Université d'Etat
d'Haïti
Faculté de Droit et des Sciences Economiques
Sujet
Contribution des activités touristiques au
développement territorial : une étude cas de la commune de
Port-Salut.
|
Directeur : Professeur Narcisse Fièvre
Mémoire de fin d'études préparé et
présenté par Charly Camilien VICTOR en vue de
l'obtention du grade de Licencié en Sciences Economiques
Promotion : 2011-2015
i
i
Dédicaces
v A ma mère ALOURDE VICTOR, c'est le
moment de t'avouer ma plus profonde gratitude en raison des efforts que tu as
consentis durant toute ma vie. Merci de m'avoir aimé autant.
v A mon père WESNER CAMILIEN, c'est
le moment de te dire que le trésor caché en moi m'a permis de
m'élever au milieu de toutes les difficultés avec intelligence et
dignité.
v A ma marraine FERNANDE PETIT-FRèRE ET MA
COUSINE MYRTILIA ELYSé, vous méritez bien de mon
sincère amour car votre contribution est incommensurable.
v A Mes frères, JACKSON CAMILIEN VICTOR,
ENERVE MONDESIR, JEFTE CAMILIEN VICTOR, FRANçOIS LAVIOLETTE, NIXON
CAMILIEN ET PIERRE GARVEY CAMILIEN, c'est le moment de vous
témoigner mes plus sincères considérations puisque ma
motivation émane bien de vous.
v A mes soeurs, LUNIDE JEAN-LOUIS, KATTIA MOMBRUN,
MODELINE MAURANCY,
QUERLINE BELC]US c'est bien le temps de vous
dire que vous avez toujours été celles qui me rendent heureux.
v A mon Cousin YLSAGE LAMITII, c'est le
moment idéal de te remercier d'avoir accepté de dépasser
et de négliger vos habitudes en ma faveur.
v A mes amis et conseillers, Rév. MICHEL
BORGELLA, SHOWNA TELISMé, ENOCK LINDOR c'est le moment de vous
témoigner ma reconnaissance puisque vous avez été toujours
là pour des conseils et suggestions.
v A mon grand ami défunt, Johnson
Baptiste, avec qui je partageais les rêves les plus ambitieux de
l'avenir.
v A tous les étudiants de la PROMOTION
2011-2015 (section économique) de la Faculté de Droit et des
Sciences Economiques (FDSE).
Remerciements
II
Je tiens à adresser mes plus sincères remerciements
et ma profonde gratitude :
> Au Professeur Narcisse Fièvre, pour avoir
accepté de suivre ce travail malgré ses nombreuses autres
occupations, et en raison de la confiance qu'il a placée en moi avec
preuve d'un esprit très ouvert.
> A tout le corps enseignant de la Faculté de Droit
et des Sciences Economiques d'avoir pris du temps de manière à
contribuer à ma formation jusqu'à la fin des études.
> Aux Professeurs, Membres du Jury pour l'honneur qu'ils
nous font en acceptant d'apprécier ce travail.
> A tous les employés du ministère du
tourisme et des industries créatives d'avoir fait preuve de respect et
de disposition à mon égard, plus précisément Mr
Samuel Estinvil, Mme Rebecca Augustin comme personnes ressources.
> A tous les employés des archives de l'IHSI pour
leur compréhension.
> A tous mes amis de la FDSE plus
précisément, Ernson Augustin, Kenson Faveur, Jean Luckner,
Renaldy Camilien, Anderson Vil, Katiana Bacilien, Didier Bernard, Omano Bernard
pour leurs précieux conseils et leurs supports moraux.
> A tous les enquêtés port-salviens d'avoir
fait montre d'une hospitalité à nulle autre pareille.
> A mes frères, Enerve Mondesir et Jackson Camilien
Victor pour leur aide inconditionnelle durant tout ce parcours
universitaire.
III
Liste des Sigles et des Abréviations
ADL : Agence de Développement Local
AFD : Agence Française de Développement
ATH : Association Hôtelière et Touristique
d'Haïti
BID : Banque Interaméricaine de Développement
BRH : Banque de la République d'Haïti
BUST : Bulletin Trimestriel de Statistiques Touristiques
CASEC : Conseil d'Administration des Sections Communales
CIAT : Comité Interministériel
d'Aménagement du Territoire
CNUCED : Conférence des Nations Unies pour le Commerce
et le Développement
CREOCEAN : Marine and Coastal Consultancy Services (Service de
Consultation Marine et
Costal)
CTO: Caribbean Tourism Organization (Organisation du Tourisme
Caraïbéen)
CV : Curriculum Vitae
DGI : Direction Générale des Impôts
DSRP: Document de Stratégie de Réduction de la
Pauvreté
DSNCRP : Document de Stratégie Nationale pour la
Croissance et la Réduction de la Pauvreté
EU : Etats-Unis
FDSE : Faculté de Droit et des Sciences Economiques
FMI : Fonds Monétaire International
GDP: Gross Domestic Product (produit domestique brut)
IDH : Indicateur du Développement Humain
IFORTH : Institut de Formation en Tourisme et
Hôtellerie
IHSI : Institut Haïtien de Statistique et
d'Informatique
IRPCH : Inventaire des Ressources et des Potentialités
des Communes d'Haïti
ISPAN : Institut de Sauvegarde du Patrimoine National
MARNDR : Ministère de l'Agriculture des Ressources
Naturelles et du Développement Rural
MINUSTAH : Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en
Haïti
iv
MTIC : Ministère du Tourisme et des Industries
Créatives
OMT : Organisation Mondiale du Tourisme
ONG : Organisation Non Gouvernementale
ONU : Organisation des Nations Unies
PDG : Président Directeur Général
PIB : Produit Intérieur Brut
PMA : Pays Moins-Avancés
PME : Petite et Moyenne Entreprise
PNUD : Programme des Nations Unies pour le
Développement
PNUE : Programme des Nations Unies pour l'Environnement
PSDH : Plan Stratégique de Développement
d'Haïti
PSDL : Plan Stratégique de Développement
Local
RIAT : Régions Intégrées
d'Aménagement Touristique
SET : Secrétairerie d'Etat du Tourisme
SIDA : Syndrome Immunodéficience Acquise
SOLANO : Société Labadie Nord
UEH : Université d'Etat d'Haïti
UFSC : Université Fédérale de Santa
Catarina
UNEP : Programme des Nations Unies pour l'Environnement
UNESCO : Organisation des Nations Unies pour l'Education, la
Science et la Culture
UNOPS: Bureau des Nations Unies pour les Services d'Appui aux
Projets
TPE : Très Petite Entreprise
WTTC: World Travel and tourism Council (Conseil Mondial de
Voyage et de Tourisme)
ZTDC : Zone de Tourisme Durable de la Caraïbe
V
Table des matières
Dédicaces
Remerciements
Liste des Sigles et des Abréviations
Table des Matières
Liste des Tableaux et des Graphiques
Introduction
Première Partie : « Cadre
méthodologique et cheminement théorique »
Chapitre I : Objectif de la recherche et
Problématique
I-1. Objectif de la recherche
I-2. Problématique
I-2-a. Perspective : Rentabilité
économico-financière ou durabilité
I-2-b. Situation de déclin du tourisme Haïtien et de
ses sous-espaces territoriaux
I-2-c. Problèmes liés au type de tourisme
actuellement pratiqué
I-2-d. Situation des autres secteurs économiques
I-3. Questions de recherches
Chapitre II : Revue de la littérature
Section I : Cadre théorique et conceptuel
II.1-a Développement territorial : Essai de
définition
II-1-b Evolution à travers le temps du concept «
développement territorial »
II-1-c Externalités et activités touristiques
II-1-d Rapport entre tourisme, culture, et territoire
II-1-e Aspect socio-économique du
développement territorial
II-1-f Perspectives d'un développement territorial durable
du tourisme
II-1-g Economie Territoriale : théorie de base
économique
II-1-h Mécanismes de planification inspirés
principalement de Gunn. A. Clare
Section 2 : Brève revue de la littérature
empirique
Section 3: Formulation d'hypothèses
Section 4 : Méthode et sources bibliographiques
.. Deuxième partie : « Industrie touristique
à travers le monde : Particularités régionales et
nationales »
Chapitre I : Ampleur et importance relative de
l'industrie touristique .
Section 1 : L'industrie touristique à travers le monde
.
I-1-a Evolution macroéconomique et arrivées des
touristes internationaux
I-1-b Etat d'avancement du tourisme dans les économies
émergentes
I-1-c Evolution des arrivées et impact de la crise de
2008-2009 . I-1-d Principaux continents bénéficiaires de
l'augmentation des arrivées touristiques.
I-1-e Type de tourisme et de transport les plus adoptés
I-1-f Dépendance développée au tourisme par
certains pays et bénéfices majeurs captés par
d'autres .
vi
I-1-h Situation des PMA et des Etats insulaires .
I-1-i Tendance vers un tourisme durable
Section 2 : La situation dans la Caraïbe
I-2-a Evolution du tourisme dans la Caraïbe ..
I-2-b Contraintes au développement touristique de la
Caraïbe et disparités entre les pays.
I-2-c Préservation du cadre environnemental propre au
tourisme
Chapitre II : Description du Tourisme en Haïti
.
Section 1 : Histoire du tourisme en Haïti
II-1-a Naissance et évolution du tourisme
II-1-b Approche historico-politique de la naissance du tourisme
en Haïti ..
Section 2 : L'industrie touristique actuelle d'Haïti
.
II-2-a Parc hôtelier en Haïti
II-2-b Les arrivées touristiques à partir de 2010
II-2-c Les impacts économiques du secteur touristique
à partir de 2010 ..
Section 3 : Planification touristique en Haïti
Section 4 : Innovations territoriales, conditions au
développement touristique en Haïti. Troisième
Partie « Etude de cas : Commune de Port-Salut »
Chapitre I : Présentation du département
du SUD et du profil socio-économique et
administratif de la commune de Port-Salut
Section 1 : Le département du Sud et ses
caractéristiques
Section 2 : Profil socio-économique, spatial, et
administratif de la commune de Port-salut.
Chapitre II : Planification du développement
touristique à Port-Salut
Section I : Situation actuelle de la planification
touristique
Section II : Analyse sur les différents projets
répertoriés
Chapitre III : Exposé de la
méthodologie de réalisation de l'enquête
..
Section 1 : Démarche
Section 2 : Objectif de l'enquête
Section 3 : Présentation des résultats de
l'enquête ..
Chapitre IV : Analyse par thématique des
résultats issus de l'enquête .
IV-1 : Historique des activités touristiques et des
spécificités du territoire à l'étude.......
IV-2 : L'attractivité principale, la plage Pointe-Sable
IV-3 : L'artisanat à Port-Salut
IV-4 : D'autres activités économiques à
Port-Salut
IV-5 : Situation des entreprises touristiques .
IV-6 : Situation de l'emploi
IV-7 : Fiscalité à Port-Salut
Chapitre V : Conclusions et Recommandations
.
Bibliographie
Annexes
vii
Liste des Tableaux et des Graphiques
Tableau 1 - L'évolution des flux touristiques mondiaux de
1970 à 2020
Tableau 2 -Arrivées des touristes internationaux et
recettes du tourisme international de 1990 à 2014
Tableau 3 -Evolution du taux de change entre l'Euro et le Dollar
américain 2010 à 2014 Tableau 4 : Recettes du tourisme
international par région mondiale de destination Tableau 5 : Taux de
variation des recettes du tourisme international entre 2010 et 2014 Tableau 6 :
Arrivées de touristes internationaux par continent : Part de
marché 2014 Tableau 7 : Recettes du tourisme international pour les 10
premiers pays bénéficiaires.
Tableau 8 : Classement des premiers bénéficiaires
des arrivées touristiques de la Caraïbe en 2014
Tableau 9 : Dommages et pertes subis lors du tremblement de terre
dans la zone métropolitaine Tableau 10 : Arrivées touristiques en
Haïti par mois de 2010-2014
Tableau 11 : Contribution du tourisme et du voyage au PIB
d'Haïti
Tableau 12 : Contribution du tourisme et du voyage à
l'emploi en Haïti
Tableau 13 : Exportations touristiques pour 2014 et place
occupée par Haïti dans la Caraïbe. Tableau 14 : Investissement
de capital en tourisme et voyage, rang d'Haïti dans la Caraïbe.
Tableau 15 : Présentation des résultats de l'enquête.
Graphique 1 : Le tourisme à l'horizon 2030 : tendances
actuelles et prévisions 1950-2030. Graphique 2 : Trois pays
caraïbéens à taux de croissance de deux chiffres.
Graphique 3 : Investissement de capital en tourisme de 2005
à 2015.
Introduction
8
Importance stratégique du tourisme
Les activités touristiques ont connu un
développement fulgurant au cours des 60 dernières années.
Les arrivées et les recettes ont augmenté. Des destinations
nouvelles ont apparu. Ce secteur en dépit des soubresauts sporadiques a
connu une croissance quasiment ininterrompue1. L'entreprise
touristique est donc devenue l'activité la plus dynamique au monde
à travers le temps comme c'est démontré au tableau
ci-dessous.
Tableau 1 - L'évolution des flux touristiques mondiaux de
1970 à 2020
Statistiques OMT2.
Les initiatives des différentes agences de
développement telles que le PNUD, le FMI, la CNUCED et la Banque
Mondiale, ayant contribué à la mise en place du DSRP (Document
Stratégique de Réduction de la Pauvreté) dans la plupart
des pays pauvres, ont porté principalement sur le progrès
touristique comme facteur pouvant entrainer la croissance des pays en
développement étant donné la disponibilité d'une
main d'oeuvre à bon marché inemployée, de cadres naturels
et culturels, de services à faibles coûts 3, etc.
1 OMT. Faits Saillants.2015
2
http://etudescaribeennes.revues.org/docannexe/image/6568/img-1.jpg
3 Fred Célimène et François
Vellas.2013. « Le tourisme mondial, les inégalités
internationales et le problème de la pauvreté »,
Études caribéennes [En ligne], 24-25 | Avril-Août
2013, mis en ligne le 25 septembre 2015,
consulté le 22 octobre 2015. URL :
http://etudescaribeennes.revues.org/6568;DOI
: 10.4000/etudescaribeennes.6568
9
Le tourisme est donc vu comme une activité importante
dans la vie même d'une nation ou d'un territoire puisqu'il a des
conséquences directes sur plusieurs secteurs de la société
d'ordres culturels, éducatifs , et économiques .De même, il
a aussi des impacts au niveau des relations internationales en raison de sa
transversalité, ce qui le rend porteur d'un effet d'entrainement.
Le progrès touristique peut découler du
développement socio-économique des nations. Une approche
systématique du secteur permettra d'aboutir à une relation entre
le tourisme et le développement territorial, puis elle favorisera la
prise en compte des interactions complexes et des rétroactions au sein
même du dit secteur. De plus, elle nous facilitera l'utilisation du
processus de planification comme cadre de référence dans notre
analyse.
Selon certains auteurs dont Bernard Pecqueur4, Paul
Krugman5 et autres, le terme de développement territorial se
rapproche et élargit même le cadre du développement
durable. Une articulation du tourisme et de la durabilité constituera un
champ particulier de compréhension de l'apport des activités
touristiques à la mise en place de mécanisme pouvant assurer la
participation de la population locale à la sauvegarde de patrimoine et
permettant en grande partie d'éviter des impacts socio-culturels et
écologiques indésirables. Etant un territoire d'accueil, il
convient sans nul doute de fixer des conditions afin de faire du tourisme en
Haïti un vrai vecteur de développement en lien avec l'environnement
et les intérêts socioculturels et économiques afin de se
projeter vers une dynamique durable.
Du fait de la mondialisation, le tourisme peut être
aussi vu comme un facteur pouvant permettre à la fois
l'intégration d'espaces et de sociétés à la vie
internationale et la diversification économique dans les pays en
développement. En ce sens, Haïti, de par sa place dans l'imaginaire
collectif des peuples à travers la planète, a
intérêt à développer une stratégie
touristique fondée sur le développement territorial. Tout cela
exigera une maitrise et une régularité au sein de l'environnement
tout en vendant son histoire, sa géographie, sa poésie, sa
4 Pecqueur, Bernard. 1995 .Rationalité et
territoire. Texte d'une conférence à l'Université de
Grenoble.
5 Krugman (Paul).2000. La mondialisation n'est
pas coupable. Vertus et limites du libre-échange, Paris, La
Découverte.
10
littérature, etc. Tout cela demandera une
coopération de la part de la population locale comme le requiert tout
développement territorial durable.
Une importance certaine est à accorder par Haïti
au tourisme culturel généralement perçu en lien avec le
territoire où il s'inscrit afin d'arriver à une
compréhension du patrimoine et de l'identité locale. Les
différents sous-espaces du territoire national en raison de leur
spécificité et des atouts permettront de s'investir dans une
stratégie de développement territorial puisqu'identifiés
comme gisement touristique. En conséquence, l'effort à faire par
les autorités publiques haïtiennes consiste à inscrire
Haïti dans le jeu touristique international tout en pensant au
progrès socio-économique durable des territoires touristiques
avec ce qu'ils comportent d'identité, de local, de culture,
d'appartenance etc.
Dans la première partie de ce mémoire contenant
deux chapitres avec quatre sections bien spécifiées, il sera
question de la présentation de la méthode de recherche choisie
ainsi que de la théorie utilisée pour mieux expliquer la notion
du développement territorial en lien avec les activités
touristiques. Dans un premier temps, l'objectif de notre recherche à
savoir montrer comment par le biais des activités touristiques bien
planifiées un territoire peut connaître du développement, a
été établi. Puis, la base théorique devant nous
permettre d'aboutir à une compréhension du thème de
développement territorial en lien avec des mécanismes de
planification avec emphase sur le rôle à jouer par la population
locale est mise en évidence. Ensuite, différentes recherches qui
ont été réalisées sur ces thématiques sont
présentées. Enfin, pour une première réalisation
des recherches surtout propres aux deux premières parties, une
présentation de la méthode de recueil de données a
été faite.
La deuxième partie du travail est divisée en
deux chapitres. Le premier chapitre, divisé en deux sections, met en
valeur l'industrie touristique à travers le monde en tenant compte de
l'évolution macroéconomique, de l'état d'avancement du
tourisme dans les économies émergentes, de la dépendance
de certains pays au secteur, etc. ; et dans la Caraïbe en mettant l'accent
principalement sur les contraintes au développement touristique, des
disparités entre les différents territoires, etc. Ensuite, dans
le deuxième chapitre, cette mise en valeur a été reprise
de manière à voir en quoi Haïti peut
bénéficier de ce secteur sans oublier l'aspect
11
compétitif du tourisme caraïbéen. De plus,
afin de mieux comprendre le secteur touristique et les conditions de sa
naissance, l'historique de ce secteur est fait de manière à
cerner aussi son développement tout en tenant compte d'une approche
historico-politique. Par la suite, l'industrie touristique actuelle, la
planification touristique, les conditions nécessaires au
développement du secteur ont été présentées.
Pour terminer, la réflexion de Hugue Séraphin sur le rôle
que peut avoir une politique décentralisée en faveur des
territoires du pays recélant en général la majeure partie
des attractions touristiques a été considérée.
La partie finale de ce mémoire a été
conçue en cinq chapitres consacrés à l'étude de cas
du territoire choisi, à savoir Port-Salut :
- Premièrement, nous réalisons une
présentation du département du Sud et ses caractéristiques
puis de la commune de Port-Salut tenant compte de leur situation
socio-économique, administratif, politique etc.
-Deuxièmement, le contexte actuel de la planification
touristique à Port-Salut est expliqué par la prise en compte du
cadre institutionnel, de la participation de la population Port-Salvienne.
Ensuite, une analyse des différents projets répertoriés a
été effectuée.
-En troisième lieu, il a été
exposé la méthodologie utilisée pour réaliser
l'enquête de terrain concernant le territoire port-salvien. Dans les
différentes sections, la démarche et l'objectif de
l'enquête ont été clarifiés en passant par le
processus d'élaboration du questionnaire, du choix des personnes
à enquêter, des difficultés rencontrées sans oublier
la présentation des resultats de l'enquête de terrain à la
fin du chapitre.
-Ensuite, l'analyse suivant les différentes
thématiques choisies a été mise en exergue en
référence aux resultats de l'enquête. Parmi ces
thématiques, des réflexions ont été menées
sur : l'historique des activités touristiques et des
spécificités du territoire à l'étude ;
l'attractivité principale, la plage Pointe-Sable, l'artisanat à
Port-Salut ; la situation des entreprises touristiques ; l'origine des
investisseurs et la fiscalité à Port-Salut.
-Enfin, dans le chapitre V, conclusions et recommandations, un
certain résumé du document a été effectué.
De plus, il a été jugé bon d'établir de liens
directs entre l'exposé théorique et la situation observée
à Port-Salut. Pour cela, il a été tenu compte des facteurs
spécifiques dont la
12
participation de la population locale au niveau de la
planification touristique pour le développement du territoire afin de
dégager par la suite des recommandations.
La bibliographie concernant les différents documents
consultés se trouve à la fin du travail. A l'annexe ont
été ajoutées les entrevues des personnes ressources.
Première Partie
13
« Cadre méthodologique et cheminement
théorique »
14
Chapitre I
Objectif de la recherche et Problématique I-1
Objectif de la recherche
Comme un secteur important au développement territorial
qui procède à l'élargissement, à la diversification
et à l'approfondissement dans une large mesure de la notion
d'aménagement du territoire et de développement local, le
tourisme peut être analysé selon ses apports possibles à ce
processus devant garantir une certaine cohésion au milieu des locaux.
Dans cette lignée, il s'agit de démontrer de quelle façon
des activités économiques touristiques planifiées et
menées avec la collaboration de la population locale peuvent conduire
à un niveau de développement territorial, fruit d'un processus
volontariste fondé sur la concertation des acteurs concernés.
Ce travail vise à analyser l'importance d'une
planification efficace au sein d'un territoire en vue d'arriver à la
mise en valeur des attractions naturelles, historiques, culturelles, ce qui
doit garantir à moyen terme plus de revenus pour les communautés
locales en favorisant l'émergence de PME culturelles et touristiques,
puis l'apparition d'une nouvelle classe d'entreprise dans ces
communautés. Les retombées économiques qui vont y
découler bénéficieront à toute la communauté
à partir d'élaboration des projets sociaux.
Cependant, il ne faut pas ignorer le fait que tout
développement territorial nécessite en tout premier lieu la mise
en place d'un projet inscrit dans un territoire. Ce projet doit être
porté par des collectifs d'acteurs qui jouissent d'une certaine
légitimité reconnue par l'Etat pour mieux représenter une
demande sociale réelle et porter satisfaction à son
développement. L'approche du développement territorial dans le
cadre d'analyse des activités économiques touristiques permettra
de faire ressortir la transversalité et le décloisonnement du
territoire. Pour la réaliser, il faut tenir compte des pressions
externes dans ce nouvel ordre économique mondial. De plus, elle sera
stratégique et impliquera la mise en valeur des ressources, des
contraintes et des spécificités matérielles et
immatérielles propres au territoire ainsi que leur mode de
fonctionnement particulier.
15
I-2) Problématique
Au niveau de cette section, nous allons tenir compte de
différents problèmes auxquels fait face le secteur touristique
haïtien. D'abord, un questionnement sur la perspective à choisir
est mené de manière à comprendre s'il faut s'orienter vers
la rentabilité économique et financière ou vers la
durabilité, ou les deux à la fois. En outre, une prise en compte
du déclin du tourisme haïtien et des problèmes liés
à nos différents sous-espaces territoriaux non
aménagés a été faite afin d'analyser le poids
concurrentiel d'Haïti face à ses voisins caraïbéens.
Ensuite, une mise en cause de la forme de tourisme pratiquée
actuellement, au niveau du pays, a été entreprise tout en prenant
en considération l'état de vulnérabilité de la
population locale. De plus, une analyse critique de la situation
dégradante de certains secteurs économiques a été
réalisée. Enfin, le concept de développement territorial
en rapport aux deux secteurs potentiels haïtiens (le secteur public, le
secteur privé) suivant leur rôle à jouer a
été analysé.
I-2-a) Perspective : Rentabilité
économico-financière ou durabilité
La vision mercantile du tourisme ne perçoit le
phénomène touristique que suivant la rentabilité
économique et financière qui lui est associée dans une
perspective de viabilité des projets touristiques. Cependant, cette
approche semble peu cohérente avec la notion de durabilité
choisie s'il y'a projet de faire du tourisme en Haïti un levier
véritable et essentiel pour un possible développement. A ce
point, ne faut-il pas se demander en quoi les activités
économiques touristiques peuvent contribuer au développement du
pays ou à ses communes s'il ne s'inscrit pas dans une vision
planificatrice de long terme et sans une prise en considération des
gains et des coûts (coûts liés par exemple à la
dégradation de l'environnement).De là, ne convient-t-il pas
d'analyser le tourisme comme secteur économique impliquant
inévitablement la durabilité puisqu'il est par nature
territorialisée et se trouvant dans les limites de l'économique
,du culturel et de l'environnemental à cause de sa transversalité
?
Le pays se situe au carrefour d'une concurrence intense dans
la Caraïbe par le fait que les pays de cette région à partir
des années 1950 ont procédé à un changement du
modèle de leur économie. En réalité, le poids du
secteur tertiaire dans le PIB s'affirmait de plus en plus avec la dominance du
secteur touristique qui joue notamment un rôle primordial et auquel
ils
16
deviennent dépendants. A cette période plus de
10000 emplois générés représentaient 3.5% du PIB,
et les recettes avoisinaient 50 millions de dollars, soit 20% des
exportations6. En ce sens, une réflexion sur le potentiel
touristique du pays demande de prendre en compte les nouveaux penchants
liés aux consommations qui pourraient servir de base à une
orientation stratégique en termes de destination sans négliger
les modalités d'aménagement du territoire.
Entretemps, Stéphanie Bessieres7 se demande
: «Comment une destination désaffectée sur le plan
touristique peut-elle se mettre à niveau du point de vue de ses
infrastructures alors que la ressource économique que représente
le tourisme n'est plus suffisante pour procéder à de lourds
investissements structurels ? En ce qui a trait à Haïti, il faut
avancer qu'à cause des évènements climatiques et des
catastrophes naturelles (tremblement de terre du 12 janvier) certaines
infrastructures touristiques ont été détruites. Ainsi,
après ce tremblement de terre, le pays s'est trouvé dans une
situation où tout était à reconstruire8.
N'a-t-il pas fallu saisir de cette occasion pour se projeter vers une
économie touristique durable dans le but de développer une offre
qui correspond adéquatement avec les nouvelles attentes des
consommateurs ? Cela aura donné sans nul doute l'occasion à
Haïti de repenser un projet de territoire. Une telle initiative ne
permettra-t-elle pas en même temps une véritable stratégie
d'aménagement et de développement touristique rapprochée
d'une vision de long terme à travers un meilleur projet de territoire et
de société cohérent et durable ?
Cet univers concurrentiel caraïbéen implique que
les autorités en matière touristique agissent à l'instar
des entrepreneurs en menant des études de marché. Ces
dernières permettront de s'approprier d'une stratégie touristique
à travers un document de programmation stratégique, ce qui
donnera une place fondamentale à la formation de la population, aux
métiers identifiés comme prioritaires pour l'avenir du secteur et
en fonction des projets envisagés. Les recherches
6République d'Haïti, Ministère
du tourisme. 2007. Révision du plan Directeur Tourisme,
Aménagement Touristique du département du Sud-Est, Rapport
Préliminaire : Diagnostique et orientation. Cité par Alexis
Nancy dans son mémoire pour l'obtention du diplôme de Master
Complémentaire en développement et sociétés
titré « Perspectives de développement de
l'écotourisme : Etude de cas le département du Sud Est en
Haïti. Académie universitaire Wallonie-Europe. Année
académique 2007-2008.
7Dans le prologue du livre de Séraphin,
Hugue. 2014. l'ouverture pour le peuple de Toussaint. Paris : Editions
Publibook.p.17
8 Cette réflexion sera
développée dans le chapitre II de la 2e partie
à travers la section 2.
17
auprès des archives du Ministère du Tourisme et
des Industries Créatives ne montrent aucun signe d'un tel document. Il
n'y a qu'un plan d'aménagement des sites touristiques
élaboré depuis 2007 et non mis à jour jusqu'à
date.
Pourtant, il est important d'avancer que les initiatives du
ministère en ce qui a trait à plusieurs projets d'investissements
touristiques de grande portée pourraient favoriser à la longue un
certain dynamisme local. Cependant, à part la prise en compte du
tourisme comme secteur dans le PSDH, aucun nouveau document lié à
la planification touristique n'est trouvé9.
I-2-b) Situation de déclin du tourisme Haïtien
et de ses sous-espaces territoriaux
Le déclin constaté au niveau de la sphère
touristique locale comparativement au boom qu'il a connu au cours des
années 1940 entraine des questionnements pertinents sur le nombre de
temps suffisant à ce secteur afin de retrouver son droit de cité.
Procéder à un diagnostic de la situation aidera à situer
notre réflexion sur le fléau social principal, à savoir
l'insécurité qui fait du territoire un lieu redoutable. C'est ce
qui explique notamment l'indifférence à l'endroit de la
destination touristique haïtienne depuis belle lurette.
De plus, l'état d'insalubrité de la
majorité de nos villes témoigne du manque de planification au
niveau de chaque territoire pour l'avancement du secteur en question. De cela,
découle la considération de l'auteur Hugues
Séraphin10 sur le fait que l'industrie touristique
haïtienne est contrariée. Selon Boyer11 cité par
le même auteur, il faudrait appréhender le tourisme suivant un
fondement historico-sociologique tout en réfléchissant sur la
base économique devant être utile au développement du
secteur. Si Haïti est une société qui a connu du
succès au cours des années antérieures ; n'est-il pas
possible de faire évoluer le tourisme haïtien dans ses propres
traces d'histoire puisqu'il a été la première destination
de la caraïbe à une certaine époque ?
9 Toutefois une réflexion menée
autour de la planification touristique en Haïti au niveau du chapitre 2 de
la seconde partie illustrera cela davantage à la section 3.
10 Op.cit.
11 Boyer. M.1999. Histoire du Tourisme de
Masse, Que sais-je ? n°255, Paris : PUF cité par Hugues
Seraphin.p.25.
18
La lignée dans laquelle s'inscrit cette recherche
n'exigera-t-elle pas une réflexion inverse sur le cas d'Haïti comme
l'a réalisé Dupont12 en 2004 quand il a montré
qu'à cet état stagnant ou régressif de l'économie
haïtienne, il ne sera pas convenable de penser à de possibles
impacts sur la réduction de la pauvreté et le
développement local. Cela invite à analyser la possibilité
de s'orienter, dans le cas d'Haïti, vers un tourisme plutôt
alternatif ou écotourisme. Cependant, étant donné les
exigences liées à ce secteur défiant la
réalité de masse, n'aura-il aucun impact sur les rentrées
nécessaires en devises puisque c'est réservé à une
catégorie restreinte d'individus ? Tout compte fait, il faut admettre
que cette forme de tourisme semble être susceptible de jouer un
rôle nécessaire au développement territorial avec la
contribution active des gens de la communauté locale à un projet
de développement inscrit dans le temps.
D'ailleurs, il y'a un certain dilemme en ce qui a trait
à l'avenir touristique durable d'un pays à savoir qu'une
croissance constante du tourisme risque inévitablement de nuire à
son propre développement. Cette nuisance peut être due à
des menaces sur l'environnement dans lequel le progrès touristique
s'inscrit. A titre d'exemple, il y'a la qualité de l'environnement, la
beauté des paysages qui sont difficilement remplaçables
après leur destruction, or ces ressources se révèlent
être partie intégrante du potentiel touristique d'un pays.
Réfléchir sur l'avenir touristique haïtien
ne demande-il pas de se porter sur le possible fossé culturel qui peut
se créer entre les communautés locales et les visiteurs ? En
conséquence, une prise en compte du développement territorial qui
est basé sur la participation d'une large couche de la population locale
reste primordiale. Cela peut se faire par l'introduction d'un processus de
négociation devant aboutir à un consensus local pour une
meilleure planification en matière touristique afin d'arriver à
un équilibre entre les intérêts écologiques et les
intérêts économiques.
En raison de l'état de pauvreté dans lequel se
trouve la majorité de la population locale actuellement, envisager le
tourisme en dehors de ses impacts socioculturels sera
12 Dupont, L. (2004) Co-intégration et
causalité entre développement touristique, croissance
économique et réduction de la pauvreté : Cas de
Haïti. Revue Caraïbéenne [en ligne],
http://etudescaribeennes.revues.org
[Consulté : 21.05.13] Cité par Hugues Séraphin p.58
19
problématique. Cela pourra occasionner une attitude
moins hospitalière des haïtiens du fait que leur
société se voit comme une société de besoins face
à une montée touristique qui étale le comportement d'une
société de gaspillage13.
Tout cela entrainera une certaine frustration de la part des
locaux. A titre d'exemple, le 19 janvier 2016 à Labadie, un bateau de
croisière « Freedom of the seas » était obligé
de rebrousser chemin sous la pression des gens cohabitant cette attraction
réclamant des emplois. En ce sens, ce raisonnement montre combien il
serait plutôt nécessaire de penser à une
amélioration du niveau de vie de la population.
La population sortira-t-elle de cette énigme tant qu'il
y'a une planification touristique déficiente ? D'autres activités
favorisant l'emploi doivent être alors entreprises pour permettre
à la population de se situer dans l'industrie touristique et d'y prendre
activement part afin de bénéficier des avantages et de la
beauté de leur pays, d'où la forte nécessité de
procéder à une prise en compte d'une nouvelle vision en
matière de développement des activités touristiques.
Ainsi, la question suivante est posée : « comment se peut-il que le
tourisme puisse être un facteur de développement territorial s'il
n'y a pas l'approbation passive ou active de la population locale ? De
là, le climat d'insécurité qui règne au pays nous
interpelle en raison de la situation de pauvreté extrême d'une
bonne couche de la population.
I-2-c) Problèmes liés au type de tourisme
actuellement pratiqué
Il importe alors de réfléchir sur le
développement territorial et sa liaison probable avec l'activité
touristique en choisissant une perspective participative pour éviter
à ce qu'il y'ait une certaine enclave au niveau du territoire. En
réalité, cela ne peut occasionner que des frustrations de la part
de la population locale face à ces camps retranchés qui
symbolisent une rupture avec elle du fait des différences de niveau de
vie entre les touristes et les insulaires. En effet, ne s'agit-il pas d'un
point non négligeable en matière de planification touristique
13 Doura(2012) avance : « ce que consomme le
touriste en moyenne par semaine en Haïti en terme de viande, de beurre,
produits laitiers, fruits, pâtisserie équivaut à ce que
trois haïtiens sur quatre mangent pendant toute l'année »
20
lorsqu'il y'a différents conflits résultant de
la multiplication des enclaves territoriales qui s'assimilent de plus en plus
à une forme de territorialisation et d'appropriation de l'espace ?
Tout au long de ce travail de recherche, lorsqu'il est
question de développement territorial, il ne s'agit pas de la mise en
place des enclaves territoriales telles que Labadie et autres. Ces
dernières démontrent que certains sont exclus de
l'activité touristique haïtienne. De préférence,
l'idée vise surtout une construction sociale propre à la
population haïtienne qui doit se concerter ensemble de manière
comme le disait Perroux14 à faire croître
cumulativement et durablement son produit touristique réel global dans
une perspective volontariste.
En conséquence, est-t-il possible de dire que les
initiatives de l'ancienne ministre Stéphanie B. Villedrouin pour un
tourisme communautaire15 se sont inscrites vraiment dans cette
démarche quand elle a avancé qu'à partir de 2016 il serait
possible de voir une réduction d'écart entre les touristes et la
population vivant auprès des sites touristiques ? C'est peut être
une bonne perspective mais cela ne traduit en rien ce que serait l'implication
directe de la population locale dans le choix stratégique de
planification. Une telle implication permettra aux gens de construire ensemble
leur espace géographique par le biais de l'histoire, de la culture et
des réseaux sociaux importants au sein de la communauté où
ils vivent en se transformant en acteurs économiques opérant en
initiative individuelle.
I-2-d) Situation des autres secteurs économiques en
lien
Cette économie, depuis un grand temps, se
révèle très faible à cause de la régression
voire la stagnation d'autres secteurs, principalement l'agriculture, non
négligeables dans la perspective d'une croissance durable et suivant
leur effet sur la réduction de la pauvreté par la mise en place
d'infrastructures.
En contextualisant l'économie haïtienne par
rapport à cette volonté de croissance par le tourisme, Fred Doura
ne s'est pas montré trop optimiste par le fait que notre économie
est
14 Perroux François (1961). L'économie
au XX* siècle. P.U.F., Paris.
15 MTIC.27 Septembre 2015 au cours de la
journée mondiale d tourisme et des industries sous le thème
« un milliard de tourisme, un milliard de possibilités ».
21
victime d'une dépendance, d'une désarticulation,
d'une sous-industrialisation, d'une hypertrophie du secteur des services et de
l'informel16 en raison du manque d'investissement productif dont est
victime l'économie haïtienne.
S'il est vrai que le pays est doté d'un patrimoine
culturel, naturel et touristique propre à favoriser un avantage par
rapport à ses voisins de la Caraïbe, les revenus touristiques
représentaient que 9.5%17 du PIB en Haïti alors que la
moyenne dans la caraïbe était de 14.6%18 en 2014.
L'essentiel ne réside pas en la possession de belles plages, du climat
chaud, des paysages magnifiques, etc. comme c'est le cas pour notre pays mais
plutôt dans ce que l'on doit faire pour assurer leur accessibilité
et les exploiter à des fins touristiques nationales et internationales
.A cet effet, il faut aussi souligner que notre riche patrimoine historique
perd en valeur à cause du délabrement déplorable de nos
différents sites. Tout cela devrait impliquer sans nul doute la
participation des secteurs de la vie nationale ayant la capacité de
générer des activités propres à attirer le tourisme
et à préserver ces dotations
Le problème ne réside pas dans le fait de savoir
seulement que le tourisme pourra engendrer une certaine croissance de
l'économie nationale, mais plutôt de l'insérer à
travers une stratégie nationale de développement. Ceci ne se
réalisera pas sans un Etat stratège et actif qui se transforme en
investisseur pour encourager les autres investissements propres à avoir
des effets sur l'affluence des touristes.
Comme Noel19 le mentionne, le tourisme ne peut
être profitable qu'au moment où l'Etat exerce son rôle de
coordonnateur en encourageant les activités génératrices
d'externalités positives et limiter les externalités
négatives. Ces dernières, par exemple, induisent la question
suivante : Que serait-il possible de faire alors pour réduire les fuites
à la fois externes et internes occasionnées
précisément par la faiblesse de notre capacité à
offrir le pays à travers
16 Doura, Fred.2012.Economie d'Haïti:
dépendances, crises, et développement, 2e éd.
Montréal : éditions Dami, p. 255
17 WTTC.2015. Travel & Tourism. Economic Impact
2015 Haïti.
18 WTTC.2015. Travel & Tourism. Economic Impact
2015 Caribbean.
19 MTIC. Ulrick Emmanuel Noel. Septembre 2015.Les
opportunités pour le tourisme dans la bande nord.
22
toute sa production aux touristes ? Sans prendre en compte des
effets de la fuite sur l'industrie touristique haïtienne, comment est-il
possible d'espérer d'en tirer un profit substantiel ?
I-3 Questions de recherches
I-3-1) En quoi les différents atouts touristiques
(naturels, construits, etc..) d'un territoire donné, Port-Salut dans
notre cas d'étude, peuvent-ils favoriser l'amélioration de la
situation socio-économique de ses habitants ?
I-3-2) Dans quelle mesure des plans touristiques bien
conçus en collaboration avec la population d'un territoire donné,
Port-Salut dans notre cas d'étude, sont-ils capables d'aboutir à
de meilleures conditions de vie ?
23
Chapitre II : Revue de la littérature
Dans un premier temps, le cadre théorique et conceptuel
a été présenté. Ensuite, les différents
travaux réalisés sur les thèmes « tourisme, culture,
territoires et développement » sont pris en compte.
Section I : Cadre théorique et conceptuel
L'effort a été fait de manière à
cerner en tout premier lieu l'aspect complexe du groupe de mots «
développement territorial ». Ensuite, une présentation de
l'historique de l'évolution de ce concept a été
conçue. Par la suite, les différents avantages ou
externalités découlant des activités touristiques en
général ont été énoncés. Puis, une
tentative de rapprochement entre les termes « tourisme, culture et
territoire » a été présentée. En plus, la
prise en considération de l'aspect socio-économique du
développement territorial a été mise en valeur sans
oublier le rapport de ce type de développement à la perspective
de la durabilité. Tout de suite après, la théorie de base
économique a été illustrée. Enfin, il a
été mentionné les mécanismes de planification
à mettre en oeuvre avec un accent principal sur le rôle à
jouer par la population locale en vue d'un développement endogène
grâce au support d'un mode de gouvernance approprié.
II.1-a Développement territorial : Essai de
définition
De nos jours, s'il est aisé de parler sans
hésitation du développement durable qui insinue trois pôles
importants à savoir l'environnement, le social et l'économique
,le concept territoire ne peut pas se soustraire des premières
réflexions puisqu'il permet d'appréhender la position centrale de
l'acteur dans tout consensus de décision .Quoique difficile à
définir de manière précise, il importe de voir en ce terme
une double nature :symbolique d'une part et matérielle d'une autre quant
aux aspects formels liés à l'identification, la localisation, et
la distribution des formes spatiales puis au sens donné à ces
formes-là à travers les représentations spatiales,
produites des images mentales. Ainsi défini, il faut aussi le comprendre
en tant qu'un ensemble
24
de ressources surtout environnementales. Pour Bernard
Pecqueur20 , il faut penser le territoire à travers ces
ressources matérielles et idéelles comme une sorte de panier de
biens. De plus, il est possible d'appréhender le territoire comme
étant une forme d'appropriation à travers des bornes, des limites
instaurées sur le plan culturel, ethnique, naturel, politique,
économique etc. De même, il s'agit aussi d'une configuration
spatiale.
La notion de développement territorial s'avère
importante dans le but d'arriver à un élargissement, une
diversification et un approfondissement d'autres concepts comme
développement local, développement régional, et
aménagement du territoire. Ce type de développement prévu
peut permettre en réalité sur une base volontariste de rendre
compétitif un territoire donné par le biais d'une concertation de
la part des acteurs. Tout compte fait, dans un processus de planification, cela
s'inscrit surtout dans une vision de durabilité susceptible de
construire et de gérer un territoire par la mise en place de cadre
institutionnel approprié, ce qui permettra de parvenir à assurer
la consolidation des liens sociaux, l'amélioration de la qualité
de vie puis la construction d'une identité propre.
II-1-b Evolution à travers le temps du concept
« développement territorial »
Il s'agit cependant d'une vision récente de
développement qui s'est implantée au cours des années
199021. Celle-ci a favorisé le passage de la politique
d'aménagement du territoire définie comme étant l'action
concertée de la part des hommes qui habitent un territoire en vue
réduire les disparités, d'apporter des réponses aux
dysfonctionnements, et de lutter contre la dégradation des cadres de vie
à la politique d'aménagement et de développement des
territoires pour la mise en marche de bonnes politiques ciblées. Il
convient néanmoins de signaler que c'était plutôt
lié à l'époque à une question de projet de
territoire avec des collectifs d'acteurs.
D'un moment à l'autre, il est constaté
l'évolution de ce concept avec la prise en compte des attentes,
souhaits, exigences et besoins de la population. Cependant, différemment
des années
20 Pecqueur B. (2001). Qualité et
développement territorial : l'hypothèse du panier de biens et de
services territorialisés. Économie rurale, n° 261,
p. 37-49 et Mollard A. (2001). Qualité et développement
territorial : une grille d'analyse théorique à partir de la
rente. Économie rurale, n° 263, p. 16-34.
21
https://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Développement_territorial&oldid=116117635
.
Consulté le Jeudi 29 Octobre 2015, 6:17:22 PM
25
1960,197022, avec cette nouvelle manière de
percevoir la réalité des territoires, il y'a alors tendance
à penser à l'autonomie et à la légitimité
des territoires. Ainsi, la compétence des acteurs locaux pour mettre en
oeuvre leurs propres projets afin de mieux reconsidérer l'aspect de la
qualité des produits et des services locaux appelés à
satisfaire la nouvelle tendance en matière touristique est mise en
valeur.
Il consiste en définitif à parvenir à un
développement transversal et décloisonné sans oublier de
prendre en considération le contexte international actuel de
l'économie. Il est maintenant question de replacer, au centre des
préoccupations les plus importantes, le territoire avec ses ressources,
ses contraintes et ses spécificités. En ce sens, se comprend
l'importance que peut avoir un secteur transversal, le tourisme, du fait de ses
effets sur les autres activités économiques dont le commerce de
détail, la construction, l'agriculture.
II-1-c Externalités et activités
touristiques
De là, l'idée que par une agglomération
des différentes activités centrées autour des attractions
touristiques, il peut y avoir influence sur d'autres initiatives
nécessaires au développement économique d'un territoire
donné a été tirée. A ce niveau, l'activité
d'un agent économique est susceptible d'être touchée de
façon positive ou négative par celle d'un autre sans être
obligé d'être partie prenante à celle-ci .Par
conséquent , un tel secteur peut exercer une forte influence sur
l'économie d'un territoire avec un certain effet de dopage.
Tout compte fait, il devient nécessaire d'identifier
intelligemment les externalités. Ceci permettra de voir en direction de
quels secteurs elles vont afin d'éviter des deséconomies
d'agglomération. Cependant, se référer à ce type de
développement doit permettre de manière stratégique de
centrer son futur en exploitant les atouts et en diminuant l'impact des
faiblesses internes, puis en contrôlant les effets des menaces externes,
ce qui nécessite généralement une prise en compte à
la fois des atouts, faiblesses, opportunités et menaces lorsque sont
élaborés des projets de développement territorial.
22
https://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Développement_territorial&oldid=116117635
.Consulté le Jeudi 29 Octobre 2015, 6:17:22 PM
26
Pour mieux souscrire et expliciter le rapport du territoire au
développement durable, il faut prendre en compte plusieurs variables
nécessaires dont la notion d'acteur territorialisé, la question
d'échelle retenue en matière d'action et de réflexion,
l'aspect des dynamiques temporelles différentielles, la dimension de
ressource territoriale définie comme une caractéristique d'un
territoire spécifique construite dans une optique de
développement23.Il convient aussi à ce titre de se
pencher sur les différents responsables politiques concernant les
différents projets de développement conçus compte tenu des
systèmes productifs nationaux en mettant en vigueur la politique de
soutien au collectif d'entreprises, ce qui aura pour effet d'encourager le
développement local.
Il importe de rendre, pour un meilleur épanouissement,
le secteur touristique plus structuré et de faire de lui une
activité à forte dominance dans l'économie. Les
activités entreprises ne sauront être satisfaisantes s'il n'y'a
pas la mise sur pied d'Agence de Développement Local. Cette
dernière aura pour but de renforcer le développement territorial
en suivant les lignes suivantes : 1-) accueillir, informer et accompagner les
personnes porteuses de projets ; 2-) susciter et encourager les initiatives
locales ; 3-) établir des partenariats au sein des secteurs
socio-économiques ; 4-) créer une dynamique territoriale afin de
favoriser un redéploiement économique24.
Une telle agence sera donc placée dans un cadre de
développement endogène, en s'accentuant sur des activités
propres au territoire par l'encouragement des micro-initiatives, ce qui
nécessite une mobilisation de la part des acteurs locaux en
développant une synergie locale à partir des avantages locaux
tirés du secteur. Ces avantages seront dus à l'incitation et
à une mise en valeur des mentalités entrepreneuriales afin de
préparer des ressources humaines propres à l'environnement
économique du territoire, de réduire le chômage, et de
donner accès au financement.
23 Gumuchian, Hervé.2009.»Developpement
durable et développement territorial».Dur'Alpes.En ligne :
http://www.duralpes.com/developpement-durable-et-developpement-territorial/.
Consulté le Jeudi 29 Octobre 2015.
24 Dujardin, Sébastien; Marek
Allyson.2008.Développement territorial: Etude de cas concret de la
commune de Durbuy.
27
Parler de développement territorial, c'est enrichir le
concept de développement local. Ce type de développement se
réalise en considérant une harmonie entre les composantes
économique, sociale, culturelle, politique et environnementale. Cette
harmonie-là permettra une reterritorialisation des stratégies
d'acteurs en pleine mondialisation des échanges qui pourra faire d'un
territoire le creuset des mutations planétaires25.Pour
inscrire ce développement dans la durabilité, il convient
d'adopter une démarche intersectorielle, systémique et
globalisée capable de mettre en perspective toutes les ressources dont
le territoire dispose. Il s'agira bien d'une démarche
intégrée centrée sur les caractéristiques propres
des localités avec leurs atouts et opportunités propres à
faire du citoyen un acteur dans le processus.
II-1-d Rapport entre tourisme, culture, et territoire
A travers un rapprochement entre tourisme, culture, et
territoire, le potentiel impact du tourisme sur le développement d'un
territoire peut être saisi de façon éminente parce qu'il
est possible d'opposer le tourisme à la culture du fait qu'il est
responsable en quelque sorte d'une rupture dans la culture. Cependant, cette
opposition culture/tourisme se positionne contre le mercantilisme touristique
et l'irrationalité culturelle. La majorité des professionnels
actuels qui voient l'importance du tourisme, de par son caractère
protéiforme pour l'économie culturelle, jugent cette opposition
non fondée. Il importe donc d'ajouter que le tourisme a dopé des
milieux culturels de fréquentation.
Selon Laure Juanchich26, il est question de deux
processus soit de touristifier la culture ou de culturaliser le tourisme. Le
point commun entre tourisme et culture, c'est le territoire sur lequel, ils
prennent forme car le tourisme est toujours dirigé vers un lieu. Une
destination de même que l'offre culturelle est aussi implantée sur
un territoire. Il importe de savoir combien sont importants dans le champ
culturel les mots patrimoine et identité locale spécifiques
à chaque territoire qui sont surtout les principaux atouts sur lesquels
le tourisme peut s'appuyer.
25 Menozzi, op. cit.
26Juanchich, Laure. 2007. Culture, tourisme,
territoire : Les apports du tourisme culturel au développement local.
Paris : master présenté, année universitaire
2006-2007.
28
Selon Philipe Violier27 cité par Juanchich
l'activité touristique a une forte spécificité spatiale
étant donné que le local est le lieu du gisement touristique et
l'affirmation sans cesse renouvelée de l'identité. Sur un
territoire, il est important de tenir compte de l'appartenance à des
domaines différents des acteurs qui interagissent et qui sont tout
à fait interdépendants. Ainsi, le tourisme culturel est bien
inscrit dans un territoire avec ces différents acteurs.
Claude Origet du Cluzeau28définit « le
tourisme culturel comme étant un déplacement (d'au moins d'une
nuitée) dont la motivation principale est d'élargir ses horizons,
de rechercher des connaissances et des émotions au travers de la
découverte d'un patrimoine, d'un territoire ».Cette
définition établit la vraie liaison entre tourisme, culture et
territoire. Ainsi, il y'a deux niveaux de l'offre culturelle.
Premièrement, le patrimoine matériel, en ce qui a trait aux sites
dont les musées, les monuments, villes et villages d'art etc. puis le
patrimoine immatériel (fêtes champêtres, traditions,
savoir-faire).
II-1-e Aspect socio-économique du
développement territorial
Du point de vue économique, aborder la question sur le
plan local est nécessaire en raison du fait qu'il y'a influence de la
mondialisation qui propose surtout des relations économiques au niveau
planétaire. Cela s'accompagne du phénomène de
territorialisation centré sur l'échelle locale qui pourra
favoriser l'appui des différentes régions sur leurs principaux
atouts devant entrainer de nouvelles initiatives en vue d'assurer leur
compétitivité dans l'optique du développement
territorial.
La compétition internationale accrue renforce la
vocation économique des bassins d'emplois qui se diversifient et se
spécialisent par filières pour se démarquer des autres
régions, or le tourisme est l'une des spécialisations
possibles29.Il ne faut pas voir le développement du
territoire comme étant uniquement consacré à une
mobilisation de ressources et initiatives
27 Violier (Philippe) cite par Juanchich.1999.
« Introduction : l'espace local et les acteurs du tourisme », in
Violier (Philippe) dir. L'espace local et les acteurs du tourisme,
Rennes, Presses universitaires de Rennes, collection Espaces et territoires, p.
9 - 14
28 Origet du Cluzeau (Claude).2005. Le tourisme
culturel, Paris, PUF, collection Que sais-je ?
29 Juanchich, op.cit.
29
locales pour se dégager des richesses, il implique
d'autres aspects non économiques. Bernard Pecqueur en donne une
définition dans son ouvrage intitulé le développement
territorial: « L'enjeu du développement local est plus
vaste. Il s'agit de mettre en évidence une dynamique qui valorise
l'efficacité des relations non exclusivement marchandes entre les hommes
pour valoriser les richesses dont ils disposent 30».
Paul Krugman31 renchérit à propos du
développement territorial qu'il relève surtout d'un effet
d'auto-consolidation du succès plutôt que d'un quelconque avantage
imputable à l'existence de certaines ressources préexistantes, et
permet d'insinuer qu'il n'y'a pas que des échanges économiques
qui créent l'avantage comparatif d'un territoire sur un autre. Il y'en a
d'autres de nature différente si le territoire est plutôt vu comme
des ensembles socio-économiques complexes.
Le développement local ou territorial étant
caractéristiquement endogène peut se comprendre comme un mode
territorialisé d'organisation de la production et une modalité
originale de création de ressources économiques. Sa liaison au
réseau touristique peut s'avérer combien utile surtout du point
de vue culturel par ses externalités32.La
préférence va pour un tourisme durable et responsable qui
garantira la rentabilité de long terme et la reproduction de
l'activité touristique afin de préserver
l'attractivité.
II-1-f Perspectives d'un développement territorial
durable du tourisme
Pour un tourisme durable exigeant la prise en compte des
aspects environnementaux, économiques et socio-culturels, des efforts
doivent être encouragés en vue d'un dépassement du rapport
gagnant-gagnant pour gérer les conflits habituels qui y découlent
en effectuant des choix et des renoncements. Soulignons qu'il y'a
différentes acceptions du tourisme durable à savoir tourisme
équitable, écotourisme, tourisme solidaire, tourisme responsable,
tourisme
30 PECQUEUR, Bernard. 2005. Le
développement territorial : une nouvelle approche des processus de
développement pour les économies du Sud In : Le
territoire est mort, vive les territoires ! Une (ré) fabrication au nom
du développement [en ligne]. Montpellier : IRD Éditions,
(généré le 12 avril 2016). Disponible sur Internet : <
http://books.openedition.org/irdeditions/3408>.
ISBN : 9782709918046
31 Krugman, Paul.2000 La mondialisation n'est
pas coupable. Vertus et limites du libre-échange, Paris, La
Découverte, cité par Juanchich.
32 Juanchich, op .cit
30
social. Il est possible d'adopter la définition
suivante de la Charte Européenne du tourisme durable33
signée en 1998 :
Toute forme de développement, aménagement ou
activité touristique qui respecte et préserve à long terme
les ressources naturelles, culturelles et sociales, et contribue de
manière positive et équitable au développement
économique et à l'épanouissement des individus qui vivent,
travaillent ou séjournent dans les espaces
protégés.
Dans l'espoir d'un développement touristique durable
qui soit supportable sur le plan écologique à long terme, il est
nécessaire de considérer l'environnement ou le milieu
écologique ou le territoire comme une maison commune contenant à
la fois la nature et la faune, le patrimoine paysager, historique et
architectural ainsi que le patrimoine de vie.
Cela suppose également de compter sur les vertus d'une
planification stratégique globale, qui aidera sans nul doute à
une prise en compte des besoins et des impacts. Ce type de planification
permettra de se vouer à un processus d'amélioration permanent,
encourageant la participation de tous les acteurs à savoir les
institutions publiques internationales, nationales et locales, ONG, la
population aux différentes décisions à prendre dans un
esprit de partenariat. Cette planification en vue d'un meilleur
développement du secteur touristique ajoutera une considération
spéciale à l'égard de tous les impacts et les liens au
niveau du secteur touristique sur les communautés locales. Celles-ci
devront assurer un contrôle local, puis un travail en commun qui
facilitera la possibilité pour tous ceux impliqués dans le
tourisme d'influer sur sa gestion et sur son développement à
travers leur territoire. Ainsi, ajoute El Bayed34 :
Le tourisme durable serait donc l'organisation d'une
véritable rencontre respectant les valeurs locales et le milieu
physique, et développée en partenariat volontaire avec les
parties intéressées, notamment la population locale. Il s'agit
donc de considérer le territoire en tant
33 Behnassi, Mohamed. 2008. tourisme durable:
fondements, indicateurs et apport au développement des pays du Sud.
En ligne :
http://cdurable.info/IMG/pdf/Article-behnassi.pdf,p.13
34 EL Bayed H., 2003. «Tourisme durable et
développement local: Approche par la dynamique
Territoriale et les indicateurs de durabilité».
XIIIème conférence internationale du RESER,
Services et développement régional, Mons, 9-10
Octobre, Ateliers de la Fucam cité par Behnassi Mohamed
31
qu'espace façonné par l'histoire. Ce qui
revient à dire qu'il ne faut pas espérer mettre au point une
forme de tourisme durable qui prévaudrait quel que soit le prix. Ce
serait nier sa propre définition, c'est-à-dire considérer
les processus de développement comme uniformes, et par là ignorer
les spécificités du territoire (son histoire, sa propre logique,
etc.).
L'Organisation Mondiale du Tourisme en donne aussi une
définition en essayant d'éviter de confondre tourisme durable et
écotourisme développé surtout pour un petit groupe mais de
préférence dans l'intention de rendre toutes les formes de
tourisme durable:
Un tourisme qui tient pleinement compte de ses impacts
économiques, sociaux et environnementaux actuels et futurs, en
répondant aux besoins des visiteurs, des professionnels, de
l'environnement et des communautés d'accueil.35
Tout au long de cette réflexion, il est possible de
voir un penchant pour une approche volontariste du développement
liée à une vision centralisée de l'Etat où il
convient d'accorder une importance particulière aux aspirations et aux
besoins des habitants d'un territoire. Cette approche souvent appelée
développement par le bas insiste sur le privilège à
accorder aux ressources endogènes puis sur le respect des valeurs
culturelles suivant des modalités de coopération. Cette vision du
développement a été prônée par des auteurs
comme John Friedman36 et Walter Stohr37 au cours des
années 1979 à 1981 dans un contexte économique
dominé par la désurbanisation, la reconversion industrielle, et
la décentralisation. Ces auteurs-là se sont questionnés
sur les options alternatives à la crise des modèles de
développement traditionnel38. Cette approche participative
mise sur la responsabilisation des populations locales.
35 Programme des nations unies pour
l'environnement(PNUE) et Organisation Mondiale du Tourisme.2006.Vers un
tourisme durable. Guide à l'usage des décideurs.
36 Friedmann, John et Clyde Weaver, 1979,
Territory and function - the evolution of regional planning. Berkeley,
University of California Press, 234 p. cité par Capron Henry
37 Stöhr, Walter B. et D.R. Fraser Taylor
(eds.), 1981, Development from above or below, Toronto, John Wiley,
488 p. cite par Capron Henry.
38 Capron Henry, SBS-EM. Année
académique 2008-2009.Notes de Cours d'économie régionale
et urbaine. En ligne :
http://homepages.vub.ac.be/~hcapron/sylere1_ro.ppt
32
Il faut centrer l'attention sur la concertation, l'ajustement
continu, et les compromis contractuels entre différents acteurs locaux.
Il s'agit bien d'une approche axée sur la volonté de ces acteurs
se trouvant sur un territoire à taille humaine pour envisager son
avenir. Il ne s'écarte pas de la vision du local dans le global en
raison du fait que le territoire se voit comme un système de mise en
relation avec d'autres systèmes. Pourtant, il y'a une certaine
ambiguïté concernant ce terme de participation pour ceux qui le
voient comme encourageant une présence obligatoire et centrale d'une
intervention exogène. Cela est loin de correspondre à une
dynamique endogène du développement. M.Seck et D'Aquino
cités par Ahmadou Diallo39 en viennent avec un nouveau
principe d'endogéneïté. D'entrée de jeu, ces auteurs
exigent à ce que l'acteur local soit transformé en
décideur local dont la règle est que l'accompagnement technique
ne fixe aucun objectif préalable à sa démarche d'appui, si
ce n'est d'être disponible pour une dynamique endogène.
Le développement endogène se place comme
alternative afin de rompre avec d'autres conceptions du développement
assimilées à la croissance et à la modernisation vis
à vis desquelles il est critique compte tenu de son rôle
d'anticipateur d'une nouvelle rationalité et d'une nouvelle pratique du
développement. Autrefois, dans le discours occidental40 du
développement, le sous-développement était vu comme
résultant de la naïveté des dirigeants du tiers-monde, du
manque de ressources scientifiques et humaines capables de soutenir de
véritables projets de société, du manque des moyens
financiers, scientifiques et techniques. Ce type de développement se
comporte comme nouveau discours en intégrant la culture comme fondement,
et finalités essentielles du développement.
L'ancienne pratique telle que décrite
précédemment qui occasionnait sans nul doute la pauvreté
de masse à cause d'un trop grand privilège autrefois
accordé à la dimension économique. Ceci n'a fait
qu'augmenter les écarts entre les nantis et les
déshérités. De plus, l'uniformisation socio-culturelle
résultant surtout de la prédominance des pôles de diffusion
des savoirs, des savoir-faire, et des savoir-vivre propres aux
sociétés industrielles, a été mise de
côté pour se
39 D'AQUINO, Patrick et SECK, Sidi Mohammed, 2001,
Et si les approches participatives étaient inadaptées à la
gestion décentralisée de territoire ? Géo carrefour
cité par Ahmadou, Lamarana DIALLO.2008.Participation des populations au
développement local: cas de la commune de Koumban, préfecture de
Kankan
40 Voir l'introduction du travail.
33
servir du développement endogène comme
alternative. Ainsi le développement endogène comme
possibilité de rupture se trouve centré spécifiquement sur
l'homme et tend à la valorisation humaine et culturelle. Referons-nous
à cette définition de Sinaceur M.A41 :
Ainsi, il est possible de comprendre que c'est à
travers la culture que se trouve l'impulsion fondatrice du développement
suivant les besoins et aspirations des collectivités territoriales dans
ce qu'elles visent d'obtenir dans les projets qu'elles concrétisent. La
culture peut être vue comme étant la matrice du
développement, ce qui permet d'avoir unité et cohérence au
déploiement du développement à travers les projets de
peuple ayant chacun leur spécificité et leur style particulier.
François Perroux avance même que la culture est un défi au
calcul et plus particulièrement au calcul
économique42.
Cependant, il est aussi important d'encourager une
endogénéïsation du développement en prenant en compte
l'identité collective ou culturelle. Celle-ci se définit comme
principe dynamique permettant à une société de se
transformer sans perdre sa configuration originale, d'accueillir le changement
sans s'y aliéner, et de poursuivre le processus continu de sa
création, selon une dialectique incessante de la tradition et de la
nouveauté, de la continuité à la rupture, du patrimoine
à l'innovation43 au niveau des politiques. Le
développement endogène demande une volonté politique ferme
de l'Etat pour soutenir les initiatives des populations locales et des projets
de développement afin que les populations deviennent non des spectateurs
mais plutôt des acteurs. Ainsi, elles pourront mieux valoriser et
intégrer leurs savoirs locaux qui paraissent souvent dotés d'une
forte performance en raison des moyens matériels dont disposent les
sociétés en question.
41 Sinacoeur M.A.1981.Introduction, pour une
philosophie du nouveau développement de Perroux François. Aubier,
Unesco, p.19
42 Sinacoeur M.A.1981, citant Perroux, p.20
43 UNESCO.1983.Deuxieme plan à moyen
terme(1984-1989),doc.4Xc/4.p.45
34
II-1-g Economie Territoriale : théorie de base
économique
Selon Franck Chaigneau, la théorie de base
économique se situe dans les théories de l'économie
territoriale44.La première personne qui a
réfléchi là-dessus est un sociologue allemand du nom de
Werner Sombart45 en 1916 en ayant expliqué des
mécanismes de développement régional. Ce dernier se porte
plus précisément sur la capacité exportatrice qui
occasionne des revenus locaux propres à partir de dépenses qui
occasionnent des emplois internes à l'espace concerné. Homer
Hoyt46 a repris les réflexions de Sombart en 1950 avec un
certain accent porté sur l'emploi local basique et domestique. De son
côté, François Perroux47 en 1961 y apporte sa
contribution par l'ajout de l'innovation comme facteur pouvant favoriser des
pôles de croissance.
Cette théorie-là avance qu'il faut bien
distinguer sur un même territoire deux activités distinctes :
premièrement, celles qui profitent des revenus externes du territoire,
deuxièmement, celles qui assurent la circulation de ces revenus à
l'intérieur de ce territoire dépendant de l'étendue du
marché. Ainsi, il existe des activités qualifiées de base
économique dont leur clientèle est à l'extérieur du
territoire (les exportations) et les activités domestiques dont la
consommation vise plutôt les agents économiques internes.
Cependant, il faut ajouter le fait qu'il est difficile de déterminer la
base économique d'un territoire. Il est possible de constater que cette
théorie fait baser le développement sur la demande
extérieure. C'est le reproche porté principalement à cette
théorie en raison de la négligence sur le rôle de
l'épargne
44Franck Chaigneau. lundi 4 septembre 2006. Le
point sur : La théorie de la base économique. Responsable
veille, études et prospective territoriale, Caisse des
Dépôts Paris, France.
45 Werner Sombart Der Moderne Kapitalismus,
Erster Band: Die Vorkapitalistische Wirtschaft, 2nd rev. ed. (Munich:
Duncker and Humblot, 1916). Voir aussi Krumme, Gunter. «Werner Sombart and
the Economic Base Concept.» Land Economics 48 (1968):
112-16.citee par Davezies Laurent, « L'économie locale
« résidentielle ». »,
Géographie, économie, société 1/2009 (Vol.
11), p. 47-53 URL :
www.cairn.info/revue-geographie-economie-societe-2009-1-page-47.htm.
46 Hoyt Homer. mai 1954. « Homer Hoyt on the
development of economic base concept » in Land Economics, Mai, p.
182-7.
47 Perroux François .1961. L'économie au
XX* siècle. P.U.F., Paris. Cite par Bailly Antoine. La
théorie de la base économique : son histoire, son
utilisation. In: Revue Géographique de l'Est, tome 11, n°3-4,
Juillet-décembre 1971. Méthodes d'approche de l'analyse
régionale. pp. 299-317. doi 10.3406/rgest.1971.1206.
http://www.persee.fr/doc/rgest_0035-3213_1971_num_11_3_1206
35
et du crédit dans l'économie puisque le
développement part du secteur basique (secteur vendant à
l'extérieur de l'espace).
En fin, il convient de mentionner l'apport important de
Laurent Davezies48 à partir des années 1990 dans
l'idée de réhabiliter cette théorie en essayant
plutôt d'expliquer la base suivant des revenus disponibles avec la
capacité d'attraction des populations riches d'un territoire
donné. Quatre sources de revenus extérieurs ont été
dès lors identifiées à savoir la base privée ou
productive (activités exportatrices dont les services principalement),
la base publique (salaires du secteur public), la base résidentielle ou
présentielle (retraite, dépenses des touristes, etc..), puis la
base sociale (chômage et prestations sociales).
Les mutations sociales ont surtout un impact sur la
création de la valeur ajoutée en raison des changements
enregistrés dans la distribution de revenus. Autrefois, il était
insinué que s'il y a création de la valeur ajoutée, il y
aura création d'emplois et ensuite création de revenus. Laurent
Davezies49 essaie d'avoir une explication à cela en disant
que la croissance nationale du PIB favorise de l'emploi et la baisse de la
pauvreté. Cependant, il peut y avoir augmentation d'emploi et diminution
de la pauvreté sans pourtant qu'il y'ait hausse du PIB régional.
De même, il est également possible qu'une augmentation de la
valeur ajoutée de certaines régions n'entraine pas d'un coup une
concentration d'emplois. En plus, Davezies avance qu'il faut surtout se centrer
sur revenus disponibles et dépenses locaux.
II-1-h Mécanismes de planification
inspirés principalement de Gunn. A. Clare50
Généralement chaque entrepreneur touristique prend
sa décision en fonction de son spécifique rôle. Dans ce
cas, tout développement touristique répond pour un seul et
vraiment un seul souci d'utilité pour le tourisme à un point du
temps pour une journée entière. Sur le plan collectif, en
48 Davezies Laurent, « L'économie
locale « résidentielle ». », Géographie,
économie, société 1/2009 (Vol. 11) , p. 47-53. URL
: www.cairn.info/revue-geographie-economie-societe-2009-1-page-47.htm
49 idem
50 Gunn, A. Clare.1994.Tourism Planning:
Basics, concepts, cases. Third edition. Philadelphia: Publisher and
Fancis.
36
dépit de l'indépendance de ces agents de
décisions, il y'a développement touristique du côté
de l'offre en raison de leur préoccupation concernant les espaces
à louer, les infrastructures hôtelières, les
activités de loisir etc. Il est possible de voir l'activité
touristique sous un angle statique quand le problème est approché
par secteur ou un angle dynamique quand il s'agit de prendre en compte la
multiplicité des acteurs qui agissent sur les lieux en même temps.
En dépit de cela, il y'a toujours des effets négatifs allant
à l'encontre des satisfactions cherchées par les visiteurs en
général et des menaces sur l'environnement.
Le problème principal résulte
spécifiquement d'un manque de l'ingrédient planificateur. Le fait
de construire des hôtels, d'embaucher des staffs, de mettre à la
disposition des gens des maisons de vacances, des services de restauration,
etc. n'est pas tout à fait de la bonne planification touristique .Il
importe de savoir que les habitants des territoires sont la proie continue des
trafics résultant des activités touristiques qui
génèrent souvent du bruit, de la perturbation, des
désordres et des conflits.
Les environnementalistes dénoncent souvent les dommages
causés par le tourisme sur les ressources fragiles des territoires.
Cependant, les promoteurs d'activités touristiques finissent par
percevoir que ces difficultés potentielles ne résultent pas
intégralement ou nécessairement toutes du secteur du tourisme en
développement51. S'inspirant de certaines expériences
de réussites et pour remédier à ces
difficultés-là, il y'a quatre objectifs de planifications pour un
meilleur développement touristique : 1-) augmenter la satisfaction des
visiteurs 2-) améliorer les succès économiques et
commerciaux 3-) protéger les atouts en ressources 4-) intégrer
les territoires et les communautés52.
Le premier objectif s'appuie sur le fait que le touriste a
toujours besoin d'aide, de confiance en ce qui a trait aux prix
pratiqués, aux services standards, et à l'assurance. Si quelque
part les choses ne conviennent pas, il peut y avoir un recours. Ainsi, en
réalité la planification ne doit
51 Id.
52 Gunn, A. Clare.1994.Tourism Planning: Basics, concepts,
cases. Third edition. Philadelphia: Publisher and Fancis, p. 11.
37
pas se contenter de résoudre des problèmes mais
aussi d'éviter des problèmes en fournissant un contrôle sur
les interrelations afin de s'assurer que les désirs, les habitudes, les
souhaits et les besoins des visiteurs sont satisfaits. La valeur d'un
développement planifié ne se mesure pas par le seul jugement du
propriétaire ni du planificateur mais par le visiteur. La demande
standard via le produit touristique est donc une politique de
planification orientée à l'endroit de
l'utilisateur53.
Le second objectif s'intègre à l'idée
qu'un impact positif du tourisme exerce une influence sur l'économie de
beaucoup de territoires. Le bénéfice économique est
généralement entendu comme une augmentation flagrante de la
richesse ou du revenu mesuré en termes monétaires des gens
placés sur le territoire en question au-dessus ou en dessous du niveau
qui prévaut en absence d'activité sous
étude54.
Cependant, la planification ne s'attaque pas uniquement
à la liberté du secteur d'avoir une importante tâche
commerciale qui conduira au succès de ses entreprises privées
mais aussi au développement des initiatives gouvernementales tant au
niveau local, national ou territorial qui ne s'inscrit pas dans un objectif
commun. En ce sens, la coopération, la collaboration et la coordination
doivent encourager mais non détruire la créativité et
l'innovation individuelle du développement. Il convient donc de faire de
la planification un service de protection ainsi que socialement responsable. De
loin, un autre but de la planification collaborative du tourisme est la
fourniture des retombées croissantes pour la propriété et
le développement55.
Le troisième objectif est l'objet de controverse entre
les environnementalistes et l'idée du développement continu. Ce
paradoxe demeure incompréhensible puisqu'une bonne part des
activités touristiques dépend de la protection des ressources.
Ainsi, et l'économie de tourisme et les satisfactions des visiteurs
dépendent de la nécessité absolue d'arrêter la
dégradation des
53 Gunn, A. Clare.1994,op.cit
54 Idem,p.13
55Gunn. Clare .A. op cit.
38
ressources si flagrante à travers le monde. L'essentiel
selon Gunn Clare56, c'est que toute planification touristique est un
nouvel engagement au sujet de la protection des ressources.
En dernier lieu, l'objectif d'une intégration
communautaire et territoriale passe précisément par une
planification intégrée à l'intérieur de la
planification officielle des communautés et des territoires. La
majorité des objectifs de planification pour des agences de
planification légale a été menée envers les
citoyens et non les visiteurs. Cependant, il faut penser à un processus
de planification inscrit dans le long-terme et la plupart des dirigeants qui
élaborent les politiques avancent que c'est trop difficile d'envisager
un plan de long-terme. Pourtant, en raison des multiples dommages
environnementaux et économiques à travers des pays, le peuple
pourrait mieux supporter une planification coordonnée de long
terme57.
A cet effet, il est possible d'ajouter que le tourisme doit
être planifié avec le but spécifique de mettre ensemble
tourisme et vie économique et sociale d'un territoire ou d'une
communauté. Aujourd'hui, beaucoup de communautés et nations
cherchent à faire du tourisme une force économique du
développement, toutefois c'est surtout dangereux si le tourisme devient
le seul moyen économique d'amorcer le
développement58.
Une nouvelle tendance de planification en cours à
travers le monde saisit l'aspect multidimensionnel de cette activité
intégrative. Il embrasse à la fois les facteurs sociaux,
environnementaux, politiques, psychologiques, anthropologiques, et
technologiques et prend en considération le passé, le
présent et le futur59. Pourtant, des gens pensent qu'un tel
choix est trop placé dans un mécanisme bureaucratique à
l'unique initiative du gouvernement. L'idéal sera que la planification
pour le tourisme résulte de la collaboration entre les planificateurs
d'agence gouvernementale et les consultants professionnels de planification.
56 Idem
57 Id.
58 CNUCED. Tourisme durable : contribution
à la croissance et au développement durable. Réunion
d'expert sur la contribution du tourisme à un développement
durable tenu à Genève, 14 et 15 mars 2013.
59 Rose, Edgar.A.1984.»Philosophy and purpose
in planning». In The Spirit and Purpose of
Planning,2nd ed. M.J. Burton
(ed),pp.31-65.London:Hutchinson.p.45
39
La planification touristique peut être approchée
suivant trois échelles selon Gunn Clare 60 :
1-) A l'échelle de site, qui est devenue la plus
populaire en retraçant les propriétés du
développement individuel dont la liberté devrait être
protégée au même instant que le propriétaire
devienne plus éclairé sur les grandes opportunités
offertes. À ce niveau, la planification doit permettre la
facilité pour les services touristiques tout en renfermant beaucoup de
relations.
2-)A l'échelle de zone de destination (territoire
récepteur) quand les fonctions du tourisme sont mieux comprises, des
opportunités existent pour une planification incluant la zone de
destination en rapport nécessairement avec les impacts sociaux,
environnementaux, et économiques. Quand le site est bien
désigné et que la zone entière est planifiée
valablement, beaucoup de visiteurs réduiront leurs impacts
négatifs sur l'environnement et la société. La zone de
destination qui se rapproche du terme territoire peut se définir comme
un espace géographique qui contient une masse critique de
développement qui satisfait les objectifs des voyageurs.
3-)A l'échelle régionale, dans le but de
déterminer la plus grande potentialité pour une région ou
une nation, la planification est recommandée afin d'attirer les
investisseurs et entrepreneurs. Ceci sera possible en se servant des plans
régionaux qui retracent ou identifient bien les zones où des
opportunités se trouvent réellement à partir d'une
étude sur les facteurs du développement touristique et la
faisabilité des investissements. Ce type de planification demande qu'il
y ait comme principale raison de planification à ce niveau macro
l'intégration de tous.
La motivation pour une planification touristique peut provenir
de différentes sources, car chaque communauté, territoire ou
région a une histoire, tradition, politique, et aspirations
différentes. Il n'y a pas de type de développement qui est plus
compliqué socialement, économiquement, et environnementalement
que le tourisme. Ses fondements font qu'il est
60 Gunn, Clare.A.1994.Tourism Planning: basis,
concepts, cases. Third edition. Philadelphia: Taylor & Francis. Ou en
français, Planification touristique, base, concepts et cas.3e
édition, Philadelphie.
40
difficile à généraliser
c'est-à-dire en donnant un aspect universel à ses principes.
L'amélioration de la planification touristique peut avoir d'impacts
à partir d'un tourisme national ou par une organisation adoptée
par toute la nation.
En réalité, il est clair qu'un tourisme non
planifié ou mal planifié peut être la cause principale de
la dégradation du patrimoine naturel et culturel. Cette
dégradation peut aboutir à des bouleversements des traditions et
des modes de vie des gens habitant l'endroit où les activités
touristiques mal planifiées ont été effectuées.
Ceci occasionne toutefois, un certain conflit entre populations locales et
touristes. A cet effet, il devient nécessaire que l'inscription des
activités touristiques dans des stratégies globales de
développement au niveau national, territorial, rural soit faite afin
d'atteindre un développement maitrisé, coordonné et
géré. De là, le problème de gouvernance doit
être pris en compte.
Partant de la définition de la gouvernance
donnée par Karim et Wayland cités Par David Picard et Mike
Robinson61 à savoir « La gouvernance concerne des
questions aussi diverses que l'administration, l'application de la loi,
l'engagement civique, la participation des citoyens et la promotion de
l'égalité ». Il est bien d'insinuer qu'il existe une
nécessité à prendre en compte des interférences
complexes entre tourisme, culture et développement car c'est très
difficile d'arriver à une définition indiscutable d'une politique
touristique. Il s'agit alors de mettre en place des dispositifs efficaces
d'encadrement en essayant d'encourager au préalable la
coopération sectorielle.
En conclusion, il s'avère importante de faire de la
planification du développement touristique un outil important en vue de
favoriser le développement d'un tourisme durable dans le but
d'éviter ces fortes concentrations de flux touristiques afin de
réduire les différentes nuisances. Il s'agit de remettre en
question les pratiques traditionnelles de planification pour mieux
61 Karim, K.H and Wayland, S.V. (2001) Culture,
Governance and Human Rights. In: Matarasso, F. (ed) Recognising Culture. A
series of briefing papers on culture and development. UNESCO, Department
of Canadian Heritage and Comedia, with support from the World Bank, London.
Cité dans UNESCO.2006.Tourisme,culture, et développement
durable par David Picard et Mike Robinson.DOC no CLT/CPD/CAD-06/13.
41
garantir la résolution des problèmes
spécifiques de financement et de valorisation du secteur touristique
Section 2 : Brève revue de la littérature
empirique
Dans cette partie, le choix de certains travaux de recherche a
été fait. Ainsi, le travail de Juanchich Laure mené sur la
Seine-Saint-Denis a été pris en compte en raison de la liaison
établie entre tourisme, culture et territoire. Puis, le travail de Marco
Menozzi basé sur 15 années d'activités du dispositif
d'agences de développement local en région wallonne, territoire
touristique, est considéré. Enfin, le principal travail qui a
retenu le plus notre attention tout au long de ce bilan de présentation
et a servi de référence à notre façon de concevoir
l'étude des cas, c'est la recherche de Dujardin et Marek sur la commune
de Durbuy.
Travail de recherche de Juanchich Laure sur la
Seine-Saint-Denis
Partant de l'hypothèse que tourisme et culture peuvent
évoluer dans un rapport de coopération afin de tirer
bénéfices l'un de l'autre Laure Juanchich62 a
développé une réflexion qui tient compte des
contradictions existant entre la volonté de préserver le
patrimoine touristique et culturel et celle de recevoir bon nombre de
visiteurs. L'émergence d'un tourisme culturel peut participer au
développement local du territoire puisque l'interaction entre tourisme,
culture et territoire produit des effets sur l'environnement. Ainsi, il met en
valeur l'importance du territoire en tant qu'espace de valorisation à la
fois de la culture et du tourisme puisque le tourisme se fait toujours dans des
lieux spécifiques choisis comme destination.
Saisir le sens de cette relation selon l'auteur convient
à prendre en considération deux aspects clé à
savoir l'identité locale et patrimoine, ce qui amène à
dire que la culture devrait faire partie intégrante de toute
stratégie de développement d'un territoire donné à
travers différents domaines. Ce type de relation selon l'auteur ne se
trouve pas partout de la même façon, il
62 Juanchich, Laure. 2007. Culture, tourisme,
territoire : Les apports du tourisme culturel au développement local.
Paris .master présenté, année
universitaire 2006-2007.En ligne :
http://doc.sciencespo-
lyon.fr/Ressources/Documents/Etudiants/Memoires/Cyberdocs/Masters/SECI/juanchich_l/pdf/juanchich_l.pdf
42
importe alors d'identifier des régions à fortes
potentielles touristiques afin de les transformer en pôle d'attraction
surtout en optant pour les produits d'un tourisme plutôt culturel lorsque
ces territoires sont en phase d'expansion.
Pour mener à bon port cette analyse, l'auteur situe sa
recherche dans le territoire de la Seine-Saint-Denis situé au Nord-est
de Paris, dans la région l'Ile de France pour montrer les impacts du
tourisme culturel sur le développement de ce territoire. Le maillage
culturel de ce territoire a été rendu possible grâce
à la mise en place des structures qui garantissent la création,
les résidences d'artiste, la diffusion, la médiation surtout dans
les lieux de valeurs, ce qui permet au territoire d'avoir une offre culturelle
et un patrimoine ancien diversifié.
Dans son analyse, l'auteur ne réalise aucune
distinction entre développement local et développement
territorial qu'il trouve assez proches quand il s'agit d'aborder les effets du
tourisme sur un territoire donné. Pour Laure, il est plausible
d'envisager l'approche locale du développement quoique confrontée
à un double contexte à savoir celui de la mondialisation
prônant des rapports économiques planétaires puis celui de
territorialisation infra-étatique. A ce niveau, il cite des auteurs en
développement local dont Bernard Pecqueur63 qui adopte une
définition qui dépasse très largement la seule
valorisation économique des biens et services marchands. Plus loin, il
s'est référé à l'économiste Paul
Krugman64 qui voit dans le développement territorial l'effet
d'auto-consolidation du succès plutôt que d'un quelconque avantage
imputable à l'existence des ressources préexistantes,
c'est-à-dire qu'il y'a bien des échanges d'autre nature qui
renforcent en tout cas les échanges économiques.
En Seine-Saint Denis, il y' a eu des retombées
économiques liées spécifiquement aux équipements
culturels entrainant la forte fréquentation touristique en ayant
occasionné d'un coup la hausse des recettes propres. Malgré tout
il y'a des fuites enregistrées, sur chaque 1 €
dépensé sur le site culturel 8 à 10 € sont
dépensés ailleurs sur le territoire. De plus, il y'a le
développement fulgurant du tourisme d'affaires grâce au tourisme
culturel. Tout cela a entrainé
63 Pecqueur Bernard.2000. Le
développement local. Paris, Editions Syros, Collection :
Alternatives économiques. 64Krugman, Paul.2000. La
mondialisation n'est pas coupable. Vertus et limites du
libre-échange. Paris, La Découverte.
43
au niveau du territoire l'augmentation du chiffre d'affaires
du territoire. En plus, des emplois directs et indirects ont été
créés. En zone touristique, sur chaque 10000 arrivées sur
un site culturel, il y' a eu près d'un emploi direct et d'un ou de deux
emplois indirects ayant pris naissance sur le territoire en raison de l'offre
culturelle. Ce type de tourisme a requis toutefois des cadres de diplôme
bac + 2 ou au-delà. Le tourisme culturel industriel en Seine-Saint-Denis
a favorisé des liens sociaux et des rencontres entre les entreprises et
les populations locales, qui tirent aussi avantage des actions du comité
départemental du tourisme. Cependant, il faut souligner, comme l'a fait
remarquer l'auteur, sa recherche ne s'est pas basée sur des
études quantitatives approfondies.
Recherche de Marco Menozzi sur le
développement local en Wallonie
Marco Menozzi65 a essayé d'étudier
l'activité de développement local en région Wallonne au
Belgique. Pour lui, il implique d'abord de bien faire preuve de prudence quand
il s'agit de définir le mot « territoire » à cause de
sa nature polysémique car il y'a différence au prime abord entre
territoire politique, territoire culturel et touristique, cependant il a fini
par adopter la définition de Pecqueur qui le voit surtout comme «
un espace d'intelligibilité des acteurs »66.Cette
définition-là lui permet surtout d'aborder le
développement local durable sur un territoire comme un processus qui
engage l'acteur pendant un certain temps à s'approprier de cet espace
dans sa quintessence en saisissant toutes ses particularités.
En conséquence, à travers le territoire, les
liens entre les acteurs sont bien tissés puisque c'est un facteur de
marqueur d'identité. Cette dernière, en tant que concept selon
l'auteur, se rapproche même de l'acception de développement local
durable du fait qu'elle sous-tend dans l'optique du développement local
une dimension interactionniste qui se rapporte aux articulations entre
l'individuel et le collectif. Lorsqu'il s'agit de site, suivant des recherches
déjà réalisées dans des pays industrialisés
et émergents sur le développement local, le dit site est d'abord
singulier, ce qui permet aussi de comprendre à partir du principe
d'identité que le
65 Menozzi, Marco. 2013. Approche
théorique du développement local durable et regard critique sur
15 années d'activité du dispositive d'agences de
développement local en région wallonne. Bruxelles:
mémoire pour l'obtention d'un diplôme de Master en politique
économique et sociale.
66 PECQUEUR, Bernard.1995. Rationalité
et territoire, texte d'une conférence Université de Grenoble
2, p.6 cité par Menozzi
44
territoire est bien une entité unique avec ses
particularités et une identité propre. Cependant, il ne faut
jamais prendre un territoire ou un site comme étant isolé dans le
cadre du développement local durable.
Pour réaliser cette étude, une enquête a
été menée, en ayant fait passer un questionnaire aux
différentes agences de développement local (ADL) au nombre de 51
agréés contre seulement 23 qui l'ont rempli. Ces
agences-là ont été mises en place quinze ans de cela, par
rapport à la période de recherche, au moment d'une prise de
conscience dans l'intention d'aider à la constitution d'un
développement local efficace dans les communes de Wallonie. Il
s'agissait d'un projet Pilote pris par le gouvernement Wallon afin de
créer des emplois à l'échelle locale. Cette enquête
était réalisée afin de procéder à un
état des lieux de leur dispositif.
Une grande partie des ADL a mis en valeur un plan
stratégique de développement local (PSDL) puisqu'il est
nécessaire à ce que la démarche pour un tel
développement ne s'improvise pas. Cela aura dû être
réfléchie et partagée par une large couche de la
population. En Wallonie, il était constaté que 61 % des agences
de développement local ont mis en place un tel plan(PSDL) et la plupart,
des axes stratégiques évoqués. Il y'a eu en
réalité une préférence pour les activités
économiques et touristiques, cependant l'auteur a constaté que
tous les agents de développement local de nature mono-communale,
pluri-communale disposaient bien d'un diagnostic du territoire concerné.
Toutefois, le territoire duquel il était question dans le cadre de cette
étude était de nature politique.
Une entente cordiale s'est trouvée entre les ADL et les
élus locaux à Wallonie propre à faire du pouvoir politique
un levier indispensable de la démarche entreprise par les agences. De
plus, ces ADL ont eu des rapports privilégiés à hauteur de
91% avec les UVCW67 qui jouaient selon eux le rôle de
Porte-Parole de leurs revendications. En raison du décret pris en leur
faveur à partir de ces relations privilégiées, il
était constaté que le nombre d'agents ayant
bénéficié d'un contrat déterminé est
passé de 60% à 83%. Par rapport au décret près de
57% se sont montrées satisfaites. Concernant les axes
stratégiques prises en compte dans leur plan
67 Union des Villes et Communes de Wallonie.
45
stratégique du développement local, les axes
économiques et touristiques ont été
privilégiés par 64.3% des ADL.
Il y'a eu certaines difficultés avec les pouvoirs
politiques communaux à cause d'une méconnaissance de certains
principes dont la dimension transversale du développement local ou
territorial ainsi que d'un manque de communication et de compréhension.
En quelque sorte, l'importance de l'apport des élus locaux au projet de
développement territorial s'avère être une condition
inévitable. La plupart des agents questionnés voyaient le
développement local durable à leur manière.
Travail de recherche sur le développement
territorial à Durbuy
L'étude sur le développement territorial de la
commune de Durbuy, une province de Luxembourg réalisée par
Dujardin et Alyson68 permet d'analyser le rôle moteur que joue
le secteur touristique accompagné du commerce de détails et de la
construction de la région pour le développement. C'est une
perspective qui est donc intéressante en ce qui a trait à notre
travail de recherche. Ils partent d'une présentation du profil
économique avec des sociétés dont les plus
présentes sont les PME (petites et moyennes entreprises) et les TPE
(très petites entreprises).Par la suite, ils s'orientent sur plusieurs
tendances théoriques dont une première centrée sur
l'économie d'agglomération pour montrer que l'activité
touristique née autour de Durbuy-Vielle-Ville fait augmenter
l'attraction touristique et a entrainé d'autres secteurs dont la
construction et le commerce.
Au niveau de cette commune, sur les 5 plus grandes
entreprises, il y'a trois qui sont liées directement au tourisme, ce qui
permet d'insinuer que l'activité touristique a dopé
l'économie de cette région. Dujardin et Alyson poursuivent leur
analyse en essayant d'estimer les externalités liées au secteur
touristique. Les autorités communales ont rapporté qu'en 2001 le
tourisme représentait 7.44% des recettes du budget communal, sur 884
entreprises 111 étaient liées directement au tourisme.
68 Dujardin, Sébastien; Marek
Allyson.2008.Développement territorial: Etude de cas concret de la
commune de Durbuy.
46
Il est montré dans cette étude que par le biais
de l'approche d'économie d'agglomération le secteur agricole se
développe en raison de son lien direct avec l'activité
touristique par le fait qu'il façonne bien le paysage de la
région. Par souci de diversification, les acteurs du secteur agricole
développent une offre en hébergement touristique avec des
gîtes à la ferme, camping de ferme puis autres produits gustatifs
(fromages de chèvres, confiture etc..) du terroir attirant l'attention
des touristes. En plus, deux types de commerces s'étaient
développés : celui de gros afin de répondre aux besoins
immédiats de la population locale et ceux de détail, en lien avec
la demande exogène du tourisme par exemple des magasins de souvenirs.
De plus, il est constaté une relation importante entre
le tourisme et la mise en valeur d'espaces urbanisés au niveau de la
région (villages des vacances etc.). Ainsi, le progrès
enregistré dans l'immobilier au tourisme permet l'activité de
location et la vente de secondes résidences.
Dans cette région au final, il est possible de
constater l'importance du tourisme sur le développement territorial vu
l'induction dynamique qu'il entraine même si c'est parfois exogène
au niveau du territoire. Néanmoins, il y'a un peu d'externalités
négatives liées à la région dont le manque de
nécessité pour une main-d'oeuvre très qualifiée
occasionnant par-là, la non concentration de cerveaux à haut
revenus sur le territoire. Tout compte fait, en dépit des effets
négatifs enregistrés sur le territoire, il est constaté
une mise en place de politiques publiques dans la lignée des auteurs
dont E. Perrin et N.Rousier69 en vue d'un renforcement des forces
d'agglomération par le fait que les autorités font du tourisme
une activité structurante et dominante dans la région .Pour eux,
le tourisme entrainera sans aucun doute le développement local par le
truchement d'une cohésion entre plusieurs acteurs et entreprises. De
plus, il y'a aussi mise en place d'Agence de Développement Local(ADL),
qui a permis le renforcement du capital humain par une incitation sur des
mentalités entrepreneuriales.
69 C. LACOUR, E. PERRIN, N. ROUSIER.2005. Les
Nouvelles Frontières de l'Économie Urbaine. Paris :
éd. de l'Aube.
47
En raison de la spécificité de la commune de
Durbuy, les auteurs Dujardin et Allyson70 pensent qu'elle est
fortement ancrée dans la perspective de développement
territorial. L'économie d'agglomération existante la rend
différente des autres communes en termes d'activités
économiques classiques surtout dans le domaine touristique. Elle offre
des produits centrés sur le patrimoine architectural et le patrimoine
naturel. « Durbuy-Veille-Ville » est donc vue comme étant une
ressource territoriale qui concourt bien à sa spécificité
du fait qu'il soit un cadre touristique spatialement contraint à lier
à des caractéristiques intrinsèques non cessibles et non
transférables suite à la reconnaissance de ce site par les
premiers touristes bourgeois depuis au 18e siècle .
A Durbuy, il y'a offre d'un produit cohérent, unique et
spécifique propre à l'image de la ville. Ainsi, la rente de
qualité territoriale définie comme la capacité des acteurs
à créer des processus institutionnels susceptibles de capter le
consentement à payer des consommateurs associés à
l'environnement du produit est surtout captée de manière
individuelle par des prestataires touristiques. Au final, les auteurs ont
associé l'étude de ce cas aux théories du
développement régional ou territorial dans la catégorie de
la « théorie du développement endogène local »
puisqu'ils insistent sur le caractère endogène des
activités de la commune de Durbuy. Différents plans de
développement mettant accent sur les micro-initiatives ont
été privilégiés.
Section 3 : Formulation d'hypothèses
Pour faire suite à ce long cheminement théorique
et en conformité aux questions posées dans le chapitre I portant
sur l'objectif de la recherche et la problématique, les
hypothèses suivantes ont été formulées dans le but
d'établir l'existence des relations entre les variables :
développement territorial et activités touristiques.
Hypothèses
1-) Une bonne planification intégrée en
matière de développement des activités touristiques par la
prise en compte des besoins et aspirations des populations locales contribuera
au développement durable de Port-Salut.
70 Dujardin, S.; Marek A, op. cit
48
2-) En tant qu'activité économique transversale,
le tourisme dotera Port-Salut par le biais de ses atouts particuliers d'un
potentiel de développement propre.
Section 4 : Méthode et sources bibliographiques
Pour rédiger ce mémoire et répondre
à nos questions de recherche, puis confirmer nos hypothèses de
recherches :
-Des revues scientifiques, dont Centre de Recherche pour
l'Étude et l'Observation des Conditions de Vie (CREDOC), Etudes
Caraïbéennesrevues.org,
Academia.edu, Economie
ruralerevues.org, Land Economics,
Cairn.info, Persee.fr.
-Des publications sur les sites des différents organes
opérant dans le tourisme ou collectant des données sur
l'évolution du tourisme à travers le monde et sur Haïti ont
été consultées à savoir les informations
données sur le site du Ministère du Tourisme et des Industries
Créatives, ensuite, à travers le WTTC, le UNWTO, l'OMT, la
CNUCED, la BRH, l'IHSI etc...
-Des articles de presse liés au tourisme dont ceux
publiés au journal le nouvelliste, Haïti Press-Network, Le Matin,
Le National etc.
-Des mémoires ayant un certain rapport à
l'économie du développement surtout territorial ou local sont
mobilisés, ainsi qu'au tourisme. La plupart des documents en format PDF
ont été tirés des sites internet de renom.
-Enfin, les archives du Ministère du Tourisme et des
Industries Créatives ainsi que celles de l'IHSI ont été
mises à notre disposition.
49
Deuxième partie
« Industrie touristique à travers le monde
: Particularités régionales et nationales »
50
Chapitre I
Ampleur et importance relative de l'industrie
touristique
Section 1 : L'industrie touristique à travers le
monde
I-1-a Evolution macroéconomique et arrivées
des touristes internationaux
Les activités touristiques connaissent une grande
ampleur à travers la planète, en raison notamment de la
mondialisation et de l'accroissement de la richesse mondiale qui a
découlé en un certain sens de l'expansion des classes moyennes
dans les pays émergents adoptant pour la plupart un mode de vie
occidentalisé71.C'est l'industrie qui s'affirme être la
plus rapide en matière de croissance surtout dans les PMA à
près de 11% par an en moyenne depuis 1991. Les recettes de ces pays ont
atteint 15 milliards de dollars EU. Les exportations des services de voyages
estimées à 1.6% du PIB des PMA en 2014 contre 1.2 en 1995
demeurent une source importante pour les pays moins avancés. Le nombre
d'arrivées des touristes internationaux dans les PMA est passé de
4 millions en 1995 à 25 millions en 201472.
En 2015 selon les statistiques de l'OMT73, le
secteur touristique représente 9% du produit intérieur brut (PIB)
mondial .Son impact sur l'emploi est aussi remarquable avec un pourcentage de
9% des emplois créés à travers le monde. Le tourisme
représente près de 6% des exportations mondiales soit un montant
de 1500 milliards de dollars EU en exportations et 30% des exportations de
services en 2015.
71 MARESCA, Bruno.2011.les pays émergents
soutiennent le tourisme culturel en France. In revue CREDOC, Consommation et
modes de vie #238
72 Organisation mondiale du commerce
.2015.Statistiques du commerce international 2015.p.33.
73 OMT. Faits saillants 2015.
51
De 25 millions de touristes internationaux en 1950, ce nombre
était évalué à 1.133 millions de touristes en
2014.En termes de prévision, pour 2030 le nombre de touristes est
estimé à 1.8 milliard74.
De plus, le tourisme occupait en 2014, le 4e rang
des exportations mondiales avec 1245 milliards $ EU de recettes devant
l'industrie de l'automobile et des hydrocarbures. Les Amériques ont
enregistré la croissance la plus forte estimée à 8% des
arrivées ou 181 millions de touristes en 201475.De son
côté, M Taleb Rifai, le secrétaire général de
l'OMT avance : «Les résultats de 2015 ont été
influencés par les taux de change, les cours du pétrole ainsi que
les crises d'origine naturelle et humaine dans de nombreuses régions du
monde »76 . Comme illustration, referons-nous à ce
tableau retraçant les arrivées et les recettes.
74 Ibid.
75 OMT. Faits saillants 2015.
76 Organisation Mondiale du Tourisme.
Communiqué de presse « Record d'arrivées de touristes
internationaux en 2015, à 1,2 milliard, en hausse de 4 %»
publié le 18 janvier 2016 à Madrid PR No : Pr 16008.
52
Il importe de noter que sur le plan macroéconomique les
dépenses des visiteurs internationaux sont comptées comme
exportations pour le pays de destination et dans la catégorie
d'importations pour le pays de résidence du visiteur. Il est possible de
voir que la crise de 2008 et 2009 a eu impact sur les recettes touristiques
puisque de 970 milliards $EU en 2008, elles étaient passées
à 885 milliards $EU. De même, en ce qui a trait au nombre
d'arrivées, le nombre était passé pour la même
période de 928 millions à 891 millions de touristes
internationaux. Cependant, suivant les variations en pourcentage, une baisse
est constatée sur la base de l'indice de 2008 soit de 4.6% pour la
période 2012-2013 et 4.3% entre 2013 et 2014, de même au niveau
des recettes, cette variation à la baisse est constatée pour les
mêmes périodes par rapport à l'indice
choisi77.
Cette diminution était due surtout à
l'appréciation en 2013 du dollar américain et des devises
indexées comme celles des Caraïbes ou du Moyen-Orient face à
l'euro et à d'autres devises. En moyenne, pour l'année 2013,
cette dépréciation a été de 3% puisque les valeurs
en Euro exprimées en dollars américains étaient
supérieures de 3% par rapport à 2012.Le tableau ci-dessous met au
clair l'évolution du taux de change entre l'Euro et le $
E.U78.
|
$EU-euro
|
Variation(%)
|
Euro-$EU
|
Variation (%)
|
2010
|
0.7543
|
|
1.3257
|
|
2011
|
0.7184
|
-4.8
|
1.3920
|
5,0
|
2012
|
0.7783
|
8.3
|
1.2848
|
-7.7
|
2013
|
0.7530
|
-3.3
|
1.3281
|
3.4
|
2014
|
0.7527
|
0.0
|
1.3285
|
0.0
|
Source Baromètre du tourisme mondial.OMT.2015.
En 2014, les recettes du tourisme international ont crû
de 48 milliards de dollars, 41% de ces recettes étaient pourtant
captées par l'Europe, suivie de l'Asie-Pacifique avec 30%, dans les
77 OMT. Baromètre du tourisme mondial. Annexe
statistique : Volume 13, avril 2015. 78OMT. Baromètre du
tourisme mondial. Annexe statistique : Volume 13, avril 2015.
53
Amériques, le pourcentage n'était que de 22%, en
Afrique, et de 3% puis 4% au Moyen-Orient. Tout compte fait, il faut signaler
que l'évolution suivant la période 2013 à 2014 est plus
poussée en Asie-Pacifique (4.4%) et en Moyen-Orient (5.7 %) que celui
d'Europe (3.6%) et au-dessus de la tendance mondiale (3.8)79.
Cette situation peut se comprendre grâce au tableau
suivant où il est possible de constater qu'en dépit des impacts
et du taux de croissance rapide des pays émergents, le rattrapage n'a
pas encore réussi. C'est pourquoi seulement 34.5% de la part du
marché était captée par ces pays-là. De même,
au niveau des recettes, il est surtout constaté la même tendance.
En termes de variation à prix constants, les économies
émergentes sur le plan des recettes ont une tendance beaucoup plus
favorable. A titre d'exemple, mentionnons que pour les pays avancés, la
variation des recettes était de 5.7% en 2012-2013 contre une baisse de
3.2% en 2013-2014.Une situation inverse était enregistrée dans
les économies émergentes avec une augmentation des recettes de 4%
à 4.6% en 2013 et 2014.
79 OMT.2015.Memento du Tourisme : Le tourisme dans
le monde.
54
Source : Organisation mondiale du tourisme (OMT-UNWTO),
d'après les données de l'OMT-UNWTO, mai 2015.
I-1-b Etat d'avancement du tourisme dans les
économies émergentes
En 2013, les économies émergentes
représentaient 43% du commerce mondial des marchandises, puis
contribuaient à 34% au commerce total des services commerciaux. Certains
pays émergents asiatiques dont la Thaïlande, le Macao, et la Chine
représentaient respectivement 24%, 18%, et 18%80 dans le
secteur des exportations de services de voyages du commerce mondial. La part de
marché des économies émergentes est passée de 30%
en 1980 à 45% en 201481.
Ainsi, le projecteur en matière de croissance de
demande est particulièrement fixé sur les pays émergents
avec un taux de croissance (4.6%) des recettes touristiques dépassant
celui des économies avancées (3.2%)82.Dans ces pays,
le tourisme demeure le 4e secteur économique important
derrière les combustibles(1er) et les produits alimentaires
(2e),les textiles et vêtements (3e).En 2015,il
était constaté, un rebond du taux de croissance (5%) dans les
destinations des économies avancées à cause de bon
resultats des pays de l'Europe. qui leur ont permis de dépasser celui
des destinations d'économies émergentes ( 4%)83 .
80 Organisation Mondiale du commerce. Statistiques du
commerce international 2014.
81 OMT.2015.Faits saillants 2015
82 OMT.2015.Faits saillants 2015.
83 Global News Matters. Tourism Report Q2 2015:
Discover the opportunity in the Caribbean.
Le tourisme comme activité économique a permis
d'enregistrer de forte croissance économique à travers le monde
puis se conforte dans son rôle de diversificateur et de transformateur au
niveau de la structure de certaines économies. C'est le cas d'Anguilla
dont le tourisme a contribué de 2.7% à sa croissance du PIB en
2014 alors que ce PIB a crû de 1.9%, et de Cuba dont le tourisme
contribue à 10.4% de la croissance du PIB qui a cru de 1.3% en
201484.
I-1-c Evolution des arrivées et impact de la crise
de 2008-2009
L'évolution des arrivées à travers le
temps s'est faite de manière continue et sans interruption. Le nombre
des arrivées enregistré est passé surtout de 25 millions
en 1950,278 millions en 1980, puis 527 millions en 1995, 675 millions en 2000,
et 940 millions en 2010 avant d'atteindre 1.133 millions en 2014. .Par
projection pour l'année 2030, il était visé près de
1.8 milliard d'arrivées85. Tout compte fait, il convient de
ne pas oublier comme c'était le cas pour les différents autres
secteurs de l'économie, le tourisme accusait un certain ralentissement
au cours de la crise de 2008-2009, cependant comme l'affirme l'OMT c'est le
secteur, en raison de son dynamisme qui s'est le plus rapidement remis de cette
crise financière et économique. En 2012 suivant l'OMT, il
était constaté le fait qu'il y'a eu toujours un taux de
croissance estimé à près de 3 à 4%, ce qui
témoigne d'une certaine résistance remarquable à
l'instabilité économique, et de 4.35% en 2014.Le graphe
suivant86 témoigne de cette évolution en question.
55
84 Global News Matters. Tourism Report Q2 2015:
Discover the opportunity in the Caribbean.
85 Faits saillants OMT.2015.
86 Idem
56
Source : OMT.2015. Faits saillants 2015
I-1-d Principaux continents
bénéficiaires de l'augmentation des arrivées touristiques.
En 2030,57% des arrivées toucheront davantage les
économies émergentes avec une prévalence au niveau de
l'Asie-Pacifique à près de 4.9% par an87.Entre 2010 et
2030, dans les économies émergentes, le taux de croissance
prévu est de 4.45% par an88.
Selon les statistiques de l'OMT pour la période
comprise entre 2004 et 2014, il y'a eu beaucoup plus de mouvements dans les
secteurs touristiques dans les pays de la périphérie que dans les
pays capitalistes. Le taux de croissance annuel moyen était de 5.4% par
an en Afrique avec 6.2% en Afrique Subsaharienne. Il était de 4.7% au
Moyen-Orient et 6,1% en Asie-Pacifique avec le record mondial 8.6% en Asie du
Sud. Pourtant, le taux n'était que de 2.8% en Europe, 3.5% dans les
Amériques et 5.1% pour l'Amérique du Sud89. Cependant,
la majorité des voyageurs (émission), soit près de trois
quarts d'après l'OMT, proviennent traditionnellement des pays les plus
développés de la planète avec notamment une part de
marché de 50.8% détenue par l'Europe,23.7% par Asie-Pacifique, et
16.7 % par les Amériques,3.3% en Moyen-Orient, et 2.9% par l'Afrique. Le
tableau suivant90 peut en témoigner :
87 OMT. Faits Saillants 2015.
88 Idem
89 Ibid.
90 Id.
57
Source : Organisation mondiale du tourisme (OMT-UNWTO) (c)
En ce qui a trait aux marchés émetteurs
précisément, c'est la Chine qui vient en tête du classement
depuis 2012 avec une augmentation de 27% en 2014 et ses dépensent
s'estimaient à 36 milliards de dollars pour la même année.
Ceci a été surtout favorisé par la hausse des revenus
disponibles, l'appréciation de la monnaie chinoise, une plus grande
facilitation du voyage et l'assouplissement des restrictions relatives au
voyage à l'étranger. Ce pays génère 13% des
recettes touristiques mondiales à l'heure actuelle .Les Etats-Unis
viennent en seconde position et l'Allemagne en troisième
place91.
I-1-e Type de tourisme et de transport les plus
adoptés.
En terme de type de tourisme pratiqué suivant la
même source, il est constaté que pour 2014, près de 53% des
touristes internationaux se situaient dans le cadre d'activités de
loisirs et de détente soit 598 millions, 14% pour affaires, et 27%
quittent leurs territoires pour des raisons diverses comme visites à des
familles, objectifs religieux comme pèlerins, études et
traitements thérapeutiques etc. L'autre 6% de ces touristes n'ont pas
spécifié leurs objectifs92.
91 OMT. Faits saillants. Op. cit.
92 Ibid.
58
Le mode de transport le plus utilisé au cours des
déplacements était surtout le transport aérien à
près de 54%93 des cas. Il n'est pas question de
négliger le rôle que peut jouer le tourisme intérieur dans
la croissance économique, cependant les yeux sont rivés en
général sur le tourisme international qui génère de
grandes rentrées de devises, puis des transferts de capital
économique et technique importants.
I-1-f Dépendance développée au
tourisme par certains pays et bénéfices majeurs captés
par d'autres.
Il n'importe pas tout compte fait en adoptant cette vision
globale des activités touristiques de cacher les grandes
différences en terme de retombées à travers
différentes nations de la planète. Ce secteur fait surtout face
à son caractère hétérogène. En 2000, selon
la banque mondiale, les touristes apportaient aux pays en développement
trois fois plus de ressources que l'aide publique au développement
fournie par les pays de l'OCDE94. Ainsi, les nombreux petits Etats
insulaires en développement affirment une grande dépendance
vis-à-vis du secteur en termes de génération d'emplois, de
rentrées de devises. C'est le cas de Cuba dont le tourisme
représente 10.45% du PIB. Ce pays, par la suite des négociations
autour de la fin de certaines restrictions des voyageurs américains,
espérait augmenter sa croissance du PIB à 3.5% en 2015 avec
l'espoir de générer 494500 emplois directs et indirects. En plus,
cette croissance espérée sera favorisée par les
investissements étrangers à cause d'une nouvelle loi
votée95.
Cependant, en valeur absolue, il ne faut pas être dupe
puisque l'incidence économique affichée par le secteur profite le
plus aux économies jouissant d'un potentiel de diversification comme les
Etats-Unis d'Amérique, la Chine, le Japon, la France, l'Espagne,
l'Italie (voir le tableau ci-dessous)96 etc. Dans le même
ordre, l'OMT avance que la contribution du tourisme au PIB varie de 2 à
10% dans les économies avancées. Ce flux important dans les pays
en développement s'explique par le fait que ces pays ont vu
croître le revenu disponible des ménages, ajouté au fait
qu'il est moins coûteux et plus facile d'effectuer un voyage. Ainsi,
se
93 OMT, ibid.
94 Banque mondiale.2002. BENAVIDES David Diaz,
Overcoming poverty in developing countries through sustainable
international tourism, Conférence des Nations Unies pour le
commerce et le développement.
95 Global News Matters. Tourism Report Q2
2015.Discovery the Opportunity in the Caribbean.
96 OMT .Faits saillants 2015.
59
comprend l'apport croissant du secteur touristique à
l'économie en développement estimé à près de
34.5%97 des recettes touristiques mondiales.
Les pays ayant eu, selon l'OMT, le taux de croissance le plus
élevé dans le secteur du tourisme et de voyages, et des recettes
(arrivées, recettes) étaient particulièrement en 2014
certains pays en développement dont le Maroc (18.6%,19.4%) ; l'Afrique
du Sud (17.1%,25.7%) ;la Chine(21.1%,16.1%) ;Macao(16.6%,13.5%) sans oublier
que Sierra-Leone à cause de l'Ebola a connu le pire taux soit -46.2%.
entre 2013 et 201498 .
I-1-h Situation des PMA et des Etats insulaires
Selon un dernier recensement organisé, il est
constaté que pour 20 sur 49 des PMA répertoriés, le
tourisme est la première ou la deuxième source de
devises99.Le tourisme détient une importante fonction dans la
majorité des Etats insulaires en matière d'emplois de nature
pourtant précaire selon certaines critiques puisque habituellement, il
s'agit d'emplois peu qualifiés et à bon marché, et des
emplois des mineurs etc.
Dans la majeure partie des cas, le rôle croissant de
l'Etat se voit dans l'encouragement de ces genres d'activités dans ces
pays-là en raison de l'importance génératrice de
croissance économique et d'emplois, ce qui pourrait sans nul doute
contribuer à réduire la pauvreté. C'est le cas de Cuba
décrit tantôt avec la loi prise sur la flexibilité des
investissements étrangers,
97 Idem.
98 Id.
99 CNUCED. Tourisme durable :
contribution à la croissance et au développement durable.
Réunion d'expert sur la contribution du tourisme à un
développement durable tenu à Genève, 14 et 15 mars
2013.
60
votée de manière à améliorer la
performance économique avec des interdictions concernant la
santé, l'éducation et les forces armées. La
république dominicaine également a adopté des
décisions politiques qui ont amélioré la gestion de leurs
ports. Le ministère du Tourisme dominicain a mis au point des
stratégies en 2014 pour permettre aux croisiéristes d'avoir
facilement accès au port le plus que possible100.
I-1-i Tendance vers un tourisme durable
De plus en plus, à travers le monde, les
préoccupations en matière d'environnement pour le
développement touristique constituent le point focal de toute politique
et initiative dans le secteur du tourisme international. Par conséquent,
l'option du développement d'un tourisme durable pouvant entrainer une
réduction de la pauvreté et propre à réduire les
inégalités constatées dans le développement
touristique mondial s'impose. L'idée de développement durable
fait partie d'un programme de développement mondial depuis les
années 1980 suite au rapport de la commission de
Brundtland101.
Tout de suite après, il y'a eu surtout
l'élaboration de la charte de tourisme durable en 1995. La question de
tourisme durable comme potentiel de développement durable était
l'un des objets principaux de la Déclaration des Nations-Unies sur les
objectifs millénaires du développement, ce qui a
été confirmé lors du sommet mondial organisé
à Johannesburg au cours duquel en 2002 la planification touristique
s'avérait une obligation prégnante promue par les organismes en
charge du tourisme et de l'environnement de par le monde dont l'OMT et le
PNUE102.
Au départ, cette considération n'était
pas mise en valeur dans la conception du développement par la voie des
activités touristiques. L'attention du premier expert touristique de la
Banque Mondiale du nom de Kurt Krapf 103dans sa vue mécaniste
était plutôt portée sur les flux
100 Global News Matter. Tourism Report Q2 2015: Discover the
opportunity in the Caribbean.
101 Priskin, J. (2009). Développement durable et
tourisme : un portrait international. Rapport rédigé dans le
cadre d'un cahier du participant pour le Symposium international sur le
développement durable du tourisme et produit par la Chaire de tourisme
Transat de l'ESG UQAM pour le ministère du Tourisme du Québec.
Ministère du Tourisme du Québec, Québec.
102 Idem
103 Saskia Cousin. "L'Unesco et la doctrine du tourisme
culturel". Civilisations, 2008, vol. 57, (1-2,), pp.41-56.
<halshs-00687048>
61
financiers que peuvent générer le tourisme pour
les pays en développement. Selon lui, ces pays peuvent profiter surtout
de l'augmentation des recettes en devises par une stimulation du commerce
international. Cela proviendra, selon lui, de la mise en valeur des
matières premières abondantes dans les pays en
développement à condition uniquement que des infrastructures
soient mises en place. Pour cet expert, la prise en compte des
conséquences néfastes, sociales, culturelles, environnementales
et notamment sur le plan économico-monétaire avec
possibilité de se trouver en spirale inflationniste n'est pas une option
envisageable.
De nos jours, le développement touristique est
appréhendé d'une nouvelle manière, c'est ainsi que bon
nombre d'entreprises entendent passer au vert. Les consommateurs sont
prêts à payer davantage dans le but d'obtenir des produits
écoresponsables pour aider les collectivités des régions
visitées.
Enfin, les préoccupations actuelles portent
également sur les effets des changements climatiques sur le
développement touristique toujours dans l'idée de
préservation des milieux naturels, et de même sur le rôle
important que devrait jouer le tourisme en vue de traiter le problème du
changement climatique. Ainsi se comprend l'assertion suivante de Francesco
Frangialli, secrétaire général de l'OMT en 2007 :
Le changement climatique comme la réduction de la
pauvreté resteront des problèmes primordiaux pour la
communauté internationale. Dans les deux cas, le tourisme est un
élément important. Les gouvernements et le secteur privé
doivent accorder une importance accrue à ces facteurs dans les
stratégies de mise en valeur touristique et dans les stratégies
en matière de climat et de pauvreté. Il y a
interdépendance de ces phénomènes et il faut les traiter
dans leur globalité104.
104OMT-PNUE-Organisation Météorologique
Mondiale. Changement climatique et tourisme : Faire face aux défis
mondiaux. Octobre 2007 (résumé).
62
Section 2 : La situation dans la Caraïbe
La situation concurrentielle qui règne entre les
différents territoires de la Caraïbe en matière
d'activités touristiques amène à analyser le
déroulement de ce secteur dans la région caraïbéenne
en particulier tout en prenant en considération les efforts
réalisés en termes de développement d'un tourisme durable.
L'espace caraïbéen est surtout une région qui attire des
gens en raison de ses merveilleuses plages et son environnement pittoresque. Il
a pris du temps avant de faire l'expérience avec le mode de transport
aérien soit en 1960, ère correspondant tout à fait au
démarrage d'activités visant à exploiter son potentiel
touristique.
I-2-a Evolution du tourisme dans la Caraïbe
En dépit des difficultés liées au fait
que ces petits territoires insulaires sont vulnérables aux catastrophes
naturelles, le taux de croissance en moyenne annuelle des touristes dans cette
région est estimé à 7 % jusqu'en 2015.Le nombre des
arrivées dans la région des Caraïbes a même
dépassé en 2015 le taux mondial estimé à 4% en
2015.Le marché touristique caraïbéen était
placé en deuxième position avec un taux de 11.4% de croissance
après l'Amérique du Sud en 2015 (18.3%) à travers le
monde105.
Il convient de mentionner que la majeure partie des pays de
cette région demeure dépendante de l'activité
économique touristique comme pouvant impulser le développement
des différents territoires qui s'y trouvent. Bernard Babb cité
par Fred Doura106 confirme que le tourisme dans la Caraïbe
vient juste après le secteur public au sens de pourvoyeur d'emplois et
la contribution de ce secteur au PIB de la région s'estimait à
52.8 milliards de dollars US en 2011.
Selon le WTTC, en 2014, la contribution totale du secteur
touristique au PIB était de 14.6% dans la Caraïbe. L'objectif
était de maintenir un taux de 3.3% entre 2015 et 2025 afin qu'elle soit
15.4 % du PIB en 2025.Les emplois totaux générés par le
secteur au niveau de la région
105 CTO.2015.State of the tourism industry report 2015.
106 Fred, Doura.2012.Economie d'Haïti: dépendances,
crises et développement 2e ed.p.248
63
est de 2231500, ce qui représentait 13% de l'emploi
total dans la Caraïbe avec près de 879000 emplois directs.
L'objectif est d'atteindre en 2025 près 2.788000 emplois. La part du
secteur du tourisme dans les exportations s'élevait à 18.1% des
exportations totales. Si le taux de croissance des exportations se maintient
constant 3.5% entre 2015 et 2025, les exportations touristiques atteindront
18.4% des exportations totales. En termes d'investissement, les investisseurs
touristiques caraïbéens ont réalisé 12.2% des
investissements totaux. En 2025, ce taux d'investissement selon les
prévisions pourra atteindre 14%107 des investissements
totaux.
La plupart des régions de la Caraïbe dont
Haïti ont affiché une croissance de deux chiffres comme c'est
indiqué au graphe suivant avec surtout Cuba qui a atteint un taux record
de 17.4%108 de janvier à novembre 2015. Selon cette
même organisation touristique de la Caraïbe (CTO), en termes de
performance, en 2015, sur le plan d'occupation de chambres, le pourcentage
était de 68.8% et le revenu par chambre disponible était de
157.74$ EU d'où une augmentation de 6%.C'est le Bahamas surtout qui a
reçu le plus de touristes de croisières, soit de 19% du total.
Comme projection, les arrivées touristiques pour 2016 devraient
croître entre 4.5% à 5.5%109.
NB : Double digit growth=croissance de deux chiffres
I-2-b Contraintes au développement
touristique dans la Caraïbe et disparités entre les pays
En 2012, l'Agence Française de Développement a
procédé à un diagnostic dans son Cadre d'Intervention
Régional Caraïbes 2013-2015.D'apres, ce diagnostic, ces pays
insulaires font
107 WTTC. Economic Impact 2015 Caribbean
108 CTO.2015.State of the tourism industry report 2015.
109 Idem.
64
face à des difficultés presque similaires : - la
forte exposition aux risques naturels -la fragilité des
écosystèmes- l'éloignement et l'isolement. Sur le plan
économique, il a souligné des difficultés, à savoir
l'étroitesse des marchés locaux, la faible diversification des
activités et le coût d'accès aux marchés
extérieurs. De plus, le niveau d'endettement des pays de la
région représentait 70% de leur PIB110.
Sur le plan social, dans la région, il est
constaté une faiblesse et une volatilité du capital humain, et de
l'insécurité. Suivant, l'AFD, depuis 1990, les pays de la
Caraïbe faisaient face à la mauvaise marche de leurs principaux
moteurs historiques de développement dont le déclin du
système agricole. Il existe de grandes disparités dans le
développement de ces pays, hormis Haïti, l'IDH
caraïbéen est de 0.724. Ce chiffre masque pourtant une grande
diversité. Par exemple, un Barbadien avec un PIB par habitant autour de
21700$ EU en 2011 apparait 20 fois plus riche qu'un Haïtien avec 1200$ EU
.En Haïti, en Guyana, et à Saint-Vincent, l'agriculture et la
pêche représente plus de 20% du PIB, alors qu'à Bahamas,
c'est le tertiaire qui prédomine à près de 90%. Pour Iles
caïmans, le tertiaire avoisine 85%. Cependant, il y'a eu plutôt un
repositionnement de leurs économies sur le secteur touristique et des
services financiers111.
A partir du cas de la République Dominicaine, il est
possible d'arriver à une compréhension de cette pauvreté
masquée où les plus pauvres n'ont eu que 3.7 % de revenu en 1997
pour passer à 2.6% en 2005 alors que celui des plus riches est
passé de 56.4% à 60.9%.Ces auteurs concluent : « Si le
tourisme international est à la base du bond remarquable des pays de la
caraïbe sur le plan macro au regard de l'IDH, la meilleure formule pour
réduire les inégalités sociales et la pauvreté au
sein de certains états se fait attendre. »112
Malgré des handicaps pouvant bloquer le
déroulement normal des opérations touristiques, ces
dernières années, les chiffres montrent une croissance
exponentielle du secteur. Déjà, en 2014, le nombre de touristes
ayant visité la région était de plus 21 millions soit
selon l'OMT 22.512
110 Agence Française de Développement. Cadre
d'Intervention Régional Caraïbes 2013-2015.
111 Agence Française de Développement. Op.cit.
112 Fred Célimène, François Vellas, op
.cit.
65
millions, et les recettes s'élevaient 27.316 millions $
EU113. Les croisiéristes ont été au nombre de
24 millions et le revenu par chambre disponible a connu une croissance 5.7%
d'une année à l'autre et la demande en hôtel a crû de
2.4%114. Les destinations qui viennent en tête du classement,
avec une large domination du pays voisin sont présentées dans le
tableau115 suivant :
Source: Global News Matters: Tourism report Q2 2015
Le taux de croissance du PIB à Aruba pour
l'année 2014 était de 1.1% à cause d'une baisse de
l'investissement et de la consommation du secteur public. Le tourisme
contribuait à 88.4% du PIB. Aruba s'attendait à une croissance de
2.5% en 2015 sous l'influence majeure du secteur touristique. De son
côté, le Bahamas a eu un taux faible soit 1% de croissance du PIB
et 15.7% de chômage, cependant le secteur touristique a contribué
à 43.6%. Ce pays visait une croissance du PIB de 2.3% en 2015.En
République Dominicaine, le PIB a crû de 2% et pour 2015, le taux
prévu est de 1.8% à cause du déclin des investissements du
secteur privé de 5.2%, le tourisme représentait
26.4%116 du PIB. Ces exemples visent à démontrer
l'importance du secteur touristique dans la région.
I-2-c Préservation du cadre environnemental propre
au tourisme
Le processus de préservation du patrimoine culturel,
historique constitue un souci majeur inscrit dans la vision durable du
développement avec la mise en place en décembre 2001 de la Zone
de Tourisme Durable de la Caraïbe (ZTDC) avec pour objectif un
développement équilibré et soutenu favorable à une
tendance durable du développement touristique117.
113 Baromètre OMT du tourisme mondial. Avril 2015.Volume
13.Annexes statistiques.
114 Global News Matters. Tourism Report Q2 2015: discovery the
opportunity in the Carribean.
115 Global News Matters. Tourism Report Q2 2015: discovery the
opportunity in the Caribbean.
116 Idem
117 Fred Célimène, François
Vellas.2013.le tourisme mondial, les inégalités
internationales et le problème de la pauvreté in Etudes
Caraïbéenne.
66
Chapitre II
Description du Tourisme en Haïti
Section 1 : Histoire du tourisme en Haïti
II-1-a Naissance et évolution du tourisme
L'histoire du tourisme en Haïti constituera une
manière de comprendre l'évolution du tourisme dans ce pays. Nous
approuvons l'idée de Boyer118 cité par Hugues
Séraphin, à savoir que le fondement du tourisme est d'abord
historico-sociologique. Ainsi, ce chapitre s'inspire principalement du
livre de Hugue Séraphin intitulé « Le tourisme : l'ouverture
pour le peuple de Toussaint »119 et des informations
recueillies auprès du Ministère du Tourisme et des Industries
Créatives.
Il est difficile de déterminer la date de la naissance
du tourisme en Haïti comme industrie puisque il y'a beaucoup de divergence
d'opinion des auteurs sur ce point. La beauté du paysage haïtien
attirait déjà des touristes depuis au 18e
siècle. Haïti était surnommé par les principaux
visiteurs « terre de Dieu »120. Il s'agissait en quelque
sorte d'un tourisme vert qui va prendre fin après le mouvement de
déforestation qui sévit dans le pays depuis
l'indépendance. Le siècle suivant a vu fleurir ce qui pourrait
s'appeler du tourisme culturel, et des intellectuels du monde entier
étaient venus visiter Haïti dont James Franklin (1828) qui a
écrit un livre après : « The Present State of Hayti
»121.Au 20e siècle, Graham Green (1954),
était venu visiter Haïti et publia un livre « The comedians
(1966)122 ».
118 Boyer. M. (1999) Histoire du Tourisme de Masse,
Que sais-je ? n°255, Paris : PUF cité par Hugues Séraphin,
op.cit.
119 Séraphin, Hugues. 2014. Le Tourisme: l'ouverture
pour le peuple de Toussaint. Paris : Editions Publibook
120 Thomson, I. (2004) Bonjour blanc, a journey through
Haïti. Londres : Vintage
121 Dans ce livre, ce marchand et penseur britannique
démontrait que le déclin constate au niveau de l'économie
haïtienne n'était pas dû à l'indemnité
versée la France.
122 Livre dans lequel l'auteur disait,
« is the only one of my books which I began with
the intention of expressing a point of view and in order to fight -- to fight
the horror of Papa Doc's dictatorship. »Traduit «c'est le
seul de mes livres que je commençais avec l'intention d'exprimer un
point de vue et afin de lutter-Lutter contre l'horreur de la dictature de Papa
Doc »
67
Pourtant, la majorité des auteurs s'accordent à
avancer l'idée que le tourisme haïtien était né
précisément après la seconde guerre mondiale, de la
période entre 1940 et 1950 qui est vue surtout comme l'âge d'or du
tourisme haïtien. L'attractivité d'Haïti pour le tourisme
était surtout à l'époque son climat, l'hospitalité
des gens, la culture populaire, la commémoration du bicentenaire de
Port-au-Prince, des hôtels originaux construits à l'époque,
la peinture, le carnaval, les sites etc...D'autres auteurs avancent que c'est
plutôt au cours des années 19501960 avec la dénomination
d'Haïti comme destination touristique « perle des Antilles »,que
les visiteurs se multipliaient par 6 pendant 5 ans étant passés
de 10788 en 1951 à 67700123 en 1956.
Tout compte fait, la période de gloire du tourisme en
Haïti se situe sur une période de 40 ans. L'un des anciens
directeurs du tourisme de cette époque, Clovis Charlot (1955-1958), a
entrepris des activités de formation, suivant des standards
internationaux, des gens appelés à fonctionner dans les
hôtels. A cette époque, des villes comme Pétionville et
Kenscoff étaient surnommées « alpes Haïtiennes
»124 .Par exemple, en 1975, la lune de miel du couple
Clinton était passée en Haïti. D'autres attraits
touristiques avaient plu aux visiteurs surtout entre 1960 et 1970 dont la
peinture, l'artisanat, le soleil, la mer, l'histoire et un développement
fulgurant des établissements touristiques à savoir casino,
galeries d'art, sites balnéaires125 etc...
L'auteur Hugues Séraphin arrive à faire une
synthèse des opinions émises quant à la naissance du
tourisme haïtien en trois grandes périodes, la première
(tourisme vert) de 18e siècle pratiquée par un nombre
restreint de visiteurs, la deuxième(1940-1970) appelée selon lui
une période du tourisme élitiste puisque c'étaient des
artistes et des intellectuels qui en jouissaient en réalité, et
enfin le tourisme de masse débutait dans les années 1970, et
s'est amplifié Avec l'arrivée du Club Med en 1981.
123 H, Séraphin, op.cit.
124 Dans les guides de voyage de Fodor de 1965 à 1974
125 Idem
68
II-1-b Approche historico-politique de la naissance du
tourisme en Haïti
Parler du tourisme en Haïti demande la prise en compte de
l'influence de la sphère politique sur ce type d'activité. Ainsi,
l'activité touristique évolue au rythme de la vie politique du
pays. D'ailleurs, le tourisme haïtien a souvent fait face à des
périodes d'instabilité non favorables à son
véritable épanouissement, et la majeure partie de ces
instabilités était principalement d'origine politique. La
période douloureuse de l'histoire d'Haïti avec le
débarquement des troupes militaires américaines, qui imposaient
au pays une occupation qui a duré près d'une vingtaine
d'année, précède les grands débuts du tourisme
haïtien.
De gros montants ont été débloqués
pour assurer le financement des activités économiques
d'Haïti portant principalement sur l'agriculture, l'industrie et les
services. L'investissement financier était passé de 4 millions de
dollars EU en 1913 à 14 millions en 1930126 à
l'époque de l'occupation, ce qui a fait d'Haïti au début des
années 30 un pays d'une certaine prospérité
économique remarquable grâce au succès de la production de
la banane, du sisal, et du début de la construction immobilière
dans l'aire métropolitaine.
Après la deuxième guerre mondiale,
l'activité des croisiéristes a débuté. Haïti
est placé idéalement proche de Cuba au moment où des
paquebots traversaient les côtes de la Caraïbe. C'est bien à
ce moment que l'hôtel « la villa créole » a vu le jour
avec la propriétaire Mme Lina Wienar Assad, ce qui a occasionné
par la suite en 1951 la naissance de l'ATH (Association Hôtelière
et Touristique d'Haïti).A ce moment, en 1947, la pauvreté
était déjà présente mais il n'y'a pas eu cette
misère de masse. Ainsi, après le départ des
américains, la classe moyenne s'est portée au pouvoir ayant
critiqué pour la plupart l'incapacité des
élites127.
En termes d'administration du tourisme en Haïti, cela n'a
commencé que suite au départ des américains en 1938 sous
la Présidence de Sténo Vincent. Peu de temps après, avec
la montée du Président Elie Lescot, un nouveau régime
autoritaire instauré soulevait le mécontentement d'une large
couche de la population haïtienne. Il y'a eu des crises
révolutionnaires dont la
126 Manigat, L. (1995a) La crise haïtienne
contemporaine. Port-au-Prince : Éditions des Antilles S.A
cité par Hugue Séraphin.
127 Hugue Séraphin. Op.cit.
69
grève des lycéens et des étudiants en
janvier 1946 qui a poussé le Président Elie Lescot à la
démission.
Tout de suite après, c'était l'arrivée du
Président Dumarsais Estimé qui malgré la crise
financière que le pays était en train de vivre va donner au
tourisme son statut glorieux en Haïti avec un certain leadership. Ainsi,
il a procédé à l'exposition internationale de
Port-au-Prince en 1949 qui, selon plus d'un, marquait de son sceau la
destination Touristique d'Haïti comme la plus prisée à
l'époque dans la Caraïbe devançant Cuba jusqu'à la
montée de François Duvalier en 1957. Haïti était
surnommé par certains visiteurs « perle des Antilles » et les
visiteurs américains à l'époque le qualifiaient de «
pleasure world »128 , ce qui signifiait destination de plaisir
et beaucoup de touristes de croisières visitaient Haïti.
Selon Anthony George Pierre129, le Président
Dumarsais Estimé a fait preuve d'un grand leadership par le fait qu'il
s'est doté d'une vision de long terme pour le développement. Il
y'a eu de l'éthique et de la compétence dans le mode de
fonctionnement des dirigeants de l'époque, et cela d'autant plus que les
projets n'étaient jamais improvisés mais bien
méthodiquement préparés. En dernier lieu, sous la
présidence d'Estimé, il était remarqué une
volonté collective de changement et d'aspiration au progrès. Sous
cette présidence, le pays a connu un bon climat démocratique,
dans l'un de ses ouvrages l'historien Georges Corvington mentionnait que
l'Exposition Internationale de Port-au-Prince en 1949
« a été un bienfait pour Haïti, eu
égard à l'embellissement et à l'assainissement d'un
immense quartier de la capitale qu'elle entraîna, à l'essor
économique qu'elle propulsa et surtout au développement de
l'industrie touristique qu'elle provoqua » 130
Plus tard avec l'arrivée de François Duvalier au
pouvoir, la dictature qui prenait naissance a apporté un coup dur au
tourisme en Haïti. Suite à la mort de François Duvalier,
animé d'un autre esprit, son fils le succédait et tentait de
reconstituer le tissu touristique haïtien dans un
128 Zendegui, G., Muschkin. S. (1972) Images of Haiti.
Americas, 24(3): 1-24, cité par Hugue Séraphin.
129 Georges-Pierre, A. (2012) Dumarsais Estime. L'homme,
l'oeuvre et les idées. Port-au-Prince : L'Imprimeur
130Corvington dans George-Pierre, 2012.
70
climat de stabilité politique. Il plaçait le
tourisme en position prioritaire et tendait à articuler le
développement du territoire par le biais du développement de
l'activité touristique. A cette époque, l'accent était mis
sur la protection du patrimoine et à ce titre l'ISPAN a
été mis sur pied en 1979, et en 1982, au rang de patrimoine
mondial était placée la Citadelle Sans-souci et Ramier. A ce
moment, certaines infrastructures touristiques ont été mises sur
place dont l'Hôtel « la Jacmélienne » puis le club Med,
appartenant à des étrangers, s'est installé en Haïti
en 1981.Malheureusement, le dénigrement d'Haïti sur le plan
publicitaire mondial au moment de voir dans les haïtiens les agents
humains de propagation du virus du SIDA en 1983131 a
éloigné certains touristes des côtes d'Haïti.
Il faut souligner qu'en termes de stratégie et de
politiques en matière d'organisation touristique de 1950 à 1985,
la principale politique de l'Etat était centrée sur la promotion
en vue d'assurer une très forte présence du pays sur les
marchés internationaux. Avec le départ en exil de Jean-Claude
Duvalier associé au déchoucage en 1986, l'instabilité
politique battait son plein sur la république avec la succession de
plusieurs présidents dans un laps de temps au pouvoir, ce qui a fait
chuter le nombre de visiteurs passant de 149655 en 1985 à 111661 en 1986
pour les touristes de séjour. Le nombre de touristes a chuté
considérablement passant entre 1987 et 2004 de 239200 visiteurs à
108868132.
Mentionnons que l'image d'Haïti a connu une certaine
remontée mondiale durant la présidence de Jean Bertrand Aristide
en l'an 1990. Cette situation n'allait pas durer avec le coup d'Etat, suivi
d'un embargo politico-économique en 1991. Ce climat politique de
l'époque n'a fait qu'entrainer l'arrêt presque complet des
arrivées touristiques. L'insécurité qui régnait a
fait d'Haïti l'endroit le moins visité. En 1993, Haïti n'a
reçu que 120000 touristes. L'année d'après, le nombre de
touristes ayant visité Haïti n'était que 70260.Ce
déclin a empêché la mise en place des nouvelles bases
nécessaires en vue de relancer le secteur touristique. A ce moment, la
république voisine a reçu près de 1.9 millions de
tourisme.133 Le trafic aérien commercial était
interdit, et les entreprises étrangères liées au tourisme
quittent le pays dont le
131 MTIC. Ulrick Emmanuel Noel. Septembre 2015.Les
opportunités pour le tourisme dans la bande Nord.
132 Hugues, op .cit.
133 Ministère du tourisme.dec.2003.Elaboration du
DRSP, première esquisse.
71
Club Med, Holiday Inn, Air France, sauf, le tourisme
d'affaires qui y demeure notamment avec le plein d'ONG. L'activité
touristique qui a connu une hausse remarquable au cours de la tranche de
période 1985-2001, c'est celle des croisiéristes qui est
passée de 80000 en 1985 à 357442 en 2001, mais rechutait à
342088 en 2002134
Sous la présidence de René G. Préval, le
nombre de visiteurs était passé à 150147135 en
1996. Le niveau d'endettement d'Haïti s'est considérablement accru
et représentait près de 35 % du PIB à la fin des
années 2000. A cette époque, le président ne croyait pas
surtout dans l'activité touristique comme pouvant décoller le
développement d'Haïti à un point tel qu'il qualifiait le
projet du club indigo comme étant non viable136.
Il convient d'ajouter qu'un ministère du tourisme a vu
le jour en 2002 sous la présidence de Mr Jean Bertrand Aristide avec la
loi du 6 juin 2002. Les différentes attributions de ce ministère
étaient : «élaborer la politique touristique nationale
et en assurer le suivi, assurer la promotion d'Haïti sur le plan
touristique tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du
pays, définir le plan de formation aux divers métiers du
Tourisme, de l'Hôtellerie et de la Restauration »137
.
En termes de politiques liées à cette
période pour le développement des activités touristiques
de 1996 à 2003, il existait surtout un certain consensus au niveau du
gouvernement, avec la secrétairerie du tourisme qui élabora le
plan directeur du tourisme. L'activité touristique était
centrée autour de deux grands axes stratégiques ;
premièrement le naturel avec l'option d'écotourisme, les
découvertes marines, les sports nautiques, les parcs naturels et
randonnées, et après le culturel lié à l'histoire
tenant compte des monuments, des traditions, des croyances et des productions
artistiques. Il y'a eu promotion de trois types de touristes à
l'époque « tourisme balnéaire, tourisme de croisière,
tourisme intérieur ».A cela s'ajoute le fait que des zones
touristiques ont été identifiées dans plusieurs
départements .Enfin le gouvernement
134 Idem
135 Idem
136 Hugues Séraphin, citant Jacques Marie (PDG club
indigo) dans un entretien qu'il lui a accordé.
137 Le Moniteur, jeudi 6 juin 2002, directeur
général Emile Jean-Baptiste, Loi portant sur la création
du ministère du tourisme.
72
haïtien en mars 2001 a adopté une stratégie
de développement du secteur articulé autour des axes suivants
:
- l'investissement touristique, notamment l'amélioration
du cadre normatif, la
recherche de partenaires investisseurs, le développement
des infrastructures d'accueil, la mise en valeur du patrimoine touristique,
- la promotion, notamment pour la réhabilitation et la
restauration de l'image
d'Haïti,
- l'éducation pour améliorer le savoir-faire en
matière de gestion du tourisme,
- la gouvernance avec le renforcement
institutionnel.138
Durant le deuxième mandat du président
René Préval, un processus de tertiarisation de l'économie
débutait et le secteur tertiaire représentait à
l'époque 60% du PIB139. Avec le tremblement de terre du 12
janvier 2010,il était constaté la destruction des infrastructures
touristiques à Port-au-Prince et à Jacmel identifiés comme
dotés de fortes potentialités touristiques avec deux plans de
développements touristiques mis en place en 1996 puis en 2006.Il y'a eu
de pertes considérables en matière hôtelière soient
848 chambres détruites sur 1621 existant, ce qui a diminué d'un
coup la capacité d'hébergement. Le tableau140 suivant
témoigne des dommages et pertes subis par le secteur hôtelier dans
la zone de Port-au-Prince.
Source : Ministère du Tourisme d'Haïti (mars 2010)
138 Ministère du tourisme.dec.2003.Elaboration du
DRSP, première esquisse.p.4
139 Idem
140 Ministère du Tourisme d'Haïti. Mars, 2010.
73
L'arrivée au pouvoir du président Martelly est
marquée par un rebondissement des activités touristiques en
raison du grand dynamisme dont a fait preuve la ministre du tourisme
Stéphanie Balmir Villedrouin. Le nombre de visiteurs a atteint un total
de 348.800141.Avec elle, l'ère du renouveau du secteur
était annoncée et hissait Haïti au rang des destinations
touristiques sur la carte de tourisme à travers le monde et la ministre
s'est fixée comme objectif de faire du tourisme une activité
épanouie au lieu d'une activité contrariée.
En termes de contribution du secteur touristique à la
croissance et au développement, il est possible d'avancer que les
dépenses des touristes représentaient entre 1985 et 1991
près de 4.3% du PIB, 38.85% des recettes d'exportations, et 22% des
recettes d'importations. Entre 1992 et 1995, ces taux étaient
passés à 2,8%,61.5% des recettes d'exportations et 16.3% des
recettes d'importations142. Entre 2000 et 2002, les revenus
touristiques ne représentaient que 1% du PIB alors que dans la
Caraïbe la moyenne était de 20%143.
Section 2 : L'industrie touristique actuelle
d'Haïti
II-2-a Parc hôtelier en Haïti
Le Ministère du Tourisme en 2010 procédait
à une estimation du parc hôtelier présent dans le pays et a
pu constater que seulement 1500 chambres en Haïti sont de standard
international. En outre, il faut souligner le développement en
Haïti de la parahôtellerie avec près de 3000 chambres environ
dans les provinces du pays ne respectant pas les normes en
réalité. En matière de restauration, il y'a eu aussi le
même constat ; seulement 20 restaurants du pays concentrés
précisément dans l'aire métropolitaine pouvaient recevoir
des étrangers. En 2015, les derniers chiffres du Ministère
démontrent que sur un parc hôtelier de 9280 chambres, 4861 sont de
standard international selon le classement hibiscus144.
141 Global News Matters. Tourism Report Q2 2015 : discovery the
opportunity in the Caribbean
142 Secrétairerie d'Etat du Tourisme (1996) cite par Fred,
Doura. Op. cit.
143 MDT .Juin 2010.cite par Fred Doura, op.cit.
144 Conférence de presse par la ministre
Stéphanie Villedrouin le 13 mars 2015 a la primature. En ligne :
http://www.haitilibre.com/article-12558-haiti-tourisme-liste-de-tous-les-hotels-classifies-en-haiti.html
74
II-2-b Les arrivées touristiques à partir de
2010.
En matière d'arrivées touristiques en Haïti
durant les 5 dernières années, il est possible de dire qu'il y'a
une augmentation d'année en année. Le nombre de tourisme en
Haïti était de 254700 pour passer à 348800 en 2011.Il y'a eu
une légère augmentation en 2012, soient 349200 visiteurs. Pour
l'année 2013, le nombre de visites a atteint 419700 et l'année
2014 a connu une nouvelle hausse estimée à 465200 visiteurs
soient 10.8% de variation entre 2013 et 2014. Soixante-quinze pour cent de ces
touristes venaient des États-Unis, 8% du Canada, et l'Europe de son
côté n'a fourni qu'environ 9% de touristes à
Haïti145.
Le nombre des croisiéristes a augmenté de 2.9%
en 2014, près de 662403 touristes de croisières ont visité
Haïti .A cela s'ajoute, le fait que la crise de 2008 a grandement
affecté le secteur des croisiéristes par une chute estimée
à 13.82%. Seulement 4.6% de touristes visitant Haïti proviennent de
la Caraïbe .Pour l'année 2015 de janvier à avril, ce nombre
était déjà à 166029146 visiteurs. En
2016, un classement réalisé par Priceonomics liste un certain
nombre de pays les moins touristiques en rapport au nombre d'habitant en
s'étant inspiré des chiffres de la Banque Mondiale sur les 25
pays les moins touristiques. Haïti ne figure pas sur cette liste, or des
pays comme Venezuela, Burkina Faso, Brésil s'y trouvent. Bengladesh
vient en tête du classement avec un(1) touriste pour 1273
habitants147. Le tableau148 suivant peut nous renseigner
davantage sur les arrivées avec un taux de 2.1% de croissance.
Source: Global News Matters. Tourism Report Q2 2015: Discover the
opportunity in the Caribbean
145 Global News Matters. Tourism Report Q2 2015: Discover the
opportunity in the Caribbean.p.89
146 CTO.2015.Arrivals visits in 2015.
147 Gregor Brandy. Quels sont les pays les moins touristiques du
monde ? .Slate.fr. Repéré sur Priceonomics le 25 avril 2016.
148 Global News Matters, 2015. Op.cit.
75
II-2-c Les impacts économiques du secteur
touristique à partir de 2010
Concernant les recettes touristiques d'Haïti, il y'a eu
aussi une grande évolution durant les cinq dernières
années avec notamment 169 millions de dollars E.U pour 2010 pour
connaitre un taux de croissance de -2.4% pour la période entre 2010 et
2011 à cause du tremblement de terre. En ce qui concerne les
croisiéristes en 2011, durant les huit premiers mois, une rentrée
de 4116870$ EU a été enregistrée. Le montant des recettes
était passé à 447 millions de dollars E.U pour
l'année 2012. Ce montant a atteint 568 millions de dollars EU en
2013149.
Le site balnéaire Labadie, une entreprise privée
dirigée par le groupe SOLANO S.A, contribue énormément aux
recettes touristiques en recevant des grands bateaux de croisières. Il
assure des emplois pour près de 300 locaux et permet à d'autres
gens surtout des artisans d'aller étaler et vendre leurs produits sur le
site. Il paie à l'Etat haïtien 6 dollars EU par touriste. Plus de
500000 croisiéristes ont visité le site en 2013, et en 2014, le
nombre était de l'ordre de 662403150 .
Une recherche réalisée par le WTTC (World Travel
and tourism Council)151, une autorité globale sur la
contribution économique et sociale, permet de scruter à travers
des chiffres l'évolution récente qui s'est produite dans
l'économie haïtienne. Le plus important dans cette recherche, c'est
l'accent particulier qui a été mis sur les différentes
formes de contribution de ce secteur au PIB et à l'emploi à
savoir la contribution directe qui comprend surtout les dépenses
internes propres au secteur touristique réalisées dans un pays
soit par des non-résidents et des résidents pour des buts
commerciaux et de loisirs. Les dépenses individuelles des dirigeants
pour des services directement liés aux visiteurs de nature culturelle
(exemple musée) et récréative (exemple parc national) ont
été présentées .Cette contribution directe a
été calculée par le conseil en prenant en
considération les secteurs caractéristiques du tourisme tels que
des hôtels, des lignes aériennes, des aéroports, des
agences de voyages, et des services de loisirs et de recréation.
149 Barometre OMT.2015.op.cit
150 Fred,Doura,p.261
151 WTTC.2015.Travel & Tourism: Economic Impact 2015
Haiti.
En plus de cela, la contribution totale qui inclut de plus
larges impacts (impacts indirects et induits sur l'économie)
était prise en compte. La contribution indirecte comprend
précisément le produit intérieur brut et des emplois
supportés par les dépenses en investissement touristiques, les
dépenses collectives du gouvernement et ses aides aux activités
touristiques, les achats domestiques de biens et services par les secteurs qui
ont contact direct au tourisme. Puis, la contribution induite se rapporte
précisément au produit intérieur brut et aux emplois
supportés par les dépenses de ceux qui sont directement ou
indirectement employés par le tourisme.
D'abord, le WTTC152 présente la perspective
visée pour 2015 à savoir un taux de croissance dans le domaine
touristique de 5.2% de contribution directe au PIB. En 2014, ce taux
était de 3.2% à savoir un montant de 13036.7 millions de gourdes.
Concernant, la contribution totale au PIB, ce taux était plutôt de
9.5% pour Haïti soit un montant de 38520.2 millions de gourdes pour cette
même année. Comme perspective de croissance entre 2015-2025, le
taux visé était de 10.7%.Sur ce, Haïti suivant le classement
mondial concernant la contribution directe au PIB est placé
142e avec 0.3 billions $ EU alors que la moyenne mondiale est de
19.4 billions et 143e en ce qui concerne la contribution totale soit
d'un taux de 0.9 billions tandis qu'en moyenne à travers le monde, ce
montant est de 58.3 billions. Dans ce classement, la République
Dominicaine a un montant plus de 10 fois supérieur à Haïti
pour la contribution directe et plus de 11 fois supérieur concernant la
contribution totale. Les tableaux suivant permettent de comprendre le
classement cité en référence pour l'année 2014 :
76
152 WTTC.op.cit
77
Source : WTTC. Travel & Tourism. Economic Impact 2015.
En ce qui a trait à la contribution aux emplois selon
le WTTC déjà cité, le tourisme et le voyage en Haïti
ont occasionné directement près de 104,600 emplois soit 2.7% de
l'emploi total en 2014, le taux d'augmentation prévu pour 2015
était de 2.1%, et de 3.1% en 2025 soient 142000 emplois. Le taux de
croissance pour la contribution directe enregistré pour 2014
était de 2.7% en dessous du taux moyen mondial qui était de 3.6%.
Au total la contribution était de 319000 emplois soit 8.2% de l'emploi
total. Le taux de croissance de l'emploi pour 2014 était de 8.2% en
dessous du taux moyen mondial qui est de 9.4% pour la contribution totale. Il
était question de faire passer ce nombre à 325000 emplois en
2015, puis l'espoir était d'atteindre avec un taux de croissance de 9.3%
de l'emploi total, près de 427000 emplois en 2025153.
Haïti était classé à cet effet en
86e position en 2014 avec un nombre de 104600 emplois alors que la
moyenne mondiale était de 827000 emplois, précédé
par la République Dominicaine en ce qui a trait à la contribution
du secteur de tourisme et voyage à l'emploi .En ce qui concerne la
contribution totale, le nombre d'emplois créés étaient de
318800 tandis que la moyenne mondiale était de 2076,6 et la moyenne dans
les Amériques était de 943100.A ce point, Haïti était
classé 77e au monde154. Cette situation est
présentée au tableau suivant avec surtout :
153 WTTC.2015.Travel & Tourism :Economic Impact 2015
Haiti
154 WTTC.2015.Travel & Tourism :Economic Impact 2015
Haiti
78
WTTC. Travel & Tourism. Economic Impact 2015 Haiti.
Encore, selon le WTTC, les exportations représentaient
en 2014 près de 33.2% des exportations totales soit un montant de
26500.5 millions de gourdes. Le but était de les faire croître
à un taux de 4.8% en 2015 afin d'attirer près de 403000 touristes
internationaux. Pour pouvoir atteindre en 2025 près de 44920.0 millions
de gourdes qui seront générés par près de 647000
touristes internationaux, le taux espéré de croissance est de
4.9%.A ce point, Haïti n'est que 125e mondial avec 0.6 billions
de dollars EU alors que la moyenne mondiale était de 7.5 billions de
dollars et celle des Amériques était 6.6 billions de dollars EU.
Il était précédé dans ce classement par des pays
comme la République Dominicaine (48e), les Bahamas
(71e), la Jamaïque (72e), l'Aruba (91e),
la Barbade (107e) et Trinidad et Tobago (115e).Le tableau
qui suit explicite bien notre explication :
79
Les investissements réalisés dans le secteur
pour l'année 2014 se chiffraient surtout à 4991.5 millions de
gourdes et représentaient surtout près de 4.2% de
l'investissement total. La tendance était d'atteindre un taux de 3.5% en
2015.Comme projection à long terme, il est espéré , avec
un taux de croissance des investissements de 2.2% pour les 10 prochaines
années, d'arriver à 6401.8 millions de gourdes d'investissement
en 2025155.Pour mieux comprendre l'évolution des capitaux
investis dans le secteur touristique haïtien, référons-nous
au graphe suivant qui nous permet de constater une augmentation progressive des
investissements sur les 5 dernières années.
WTTC.2015.Travel & Tourism. Economic Impact 2015
Haïti
A ce point, du point de vue de classement mondial et
régional, Haïti est placé 147e après Aruba
(122e), Barbades (134e), Bahamas (91e), Jamaïque
(101ee), Trinidad (99e), République Dominicaine
(87e) concernant les capitaux investis dans le secteur. Le montant
investi pour l'année 2014 était de 0.1 billion de dollars EU pour
Haïti alors que la moyenne dans le monde
155 World Travel & Tourism Council.2015.Travel
&Tourism: Economic impact 2014 Haiti. Recherche dirigée par
Rochelle Turner(
rochelle.turner@wttc.org)
80
est de 4.5 billions de dollars EU et pour le continent
américain ce nombre était 4.9 billions de dollars en moyenne.
Referons au tableau156 ci-dessous pour mieux comprendre ce
classement :
WTTC.2015.Travel & Tourism. Economic Impact 2015 Haiti
Section 3 : Planification touristique en Haïti
En 1996, un Plan Directeur du Tourisme a été
conçu pour Haïti. Ce plan identifiait quatre grandes zones
touristiques prioritaires : le Nord, le Sud, l'Ouest, et le Sud 'Est. Il
était question d'atteindre 4 grands objectifs : 1-)Permettre au pays de
retrouver sa place dans le tourisme international afin de pouvoir assurer sa
compétitivité dans la Caraïbe ; 2-)Associer les
haïtiens aux bienfaits escomptés de l'activité touristique ;
3-) Inscrire la stratégie de développement touristique dans le
cadre d'un aménagement du territoire équilibré prenant en
compte la décentralisation administrative et reposant sur une
stratégie de mise en valeur du patrimoine culturel et naturel national ;
4-) Prendre en compte la dimension sociale du développement touristique
en reconnaissant pour la mise en oeuvre l'adhésion des
populations157.
Pour la mise en oeuvre de ce plan directeur, quatre grands
domaines d'orientation stratégique ont été proposés
à savoir les produits touristiques (excursions d'une journée,
croisières,
156 Idem
157 Ministère du Tourisme.2007.Revision du Plan Directeur
de Développement Touristique de 1996.
81
tourisme d'affaires etc..) les circuits touristiques,
l'aménagement des zones prioritaires et les ressources humaines. Ces
orientations étaient accompagnées de modalités
spécifiques à savoir : a-) rationaliser des choix
budgétaires ; b-) créer une autorité nationale du tourisme
; c) mettre en place des institutions ; d-) viser des actions à
court-terme dont la sensibilisation de la diaspora ; e-) promouvoir la
navigation de plaisance etc...
En terme de bilan, il y'a eu des resultats significatifs dont
la mise en place d'un ministère propre au tourisme, la promulgation des
codes des investissements et la conception du processus d'investissement
touristique. De plus, un partenariat s'est développé en entre le
privé et le public pour le développement du tourisme
haïtien.
Comme autre aspect positif, c'est que ce plan était
construit suivant le long terme. Cependant, des défauts ont
été relevés dont la non prise en compte des
difficultés inhérentes aux capacités de financement, aux
contraintes institutionnelles de mise en oeuvre, et l'absence de
considération en matière de formation158 etc.
Pour répondre à certains de ces
problèmes, il a été effectué dans le programme
2001-2006 une révision du plan directeur pour l'actualiser par rapport
au contexte de l'époque. C'est pourquoi d'autres projets y
étaient intégrés. Il y'a eu également la prise en
compte de l'émergence des tendances de la demande à
l'échelle mondiale puis du recadrage des actions qui contribuent au
développement du secteur par le biais d'une stratégie nationale.
Ensuite, la coordination et la synchronisation tenant compte du facteur
temporel et spatial des actions des secteurs concernés (publics et
privés) ont été prévues159.
En raison de l'instabilité politique qui
sévît dans le pays au début des années 2000, la
bonne marche du ministère du tourisme au cours de la période de
transition 2004 et 2006 a nécessité la fixation des objectifs
spécifiques dans l'élaboration du cadre de coopération
intérimaire. Ces
158 Idem.
159 Ministère du tourisme.2007.revision du plan
directeur de développement touristique de 1996.
82
objectifs ont visé le renforcement des entreprises du
secteur, l'amélioration de la gouvernance du secteur, le retour
d'Haïti sur la carte mondiale du tourisme.
En 2006, soit un an avant la révision du plan directeur
de 1996, une autre priorité gouvernementale a été
identifiée à savoir aménager les destinations
immédiatement exploitables.
En 2007, il y'avait mise en place de bureau et des
dispositions de partenariat institutionnel, relation entre des initiatives du
privé et du public en lien avec le développement, et mise en
oeuvre des projets et des programmes en appui au plan directeur. Les plans
directeurs ont été révisés entre 2007 et 2008 pour
toutes les zones prioritaires identifiées au préalable.
La période de 2011-2015 est surtout marquée par
certains changements non totalement radicaux par rapport au plan directeur du
tourisme de 1996 révisé en 2007.Cependant, le MTIC a
proposé quatre axes stratégiques de planification :
-premièrement, l'accent a été mis sur
l'Image dans le but de repositionner Haïti comme destination touristique
à partir des actions telles que : a-) présence active aux foires
et évènements touristiques ; b-) multiplications des relations et
ententes avec les principaux acteurs privés de l'industrie à
savoir les tours opérateurs ; c-) chaines hôtelières, puis
d-) établir des relations constantes avec les medias etc...
-deuxièmement, le Territoire est priorisé
puisque le ministère visait à développer et
aménager de nouveaux pôles régionaux touristiques et
renforcer l'existant par exemple la côte Nord, le renforcement de la
côte de Arcadins etc...
-troisièmement, l'Economie, en vue d'accroitre
significativement les retombées de l'industrie touristique dans
l'économie du pays en passant par les investissements publics et
privés, les industries créatives etc...
-Enfin, la gouvernance du secteur en vue de le structurer en
misant sur la formation, la sécurité, la planification et la mise
en oeuvre des nouveaux pôles, la promotion de la destination à
l'extérieur160.
160 MTIC. Bilan 2011-2015.Les quatre axes de la
stratégie mise en oeuvre.
83
Au final, il est aussi important de parler de la planification
touristique en considérant le Plan Stratégique du
Développement d'Haïti (PSDH) dans le programme intitulé
« appuyer le développement du tourisme dans la refondation
économique ». Dans cette partie, des sous-programmes indiquent la
vision à long terme du développement touristique suivant 4 angles
à savoir : a-) le développement du tourisme balnéaire ;
b-) le développement d'un réseau d'écotourisme,
d'ethno-tourisme et de tourisme d'aventure ; c-) le développement de la
navigation de plaisance, et enfin d-) le développement du secteur des
croisières.
L'analyse de ces différents choix de planification
d'une période à l'autre montre à quel point l'Etat
haïtien nécessite une nouvelle façon de penser le
développement de ses territoires, ce qui saute aux yeux dès qu'il
est question d'analyser les plans, c'est la question d'aménagement.
D'où la nécessité de penser à innover au niveau des
différents territoires donnés.
Section 4 : Innovations territoriales, conditions au
développement touristique en Haïti
En raison de l'aspect informel régnant dans
l'économie haïtienne qui se tertiarise au fur et à mesure
selon Paul Bénédique et autres161, il s'avère
difficile d'accéder à une propre valorisation touristique sans se
pencher intrinsèquement sur les dotations naturelles et historiques.
S'il est vrai que des processus de promotion sont entamés au niveau
local et international, il importe précisément de tenir compte de
l'une des causes du déclin du tourisme en Haïti, à savoir
l'insuffisance de l'attractivité des territoires locaux en
matière touristique, d'où l'intérêt de se concentrer
sur le développement du tourisme territorial, ce qui garantira la
décentralisation des activités du tourisme en Haïti. Se
confortant à des idées avancées en ce qui a trait au
développement touristique au niveau territorial, il convient de
l'appréhender
161 Bénédique Paul, Alix Dameus et Michel
Garrabe, « Le processus de tertiarisation de l'économie
haïtienne », Études caribéennes [En ligne], 16
| Août 2010, mis en ligne le 19 mai 2012, consulté le 10 avril
2016. URL :
http://etudescaribeennes.revues.org/4728
; DOT : 10.4000/etudescaribeennes.4728. «Dans les années 1800,
l'agriculture représentait près de 95% du Produit
Intérieur Brut (PIB) d'Haïti. En 2009, le secteur primaire entier
ne représentait plus que 23% du PIB. Ce déclin s'est fait au
profit du développement du secteur tertiaire, lui-même
dominé par des petits commerces. Le secteur tertiaire est passé
de moins de 5% à 60% du PIB sur la même période
».
84
précisément suivant la notion d'innovation
territoriale. Jesse March162 cité par Hugues Séraphin
définit l'innovation territoriale comme suit :
Une intégration entre l'innovation technologique et
l'innovation sociale, économique, culturelle et institutionnelle
basée sur la valorisation du capital territorial » et, le capital
territorial se réfère à « l'ensemble des
éléments matériels et immatériels présents
sur un territoire mais insuffisamment capitalisés pour soutenir le
processus d'innovation institutionnelle et économique nécessaire
au développement durable ». Selon March, l'innovation territoriale
résulte des interactions entre trois groupes d'acteurs : les politiques,
les experts techniques, et les citoyens et les
entrepreneurs.163
A partir de cette acception, les atouts d'un territoire
peuvent être valorisés dans la mesure où il y'a de fortes
interactions entre différents acteurs s'adonnant à des
initiatives touristiques en étant partie prenante afin de bien remplir
leur rôle qui consistera à protéger l'environnement et le
territoire. De là, découle l'idée qu'un territoire peut
attirer des visiteurs suivant les caractéristiques et attitudes propres
des gens qui l'habitent et qui réservent de bon accueil à chaque
touriste. En ce qui a trait au processus d'innovation territoriale à
mettre en oeuvre sur un territoire donné, il est admis en
général que cela peut favoriser la décentralisation et le
développement territorial puisque comme le soulignent Rallet et
Torre164 cités par Séraphin, le territoire est un lieu
propice d'innovation.
Certains organismes internationaux dont l'OMT semble
être d'accord avec l'idée que par le biais du tourisme, un
soulagement de la misère des gens qui habitent les zones rurales est
possible. Ces zones-là contiennent le plus souvent la majorité
des pauvres comme c'est le cas pour Haïti. En plus, l'innovation
territoriale encouragera le renforcement du capital institutionnel de ces
régions reculées afin de mieux amorcer le développement
économico-social. Il convient d'associer innovation territoriale
à l'innovation institutionnelle, ce qui
162 March, J. (2008) Living Labs and Territorial Innovation
», in Paul, C. M., C (éds), Collaboration and the Knowledge
Economy : Issues, Applications, Case Studies, Amsterdam : IOS Press
163 Hugue, Séraphin. op.cit.p.98
164 Rallet, A., Torre, A. (2006) Quelles proximités
pour innover ? Paris : L'Harmattan, Collection Géographies en
Liberté.
85
réclame sans nul doute un changement de certains
schèmes de comportements des dirigeants d'institutions. A cela, s'ajoute
le fait que sans attractivité territoriale, il sera impensable
d'envisager du développement touristique en Haïti.
En effet, la promotion entreprise en faveur du tourisme en
Haïti doit couvrir les enjeux territoriaux. Sans quoi, il y'a risque de
bloquer une véritable évolution touristique en n'étant pas
passé par la voie de la décentralisation. Celle-ci permettra de
mieux repartir les effets socio-économiques du tourisme à travers
les différents territoires du pays. Les efforts doivent être
menés du côté de l'Etat en termes d'infrastructures
routières pour faciliter les accès à ces zones, la
formation des membres des communautés locales puis le soutien aux
petites et moyennes entreprises. En même temps, en coordination avec
l'Etat le secteur non-étatique peut entreprendre des initiatives en
termes d'infrastructures d'accueil et de compétences dans les services
à offrir. Tout cela soulève à nouveau la question de
gouvernance, importante lorsqu'il s'agit d'assurer de bonnes interactions et
des dynamismes entre différents acteurs. Il suffit alors de mettre
l'accent davantage sur la relation fondamentale entre l'image des territoires
et la perception des touristes à ce propos.
Pour parler d'attractivité, il serait nécessaire
d'attendre à ce que les touristes exigent beaucoup plus des acteurs
touristiques haïtiens pour une amélioration de la structure
d'accueil appropriée aux attentes touristiques. Il ne suffit pas d'avoir
des sites et lieux touristiques pour espérer le développement
touristique car la vulnérabilité du pays vis-à-vis des
catastrophes naturelles de tout genre est encore criante. En
réalité, le pays fait face depuis longtemps au problème
d'absence d'aménagement des territoires qui constitue sans nul doute une
grande limitation au développement touristique. Il convient en ce sens
d'envisager le développement touristique en accordant plus d'importance
aux différentes infrastructures dans les territoires en dehors de la
capitale, sinon il ne sera nullement possible de parvenir à diversifier
l'offre touristique qui assurera notre position concurrentielle dans la
Caraïbe.
C'est une nécessité pour le pays de parvenir
à l'aménagement territorial qui redonnera droit aux
collectivités territoriales souvent oubliées ou traitées
en parents pauvres dans le développement du pays. Ainsi, la
décentralisation est la démarche la plus urgente dans la
promotion de l'économie du tourisme
haïtien165. Toutefois, il ne faut pas rester au stade du
discours et les actions décentralisantes doivent être
engagées afin d'arriver à une attractivité territoriale
décentralisée.
Dans le pays, les autorités municipales manquent
d'implication et de dynamisme dans la promotion d'un développement
équilibré du tourisme. D'ailleurs, la plupart des entités
administratives territoriales ne sont pas dotées de plans et de cartes
territoriaux qui pourraient être liés au fait d'établir les
adresses des villes, de numéroter les rues, et d'identifier les lieux
touristiques dans les territoires de provinces surtout reculés. En
conséquence, l'essentiel est à considérer sur la
valorisation territoriale par les municipalités locales d'abord qui ont
des rôles à jouer et à assumer en vue de faciliter
l'accès aux sites touristiques ainsi que la protection du droit des
touristes. Ainsi souligne Hugue Séraphin :
concernant le lien entre le capital institutionnel et le
capital social, l'innovation institutionnelle (lois, règles de
qualité, règles de transparence, règles de bonne
gouvernance, incitations à la responsabilité sociale, etc.) peut
non seulement inciter les acteurs du secteur touristique à adopter de
bonnes pratiques en termes de services à la clientèle
touristique, mais elle peut améliorer le niveau de confiance
interpersonnelle, la garantie dans la qualité des services et la
sécurité pour les visiteurs. Si l'État garantit la
sécurité physique des habitants et des visiteurs, et qu'ainsi la
confiance se rétablit, même en l'absence des grandes chaînes
d'hôtels et de la cherté des rares hôtels de qualité,
il sera possible de développer l'hébergement chez
l'habitant.166
86
165 Hugue, Séraphin. Op.cit. p, 105
166 Ibid.
Troisième Partie
87
Etude de cas : Commune de Port-Salut
88
Chapitre I
Présentation du département du SUD et
du profil socio-économique et administratif de la commune de
Port-Salut
Section 1 : Le département du Sud et ses
caractéristiques
Situation géo-spatiale et
démographique
La position géographique du département du Sud
le situe dans le Sud-Ouest de la péninsule méridionale, avec la
Mer des Antilles qui forme la frontière méridionale, puis
l'Ile-à-vache et diverses petites autres îles. Il est aussi
borné au Nord par les départements de la Grand 'Anse et des
Nippes ; au Sud, par la Mer des Antilles ; à l'Est, par les
départements des Nippes et du Sud-Est ; à l'Ouest par la mer de
Antilles.
Le département du Sud s'étend sur une superficie
de 2654 km2s. Selon la dernière estimation de l'IHSI pour
2015, la population totale est de 774976 habitants. La densité est donc
de 292 habitants par km2.La plus grande partie de ces gens sont en
âge de travailler, c'est-à-dire beaucoup d'entre eux, soit 472419,
ont 18 ans et plus. Durant la période intercensitaire entre 1982-2003,
la population du département a crû d'un taux de 1,0% annuellement
en moyenne et est passé d'un taux d'urbanisation de 11.7% en 1982
à 25.7% en 2003167 . En 2014, près de 22 % de cette
population résidaient dans la commune des Cayes.
Le nombre de ménages au niveau de ce département
est estimé à près de 161256.C'est une population en
majorité rurale avec près de 598491 habitants dans les sections
rurales soit près de 77.2% de la population globale qui contient surtout
360666 habitants âgés de 18 ans et plus alors que pour les
quartiers, il y'a environ 15526 urbains contre 160959 pour les villes. De
167 IHSI-RGPH/2003.
89
même, la majeure partie des ménages sont des
ruraux soit à près de 124955.Les villes n'occupent qu'une infime
partie des territoires du département, elles s'étendent
globalement sur près de 33.12 km2s alors que les sections
rurales sont sur 2610.35 km2s.Les quartiers occupent le reste du
territoire avec près 10.13168Km2s.
Sur le plan relief, c'est un département
majoritairement montagneux car près de 40% du département
présente des pentes de plus de 60% d'inclinaison. Voilà pourquoi
c'est une région très vulnérable aux dommages
causés par l'érosion des sols et au ravinement par les eaux.
Seulement 14% du territoire est constitué de plaines à vocation
agricole. Les différentes plaines du département sont
irriguées par une quinzaine de rivières qui découlent
d'une importante réserve d'eau située au Massif de la Hotte.
Climat
Le département du Sud se caractérise par quatre
climats distinctifs : sec (jusqu'à 1000 mm de pluie), semi-humide
(jusqu'à 2000 mm de pluie), humide (jusqu'à 2400 mm de pluie), et
très humide (3000 mm de pluie).Plus de 50% de la superficie du
département sont situés dans la zone humide, 12% dans la zone
sèche et 41% de la superficie est en permanence boisée et
protégée. Pour 56 % de la superficie occupée par
l'agriculture, 26.3% sont à vocation agricole169.Ainsi, il
y'a des climats variés et agréables. Cependant, le
département fait face à de mauvaises pratiques agricoles et la
coupe intensive des arbres donnant souvent lieu à l'érosion de
surface. En ce qui a trait aux points d'eau, le département contient
environ 297 sources, 169 rivières et ravines et 41
étangs170.
Administration
Sur le plan administratif, le département a pour
chef-lieu l'arrondissement des Cayes. Le Sud est divisé en cinq(5)
arrondissements et dix-neuf (19) communes, huit (8) quartiers. Au moins
168 Institut Haïtien de Statistique et d'Informatique.
Mars 2015.Population totale de 18 ans et plus ; ménages et
densités estimés en 2015.
169 PNUD, Haïti.0ctobre 2010.Projet de
réduction de la vulnérabilité des populations et des
infrastructures dans le département du Sud.
170 Plan de Contingence.2014.Departement du Sud
d'Haïti.
90
quatre cent quatre-vingt-quatorze (494) habitations et neuf
cent cinquante-neuf (959) localités se trouvent également au
niveau du département. Il y'a l'arrondissement d'Aquin qui a une
superficie de 1039.27 km2s avec 217827 habitants et 48017
ménages. Il contient 4 communes : Aquin, Cavaillon, Saint-Louis du Sud,
Fond-des-Blancs. L'arrondissement des Cayes s'étend sur 873.49
km2s avec près de 346276 habitants et 71340 ménages.
Il comporte 6 communes dont les Cayes, Camp-Perrin, Chantal, Maniche,
Ile-à-Vache, Torbeck .L'arrondissement des Charbonnières dont la
superficie est de 382.29 km2s avec 78410 habitants et près de
14875 ménages. Il est divisé en 3 communes telles que Les
Chardonnières, Les Anglais, et Tiburon. L'arrondissement des
Côteaux s'étend sur une superficie de 181.18km2s avec
près de 58618 habitants et près de 11756 ménages. Il
comprend 3 communes les Côteaux, Port-à-Piment,
Roche-à-Bateau. L'arrondissement de Port-Salut s'étend sur une
superficie de 177.37 km2s avec une population de 73845 habitants et
15268 ménages. Il se divise en trois communes tels que Port-Salut,
Arniquet, Saint Jean du Sud171.
Santé
Sur le plan sanitaire, le département du Sud compte
près de 83 institutions dont 21.69% se trouvent aux Cayes. Parmi eux
40.96% sont publiques, 21.69% sont privées et 37.35% sont mixtes.
Près de 55.42% des institutions sanitaires du Sud sont des dispensaires,
12.05% des centres de santé sans lit, 19.28% des centres avec lit et
13.25% des hôpitaux. Il y'a surtout un personnel médical
constitué ainsi : 197 infirmières, 80 médecins, 251
auxiliaires, 3 dentistes, 2 anesthésistes, 3 assistants sociaux, 7
pharmaciens, 4 psychologues, 7 techniciens en radiologie, 105 technologistes de
laboratoire, 3 ambulanciers, 7 techniciens en stérilisation, 2
kinésithérapeutes-physiothérapeutes. Aucune institution
sanitaire du Sud ne dispose de diététiciens.172
Economie
La principale activité économique
génératrice de revenus pour la région du Sud est
l'agriculture, ensuite viennent le petit commerce, le petit métier, la
pêche et l'artisanat. En gros, les principales sources d'entrées
financières sont l'agriculture et le commerce. En ce qui
171 Institut Haïtien de Statistique et d'Informatique. Mars
2015.Population totale de 18 ans et plus ; ménages et
densités estimes en 2015
172 Plan de Contingence. Département Sud d'Haïti.
91
a trait à la sécurité alimentaire, c'est
surtout au cours de la campagne agricole du printemps qu'un volume de
production plus important est enregistré et qui débute en
général en Avril. Cependant, à partir de juin, c'est la
période de soudure où les ménages habitant les milieux
ruraux dépendent plus du marché que de leur production propre. En
2014, la disponibilité en certains aliments mentionnés dans le
plan contingence se présentait ainsi :
Cultures Disponibilité en tonnes
:
Maïs 30002400 tonnes
Riz 35007000 tonnes
Patate 300039000 tonnes
Banane 6500 tonnes173.
Dans certaines régions du département, suivant
les resultats préliminaires des OMD (Objectifs du Millénaire pour
le Développement), il y'a prévalence de la malnutrition
aiguë globale dans les commune de Maniche à près de 10.1% et
Saint Jean du Sud de 11.80%174.
Dans le département, le petit commerce est le centre
d'action économique le plus important tant qu'en milieu rural qu'en
milieu urbain. De plus, la vie économique du département est
couverte en grande partie par le transport public en passant par les motos
taxis. Le département du Sud n'est pas électrifié,
pourtant la partie urbaine de certaines communes comme Cayes, Cavaillon, Les
Anglais, Tiburon, Arniquet, Chardonnières, Saint-Louis du Sud,
Roche-à-Bateau et des rares sections communales
bénéficient entre 6 à 100 h d'éclairage par
semaine. Au niveau du département, il existe près de 40 sites
touristiques naturels et historiques175.
173 Idem.
174 Id.
175 Plan de contingence 2014.Departement Sud d'Haïti. Op
.cit.
92
Section 2 : Profil socio-économique et
spatial, et administratif de la commune de Port-salut
Géographie
Autrefois appelé « Habacuc », Port-Salut est
une ville fondée en 1784 et élevée au rang des communes en
1806.Cette commune se trouve sur un bas plateau à l'intérieur
d'une anse pouvant rassurer les petites embarcations, c'est pourquoi il a
reçu le nom de Port-Salut. Géographiquement, cette commune est
bornée par la commune d'Arniquet au nord, au Sud par la Mer des
Caraïbes, dans la partie orientale par les communes de Saint-Jean du Sud
et de Torbeck, à l'occident par la Mer des Antilles. C'est donc une
ville côtière. Du point de vue de relief, il y'a morne ou plaine
suivant que c'est en ville ou en section communale. Son climat est normal.
Actuellement, la commune est composée de 2 sections communales, au moins
35 localités et six habitations. Les habitants de cette commune sont
appelés port-salviens.
Politique
Dans le temps, Port-Salut a connu une certaine mouvance
politique avec la révolte des affranchis des Cayes, puis au moment de la
lutte entre les piquets et les cacos, ensuite la participation à
l'insurrection contre Dessalines et enfin le soulèvement contre le
président Lysius Félicité Salomon
Jeune176.C'est la commune d'origine de grandes personnalités
politiques dont le président Rivière Herard et Jean Bertrand
Aristide (ex-présidents de la république d'Haïti ,puis
Jean-Marie Cherestal (ex-premier ministre) etc...
Démographie
La population de Port-salut a évolué de 2005
à 2015.Elle était de 33656 habitants en 1998 et d'une superficie
de 90.47 km2s 177 au moment où Arniquet n'était pas
encore élevé au rang des communes. Port-Salut était
passé à 48.8km2 et 15593 habitants avec une
densité de 320 habitants par km2 en 2005. En 2007, la
population était constituée en majorité par des jeunes
soit près de 54.3% de la population située entre 15 et 64 ans. En
2013, cette population était
176 INSTITUT HAITIEN DE STATISTIQUES ET D'INFORMATIQUES
(IHSI).Inventaire des Ressources et des Potentialités des Communes
d'Haiti.2007.
177 INSTITUT HAITIEN DE STATISTIQUES ET D'INFORMATIQUES
(IHSI).Inventaire des Ressources et des Potentialités des Communes
d'Haiti.1998
93
estimée à 18225178 avec une
densité de 372 habitants par km2 179. Enfin, en 2015 pour la
dernière estimation, le nombre d'habitants estimé était de
19098 habitants avec une densité de 391.35180. La majeure
partie de la population vit en milieu rural soit 87.8 % selon la
dernière estimation et 60%181 d'entre eux sont en âge
de travailler.
Economie
La majorité de la population vivait autrefois de
l'agriculture en dépit de l'absence constatée des
représentants du Ministère de l'Agriculture et de l'Environnement
dans cette commune. D'après l'inventaire des ressources et des
potentialités des communes d'Haïti réalisé en 1998,
comme activités économiques principales, c'était en
premier lieu l'agriculture qui dominait. Les produits agricoles en surplus ,
à savoir du mil, du maïs, du noix de coco, du tabac, de la banane,
d'arachnide, d'igname, d'orange, et du vétiver, ont alimenté
à l'époque la commune des Cayes et de Port-au-Prince, et d'autres
communes avoisinantes là où les habitants de Port-salut se
procuraient uniquement des autre produits de première
nécessité, des produits pharmaceutiques et de beauté. Les
habitants vendaient également à l'époque à d'autres
régions du pays des produits spécifiques au terroir dont le vin
d'orange, Abierto. Il n'y'avait à l'époque de cette enquête
aucune activité de reconstitution de l'environnement.
Il faut aussi avancer qu'à l'époque, il y'a eu
de grande production de miel avec près de 62 boîtes par ruche
répertoriée .La pêche était toujours
pratiquée avec des moyens précaires à l'aide de voilier et
d'hameçon. A cette époque, l'activité touristique
était classée en 3e position représentée
surtout par l'artisanat, les 4 hôtels, les 5 restaurants qui existaient
avec toujours comme attraction 3 plages existantes à savoir Makaya
Plage, Plage Pointe sable, Plage Petit Port-Salut182.
178 IHSI.2012.Populations totale. Population de 18 ans et plus.
Ménages et densités estimés en 2012.
179 IHSI.IRPCH.2007, op.cit.
180IHSI. Estimation de la population totale par sexe
et population de 18 ans et plus au niveau des différentes unités
géographiques en 2015.
181 Id.
182 IHSI.IRPCH.1998
94
Aux environs de 2003, il était possible de constater
que les activités agricoles faisaient surtout face à de grandes
contraintes dont le manque d'intrants agricoles, le manque d'eau donc
problème de grande sècheresse constatée surtout en
période d'été, et du manque d'encadrement technique
puisqu'il n'existe aucun personnel du MARNDR présent dans la zone. Il
n'y'a même pas eu de vétérinaires voire agronomes sauf un
agent agricole pour toute la commune. A l'époque, Arniquet était
encore une section communale. Il était répertorié
également près de 5 hôtels dont un non fonctionnel (Macaya)
avec près de 29 chambres avec 54 lits dont trois à
proximité de la plage Pointe Sable. Il y'avait également 2 plages
à savoir Pointe Sable et Carpentier Beach et un
night-club183.
Selon l'inventaire des richesses et des potentialités
des communes de 2007 réalisées par l'IHSI, les infrastructures
hôtelières qui fonctionnaient normalement étaient au nombre
de 5.En dépit du déclin de la production agricole
constatée au cours de cette période, l'agriculture occupait
encore une place importante, le commerce surtout pratiqué en lien avec
le développement touristique de la zone dominait. Il était
répertorié près de 42 établissements commerciaux,
les night clubs passaient à six et l'intérêt se portait de
plus en plus vers Pointe sable comme principale attraction de la zone. Ainsi,
le secteur touristique à partir du déclin de cette production
constaté en vient à constituer la principale activité de
la majorité de la population et s'accompagne aussi du progrès du
secteur du commerce de détail et de la construction.
L'artisanat et l'agriculture aidaient encore à
embaucher une bonne partie de la population puisqu'en majeure partie rurale. A
un point tel qu'en 2007,le ministère dans l'identification des zones
touristiques a pu surnommer la commune de Port-Salut « ville de
l'artisanat » au moment de réviser le plan directeur du tourisme de
1996.Actuellement,les entreprises dominant le plus ce secteur demeurent les
hôtels qui entrent beaucoup plus d'argent dans la commune de Port-Salut.
Aujourd'hui, il y'a près de 19 hôtels et certains en construction
dont l'hôtel « Le Sommet » non encore inauguré avec ces
80 chambres. Selon le classement nommé Hibiscus du ministère, se
trouvent Dan's Creek avec 3 hibiscus, Naz-inn, Auberge du rayon
183 Ministère du Tourisme.2007-2008. Enquête
pour la révision du Plan Directeur du Tourisme. Présentation de
la commune de Port-Salut : Ville de l'Artisanat.
vert, Fortress inn, Hôtel du village avec 2 hibiscus et
enfin hôtel Wadliyss avec 1 hibiscus évoluant dans une
atmosphère de compétition intense184.
Ainsi, suivant ce qui est présenté, il devient
compréhensible que la commune de Port-Salut se dirige tout droit vers le
secteur des services à prédominance touristique. Le secteur de la
construction a connu en lien avec le développement touristique un
certain essor, avec des gens qui viennent construire aussi dans la zone des
maisons de retraite. La majorité des gens qui travaillent à
Port-Salut occupent des emplois en lien avec le tourisme et près de
80%185 du secteur est entre les mains du secteur privé des
affaires. Cependant, la plupart de ces gens qui travaillent ne
détiennent pas un diplôme de l'enseignement supérieur.
Certains n'ont même pas achevé le cycle du secondaire, donc une
quantité importante de ces derniers ont une formation primaire ou
secondaire inférieur.
95
184 Informations recueillies auprès du bureau
régional du Tourisme du SUD.
185 Informations recueillies auprès du bureau
régional du Tourisme du SUD.
96
Chapitre II
Planification du développement touristique
à Port-Salut Section I : Situation actuelle de la planification
touristique
Cadre institutionnel de la planification
Port-salut a été identifié en tant qu'un
territoire prioritaire pour le développement du tourisme dans le
DSNCRP186 de trois ans (2008-2011) dans le département du Sud
devant servir de rampe au lancement de l'activité touristique nationale.
Des travaux d'aménagements sectoriels des sites touristiques telles que
la plage Pointe Sable étaient prévus. A ce moment, la plage
Pointe Sable était déjà en cours d'aménagements
financés par Taiwan dans le cadre de coopération
bilatérale.
En ce qui a trait aux projets touristiques de la zone, l'un
des institutions clé pouvant jouer un rôle dans la planification
touristique à savoir une agence de développement local n'existe
pas à Port-Salut. Parfois, des organismes non spécialisés
et surtout d'origine internationale dont l'UNOPS s'occupent de certains projets
que certains membres de la population jugent de « bidon
»187. De plus, la participation de la population locale dans la
planification des projets touristiques de la commune n'est pas tout à
fait démontrable. Ses membres ne s'occupent en grande partie que des
activités en rapport à l'assainissement.
En raison de la situation de la mairie de Port-Salut au moment
de l'enquête en février 2016, avec en tête un maire
nommé, l'intérêt ne se portait pas vraiment vers
l'organisation touristique. Pour la plage, il y'a trop de conflits liés
à sa gestion assurée par un staff plutôt
informel188. Le bureau régional ne se penche pas vraiment sur
la plage, alors que le Ministère de l'Intérieur et des
Collectivités Territoriales a réalisé des
séminaires de formation sur la
186 DSNCRP.2007.Document de Stratégie Nationale
pour la Croissance et la Réduction de la Pauvreté 2008-2010.Pour
réussir le saut qualitatif : Chapitre : Pilier 1 : Les vecteurs de la
croissance.
187 Information recueillie lors de l'entrevue avec le
responsable de suivi et d'évaluation du bureau régional du
MTIC.
188 Entrevue réalisée avec l'un des cadres du
bureau régional du MTIC.
97
conception de projets touristiques pour des employés de
la mairie dans le but de gérer ces
activités-là189.
L'état actuel de la planification du tourisme pose
problème. Le peu de gens formés par le MICT ne sont pas
autorisés à exercer leur fonction de planification et de
contrôle des activités de la zone. A un point tel, aucun bureau ou
unité spécifiquement lié au tourisme ne se trouve au sein
de la mairie. De plus, l'ingénieur civil de la mairie n'est pas souvent
consulté en ce qui a trait à la planification urbaine de la zone,
les hôtels sont construits à tout endroit suivant la
disponibilité du terrain. Entretemps, l'UNOPS exécute la
majorité de projets de la zone sans contrôle et la plupart de ces
projets ne sont jamais arrivés à terme190 . Ainsi,
l'absence d'agence de développement dans la commune de Port-Salut est
significative.
Population port-salvienne et planification
touristique
Le tourisme n'est pas vraiment planifié de concert avec
les membres de la population locale en raison du fait que tout se passe en
dernier lieu par la mairie qui n'invite certaines couches de la population que
dans des exercices d'entretien. Il n'existe aucune programmation
établie. En période de fête uniquement, les agents de la
mairie engagent des gens pour assurer un peu de gestion logistique sur la plage
et pour capter des recettes ne bénéficiant qu'en tout dernier
lieu aux partisans des maires. En outre, les différents projets qui
viennent dans la zone émanent directement du MTIC. Même les gens
du bureau régional ne jouent qu'un rôle de spectateur dans tout
cela, déclare le responsable du suivi et de contrôle du bureau
régional :
Il s'agit du « camouflage191 »
à l'égard de la population, puisque son aspiration n'est pas
vraiment respectée et que les décisions prises depuis le
ministère à Port-au-Prince sont toujours appliquées sans
prise en compte des recommandations locales. Même les gens qui
travaillent au bureau régional du ministère ne participent pas
à l'élaboration des projets touristiques, il n'y'a que
présentation des projets aux gens. L'UNOPS réalise des projets
surtout « bidons » dans la zone, c'est un organisme des nations
unies. La plupart des projets
189 Entrevue réalisée avec le responsable des
activités touristiques de la Mairie.
190 Entrevue avec le responsable de suivi et d'évaluation
du MTIC dans le SUD.
191 Action de se moquer des gens ou affront par des manipulations
avec des paroles qui font dormir.
98
ne sont pas finalisés, il y'a souvent beaucoup de
gaspillage et la population locale ne fait que jouer un rôle de
spectateur. Il n' y'a pas vraiment d'interaction, parfois les gens de la
population sont embauchés pour des petits emplois peu
rémunérés et pour les grands postes, les dossiers (CV) des
jeunes originaires de la zone qui sont qualifiés pour différents
projets sont négligés au profit d'autres amis et proches du
gouvernement192
Suivant l'enquête réalisée,
62.5%193 des enquêtés répondent à la
négative à la question concernant la participation de la
population locale dans la planification touristique de leur territoire. Le
problème d'agence de développement local affilié au
tourisme à Port-Salut représente un défi majeur pour la
planification touristique. Questionnés sur l'apport nouveau
constaté au niveau local dans le secteur touristique, les
enquêtés hésitent à répondre puisqu'il ne
s'agit jusqu'à date que de la construction d'infrastructures
hôtelières privées. En réalité, la pratique
du tourisme de masse est en vogue, ce qui nécessite l'utilisation de la
planification en vue de préserver l'avenir du secteur.
De même, il importe de savoir qu'au niveau même du
MTIC, l'élaboration des projets se fait de manière brusque
puisqu'il peut s'agir d'une simple question de démonstration politique
qui se réalise parfois même à l'insu de la chargée
de projets194. Sous la pression du temps, des conditions sont
généralement imposées par les bailleurs fixant de
très court délai alors que le système étatique
fonctionne avec beaucoup de lenteur. En ce qui a trait aux ressources humaines
locales, elles ne sont pas utilisées en raison d'un jugement du manque
de compétence de ces dernières, de la part des responsables du
ministère. Ainsi nous confie, une chargée de projets du
ministère :
Et pourquoi c'est l'UNOPS ?
« En raison du fait qu'il n'y a pas vraiment
d'ingénieur résidant dans ces localités, faute de
compétence locales, l'UNOPS qui se charge de créer des emplois
exécute le plus souvent les projets en relation
généralement avec un sous-traitant par rapport au fait que les
agents d'UNOPS ont déjà des bureaux partout. Parfois, les gens se
plaignent de l'avancement des
192 Information recueillie au bureau régional du
ministère du tourisme et des industries créatives dans le Sud.
193 Voir la question 24 dans le tableau des resultats de
l'enquête présentés au chapitre suivant
194 Information recueillie lors de l'entrevue
réalisée avec une chargée de projet du MTIC en mars
2016
99
travaux avec l'UNOPS. Cependant, il faut également
avancer que le processus d'acheminement des projets est très lent
puisqu'il convient de respecter les délais de
décaissements».
Et les membres du bureau régional ?
Il y'a doute vraiment sur les compétences de ces
derniers-là. C'est vrai qu'il y'a sur place un responsable de suivi et
d'évaluation, cependant, il aurait fallu qu'il ait certaines
documentations détenues au niveau du ministère concernant les
projets afin de pouvoir procéder à ses travaux de suivi et
d'évaluation pour lesquels il aurait fallu également certaines
compétences.
Et la population locale dans tout ça
?
Il faut l'avouer. Il n'y'a pas eu vraiment de rencontre
avec les gens de la population locale où sont destinés les
projets mais c'est surtout la politique qui prime. De même, il aurait
fallu avoir sur place des ingénieurs de projets. Parfois, les projets
sont conçus comme je te l'ai dit sous pression, et rapidement sans une
prise en compte de la réalité de la zone. Parfois, je suis
appelée pour élaborer des projets dans un espace de temps court.
Je conçois des projets uniquement pour répondre à la
demande formulée sans une prise en compte de la population locale. Par
exemple aux Cayes, j'ai monté un projet de construction d'un
marché artisanal alors que les gens de la communauté avaient eu
surtout besoin d'un abattoir à l'époque, ce qui a entrainé
l'usage de ce marché à d'autres fins dont son utilisation comme
abattoir. Il y'a surtout un problème d'implication des membres de la
population locale lorsque les projets se réalisent. Le pire dans tout
ça, en tant que chargée de projet du ministère, sans vous
cacher, certains projets sont parfois montés sans me
consulter.195
Tout cela confirme la critique adressée à
l'approche projet liée au fait que les bailleurs ont souvent trop
d'emprise. En dépit des éloges portés à l'endroit
de la ministre du tourisme sous la présidence de Martelly, les gens ont
constaté que peu de projets durant les quatre ans
bénéficient à Port-Salut. Certains expliquent cela en
fonction de la position politique du député
195 Entrevue réalisée avec la chargée de
projet du ministère du tourisme et des industries créatives le
11/03/2016.
100
de la zone, Sinal Bertrand, à l'époque puisque
celui-ci était en opposition avec le gouvernement196.
Section II : Analyse sur les différents projets
répertoriés
La plupart de ces projets qui vont être
présentés se trouvent insérés dans le Plan
Directeur du Tourisme de 2007 révisé pour le département
du Sud. En ce sens, les projets de Port-Salut font partie de ce grand document
en fiche résumée. Certains éléments de base
concernant l'environnement social par exemple ne se trouvent pas directement
dans ces fiches de projets analysées puisque l'objectif de
développement défini concernait tout le département
puisque c'était construit sur une base régionale et se centrait
spécifiquement autour de l'option d'aménagement touristique.
Projet 1
Le ministère du tourisme en janvier 2008 a conçu
un projet intitulé « projet d'aménagement de la plage
publique de Pointe Sable » représentant surtout un lieu
économique important pour le développement économique de
Port-Salut et de toute la région en vue de rentabiliser la plage. Comme
composantes, ce projet visait surtout l'implantation des services de base
permettant d'améliorer l'image de Pointe Sable à partir des
programmes suivants : 1-) l'aménagement d'aires de restauration et de
dégustation ; 2-) l'aménagement des sanitaires publics (2 blocs)
incluant des douches et des espaces de déshabillage ;
3-)l'aménagement des kiosques (7) pour vente de produits d'artisanat ;
4-)l'aménagement d'espaces sportifs (Basket-ball, volleyball) ;5-)
l'aménagement de mobilier :ajoupas, bancs, lampadaires publics,
poubelles, 6-) l'aménagement d'aires de stationnement pour
véhicules, 7-) l'aménagement paysager de Pointe Sable.
Les objectifs consistaient à améliorer un lieu
d'attraction, de tourisme, de loisirs balnéaires urbains pour le
département du Sud, et faciliter l'accès aux services de la plage
Pointe Sable. Il était question aussi d'obtenir certains
résultats dont l'utilisation rationnelle et fonctionnelle
196 Information recueillie auprès de certains
enquêtés dans la cadre de questions ouvertes et confirmée
par un responsable du bureau régional du MTIC dans le Sud.
101
des services de la plage, d'augmenter l'utilisation de la
plage par la population locale, la diaspora, les visiteurs, les touristes
haïtiens et étrangers, d'améliorer des infrastructures. Dans
le projet, il était prévu surtout 18940000 gourdes pour sa
réalisation avec un montant de 1500000 gourdes pour des kiosques
d'artisanat.
De 2008 à nos jours, suivant le constat que nous avons
fait sur la plage, il est possible de dire que ce projet ne fût pas
conçu tel qu'il était souhaité. L'observation menée
sur la plage a permis de révéler par rapport aux composantes du
projet, qui selon la chargée du projet a été
réalisé, certaines imperfections voire même des
défauts dans la poursuite et le respect des objectifs visés.
Ainsi, il n'a pas été trouvé des aires de restauration et
de dégustation en bon état, ces espaces ne sont pas biens
entretenus et des petits abris construits en bois et en tôle par les
marchands sans aucun caractère esthétique servent de
restauration.
De plus, sous les arbres là où en
majorité des gens viennent pour déguster du homard, du poisson
boucané, il y'avait çà et là des immondices, des
canettes de boissons gazeuses. Une infime partie de ces restaurants
présente un peu de structure respectant des conditions sanitaires. Les
blocs sanitaires construits sur la plage sont en mauvais état, sales la
plupart du temps, il faut prendre un sceau pour que les excréments
soient acheminés vers les fosses septiques.
Il ne se trouve pas de porte dans les douches quand il faut se
déshabiller sans rester nus à la vue du public. Il n'existe qu'un
seul kiosque construit au lieu de 7 comme prévu dans le projet. Aucun
espace sportif n'est disponible, même des traces n'ont pas
été trouvées. Les poubelles ne sont pas nombreuses sur la
plage. Il n'y a que des chaises appartenant aux différents marchands au
bord des tables. Pour s'asseoir, il faut surtout consommer. Ainsi, des bancs et
ajoupas prévus n'ont pas été identifiés sur la
plage. Le paysage de la plage est en train de se dégrader du fait qu'il
n'existe pas vraiment d'entretien. Aucun espace de stationnement n'a
été identifié et respecté puisque les voitures sont
garées sur le sable de la plage ainsi que les motocyclettes.
102
Dans le document consulté, il y'a eu respect de
certains points au niveau de la conception même si la prise en compte des
utilités et des principaux bénéficiaires peut être
mise en doute. Ainsi, dans la fiche résumée du projet, il est
possible d'identifier le titre du projet, le contexte et la justification au
niveau de la description, puis les objectifs et résultats
escomptés, et les principaux bénéficiaires, le budget ou
dépenses prévisionnelles parmi les éléments
moteurs. Cependant, il n'est vu nulle part dans le document les partenaires
envisagés ainsi que les modalités et les responsables de suivi et
d'évaluation du projet.
Une remarque importante à faire, c'est que dans le
document analysé, les activités sont présentées
avant les objectifs et les resultats escomptés différemment de
l'ordre normal des éléments moteurs. Les objectifs ne sont pas
tout à fait spécifiés, précisés et
quantifiés pour mieux comprendre la logique concernant les resultats
espérés qui ne paraissent pas également trop indicatifs de
leurs vrais effets.
Nous pouvons conclure que concernant l'exécution, il
n'y'a pas eu d'évaluation à mi-parcours, d'évaluation
intermédiaire, d'évaluation finale et d'évaluation
d'impact. Comme nous l'a avancé la chargée de projet, le
ministère ne s'occupe pas trop de la question d'évaluation
surtout sur les lieux, il ne fait que décaisser des fonds au fur et
à mesure de ce qui est rapporté de l'avancement des travaux.
Voilà ce qu'elle a répondu au moment d'être
questionnée sur la question de suivi et d'évaluation en ce qui a
trait à ce projet :
En ce qui a trait aux projets concernant la plage, cela
résulte surtout de la compétence des dirigeants locaux d'assurer
sa gestion. Cela ne révèle pas de la tâche du
ministère. Cependant, il faut aussi admettre qu'après
décaissement qui s'exerce par séquence surtout et mise au point
du projet depuis le bureau d'unités de programmation, le
ministère ne se charge pas vraiment de la question de suivi et de
réalisation, les membres du ministère ne vont pas sur les lieux
pour inspecter si cela a été bien fait. Cependant, du
ministère, des informations nous sont parvenues à partir du
responsable et de la firme du projet sur l'avancement des travaux. Il n'y a pas
de suivi sur les lieux vraiment. Concernant la plage, le ministère
intervient en général
103
en période de grandes festivités.
Après la plage est presque abandonnée, en ce temps il aurait
fallu que la mairie de la zone s'en occupe vraiment197.
Projet 2
Le ministère du tourisme au cours de janvier 2008
projetait la construction d'un centre artisanal d'application à
Port-Salut en vue de valoriser les métiers de l'artisanat et de la
production artisanale représentant surtout une activité
très prisée selon le ministère par la population locale et
pouvant constituer une attraction touristique de qualité. Ainsi, le
savoir-faire local port-salvien qui est spécifique à la zone en
vue d'augmenter les revenus locaux et donner regain au secteur
économique aura été mis en valeur.
Cet aménagement d'un centre artisanal devrait
s'étendre sur 650 m2 avec les composantes suivantes : a-)
aménagement d'ateliers, b-) aménagements des salles d'exposition,
c-) aménagements de sanitaires publics, d-) aménagements d'aires
de restauration et de dégustation, e-) aménagement de kiosques
(7) pour vente de produits d'artisanat, f-) jardins intérieurs et
promenade. Il y'a eu pour objectifs de faciliter l'accès à
l'artisanat de la région, d'améliorer le lieu d'attraction que
constituait la plage Pointe Sable à Port-Salut pour le
département du Sud. Ensuite, parmi des resultats espérés
bien définis, il était visé : 1-) l'amélioration
des infrastructures de services en vue d'augmenter la qualité des
services fournis, 2-) l'utilisation rationnelle et fonctionnelle des services
du centre artisanal d'application, 3-) la facilitation de l'utilisation du
centre artisanal d'application par les populations locales ,la diaspora, les
visiteurs et les touristes haïtiens ou étrangers. Il était
prévu près de 7850000 gourdes pour le projet.
Ce projet devrait en quelque sorte conforter l'idée
qu'à Port-Salut une certaine priorité est accordée
à l'activité artisanale comme le mérite son surnom «
ville de l'artisanat ».Cependant, en raison du problème de manque
de continuité des initiatives dans l'Etat haïtien, ce projet a
été mis de côté et non poursuivi par la ministre
Stéphanie Balmir Villedrouin. Il y'a tout compte fait un problème
à soulever en ce qui concerne l'intitulé du projet «
construction d'un centre
197Entrevue réalisée avec la
chargée de projet du ministère du tourisme et des industries
créatives le 11/03/2016
104
artisanal d'application » alors que dans les composantes,
il s'agissait de préférence d'aménagement d'un centre
artisanal.
Contrairement à l'ordre habituel des
éléments moteurs, les activités sont
présentées dans ce document bien avant la définition des
objectifs et des resultats envisagés. La quantification des objectifs
n'est pas prise en compte puisqu'il y manque de précision et de
spécification. Nous dirions que, par comparaison au premier projet,
qu'il s'agit juste d'un jeu de mot puisque des deux côtés, les
mêmes mots « facilitation, amélioration, utilisation
rationnelle » reviennent à tort et à travers sans pouvoir
saisir des indicateurs clé et discriminants.
Le pire, c'est que les mêmes composantes de
l'aménagement de plage étaient incluses or ces projets ont
été conçus à la même période soit en
2008. Kiosque d'artisanat (1500000 gourdes) alors que le centre artisanal
devrait coûter 7850000 gourdes. Questionnée à cet effet
voilà ce que nous a répondu la chargée de projets du
Ministère du Tourisme et des Industries Créatives :
Premièrement, il faut dire que le projet du centre
d'artisanat a été prévu sous l'ancien ministre du
tourisme, Delatour qui travaillait là-dessus. Cependant, la ministre
actuelle ne met pas trop d'accent sur la poursuite de ce projet. A vrai dire,
le projet n'a pas eu lieu sinon je l'aurais su. Sous ce gouvernement nous nous
sommes orientés beaucoup plus vers gelée.
La ministre actuelle ne s'intéresse pas vraiment
à l'évaluation des projets passés, les similarités
constatées pouvaient être dues à des erreurs de
l'équipe de l'ancien ministre. En réalité, cela peut
être aussi dû à la question d'urgence lorsque des projets
sont écrits, parfois, les principaux responsables du ministère
appellent juste pour demander dans de laps de temps d'élaborer des
projets et cela se fait habituellement sous pression. Ainsi, pourvu qu'il y'ait
certitude que l'argent est disponible, des projets sont montés sans
prendre en compte vraiment des besoins réels de la
population198.
198 Entrevue réalisée avec la chargée de
projet du ministère du tourisme et des industries créatives le
11/03/2016
105
Sur le plan de la conception du projet des points moteurs ont
été pris en compte. Dans la fiche résumée du
projet, le titre du projet, le contexte et la justification au niveau de la
description, puis les objectifs et resultats escomptés, les principaux
bénéficiaires, le budget ou dépenses
prévisionnelles parmi les éléments moteurs sont
identifiés. Cependant, nulle part dans le document, les partenaires
envisagés ainsi que les modalités et les responsables de suivi et
d'évaluation du projet ne sont mentionnés.
Projet 3
Depuis 2009, le ministère du tourisme a conçu un
projet assez ambitieux intitulé « le plan d'aménagement et
d'extension de la commune de Port-Salut. Le projet de construction de la route
entre Port-Salut et Port-à-Piment avec l'apport financier et technique
de la Chine visait dans le long terme le développement touristique et
économique de Port-Salut. Il a été constaté que la
construction de cette route a déclenché une vague d'achats de
terrains et de construction de résidences secondaires. Il s'agissait
bien d'un étalement informel d'une urbanisation le long de cette
infrastructure199.
Pour la mise en oeuvre du plan contenant des programmes et
projets, une série d'axes stratégiques était visée
: Axe stratégique 1 : Requalifier et renforcer le littoral de Port Salut
à Carpentier b) Axe stratégique 2 : Renforcer et améliorer
le cadre de vie du centre de Port Salut
c) Axe stratégique 3 : Améliorer les centres des
petits quartiers et localités autour de Port Salut
d) Axe stratégique 4 : Hiérarchiser le
réseau routier existant e) Axe stratégique 5 :
Hiérarchiser et protéger les espaces de réseau pour
piétons f) Axe stratégique 6 : Préserver les paysages et
les espaces naturels de la zone d'extension g) Axe stratégique 7 :
Préserver les espaces agricoles de la région de Port Salut h) Axe
stratégique 8 : Préserver les espaces ruraux
résiduels).
Dans ce plan d'aménagement, les éléments
de base du projet, c'est-à-dire l'introduction, le contexte et la
justification sont identifiés, ce qui permet d'avoir une certaine
idée globale.
199 Ministère du Tourisme, Plan Directeur du Tourisme.29
aout 2009.Le plan d'aménagement et d'extension de la commune de
Port-Salut.
106
Cependant, étant un document-projet, il n'y'a pas de
fiche technique qui aidera à identifier les éléments
moteurs de manière claire et précise à savoir : a-) les
objectifs spécifiques, b-) les résultats escomptés, c-)
les activités à entreprendre ; d-) les principaux
bénéficiaires ; e-) les partenaires envisagés f-) les
budgets ; et g-) l'échéance ne sont pas mis au clair. S'il est
vrai qu'il y'a des stratégies définies à travers les
différents axes présentés ci-dessus, il y manque de
l'ordre formel dans la présentation du document. D'autant plus, il ne
s'agit nulle part de mention des activités de suivi et
d'évaluation des projets.
Ce projet-là n'a pas été poursuivi tel
quel par la ministre Stéphanie B. Villedrouin. Tout compte fait à
travers le programme stratégique RIAT (Régions
Intégrées d'Aménagement Touristique) mis sur pied pour le
département, il y'a certains aspects de ce document qui ont
été pris en compte. Jusqu'à présent, la commune de
Port-Salut n'est pas encore touchée suivant ce que nous a confié
un responsable du bureau régional : « A Port-salut, le
ministère n'a pas vraiment planifié avec les gens de Port-Salut,
il n'y a pas vraiment eu de projets pour la zone sous ce gouvernement.
Cependant, avec le RIAT pour le Sud dans les jours à venir, il y'aura
certains projets».
Projet 4
Dans le cadre de l'étude de faisabilité et de
planification pour la restauration de la plage de Port-Salut200 sous
l'impulsion de l'UNOPS et de l'UNEP auxquels le marché a
été attribué, le GENIE CONSEIL (sous-traitant), CREOCEAN
(mandataire) en mars 2015 avec comme comité technique et
d'évaluation du ministère du tourisme, la BID, le CIAT, etc. des
activités ou solutions ont été proposées et
prévues suite aux problèmes identifiés à partir du
diagnostic. Ces dernières devraient prendre fin en septembre 2015.
Dans ce document, le diagnostic était posé afin
d'identifier les atouts, la situation de l'érosion sur la plage,
l'impact naturel en prenant en compte l'état des activités
anthropiques. La synthèse tirée a été ainsi
présentée :
200 Ministère du Tourisme.2015. Plan
pré-opérationnel pour la restauration de la plage de Port-Salut :
Etude de faisabilité et planification pour la restauration.
107
Avant 2004: relatif équilibre sédimentaire
Entre 2004 et 2007: succession de houles cycloniques
exceptionnelles
Après 2007, la plage fragilisée n'a plus
été en mesure de résister aux « agressions
habituelles » des vagues et des impacts anthropiques
Érosion continue
Aujourd'hui: plage fragilisée, le haut de plage, les zones
végétalisées, la route, etc... sont exposées aux
coups de mer « habituels »
Un bilan était présenté. Par la suite,
des solutions envisageables ont été proposées à
savoir rechargement de plage, rechargement de sable, mettre au point un
brise-lame, mise au point d'épis201, d'exutoires, de
gérer les eaux usées. Il était prévu au final une
certaine gouvernance pour la plage (la Mairie demeure l'élément
central qui doit être considérée comme le moteur :
déclenchement des comités techniques et de pilotages emplois
induits => ramassage des déchets - garde - entretien).Il y'a eu comme
objectif le zonage du plan de gestion, avec mise en place de
signalétique, et sensibilisation de la population, la
revégétalisation de la plage avec des raisins de plage, cerises
marines, palmiers.
Enfin, un plan de gestion de déchets a
été prévu (mise en place de points de collecte des
déchets sur le plan communal, mise en place d'une signalisation et de
plans de collecte communale, etc. sensibilisation de la population
,éducation et implication des acteurs locaux par la Mairie).
Étant donné qu'il s'agit d'une étude de
faisabilité, certains éléments de base dont le contexte et
les objectifs ont été présentés. Certains
éléments moteurs, les objectifs spécifiques, les
résultats escomptés, les budgets ne sont mentionnés
à aucun endroit, sauf que les différentes solutions
proposées pourraient s'assimiler aux activités à mener.
Cependant, ce plan pré-opérationnel qui devra
prendre fin en septembre 2015 n'a pas pu être achevé et de plus
jusqu'à présent, la majeure partie des solutions proposées
n'ont pas été
201 Terme d'architecture, assemblage de charpentes dont la
disposition rappelle la forme d'un épi.
adoptées. Depuis Mars 2015, le marché a
été attribué à UNOPS/UNEP. La plage n'a pas
été encore restaurée au moment de notre visite. Aucun
brise-lame, aucun épi, aucune gestion des eaux usées, aucun
entretien, aucune signalétique, aucune revégétalisation de
la plage, aucune cerise marine et palmier n'ont été
observés. Les déchets ne sont pas encore gérés.
Questionnée à ce point, en raison des critiques adressées
par certains gens de la population locale à l'endroit d'UNOPS
précisément, la chargée du projet nous a ainsi
répondu :
Le projet avec UNOPS, qui devait terminer en septembre
fait face au même problème mentionné avant, il y'a
tellement de longs délais de décaissements au niveau de l'Etat
Haïtien, ça n'a pas pu être respecté. Du temps n'est
pas laissé au ministère au niveau de l'Unité d'Etudes et
de Programmation pour planifier puisque les projets sont surtout conçus
sous l'impulsion des ONG qui s'empressent souvent de donner de brefs
délais. Le bailleur de son côté fait toujours pression
(....) .... Parfois, les gens se plaignent de l'avancement des travaux avec
l'UNOPS, cependant il faut également avancer que le processus
d'acheminement des projets est très lent ainsi que les
décaissements de fonds. Parfois, l'argent n'est pas donné
à temps à UNOPS afin de respecter certains
délais202.
108
202 Information recueillie lors d'une entrevue
réalisée avec une chargée de projet du MTIC.
109
Chapitre III
Exposé de la méthodologie de
réalisation de l'enquête
Section 1 : Démarche
Comme le dit R.Muchielli203, l'objet de
l'enquête est une délimitation plus précise à partir
de l'idée, et une délimitation de son « champ» avec un
maximum de clarté de la réalité. En
référence à deux étapes clés de la
méthodologie de recherche à savoir l'exploration et la
vérification de l'hypothèse, notre enquête a su utiliser
les trois modes d'informations pour être conforme aux exigences
scientifiques à savoir :
1-) les traces liées à différents
écrits et statistiques obtenus à l'intérieur des
ministères et à travers leur site d'internet. D'autres
institutions de recherche, plus particulièrement l'IHSI, ont
été consultées à cet effet.
2-) Ensuite, l'observation large de la réalité
sur le terrain a été aussi réalisée en rapport avec
le recueil de discours par deux voies utilisées, l'entrevue et le
questionnaire à la fois du point vue individuel et collectif. Avec notre
questionnaire, les pratiques et les opinions des différents
concernés ont été recueillies à propos de leur lien
avec le secteur touristique. A cet effet, nous avons sélectionné
spécifiquement des gens ayant une connaissance avancée du secteur
et surtout ceux qui sont impliqués directement dans les activités
touristiques de la commune de Port-Salut.
3-)Enfin, l'analyse de contenu a été
réalisée et pour les entretiens et pour les questionnaires. Pour
cela, des tableaux ont été construits regroupant
séparément les questions ouvertes, semi-ouvertes, et
fermées, puis des synthèses ont été faites à
chaque fois.
Elaboration du questionnaire
Pour élaborer le questionnaire, nous avons fait choix
de différents types de questions à savoir des questions filtres,
des questions semi-ouvertes (cafeteria) afin d'assurer le dépouillement
et enfin certaines questions ouvertes de manière à s'assurer une
certaine cohérence dans les
203 IFSI Prémontré / BV / FR / Méthodologie
TFE / Les outils d'enquête / 3ème Année /Octobre 2000
110
différentes réponses des gens. Cependant, sur le
terrain, il y'a eu des gens qui ont pu comprendre facilement puisque
c'était plutôt rempli en situation d'interaction directe ou de
face-à-face. Ils discutaient à propos des questions et des
réponses.
Certaines questions ont été reprises de
manière à garantir de la logique et de la cohérence.
Cependant, celles-là servait à la comparaison avec les
réponses déjà données par les différents
enquêtés. Il était choisi d'avoir une bonne articulation
des questions de manière à éviter des questions difficiles
au début. Il y'avait plutôt une certaine fluidité,
souplesse et alternance entre les questions simples et complexes. Le
prétest a été réalisé avec des
étudiants en économie de la FDSE, puis en psychologie de la
FASCH, et surtout avec des gens de la population locale de manière
à enlever les différentes ambiguïtés possibles.
Tout s'est fait surtout dans l'anonymat et la
confidentialité pour les gens de la population locale qui n'ont pas
voulu parler personnellement d'eux. Il y'a eu comme personnes ressources dans
tout cela : - le responsable de la DGI, -le responsable de la mairie, - le
responsable du centre de formation en tourisme et hôtellerie du
département du Sud,- puis le responsable de contrôle et de suivi
du Ministère du Tourisme et des industries Créatives au
département du Sud au bureau régional , licencié en
patrimoine et tourisme à l'Université d'Etat d'Haïti et
originaire de Port-Salut où il vit à présent, et -enfin la
chargée de projet du MTIC au mois de mars 2016.
Choix des personnes à
enquêter
Ainsi, la constitution de la population enquêtée
était réalisée suivant le principe de
significativité de la technique d'échantillonnage de
manière à avoir la diversification des points de vue sans
vraiment se pencher sur les autres principes visant davantage la
représentativité ou l'exhaustivité. Voilà la raison
pour laquelle, nous avons agi avec beaucoup de discernement compte tenu de
notre souci de validité. Au cours de l'enquête ont
été questionnés des individus au nombre de huit à
savoir : un artisan, des responsables d'hôtels, des responsables de
plage, des citoyens de la ville impliqués dans les activités
touristiques de Port-Salut.
111
Il s'agit plutôt d'un échantillonnage qui
priorise surtout les rapports de l'échantillon et l'objet de la
recherche. Il s'agit de données en lettres. C'est pourquoi les gens
à qui les questions ont été adressées ont
été déjà ciblés puisque l'objectif
était de se renseigner auprès d'un groupe spécifique
à savoir les gens participant directement aux activités
touristiques de la zone. Plutôt que la représentativité
comme c'était mentionné au départ, la diversification
liée à la question de significativité nous permet d'avoir
une vision d'ensemble de notre question de recherche en tenant compte du groupe
de gens spécifiquement liés aux activités touristiques de
la commune de Port-Salut204.
Difficultés rencontrées
Comme c'est habituellement le cas pour toute enquête,
nous avons rencontré certaines difficultés. La première
grande difficulté et inquiétude était due à la
crise qui sévissait dans l'Université d'Etat d'Haïti qui
nous a empêché d'avoir une lettre d'autorisation de la part de
notre faculté. Même avant cette crise, il a fallu des
supplications auprès des responsables de la FDSE pour l'obtention d'une
lettre devant donner accès au MTIC.
Le choix de Port-Salut a été fait suite à
des hésitations concernant d'autres communes souhaitées dont le
Cap-Haitien et la commune de Jacmel. Ces hésitations se sont
manifestées en raison des prévisions en terme d'argent à
mobiliser pour aller à ces endroits-là où nous n'avons ni
amis ni parents. Apres avoir consulté un ami, le révérend
Père Michel Borgella, il nous a accueilli en sa paroisse dans une
localité de Torbeck appelée « WELCH ».Pour aller
à Port-Salut non loin de Welch, il nous a fallu prendre un taxi moto
à chaque fois.
Lors de notre première journée d'enquête,
il était constaté un peu d'hésitation chez les
enquêtés. L'utilisation de notre sagesse, notre patience, et notre
insistance a été vraiment un choix judicieux, ce qui a permis de
passer le questionnaire. De plus, les gens enquêtés n'avaient pas
voulu remplir eux-mêmes le questionnaire. Tout de suite, nous nous sommes
dirigés chez les maires de la commune. Malheureusement, ils
étaient tous en difficulté de nous accorder
204 Pires, Alvaro. 1997. Échantillonnage et recherche
qualitative: essai théorique et méthodologique.
Québec : Edition électronique produite par Jean-Marie
Tremblay.88p.
112
quelques minutes. Ils ont fixé des rendez-vous pour le
jour suivant. Après, nous étions allés sur la plage «
Pointe Sable » afin de rencontrer les responsables.
Il nous a fallu passé plus d'une heure d'explication de
notre objectif avant qu'ensemble un groupe de responsables de plage a
décidé de nous aider avec le questionnaire. Au final, cinq
d'entre eux ont choisi de remplir le questionnaire avec nous tout en insistant
sur leur non-identification personnelle. Nous ne les avons pas forcés.
Apres, nous avons débuté l'observation sur la plage.
Heureusement, c'était un dimanche, nous avons pu trouver un artisan au
milieu de tant d'autres disposé à nous parler un peu sans
réticence. Entretemps, nous avons laissé des questionnaires
à deux jeunes citoyens de la commune de Port-Salut participant
régulièrement aux activités touristiques.
Le jour suivant de très tôt nous étions
arrivés à la mairie de Port-Salut. Le maire de la ville
n'était pas encore présent à son bureau jusqu'après
2h d'attentes en dépit du fait que nous avons fixé l'heure de
notre rendez-vous. Nous avons persisté auprès du directeur de la
mairie afin qu'il nous accorde du temps pour la passation du questionnaire, il
n'a pas voulu. Nous avons laissé la mairie pendant quelques minutes pour
aller au bureau de collecte d'impôts. Le responsable nous a
demandé de lui donner l'autorisation que nous avons en main de la part
de la DGI. Après 30 minutes d'insistance, il a décidé de
nous donner des informations. De retour à la mairie, le maire
était déjà parti pour une nouvelle fois. C'est ainsi que
nous avons passé du temps à convaincre une personne responsable
de la question touristique à la mairie qui s'est décidée
enfin de nous donner les informations désirées.
Les questionnaires donnés la veille n'étaient
pas remplis malgré la garantie donnée. Pour cela, un rendez-vous
a été fixé pour demain afin de pouvoir remplir le
questionnaire. Entretemps, nous avons décidé de visiter bon
nombre d'autres Hôtels dont le Bouknier, l'Hôtel du Village,
l'Auberge du Rayon-Vert, le Fortress inn et autres afin de pouvoir observer les
différents prix indiqués sur le menu des restos-bars. Deux autres
responsables d'Hôtels ont été questionnés à
propos des activités touristiques dans la zone. Par la suite, l'un des
jeunes citoyens de la ville, directeur de l'Hôpital d'Etat de Port-Salut
nous a accordé 30 minutes afin de pouvoir remplir le questionnaire.
113
Apres avoir été à Port-Salut pendant
trois jours, nous nous sommes dirigés vers le bureau régional
afin de pouvoir rencontrer les responsables à Faugasse. Nous avons
été bien accueillis par le responsable de l'école
d'hôtellerie qui nous a accordé une entrevue. Il nous a permis de
visiter l'espace de formation, les chambres d'application des étudiants.
Après 2h d'attentes de l'un des principaux responsables du bureau
régional, nous avons demandé à un autre cadre de nous
accorder une entrevue sur la gestion faite par le bureau régional du
tourisme dans la commune de Port-Salut pendant 30 minutes.
Tout de suite après, il nous a été
demandé de passer demain pour rencontrer le principal responsable de la
question surtout originaire de Port-Salut. Le lendemain au cours de la
matinée, nous avons été au Ministère de très
tôt. Ce responsable était déjà présent et
disposé à nous fournir des informations. A cause d'absence
d'électricité dans la zone, il n'a pas pu nous donner certaines
copies mais il a fait un effort de nous dicter certaines informations et de
nous parler des activités touristiques du territoire port-salvien.
Dès notre rentrée à Port-au-Prince, nous
sommes allés au ministère du tourisme afin de rencontrer le
responsable de l'Unité d'Etude et de Programmation. Apres, un long temps
de discussion, la chargée du projet de l'unité nous a
accordé près de 40 minutes d'entrevue.
N.B : Les entrevues étaient réalisées en
s'étant servis des grandes lignes du questionnaire préparé
suivant chaque personne ressource et l'entretien semi-directif était
préféré.
Section 2 : Objectif de l'enquête
Le but premier de l'enquête de terrain, c'est de pouvoir
compléter le manque de données disponibles à propos du
tourisme et dans les ministères ainsi que dans les institutions de
recherche de l'Etat et du secteur privé. Suite au constat du manque de
données disponibles relatives surtout à la participation de la
population port-salvienne dans le processus de développement touristique
de leur zone, l'enquête s'avérait importante. Il était
aussi question de savoir si les gens de Port-Salut pensent qu'avec le tourisme,
il est possible d'arriver au
114
développement de leur zone et de quelle manière.
Ensuite, cela nous a permis surtout d'avoir une idée de la question
d'emploi dans la zone, puis de comprendre pourquoi dans les plans directeurs de
tourisme du Sud, Port-Salut est surnommé, ville de l'artisanat.
De là, à partir de cette enquête
réalisée suivant le principe de significativité de
l'échantillon, faire ressortir la relation entre cette partie pratique
tirée du terrain et la partie théorique déjà
élaborée au départ était notre objectif. Le tableau
suivant peut renseigner d'avantage sur les différents résultats
de l'enquête. La partie théorique est centrée surtout sur
ce que peut être le développement territorial à partir des
activités touristiques mises en priorité surtout pour la commune
de Port-Salut. Ainsi, nous allons démontrer en quel sens ce type
d'énoncé théorique peut s'appliquer au cas de la commune
de Port-Salut.
Section 3 : Présentation des résultats de
l'enquête
N.B : Certaines questions sont omises en raison
premièrement de leur caractère ouvert ou semi-ouvert et
deuxièmement dans le cas où elles étaient reprises dans le
questionnaire comme indiqué ci-dessus. Ce tableau reflète les
réponses des différents citoyens impliqués dans
l'organisation des activités touristiques dans la commune de Port-Salut.
Ces réponses obtenues lors des différentes administrations du
questionnaire préparé à cet effet ont été
ensuite confrontées aux réponses données lors des
entrevues par les différentes personnes-ressources choisies en
conséquence en vue de garantir leur validité. Les
personnes-ressources restent donc centrales dans la réalisation de
l'enquête de terrain.
Etant donné que le but principal de cette enquête
était de découvrir le niveau de participation et le degré
d'implication des différents acteurs locaux dans les activités
touristiques de la zone, des questions à choix multiples ont
été utilisées, ce qui nous aidait à identifier
explicitement les éléments correspondant à notre objectif
d'enquête et de pouvoir classer les réponses les unes par rapport
aux autres suivant leur degré d'importance. En plus, des questions
ouvertes et
115
semi-ouvertes ont été utilisées afin de
pouvoir expliciter ou justifier les réponses données
précédemment dans les questions fermées205.
Questions/Réponses
|
Fréquence
|
Pourcentage
|
oui
|
non
|
oui
|
non
|
1-) Etes-vous d'accord au fait que Port-salut est
surnommé ville de l'artisanat ?
|
7
|
1
|
87.5
|
12.5
|
2-) Quelle est d'après vous l'activité
économique actuellement dominante de la commune ? Tourisme ?
|
8
|
0
|
100
|
0
|
3-) Est-ce qu'il a toujours été ainsi
?
|
1
|
7
|
12.5
|
87.5
|
4-) Port-salut a connu une augmentation des recettes
fiscales, cela résulte de quoi ?
|
|
|
|
|
a-) venue des investisseurs
|
7
|
1
|
87.5
|
12.5
|
b-) augmentation d'activités agricoles
|
0
|
8
|
0
|
100
|
c-) structuration du système fiscal
|
0
|
8
|
0
|
100
|
5-) Qu'est-ce qui aide à faire de Port-salut,
une ville touristique particulière par ordre d'importance
|
|
|
|
|
a-) son artisanat (3e place)
|
8
|
0
|
100
|
0
|
b-) ses plages (1ere place)
|
8
|
0
|
100
|
0
|
c-) investissements touristiques nouveaux
|
5
|
3
|
62.5
|
37.5
|
d-) accueil chaleureux (2e place)
|
6
|
2
|
75
|
25
|
e-) aspect sécuritaire
|
|
|
|
|
6-) Quel secteur tire beaucoup plus de profit des
activités touristiques ? Et pourquoi ? Hôtel ?
|
8
|
0
|
100
|
0
|
7-) La majorité des gens qui travaillent dans
le secteur touristique viennent de « Port- Salut ? »
|
8
|
0
|
100
|
0
|
8-) Les projets touristiques de la zone sont
réalisés par
|
|
|
|
|
a-) Population locale avec la mairie
|
6
|
2
|
75
|
25
|
b-) agence de développement locale
|
0
|
8
|
0
|
100
|
c-) cadres du ministère
|
2
|
6
|
25
|
75
|
9-) Au moment d'exécution des plans, les gens
embauchés pour les différents travaux viennent de...
|
|
|
|
|
a-) Port-Salut
|
8
|
0
|
100
|
0
|
b-) Des Cayes
|
2
|
6
|
25
|
75
|
c-) De Port-au-Prince
|
2
|
6
|
25
|
75
|
d-) Des régions avoisinantes
|
1
|
7
|
12.5
|
87.5
|
|
10-) Peut-on dire qu'au cours des fêtes
patronales, les activités touristiques augmentent dans la commune
?
|
8
|
0
|
100
|
0
|
11-) Les catastrophes naturelles affectent-elles les
activités touristiques de la zone ?
|
0
|
8
|
0
|
100
|
205 Demarteau, Michèle. 1990. L'enquête par
questionnaire : une méthode de collecte de données.
Collection APES.17p.
116
12-) L'activité touristique est-elle importante
pour l'avancement de la commune ? Et pourquoi ?
|
7
|
1
|
87.5
|
12.5
|
14-) D'où viennent principalement les
principaux produits qu'on offre dans les services de restauration des
entreprises touristiques ?
|
|
|
|
|
a-) De Port-Salut
|
4
|
4
|
50
|
50
|
b-) Des communes avoisinantes
|
8
|
0
|
100
|
0
|
c-) De l'étranger
|
1
|
7
|
12.5
|
87.5
|
15-) Les différents investisseurs touristiques de
la commune sont originaires de.
|
|
|
|
|
a-) Port-Salut
|
8
|
0
|
100
|
0
|
b-) Cayes
|
6
|
2
|
75
|
25
|
c-) Port-au-Prince
|
6
|
2
|
75
|
25
|
d-) Régions avoisinantes
|
5
|
3
|
62.5
|
37.5
|
16-) Penses-tu que la commune a connu du
progrès de 2000 à nos jours à cause du
développement touristique ?
|
7
|
1
|
87.5
|
12.5
|
17-) Les artisans de la zone sont
|
|
|
|
|
a-) bien encadrés
|
1
|
7
|
12.5
|
87.5
|
b-) non encadrés
|
7
|
1
|
87.5
|
12.5
|
Et vendent en fonction du type d'acteurs ?
|
8
|
0
|
100
|
0
|
24-) La planification des activités
touristiques de la zone se fait-elle avec des membres de la population locale
?
|
3
|
5
|
37.5
|
62.5
|
26-) Au moment de la célébration du
saint-patron de la zone (Saint-Dominique), les visiteurs sont...nombreux
?
|
8
|
0
|
100
|
0
|
28-) Le développement de la commune de Port-salut
est-il possible à partir du tourisme ?
|
7
|
1
|
87.5
|
12.5
|
29-) Quels types de produits consomment les visiteurs
le plus à Port-salut ? Expliquer. Produits locaux ?
|
8
|
0
|
100
|
0
|
30-) Est-ce qu'on peut dire que le tourisme a permis
le développement de la commune de Port-salut ? Si oui, pourquoi ? a-)oui
b-) Non c-) je ne sais pas
|
4
|
3
|
50
|
37.5
|
33-) Quel est l'hôtel le plus
fréquenté de la zone ? Et pourquoi selon vous ? Auberge
du rayon vert ? Cela varie d'une période à l'autre ?
|
7
|
1
|
87.5
|
12.5
|
34-) Y'a-t-il des jeunes formés en guide
touristique, en hôtellerie, en marketing touristique, en langues
étrangères ? Si oui, veuillez estimer chaque quantité.
pas de réponse ?
|
6
|
1
|
75
|
12.5
|
36-) Existe-il des agences de développement local
spécialisées au service touristique ?
|
0
|
8
|
0
|
100
|
37-) Comment réalise-t-on les promotions des
activités et des entreprises touristiques ? via internet ?
|
8
|
0
|
100
|
0
|
38-) Les gens exerçant des activités
touristiques de façon informelle bénéficient-t-ils du
prêt des institutions financières privées ou publiques ? Si
oui, comment ? Si non, pourquoi ?
|
8
|
0
|
100
|
0
|
39-) Les différents impacts négatifs que
le secteur touristique peut occasionner le plus dans la commune de Port-Salut,
d'après vous ont trait surtout à....
|
|
|
|
|
a-) augmentation du coût de la vie
|
6
|
2
|
75
|
25
|
b-) pollution des espaces publics
|
0
|
8
|
0
|
100
|
117
c-) prostitution des jeunes
|
4
|
4
|
50
|
50
|
42-)Est-ce qu'on peut dire qu'on a beaucoup innové
en matière d'offres touristiques de 2000 à nos jours ? Si oui,
comment ? Pas de réponse ?
|
2
|
0
|
25
|
0
|
43-) Les gens de la commune de Port-salut ont-ils
accès à tous les services touristiques (hôtels, plages,
bars) de la zone sans exclusion ?
|
5
|
3
|
62.5
|
37.5
|
44-) S'il faut choisir, un mot ou un groupe de mot
pour expliquer la relation entre les habitants et les touristes venus de
partout, ce serait
|
|
|
|
|
a-) amicale
|
8
|
0
|
100
|
0
|
b-) plutôt bien
|
0
|
8
|
0
|
100
|
c-) Frustration
|
0
|
8
|
0
|
100
|
d-) chaleureuse
|
0
|
8
|
0
|
100
|
e-) malheureuse
|
0
|
8
|
0
|
100
|
|
48-) En quoi, l'affaire de Johnny Jean violé
par des soldats de la MINUSTAH a-t-elle affecté la perception à
l'égard des visiteurs ? Pas vraiment d'affectation ?
|
8
|
0
|
100
|
0
|
118
Chapitre IV
Analyse par thématique des resultats issus de
l'enquête
IV-1 : Historique des activités touristiques
et des spécificités du territoire à l'étude
A partir de la période de l'inauguration du
Bicentenaire de Port-au-Prince, les étrangers venaient de toute part, et
Port-Salut en a bénéficié surtout à cause d'un
îlot appelé « Île des amoureux » qui se trouvait
au milieu de la mer à Pointe Sable malheureusement détruit entre
2007-2008 par de fortes vagues marines. C'était vraiment à
l'époque l'attraction de la zone. A cette époque, des
suédois ont construit un hôtel du nom de `Makaya' devenu
possession par la suite de l'Etat haïtien, et destiné à
devenir un hôtel d'application pour les gens formés dans
l'école d'hôtellerie et de tourisme du Sud. Cet hôtel avait
été fermé après la chute de Duvalier.
A partir de 1980, le tourisme a connu un certain essor dans la
commune au moment où il y'a toujours eu de promenade en cheval par les
touristes dans toute la ville. Les habitants prenaient soin de ces chevaux
liés spécifiquement à l'activité touristique.
Après 1986, une baisse de cette activité était
constaté jusqu'au retour de l'ex-président Jean Bertrand
Aristide, originaire de la commune. En 1994, les activités touristiques
ont refait surface en tant que domaine économique particulier. En 2000,
Port-Salut était l'une des premières villes touristiques toujours
avec Aristide206. Cependant, il y'a eu un coup dur à partir
de 2004 lié à l'exploitation sexuelle des jeunes de Port-Salut au
moment où les visiteurs étaient venus avec un produit
appelé « spanish fly » utilisé en général
pour les animaux de manière à provoquer leur accouplement. Ce
produit était mis en usage de manière à exciter les jeunes
filles surtout une fois que c'est appliqué un peu sur le verre de celles
qui consommaient avec eux, ce qui correspondait à du tourisme sexuel.
206 Information recueillie auprès du bureau
régional du ministère tourisme et des industries créatives
dans le Sud
119
IV-2 : L'attractivité principale, la plage
Pointe-Sable
Sur les huit fois que les questionnaires ont été
remplis, 100% des réponses placent la plage Pointe-Sable comme
attraction première pour Port-salut. Après, 50% placent l'accueil
chaleureux de la population en 2e position207. Etant une
ville touristique particulière, Port-Salut a comme attraction principale
sa plage et connaît surtout un climat sécuritaire favorable
à l'avancement des activités touristiques qui se réalisent
surtout de manière saisonnière. L'artisanat a été
toujours mentionné aussi, cependant il n'occupe pas tout à fait
la place prioritaire. Il faut dire que l'aspect sécuritaire de la zone
est l'un des éléments qui poussent les investisseurs à s'y
installer. En même temps, c'est ce qui permet aux touristes de se
réjouir de leurs temps de loisirs surtout au plus grand attrait,
l'endroit le plus fréquenté, Pointe-sable.
La spécificité touristique de Port-Salut demeure
précisément sa plage qui est publique. Pour développer ce
secteur, il faut passer par sa bonne gestion. Cette pratique permettra au
secteur touristique de rentrer beaucoup d'argent selon les personnes en grande
partie impliquées directement dans les activités touristiques
particulièrement durant les périodes de pâques, du
carnaval, de la fête des mères. Il n'existe pas pourtant de
monuments historiques particuliers.
La majorité des autres activités
économiques de la commune évolue de concert avec le tourisme
surtout les activités de commerce, étant donné
qu'actuellement le secteur agricole est en déclin. Cependant, tous les
gens enquêtés ont fait choix d'une relation amicale, chaleureuse
entre les visiteurs et la population locale jusqu'à dire que sans les
touristes, il n'y'a pas de vie208.
En fin de compte, la majeure partie des gens qui viennent
à Port- Salut s'intéressent à la plage en
réalité puis à l'hospitalité des gens. Beaucoup
d'hôtels ont été construits à proximité de
cette plage. En ce sens, la plage demeure le capital territorial209
clé devant favoriser l'innovation économique au niveau de la
zone. Cependant, cet atout pourra être beaucoup plus valorisé
en
207 Voir la question 5 de la section 3 du chapitre
précédent.
208 Voir les questions 5 et 44 de la section 3 du chapitre
précédent.
209 Richesse d'un territoire
120
cas de fortes interactions entre les différents acteurs
de la population locale par le biais de leurs initiatives touristiques qui
garantiront sa protection.
La réputation de Port-Salut comme attraction
touristique la plus prisée de la côte Sud s'est donc construite
autour de cette belle plage de sable fin et brun et une mer paisible, basse
jusqu'au loin de plus d'un kilomètre. Les visiteurs y prennent toujours
plaisir en raison de la beauté du lieu, de la douceur du sable et de
l'eau fraîche de la mer.
Le développement des activités et l'attrait
touristiques de la zone (sa plage en particulier) attirent les investissements.
Parmi ces activités, il y `a surtout les fêtes champêtres.
Comme autre évènement à Port-Salut, c'est la
gaguère des taureaux qui attire également les gens. Puis, il
existe la cascade Touyac et la cascade Nan So. De plus, beaucoup de gens
viennent surtout au moment de la fête du Saint-Patron de la zone. En
outre, en période de fêtes des mères, de pâques,
beaucoup de touristes visitent Port-Salut210. D'où la
nécessité de se pencher sur le rôle de la culture
port-salvienne au développement local, en tenant compte de l'impulsion
donnée aux activités touristiques par certains
évènements culturels importants ainsi que l'aspect hospitalier
des habitants de la zone.
Cependant, il est constaté que la plupart du temps,
l'entretien de ce joyau (la plage) n'est pas vraiment assuré. Il est
clair que s'il est vrai que Port-Salut demeure l'un des endroits le plus propre
du pays, au niveau de la gestion de la plage, il s'agit d'une toute autre chose
en dépit du fait que les gens en voiture et à moto payent pour
entrer sur la plage. Il se trouve ça et là sur la plage des tas
de déchets en plastiques et en carton provenant surtout des
mini-restaurants qui desservent en grande partie les différents
visiteurs sur la plage, des cannettes de boissons, des touffes de mauvaises
herbes aussi.
Malgré le constat d'une moto de ramassage d'ordures qui
fait va et vient sur la plage, rien n'est fait en terme de nettoyage. Il semble
que ce joyau-là est abandonné. Comme autre problème, c'est
que cet endroit-là fait aussi l'objet non seulement de restauration,
d'hôtellerie, de
210 Voir à la section 3 du chapitre
précédent les questions 10 et 26
121
tourisme et de pêche, mais aussi des activités
d'extraction de sable pour la construction et réalisation
d'aménagements privés. De plus, il y'a des motos et des voitures
qui circulent, malgré qu'un endroit spécifique servant à
garer les motos et les voitures était constaté. En outre, il faut
dire que la plage est aussi quelque peu fragilisée puisque le haut de la
plage et les zones végétalisées subissent les coups de mer
habituels.
IV-3 : L'artisanat à Port-Salut
L'activité artisanale qui doit répondre en
quelque sorte au manque d'emplois est un secteur négligé puisque
les artisans ne sont pas encadrés211. Ils sont le plus
souvent des travailleurs indépendants localisés en majeure partie
dans les zones rurales. En outre, généralement ce sont des gens
qui vivent dans des conditions difficiles, ce qui ne suscite donc aucun
intérêt chez des jeunes de continuer à suivre la trace de
leurs parents.
De même, la plupart de ces artisans, par le fait qu'ils
pratiquent ce métier juste pour répondre à des besoins
souvent immédiats, sont victimes d'exploitation de la part de ceux qui
parfois achètent leurs produits à des prix dérisoires pour
aller les revendre à des prix exorbitants avec l'étranger. Ainsi,
s'exerce parfois une certaine spéculation au niveau national et
international sur les produits des artisans port-salviens. Le prix payé
à l'artiste subit une véritable domination du marchand par des
contrats qui lient ce dernier à ce concepteur-là. L'enquête
réalisée nous a permis de révéler un tas de chose
à propos de l'artisanat à Port-Salut.
Les artisans fonctionnent en tant qu'amateurs même si
parfois il y'a des foires organisées en leur faveur. Cependant, il faut
bien savoir que cette activité est plutôt saisonnière.
C'est pourquoi, il n'y'a aucun marché d'artisanat alors que le
ministère du tourisme dans l'élaboration de son résultat
d'enquête pour la révision du Plan Directeur du Tourisme pour la
région du Sud en 2007 a déclaré que Port-Salut est «
ville de l'artisanat »212.Il importe donc de
211 Voir les questions 5 et 17 de la section 3 du chapitre
précédent.
212 Ministère du Tourisme. Enquête pour la
révision du Plan Directeur du Tourisme. Présentation de la
commune de Port-Salut : Ville de l'Artisanat.
122
retenir que 7 sur 8 soit 87.5%213 des gens
impliqués directement dans ce secteur et à qui le questionnaire a
été passé , admettent que les artisans de Port-Salut sont
comblés de talents. Ils pourront réaliser d'importantes choses
s'ils étaient encadrés, à savoir des objets d'art en
plastiques, en métal, en bois. De plus, certains réalisent du
tissage, de la peinture, juste pour gagner leur vie.
Ils sont emmenés dans les foires parfois, car il n'y'a
pas vraiment de moyen pour les aider, les encadrer au niveau du bureau
régional. Concernant cet aspect, 87.5% des enquêtés ont
mentionné que les artisans ne sont pas vraiment
encadrés214 sauf l'un d'entre eux, qui parlait surtout
d'encadrement en fonction des ventes qu'ils effectuent surtout suivant la
catégorie d'acheteur. Il n'y'a pas une structure qui fixe des prix mais
c'est plutôt fait de manière délibérée de la
part des vendeurs de produits .Quelques-uns d'entre eux
bénéficient des prêts auprès des frères
Ste-Thérèse de Carpentier qui ont un bureau à Port-Salut.
Malgré le manque d'encadrement dont ont fait l'objet ces derniers, les
agents de la mairie leur réclament des frais pour étaler des
produits surtout sur la plage.
L'artisanat s'exerce de manière informelle, avec manque
de structure aussi. Parfois, le fabricant est en même temps le vendeur,
ils ne sont pas formés davantage pour améliorer leur production.
Il arrive parfois que les touristes ont peur d'eux puisque
généralement mal vêtus et livrés à
eux-mêmes pour se promouvoir215. En dépit de toute
désignation comme ville de l'artisanat, Port-Salut n'était pas
représenté dans la grande activité internationale du pays
à savoir l'Artisanat en fête pendant deux années
consécutives 2014 et 2015. De nos jours la production artisanale est en
voie de disparition puisque les jeunes ne s'y intéressent guère,
la majorité des artisans actuels sont âgés en moyenne de 50
ans216.
213 Voir la question 1 de la section 3 du chapitre
précédent.
214 Voir la question 17 de la section 3 du chapitre
précédent.
215 Information recueillie auprès du bureau
régional, responsable du suivi et d'évaluation.
216 Information recueillies auprès du responsable de
contrôle et de suivi du bureau régional du département
123
IV-4 : D'autres activités économiques
à Port-Salut
87.5%217 des gens questionnés ont cru que le
tourisme n'a pas toujours été l'activité principale de la
zone .Autrefois l'agriculture jouait un rôle combien important en tant
qu'activité économique surtout avec la production du
vétiver. Cette dernière demeure l'unique atout aujourd'hui en ce
qui a trait aux activités agricoles. Jusqu'à présent, la
culture du Vétiver est dominante dans la zone. Elle permet des
rentrées surtout quand les activités touristiques sont en baisse.
Il y'a également du Tourisme-Vétiver. Certains acheteurs viennent
parfois de l'étranger pour le vétiver de Port-salut. La
région étant aride et frappée par la vague de
sècheresse qui affecte depuis un certain temps le pays, les agriculteurs
ne produisent presque plus à cause de la productivité
réduite des terres. Celle-ci, comme c'est le cas pour la majeure partie
du pays, dépend de la pluie, à cause d'absence de système
d'irrigation installé.
Ainsi, au cours de l'année 2016, il est possible de
dire que l'agriculture est en déclin dans la zone218 .En
raison de cette baisse de production agricole, étant donné qu'il
y'a de fortes demandes en matière de produits agricoles, les acteurs du
secteur touristique s'approvisionnent davantage dans les communes avoisinantes
en période de festivité219. Même en
matière de fruits de mer, la commune n'est pas trop souvent en mesure de
répondre à la demande. La pêche est peut-être une
autre activité qui se développe de mieux en mieux à cause
du tourisme, mais c'est en grande partie de façon non modernisée.
Les responsables de bars-restos se tournent parfois vers d'autres
marchés du département et même parfois vers Port-au-Prince
pour se procurer des poissons220.
Concernant les boissons, il n'y'a pas vraiment de produits
typiques à Port-Salut, sauf dans les hôtels, il y'a des jus
découlés des fruits locaux. Encore, une grande quantité de
ces fruits est fournie sur le marché national par le marché
dominicain en raison de la baisse de la productivité agricole que le
pays connaît. Les boissons alcoolisées (nanni, assorossi, lyann
bande etc.) sont
217 Voir la question au tableau de présentation de
resultats au chapitre précédent.
218 Synthèse faite des différentes opinions des
gens enquêtes à partir des questions semi-ouvertes.
219 Voir la question 14 du tableau de présentation des
resultats du chapitre précédent.
220 Synthèse réalisée à partir des
questions ouvertes et semi-ouvertes.
124
surtout consommées par des touristes locaux. Tous les
enquêtés ont déclaré que ce sont des produits locaux
qui sont offerts habituellement aux touristes221. Les touristes
cherchent souvent à découvrir quelque chose d'original et de sain
dans ce qu'ils consomment comme aliments. A Port-Salut, les plats offerts aux
touristes sont des mets locaux au goût des visiteurs
préparés avec des produits du terroir.
IV-5 : Situation des entreprises touristiques
Tous les gens enquêtés avancent que les
principaux bénéficiaires du tourisme sont le secteur
hôtelier en premier lieu222, ce qui explique d'ailleurs que la
majorité des investisseurs de la zone se dirigent
particulièrement vers ce champ particulier de profit. Ils disent que
Port-Salut est calme et sécuritaire et les gens viennent souvent se
loger dans les hôtels de Port-Salut. Parfois les gens louent leurs
maisons privées pour gagner de l'argent en certaines occasions.
Après les hôtels, ce sont quelques rares bar-restos surtout sur la
plage qui en profitent puisque la grande partie des restaurants plus ou moins
standard respectant les conditions sanitaires se trouve encore une fois dans
les hôtels. Le service de restauration sur la plage est au rabais.
Pourtant en raison de la localisation, les visiteurs préfèrent
venir sur la plage pour manger du poisson boucané, du lambi ou du
homard, etc.
Il y'a environ 19 hôtels en opération et deux
autres en construction dont l'hôtel le sommet de Port-Salut avec 80
chambres non encore inauguré. 87.5%223 des
enquêtés pensent que l'hôtel de la zone le plus
fréquenté, c'est l'Auberge du Rayon Vert. Cependant, il faut
comprendre surtout que cela dépend des types de visiteurs car la
majorité des étrangers vont à l'Auberge du Rayon Vert en
raison de la grande capacité promotionnelle que disposait son
propriétaire français décédé. Cet
hôtel offre des plats pour différentes nationalités
(française, italienne, américaine etc.). A Fortress inn, des
missionnaires d'églises viennent souvent. Il y'a l'hôtel du
village qui était une propriété de l'Etat loué
actuellement au secteur privé. Il faut comprendre
221 Voir la question 29 du tableau de présentation de
résultats.
222 Voir la question 6 du même tableau.
223 Voir la question 33 du tableau des résultats.
125
que le secteur privé occupe la majeure partie du
secteur touristique. Les hôtels demeurent les entreprises touristiques
dominantes à Port-Salut.
Les ressources locales pour réaliser les promotions ne
sont pas surtout utilisées. D'ailleurs, il n'y'a pas de publicité
pour la majorité de ces hôtels car les clients visés ne
sont pas tout à fait de Port-Salut. L'internet est davantage
utilisé pour réaliser des promotions. La part du secteur
privé dans le secteur touristique est importante. La
compétitivité a ainsi évolué : -Avant 2010
c'était le Boucanier Hôtel -De 2010-2013, Dan's creek occupait la
première position et l'Auberge du Rayon Vert, la deuxième -De
2013 à nos jours c'est surtout l'Auberge du Rayon Vert224.
Les investisseurs en grande partie viennent d'autres endroits
du pays. Certains ont occupé des postes de valeur dans l'administration
publique haïtienne par exemple l'ancien premier ministre Cherestal,
propriétaire du Bouknier hôtel-bar-resto. Différentes
catégories de gens investissent à Port-salut, des
étrangers, des gens originaires des autres départements du pays.
De même, il y'a des investisseurs haïtiens qui viennent des autres
endroits, dont le propriétaire de l'hôtel Dan's Creek qui est
originaire du Nord. De son côté, la diaspora de Port-salut est
très peu impliquée dans l'activité d'investissement de la
zone. Selon l'enquête réalisée, tous croient qu'il y'a
aussi des investisseurs originaires de Port-Salut, 75% pensent respectivement
qu'ils viennent des Cayes et de Port-au-Prince et 62.5% avancent qu'ils sont
également originaires des régions avoisinantes225.
En ce qui a trait au prêt, il n'y'a que très peu
d'institutions de micro-crédit à Port-salut. Certaines existaient
autrefois. Actuellement, il y'a les frères Ste-Thérèse qui
accordent du crédit. Pour bénéficier des prêts,
généralement il faut aller jusqu'aux Cayes dans les caisses
populaires, Finca, Sogesol. La majorité des gens dans le secteur
informel bénéficie du prêt appelé « ponya
».En majeure partie, les hôteliers bénéficient des
prêts. Il n'y'a même pas une
224 Idem
225 Voir la question 15 du tableau de présentation des
resultats au chapitre précédent.
126
institution bancaire dans la zone et que des bureaux de
transferts ayant existé ont leurs portes
fermées226.
IV-6 : Situation de l'emploi
Les emplois à Port-Salut se centrent
précisément sur les activités touristiques, ce qui pose
certains problèmes. Il est nécessaire, compte tenu du niveau de
formation des gens, qu'il y'ait d'autres types d'entreprises comme des
boulangeries, de la boucherie, l'ébénisterie-menuiserie de
façon formellement organisée. Cela pourrait aider à
compenser en quelque sorte la situation essentiellement saisonnière de
l'emploi de certains gens de la commune qui ne vivent que du tourisme. Un jeune
hôtelier déclare que le tourisme est vital mais il faut structurer
le secteur afin de faire perdurer durant toute l'année les
activités touristiques en vue de permettre aux entreprises de continuer
à embaucher des jeunes227.
Des gens originaires de la zone sont employés parfois
pour des postes peu qualifiés dans le secteur touristique. En effet,
cela profite aux habitants de la commune de Port-Salut. L'emploi à
Port-Salut demeure l'une des conditions essentielles pour réduire un peu
l'écart écrasant en ce qui a trait à la capacité
des gens de répondre à certains besoins nécessaires. Il
est constaté au niveau de la commune des gens qui vivent surtout dans
des conditions précaires et habitent près des hôtels dans
des anciennes résidences souvent sans commodités, ce qui
occasionne un certain exode vers les Cayes en vendant leur
propriété puisque la commune vit à un rythme qui
dépasse de loin leur capacité à subsister et à
profiter de l'existence.
Les gens employés dans le secteur touristique sont de
Port-Salut en majorité228. Cependant, ce sont des postes qui
exigent peu de qualifications alors que d'autres gens viennent pour des
services plus qualifiés et sophistiqués. Il n'y a pas assez de
jeunes de Port-Salut qui ont reçu de formation spécialisée
afin d'acquérir certaines compétences propres aux postes de
haut-
226 Synthèse réalisée à partir des
réponses données dans les questions ouvertes et semi-ouvertes.
227 Opinion tirée d'une question semi-ouverte lors de
l'enquête
228 Voir les questions 7 et 9 du tableau de présentation
des resultats
127
niveau. Certains se forment parfois de manière
volontaire et personnelle. Les emplois dont sont surtout
bénéficiaires les jeunes de Port-Salut sont
généralement peu rémunérés alors que les
postes de valeur sont détenus par des cadres compétents venus
d'ailleurs. En grande partie, il existe des gens ayant le niveau
d'études primaires et secondaires qui travaillent dans le secteur et peu
d'universitaires229.
Sur la plage, des jeunes qui n'ont pas eu l'opportunité
d'aller étudier après leurs études secondaires trouvent du
boulot dans les bars-resto comme agent de marketing et courent après
chaque visiteur pour lui offrir quelque chose de spécial dans un esprit
de compétition.
D'après l'enquête menée, s'il est vrai que
la commune est réputée ville touristique, peu de jeunes qui
travaillent détiennent une spécialité en tourisme. La
plupart des jeunes qui travaillent n'ont reçu que des courts
séminaires. Ils bénéficient donc d'emplois peu
rémunérés. Il y'a une école de formation en
hôtellerie et tourisme fondée le 6 mai 2013 au moment de constater
l'urgence qu'il y'a des gens formés dans le secteur. Cette école
était construite par le ministère à Faugasse dans le
département du sud en vue de répondre au manque de services de
qualité et de réduire les faiblesses en terme d'offre.
Jusqu'à présent, parmi les jeunes formés
par l'école hôtelière du Sud, peu sont sollicités
pour des services touristiques à Port-salut230. Cependant,
les propriétaires utilisent et exploitent ces jeunes formés en
leur offrant des stages périodiques au moment de fortes activités
touristiques attirant des visiteurs potentiels augmentent.
Il était constaté que le marché
touristique de Port-Salut est un peu fermé aux gens formés ainsi
que nous le confie le responsable de l'institut de formation :
« Ce qu'il faut surtout comprendre c'est que les
étudiants formés ici ont du mal à être
employés, même ceux qui étaient en stage. Il y'a surtout
une peur des gens formés dans la
229 Information fournie par un cadre du bureau régional,
originaire de Port-Salut.
230 Information recueillie auprès d'un responsable de
l'école d'hôtellerie au bureau régional.
128
zone, il y'a hésitation à les embaucher
puisqu'il est insinué que cela conduira à la perte d'emplois pour
certains employés non formés et à bon marché dans
le circuit. Or, ici, les cadres formés visent principalement à
encadrer les agents hôteliers de partout dans le pays. Le facteur qui
explique surtout cette situation, c'est que pour eux les professionnels, et ce
qui est normal, ne peuvent pas être embauchés à bas prix,
d'où une préférence pour des gens non formés pour
profiter des prix inférieurs. Pourtant en cas de grand
évènement et de grandes activités touristiques, ils sont
appelés pour les stages dans les différents hôtels de la
zone. La majeure partie des gens formés ici travaillent à
Port-au-Prince, même des jeunes originaires de Port-Salut ont du mal
à intégrer le marché d'emploi touristique de Port-salut
»231.
En ce qui a trait à l'enquête, 75%232
des gens disent oui qu'il y `a des gens formés même s'ils se
réfèrent à quelques séminaires suivis. A IFORTH,
des spécialistes professionnels en bar-restaurant, hébergement,
à la cuisine sont formés. Pourtant il n'y a pas de formation en
langue étrangère. Cette école a déjà
préparé une promotion de 70 étudiants formés en 18
mois. Cependant, une lutte est en train d'être menée de
manière à réduire la durée de l'étude
à 1 an surtout233.
IV-7 : Fiscalité à Port-Salut
Port-Salut demeure une destination touristique
particulière. Voyons un peu comment ont évolué les
rentrées fiscales du territoire de 1996-1997 à 2012-2013.Le
bureau de perception fiscale de Port-Salut a reçu pour l'année
fiscale de 1996-1997,81105.10234gourdes au moment où le taux
de change était d'un dollar pour 16.16235 gourdes, ce qui
équivalait alors à 5014.22 dollars avec 0.14 $ par habitant
à l'époque or Arniquet faisait partie de cette commune comme
section communale. En 2012-2013, il était constaté d'après
la recherche menée par le Group
231 Information recueillie auprès du responsable de
l'institut de formation en hôtellerie
232 Voir la question 34 du tableau de présentation des
resultats de l'enquête au chapitre précédent.
233 Informations recueillies auprès du responsable de
l'institut de formation en tourisme et hôtellerie du Sud (IFORTH)
234 IHSI.IRPCH, 1998
235 BRH. Taux de change 96-97
129
Croissance236, une recette fiscale de 7733.66
dollars soit par rapport au taux de change de BRH pour 2012-2013 d'un dollar
pour 43.13 gourdes, un montant de 333546.31 gourdes, ce qui donne alors selon
les calculs 0.42 dollar de recettes per capita alors qu'Arniquet ne fait plus
partie de cette commune comme section communale. Il s'agit donc d'une certaine
augmentation enregistrée au niveau des rentrées fiscales.
Comme la plupart des autres communes du pays, les habitants ne
paient presque pas d'impôts directs237. Avec la vague de
construction des hôtels dans la zone et la montée du prix des
terrains, l'enregistrement des papiers au centre d'impôts de Port-Salut a
permis à ce dernier de bénéficier d'une certaine
augmentation de recettes238. Les enquêtés ne peuvent
nullement expliquer, en dépit du fait que 87.5% d'entre eux croient que
l'augmentation est due à la venue des investisseurs touristiques dans la
zone, en quoi cela profite à la région. La structuration fait
défaut au système de collecte d'impôts et de la
réalisation des investissements. Il faut au moins 20000$239US
pour acheter un terrain, c'est plus cher que la ville des Cayes, à
présent.
De plus en plus de gens manifestent l'envie de vivre à
Port-Salut. Comme effet positif de la hausse de prix des
propriétés, c'est qu'elle permet à la DGI de rentrer un
peu plus d'argent comme impôts surtout d'origine foncière.
Cependant, cela entraine en même temps la migration des port-salviens
vers les Cayes et les communes avoisinantes.
Il faut dire qu'il y'a un problème de
délimitation géographique, lié au fait qu'autrefois
Arniquet était une section de la commune de Port-Salut. Un certain
problème lié à la façon dont les recettes fiscales
de la zone sont perçues se pose à présent. La plage
faisait partie de la 3e section communale et appartenait à
Arniquet malgré la grande distance qui sépare cette commune de la
plage pointe sable. Actuellement, il n'y a pas de CASECS dans cette
région, et des efforts
236 Group Croissance.2013. Classement des communes
d'Haïti par performance fiscale tirée des données du
Ministère de l'Intérieur et des Collectivités
Territoriales et de l'Institut Haïtien de Statistiques et
d'Informatique.
237 Information recueillie auprès du responsable de la
DGI.
238 Idem
239 Donnée recueilli au niveau de la Mairie de Port-Salut
à titre d'exemple.
sont engagés de manière à faire entrer la
zone où se trouve actuellement la plage dans la ville de
Port-Salut240.
À cause du problème de structuration du bureau
de collecte d'impôts de la zone, il faut aller jusqu'aux Cayes pour
recevoir des patentes et certains hôtels sont enregistrés
même en dehors du département, c'est le cas de Dans'Creek qui est
sous la commune de Delmas en matières fiscales. Ainsi, les recettes
fiscales qui doivent bénéficier à la commune ne sont pas
rentrées dans sa caisse, ces impôts sont payés aux Cayes
pour la majorité des hôtels. Le bénéfice tiré
est plutôt lié à la question foncière et
80%241 des taxes payées par les hôtels vont dans la DGI
des Cayes en majeure partie. Cette situation entrave la détermination du
chiffre d'affaires des entreprises ainsi que de leur valeur ajoutée
puisque les impôts sont payés en dehors de la commune où la
plupart des hôtels sont enregistrés.
130
240 Information recueillie auprès du responsable de suivi
et d'évaluation du bureau régional du MTIC
241 Données recueillies auprès du bureau
régional du tourisme du SUD le 24/2/2016
131
Chapitre V
Conclusions et Recommandations
La contribution des activités touristiques au
développement de Port-Salut constituait notre préoccupation
centrale compte tenu du type de planification appliqué au secteur
touristique haïtien. D'abord, un intérêt particulier a
été porté sur le dynamisme du secteur au niveau mondial,
ce qui a amené les agences internationales de développement
telles que le PNUD, le FMI, la Banque Mondiale, etc. à promouvoir le
tourisme en tant que vecteur de croissance surtout dans les pays en
développement. Etant un secteur transversal, le tourisme exerce un effet
d'entrainement sur d'autres types d'activités d'un territoire pouvant
impulser son développement par le biais d'une participation active de sa
population.
L'objectif central consistait à analyser et à
comprendre cette participation volontariste comme étant
l'élément de base de toute planification territoriale
stratégique fondée sur des collectifs d'acteurs porteurs d'une
demande sociale réelle. Le problème qui est censé poser se
rapporte aux défis dont font face les différents territoires du
pays, en proie aux aléas naturels, aux manques d'infrastructure et
à l'insécurité, accordant une importance au secteur
touristique sans penser à un processus de planification de long terme.
Un tel processus aidera à dépasser la simple rentabilité
économico-financière pour aller vers la durabilité compte
tenu de la vulnérabilité de la population locale et du
déclin des autres secteurs économiques.
Cette quête de durabilité implique qu'il y'ait au
centre de tout consensus de décision portant sur l'environnement, le
culturel, le social et l'économique les acteurs territorialisés
concertants, ressources idéelles autonomes et légitimes , propres
à impulser le développement territorial appuyé par une
politique ferme de l'Etat. Ce développement est transversal,
décloisonné et mieux approprié au secteur transversal
qu'est le tourisme qui génère d'importantes externalités.
En vue d'une valorisation des ressources territoriales, les agences de
développement s'avèrent nécessaires en vue de créer
une synergie locale par le biais d'une
132
approche intersectorielle, systémique, et
globalisée qui prend en compte les deux niveaux de l'offre
culturelle.
Le développement territorial consiste en une
modalité originale fondée sur des relations non exclusivement
marchandes entre les hommes pour valoriser les richesses endogènes de
type naturel, social et surtout culturel par le biais d'un contrôle local
visant un développement économique équitable. En somme, le
secteur touristique peut constituer la base d'une demande extérieure
générant des revenus à un territoire en raison de
l'augmentation continue des arrivées touristiques internationales. Pour
cela, il faut une planification touristique qui tient compte des
éléments suivants : la satisfaction des visiteurs,
l'amélioration des succès économiques et commerciaux, la
protection des ressources, puis, l'intégration des territoires et des
communautés.
La recherche sur la Seine de Saint-Denis par Laure confirme
l'hypothèse que le tourisme culturel axée sur l'identité
locale et le patrimoine est stratégique au développement
territorial en favorisant des retombées dont la hausse des recettes et
des chiffres d'affaires, la création d'emplois, etc. Menozzi, montre
qu'en Wallonie, l'existence d'agences ayant des plans stratégiques de
développement local partagés par la population et appuyés
par les élus locaux favorisait des emplois, puis encourageait du
développement durable. Le cas de Durbuy stipule que, par le biais
d'économie d'agglomération sur le territoire, l'activité
touristique entraine d'autres secteurs et représentait une importante
partie du budget communal. En raison de sa spécificité
touristique, Durbuy est ancrée dans la perspective de
développement territorial.
S'inspirant de ces recherches menées sur le
développement territorial en rapport avec les activités
touristiques et mettant l'accent sur l'importance des agences de
développement local, deux hypothèses ont été
formulées. Ces hypothèses visaient à confirmer qu'une
bonne planification du développement touristique avec la population de
Port-Salut peut contribuer au développement durable de ce dernier tout
en le dotant d'un potentiel de développement propre centré sur
ses principaux atouts compte tenu de la transversalité du secteur
touristique. En vue
133
de vérifier les hypothèses, des revues
scientifiques, des sites des opérateurs locaux et internationaux, des
articles de presse, et des mémoires ont été
consultés. De plus, une enquête de terrain a été
menée.
Les statistiques de l'OMT confirment le rôle moteur de
l'industrie touristique ayant représenté 9%242 du PIB
mondial en 2015. Le taux de croissance des exportations des services des PMA
grâce au tourisme est de 11%243 en moyenne par an depuis 1991.
L'apport croissant dans les économies en développement est
estimé à 34.5%244 des recettes mondiales. En 2014, les
Amériques captaient 22%245 des recettes touristiques
mondiales, d'où une dépendance des Etats insulaires à ce
secteur en termes d'emplois et de rentrées de devises sur le continent.
À titre d'exemple, 10.45%246 du PIB cubain lui vient du
tourisme. Soulignons toutefois qu'il n'y a pas eu que des impacts positifs,
voilà pourquoi, le choix d'un tourisme durable devient central dans les
Objectifs du Développement Durable.
Au niveau de la Caraïbe, la majeure partie des
territoires vit du tourisme comme secteur porteur de croissance et de
développement, ce qui fait naître une intense concurrence. Ce
secteur demeure le deuxième employeur après le secteur public et
sa contribution au PIB était de 14.6%247 dans la
région en 2014. Parmi les pays ayant accusé un taux record en
matière d'arrivées, Cuba et Haïti ont eu respectivement des
taux de 17.4% et de 11%248. Les touristes arrivent annuellement avec
un taux moyen de 7%, ce qui a permis au marché touristique
caraïbéen de se placer en deuxième position à
l'échelle mondiale en 2015249. Certains pays de la
région font face à des difficultés similaires telles que
les aléas naturels, l'étroitesse du
242 OMT 2015, op.cit.
243 OMC 2015, op.cit.
244 OMT 2015, op.cit.
245 ibid
246 Global News Matter 2015, op.cit.
247 CTO 2015, op. cit.
248 CTO, state of the tourism industry report 2015, op.cit.
249 WTTC 2015,Impact Economic in Caribbean, op.cit
134
marché, le déclin du système agricole,
etc. alors que des disparités existent entre leur niveau
développement250.
Le tourisme haïtien a eu une époque phare
située entre 1940 et 1950 en raison de son climat, l'hospitalité
des gens, la culture populaire etc. Toutefois, le tourisme s'est
développé au rythme de la situation politique du pays. Cette
période glorieuse était due aux efforts du président
Dumarsais Estimé, considéré comme un principal promoteur.
Pourtant, faire du tourisme un vecteur du développement territorial n'a
été initié qu'avec le président Jean-Claude
Duvalier. Depuis 1983, une baisse a été constatée à
cause du VIH/SIDA et de l'instabilité politique, malgré le PDT de
1996 et la création d'un ministère en 2002, jusqu'aux efforts
déployés entre 2011 et 2015 par la ministre Stéphanie pour
replacer Haïti sur la carte Touristique mondiale.
En termes de planification, le MTIC de 2011 à 2015
tenait compte de l'axe «Territoire » à côté de
l'Image, de l'Economie, et de la Gouvernance du secteur ; puis dans la
refondation économique du PSDH, le secteur touristique est
identifié comme étant important. Concernant des impacts, le
secteur touristique haïtien en 2014 contribuait à 9.5% au PIB,
assurait 2.7% de l'emploi total, puis favorisait 33.2% des exportations
totales, et représentait 4.2% de l'investissement
total251.
A partir de tous ces constats en matière d'impacts
économiques du secteur au niveau mondial, régional et national,
voyons ce que l'enquête réalisée à l'aide de
plusieurs techniques combinées nous a permis de comprendre du secteur
touristique à Port-Salut.
Le tourisme demeure surtout le moteur de l'économie
port-salvienne en entrainant dynamiquement d'autres secteurs d'activités
dont la construction d'infrastructures, le commerce de détails avec la
vente des produits artisanaux et alimentaires etc., et l'artisanat
250 Agence Française de Développement .op. cit.
251 WTTC. 2015, Haïti. Op.cit.
135
favorisant des emplois indépendants. En dépit du
déclin du secteur agricole, il capte encore des bénéfices
du tourisme surtout à cause de la culture de vétiver.
Le patrimoine naturel principalement convoitant de la zone est
la Plage Pointe sable qui est profondément inscrite dans l'esprit des
visiteurs. Elle demeure un atout très spécifique sur lequel
s'appuient particulièrement d'autres activités touristiques. Il
s'agit donc du plus grand lieu économique port-salvien et l'ancrage fort
pour le développement territorial de la commune. De plus, tous les
habitants y ont accès.
Les recettes perçues (7741.49 $ US)252 sont
insignifiantes puisque la majorité des hôtels paient des
impôts ailleurs, ce qui empêche à la commune de se servir de
ses propres ressources financières pour amorcer son
développement. De plus, les bénéfices tirés ne sont
pas vraiment réinvestis dans d'autres types d'activités
même à titre de financement alors que les produits offerts aux
touristes proviennent majoritairement des autres régions .Il n'y'a
même pas une boulangerie à Port-Salut.
De plus en plus de natifs quittent Port-Salut en raison de
l'augmentation coût de la vie et de la quête d'avantages
mirobolants en offrant leur lopin à des prix élevés en vue
de s'accorder un mieux-être ailleurs du territoire. En outre, à
cause des coûts élevés des services touristiques, peu de
gens de la commune y ont accès. Il n'existe aucune concentration de
« cerveaux à haut revenus »253, des
éléments de ressources idéelles, sur le territoire afin de
planifier le développement puisque les emplois disponibles sont peu
rémunérés.
La participation de la population au processus de
développement de leur territoire n'est pas intégrée dans
les stratégies d'acteurs. La mise en valeur des ressources humaines de
la zone fait défaut dans le processus de planification territoriale
puisque tous les projets sont élaborés au niveau du MTIC.
Même une agence de développement ne se trouve pas à
Port-Salut.
252 Group Croissance. Classement des communes d'Haïti par
performance fiscale 2012-2013. Op.cit. 253Terme utilisé par
Dujardin déjà cité pour qualifier les potentiels
intellectuels.
136
Recommandations
L'analyse de la relation entre le développement
territorial et les activités touristiques de Port-Salut nous permet de
comprendre les avantages économiques, sociaux et environnementaux que
peuvent tirer cette communauté. Pour cela, nous avons
élaboré des actions à entreprendre pour garantir la
profitabilité du tourisme au territoire à l'étude.
1-) Elaborer un plan stratégique de
développement touristique dans la commune de Port-Salut
afin de pouvoir assurer une bonne planification territoriale et
une bonne coordination avec d'autres secteurs de manière à rendre
le secteur touristique profitable à la communauté locale tout en
diminuant les effets négatifs.
2-) Mettre en place des ADL et un comité
communal du développement du tourisme, afin de
suppléer aux faiblesses administratives et institutionnelles. Ces
structures s'assureront d'accueillir, d'informer, d'accompagner les personnes
porteuses de projet, de susciter les initiatives locales en vue d'un
redéploiement économique. Ce comité constituera un espace
de rencontres, de formation et de consensus entre tous les acteurs et de
coordination avec la direction régionale.
3-) Réaliser la sensibilisation et la
formation des acteurs locaux en vue d'une participation active de la population
au processus de planification, ce qui favorisera une approche
volontariste pouvant aider à la valorisation et à
l'intégration des savoirs locaux tenant compte de leur culture pour
réduire ce phénomène d'exode en cours dans la commune.
4-) Créer un fonds communal du tourisme,
dans le but de faire profiter les ressources de la commune telle
que les recettes fiscales à son développement. A partir des
critères spécifiques, un tel fonds devra être une
manière de faciliter l'emprunt pour des investissements en
infrastructures touristiques, de financer des évènements et des
festivals touristiques, et d'aider financièrement les PME et les
artisans.
5-) Encourager les entreprises touristiques
à investir dans la formation de leurs employés, en
vue de pouvoir offrir des produits et des services de qualité propres au
territoire en mettant l'accent sur le patrimoine culturel.
6-)
137
Favoriser le développement des
mentalités entrepreneuriales des jeunes et faciliter l'accès de
la majorité des membres de la population aux services
touristiques. En ce sens, il importe de se pencher sur
l'encadrement des artisans de la zone. De plus, il importe de mettre l'accent
sur la pratique de tourisme local.
7-) Cibler de nouveaux marchés pour
prendre de l'expansion, par la mise en place de politique
promotionnelle et de marketing en coordination avec les différents
opérateurs visant à valoriser la destination de Port-Salut.
8-) Améliorer le transport et les autres
infrastructures et équipements, par la définition
d'une politique territoriale du secteur public en rapport au secteur
privé et professionnel dans une perspective de développement
économique territorial. L'accès et les déplacements
intérieurs, la signalisation et l'information touristiques doivent
être privilégiés par le gouvernement.
9-) Faire développer une culture de
tourisme durable en ce qui a trait à l'utilisation de la plage «
Pointe Sable » spécifiquement, puisque la gestion
actuelle de cette ressource demeure problématique. De plus, il convient
d'améliorer et d'augmenter la structure d'accueil et de restauration de
la plage. Toutefois, d'autres attraits touristiques doivent être
valorisés dont les deux cascades Touyac et Nan So.
138
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143
Annexes
Entrevue à l'aide du questionnaire avec le
responsable de contrôle et de suivi du ministère du tourisme au
département du Sud au bureau régional le 24/2/2016,originaire de
Port-Salut où il vit à présent, licencié en
Patrimoine et tourisme à l'Université d'Etat d'Haïti,
Faculté IERAH.(réalisé le mercredi 24
février de 11h à 12h15)
En raison du problème de délimitation,
lié au fait qu'autrefois Arniquet était une section de la commune
de Port-Salut, ce qui pose problème à la façon dont on
traite les ressources fiscales de la zone. La plage faisait partie de la
3e section communale, ce qui pose géographiquement un
problème à partir de la lutte entamée par un ancien
député originaire d'Arniquet. Il n'y a pas de casecs dans cette
région et l'on tend à rentrer la zone où se trouve
actuellement la plage dans la ville de Port-Salut. Et seulement dans cette
question. Pour la commune en général, il y'a environ 19
hôtels et deux autres en
construction.il y'a l'hôtel
le sommet de Port-Salut avec 80 chambres non encore inauguré. En ce qui
a trait aux hôtels, il y'a près de 10% à donner à
l'Etat sur le prix de chaque chambre, à cause de la faiblesse du bureau
de collecte d'impôts de la zone, il faut aller jusqu'aux Cayes pour
recevoir de patentes et certains hôtels sont enregistrés
même en dehors du département, c'est le cas de Dans 'Creek qui est
sous la commune de Delmas en matière fiscale. Ainsi, les recettes
fiscales qui devraient bénéficier à la commune ne sont pas
entrées dans sa caisse, on paie ces impôts aux Cayes pour la
majorité des Hôtels. Moins de 10% des recettes
bénéficient à la commune de Port-Salut et ce 10% n'est pas
parfois directement lié au secteur touristique, le
bénéfice tiré est plutôt lié à la
question foncière et 80% des taxes payées par les Hôtels
vont dans la DGI des Cayes en majeure partie. Or l'hôtel Dan's Creek qui
logeait surtout dans le temps la plupart des membres des gouvernements paie
surtout des taxes dans la commune de Delmas où il est enregistré.
Donc les patentes ne viennent pas de la commune, ce qui fait que le maire de
Port-Salut touche moins d'argent que celui d'Arniquet et parfois les chiffres
d'affaires des entreprises à cause du problème entravant le
processus de collecte d'impôts, Arniquet bénéficie en
grande partie des recettes qui devraient être attribuées à
Port-Salut, c'est ainsi que sur le plan de la fiscalité, Arniquet
devance Port-Salut en terme d'entrée.
Port-Salut est la 2e ville du département
après les Cayes du point de vue d'activités pourtant sur le plan
fiscal, c'est vraiment faible. Le tourisme ne bénéficie pas
vraiment à Port-Salut à cause de la corruption sauf la plage qui
devrait rentrer de l'argent, c'est une plage pour laquelle on a
préparé un projet de près de 2000000 dollars US pour une
structuration alors que les sénateurs et les députés
à l'époque ont pris plaisir à soutirer de l'argent dans un
but personnel. De plus, le ministre de l'époque Delatour ne
s'intéressait pas vraiment au contrôle et suivi des travaux.
L'artisanat, cependant c'est de manière informelle, il
y'a pas vraiment d'encadrement, il y manque aussi de structure à ce
secteur. Parfois, le fabricant est en même l'acheteur, ils ne sont pas
formés davantage pour améliorer leur production. Il arrive
parfois que les touristes ont peur d'eux puisque généralement mal
vêtus. Pourtant, ils sont vraiment talentueux. De nos jours, on peut
également dire que l'artisanat est en train de disparaitre à
cause que les jeunes ne s'y intéressent plus, les artisans actuels qui
le pratiquent sont âgés au moins de 50 ans pour la
majorité.
Autrefois, c'était l'agriculture et jusqu'à
présent la culture du vétiver est dominante dans la zone. Cela
permet des rentrées surtout quand les activités touristiques sont
en baisse. Il y'a Tourisme-Vétiver-Artisanat comme principales
activités par ordre décroissant. Certains acheteurs viennent
parfois de l'Etranger pour le vétiver de Port-salut
A partir de la période où le bicentenaire de
Port-au-Prince attirait les visiteurs, les étrangers venaient de toute
part et Port-Salut en a bénéficié surtout à cause
d'un ilot appelé « ile des amoureux » qui se trouvait au
milieu de la mer malheureusement détruit entre 2007-2008 par des forte
vagues marines, c'était vraiment à l'époque l'attraction
de la zone à l'époque. Tout suite à cela, des
suédois ont construit un hôtel du nom de `Makaya' pris en
possession par l'Etat actuellement et destiné à devenir un
hôtel d'application pour les gens formés dans l'école
liée au tourisme. Cet hôtel a été surtout
fermé après la chute de Duvalier. A partir de 1980,le tourisme a
connu un certain essor dans la commune au moment où il y'a toujours eu
de promenade en cheval par les touristes dans toute la ville et les habitants
prenaient soin de ces chevaux liés spécifiquement à
l'activité touristique pour visiter des lieux, et après 1986,il
y'a eu baisse jusqu'au retour de Jean Bertrand Aristide originaire de la
commune en 1994 pour permettre aux activités touristiques de refaire
surface en tant que domaine économique particulier et en 2000,Port-Salut
était l'une des premières villes touristiques toujours avec
Aristide.
En réalité, la majeure partie des gens qui
viennent à Port-Salut. C'est pour la plage en réalité puis
après l'hospitalité des gens. Cependant, il y'a eu un coup dur
à partir de 2004 lié à l'exploitation sexuelle des jeunes
de Port-Salut au moment où les visiteurs emportaient avec eux un produit
appelé « spanish fly » employés surtout pour les
animaux de manière à provoquer leur accouplement, et l'on
utilisait ce produit de manière à exciter les jeunes une fois que
l'on applique un peu de ce produit sur le verre avec quoi ils consommaient, ce
qui correspondait à du tourisme sexuel. Beaucoup de visiteurs ont
laissé des fils à Port-Salut à cette époque
puisqu'on exploitait les gens sexuellement et la majorité des filles
étaient tombées enceintes, parfois, certains touristes
étaient revenus rechercher leurs fils et parfois les abandonnaient.
Actuellement, cette situation n'existe plus sauf quelques pratiques de
prostitution clandestines mais la pratique du tourisme sexuel s'abaisse.
A cause du domaine touristique, des gens de communes
avoisinantes viennent dans la commune pour gagner leur vie et parfois certains
d'entre eux se trouvent en guenille et fument sans respect en présence
des visiteurs et parfois font peur à certains étrangers qui n'ont
pas eu l'habitude de voir des gens de cet état, ce qui leur donne
l'impression de ne pas être en sécurité car dans une
situation presque similaire avec Port-au-Prince. Comme autre chose, les
investissements viennent après et selon moi, c'est le
développement des activités touristiques qui attirent les
investisseurs, puis il y `a surtout les fêtes champêtres.
Même en période de fêtes et d'activités dans la ville
des Cayes, la majorité des gens viennent à Port-salut se loger,
il suffit d'abord que toutes les chambres de Port-Salut soient
définitivement remplies bien avant de trouver des visiteurs qui se
dirigent vers la ville des Cayes pour hébergement. Comme autre
évènement à Port-Salut, c'est la gaguère des
taureaux qui attirent les gens et c'est l'unique endroit du département,
où il y'a cette gaguère. Puis il y'a cascade Touyac et Cascade
nan So qui attirent aussi les gens
Surtout les hôtels qui sont bénéficiaires
directement du tourisme puisqu'ils hébergent les gens. Parfois, on va
manger jusqu'à Gelée, les restaurants qui
bénéficient le plus sont ceux à l'intérieur des
Hôtels. Il y'avait du tout compris autrefois mais c'est réduit
à présent
144
En majorité, les jeunes de Port-Salut travaillent,
cependant par manque de qualification n'occupent pas les postes de
décisions, surtout chef de cuisine, manager, ils
bénéficient donc d'emplois peu rémunérés
Ensemble de projets, il s'agit du camouflage à
l'égard de la population, on ne respecte pas vraiment l'aspiration de la
population locale or on fait du camouflage avec la population puisque les
décisions prises depuis le ministère à Port-au-Prince sont
toujours appliquées sans prise en compte des recommandations locales.
Même les gens qui travaillent au bureau régional du
ministère ne participent pas à l'élaboration des projets
touristiques, on ne fait que présenter les projets aux gens. L'UNOPS
réalise des projets surtout bidons dans la zone, c'est un organisme des
nations unies. La plupart des projets ne sont pas finalisés, il y'a
souvent beaucoup de gaspillage et la population locale ne fait que jouer un
rôle d'assistanat. Pas vraiment d'interaction, parfois on embauche les
gens de la population pour des petits emplois peu
rémunérés et pour les grands postes on néglige le
dossier (CV) des jeunes originaires de la zone qui sont qualifiés pour
différents projets au profit d'autres amis et proches du
gouvernement.
Les produits locaux (poissons surtout) viennent de Port-Salut
et aussi en grande partie des communes avoisinantes. Il faut dire que le
coût de la vie est le plus cher à Port-salut que dans toutes les
autres villes du département et des plats de poissons avoisinaient
parfois près de 25$ US dans certains hôtels surtout à Dan's
Creek à une certaine époque.
C'est parfois affecté parce qu'il y'a près de
six ravines qui traversent la commune parfois celles-là en
période de pluie apportent beaucoup d'ordures sur la plage. De
même il faut dire qu'il y'a surtout un déboisement intensif
à Port-Salut car la majorité des hôtels et resto-bars
utilisent surtout du Charbon de bois. Cependant, les vagues marines demeurent
la plus grande menace naturelle. Certains investisseurs viennent de Port-salut,
la majorité vient d'autres endroits. Il y'a beaucoup de gens qui
viennent surtout au moment de la fete du Saint-Patron de la zone, de même
en période de fêtes des mères, pâques, il y'a
beaucoup de gens dans la ville, on pratique en réalité du
tourisme de masse. Possible mais sans la structuration, il n'y aurait aucun
développement possible à Port-Salut. Les taxes de Port-salut
doivent lui revenir de droit surtout. Le tourisme embauche beaucoup de gens, or
cela réduit le niveau de chômage dans la zone même si c'est
pour des emplois peu qualifiés. La part du secteur privé dans le
secteur touristique est à près de 80%. 2010-2013, c'était
Dan's creek et 2e lieu Auberge du Rayon Vert, puis de 2013 à
nos jours c'est surtout l'Auberge du Rayon Vert, avant 2010, c'était le
Boucanier Hôtel Pas vraiment, la majorité des jeunes ne restent
pas à Port-Salut surtout ceux qui sont formés, cependant les gens
formés ne sont pas nombreux qui travaillent dans le secteur. En majeure
partie, les hôteliers bénéficient des prêts, le
secteur informel bénéficie surtout des caisses populaires, de
même il y `a Ponya. Les gens de la diaspora, ils agissent surtout en tant
que visiteurs, ils n'investissent presque pas dans le secteur. Il y'a
plutôt une tournure politique à cela, et il y'a eu des mouvements
de manifestation qui avaient des impacts sur les activités touristiques
de la zone l'affaire de Johnny Jean.
Classement hibiscus des hôtels de Port-Salut selon le
ministère (il y'a près de 19 hôtels + ceux en
constructions
Dan's Creek « 3 hibiscus ».Naz-inn, Auberge,
Fortress Inn, Hôtel du village « 2 hibiscus »Hôtel
Wadliyss «1 hibiscus». Suivant les critères suivants:
Services-Espaces de chambres, escaliers, douches, position
géographique
Samuel Estinvil
Tel : 37103601
E-mail :samestinvil@
yahoo.fr
Entrevue avec la chargée de projet de
l'unité d'études et de programmation du ministère du
tourisme et des industries créatives, Rebecca AUGUSTIN.8 Rue
légitime, Port-au-Prince, Haïti. Tel : 38719098.Date :11/03/2016,
9h45-10h30.
Thèmes avancés de temps à autre au cours
de l'entrevue : projets touristiques du département du Sud,
précisément pour la commune de Port-Salut. Veuillez bien
expliquer la réalisation, le suivi et l'évaluation des
différents projets suivants :
-Projet de janvier 2008 visant à la construction du centre
artisanal d'application à Port-Salut. -Projet de janvier 2008 en ce qui
a trait à l'aménagement de la plage publique Pointe Sable
-Causes des similarités de ces deux projets en un
certain point (aménagement d'aires de restauration et de
dégustation, aménagement de sanitaires publics,
aménagements de kiosques pour vente de produits d'Artisanat.
-Projet de restauration de la plage pointe Sable devant
terminer en septembre 2015 -Projet d'aménagement et d'extension de la
commune de Port-Salut
Premièrement, il faut dire que le projet du centre
d'artisanat a été prévu sous l'ancien ministre du
tourisme, Delatour qui travaillait là-dessus. Cependant, la ministre
actuelle ne met pas trop d'accent sur la poursuite de ce projet. A vrai dire,
le projet n'a pas eu lieu sinon je l'aurais su. Sous ce gouvernement on s'est
orienté beaucoup plus vers gelée.
En ce qui a trait aux projets concernant la plage, cela
résulte surtout de la compétence des dirigeants locaux d'assurer
sa gestion. Cela ne révèle pas de la tâche du
ministère. Cependant, il faut aussi admettre qu'après
décaissement qui s'exerce par séquence surtout et mis au point du
projet depuis le bureau d'unités de programmation, le ministère
ne se charge pas vraiment de la question de suivi et de réalisation, on
ne va pas sur les lieux pour inspecter si cela a été bien fait.
Cependant, du ministère on reçoit des informations à
partir du responsable et de la firme du projet sur l'avancement des travaux.
Pas de suivi sur les lieux vraiment. Concernant la plage, on intervient en
général en période de grandes festivités et
après c'est presque abandonné, en ce temps il aurait fallu de la
mairie de la zone de s'en occuper vraiment. Et généralement les
gens qui devraient assurer la gestion de la plage ne sont pas payés.
Nous aussi, nous jouons surtout le rôle de recherche de financement
145
pour les projets surtout, la question de suivi et
d'évaluation sur les lieux ne sont pas vraiment pris en compte puisque
c'est surtout périodiquement qu'on intervient. La ministre actuelle ne
s'intéresse pas vraiment à l'évaluation des projets
passés, les similarités constatées pouvaient être
dus à des erreurs de l'équipe de l'ancien ministre. En
réalité, cela peut être aussi dû à la question
d'urgence lorsqu'on écrit des projets, parfois, on appelle juste pour
demander dans de laps de temps d'élaborer des projets et cela se fait
habituellement sou pression. Ainsi, pourvu qu'on avance que l'argent est
disponible, on monte des projets sans prendre en compte vraiment des besoins
réels de la population. D'autant plus, le système d'Etat a un
processus très lent empêchant d'arriver à un respect des
délais envisagés.
Le projet avec UNOPS, qui devait terminer en septembre fait
face au même problème mentionné avant, il y'a tellement de
temps à prendre, de dynastie au niveau de l'Etat Haïtien, ça
n'a pas pu être respecté. On ne laisse pas trop de temps au
ministère au niveau de l'unité d'études et de
programmation pour planifier puisque les projets sont surtout conçus
sous l'impulsion des ONG qui s'empressent souvent à donner des
délais à respecter parfois équivalant à un laps de
temps. Le bailleur de son côté fait toujours pression.
Et pourquoi c'est UNOPS ?
En raison du fait qu'il n'y a pas vraiment d'ingénieur
résidant dans ces localités faute de compétence locales,
UNOPS s'étant chargé du processus de création d'emplois
exécute le plus souvent les projets en relation
généralement avec un sous-traitant par rapport au fait que les
agents d'UNOPS ont déjà des bureaux partout. Parfois, les gens
s'en plaignent de l'avancement des travaux avec l'UNOPS, cependant il faut
également avancer que le processus d'acheminement des projets est
très lent ainsi que les décaissements. Parfois, on ne donne pas
à temps à UNOPS de l'argent afin de respecter certains
délais.
Et les membres du bureau régional ?
On doute vraiment des compétences de ces
derniers-là. C'est vrai qu'il y'a sur place un responsable de suivi et
d'évaluation, cependant, il aurait fallu qu'il y'ait certaines
documentations détenues au niveau du ministère concernant les
projets afin de pouvoir procéder à ces travaux de suivi et
d'évaluation pour lesquels il aurait fallu également certaines
compétences.
Et la population locale dans tout ça ?
Il faut l'avouer. On ne travaille pas vraiment avec les gens
de la population locale où sont destinés les projets mais c'est
surtout la question politique qui prime. De même, il aurait fallu d'avoir
sur place d'ingénieur de projets pour cela. Parfois, les projets sont
conçus comme je te l'ai dit sous pression et dans de brève
durée et sans prise en compte de la réalité de la zone.
Parfois, on m'appelle pour élaborer des projets dans un espace de temps
court, et c'est souvent en imaginant que je trouve ce que je dois écrire
pour répondre à la demande formulée sans prise en compte
de la population locale. Par exemple aux Cayes, j'ai monté un projet,
sur le coup, de construction de marché d'artisanat or les gens de la
communauté ont eu surtout besoin d'un abattoir à l'époque,
ce qui a entrainé l'usage de ce marché a d'autres fins dont
l'utilisation comme abattoir. Il y'a surtout un problème d'implication
des membres de la population locale lorsque l'on réalise les projets. Le
pire dans tout ça, en tant que chargée de projet du
ministère, sans vous cacher, certains projets sont parfois montés
sans moi juste pour question politique.
Entrevue Réalisée le lundi 22
février de10h à 10h30 avec le responsable de la DGI de
Port-Salut
Question : Peut-on dire qu'à cause du tourisme
qui se développe les recettes fiscales augmentent dans la zone
?
Il y'a du progrès touristique depuis l'arrivée
du président Aristide, la plage attire les étrangers. Les
terrains à Port-Salut deviennent beaucoup plus chers, c'est en dollars
américains jusqu'à Roche-à bateaux, les gens manifestent
l'envie de vivre à Port-Salut, ce qui permet à cause de la
cherté des terrains à la DGI d'entrer un peu plus d'argent comme
impôts mais c'est plutôt d'origine foncière. Un
étranger a acheté un petit terrain là où se
trouvait une maisonnette et en raison de sa proximité avec son
hôtel il l'a acheté à 200000$US.On peut dire que les
port-salviens quittent Port-Salut pour habiter ailleurs en vendant à des
prix exorbitants des terrains, ce qui les procure de l'argent et sans
problème laissent leur milieu.
Entrevue avec un cadre du bureau régional du
tourisme du département du SUD, formé à l'étranger
(réalisé le mardi 23 février de
10h30-11h15)
Questions
*est-ce que le ministère prend Port-Salut comme
priorité dans le SUD ? *La gestion de plage, comment se
réalise-t-elle ?
*Les hôtels paient-t-ils des taxes ?
*Origine des entrepreneurs
##ville de l'artisanat dans une certaine mesure puisqu'il y'a
des gens qui font du tissage, peinture, pitres, c'est pratiqué par bon
nombre de gens de la zone, mais c'est juste pour « chèche lavi
». Parfois, on les amène dans les foires, pas vraiment de moyen
pour les aider.
## Les gens qui travaillent et ayant reçu de la
formation touristique sont minimes là-bas, autrefois il n'y avait pas de
formation et de promotion développées maintenant par
Stéphanie Villedrouin.
## En Haïti, on pense que le tourisme est l'Hôtel,
on ne maitrise pas encore l'activité touristique, il y'a manque de
connaissance, c'est pourquoi l'on s'adonne de plus en plus dans la construction
d'Hôtel. Il n'y'a pas vraiment de planification touristique vraiment
à Port-Salut. C'est parce qu'on peut réaliser beaucoup plus de
profits dans l'hébergement. On ne met pas vraiment l'accent sur les gens
formés pour monter les projets, pas de consultants.
##oui, les emplois formels et informels dans le secteur
touristique, ça dépend du nombre de touristes.
146
##A Port-salut, le ministère n'a pas vraiment
planifié avec les gens de Port-Salut, il n'y a pas vraiment eu de projet
pour la zone sous ce gouvernement, Cependant, avec le RIAT pour le Sud dans les
jours à venir, il y'en a certains projets.
##C'est une région prioritaire certes, à
côté de Camp-Perrin, l'on gérait surtout sous le
gouvernement de Martelly des questions plutôt urgentes, en dépit
de tout, on a n'a pas vraiment eu de projets pour Port-Salut pendant ces quatre
ans. Le député de la zone est plutôt un con puisqu'il ne
cherchait pas de projets à travers le ministère pour la
commune
##Pour la plage, il y'a trop de conflits liés à
sa gestion, il y'a un staff plutôt informel qui le gère surtout,
le bureau régional ne se penche pas vraiment vers la plage.
#Les entrepreneurs et employés sont de différents
horizons
IFORTH (institut de formation en tourisme et
hôtellerie), une structure du ministère du tourisme à
Faugasse, l'école qui donne formation en hôtellerie et guide
touristique dans le département du Sud
Entrevue avec le responsable du centre de formation
en hôtellerie et guide touristique dans le département
(réalisé le mardi 23 février de 9h30 à
10h)
Questions
Est-ce que les gens formés ici vont travailler à
Port-Salut ? S'il y'en a, combien ils sont ?
Planifie -t-on le tourisme pour Port-Salut au bureau
régional ? Y'a-t-il collaboration entre les planificateurs touristiques
et la population locale de Port-Salut ?
## A vrai dire, des hôteliers ont été en
stage à Port-Salut dans certains établissements. L'école a
pris naissance le 6 mai 2013.On forme des gens pour tout le pays en
réalité. Personne n'est obligé quoique formé dans
le Sud de rester dans le Sud. Il faut dire que c'est suite au carnaval national
des Cayes qu'on a pu constater l'urgence qu'il y'a des gens formés dans
le secteur, c'est ce qui a contribué à instaurer l'école
hôtelière suite à la forte demande enregistrée en
période de Carnaval organisée dans la ville des Cayes et il
n'y'avait pas assez d'établissements touristiques dans la zone. On
procédait juste à l'époque au moment de la
préparation de la festivité à certains séminaires
de Formation aux Cayes.
##L'objectif consiste surtout à corriger les faiblesses
et augmenter le nombre de gens formés. Cependant, il nous manque
jusqu'à présent certains matériels pour assurer la
totalité des formations liées à différentes
spécialités qu'on a projeté de mettre en oeuvre
##Ce qu'il faut surtout comprendre c'est que les
étudiants formés ici ont du mal à être
employés même ceux qui étaient en stage. On a surtout peur
des gens formés dans la zone, on hésite à les embaucher
puisqu'on insinuait que cela conduira à la perte d'emplois pour certains
non formés dans le circuit. Or, ici, les cadres formés visent
principalement à encadrer les agents hôteliers de partout dans le
pays, Le facteur qui explique surtout cette situation c'est que pour eux les
professionnels et qui est normal ne peuvent pas être embauchés
à bas prix, on préfère les gens non formés pour
profiter de cela. Pourtant en cas de grand évènement et de
grandes activités touristiques, on les appelle pour les stages dans
différents hôtels de la zone. En plus le secteur souffre du manque
de marketing de la part des propriétaires. De plus, il y'a cherté
des chambres. La majeure partie des gens formés ici travaillent à
Port-au-Prince, même des jeunes originaires de Port-Salut ont du mal
à intégrer le marché d'emploi touristique de Port-salut.
On préfère surtout les « toutiste ».Or ici on forme des
spécialistes professionnels en Bar-restaurant, Hébergement, la
cuisine, pas de formation en langue étrangère.
##Ce qui fait la spécificité à
Port-salut, c'est en majeure partie sa plage, c'est la potentialité, de
même l'aspect sécuritaire de la zone mais le niveau de vie est
élevé à Port-salut, il y'a cherté du coût de
la vie en réalité.
##Cette école a déjà vu partir une
promotion de 70 étudiants formés en 18 mois, cependant on lutte
de manière à réduire le nombre de temps à 1 an
surtout.
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