REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO
ENSEIGNEMENT SUPERIEUR, UNIVERSITAIRE ET RECHERCHE
SCIENTIFIQUE
INSTITUT SUPERIEUR, TECHNIQUE, COMMERCIAL ET
ECONOMIQUE
ISTCE/BUKAVU
B.P. 235BUKAVU
L'INTEGRATION DES BATWA AU KIVU COMME MOYEN DE
LUTTER CONTRE LA DISCRIMINATION ET LA PAUVRETE.
CAS DES BATWA BABULUKO DE
WALIKALE.
Par:AKILIMALI KITWANDA
Dieudonné
Directeur : Jean Marie
BANTUMémoire présenté et défendu en vue de
Master en aménagement et gestion l'obtention du
diplôme de licencié en
Intégré des forêts et territoires
développement communautaire et rural.
Tropicaux.
Option: Administration et gestion
des
Projets.
Niveau de technicité : A0
ANNEE ACADEMIQUE 2012-2013
EPIGRAPHE
« Vous devez savoir que nous sommes ce que nous
sommes pour cesser d'être ce que nous sommes et devenir les-vous que nous
sommes...»1(*)
DEDICACE.
A toi ma chère épouse Wema Amnazo
clémentine,
A vous mes filles :
Kitwana Zawadi Elisabeth,
Masogha Mubarikiwa Christine, et
Isuba Chamutu Madeleine,
A vous tous peuples autochtones Batwa du
Kivu ;
Dieudonné AKILIMALI
KITWANDA
REMERCIEMENTS.
Avant de présenter le condensé de ce travail, je
préfère remercier le tout puissant qui comble la vie en
plénitude à toutes ses créatures.
Notre gratitude s'adresse également au directeur du
présent travail, le master Jean Marie BANTU BALUGE, pour avoir
accepté de diriger ce travail malgré ses multiples charges et
occupations.
Aux autorités académiques et au personnel
enseignant de l'ISTCE/BUKAVU pour la qualité des enseignements mis
à notre disposition et à l'encadrement scientifique.
Au Révérend Père Didier de FAILLY, s.j,
pour m'avoir intégré au sein du Bureau d' Etudes Scientifiques et
Techniques (BEST Kivu en sigle), en qualité de bibliothécaire.
Grâce à laquelle, je suis parvenu à rassembler une
bibliographie nécessaire pour enrichir cette réflexion.
Nos sentiments de reconnaissance s'adressent à vous
Nkuba Kitwanda Pierre, pas parce que tu nous as fait venir sur cette terre de
nos ancêtres le Kivu, mais aussi et surtout, pour le travail de longue
haleine que tu aurais abattu sur l'histoire de notre clan Batwa Babuluko de
Walikale.
A vous Itongwa Mukumo Joseph, coordinateur du Programme
d'Intégration et de Développement du peuple Pygmée au
Kivu « PIDP KIVU SHIRIKA LA BAMBUTI », du fait de
m'avoir utilisé dans cette structure en qualité d'assistant
chargé des programmes, poste qui m'a permis d'entrer en contact
régulier avec mes frères Batwa de tous les coins du Kivu, et
d'une manière particulière avec ceux du Sud-Kivu et du
Nord-Kivu.
Aux collègues de promotion, plus
particulièrement : Kwabene Muzaliwa, Jean Pierre, Bahati Mutabazi,
Nyirahabinshuti Marth, Benimana Anyes, Harerimana Bertin, Narcice,
Kwizera,... ; pour vos encouragements, vos compléments pendant les
travaux pratiques et même pour l'ambiance académique
partagée ensemble pendant les deux ans de formation en licence à
l'ISTCE/BUKAVU.
A vous tous dont les noms ne figurent pas sur cette liste,
pourtant nécessaire, nous disons merci.
Dieudonné AKILIMALI KITWANDA.
ACRONYMES
ACPS : Action Communautaire pour la Promotion de la
Santé.
APDMAC : Action pour la Promotion des Droits des
Minorités en Afrique Centrale.
C A D H P : Commission Africaine des Droits de l'Homme et
des Peuples.
CAMV : Centre d'Accompagnent des Autochtones
pygmées et Minoritaires
Vulnérables.
CENADEP : Centre National d' Appui au
Développement et à la participation
Populaire
COCREFOBA : Conservation Communautaire pour la Reserve
Forestière de Bakano
CIFOR : Centre de recherche forestière
internationale
C N D P : Congrée Nationale pour la Défense
du Peuple.
CPAKI : Collectif des Peuples Autochtones au Kivu.
DGPA : Dynamique des Groupes des Peuples Autochtones.
DECOR : Développement Communautaire et Rural.
DSCRP : Document de la Stratégie de Croissance et
de Réduction de la Pauvreté.
ERND : Environnement Ressources Naturelles et
Développement
FDLR : Force Démocratique pour la
Libération du Rwanda.
ICCN : Institut Congolais pour la Conservation de la
Nature
ISTCE : Institut Supérieur Technique Commercial et
Economique.
IPAAC : Comité de Coordination des Peuples
Autochtones d'Afrique
IPROFAVE : Initiative pour la Promotion des Femmes
Autochtones et Vulnérables.
JC : Jésus- christ
JIP A : Journée Internationale des Peuples
Autochtones
LINAPYCO : Ligue Nationale des Associations
Pygmées du Congo
MARP : Méthode Accélérée de
Recherche Participative.
MGL : Mine des Grands Lacs.
M23 : Mouvement du 23 mars.
N° : Numéro
N/K : Nord Kivu
OIT : Organisation Internationale du Travail
ONU : Organisation des Nations Unies
ONG : Organisation Non Gouvernemental
P A : Peuples Autochtones
PIDP- KIVU : Programme d'Intégration et de
Développement du peuple Pygmée
au Kivu.
POPOF : Polepole Fondation
PNKB : Parc National de Kahuzi-Biega
RAPY : Réseau des Associations Autochtones
Pygmées
RCD : Rassemblement Congolais pour la
Démocratie.
REPALEF : Réseau des associations des Peuples
Autochtones et Locales pour
la Conservation des Ecosystèmes
Forestières.
RDC/ RD Congo : République Démocratique du
Congo
S : Siècle
S O M I N KI : Société Minière et
Industrielle du Kivu
S/K: Sud Kivu
UEFA : Union pour l'Emancipation de la Femme Autochtone
UGADC : Union des Associations de Conservation des
Gorilles pour le
Développement Communautaire à
l'Est de la RDC.
INTRODUCTION GENERALE.
Il y a plus de 370millions de personnes autochtones en
Afrique, dans les Amériques, en Asie, en Europe et dans le Pacifique.
Ces peuples comptent parmi les personnes les plus démunies,
marginalisées et maltraitées de l'humanité.
(Déclaration des Nations Unies sur les Peuples Autochtones du 13
septembre 2007).
Les pygmées sont en effet les premiers occupants de la
République Démocratique du Congo. La situation est la même
pour tous les pygmées, qu'ils soient Batwa, Baka, Mbuti, Aka, Bangi,
Efe ; elle s'apparente étrangement à celle des autres
groupes comme les Masai, les Ogiek, les Amburu, les Barabaig ou les sans de
l'Afrique orientale et australe auxquels nous pouvons ajouter les Hottentots et
les Bushmen du désert de Kalahari, comme les
Wadaable, les Koncomba, les Fulbe, les Bongo, les Bangyeli, les Mbendjele
d'Afrique Equatoriale ou encore dans une certaine mesure les Touaregs en
Afrique occidentale.
Les pygmées constituent à la fois une classe
minoritaire et marginalisée en R.D.C.
Au Kivu, les pygmées sont identifiés sous
plusieurs dénominations, bien qu'ils aient en commun l'appellation des
Batwa.Leur appellation diffère selon le milieu géographique de
vie : Barwa au Bushi, Bayanda, Baburuku dans le territoire de Kalehe,
Batswa à Idjwi ; Bambote, Balanga, Bashaasumba, Bakyenga dans le
massif d'Itombwe ; Batwa, Bambuti dans le Masisi, le Rutshuru, le
Nyiragongo et le grand Nord : Beni - Lubero ; Batwa, Bambote,
Tunguti dans le Maniema ; Bashimwena à Fizi ; Babuluko,
Banamatumo, Bakeka dans le territoire de Walikale.
Les Batwa et leurs voisins Bantous partagent en commun les
dialectes et langues de communication suivant l'aire géographique
donnée.
Les estimations du nombre des Batwa varient entre 30000 et
60000 âmes au Kivu (PIDP 2007, SHALUKOMA 1996). En RDC, le nombre peut
aller jusqu'à 250000 individus (Lewis 2000, Jackson 2004), la LINAPYCO
suggère 450 à 600000 personnes et qui sont reparties dans 47 des
145 territoires du pays. (CIFOR 2007).
Comparativement aux Mbuti de l'Ituri et les Twa de l'Equateur,
les Batwa du Kivu sont devenus sédentaires. En plus des activités
de chasse et de cueillette, ils pratiquent désormais l'agriculture et
d'autres sont utilisés comme des métayers par les Bantous avec
comme contrepartie un peu de nourriture. Pour ceux qui le peuvent, certains
pygmées payent l'équivalent d'une poule pendant la saison
culturale pour avoir accès à un lopin de terre dont la
superficievarie entre 30 et 50 ares.
L'organisation socio-politique, économique et
culturelle de Batwa a été paralysée par le
phénomène migratoire qui remonte du XVe siècle au Kivu
(Ministère de la colonie 1957). Cette idée fut renforcée
par Mutuza Kabe(1987) « qu'un groupe humain perdait son pouvoir
créateur, stagnait et régressait quand il entrait en contact avec
un autre groupe plus puissant que lui, lequel le dominait et lui imposait sa
vision du monde ». C'est ainsi qu'au Kivu, les agriculteurs et les
éleveurs vont traiter leurs hôtes (chasseurs cueilleurs) de sujets
plutôt que de partenaires. Raison pour laquelle Mobutu, alors
président du Zaïre, dénonçait ces faits dans ses
déclarations devant la nation. A titre de rappel ; à Bukavu/
Kadutu en date du 15 décembre 1971, il déclara
que : «Les pygmées étaient des Zaïrois
à part entière et interdit la coutume d'avoir des pygmées
à soi ». Cette même idée fut
répétée et explicitée à Buta et à
Isiro où il disait dans son meeting du 4 novembre 1973 :
« Nous prêchons le respect et l'amour du prochain, nous avons
mis fin aux rapports de boy à monsieur, nous avons fait des
pygmées de Zaïrois à part entière et avons mis fin
à la féodalité du Kivu ». (Bakua- Lufu
B ,1979).
Les Batwa ne connaissaient pas les limites territoriales.
Partout où ils se trouvaient, ils étaient chez- eux. (Munzihirwa
1996). Ils avaient une indépendance spirituelle. Parfois, ils
n'obéissaient pas aux normes édictées par le mwami, qui
recevait d'ailleurs son pouvoir des Batwa. Les nouveaux venus, pour sauvegarder
la légitimité de leur pouvoir, ont développé les
mécanismes de rejet et de préjugé sur les Batwa qu'ils
qualifièrent d'infrahumains, des hommes sans culture ni loi.
Nous pouvons résumer à trois les
problèmes qui accablent les Batwa du Kivu ces jours :
· L'accès difficile aux ressources en
générale (champs, forêt, marché, emplois,...)
· L'accès difficile aux services sociaux de
base : enseignements primaires, secondaires et universitaires ; soins
de santé primaires, habitat, moyen de communication, etc.,
· Et la discrimination raciale dans certains coins de la
région.
0.1.
PROBLEMATIQUE
La coutume du territoire de Walikale reconnait aux Batwa
Babuluko le pouvoir d'introniser les chefs coutumiers et le rôle
d'installer la circoncision indigène. Les Batwa Babuluko sont absents
dans la gouvernance politique de la chose publique. La chefferie étant
héréditaire, tout le pouvoir coutumier et politique semble
êtrerépartientre les tribus majoritaires du milieu.La coutume
semble avoir tranché en défaveur des Batwa Babuluko.
Les Batwa Babuluko sont,à l'instar des autres
pygmées, les premiers occupants du territoire de Walikale.Ilssont
entrés en contact avec d'autres tribus à travers diverses
circonstances. Les uns par la chasse, les autres par la guerre de
conquête et enfin les autres par alliance clanique.
La vie des Batwa dans les temps immémoriaux
était caractérisée par le nomadisme. La stabilité
dans un milieu dépendait de la disponibilité des produits de
chasse dans cette zone. Aussitôt terminé, ils étaient
obligés de déménager le site pour un autre, car ils
n'avaient pas la notion de limites territoriales. Partout où ils se
trouvaient, ilsétaient chez eux. Ce pour quoi, les chefs coutumiers
reconnaissent ce pouvoir aux Batwa quand ils ne leurs demandent pas les droits
coutumiers pendant l'acquisition d'un terrain à cultiver. En plus, les
Batwa Babuluko n'offrent pas des présents chez les chefs
coutumiers ; car ils sont conscients d'être les véritables
chefs coutumiers quand bien même ce pouvoir leur fut estropié par
les nouveaux venus.
Les grandes tribus ayant occupé le territoire de
Walikale sont le Rega venus du Soudan selon le ministère de la
colonie(1957), mais avant d'occuper Walikale ; ils sont venus du
territoire de Shabunda, de Pangi et de Punia. Le Kumu sont venus de Lubutu dans
le Maniema, les Nyanga sont aussi originaires de Torro en Uganda. Ils avaient
occupé Walikale en passant par Rutshuru à l'Est du territoire en
question. Les Havu devenus Bakano et les Tembo du territoire de Kalehe ont
occupé le Sud Est du territoire. Tous ont été en contact
avec différentes souches des Batwa Babuluko dans les milieux conquis et
les dominèrent par la suite.
Les nouveaux venus à leur tour, avaient la notion de
terroir et de l'organisation politique. Ils proposèrent aux Batwa la
répartition de pouvoir. Il semble que les Batwa avaient
décliné l'offre à volonté et gardèrent le
pouvoir de gardien de la coutume qui supposait : l'intronisation des chefs
coutumiers, l'installation de la circoncision indigène, le culte aux
ancêtres etc. Tout simplement,parce que le pouvoir tel que vécu
aujourd'hui n'était pas dans la tradition Batwa. Chaque famille Twa
était indépendante de l'autre. Il n'y avait pas de
promiscuité. Chaque famille avait une zone de chasse et ceci ne pouvait
pas poser des problèmes parce que la nature était presque
inhabitée.
Toutes les tribus à la rencontre des Batwa Babuluko
dans le territoire de Waikale sont dotées d'un pouvoir coutumier,leur
permettant de gérer soit une localité ou soit un groupement. Ce
pouvoir leur donne l'opportunité de contrôler à la fois les
richesses et le pouvoir du milieu au détriment des premiers occupants
que les Batwa Babuluko. Parmi lesquels on compte un taux élevé
d'analphabète et des personnes vivant en dessous de minimum vital. Les
Batwa Babuluko n'ont plus d'accès facile à la forêt
(à la terre). Il ne leurs reste que les forêts auxquelles ils
pratiquaient le culte aux ancêtres. Tous les restes des forêts
reviennent aux chefs coutumiers du ressort. Et les peu qui restaient aux Batwa
Babuluko sont menacées d'expropriation par les mêmes chefs
coutumiers.Par rapport au conflitfoncier qui opposait les Batwa Babuluko du
village Kambushi avec le chef de localité de Bananigni à
l'époque, Monsieur Muhombo Mangaika, ce cas est plus éloquent en
la matière. Les Batwa Babuluko du village cité avaient
gagné ce chef de localité devant le tribunal de territoire de
Walikale et devant le tribunal de grande instance de Goma. Ce dernier,
traitait les Batwa Babuluko de peuple nomade ne devant pas disposer d'un droit
aux champs propres ni à la forêt.
Eu égard à ce contexte, nous tenterons, dans ce
travail de répondre à la double question suivante :
- l'intégration des batwa babuluko est-elle le moyen
approprié pour lutter contre la pauvreté, la discrimination et la
marginalisation ?
- Cette intégration est-elle voulue par les Batwa ou
une imposition ?
0.2. HYPOTHESES DU
SUJET.
L'intégration est le fait pour un individu ou un groupe
d'individu de faire partie à part entière d'une
collectivité. Une intégration effective est le résultat
d'une politique d'intégration. Pour le cas des Batwa Babuluko de
Walikale, ce n'est pas le cas. Ils se retrouveraient devant un fait
accompli.
Aujourd'hui la démographie devient de plus en plus
galopante, les ressources disponibles se raréfient d'avantage, le
pouvoir permettant de contrôler ces ressources semble être
centralisé entre les mains d'une minorité d'individu au
détriment d'autres habitants du pays. Au nom de la chose publique, les
droits des Batwa et d'autres citoyens sont entrés d'être
violés. L'exemple le plus éloquent est l'ordonnance
présidentielle n°75/238 du 22 juillet 1975, modifiant les limites
du parc national de Kahuzi Biega de 60 000 à 600 000 ha.
S'étendant ainsi sur les territoires de Kabare, Walungu, Kalehe et
Shabunda au Sud Kivu, Walikale au Nord Kivu et Punia au Maniema. Les Batwa et
d'autres populations locales ont été
dépossédés de leurs ressources vitales sans consultation
ni indemnisation.
L'intégration des Batwa Babuluko exigerait, il
faudrait aussi envisager une réforme agraire en vue de mettre la terre
à la disposition de ceux-là qui en ont besoin, et parvenir
à dissiper la dichotomie qui existe entre le droit foncier coutumier et
la législation foncière en vigueur en RDC.
0.3. CHOIX ET INTERET DU
SUJET.
Notre intérêt a porté sur ce sujet
à travers plusieurs motivations :
D'abord, du fait qu'il y avait un nombre important des peuples
autochtones assimilés à d'autres communautés, chose que
nous encourageons, mais qui ne voulaient plus reconnaitre leurs
identités propres. Ce travail est parmi les outils de sensibilisation
à un éveil de conscience.
En plus, ce travailviserait àenvisager l'approche
intégrative comme moyen de lutter contre la stigmatisation et
l'exclusion dont sont victimes les Batwa Babuluko dans la gestion de la chose
publique, en plus du monde associatif où leur présence est
visible.
Aujourd'hui, le plaidoyer des peuples autochtones est au
niveau des instances de Nations Unies. Avec l'adoption de la déclaration
des Nations Unies sur les Peuples Autochtones du 13 septembre 2007 par
l'assemblée générale de cette institution; les Batwa ont
tout intérêt à pouvoir s'approprier cet instrument en vue
de recouvrer et de sauvegarder leurs droits. Ce pourquoi, il fallait une
étude du genre afin de clarifier une certaine zone d'ombre sur
l'identité des peuples autochtones pour qui le message est
adressé.
Ce travail peut être classé parmi les supports
de référence dans la transformation pacifique des conflits
liés à la coutume, en mettant en lumière les valeurs et
us qui ont prévalus à la sauvegarde de celle-ci et à la
durabilité des ressources naturelles.
0.4 DELIMITATION
SPATIO-TEMPORELLE DU SUJET.
Dans l'espace, l'étude s'étend sur l'ancienne
région du Kivu. Comprenant actuellement les provinces du :
Maniema, du Nord Kivu et du Sud Kivu à l'Est de la République
Démocratique du Congo. Nos investigations de terrain ont
été réalisées dans le territoire de Walikale en
province du Nord Kivu.
Dans le temps ; ce sujet de recherche vise à
analyser la situation des Batwa Babuluko de 1900 à 2013. Nos recherches
de terrain ont été effectuées pendant la période
allant de 2007 à 2013. Période qui correspond successivement
à notre professionnalisation ; d'abord au Programme
d'Intégration et de Développement du peuple Pygmée au Kivu
(PIDP /KIVU) d'Avril 2008 à Avril 2010. En suite au Bureau d'Etudes
Scientifiques et Techniques (BEST KIVU) de juin 2010 à juin 2013.
0.5 METHODES ET TECHNIQUES
D'INVESTIGATION.
0.5.1 Méthodes :
Avant d'entreprendre une formulation de solution au
problème qui se pose, il faut au préalable bien cerner ce
problème, ses causes et conséquences ainsi des questions qui se
dégagent. Pour y arriver, une démarche méthodologique
traduisant une approche objective et raisonnée doit guider de
façon judicieuse la recherche.
Notre investigation sur terrain a recouru aux méthodes
suivantes :
0.5.1.1 La méthode d'enquête type
MARP (Méthode Accélérée de Recherche
Participative):
Grace à laquelle nous avons eu une présence plus
ou moins attentive, un contact direct avec le sujet et le milieu concret de
notre recherche. L'enquête participative a précédé
les autres méthodes dans la collecte des données
générales sur la situation des Batwa dans le Kivu en
générale et dans le territoire de Walikale en particulier. Les
enquêtés se sentaient partie prenante à la recherche, car
ils ont trouvé un cadre approprié pour canaliser leurs
desideratas.
0.5.1.2. La méthode
systémique :
Selon LORIAUX et REMY(1989), la systémique est un outil
pour analyser la complexité afin d'étudier de manière
globale tout phénomène. Toute action à poser est une
intervention dans un sous-système complexe capable d'influencer ou
d'être influencé négativement ou positivement par d'autres
systèmes.
Cette méthode nous a permis d'avoir une vision globale
sur l'intégration des Batwa afin de connaitre les
éléments extérieurs de l'environnement social,
institutionnel, économique, culturelle et écologique qui peuvent
influencer négativement cette action et les résultats positifs
sur ces quatre sous-systèmes (institutionnel, économique, sociale
et écologique).
0.5.1.3. La méthode
historique :
La méthode historique est celle qui consiste à
revoir le passé pour mieux analyser le présent.
Il nous serait difficile d'avoir une idée d'ensemble
sur les Batwa Babuluko sans pour autant interroger son histoire.
0.5.2. Techniques utilisées.
Ces sont des outils auxquels la méthode fait recours
pour l'aboutissement de la recherche. Pour rendre nos méthodes
opérationnelles, nous avons utilisé les techniques ci -
dessous :
0.5.2.1 Les techniques documentaires.
A l'intérieur de la méthode historique,
d'enquête du type MARP, beaucoup des données sur la situation des
peuples autochtones à travers le monde, l'Afrique, la RDC et le Kivu
ont été recueillies grâce à l'exploitation d'un
certain nombre de documents.
0.5.2.2. L'observation libre non
dirigée.
Comme outil de la méthode d'enquête, rien ne peut
remplacer le contact direct de l'enquêteur avec son terrain
d'investigation. Cette technique nous a facilité la récolte des
données psycho sociales, les connaissances, les pratiques et traitements
réservés aux Batwa par le reste de la communauté.
0.5.2.3. Interview
Tout au long du cheminement et de l'élaboration du
présent travail et au cours des diverses descentes effectuées sur
le terrain ; nous nous entretenions avec différentes
catégories des personnes concernées par notre travail.
Ainsi donc, nous nous sommes entretenus avec les
différentes autorités politico administratives et
coutumières du territoire de Walikale, les leaders Batwa Babuluko, les
membres de la communauté Batwa Babuluko dans leurs villages respectifs
et quelques responsables d'organisations non gouvernementales accompagnant les
Batwa au Kivu.
0.5.2.4. Le questionnaire d'enquête.
Constitué par une série des questions auxquelles
les interrogés devraient répondre ; il nous a permis de
collecter les informations utiles auprès des villages Batwa Babuluko
enquêtés.
1ère partie :
GENERALITES SUR LES PYGMEES
Chapitre 1. QUELQUES ASPECTS
COMMUNS AUX PEUPLES AUTOCHTONES
1.1. Les traits communs entre les Batwa Babuluko et
les autres groupes pygmées de la région.
Les Batwa Babuluko et les autres groupes partagent plusieurs
traits communs notamment : les traits culturels, économiques et
politiques. Le facteur morphologique et génétique nous ont
intéressé moins, d'autant plus que la santé de l'homme est
plus le reflet de son environnement immédiat, de ses conditions
sanitaires et alimentaires.
Les contacts avec d'autres groupes ethniques, datant du XV
ème siècle au Kivu (Ministère de la colonie 1957), ne
peuvent pas ne pas nous dire quelque chose quant aux métissages entre
communautés.
Néanmoins sur le plan culturel, tous les Batwa sont
fiers d'être considérés comme les premiers occupantsdu
Pays. Ils partagent en commun le sentiment d'être les gardiens de la
coutume à côté des chefs coutumiers pour qui, ils
exhibaient des danses folkloriques. Dans certains coins de la région,
les Batwa ne pratiquent plus : la circoncision indigène, les
cérémonies royales, les rites d'initiation et le culte aux
ancêtres suite aux conditions environnementales défavorables ou
dégradées. Ces pratiques constituaient un héritage
culturel commun des tous les Batwa qu'ils transmettaient aux membres des
communautés avec qui ils entraient en contact. Ces pratiques sonten
traind'être abandonnées progressivement. L'abandon des pratiques
susvisées s'est exacerbé suite à la doctrine
prêchée à travers l'évangélisation et le
christianisme.
Sur le plan économique ; Pendant des
siècles, l'économie des Batwa en général
était caractérisée par la cueillette (Chasse, le
ramassage et la pêche). Avec l'évolution du temps, la tendance va
de plus en plus vers la vie sédentaire en pratiquant l'agriculture, le
petit commerce, l'exploitation artisanale des minerais et l'emploi salarial en
symbiose avec les activités de cueillettes. Les Batwa, comparativement
à d'autres communautés tribales, partout où ils se
trouvent figurent parmi les personnes les plus pauvres et les plus
vulnérables. Le degré de cette vulnérabilité
diffère selon le degréd'accès aux ressources. En effet,
les Batwa du Kivu montagneux sont plus vulnérables suite au
problème démographique qui caractérise ces milieux,
comparativement à leurs frères de basses altitudes. Les Batwa
considèrent la terre (forêt) comme leur propriété
privée malgré la législation en la matière. Cette
législation est d'ailleurs méconnue par la majorité de
Batwa parce qu'analphabètes, en dépit du principe selon lequel
« Nul n'est censé ignorer la loi ». Ce pourquoi,
ils ne demandent pas la terre chez le mwami, ils en cultivent à
volonté pourvu qu'elle soit vacante.
Sur le plan politique, les Batwa Babuluko sont soumis aux
mesures politico-administratives et fiscales. Ils sont sujet des droits et des
obligations au même titre que les autres groupes. Par exemple : droit
d'élire et d'être élu, les taxes, les impôts, etc.
Tous les Batwa de la région n'ont pas accès au pouvoir politique
malgré les droits et obligations que la loi les accorde. Certes ils
jouent un rôle coutumier important dans l'intronisation des chefs
coutumiers. Il s'observe dans l'univers Batwa un manque d'organisation
politique classique. Chaque chef de famille est autonome et indépendant.
Ils n'offrent pas des présents aux chefs coutumiers sachant que ces
derniers reçoivent leur pouvoir d'eux.
Pour identifier les peuples autochtones Batwa de la
région, il faut se référer aux deux principes tels que
proposées par les Nations Unies, la convention 169 de
l'Organisation Internationale du Travail et la Commission Africaine des Droits
de l'Homme et des peuples ; principes fondées sur le lien
territoriale et le principe d'auto identification. Sans quoi, il sera difficile
de distinguer qui est Mutwa et qui ne l'est pas au Kivu.
1.2.
Terminologie
a. Pygmée : des Grecs, un
pygmée signifie haut d'une coudée, et d'une façon
générale, un homme de petite taille. Selon Larousse (1989) ;
« est un individu appartenant à des races naines du centre de
l'Afrique »
Le terme pygmée englobe les
différents groupes ethniques disséminés le long de l'
équateurdans
de nombreux États de l'
Afrique actuelle, (allant de
la partie occidentale
Cameroun,
Gabon,
Congo
http://fr.wikipedia.org/wiki/Pygm%C3%A9e
- cite_note-4,
République
démocratique du Congo, jusqu'au
Rwanda, au
Burundi et à l'
Ouganda à
l'est[]). Ces groupes de chasseurs - cueilleurs - pêcheurs
sont aujourd'hui confrontés à une précarisation croissante
par l'exploitation des forêts équatoriales et leur survie se
trouve menacée. Les Pygmées sont des humains de petite taille.
C'est une adaptation aux conditions environnementales et au climat.2(*)
b. Pygmoïde : est un terme
anthropologique qui désigne certaines ethnies d'humains d'Afrique ou
d'Asie de petite taille. D'ailleurs ce terme signifie pygmées
métissés.
c. L'expression « peuple
autochtone »
Définition
A défaut de définition légalement
consacrée, nous nous contentons des essais et tentatives de
définition faits par différents auteurs qui se sont
intéressés à ce concept. Le dictionnaire Larousse
définit l'Autochtone comme celui qui est originaire du pays qu'il
habite ; dont les ancêtres ont toujours habité ce
pays3(*); Littré
ajoute que l'autochtone c'est celui « qui est du pays même, qui
n'y est pas venu par immigration »4(*)
Pendant longtemps les peuples autochtones n'ont pas
été distingués des minorités. Cependant la
distinction entre les deux termes est nette. Elle réside dans le lien
solide des peuples autochtones avec le territoire sur lequel ils vivent. Roger
Plant dit que les peuples autochtones sont les peuples qui se trouvent sur un
territoire avant sa conquête, plus précisément avant
l'expansionnisme occidental. Ce qui caractérise la problématique
des peuples autochtones c'est la référence à un
mécanisme de marginalisation économique et à la logique de
spoliation des biens, de la terre. (5(*)) Le facteur décisif de la définition des
peuples autochtones est le fait qu'ils vivent sur des terres qu'ils occupent
depuis les temps immémoriaux, à la différence des
minorités qui peuvent être récentes sur un territoire.
La définition donnée par la Convention
n°169 de l'OIT renseigne que les peuples autochtones sont les populations
qui vivaient sur leurs terres avant que des colons venus d'ailleurs ne s'y
installent ou que d'autres groupes de populations de culture et d'origines
différentes n'y arrivent et ne deviennent par la suite
prédominantes par la conquête, l'occupation, la colonisation ou
d'autres moyens.
Cette dernière définition est de plus en plus
acceptée et constitue une référence des débats
à tous les niveaux. Nous allons, à notre tour, la
considérer comme telle et nous y référer.
Critère de peuple autochtone
On retient généralement deux
critères : le critère objectif et le critère
subjectif. Sur le plan objectif on évoque l'antériorité et
le lien territorial. Au niveau territorial il y a le problème des
peuplements successifs et des peuples nomades tandis qu'en ce qui concerne
l'antériorité, la présence autochtone peut se fonder sur
la conquête postérieur à l'occupation.
Sur le plan subjectif, la référence est faite
à l'autodéfinition, c'est-à-dire, la considération
par un groupe lui-même qu'il est autochtone sur les terres qu'il occupe.
Elle se traduit en un comportement d'attachement aux terres.
Le terme a fait objet de discussion à la commission
africaine des droits de l'homme et des peuples. En effet, certains chefs
d'Etats africains considèrent que le terme
« autochtone » appliqué à un groupe social
amènerait à la division sociale. Le groupe d'experts sur les
questions des peuples autochtones a répondu comme suit:
« La CADHP reconnaît la préoccupation
de ceux qui pensent que le terme de « peuple autochtone » a
des connotations négatives en Afrique, car il a été
utilisé de manière péjorative durant la période de
la colonisation européenne et certains gouvernements africains post
coloniaux en ont abusé dans un sens chauvin. Cependant, tout en
reconnaissant les possibles connotations négatives du terme, il faut
dire qu'il est aujourd'hui admis par l'ensemble de la communauté
internationale dans un sens beaucoup plus large qui permet de comprendre et
d'analyser certaines formes d'inégalités et d'oppressions, comme
celles dont souffrent beaucoup des pasteurs nomades et des chasseurs-cueilleurs
dans l'Afrique d'aujourd'hui. Ce terme permet aussi de dénoncer leurs
souffrances en matière de droits de l'homme. »6(*) .
Les peuples autochtones représentent environ 370
millions de personnes dans le monde, dont 70 % en Asie[]. D'autres
termes ont parfois été utilisés pour les désigner,
comme
aborigène,
« peuple premier », « peuple racine », «
première nation » ou « peuple natif », succédant
à l'appellation péjorative de « peuple primitif », mais
tous officiellement délaissés au profit de peuple
autochtone[].7(*)
d. Le concept de
minorité
Définition
Le concept de minorité n'a pas de définition qui
soit unanimement acceptée. Celle proposée par Francesco CAPOTORTI
offre une référence à la doctrine. Pour lui, un groupe
d'individus constitue une minorité dès lors qu'il est à la
fois numériquement inférieur au reste de la population, qu'il
occupe une position non dominante, aussi bien sur le plan politique,
économique, social et culturel ; que ses membres possèdent
des caractéristiques ethniques, religieuses ou linguistiques qui
diffèrent de celle du reste de la population et que ces mêmes
individus sont unis par un lien de solidarité fondé sur la
préservation de leur culture, tradition, religion ou de leur
langue.(8(*))
J. DESCHENES estime pour sa part qu'une minorité est un
groupe de citoyens d'un Etat en minorité numérique et en position
non dominante dans cet Etat, dotés des caractéristiques
ethniques, religieuse ou linguistiques qui diffèrent de celles de la
majorité de la population, solidaires les uns les autres, animés,
fut-ce, implicitement d'une volonté collective de survie et visant
à l'égalité en fait et en droits avec la
majorité9(*)
La Cour Permanente de Justice Internationale a, dans son avis
du 31 juillet 1930, relatif à l'émigration des communautés
gréco-bulgares, définit la minorité comme une
collectivité des personnes vivant dans un pays ou une localité
donnée, ayant une race, une religion, une langue et des traditions qui
leur sont propres et unies par l'identité de cette race, de cette
religion, de cette langue et de ces traditions dans un sentiment de
solidarité, à l'effet de conserver leurs traditions, de maintenir
leur culte, d'assurer l'instruction et l'éducation de leurs enfants
conformément au génie de leur race et d'assister
mutuellement.10(*)
Toutes ces sources reprennent les mêmes
éléments qui contiennent les réalités qu'il
convient de considérer pour caractériser une minorité.
Critère de minorité
Il ressort de la définition ci-haut donnée que
l'élément essentiel pour qu'un groupe soit minoritaire
réside dans le fait qu'il s'agit d'un groupe qui risque de subir ou qui
subit la domination d'un ou plusieurs autres groupes nationaux. Seul un tel
groupe peut revendiquer la protection spéciale sur le plan politique ou
socio-économique.
Un groupe minoritaire doit être dans une situation non
dominante pour qu'une protection se justifie parce qu'il y a des
minorités dominantes qui violent parfois très gravement les
principes de l'égalité, de la non-discrimination et de
l'expression de la volonté du peuple. Ce fut le cas de la
minorité blanche en Afrique du Sud lors de l'apartheid.
Les minorités en
droit congolais
L'expression « minorité » est
consacrée par le législateur congolais à un plus haut
niveau de la législation. En effet, la Constitution de la RDC du 18
février 2006, en son article 13 in fine dispose qu'aucune personne ne
peut faire objet de discrimination à raison de son appartenance à
une minorité culturelle ou linguistique. Le
législateur va plus loin à l'article 51, en disposant que l'Etat
assure la protection et la promotion des groupes vulnérables. Il assure
également la protection des minorités. Il veille
à leur épanouissement ».
Curieusement, les
minorités dont il est question ne sont pas définies et le
problème est celui de savoir à quel groupe s'appliqueront la
promotion et la protection spéciale en tant que minorité. Mais,
nous pensons que le fait d'en dire un mot dans la constitution est un
début de reconnaissance par l'Etat de l'existence de tel groupe social
dans le pays. Il s'agit d'un premier pas qui devra être consolidé
jusqu'à clarification complète.
Tout compte fait, nous
pensons que les peuples autochtones Batwa qui font objet de notre étude
font partie des groupes minoritaires en RDC au vu des éléments de
définition et de caractérisation.
e.
Pauvreté :
Selon Larousse, La pauvreté est l'état de
quelqu'un ou de quelque chose qui est pauvre.
Un pauvre : se dit de quelqu'un qui a peu de ressources,
peu de biens. Les pauvres, c'est ceux qui ne possèdent rien par
opposition des riches.
Les perceptions de la pauvreté s'articulent autour de
quelques dimensions du vécu de la population. Certaines de ces
dimensions sont tangibles : besoins fondamentaux non satisfaits,
détérioration des facteurs de production et faible accès
aux services sociaux de base ; et d'autres intangibles comme le manque de
paix, culture d'impunité renforçant la corruption, l'injustice
et l'exclusion.11(*)
f. Intégration : c'est une action
d'intégrer.
Intégrer : faire entrer dans un ensemble, dans un
groupe plus vaste.
Les facteurs de l'intégration :
Nous pouvons retenir comme facteurs d'intégration d'un
peuple ; la langue, les activités socio culturelles, la
nuptialité, les us et coutumes, la gouvernance politique et les
activités de développement communautaire.
· La langue comme facteur d'intégration : Ne
peut travailler ensemble que le peuple capable de communiquer. Le langage est
l'un des outils de communication. Les colons avant de coloniser un peuple, ils
commencèrent par s'intégrer dans cette communauté en lui
imposant sa langue ou en apprenant la langue de cette dernière. Pendant
la période pré coloniale, les différentes tribus
considéraient comme ennemis toute personne ne partageant pas le
même langage qu'elle. D'où, il fallait l'expansion arabe pour
venir réconcilier les Kivutiens en les imposant la langue Swahili.
· Par us et coutumes, nous entendons les traditions
culturelles du milieu.
Les modes d'habillement, d'alimentation, les
cérémonies culturelles et rituelles, les chants, la danse, les
croyances religieuses,...
Celui qui n'observait pas les us et coutumes d'un coin
donné, était considéré comme étranger de ce
coin. Donc un non initié, ou tout simplement un non
intégré.
· Le mariage permet d'unir deux personnes de traditions
différentes. Cette union nuptiale permet de concilier et de greffer les
cultures de deux conjoints. Par conséquent, ces deux familles
s'intègrent mutuellement.
· La gouvernance politique est le premier responsable de
l'intégration de nos communautés au Kivu. Son rôle remonte
de l'expansion arabe, à la colonie Belge puis à travers les
gouvernements successifs de la République Démocratique du Congo.
Le découpage territorial des entités administratives a permis
d'intégrer différentes tribus et les a condamnées à
une cohabitation pacifique. Par contre, nous décrions l'exclusion de
certains habitatsà la gestion des biens publics pour cause
d'appartenance ethnique et même la répartition inégale des
ressources, souvent principale cause des conflits en RDC.
· Les actions de développement communautaire
intègrent d'avantage les communautés. Exemple : construire
un pont, réhabiliter une route, aménager une source, construire
un centre de santé, arranger un marché, ...autant une oeuvre est
communautaire, autant elle intègre les bénéficiaires.
g. Discrimination : selon Larousse
(1989,556) ; « une discrimination raciale, c'est une
opération organisée des races à l'intérieur d'une
même communauté et visant à donner à l'une d'entre
elles un statut inférieur (synonyme racisme,
ségrégation).
1.3. Reconnaissance internationale des peuples
autochtones
Il s'agit d'un événement historique qui trouve
son origine lointaine dans la lutte des peuples autochtones pour leurs droits
à la justice et à la dignité. Cette lutte a
commencé en Amérique latine vers les années 1880 par les
Amérindiens. Cela fut caractérisé par des pertes en vies
humaines de plusieurs leaders autochtones.
La première conférence internationale des
organisations non gouvernementales sur les questions concernant les
autochtones s'était tenue à Genève en 1977. Elle a
été suivie par une autre conférence non gouvernementale
sur les populations autochtones et la question foncière à
Genève en 1981. Ces réunions et une étude spéciale
de l'ONU ont contribué à la création, en 1982, du groupe
de travail des nations unies sur les populations autochtones.
En 1970, la sous-commission de la lutte contre les mesures
discriminatoires et de la protection des minorités a recommandé
que soit entreprise une étude exhaustive sur les problèmes de la
discrimination des populations autochtones.
L'intérêt suscité par la question
autochtone a amené, le conseil Economique et Social (ECOSOC) à
créer le groupe de travail sur les peuples autochtones en 1992, qui est
un organe subsidiaire de la sous-commission, de la lutte contre les mesures
discriminatoires et de la protection des minorités.
La nécessité de considérer la question
des peuples autochtones a été reconnue par les Nations Unies
lorsque, par la résolution 45/164 du 18 décembre 1990, elle a
proclamé ; L'année 1993, comme année internationale
des Peuples Autochtones.
Cette même assemblée générale
avait proclamé par sa résolution 48/164 du 21 décembre
1993, la première décennie internationale des peuples
autochtones (1995 - 2004). Le but de cette décennie était le
même que celui de l'année internationale des peuples autochtones.
Ce but étant de renforcer la coopération internationale, afin de
résoudre les problèmes qui se posent aux communautés
autochtones dans les domaines tels que : les droits de l'homme en
général et des peuples autochtones en particulier,
l'environnement, le développement, l'éducation et la
santé.
La Journée Internationale des Peuples Autochtones
(JIPA) a été instituée par l'Assemblée
Générale des Nations Unies, dans sa résolution
n°75/164 du 18 décembre 1990.
Dans sa résolution 49/214 du 23 décembre 1994,
l'assemblée générale de l'ONU avait décidé
que la journée internationale des peuples autochtones (JIPA) sera
célébrée chaque année le 9 Août pendant la
décennie.
En 2000, fut créé au sein des Nations Unies, un
forum permanent sur les questions autochtones et a tenu sa première
réunion en mai 2002. Celui-ci dépend directement du conseil
économique et social des nations unies.
En décembre 2004, l'assemblée
générale des Nations Unies avait proclamé que 2005 -
2014 sera la deuxième décennie internationale des peuples
autochtones.
En 2001, la commission de droit de l'homme avait nommé
un rapporteur spécial des nations Unies sur la situation des droits de
l'homme et des libertés fondamentales des populations autochtones.
La déclaration des Nations Unies sur les droits des
peuples autochtones avait été adoptée par le conseil
Onusien des droits de l'homme en 2006, puis promulguée par
l'Assemblée Générale de l'ONU en date du 13 septembre
2007.
En fin, il a été créé un fonds
de contribution volontaire des Nations Unies pour les populations autochtones,
pour permettre aux peuples autochtones de participer aux réunions
internationales.
D'autres agences, telles que l'Organisation International du
Travail (OIT) et la Banque Mondiale (BM) ont également pris des
initiatives pour promouvoir les droits de l'homme et des peuples
autochtones.
L'OIT a élaboré une politique de soutien aux
peuples autochtones (qui s'attache particulièrement aux peuples
autochtones d'Afrique et d'Asie). La convention 169 de l'OIT est le seul
instrument international (encore ouvert à la ratification) avec une
valeur contraignante dédié spécifiquement aux droits des
peuples autochtones.12(*)
1.4. Cadre juridique promouvant les droits des peuples
autochtones.
Il existe à nos jours ; un arsenal juridique
promouvant les droits des peuples autochtones tant au niveau national
qu'international. Mais, ces instruments souffrent encore de mesure
d'application bien que ratifiés par les Etats membres de Nations Unies
dont la RDC.
Parmi ces lois nous pouvons citer à titre
d'exemple :
· La Déclaration des Nations Unies sur les Peuples
Autochtones du 13 septembre 2007,
· La convention 169 de l'Organisation Internationale du
Travail (OIT),
· La Charte Africaine des Droits de l'Homme et des
Peuples de 1986,
· La constitution de la RDC du 28 février 2006
consacrant la gratuité scolaire des enfants Congolais à son
article 43. Son article 13 dispose « qu'aucune personne ne peut faire
objet de discrimination à raison de son appartenance à une
minorité culturelle ou linguistique ». Le législateur va
plus loin à l'article 51, en disposant que « l'Etat assure la
protection et la promotion des groupes vulnérables. Il assure
également la protection des minorités, il veuille à leur
épanouissement »,
· Le code forestier de la RDC du 29 aout 2002, etc.
Chapitre 2. APERÇU
SUR LA REPARTITION GEOGRAPHIQUE DES PEUPLES AUTOCHTONES
2.1. Les peuples
autochtones dans le monde
Les peuples autochtones vivent dans des vastes régions
de la terre ; de l'Afrique au Pacifique Sud, ils sont, d'après les
estimations, quelque 370 millions12(*). Les peuples Autochtones ou aborigènes sont
ainsi dénommés car, ils vivent sur leurs terres avant que des
colons venus d'ailleurs ne s'y installent. Ils sont les descendants de ceux qui
habitaient dans un pays ou une région géographique à
l'époque où des groupes de population de cultures ou d'origines
ethniques différentes y soit arrivés et sont devenus par la suite
prédominants, par la conquête, l'occupation, la colonisation ou
d'autres moyens.
Il y a de nombreux peuples autochtones notamment ; les
Améridiens (les Mayas du Guatemala ou des Aymars de Bolivie), les Inuits
des Aléoutes de la région circumpolaire, les Amis de l'Europe
septentrionale, les Aborigènes et les insulaires du détroit de
Torres d' Australie et les Maoris de Nouvelle-Zélande. Ces peuples et la
plupart des autres peuples autochtones ont conservé des
caractéristiques sociales, culturelles, économiques et politiques
qui se distinguent nettement de celles des autres groupes qui composent les
populations nationales.
Les populations autochtones sont réparties dans le
monde de la façon suivante :
Ils forment au moins 5 000 groupes autochtones
différents, et autant de cultures différentes, parlent plus de 4
000 langues dont la plupart sont en danger et risquent de disparaitre d'ici la
fin du XXIesiècle[]. Au cours des trente
dernières années, les peuples autochtones se sont fortement
déplacés de leurs terres traditionnelles vers les villes, pour
chercher de l'emploi mais aussi à cause de violations et abus des droits
de l'homme, notamment des droits à leurs terres et à la survie
culturelle. Dans de nombreux pays, ils sont plus de 50 % à vivre en
régions urbaines.13(*)]
2.2. Les peuples
autochtones en Afrique
La diversité des situations des peuples autochtones
fait qu'il n'existe pas de définitions universelles de la notion
d'autochtone. Néanmoins, poser la question de savoir qui sont les
peuples autochtones en Afrique, c'est tenter de rechercher les
particularités permettant de les identifier comme tels dans le contexte
africain. Généralement, il est admis que les peuples autochtones
sont ceux installés sur un territoire depuis des temps
immémoriaux. En plus, au nombre de critères retenus par la
doctrine internationale on a, outre le fait qu'ils sont descendants des
premiers habitants d'un territoire donné, qu'ils sont nomades ou semi
nomades, l'absence d'institutions politiques. On ajoute, enfin et surtout le
fait qu'ils sont constitués d'individus qui se considèrent
subjectivement comme autochtones et sont acceptés comme tels par le
groupe (Julian Burger, 1987, 9). Ce dernier élément est capital
et revêt pour les intéressés une grande importance car,
grâce à l'auto-identification, ils peuvent se définir
eux-mêmes et identifier leurs propres membres.
En tout état de cause, il faut insister sur ces
spécificités en ajoutant d'autres critères. En Afrique,
les préjugés à l'égard de certains groupes sont
source de nombreuses discriminations à leur encontre. Comme corollaire,
ils sont conditionnés à s'enraciner davantage dans leur situation
d'assujettis ou de dominés entraînant leur marginalisation sur le
plans politique, économique et socio culturel. Ce qui semble
caractériser la question autochtone en Afrique, c'est sa
complexité qui est liée au fait que ces populations ont longtemps
eu l'habitude de se soumettre aux pouvoirs autoritaires en se
considérant comme « sujet » c'est-à-dire des
personnes n'ayant que des devoirs à l'égard du chef.
Au coursde l'analyse entreprise par IPACC pour
déterminer qui est autochtone en Afrique, il est apparu clairement que
les cultures qui ont conservé leurs systèmes de connaissances
traditionnelles, et qui sont fortement tenus à l'écart de la
gouvernance, sont aussi ces mêmes cultures associées avec une
exploitation durable des ressources naturelles à l'intérieur
d'écosystèmes très particuliers. Les chasseurs-cueilleurs
san et les éleveurs khoe d'Afrique australe viennent de régions
désertiques, de même que les touaregs nomades du sahara. Les
chasseurs-cueilleurs de l'Afrique centrale et de l'Afrique de l'Est sont tous
des populations qui vivent dans la forêt, tirant leur nourriture de
l'utilisation durable de la biodiversité de la forêt. D'autres
éleveurs tels que les bororos (Wodaabes, peuls, foulbés), les
massais, samburus, Rendilles, datogas et autres sont tous des
spécialistes de la survie en zones semi-arides d'herbages et des savanes
d'Afrique.
Le concept de populations autochtones existe dans les cultures
et les langues africaines. Des termes tels que « Batwa »,
« Baroa », Abatwa », Bacwa », Basarwa,
Boni, Sanye, Dorobo s'appliquaient aux populations de chasseurs cueilleurs qui
se différencient despeuples pasteurs, et agricoles qui avaient
immigré dans leurs territoires au cours des siècles.
Dans la plupart des cas, ces populations vivaient en bon
voisinage, partageant différents aspects de leurs économies. Les
chasseurs troquaient leur viande sauvage et leur miel contre les
céréales, le métal et autres objets que leur fournissaient
les fermiers.
Quoi qu'il en soit, ce qui rapproche tous ces peuples et
qu'ils partagent avec ceux des autres continents, c'est qu'ils sont conscients
d'avoir une personnalité propre avec des traditions sociales et
personnalité d'expression liées à leurs environnements
hérités de leurs ancêtres, qu'ils possèdent leurs
langues propres et certaines caractéristiques essentielles et uniques,
qui leur donnent la ferme conviction d'appartenir à un peuple avec une
identité propre que les autres doivent respecter en tant que telle. Ceci
ne peut être favorisé que par la démocratie utile : ce
moyen politique de sauvegarder la diversité, de faire vivre ensemble des
individus et des groupes de plus en plus différents les uns des autres
dans une société qui aussi fonctionne comme une unité.
(Alain Touraine, 1994, 171.).
En Afrique, les peuples autochtones sont localisés
dans de nombreuses régions :
· En Afrique Orientale, les Masai (Kenya et en Tanzanie),
les Ogiek, les Amburu, les Hadzabe (Tanzanie).
· En Afrique Australe, les Hottentos et les Boshmen
(Désert de Kalahari).
· En Afrique Centrale : les Bambuti, les Batwa
appelés pygmées à cause de leur taille (la plupart mesure
1,44mètres) en R.D.Congo, Rwanda, Burundi et Ouganda.
· En Afrique Equatoriale, les pygmées (Bongo,
Efe, Bangyeli, Mbendjele,....)
· En Afrique du Nord : les Touaregs et d'autres
peuples nomades du désert de sahara.
2.3.Les peuples autochtones en
République Démocratique du Congo :
En République Démocratique du Congo, on trouve
les pygmées dans la province Orientale (Kibali -Ituri et Uele), du Kivu
(Kabare, Kalehe, Idjwi, Uvira, Mwenga, Nyiragongo, Walikale, Beni- Lubero,
Masisi, Rutshuru et dans le Maniema), de l'équateur (Tshuapa, Ubangi) du
Katanga (Moba) et du Kasai (Sankuru). Il est probable que les pygmées
soient dans toutes les provinces de la RDC, excepté le Bas Congo. De nos
jours, il n'existe pas de chiffres qui signalent les pygmées comme une
entité démographiquement distincte. Cependant, les peuples
autochtones pygmées des forêts constituent en RDC une
mosaïque complexe de groupes ethniques apparentés. Les
définitions et chiffres existants ne sont ni précis ni
cohérents entre eux. On n'a pas trouvédetrace d'un recensement
exhaustif ou d'une cartographie des groupes autochtones en RDC, et la plupart
des études sociologiques ou anthropologiques concernant les
chasseurs-cueilleurs autochtones se sont focalisés sur les forêts
d'Ituri. C'est en 1863 que l'explorateur français DUCHALLU fit les
premières observations sur les pygmées. Plus tard, SCHESEINFURTH
et BAUMA décrivirent les Bambuti ou AKKAS respectivement en 1874 et
1894. En 1914, Struct étudia leur langue et Gromier (1937) inventoria
leurs aliments d'origine végétale. Par la suite, plusieurs
observations furent faites successivement par SHEBESTA (1939-1952) qui
étudia les Bambuti. En 1946, BOELART fit le premier recensement
démographique des pygmées. SCHUMACHER (1949) étudia les
Barhwa du Kivu, Gustave (1956) et Bonardel (1973) étudièrent
la répartition géographique des pygmées en Afrique
Centrale, CHIFUNDERA (1996) étudia les pygmées du parc National
de kahuzi Biega (PNKB) Sud-Kivu, Mgr Munzihirwa (1996) parla de la
civilisation de la flèche ou des chasseurs « BARWA »
du Bushi dans la dynamique de l' intégration politique de la Nation
Shi, Le Dr J.JADIN étudia les groupe sanguins des
pygmées(1935) ; selon Bailey (1985), Bahuchet (1939), et Dyson
(1992), environ 70 à 100.000 personnes s'identifient comme
chasseurs cueilleurs autochtones et/ou leurs descendants . Néanmoins,
d'autres sources donnent des estimations plus élevées. Selon
Lewis (2000), JACKSON (2004) ; les peuples autochtones compteraient
jusque 250.000 individus en RDC. Sur la base des résultats
préliminaires d'un recensement nationale, la ligue nationale des
pygmées du Congo (LINAPYCO)estime que les groupes autochtones comptent
entre 450 à 600.000 individus et qu'ils sont répartis dans 47
des 145 territoires du pays. 14(*)
Il est généralement admis que les chasseurs
cueilleurs ou pygmées, sont les premiers habitants des forêts du
Congo. D'après cette théorie ces populations vivaient en
autarcie grâce à une économie de cueillette, avant que des
groupes d'agriculteurs n'immigrent dans la forêt, pendant le premier
millénaire. Mais d'autres études suggèrent que les
premiers contacts avec les agriculteurs immigrants sont plus anciens, datant
d'environ 2000 à 3000 ans (Bahuchet, et Guillaume 1982, Bailey 1985,
Hart1986, et vansina1990).
Les groupes habituellement reconnus comme pygmées en
RDC sont : Les Bambuti (y compris Batwa, Efe, et Aswa) qui sont
localisés dans l'Est du pays spécialement en Ituri, les Twa
qui sont localisés le long de la frontière avec le Rwanda et dans
la région du lac Tumba dans l'Equateur, et les CWA qui vivent dans les
forêts et Savanes autour des lacs du Kasaï. D'autres groupes sont
répartis à travers la région forestière de la RD
Congo, notamment les Aka le long de la forêt Nord-ouest à la
frontière avec la République du Congo.
Pour la LINAPYCO, les peuples autochtones de la RDC se
regroupent en trois types : Les groupes « forestiers »
vivant notamment dans les forêts d'Ituri ; les groupes
« riverains » vivant au bord des lacs et rivières
spécialement dans l'Equateur et le Kasai, et enfin les groupes
« potiers » vivant à l'Est du pays dans le Nord et
le Sud-Kivu.
2.4. Les peuples
autochtones aux Kivu
Au Kivu, les pygmées sont considérés
comme les peuples autochtones de la région. Ils sont identifiés
sous plusieurs dénominations, bien qu'ils aienten commun l'appellation
des Batwa. Leur appellation diffère selon le milieu géographique
de vie: Barwa au Bushi, Bayanda, Baburuku dans le territoire de Kalehe, Batswa
à Idjwi ; Bambote, Balanga, Bashaasumba, Bakyenga dans le massif
d'Itombwe ; Batwa, Bambuti dans le Masisi, le Rutshuru, le Nyiragongo et
le grand Nord Beni - Lubero ; Batwa, Bambote, Tunguti dans le
Maniema ; Bashimwena à Fizi ; Babuluko, Banamatumo, Bakeka
dans le territoire de Walikale.
2.4.1 Organisation
économique, politique et social des Batwa au Kivu.
Organisation
économique : Dans le temps, la forêt couvrait
toutes l'étendu du pays. Les pygmées vivaient de loin en loin en
petit groupes, auxquels la chasse et la cueillette fournissaient le
nécessaire pour vivre. Ils parcouraient des dizaines de
kilomètres ensuivant les traces de gibiers, dans une contrée
où le hasard seul pouvait les mettre sur les traces d'une autre famille
Batwa qui venaient de camper par là15(*). Aujourd'hui, avec les contraintes de la
démographie, et l'Etat qui s'est approprié les réserves de
terre dans lesquelles habitaient les Batwa au nom de la conservation ; les
Batwa pratiquent désormais l'agriculture et sont contraint à une
vie sédentaire. Les uns sont journaliers dans des plantations, d'autre
salariés à l'ICCN/PNKB, PNVI16(*), comme gardiens de parc et pisteurs bien qu'à
un nombre limité.
Organisation politique :
celle-ci est simple. Une sorte de démocratie directe. Chez les Batwa,
l'autorité est plus un service qu'un privilège et n'exerce pas de
contrainte physique. Elle ne commande pas. L'ainé du groupe est le chef
parce qu'il a plus d'expérience. Il est leaders, éclaireur et
conducteur et non pas administrateur ou gouverneur. Les vieillards sont
très respectés et écoutés. A nos jours, nous
n'avons pas pris connaissance d'un chef Twa à la commande d'une
localité, d'un groupement, ni d'une collectivité secteur en
dehors de leurs propres villages. Ils sont indispensables dans l'investiture
des chefs coutumiers, car chaque région a ses pygmées
d'investiture. Les Bami reconnaissent le fait d'avoir reçu leur pouvoir
de ces autochtones.
Organisation sociale : La vie
familiale est simple. Généralement monogame, selon le père
SHEBASTA cité par Munzihirwa(1996), qui a observé les
pygmées de l'Ituri. Cette monogamie a des raisons économiques et
pratiques plutôt que d'ordre idéologique ou ethnique. Pour se
marier, les uns donnaient les produits de chasse (chien, filets, Hache,...),
d'autres par contre, échangeaient les filles famille contre famille. A
nos jours la pratique et la coutume du milieu sont d'application.Ils donnent la
vache comme dot chez les Shi, chèvres chez les lega, etc. L'homme et la
femme collaborent pour la subsistance quotidienne. La famille nucléaire
est respectée.
Les proverbes suivants témoignent des
stéréotypes qui ont cours dans la population à
l'égard des Batwa au Kivu17(*) :
o Le pygmée à l'esprit d'un enfant. Il vit au
jour le jour.
o Quand le pygmée est rassasié, il met le feu au
grenier. on souligne son imprévoyance,
o Un raccourci pour arriver vite au but a été la
cause de la mort de milliers de pygmées. On souligne leur
impulsivité. Faute de recul, ils se sont toujours engagés dans le
chemin où les autres avaient péris, car ils ne savent pas
contourner l'obstacle.
o Le pygmée et l'enfant sont les seuls à prendre
leur liberté devant le mwami. On les regarde comme irresponsables.
o L'amitié avec un pygmée est difficile, car il
ignore nos tabous et nos usages, il se moque de nos interdits.
o La patience du pygmée est aussi courte que sa taille.
Quand il se fâche, il peut tuer sur le champ sans réflexion.
2.4.2 Les Organisations Non
Gouvernementales accompagnant les Batwa au Kivu.
Nous avions inventorié plus ou moins vingt associations
accompagnant les Batwa au Kivu. Parmi lesquelles, treize s'occupant
exclusivement des Batwa, dont : PIDP-KIVU, CAMV, UEFA, CPAKI, APDMAC,
ERND, CIDOPY, ECHO ACTION, IPROFAVE, ACEPROD-BATWA, SYPA, ADPROFEPY, ARAP,...
Ces associations sont rassemblées dans quatre réseaux à
savoir : D G P A, LINAPYCO, RAPY, REPALEF.
Un des Bailleurs des Fonds de ces associations ; le Rain
Forest Fondation a établi une structure d'appuis technique à ces
associations dénommée : AFRICAPACITY.
D'autres organisations membres de la société
civile du Sud Kivu, ont dû intégrer dans leurs programmes
d'action, le plaidoyer sur les peuples autochtones Batwa. Retenons entre autres
associations : CENADEP KIVU, JUSTICE POUR TOUS, POPOF, ACPS, TRAFED,
HORIZON NATURE, APRODPD etc.,
2.4.3. L'impact de l'ICCN sur la vie des Batwa au kivu.
L'évolution historique de l'écologie nous
renseigne que ; jusqu'à 1945, l'écologie était
caractérisée par le naturalisme, entre 1945-1970 ; elle est
passée au stade du conservationnisme, de 1970 à 1990 elle passe
à l'étape du développement, et depuis 1990 à nos
jours, elle est au stade de développement durable et négociations
globales18(*)
Ce faisant, l'ICCN n'avait pas tenu compte des droits des
Batwa pendant la création des aires protégées au Kivu
dont ; Virunga en 1925, Kahuzi-Biega et Maiko en 1970. Les Batwa n'ont pas
été consultés, ils ont été
dépossédés de leurs ressources vitales puis
expulsés sans aucune forme de procès. Les conséquences de
cette attitude sont incommensurables sur la vie des Batwa à
présent.Ces conséquences sont notamment, à titre
illustratif, l'entrée clandestine des pygmées dans les aires
protégées, le braconnage, l'abatage de bois. Tout cela est au
centre des conflits qui opposent les Batwa aux institutions de conservation.
C'est dans ce contexte que s'inscrit le procès qui oppose les
pygmées à l'Institut Congolais pour la Conservation de la Nature
(ICCN).
Les faits sur lesquels les pygmées se sont
fondés pour ester en justice sont les suivants :
En bref, il s'agit de l'expulsion de ces derniers de leur
ancienne forêt, Kahuzi-Biega qui constitue l'actuel Parc National de
Kahuzi-Biega (PNKB). C'est l'Ordonnance-Loi N°75-238 du 22 juillet 1975
portant modification des limites du PNKB qui est venue achevée le
processus d'expulsion des peuples autochtones de leur milieu naturel de vie.
Cette expulsion s'étant passée au mépris
des conditions requises, notamment enquête préalable et une
indemnité juste et équitable, les pygmées ont
sollicité l'appui judiciaire de l'ONG ERND pour qu'ils soient
réhabilités dans leurs droits.
Les points forts de ce procès qui n'a pas encore
été clôturé sont : la qualité des
pygmées à ester en justice, le droit à la
réparation et à l'indemnisation, la discrimination et la
justiciabilité des conventions régionales et internationales.
2.4.4. Considération des Batwa dans le territoire
insulaire d'Idjwi.
Bien qu'à nos jours, il s'observe un mariage mixte
entre Havu et Twa ; deux communautés habitant l'ile d'Idjwi au Sud
Kivu, dans le temps il n'en était pas ainsi. D'ailleurs, l'on raconte
que des hommes havu couraient avec les filles twa au motif
thérapeutique. Motif selon lequel ; une relation sexuelle avec une
jeune fille twa guérissait le maux de dos.
Dans ce territoire, il se pose aussi le problème de
spoliation des terres Batwa par les autorités coutumières et
même par leurs voisins directs havu. Citons l'exemple du conflit foncier
entre le mwami, chef de chefferie Ntambuka avec la famille Twa de Monvu en
Janvier 2009.
Pendant nos enquêtes à Idjwi Sud, nous avons eu
des informations sur le litige qui opposait le Mwami de la chefferie Ntambuka
et la famille twa de Monvu. Cette famille était
représentée par Kahimono Kirazi, du site de Monvu,
localité Karama, groupement Nyakalengwa à Idjwi Sud. Cette
famille pygmée expulsée par le Mwami Ntambuka Mihigo II Roger
s'est réfugiée dans une autre famille pygmée dans le
village de Kisiza de la même chefferie.
Ce conflit avait des ramifications historiques, datant de
plusieurs règnes : - Ntambuka -Sibula et le Mwami Ntambuka actuel.
Les Batwa habitaient déjà ce site pendant plus de 32 ans. Mais
ils sont menacés de quitter le site sans motif convenable. Un terrain
acquis selon la coutume, après avoir perdu leurs champs de Birindi
(groupement Nyakalengwa) et celui de chinogola dans le groupement Mpene. Champs
qu'ils avaient reçu des ascendants de l'actuel Mwami. Ce champ de Monvu
est une compensation des champs perdus ci haut.
Six Batwa avaient été massacrés dans ce
même territoire insulaire d'Idjwi par leurs voisins havu en date du 11
mars 2012. Il était reproché aux Batwa ; le vol des
récoltes dans les champs de leurs voisins havu. Sans porter plainte chez
qui que ce soit, les victimes de vol sont passées ainsi à une
justice populaire. Quatre des présumés voleurs avaient
été brulés vif après avoir été
récupérés la nuit de leur toit conjugal et deux
exécutés à coup de machette. Ils ont été
enterrés dans une fosse commune dans le massif de Nyamusisi à la
limite de deux chefferies que compte ce territoire. Deux personnes ont
été condamnées par le parquet de Bukavu sur une vingtaine
de présumés auteurs de cette justice populaire.Ce procès
poursuit son cours au Tribunal de Grande Instance d'Uvira, siège
secondaire de Kavumu.
2.4.5. La déperdition scolaire des enfants Batwa de
la province du Nord Kivu.
Sur base des enquêtes menées par PIDP Nord Kivu,
en novembre 2007, dans les territoires de Masisi, Nyiragongo, Rutshuru et
Walikale ; il a été révélé que 28,6%
d'enfants Batwa étaient scolarisés sur 71,3% des jeunes non
scolarisés. Sur les 1246 jeunes Batwa ayant pris leur inscription
à l'école primaire à cette époque ; Walikale
en comptait : 45,6%, Masisi : 37%, Nyiragongo : 7,3%, et
Rutshuru : 13,3%. Au secondaire, sur les 239 candidats ; Walikale
comptait : 67,7%, Rutshuru : 15,4%, Masisi : 12,5%, et
Nyiragongo : 4,1%. Aux enseignements supérieurs et universitaires,
neuf candidats seulement étaient identifiés, dont huit pour
Walikale et un pour le territoire de Rutshuru.
Nous avions attribué la cause de cette
déperdition scolaire des enfants Batwa à la pauvreté des
parents, incapables de payer les frais scolaires de leurs enfants. Nous avions
fait, en plus, allusion au système féodale du Kivu montagneux
qui aurait exclu davantage les Batwa à l'accès aux ressources,
car ils sont traités comme des vassaux. Mais aussi, l'ignorance des
parents Batwa quant à la nécessité de scolariser leurs
enfantscompte parmi les causes.
2.4.6. Le système foncier du Kivu et son impact sur la
vie des Batwa.
Le système foncier du Kivu a retenu notre attention
dans cette étude. Il s'y observe un paradoxe selon lequel :
« il y a trop des paysans sans terre à cultiver et trop de
terre sans paysans »19(*). Dans le Kivu montagneux surpeuplé
(380h/km2), la terre est une
propriété collective sous la responsabilité du mwami qui
décide de son affectation. Par contre dans le Kivu de basses
altitudes ; la terre appartient à un clan. Ce sont les membres du
clan qui décident de l'affectation de celle-ci. Tout ceci en
dépit de l'article 53 de la loi du 20 juillet 1973 modifiée et
complétée par la loi du 18 juillet 1980, selon laquelle :
« le sol est la propriété exclusive, inaliénable
et imprescriptible de l'Etat ».
Les Batwa dans le Kivu montagneux, n'ayant pas la
possibilité de payer le Kalinzi chez le mwami, sont pour la
majorité, obligés de pratiquer le métayage dans les champs
de leurs voisins. Les uns payent une poule par saison culturalepour une
superficie de 50ares.
Pour ceux des basses altitudes, dès lors que ces coins
sont à faible densité (10 à
30habitants/km2), il est reconnu à chaque
clan sa colline. Mais aussi, les terres arables ne sont pas encore
problématiques dans ces contrées. L'accès y est encore
facile moyennant un foufous « Bugali » d'une à deux
chèvres à donner au chef de clan ou à ses membres. Dans
cette partie du territoire, le champ appartient à celui qui aurait
abattu le premier, les arbres de la forêt primaire, après
autorisation des membres du clan. Autrement dit, il appartient à celui
qui aurait effectué en premier les travaux d'ouverture.
2.4.7. Les communautés
tribales en contact avec les Batwa au Kivu.
Pour le ministère des colonies (1957) les
populations qui occupaient à l'époque la province du
Kivu n'y arrivèrent qu'au xvè siècle, ou plus tard.
Elles s'y heurtèrent probablement aux aborigènes pygmées.
C'est de cette époque que data l'arrivée des Warega, originaires
semble- t-il du soudan et du Haut Nil. Ils vinrent de l'Est par la
région du Rwenzori. A peu près au même moment,
immigrèrent les groupes de l'ethnie Mongo. Les Balanga, Bagengele,
Wasongola et Bakusu qui occupèrent l'Ouest et le centre du Maniema. Ces
quatre groupes vinrent de l'occident, le premier en ligne droite et les trois
autres, après avoir fait un crochet vers le Sud.
Ce n'est qu'au XVIIe siècle qu'arrivèrent du
Sud, les Wagenia, Basonge, Wazimba (famille Baluba), ainsi que plus tard, le ''
Balubaïsés'' (Nonda, Mamba, Kasenga, Bakwange) et les Bahemba
qui occupèrent le centre Sud du pays. Les dernières migrations
amenèrent le Babuye, Bango-bango et Bahombo dans le Sud Est du pays,
tous, groupes d'influence Baluba.
Les Bakumu, qui occupent le Nord du Maniema, seraient
arrivés aux XVI Siècle venant de l'Est en même temps que
les Warega.
Avant l'arrivée des Européens, les invasions de
Bantous avaient abouti à la constitution des royaumes : des
Bakongo, des Bakuba, des Bashi du territoire de Kabare, des Bahunde du
territoire de Masisi, des Bahavu du territoire de Kalehe et celle des empires
des Baluba, des Alunda et des Bayeka.
Actuellement, la RDC compte plus de 450 tribus, dont plus ou
moins 40 tribus sont répertoriées au Kivu. Les plus importantes
par province sont :
Ø Au Nord Kivu : les Nande, les Hunde, les Tutsi,
les Hutu, les Batwa, les Kumu, les Nyanga, les Kusu, les Tembo, et les Kano
(Rega)
Ø Au Sud Kivu : les Bashi, les Havu, les Rega, les
Tembo, les Bembe, les Barongeronge, les Buyu, les Bwari, les Vira, les
Nyindu, les Batwa, les Barundi, les Nyamulenge et les Fuliru.
Ø Au Maniema : Les Mongo, les Balanga, les
Bangengele, les Wasongola, les Bakusu, les Rega, les Balubaïses (Nonda,
Mamba, Kasenga, Bakwange), les Wagenia, les Bahemba, les Tetela, les Batwa, les
Bangubangu, les Binja, les Wazaliwa, les Komo, les Songye, les Buyu, les
Kwange, les Mituku, les Zura et les Lengola.20(*)
Chapitre 3. LES BATWA
BABULUKO DE WALIKALE AU NORD-KIVU
3.1. Présentation
physique du milieu
Walikale est l'un de six territoires que compte la province du
Nord Kivu. Créé par l'Ordonnance n°23/129 du 17
Décembre 1954, après son détachement du territoire de
Masisi. Le territoire de Walikale est Situé à l'ouest de la ville
de Goma chef-lieu de la dite province. Avec une superficie de 23 475km2.
Habité par 939 337 âmes (Etat civil territoire de Walikale
1er trimestre 2011) avec une densité moyenne de 40habitants
au kilomètre carré. Les Batwa Babuluko sont estimés
à plus ou moins 5000 âmes soit 0.53% de la population totale.
Le territoire de Walikale fonctionne sous les limites
géographiques telles que tracées par les dispositions de
l'Ordonnance-loi n°68-018 du 12 Janvier 1968. Il est subdivisé en
deux collectivités secteurs et une cité ; « la
cité de Walikale ». La collectivité secteur des Wanyanga
compte 13 groupements : Bafuna, Bakusu, Banabangi, Ihana, Ikobo, Kisimba,
Luberike, Usala, Utunda, Walowa-Loanda, Walowa-Uroba, Walowa - Yungu et Wassa.
La collectivité secteur des Bakano compte à son tour deux
groupements : Bakano et Bakondjo.
Le territoire de Walikale est limité au Nord par le
territoire de Lubero, à l'Est par Kalehe, Masisi et Rutshuru ; au
Sud par Shabunda et à l'Ouest par les territoires de Lubutu, Punia et
Bafwasende dans la province orientale.
Le climat est de montagne à l'Est, le reste est
compris dans le climat de basse altitude, c'est à dire
équatoriale. Sa température varie entre 25° à
27° centigrade. Les pluies sont abondantes toute l'année, ce qui
explique l'existence d'une longue saison pluvieuse et d'une saison
sèche, mais courte. Le Relief à l'Est on trouve des
plateaux, des montagnes. Le reste du territoire constitue une dépression
parsemée des collines. L'Altitude minimum est de 600m,
maximum : 1800m et la moyenne est de 900m.
La plus grande partie du territoire de Walikale est
composée d'une forêt dense, très riche en
végétation et accessible à toutes sorte de cultures,
cependant dans la partie Nord du territoire, on y trouve une forêt
clairière (steppe).
Dans la faune de Walikale on peut y comptabiliser les
espèces rares comme : les gorilles, les éléphants,
pangolins géants, buffles, léopards, chimpanzés,
babouins, pythons, crocodiles, antilopes, boas, caïmans, etc.
La rivière Lowa est la principale rivière qui
traverse le territoire de Walikale, elle est un affluent du fleuve Congo ;
Luhoho, Osso, Osokari, Luka, Kyassa, Ulilu sont ses affluents. La forêt
de Walikale est riche en biodiversité, ce qui a poussé l'Etat
à étendre les limites du parc national de Kahuzi Biega dans la
collectivité secteur des Bakano en 1975.
L'agriculture vivrière, le petit commerce et
l'exploitation artisanale de minerais constituent l'essentiel de
l'économie du territoire de Walikale. L'huile de palme est la principale
culture de rente et industrielle. Il est possible d'y cultiver aussi le cacao,
le caféier, la canne à sucre etc.
Le territoire de Walikale est traversé par la route
nationale n°3 reliant Bukavu-Bunayakiri - Walikale - Lubutu et Kisangani.
Il est relié à la ville de Goma par la route secondaire Walikale
- Masisi - Sake - Goma.
2.5. Les
différentes communautés tribales à la rencontre des Batwa
Babuluko à Walikale
Le territoire de Walikale est habité par les
communautés de tribus : Kano ou Lega, Nyana, Kumu, Tembo, Kusu, et
Batwa Babuluko. Toutes ces tribus ses reconnaissent allochtones par rapport au
terroir walikalien, excepté les Batwa Babuluko dont l'origine s'emble
difficile à prouver, car toutes ces communautés tribales
reconnaissent avoir rencontré ce peuple dans ce milieu. Selon Kisa Bin
Tond (2000), le premier groupe ethnique à entrer en contact avec les
Batwa Babuluko était les warega venus de Shabunda(Sud Kivu), Pangi et
Punia (au Maniema). Ils ont occupé les deux groupements de la
collectivité secteur de Bakano (Bakano et Bakondjo) ; Suivi par les
Nyanga du clan Bana bangi et Baroba qui ont croisé les Batwa Babuluko au
sommet du mont Mika, au centre de Walikale, venu de Torro en Uganda passant par
Rutshuru. Un groupe important des Nyanga est cantonné dans la partie
Nord Est du Territoire et constitue la majorité de la population du
territoire de Walikale ; Les Kumu sont venus au même moment que les
Rega au 16e siècle et occupèrent le groupement Wassa
en direction de Lubutu. Le Tembo et les Havu (devenus plus tard les Bakano) ont
occupé la partie sud Est du territoire en provenance du territoire de
Kalehe et Idjwi ; les Kusu sont les derniers à occuper le centre
de Walikale par la guerre de conquête dite : la guerre de Lukundula
et s'approprièrent ainsi le groupement portant leur nom, abritant le
chef-lieu du territoire de Walikale.
Finalement par l'influence de la colonie, le territoire sera
peuplée plus tard par une minorité des Shi, des Rwandais, des
Burundais et des Nande venus travailler pour le compte de la
société : Mine des Grands Lacs (MGL 1923) transformée
en Société Minière et Industrielle du Kivu (SOMINKI en
1975).
D'où les Batwa Babuluko sont les autochtones des
Walikale. Malcolm G, poursuit en disant que ce peuple vivait de la chasse et de
la cueillette. Ils étaient donc nomades.On les trouve dans la grande
forêt équatoriale. Suite aux relations matrimoniales mixtes, ces
hommes ont fini par adopter le mode de vie des Bantous et servent pour loisir
dans les palais royaux. Ils sont très indispensables lors de
l'intronisation des chefs coutumiers.
2.6. Localisation des
Batwa Babuluko.
Les batwa Babuluko par leur mode de vie,
caractérisé jadis par le nomadisme, ont fini par se retrouver
dans d'autres territoires en dehors du territoire de Walikale. Une souche est
signalée dans le groupement Kalima, chefferie de Buhavu, en territoire
de Kalehe.Une autre souche serait signalée dans le territoire de
Shabunda, près de l'Institut Kalumbwa don Bosco.
La collectivité secteur des Bakano est à cet
effet considérée comme le foyer de dispersion des Batwa Babuluko.
Les uns ayant pris la direction de Walikale Lubutu fuyant le combat tribal qui
les opposait aux Nyanga. Ils avaient occupé les localités
de : Kirundu, Boboro, Matenda et Lukumbi. Ces Batwa Babuluko cohabitent
avec les tribus Kumu et Nyanga, et parlent ainsi respectivement les dialectes
de ces tribus. Une autre souche après un conflit interne au sein du
clan, avait pris la direction du Nord Est du territoire et occupa la
localité de Buruko du côté de Pinga, à la limite
avec le territoire de Masisi. S'agissant de ceux qui ont pris la direction de
Kalima à Bunyakiri, ils sont assimilés pour le moment aux
Batembo.Car, ils s'expriment en Kitembo et swahili pour communiquer. Les
restes, occupant la collectivité secteur des Bakano et ceux se trouvant
à Shabunda parlent tous Kirega comme dialecte de communication. Ces
éléments linguistiques nous font croire à
l'hypothèse selon laquelle, « qu'au Kivu, les Batwa se servent
de dialectes des communautés dominantes pour communiquer ».
CHIFUNDERA Z. suggère qu'on croirait à l'existence d'une
langue des pygmées, le « TWA » mais il apparaît que les
pygmées adoptent la langue de leurs voisins Bantous. Ils reconnaissent
ce fait en disant que leur langue est « perdue ». Malgré
cela, ils désignent souvent leur idiome par un terme spécifique :
Irhwarhwa, Machwa, Marhwa, Kimbuti, Chichiga, Indegha.
2.7 Les
spécificités des batwa babuluko.
Signification de
« Babuluko » ;
Il est clairement prouvé que la dénomination
Batwa Babuluko tire son origine de l'ancêtre commun de ce clan qui est
« Sababuluko » c'est-à-dire : le père
des Babuluko. Tout en gardant les caractères des Batwa. Toute l'opinion
pour les distinguer des autres groupes tribaux avait l'habitude de les appeler
pygmées. Indenté qu'ils avaient tendance à camoufler suite
à son caractère péjoratif et discriminatoire. Ce pourquoi
ils avaient mis en avant plan l'appellation de leur ancêtre
« sababuluko : Babuluko » qui signifiait à la
fois « Batwa » ou pygmées.
De Sababuluko naquis Luusi, de Luusi naquis Kaswera, de
Kaswera naquis Kabubala de Kabubala naquis Kansinsi, Kansinsi engendra quatre
fils dont :
1. Mumpima père de Ndakindwa groupe se trouvant dans
les villages: Itebero, Tusoke, Miassa, Isangi, Mpango, Mbongolo, Bushishi,
Walikale, Lufito, Kisa, Idambo, Kilali et Matoyre/Musenge.
2. Sachag'ha est le père du groupe se trouvant
à : Otobora, Mutiku/Kambushi et Kichanga,
3. Bushu est le père du groupe se trouvant
à : Mutiku/Kambushi, Idambo, Musenge, Kissa, Isangi, Lufito et
Kilali.
4. Kikululu dont les descendants se trouvent dans le
territoire de Kalehe/ Kalima : Ebisha, Kambegete, Nyamirwa, Makwe, Mashere
et Mutiku/Kambushi, Kilongote dans le territoire de Walikale.
Il existe dans le territoire de Walikale, d'autres groupes de
Batwa connus sous les clans: Bakeka, Banamatumo, Baruko et Batungu dont la
généalogie pourrait faire l'objet d'une étude
ultérieure.
Le chef de collectivité secteur des Bakano ;
Monsieur Katindi LWAMIANGO, dans son rapport du 4 Aout 2011 ; reconnait
que pendant la période coloniale, sa collectivité secteur
était constituée de huit clans principaux à savoir :
Bakano, Bakondjo (Banasigha, Batulanga, Basengele), Bananingi, Banisamasi,
Bafuna, Babutetu, Banakiundila et Babuluko. Il poursuit en disant que les
Babuluko sont les pygmées qui ne détenaient pas le pouvoir
coutumier, mais leur pouvoir était limité à
l'intronisation des chefs coutumiers et à l'installation de la
circoncision traditionnelle.
2.8 L'organisation
socio-économique, culturelle et religieuse des batwa babuluko avant la
colonie belge
Les Batwa Babuluko vivaient jadis de la chasse, de la
cueillette et du ramassage. Ils sont entrés en contact avec d'autres
tribus à partir de la chasse. Et ces derniers les initièrent plus
tard à l'agriculture. Ils échangèrent avec ces
Bantous les produits de leur chasse contre le sel et la perle.
Ils ont utilisé le « Bussa » comme
feu, obtenu à partir du frottement de deux sticks de bois secs. Ils se
sont vêtus des « Mulundu » comme habit tiré
des écorces d'arbres appelés « NSHULU » et
comme matériels de fabrications : deux morceaux de bois
«Nkingi et Mushur'hangir'ho » jouant le rôle de marteau et
d'enclume.
Ils ont habité dans des maisons en paille
appelées « Mug'hasse ou Kituka ».
Après la découverte du feu, ils emballaient
leurs aliments dans les paquets de feuille. Ensuite, ils ont appris à
cuire les aliments dans les casseroles en argile appelées
« Nungu simbumba ».
Ils dormaient sur les écorces d'arbres
« Mwampu ». Ils recevaient leurs visiteurs au Barza. Le
barza est un cadre qui servait aussi de lieu de rencontre familiale le
soir ; après la chasse ou le matin avant de se disperser dans la
forêt. C'est là, le lieu d'éducation des jeunes, de
reproche, de sanction, de conte et de palabre.
L'accouchement des femmes se passait dans la forêt,
à côté d'une rivière, sur les feuilles vertes
considérées comme lit gynécologique. Sous l'assistance des
femmes sages. Pour se marier, ils présentaient comme dot : les
instruments de chasse ; filet, chien, flèches et ivoires si le
jeune garçon était issu de la famille de chasseur
d'éléphant « Batuma ».
La fontaine « Ido »
constituait la principale richesse des Batwa Babuluko. Néanmoins, la
chasse était réglementée par la coutume dans cet abreuvoir
collectif des animaux sauvages. Par exemple ; pour les gros
mammifères, seule le mal était visé par les chasseurs.
Mais la pratique du piégeage ne pouvait pas opérer une telle
distinction. Ils observaient aussi un calendrier de chasse à la
fontaine. Pendant la chasse, ils faisaient recours : à la lance, au
chien de chasse, à la hache, au filet à grande maille et à
petite maille « Makila et Kabanda », au feu de brousse et
au piégeage. La peau et la dent du léopard étaient
jalousement conservées, car elles faisaient office dans plusieurs
cérémonies coutumières.
Les données des années 1970 et 1980 semblent
indiquer qu'à cette époque, la chasse et la cueillette des
produits forestiers non ligneux, qui assurait la substance locale d'une
population de faible densité n'ont pas détérioré
ces ressources naturelles. Ichikawa (1986,1996) estime qu'un groupe de 67
personnes récoltait annuellement environ 7 tonnes de gibier dans un
territoire de 150km2. Au cours de deux dernières
décennies, Hart (2000) conclut que l'utilisation des ressources
forestières par les Mbuti tend à devenir moins durable et que
l'immigration des cultivateurs facilite l'essor d'activités non
traditionnelles mettant en péril les systèmes traditionnels en
même temps qu'elle convertit la forêt en terroirs agricoles.
(CIFOR, 2007).
Donc toutes les activités vitales des Batwa Babuluko
comme les autres pygmées d'ailleurs étaient dans la
forêt.
Les traditions Batwa Babuluko.
a. La circoncision
indigène « YANDO »
La circoncision indigène est un rite d'initiation des
jeunes Batwa Babuluko, marquant le passage de l'âge d'adolescence
à l'âge adulte. Un rite qui se passe principalement dans la
forêt pendant plusieurs jours.
Dans le temps, il suffisait de planter un bananier, et la
première récolte du régime marquait la période de
retour au village des jeunes initiés.
Actuellement, cette durée va de pair avec la
période de grande vacance de deux mois (Juillet et Aout). Les Batwa
Babuluko ont assimilé toutes les autres tribus de la forêt
à cette culture ayant comme patron « Kimbilikiti»
considéré comme grand esprit des habitants de la forêt. Le
nom de cet esprit varie selon les cultures.
b. La cérémonie royale
« BWAMI »
Chez les Batwa Babuluko, tout premier né de la famille
était mwami ou chef. Le bwami des Batwa Babuluko évoqué
ici était limité au village qu'ils occupaient. Et chaque famille
avez la possibilité de construire son village à part. Donc,
l'enfant, à l'âge adulte devait se marier et aller constituer son
propre village. S'il cohabitait avec les membres de la famille étendue,
le village serait dirigé par le descendant du fils ainé du chef
du village.Après la circoncision, celui-ci était investi par les
vieux sages de la famille. Il était orné des objets sacrés
tels que :
v Dents du léopard qu'il portait au coup et une
auréole coutumière « mutanganika »
fabriqué au cuivre,
v Il était coiffé d'une peau de léopard
« kikumbu »,
v Attaché au bras d'un bouquet de plume d'oiseau
« tumpumpu » et portait au pied des morceaux d'ivoires
d'éléphant « Nseg'he »
v Il était assis sur une petite chaise ronde
« kishumbi » une chaise embellie de l'argile rouge
« mukusa »,
Tout son corps était oint de l'argile rouge
« mukusa » associé de l'huile du fruit de l'arbre
« busey ».
Pour le bénir, on l'arrosait avec le kaolin blanc. Ce
jour-là, il avait comme natte la peau du léopard et portait
comme ceinture ; la peau du varan.
C.
Culte aux ancêtres
Dans sa généralité, la tradition
religieuse africaine distingue le monde invisible et le monde visible ; le
second ayant sa source dans le premier, se divise en deux : le monde des
hommes et le monde des choses comprenant aussi bien les végétaux
et les animaux que les êtres simplement matériels.
Différents et distincts l'un de l'autre, ces trois
mondes sont constamment en interaction dans une chaîne de forces donnant
et soutenant l'être et la vie, parce qu'émanant de l'Etre divin.
(DEFOUR G. Recherches africaines, n°7, Juillet 2001,10).
Les Batwa Babuluko connaissaient le vrai Dieu, le Dieu de
centuple « Ongo mag'hana ». Alors, pour faire parvenir
leurs intentions à Dieu tout puissant, ils devaient
nécessairement passer par l'intermédiaire de leurs
ancêtres.
La cérémonie d'adoration se passait dans la
brousse à des lieux sacrés mieux indiqués pour la
circonstance, soit dans une maisonnette « Kasumilo »
construite au fin fond du camp, un peu à l'écart du village.
Objectif de l'adoration
L'objectif était de solliciter à l'Eternel
tout puissant, par le biais des ancêtres : la guérison, la
protection contre les intempéries, les catastrophes naturelles, les
accidents, la mort, les calamités (famine, épidémies,
etc.), la victoire pendant la guerre, une chasse fructueuse, etc.
Processus à suivre
pendant l'adoration :
Ø Ils construisaient une petite maisonnette
« Kasumilo » à proximité du village, un lieu
d'évocation des ancêtres.
Ø Devant cette maisonnette était
érigé un hôtel « Indumba » où
l'on déposait l'holocauste, principalement constitué de la
viande du potamochère, du porc-épic ou de
l'écureuil ; associé au foufou préparé avec la
farine de banane plantain, sans oublier la boisson brassée des bananes
murs « Ituba - Kampinda ».
Ø Pendant l'évocation des ancêtres, la
circoncision « Yando », circulait tout autour de la maison
d'adoration.
Ø L'aîné de la famille (chef de clan)
tenait une clochette « Nkunga » à la main et
procédait ainsi à l'évocation de la litanie de ses
ancêtres, commençant par le Dieu tout Puissant, puis le plus grand
ancêtre jusqu'au tout récent, suivant l'arbre
généalogique. Il y avait aussi la possibilité de
réciter cette litanie suivant l'ordre croissant des ancêtres.
Exemple : « Ongo wa mag'hana,... w'isababuluko
... wa lusi....wa kaswera... wa kabubala... wa kansinsi... wa mumpima
... ».
Dieu étant un être suprême, pour
l'atteindre, les Batwa Babuluko ont compris qu'il fallait passer par
l'intermédiaire des aïeux (grands parents).
d. La prophétie
Les Batwa Babuluko ont connu deux sortes de
prophéties :
Ø La prophétie des Os et
Ø La prophétie du feu
1. La prophétie des
Os
Pour cette prophétie, le prophète utilisait les
os de l'éléphant et/ou ceux du potamochère (sanglier)
connu dans l'ensemble sous l'appellation de « mukono »
(main).
De fois, il utilisait aussi les dents du potamochère
« tumondo ».
Cette pratique avait comme objectif de :
départager un différend, prophétiser les
événements futurs, clarifier le choix pendant le mariage,
découvrir l'origine ou la cause de la mort ou soit un
événement passé, la cause de la maladie et
déterminer l'origine d'autres aspects de la vie sociale dans la
communauté.
2. La prophétie du
feu
Ce feu était allumé sur base d'une bougie. Les
ingrédients qui concouraient à la fabrication de cette bougie
furent : la graisse du bouc, farine de banane plantain et poudre de
l'arbre connu localement sous le nom de « Kabig'ha nkati ».
Cette bougie était allumée à l'aide d'une autre bougie
fabriquée sur base de résine, « musuku », ou
soit sur base de l'encens « bwagha ».
L'objectif ici était de différencier la
maladie et la mort qui avaient principalement comme origine : Dieu, la
culpabilité des citoyens (péché)
« kiswabo », le tabou « kig'ha» ; la
colère du supérieur « muungo » ou la
malédiction.
e. Moyens de communication
Dans le temps, il n'y avait pas de route dans la forêt
des Walikale. D'où, pour se transmettre un message, les Batwa Babuluko
faisaient recours au tam-tam, « Lukumbi » ou soit à
une corde de raphia nouée.
v Le rythme du tam-tam traduisait directement le message. Ce
message pouvait être de joie tout comme de tristesse (deuil). Parmi les
messages de joie, on pouvait distinguer : l'abattage d'un grand
mammifère comme l'éléphant, la naissance d'un
bébé, le mariage, le rite d'initiation etc.
v S'agissant du messager qui amenait avec lui une corde de
raphia nouée ; cette corde avait le sens d'une invitation. Si le
noeud de la corde n'était pas solide, cela supposait que l'invité
était appelé d'urgence. Dans le cas contraire, c'est qu'il n'y
avait pas de danger, l'invité pouvait se préparer lentement et
venir au moment opportun.
f. la musique et la danse
La musique jouait un rôle important dans la vie sociale
des Batwa Babuluko. Elle consistait à traduire leurs émotions,
leurs sentiments mais aussi constituait un canal par excellence de transmission
de la tradition culturelle twa.
La danse chez les Batwa Babuluko s'exhibait suivant des
circonstances telles que :
v Pendant l'initiation des jeunes garçons à la
vie active par le canal de la circoncision, ils exhibaient la danse de
« Bilinga » ou « Mukomelo wa
Bwali »,
v A l'abattage d'un éléphant ou en vue de
soutenir les chasseurs d'éléphants
« Batuma », les restes de la communauté exhibaient
la danse de « Butuma »
v A la naissance d'un nouveau-né, ils exhibaient la
danse de « Bubinde»,
v Le « Mbuli », était exhibé
d'habitude pendant l'investiture d'un chef de clan, pendant l'accueil d'un
hôte, ou soit le soir dans le camp après repas.
Les instruments de musique utilisés furent :
flûte, tam-tam, « lukumbi », morceau de bois
« mukoko», likembe, etc.
2.9 . Contribution
à la protection de l'environnement
Comme énoncé ci haut, les pratiques de chasse
traditionnelles des Batwa Babuluko ont été favorables à la
conservation de l'environnement. Mais, l'essor démographique a
été en contre-courant à toutes ces valeurs. De nos jours,
plusieurs espèces sont en voie d'extinction. L'usage des techniques
modernes de chasse : fusil de chasse calibre 12, armes de guerre, collet
métallique, empoisonnement des rivières devenus monnaie courante.
Actuellement, Il est difficile de repérer les traces des grands
mammifères comme : éléphant, gorille, buffle,... dans
les forêts de Walikale. Les produits de chasse ne répondent plus
aux besoins alimentaires de la population locale. Ils sont compensés par
les produits de commerces importés des grandes villes de la
région : Bukavu, Goma et Kisangani.
En plus des instruments de chasses déjà
évoquées ; rappelons d'autres modes de capture des gibiers
appliqués par les Batwa Babuluko, dans le temps,
réputés des techniques durables de conservation de la
nature : la chasse-poursuite à éléphant, la chasse
au singe à l'arc empoisonné, capture à mains nues,
enfumage des terriers de rongeurs géants, chasse individuelle à
l'arbalète, capture dans le terrier, chasse avec chien (souvent
individuel), chasse à la sagaie en petit groupe et la grande chasse
à la trace des grands mammifères (éléphants,
gorille, buffle, ...) ; à cela pourrait s'ajouter les
différents modes de piégeages : les pièges aux
câbles traditionnel, les pièges à stick en bois avec charge
de pierre et morceaux de bois, pièges tendus sous forme de barrage des
collines, piège posés au sol sur le pistes des gibiers,
pièges posés sur les arbres et traversées des
rivières,... Tous ces modes de chasse et de piégeage,
combiné à la faible densité de la population à
l'époque, ne pouvaient pas détériorer l'environnement. Les
menaces qui pèsent sur l'environnement aujourd'hui dans l'espace
Walikalien sont souvent liées à l'explosion
démographique, aux évènements de la guerre en
répétition au Kivu et à l'exploitation artisanale des
minerais.
Ce derniers temps, les Batwa Babuluko sont engagés dans
le projet de foresterie communautaire. La forêt de communauté
locale est consacrée par différentes lois de la République
Démocratique du Congo. Par exemple :
- La constitution de la RDC du 18 février 2006
spécialement en ses articles : 34, 53, 58, et 59.
- La loi N°011/2002 du 29 Août 2002 portant code
forestier de la RDC, spécialement en ses articles : 22, 36 à
41, et de 111 à 113.
- Le décret N° 08/08 du 08 Avril 2008 fixant la
procédure de classement et de déclassement des forêts en
RDC.
- L'arrêté ministériel N°
023/CAB/MIN/ECNT/15/JEB/2008 du 07 Août 2008, portant création et
organisation du comité de pilotage du projet de foresterie communautaire
en RDC.
- La loi 73-021 du 20 juillet 1973 portant régime
général des biens, régime foncier et immobilier et
régime des suretés telle que modifiée et
complétée par la loi n°80- 008 du 18 juillet 1980 à
ses articles 387 à 389, reconnait l'existence des terres occupées
par les communautés.
En effet, huit sites ont été identifiés
par les Bawa Babuluko pour cette fin, à savoir :
· La forêt de Chankuba à Kilali
· La forêt de Mashugho/Kinsali à Kisa
· La forêt de Mutiku à Kambushi
· La forêt de Kasumba à Kasumba
· La forêt de Lungo à Bangenengene
· La forêt de Bakeka à Isangi,
· La forêt de Kiushi à Lweghe et
· La forêt de Bushishi à Kakundu.
De toutes ces forêts communautaires Batwa Babuluko,
telle qu'elles le sont par la coutume, seule la forêt de Lungo semble
conflictuelle. Cette forêt fit frappée par l'extension du Parc
National de Kahuzi Biega (PNKB) suivant l'ordonnance présidentielle
n°75/238 du 22 juillet 1975, modifiant les limites du parc de 60000
à 600000 ha. S'étendant ainsi sur les territoires de Kabare,
Walungu, Kalehe et Shabunda au Sud Kivu, Walikale au Nord Kivu et Punia au
Maniema.
Rappelons que pendant la rébellion du RCD Gama
(1998-2003), cette forêt de Lungo avait fait l'objet d'une exploitation
artisanale de coltan et de la cassitérite. Le droit coutumier de cette
exploitation revenait aux Batwa Babuluko des villages : Bangenengene,
Mintonko, Mutandala et Misenya.
Ces Batwa dépossédés sans consultation ni
indemnisation, réclament une réparation des dommages subis
auprès de l'Institut Congolais pour la Conservation de la Nature (ICCN),
branche de l'Etat en charge de la gestion des aires protégées en
RDC.
2.10 Moyen de
défense en cas d'attaque
Ils ont connu comme instruments de guerre : la lance,
l'arc à flèche, le carquois des flèches, le bouclier
« Ngabo » fabriqué de l'arbre « Muntaka et
Musay ». L'on notait dans la communauté Batwa Babuluko des
grands guerriers spécialisés dans la manipulation de la lance. La
mémoire collective reconnait encore les noms des guerriers comme :
Bishina et Sakiranda. Leur faiblesse numérique était à la
base de multiples échecs. Ils avaient des systèmes d'alerte et
des stratégies pour défier l'ennemi.
2.11 Considération
dans la société :
Nous devons rappeler que les Batwa Babuluko sont en transition
sur tous les plans : culturel, économique, sociale, politique etc.
A partir de l'analyse de cette transition, nous aurons l'occasion de
découvrir la considération réservée aux Batwa
Babuluko par le reste de la société.
2.12 La transition socio - culturelle et économique des
Batwa Babuluko.
Sur le plan politique, la transition peut se définir
comme la période reliant deux régimes politiques. Prenons
l'exemple de la longue transition qu'a traversé la République
Démocratique du Congo entre la deuxième et la troisième
république (1990 à 2006).
Les Batwa Babuluko qui sont venus de la sauvagerie à la
barbarie maintenant ils sont en transition vers le développement qui
suppose la civilisation.
Sur
le plan économique
Ils sont en transition entre la cueillette, le ramassage, la
chasse, la production de subsistance et la production de masse. Car certains
Batwa Babuluko ont des palmerais capables de produire 2 à 10 bidons de
vingt litres d'huiles de palme par mois, pouvant être
écoulé aux grands centres de négoces : Musenge,
Hombo, Kambegete, Kambale, Bukavu, ...
Par contre dans les coins les plus enclavés comme
Isangi et Mpango ; le troc est encore d'actualité. Les paysans
échangent la viande, la nourriture (manioc, riz, banane), les minerais
contre les produits manufacturés.
Sur
le plan socio - culturel
Sur ce plan socio culturel ; les Batwa Babuluko sont en
transition entre les deux sociétés : traditionnelle et
moderne. Ces sociétés sont caractérisées par la
solidarité mécanique ou clanique et la solidarité
organique prônée par Emile Durkheim. D'une manière
pratique, vers les années 1985 à 1999, les Batwa Babuluko
étaient regroupés dans une mutualité clanique Batwa
Babuluko avec comme mission principale : assistance mutuelle des membres
en cas de deuil, mariage, organiser les travaux communautaires, ...
De nos jours, après contact avec le Programme
d'Intégration et de Développement du peuple Pygmée au Kivu
« PIDP Kivu » en 1997, les Batwa Babuluko ont tous
adhérés dans cette structure ne maitrisant pas ses modes de
fonctionnement. Pourtant, les associations sans but lucratif sont régis
par une loi qu'il faut respecter (la Loi n°004/2001 du 20 juillet 2001
portant dispositions générales applicables aux associations sans
but lucratif et aux établissements d'utilité publique).
Le mode de fonctionnement du PIDP est venu plonger les Batwa
Babuluko en conflit. Le budget de cette organisation n'étant plus
à mesure de résoudre les multiples problèmes de ses
membres qui trouvaient autre fois solution avec l'entraide mutuel. Voilà
la nécessité de revoir la politique d'intervention dans cet
univers Batwa qui commence à se méfier des leurs structures
d'accompagnement et pourtant on ne peut réussir qu'avec les autres. Il
manquait dans PIDP une bonne politique de décentralisation. Tous les
territoires du Kivu constituaient une supervision du PIDP
représentée par un leader pygmée. Mais les
décisions se prenaient à Bukavu, à la coordination. Face
à cette analyse, Nord Kivu et Maniema seront érigés plus
tard en directions provinciales avec une autonomie de gestion.
Les
acteurs de cette transition socio culturelle et économique des Batwa
Babuluko.
Les acteurs sont situés dans l'évolution
historique du pays. Cette évolution peut être repartie en trois
périodes : près coloniale, coloniale et poste coloniale.
a. Avant le partage de l'Afrique à la conférence
de Berlin (1885) les Batwa Babuluko avec d'autres communautés tribales
à leur rencontre vivaient dans la sauvagerie et la barbarie.
b. De l'Etat Indépendant du Congo au Congo Belge (1886
- 1908) et du Congo Belge à l'indépendance de la RDC (1908 -
1960) ; les Batwa comme toutes les autres tribus du Kivu ont
été soumis à la colonie et aux exigences liés
à celle-ci. Familles isolées regroupées en villages,
villages groupés en centres extra coutumiers, d'autres villages
regroupés en groupement, collectivités, territoires, districts
et provinces. Ils commençaient à produire en fonction du besoin
de la colonie, pour nourrir les exploitants miniers de la Mine des Grands Lacs
et de la Société Minière et Industrielle du Kivu.
c. Après l'indépendance ; 1960 à nos
jours : nous avions observé une succession des gouvernements :
le gouvernement de la première république 1960 - 1965, celui de
la deuxième république (1965 - 1990) caractérisé
par la dictature de Mobutu, la longue transition de 1990 à 2006 et le
gouvernement de la troisième république de 2006 à nos
jours.
Pendant la période coloniale et même sous le
régime de Mobutu, il n'était pas facile de parler des
pygmées comme peuple distinct des autres membres de la
communauté. Quand bien même cette distinction été
toujours visible suivant le traitement discriminatoire des chefs coutumiers
à l'égard des Batwa.
Aujourd'hui, le processus de la démocratisation du pays
offre des opportunités pour parler de vive voix sur la question des
pygmées. Cette démocratie a été à l'origine
même de la prolifération des partis politiques et des associations
sans but lucratifs dont les associations accompagnant les pygmées
comme : PIDP KIVU, UEFA, CAMV, ERND, CIDOPY, ECHO ACTION, CEPAKI, RAPY,
LINAPYCO, DGPA, RPALEF,....
2ème partie :
L'INTEGRATION DES BATWA BABULUKO, COMME MOYEN DE LUTTER CONTRE LA
DISCRIMINATION ET LA PAUVRETE
Chapitre 1. RESULTATS DE
L'ENQUETE
I.1. Echantillonnage :
Notre échantillon a porté sur les sites de
stabilisation des peuples autochtones Batwa Babuluko du territoire de Walikale.
Nous avions inventorié dans ce territoire 43 sites pygmées Batwa
Babuluko dans les deux collectivités secteurs quicomposent le territoire
de Walikale. Soit 19 sites dans la collectivité secteur des
Wanyanga : Pinga , Kirundu , Kilungu , Mutara , Mwiki, Boboboro,
Katanga, Mutongo, Matenda I&II, Lukumbi, Buringa, Byarenga,
Oninga , Buruko, Burutsi, Malembe, Kiluku, Bulimu, et 24 sites dans
la collectivité secteur des Bakano à savoir : Busisi,
Kakundu, Bangenengene, Misenya, Mutandala, Mbongolo, Mulindi, Itebero,
Isangi/Kawewe, Kambushi, Kissa, Lufito, Kilali, Matoile, Idambo, Myasa,
Kilongote, Otobora, Nyanga, Katatwa, Kiushi / Kitofu, Idipo, Milungu,
Kabalo.
De ces 43 sites, nous avions prélevé un
échantillon de dix sites soit 23.2% des sites Batwa Babuluko
inventoriés dans le territoire de Walikale.
Ces sites ont été sélectionnés par
axe et par collectivité secteur, suivant leurs caractères socio-
économiques à pouvoir répondre aux préoccupations
du sujet de recherche.
Par collectivité secteur : Huit
sites ont été sélectionnés dans la
collectivité secteur des Bakano à savoir, les sites de :
Bangenengene, Busisi, Lufito, Kambushi, Kawewe/Isangi, Kilali, Kisa, et
Misenya. Et deux sites ont été sélectionnés dans la
collectivité secteur des Wanyanga à savoir : les sites
de : Kirundu et Boboro.
Par axe :
v Les sites situés sur l'axe principale ; la route
nationale n°3 Kisangani-Bukavu via Walikale sont : deux sites pour la
collectivité secteur de Bakano notamment le site de Busisi et celui de
Kambushi respectivement à 18 et 55km de Walikale en direction vers
Bukavu ; et deux autres sites dans la collectivité secteur des
Wanyanga à savoir : le site de Kirundu et celui de Boboro
respectivement à 12 et à 30km de Walikale, en direction vers
Kisangani.
v Les sites situés sur le raccourci reliant le centre
de Musenge et le centre de Nayasi-Walikale laissant de côté la
route principale contournant vers Itebero ; le chef-lieu de la
collectivité secteur de Bakano sont entre autre sites de : Kilali,
Kissa et Lufito (Lufito est encore isolé à plus ou moins 4km de
l'axe principale).
v Les sites situés sur l'axe Itebero-Kyasa - Kasese-
Punia : Une route de desserte minière longtemps abandonnéeet
franchissable à ce moment que par les piétons. Deux sites ont
été identifiés dans cet axe à savoir : le site
de Bangenengene et celui de Misenya respectivement à 40 et 60km
d'Itebero. Deux sites riverains de l'extension du PNKB et dont les habitants
ont été victime d'expropriation de leurs terres par le dit parc.
v En fin un site a été sélectionné
dans la forêt d'Isangi, le site de Kawewe situé à 35km au
Sud-ouest d'Itebero. Site complètement enclavé. Ce site est
aussi riverain de l'extension du PNKB. Sur l'axe Itebero- Isangi - Kalonge.
Le choix de 8 sites dans la collectivité secteur des
Bakano par rapport à deux sites pour la collectivité secteur des
Wanyanga s'explique par le fait que ; la plus part des sites
inventoriés dans ce secteur des Wanyanga sont tellement enclavés
situés à une distance exigeant plus ou moins une semaine de
marche à pied dans la profondeur de la forêt. Citons ici le cas
des villages situés dans la localité de Buruko du
côté de Pinga à la limite avec le territoire de Masisi.
Metenda I et II sont aussi localisés à plus ou moins 180 km de
Walikale centre en direction de Lubutu. N'ayant pas le moyen matériel
pour contourner cet obstacle et le temps nous imparti, nous avons jugé
bon de sélectionner les villages ci- haut cités. Tous ces
villages ciblés sont des villages privés aux Batwa Babuluko,
dirigés et contrôlés par eux-mêmes bien qu'ils
peuvent y cohabiter avec les membres d'autres clans.
1.2. HISTORIQUE
Nous ne cessons de le rappeler que les Batwa Babuluko sont les
autochtones, les premiers occupants du territoire de Walikale. Ils occupaient
d'abord le sommet du mont Mika et les alentours du pont Lowa appelés
jadis « Nduma a karekare » à l'origine du nom
Walikale. Nom du chef-lieu et du territoire de Walikale.
Le domaine des Batwa Babuluko allait de ce mont Mika
descendant avec la rivière Lowa jusqu'à son affluent avec la
rivière Luhoho. De la Luhoho jusqu'à Myowe Bunyakiri descendant
du côté de Talya et Kyassa deux rivières limitant le
territoire de Walikale et Shabunda au sud-ouest. De l'affluent de Kyassa avec
la Lowa près d'Obaye (ancien site de la SOMINKI) remontant avec la Lowa
jusqu' à son affluent avec la Luhoho. Ils contrôlaient toute cette
forêt, sans contrainte ni concurrent, la forêt qui prenant l'image
de la collectivité secteur des Bakano actuelle.
Ils étaient croisés par les Nyanga
« Banabangi/ Bisa Ramba » qui avaient occupé la rive
droite de la Lowa et les Baroba occupèrent la rive gauche, chassant
ainsi les Batwa Babuluko. Ils prirent la direction de la route Walikale-
Kisangani, les autres vers le Nord Est du territoire jusqu'à occuper la
localité Buruko du côté de Pinga.
Selon Kisa Bin Tond (2000), c'est la souche qui habitait la
forêt de Bakano qui a été rencontrée
antérieurement par les Lega venus du côté de Shabunda,
Pangi et Punia.
Partant d'une relation consanguine entre un jeune
garçon et sa soeur twa, naquit un jeune garçon nommé
« Lukonso » (cancrelat en français), d'où
l'origine du nouveau clan Bakonso.
C'est dans la forêt de Lweghe que Batwa Babuluko
entrèrent en contact avec un clan de tribu Legha nommé Bisa
makala. Ce nom de « Bisamakala », parce que, pendant la
chasse ; ils marchaient sur les traces des Batwa Babuluko en utilisant les
braises « Makala » laissées par ces
derniers.
Nsibula est un sujet Havu venu d'Idjwi, fils de Shibula Mwami
d'Idjwi !
Il échangeait les bijoux avec les ivoires
d'éléphants. A son arrivée à Lweghe, forêt
des pygmées riche en éléphants, il a eu pour femme une
jeune fille Twa/ Mubuluko. Il a été obligé par les Batwa
d'aller subir la circoncision indigène, parce qu'il était
difficile pour eux de donner leur fille à mariage à un
incirconcis. Ses disciples ayant appris cela, rebroussèrent chemin
jusqu'à Idjwi, annoncer la nouvelle au père de Shibula que son
fils venait d'être assimilé par les pygmées à la
coutume étrangère. Shibula maudit son fils pour cette
cause-là.
De cette union, naquit un jeune garçon nommé
Mukano. Le jour de la naissance ; le père de l'enfant et ses
beaux-frères revenaient de la chasse. Parmi les butins de la chasse
figuraient pour la plupart les singes connus localement sous
l'appellation de « Mukani, Mukano ou Mungembe ». Ce le nom
de cet animal qui sera attribué au nouveau-né. D'où,
l'origine du clan Bakano de la collectivité secteur des Bakano. A
l'âge adulte, les Batwa ordonnent à Mukano d'installer lui aussi
la circoncision indigène, puisqu'il est devenu neveux et leur tradition
accordait beaucoup d'importance aux neveux. Ils étaient
respectés. A l'occasion, on l'orna des objets coutumiers ; comme le
bonnet du léopard au même titre que ses oncles, un signe du
pouvoir.
Celui qui installe les Bami et qui décide des grandes
orientations reste le Mutwa Mubuluko. Les Batwa ce sont réservés
le pouvoir législatif et le Mukano l'exécutif suivant la coutume.
La culte aux ancêtres revenait aux Batwa et d'autres rituels liés
à la coutume. C'est pourquoi chaque chef coutumier a à ses
côtés ; une souche pygmée pour ces fins jusqu'à
nos jours.
Curieusement ces Kano vont abuser de ces principes coutumiers
qui les régissaient. Le chef Kano retournera à Idjwi et au Buhavu
recruter les combattants pour déloger les Batwa de cette forêt de
Lweghe riche en éléphants. Les Batwa Babuluko périrent
dans cette guerre tribale. Les survivants se dispersèrent suivant
plusieurs directions dans le territoire de Walikale et les uns iront dans le
territoire de Kalehe groupement de Kalima.
Vu la défaite des Batwa Babuluko, le clan Bakano
procéda ainsi à la redistribution des collines et montagnes
appartenant jadis aux Batwa Babuluko.
Ils procédèrent de la manière
suivante :
1 Lukinga, grand père d'Elenge chef des Bakano
récupéra la forêt d'Isangi jusqu'à Mwanga,
2 Mubinga ou Ningi petit frère de Lukinga avec son
groupe occupa Yolola jusqu'à Musenge wi Ndungu,
3 Massi « Banisamasi » venus de
Shabunda, remontant avec la rivière Lowa,
récupérèrent la forêt qui part de la rivière
Utu jusqu'à Miassa y compris le mont Mbi ; limité à
l'Est par la rivière Nyanzila, remontant avec le ruisseau Namalimingi au
Sud Est d'Itebero jusqu'à Nakele/ Makongo.
4 Les Basengele/Bakondjo : venus à leur tour de
Punia au Maniema, occupèrent depuis Obaye, Binakwa, Ibanga
jusqu'à la rivière Utu,
5 Les Babutetu qui sont des Tembo du territoire de Kalehe,
occupèrent eux aussi depuis Kalima Bunyakiri jusqu'à Lwana,
6 Les Babutetu Babirobiro ont quitté Kalima Bunyakiri
pour occuper la localité qui va de Hombo jusqu'à Kampemba/Mifuti.
Ils y cohabitèrent avec les Babuu venus de la chefferie Buloo/
Bunyakiri,
7 Les Nyanga- Bana Ngulu/ Bafuna : occupèrent
à leur tour les limites qui vont de la rivière Nkese
jusqu'à la rivière Luhoho traversèrent jusqu'au pont Lowa
au centre de Walikale, (direction Itebero - Walikale),
8 Le clan Banakiundila est venu du groupement Walowa Loanda de
la collectivité soeur des Wanyanga et occupa la partie qui va de la
rivière Kampemba à la rivière Luuka au centre de
Musenge,
Ces différents clans traduisent directement les
différentes localités de la collectivité secteur des
Bakano, et chaque clan a à ses côtés une souche des
pygmées Batwa Babuluko d'investiture. Autant ils les avaient
anéantis par la guerre, autant les batwa babuluko étaient
assujettis par ces chefs de clan et obligés de cohabiter avec eux sous
une condition de construire leurs cases à proximité,
séparées généralement d'une rivière ou d'une
vallée, avec une colline propre au Batwa Babuluko où ils devaient
pratiquer leur rituels et l'agriculture. Les zones de chasse étaient
illimitées, elles étaient exploitées par toute la
communauté confondue selon la volonté.
L'on ne pouvait faire recours aux Batwa Babuluko qu'en cas de
besoin lié à la coutume. Bref une catégorisation
traduisant la discrimination. Pendant la circoncision du prince (fils du chef
coutumier) ; au lieu d'égorger une poule comme l'exigeait la
coutume, le chef exigeait que soit égorgé un sujet pygmée
au lieu et place de la poule, pour que son fils traverse ce sang avant
d'être circoncisez. C'est ne que l'arrivée des colons qui est
venus mettre fin à cette situation vers 1910. Témoignage de papa
Kisangani (enseignant à l'Ecole Primaire Elenge d'Itebero 2007).
L'histoire de l'Afrique noire étant
caractérisée par la tradition orale, il nous a été
difficile de repérer les dates de ces différentes rencontres. La
menace identitaire et discriminatoire qui pesait aux Batwa Babuluko, les avait
poussé à s'assimiler dans toutes ces tribus à leur
rencontre, changeant ainsi leur identité de pygmée qu'ils
qualifiés de péjoratif et discriminatoire en adoptant
l'identité de Batwa Babuluko. C'est vers les années 1985 qu'une
voix commençait à se lever afin de revendiquer leur
identité qui était menacée de disparaitre à travers
une mutualité Batwa Babuluko, fondée définitivement en
date du 5 mai 1988 à Kisa. Avec comme président co-fondateur
Nkuba Kitwanda Pierre.21(*)
Revenons sur le
questionnaire d'enquête par rapport à l'historique:
1. A la question de savoir qui étaient les premiers
habitants de ces villages : nos enquêtés ont répondu
à l'unanimité que ces villages ont été
créés par les Batwa Babuluko et que c'est eux qui les habitaient
depuis lors. 100% de réaction. Car, souvent dans Walikale, pour raison
de sécurité et surtout la solidarité clanique qui
caractérisait le milieu, les habitants construisaient les villages
suivant l'appartenance clanique.
2. A la question de savoir à quand remonte l'occupation
du village par les pygmées ; aucune date précise ne nous a
été livrée. Mais, certains villages ont été
créés par l'influence de la colonie et de l'Etat. Ex : le
site de Kambushi existait dans la forêt, mais après la
rébellion de l'AFDL (1996), toute la population était
contraintede descendre sur la route craignant la suspicion d'une quelconque
complicité avec les forces négatives. Ils ont érigé
ce site au bord de la route tout en respectant la consigne de la coutume selon
laquelle, le village doit être séparé du village du chef
coutumier par un ruisseau ou une vallée. C'est ainsi que ce site de
Kambushi est à un kilo mètre du chef-lieu de la localité
Bananingi dirigeait jadis par le chef Mahangaika et sa succession. Le village a
conservé la même dénomination qu'il avait dans la
forêt « Kambushi ». S'agissant du site de Kirundu et
Boboro, ces sites ont été aménagés par l'influence
de la route goudronnée par les chinois sur le tronçon Walikale
Kisangani vers 1989-1990. Et pour ce qui concerne les sites de Misenya et
Bangenengene, ils ont été installés depuis 1975
après l'expulsion de ses habitats par l'extension du PNKB dans leurs
anciens campements de Lungo. Sinon, dans le temps ils vivaient en nomadisme
dans les collines de Lungo et Ititi devenues patrimoine du PNKB.
3. Avant d'occuper les sites actuels ; les pygmées
vivaient dans des sites environnants et même lointains. Car les causes
de migration chez les pygmées étaient multiples : la
disponibilité des produits de chasse, les maladies et la mort dont la
cause était incertaine, etc.
4. Les raisons de leur installation dans le milieu
actuel : 6 sites, soit 60% ont avoués avoir été
contraint par l'Etat ; 2sites, soit 20% ont répondu avoir
été influencés par les opportunités de la route et
les habitants de 2 autres sites justifient leur présence dans leur
village par peur d'être tué par les autres clans pendant la guerre
de conquête. Cette situation les avait obligés de construire des
villages clan par clan mais à proximité les uns contre les
autres.
5. Les origines des occupants des sites sont
différentes. Bien que ces sites soient réputés des Batwa
Babuluko, il a été remarqué qu'ils y cohabitent avec les
peuples d'autres clans qui ont préférés partager leur vie
avec les Batwa Babuluko. C'est de cette façon qu'ils nous ont
affirmés la présence des Batwa/Babuluko dans d'autres villages
non Batwa avec possibilité de mariage mixte entre clan les plus proches.
6. A la question de savoir si l'autorité en place
était traditionnelle ou Etatique, nos enquêtés ont
avoué à 100% soit 10sites sur 10 que le chef du village est une
autorité traditionnelle. Souvent, c'est l'aîné ou le cadet
de la famille qui est désigné comme chef du village devra rendre
compte à l'autorité Etatique, ou politico administrative et
militaire. Le pouvoir de Batwa Babuluko se limite au niveau des villages qu'ils
gouvernent. Nous n'avons pas pris connaissance d'un Mutwa Mubuluko occupant un
poste politique et administratif sur toute l'étendue du territoire de
Walikale. Pas parce qu'ils sont incapables de gouverner mais tout simplement
parce que la coutume les y avait déjà privé la chance.
7. A la question de savoir les prérogatives
réservées à l'autorité traditionnelle et à
l'autorité politique ; telles ont été la
réaction de nos enquêtés :
A) L'autorité traditionnelle a comme
prérogatives : responsable des rites traditionnels
(circoncision indigène, intronisation), il doit veiller au respect des
normes de la coutume du milieu, veiller sur le pouvoir coutumier,
règlementer la chasse et la pêche, distribuer les champs aux
membres du clan qui en expriment la demande, donc il est le responsable
symbolique de la terre. En cas des différents au village et avant de
prendre une quelconque décision qui engage la communauté, le
dernier mot lui revient.
B) Les prérogatives de l'autorité
Etatique sont en principe fixées par la loi. Elles peuvent s'agir
des fonctions régaliennes de l'Etat, celles de protéger les
personnes et leurs biens ; les fonctions répressives en cas de
violation de la loi et les fonctions administratives etc.
1.3. CAPITAL NATUREL
I. La situation des champs des
habitants du village
Tableau n°1. Distance et rayon dans lequel se situent les
champs des habitants du village.
Distance
|
Effectif
|
Pourcentage
|
500m à 2km
|
7
|
70
|
2 à 5km
|
2
|
20
|
5km et plus
|
1
|
10
|
Total
|
10
|
100
|
Source : nos investigations sur le terrain.
Commentaires : La plus part des champs
Batwa Babuluko sont situés dans un rayon de 500m à deux
kilomètres. Nous avions constaté pour ceux dont les champs sont
à plus de 2km, ces sites sont souvent localisés le long de la
route principale. Le système de culture du climat équatoriale
oblige la pratique de jachère. Ce qui oblige l'abandon momentané
des champs pour les cultiver ultérieurement. Cette condition fait
qu'après dix ans dans un milieu, il se pose un problème de
distance par rapport aux champs à cultiver, et même la
rareté de ceux-ci.
Tableau N°2. Temps à mettre pour arriver au champ
le plus proche et le plus éloigné
Temps
|
Effectif
|
Pourcentage
|
à 30munites
|
8
|
80
|
30munites à 1h
|
1
|
10
|
1h et plus
|
1
|
10
|
Total
|
10
|
100
|
Source : nos investigations sur le terrain
Commentaires : le temps à mettre
pour atteindre les champs est la conséquence directe de la distance
entre le village et les champs en question. D'où les champs des sites
forestiers sont souvent aux alentours des villages. C'est pourquoi 80% de nos
enquêtés ont avoué le déplacement qui varie de 15
à 30munites pour atteindre les champs.
II. Qui accorde les terres à cultiver ?
Tableau n°3. Celui qui accorde les terres à
cultiver.
Qui accorde les terres à cultiver
|
Effectifs
|
Pourcentage
|
Chef de clan
|
10
|
100
|
Autorité politique
|
0
|
0
|
Total
|
10
|
100
|
Source : nos investigations sur le terrain
Commentaire : Il nous a
été signifié que chaque clan est doté de ses
collines pour pratiquer l'agriculture, les Batwa Babuluko en ont les leurs.
Mais en dehors de son clan, on peut solliciter la terre chez le chef de clan
adverse moyennant une redevance coutumière de deux à quatre
chèvres. Une pratique que les Batwa Babuluko ne respectaient pas chez
les chefs des autres clans puisque la coutume s'y opposait. Ils devaient
cultiver les champs à volonté sans une quelconque redevance.
Parce que, ces chefs les reconnaissaient comme les plus anciens
propriétaires terriens. Aujourd'hui, ils sont obligés de se
conformer au rythme du moment parce que cette coutume est de plus en plus
violée par les chefs coutumiers et la terre arable est en train de se
raréfier d'avantage.
III. Comment accédez-vous au droit à la
terre.
Tous les sites visités ont reconnu à 100% avoir
reçu leurs champs gratuitement de la part du chef de clan qui en a la
charge de les distribuer aux membres, d'autre par l'héritage ou la
succession. Par contre, 30% des enquêtés ont soulevé la
possibilité d'acheter pour celui qui le veut. L'achat concerne souvent
les champs déjà mis en valeur, ou bien si on veut
déménager et aller s'installer en dehors de son clan, à ce
moment-là, vous serez obligés de payer la redevance
coutumière au clan d'accueil.
IV. Tous les habitants du village ont-ils le droit d'y
cultiver ?
Tableau n°4. Les habitants du village s'ils ont tous
droit de cultiver sur cette terre.
Réponse
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Oui
|
10
|
100
|
Non
|
0
|
10
|
Total
|
10
|
100
|
Source : Nos investigations sur le terrain
Commentaires : Comme
énoncé ci haut, tous les habitants du village ont le droit de
cultiver sur cette terre à condition qu'il soit membre du clan. Les amis
aussi jouissent de ces mêmes avantages.
I. Comment devient-on propriétaire pour cette
catégorie de terre ?
Pour nos enquêtés,l'on devient
propriétaire de cette catégorie de terre d'abord par celui qui
met ce champ en valeur le premier, en plus par héritage et par achat.
Celui qui abat les arbres de la forêt primaire est d'office
propriétaire du champ. Cela donne droit à sa descendance de lui
succéder sur ce champ après sa mort.
II. Avez-vous un cours d'eau dans le groupement ?
Tableau n°5. L'existence d'un cours d'eau dans le
groupement.
Réponse
|
Effectifs
|
Pourcentage
|
Oui
|
10
|
100
|
Non
|
0
|
0
|
Total
|
10
|
100
|
Source : Nos enquêtes
Commentaire : Le territoire de walikale
étant caractérisé par le climat équatorial, tous
les villages sont approvisionnés par des cours d'eau. Dont la plus part
sont poissonneux. Les cours d'eau figurent parmi les conditions d'implantations
d'un village pour faciliter aux femmes la tache dans leurs travaux de puisage,
de lessive et de baignade.
VII.Activités développés dans ces cours
d'eau :
Les mêmes sources ont renseigné que ces cours
d'eau environnant les sites Batwa Babuluko sont exploités pour la
pêche, la baignade, le puisage, et le lavage des vaisselles.
VIII. Qui les font ?
Ces activités sont réalisées par toute la
communauté, sexe et âge confondu. La pêche est
catégorisée en deux, soit la pêche des crabes et d'autres
poissons faite par les femmes et celle faite par les hommes. Les femmes
pêchent par éclaboussage d'eau, elles tendent les nasses ;
par contre les hommes et les jeunes garçons ont plusieurs modes de
pêche : par ligne de pêche, pêche au filet, pêche
par nasse, etc.
IX. Que vous procurent les forêts de votre
groupement ?
Les produits procurés par les forêts des
groupements habités par les Batwa Babuluko sont :
Gibiers, médicaments, champignons, chenilles, fruits,
lianes pour la construction des maisons et pour les métiers artistiques,
miel naturel, minerais, bois de chauffe, paille pour couvrir les cases, Stick
d'arbres pour la construction des maisons, résines, etc.
X. Avez-vous d'autres activités non liées
à l'agriculture dans vos forêts ?
Tableau n°6. Autres activités non liées
à l'agriculture dans le groupement.
Réponse
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Oui
|
10
|
100
|
Non
|
0
|
0
|
Total
|
10
|
100
|
Source : Nos investigations sur le terrain
Commentaires : Ces activités
sont : la chasse, le piégeage, la pêche, les rites
d'initiation par la circoncision indigène, l'évocation des
ancêtres, tissage (de paniers, gibecières, nasses, nattes, tissus
à raphia, vans,...), initiations culturelles, apprentissage de
métiers, ramassage des bois, fabrication des manches des outils
(couteau, machette, lance, hache, pioche, houe), fabrication des mortiers, des
malaxeurs, des spatules, et tout autre objet d'usage domestique.
1.4. LE CAPITAL PHYSIQUE.
I. Combien d'écoles avez-vous dans le village ? Et
quel type d'enseignement y assure- t- on ?
Tableau n° 7. Nombre d'écoles, type d'enseignement
assuré dans le groupement.
Village
|
Nombre d'école
|
Enseignements dispensés
|
Bangenengene
|
0
|
Néant
|
Busisi
|
2
|
Primaire et secondaire
|
Kambushi
|
0
|
Néant
|
Kilali
|
0
|
Néant
|
Kisa
|
1
|
Primaire
|
Lufito
|
0
|
Néant
|
Kirundu
|
2
|
Primaire et secondaire
|
Boboro
|
2
|
Idem
|
Isangi/kawewe
|
0
|
Néant
|
Misenya
|
1
|
Primaire
|
Total
|
8
|
|
Source : nos investigations sur le terrain
Commentaires : 5villages sur 10 soit 50%
des sites pygmées sont dotés d'infrastructures scolaires. Les
enseignements organisés sont du type primaire et secondaire dans deux
sites soit 30% de couverture et primaire seulement dans un autre site. Pour les
autres villages, les enfants sont condamnés à faire de longues
distances pour atteindre l'école. Et les parents non informés
laissent leurs enfants s'occuper des activités de chasse et de champ. Il
se pose aussi la question de viabilité de ces écoles quant
aux bâtiments, personnel qualifié, équipements en
matériels didactiques, prise en charge des enseignants,...
II. Où vont les enfants pour leur instruction ?
Tableau n°8. La destination des enfants pour leur
instruction.
Village
|
Destination des enfants
|
Distance parcouru
|
Type d'enseignements
|
Bangenengene
|
Tulakwa et Mayuwano
|
5 et 10km
|
Primaire
|
Busisi
|
Busisi
|
0km
|
Primaire et secondaire
|
Boboro
|
Boboro
|
0km
|
Primaire et secondaire
|
Kambushi
|
Mutiku et Kabamba
|
1 et 6km
|
Primaires et secondaires
|
Kilali
|
Kabamba et Musenge
|
6 et 10km
|
Idem
|
Kisa
|
Kasoni
|
5km
|
Secondaire
|
Isangi /Kawewe
|
Isangi centre
|
5km
|
Primaire et secondaire
|
Kirundu
|
Kirundu
|
0km
|
Primaire et secondaire.
|
Misenya
|
Kibila
|
10km
|
Secondaire
|
Lufito
|
Kisa et Kasoni
|
6km et 10km
|
Primaire et secondaire
|
Source : Nos investigations sur le terrain
Commentaires : Dans 5 sites, les enfants
Batwa Babuluko se déplacent pour suivre les enseignements primaires
à une distance de 1km pour le site de Kambushi et pour les restes de 5
à 10km. Ce qui condamne ces enfants à l'analphabétisme en
dépit des objectifs du millénaire pour le développement
à son volet scolarisation des enfants d'ici 2015.
III. Combien de centres de santé avez-vous dans le
village ?, si non où allez-vous pour les soins de
santé ? À quelle distance ? Quel type de soin y est
assuré
Tableau n°9. Disponibilité de centre de
santé dans les villages Batwa.
Village
|
Nombre de centre de santé dans le village
|
Où suivez-vous les Soins de santé
|
Distance à parcourir
|
Soins dispensés
|
Bangenengene
|
0
|
Idipo
|
25km
|
Soins de Santé Primaires.
|
Busisi
|
0
|
Nyasi
|
6Km
|
idem
|
Boboro
|
1 poste de santé
|
Boboro
|
0km
|
Idem
|
Kambushi
|
0
|
Kabamba
|
5km
|
Idem
|
Kilali
|
0
|
Kabamba
|
6km
|
Idem
|
Kisa
|
1 poste de santé
|
Kisa
|
0km
|
Idem
|
Isangi /Kawewe
|
0
|
Isangi centre
|
5km
|
Idem
|
Kirundu
|
1 Centre de Santé
|
Kirundu
|
0km
|
Idem
|
Misenya
|
0
|
Kibila
|
10km
|
Idem
|
Lufito
|
0
|
Kisa
|
5km
|
idem
|
Source : nos investigations sur le terrain
Commentaires : Trois villages soit 30%
des sites Batwa Babuluko sont dotés des institutions sanitaires (deux
postes de santé et un centre de santé). Soit deux postes de
santé initiés par PIDP à Kisa et à Boboro ;
et un Centre de Santé l'oeuvre de la 8ème CPAC
à Kirundu. Les habitats d'autres sites sont obligés de se
déplacer à des longues distances pour accéder aux soins de
santé primaires. Cette distance varie selon notre tableau de 5 à
25km. Ce qui conditionne un taux élevé de mortalité,
d'auto médication en s'approvisionnant chez les pharmaciens ambulants et
le recours à la phyto thérapie. Même question reste
posée par rapport à la qualité des soins de santé
primaires dispensés, la qualité des infrastructures, et à
la qualification du personnel traitant.
IV. Avez-vous un point d'eau dans le milieu ?, Quel est
l'état de ce point d'eau ?, si non, d'où puisez-vous l'eau
de boisson ? , et à quelle distance ?
Tableau n°10. Situation des points d'eau dans les
villages Batwa/Babuluko.
Village
|
Existence d'un point d'eau
|
Son état
|
Si non où puise- t- on
|
Distance
|
Bangenengene
|
Oui
|
Non aménagé
|
Dans une source
|
200m
|
Busisi
|
Oui
|
Idem
|
Idem
|
50m
|
Boboro
|
Oui
|
Idem
|
Idem
|
30m
|
Kambushi
|
Oui
|
Idem
|
Idem
|
200m
|
Kilali
|
Oui
|
Idem
|
Idem
|
100m
|
Kisa
|
Oui
|
Idem
|
Idem
|
50m
|
Isangi /Kawewe
|
Oui
|
Idem
|
Idem
|
20m
|
Kirundu
|
Oui
|
Idem
|
Idem
|
50m
|
Misenya
|
Oui
|
Idem
|
Idem
|
150m
|
Lufito
|
Oui
|
Idem
|
Idem
|
200m
|
Source : nos investigations sur le terrain
Commentaires : Suivant ce tableau, il
n'existe aucune source d'eau aménagée dans les dix sites Batwa
Babuluko enquêtés. Les femmes puisent l'eau de boisson dans des
sources souillées et non aménagées avec toutes les
conséquences les prédisposant aux maladies d'origine
hydrique.
V. Votre village est-il relié à d'autres
groupements par quelle voie ?, quel est l'état de cette
voie ?, si non, où se trouve la voie la plus proche ? A quelle
distance ?
Tableau n°11. Voie d'accès aux villages Batwa
/Babuluko.
Village
|
Voie d'accès
|
état actuel
|
la voie d'accès la plus proche
|
distance
|
Bangenengene
|
Sentier
|
Mauvais
|
Itebero
|
40km
|
Busisi
|
Route
|
Mauvais
|
Accessible
|
0km
|
Boboro
|
Route
|
Bon
|
Idem
|
0km
|
Kambushi
|
Route
|
Mauvais
|
Idem
|
0km
|
Kilali
|
Sentier
|
Mauvais
|
Musenge/Idambo
|
6km
|
Kisa
|
Sentier
|
Idem
|
Idem
|
12km
|
Isangi /Kawewe
|
Sentier
|
Idem
|
Itebero
|
35km
|
Kirundu
|
Route
|
Bon
|
Accessible
|
0km
|
Misenya
|
Sentier
|
Mauvais
|
Itebero
|
60km
|
Lufito
|
sentier
|
Mauvais
|
Nyasi
|
20km
|
Source : nos investigations sur le terrain
Commentaires : 4sites Batwa Babuluko
soit 40% des sites enquêtés sont accessibles par la route
nationale n°3 Kisangani - Bukavu passant par Walikale. Ces sites sont
accessibles par véhicule, moto et vélo. Par contre les 60%
autres ne sont accessibles que par pieds comme moyen de locomotion. Rappelons
que le site de Kirundu constituait une piste d'atterrissage d'avions qui
transportaient les minerais (coltan et cassitérite) en provenance du
territoire de Walikale. Cette piste d'atterrissage a été
délocalisée pour Kilambo à 30Km de Walikale, sur le
tronçon Walikale- Kisangani.
VI. Avez-vous accès à
l'électricité ?, le village électrifié le plus
proche se trouve à quelle distance ?
Aucun des villages enquêtés n'a accès
à l'électricité. Le village électrifié le
plus proche se trouve à plus ou moins 200km soit à Tshivanga,
station de l'ICCN /PNKB sur le tronçon Walikale - Bukavu.
III. Avez-vous accès à la radio ? Au
téléphone ? Si oui, les quelles ?
Tableau n°12. Mode de télécommunication
(Radio et Téléphone)
Village
|
Accès à la radio
|
Quelle radio
|
Accès au téléphone
|
Quel réseau
|
Bangenengene
|
Oui
|
Okapi, SW
|
Non
|
Néant
|
Busisi
|
Oui
|
Okapi, RCWA, SW
|
Non
|
Néant
|
Boboro
|
Oui
|
RCWA, Okapi, SW
|
Oui
|
Airtel,Orange, vodacom
|
Kambushi
|
Oui
|
RCWA, Okapi ; SW
|
A un point du milieu
|
Idem
|
Kilali
|
Oui
|
RCWA, Okapi, SW
|
Idem
|
Idem
|
Kisa
|
Oui
|
Idem
|
Idem
|
Idem
|
Isangi /Kawewe
|
Oui
|
Okapi, SW
|
Non
|
Néant
|
Kirundu
|
Oui
|
RCWA, Okapi, SW
|
Oui
|
Airtel, Orange et vodacom
|
Misenya
|
Oui
|
Okapi, SW
|
Non
|
Néant
|
Lufito
|
oui
|
RCWA, Okapi, SW
|
Non
|
Néant
|
Source : Nos investigations sur le terrain
Commentaires : Tous les sites des Batwa
Babuluko sont arrosés par la radio Okapi à 100%, la Radio
Communautaire de Walikale (RCWA) à 50% et les radios émettantes
en onde courte (SW) à 100%. S'agissant du réseau
téléphonique, quelques sites seulement sont arrosés par le
réseau : Airtel, Orange et vodacom disponible au chef-lieu du
territoire de Walikele soit à 20% et quelques-uns sont desservis
à un point du village découvert par les habitats soit 30% des
villages enquêtés et d'autres ne sont couverts par aucun
réseau téléphonique soit 50% des sites.
VIII. Avez-vous un marché permanant dans le
groupement ?
R. Il nous a été révélé que
deux centres de négoces seulement organisent le marché d'une
manière permanente. Le chef-lieu du territoire de Walikale et le
centre commercial de Mubi. Les sites de Kirundu et Boboro se situent en cheval
de ces deux centres de négoces. Dans d'autres groupements, les
marchés sont organisés hebdomadairement de la manière
suivante :
Tableau n°13.Le programme hebdomadaire des marchés
proches des sites pygmées enquêtés à Walikale.
N°
|
Centre de négoce
|
Jour de marché
|
Qui y vendent
|
Que vend- t- on
|
D'où viennent-ils
|
1
|
Hombo
|
Samedi et dimanche
|
Commerçants ambulants et population riveraine
|
Huile de palme, produits vivriers, et produits divers
|
Bukavu, de différents axes environnant le
marché
|
2
|
Chambucha
|
Vendredi
|
Idem
|
Idem
|
Idem
|
3
|
Otobara
|
Dimanche
|
Idem
|
Idem
|
Idem
|
4
|
Karete
|
Jeudi
|
Idem
|
Idem
|
Idem
|
5
|
Musenge
|
Mercredi
|
Idem
|
Idem
|
Idem
|
6
|
Itebero
|
Mardi, jeudi, samedi
|
Idem
|
Cassitérite, coltan, Huile de palme et divers
|
Bukavu, Mpango, Isangi, et les alentours d'Itebero
|
7
|
Nyasi
|
Mardi et samedi
|
Idem
|
Produit vivriers, cassitérite, coltan, huile de palme,
et divers.
|
Walikale, Axe Kasoni, axe Itebero et les alentours du
marché.
|
Source : Nos investigations sur le terrain
Commentaires : les 5 premiers
marchés sont plus influencés par la régularité des
véhicules en provenance de Bukavu stationnant sur ces différents
centres de négoce. Dans le temps, ces véhicules stationnaient
à Hombo quand le pont de cette rivière était encore
infranchissable. Maintenant que le tronçon routier Hombo-Walikale est en
réhabilitation, ces véhicules ses limitent à ces jours au
niveau de Musenge à 40km de Hombo en provenance de Bukavu. Walikale est
le carrefour de croisement des trois axes principaux du territoire à
savoir : l'axe Walikale Goma, Walikale Bukavu et Walikale Kisangani.
Walikale est connu plus sur son importance dans la contribution au budget de la
province du Nord Kivu par les recettes de l'exploitation artisanale de
minerais : or, cassitérite, coltan,... produits qui sont
évacués de la RDC par la ville de Goma au Nord-Kivu et de Bukavu
au Sud Kivu.
1.5. CAPITAL FINANCIER
I. Quelle est la principale source de revenu pour les habitats
de ce village ?
Tableau n°14. Principales sources de revenu pour les
habitants du village.
Village
|
Source de revenu
|
Bangenengene
|
Agriculture, chasse, exploitation artisanale des minerais
|
Busisi
|
Agriculture, pisciculture, et chasse
|
Boboro
|
Agriculture, chasse et exploitation artisanale des minerais
|
Kambushi
|
Agriculture,
|
Kilali
|
Agriculture, chasse, Restaurant aux trafiquants de ce sentier
forestier,
|
Kisa
|
Chasse, agriculture, pisciculture et restaurant,
|
Isangi /Kawewe
|
Chasse et agriculture,
|
Kirundu
|
Agriculture, chasse et petit commerce,
|
Misenya
|
Chasse, exploitation artisanale des minerais,
|
Lufito
|
Chasse et agriculture,
|
Source : Nos investigations sur le terrain
Commentaires : Les principales sources
de revenu pour ces sites sont constituées par l'agriculture à
100%, suivi par la chasse à 80%, l'exploitation artisanale de minerais
offre le revenu à 30% aux sites enquêtés, la pisciculture
et le restaurant occupent chacun 20% des sites.
II. Tableau n°15. Calendrier agricole du milieu
Culture
|
J
|
F
|
M
|
A
|
M
|
Jn
|
Jt
|
At
|
S
|
O
|
N
|
D
|
Paddy (riz)
|
S
|
S
|
S
|
E
|
Sa
|
Sa
|
R
|
DR
|
D
|
DS
|
D
|
D
|
Manioc
|
X
|
X
|
X
|
X
|
X
|
X
|
X
|
X
|
X
|
X
|
X
|
X
|
Arachide
|
D
|
DS
|
S
|
SE
|
E
|
R
|
R
|
D
|
S
|
S
|
E
|
R
|
Haricot
|
D
|
DS
|
S
|
SR
|
E
|
R
|
R
|
D
|
S
|
S
|
E
|
R
|
Banane
|
X
|
X
|
X
|
X
|
X
|
X
|
X
|
X
|
X
|
X
|
X
|
X
|
Patate douce
|
X
|
X
|
X
|
X
|
X
|
X
|
X
|
X
|
X
|
X
|
X
|
X
|
Palmier à huile
|
D
|
D
|
D
|
S
|
S
|
D
|
D
|
D
|
D
|
S
|
S
|
S
|
Source : inspection de l'agriculture du territoire de
Walikale rapport annuel 2011
Légende
E = entretien DR = défrichage et récolte
S = semis
D = défrichage SE = semis et
entretien
R = récolte DS = défrichage et semis
Sa = sarclage X = toute l'année
Commentaires : Le maïs a toujours
été associé au paddy, à l'arachide et même au
haricot. Pour d'autres activités économiques, elles sont faites
à volonté suivant l'opportunité et le besoins. Il y a une
note particulière pour la chasse ; pendant les préparatifs
des grandes fêtes de l'année, les hommes organisent des maquis de
plusieurs semaines dans la forêt et reviennent à la veille de
noël et de nouvel an. Les surplus des butins de chasse seront
écoulés au marché pour permettre aux chasseurs de payer
des nouveaux habits de fête à leur dépendants. Ils
organisent aussi des chasses spéciales en cas de deuil, de fête,
de naissance, d'intronisation de chef coutumier, car ce sont des
cérémonies qui mobilisent un nombre important de la population
venue pour la circonstance.
III. Pour la plus part des villages consultés, la
vision de maximisation de recette n'est pas encore perçue, ces
activités sont effectuées d'abord pour satisfaire les besoins
immédiats du ménage et non investir dans le long terme.
Exemple : creuser les minerais dans le souci de réaliser la dot
pour le mariage, payer la facture de l'hôpital, payer les frais
scolaires, payer les habits,... même chose en cas de vente des produits
vivriers et de l'huile de palme. Pendant cette période de prime aux
enseignants ; les minerais, l'huile de palme et la viande servent de
moyen de payement ou l'équivalent en mesures de farines à
défaut de dollars et de Franc Congolais.
IV. Traditionnellement, à l'époque de la
prospérité, d'après vous, quelles ont été
les sources de revenu les plus importantes ?
Les dix sites ont reconnus à 100% la chasse comme
activité économique qui leur procurait des produits
d'échange. Ils échangeaient les ivoires d'éléphant,
la peau du léopard contre la perle, le sel et les habits. A
l'époque,personne ne pouvait vendre la viande et la nourriture car elles
étaient abondantes dans le milieu. Cela ramène aux notions de
l'économie selon lesquelles : un bien ne devient économique
que quand il est rare et pour l'obtenir, il faut fournir beaucoup d'effort.
V. A quand remonte les principaux changements ?
Sur base de nos enquêtes, les principaux changements
remontent de l'époque coloniale avec l'exploitation des minerais par la
société : Mine de Grand Lac (MGL) en 1923 et la
Société Industrielle du Kivu (SOMINKI) en 1975. Ces
sociétés ont occasionnées le traçage des routes
ayant été à la base de l'accroissement de la population et
de regroupement des villages. La crise économique a été
exacerbée par les différents conflits armés qui ont suivi
la veille de l'indépendance à nos jours. Citons à titre de
rappel ; la rébellion Muleliste, la rébellion Katangaises,
le Kitawala de Kusu, l'AFDL, le RCD, le CNDP, le M23, et les différents
groupes armés nationaux qui s'opposaient aux envahisseurs : les
Katuko, les mai-mai, les raiya mutomboki,... y compris les FDLR qui est une
force étrangère.
VI. Actuellement, que produisez-vous dans ces
villages ?
Partout dans les sites visités on produit le manioc,
l'huile de palme, la banane, le maïs, le taro ou colocase, la patate
douce, l'arachide, le paddy, le concombre, la canne à sucre, ...
VII. Que vendez- vous aux autres villages, groupements,
territoires, villes ?
Le principal produit agricole de rente du territoire de
Walikale est l'huile de palme. Ce produit est écoulé
principalement dans la ville de Bukavu après centralisation au
marché de Hombo situé à la limite des provinces du
Nord et du Sud Kivu. Les produits vivriers sont écoulés
localement dans les villages voisins, dans les différents centres de
négoce et au chef leu du territoire. Au-delà des produits
agricoles, il y a aussi les produits miniers qui sont exploités dans le
territoire de Walikale, à savoir : la cassitérite, le coltan
et l'or. A cela peut s'ajouter aussi les produits de la chasse pour la
consommation locale.
VIII. Avez-vous un système d'épargne, en argent
ou autre, dans votre village ?
5 villages soit 50% ont reconnu avoir le système de
ristourne communément appelé
« likilimba » et la mutuelle de solidarité
initiée récemment par PIDP Nord Kivu dans les villages de Kisa,
Lufito, Kilali, Busisi et Kambushi. Mais pour l'ensemble des villages, il
n'existe pas d'institution d'épargne et de crédit.
IX. Si non, comment faite vous pour économiser, garder
un peu d'argent ou des biens pour des besoins futurs ?
A la réaction à cette question, les uns ont
soutenu le petit élevage à 10% comme moyen d'épargner
leurs biens, les autres la pisciculture à 20%, d'autres encore l'achat
des palmerais à 10%, les restes soit les 60% ont répondu qu'ils
prêtent à ceux qui sont dans le besoin. Ceux-ci pourront
retourner l'argent prêté après l'échéance
convenue.
1.6. CAPITAL SOCIAL.
I. Avez-vous des organisations culturelles ou de
développement dans votre village ?
Tableau n°16. Existence d'organisations culturelles et de
développement dans le village.
Village
|
Présence d'une organisation culturelle et de
développement dans le village
|
Bangenengene
|
Oui
|
Busisi
|
Oui
|
Boboro
|
Oui
|
Kambushi
|
Oui
|
Kilali
|
Oui
|
Kisa
|
Oui
|
Isangi /Kawewe
|
Non
|
Kirundu
|
Oui
|
Misenya
|
Non
|
Lufito
|
Oui
|
Source : nos investigations sur le terrain
Commentaires : 80% des sites Batwa
Babuluko sont dotés d'une organisation culturelle et de
développement contre 20%.
II. Si oui, que font-elles ?
R/ Pour les sites ayant avoué l'existence des
organisations culturelles et de développement dans leurs milieux
expliquent leurs rôles sous ces traits : Elles sensibilisent les
pygmées sur leur auto prise en charge, les accompagnent dans les
activités de la foresterie communautaire et dans les mutuelles de
solidarité (MUSO), elles les sensibilisent aussi sur :
l'élevage, l'agriculture, la pisciculture, la protection de
l'environnement, la sécurisation foncière, les droits de l'homme,
les rites traditionnels ou cultes religieux, l'éducation scolaire, le
barza, les rites traditionnels et le ballet culturel.
III. Qui en sont membres ?
R/ Les membres sont les pygmées et non pygmées
du village concerné, surtout les chefs des ménages, hommes et
femmes confondus.
IV. Combien sont-ils ?
R/Le nombre des membres est variable suivant l'importance
démographique du village. La moyenne varie entre 5 et 27membres.
V. Comment devient-on membre ?
R/ Les 8 sites organisant les activités de
développement dans leurs villages ont reconnus l'adhésion libre
de membres aux statuts et aux objectifs de l'association comme moyen de devenir
membre de leurs associations.
VI. Comment devient-on responsable ?
R/ Pour les mêmes sources, l'on devient responsable par
élection, nomination, suivant ses compétences et ses aptitudes
à conduire le groupe.
VII. Qui en est (ou sont) initiateur ?
R/ Les 8sites ayant répondu oui à l'existence
d'une association dans leurs villages, ils ont reconnu le Programme
d'Intégration et de Développement de peuples Pygmées au
Kivu (PIDP KIVU) comme initiateur principal de ces comités de Base de
développement dans leurs villages. Au-delà du PIDP, ils ont
bénéficié aussi d'une manière indirect de la
sensibilisation et l'assistance de la part d'autres partenaires à
savoir : les Eglises (Catholique et protestantes) et même les ONG
locales « CAMV, COCREFOBA, FODI) et ces sites ont salué aussi
la présence d'ONG humanitaires actives dans le milieu surtout dans les
villages situés sur la route principale Kisangani Bukavu (Boboro,
Busisi, Kirundu, et Kambushi). Parmi ces ONG humanitaires nous pouvons
citer : IMC, AVSI, MSF, CARITAS Gama.
VIII. Depuis combien de temps ces associations ou
organisations existent -elles ?
R/ Les dates sont variables. Les uns disent depuis 1991, les
autres 1996, 1999 à 2004. Rappelons que PIDP Kivu a été
créé à Bukavu selon ses statuts en 1991, et
commençait à être opérationnel dans le territoire de
Walikale en 1996.
IX. Dans votre village, avez-vous des actions ou
activités que vous effectuez de manière communautaire ?
R/ oui à 80% des sites interrogés.
X. Si oui, quel type d'action par exemple ?
R/ Ces activités sont entre autres :
o La cartographie participative des forêts de
communautés locales Batwa Babuluko,
o Les activités génératrices de revenus
à l'issue de cette cartographie participative,
o La MUSO « mutuelle de
solidarité »,
o Défrichage des champs,
o Travailler les étangs piscicoles en barrage et en
dérivation,
o Entraide en cas de décès d'un de notre ;
enterrement et le dépouillement de deuil,
o Récoltes et semailles des champs, etc.
XI. Dans votre village, avez-vous l'habitude d'assister un
membre en difficulté ?
R/ Tous les villages ont répondu par oui. Soit 100%.
XII. Si oui, pour quel genre de problème ?
R/ Ils sont tous revenus sur les mêmes problèmes
tels que : décès, Maladies, mariages, naissances, etc.
XIII. A quoi porte cette assistance ?
R/ Nous avions résumé à trois les types
d'assistancesaux membres de la communauté soulevées par les
enquêtés. Cette assistance est matérielle, morale et
financière.
XIV. Qui peuvent en bénéficier ?
R/ Ils ont répondu à l'unanimité que
cette assistance est bénéfique à tous les membres de la
communauté sans distinction de sexe, d'âge et de clan.
XV. Dans votre village, quel rôle donnez-vous aux
églises, aux services de l'Etat
R/ Dans presque tous les villages enquêtés, il a
été reconnu la présence d'une ou plusieurs confessions
religieuses dans ou à proximité du village. Ces églises
ont pour rôles : d'enseigner l'évangile et la morale divine,
adoucir les moeurs, promouvoir des microprojets de développement,
surtout dans le domaine de la santé et de l'éducation. Car les
quelques écoles et structures sanitaires identifiés dans le
milieu Batwa Babuluko émanent de ces confessions religieuses et ONG.
Les services de l'Etat assuraient ses fonctions
régaliennes, celles de protéger les personnes et leurs biens. Ce
dernier temps, il s'observe une certaine faiblesse dans les taches de ces
services. Ces services rançonnent, tracassent la population et essaient
d'abandonner la sécurité entre les mains de la population civile
en terme de mouvements d'auto-défense populaire.
XVI. Comment ce rôle est-il perçu pour votre
développement ?
R/ Tous les sites ont soutenu à 100% que ces
églises et même l'Etat ont joué un rôle important
dans le changement de mentalité et du comportement de la population
Batwa Babuluko. Car, aujourd'hui, il y a les membres de ce clan qui sont
pasteurs d'églises, enseignants, directeurs d'écoles primaires,
agents de développement grâce au travail abattu par les
églises et les services publics de l'Etat.
XVII. Quel est le rôle de la femme dans votre
groupement ?
R/ Pour nos enquêtés ; la femme nourrit la
famille, elle fait le champ, la pêche, les travaux ménagers, garde
et éduque les enfants, ne décide rien mais entendue.
XVIII. Que fait-elle de différent par rapport aux
hommes ?
R/ Pour les mêmes sources ; les tâches
ménagères (cuisiner, fondre les bois, s'occuper des enfants, la
vaisselle et le lessivage des habits,...), les travaux de champ sont aussi
repartis selon les sexes. Exemple : semer, planter, récolter les
aliments au champ sont réservés aux femmes.
XIX. Quelles sont les limites de son pouvoir, par rapport aux
hommes ? Et de ses droits ?
R/ Pour nos enquêtés ; la femme n'a pas
droit à l'héritage, ne peut pas ester en justice, ne
décide rien, ne participe pas aux activités secrètes de la
circoncision indigène,
CONCLUSION
Les Batwa Babuluko que nous venons d'étudier sont les
peuples autochtones du territoire de Walikale, province du Nord Kivu à
l'est de la République Démocratique du Congo.
Nos recherches renseignent que ce territoire a
été peuplé par les clans d'origines différentes,
chose qui avait obligé l'autorité coloniale à
considérer ces entités comme des collectivités secteurs
au lieu et place des chefferies. Et ces clans ont avoué
l'antériorité des Batwa Babuluko dans le milieu.
Depuis les temps immémoriaux, ces peuples avaient un
mode de vie qui les distinguait des autres populations. Le milieu naturel
était la forêt qui était aussi leur source de vie.
Cependant, un certain nombre de facteurs sont venus modifier ce mode
traditionnel de vie.
Avec la création des aires protégées,
les pygmées du Kivu en général et les Batwa Babuluko en
particulier se sont vus délocalisés de leurs milieux naturels de
vie. Par conséquent, ces peuples ont perdu beaucoup de leurs anciennes
habitudes et coutumes. Ils ont été amenés à
s'adapter au nouveau mode de vie. Cette situation a été
encouragée par certaines causes, aussi bien structurelles que
conjoncturelles. Sur le plan structurel, la croissance de la démographie
et la fragilité de la zone à l'entrée des groupes
armés ont beaucoup affecté le mode de vie des Batwa Babuluko. Sur
le plan conjoncturel, les activités économiques notamment
l'exploitation artisanale des minerais, l'agriculture, le commerce et
l'élevage comptent parmi les facteurs qui ont joué de l'influence
sur les us et coutumes des batwa Babuluko.
Les résultats de nos enquêtes prouvent que les
Batwa Babuluko ont accès, bien que limité aussi bien au capital
naturel que physique de la région. L'accès à l'eau reste
un des problèmes que connaissent ces populations. L'ignorance reste un
défi car, bien que des enfants pygmées aient accès
à l'éducation, celle-ci reste élémentaire. Les
enfants Batwa Babuluko ont accès à l'école primaire et
rarement à l'école secondaire. Les études universitaires
qui sont la voie d'accès à l'emploi et aux institutions
étatiques restent, pour le moins que l'on puisse dire, inimaginable pour
les Batwa Babuluko.
La femme mutwa mubuluko estdavantage victime de cette
pauvreté et de la discrimination. La société ne lui
accorde pas d'espace de décision. Elle ne peut ni décider ni
hériter. L'intégration est en général une voie pour
lutter contre la pauvreté et la discrimination. La lutte menée
par les organisations non gouvernementales, les organisations de
développement et les confessions religieuses ont certes permis aux Batwa
babuluko d'avoir une reconnaissance aussi bien locale qu'internationale. Elles
ont aussi apporté leur considérable soutien à la lutte
contre la discrimination et la pauvreté. Cependant, ces deux facteurs,
discrimination et pauvreté, ne sont pas jugulés chez les Batwa
babuluko.Comme d'aucuns donneraient à le penser.
En définitive, nous disons que
l' « intégration » des Batwa Babuluko, si elle
existerait, elle émanerait plus des organisations non gouvernementales
et philanthropiques ainsi que des confessions religieuses que d'une politique
d'intégration issue du gouvernement congolais.
Pour parler d'une intégration effective des Batwa
Babuluko, il faudrait au préalable que celle-ci soit voulue et
souhaitée par ces populations. Par ailleurs, l'accès aux
infrastructures de base et aux institutions étatiques permettrait de
lutter davantage contre la pauvreté.
BIBLIOGRAPHIE
I. Ouvrages :
1) BAHUCHET S et PHILIPPART de FOY G, pygmées
peuples de la forêt, Ed de noël, Paris, 1991.
2) CADHP, peuples autochtones d'Afrique les peuples
oubliés ? Copenhague, ACHPR et IWGIA 2006.
3) CHIFUNDERA. Z, les pygmées de PNKB Sud- Kivu, R
D Congo, Aspects éco démographiques et impact sur les
écosystèmes forestier, PSP, APFT, Bruxelles - Belgique 1996
4) CIFOR, la forêt de la RDC post- conflit, analyse
d'un agenda prioritaire, CIFOR, BM et CIRAD, 2007
5) FURAHA T., les minorités en République
Démocratique du Congo, Ed du SEGEC, Bukavu, Août 2006
6) ICCN, plan de gestion du PNKB, GTZ/ PNKB, Janvier
2000
7) IPAAC, plan d'action stratégique IPAAC sur les
peuples autochtones, les ressources naturelles, Burundi - Bujumbura, Avril
2007
8) Journal officiel de la RDC portant la constitution de la
RDC de 2006
9) KAFIRA V et NAMEGABE M, Monographie de la province du
Sud- Kivu, PED/ ECC Sud Kivu, Bukavu, 2010
10) Mpoyi .A, Les codes verts, Tome I, CODELT,
Pretoria, Mai 2010.
11) Ministère des colonies, aperçu sur
l'économie agricole de la province du Kivu, direction de
l'agriculture des forêts et de l'élevage, Bruxelles, 1957.
12) Mzee Munzihirwa .C, Dynamique de l'intégration
politique de la nation shi, souvenir des exploits des patriotes,
imprimerie Kivu presse, BP 162 Bukavu, Août 1996,
II. Revues :
13) AYITEGAN G, la problématique autochtone en
Afrique, in Alternatives Sud, cahier sectoriels, vol VII (2000) 2, CETRI
l'Harmattan, Paris Montréal.
14) BAKUA -LUFU B., L'intégration des Bambuti de
Beni dans la vie nationale, dans la problématique du
développement au Kivu, acte du 3è colloque du CERUKI/ Bukavu,
17-21 Avril 1979.
15) BELTRADE/ cahier sectoriel N°1, 2007.
16) BISUSA G, Mécanisme de survie des PA
pygmées, périphériques des monts Kahuzi- Biega, province
du Sud - Kivu, territoire de Kabare et Kalehe en RDC, in cahier du CER PRU
n° 17 série B, ISDR - Bukavu, 2008
17) DEFOUR G, les Sacrifices dans la tradition
Africaine, in Recherches Africaines, N°7, juillet 2001, CERDAF,
Bukavu.
18) Didier de FAILLY S J, coltan pour comprendre, dans
l'Afrique des Grands Lacs, Annuaire 2000- 2001, Envers, l'Harmattan. PP 280-
284,
19) ITONGWA J., les pygmées ne sont- ils pas des
êtres au même titre que les communs de mortel ? dans le
feuillet de liaison BAMBUTI N°2 juillet - septembre 2001, PIDP - Kivu.
20) KAPUP D, situation des Bambuti Batwa et le Parc
National de Kahuzi - Bièga : cas de peuple Barwa et Babuluko du
PNKB/ RDC, Etude de cas, Mai 2001, in les peuples autochtones et les
aires protégées en Afrique, FPP, Morton-in-Marsh, Royaume-Uni
2003. PP 87-103.
21) KITWANDA P, Impact de l'exploitation des ressources
naturelles sur la vie des pygmées dans le territoire de Walikale,
in la voix du paysan congolais, N°7 octobre 2006.
22) MUTUZA K,culture et développement au Kivu :
cas du Bwami Lega, dans la problématique du développement du
Kivu, acte du 3è colloque du CERUKI/ Bukavu, 17-21 Avril 1979.
23) Ministère des travaux publics de la
république du Zaïre, Enquête terrain de la Zone de
Walikale (Nord Kivu), dans le schéma régional
d'aménagement Maniema- Nord/Kivu - Sud/Kivu, Juin 1991.
24) . Tetras L., Message d'EZLN à la rencontre pour
l'humanité et contre le néo- libéralisme, dans
Alternative Sud, Vol. III (1996)3,162.
25) RAZO JP, Nature sauvage nature sauvée ?
Ecologie et peuples autochtones,dans ETHNIES DOCUMENTS N°24_25, Paris,
1999.
26) WENGA K et alii, le rôle des organisations non
gouvernementales dans la résolution des conflits fonciers au Nord -
Kivu, dans cahier du CERPRU, N° 17 série B, 2008.
III. Rapports :
27) Rapport annuel du PIDP Nord Kivu 2007 et Sud Kivu
2008.
28) Akilimali D., Rapport de stage de professionnalisation
effectué au tribunal de police du territoire de Walikale du 5 au 25 mai
2000.
IV. Mémoire et TFC :
29) CIRIMWAMI JP, l'aménagement
intégré des marais, une alternative pour la
sécurité alimentaire en zone de santé de Kabare,
mémoire, ISDR Bukavu, 1994- 1995 inédit,
30) AKILIMALI D, possibilité de relance de la
coopérative de Tusoke, dans la collectivité secteur des
Bakano, TFC, ISDR - Bukavu 2006 - 2007, inédit.
V. Webographie :
31)
http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Pygmée&oldid=93950528
32)
http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Peuple_autochtone&oldid=94055008.
VI. Documents divers :
33) KITWANDA P., kifupi cha hadisi ya ukoo (clan) Wa Batwa
Babuluko, Kambushi, Février 1995, inédit.
34) Discours de l'inspecteur de développement rural
territoire de Walikale à la cérémonie
commémorative de la journée mondiale des peuples
indigènes pygmées, du 09/ 08/ 2000, à walikale.
35) POLEPOLE P, Les pygmées en RDC : une
minorité autochtone sans terre, Etude de l'étendue des droits
fonciers, forestiers et perspective, REPALEAC/CODELT, Bukavu, mars 2010,
inédit.
36) KATINDI L, Bref aperçu historique sur le secteur
des Bakano, Rapport de la collectivité secteur des Bakano, Itebero
04 Aout 2011.
VII. Personnes contactées :
1. Musombolwa Bishina, animateur PIDP territoire de
Walikale,
2. Majaliwa Mukumbwa, superviseur du PIDP Kivu en territoire
de Walikale,
3. Nkuba Kitwanda Pierre, Animateur socio culturel du PIDP
Nord Kivu et président fondateur de la mutualité Batwa Babuluko
du territoire de Walikale,
4. Katindi Lwamiango, chef de collectivité secteur des
Bakano,
5. Yakobo Mwenano, chef de groupement Bakano,
6. Kisangani Mushumbi, enseignant à l'école
primaire Elenge (d'Itebero/Chabakungu).
7. Pacifique Mukumba coordinateur CAMV Bukavu.
8. Kachibaasa Munyali Donatien, coordinateur CPAKI.
9. Itongwa Mukumo Joseph, coordinateur PIDP Kivu.
TABLE DES MATIERES
EPIGRAPHE
I
DEDICACE.
II
REMERCIEMENT.
III
ACRONYMES
IV
0. INTRODUCTION GENERALE.
1
0.1. ROBLEMATIQUE
3
0.2. HYPOTHESES DU SUJET.
4
0.3. CHOIX ET INTERET DU
SUJET.
5
0.4 DELIMITATION SPATIO-TEMPORELLE DU
SUJET.
5
0.5 METHODES ET TECHNIQUES
D'INVESTIGATION.
6
0.5.1 Méthodes :
6
1ère partie : GENERALITES SUR LES
PYGMEES
8
Chapitre 1. QUELQUES ASPECTS COMMUNS AUX
PEUPLES AUTOCHTONES
8
1.2. Terminologie
9
Définition
9
Critère de peuple autochtone
10
d. Le concept de minorité
11
Définition
11
e. Pauvreté :
12
1.4. Cadre juridique promouvant les
droits des peuples autochtones.
15
Chapitre 2. APERÇU SUR LA REPARTITION
GEOGRAPHIQUE DES PEUPLES AUTOCHTONES
16
2.1. Les peuples autochtones dans le
monde
16
2.2. Les peuples autochtones en
Afrique
17
2.3. Les peuples autochtones en
République Démocratique du Congo :
19
2.4. Les peuples autochtones aux
Kivu
20
2.4.1 Organisation économique,
politique et social des Batwa au Kivu.
20
2.4.2 Les Organisations Non
Gouvernementales accompagnant les Batwa au Kivu.
21
2.4.3. L'impact de l'ICCN sur la vie des
Batwa au kivu.
21
2.4.4. Considération des Batwa dans
le territoire insulaire d'Idjwi.
22
2.4.5. La déperdition scolaire des
enfants Batwa de la province du Nord Kivu.
23
2.4.6. Le système foncier du Kivu et
son impact sur la vie des Batwa.
23
2.4.7. Les communautés tribales en contact
avec les Batwa au Kivu.
24
Chapitre 3. LES BATWA BABULUKO DE WALIKALE AU
NORD-KIVU
25
3.1. Présentation physique du
milieu
25
2.5. Les différentes
communautés tribales à la rencontre des Batwa Babuluko à
Walikale
26
2.6. Localisation des Batwa
Babuluko.
27
2.7 Les spécificités
des batwa babuluko.
27
2.8 L'organisation
socio-économique, culturelle et religieuse des batwa babuluko avant la
colonie belge
28
Les traditions Batwa Babuluko.
29
a. La circoncision indigène
« YANDO »
29
b. La cérémonie royale
« BWAMI »
30
C. Culte aux ancêtres
30
Objectif de l'adoration
31
Processus à suivre pendant
l'adoration :
31
d. La prophétie
31
1. La prophétie des Os
32
2. La prophétie du feu
32
e. Moyens de communication
32
f. la musique et la danse
33
2.9 . Contribution à la
protection de l'environnement
33
2.10 Moyen de défense en cas
d'attaque
35
2.11 Considération dans la
société :
35
2.12 La transition socio -
culturelle et économique des Batwa Babuluko.
35
Sur le plan économique
35
Sur le plan socio - culturel
35
2ème partie : L'INTEGRATION DES BATWA
BABULUKO, COMME MOYEN DE LUTTER CONTRE LA DISCRIMINATION ET LA PAUVRETE
37
Chapitre 1. RESULTATS DE L'ENQUETE
37
I.1. Echantillonnage :
37
1.2. HISTORIQUE
38
Revenons sur le questionnaire
d'enquête par rapport à l'historique:
40
1.3. CAPITAL NATUREL
42
I. La situation des champs des habitants du
village
42
1.4. LE CAPITAL PHYSIQUE.
45
1.5. CAPITAL FINANCIER
50
1.6. CAPITAL SOCIAL.
52
CONCLUSION
56
BIBLIOGRAPHIE
58
TABLE DES MATIERES
61
ANNEXES
Annexe 1.Les sites Batwa
de la province du Sud et du Nord- Kivu.
Tableau N°17Sites Batwa de la province du sud-kivu
N°
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NOM DU SITE
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TERRITOIRE
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1.
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Kamanyola, Karwa
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WALUNGU
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Muziku, Buziralo, Bishulishuli, Bachigoka,
Mulolo
NyanderaI I&II, Kasunyu, Kaningu,
Rwamiko I et II, Miramba, Boza, Muhongoza, Mihimba, Kalimbi,
Nyamubingza, Mukuyu, Kea, Karambo, Kazimba, Buholero, Muganzo, Mushema,
Nyamukubi, Chigera, Munanira, Bushushu, Kalungu, Mabula, Buobera, Buhama,
Bushunda I et II, Ihusi et Mashafe
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KALEHE/IHUSI
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Bumoga, Nguliro, Buranga, Murhobo,
Chaminunu, Sati
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KALEHE / KALONGE
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Ramba, Murangu, Chirimiro, Bushunguti, Kambegeti
Ebisha, Bitale, Mirenzo, Ndando, Musenyi, Businge,
Kisenyi, Misimba, Luno, Hembe, Luchuwa, Mbala, Makambi, Makwe,
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KALEHE /BUNYAKIRI
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Karama, kisiza, chasi, Kaboneke, Shenge,
Boza,Kachuba, Kagohwa, Buruhuka,
Bugarula, Kishenyi, Butimbo, Makutano, Mugote,
Kibanda, Kamashuli, rufate , Kishasha, Kabunzi,
Karhanyaboza
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IDJWI /NORD &SUD
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Muyange, Cibuga, Combo,
Kamakombe, Cibati, Lushasha, Mulangala,
Mbayo, Chibinda, Mabingu, Kabushwa.
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KABARE /NORD
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Mutarule, Kiringye, Luberizi,
Sange , Rugembe , Mulongwe ,
Kabinda, Mulenge, Kyamafuno
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UVIRA
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Kiseke, Oba,Swima , Elenge,
Makobola, Lulenge,
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FIZI
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Kibumba, Kahulile, Kalambi, Iganda, Kasika
Maheta,Abondelwa, Magunda, kalemba
Bizigira,Kateja,Bilimba,Lubumba, Lutenga,
Lusasa, Mikenge, kipupu, Nabwenge, Lumagaja
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MWENGA/ CENTRE
MWENGA /ITOMBWE
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Source : nos investigations sur le terrain.
Tableau n°18 Sites Batwa de la province du Nord - Kivu
N°
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NOM DU SITE BATWA
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TERRITOIRE
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Biganiro, Mukondo/Muja, Rusayu, Hehu/Kibumba,
Mutaho
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NYIRAGONGO
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Pinga , Kirundu , Kilungu , Mutara , Mwiki
Boboboro, Katanga, Mutongo, Matenda I&II
Lukumbi, Buringa, Byarenga, Oninga , Buruko,
Burutsi, Malembe, Kiluku, Bulimu,
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WALIKALE/WANYANGA
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Busisi,Kakundu, Bangenengene, Misenya, Mutandala,
Mbongolo, Mulindi, Itebero, Isangi/Kawewe
Kambushi, Kissa, Lufito, Kilali, Matoile, Idambo
Myasa, Kilongote, Otobora, Nyanga, Katatwa, Kiushi /
Kitofu, Idipo, Milungu, Kabalo,
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WALIKALE /BAKANO
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Burayi, Mgwenda, Butaro I&II, Kitikinywange,
Rugashari, Kabarodi, Kabira, Kibindi,,
Nyakabanda, Busaro, Ngororero, Buzana,
Chanzo, Kisigari, Mukaranka, Kukura, Sesero/Mukefu, Ruhimbi,
Kitamulekwa, Kabindi, Busanza, Kabira, Kibanda, Nyakabanda, Sukura, Gasiza,
Hone, Chumba, Kishishe, Buholu, Kibaya/Bunagana, Kisharo,
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RUTSHURU
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Mubambiro, Mugunga, Kiluku, Ufamandu
Musongati, Rugeyo, Kitigitira, Matanda
Nyamiranzo, Ngendambuye, Kaba, Mushaki
Muho/Nyamihaga, Bushushe, Chona, Ngugu, Bihula/Kibabi,
Kaloba, Kimoka, Kingi, Kalambairo, Kataandwa, Maninge, Kitwa/Kamuobe,
Lushebere, Fundula, Chumba, Kiwatire, Mushebere, Chongoro, Mukowa, Kikohwa,
KalongeI et II, Kibinda, Matakarando, Rambo, Bisisi, Muololo, Bikundje,
Kalobu, Buobo, Birezi, Bishasha, Bamao, Mukwinja, Misima, Kalembera, Bushani,
Nyabyondo, Kashonya, Kishonya, Kishonja, Kichanga,
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MASISI
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Paida, Kisanda, Gandi, Mavivi, Mambau, Mamauvais,
Buloloma, Mabantundu, Mangazi, Matekelambi, Mangila, Munyama, Matumbi, Makumo,
Mabambila, Manzuwa, Nzite, Beka, Irongo, Musiko, Kimba, Teturi,
Kaibo, Matembela,
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BENI
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Ndialo, Iyalika, Isigo, Ambole, Katanga, Teule, Mabati,
Byakongo, Mangurujipa, Mangwalu, Tandandale,
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LUBERO
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Source : nos investigations sur le terrain.
Annexe 2 : Carte de répartition des
pygmées en RDC
Annexe 3.Questionnaire d'enquête
Historique
- Connaissez-vous les premiers habitants de ce
village ?
- A quand remonte l'occupation du village par les
pygmées ?
- Où vivaient ces pygmées avant d'habiter ce
village ?
- Quelles ont été les raisons de leur
installation en ce milieu ?
- Les occupants actuels sont-ils de la même origine que
les premiers ?
- L'autorité en place est-elle traditionnelle ou
étatique ?
- Si elle est traditionnelle, quelles sont ses
prérogatives réservées ?et quelles sont les
prérogatives de l'autorité étatique ?
Capital naturel
I. Où sont les champs des habitants de ce
village ? Sur un rayon de combien de Kilomètre ? Combien de
temps faut-il pour arriver au champ le plus loin ? et le plus
proche ?
II. Qui accorde les terres à cultiver ?
III. Comment accédez-vous au droit à la
terre?
IV. Tous les habitants du village ont-il le droit d'y
cultiver (la terre)?
V. Comment devient-on propriétaire, pour cette
catégorie de terres?
VI. Avez-vous un cours d'eau dans le groupement ?
VII. Quel type d'activités s'y développe ?
VIII. Qui les font ?
IX. Que vous procurent les forêts de votre
groupement ?
X. Avez-vous d'autres activités non liées
à l'agriculture dans vos forêts ?
XI. Si oui, lesquelles ?
Capital physique
I. Combien d'écoles avez-vous dans le village ?
II. Quel type d'enseignement y assure-t-on ?
III. Si non, où vont les enfants pour leur
instruction ? A quelle distance ? Et quel type d'enseignement y est
organisé ? (primaire, secondaire, universitaire)
IV. Combien de centre de santé avez-vous dans le
village ?
V. Si non, où allez -vous pour les soins de
santé ? A quelle distance ? Et quel type de soins y est
assuré ?
VI. Avez-vous un point d'eau dans le village ?
VII. Quel est l'état de ce point d'eau ?
VIII. Si non, d'où puisez-vous l'eau de boisson ?
Et à quelle distance ?
IX. Votre village est-il relié aux autres groupements
par quelle voie ?
X. Quel est l'état de cette voie ?
XI. Si non, où se trouve la voie d'accès la plus
proche ? A quelle distance ?
XII. Quels moyens utilisez-vous pour aller vers les autres
groupements voisins ? Vers le territoire ? Et vers la ville la plus
proche ?
XIII. Avez-vous accès à
l'électricité ? Le village électrifié le plus
proche se trouve à quelle distance ?
XIV. Avez-vous accès à la radio ? Au
téléphone ?
XV. Si oui, lesquels ?
XVI. Avez-vous un marché permanent dans le
groupement ?
XVII. Organisez-vous des marchés hebdomadaires dans
votre groupement ? Qui y vendent ? que vend-t-on ? D'où
viennent-ils ?
XVIII. Si non, ou se trouve le marché le plus
proche ? A quelle distance ? Comment vous y allez ? Quoi y
vendez-vous ?
Capital financier.
I. Quelle est la principale source de revenu pour les
habitants de ce village ?
II. Comment se répartissent les activités
économiques du village, à travers l'année (J, F, ......)
(calendrier agricole et autres activités)...
III. Pour chaque activité, que peux y gagner un
ménage (moyen, riche, pauvre....) ?
IV. Traditionnellement, à l'époque de la
prospérité, d'après vous, quelles ont été
les sources de revenu les plus importantes dans votre village ?
V. A quand remonte les principaux changements ?
VI. Actuellement, que produisez-vous dans ce village ?
VII. Que vendez-vous aux autres villages ?
groupements ? Territoires ? Villes ?
VIII. Avez-vous un système d'épargne, en argent
ou autre, dans votre groupement ?
IX. Si non, comment faites-vous pour économiser ?
Garder un peu d'argent ou des biens pour des besoins futurs ?
X. Avez-vous aussi un système de crédit dans
votre groupement ?
XI. Si non, comment faites-vous pour emprunter de l'argent ou
des biens ? financer une nouvelle activité ?
Capital social.
I. Avez-vous des organisations culturelles ou de
développement dans votre village ?
II. Si oui, que font-elles ?
III. Qui en sont membres ?
IV. Combien sont-ils ?
V. Comment devient-on membre ?
VI. Comment devient - on responsable ?
VII. Qui en est (ou sont) initiateurs ?
VIII. Depuis combien de temps ces associations ou
organisations existent-elles ?
IX. Dans votre village, avez-vous des actions ou
activités que vous effectuez de manière communautaire ?
X. Si oui, quel type d'action par exemple ?
XI. Dans votre village, avez-vous l'habitude d'assister un
membre en difficulté ?
XII. Si oui, pour quel genre de problèmes ?
XIII. A quoi porte cette assistance ?
XIV. Qui peuvent en bénéficier ?
XV. Dans votre village, quel rôle donnez-vous aux
églises locales ? Aux services de l'état (territoriale,
agriculture, santé et autres.....) ?
XVI. Comment ce rôle est -il perçu pour votre
développement ?
XVII. Quelle est le rôle de la femme, dans votre
groupement ?
XVIII. Que fait-elle de différent par rapport aux
hommes ?
XIX. Quelles sont les limites de son pouvoir, par rapport aux
hommes ? Et de ses droits ?
* 1 Tetras L., Message
d'EZLN à la rencontre pour l'humanité et contre le néo-
libéralisme, dans Alternative Sud, Vol. III (1996)3,162.
* 2
http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Pygmée&oldid=93950528
* 3 Larousse, T1,
Larousse, Paris, 1970, p 254
* 4 Paul Emile Littré,
dictionnaire de la langue française, t1, encyclopedia britanica France,
Versailles, 1994, p371
* 5 Roger Plant, op
cit., p.6
* 6, Commission africaine des
droits de l'homme et des peuples, Peuples autochtones d'Afrique, les peuples
oubliés, IWGIA, inédit, 2006, p13 et s.
* 7
http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Peuple_autochtone&oldid=94055008
* 8 Francesco CAPOTORTI, in
Groupe de Travail Forêt, Atelier sur le processus de mise en oeuvre
du code forestier congolais et normes d'application, Rapport
général, Kinshasa, inédit, 17-19 nov.2003, p.35
* 9 J. DESCHENES, in droits
de minorités ethniques, des peuples autochtones et des autres personnes
victimes de discrimination, état des lieux à l'est de la
république démocratique du Congo, APRODEPED, asbl,
inédit, p20
* 10 F. CAPOTORTI, étude
des droits des personnes appartenant aux minorités ethniques,
religieuses et linguistiques, Nations unies, New York, 1991, p5, et Joe
VEROEVEN, « les principales 2tapes de la protection internationale
des minorité », in revue trimestrielle des droits de l'homme,
N° 30 (numéro spécial), 1er avril 1997,
Bruxelles, Bruylant, p185.
* 11DSCRP/RDC, juillet 2006, p.
16.
* 9. CADHP (Commission Africaine des
Droits de l'Homme et des Peuples), Rapport du groupe de travail d'experts de
la commission africaine des droits de l'homme et des peuples sur les
populations /communautés autochtones, 2005.
* 12Déclarations des
Nations Unies sur les peuples autochtones 2007
*
13http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Peuple_autochtone&oldid=94055008.
* 14 CIFOR, la forêt de
la RDC post- conflit, analyse d'un agenda prioritaire, CIFOR, BM et CIRAD,
2007,P...
* 15 Munzihirwa, Dynamique de
l'intégration politique de la nation shi 1996, p9.
* 16 PNVI : Parc National
de Virunga
* 17 Idem, p13.
* 18Courrier de la
planète n°60-2000-11,48.
* 19 Wenga K. et Salomon K,
le rôle des organisations non gouvernementales dans la
résolution des conflits fonciers au Nord Kivu. Cas du
« SYDIP » de Lubero, in cahier du CERPRU N°17
série B, 2008, p3.
* 20J. OMASOMBO et alii,
Maniema, Espace et vies, CRI-Belgique 2011, p 75.
* 21 Kitwanda P, Archives de la
mutualité Batwa Babuluko de Walikale, Kambushi, 1996
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