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Septembre 2014
Université Sorbonne Nouvelle, UFR Arts et Médias -
Département Médiation
Culturelle
Master 2 Professionnel : Tourisme Culturel et Territoires:
Ingénierie de Projets
Le rôle du tourisme responsable dans une
prestation touristique sur-mesure
Alice GREN
Directeur de la formation : Mr. Joseph NGIJOL Directeur du
mémoire : Mr. Joseph NGIJOL
2
Le rôle du tourisme responsable dans une prestation
touristique sur-mesure
RESUME
Ce mémoire porte sur un nouveau marché qui a
émergé depuis une dizaine d'années : le tourisme
responsable. Dans le cadre d'un secteur de plus en plus concurrentiel, cette
analyse décrit en quoi le tourisme responsable peut représenter
un outil de différenciation efficace, en particulier pour les
tour-opérateurs sur-mesure dont la marque de fabrique est de proposer
des voyages « hors des sentiers battus » et par conséquent de
se démarquer de leurs concurrents dits "de masse". Il s'agit ici
d'étudier les tour-opérateurs commercialisant ce type de voyage
en France, pays dont les citoyens sont de plus en plus sensibles aux valeurs
éthiques et durables. L'étude tente de démontrer en quoi
cette sensibilité croissante pour un tourisme plus durable peut
être un facteur de développement pour les tour-opérateurs
qui, au fil des années, sont de plus en plus nombreux à exploiter
le filon du sur-mesure et cherchent des moyens pour se différencier de
la concurrence. Le cas d'étude choisi pour illustrer ce
phénomène sera l'agence Comptoir des Voyages, spécialiste
du voyage sur-mesure en individuel, labellisé Agir pour un Tourisme
Responsable depuis 2010. Cette analyse met en évidence un défi
majeur auquel doit faire face Comptoir : il s'agit d'un TO cherchant à
se démarquer et à se faire connaître comme l'un des seuls
tour-opérateurs sur-mesure à être labellisé et, qui
plus est, le seul à proposer des voyages accessibles (voyages pour
personnes à mobilité réduite). Pourtant, Comptoir des
Voyages apparait loin derrière les « géants »
touristiques, faute d'une réelle stratégie de communication.
MOTS CLES : tourisme responsable,
tour-opérateur, communication, tourisme sur-mesure, voyages
accessibles.
The role of responsible tourism in tailor-made tourism
services
This thesis focuses on a new market that has emerged over the
last decade: responsible tourism. In an industry that is becoming more and more
competitive, this analysis describes how responsible tourism can be used as an
efficient way to differentiate oneself, particularly for the tailor-made
tourism industry. Their core
3
business is to offer travels that are «off the beaten
tracks» and thus, to distinguish themselves from mass tourism.
The point of this thesis is to study the tour operators that
commercialize this type of travel in France, a country that is more and more
sensitive to ethic and sustainable values. The study tries to show that this
growing awareness can lead to a greater development for the tourist operators
who are more and numerous in the tailor-made industry and try to find ways to
stand out among the competition.
The case study chosen is a French custom-built tourism
operator, Comptoir des Voyages. This company offers individual tailor-made
trips that are certified «Agir pour un Tourisme Responsable» (Act for
a responsible tourism) since 2010. This work brings to light a major challenge
for Comptoir des Voyages: it is a company that tries to differentiate itself
from its competitors as the only tailor-made operator certified and the only
actor that offers accessible travels (designed for disabled people) in the
tailor-made industry. Yet, Comptoir des Voyages is far behind its competitors
because of a lack of a real communication strategy.
KEY WORDS: responsible tourism, tour
operator, communication, tailor-made tourism, accessible tourism.
4
REMERCIEMENTS
Je remercie Isabelle WEBER, directrice de destination sur le
département Amérique du Sud chez Comptoir des Voyages, qui m'a
donné l'inspiration pour mon sujet de mémoire et m'a aidé
à m'améliorer professionnellement lors de mon stage.
Je remercie mon tuteur et directeur de formation Mr Joseph
NGIJOL qui m'a considérablement aidé quant à la
méthodologie de ce mémoire et a su me réorienter de
nombreuses fois avec justesse.
Je remercie Marie-Odile VINCENT, responsable des voyages
accessibles, très belle rencontre chez Comptoir des Voyages, pour son
soutien et son riche apport d'informations sur le tourisme accessible
Je remercie mes parents, qui m'ont apporté la
curiosité pour les cultures étrangères grâce aux
nombreux voyages que j'ai pu effectuer en leur compagnie. Je les remercie
également pour leurs nombreuses relectures.
Enfin, je remercie mon compagnon, Jeff MANSOUR pour son
soutien moral tout au long de la rédaction de ce mémoire et les
diverses corrections qu'il a pu y apporter.
5
SOMMAIRE
RESUME 2
REMERCIEMENTS 4
Introduction 8
I. Tourisme responsable, un marché porteur 13
1. Emergence du tourisme responsable 13
1.1 Tourisme durable, équitable, solidaire,
responsable, social... un brin de
compréhension 13
1.1.1 L'offre écotouristique 15
1.1.2 L'offre équitable 16
1.1.3 L'offre solidaire 17
1.1.4 L'offre responsable 17
1.1.5 Les opérateurs du tourisme associatif 19
2. Tourisme responsable, un marché porteur 20
2.1 Tourisme responsable vs tourisme associatif, une
différence de stratégie 20
2.2 La stratégie de niche des opérateurs
responsables 23
2.2.1 Qu'est-ce que le tourisme de niche ? 23
2.2.2 Le tourisme responsable comme outil de
différenciation 24
2.3 Label ATR : un outil clé de différenciation
28
2.4 Les FIT, clientèle cible du tourisme responsable
29
3. Tourisme sur-mesure et tourisme responsable : une
stratégie de différenciation par
le haut 33
3.1 Les débuts du tourisme sur mesure : le voyage
à la carte et la « mass
customization » 35
3.2 La clientèle senior 38
II. Le tourisme responsable chez Comptoir des Voyages 45
1. Présentation de l'entreprise 45
2. 6
Un spécialiste du sur-mesure en concurrence 46
2. 1 Les méthodes de différenciation :
labellisation ATR, une personnalisation
efficace ? 49
2.2 Mon stage chez Comptoir : veille concurrentielle sur
les produits
responsables 54
2.3 Un déficit de stratégie commerciale, mon
expérience en tant qu'assistante de
production chez Comptoir des Voyages 56
3. La personnalisation au plus haut degré chez Comptoir :
les voyages accessibles . 57
3.1 Qu'est-ce que le tourisme accessible ? 57
3.2 Les voyages accessibles chez Comptoir 60
3.2.1 Marie-Odile VINCENT, responsable des voyages accessibles
60
4. Une différenciation affaiblie par un marketing peu
existant 62
4.1 Label ATR : un manque de communication 63
5. Du responsable sur-mesure au responsable de masse 66
5.1 Tourisme de masse responsable : un marché
controversé 68
5.2 Une stratégie de communication en « béton
armé » 71
III. Tourisme sur-mesure responsable, quels axes
d'amélioration ? 72
1. Changer son image 72
1.1 Un tourisme plus accessible 72
1.2 Une meilleure visibilité 74
2.1.1 Redéfinir le sur-mesure 75
2. Communiquer sur-mesure et responsable 76
2. 1 Des méthodes pédagogiques :
l'élaboration d'un jeu-concours 77
2. 2 Rassurer le client 79
Conclusion 84
BIBLIOGRAPHIE 88
? Articles de presse 88
? Blogs 91
·
7
Documents officiels 92
· Dossier de presse 94
· Etudes de marché 94
· Ouvrages 96
· Interviews 96
· Ouvrages universitaires 96
· Revues 97
· Sites internet : 98
· Sources audiovisuelles : 99
Annexes 100
Annexe n°1: Lettre de mission d'Eductour 100
Annexe n°2 : Remarques ATR Suite Eductour 102
Annexe n° 3 Qualitel FIT 103
Annexe n°4 Interview de Marie-Odile, juin 2011 105
Annexe n°5 Memo accueil client handicapé 109
Annexe n° 6 : Classement des TO par
notoriété 115
Annexe n° 7 : Classement des TO par chiffre d'affaire
116
Annexe n° 8 Interview Julien BUOT, Directeur ATR depuis
mars 2014. 119
Annexe n° 09 Jeu-concours Starbucks 122
Annexe n° 10 publicité Kuoni (Extrait d'un film
publicitaire) 125
Annexe n°11 Nomade Aventure sponsorise l'émission
Echappées belles, sur France 5
(Extrait d'un film publicitaire) 125
8
Introduction
« Il n'y a d'homme plus complet que celui qui a
beaucoup voyagé, qui a changé vingt fois la forme de sa
pensée et de sa vie. » (Alphonse de Lamartine, Voyage en
Orient, 1835)
L'industrie touristique s'est considérablement
développée ces dernières années. On comptait 924
millions de touristes en 20081 contre 1,1 milliards en
20132, soit 52 millions de plus que l'année
précédente. L'Organisation Mondiale du Tourisme prévoit
que le nombre d'arrivées touristiques s'élèvera à
plus d'1,6 milliards en 20203, c'est-à-dire plus du double du
nombre d'arrivées enregistrées en 2000. Cette évolution a
eu des effets bénéfiques sur le chiffre d'affaires mondial du
secteur qui représentait 620 milliards d'euros en 2008. Il s'agit
d'ailleurs aujourd'hui de l'un des secteurs économiques les plus
importants et les plus dynamiques au monde4. C'est le premier
secteur devant l'industrie pétrolière. En France, il
représente également un atout majeur car il s'évalue
à plus de 116 milliards d'euros soit 7,4% du PIB5 (chiffre
d'affaires calculé en 2003).
Notre analyse concernera essentiellement la France, pays dans
lequel la croissance touristique a conduit à une saturation sans
précédent du marché avec aujourd'hui
1 « 924 millions de touristes dans le monde »,
Libération, 25 septembre 2009,
http://voyages.liberation.fr/actualite/924-millions-de-touristes-dans-le-monde
(consulté le 20/04/2014)
2 « 1,1 milliards de touristes dans le monde en 2013, un
record » Les Echos, 20 janvier 2014
http://www.lesechos.fr/economie-politique/monde/actu/0203255569002-1-1-milliard-de-touristes-dans-le-monde-en-2013-un-record-644178.php
(consulté le 20/04/2014)
3 Direction générale de l'énergie
et du climat, Synthèse : les stratégies nationales du
tourisme et du climat, synthèse n°3, décembre
2010.
www.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/03-SYNTHTOURISME.pdf
(consulté le 20/04/2014)
4 Ministère de l'artisanat du commerce et du
tourisme, Tourisme international : poids et impact, les données
essentielles », site internet
veilleinfotourisme.fr
http://www.veilleinfotourisme.fr/tourisme-international-poids-et-impact-les-donnees-essentielles-92351.kjsp?RH=1327409499252&RF=1327409499252
(consulté le 20/04/2014).
5 SIMON Patrick, Stratégie des
opérateurs touristiques sur le marché des voyages, Irest -
Université de Paris I, 01er janvier 2003.
http://www.veilleinfotourisme.fr/servlet/com.univ.collaboratif.utils.LectureFichiergw?IDFICHIE
R=1257178337865(consulté le 16/04/2014)
9
un nombre de voyagistes supérieur à la demande.
Il s'agit donc d'un secteur où la concurrence est rude, la
clientèle touristique étant face à un choix très
étendu de tour-opérateurs. Comment expliquer ce
phénomène ?
Le tourisme s'est tout d'abord développé sur une
base uniforme. A la fin des années 1950, période de
reconstruction de l'après-guerre, on assiste à ce que Jean
Fourastié nomme les « trente glorieuses » qui apportent des
changements sociaux majeurs en France (prolongement des congés
payés, hausse des salaires, amélioration des transports,
allongement de la durée de vie, etc.) qui marquent le passage du pays
à la société des loisirs.
Ce contexte favorable a donné naissance à ce que
l'on nomme communément le tourisme de masse. Il s'agit d'un tourisme
faisant voyager une part importante de la population vers une destination
précise, en appliquant une politique de prix très
concurrentielle. On passe ainsi de 15% de départs en vacances en 1950
à 50% en 1975 pour atteindre les 70% au début des années
20006.
Pendant de longues années, ces voyages ont pris
uniquement la forme de circuits en groupes, suivis par les séjours-clubs
et autres croisières. Ceci s'explique par une demande uniformisée
des touristes français : fuir le quotidien mais le reproduire dans un
cadre de loisir, tel que les villages-vacances, sans volonté de
connaitre le pays visité. L'hôtel-club représente alors une
« bulle de loisir » où les contraintes du quotidien n'existent
plus7.
Cependant, ce concept qui, au début des années
1950 représentait une nouveauté auprès des touristes
français, s'est vu, comme toute innovation sur le marché, perdre
de son attrait. A partir des années 1980, le nombre de
tour-opérateurs s'est
6 DE JOUVENEL Hugues, LAMBLIN Véronique, THEYS
Jacques, Futuribles/Etude rétrospective et prospective des
évolutions de la société française (1950-2030),
Associations Futuribles International, Paris, 2003
http://urbamet.documentation.developpement-
durable.gouv.fr/documents/Urbamet/0257/Urbamet-0257143/19Tourisme.pdf
(consulté le 21/04/2014)
7 REAU Bertrand, Evasions temporaire :
socialisations et relâchements des contrôles dans les villages de
vacances familiaux », site de documentation Cairn.info, revue Espace
et Société, numéro 120-121, 2005
http://www.cairn.info/revue-espaces-et-societes-2005-2-page-123.htm
(consulté le 21/0/2014)
10
fortement accru8. Le tourisme de masse
s'était alors tellement développé que le nombre d'offres
était supérieur à la demande touristique et l'on
commença à assister à une baisse de croissance des
opérateurs français qui durent chercher des méthodes de
diversification afin de se démarquer de leurs concurrents. Les
sociologues de l'époque définissent les valeurs naissantes en
soulignant l'importance grandissante de la sphère privée face au
domaine public9. On assiste à une montée de
l'individualisme et donc à la volonté croissante de ne plus
voyager en groupe à l'exception d'un cercle restreint (parents, amis,
etc.). On passe ainsi d'un tourisme où la seule préoccupation
était la fuite du quotidien à un tourisme où le service au
niveau individuel est primordial. La personnalisation et la qualité
deviennent alors des éléments essentiels dans le secteur
touristique.
Ce désir de personnalisation s'exprime de plus en plus
nettement dans la clientèle au fil des années. Une certaine
catégorie d'individus met en avant sa volonté de voyager «
hors des sentiers battus », loin des hôtels-clubs et séjours
organisés, en allant à la rencontre de l'habitant. Face à
la massification touristique sur des destinations de plus en plus
bondées, les individus se mettent à la recherche d'un tourisme
plus préservé, authentique c'est-à-dire au plus proche de
la population locale.
Ces nouvelles perspectives touristiques sont à
l'origine d'un concept novateur : le tourisme responsable. Il s'agit d'une
forme de tourisme qui respecte le milieu visité par le touriste dans sa
dimension sociale, environnementale et culturelle, tout en aidant au
développement économique de la destination. Dans cette optique,
celui qu'on peut nommer le « néo-touriste » en quête
d'authenticité, effectue son voyage à la rencontre de la
population autochtone, par le biais de diverses activités culturelles et
modes de vie (logement chez l'habitant, visites avec un guide local, modes de
transports locaux, etc.). Ainsi un nombre croissant d'opérateurs
touristiques commencent à se positionner sur ce nouveau marché.
Le
8TANGUAY Jasmin, La qualité en tourisme
: de la norme à la déstandardisation, Téoros[En
ligne], 23-2 | 2004, mis en ligne le 01 septembre 2010, consulté le 16
avril 2014.
http://teoros.revues.org/628
(consulté le 18/04/2014).
9Ibid.
11
mot d'ordre pour les professionnels du tourisme devient la
déstandardisation et la personnalisation maximale du voyage, dans une
société de plus en plus individualiste.
C'est dans ce contexte qu'apparait le tourisme sur-mesure.
C'est une forme de tourisme qui s'adresse à cette clientèle
désireuse de sortir des sentiers tracés par le tourisme de masse,
et qui souhaite, par opposition, organiser son voyage selon ses propres envies.
Construire un voyage sur-mesure signifie donc personnaliser le voyage selon le
profil de chaque individu en sélectionnant les prestations de son choix
(vols, hôtels, étapes, durée du transport, etc.). Le
rôle de l'opérateur touristique est de guider son client vers le
voyage de « ses rêves » grâce à sa
spécialisation sur la destination visitée. Le conseiller se doit
en effet d'être le plus spécialisé possible afin de
répondre à l'extrême diversité des besoins et
attentes des voyageurs. Ceci signifie que l'organisateur de voyage ne cible
plus un groupe homogène de personnes mais un ensemble d'individus ayant
des attentes spécifiques.
Dans le même temps, les tour-opérateurs se
trouvent confrontés à un concurrent majeur qui s'inscrit dans ce
même cadre de personnalisation : internet. Grâce à un
accès quasi illimité à l'information sur le web,
l'internaute peut traduire ses envies en créant lui-même son
voyage. Il peut à la fois s'informer sur la destination (tout comme il
le ferait auprès d'un conseiller voyagiste) et réserver
lui-même son voyage en sélectionnant ses prestations sur une
panoplie de sites internet (aériens, hôteliers, excursions,
etc.).
Les tour-opérateurs font donc face à une double
concurrence : leurs homologues professionnels et internet.
Cette analyse se donne pour but de répondre aux
questions suivantes : comment se différencier sur un marché qui
présente un si haut de degré de concurrence ? Le coeur de
métier des opérateurs sur-mesure étant la
différenciation, comment la développer quand elle est constamment
revendiquée par un nombre croissant d'opérateurs ?
Ce mémoire fait l'hypothèse qu'une
corrélation stratégique existe entre les deux termes que nous
venons de définir : tourisme sur-mesure et tourisme responsable. En
effet ces deux concepts ont un objectif commun : la différenciation et
la
12
réalisation d'un voyage unique et personnalisé.
Le tourisme responsable apparait ainsi comme un gage de qualité et de
crédibilité du tourisme sur-mesure dont l'objectif primordial est
de proposer des voyages non standardisés. Cette étude nous
conduira à constater qu'il existe aujourd'hui peu d'opérateurs
sur-mesure responsables et qu'il s'agit donc d'une piste encore peu
exploitée au sein du secteur touristique.
Notre analyse nous conduira à poser un certain nombre
de questions qui en constitueront les lignes directrices : En quoi le tourisme
responsable est-il un outil de différenciation efficace pour les
opérateurs de tourisme sur-mesure et comment est-il promu ? Est-ce
réellement un marché porteur ? Ce qui m'amènera à
une réflexion plus personnelle : quels seraient aujourd'hui les axes
d'amélioration pour véhiculer cette différenciation ?
Pour répondre à ces questions je m'appuierai sur
mon expérience en tant que stagiaire assistante de production sur la
destination Amérique du Sud chez Comptoir des Voyages, une agence
spécialisée dans le tourisme sur-mesure et exerçant des
activités issues du tourisme responsable.
Mon analyse comportera trois parties distinctes : dans un
premier temps, j'analyserai le tourisme responsable en tant que marché
porteur et en tant qu'outil de différenciation stratégique pour
l'industrie du tourisme sur-mesure. Dans un second temps, j'illustrerai cette
stratégie de différenciation à travers un exemple concret
: celui de l'opérateur Comptoir des voyages. Cette partie sera
consacrée à la personnalisation des produits Comptoir grâce
au tourisme responsable, en particulier sur la destination Amérique du
sud. Pour cela je m'appuierai sur ma position de stagiaire assistante de
production, ce qui m'aidera également à aborder les enjeux
cruciaux auxquels doit faire face Comptoir des Voyages, notamment face à
ses compétiteurs sur le marché responsable. Cette analyse me
permettra de proposer dans un troisième temps différents axes
d'amélioration pour l'industrie du tourisme responsable de
manière plus générale.
13
I. Tourisme responsable, un marché porteur
1. Emergence du tourisme responsable
1.1 Tourisme durable, équitable, solidaire,
responsable, social... un brin
de compréhension10
Le tourisme est aujourd'hui un secteur complexe qui se
décline en différents marchés.
Dans le cadre de ce mémoire, nous nous
intéresserons aux marchés touristiques dont le
développement s'est fait à partir d'un concept de base : le
développement durable. Ce terme est issu du Rapport Bruntland,
publication rédigée par la Commission mondiale sur
l'environnement et l'Organisation des Nations Unies suite à diverses
crises naturelles impactant l'environnement. Le développement durable
est « un développement qui répond aux besoins du
présent sans compromettre la capacité des
générations futures de répondre aux leurs
»11. Cet objectif repose sur trois piliers : les piliers
social, économique et écologique dans le but d'atteindre un
développement économiquement efficace, socialement
équitable et écologiquement soutenable. Le marché du
tourisme s'inscrit dans ce cadre car c'est une industrie en évolution
constante non sans impact sur les destinations visitées. Les
opérateurs du tourisme ont pris conscience de l'ampleur de cet impact
ces dernières années aux vues de la constante croissante du
secteur touristique.
10 LALIBERTE Michelle, « Le Tourisme durable,
équitable, solidaire, responsable, social... Un brin de
compréhension », Revue Téoros, 25 mai 2005
http://veilletourisme.ca/2005/05/25/le-tourisme-durable-equitable-solidaire-responsable-social-un-brin-de-comprehension/
(consulté le 29/05/2014)
11 Citation de Mme Gro Harlem Bruntland, Premier
Ministre Norvégien, dans le cadre du rapport Bruntland, extrait du site
de l'Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques (INSEE).
http://www.insee.fr/fr/methodes/default.asp?page=definitions/developpement-durable.htm
(consulté le 23/07/2014)
14
Face à ce constat, différents acteurs du
tourisme ont entrepris de réfléchir à un moyen de
réduire l'impact généré par ces arrivées
massives en essayant d'instaurer les principes du développement durable
au sein du marché touristique, ce qui a donné naissance au
tourisme durable. Selon le Ministère du Tourisme du Québec :
«Le tourisme durable répond aujourd'hui aux besoins des
touristes et des régions qui les accueillent tout en protégeant
et en améliorant les ressources pour l'avenir. Le tourisme durable
mène à une gestion intégrée de toutes les
ressources, de manière à combler les besoins économiques,
sociaux et esthétiques tout en préservant
l'intégrité culturelle, les processus écologiques
essentiels, la diversité biologique et le milieu vital. Le tourisme
durable concerne les façons de faire, de gérer et de
développer qui sont adoptées et mises en pratique par les
exploitants touristiques.»12 Il s'agit donc d'un tourisme
qui s'efforce de respecter les trois piliers du développement durable de
la façon suivante :
- assurer une activité économique viable sur le
long terme en offrant à toutes
les parties prenantes des avantages économiques bien
répartis (emplois stables, amélioration des conditions de vie des
communautés d'accueil)
- respecter la culture des communautés d'accueil en
conservant leur valeurs
traditionnelles et favoriser un échange interculturel
entre visiteurs et visités
- préserver les ressources naturelles et veiller à
réduire les impacts de
l'activité touristique sur l'environnement13
Ce concept a poussé plusieurs acteurs du tourisme
à proposer des alternatives en mettant l'accent sur un aspect
spécifique du tourisme durable. Dans le cadre de notre analyse, nous
nous intéresserons à un concept particulier issu du tourisme
durable : le tourisme responsable. Toutefois, afin d'expliquer ce qu'est le
tourisme responsable, il nous faut tout d'abord inspecter les différents
marchés touristiques
12 LALIBERTE Michelle, « Le Tourisme durable,
équitable, solidaire, responsable, social... Un brin de
compréhension », op.cit. p.13
13 Le Routard, Tourisme responsable 2013
2014, Paris, Hachette, 2013.
15
issus du développement durable. Ceci nous permettra
d'expliquer pourquoi cette option sera favorisée plutôt qu'un des
autres concepts que nous allons aborder.
Comme nous venons de l'expliquer, les acteurs issus du
tourisme durable choisissent de mettre l'accent sur un volet particulier du
développement durable. Certains opérateurs ont choisi de
s'intéresser uniquement à l'aspect environnemental de leurs
activités. C'est le cas des voyagistes écotouristiques.
1.1.1 L'offre écotouristique
Selon le Ministère du Tourisme Québécois,
l'écotourisme est « une forme de tourisme qui vise à
faire découvrir un milieu naturel tout en préservant son
intégrité, qui comprend une activité
d'interprétation des composantes naturelles ou culturelles du milieu
(volet éducatif), qui favorise une attitude de respect envers
l'environnement (...)»14. C'est donc une forme de
tourisme consacrée au respect du milieu visité avec un volet
pédagogique (visites guidées, activités issues de
l'agriculture biologique, etc.) destiné au client. Il se pratique dans
la nature, en petits groupes, au sein de petites structures. Il se
différencie en cela du tourisme durable qui fait appel à un plus
large éventail de partenaires (hôtels en ville et bateaux de
croisière par exemple)15. Il se différencie
également du tourisme de nature par sa dimension engagée:
l'opérateur de tourisme ainsi que ses clients ont une
responsabilité vis-à-vis de l'environnement et agissent dans une
volonté de contribuer à l'économie locale. Par exemple,
une promenade en forêt ne sera pas qualifiée
d'écotouristique car même si elle ne génère pas
d'impacts négatifs, elle ne participera pas non plus à des
activités de protection de la nature. En revanche, une visite payante
d'un parc national accompagnée par un guide local relève de
l'écotourisme car elle génère des revenus servant à
employer un personnel local et à préserver une zone
protégée. Néanmoins, bien que le volet
14 LALIBERTE Michelle, « Le Tourisme durable,
équitable, solidaire, responsable, social... Un brin de
compréhension », op.cit p.13
15 Le Routard, Tourisme responsable 2013
2014, op.cit p.14
16
social soit une dimension importante de l'offre
écotouristique, il ne sera pas le coeur de métier de ce
marché contrairement au tourisme équitable qui, quant à
lui, vise à la juste répartition des revenus
générés par le tourisme.
1.1.2 L'offre équitable
Le tourisme équitable est généralement
associé aux relations Nord-Sud et est issu des principes du commerce
équitable. Le principe du commerce équitable est le suivant : il
s'agit d'un échange Nord-Sud où le consommateur du Nord
achète un produit du Sud en passant par un organisme qui certifie aux
producteurs de recevoir un salaire plus juste, c'est-à-dire au-dessus du
prix du marché artificiel qui prévaut au sein du système
capitaliste libéral. De la même manière, le tourisme
équitable fait en sorte que les communautés locales soient
impliquées dans la prestation touristique et bénéficient
des justes retombées économiques générées
par l'activité touristique afin d'améliorer leurs conditions de
vie. Les bénéfices sociaux, culturels et financiers de ces
activités doivent être perçus en grande partie localement
et partagés de manière équitable entre les membres de la
population autochtone. En d'autres termes, comme l'explique Normand Hall de la
Société pour un tourisme durable et responsable (SOTDER), cela
« suppose un partage équitable des bénéfices, de
façon à ce que le tourisme favorise réellement la
cohésion économique et sociale entre les peuples et les
régions (...) en favorisant l'embauche du personnel local, l'achat local
et la redistribution équitable des revenus d'opération,
particulièrement chez les groupes défavorisés
»16 . En outre, il est important de préciser que
les activités et services sont en majorité élaborés
et gérés par les communautés d'accueil en limitant au
maximum les intermédiaires. Il n'y a pas de propriétaire
privé car le projet touristique (campement, maisons d'hôtes, etc.)
appartient à la localité et ses bénéfices sont
utilisés pour divers projets de développement pour la
communauté, par exemple une école, un puits. Ce sont par ailleurs
les locaux eux-mêmes qui décident des directives quant aux
activités touristiques.
16 Le Routard, Tourisme responsable 2013
2014, op. cit p.13
17
Le tourisme équitable est fréquemment
assimilé au tourisme solidaire, deux notions qui sont certes proches
mais se différencient par certains aspects.
1.1.3 L'offre solidaire
Le tourisme solidaire insiste sur la relation entre visiteurs
et visités dans un cadre où les voyageurs contribuent à
l'amélioration de vie des communautés visitées, tout comme
dans le cas du tourisme équitable. Néanmoins, contrairement au
tourisme équitable dont l'objectif même est la juste
répartition des revenus, ce tourisme se focalise plus sur la rencontre
entre le touriste et le local, dans une logique de développement des
territoires. Il regroupe à la fois le respect des cultures (les
opérateurs touristiques mettent en général au point des
chartes concernant les différents éléments culturels
à respecter), de la nature et une répartition plus
équitable des ressources générées. Il ne s'agira
pas non plus de tourisme humanitaire car le touriste n'est en aucun cas
obligé de participer aux projets collectifs. L'idée est
simplement qu'il évite les chaînes hôtelières en
allant au plus proche des populations et en l'aidant financièrement.
Attention à ne pas confondre tourisme solidaire et
tourisme social qui quant à lui porte sur le droit aux vacances pour
toutes les catégories sociales (jeunes, familles, retraités,
handicapés, personnes à revenus modestes).
La définition de ces différents types de
tourisme nous permet à présent de définir le tourisme
responsable. En quoi le tourisme responsable est-il lié aux formes de
tourisme étudiées précédemment ? Pourquoi ce
marché en particulier fera-t-il l'objet de notre analyse ?
1.1.4 L'offre responsable
Le tourisme responsable prend en considération divers
éléments issus des offres que nous venons d'étudier.
L'objectif du tourisme responsable est de proposer des
18
voyages qui visent à « respecter les
expressions culturelles des populations visitées, ainsi que leur milieu
naturel et habité »17. Il intègre à
la fois des critères socio-économiques (respecter les conditions
de travail de la population locale et favoriser leur participation dans la
gestion et l'élaboration des activités) et environnementaux
concernant la destination visitée. En résumé, on peut
caractériser le tourisme responsable en se référant
à la définition du tourisme durable à un indicateur
près. Le tourisme responsable a cette particularité d'être
développé au sein des entreprises touristiques à but
lucratif alors que le tourisme durable est davantage relié à des
entités publiques. Cela signifie que le tourisme responsable est
à la fois développé au niveau de la destination mais
également en interne au sein de l'entreprise, ce qu'on appelle la RSE ou
Responsabilité Sociétale des Entreprises. Selon la loi Grenelle 2
les entreprises de plus de 500 employés sont désormais tenues de
publier des informations sur leurs performances sociale, environnementale et
sociétale. Néanmoins, cela peut également s'effectuer
à titre volontaire pour les plus petites entreprises. La RSE se
définit comme « la responsabilité d'une organisation
vis-à-vis des impacts de ses décisions et de ses activités
sur la société et sur l'environnement, se traduisant par un
comportement transparent et éthique qui contribue au
développement durable y compris à la santé et au
bien-être de la société, prend en compte les attentes des
parties prenantes, respecte les lois en vigueur et est compatible avec les
normes internationales »18.
Par ailleurs, comme le tourisme responsable est à but
lucratif, il se distingue des tourismes
équitable/solidaire/social/écotouristique qui sont en
majorité des associations à but non lucratif.
17 LALIBERTE Michelle, « Le Tourisme durable,
équitable, solidaire, responsable, social... Un brin de
compréhension », op.cit. p.13
18 Définition extraite du Ministère de
l'écologie, du Développement Durable et de l'Energie, 10
septembre 2013
http://www.developpement-durable.gouv.fr/Qu-est-ce-que-la-responsabilite.html
(consulté le 24 juin 2014)
19
1.1.5 Les opérateurs du tourisme associatif
Examinons l'offre en tourisme associatif. A partir des
années 70, des voyagistes ont commencé à s'interroger sur
l'impact social et environnemental du tourisme de masse dans le but de
créer un tourisme plus soucieux des cultures. C'est ainsi qu'en 1968 est
créé Arvel Voyages, une association ayant la volonté de
développer le tourisme en favorisant l'économie locale et en
organisant un tourisme de préservation patrimoniale, tout en adaptant
son offre au niveau des revenus de sa clientèle. C'est avec cette
organisation qu'émerge le tourisme solidaire. Plusieurs voyagistes se
regroupent au fil des années autour de ce concept éthique en le
modifiant quelque peu selon le marché qu'ils souhaitent
développer. Apparait ainsi le voyagiste écotouristique Atalante,
spécialiste du voyage de trek qui, à partir de 1996 propose
à ses voyageurs une charte éthique dont l'on peut citer un
extrait : « Deux mondes se rencontrent à chaque fois qu'une
personne se déplace d'un pays à l'autre. Voyageur, touriste,
découvreur, nous sommes tout cela tour à tour. Mais, sans l'ombre
d'un doute, nous sommes toujours un invité. Les pays que nous visitons
avec tant de plaisir sont nos hôtes. Tout le bonheur d'un voyage peut
reposer sur cette relation parfois si délicate. »19
L'ambition devient plus grande à partir des
années 2000 et la volonté de regrouper des tour-opérateurs
autour de mêmes valeurs se formule avec l'apparition de l'ATES
(Association pour le Tourisme Equitable et Solidaire) en 2006. C'est le fruit
de plusieurs années de travail de l'Union Nationale des Associations de
Tourisme20 et de ses partenaires c'est-à-dire à la
fois des voyagistes et des membres associés (membres qui par leurs
actions font connaître l'offre de
19Dossier de presse Agir pour un tourisme responsable,
avril 2014
http://www.datapressepremium.com/rmdiff/2007427/ATRdossierdePRESSEmars14.pdf
(consulté le 05/05/2014)
20 « Association reconnue d'utilité publique,
l'Unat regroupe les principales associations et organismes à but non
lucratif de tourisme français », définition extraite du site
internet de l'UNAT
http://www.unat.asso.fr/ (consulté le
19/06/2014)
20
voyages équitables et solidaires). L'objectif de l'ATES
est d'identifier mais surtout de fédérer et promouvoir les
acteurs du tourisme équitable et solidaire.
Bien que ces formes de tourisme soient guidées par une
même éthique, il semble que la clientèle française
peine à adhérer à ces valeurs. Selon Bernard
Schéou, Docteur ès Sciences Economiques, le tourisme associatif
est globalement considéré comme trop contraignant en termes de
degré d'exigence éthique par le public français. Pour
illustrer ce fait nous nous appuierons sur la pyramide du tourisme qu'il a
élaboré. Celle-ci explique le rapport de la population
française avec les différents types de tourisme présents
sur le marché21.
2. Tourisme responsable, un marché
porteur
2.1 Tourisme responsable vs tourisme associatif, une
différence de
stratégie
![](Le-rle-du-tourisme-responsable-dans-une-prestation-touristique-sur-mesure2.png)
Figure 1 : Pyramide du tourisme, Bernard
SCHEOU, 2009
21 « Concepts associés au tourisme durable »,
site internet Acteurs du Tourisme Durable, 17 août 2013. Source : SCHEOU
Bernard, Du tourisme durable au tourisme équitable : quelle
éthique pour le tourisme de demain ?, Edition de Boeck, novembre
2009.
http://www.tourisme-durable.org/le-tourisme-durable/concepts-associes/2074-concepts-associes-au-tourisme-durable.html
(consulté le 19/06/2014)
21
Comme nous pouvons le constater, les tourismes
équitables et solidaires se situent en haut de la pyramide en termes de
degré d'exigence éthique. Une synthèse a par ailleurs
été réalisée par l'UNAT et le Ministère des
Affaires Etrangères en 2005 sur le tourisme solidaire vu par les
français. Selon une étude qualitative menée en 2001 par
l'institut de sondage IPSOS (sur trois groupes de 9 personnes) portant sur le
tourisme et la mondialisation « le touriste plaide résolument
non coupable, en matière de dégradation de l'environnement ou des
cultures locales (...). Il plaide d'autant plus sa non culpabilité que
le temps des vacances est un temps précieux, durant lequel il n'a pas
envie de servir de bouc émissaire à la bonne conscience
internationale »22. Il apparait donc d'une part que les
opérateurs de tourisme réussissent difficilement à
sensibiliser les touristes au tourisme équitable et/ou solidaire.
D'autre part, comme l'indique Bernard Schéou, le degré d'exigence
éthique joue également comme un frein pour le voyageur qui refuse
de faire preuve de « bonne conscience » durant le «
temps précieux » des vacances. On suppose que Bernard
Schéou parle ici d'exigence éthique car les tourismes
équitable, solidaire, mais également l'écotourisme, sont
souvent associés au tourisme humanitaire car ils sont
développés dans un cadre associatif.
En parallèle à l'étude qualitative de
2001, une étude plus spécifique a été menée
en 2002 par l'institut de sondage SOFRES sur un échantillon de
français (402 personnes interrogées par téléphone
à domicile) de plus de 18 ans s'étant rendus au moins une fois
à l'étranger au cours des deux dernières années
(2002-2003). Ces personnes représentaient 29,8% de l'ensemble de la
population française âgée de 18 ans et plus. Cette
étude démontrait que 28,8 % des personnes déclaraient
spontanément « avoir entendu parler du tourisme solidaire,
équitable ou écotourisme »23 et,
après explication du concept « 32,5% des personnes
déclarent en avoir entendu parler ». Néanmoins, il
s'est avéré qu'une partie significative des personnes ayant
entendu parler du tourisme solidaire a fait des études
22 DGCID (Direction Générale de la
Coopération Internationale et du Développement), Ministère
des Affaires Etrangères, UNAT, Le tourisme solidaire vu par les
français - Notoriété, image et perspectives, mars
2005.
http://www.unat.asso.fr/doc/publication/Etudeclientts.pdf
(consulté le 16/08/2014)
23 Cf. Définition de l'écotourisme
p.15.
22
supérieures et appartient aux catégories
socioprofessionnelles les plus élevées. De plus, il apparait
également que « 71% des personnes connaissant le tourisme
solidaire ont au moins une fois soutenu une action humanitaire ». En
somme, le tourisme associatif apparait comme une forme de tourisme accessible
à un faible échantillon de personnes, déjà
impliqué dans un mouvement solidaire ou bien ayant un niveau
d'éducation supérieure à la moyenne.
En revanche, comme nous pouvons le constater sur la pyramide,
le tourisme responsable apparait comme un juste milieu qui serait
peut-être accessible à une gamme plus large de clientèle.
Se pose alors la question : en quoi le tourisme responsable serait-il un
marché plus porteur et plus adapté à la population
française ?
Une différence significative existe entre la notion de
tourisme responsable et tourisme équitable et/ou solidaire : le tourisme
solidaire évoque la contrainte, la nécessité d'un
engagement trop coûteux pour les touristes. Le tourisme responsable,
quant à lui, semble prendre une direction différente. En donnant
la définition du tourisme responsable précédemment, nous
avons évoqué le fait qu'il était associé au monde
des entreprises. Il a donc un but lucratif contrairement au tourisme solidaire
et équitable. L'idée des opérateurs du tourisme
responsable est donc d'intégrer le tourisme responsable au sein de leur
stratégie de vente comme une valeur ajoutée, un gage de
qualité et non comme un effort d'éthique à réaliser
lors de ses vacances. En plaçant le tourisme responsable au coeur de
leur stratégie commerciale, les opérateurs de tourisme
responsable se différencient des acteurs associatifs. Selon Caroline
Mignon, intervenante dans le cadre du Master 2 de Tourisme Culturel et
Territoires : Ingénierie de Projets à l'université de
Paris III - Sorbonne Nouvelle, les acteurs du tourisme équitable et
solidaire ne songent pas à développer leur marché et
à créer une réelle stratégie de communication en se
différenciant du secteur humanitaire. Ils communiquent auprès de
leur public déjà confirmé et ne cherchent pas à
s'étendre pour atteindre une plus large gamme de
23
clientèle. Selon eux « marketing et
éthique ne font pas bon ménage »24. En
revanche, les acteurs du tourisme responsable cherchent à
développer un marché et opèrent une réelle
stratégie de niche afin de se différencier de leurs
concurrents.
2.2 La stratégie de niche des opérateurs
responsables 2.2.1 Qu'est-ce que le tourisme de niche ?
En quoi la stratégie de niche est-elle une
stratégie de différenciation ? Lors de notre introduction, nous
avions expliqué que le secteur touristique était aujourd'hui
saturé et qu'il fallait donc trouver de nouveaux moyens de
différenciation. C'est ici qu'intervient l'approche par niche et les
opérateurs de tourisme responsable, désirant apporter une offre
différenciée. Selon le spécialiste des marchés de
niche BM&S : « Aujourd'hui les offres se multiplient et les cibles
ont des attentes de plus en plus précises. L'approche par niche consiste
donc à intégrer ces variables pour que l'offre soit la plus
adaptée à la demande et à la cible visée
»25. Autrement dit, l'approche par niche revient à
identifier un type de clientèle particulier et faire de cette
clientèle sa cible principale donc faire de ses attentes son coeur de
métier.
Pourquoi le marché de niche est-il stratégique
dans un secteur concurrentiel ? BM&S définissent la clientèle
de niche comme une clientèle ayant un comportement homogène:
c'est-à-dire qu'il s'agit d'un segment de marché précis
ayant des attentes communes. Il s'agira également d'une clientèle
spécifique qui correspondra à une part de marché
relativement faible car plus l'offre est précise et ciblée, plus
la concurrence directe sera faible. Par conséquent, il s'agira in
fine de se démarquer de ses concurrents en proposant une offre
différenciée pour un public restreint.
24 Propos recueillis lors de l'Unité
d'Enseignement Tourisme et Société enseigné par
Mme Caroline MIGNON, directrice de l'ATES (Association pour un Tourisme
Equitable et Solidaire) à l'Université de Paris III - Sorbonne
Nouvelle
25BM&S(entreprise de coaching stratégique),
Les marchés de niche dans le tourisme, 2011
24
2.2.2 Le tourisme responsable comme outil de
différenciation
Les opérateurs de tourisme responsable sont
entrés sur la scène touristique avec cette volonté de se
différencier sur un marché saturé en opérant une
stratégie de niche par le biais d'un tourisme jusqu'ici peu
proposé sur le marché. L'agence BM&S nous indique qu'avant de
développer une offre de niche telle que le tourisme responsable, il est
nécessaire de faire au préalable un benchmarking26
afin d'identifier si le marché visé représente bel et
bien un marché de niche et s'il correspond aux attentes actuelles.
L'agence nous illustre ce benchmarking par le schéma ci-dessous
:
![](Le-rle-du-tourisme-responsable-dans-une-prestation-touristique-sur-mesure3.png)
Figure 2 : Benchmarking - tourisme de
niche. Source : BM&S, 2011
26« Le benchmark est, dans un contexte marketing, une
démarche d'observation et d'analyse des performances atteintes et des
pratiques utilisées par la concurrence ou par des secteurs
d'activité pouvant avoir des modes de fonctionnement
réutilisables par l'entreprise commanditaire du benchmark »,
définition extraite du site
definitions-marketing.com
http://www.definitions-marketing.com/Definition-Benchmark
(consulté le 05/05/2014)
25
D'après ce schéma, l'opérateur
touristique désirant se spécialiser devra d'abord faire une
évaluation des consommations actuelles (client), du contexte
socio-économique (quelles sont les tendances, environnement
favorable/défavorable à l'ouverture de tel ou tel marché)
et vérifier que le degré de concurrence est faible voire
inexistant afin de pouvoir opérer une stratégie de
différenciation efficace.
De ce fait, la question principale que se pose un
tour-opérateur en développant un marché de niche tel que
le tourisme responsable est : est-ce un marché porteur ? S'adapte-il aux
tendances actuelles ? Et si oui, comment le commercialiser ?
On considère encore aujourd'hui le tourisme responsable
comme un marché de niche car il représente 15% de voyageurs en
France. C'est donc un segment de marché encore relativement
faible27. Néanmoins, il a subi une croissance
considérable en 5 ans, chiffrée à 13% (2% de voyageurs
responsables en 2007 contre 15% en 201228). Le tourisme responsable
apparait donc comme un marché de plus en plus porteur au sein du secteur
touristique. La figure ci-après illustre la part des individus ayant
déjà voyagé responsable en 201229 :
27Harris Interactive/
Voyages-sncf.com, Les
Français et le tourisme responsable, septembre 2012
http://www.harrisinteractive.fr/news/2012/cphifrvsncf26102012.pdf
(consulté le 05/05/2014)
28Ibid.
29 Figure issue de l'étude Harris Interactive
sur le tourisme responsable
![](Le-rle-du-tourisme-responsable-dans-une-prestation-touristique-sur-mesure4.png)
26
Figure 3 : Part des individus ayant
déjà voyagé responsable en 2012. Source : Harris
Interactive, 2012.
Cette figure est extraite d'une étude
réalisée par l'institut d'étude de marché Harris
Interactive en 2012. Il s'agit d'un sondage sur les Français et le
tourisme responsable. Il en résulte que c'est un terme qui est familier
pour la clientèle française : « plus de huit
français sur dix (84%) déclarent d'avoir entendu parler d'au
moins un des termes attachés au tourisme responsable
»30.En outre, « près d'un français
sur cinq déclare avoir déjà fait au moins un voyage
responsable dans une destination proche ou lointaine ». Tous
soulignent « être partis à la découverte de
cultures, avoir été respectueux de l'environnement et avoir
consommé des produits locaux ». Enfin, 90% des Français
déclarent de manière générale être attentifs
à respecter l'environnement et la vie des populations locales lorsqu'ils
voyagent.
Ainsi, contrairement à ce qui a été
observé dans la population française et aux données sur le
tourisme solidaire en 200531, on observe une nette évolution
des mentalités, une ouverture à un tourisme plus respectueux de
l'environnement et des cultures. Face à ces constatations, il s'agit de
savoir comment commercialiser
30Harris Interactive/
Voyages-sncf.com, Les
Français et le tourisme responsable, op.cit. p.25 31Cf.
Synthèse de l'UNAT Le tourisme solidaire vu par les français
- Notoriété, image et
perspectives, mars 2005, p.21
27
le tourisme responsable de manière efficace ? La figure
ci-dessous extraite de l'étude de marché d'Harris Interactive
schématise un questionnaire sur le thème « quel serait
le voyage responsable idéal ? » à la fois en termes de
lieu, de type d'hébergement et d'activités32. Les
réponses à ce questionnaire nous donnent un aperçu des
tendances actuelles:
![](Le-rle-du-tourisme-responsable-dans-une-prestation-touristique-sur-mesure5.png)
Figure 4 : Le voyage responsable idéal.
Source : Harris Interactive, 2012
« Participer à des activités de
découverte des populations locales, de leur vie quotidienne et de leurs
coutumes » sont des valeurs partagées par 41% des
interrogés et 25% des interrogés souhaitent participer à
des activités de protection de l'environnement.
La question que l'on peut se poser à présent est
: comment ces désidératas sont-ils concrètement pris en
considération sur le marché du tourisme responsable ?
32 Enquête réalisée en ligne du
6 au 12 septembre 2012 sur un échantillon de 1959 individus
représentatifs de la population française âgée de 18
ans et plus. Méthode des quotas et redressement (méthode
d'échantillonnage qui consiste à s'assurer de la
représentativité d'un échantillon en lui affectant une
structure similaire à celle de la population de base) appliquée
aux variables suivantes : sexe, âge, catégorie
socioprofessionnelle et région de l'interviewée.
28
L'idée est, comme nous l'avons vu, de se
différencier en proposant une offre en qualité plutôt qu'en
quantité. C'est ainsi qu'apparaît un label relatif au tourisme
responsable, comme un gage de qualité, une marque de reconnaissance
auprès des clients.
2.3 Label ATR : un outil clé de
différenciation
On peut dire que le terme de tourisme responsable
s'officialise au sein des tour-opérateurs lors de la création de
l'association ATT (Association des TO Thématiques) en 2004. Il s'agit de
10 voyagistes créant un cercle de réflexion autour de valeurs
communes de « respect, solidarité et qualité ». Cette
association se crée dans le cadre d'une problématique
concrète : à l'heure où le tourisme s'amplifie de plus en
plus et crée des dégâts environnementaux, sociaux et
économiques considérables, quel est l'impact
généré par les clients sur place par les agences de
voyages ? Comment garantir que les partenaires locaux sont des partenaires de
qualité et ne participent pas à ces dégradations ?
C'est suite à ce questionnement que l'on passe du
cercle de réflexion à une action concrète : la
création d'un label pour formaliser l'engagement des
tour-opérateurs au sein de l'association. Ainsi naît le label ATR,
gage de qualité des actions menées dans l'entreprise à la
fois envers les clients, les prestataires et les salariés. Il faut
préciser qu'ATR est créé en parallèle à un
renforcement de la RSE que nous avons étudié
précédemment33. Le label ATR agit ici comme
un indicateur réel de la politique RSE d'un tour-opérateur
puisqu'il fonctionne par une démarche de certification soumise à
un audit réalisé par un organisme reconnu par l'Etat :
l'AFAQ-AFNOR (Association Française de Normalisation). La base de
l'audit s'effectue sur un référentiel de 25 critères
regroupés en 4 engagements34 :
33Cf. Définition RSE p.18
34Le tourisme responsable chez Comptoir,
document interne de l'entreprise Comptoir des voyages, dernière mise
à jour 17 mars 2014
29
- Engagement n°1 : Fournir une information claire au
client et le sensibiliser au tourisme responsable
- Engagement n°2 : Soutenir activement et
financièrement le développement local
- Engagement n°3 : Sélectionner les prestataires
qui ont une approche responsable du tourisme et s'engager durablement avec
eux
- Engagement n°4 : Appliquer ces règles au sein de
l'entreprise
L'idée est donc d'instaurer un environnement durable
aussi bien en interne au sein des salariés, qu'en externe auprès
des clients et prestataires.
En outre, le label ATR n'agit pas ici dans un simple but
éthique. Il est véhiculé au sein d'entreprises dont le but
est de générer du profit en se démarquant de la
concurrence. En étudiant l'offre de niche par l'agence BM&S nous
avons pu relever que l'un des éléments clé de cette
stratégie était le ciblage efficace de sa clientèle. Il
nous faudrait donc définir le type de consommateurs auquel s'adresse ATR
et, de manière plus globale, les opérateurs du tourisme
responsable.
2.4 Les FIT, clientèle cible du tourisme
responsable
On peut définir une clientèle globale de
tourisme de niche. Nous avons évoqué précédemment
une nouvelle catégorie de consommateurs désirant privatiser et
personnaliser leur voyage. Il s'agit d'une clientèle qui souhaite se
démarquer de l'offre de masse. L'apparition de nouvelles exigences
conduit à un changement dans les comportements : avant l'arrivée
d'une offre de niche, les clients ne trouvant pas ce qu'ils recherchaient
auprès des opérateurs touristiques de masse ont commencé
à construire leur voyage de manière autonome, notamment
grâce à l'avènement d'internet et d'offres multiples
disponibles sur le web. Ce type d'individus est communément
appelé FIT (Free Independant Travellers) par la communauté
touristique pour évoquer la clientèle autonome au sein du
marché du tourisme.
30
Cette catégorie de voyageurs s'est vue augmenter
grâce à des outils de planification de plus en plus performants.
En 2011, environ 60% des voyageurs ont choisi leur destination sans l'aide
d'une agence de voyage35. Comment cibler alors une clientèle
désireuse d'organiser par elle-même son voyage ? On distingue deux
types de clientèles parmi les FIT : les voyageurs disposant d'un budget
restreint, dont le but premier sera la réduction des coûts, et les
voyageurs disposant d'un budget suffisamment élevé pour faire
appel à un opérateur de tourisme qui leur organisera un voyage
différencié, adapté à leur personnalité et
à leurs attentes.
En quoi les attentes de cette clientèle sont-elles
adaptées au tourisme responsable ? Analysons cette étude de
l'agence PhocusWright réalisée en 2010. A travers le
tableau ci-après, l'agence analyse le comportement des voyageurs
américains, britanniques, allemands et français qui ont
joué un rôle actif dans l'organisation de leur
voyage36.
35Marchés FIT : mieux connaître cette
clientèle autonome, réseau veille info tourisme, 02 octobre
2011
http://veilletourisme.ca/2011/02/10/marche-fit-mieux-connaitre-cette-clientele-autonome/
(consulté le 27/04/2014)
36 Ibid.
![](Le-rle-du-tourisme-responsable-dans-une-prestation-touristique-sur-mesure6.png)
31
Tableau 1 : Traits caractéristiques des
voyageurs indépendants, selon leur marché d'origine. Source :
PhocusWright, 2011
Ce tableau nous indique que la clientèle française
: - préfère des voyages hors des sentiers battus
- s'oriente encore vers des sources d'informations
traditionnelles et donc, contrairement aux américains, allemands et
britanniques, sera plus encline à se diriger vers des
spécialistes du voyage
Par ailleurs, la figure ci-après nous indique que
« le désir personnel de visiter la destination »
dépasse de loin le critère prix. Cela montre que le FIT
voyage avant tout pour la découverte et non pour le prix.
L'expérience personnelle fait également partie des
critères clefs dans les facteurs d'influence du choix d'une
destination.
![](Le-rle-du-tourisme-responsable-dans-une-prestation-touristique-sur-mesure7.png)
32
Figure 5 : Facteurs d'influence dans le choix
d'une destination. Source : PhocusWright, 2011
En somme, la clientèle FIT recherche avant tout une
offre personnalisée, à la rencontre des cultures et hors des
sentiers battus, et « évite le tourisme de masse
»37. Ces critères s'apparentent donc au tourisme
responsable tel que nous l'avons défini
précédemment38. En outre, le label ATR propose des
activités propres à ce type de demande telles que la
participation à des opérations de « diffusion des
cultures, liées au tourisme », « la mise en place
d'un transfert de compétence vers les prestataires locaux »,
et « l'information des clients au respect de l'environnement, du
patrimoine et des cultures locales »39.
D'après cette analyse que nous venons d'effectuer, nous
pouvons déduire que la clientèle FIT s'adresse à un
tour-opérateur lui permettant de customiser son voyage selon ses
désidératas, à l'aide d'un conseiller spécialiste.
Ce même
37Marchés FIT : mieux connaître cette
clientèle autonome, réseau veille info tourisme, op.cit.
30
38 Cf. 1.1.4 L'offre responsable, p.17
39 Information extraite des 18 engagements d'ATR
sur lesquels s'appuie la certification ATR et que chaque membre candidat
à la labellisation doit respecter. Source : Dossier de presse ATR 2014,
op. cit. p.19
33
conseiller spécialiste devra prendre en compte que les
FIT sont à la recherche d'une offre authentique, au plus près de
la culture visitée.
C'est sur cette base qu'a émergé un certain type
d'opérateur ces dernières années : les voyagistes
sur-mesure. Leur coeur de métier consiste bel et bien à proposer
des voyages personnalisés, clefs en main, selon les
désidératas de la clientèle afin de se démarquer de
l'offre de masse. Leur objectif prioritaire est de se démarquer des
produits touristiques standardisés laissant peu d'autonomie au client
tels que les voyages organisés, séjours en club, etc.
Ainsi, la déstandardisation étant leur marque de
fabrique, ces opérateurs se positionnent également sur le «
créneau » responsable, jusqu'ici encore peu exploité par les
opérateurs du sur-mesure. Le tourisme responsable apparaît ici
comme une réelle valeur ajoutée en termes de
différenciation garantissant une réelle immersion hors des
sentiers battus. Le tourisme sur-mesure semble donc être un moyen
adéquat et efficace de commercialisation du tourisme responsable. Afin
de pouvoir démontrer ce fait, il nous faut nous intéresser de
plus près au marché du sur-mesure et sa corrélation avec
le tourisme responsable.
3. Tourisme sur-mesure et tourisme responsable : une
stratégie de
différenciation par le haut
Le tourisme sur-mesure se définit comme une forme de
commercialisation touristique où « le choix des dates, des
participants, de l'itinéraire, de la durée de chaque escale
»40 sont définis par le client et l'agence de
voyage. L'agence construit le séjour tout comme l'effectuerait la
clientèle FIT en organisant par elle-même son voyage, à la
différence près qu'elle est au contact de conseillers
spécialistes de la destination. Cette forme de voyage permet d'aller
encore plus loin dans le processus de diversification car elle ne contient pas
de formule pré-packagée comme celle que proposent les
opérateurs de tourisme de masse. Le client demande à son
conseiller voyage de lui construire un séjour à partir de ses
propres désidératas. Certains ont une idée
préconçue de leur voyage alors que
40 Définition extraite du site internet de
l'agence sur-mesure Espritlibrevoyages
http://www.espritlibrevoyages.com/sur-mesure
(consulté le 21/04/2014)
34
d'autres s'en remettent entièrement aux mains de
l'opérateur touristique qui a pour objectif de mener une enquête
sur le mode de voyage voulu et la personnalité du voyageur. Cette
nouvelle forme de tourisme déstandardisée commence
à prendre son essor en France. Depuis ces dernières
années, on assiste à une augmentation de 10 à 15% par an
des voyages sur mesure41.
Il faut préciser que ce type de tourisme s'adresse
à une clientèle CSP+ (Catégorie Socioprofessionnelle
supérieure) car il génère des coûts importants de
production. Contrairement au tourisme de masse, il n'opère pas de
stratégie de domination globale par les coûts. Celle-ci consiste
à axer sa politique d'entreprise sur la baisse des coûts de
production afin de proposer des prix compétitifs par rapport à
ses concurrents. Il s'agit, ici, de faire de cette stratégie le coeur de
métier de l'entreprise. Le tourisme de masse se base sur deux
éléments pour la mettre en place : la division du travail et la
notion d'économie d'échelle.
On parle de division du travail selon la théorie de
l'économiste Adam Smith qui souligne l'effet positif de ce
procédé sur les gains de productivité. En
répétant sans cesse les mêmes gestes et en se
spécialisant sur une seule et même tâche, les
salariés acquièrent un savoir-faire et peuvent donc
réaliser un produit en moins de temps et, in fine, produire en
plus grande quantité. Pour ce faire, il est nécessaire de
standardiser l'offre afin que le personnel puisse répéter
constamment les mêmes tâches et acquérir ce savoir-faire.
C'est ainsi que se créent les produits packagés et
standardisés (tout inclus avec vol, hôtel et activités par
exemple).
Cette production en masse permet également de
réaliser des économies d'échelle et, par
conséquent, de vendre le produit moins cher à mesure que la
quantité vendue augmente.42
41 DE BECDELIEVRE Geoffroy, « Marchés de
tourisme, la fin des voyagistes traditionnels ? »
LesEchos.fr, 04 janvier
2012
http://lecercle.lesechos.fr/entreprises-marches/services/autres/221141899/marche-tourisme-fin-voyagistes-traditionnels
(consulté le 21/04/2014)
42 La notion d'économie d'échelle
désigne le fait que « le coût de production unitaire d'un
produit ou service baisse lorsque la production augmente ». Extrait
du site
definitions-marketing.com
http://www.definitions-marketing.com/Definition-Economie-d-echelles
35
A contrario, comme nous avons pu l'observer, le
tourisme sur-mesure fonctionne à partir de produits
dépackagés, selon la demande du client. Aussi, il ne
peut réaliser de gains au même niveau que le tourisme de masse car
l'offre n'est pas standardisée, elle varie en fonction du client. On
parlera de stratégie de différenciation, c'est-à-dire une
offre ayant des caractéristiques différentes de celle de la
concurrence. La stratégie ne sera pas focalisée sur le gain de
coût mais sur la qualité de l'offre. On nomme ce
procédé la stratégie de différenciation par le haut
car elle consiste à proposer une offre plus haute en gamme, plus
élaborée que l'offre de référence, mais cela
implique de la vendre à un prix plus élevé. Voilà
pourquoi la clientèle concernée sera de catégorie
moyenne-haute gamme.
Néanmoins, il nous faut préciser que la
démarcation entre tourisme de masse et tourisme sur-mesure s'est
effectuée progressivement. En effet, il existe un intermédiaire
entre ces deux marchés, que l'on confond souvent avec le tourisme
sur-mesure: le tourisme à la carte.
3.1 Les débuts du tourisme sur mesure : le voyage
à la carte et la « mass
customization »
Le début de la déstandardisation
touristique se manifeste par un nouveau marché : le voyage à
la carte43. L'expression produit à la carte
apparaît en Europe en 1973 et en France à l'initiative du
groupe Kuoni. Elle désignait la possibilité de combiner des
extensions avec un produit de base tout compris. L'idée est de
casser le système traditionnel de construction des voyages et
séjours tout compris. Il s'agira alors « de ne plus
négocier les achats de prestations seulement sur des quantités
programmées pour des voyages et séjours à dates fixes
(...) par des clients regroupés. »44. La nouvelle
forme de négociation des prix d'achats se fera par groupe de clients
individuels apportés au prestataire sur toute la saison ou
l'année. Par ailleurs, le tourisme à la carte commercialise un
voyage où le vacancier se voit proposer plusieurs scénarios de
séjours avec des activités ou
43TANGUAY Jasmin, La qualité en tourisme
: de la norme à la déstandardisation, op. cit. p.10
44CHASPOUL Claudine, DESVIGNES Claudine, L'enjeu de la
personnalisation de masse, Revue
Espaces n°205, Editions Espaces tourisme & loisirs, juin
2003 - 3 pages
36
suppléments choisis par le client. Ainsi, le client
compose son propre voyage mais à partir de modules déjà
préparés qu'il assemblera lui-même. Depuis les
années 1980, la demande de produits à la carte est une tendance
majeure sur tous les marchés d'Europe occidentale.45 Prenons
l'exemple du tour-opérateur Asia proposant des voyages à
la carte. Les modules sont les suivants46 :
- Accès : un billet d'avion aller/retour et une ou deux
nuits réservées à
l'arrivée dans un hôtel au choix du client
- Itinéraires : des parcours de toutes durées,
déjà construits par Asia autour
d'un thème ou d'une région, et que le client
peut organiser dans l'ordre qui lui convient ;
- Etapes : un choix d'hôtels proposés au client
dans une ville phare (par
exemple, une ville choisie pour son histoire, ses
facilités pour rayonner autour...) ;
- Séjours : possibilité d'extension de
séjours, par exemple pour une fin de
séjour les pieds dans l'eau en bord de mer.
Ce mode de commercialisation apparaît donc comme une
alternative relative au tourisme de masse car il se base sur un produit
déjà existant et vendu à grand nombre, en tentant de lui
donner une forme personnalisée. Ce procédé est connu sous
le nom de personnalisation de masse ou encore « mass
customization »47. Il se définit comme «
une offre de biens de grande consommation rendus modulables par la
possibilité de nombreux choix fermés autour de produits standards
»48. Le voyage à la carte permet, tout comme le
tourisme de masse, de réaliser des économies d'échelle et
donc de vendre à un coût compétitif car il est vendu en
grande quantité. Son objectif est de viser un segment de
clientèle le plus large possible tout en se différenciant de la
concurrence.
45 CHASPOUL Claudine, DESVIGNES Claudine, L'enjeu
de la personnalisation de masse, op. cit. p.35
46 Ibid.
47 Ibid.
48 CHASPOUL Claudine, DESVIGNES Claudine, L'enjeu
de la personnalisation de masse, op.cit. p.35
37
En somme, on peut considérer le tourisme à la
carte comme une sorte de fausse différenciation car l'objectif est
quantitatif et non qualitatif. L'idée est de vendre un maximum de
voyages sous une couverture pseudo-différenciée qui n'apporte, en
réalité, pas de réelle valeur ajoutée au tourisme
de masse.
C'est en partant de ce constat que sont apparus les
opérateurs du tourisme sur mesure dans une volonté d'aller plus
loin dans le processus de différenciation, au-delà d'un simple
ajout de prestations. L'objectif est d'offrir au client un produit de
qualité, customisé selon le profil de tout un chacun. Prenons par
exemple l'opérateur de voyage Marco et Vasco, spécialiste du
voyage sur-mesure depuis 2007. Contrairement au fonctionnement du
tour-Opérateur Asia, le client peut construire son voyage de A à
Z c'est-à-dire :
- Choisir la date de son vol ainsi que la compagnie
aérienne de son choix
- Choisir l'itinéraire qui lui convient ainsi que sa
durée. Le site internet de
l'agence dispose d'une vitrine de voyages que le client peut
totalement moduler voire modifier complètement. Ainsi un
itinéraire typique dans la région Ouest américaine peut se
transformer en un itinéraire autour d'un thème cher au client
comme par exemple le cinéma, la gastronomie, etc.
- Choisir ses étapes : le but de Marco et Vasco est
d'offrir un large panel
d'hôtels afin de pouvoir réellement laisser le
choix à son client et s'adapter à tous types de profils
- Sélectionner son encadrement : le client peut choisir
de voyager en
liberté ou bien d'être encadré
durant son séjour. Il peut décider de voyager en autotour, ce qui
signifie qu'un véhicule est mis à sa disposition et qu'il
gère lui-même ses transports, ou bien il peut choisir de voyager
en privatif, avec un chauffeur et un guide accompagnateur sur les excursions,
de la nationalité de son choix.
Le tourisme responsable apparaît comme un
élément justificateur des activités sur-mesure, car il
permet d'aller encore plus loin dans la différenciation. En effet, les
tour-opérateurs sur-mesure se font de plus en plus nombreux sur le
marché du
38
tourisme et il devient difficile de proposer des voyages
différents. Par ailleurs, l'objectif des opérateurs sur-mesure
est bien de s'adapter à tous types de clientèle et donc de suivre
les tendances actuelles, d'où l'intérêt pour cette nouvelle
clientèle en train d'émerger49.
En outre, la forme même du tourisme sur-mesure repose
sur la flexibilité. Elle donne ainsi la possibilité aux
opérateurs d'ajouter beaucoup plus facilement des activités
issues du tourisme responsable au sein de leurs voyages que les
opérateurs de masse disposant d'une offre beaucoup plus figée,
basée sur un système standardisé.
Néanmoins, ce constant réajustement
opéré par les TO sur-mesure nécessite un investissement
permanent qui se répercute inévitablement sur le prix des
voyages. En effet, proposer des voyages dits de qualité a
forcément un coût. Il s'agira donc de voyages ciblant une
catégorie plus élevée en gamme. Nous avons
déjà abordé cette thématique en analysant la
clientèle FIT. Un autre type de consommateur non-négligeable
vient s'ajouter : la clientèle senior.
3.2 La clientèle senior
Il faut préciser que le tourisme sur mesure
apparaît dans un contexte particulier : celui du vieillissement de la
population qui représente une clientèle adéquate à
ce type de tourisme. Pourquoi cela ?
Etienne Pauchant, directeur marketing et développement
d'IPK International analyse le type de client auquel s'adresse le voyage
sur-mesure qu'il définit comme : « l'apanage des
sociétés vieillissantes dans lesquelles les touristes très
matures cherchent des réponses de moins en moins standardisées et
de plus en plus adaptées à leurs besoins. Ainsi l'Europe
engagée dans un processus de vieillissement de la pyramide des
âges verra la demande de voyages augmenter considérablement,
certainement jusque dans les années 2050, date estimée du
49Cf. 2.2.2 Le tourisme responsable comme outil de
différenciation, p.24
39
rajeunissement de la population »50.
En effet, au fur et à mesure que les personnes de la
génération « baby-boom » (qui correspond
aujourd'hui à la clientèle des 50 - 70 ans) atteignent
l'âge mûr, les intervenants du tourisme reconnaissent que les
besoins changent car les attentes en termes de qualité et de confort ne
sont pas les mêmes selon que l'on ait 25 ou 60 ans. C'est pourquoi cette
clientèle se dirigera plus vers des agences opérant des gages de
qualité telle la certification ATR dont chaque critère est
vérifié annuellement au sein de tous les détenteurs du
label par un organisme indépendant (AFNOR Certification, Association
Française de certification). Pierre Perrin, auditeur de l'AFNOR
Certification témoigne de la rigueur de ce label : « Il s'agit
d'un contrôle de rigueur pour mesurer les écarts entre le discours
et la réalité. Je ne cherche pas à piéger mais
à identifier les sources de progrès.»
On peut voir sur le tableau ci-après
représentant l'évolution de la moyenne d'âge
française depuis 2000 que la population française est une
population vieillissante51.
50 CHASPOUL Claudine, DESVIGNES Claudine, L'enjeu de la
personnalisation de masse, op.cit. p.35
51 INSEE, Évolution de
l'âge moyen et de l'âge médian de la population jusqu'en
2014, données provisoires arrêtées à fin
2013
http://www.insee.fr/fr/themes/tableau.asp?refid=NATnon02147
(consulté le 22/04/2014)
![](Le-rle-du-tourisme-responsable-dans-une-prestation-touristique-sur-mesure8.png)
40
Tableau 2 : Evolution de l'âge moyen et
de l'âge median de la population française jusqu'en 2014.
Source : INSEE, 2013.
D'après les prévisions de l'INSEE, « Au
premier janvier 2050 (...) la France métropolitaine compterait 70,0
millions d'habitants (...). En 2050, un habitant sur trois serait
âgé de 60 ans ou plus contre un sur cinq en 2005. La part des
jeunes diminuerait, ainsi que celle des personnes d'âge actif.
»52
Par ailleurs, selon un article du journal d'actualité
économique Challenges : « La France se distingue par
un taux de pauvreté plus faible qu'ailleurs chez les personnes
âgées de 65 ans et plus (...). Il se situe autour des 5,4% contre
12,8% en moyenne dans l'OCDE »53.
De plus, d'après le magazine hebdomadaire L'Express,
les jeunes retraités (de 50 à 60 ans) possèdent le
patrimoine le plus élevé de France comme on peut le voir
52 ROBERT-BOBEE Isabelle, Projections de
population pour la France métropolitaine à l'horizon 2050,
division Enquête et études démographiques, INSEE
http://www.insee.fr/fr/themes/document.asp?refid=ip1089
(consulté le 22/04/2014)
53 « Les retraités français sont plus riches
qu'ailleurs », Challenges, 27 novembre 2013
http://www.challenges.fr/economie/20131127.CHA7537/les-retraites-francais-sont-plus-riches-qu-ailleurs.html
(consulté le 02/08/2014)
41
avec le schéma ci-dessous. L'Express ajoute que
« les grandes fortunes sont aussi souvent détenues par des
seniors ou des personnes âgées, ce qui contribue à gonfler
le montant moyen des avoirs de ces classes d'âge
»54.
![](Le-rle-du-tourisme-responsable-dans-une-prestation-touristique-sur-mesure9.png)
Figure 6 : Montant de patrimoine moyen par
tranche d'âge. Source : INSEE, 2013
C'est donc globalement cette catégorie de population
qui s'intéressera aux voyages sur-mesure car elle possède les
moyens financiers pour s'offrir ce type de voyages. L'étude de
marché sur le tourisme responsable que nous avons étudié
nous confirme que la catégorie senior sera également plus encline
aux voyages responsables : « les personnes âgées de 65
ans et plus indiquent à la fois être plus attentives (94%, dont
49% très attentives) et avoir d'avantage opté pour ce type de
séjours (25%) ».55
Il faut cependant préciser un changement de situation
au sein de ce public. Jusqu'ici la clientèle senior a souvent
été associée aux voyages organisés en groupe,
généralement proposés par des opérateurs de masse
proposant des circuits organisés. Or, les opérateurs sur-mesure
se focalisent sur les voyages en individuel en considérant que chaque
client a ses propres désidératas. De plus, pour les
opérateurs de tourisme sur-mesure responsables, il est
préférable d'organiser des voyages en plus petit effectif pour
minimiser l'impact environnemental mais également socio-culturel au
niveau de la destination visitée. Il est vrai que statistiquement, la
clientèle senior est encore majoritaire au sein des
54 BENZ Stéphanie, « Les retraités
sont-ils vraiment des privilégiés », L'Express, 27
mars 2013
http://lexpansion.lexpress.fr/actualite-economique/les-retraites-sont-ils-vraiment-des-privilegies1419987.html
(consulté le 02/08/2014)
55Harris Interactive, Les français et le
tourisme responsable, sondage pour
Voyage-Sncf.com,
Routard.com, op. cit p. 25
42
voyages organisés. C?est ce que démontre une
étude du Réseau National des Destinations Départementales
(RN2D): "Les troisième âge et grands seniors sont de grands
consommateurs de voyages en autocar, soucieux du confort et d'un voyage sans
surprise"56.
Mais alors qu'on assiste à une nette augmentation
de l'espérance de vie (en moyenne 78 ans chez les hommes et 85 ans chez
les femmes)57, une nouvelle catégorie de touristes
émerge en parallèle: les jeunes seniors ou encore les «
happy boomers »58. Selon une récente
étude de marché menée en 2011, ils ont entre 55 et 70 ans
et « ils sont actifs, en bonne forme physique, cultivés, curieux
(...), ils ont ouvert une ère nouvelle avec l'essor des classes
moyennes. Ils consomment avec raison et sont peu réfractaires à
l'innovation. (...). Ils ont encore beaucoup d'énergie et leur emploi du
temps est dense. »59. Cette volonté de découverte
et de renouveau représente donc un tremplin idéal pour les
opérateurs de tourisme sur-mesure en tant que promoteurs du tourisme
responsable. Selon cette même étude de marché, les seniors
de cette génération se considèrent encore jeunes et
souhaitent découvrir de nouvelles choses, vivre de nouvelles
expériences.
Une catégorie plus frileuse de voyages sur-mesure
est la catégorie grand âge qui constitue plutôt la
clientèle cible des voyages de groupe : les seniors ont des relations
familiales régulières et préfèrent donc les voyages
à plusieurs. Par ailleurs, ils dépensent avec parcimonie et ne
sont donc pas à la recherche de voyages haut de gamme.
Cependant, comment expliquer la montée des voyages
sur-mesure responsables dans une société touchée par une
crise économique sans précédent ?
56 « Les seniors adeptes des voyages de groupe »,
Liberation.fr, 09
novembre 2010.
http://voyages.liberation.fr/actualite/les-seniors-adeptes-des-voyages-de-groupe
(consulté le 27/04/2014)
57 INED (Institut National d'Etudes
Démographiques), Espérance de vie, source : INSEE, bilan
démographique et Situation démographique, résultats
provisoires à fin 2013.
http://www.ined.fr/fr/france/mortalitecausesdeces/esperancevie/
(consulté le 17/04/2014) 58Dossier 1 - étude de
marché du tourisme des seniors, tourismes.info, 11 mai 2011
http://www.tourismes.info/dossiers/BTS/2011emptcoridris.pdf
(consulté le 27/04/2014) 59 Ibid.
43
Nous avons évoqué le fait que les voyages
sur-mesure, et notamment les voyagistes sur-mesure et responsables,
s'adressaient à une clientèle à revenu
légèrement supérieur à la moyenne et qu'ils
n'avaient pas pour ambition de viser toutes les catégories de
population. Il est vrai que, dans un contexte de crise, le prix reste le
premier facteur d'importance accordé lors d'un voyage comme nous le
confirme la pyramide ci-dessous60. Cette pyramide a
été construite par la DGCIS (Direction Générale
de la Compétitivité, de l'Industrie et des Services)
à l'issue d'une enquête auprès de professionnels du
tourisme et d'un panel de clients. Cette enquête a également fait
l'objet d'un travail de recherche sur les différentes études
liées à l'évolution des comportements sociaux et
touristiques.
![](Le-rle-du-tourisme-responsable-dans-une-prestation-touristique-sur-mesure10.png)
Figure 7 : Le nouveau contrat de base de l'offre
touristique. Source : DGCIS, 2010.
Des critères tels que la sécurité et la
qualité-confort (et notamment celui du « dimensionnement
personnalisé de la prestation ») apparaissent juste
après le facteur prix. Ils prouvent donc la volonté de prise de
contrôle du voyage par le
60BAUER Ana, BENHKE Michael, CANIVET Isabelle,
Nouvelles perceptions de la valeur des offres touristiques - impact pour
les opérateurs, DGCIS, février 2010
http://www.veilleinfotourisme.fr/servlet/com.univ.collaboratif.utils.LectureFichiergw?IDFICHIE
R=1333691713006(consulté le 16/04/2014)
44
touriste et de s'adresser à un spécialiste de la
destination, notamment par mesure de sécurité.
En effet, l'accentuation du processus de mondialisation avec
l'arrivée d'internet dans les années 1990 a
généré un sentiment d'insécurité chez les
touristes car le secteur touristique s'est ouvert à des destinations peu
connues jusqu'à cette période. L'ouverture des frontières
a généré une curiosité de la part des voyageurs
mais ceux-ci sont à la recherche de connaisseurs de la destination.
Cette volonté de sécurisation du voyage est un
élément-clé du tourisme responsable notamment au sein des
voyagistes ATR qui se donnent comme objectif prioritaire un devoir de
transparence. Voici un exemple d'actions prioritaires appartenant au
référentiel ATR « Le voyagiste décrit de
manière précise dans ses supports de communication, devis et/ou
documents techniques, l'ensemble des prestations incluses dans les voyages et
séjours. », « Le voyagiste réalise une communication
chiffrée et précise sur ses supports de communication, quant aux
actions de préservation de l'environnement et/ou de développement
sur le territoire concerné, menées par son entreprise
».
Ayant analysé le coeur de métier des
tour-opérateurs sur-mesure ainsi que les principaux critères du
tourisme responsable, il convient à présent d'en montrer les
applications pratiques à travers un exemple concret sur le marché
du tourisme. Qui sont aujourd'hui les tour-opérateurs de tourisme
sur-mesure responsable ? En prenant le cas d'une agence de voyage sur-mesure
française, nous tenterons d'analyser sa stratégie responsable et
son impact sur le marché responsable.
45
II. Le tourisme responsable chez Comptoir des
Voyages
1. Présentation de l'entreprise
Comptoir des voyages fait partie du groupe Voyageurs du Monde
créé en 1979. Le groupe se positionne sur deux catégories
de voyages : le voyage d'aventure61 et le voyage sur-mesure.
Voyageurs du Monde se définit d'ailleurs comme le spécialiste du
voyage en individuel sur mesure. Il introduit ce concept en 1996 pour en faire
sa marque de fabrique et se démarquer des offres standardisées
proposant des produits tout compris basées sur des circuits
préfabriqués. C'est dans cette optique de différenciation
que le groupe crée Comptoir des Voyages en 1987. Face aux produits
« all inclusive », Comptoir est créé dans un
objectif précis : se différencier en se définissant comme
« des passionnés du voyage »62 ,
spécialistes de la destination. Le sur-mesure fait son apparition
quelques années plus tard au sein de l'agence pour se démarquer
d'autant plus de la concurrence. L'idée est d'offrir au client un
concept original : celui de « customiser » son voyage en
fonction de ses envies, son budget et la durée qu'il peut y accorder.
Néanmoins ce concept innovant fait rapidement l'objet d'une concurrence
accrue. Le sur-mesure, autrefois marque de fabrique de Comptoir des Voyages et
Voyageurs du Monde, commence à émerger au sein de plusieurs
tour-opérateurs qui se définissent également comme des
spécialistes du voyage sur-mesure en employant des conseillers
spécialisés sur chaque destination.
61 «Le tourisme d'aventure est une
activité de plein air ou combinaison d'activités se
déroulant dans un milieu naturel particulier (endroit inusité,
exotique, isolé, inhabituel ou sauvage). En tourisme d'aventure on
utilise des moyens de transport non conventionnels, motorisés
(motoneige, quad, etc.) ou non motorisés (marche, canot, kayak, etc.).
De plus, l'activité implique nécessairement un niveau de risque,
lequel peut varier selon l'environnement (isolement, caractéristiques
géographiques, etc.) ou selon la nature des activités et des
moyens de transport impliqués.» Définition
donnée par le regroupement Aventure Écotourisme Québec
(AEQ)
http://veilletourisme.ca/2007/09/17/tourisme-d%E2%80%99aventure-de-quoi-parle-t-on-au-juste/
(consulté le 14/07/2014)
62 Extrait du document interne d'intégration
de l'entreprise Comptoir des voyages, (dernière mise à jour 17
mars 2014)
46
2. Un spécialiste du sur-mesure en concurrence
Afin d'étudier la concurrence à laquelle a
progressivement été confrontée l'agence Comptoir des
Voyages, on peut s'aider du modèle de l'économiste Michael Porter
issu de son ouvrage « L'avantage concurrentiel » publié en
198663:
![](Le-rle-du-tourisme-responsable-dans-une-prestation-touristique-sur-mesure11.png)
Figure 8 : Les 5 forces de Porter. Source : Le café
de la bourse, 2012.
Porter propose un modèle de cinq forces que l'on voit
sur le schéma ci-dessus. Elles peuvent être utilisées pour
comprendre les dynamiques concurrentielles s'opérant dans un secteur,
à savoir ici le marché du tourisme. Michael Porter explique que
toute société s'efforce de développer des avantages
concurrentiels durables (sur tous les autres). Un avantage concurrentiel est
tout ce qui permet à une entreprise de surpasser ses concurrents, donc
de détenir un avantage (que ses concurrents ne possèdent pas).
Les cinq forces définies par Porter sont les suivantes :
1. La menace des nouveaux entrants
2. Le pouvoir de négociation des clients
3. Le pouvoir de négociation des fournisseurs
63 PORTER Michael, L'avantage concurrentiel.
Comment devancer ses concurrents et maintenir son avance (1986) Dunod,
2003
4.
47
La menace des produits de substitution
5. L'intensité de la concurrence intra-sectorielle
La menace des nouveaux entrants sur un marché est plus
ou moins grande selon le niveau de difficulté auquel doivent faire face
les entreprises pour y entrer. Dans le cadre de Comptoir des Voyages,
l'idée était de miser sur un élément qui requiert
une spécialisation et un savoir-faire, d'où la création de
voyages sur-mesure et l'emploi d'un personnel spécialisé sur
chaque destination. L'objectif du sur-mesure lors de son intégration
à Comptoir des Voyages était également de fournir une
offre au client qu'il lui serait difficile de trouver ailleurs. C'est ce que
Porter entend par « pouvoir de négociation des clients
». Selon lui le pouvoir de négociation est plus ou moins fort
selon les concurrents qui proposent une même offre. La logique est la
même en ce qui concerne les fournisseurs. Dans le secteur du tourisme, on
parle en termes d'agences réceptives, c'est-à-dire les agences
prenant en charge les clients des tour-opérateurs localement sur la
destination qu'ils visitent. Elles représenteront le
tour-opérateur en France ou à l'étranger selon le lieu
visité. Ce sera donc le réceptif qui sélectionnera,
représentera et assemblera les prestations de la région
d'accueil. Aussi, avant de sélectionner son fournisseur, le
tour-opérateur négociera le prix des prestations proposées
(hôtels, visites, transferts, etc.). Dans le secteur du sur-mesure,
contrairement aux opérateurs de masse, la négociation
s'effectuera produit par produit et non pas à travers des packages
puisque chaque offre proposée au client sera modulable et/ou modifiable.
Ainsi, moins la présence d'opérateurs sur-mesure est importante,
plus le tour-opérateur dispose d'un pouvoir de négociation
important.
Comme nous l'indique Porter dans son schéma, Comptoir
des Voyages doit également veiller à ce que son produit (le
sur-mesure) ne soit pas remplacé par un produit de substitution,
c'est-à-dire un produit d'origine différente mais proposant les
mêmes caractéristiques (par exemple Comptoir des Voyages propose
des hébergements chez l'habitant qui peuvent être
concurrencés par des sites spécialisés dans le logement
chez l'habitant tel que Airbnb).
48
Ce sont ces 4 éléments que nous venons de
définir qui nous permettront de voir si Comptoir des Voyages est
menacé par une concurrence intra-sectorielle, c'est-à-dire le
degré de concurrence au sein du marché sur-mesure. Si le
degré de concurrence est faible, Comptoir des Voyages possède
donc bel et bien un avantage concurrentiel en proposant des voyages que les
concurrents ne peuvent imiter ou s'approprier.
On peut dire qu'au début de la création de ses
voyages sur-mesure Comptoir des Voyages disposait réellement d'un
avantage sur ses concurrents. Néanmoins, comme toute innovation ce
produit a fini par faire progressivement l'objet d'une concurrence.
En 2008 arrive notamment un concurrent sans
précédent pour Comptoir des Voyages : Marco et Vasco autrefois
appelé Planetveo (changement de nom en février 2014). Marco et
Vasco se définit très vite à son tour comme pionnier du
voyage sur-mesure en proposant « un voyage 100% sur-mesure et des
conseillers voyages 200% dévoués pour répondre avec
passion »64. Les résultats sont
rapidement fulgurants puisque l'agence réalise en 2013 60 millions
d'euros de chiffre d'affaires, soit 48 % de plus que l'année
précédente et 50% de plus que Comptoir des Voyages (dont le
chiffre d'affaires s'élève à 40 millions en
2013)65. Par ailleurs, Marco et Vasco parvient à maintenir un
niveau de rentabilité de 5% sur un marché en recul de 10%. Ces
résultats s'expliquent par plusieurs facteurs: un investissement
considérable (levée de 15 millions d'euros au mois de juin plus
un changement de marque en février 2014), une embauche massive de
salariés (170 en 2013 contre 100 chez Comptoir des Voyages et 80 postes
seront prévus en plus pour 2014) et le lancement de nouvelles
destinations telles que la Russie, la
64 Extrait du site internet de l'agence Marco et
Vasco
http://www.marcovasco.fr
(consulté le 14/07/2014)
65 DESCHAMPS François, « Marco et Vasco :
un chiffre d'affaires en hausse de 8% en 2013 »
ecommercemag.fr,
02 mai 2014
http://www.ecommercemag.fr/Thematique/strategies-omni-canal-1009/strategies-10040/Breves/Marco-Vasco-chiffre-affaires-hausse-2013-236368.htm
(consulté le 14/07/2014)
49
Scandinavie ou l'Islande. L'objectif d'activité de
Marco et Vasco s'élève à environ 200 millions d'euros pour
2018.
Face à une politique commerciale aussi agressive,
Comptoir des Voyages cherche de nouveaux moyens pour se différencier de
son concurrent et obtenir à nouveau un avantage concurrentiel. En
reprenant la logique de Michael Porter, la question posée est: quelle
stratégie adopter pour donner à mon entreprise un avantage que
mes concurrents ne possèdent pas vis-à-vis de mes clients, mais
également vis-à-vis de mes fournisseurs ? C'est avec cette
logique d'aller encore plus loin dans sa politique de différenciation
que Comptoir des Voyages intègre le tourisme responsable à ses
voyages en 2010 en se faisant labelliser ATR. Pourquoi ce choix ? Deux raisons
principales : un engouement progressif pour le marché responsable mais
également peu d'opérateurs sur-mesure présents sur ce
marché. Hormis Voyageurs du Monde, il n'y a jusqu'à ce jour,
aucun tour-opérateur spécialisé dans le tourisme
sur-mesure en individuel labellisé ATR, le reste étant des TO
proposant des voyages en petit groupe avec circuits
pré-organisés, ce qui donne donc à Comptoir des Voyages un
net avantage concurrentiel.
2. 1 Les méthodes de différenciation :
labellisation ATR, une personnalisation efficace ?
Certaines agences promeuvent une politique responsable sur
leur site internet, surfant sur la tendance responsable. C'est le cas des
concurrents majeurs sur le marché du sur-mesure. Voici ci-dessous un
extrait des pages web de Marco et Vasco66, et Asia67,
consacrées au tourisme responsable.
66 Marco & Vasco, onglet « Qui sommes-nous ?
», « Développement Durable »
http://inde.marcovasco.fr/qui-sommes-nous/charte-de-developpement-durable-du-groupe-planetveo.html
(consulté le 14/07/2014)
67 Asia, « voyages autrement »
http://www.asia.fr/voyages-autrement
(consulté le 14/07/2014)
![](Le-rle-du-tourisme-responsable-dans-une-prestation-touristique-sur-mesure12.png)
50
Figure 9: Charte de développement
durable du Groupe Marco Vasco. Source : Site internet
marcovasco.fr, 2014.
![](Le-rle-du-tourisme-responsable-dans-une-prestation-touristique-sur-mesure13.png)
51
Figure 10 : Voyages « autrement ».
Source : site internet
asia.fr, 2014
Néanmoins, à part des engagements et des
produits listés sur leur site, il n'y a aucune garantie concrète
sur leur application au sein de l'entreprise et sur la destination. Or, la
particularité d'un voyage est qu'il fonctionne en deux temps : le client
achète le produit mais il ne pourra le tester qu'une fois sur place. Il
a donc besoin d'une certaine garantie de sécurité hormis le
discours du conseiller-vendeur et les informations données sur le site
internet de l'agence. Comme nous l'avons vu en étudiant le label ATR, il
s'agit d'une certification AFNOR qui réalise un audit régulier
afin de vérifier le respect des engagements pris par le
label68. Ce qui intéressera en particulier le client sera
bien évidemment le respect des engagements responsables sur la
destination visitée. De ce fait, afin que le client ait la garantie de
voyager responsable, l'audit porte également sur la condition TO/agence
réceptive. ATR s'engage à « sélectionner les
prestataires qui ont une approche responsable du tourisme et à s'engager
durablement avec
68 Cf. 2.3 Label ATR : un outil de
différenciation, p.28
52
eux »69. Cela signifie que les
prestataires doivent s'engager au respect des conditions juridiques d'exercice
de leur métier dans leur pays à travers un contrat
TO/réceptif et la vérification de tous leurs documents internes.
Par ailleurs, les conditions de travail (conditions de travail correctes des
employés : salaires minima, prestations sociales et âge des
salariés, et politique de gestion de déchets) sont
vérifiées sur place au cours de l'éductour
70 organisé deux fois par an pour chaque conseiller
destination chez Comptoir des Voyages qui est formé au préalable
sur le label et doit faire un rapport sur le respect des engagements lors de
son retour71. En outre, Comptoir des Voyages s'engage à
employer uniquement la population locale (et non des expatriés) afin de
favoriser l'économie du pays en se basant sur l'un des piliers du label
ATR qui est de « favoriser activement et financièrement le
développement local ». Par ailleurs, Comptoir
sélectionne des prestataires sensibles au tourisme responsable. Afin de
pouvoir veiller au respect de ces conditions, les groupes de visite sont
limités à 15 personnes. Ces critères sont également
contrôlés lors de l'éductour.
Pour mesurer l'efficacité de sa politique responsable
et faire participer ses clients, Comptoir des Voyages met en place un
système de Qualitel c'est-à-dire un questionnaire de
satisfaction sur son voyage72. En moyenne, sur le questionnaire de
satisfaction Qualitel, 85,8% de clients se sont estimés
satisfaits de la politique responsable appliquée à leur
voyage73. Ces Qualitel permettent donc à l'agence de
faire une évaluation régulière des attentes clients en
matière de tourisme
69 Extrait de la formation ATR effectuée en
interne lors de mon stage chez Comptoir des Voyages en juin 2014.
70 « Terme technique utilisé dans le monde du
tourisme. Il s'agit de voyages organisés par les fabricants de voyages
pour tester leurs nouvelles offres. Ils invitent les professionnels du
tourisme, agents de voyages ou tour-opérateurs à venir
découvrir sur quelques jours, gratuitement ou à peu de frais,
leurs nouveaux circuits ou produits afin de mieux les proposer ensuite
aux
clients » Définition extraite du guide de
voyage en ligne Voyagidées
http://www.voyagidees.com/lexique-51/Eductour.html
(consulté le 14/07/2014)
71 Cf. Annexe n°1 Lettre de mission d'Eductour et
annexe n°2 remarques ATR suite d'Eductour, p.100 et 102
72Cf. Annexe n°3 Qualitel FIT, p. 103
73 Calcul issu du questionnaire Qualitel en effectuant
une moyenne du pourcentage de réponses positives
53
responsable et de réajuster son travail chaque
année en fonction des désidératas des clients.
Enfin, l'objectif d'ATR porte également sur la
transparence vis-à-vis de ses clients. Afin que le client puisse mesurer
par lui-même la validité de ce label, il a accès aux avis
clients sur le site internet qui sont régulièrement
renouvelés. De cette manière, il peut mesurer par lui-même
le gage de qualité que revendique Comptoir des Voyages. Sur les avis
publiés entre le 27 juin et le 11 juillet 2014, voici les
résultats des avis clients :
- 45% très satisfaits
- 25% satisfaits
- 3% assez satisfaits
- 25% peu satisfaits
Ces chiffres témoignent également de la
transparence dont fait preuve l'agence car ils ne sont pas
surévalués. En outre, on peut observer que les avis clients
mettent l'accent tout autant sur l'échange et l'interaction culturelle
avec les populations locales, que sur l'expertise du conseiller, en mettant
ainsi le doigt sur les deux éléments phares du tourisme
responsable sur-mesure74.
Par conséquent, nous pouvons tirer une première
conclusion des éléments que nous venons d'analyser : Comptoir des
Voyages, contrairement à ses concurrents, délivre un réel
certificat de qualité.
Cette politique client va même encore plus loin puisque
Comptoir des Voyages a décidé d'ajouter un élément
au tourisme responsable : celui d'être responsable dans son offre
clientèle, c'est-à-dire offrir des voyages accessibles à
tous. D'où sa catégorie de voyages « A tout prix
». Cette gamme de voyages permet également de casser un mythe
souvent associé au tourisme durable dans son ensemble. Les
74 Les avis Comptoir des Voyages sont disponibles sur
cette page :
http://www.comptoir.fr/avis-comptoir-des-voyages-29r.aspx?pageindex=2
(consulté le 05 juillet 2014)
54
touristes associent souvent ce dernier à des voyages
onéreux. Il est vrai, comme nous l'avons vu précédemment
que la priorité est donnée à la qualité du voyage
et non pas à son prix car le tourisme responsable applique une politique
de différenciation par le haut. Néanmoins, Comptoir des Voyages
tente le plus possible d'offrir une gamme de produits responsables accessibles
à une clientèle moins aisée.
Afin d'illustrer nos propos sur le degré de
personnalisation de Comptoir des Voyages, je prendrai un exemple concret :
celui de mon expérience en tant qu'assistante de production chez
Comptoir des Voyages sur la destination Amérique du sud. Mes missions
étaient de gérer les produits web associés à la
destination, c'est-à-dire de les mettre à jour (textes, photos,
titres, etc.) mais également de faire de la veille concurrentielle afin
d'étudier les produits des autres TO sur-mesure. J'ai donc eu l'occasion
de comparer deux produits dits responsables sur la destination Equateur. L'un
proposé par Comptoir des Voyages et l'autre par Marco et Vasco, son
principal concurrent.
2.2 Mon stage chez Comptoir : veille concurrentielle sur
les produits
responsables
Les deux produits concernent la rencontre des
communautés indiennes en Equateur. En effectuant mon analyse, j'ai pu
observer plusieurs éléments de différenciation pour
Comptoir des Voyages:
- Hébergements : la plupart des
hébergements sont proposés en totale
immersion chez l'habitant chez Comptoir des Voyages, notamment
en Amazonie où le client dort dans un hébergement issu du
tourisme solidaire (cabanes construites par la communauté Shuar
d'Amazonie) en vivant dans les mêmes conditions que la
communauté. Chez Marco et Vasco, la plupart des nuits sont
proposées en hôtels standards. Par ailleurs, leur
hébergement en Amazonie contraste quelque peu avec la dimension
responsable du produit. Le client dort, certes, dans un Lodge construit par la
communauté Gareno dont les fonds sont reversés aux
familles luttant contre la déforestation. Néanmoins, les
activités proposées en option au sein du Lodge ne correspondent
absolument pas au mode
55
de vie local. Voici un extrait du produit : « En
option vous aurez le choix entre différents programmes : jacuzzis
individuels, bains à vapeur, sauna finlandais (...) » alors
que Comptoir des voyages propose de vivre selon les mêmes coutumes que
l'habitant : « découvertes et randonnées dans la
forêt primaire et secondaires, connaître les plantes
médicinales, apprendre et préparer des recettes (...)
»
- Activités : si les
hébergements diffèrent pour les deux concurrents, cela se
complique au niveau des activités. Les deux agences
proposent une découverte de la culture locale (participation à un
concours de sarbacane, visite de marchés et d'ateliers artisanaux,
dîner dans une maison de pêcheurs, etc.)
En somme, même si Comptoir des Voyages propose des
hébergements plus en accord avec la culture locale, Marco et Vasco
réussit tout de même à se rapprocher de son concurrent.
Reste un critère majeur de différenciation : le
prix. Au final, Comptoir des voyages propose des hébergements
authentiques et insolites et propose une estimation de prix plus basse de 1 775
euros75.
Face à ces données, une question se pose alors :
pourquoi face à une telle différenciation Marco et Vasco a-t-il
généré un chiffre d'affaire de 30 millions de plus que son
concurrent en 2013 avec une croissance en moyenne de 20% par an ?
Afin d'étudier de manière plus approfondie leur
stratégie de vente, j'ai profité de ma position de stagiaire au
sein de Comptoir des Voyages pour mener une enquête sur ce concurrent
majeur.
75 Prix calculé sur une base de 15 jours pour
chaque produit.
56
2.3 Un déficit de stratégie commerciale, mon
expérience en tant
qu'assistante de production chez Comptoir des
Voyages
Mon travail de veille concurrentielle consistait
également à faire ce que l'on appelle des appels
mystères. L'objectif est de se faire passer pour une cliente lambda
désireuse de faire appel à une agence. Les devis ont
démontré que les deux prestations étaient tout à
fait similaires à un prix plus ou moins égal, intégrant
tout deux des critères de tourisme responsable. Quelle a
été la différence majeure ? La stratégie
commerciale. Alors que Comptoir des Voyages, par son label ATR, se
définit comme une agence de qualité, aux prestations hors des
sentiers battus et authentiques, il m'a été difficile de
différencier ces deux devis et la décision qui m'a fait trancher
a été celle de la qualité du service client chez Marco et
Vasco. Le devis Cuba m'a été envoyé en deux jours contre
cinq pour Comptoir des Voyages avec une relance téléphonique
régulière de la part de Marco et Vasco. En interrogeant mes
collègues à la vente sur différents Comptoirs, les
remarques ont été unanimes : Marco et Vasco est extrêmement
réactif pour l'envoi de ses devis et la relance du client, et par
ailleurs, dispose d'un discours extrêmement personnalisé au
téléphone, que j'ai pu ressentir lors de ma demande sur Cuba.
Ceci peut en partie s'expliquer par une politique d'embauche massive : l'agence
prévoit d'embaucher 80 personnes d'ici la fin de l'année
après 80 recrutements effectués l'année dernière
(en 2013)76. Ceci permet donc une plus grande concrétisation
de devis grâce à une relance téléphonique constante.
En outre, suite à un entretien d'embauche effectué en avril 2013
chez Marco et Vasco, le directeur commercial, Aurélien Chabrol m'a
confirmé que l'agence embauchait majoritairement un personnel issu du
secteur commercial et non touristique afin de miser sur le service
clientèle.
76 FILIATRE Pascale, « Marco et Vasco (ex
Planetveo), champion du recrutement », L'Echo Touristique, 30
avril 2014
http://www.lechotouristique.com/article/marco-et-vasco-ex-planetveo-champion-du-recrutement,64427
(consulté le 14/07/2014)
57
La seconde conclusion que j'en ai tiré en tant que
cliente a été que Comptoir peine à se différencier,
bien que l'agence promeut une image de voyages hors des sentiers battus.
Pourtant, nous avons pu observer un élément
positif lors de notre analyse : la clientèle Comptoir des Voyages est
majoritairement satisfaite77. Aussi, la stratégie de l'agence
ne doit pas s'orienter vers une stratégie de fidélisation mais
plutôt vers une stratégie de différenciation qui lui
permettra, une fois encore, de se démarquer de son concurrent dont
l'avantage concurrentiel se situe au niveau de son service clientèle.
Face à un concurrent aussi agressif sur sa stratégie commerciale,
une question se pose donc : comment rivaliser ?
En étudiant la théorie de l'économiste
Michael Porter, nous avons défini ce qu'était l'avantage
concurrentiel : il s'agit de tout ce qui permet à une entreprise de
surpasser ses concurrents, c'est-à-dire de détenir un avantage
que ses concurrents ne possèdent pas. Comptoir des Voyages a donc
décidé d'élargir sa stratégie commerciale pour des
clients bien spécifiques : la clientèle à mobilité
réduite. L'agence est aujourd'hui le seul TO de France à offrir
des voyages accessibles.
3. La personnalisation au plus haut degré chez
Comptoir : les voyages
accessibles
3.1 Qu'est-ce que le tourisme accessible ?
Il faut noter que les voyages accessibles ne sont pas
directement associés à la définition de tourisme
responsable ni au label ATR. Pourquoi cela ? Car il s'agit d'un type de voyage
relativement nouveau qui n'est pas encore très familier pour les acteurs
du tourisme. Par ailleurs, la définition classique du tourisme
77 Se référer aux Avis clients Comptoir
p.53
58
responsable le décrit comme un type de tourisme
où les prestataires touristiques ainsi que les touristes doivent
appliquer au tourisme les principes du développement durable. En
règle générale, les acteurs touristiques pratiquent cette
logique au niveau des populations d'accueil de la destination visitée en
contribuant à son développement économique, social et en
veillant au respect du milieu naturel. Or, examinons de plus près la
définition du volet social du développement durable: elle stipule
qu'intégrer un volet social à sa politique consiste à
« satisfaire les besoins humains et répondre à un
objectif d'équité sociale, en favorisant la participation de tous
les groupes sociaux sur les questions de santé, logement, consommation,
éducation, emploi, culture... »78
Ainsi, intégrer toute catégorie de population
signifie rendre son marché le plus accessible possible. D'où
l'idée novatrice de créer un marché pour personnes
handicapées. Il est difficile de définir le terme « handicap
» car il est assez large. Il concerne les personnes :
- Ayant des problèmes de mobilité,
d'agilité, de vision, d'audition ou de déficience mentale ;
- Ayant besoin d'une aide technique pour se déplacer
(fauteuil roulant, canne, chien...) ;
- Qui sont atteintes d'une malformation physique
(obésité, nanisme...) ;
- Qui ont des malades handicapantes, des troubles de
santé invalidants (cardiaque, asthme, diabète...).
Mais le handicap peut également être temporaire
comme par exemple pour des personnes accidentées avec des
béquilles, femmes enceintes, adultes avec enfants et poussettes. Enfin,
on parle également de handicap pour les personnes seniors qui ont des
difficultés à se déplacer et des problèmes de
santé (en France une personne sur deux aura plus de 50 ans en 2050).
78 Définition extraite du site 3.0, «
Qu'est-ce que le DD » ?
http://www.3-0.fr/doc-dd/qu-est-ce-que-le-dd/les-3-piliers-du-developpement-durable#La%20dimension%20sociale
(consulté le 14/07/2014)
59
En somme, en prenant en compte les caractéristiques que
nous venons d'évoquer, 22 millions de personnes souffrent de
déficiences en France (soit environ 15% de la population), ce qui
représente un marché conséquent. Comptoir des Voyages a
décidé de se placer sur ce marché en réduisant
toutefois le champ de sa cible. Les voyages proposés concernent
uniquement les personnes victimes d'un handicap moteur. Néanmoins, comme
nous avons pu l'observer, ce handicap concerne une large catégorie de
personnes (personnes en fauteuil, femmes enceintes, seniors, etc.). En quoi
est-ce un marché porteur ? Selon l'OMS, environ 15% de la population
mondiale, soit un milliard d'habitant vit avec des
incapacités79. En Europe, il concerne 27% de la population et
pourrait dégager 83 milliards d'euros par an80. Selon le
Bureau International du Tourisme social « Il s'agit incontestablement
d'un potentiel intéressant et d'un marché qui est en croissance
à raison de quelque 9% par an !». C'est donc à la fois
pour deux raisons que Comptoir des Voyages décide de s'ouvrir au
tourisme accessible :
- pour une raison éthique car le tourisme accessible
était jusqu'ici seulement proposé dans un cadre associatif, et la
personne handicapée devait obligatoirement payer un
bénévole accompagnant, ce qui signifiait un voyage onéreux
donc réservé à une certaine catégorie sociale et
aucune autonomie. C'est pourquoi l'un des cinq adages du tourisme accessible
chez Comptoir des Voyages est d' « être responsable et autonome
», c'est-à-dire que le client handicapé est l'acteur de
son projet et qu'il reçoit l'assistance qu'il choisit de recevoir et non
une assistance imposée. Le tourisme sur-mesure permet ainsi de
customiser le voyage selon le profil de la clientèle à
mobilité réduite
- Pour une raison lucrative : comme le démontrent les
chiffres (croissance de 9% par an), il s'agit d'un marché en croissance
et qui, pour l'instant, n'a pas encore de promoteur en France au sein des TO
hormis Comptoir des Voyages.
79 Source : OMS, décembre 2012, information
extraite lors de la formation interne au tourisme accessible dans le cadre de
mon stage chez Comptoir des Voyage le 26 juin 2014.
80 Source : European Network for Accessible
Tourism, information extraite de la formation tourisme accessible le 26
juin 2014.
60
3.2 Les voyages accessibles chez Comptoir
3.2.1 Marie-Odile VINCENT, responsable des voyages
accessibles
Marie-Odile VINCENT est responsable des voyages accessibles
chez Comptoir des Voyages et participe à la création de voyages
pour handicapés depuis plus de 6 ans (chez Comptoir des voyages). Elle
est elle-même tétraplégique81 et travaille dans
ce secteur depuis 2004. Elle a d'abord créé avec des
professionnels du tourisme un département « Voyagez Aussi
» au sein d'une agence de voyage parisienne dans le XVème
arrondissement qui accueille la clientèle handicapée parmi ses
autres clients et propose des voyages en individuel82. L'agence ne
propose plus aujourd'hui ce type de voyages car, selon Marie-Odile VINCENT, les
conseillers n'étaient pas assez spécialisés dans le
domaine (pour proposer cette catégorie).
La même année, elle crée
Cap'Ability, association loi 1901 dont elle est présidente et
qui a pour mission de sensibiliser les opérateurs du tourisme en leur
proposant de les accompagner dans la mise en oeuvre d'une offre catalogue de
produits et services touristiques adaptés aux besoins de la
clientèle handicapée. Néanmoins, jusqu'en 2008, aucune
agence n'était officiellement spécialisée dans les voyages
accessibles. C'est pour cette raison qu'elle décide de faire appel aux
grands TO de France et se lance à la rencontre du Groupe Voyageurs du
Monde, qui, labellisé ATR depuis peu, accepte le défi et lui
propose un poste chez Comptoir des Voyages.
Elle est présente chez Comptoir une fois par semaine.
Ainsi, afin que les conseillers voyages soient opérationnels sur les
voyages accessibles, elle s'inscrit dans une logique de transmission des
savoirs, qui fait d'ailleurs partie des valeurs clés d'un
développement durable. Elle les forme à toutes les
caractéristiques du
81 Les personnes tétraplégiques sont
handicapées de tous les membres. On les distingue des
paraplégiques qui sont eux handicapés plus ou moins des deux
membres inférieurs.
82 Cf. Annexe n°4 Interview de Marie-Odile,
extrait des documents internes de l'agence Comptoir des Voyages, p.105. Site de
l'agence Voyagez aussi à cette adresse :
http://www.voyagezaussi.com
61
voyage accessible, et notamment sur les questions à
poser au client83 (taille du fauteuil, type de handicap,
degré d'autonomie, etc.). Par ailleurs, comme nous l'avons vu
précédemment, lors de chaque éductour, un
reporting du conseiller doit être effectué84, ce
qui concerne également les voyages accessibles. L'idée est de
pouvoir offrir un produit complètement sur-mesure à sa
clientèle. En d'autres termes, il s'agit de pouvoir s'adapter
parfaitement au handicap du client et à ses envies, grâce à
des conseillers spécialisés dans le domaine, ayant au
préalable vérifié tous les critères
d'accessibilité sur place et, à défaut de ne pouvoir le
faire, ayant été formés par Marie-Odile ou un
conseiller.
Au-delà d'offrir des produits adaptés à
la clientèle handicapée, le tourisme accessible poursuit
également un autre objectif crucial du tourisme responsable: contribuer
au développement économique des populations d'accueil. Dans le
document rapportant un voyage effectué au Brésil dans la
région du Mato Grosso par Marie-Odile, la participation des
locaux est clairement décrite:
« Après 2 vols très matinaux Rio - Sao
Paulo, Sao Paulo - Campo Grande, où à l'aéroport nous
accueille chaleureusement notre nouvelle équipe de choc : Elias, notre
chauffeur, Rogério, notre guide, Alva, mon assistante et Alfonso, notre
traducteur, fier de nous faire savoir qu'il fait partie des très rares
guides qui parlent français de ce côté du Brésil
».
Grâce à la mobilisation de la population locale,
des activités que l'on pourrait imaginer uniquement
réservées à une clientèle mobile, sont
proposées comme nous pouvons le constater dans le reporting de
Marie-Odile :
« C'est en fauteuil électrique que j'arrive au
bord de la rivière par un chemin carrossable et c'est aussi là
que je prends vraiment conscience de la mobilisation de mes hôtes. Tout a
été pensé et préparé avec minutie.
Rogério me propose d'essayer l'équipement qu'il a imaginé
tout en m'expliquant comment cela va se passer : Une bouée a
été gonflée à l'intérieur d'une
extrémité du canoë afin d'assurer ma stabilité
pendant la descente de la rivière et des rapides. (...) La
première descente de rapide se fait dans l'encadrement le plus doux :
Rogério
83 Cf. Annexe n°5 Mémo accueil client
handicapé, p.109
84 Cf. Définition de l'eductour p.52
62
s'installe derrière moi encadrant de ses jambes mon
dos. Mais c'est seule que je vais appréhender les trois autres en
m'allongeant le plus possible, en m'agrippant au cordage et sans fermer les
yeux pour la dernière s'il vous plaît ! Devant moi Alfonso se
tient prêt à m'attraper par le collet de mon gilet de sauvetage
afin de me sortir la tête hors de l'eau immédiatement au cas
où je manifesterai une panique quelconque. »
Face à un tel degré de personnalisation, une
question se pose: quel est concrètement l'impact du tourisme responsable
et en particulier du tourisme accessible sur la notoriété et les
ventes de Comptoir des Voyages ? Jusqu'à ce jour, aucune enquête
n'a été menée sur l'impact réel auprès des
clients. Par ailleurs, il n'y a pas d'avis clients dédiés
spécifiquement aux voyages accessibles sur le site internet. Il est donc
difficile de les identifier parmi les milliers d'avis publiés pour
chaque voyage. Le seul indicateur de succès que nous pouvons relever est
l'augmentation croissante du chiffre d'affaires de l'agence depuis l'adoption
de son label ATR en 2010 : on passe d'un chiffre d'affaires de 22 millions
d'euros en 200685 à 29 millions en 2009 pour atteindre les 41
millions en 201386. Néanmoins, il s'agit, à ce jour,
de l'unique indicateur de résultat en termes de tourisme responsable
chez Comptoir des Voyages. En « creusant » un peu plus loin, on
observe que la communication responsable est peu mise en avant par Comptoir des
Voyages et, de manière plus globale, que la population française
est peu informée sur le sujet.
4. Une différenciation affaiblie par un marketing
peu existant
Selon une étude de marché sur le tourisme
responsable auprès des français par l'institut Harris
Interactive: « Plus de huit français sur dix (84%)
déclarent avoir déjà entendu parler d'au moins un des
termes attachés au tourisme
85 CAPESTAN Alain, « Comptoir des Voyages »
L'Echo Touristique, 31 août 2013
http://www.lechotouristique.com/article/comptoir-des-voyages,56486
(consulté le 17/07/2014)
86 Information extraite du site financier
verif.com
http://www.verif.com/bilans-gratuits/COMPTOIR-DES-VOYAGES-341006310/
(consulté le 17/07/2014)
63
responsable (...). Toutefois, les Français
indiquent ne pas toujours très bien voir ce que recouvrent ces termes
».87 Pourtant, près d'un français sur cinq
déclare avoir fait au moins un voyage responsable et même 15%
plusieurs. Ils disent être partis « à la
découverte des cultures, avoir été respectueux de
l'environnement et avoir consommé des produits locaux ». A
noter que 90% des Français déclarent de manière
générale être attentifs à respecter l'environnement
et la vie des populations locales lorsqu'ils voyagent. Néanmoins, 64%
des français considèrent qu'il est difficile de trouver des
informations pour organiser un voyage responsable. On peut d'ailleurs ajouter
que les informations concernant le tourisme accessible sont assez faibles
puisque Comptoir des Voyages est aujourd'hui le seul tour-opérateur
sur-mesure à proposer cette catégorie de voyages.
En outre, les chiffres actuels illustrent cette situation : le
Groupe Voyageurs du Monde (dont tous les membres sont labellisés ATR)
est le sixième groupe de France en termes de chiffre d'affaires mais le
27ème au niveau du classement des TO par
notoriété88 ! On peut ainsi se demander quelle en est
la raison, en particulier pour le TO Comptoir des Voyages dont l'objectif
même est de se démarquer de ses concurrents par sa
stratégie responsable.
4.1 Label ATR : un manque de communication
D'après le directeur d'ATR, l'association est
décevante d'un point de vue communicatif89 . ATR ne
réussit pour l'instant pas à communiquer efficacement sur la
marque. L'image ci-après est une impression d'écran de la page
d'accueil de Comptoir des voyages.
87 Etude TNS Sofres/
Voyages-sncf.com "Les
Français et le tourisme responsable", Quelle est l'évolution
de la perception du tourisme responsable en France ?, op.cit p.19
88 Cf. Annexe n°6 Classement des TO par
notoriété et Annexe n°7 Classement des TO par chiffre
d'affaires, p. 115 et 116
89 Cf. Annexe n°8 Interview de Julien BUOT,
directeur ATR, p.119.
![](Le-rle-du-tourisme-responsable-dans-une-prestation-touristique-sur-mesure14.png)
64
Figure 11 : Page d'accueil Comptoir des Voyages.
Source : site
comptoir.fr, 2014
Comme nous pouvons le constater, le label n'apparait qu'en bas
de page, peu visible pour le client.
En ce qui concerne les différents styles de voyage que
l'on peut observer ci-après, il n'existe pas de rubrique responsable
à part entière, mis à part la catégorie «
voyages accessibles ». Aussi, pourquoi Comptoir des Voyages dont
l'objectif est de se démarquer de ses concurrents ne met-il pas en place
de stratégie de communication responsable?
![](Le-rle-du-tourisme-responsable-dans-une-prestation-touristique-sur-mesure15.png)
65
Figure 12 : Page d'accueil Comptoir des
Voyages. Source : site
comptoir.fr, 2014
Selon Julien BUOT, directeur d'ATR le manque de
notoriété des opérateurs de tourisme responsable vient
essentiellement d'un déficit de marketing:
« ATR est destiné aux professionnels du
tourisme et il a été créé dans le but de montrer
aux entreprises en quoi le tourisme responsable peut être un outil
rentable, et également leur montrer comment il est possible de
communiquer sur ce thème grâce à des outils marketing
efficaces ». Or, d'après le directeur, ATR ne s'est jamais
donné réellement les moyens de se faire connaître et n'a
donc jamais eu de réelle stratégie marketing auprès des
tour-opérateurs tels que Comptoir des Voyages. Cela peut s'expliquer par
diverses raisons selon lui :
- un personnel très limité : un seul
bénévole chargé du marketing qui n'est aujourd'hui plus
membre de l'Association
- des moyens budgétaires limités
- une certification beaucoup trop contraignante: ATR s'est «
recroquevillé »
sur son outil de certification. Le règlement
intérieur stipule que l'objet principal de l'association est la
certification des entreprises. Or, le coeur de métier d'ATR est le
tourisme responsable. « C'est cette raison qui a fait que l'on a vu
ATR passer de 25 à 10 membres. Les membres ont ressenti cette
certification comme trop contraignante et c'est de cette réputation dont
dispose ATR »90.
Face à ces propos, j'ai posé la question
suivante au directeur d'ATR : « Que préconisez-vous pour
améliorer vos outils de communication auprès des professionnels
du tourisme et donc auprès des voyageurs ? »
90 Cf. Annexe n°8, Interview Julien Buot,
directeur d'ATR, p.119.
66
Selon Julien BUOT, le premier élément à
modifier est la politique de certification. Elle est aujourd'hui trop
élitiste c'est-à-dire qu'elle ne vise qu'une clientèle
connaisseuse du tourisme responsable. Par exemple, Comptoir des Voyages
proposait déjà des produits authentiques et respectueux de
l'environnement avant de se faire certifier car l'agence s'est toujours
distinguée par ses produits de qualité, hors des sentiers battus.
Or, le directeur d'ATR explique que pour que le tourisme responsable continue
son ascension et gagne en notoriété, il est important qu'il soit
accessible à tous types d'opérateurs.
5. Du responsable sur-mesure au responsable de masse
Pour cela il faut d'abord revoir les critères
d'engagement auprès des professionnels. Dans cet objectif, un projet a
été validé lors d'une Assemblée
générale extraordinaire le 20 juin 2014, signé par
l'ensemble des membres de l'association. Le projet consiste à
séparer les membres d'ATR en deux « clubs » différents
afin de démocratiser le label pour un plus grand nombre de
professionnels du tourisme. Le premier serait pour les professionnels
souhaitant obtenir la certification ATR, et le deuxième pour les membres
non-certifiés qui souhaitent tout de même intégrer ATR.
Cela leur permettrait de se déclarer acteurs du tourisme responsable, en
mettant en place différentes actions (voyages responsables, tri des
déchets en interne, sélection de prestataires locaux) mais sans
possession du label. L'idée serait donc de faire participer un nombre
plus important d'acteurs au tourisme responsable sans avoir besoin de passer
par le processus de certification qui peut paraître trop lourd. Pour
rappel, la base de l'audit pour les TO cherchant à se faire certifier
s'effectue sur un référentiel de 25 critères
regroupés en 4 engagements91. Cette réforme
représente donc un changement conséquent puisqu'auparavant les TO
membres de l'association avaient deux ans pour se mettre aux normes du
référentiel, sous peine d'être retirés de
l'association.
91 Cf. 2.3 Label ATR : un outil de
différenciation, p.28
67
Le projet ATR va encore plus loin. Julien BUOT explique qu'il
faut revoir l'intégralité de la pédagogie de l'association
suite à cette réforme : « On ne s'adressera pas de la
même manière à un voyagiste d'aventure qu'à un
opérateur de masse ». Car le but d'ATR, en
démocratisant la marque, est de s'ouvrir à tous types
d'opérateurs incluant les opérateurs de masse. Selon Julien BUOT,
le tourisme responsable ne doit pas s'adresser uniquement à des TO tels
que Comptoir des Voyages qui propose des voyages sur-mesure en individuel. Il
peut très bien s'adresser à des voyagistes de groupe en adaptant
les critères de responsabilité. M. BUOT confirme : « Par
exemple, il est possible d'engager un guide local qui mobilisera le groupe aux
valeurs responsables en leur faisant rencontrer des habitants locaux. Il suffit
simplement de s'adapter et de trouver des moyens différents selon le
type de voyage. » C'est ainsi que des géants du tourisme tels
que Club Med, Vacances Transat ou encore Kuoni s'intéressent à la
certification ATR. Ces potentiels nouveaux arrivants risquent donc de
représenter une menace directe pour des TO tels que Comptoir des
Voyages, Nomade Aventure ou encore Atalante, spécialisés dans le
voyage en individuel et/ou en petit groupe et privilégiant un tourisme
en qualité plutôt qu'en quantité, et n'ayant donc pas la
même stratégie commerciale de masse. En outre, le tourisme
responsable est-il vraiment accessible à tous types d'opérateurs
? A travers cette analyse nous avons étudié le cas de l'agence
Comptoir des Voyages, spécialisée dans le voyage en individuel et
qui propose des produits basés sur un échange interculturel et un
réel souci d'équité (notamment grâce à ses
voyages accessibles). Or, comment adapter ce type de tourisme à un TO
tel que Club Med dont le nom même stipule déjà un isolement
? En effet, la marque de fabrique du TO est de proposer des voyages en clubs,
isolés de la population locale, où le client vit dans sa «
bulle » de loisir. Le seul contact avec l'habitant est celui avec le
personnel de l'établissement. Néanmoins, en reprenant le
graphique représentant les acteurs du tourisme les plus connus des
français92, on observe que Club Med est placé en
première position. Ainsi, on suppose que sa labellisation ne fera
qu'augmenter sa notoriété et renforcer son gage de qualité
auprès des
92 Cf. Annexe n°7 Classement des TO par
notoriété, p.124.
68
français, représentant par conséquent un
réel danger pour des TO tels que Comptoir qui en font leur
stratégie principale.
5.1 Tourisme de masse responsable : un marché
controversé
L'ambition de l'association ATR est d'atteindre « 50
membres dont 20 certifiées en 2016, pesant 500 000 clients et un chiffre
d'affaire global de 750 M6, contre 205 000 voyageurs et un CA de 357 M6 en 2013
»93. Cette déclaration suppose donc une
transformation du tourisme responsable. L'analyse que nous avons
effectuée jusqu'ici présentait le tourisme responsable comme un
marché de niche, développé par un petit nombre
d'opérateurs désirant le valoriser comme un élément
de différenciation. Nous avons également vu que Comptoir des
Voyages disposait d'un net avantage concurrentiel car il était l'un des
rares opérateurs du sur-mesure à développer une offre
responsable labellisée. Pourtant, les actualités récentes
nous montrent que la donne est en train de changer puisque le
tour-opérateur sur-mesure Asia pourrait bien être labellisé
à son tour94. Or, lors de notre analyse nous avions
stipulé que Asia était un tour-opérateur qui se
distinguait peu du tourisme de masse95 en offrant des produits
à la carte standardisés avec une faible politique
responsable96. Un article de l'Echo Touristique constate la
difficulté qu'aurait un opérateur sur-mesure comme Asia à
se faire labelliser. Selon le journaliste : « Asia, comme la plupart
des voyagistes français, n'a pas de politique globale en matière
de développement durable, pas d'objectifs précis, pas de
comité chargé de coordonner les différents services, pas
de reporting et ne fournit pas d'informations sur ses pratiques alors que la
transparence et la sensibilisation des voyageurs sont des
éléments indispensables dans une démarche responsable
»97.
93 JALADIS Stéphane, « Tourisme
responsable : ATR fait les yeux doux au SETO », Tour Hebdo, 28
mars 2014
http://www.tourhebdo.com/actualites/detail/74383/tourisme-responsable-atr-fait-les-yeux-doux-aux-to-du-seto.html
(consulté le 04/08/2014)
94 Ibid.
95 Cf. 3.1 Les débuts du tourisme
sur-mesure : le voyage à la carte et la « mass customisation,
p.35
96 Cf. 2.1 Les méthodes de
différenciation : labellisation ATR, une personnalisation
efficace?, p.49
97 BUGNOT Fabrice, « Vers un tourisme (enfin)
responsable ? », L'Echo Touristique, 04 avril 2014
69
Il en est de même pour le voyagiste Transat France.
Certes, le voyagiste est depuis 2008 engagé dans une politique de
développement durable intégrée avec un comité
représentatif et une certification Travelife. Néanmoins,
contrairement à ATR, Travelife est un programme de premier plan
en matière de formation, de gestion et de certification pour les
entreprises touristiques souhaitant s'engager sur le chemin de la
durabilité. Il s'agit en réalité d'une certification
beaucoup plus focalisé sur le management durable de l'entreprise que sur
la destination proposée par le voyagiste. Le PDG de Transat France
confirme : «Nous avons choisi la certification Travelife, car elle
était plus adaptée à nos activités et à
notre besoin d'accompagnement. Sur nos pratiques, en interne, nous avons
beaucoup avancé. Le grand défi, c'est tout ce qui concerne les
destinations avec les hôtels, les réceptifs, les excursions...
Cela prend beaucoup de temps »98. A noter que Vacances
Transat souhaite être certifié d'ici 2015. Comment effectuer un
aussi gros travail au niveau des hôtels, réceptifs et des
excursions en si peu de temps ? Cela ne témoigne-t-il pas du manque de
sérieux de cette nouvelle certification ? Sans oublier les 450 000
clients du voyagiste qu'il faudra sensibiliser.
Par conséquent on peut raisonnablement se demander si
entrainer des entreprises de cette taille dans une telle politique n'est pas
contraire aux principes éthiques du tourisme responsable. On peut
même se demander si le tourisme responsable n'est pas en train de prendre
la direction des grands tour-opérateurs, plus soucieux de faire du
bénéfice sous une couverture responsable que d'instaurer un
réel cadre durable. Il nous est d'ores et déjà possible de
formuler une hypothèse par rapport à ce questionnement : comme
mentionné précédemment, ATR envisage d'assouplir les
conditions d'entrée au sein de l'association, son projet étant
d'intégrer 50 nouveaux membres, dont seulement 20 certifiés soit
presque la moitié. Que signifiera alors réellement être
acteur du tourisme responsable sans obtenir la certification ? Serait-ce
simplement afficher le label sans réellement y participer ?
http://www.lechotouristique.com/article/vers-un-tourisme-enfin-responsable,63603
(consulté le
04/08/14) 98 Ibid.
70
Le projet de nouveau référentiel ATR vient
confirmer ces doutes quant à l'avenir du tourisme responsable : Julien
BUOT précise bien « qu'il ne s'agit pas d'atténuer les
critères pour attirer les « gros » mais de les adapter
»99. Pourtant, si la certification actuelle prévoit
des groupes d'un maximum de 15 personnes pour favoriser les contacts avec la
population locale et réduire les impacts sur les destinations
visitées, le nouveau référentiel pourrait élargir
les groupes à 40 personnes. Cette politique est bien loin de celle de
Comptoir des Voyages, spécialisé dans les voyages en individuel
afin de préserver au maximum la zone visitée. Peut-on
créer un réel échange avec un groupe aussi nombreux ? Par
ailleurs, L'Echo Touristique soulève également une
question importante : «Si deux voyagistes programment le même
pays et que l'un respecte le critère de 40 personnes et l'autre celui de
15, il y aura bien une certification à deux vitesses. Reste à
savoir où placer le curseur. Faut-il une certification exigeante qui
garantisse au client le meilleur niveau de responsabilité ? Ou une
certification plus souple qui permette au plus grand nombre d'entreprises de
s'impliquer ? »100. Deux évolutions sont possibles
face à ce renouveau du tourisme responsable : soit on aboutit à
une image décrédibilisée des voyagistes responsables, en
contradiction avec les valeurs du développement durable, soit, au
contraire, on s'oriente vers un succès auprès d'un plus large
public.
Il subsiste une différence majeure entre les
tour-opérateurs de masse et ceux du sur-mesure en individuel tels que
Comptoir des Voyages : leur stratégie de communication. Nous avions
évoqué le fait que Comptoir des Voyages promouvait peu sa
politique responsable et ne mettait pas en avant ses avantages
concurrentiels101. Or, ça n'est pas le cas des TO comme
Vacances Transat, Club Med ou encore Kuoni qui savent se marqueter sur
le marché du tourisme grâce à leurs investissements
conséquents auprès d'agences de communication.
99 BUGNOT Fabrice, « Vers un tourisme (enfin)
responsable ? », L'Echo Touristique, op.cit. p.69
100 Ibid.
101 Cf. 4. Une différenciation affaiblie par un
marketing peu existant, p.63
71
5.2 Une stratégie de communication en «
béton armé »
Le voyagiste Vacances Transat est un bel exemple de ce type
d'investissement. En février 2013, le TO a choisi l'agence de
communication La Rue pour sa nouvelle campagne de marque
destinée à réaffirmer son positionnement de
spécialiste du circuit. L'objectif était de faire le
buzz avec une campagne publicitaire insolite jouant la carte de l'humour
en se basant à la fois sur un symbole connu par tous les français
(place de la Concorde) en le mélangeant avec des cultures exotiques
(Masais, Indiens d'Amérique du nord et d'Inde, conducteurs de rickshaw,
etc.). La campagne a été affichée dans les couloirs du
métro parisien ainsi que dans divers magazines de presse grand public et
professionnelle (20 minutes, A/R magazine, Elle, Géo, etc.)
afin de viser un large panel de clients. De ce fait, une telle stratégie
de communication laisse présumer que le voyagiste fera appel à
des investissements similaires s'il devient un membre d'ATR.
Le groupe Kuoni quant à lui, se positionne
déjà sur une politique marketing responsable comme sur la
publicité insérée en annexe102. Les images
choisies sont au plus près de la nature et l'on y voit également
des cultures traditionnelles afin de transmettre un message clef basé
sur l'échange entre les cultures.
Face à ces campagnes publicitaires, on peut alors se
demander : le devenir du tourisme responsable repose-t-il uniquement sur une
stratégie de communication ? Comment trouver le juste milieu entre
marketing et greenwashing103 ?
Seul l'avenir peut nous dire l'efficacité de la
certification ATR chez ces gros tour-opérateurs.
Néanmoins, il nous est possible de formuler des
recommandations sur l'état actuel du tourisme responsable. Avant de
vouloir s'attaquer à des gros tour-opérateurs afin de
développer la marque ATR, peut-être faudrait-il faire des
recommandations de fond sur l'efficacité du label en lui-même. Mon
expérience
102 Cf. annexe n°10 publicité Kuoni, p.125
103 Le greenwashing, appelé également
écoblanchiement, est une pratique commerciale qui consiste
à utiliser des arguments issus du développement durable, souvent
trompeurs, pour vendre des produits qui en réalité ne
s'inscrivent pas dans une démarche durable.
72
en tant que stagiaire chez Comptoir des voyages me permet
également d'avoir une vision interne du tourisme responsable
appliqué en entreprise.
III. Tourisme sur-mesure responsable, quels axes
d'amélioration ?
1. Changer son image
1.1 Un tourisme plus accessible
L'Echo Touristique nous résume par cette image
l'état actuel du tourisme responsable104 :
![](Le-rle-du-tourisme-responsable-dans-une-prestation-touristique-sur-mesure16.png)
Figure 13 : L'image des français sur le
tourisme responsable. Source : L'Echo touristique, 2014
Il en résulte que 71% des touristes trouvent l'offre
responsable trop onéreuse. Lors de notre analyse, nous avons
expliqué que le tourisme responsable ainsi que le tourisme sur-mesure
focalisaient leur stratégie sur une offre qualitative et non
104 BUGNOT Fabrice, « Vers un tourisme (enfin) responsable ?
», L'Echo Touristique, op.cit. p.69
73
quantitative, d'où l'impossibilité de
réaliser des économies d'échelle et donc de proposer des
voyages à très bas prix comme le font les opérateurs de
masse105. Néanmoins, certains opérateurs tels que
Comptoir des Voyages tentent d'élargir leur offre pour une
clientèle moins aisée, notamment à travers leur gamme de
voyage « A tout prix » car le rôle du sur-mesure est de
s'adapter à tout type de clientèle106. Ainsi,
serait-il peut-être judicieux que les opérateurs du tourisme
responsable développent des offres de ce type afin de cibler une gamme
plus large de clientèle mais également de casser un cliché
qui subsiste : celui d'associer le tourisme responsable à une offre
forcément très onéreuse. Selon Eleanor Peek, fondatrice de
la startup française de tourisme durable greenspot.me (en cours
de lancement): « les acteurs du tourisme entendent lutter contre les
idées reçues, notamment le fait que le tourisme responsable est
plus cher »107.
Comment se traduirait concrètement cette nouvelle gamme
de voyages ? Chez Comptoir des Voyages, une grande partie des offres « A
tout prix » concernent des destinations moins lointaines,
généralement en Europe car les frais aériens sont moins
importants, ce qui permet de proposer des voyages à plus bas prix. De
plus, Comptoir propose également au client partir en « autotour
» c'est-à-dire que le client voyage en liberté, sans
prestations incluses venant gonfler le prix du voyage. Enfin, les
hébergements proposés seront majoritairement des
hébergements de charme type B&B, moins onéreux mais
permettant au client d'être en immersion avec la population locale.
Néanmoins, comme nous avons pu le constater, il
n'existe pas de catégorie de voyages responsables à part
entière chez Comptoir des Voyages108. On pourrait alors
imaginer la catégorie suivante : « le voyage responsable à
tout prix » qui serait élaboré avec le chargé de
communication de l'association ATR. Cette
105 Cf. 3. Tourisme sur-mesure et tourisme responsable : une
stratégie de différenciation par le haut, p. 33
106 Cf. 2.1 Les méthodes de différenciation
: labellisation ATR, une personnalisation efficace ?, p. 49
107 DE VOLONTAT Bertrand, « Le tourisme responsable n'est
pas encore assez glamour », 20 minutes, 23 avril 2013
http://www.20minutes.fr/economie/1141955-20130421-tourisme-responsable-assez-glamour
(consulté le 18/08/2014)
108 Cf. 4.1 Label ATR : un manque de communication,
p.63
74
nouvelle gamme de voyages permettrait de changer l'image d'un
tourisme peu accessible.
On pourrait même envisager la possibilité
d'ouvrir la destination française chez Comptoir des Voyages et chez
d'autres tour-opérateurs sur-mesure et responsables. Proposer des
voyages en France permettrait de réduire considérablement le prix
du séjour et de valoriser également le patrimoine local. Par
exemple, ces voyages pourraient proposer la thématique du terroir
français en mettant à l'honneur la gastronomie ou encore le
patrimoine naturel d'une zone, en particulier dans des régions
aujourd'hui délaissées par le tourisme. En effet, l'objectif
primordial du tourisme responsable est bien d'aider au développement de
la région visitée. Le rôle du conseiller sur-mesure serait
alors d'adapter la région en fonction du profil du client et de ses
affinités (nature, gastronomie, histoire...).
Afin de pouvoir développer ce type d'offre, il faudrait
tout d'abord prendre en considération un frein majeur qui subsiste chez
les opérateurs de tourisme responsable : le manque de visibilité.
Selon le schéma présenté par l'Echo Touristique, une
grande majorité de français connaissent le tourisme responsable
(84%) mais 62%, soit plus de la moitié de la population, manquent
d'informations. De plus, 43% trouvent l'offre peu crédible et 71% la
trouvent trop onéreuse. C'est l'une des raisons pour lesquelles les
ventes de voyages responsables pèsent pour l'instant peu sur le
marché touristique et représentent aujourd'hui moins de 5% du
secteur109.
1.2 Une meilleure visibilité
2 Il semble que ce schéma résume bien l'analyse
que nous avons menée jusque-là : nous avons
démontré à travers différentes études que le
tourisme responsable était un marché qui correspondait aux
valeurs actuelles et qu'il était en croissance depuis quelques
années, atteignant 15% de la population française ayant
déjà
109 DE VOLONTAT Bertrand, « Le tourisme responsable n'est
pas encore assez glamour », op.cit. p.73
75
voyagé responsable. Néanmoins, nous avons
également pu observer que le manque de stratégie de communication
empêchait ce marché de se développer de manière
efficace et, comme nous l'indique le schéma de L'Echo
Touristique, conduit à une incompréhension de l'offre. En
somme, ce qui caractérise aujourd'hui le tourisme responsable est le
manque de visibilité. Cela concerne aussi bien le tourisme responsable
que le tourisme sur-mesure. En effet, avant de mettre avant le
développement du tourisme sur-mesure responsable, il faudrait s'attarder
sur le terme de sur-mesure qui suscite encore aujourd'hui des doutes quant
à sa signification.
2.1.1 Redéfinir le sur-mesure
Au cours de ce stage, j'ai pu observer qu'une bonne partie de
la clientèle et des agences réceptives n'était pas
familière avec le concept du sur-mesure. Les circuits et voyages
organisés sont des produits qui aujourd'hui dominent encore le
marché français et étranger. De ce fait, il est difficile
d'expliquer à la clientèle B2B et/ou B2C la nature des voyages
proposés. L'objectif de Comptoir des Voyages est aujourd'hui de pouvoir
expliquer ce qu'est le tourisme sur-mesure avec deux ou trois mots-clés,
de façon à se rendre visible pour une clientèle qui
n'effectue ses recherches quasiment que par internet. Lors de la
dernière réunion d'information chez Comptoir des Voyages qui
s'est déroulé en juin 2014, le PDG de Comptoir des voyages,
Loïc MINVIEILLE, a redéfini les objectifs de l'entreprise quant au
concept du sur-mesure : « Il faut arriver à dire la nature des
voyages que l'on propose de façon simple. Aujourd'hui on doit donner
beaucoup de qualificatifs pour dire ce que l'on fait réellement. (...)
Nous voulons avoir une démarche rapide qui fait comprendre le tourisme
sur-mesure en deux mots pour que l'on nous trouve plus facilement ».
On peut supposer que c'est l'une des raisons pour lesquelles le tourisme
sur-mesure reste aujourd'hui un tourisme de niche car il correspond à
une offre très spécifique. Le concept de « customisation
» du voyage reste relativement nouveau et pas tout à fait
ancré dans le secteur touristique.
76
Mr MINVIEILLE a ajouté que cette évolution du
sur-mesure devait passer par un changement de communication. En visitant la
page d'accueil du site internet de Comptoir des Voyages, on s'aperçoit
qu'aucune rubrique n'est dédiée spécifiquement au
sur-mesure ni à l'identité même de l'entreprise. En
visitant la page de Marco et Vasco, une rubrique « Qui sommes-nous ?»
est visible depuis la page d'accueil. Elle présente des sous-rubriques
qui introduisent l'entreprise (« Présentation de Marco et Vasco
», « Marco et Vasco dans la presse »...)110. Dans cet
esprit, on pourrait imaginer une rubrique similaire sur le site internet de
Comptoir en ajoutant une partie « Qu'est-ce que le sur-mesure chez
Comptoir ? ». Une fois le concept du sur-mesure expliqué, on
pourrait alors ajouter une rubrique « Qu'est-ce que le sur-mesure
responsable chez Comptoir » ? Cela serait alors l'occasion pour l'agence
de développer sa politique de différenciation en
développant une communication responsable qui, comme nous l'avons vu,
est encore peu exploitée111.
Cela nous amène à la question suivante : quels
axes de développement peut-on préconiser pour développer
le tourisme sur-mesure responsable ?
2. Communiquer sur-mesure et responsable
Lors de notre interview avec Julien BUOT, le directeur d'ATR a
formulé plusieurs recommandations quant à la visibilité du
tourisme responsable112. Selon lui, il subsiste un problème
de pédagogie chez ATR ce qui rend l'offre responsable peu
compréhensible aux yeux des clients. C'est pourquoi Julien BUOT
préconise une modification de la charte éthique de l'association.
Pourquoi cela ? La condition primordiale pour être certifié est de
diffuser la charte éthique d'ATR auprès de ses clients. Or, cette
charte est « assez longue et fastidieuse » et dissuade donc la
clientèle de la lire et de comprendre les enjeux du tourisme
110 Accessible à cette adresse :
http://www.marcovasco.fr/qui-sommes-nous/presentation-de-marco-vasco.html
(consulté le 23/08/2014)
111 Cf. 4.1 Label ATR, un manque de communication,
p.63.
112 Cf. Annexe n°8 Interview Julien Buot, Directeur ATR
depuis mars 2014, p.119.
77
responsable. Le directeur d'ATR serait donc en faveur de
meilleurs outils pédagogiques qui permettraient aux professionnels de
mieux comprendre les enjeux du tourisme responsable et de les transmettre plus
efficacement à leur client. A noter que cette charte éthique est
diffusée sur le site de tous les tour-opérateurs membres d'ATR, y
compris Comptoir des Voyages.
Nous avons pu constater lors de notre analyse que la
stratégie communicationnelle des opérateurs responsables
était relativement faible. Mise à part la page Facebook et
Twitter du label, il n'y a pas d'autres actions marketing susceptibles de faire
connaître la marque et une seule personne bénévole se
charge de la communication de l'association. Aussi, au-delà d'une
simplification de la charte éthique ATR, il serait peut-être
judicieux, notamment pour les opérateurs du tourisme sur-mesure, de
mettre en avant leurs offres responsables par diverses actions de
communication. Par exemple au sein d'enseignes susceptibles de promouvoir ce
type de produits et ciblant un large panel de population.
2. 1 Des méthodes pédagogiques :
l'élaboration d'un jeu-concours
Pourquoi ne pas établir un partenariat avec une grande
enseigne à l'image de Nomade Aventure qui sponsorise une émission
sur France 5 (Echappées Belles)113, ou encore Terres
d'Aventure, sponsor d'un grand évènement sportif annuel: le
marathon des sables ? On pourrait à notre tour imaginer un partenariat
entre Comptoir des Voyages et une grande enseigne telle que Starbucks, sensible
aux enjeux du commerce équitable et qui pourrait donc potentiellement
commercialiser une marque issue du tourisme responsable. En effet,
d'après le label international de commerce équitable «
il s'agit du plus gros acheteur de café issu du commerce
équitable au monde »114. La marque s'engage
à des
113 Cf. Annexe n°11 Nomade Aventure sponsorise
l'émission Echappées belles, sur France 5, p.125.
114 « Starbucks : un café humain, chaleureux et
équitable », article extrait du site internet de Max Havelaar
France, 28 mai 2013
http://www.maxhavelaarfrance.org/actualites/actualites/a-la-une/249-starbucks-un-cafe-humain-chaleureux-et-equitable.html
(consulté le 10/08/2014)
78
rémunérations pour ses producteurs au-dessus de
la moyenne nationale en achetant le café 20 à 30% au-dessus du
prix du marché. Par ailleurs, l'enseigne est en contact direct avec les
producteurs afin de réduire les intermédiaires. Enfin, Starbucks
opère une politique de totale transparence en achetant son café
directement auprès des coopératives afin de savoir où va
l'argent.
C'est pour ces raisons là que mon choix s'est
porté sur Starbucks car il s'agit, d'une part, d'une marque dont les
valeurs correspondent tout à fait à celles du tourisme
responsable que nous avons pu analyser jusqu'à présent et,
d'autre part, c'est une marque de renommée internationale qui attire un
très large panel de clients. Néanmoins une question se pose:
comment promouvoir un concept tel que le tourisme responsable qui n'est
majoritairement pas compris? A noter qu'une bonne partie de la clientèle
Starbucks n'est absolument pas familière avec l'origine de ses produits
et ne s'y rend que pour la notoriété de la marque.
J'ai justement choisi cette enseigne car elle s'adapte tout
à fait au défi que se fixe aujourd'hui les membres d'ATR : une
meilleure visibilité du tourisme responsable ainsi qu'une meilleure
compréhension de ses enjeux. Si nous établissons notre campagne
de communication auprès d'une marque internationale telle que Starbucks,
nous serons dans l'obligation d'utiliser des outils pédagogiques et
simples à comprendre en reprenant ainsi l'idée de Julien BUOT.
Aussi, il faudrait utiliser des outils susceptibles de s'adapter à tout
type de populations en se basant sur des éléments ludiques.
J'ai donc choisi de créer un jeu-concours qui
associerait Starbucks à ATR et Comptoir des Voyages. Ce jeu est
inséré en annexe115. Pour ce faire, je me suis
basée sur un quiz établi en ligne en juin 2009 par
Voyageons-autrement.com,
1er portail d'information sur le tourisme responsable116. Le
jeu permettrait de gagner un voyage responsable proposé par Comptoir des
Voyages que nous avons
115 Cf. Annexe n°09 Jeu-concours Starbucks, p.122.
116 Quiz un voyage responsable - Les réponses aux
questions sur le tourisme durable,
voyageons-autrement.com, 5
juin 2009
http://www.voyageons-autrement.com/quiz-voyage-responsable/tourisme-durable.html
(consulté le 10/08/2014)
79
analysé dans le cadre de ce
mémoire117. Ce jeu prend la forme d'un prospectus de 5 pages.
La première page informe le client sur les produits responsables
proposés par Starbucks afin d'expliquer la corrélation entre
l'enseigne et les opérateurs de tourisme responsable. La deuxième
page informe les joueurs sur le label ATR et l'enjeu du quiz, la
troisième page porte sur le produit à gagner : un voyage en
Equateur au sein des communautés. La quatrième page porte sur le
quiz avec 4 questions posées sur le tourisme équitable. Enfin, la
dernière est une page d'information où les clients pourront
inscrire leurs coordonnées.
Ce jeu concours serait distribué à la
clientèle lors du passage en caisse. Bien évidemment, les
prospectus distribués seraient en papier recyclable compte tenu du grand
nombre de consommateurs Starbucks.
Ce manque de visibilité du tourisme responsable conduit
à un autre constat formulé par Julien BUOT: un produit peu
compréhensible signifie qu'il est peu sécurisé pour les
clients d'autant plus que le tourisme responsable est tout
particulièrement développé dans les pays en voie de
développement, victimes de certains préjugés. C'est
pourquoi il faut trouver divers moyens pour les rassurer.
2. 2 Rassurer le client
Julien BUOT préconise un outil établi par
l'AFNOR : la certification NF Service. Il s'agit d'une marque de certification
concernant les avis en ligne. Elle garantit que les avis des consommateurs ne
seront falsifiés en aucune manière. C'est la première
norme mondiale visant à améliorer le traitement des avis. La
marque NF Service s'adresse à toutes les entreprises qui gèrent
des avis en ligne.
Selon le site de l'AFNOR : « près de 9
français sur 10 consultent les avis de consommateurs sur Internet et 89%
d'entre eux les jugent «utiles» ou «très utiles».
Pourtant un défaut de confiance est manifeste : 3/4 des français
pensent que parmi les avis des consommateurs, certains sont faux
»118. Pour reprendre le
117 Cf. 2.2 Mon stage chez Comptoir : veille concurrentielle
sur les produits responsables (l'Equateur en communautés), p.54
118 Information extraite du site internet de vente de la
certification AFNOR,
boutique-certification.afnor.org
80
cas de Comptoir des Voyages, nous avions pu observer que les
avis clients étaient majoritairement positifs119.
Néanmoins, face à ce constat établi par l'AFNOR, il
faudrait que Comptoir des Voyages établisse un gage de garantie allant
plus loin que sa labellisation ATR. Par ailleurs, nous avions
évoqué le fait que la transparence était un objectif
prioritaire pour la marque ATR120. Ainsi, quoi de mieux qu'un
organisme certifié pour garantir la traçabilité des avis
clients ?
Comment cette marque fonctionne-t-elle ? L'entreprise
cherchant à se faire certifier dépose un dossier de demande de
certification. Suite à cela, l'organisme AFNOR effectue une étude
de recevabilité afin d'examiner la candidature de l'entreprise.
L'organisme de certification effectuera ensuite un audit qui portera sur les
éléments détaillés du référentiel de
certification. Une fois l'audit réalisé, un rapport d'audit sera
établi concernant :
- les points forts
- les pistes de progrès
- les points sensibles
- les non conformités
L'étape finale sera l'évaluation des
résultats et la décision de certification.
Pourquoi préconiser cette certification chez Comptoir
des Voyages ? Au-delà de sa notoriété qui constitue un
gage de qualité, la marque NF est un élément
supplémentaire de différenciation sur un marché de plus en
plus concurrentiel. Nous avons pu observer que Comptoir des Voyages,
malgré sa volonté de se différencier sur le marché
du tourisme, peinait encore à dépasser son concurrent principal :
Marco et Vasco. Ceci lui permettrait donc d'effectuer un pas en avant dans sa
politique de différenciation. A noter que selon une étude de
l'Institut de sondage IPSOS effectué en 2009 « 61% des
personnes achètent en priorité un
http://www.boutique-certification.afnor.org/certification/nf-service-avis-en-ligne
(consulté le 12/08/2014)
119Cf. 2.1 Les méthodes de
différenciation : labellisation ATR, une personnalisation efficace ?,
p.49 120Cf. 3.2 La clientèle senior, p.38
81
produit ou service portant la marque NF et ceci en France
ou à l'international »121.
En somme, cette certification permet de donner une meilleure
visibilité au tourisme responsable en l'associant à une marque
reconnue par les français.
On pourrait toutefois douter de l'entière
efficacité de cette certification. Le tourisme est un produit qui se
divise en deux temps : l'achat du voyage dans un premier temps et sa
consommation dans un temps plus éloigné. Nous avions
évoqué le fait que le tourisme responsable se dirigeait en partie
vers les pays en voie de développement pour aider à leur
développement économique, social et culturel. Ces pays, comme par
exemple l'Egypte, l'Afrique du Sud ou encore la Colombie sont vus comme des
destinations peu sécurisées. Ainsi, la garantie des avis clients
peut être vue comme insuffisante pour une destination instable
politiquement et/ou économiquement. C'est pourquoi ATR a mis en place la
Commission Sécurité. Elle est devenue un référent
dans le domaine du tourisme, au niveau national et européen. Elle
consiste à la mise en place d'actions collectives visant à
informer le client sur la sécurité du pays visité. Voici
quelques-unes des actions mises en place par la Commission :
- Veille permanente (un système d'alerte internet
prévient l'association lors d'un quelconque évènement
susceptible de nuire à la sécurité des touristes)
- Contacts continus dans les destinations avec les
autorités locales et les conseillers d'ambassade de France en charge
de la sécurité
- Relations continues avec le centre de crise du Quai d'Orsay
: échange d'information, dialogues à propos des avis
sécurité.
Néanmoins, un manque de communication persiste au sein
de l'association ATR. En effet, cette commission n'est pas affichée sur
le site internet de l'organisme et le client a donc difficilement accès
à ce type d'information. Aussi, un gage supplémentaire de
qualité pour ATR serait de d'avantage promouvoir cette commission
auprès d'opérateurs tels que Comptoir des Voyages. En effet, en
analysant les concurrents principaux de Comptoir des Voyages en termes de
tourisme responsable, nous nous sommes aperçus que les agences de voyage
sur-
121 Information extraite du site internet de vente de la
certification AFNOR, op.cit. p.80
82
mesure telles que Marco et Vasco ou encore Asia surfaient sur
cette tendance mais sans disposer du label ATR. De ce fait, la mise en avant de
cette commission permettrait à Comptoir des Voyages de démontrer
en quoi son statut d'agence labellisée la distingue de ses
concurrents.
Enfin, Comptoir des Voyages pourrait aller encore plus loin
dans son processus de différenciation par le biais d'ATR : à
l'image de l'un de ses concurrents sur la destination Amérique du Sud,
La Maison des Amériques Latines, Comptoir des Voyages pourrait organiser
des évènements autour de la destination afin de rassurer le
client, mais également de promouvoir le tourisme responsable de
manière originale. Ainsi, pourquoi ne pas organiser des
évènements culturels tels que des expositions, des concerts ou
encore des conférences sur le patrimoine de la destination visité
?
Voici un exemple de ce qui a été fait à
La Maisons des Amériques Latines :
![](Le-rle-du-tourisme-responsable-dans-une-prestation-touristique-sur-mesure17.png)
Figure 14 : Mambeado, portrait d'un jeune
chaman. Source : site
maisondesameriqueslatines.com,
2014.
Il s'agit de la projection d'un documentaire sur un jeune
chaman d'Amazonie colombienne. Par l'organisation de cet
évènement, la Maison des Amériques Latines s'inscrit tout
à fait dans une démarche de tourisme responsable car elle
préconise un échange interculturel en promouvant le patrimoine
d'une région donnée.
83
Selon Julien BUOT, un moyen encore plus innovateur pour casser
les clichés de certains pays en voie de développement victimes de
crises politiques, serait de responsabiliser le consommateur. Le client ne
serait alors plus un simple client passif qui s'en remet aux mains du voyagiste
mais bel et bien un acteur du tourisme responsable, un consom'acteur.
Par exemple, Comptoir des Voyages pourrait proposer des excursions responsables
telles que la rencontre des femmes de la révolution en Egypte. Le fait
qu'il s'agisse d'un tour-opérateur sur-mesure signifie qu'il peut
moduler ses actions responsables selon le degré d'engagement du client.
L'objectif reste celui que nous avons défini initialement: briser les
clichés et les aprioris du tourisme responsable et se
différencier de ses compétiteurs dans un marché où
les acteurs touristiques sont de plus en plus à la recherche de la
« perle » différenciatrice.
84
Conclusion
Cette analyse s'est appuyée sur un certain nombre
d'études et de témoignages qui nous confirment qu'il existe au
sein du secteur touristique des valeurs émergentes: celles de la
personnalisation et de l'interaction avec la population locale grâce
à des conseillers spécialisés sur un panel toujours plus
large de destinations. En outre, il semble que la société
touristique soit aujourd'hui paradoxale: le public est de plus en plus
individualiste, et à la recherche d'une personnalisation plus
importante, mais, dans un même temps, il est de plus en plus ouvert aux
cultures étrangères. Le tourisme sur-mesure, grâce à
une connaissance accrue de la destination, se propose d'accompagner cette
clientèle dans son désir d'effectuer un voyage vraiment unique,
de plus en plus loin des foules.
Néanmoins, il apparait qu'il est de plus en plus
difficile de développer une offre unique dans le cadre d'une
société où l'information se transmet à une vitesse
fulgurante. Ainsi, ce qui est aujourd'hui le domaine d'expertise d'un seul et
unique acteur deviendra celui de centaines d'autres demain. L'objectif de ce
mémoire était donc de montrer en quoi le tourisme responsable
permet aux opérateurs du tourisme sur-mesure de se différencier
le plus longtemps possible sur un marché de niche.
Avons-nous pour autant réussi à démontrer
que le tourisme sur-mesure responsable était un marché porteur
?
D'une part, grâce à la veille concurrentielle
comparant l'entreprise Comptoir des Voyages et ses concurrents principaux, nous
avons réussi à démontrer que le label ATR apportait aux
produits touristiques une réelle valeur ajoutée. Pour rappel, le
tourisme étant un produit binaire, (acheté dans un temps et
consommé dans un second temps plus lointain) le client a besoin
d'être rassuré quant à la fiabilité de son voyage,
d'où l'intérêt d'une labellisation opéré par
un organisme reconnu : l'AFNOR.
85
D'autre part, le conseiller-spécialiste, dans le cadre
du voyage sur-mesure, apporte un gage de qualité supplémentaire:
celui de l'expertise quant à la destination. Gage que n'apporte pas
internet puisque le client réserve son voyage et s'informe par ses
propres moyens.
A partir de ces éléments nous avons donc
formulé l'hypothèse que le tourisme responsable appliqué
au sur-mesure était un marché porteur car il est en phase avec
les attentes actuelles. Pour preuve, les touristes, de retour de voyage,
expriment leur satisfaction sur deux éléments phares du tourisme
sur-mesure responsable : le savoir-faire du conseiller et l'accueil des
populations locales. Ces avis, bien que figés, traduisent les nouvelles
tendances de la consommation: une recherche d'authenticité, de respect
des cultures et des écosystèmes locaux. En somme, le touriste est
de moins en moins un acteur passif en quête de repos et de fuite de son
quotidien laborieux. Il se transforme progressivement en un acteur curieux de
l'autre et de sa culture, pas encore polluée par le tourisme de
masse.
Pourtant, le tourisme responsable ne dépasse pas
aujourd'hui le stade de tourisme de niche et peine à se faire
connaître, notamment à cause d'un manque de communication. Ce
constat pose une question que l'on peut considérer comme cruciale pour
ce secteur : le tourisme responsable réussira-t-il à se
démocratiser sur le marché touristique? Nous avons vu en effet
qu'ATR envisageait d'ouvrir son label à des géants touristiques,
organisateurs de circuits de masse, bien loin d'une prestation sur-mesure en
individuel. La communication est le point fort des gros tour-opérateurs
qui, comme nous l'avons vu, investissent des sommes conséquentes
auprès d'agences de publicité. Ils seraient donc susceptibles de
donner un nouveau visage au tourisme responsable, plus moderne et plus
accessible car associé à de grandes marques. Mais comment
concilier un objectif de quantité à celui de qualité ?
Peut-on réellement faire du tourisme responsable sur un produit
standardisé? En outre, si les tendances actuelles se dirigent vers un
tourisme hors des sentiers battus, n'est-ce pas contradictoire de vouloir
orienter le tourisme responsable vers de gros tour-opérateurs?
On peut alors formuler une seconde hypothèse:
l'efficacité même du tourisme responsable résiderait dans
sa forme, qui est aujourd'hui celle d'un tourisme de
86
niche pratiqué par les tour-opérateurs
sur-mesure en individuel. Pourquoi cela? Si l'objectif du tourisme responsable
est de limiter l'impact environnemental sur la destination visitée et de
privilégier un réel échange interculturel, alors il peut
difficilement s'effectuer dans le cadre d'un circuit standardisé. Car
comment préconiser un échange pour un groupe de 50 personnes qui
dispose d'un temps réduit pour effectuer un maximum d'étapes? En
effet, la qualité de l'échange réside également
dans le temps qu'on y consacre. C'est pourquoi une entreprise telle que
Comptoir des Voyages préconise des étapes de deux jours minimums
afin de prendre le temps de connaître son hôte tout comme dans la
vie quotidienne on prend un certain temps avant de s'adapter à son
milieu.
Cependant, si le tourisme responsable reste à
l'état de tourisme de niche, n'est-ce pas néfaste, in
fine, pour le tourisme dans sa globalité? Un nombre croissant
d'opérateurs touristiques sont présents sur le marché et
les dégâts environnementaux et socioculturels se font de plus en
plus importants. Une autre hypothèse serait alors de trouver un moyen
d'intégrer les géants du tourisme à une démarche
responsable de manière progressive. L'ambition d'ATR est de faire entrer
au sein de l'association de gros tour-opérateurs d'ici 2015.
Néanmoins, il s'agit vraisemblablement d'un délai trop court pour
ces opérateurs qui nécessitent une formation de plus longue
durée car les former au tourisme responsable signifie changer le coeur
même de leur métier.
Un doute persiste cependant: si le tourisme responsable est
applicable à tout type d'opérateurs, est-il pour autant
applicable à tout type de destinations? Nous nous sommes
intéressés dans ce mémoire à l'Amérique du
sud. Il s'agit d'un sous-continent où les possibilités de trouver
de l'authenticité sont nombreuses car les pays sont encore relativement
préservés du tourisme de masse. Mais si l'on prend une
destination plus standardisée comme les Etats-Unis, conquis depuis bien
longtemps par le tourisme de masse, il est alors plus difficile
d'établir un contact avec la population locale. Ainsi, dans la
région ouest-américaine où les autocars touristiques
abondent, une rencontre privilégiée avec les habitants sera
difficile à organiser. Se pose alors une nouvelle problématique:
peut-on appliquer le tourisme responsable à tous les types de
cultures?
87
TABLE DES FIGURES
FIGURE 1 : PYRAMIDE DU TOURISME, BERNARD SCHEOU, 2009 20
FIGURE 2 : BENCHMARKING - TOURISME DE NICHE. SOURCE :
BM&S, 2011 24
FIGURE 3 : PART DES INDIVIDUS AYANT DEJA VOYAGE RESPONSABLE EN
2012.
SOURCE : HARRIS INTERACTIVE, 2012. 26 FIGURE 4 : LE VOYAGE
RESPONSABLE IDEAL. SOURCE : HARRIS INTERACTIVE, 2012
27 FIGURE 5 : FACTEURS D'INFLUENCE DANS LE CHOIX D'UNE
DESTINATION. SOURCE :
PHOCUSWRIGHT, 2011 32 FIGURE 6 : MONTANT DE PATRIMOINE
MOYEN PAR TRANCHE D'AGE. SOURCE :
INSEE, 2013 41 FIGURE 7 : LE NOUVEAU CONTRAT DE BASE DE
L'OFFRE TOURISTIQUE. SOURCE :
DGCIS, 2010. 43
FIGURE 8 : LES 5 FORCES DE PORTER. SOURCE : LE CAFE DE LA
BOURSE, 2012. 46
FIGURE 9: CHARTE DE DEVELOPPEMENT DURABLE DU GROUPE MARCO
VASCO.
SOURCE : SITE INTERNET
MARCOVASCO.FR, 2014. 50
FIGURE 10 : VOYAGES « AUTREMENT ». SOURCE : SITE
INTERNET
ASIA.FR, 2014 51
FIGURE 11 : PAGE D'ACCUEIL COMPTOIR DES VOYAGES. SOURCE :
SITE
COMPTOIR.FR, 2014 64 FIGURE 12 :
PAGE D'ACCUEIL COMPTOIR DES VOYAGES. SOURCE : SITE
COMPTOIR.FR, 2014 65 FIGURE 13 :
L'IMAGE DES FRANÇAIS SUR LE TOURISME RESPONSABLE. SOURCE :
L'ECHO TOURISTIQUE, 2014 72 FIGURE 14 : MAMBEADO, PORTRAIT
D'UN JEUNE CHAMAN. SOURCE : SITE
MAISONDESAMERIQUESLATINES.COM,
2014. 82
TABLE DES TABLEAUX
TABLEAU 1 : TRAITS CARACTERISTIQUES DES VOYAGEURS INDEPENDANTS,
SELON
LEUR MARCHE D'ORIGINE. SOURCE : PHOCUSWRIGHT, 2011 31 TABLEAU
2 : EVOLUTION DE L'AGE MOYEN ET DE L'AGE MEDIAN DE LA
POPULATION FRANÇAISE JUSQU'EN 2014. SOURCE : INSEE, 2013.
40
88
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URL: http://www.comptoir.fr/
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URL :
http://geotourweb.com
Kuoni
URL: http://www.kuoni.fr/
La Maison des Amériques Latines
URL: http://www.maisondesameriqueslatines.com/
La rue
URL: http://www.larue-lagence.com/
Max Havelaar
URL : http://www.maxhavelaarfrance.org/
Ministère de l'écologie, du développement
durable et de l'énergie : URL:
http://www.developpement-durable.gouv.fr/
Verif:
URL: http://www.verif.com/
99
Voyageons-autrement
URL: http://www.voyageons-autrement.com/
Voyagez Aussi :
URL:
http://www.voyagezaussi.com
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ATD)
URL:
https://www.youtube.com/watch?v=Mo97fb_Og4w
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« Nomade Aventure, sponsor d'Echappées Belles tout
cet été, une première ! » URL:
https://www.youtube.com/watch?v=rK3TtCRik3U
(consulté le 26/08/2014)
100
Annexes
Annexe n°1: Lettre de mission d'Eductour
Lettre de mission Voyage de formation
Paris, le 2012
Bonjour,
Vous allez effectuer à partir du *** et jusqu'au *** un
voyage de formation /eductour
en ********* .
Ce voyage est financièrement pris en charge par
Comptoir des Voyages. Pour les frais de repas, un forfait journalier de **
€ par jour est accordé. Nous vous rappelons que tous les frais
professionnels engagés sur place nécessitent un justificatif afin
que nous puissions vous rembourser à votre retour ou justifier du
montant qui vous aura été avancé. Toute dépense
engagée sans justificatif sera donc à votre charge
Comme convenu, s'agissant de co-investissement, ce voyage
s'effectuera en partie sur votre temps personnel et pour partie sur votre temps
de travail (à préciser : nb de jours travaillés / nombre
de jours CP/recup/DIF). N'ayant pas la possibilité de contrôler
vos horaires de travail pendant cette formation, il est entendu qu'une semaine
de formation sur le terrain n'excédera pas votre horaire hebdomadaire
habituel et contractuel (35h/39h).
Il s'agit pour Comptoir des Voyages d'un investissement
important de formation pour développer les ventes de voyages en
*********, formation qui nécessite de la préparation en amont.
Nous vous remercions donc de profiter de votre voyage sur place pour mener
à bien les missions suivantes (à adapter en fonction des
objectifs fixés à chaque eductour) :
- Missions en lien avec votre destination :
Objectifs concernant le parcours : validation de
l'itinéraire, durée des étapes, qualité des
hébergements, transports etc.
Objectifs concernant la BDD : besoin en photographie, mise
à jour fiches produits etc.
Objectifs concernant le réceptif :
échange sur les circuits, les problématiques clients, les tarifs
etc.
- Objectif concernant la photothèque : Prendre
un maximum de photos d'hôtels, paysages, scènes de vie, faune et
flore, pour alimenter la photothèque toujours dans les guidelines
données par l'équipe photothèque et les stocker
après les avoir trié dès votre retour avec une
classification selon les normes demandées par l'équipe
photothèque (sous dossiers par lieu ; hôtels, ...)
- Missions AIR :
Observation/sensibilisation : transmission et
explication de la charte éthique et/ou des livrets du PNUE,
échanges sus nos bonnes pratiques respectives, relevé des
éventuels projets de transfert de compétences ou réflexion
pour la mise en place de produits « responsables »
Contrôle des documents : point sur les documents
manquants avant départ, transmission et signature des documents sur le
terrain
Contrôle des réceptifs sur place :
rendez-vous de préparation en amont avec Xavier, lecture de l'outil
d'audit avant le départ et des fiches pays ou génériques,
rendez-vous avec le prestataire dans ses locaux pour valider qu'il
répond bien aux critères définis dans l'outil d'audit.
Je compte sur vous pour préparer le rapport complet que
vous nous transmettrez dans les meilleurs délais à votre retour
et qui sera utile à toute votre équipe.
Nous comptons sur votre implication avant, pendant et
après le voyage. Nous vous souhaitons de profiter pleinement de cette
formation pour développer de nouvelles connaissances.
101
Directeur de Destination
102
Annexe n°2 : Remarques ATR Suite Eductour
Comptoir
|
Destinatio
n
|
Eductour Concerné
|
Lieux
|
Commentaires ATR
|
Actions à venir
|
Amérique du Sud
|
Brésil
|
Arianne Cochois / Juin 2009
|
Hôtels
|
Arianne constate qu'en moyenne 1 hôtel sur 2 pratique le
tri sélectif et dispose de clé coupe-circuits pour chaque
chambre.
De plus, le site du Pain de Sucre et la ville de Santa
Thérésa sont des lieux "écolos".
|
Sensibiliser l'autre moitié des hôtels sur les
possibilités de tri sélectif.
|
Amérique du Sud
|
Brésil
|
Arianne Cochois / Juin 2009
|
Bahia/Pelourinh o
|
Le quartier est certes coloré
et de caractère mais rempli d'enfants de 10 ans,
livrés à eux-mêmes, fumant du krach, faisant les poubelles
et alpaguant les touristes pour quelques reales.
|
Prévenir les clients de la situation du quartier.
|
Amérique du Sud
|
Argentine
|
Christelle Goncalves / Mars 2009
|
Punta tombo
|
Christelle constate que sur ce site il peut y avoir
énormément de voitures pendant la haute saison. Ce qui pour un
endroit naturel, protégé avec des pingouins n'est pas très
ATR.
|
Se renseigner s'il existe des bus qui amènent plusieurs
touristes en même temps et proposer une alternative à nos
clients.
|
Annexe n° 3 Qualitel FIT
VOS HÉBERGEMENTS
NOM DE L'HÉBERGEMENT
|
Très satisfait
|
Satisfait
|
Peu satisfait
|
e Votre impression générale
|
|
|
|
T La qualité de l'accueil et des services
|
|
|
|
a La qualité et la propreté de la chambre
|
|
|
|
e La qualité des repas
|
|
|
|
a La situation de l'hébergement
|
|
|
|
& L'accessibilité de votre chambre
|
|
|
|
& L'accessibilité de la salie de bains
|
|
|
|
Pas du tout satisfait
q
103
NOM DE L'HËBERGEMEHT
Très satisfait Satisfait Peu satisfait Pas du tout
satisfait
€t Votre impression générale
e La qualité de l'accueil et des services
T La qualité et la propreté de la chambre
a La qualité des repas
€ La situation de l'hébergement
& L'accessibilité de votre chambre
& L'accessibilité de la salle de bains
VOS OBSERVATIONS:
|
q 1101
|
|
q 1101
|
NOM DE L'HEBERBEMENT :
Très satisfait Satisfait Peu satisfait Pas du tout
satisfait
a Votre impression générale
€t La qualité de l'accueil et des services
et La qualité et la propreté de la chambre
t La qualité des repas
5 La situation de l'hébergement
& L'accessibilité de votre chambre
& L'accessibilité de la salie de bains
VOS OBSERVATIONS:
NOM DE L'HÉBERGEMENT
Trés satisfait Satisfait Peu satisfait Pas du tout
satisfait
e Votre impression générale
a La qualité de l'accueil et des services
a La qualité et la propreté de la chambre
e La qualité des repas
a La situation de l'hébergement
& L'accessibilité de votre chambre
& L'accessibilité de la salie de bains
VOS OBSERVATIONS
![](Le-rle-du-tourisme-responsable-dans-une-prestation-touristique-sur-mesure19.png)
104
![](Le-rle-du-tourisme-responsable-dans-une-prestation-touristique-sur-mesure20.png)
105
Annexe n°4 Interview de Marie-Odile, juin 2011
|
Mais qu'est-ce qui fait voyager de par le monde Marie-Odile
Vincent, jeune femme à la quarantaine pétillante, alors que
tétraplégique elle ne se déplace qu'au moyen de son
fauteuil roulant électrique ?!
|
Proverbe tibétain
Une volonté hors du commun ? Une revanche sur la vie ?
« Avant tout, je suis portée par un appétit
de vie irrésistible où explorer tous ses possibles, sans
être guidée par la peur, est mon credo. J'ai très jeune
appris, comme une question de survie, que si ce n'était pas moi qui
allais à la rencontre des autres, ce n'était pas les autres qui
viendraient spontanément vers moi car la notion même de handicap
est troublante voire perturbante dans l'inconscient de chacun. Clairvoyante sur
le fait que nous ne laissons personne indifférent et bien que
certainement timide, j'ai développé mon arme de charme, cette
faculté que j'ai d'être immédiatement dans la relation
à l'autre. C'est ce qui me pousse à toujours vouloir franchir mes
limites au-delà de nos frontières pour découvrir de
nouveaux horizons. Découvrir le site de Palmyre en Syrie sur le dos d'un
chameau alors que je n'ai aucun équilibre, faire de la plongée
dans l'océan indien au Kenya alors que ma capacité respiratoire
est plutôt petite, autant de moments magiques au cours desquels j'ai
donné ma confiance sans retenue à ceux qui m'offraient
l'opportunité heureuse de partager avec eux ces expériences
inoubliables »
Mais comment faites-vous pour voyager, prendre l'avion,
trouver un hôtel accessible, accepter de perdre en quelque sorte tout cet
espace d'autonomie que vous avez certainement déjà eu du mal
à construire au quotidien dans une société si lente
à bouger ?
« Très paradoxalement, me mettre en danger, de
façon mesurée bien entendu, me charge d'une adrénaline
telle, que j'en oublie les déconvenues sans pour autant les accepter. Du
fauteuil cassé en 2 à l'arrivée ou de son oubli
d'embarquement, des 10 heures de vol sans pouvoir aller aux toilettes, otage
d'un siège classe éco qui me brise les reins, de cet hôtel
mentionné comme accessible sur le catalogue de tel tour-opérateur
et qui lorsque j'arrive sur place a 4 marches à franchir avant
d'atteindre ladite chambre accessible, que d'anecdotes périlleuses
parfois à la limite du supportable, et qui n'ont pourtant pas
entamé mon réel plaisir de voyager. Bien au contraire, j'ai une
féroce envie de faire bouger ces univers normatifs où au nom de
ma sécurité d'admirables hommes valident et décident
à ma place de ce qui est bon ou mauvais pour mon confort (sic), pour ma
mobilité sans jamais daigner me consulter au préalable, sans
jamais ouvrir le moindre interstice de dialogue.
Renoncer à voyager, jamais ! Alors avancer, prendre ses
responsabilités, créer ce dialogue entre des univers qui doivent
apprendre à se parler. Et être avant tout une citoyenne du monde
puisque le handicap n'a pas de frontière, être un acteur actif qui
s'engage dans une démarche humaine, économique et solidaire
où le progrès s'allie durablement avec la qualité.
»
Sur le terrain, vous êtes-vous concrètement
engagée dans des actions ? Lesquelles ?
A l'été 2004, j'ai créé avec des
professionnels du tourisme
![](Le-rle-du-tourisme-responsable-dans-une-prestation-touristique-sur-mesure22.png)
106
(
http://www.voyagezaussi.com),
un département au sein d'une
107
agence de voyages sur Paris dans le XVème arrondissement,
qui accueille la clientèle handicapée 122comme ses
autres clients dont l'objectif est de :
> Favoriser les voyages individuels et étudier toute
demande ;
> Accueillir et garantir une information minimale descriptive
du degré d'accessibilité de la prestation ;
> Mettre en oeuvre une chaîne de services
spécifiques : transports, assistance à la vie quotidienne, etc.
;
![](Le-rle-du-tourisme-responsable-dans-une-prestation-touristique-sur-mesure23.png)
> Ne pas majorer le coût des voyages en raison du
handicap.
La même année, je créé (
http://www.cap-ability.com),
association loi 1901 dont je suis présidente, qui a pour
mission de :
> Sensibiliser les opérateurs du tourisme en leur
proposant de les accompagner dans la mise en oeuvre d'une véritable
offre catalogue de produits et services touristiques adaptés aux besoins
de la clientèle handicapée ;
> Favoriser la communication autour des expériences
réussies et des projets en cours de réalisation, acte primordial
d'amélioration continue dans un monde en perpétuelle
évolution.
Sortir de sa confidentialité et de son
exclusivité l'information touristique accessible, diffuser et
communiquer plus largement les initiatives existantes et souvent
isolées, rallier et fédérer la volonté des
professionnels motivés, briser les tabous en accompagnant la
connaissance et les retours d'expérience réussis, c'est, bien
évidemment, s'inscrire dans une démarche de Tourisme Durable.
122 En Europe, le nombre de personnes
handicapées aptes physiquement et économiquement à voyager
est évalué à 50 millions. En France,
selon les derniers chiffres communiqués par l'AFIT, 22 millions
de personnes font état d'une déficience. 48%
des personnes handicapées voyageraient plus souvent et
62% plus loin si elles trouvaient des installations
accessibles. « Il s'agit incontestablement d'un
potentiel intéressant et d'un marché qui est en croissance
à raison de quelque 9% par an I » selon le Bureau
International du Tourisme Social
108
Convaincue que le handicap est vecteur d'échanges
durables, je souhaite que ma démarche s'inscrive dans une relation
durable des touristes handicapés avec les communautés locales.
Un dernier mot .....
Quand une société traduit la différence
comme un handicap souvent insurmontable, elle révèle sa
difficulté à s'ouvrir à chacun de ses membres et à
accorder à chacun la place qui lui revient dans un ensemble harmonieux.
A l'inverse, quand elle considère que chacun est unique et riche de ses
particularités, elle choisit un chemin plus exigeant mais aussi plus
rassembleur qui consiste à placer tous les artisans de l'action publique
devant la nécessité d'apporter à chacun les moyens de
vivre pleinement sa différence.
Annexe n°5 Memo accueil client
handicapé
![](Le-rle-du-tourisme-responsable-dans-une-prestation-touristique-sur-mesure24.png)
La clientèle handicapée à laquelle nous
nous adressons est tout d'abord une clientèle au handicap moteur
Les troubles de la motricité peuvent signifier une
atteinte partielle ou totale de la mobilité et parfois des troubles de
la communication qui se traduisent par des difficultés à
contrôler ses gestes ou à s'exprimer mais sans altérer pour
autant les capacités intellectuelles.
Les personnes handicapées moteur peuvent être en
fauteuil roulant (manuel ou électrique), se déplacer
difficilement, éventuellement avec une canne ou des béquilles.
L'information sur l'accessibilité de nos produits
touristiques doit être précise, fiable et objective. Elle doit
permettre à la personne handicapée de juger si elle pourra
voyager de façon autonome ou si elle aura besoin d'aide pour
l'accompagner sur place.
Aussi l'objectif de ce mémo est de vous aider à
poser à votre client handicapé les bonnes questions sans
obstacle. L'aider à exprimer ses besoins matériels c'est mettre
en adéquation son souhait de voyager avec ses impératifs.
Mieux vous connaître pour mieux vous
accueillir
VOUS ETES
109
Paraplégique (= paralysie des membres
inférieurs)
110
Tétraplégique (= paralysie des membres
inférieurs et supérieurs)
En fauteuil roulant manuel
En fauteuil roulant électrique123
Un homme handicapé
Une femme handicapée 124
Seul(e)
Accompagné(e)
Coutumier des voyages hors groupe125
Accompagnée par une personne 126qui vous
aidera au cours de votre voyage
![](Le-rle-du-tourisme-responsable-dans-une-prestation-touristique-sur-mesure25.png)
127
Fauteuil manuel
Poids (kg) Largeur128 (cm) Longueur (cm) Hauteur
(cm)
123 Recommandez toujours au client handicapé qui voyage
avec un fauteuil électrique d'emporter un fauteuil manuel (éviter
les pannes sur place, faciliter le portage pour certaines excursions). Les
passagers handicaps ont le droit de voyager sur les Cies aériennes avec
2 fauteuils sans surcharge de poids.
124 Attention certaines questions intimes (sondes urinaires)
requièrent parfois un dialogue (désamorçage) entre
femmes...
125 Il est important ici de déceler les pratiques du
voyageur handicapé pour lui proposer le produit le mieux
adapté.
126 Définir ici en fonction de l'âge de la personne
qui accompagne, du poids du voyageur handicapé si la personne est
présente autant pour les actes de la vie quotidienne que pour
l'accompagnement extérieur pour les excursions.
127 Informations indispensables pour le transport
aérien et à fournir aux compagnies 48heures avant le
départ qui les transmettent au gestionnaire d'aéroport pour
assistance.
128 La largeur du fauteuil ici recensée est un
élément important pour les portes des chambres et des salles de
bain.
![](Le-rle-du-tourisme-responsable-dans-une-prestation-touristique-sur-mesure26.png)
![](Le-rle-du-tourisme-responsable-dans-une-prestation-touristique-sur-mesure27.png)
Dimensions Pliant U Non pliant U
U Fauteuil électrique
Poids (kg) Largeur (cm) Longueur (cm)
..
Hauteur (cm)
....
Dimensions
Batteries sèches 129Oui U Non U
111
U
|
Vous tenir debout (sans faire quelques pas)
|
U
U
U U U
|
Vous soulevez et vous transférer seul(e) d'un
siège à l'autre (ex : monter/descendre d'un
véhicule)
Vous mettre debout et faire quelques pas (ex :
monter/descendre d'un véhicule, se mettre debout pour passer dans une
salle de bain aux dimensions trop étroites pour le passage du fauteuil
roulant. Ici il suffit de plier le fauteuil pour le passer dans l'encadrement
de la porte puis de le déplier à l'intérieur de la salle
de bain)
Manoeuvrer seul votre fauteuil
Monter et descendre seul(e) quelques marches
Conduire une voiture de location sans équipement
spécifique
|
129 Attention: seules les batteries sèches sont
autorisées dans les avions.
![](Le-rle-du-tourisme-responsable-dans-une-prestation-touristique-sur-mesure28.png)
En fauteuil uniquement avec aide pour vous
pousser
En fauteuil uniquement sans aide pour vous
pousser
Debout accroché au bras de
quelqu'un
Debout avec des cannes
Debout sur une courte distance
Debout pour monter quelques marches
En marchant lentement
![](Le-rle-du-tourisme-responsable-dans-une-prestation-touristique-sur-mesure29.png)
Vous pouvez vous mettre debout et effectuer quelques
pas
Vous pouvez effectuer seul vos transferts pour
monter/descendre de la voiture par exemple
Vous acceptez d'être porté130 par
un tiers (ex : pour monter/descendre du véhicule)
Vous préférez une baignoire Vous
préférez une douche
Vous préférez vous asseoir sur un
siège pendant les transferts
|
u u u u u u u
u u
u
u u u
112
130 Toujours inviter votre client à exprimer comment il
faut le porter, les bons gestes étant le gage d'un service
adéquat tant pour lui que pour celui qui propose son aide.
113
u
|
Vous préférez rester assis sur votre
fauteuil électrique pendant les trajets
|
u u
|
Vous préférez les excursions en 1/2
journée
Vous utilisez votre fauteuil manuel de façon
occasionnelle (ex : à l'extérieur pour les longues
promenades/distances, les terrains irréguliers, etc.)
|
![](Le-rle-du-tourisme-responsable-dans-une-prestation-touristique-sur-mesure30.png)
u u u
u u
u
Perdre ses repères quand on sort de chez soi est une
évidence quand on est handicapé. Mais savoir faire la part des
choses pour ne retenir que l'essentiel demande parfois plus d'efforts et votre
accompagnement.
Accéder seul(e) à la salle de bain
131avec votre fauteuil.
Que le lit soit à la hauteur de l'assise de votre
fauteuil
Faire vos transferts fauteuil/WC d'une certaine manière.
Pouvez-vous nous décrire votre besoin ?
.............................................................................................
L'élément d'accessibilité sur lequel vous ne pouvez faire
de
concession
Quel est l'élément accessible le + important pour
la réussite de votre voyage en termes de :
d'hébergement - de transport -
d'assistance personnalisée -
d'excursion
Que nous vous recommandions un transport adapté pour
votre
131 Ici donc bien revalider les dimensions du fauteuil.
114
|
déplacement domicile-aéroport-domicile ?
|
|
Autre (à préciser) :
...........................................................................................
|
115
Annexe n° 6 : Classement des TO par
notoriété
![](Le-rle-du-tourisme-responsable-dans-une-prestation-touristique-sur-mesure31.png)
116
Annexe n° 7 : Classement des TO par chiffre
d'affaire
Voyagistes
|
Rang 2012 (e n CA)
|
CA 2012 (en M €)
|
RN 2012 (en M €)
|
Nomb re de client s 2012
|
Variati on CA 2012/20 11
(en %)
|
Rentab ilité 2012 (en %)
|
Effectif moyen
2012
|
Forfait moyen 2012 (en €)
|
Groupe Club
|
1
2
3
4
5
6
7
NC
NC
8
|
1515
1419
1072 521 502,9 455,5 285,7 252,8 239,4 212
|
2
-27
-39 -50 -9,7 -35,05 6,1 -0,1 -8,1 4,65
|
126800
0
750000
0
140000
0
NC
467475
447
566
92805 199021 249768 NC
|
3,7
-3
-5
-12
2
3,1
3 6 -1 18
|
0,13
-1,9
-3,64 -9,6 NC -7,7 2,14 -0,04 -3,38 2,19
|
12827
7465
1376 1283 321 3700 649 149 158 NC
|
NC
602
764 NC NC NC 3078 1788 1032 NC
|
Méditerranée
|
(1) Pierre &
|
Vacances
|
|
|
(1)
|
Thomas Cook
|
France(4)
|
Transat
|
France
|
Groupe Fram
|
(5)
Groupe
|
Voyageurs (6)
|
Vacances
|
Transat
|
Look
|
Voyages
|
Odalys
|
Vacances
|
|
117
Voyagistes
|
Rang 2012 (e n CA)
|
CA 2012 (en M €)
|
RN 2012 (en M €)
|
Nomb re de client s 2012
|
Variati on CA 2012/20 11
(en %)
|
Rentab ilité 2012 (en %)
|
Effectif moyen
2012
|
Forfait moyen 2012 (en €)
|
Kuoni France
|
9
|
185,5
|
-4,8
|
NC
|
-8
|
-2,59
|
355
|
NC
|
(7)
|
Belambra
|
10
|
145,4
|
NC
|
500000
|
1
|
ND
|
2500
|
NC
|
Clubs
|
|
|
|
|
|
|
|
|
NG Travel (8)
|
11
|
140
|
2,5
|
134000
|
5
|
1,79
|
128
|
1045
|
CroisiEurope/
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Alsace
|
12
|
126
|
NC
|
197146
|
3
|
ND
|
1064
|
850
|
Croisières
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Lagrange
|
13
|
109,7
|
NC
|
658000
|
0
|
ND
|
NC
|
624
|
Vacances
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Groupe
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Verdié
|
14
|
104,4
|
2,15
|
149350
|
3
|
2,06
|
275
|
358
|
Voyages
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Travel Europe
|
15
|
101
|
NC
|
179465
|
-8
|
ND
|
171
|
NC
|
Exotismes
|
16
|
100,66
|
1,64
|
74921
|
9
|
1,63
|
48
|
1344
|
Salaün
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Evasion (9)
|
17
|
94,4
|
2,8
|
67648
|
-1
|
2,97
|
55
|
1476
|
Vacances
|
18
|
86,7
|
-0,72
|
191237
|
3
|
-0,83
|
900
|
572
|
Bleues
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Compagnie
|
20
|
85
|
NC
|
20000
|
6
|
ND
|
580
|
4000
|
du Ponant
|
|
118
Voyagistes
|
Rang 2012 (e n CA)
|
CA 2012 (en M €)
|
RN 2012 (en M €)
|
Nomb re de client s 2012
|
Variati on CA 2012/20 11
(en %)
|
Rentab ilité 2012 (en %)
|
Effectif moyen
2012
|
Forfait moyen 2012 (en €)
|
Donatello
|
21
|
81,9
|
-2,96
|
NC
|
ND
|
-3,61
|
166
|
NC
|
VVF Villages
|
22
|
81
|
-0,62
|
400000
|
2
|
-0,77
|
1000
|
750
|
Vacances
|
23
|
76,4
|
NC
|
86975
|
-19
|
ND
|
88
|
920
|
Héliades
|
Thalasso N°1
|
24
|
72
|
1
|
175000
|
29
|
1,39
|
46
|
NC
|
|
119
Annexe n° 8 Interview Julien BUOT, Directeur ATR
depuis mars 2014.
Que pensez-vous des retombées diverses du
tourisme responsable ces dernières années et tout
particulièrement depuis la création d'ATR ?
JB- Décevant. ATR a été
créé au départ sur un projet marketing. L'idée
était de se différencier de l'ATES, dont l'idée est de
faire du tourisme équitable et solidaire un outil pédagogique. On
peut considérer l'ATES comme des professionnels du tourisme travaillant
comme un laboratoire de recherche dont le but est d'aider le secteur associatif
du tourisme solidaire à promouvoir leurs activités ainsi que
d'aider la population locale sur divers pays.
En revanche, ATR est destiné aux professionnels du
tourisme et il a été créé dans le but de montrer
aux entreprises en quoi le tourisme responsable peut être un outil
rentable et également leur montrer comment il est possible de
communiquer sur ce thème grâce à des outils marketing
efficaces.
Néanmoins, je considère ce projet aujourd'hui
comme décevant d'un point de vue communicatif. ATR ne réussit pas
pour l'instant à communiquer efficacement sur la marque et n'a jamais
vraiment eu les moyens de la faire connaitre. Cela peut s'expliquer par
diverses raisons :
- Un personnel très limité: un seul
bénévole chargé du marketing qui n'est
aujourd'hui plus membre de l'Association
- Des moyens budgétaires limités
- Des informations contradictoires sur le coeur de métier
d'ATR: ATR s'est
« recroquevillé » sur son outil de
certification. Le règlement intérieur stipule que l'objet
principal de l'entreprise c'est bien la certification des entreprises. Or le
coeur de métier d'ATR c'est bien le tourisme responsable. C'est cette
raison qui a fait que l'on a vu ATR passer de 25 à 10 membres. Les
membres ont vu cette certification comme trop contraignante et de c'est cette
réputation dont dispose
ATR.
120
Que préconisez-vous pour améliorer vos
outils de communication auprès des professionnels du tourisme et donc
auprès des voyageurs ?
JB - Plusieurs choses: Je reviens sur ce thème de la
certification. Il est important de viser tout type de public et pas seulement
de s'adresser à une clientèle connaisseuse du tourisme
responsable. L'idée est de promouvoir le tourisme responsable pour tous.
Pour cela il faut d'abord revoir nos critères d'engagement auprès
des professionnels.
Nous pensons scinder notre entreprise en deux: garder la
marque ATR pour les professionnels souhaitant obtenir la certification ATR et
un club avec des membres non certifiés qui souhaitent tout de même
intégrer ATR. Une assemblée générale sera
prévue fin mai et fin juin pour valider ce projet.
Bien évidemment pour pouvoir viser un public large il
faut également revoir notre pédagogie. On ne s'adressera pas de
la même manière à un voyagiste d'aventure qu'à un
opérateur dit, de masse. Il ne faut pas penser en termes de
cliché du tourisme responsable. Un voyagiste qui propose des voyages de
groupe peut tout à fait entrer dans le cadre du tourisme responsable. On
peut très bien engager un guide local qui mobilisera le groupe aux
valeurs responsables en leur faisant rencontrer des habitants locaux par
exemple. Il suffit simplement de s'adapter et de trouver des moyens
différents selon le type de voyage. Je ne pense pas qu'il faille se
fermer à un seul type d'opérateur. Je le répète
encore une fois, l'objectif d'ATR est de mobiliser TOUS les acteurs du
tourisme.
En ce qui concerne les opérateurs
intéressés par la certification ATR, des discussions sont bien
avancées avec Club Med, Transat et Kuoni. D'autres grands voyagistes se
posent également la question mais ça n'est qu'à
l'état de réflexion.
Un autre élément pour donner plus de
visibilité à ATR est de modifier notre charte éthique. Il
faut savoir que la condition primordiale pour être certifié est de
diffuser la charte éthique. Elle est assez longue et assez fastidieuse.
En parallèle à cette modification, il faudrait également
trouver d'autres types d'outils pédagogiques qui permettraient non
seulement aux professionnels du tourisme de comprendre
121
mieux les enjeux du tourisme responsable mais de les
transmettre mieux à leurs clients.
Par ailleurs ATR a mis en place une Commission
Sécurité que vous pourrez consulter dans le dossier de presse
2014. En effet, je pense surtout qu'il faut rassurer le client. Les clients
sont souvent suspicieux quant au thème du tourisme responsable : 84% des
français disent vouloir effectuer un voyage responsable mais peu d'entre
eux savent réellement ce que c'est. Il faut donc trouver le moyen de les
rassurer en les informant par divers moyens :
Il y a un outil qui s'est déjà
avéré efficace : l'AFNOR certification « Avis en ligne
» qui garantit que les avis des consommateurs ne sont falsifiés en
aucune manière que ce soit. Cela passe par divers critères telles
que les règles de collecte, ainsi que le fait de n'effectuer aucune
sélection dans les consommateurs pouvant déposer un avis. Cette
certification garantie donc la validité des avis consommateurs et permet
de changer la vision cliché du tourisme responsable
(vétusté, désorganisation, etc.).
Un autre moyen de rassurer le client est de l'inviter à
participer à des évènements tels que la 8ème
journée mondiale du tourisme responsable mais aussi développer la
communication sur les réseaux sociaux : ATR est présent sur
Facebook.
Enfin, il est important de créer un outil de
communication qui permette de responsabiliser le consommateur. Il faut savoir
que quand un client se dirige vers une agence de voyage, il est passif et s'en
remet aux mains du voyagiste. Aussi, il faut que le tourisme responsable fasse
partie du produit pour sensibiliser la clientèle la plus passive. Par
exemple, Voyageurs du Monde pourrait proposer des excursions responsables
telles que la rencontre des femmes de la révolution en Tunisie. Le
client reste passif car le produit vient à lui et non l'inverse mais il
devient ainsi un acteur du tourisme responsable. On peut envisager ce type de
stratégie pour tous types de voyagistes en tenant compte bien
évidemment de leur plus ou moins grande sensibilisation au sujet. Cela
peut toucher des éléments qui peuvent paraitre minimes mais qui
contribuent à l'économie locale (que Club Med propose des fruits
et légumes uniquement du pays par exemple).
122
Annexe n° 09 Jeu-concours Starbucks
![](Le-rle-du-tourisme-responsable-dans-une-prestation-touristique-sur-mesure32.png)
123
![](Le-rle-du-tourisme-responsable-dans-une-prestation-touristique-sur-mesure33.png)
![](Le-rle-du-tourisme-responsable-dans-une-prestation-touristique-sur-mesure34.png)
124
![](Le-rle-du-tourisme-responsable-dans-une-prestation-touristique-sur-mesure35.png)
125
Annexe n° 10 publicité Kuoni (Extrait d'un
film publicitaire)
![](Le-rle-du-tourisme-responsable-dans-une-prestation-touristique-sur-mesure36.png)
Annexe n°11 Nomade Aventure sponsorise
l'émission Echappées belles, sur France 5 (Extrait d'un film
publicitaire)
![](Le-rle-du-tourisme-responsable-dans-une-prestation-touristique-sur-mesure37.png)
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