire à notre plein
épanouissement. Mais la religion musulmane constitue une barrière
pour ce que nous demandons car elle nous soumet à notre époux qui
choisit le bon et le mauvais pour nous. Les femmes intellectuelles, instruites
sont peu nombreuses dans ce pays alors que l'école contribue à
notre développement sinon j'ignore comment les associations et les
manifestations peuvent contribuer à l'autonomisation des femmes. Tout
bon époux doit mettre sa femme à l'abri des coureurs de jupons et
je trouve très mauvais de laisser une femme faufiler çà et
là dans les soi-disantes associations débordées par les
hommes. Cependant, on ne doit nullement empêcher la femme d'exercer le
commerce si elles sur place ou de l'empêcher d'élever des animaux
ou des volailles. Je pense qu'une bonne femme ne doit pas penser à
s'autonomiser ».
Commentaire : cette répondante
pense que Bamako n'a joué aucun rôle dans l'émancipation de
la femme malienne ; elle justifie son point de vue par le fait que c'est
un groupuscule de femmes qui dit réclamée l'émancipation
de la malienne et qui profitent de toutes les retombées au nom des
autres femmes et elle met même en cause l'émancipation de la
malienne. Cette secrétaire de direction estime également que
Bamako offre plus de facilités aux femmes, ce qui, selon elle,
différencie la femme de Bamako des autres femmes du pays qui sont plus
occupées aux corvées d'eaux, de bois et aux travaux
pénibles. Elle soutient que les bamakoises réclament toutes les
formes d'autonomies pouvant leur assurer le bien-être, pour autant elle
confirme que la religion musulmane, l'analphabétisme, constituent des
barrières pour les femmes. Elle n'admet également pas qu'on
empêche la femme d'accéder aux opportunités même si
elle ne voit pas de mal qu'un homme empêche sa femme d'assister/
d'adhérer aux associations ou manifestations culturelles.
Discours N° 10 : un haut cadre du
M.P.F.E.F.
« Bamako étant la capitale, tous les
départements sont là, tous les ministères sont là,
toutes les organisations sont concentrées à Bamako, ce qui fait
que tous les leaders sont à Bamako. Même si les autres femmes des
régions adhèrent à l'idée mais ce qui est
sûr, c'est que la matière centrale est là à Bamako
ce qui fait que la ville abrite les sièges des organisations et des
services. Tout est coordonné à partir de Bamako. Bamako joue un
rôle de coordination et de plaidoyer dans l'émancipation de la
femme en tant capitale. Les grandes actrices de l'émancipation sont
nombreuses mais je peux te citer entre autres : Sira Diop, Aoua
Keita...
En réalité les femmes de Bamako sont
là mais la plupart des difficultés sont au niveau de la campagne.
Les femmes de Bamako, urbaines revendiquent au nom de leurs consoeurs de la
campagne au milieu rural. Les bamakoises ne sont que de meneuses, elles
coordonnent les mouvements.
Dans le contexte où nous parlons, entre guillemets,
on dit que la femme de Bamako sont des « MISOROBATIGUI »,
elles ne sont pas dans le besoin même si elles revendiquent au nom de
leurs consoeurs au niveau des régions, local. Elles militent au nom des
femmes mais les vraies cibles sont les femmes rurales.
Il y a une très grande différence/ notoire
entre la bamakoise entre ces femmes du village. La bamakoise est un peu
là à l'abri du besoin alors que leurs soeurs n'ont pas même
accès à certains trains de vie.
À mon avis, les femmes réclament
l'autonomisation économique surtout à travers financement des
AGR. L'autonomisation sociale aussi, car il faudrait que les hommes contribuent
à cela en diminuant certains pesanteurs sociaux. Elles réclament
beaucoup au niveau économique, quand leurs AGR seront financer, elles
n'embêteront plus les hommes, elles pourront se vêtir, se soigner,
assurer leur tontine eux-mêmes. Dans ces conditions elles s'occuperont
plus aisément aux enfants, à la famille.
Les femmes veulent aussi une autonomie au niveau
politique, mais l'Etat a adopté la loi sur le quota de30% pour favoriser
l'émergence politique des femmes, une façon d'obliger les hommes
à laisser certains fauteuils aux femmes.
Les pesanteurs socioculturels que sont toujours les
idées qui excluent la femme de certains activités pendant
qu'elles ont la compétence, des idées sexo-spécifiques
(ceux est pour hommes....d'autres pour les garçons) étouffe la
femme malienne.
Le code des personnes et de la famille entrave la femme
car il fait référence à des préceptes religieux qui
ne sont pas en faveur des femmes. Pour lutter contre ces pesanteurs, il faut la
sensibilisation, il faut que les hommes prennent conscience que les femmes
peuvent produire, qu'ils changent de comportement et il faut pour cela
intensifier les CCC (Communications pour le Changement de Comportement), que
les hommes s'engagent aux cotés des femmes pour éviter les
rivalités ou l'égoïsme dans le foyer. »
Commentaire : Ce haut placé du
ministère explique le rôle joué par le district de Bamako
dans l'émancipation de la femme à travers la concentration des
organisations, des O.N.G et des femmes leaders à Bamako; ils pensent que
cette ville a joué un rôle de coordination et de plaidoyer dans
l'émancipation de la femme malienne. Il ajoute que les femmes du
district militent pour la cause des femmes du pays.
Ce cadre répète l'appellation
« misôrôbatigui » attribuée aux
bamakoises et pense qu'elles sont différente des autres femmes car
dit-il « elles ne sont pas dans le besoin » et du fait
qu'elles accèdent facilement aux services sociaux de base contrairement
aux autres femmes.
Ce répondant estime que les femmes réclament
plus l'autonomie économique, sociale et politique et évoque un
peu d'une avancée sur le plan politique (quota de 30% des postes), il
termine par les contraintes qui pèsent sur l'autonomisation de la femme,
à cet effet, il nous parle des idées sexo-spécifique qui
excluent les femmes de certaines activités, le code des personnes et des
familles qui s'inspire de la religion. Pour lutter contre ces pesanteurs, il
préconise la sensibilisation et la communication pour le changement de
comportement.
II- Résultats
quantitatifs :
Ils proviennent des questions semi-fermées de notre
questionnaire adressé à un échantillon de 80 personnes
dont 40 hommes et 40 femmes.
Tableau N° 12:
genre d'autonomie réclamée par les femmes
Sexe
T.R*
|
Homme
|
Femme
|
Total
|
Autonomie Financière
|
01
|
1.25%
|
17
|
21.25%
|
18
|
22.5%
|
Autonomie Politique
|
02
|
2.5%
|
03
|
3.75%
|
05
|
6.25%
|
Autonomie Socioculturelle
|
22
|
27.5%
|
09
|
11.25%
|
31
|
38.75%
|
Toutes Les Propositions
|
15
|
18.75%
|
11
|
13.75%
|
26
|
32.5%
|
Total
|
40
|
50%
|
40
|
50%
|
80
|
100%
|
Source : Enquête personnelle, mai
2016
T.R : Type de réponse
Ce tableau nous donne l'avis des enquêtés sur le
genre d'autonomie réclamée par les femmes. Ainsi, il ressort le
constat suivant :
- 1.25% d'hommes pensent que les femmes réclament une
autonomie financière contre 21.25% de femmes ;
-3.75% de femmes et 2.5% d'hommes enquêtés
affirment que les femmes réclament une autonomie politique ;
-27.5% d'hommes et11.25 % de femmes interrogés estiment
que les femmes recherchent une autonomie socioculturelle ;
- et enfin, 18.75% d'hommes et13.75% de femmes
enquêtés ont la conviction que tous ces genres d'autonomies
suscitées sont aujourd'hui réclamés par les femmes.
Tableau N° 13:
contenu donnée à l'autonomie
T.R*
Sexe
|
Plus de liberté dans foyer
|
Egalité avec l'homme dans foyer
|
Titre de 2èmechef de famille
|
|
Oui
|
Non
|
Total
|
Oui
|
Non
|
Total
|
Oui
|
Non
|
Total
|
HOMME
|
26
|
14
|
40
|
20
|
20
|
40
|
23
|
17
|
40
|
FEMME
|
20
|
20
|
40
|
21
|
19
|
40
|
12
|
28
|
40
|
Source : enquête personnelle, juin
2016
T.R : Type de Réponse
Ce tableau nous renseigne à travers les réponses
des enquêtées sur le contenu pouvant donner à l'autonomie
de la femme. Ainsi, en mettant ce tableau en revue, nous
constatons que :
-26 hommes pensent que plus de liberté dans le foyer
est un contenu de l'autonomie de la femme, par contre 14 ont répondu
négativement.
-les femmes quant à elles sont partagées, en
effet, 20 donnent plus de liberté dans le foyer comme contenu de
l'autonomie de la femme contre 20 autres femmes qui pensent le contraire.
Quand il s'agit de considérer l'égalité
avec l'homme dans le foyer comme faisant partie du contenu de l'autonomie de la
femme ; 20 hommes ont répondu favorablement et 20 autres,
négativement. Et 21 femmes répondent également Oui et 19,
Non.
Enfin, 23 hommes donnent le titre de 2eme chef de
famille comme contenu de l'autonomie de la femme contre 17 hommes qui ont
répondu par la négative, estimant que ce titre n'est pas le
contenu de l'autonomie.
28 femmes ont répondu Non quand il s'agit de
considérer le titre de 2èmechef de famille comme
contenu de leur autonomie ; Par contre, 12 ont répondu
positivement.
Ce tableau confirme une réalité malienne de
l'atrocité du genre masculin qui veut priver la femme de toutes les
libertés dans le couple, qui refuse toute hiérarchisation/
égalité avec la femme ; il témoigne également
la soumission, la résignation des femmes qui se plaisent aussi
d'être l'esclave de l'homme, le sexe faible/ inferieur et qui voient mal
ou n'admettent pas le concept d'autonomie appliqué à la femme.
Tableau N°14:
contraintes religieuses
T.R*
SEXE
|
OUI
|
NON
|
TOTAL
|
HOMME
|
22
|
27.5%
|
18
|
22.5%
|
40
|
50%
|
FEMME
|
14
|
17.5%
|
26
|
32.5%
|
40
|
50%
|
TOTAL
|
36
|
45%
|
44
|
55%
|
80
|
100%
|
Source : enquête personnelle, juin
2016
T.R : Type de Réponse
A la lecture de ce tableau il apparait que 27.5% des hommes
pensent que la religion est une contrainte qui pèse sur l'autonomie de
la femme tandis que 22.5% pensent le contraire. Outre, 17.5% des femmes ont
également répondu Oui, affirmant ainsi que la religion constitue
une contrainte qui tare l'autonomisation de la femme contre 32.5% qui ont
répondu par la négative.
Il sied de remarquer que cette majorité (55%) des
enquêtés à exclure la religion comme contrainte à
l'autonomie de la femme se comprend très aisément si nous
constatons le degré de conservatisme et
« d'islamisme » des maliens et des maliennes. Certains ne
voient et n'acceptent même pas d'imaginer que leur région peut
constituer à travers les différents percepts et enseignements,
une contrainte à l'autonomisation de la femme et trouvent tout à
fait normal que la femme soit « à la merci » de
l'homme. Par contre, Ils ne sont que très peu (45%)à reconnaitre
parfaitement cette revers de la médaille.
Tableau N°15
:contraintes familiales
Sexe
T.R*
|
HOMMES
|
FEMMES
|
|
Oui
|
Non
|
Total
|
Oui
|
Non
|
Total
|
De la part du mari
|
26
|
32.5%
|
14
|
17.5%
|
40
|
50%
|
26
|
32.5%
|
14
|
17.5%
|
40
|
50%
|
De la part d'autres membres de la famille
|
22
|
27.5%
|
18
|
22.5%
|
40
|
50%
|
05
|
6.85%
|
35
|
43.75%
|
40
|
50%
|
Total
|
48
|
60%
|
32
|
40%
|
80
|
100%
|
31
|
38.75%
|
49
|
61.25%
|
80
|
100%
|
Source : enquête personnelle, juin
2016
T.R : Type de Réponse
A la lecture de ce tableau, nous constatons que 32.5% des
hommes enquêtés pensent que les contraintes familiales viennent du
mari dans la famille contre 17.5% qui disent le contraire .quant à
l'avis des femmes, elles sont également 32.5% à répondre
par l'affirmative que les contraintes familiales viennent de la part du mari
contre également 17.5% d'entre elles qui pensent l'antithèse.
De ce premier point nous remarquons une unanimité
d'avis et de positions entre hommes et femmes (avec les mêmes
pourcentages de pour et contre) en ce qui concerne la source des contraintes
familiales vis-à-vis du mari.
Ensuite, 27.5% des hommes ont répondu par l'affirmative
quant à la provenance des contraintes de la part d'autres membres de la
famille contre 22.5% d'hommes qui ont répondu la thèse
négative. Les femmes sont seulement 6.85% à répondre Oui,
soutenir que les contraintes sur elles proviennent d'autres membres de la
famille (tel que les grands parents, belle-mère, etc.) ; par
contre, 43.75% des femmes estiment que seul leur mari peut leurs exercer des
contraintes de nature à peser sur leur autonomie et ont de ce fait
répondu Non.
Tableau N° 16 :
les contraintes socioculturelles
T.R*
SEXE
|
Considération de la femme comme être
inférieure
|
Surcharge ménagère
|
Négation du droit à l'éducation de la
fille
|
Ne pas adhérer aux associations et assister aux
manifestations culturelles
|
OUI
|
NON
|
Total
|
OUI
|
NON
|
Total
|
Oui
|
Non
|
Total
|
Oui
|
Non
|
Total
|
HOMMES
|
30
|
10
|
40
|
18
|
22
|
40
|
20
|
20
|
40
|
23
|
17
|
40
|
FEMMES
|
24
|
16
|
40
|
19
|
21
|
40
|
29
|
11
|
40
|
11
|
29
|
40
|
TOTAL
|
54
|
26
|
80
|
37
|
43
|
80
|
49
|
31
|
80
|
34
|
46
|
80
|
Source : enquête personnelle, juin
2016
T.R : Type de Réponse
A l'analyse de ce tableau, il ressort des 40 hommes
enquêtés, 30 qui considèrent que
« l'infériorisation » de la femme constitue une
contrainte socioculturelle contre 10 qui ont répondu par la
négative. Quant aux femmes, elles sont 24 à dire que le fait de
considérer la femme comme être inférieur constitue une
contrainte socioculturelle contre 16 qui ont répondu par la
négative.
Cette tendance féminine à répondre non,
est le témoignage d'un conservatisme et d'une idéologie de
soumission des femmes enquêtées, voire du contentement de leurs
places ou statut subalterne par rapport à l'homme et dans la
société. Il en est de même pour les hommes qui ne sont 10
à reconnaitre la femme comme un être égal est la
manifestation d'une idéologie de supériorité du genre
masculin par rapport au sexe féminin. Ces deux idéologies sont
enseignées, soutenues et entretenues par et dans notre
société.
Ensuite, parlant de la surcharge ménagère comme
contrainte socioculturelle, 19 femmes ont répondu Oui contre 21.Quant
aux hommes, ils sont 18 à affirmer que la surcharge
ménagère constitue une contrainte, un obstacle à
l'autonomie de la femme contre 22 hommes qui soutiennent la thèse
inverse.
Il convient d'attirer l'attention sur le fait que les femmes
qui ont répondu par l'affirmative n'ont très
généralement pas d'aide-ménagères à la
maison ; par ailleurs, les femmes soutenant que la surcharge
ménagère ne constitue pas une contrainte à leur
autonomisation argumentent très souvent qu' « elles
ont des bonnes qui les aident dans ces travaux » ou
répondent tout simplement que « c'est une question de
programmation », autrement, si une femme se programme bien, les
corvées ménagères dont il s'agit ne peuvent en aucun cas
l'empêcher de faire quoi que ce soit. Quant à la proportion
très importante des hommes enquêtés (22/40) qui pensent que
la surcharge ménagère n'est pas une contrainte à
l'autonomie de la femme, leur agissement découle de la division du
travail selon le sexe qui attribue les travaux ménagers aux femmes, ce
qui fait que ces hommes n'y voient aucun mal dans cet état de fait et
trouvent même cela normal.
S'agissant de la négation du droit à
l'éducation de la femme/fille comme contrainte socioculturelle, l'avis
des hommes est paritairement partagé car ils sont 20 à
répondre Oui et 20, Non. Cependant un plus grand nombre de femmes
s'accordent sur le fait que la négation du droit à
l'éducation des filles est une réelle contraintes
socioculturelles, elles sont 29 à soutenir cette thèse contre 11
à dire le contraire. Les femmes soutenant l'éducation des filles
maitrisent la célèbre maxime à
coeur : « quand une femme est instruite, c'est une
famille qui l'est, un quartier, un village et toute la nation
entière ». Par contre, celles qui ne favorisent pas trop
l'école des filles ont aussi leur
argument : « beaucoup de femmes s'en sont sorties alors
qu'elles n'étaient pas instruites. Il y a de grandes commerçantes
qui n'ont pas été à l'école et pourtant ça
va chez elles ».
Quant à cet avis qui divise les hommes à ce
sujet, à mon avis, est dû leur degré de
compréhension, il en va de soi que l'avis d'un homme n'ayant pas
fréquenté l'école diffère de celui qui a un certain
niveau d'instruction.
Enfin, quant au fait de ne pas laisser les femmes
adhérer aux associations et assister aux manifestations culturelles, 23
hommes ont répondu OUI disant ainsi que cet état de fait
constitue une contrainte socioculturelle contre 17 qui ont répondu par
la négative. Par ailleurs 11 femmes sont d'accord que le fait
d'empêcher la femme d'adhérer aux associations et assister aux
manifestations culturelles constitue des obstacles socioculturels contre une
majorité qualifiée de 29 femmes qui ont répondu Non
corroborant la thèse contraire.
Ce résultat n'est guère surprenant, les hommes
ayant répondu par l'affirmative soulignent très souvent
l'importance des associations sur l'autonomisation des femmes même s'ils
sont partagés sur l'assistance des femmes aux manifestations culturelles
car la quasi-totalité des hommes (voire ceux qui ont répondu par
NON) estiment que les femmes profitent des manifestations pour perdurer en
ville alors que les réunions associatives ont une fin. Par contre les
hommes n'ayant soutenu que l'interdiction des femmes d'adhérer aux
associations et d'assister aux manifestations culturelles est une contrainte
à leur autonomie justifie leur négation pour la plupart par les
propos du genre : « les associations sont leur alibi
pour sortir » ou « les associations les
révoltent contre nous les hommes » ou
encore « ces choses leurs sont inutiles ».
En ce qui concerne les femmes sur ce point, comme chez les
hommes, celles qui soutiennent la thèse s'appuient sur l'importance des
associations et des manifestations culturelles pour dire OUI, par contre celles
qui affirment l'avis contraire nous ont tenu le plus souvent ce discours de
soumission et d'enfance : « un époux sait mieux
ce qui est bon ou mauvais pour sa femme ; s'il estime que tu ne dois pas
adhérer aux associations ni d'assister aux manifestations, c'est ce qui
bien et on doit l'obéir » pour dire qu' interdire
l'adhésion de la femme à une association et l'interdire les
manifestation ne constituent pas des entraves à son
autonomie.
Tableau N°17:
contraintes économiques
SEXE
T.R*
|
HOMMES
|
FEMMES
|
Total
|
Oui
|
Non
|
Oui
|
Non
|
Ne pas pouvoir être propriétaire de terre
|
40
|
0
|
40
|
0
|
80
|
Ne pas pouvoir exercer le commerce
|
40
|
0
|
40
|
0
|
80
|
Ne pas pouvoir élever des animaux
|
40
|
0
|
40
|
0
|
80
|
Source : enquête personnelle, juin
2016
T.R: Type de Réponse
A la lecture de ce tableau, on est frappé par
l'unanimité totale et incontestable qu'ont les enquêtés sur
le fait pour les femmes de ne pas pouvoir accéder aux
opportunités économiques telles que la propriété
des terre, l'exercice des activités commerciales et le pouvoir
d'élever des animaux constitue des contraintes d'ordre
économiques qui entravent l'autonomisation de la femme.
Tableau N° 18 :
l'avenir de l'autonomisation de la femme malienne
T.R*
SEXE
|
Mythe
|
Espoir
|
TOTAL
|
Hommes
|
08
|
10%
|
32
|
40%
|
40
|
50%
|
Femmes
|
12
|
15%
|
28
|
35%
|
40
|
50%
|
Total
|
20
|
25%
|
60
|
75%
|
80
|
100%
|
Source : enquête personnelle,
juin 2016
T.R: Type de Réponse
Lorsque nous mettons ce tableau sur la loupe, on constate que
10% des hommes pensent que l'autonomisation de la femme malienne est un mythe
contre 15% des femmes enquêtées. Par contre 40% des hommes et 35%
des femmes interrogées pensent que cette autonomisation de la femme
malienne est un espoir.
Ces hommes et femmes interrogés (25%) qui voient
l'autonomisation de la femme malienne d'un mauvais oeil, comme un mythe sont
accrochés à la tradition et s'appuient sur le rapport de
domination très soutenu de l'homme sur la femme au Mali ; par
contre, ceux ou celles qui réservent un lieur d'espoir (75%) à
l'autonomisation de la malienne s'appuient surtout sur les efforts
déployés par le gouvernement et des associations
féminines dans ce sens même s'ils ne contestent pas le poids de la
tradition qui pèsent lourdement sur elle dans ce processus.
III-Synthèse et
Discussion des résultats :
L'hypothèse selon lequel le District de Bamako a
joué un grand rôle dans l'émancipation de la femme
malienne, 50 personnes, soit 62.5% des personnes interrogées confirment
que le district de Bamako a joué un rôle énorme dans
l'émancipation de la femme malienne. Ces personnes interrogées
soutiennent cette hypothèse avec des arguments qui suivent :
- les institutions chargées des femmes sont toutes
à Bamako et cela a joué en faveur de leur
l'émancipation ;
- à Bamako, les femmes sont libres et
émancipées et cela grâce à sa position
centrale ;
- la création des associations féminines est
plus facile à Bamako ; et que cela favorise mieux la
réclamation des droits des femmes ;
- le District de Bamako a reconnu les droits des femmes et
c'est à Bamako que la femme malienne est plus libre ;
- c'est dans cette ville qu'existent plusieurs centres d'appui
et d'aides des femmes maliennes ;
- toutes les structures chargées de maux
féminins sont concentrées à Bamako, ce qui fait c'est
à Bamako que tous les progrès des femmes maliennes commencent
à Bamako ;
- Bamako étant la capitale, c'est le lieu où
toutes les décisions importantes concernant les femmes sont
prises ; certains ajoutent même le fait que la première dame
y réside ;
- Les droits des femmes sont respectés à Bamako,
elles y ont plus d'opportunités ; d'autres pensent que c'est Bamako
qui a donné à la femme sa place ;
- Bamako a défendu les droits des enfants ;
- C'est à Bamako que la priorité est
donnée aux femmes aux femmes dans les différents besoins sociaux,
tel que l'intégration des femmes à la fonction publique et leur
accès facile aux infrastructures de base (santé,
éducation, etc.) ;
- Les centres de formation et d'alphabétisation des
femmes ont vu le jour avec les autorités de Bamako ;
- Bamako a joué son rôle dans
l'émancipation de la femme malienne à travers la sensibilisation
médiatique (radio, TV, etc.) ;
- Toutes les activités concernant les femmes sont
menées de Bamako vers les autres villes ;
- Bamako est le centre où tout se discute, y compris
les problèmes féminines et c'est le lieu de brassage et de
décision pour toutes les femmes du pays ;
- C'est à Bamako que les femmes maliennes
reçoivent le plus d'appui ;
- Bamako, constitue une plateforme où la femme a le
plus de liberté et d'opportunité ;
- C'est le lieu où se résolvent les soucis des
femmes maliennes.
Cependant, il y a 13.75% des enquêtés qui ont
affirmés que le District de Bamako n'a joué aucun rôle dans
l'émancipation des maliennes. Certains d'entre eux estiment qu'on ne
peut et doit même pas parler d'émancipation de la femme malienne.
Ils motivent également leurs opinions par le fait que :
- Bamako n'a rien servi pour les femmes maliennes car ce sont
les seules bamakoises qui sont émancipés alors qu'il y a une
majorité de femmes qui sont à la traine ;
- Qu'il y a plus de femmes pauvres et que Bamako n'a
joué aucun rôle dans l'émancipation de la femme
malienne ;
- Les femmes sont toujours pauvres au Mali, c'est une
poignée de femme qui en profite au nom des autres femmes du Mali que
l'émancipation ne profite qu'aux femmes intellectuelles,
« misôrôbatigui » ;
- Il y a beaucoup de femme au chômage, inactif et
pauvre ;
- La femme malienne est toujours à la traine car
les femmes souffrent et arrivent à peine à s'assurer de leurs
besoins essentiels ;
Enfin, quant au restant de 23.75% de personnes qui n'ont pas
répondues à la question, nous estimons que cela est dû
à la technicité des questions et à l'illettrisme de cette
portion de la population enquêtée.
Nous pensons qu'aux regards des chiffres nettement favorables
(62.5% des personnes enquêtées) à l'idée que le
District de Bamako a joué un grand rôle dans l'émancipation
de la femme malienne ; cette hypothèse est confirmée.
Quant à l'hypothèse selon lequel les femmes du
District de Bamako incarnent des facteurs de changement et réclament une
autonomie sur les plans économiques, politiques et social ; 59
personnes soit 73,75% des enquêtés la confirme, et 27,25% restant
de personnes enquêtés soit 21 personnes n'ont pas de positions sur
cette réponse anticipée ; cette couche silencieuse des
enquêtés à propos de cette hypothèse est simplement
indifférente et n'infirme nulle pat encore cette hypothèse.
La majorité des enquêtés (73.75%) qui
soutient qu'effectivement que les bamakoises incarnent des facteurs de
changement pensent globalement que la femme est et/ ou représente
la :
- porte-parole des sans-voix(les femmes du village et des
campagnes) ;
- femme qu'est libre, connait et revendique ses droits, c'est
une élite ;
- femme un peu en l'avance sur les autres femmes, elle est le
plus émancipée par rapport aux autres femmes ;
- la femme battante car elle joue rôle important dans la
famille ;
- la vitrine des autres femmes et qu'elle est plus
civilisée ;
- femme libre, insoumise aux travaux durs des champs, de
recherche de bois et d'eau... ;
- une modèle et une entrepreneuse ;
- femme battante qui s'emploie dans tous les secteurs
d'activités de la vie ;
- la présidente des autres femmes de par sa grande
liberté d'action ;
- l'étoile des autres femmes du pays car
dépassant toutes les consoeurs du pays ;
- la femme civilisée, revendicatrice et active dans les
associations
- le guide, l'informatrice des autres sur les défis du
moment ;
- la femme leader, travailleuse et riche, c'est la femme
idéale aux yeux de leurs homologues de la campagne ;
- la présidente de toutes les femmes du Mali et c'est
leur coordonnatrice ;
- le prototype de femme émancipée, et elle est
la patronne, la porte-parole car mieux écouté et mieux instruite
et ayant en contact avec le monde.
En guise de résumé, cette dame de l'A.C.I. 2000
de 43 ans répond : « à mon avis, la
femme du district de Bamako représente un modèle de par son
indépendance et sa confiance en soi et elle est de nos jours, une vraie
force unie pouvant à tout moment amener le changement car elle a toutes
les chances et tous les atouts : elle est instruite, présente dans
les partis politique et dans la quasi-totalité des secteurs
d'activités aussi bien dans le primaire, le secondaire que dans le
tertiaire ». Mais cette autre femme de Lassa, bien que
reconnaissant les atouts de la bamakoise, nous confie
ceci : « en terme de moyenne, si je dois noter la femme
de Bamako, je lui donnerai 02 sur 10 car sa quête de changement l'a fait
oublier son foyer et ses enfants ».
En ce qui concerne la quête d'autonomie de la bamakoise,
22.5% des enquêtés (soit 18 personnes) ont estimées que les
femmes du District de Bamako réclament l'autonomie sur le plan
financière. Ils ne sont dans la même veine, que 5
enquêtés sur un effectif de 80(soit 6.25%) à dire que la
femme du district de Bamako est à la quête d'une autonomie
politique ; en plus, une majorité des enquêtés
(38.75%) s'accorde sur l'idée que les bamakoises réclament une
autonomie sur le plan socioculturel.
En dépit de ces avis tant partagés, il existe
une frange de la population enquêtée non négligeable
(32.5%) qui ne dissocie pas les types d'autonomie que réclament les
femmes de Bamako. Elle pense effectivement que les bamakoises prétendent
une autonomie non seulement sur le plan économique, politique mais aussi
sur le plan socioculturel.
A ce niveau encore, cette hypothèse selon laquelle les
femmes de Bamako réclament une autonomie sur les plans
économique, politique et social se trouve confirmée.
En dehors de cette confirmation, les chiffres nous invitent
à constater que les femmes de Bamako sollicitent le plus une autonomie
socioculturelle (38.75%). Ce constat tient à la position
hiérarchique et sociale de la femme dans notre société qui
la laisse sous le joug de l'homme qui, traditionnellement est chargé de
l'entretenir comme une mineure ; ce qui bloque très souvent ses
possibilités d'épanouissement sur les autres plans
(économique et politique) car se heurtant aux vétos de son tuteur
(son époux le souvent ou ses parents...).
Enfin, par rapport à l'hypothèse selon laquelle
les contraintes exercées par la tradition sur la femme malienne dans sa
quête d'autonomie sont nombreuses et complexes ; l'enquête
menée auprès de la population de la commune IV et des acteurs de
la promotion féminines nous confirme que les contraintes traditionnelles
pesant sur la femme malienne dans sa quête d'autonomie sont à
divers ordres et complexes.
Aux regards des résultats, les contraintes sont d'ordre
religieux, familial, socioculturel et économique et se manifestent
différemment.
En effet, 45% des enquêtés ont affirmés
que la religion est une contrainte qui pèse sur l'autonomie de la femme
malienne et ils pensent le plus souvent que la religion ainsi que ses
préceptes véhiculent et éduquent la soumission de la femme
à son mari ; à ce propos une femme mariée de 26 ans
à Sibiribougou explique que : « la religion
musulmane recommande à une femme de demander l'autorisation de sortir ou
de faire tout autre chose à son mari. Certains disent même que la
femme ne doit pas se rendre aux funérailles d'un des parents
(père ou mère) sans attendre l'aval de son époux
absent ». L'avis de cette dame est corroboré par
l'enseignement prêché par ce prêcheur de Lafiabougou qui
nous a confié cela : « (...) si un humain devait
se prosterner à un autre, la femme le fera à son
mari ».
En ce qui concerne les contraintes familiales, les
enquêtés les ont situé à divers horizons. 32.5%
d'hommes et de femmes enquêtés les ont situés de la part du
mari ; par contre, 6.85 de femmes et 27.5% d'hommes enquêtés
ont affirmés que les contraintes familiales proviennent d'autres membres
de la famille. Même si leurs provenances diffèrent, les
enquêtés ont soulignés des pressions, des
découragements et des interdictions familiales que subissent les femmes
maliennes au cours de leur quête d'autonomie (quand il s'agit par exemple
pour la femme de faire le commerce).
Les enquêtés ont également fait part des
contraintes socioculturelles qui vont de l'infériorisation de la femme,
à la surcharge ménagère, la négation du droit
à l'éducation de la femme/ fille et à l'interdiction
d'adhésion aux associations et d'assister aux manifestations
culturelles. Ils ont relevé des contraintes d'ordre économique
qui se manifestent par l'interdiction d'accès des femmes aux
opportunités économiques comme l'empêcher de ne pas pouvoir
être propriétaire de terre, d'exercer le commerce et de pouvoir
élever des animaux.
Nous estimons que cette hypothèse selon laquelle les
contraintes exercées par la tradition sur la femme malienne dans sa
quête d'autonomie sont nombreuses et complexes se trouve
également confirmée si nous faisons la remarque la
présence dans les résultats de l'enquête, des contraintes
religieuses, familiales, socioculturelles et même des contraintes d'ordre
économique avec des manifestations différentes, d'où leur
complexité.
CONCLUSION :
En mettant en filigrane toutes les parties de notre devoir, on
est frappé d'abord par l'historique de l'émancipation de femme
malienne dont quelques associations et mouvements féministes, à
des époques différents, ont été les meneurs de ce
combat à partir de Bamako.
En effet, depuis les
indépendances jusqu'à l'ère de la démocratie
(1991), ces associations et mouvements féminines se sont
succédés et constitués en lobbies pour faire en sorte que
les préoccupations des femmes soient prises en compte dont la plus
épineuse dans une société patriarcale comme la nôtre
a été celle de l'émancipation de la femme.
Ces associations, toutes initiées à Bamako, ont
contribué à l'éveil de leurs soeurs illettrées des
campagnes et des régions. Elles se sont également
organisées de sorte que leur siège (Bamako) a servi de canal de
décision, de transmission des idées importantes sur la question
féminine car, avait plus de femmes lettrées, intellectuelles
comparativement au reste du pays. En outre, leur lobbying a contribué
à une implication des autorités au plan politique avec la
création de différentes institutions au service des femmes.
Ensuite, on est hâté par la mise en relief de
l'image, la conditions de la femme malienne en général et celle
du district de Bamako en particulier dont la situation n'est pas trop enviable
du fait des coutumes maliennes qui la considère comme inférieure
à l'homme et devant se soumettre à lui ou du moins comme une
personne devant s'occuper seulement du foyer, qui doit obéir à
ses parents, à son époux, son avis n'étant presque jamais
pris en compte. Elle n'est pas consultée avant les prises de
décisions même si cela la concerne. Son rôle essentiel
étant non seulement de s'occuper du foyer mais aussi d'assurer la
pérennisation de la famille.
Nous constatons également que bien que marquée
par le poids stéréotypé et discriminatoire de la
coutume ; la femme malienne semble aujourd'hui sortir progressivement de
ce stéréotype qui l'a longtemps caractérisée par le
fait que la bamakoise est de nos jours à tous les bouts de champs et
sollicite une autonomie multidimensionnelle.
Enfin, on est tenté de comprendre le poids des
traditions « maliennes » sur l'autonomie de la femme. Cette
pesanteur se situe à plusieurs niveaux. Elle s'exerce non seulement sur
le plan religieux, familial, socioculturel mais aussi sur l'échiquier
économique.
A ce niveau, n'ayons pas peur des expressions, la phallocratie
ou du moins la misogynie sinon l'esclavage à voile cachée est
une réalité chez nous au Mali. Elle fait partie de nos moeurs et
de nos coutumes. Nous concevons qu'il faut vivre avec nos réalité
mais il ne faut pas perdurer celles qui sont négatives. S'il y a par
contre des aspects magnifiques de nos traditions, nous devons oeuvrer à
les conserver.
Ce poids de la tradition se manifeste non seulement dans
l'attitude de la communauté qui veut que la femme soit l'être
subalterne de l'homme, qu'elle soit à la charge de celui-ci, qu'elle ait
toujours besoin de l'aval de ce dernier pour décider de ses choix et
même de son être, qu'elle se soumette à l'homme, qu'elle
effectue tous les travaux ménagers qui la laissent moins de temps pour
diversifier ses activités ; bref, qui la laisse sous le joug
l'homme ou de son époux qui décide de ce qu'elle doit ou ne pas
faire à sa place qui, le plus souvent, est animé d'un souci de
transcendance de la femme sur lui ou à l'extrême, de
l'égoïsme en interdisant la femme d'accéder à ses
opportunités d'épanouissement ; mais aussi par le
caractère discriminatoire et sexiste de certains textes
législatifs et réglementaires ; or, tout porte à
croire que la femme qui exerce un emploi rémunéré ou une
activité économique génératrice de revenus dans un
environnement social et juridique sécurisé a un accès et
un contrôle plus important sur les ressources productives et
financières du ménage. Sa contribution à la satisfaction
des besoins de la famille lui donne plus d'autonomie et un pouvoir
d'intervention plus significatif dans les décisions concernant le
ménage, les enfants et les investissements à faire au niveau du
foyer. Mais pour la majeure partie des femmes, la position sociale dominante de
l'homme sur la femme est une réalité qu'elles se doivent de
respecter au risque de briser l'image préconçue de leur
féminité, ce qui explique le désespoir de certaines
personnes enquêtées (25%) qui voient l'autonomisation de la femme
malienne comme un mythe.
Pour aboutir aujourd'hui, à une autonomisation de la
femme malienne, il faudra lutter contre ces pesanteurs sociales souvent
enseignées et véhiculées par la religion dont
l'interprétation des préceptes est en défaveur des femmes,
pour ainsi poser la question de la femme malienne en termes
généraux de développement et cela, par leur information,
leur formation et leur éducation car il est constant de nos jours que l'
illettrisme et l'analphabétisme des femmes sont endémiques au
Mali et sont un frein à leur croissance. Ils constituent en fait dans
notre société moderne le point principal de relégation de
la femme en seconde zone.
Il est également à noter que malgré le
poids grandissant de la tradition, 75% des enquêtés voient
l'autonomisation de la femme malienne comme un espoir, une pente que les femmes
peuvent bien relever.
Cette recherche se voudrait être une contribution
à la compréhension des phénomènes ou du moins des
maux qui empêchent la femme malienne d'être un être au vrai
sens du terme avec ses attributs de liberté, de participation au
développement, bref, d'autonomie. Elle a par contre la faiblesse sinon
la lacune de ne pas approfondir la participation des femmes au
développement afin de fournir une analyse sur la situation des femmes
comme par exemple en politique, économie, dans les administrations
publiques, dans l'emploi...qui serait à notre avis des pistes de son
autonomisation.
Nous restons cependant réceptifs à toute
remarque, critique, ou suggestion dans un but d'amélioration du
présent mémoire.
BIBLIOGRAPHIE
Ouvrages généraux
· Boye Abd-El Kader, la condition juridique et
sociale de la femme dans quatre pays du sahel : Burkina Faso, Mali, Niger,
Sénégal ; Editions institut du Sahel
(CILSS/ML/BF/NG/SN), 1937, 337p.
· ABDEL-WAHAB Ahmed, situation de la femme dans
le judaïsme, le christianisme et l'islam, Paris, A.E.I.F.
Éditions, 1994, 117p.
· Association pour le Progrès et la Défense
des Droits des Femmes maliennes (APDF), Livre Blanc, Bamako,
édition Fredich Ebert Stiftung, 2000 ; 122p.
· Keita Aoua, femme d'Afrique, la vie d'Aoua
Keita racontée par elle-même, Édition
Présence Africaine ; Paris, 1975, 397p.
· Brunet- Jailly Joseph, Djennéd'hier
à demain, Éditions Doniya, Bamako, 1999, 206p.
· Béridogo B., Etude sur les violences
faites aux femmes, Bamako, 2002 ; 116p.
· Keita Hanane, Et si l'on relisait le
coran ?, 2013, Éditions la Sahélienne,
Bamako ; 80p.
· Doumbia Drissa, regard croisé sur le
mouvement féministe au Mali, Editions G.mounkoro, Bamako-Mali,
2004 ; 43p.
· Durkheim E., règle de la méthode
sociologique, PUF, 1937.
· Konaré Adam BA, Dictionnaire des femmes
célèbres du Mali, Bamako, éditions Jamana, 1993,
520p.
· Maiga Fatoumata, Mali : 50 ans de parcours
de femme ; Edicef-media, 2011 ; 208p.
· Merton, R.K.; Elément de théorie et
méthode sociologique, éd. Plon, Paris, 1996
· TORNIERI Francesco et Soyata Maiga, Etude
analytique sur le statut de la femme et la loi au Mali, 2001, 85p.
Rapports d'étude
· GAKOU Assa DOUMBIA et KUEPIE Mathias,
Niveau et déterminants de l'insertion des femmes sur le
marché du travail au Mali, 2008, 22p.
· Béridogo B., Rapport sur la situation de
la femme au Mali, MPFEF, DNPF, RECOFEM, Bamako, 2007, p. 57
· Béridogo B., Rapport Final ; Etude
sur la Participation des Femmes à la Vie Publique au Mali :
Contraintes et stratégies pour améliorer la
situation ; M.P.F.E.F, RECOFEM ; Bamako ;
Février 2006 ; 90p.
· Sanankoua Bintou, communication du colloque
international sur l'islam dans les sociétés de l'Afrique
subsaharienne. Défis et réponses ; Dakar,
2008 ; 13p.
· Carolyn Medel-Añonuevo, Femmes,
éducation et autonomisation : voies menant à
l'autonomie, Rapport du Séminaire international tenu à
l'IUE, Hambourg, du 27 janvier au 2 février 1993 ; 80p.
· MALU MUSWAMBA Rosalie, Le travail des femmes en
République démocratique du Congo : exploitation ou promesse
d'autonomie ?, RDC, 117p.
· M.P.F.E.F, CNDIFE, Bulletin
statistique la Femmes et l'enfant en chiffres au Mali, 2015, 143p.
· Mme Vallée Stéphanie,
L'autonomisation économique des femmes dans l'espace
francophone,APF ; Projet de rapport ; 5-8 juillet
2011 ; 21p.
· Profil des rapports entre genres au Mali, Vers
l'équité et l'égalité entre genres au
Mali, Agence Suédoise de Coopération Internationale au
Développement, Novembre 2004, 64p.
· Politique Nationale Genre du Mali, 2011 ; 96p.
· Rapport sur Autonomie économique des
femmes consulté bog.ccfd-terresolidaire.org le 21 mai
2016 ; 19p.
· Rapport de la Banque Mondiale au Mali,
Évaluation stratégique des Enjeux en matière de Genre au
Mali, Bamako, 2005, 114 p.
· UNESCO, Participation de la femme à la
vie publique, 2002, 64p.
Mémoires
· Diallo Sékou Chérif,
Décentralisation et programmes de développement en Guinée:
stratégie de communication des Agents de Développement
Communautaire dans la CRD de Diari dans la sous-préfecture de
Labé ; Mémoire de Maitrise, UGLC/ SC,
Département de Sociologie, 2003-2004. Version on-line.
· Mohomone Yéhia,
Contraintes socioculturelles et participation des femmes à la
vie politique et publique au Mali : étude de cas de la commune III
du District de Bamako ; mémoire de maîtrise, FLASH,
section socio-anthropologie ; 2002-2003 ; 55p.
Thèse de doctorat
Mallé Tiécoura, Problématique
d'éducation environnementale au Mali : cas d'écoles rurales
publiques des ex-inspections d'enseignement fondamentales de Koutiala
(Région de Sissoko) et de Kolokani (Région de
Koulikoro) ; Thèse de doctorat en Géographie,
I.S.F.R.A, Département de sciences sociales et humaines ;
2015-2016 ; 157p.
Webographie
www.wikipedia.fr
www.memoireonline.com
www.unwomen.org
Journaux
· Nation ( journal beninois)
N°5446/ jeudi 8 mars 2012 ; 2p.
· Bulletin Recofem, 1er semestre 2007 ;
9p.
· MINUSMAHEBDO, bulletin hebdomadaire
d'information de la MINUSMA numéro 48, mars 2016 ; 12p.
Textes de lois
· Résolution 1325 du conseil de
sécurité de l'O.N.U sur les femmes, paix et
sécurité.
· Convention sur l'élimination de toutes les
Discriminations à l'égard des Enfants et des Femmes.
· La constitution malienne du 25 février 1992.
· La loi N° 2011-087 du 30 Décembre 2011
portant code des Personnes et de la Famille.
· La loi N° 2015-052 Du 18 Décembre 2015
instituant des mesures pour promouvoir le genre dans l'accès aux
fonctions et nominatives électives.
· La loi N°2012-002 du 23 Janvier 2012
portant création d'un Fonds d'Appui à l'Autonomisation de
la femme et à l'épanouissement de l'Enfant (FAFE).
· Décret N°2012-083/ PRM du 23 février
2012 fixant l'organisation et les modalités de gestion du Fonds
d'Appui à l'Autonomisation de la femme et à
l'épanouissement de l'Enfant (FAFE).
ANNEXES
QUESTIONNAIRE DE RECHERCHE
Dans le cadre de l'étude sur l'autonomisation de la
femme malienne face à la tradition ; nous voulons
réaliser un mémoire de fin de cycle. Nous vous serons
profondément reconnaissants au cas où vous acceptez de
répondre à nos questions.
Nous vous assurons que vos réponses ne
seront utilisées que dans le cadre strict de ce
mémoire.
Nous vous remercions
d'avance !
Identification de l'enquêté
1- Quartier :.....................
2- Age : .................
3- Sexe :.................
4- Religion :...................
5- Niveau d'instruction
Analphabète
Supérieur
Fondamentale
Coranique
Secondaire
Autres
6- Profession :..................
7- Situation
matrimoniale :....................
QUESTIONS
I-Le rôle joué par le district de Bamako
dans l'émancipation de la femme Malienne
8-le district de Bamako a-t-il joué un
rôle dans l'émancipation de la femme malienne ?
Si oui,
lequel ?........................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
9-comment celui-ci est-il parvenu à
booster l'émancipation de la femme malienne ?
...............................................................................................................................................................................................................................
10-quelles ont été les grandes
étapes et les grandes actrices que vous connaissez ?
..............................................................................................................................................................................................................................
II- La place de la femme de Bamako sur l'échiquier
national
11-du fait de son appartenance à la
capitale, la femme de Bamako est-elle différente des autres femmes du
pays ?
..............................................................................................................................................................................................................................
12-que représente elle donc pour les
autres femmes du pays ?
..............................................................................................................................................................................................................................
IV- Le genre d'autonomie réclamée par les
femmes
16-quel genre d'autonomie réclament
les femmes maliennes ?
Autonomie financière Autonomie
politique Autonomie socioculturelle
Toutes les propositions
17-quel contenu donneriez-vous à cette
autonomie ?
Plus de liberté dans le foyer ? Oui
non
Egalité avec l'homme dans le foyer ? Oui
non
Titre de 2ème chef de famille ?
Oui non
Autres : citez-les...................
V- Les contraintes de la tradition face à
l'autonomisation de la femme malienne
18-quelles sont, selon vous, les
différentes contraintes liées à la tradition et pesant sur
la femme face à son autonomie ?
Contraintes d'ordre :
Ø Religieux ? oui non
Si oui expliquez.............
Ø Familial ? Oui non
- de la part du mari ? oui non
Si oui, quelle forme de contrainte ?
-de la part des parents et autres membres de la famille ?
Oui non
Si oui lesquels ?..........
Ø socioculturel :
- contraintes sociales ? (consistant à traiter la
femme comme inférieure à l'homme) oui non
-surcharge ménagère et autres ? Oui
non
Autres? Expliquez...........
-contraintes culturelles ? (comme la négation du
droit à l'éducation)
Oui non
Si oui, expliquez...................
Si non, dites pourquoi.............
Ne pas adhérer aux associations, assister aux
manifestations culturelles et autres interdictions culturelles ? Oui
non
Si oui, précisez......................
Si non, dites pourquoi.................
Ø Economique ? Oui non
Ne pas pouvoir :
-être propriétaire de terre ? Oui
non
-exercer des activités commerciales ? Oui
non
-élever des animaux ? Oui non
Autres ? Citez-les........................
19- L'autonomisation la femme malienne, est-ce pour vous, un
mythe ou un espoir ?
Mythe
Espoir
Issa DOUMBIA
3ème Année Développement
Social
Institut National de Formation des Travailleurs Sociaux
GUIDE D'ENTRETIEN
I- LE CONCEPT D'AUTONOMISATION DES FEMMES
1- Qu'est-ce que selon vous, l'autonomisation des
femmes ?
......................................................................................................................................................................................................................................................................
2- Que faut-il faire à votre avis pour autonomiser les
femmes ?
.....................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
3- Peut-on résumer ce concept au seul contexte
économique ?
..............................................................................................................................................................................
II- LE ROLE JOUE PAR LE DISTRICT DE BAMAKO DANS
L'EMANCIPATION DE LA FEMME MALIENNE
4- Le district de Bamako a-t-il joué un rôle dans
l'émancipation de la femme malienne ?
..............................................................................................................................................................................
5- Quelles sont les grandes actrices que vous
connaissez ?
.....................................................................................................................................................................................................................................................................
III- LA PLACE DE LA FEMME DE BAMAKO SUR LE PLAN
NATIONAL
6- Qu'est-ce que la femme de Bamako représente pour les
autres femmes du pays ?
...............................................................................................................................................................................
7- Du fait de son appartenance à la capitale, la femme
de Bamako est-elle différente des autres femmes du pays ?
IV- LE GENRE D'AUTONOMIE RECLAMEE PAR LES FEMMES
8- Pensez-vous que la femme doit-être autonome ?
..............................................................................................................................................................................
9- Quel genre d'autonomie réclament les
femmes ?
..............................................................................................................................................................................
V- LES CONTRAINTES TRADITIONNELLES PESANT SUR
L'AUTONOMISATION DE LA FEMME MALIENNE
10- Selon vous, quelles sont les contraintes imposées
par la tradition et qui entravent l'autonomisation de la femme ?
...............................................................................................................................................................................
11- Quels sont à votre avis, les
stéréotypes retardant l'autonomisation de la femme au
Mali ?
..............................................................................................................................................................................
12- Comment à votre avis, lutter contre les pesanteurs
sociales et les stéréotypes qui étouffent l'autonomisation
de la femme ?
.................................................................................................................................................................................
13- L'autonomisation la femme malienne, est-ce pour vous, un
mythe ou un espoir ?
* 1EDS-Mali 2012-2013 ;
p-273
* 2RGPH, 2009
* 3PNG 2011 ; P-23
* 4PNG 2011 ; p-24
* 5La femme et l'enfant en
chiffres au Mali, CNDIFE ; Octobre 2015, p-24
* 6PNG 2011 ; p-31
* 7ibid
* 8ibid ; P-33
* 9Rapport Final ; Etude
sur la Participation des Femmes à la Vie Publique au Mali :
Contraintes et stratégies pour améliorer la situation ;
MPFEF, RECOFEM ; Bamako ; Février 2006, p-34
* 10Rapport du Mali, mise en
oeuvre de la déclaration et du programme d'action de Beijing (1995) et
des textes issus de la vingt-troisième session extraordinaire de
l'assemblée générale (2000); MPFEF ; Juin
2014 ; p-8
* 11
WWW.UNESCO.COMConsulté le 12
mars 2016.
* 12Rapport de la Banque
Mondiale au Mali, Évaluation stratégique des Enjeux en
matière de Genre au Mali, 2005, P-50
* 13C'est-à-dire
habitant de Djenné. Par analogie, il s'agit ici de la femme de
Djenné.
* 14Merton, R.K.;
Elément de théorie et méthode sociologique, éd.
Plon, Paris, 1996
* 15E. Durkheim, règle
de la méthode sociologique, PUF, 1937, pp-34
* 16Rosalie MALU
MUSWAMBA ; Le travail des femmes en République démocratique
du Congo : exploitation ou promesse d'autonomie ? ; P-9
*
17http://fr.wikipedia.org/wiki/mythe
* 18Décentralisation et
programmes de développement en Guinée: stratégie de
communication des Agents de Développement Communautaire dans la CRD de
Diari dans la sous-préfecture de Labé ; Mémoire de
Maitrise, UGLC/ SC, Département de Sociologie, 2003-2004.
* 19« Informations sur les
élus », sur Ministère de l'Administration territoriale et
des Collectivités locales, 12 août 2009
(Consulté le 18 mars 2016)
* 20
Www.wikipédia.fr
consulté le 12 janvier 2016.
* 21
www.wikipédia.fr
consulté le 19 janvier 2016
* 22S. Konaté, Bamako,
enracinée dans l'histoire, ouverte au Monde, L'Essor, 1er
décembre 2005 ;cité par wikipedia.fr
* 23« Informations sur les
élus », sur Ministère de l'Administration territoriale et
des Collectivités locales, 12 août 2009
(Consulté le 18 mars 2016)
* 24« Informations sur les
élus », sur Ministère de l'Administration territoriale et
des Collectivités locales, 12 août 2009
(Consulté le 18 mars 2016)
* 25Livre BLANC, APDF ;
P-12
* 26Ibid.
* 27Béridogo
Bréhima : « Le régime des castes et leur dynamique au Mali
», Recherches Africaines, annales de la Faculté des Lettres,
Langues, Arts et Sciences Humaines, N°00, p- 21, 2002, Université
de Bamako ; cité par B. Béridogo (2006).
* 28Livre Blanc, APDF; p-39
*
29Women-s-Economic-Empowerment--A-CESO-Perspective, P-11
* 30Rapport de la Banque
Mondiale au Mali, Évaluation stratégique des Enjeux en
matière de Genre au Mali, Bamako, 2005, p-113
* 31APDF, Livre Banc ;
p-100
* 32Rapport Final ; Etude
sur la Participation des Femmes à la Vie Publique au Mali :
Contraintes et stratégies pour améliorer la situation ;
MPFEF ,RECOFEM , p-50
* 33Rapport Final ; Etude
sur la Participation des Femmes à la Vie Publique au Mali :
Contraintes et stratégies pour améliorer la situation ;
MPFEF, RECOFEM, p-52
* 34Aoua Keita ; Femme
d'Afrique, la vie d'Aoua Keita racontée par elle-même ;
1975 ; Paris ; p-389-390
* 35Rapport sur Autonomie
économique des femmes consulté bog.ccfd-terresolidaire.org le 21
mai 2016, p-9
* 36Bintou Sanankoua,
communication du colloque international sur l'islam dans les
sociétés de l'Afrique subsaharienne. Défis et
réponses ; Dakar, 2008 ; P-3
* 37Agence Suédoise de
Coopération Internationale Au Développement, Profil des rapports
entre genres au Mali, Vers l'équité etl'égalité
entre genres au Mali, Novembre 2004, 64p.
* 38Ibid., p-43
* 39Rapport sur la situation de
la femme au Mali, MPFEF, DNPF, RECOFEM, Bamako, 2007, p.24
* 40Rapport sur la situation de
la femme au Mali, MPFEF, DNPF, RECOFEM, Bamako, 2007, p-25
* 41Ibid.
* 42Yaba Tamboura; les droits
des femmes au Mali, entre droit positif et droit coutumier ;
2014 ;p-4
* 43Mme BAÏWONG DJIBERGUI
AMANE Rosine,Etude Documentaire et Analyse des violences subies par les
femmes au Tchad ; OXFAM ; p-57.