I-2-c) Problèmes liés au type de tourisme
actuellement pratiqué
Il importe alors de réfléchir sur le
développement territorial et sa liaison probable avec l'activité
touristique en choisissant une perspective participative pour éviter
à ce qu'il y'ait une certaine enclave au niveau du territoire. En
réalité, cela ne peut occasionner que des frustrations de la part
de la population locale face à ces camps retranchés qui
symbolisent une rupture avec elle du fait des différences de niveau de
vie entre les touristes et les insulaires. En effet, ne s'agit-il pas d'un
point non négligeable en matière de planification touristique
13 Doura(2012) avance : « ce que consomme le
touriste en moyenne par semaine en Haïti en terme de viande, de beurre,
produits laitiers, fruits, pâtisserie équivaut à ce que
trois haïtiens sur quatre mangent pendant toute l'année »
20
lorsqu'il y'a différents conflits résultant de
la multiplication des enclaves territoriales qui s'assimilent de plus en plus
à une forme de territorialisation et d'appropriation de l'espace ?
Tout au long de ce travail de recherche, lorsqu'il est
question de développement territorial, il ne s'agit pas de la mise en
place des enclaves territoriales telles que Labadie et autres. Ces
dernières démontrent que certains sont exclus de
l'activité touristique haïtienne. De préférence,
l'idée vise surtout une construction sociale propre à la
population haïtienne qui doit se concerter ensemble de manière
comme le disait Perroux14 à faire croître
cumulativement et durablement son produit touristique réel global dans
une perspective volontariste.
En conséquence, est-t-il possible de dire que les
initiatives de l'ancienne ministre Stéphanie B. Villedrouin pour un
tourisme communautaire15 se sont inscrites vraiment dans cette
démarche quand elle a avancé qu'à partir de 2016 il serait
possible de voir une réduction d'écart entre les touristes et la
population vivant auprès des sites touristiques ? C'est peut être
une bonne perspective mais cela ne traduit en rien ce que serait l'implication
directe de la population locale dans le choix stratégique de
planification. Une telle implication permettra aux gens de construire ensemble
leur espace géographique par le biais de l'histoire, de la culture et
des réseaux sociaux importants au sein de la communauté où
ils vivent en se transformant en acteurs économiques opérant en
initiative individuelle.
I-2-d) Situation des autres secteurs économiques en
lien
Cette économie, depuis un grand temps, se
révèle très faible à cause de la régression
voire la stagnation d'autres secteurs, principalement l'agriculture, non
négligeables dans la perspective d'une croissance durable et suivant
leur effet sur la réduction de la pauvreté par la mise en place
d'infrastructures.
En contextualisant l'économie haïtienne par
rapport à cette volonté de croissance par le tourisme, Fred Doura
ne s'est pas montré trop optimiste par le fait que notre économie
est
14 Perroux François (1961). L'économie
au XX* siècle. P.U.F., Paris.
15 MTIC.27 Septembre 2015 au cours de la
journée mondiale d tourisme et des industries sous le thème
« un milliard de tourisme, un milliard de possibilités ».
21
victime d'une dépendance, d'une désarticulation,
d'une sous-industrialisation, d'une hypertrophie du secteur des services et de
l'informel16 en raison du manque d'investissement productif dont est
victime l'économie haïtienne.
S'il est vrai que le pays est doté d'un patrimoine
culturel, naturel et touristique propre à favoriser un avantage par
rapport à ses voisins de la Caraïbe, les revenus touristiques
représentaient que 9.5%17 du PIB en Haïti alors que la
moyenne dans la caraïbe était de 14.6%18 en 2014.
L'essentiel ne réside pas en la possession de belles plages, du climat
chaud, des paysages magnifiques, etc. comme c'est le cas pour notre pays mais
plutôt dans ce que l'on doit faire pour assurer leur accessibilité
et les exploiter à des fins touristiques nationales et internationales
.A cet effet, il faut aussi souligner que notre riche patrimoine historique
perd en valeur à cause du délabrement déplorable de nos
différents sites. Tout cela devrait impliquer sans nul doute la
participation des secteurs de la vie nationale ayant la capacité de
générer des activités propres à attirer le tourisme
et à préserver ces dotations
Le problème ne réside pas dans le fait de savoir
seulement que le tourisme pourra engendrer une certaine croissance de
l'économie nationale, mais plutôt de l'insérer à
travers une stratégie nationale de développement. Ceci ne se
réalisera pas sans un Etat stratège et actif qui se transforme en
investisseur pour encourager les autres investissements propres à avoir
des effets sur l'affluence des touristes.
Comme Noel19 le mentionne, le tourisme ne peut
être profitable qu'au moment où l'Etat exerce son rôle de
coordonnateur en encourageant les activités génératrices
d'externalités positives et limiter les externalités
négatives. Ces dernières, par exemple, induisent la question
suivante : Que serait-il possible de faire alors pour réduire les fuites
à la fois externes et internes occasionnées
précisément par la faiblesse de notre capacité à
offrir le pays à travers
16 Doura, Fred.2012.Economie d'Haïti:
dépendances, crises, et développement, 2e éd.
Montréal : éditions Dami, p. 255
17 WTTC.2015. Travel & Tourism. Economic Impact
2015 Haïti.
18 WTTC.2015. Travel & Tourism. Economic Impact
2015 Caribbean.
19 MTIC. Ulrick Emmanuel Noel. Septembre 2015.Les
opportunités pour le tourisme dans la bande nord.
22
toute sa production aux touristes ? Sans prendre en compte des
effets de la fuite sur l'industrie touristique haïtienne, comment est-il
possible d'espérer d'en tirer un profit substantiel ?
|