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L'integration des batwa au Kivu comme moyen de lutter contre la discrimination et la pauvreté. Cas des batwa babuluko de Walikale.

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par Dieudonné AKILIMALI
Institut Supérieur Technique Commercial et Économique "ISCTE" Bukavu - Licencié en développement communautaire et rural  2012
  

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REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO

ENSEIGNEMENT SUPERIEUR, UNIVERSITAIRE ET RECHERCHE SCIENTIFIQUE

INSTITUT SUPERIEUR, TECHNIQUE, COMMERCIAL ET ECONOMIQUE

ISTCE/BUKAVU

B.P. 235BUKAVU

L'INTEGRATION DES BATWA AU KIVU COMME MOYEN DE LUTTER CONTRE LA DISCRIMINATION ET LA PAUVRETE.

CAS DES BATWA BABULUKO DE WALIKALE.

Par:AKILIMALI KITWANDA Dieudonné

Directeur : Jean Marie BANTUMémoire présenté et défendu en vue de

Master en aménagement et gestion l'obtention du diplôme de licencié en

Intégré des forêts et territoires développement communautaire et rural.

Tropicaux.

Option: Administration et gestion des

Projets.

Niveau de technicité : A0

ANNEE ACADEMIQUE 2012-2013

EPIGRAPHE

« Vous devez savoir que nous sommes ce que nous sommes pour cesser d'être ce que nous sommes et devenir les-vous que nous sommes...»1(*)

DEDICACE.

A toi ma chère épouse Wema Amnazo clémentine,

A vous mes filles :

Kitwana Zawadi Elisabeth,

Masogha Mubarikiwa Christine, et

Isuba Chamutu Madeleine,

A vous tous peuples autochtones Batwa du Kivu ;

Dieudonné AKILIMALI KITWANDA

REMERCIEMENTS.

Avant de présenter le condensé de ce travail, je préfère remercier le tout puissant qui comble la vie en plénitude à toutes ses créatures.

Notre gratitude s'adresse également au directeur du présent travail, le master Jean Marie BANTU BALUGE, pour avoir accepté de diriger ce travail malgré ses multiples charges et occupations.

Aux autorités académiques et au personnel enseignant de l'ISTCE/BUKAVU pour la qualité des enseignements mis à notre disposition et à l'encadrement scientifique.

Au Révérend Père Didier de FAILLY, s.j, pour m'avoir intégré au sein du Bureau d' Etudes Scientifiques et Techniques (BEST Kivu en sigle), en qualité de bibliothécaire. Grâce à laquelle, je suis parvenu à rassembler une bibliographie nécessaire pour enrichir cette réflexion.

Nos sentiments de reconnaissance s'adressent à vous Nkuba Kitwanda Pierre, pas parce que tu nous as fait venir sur cette terre de nos ancêtres le Kivu, mais aussi et surtout, pour le travail de longue haleine que tu aurais abattu sur l'histoire de notre clan Batwa Babuluko de Walikale.

A vous Itongwa Mukumo Joseph, coordinateur du Programme d'Intégration et de Développement du peuple Pygmée au Kivu « PIDP KIVU  SHIRIKA LA BAMBUTI », du fait de m'avoir utilisé dans cette structure en qualité d'assistant chargé des programmes, poste qui m'a permis d'entrer en contact régulier avec mes frères Batwa de tous les coins du Kivu, et d'une manière particulière avec ceux du Sud-Kivu et du Nord-Kivu.

Aux collègues de promotion, plus particulièrement : Kwabene Muzaliwa, Jean Pierre, Bahati Mutabazi, Nyirahabinshuti Marth, Benimana Anyes, Harerimana Bertin, Narcice, Kwizera,... ; pour vos encouragements, vos compléments pendant les travaux pratiques et même pour l'ambiance académique partagée ensemble pendant les deux ans de formation en licence à l'ISTCE/BUKAVU.

A vous tous dont les noms ne figurent pas sur cette liste, pourtant nécessaire, nous disons merci.

Dieudonné AKILIMALI KITWANDA.

ACRONYMES

ACPS : Action Communautaire pour la Promotion de la Santé.

APDMAC : Action pour la Promotion des Droits des Minorités en Afrique Centrale.

C A D H P : Commission Africaine des Droits de l'Homme et des Peuples.

CAMV : Centre d'Accompagnent des Autochtones pygmées et Minoritaires

Vulnérables.

CENADEP : Centre National d' Appui au Développement et à la participation

Populaire

COCREFOBA : Conservation Communautaire pour la Reserve Forestière de Bakano

CIFOR : Centre de recherche forestière internationale

C N D P : Congrée Nationale pour la Défense du Peuple.

CPAKI : Collectif des Peuples Autochtones au Kivu.

DGPA : Dynamique des Groupes des Peuples Autochtones.

DECOR : Développement Communautaire et Rural.

DSCRP : Document de la Stratégie de Croissance et de Réduction de la Pauvreté.

ERND : Environnement Ressources Naturelles et Développement

FDLR : Force Démocratique pour la Libération du Rwanda.

ICCN : Institut Congolais pour la Conservation de la Nature

ISTCE : Institut Supérieur Technique Commercial et Economique.

IPAAC : Comité de Coordination des Peuples Autochtones d'Afrique

IPROFAVE : Initiative pour la Promotion des Femmes Autochtones et Vulnérables.

JC : Jésus- christ

JIP A : Journée Internationale des Peuples Autochtones

LINAPYCO : Ligue Nationale des Associations Pygmées du Congo

MARP : Méthode Accélérée de Recherche Participative.

MGL : Mine des Grands Lacs.

M23 : Mouvement du 23 mars.

N° : Numéro

N/K : Nord Kivu

OIT : Organisation Internationale du Travail

ONU : Organisation des Nations Unies

ONG : Organisation Non Gouvernemental

P A : Peuples Autochtones

PIDP- KIVU : Programme d'Intégration et de Développement du peuple Pygmée

au Kivu.

POPOF : Polepole Fondation

PNKB : Parc National de Kahuzi-Biega

RAPY : Réseau des Associations Autochtones Pygmées

RCD : Rassemblement Congolais pour la Démocratie.

REPALEF : Réseau des associations des Peuples Autochtones et Locales pour

la Conservation des Ecosystèmes Forestières.

RDC/ RD Congo : République Démocratique du Congo

S : Siècle

S O M I N KI : Société Minière et Industrielle du Kivu

S/K: Sud Kivu

UEFA : Union pour l'Emancipation de la Femme Autochtone

UGADC : Union des Associations de Conservation des Gorilles pour le

Développement Communautaire à l'Est de la RDC.

INTRODUCTION GENERALE.

Il y a plus de 370millions de personnes autochtones en Afrique, dans les Amériques, en Asie, en Europe et dans le Pacifique. Ces peuples comptent parmi les personnes les plus démunies, marginalisées et maltraitées de l'humanité. (Déclaration des Nations Unies sur les Peuples Autochtones du 13 septembre 2007).

Les pygmées sont en effet les premiers occupants de la République Démocratique du Congo. La situation est la même pour tous les pygmées, qu'ils soient Batwa, Baka, Mbuti, Aka, Bangi, Efe ; elle s'apparente étrangement à celle des autres groupes comme les Masai, les Ogiek, les Amburu, les Barabaig ou les sans de l'Afrique orientale et australe auxquels nous pouvons ajouter les Hottentots et les Bushmen du désert de Kalahari, comme les Wadaable, les Koncomba, les Fulbe, les Bongo, les Bangyeli, les Mbendjele d'Afrique Equatoriale ou encore dans une certaine mesure les Touaregs en Afrique occidentale.

Les pygmées constituent à la fois une classe minoritaire et marginalisée en R.D.C.

Au Kivu, les pygmées sont identifiés sous plusieurs dénominations, bien qu'ils aient en commun l'appellation des Batwa.Leur appellation diffère selon le milieu géographique de vie : Barwa au Bushi, Bayanda, Baburuku dans le territoire de Kalehe, Batswa à Idjwi ; Bambote, Balanga, Bashaasumba, Bakyenga dans le massif d'Itombwe ; Batwa, Bambuti dans le Masisi, le Rutshuru, le Nyiragongo et le grand Nord : Beni - Lubero ; Batwa, Bambote, Tunguti dans le Maniema ; Bashimwena à Fizi ; Babuluko, Banamatumo, Bakeka dans le territoire de Walikale.

Les Batwa et leurs voisins Bantous partagent en commun les dialectes et langues de communication suivant l'aire géographique donnée.

Les estimations du nombre des Batwa varient entre 30000 et 60000 âmes au Kivu (PIDP 2007, SHALUKOMA 1996). En RDC, le nombre peut aller jusqu'à 250000 individus (Lewis 2000, Jackson 2004), la LINAPYCO suggère 450 à 600000 personnes et qui sont reparties dans 47 des 145 territoires du pays. (CIFOR 2007).

Comparativement aux Mbuti de l'Ituri et les Twa de l'Equateur, les Batwa du Kivu sont devenus sédentaires. En plus des activités de chasse et de cueillette, ils pratiquent désormais l'agriculture et d'autres sont utilisés comme des métayers par les Bantous avec comme contrepartie un peu de nourriture. Pour ceux qui le peuvent, certains pygmées payent l'équivalent d'une poule pendant la saison culturale pour avoir accès à un lopin de terre dont la superficievarie entre 30 et 50 ares.

L'organisation socio-politique, économique et culturelle de Batwa a été paralysée par le phénomène migratoire qui remonte du XVe siècle au Kivu (Ministère de la colonie 1957). Cette idée fut renforcée par Mutuza Kabe(1987) « qu'un groupe humain perdait son pouvoir créateur, stagnait et régressait quand il entrait en contact avec un autre groupe plus puissant que lui, lequel le dominait et lui imposait sa vision du monde ». C'est ainsi qu'au Kivu, les agriculteurs et les éleveurs vont traiter leurs hôtes (chasseurs cueilleurs) de sujets plutôt que de partenaires. Raison pour laquelle Mobutu, alors président du Zaïre, dénonçait ces faits dans ses déclarations devant la nation. A titre de rappel ; à Bukavu/ Kadutu en date du 15 décembre 1971, il déclara que : «Les pygmées étaient des Zaïrois à part entière et interdit la coutume d'avoir des pygmées à soi ». Cette même idée fut répétée et explicitée à Buta et à Isiro où il disait  dans son meeting du 4 novembre 1973 : « Nous prêchons le respect et l'amour du prochain, nous avons mis fin aux rapports de boy à monsieur, nous avons fait des pygmées de Zaïrois à part entière et avons mis fin à la féodalité du Kivu ». (Bakua- Lufu B ,1979).

Les Batwa ne connaissaient pas les limites territoriales. Partout où ils se trouvaient, ils étaient chez- eux. (Munzihirwa 1996). Ils avaient une indépendance spirituelle. Parfois, ils n'obéissaient pas aux normes édictées par le mwami, qui recevait d'ailleurs son pouvoir des Batwa. Les nouveaux venus, pour sauvegarder la légitimité de leur pouvoir, ont développé les mécanismes de rejet et de préjugé sur les Batwa qu'ils qualifièrent d'infrahumains, des hommes sans culture ni loi.

Nous pouvons résumer à trois les problèmes qui accablent les Batwa du Kivu ces jours :

· L'accès difficile aux ressources en générale (champs, forêt, marché, emplois,...)

· L'accès difficile aux services sociaux de base : enseignements primaires, secondaires et universitaires ; soins de santé primaires, habitat, moyen de communication, etc.,

· Et la discrimination raciale dans certains coins de la région.

0.1. PROBLEMATIQUE

La coutume du territoire de Walikale reconnait aux Batwa Babuluko le pouvoir d'introniser les chefs coutumiers et le rôle d'installer la circoncision indigène. Les Batwa Babuluko sont absents dans la gouvernance politique de la chose publique. La chefferie étant héréditaire, tout le pouvoir coutumier et politique semble êtrerépartientre les tribus majoritaires du milieu.La coutume semble avoir tranché en défaveur des Batwa Babuluko.

Les Batwa Babuluko sont,à l'instar des autres pygmées, les premiers occupants du territoire de Walikale.Ilssont entrés en contact avec d'autres tribus à travers diverses circonstances. Les uns par la chasse, les autres par la guerre de conquête et enfin les autres par alliance clanique.

La vie des Batwa dans les temps immémoriaux était caractérisée par le nomadisme. La stabilité dans un milieu dépendait de la disponibilité des produits de chasse dans cette zone. Aussitôt terminé, ils étaient obligés de déménager le site pour un autre, car ils n'avaient pas la notion de limites territoriales. Partout où ils se trouvaient, ilsétaient chez eux. Ce pour quoi, les chefs coutumiers reconnaissent ce pouvoir aux Batwa quand ils ne leurs demandent pas les droits coutumiers pendant l'acquisition d'un terrain à cultiver. En plus, les Batwa Babuluko n'offrent pas des présents chez les chefs coutumiers ; car ils sont conscients d'être les véritables chefs coutumiers quand bien même ce pouvoir leur fut estropié par les nouveaux venus.

Les grandes tribus ayant occupé le territoire de Walikale sont le Rega venus du Soudan selon le ministère de la colonie(1957), mais avant d'occuper Walikale ; ils sont venus du territoire de Shabunda, de Pangi et de Punia. Le Kumu sont venus de Lubutu dans le Maniema, les Nyanga sont aussi originaires de Torro en Uganda. Ils avaient occupé Walikale en passant par Rutshuru à l'Est du territoire en question. Les Havu devenus Bakano et les Tembo du territoire de Kalehe ont occupé le Sud Est du territoire. Tous ont été en contact avec différentes souches des Batwa Babuluko dans les milieux conquis et les dominèrent par la suite.

Les nouveaux venus à leur tour, avaient la notion de terroir et de l'organisation politique. Ils proposèrent aux Batwa la répartition de pouvoir. Il semble que les Batwa avaient décliné l'offre à volonté et gardèrent le pouvoir de gardien de la coutume qui supposait : l'intronisation des chefs coutumiers, l'installation de la circoncision indigène, le culte aux ancêtres etc. Tout simplement,parce que le pouvoir tel que vécu aujourd'hui n'était pas dans la tradition Batwa. Chaque famille Twa était indépendante de l'autre. Il n'y avait pas de promiscuité. Chaque famille avait une zone de chasse et ceci ne pouvait pas poser des problèmes parce que la nature était presque inhabitée.

Toutes les tribus à la rencontre des Batwa Babuluko dans le territoire de Waikale sont dotées d'un pouvoir coutumier,leur permettant de gérer soit une localité ou soit un groupement. Ce pouvoir leur donne l'opportunité de contrôler à la fois les richesses et le pouvoir du milieu au détriment des premiers occupants que les Batwa Babuluko. Parmi lesquels on compte un taux élevé d'analphabète et des personnes vivant en dessous de minimum vital. Les Batwa Babuluko n'ont plus d'accès facile à la forêt (à la terre). Il ne leurs reste que les forêts auxquelles ils pratiquaient le culte aux ancêtres. Tous les restes des forêts reviennent aux chefs coutumiers du ressort. Et les peu qui restaient aux Batwa Babuluko sont menacées d'expropriation par les mêmes chefs coutumiers.Par rapport au conflitfoncier qui opposait les Batwa Babuluko du village Kambushi avec le chef de localité de Bananigni à l'époque, Monsieur Muhombo Mangaika, ce cas est plus éloquent en la matière. Les Batwa Babuluko du village cité avaient gagné ce chef de localité devant le tribunal de territoire de Walikale et devant le tribunal de grande instance de Goma. Ce dernier, traitait les Batwa Babuluko de peuple nomade ne devant pas disposer d'un droit aux champs propres ni à la forêt.

Eu égard à ce contexte, nous tenterons, dans ce travail de répondre à la double question suivante :

- l'intégration des batwa babuluko est-elle le moyen approprié pour lutter contre la pauvreté, la discrimination et la marginalisation ?

- Cette intégration est-elle voulue par les Batwa ou une imposition ?

0.2. HYPOTHESES DU SUJET.

L'intégration est le fait pour un individu ou un groupe d'individu de faire partie à part entière d'une collectivité. Une intégration effective est le résultat d'une politique d'intégration. Pour le cas des Batwa Babuluko de Walikale, ce n'est pas le cas. Ils se retrouveraient devant un fait accompli.

Aujourd'hui la démographie devient de plus en plus galopante, les ressources disponibles se raréfient d'avantage, le pouvoir permettant de contrôler ces ressources semble être centralisé entre les mains d'une minorité d'individu au détriment d'autres habitants du pays. Au nom de la chose publique, les droits des Batwa et d'autres citoyens sont entrés d'être violés. L'exemple le plus éloquent est l'ordonnance présidentielle n°75/238 du 22 juillet 1975, modifiant les limites du parc national de Kahuzi Biega de 60 000 à 600 000 ha. S'étendant ainsi sur les territoires de Kabare, Walungu, Kalehe et Shabunda au Sud Kivu, Walikale au Nord Kivu et Punia au Maniema. Les Batwa et d'autres populations locales ont été dépossédés de leurs ressources vitales sans consultation ni indemnisation.

L'intégration des Batwa Babuluko exigerait, il faudrait aussi envisager une réforme agraire en vue de mettre la terre à la disposition de ceux-là qui en ont besoin, et parvenir à dissiper la dichotomie qui existe entre le droit foncier coutumier et la législation foncière en vigueur en RDC.

0.3. CHOIX ET INTERET DU SUJET.

Notre intérêt a porté sur ce sujet à travers plusieurs motivations :

D'abord, du fait qu'il y avait un nombre important des peuples autochtones assimilés à d'autres communautés, chose que nous encourageons, mais qui ne voulaient plus reconnaitre leurs identités propres. Ce travail est parmi les outils de sensibilisation à un éveil de conscience.

En plus, ce travailviserait àenvisager l'approche intégrative comme moyen de lutter contre la stigmatisation et l'exclusion dont sont victimes les Batwa Babuluko dans la gestion de la chose publique, en plus du monde associatif où leur présence est visible.

Aujourd'hui, le plaidoyer des peuples autochtones est au niveau des instances de Nations Unies. Avec l'adoption de la déclaration des Nations Unies sur les Peuples Autochtones du 13 septembre 2007 par l'assemblée générale de cette institution; les Batwa ont tout intérêt à pouvoir s'approprier cet instrument en vue de recouvrer et de sauvegarder leurs droits. Ce pourquoi, il fallait une étude du genre afin de clarifier une certaine zone d'ombre sur l'identité des peuples autochtones pour qui le message est adressé.

Ce travail peut être classé parmi les supports de référence dans la transformation pacifique des conflits liés à la coutume, en mettant en lumière les valeurs et us qui ont prévalus à la sauvegarde de celle-ci et à la durabilité des ressources naturelles.

0.4 DELIMITATION SPATIO-TEMPORELLE DU SUJET.

Dans l'espace, l'étude s'étend sur l'ancienne région du Kivu. Comprenant actuellement les provinces du : Maniema, du Nord Kivu et du Sud Kivu à l'Est de la République Démocratique du Congo. Nos investigations de terrain ont été réalisées dans le territoire de Walikale en province du Nord Kivu.

Dans le temps ; ce sujet de recherche vise à analyser la situation des Batwa Babuluko de 1900 à 2013. Nos recherches de terrain ont été effectuées pendant la période allant de 2007 à 2013. Période qui correspond successivement à notre professionnalisation ; d'abord au Programme d'Intégration et de Développement du peuple Pygmée au Kivu (PIDP /KIVU) d'Avril 2008 à Avril 2010. En suite au Bureau d'Etudes Scientifiques et Techniques (BEST KIVU) de juin 2010 à juin 2013.

0.5 METHODES ET TECHNIQUES D'INVESTIGATION.

0.5.1 Méthodes :

Avant d'entreprendre une formulation de solution au problème qui se pose, il faut au préalable bien cerner ce problème, ses causes et conséquences ainsi des questions qui se dégagent. Pour y arriver, une démarche méthodologique traduisant une approche objective et raisonnée doit guider de façon judicieuse la recherche.

Notre investigation sur terrain a recouru aux méthodes suivantes :

0.5.1.1 La méthode d'enquête type MARP (Méthode Accélérée de Recherche Participative):

Grace à laquelle nous avons eu une présence plus ou moins attentive, un contact direct avec le sujet et le milieu concret de notre recherche. L'enquête participative a précédé les autres méthodes dans la collecte des données générales sur la situation des Batwa dans le Kivu en générale et dans le territoire de Walikale en particulier. Les enquêtés se sentaient partie prenante à la recherche, car ils ont trouvé un cadre approprié pour canaliser leurs desideratas.

0.5.1.2. La méthode systémique :

Selon LORIAUX et REMY(1989), la systémique est un outil pour analyser la complexité afin d'étudier de manière globale tout phénomène. Toute action à poser est une intervention dans un sous-système complexe capable d'influencer ou d'être influencé négativement ou positivement par d'autres systèmes.

Cette méthode nous a permis d'avoir une vision globale sur l'intégration des Batwa afin de connaitre les éléments extérieurs de l'environnement social, institutionnel, économique, culturelle et écologique qui peuvent influencer négativement cette action et les résultats positifs sur ces quatre sous-systèmes (institutionnel, économique, sociale et écologique).

0.5.1.3. La méthode historique :

La méthode historique est celle qui consiste à revoir le passé pour mieux analyser le présent.

Il nous serait difficile d'avoir une idée d'ensemble sur les Batwa Babuluko sans pour autant interroger son histoire.

0.5.2. Techniques utilisées.

Ces sont des outils auxquels la méthode fait recours pour l'aboutissement de la recherche. Pour rendre nos méthodes opérationnelles, nous avons utilisé les techniques ci - dessous :

0.5.2.1 Les techniques documentaires.

A l'intérieur de la méthode historique, d'enquête du type MARP, beaucoup des données sur la situation des peuples autochtones à travers le monde, l'Afrique, la RDC et le Kivu ont été recueillies grâce à l'exploitation d'un certain nombre de documents.

0.5.2.2. L'observation libre non dirigée.

Comme outil de la méthode d'enquête, rien ne peut remplacer le contact direct de l'enquêteur avec son terrain d'investigation. Cette technique nous a facilité la récolte des données psycho sociales, les connaissances, les pratiques et traitements réservés aux Batwa par le reste de la communauté.

0.5.2.3. Interview

Tout au long du cheminement et de l'élaboration du présent travail et au cours des diverses descentes effectuées sur le terrain ; nous nous entretenions avec différentes catégories des personnes concernées par notre travail.

Ainsi donc, nous nous sommes entretenus avec les différentes autorités politico administratives et coutumières du territoire de Walikale, les leaders Batwa Babuluko, les membres de la communauté Batwa Babuluko dans leurs villages respectifs et quelques responsables d'organisations non gouvernementales accompagnant les Batwa au Kivu.

0.5.2.4. Le questionnaire d'enquête.

Constitué par une série des questions auxquelles les interrogés devraient répondre ; il nous a permis de collecter les informations utiles auprès des villages Batwa Babuluko enquêtés.

1ère partie : GENERALITES SUR LES PYGMEES

Chapitre 1. QUELQUES ASPECTS COMMUNS AUX PEUPLES AUTOCHTONES

1.1. Les traits communs entre les Batwa Babuluko et les autres groupes pygmées de la région.

Les Batwa Babuluko et les autres groupes partagent plusieurs traits communs notamment : les traits culturels, économiques et politiques. Le facteur morphologique et génétique nous ont intéressé moins, d'autant plus que la santé de l'homme est plus le reflet de son environnement immédiat, de ses conditions sanitaires et alimentaires.

Les contacts avec d'autres groupes ethniques, datant du XV ème siècle au Kivu (Ministère de la colonie 1957), ne peuvent pas ne pas nous dire quelque chose quant aux métissages entre communautés.

Néanmoins sur le plan culturel, tous les Batwa sont fiers d'être considérés comme les premiers occupantsdu Pays. Ils partagent en commun le sentiment d'être les gardiens de la coutume à côté des chefs coutumiers pour qui, ils exhibaient des danses folkloriques. Dans certains coins de la région, les Batwa ne pratiquent plus : la circoncision indigène, les cérémonies royales, les rites d'initiation et le culte aux ancêtres suite aux conditions environnementales défavorables ou dégradées. Ces pratiques constituaient un héritage culturel commun des tous les Batwa qu'ils transmettaient aux membres des communautés avec qui ils entraient en contact. Ces pratiques sonten traind'être abandonnées progressivement. L'abandon des pratiques susvisées s'est exacerbé suite à la doctrine prêchée à travers l'évangélisation et le christianisme.

Sur le plan économique ; Pendant des siècles, l'économie des Batwa en général était caractérisée par la cueillette (Chasse, le ramassage et la pêche). Avec l'évolution du temps, la tendance va de plus en plus vers la vie sédentaire en pratiquant l'agriculture, le petit commerce, l'exploitation artisanale des minerais et l'emploi salarial en symbiose avec les activités de cueillettes. Les Batwa, comparativement à d'autres communautés tribales, partout où ils se trouvent figurent parmi les personnes les plus pauvres et les plus vulnérables. Le degré de cette vulnérabilité diffère selon le degréd'accès aux ressources. En effet, les Batwa du Kivu montagneux sont plus vulnérables suite au problème démographique qui caractérise ces milieux, comparativement à leurs frères de basses altitudes. Les Batwa considèrent la terre (forêt) comme leur propriété privée malgré la législation en la matière. Cette législation est d'ailleurs méconnue par la majorité de Batwa parce qu'analphabètes, en dépit du principe selon lequel « Nul n'est censé ignorer la loi ». Ce pourquoi, ils ne demandent pas la terre chez le mwami, ils en cultivent à volonté pourvu qu'elle soit vacante.

Sur le plan politique, les Batwa Babuluko sont soumis aux mesures politico-administratives et fiscales. Ils sont sujet des droits et des obligations au même titre que les autres groupes. Par exemple : droit d'élire et d'être élu, les taxes, les impôts, etc. Tous les Batwa de la région n'ont pas accès au pouvoir politique malgré les droits et obligations que la loi les accorde. Certes ils jouent un rôle coutumier important dans l'intronisation des chefs coutumiers. Il s'observe dans l'univers Batwa un manque d'organisation politique classique. Chaque chef de famille est autonome et indépendant. Ils n'offrent pas des présents aux chefs coutumiers sachant que ces derniers reçoivent leur pouvoir d'eux.

Pour identifier les peuples autochtones Batwa de la région, il faut se référer aux deux principes tels que proposées par les Nations Unies, la convention 169 de  l'Organisation Internationale du Travail et la Commission Africaine des Droits de l'Homme et des peuples ; principes fondées sur le lien territoriale et le principe d'auto identification. Sans quoi, il sera difficile de distinguer qui est Mutwa et qui ne l'est pas au Kivu.

1.2. Terminologie

a. Pygmée : des Grecs, un pygmée signifie haut d'une coudée, et d'une façon générale, un homme de petite taille. Selon Larousse (1989) ; « est un individu appartenant à des races naines du centre de l'Afrique »

Le terme pygmée englobe les différents groupes ethniques disséminés le long de l' équateurdans de nombreux États de l' Afrique actuelle, (allant de la partie occidentale Cameroun, Gabon, Congo http://fr.wikipedia.org/wiki/Pygm%C3%A9e - cite_note-4, République démocratique du Congo, jusqu'au Rwanda, au Burundi et à l' Ouganda à l'est[]). Ces groupes de chasseurs - cueilleurs - pêcheurs sont aujourd'hui confrontés à une précarisation croissante par l'exploitation des forêts équatoriales et leur survie se trouve menacée. Les Pygmées sont des humains de petite taille. C'est une adaptation aux conditions environnementales et au climat.2(*)

b. Pygmoïde : est un terme anthropologique qui désigne certaines ethnies d'humains d'Afrique ou d'Asie de petite taille. D'ailleurs ce terme signifie pygmées métissés.

c. L'expression « peuple autochtone »

Définition

A défaut de définition légalement consacrée, nous nous contentons des essais et tentatives de définition faits par différents auteurs qui se sont intéressés à ce concept. Le dictionnaire Larousse définit l'Autochtone comme celui qui est originaire du pays qu'il habite ; dont les ancêtres ont toujours habité ce pays3(*); Littré ajoute que l'autochtone c'est celui « qui est du pays même, qui n'y est pas venu par immigration »4(*)

Pendant longtemps les peuples autochtones n'ont pas été distingués des minorités. Cependant la distinction entre les deux termes est nette. Elle réside dans le lien solide des peuples autochtones avec le territoire sur lequel ils vivent. Roger Plant dit que les peuples autochtones sont les peuples qui se trouvent sur un territoire avant sa conquête, plus précisément avant l'expansionnisme occidental. Ce qui caractérise la problématique des peuples autochtones c'est la référence à un mécanisme de marginalisation économique et à la logique de spoliation des biens, de la terre. (5(*)) Le facteur décisif de la définition des peuples autochtones est le fait qu'ils vivent sur des terres qu'ils occupent depuis les temps immémoriaux, à la différence des minorités qui peuvent être récentes sur un territoire.

La définition donnée par la Convention n°169 de l'OIT renseigne que les peuples autochtones sont les populations qui vivaient sur leurs terres avant que des colons venus d'ailleurs ne s'y installent ou que d'autres groupes de populations de culture et d'origines différentes n'y arrivent et ne deviennent par la suite prédominantes par la conquête, l'occupation, la colonisation ou d'autres moyens.

Cette dernière définition est de plus en plus acceptée et constitue une référence des débats à tous les niveaux. Nous allons, à notre tour, la considérer comme telle et nous y référer.

Critère de peuple autochtone

On retient généralement deux critères : le critère objectif et le critère subjectif. Sur le plan objectif on évoque l'antériorité et le lien territorial. Au niveau territorial il y a le problème des peuplements successifs et des peuples nomades tandis qu'en ce qui concerne l'antériorité, la présence autochtone peut se fonder sur la conquête postérieur à l'occupation.

Sur le plan subjectif, la référence est faite à l'autodéfinition, c'est-à-dire, la considération par un groupe lui-même qu'il est autochtone sur les terres qu'il occupe. Elle se traduit en un comportement d'attachement aux terres.

Le terme a fait objet de discussion à la commission africaine des droits de l'homme et des peuples. En effet, certains chefs d'Etats africains considèrent que le terme « autochtone » appliqué à un groupe social amènerait à la division sociale. Le groupe d'experts sur les questions des peuples autochtones a répondu comme suit:

« La CADHP reconnaît la préoccupation de ceux qui pensent que le terme de « peuple autochtone » a des connotations négatives en Afrique, car il a été utilisé de manière péjorative durant la période de la colonisation européenne et certains gouvernements africains post coloniaux en ont abusé dans un sens chauvin. Cependant, tout en reconnaissant les possibles connotations négatives du terme, il faut dire qu'il est aujourd'hui admis par l'ensemble de la communauté internationale dans un sens beaucoup plus large qui permet de comprendre et d'analyser certaines formes d'inégalités et d'oppressions, comme celles dont souffrent beaucoup des pasteurs nomades et des chasseurs-cueilleurs dans l'Afrique d'aujourd'hui. Ce terme permet aussi de dénoncer leurs souffrances en matière de droits de l'homme. »6(*) .

Les peuples autochtones représentent environ 370 millions de personnes dans le monde, dont 70 % en Asie[]. D'autres termes ont parfois été utilisés pour les désigner, comme aborigène, « peuple premier », « peuple racine », « première nation » ou « peuple natif », succédant à l'appellation péjorative de « peuple primitif », mais tous officiellement délaissés au profit de peuple autochtone[].7(*)

d. Le concept de minorité

Définition

Le concept de minorité n'a pas de définition qui soit unanimement acceptée. Celle proposée par Francesco CAPOTORTI offre une référence à la doctrine. Pour lui, un groupe d'individus constitue une minorité dès lors qu'il est à la fois numériquement inférieur au reste de la population, qu'il occupe une position non dominante, aussi bien sur le plan politique, économique, social et culturel ; que ses membres possèdent des caractéristiques ethniques, religieuses ou linguistiques qui diffèrent de celle du reste de la population et que ces mêmes individus sont unis par un lien de solidarité fondé sur la préservation de leur culture, tradition, religion ou de leur langue.(8(*))

J. DESCHENES estime pour sa part qu'une minorité est un groupe de citoyens d'un Etat en minorité numérique et en position non dominante dans cet Etat, dotés des caractéristiques ethniques, religieuse ou linguistiques qui diffèrent de celles de la majorité de la population, solidaires les uns les autres, animés, fut-ce, implicitement d'une volonté collective de survie et visant à l'égalité en fait et en droits avec la majorité9(*)

La Cour Permanente de Justice Internationale a, dans son avis du 31 juillet 1930, relatif à l'émigration des communautés gréco-bulgares, définit la minorité comme une collectivité des personnes vivant dans un pays ou une localité donnée, ayant une race, une religion, une langue et des traditions qui leur sont propres et unies par l'identité de cette race, de cette religion, de cette langue et de ces traditions dans un sentiment de solidarité, à l'effet de conserver leurs traditions, de maintenir leur culte, d'assurer l'instruction et l'éducation de leurs enfants conformément au génie de leur race et d'assister mutuellement.10(*)

Toutes ces sources reprennent les mêmes éléments qui contiennent les réalités qu'il convient de considérer pour caractériser une minorité.

Critère de minorité

Il ressort de la définition ci-haut donnée que l'élément essentiel pour qu'un groupe soit minoritaire réside dans le fait qu'il s'agit d'un groupe qui risque de subir ou qui subit la domination d'un ou plusieurs autres groupes nationaux. Seul un tel groupe peut revendiquer la protection spéciale sur le plan politique ou socio-économique.

Un groupe minoritaire doit être dans une situation non dominante pour qu'une protection se justifie parce qu'il y a des minorités dominantes qui violent parfois très gravement les principes de l'égalité, de la non-discrimination et de l'expression de la volonté du peuple. Ce fut le cas de la minorité blanche en Afrique du Sud lors de l'apartheid.

Les minorités en droit congolais

L'expression « minorité » est consacrée par le législateur congolais à un plus haut niveau de la législation. En effet, la Constitution de la RDC du 18 février 2006, en son article 13 in fine dispose qu'aucune personne ne peut faire objet de discrimination à raison de son appartenance à une minorité culturelle ou linguistique.
Le législateur va plus loin à l'article 51, en disposant que l'Etat assure la protection et la promotion des groupes vulnérables. Il assure également la protection des minorités. Il veille à leur épanouissement ».

Curieusement, les minorités dont il est question ne sont pas définies et le problème est celui de savoir à quel groupe s'appliqueront la promotion et la protection spéciale en tant que minorité. Mais, nous pensons que le fait d'en dire un mot dans la constitution est un début de reconnaissance par l'Etat de l'existence de tel groupe social dans le pays. Il s'agit d'un premier pas qui devra être consolidé jusqu'à clarification complète.

Tout compte fait, nous pensons que les peuples autochtones Batwa qui font objet de notre étude font partie des groupes minoritaires en RDC au vu des éléments de définition et de caractérisation.

e. Pauvreté :

Selon Larousse, La pauvreté est l'état de quelqu'un ou de quelque chose qui est pauvre.

Un pauvre : se dit de quelqu'un qui a peu de ressources, peu de biens. Les pauvres, c'est ceux qui ne possèdent rien par opposition des riches.

Les perceptions de la pauvreté s'articulent autour de quelques dimensions du vécu de la population. Certaines de ces dimensions sont tangibles : besoins fondamentaux non satisfaits, détérioration des facteurs de production et faible accès aux services sociaux de base ; et d'autres intangibles comme le manque de paix, culture d'impunité renforçant la corruption, l'injustice et l'exclusion.11(*)

f. Intégration : c'est une action d'intégrer.

Intégrer : faire entrer dans un ensemble, dans un groupe plus vaste.

Les facteurs de l'intégration :

Nous pouvons retenir comme facteurs d'intégration d'un peuple ; la langue, les activités socio culturelles, la nuptialité, les us et coutumes, la gouvernance politique et les activités de développement communautaire.

· La langue comme facteur d'intégration : Ne peut travailler ensemble que le peuple capable de communiquer. Le langage est l'un des outils de communication. Les colons avant de coloniser un peuple, ils commencèrent par s'intégrer dans cette communauté en lui imposant sa langue ou en apprenant la langue de cette dernière. Pendant la période pré coloniale, les différentes tribus considéraient comme ennemis toute personne ne partageant pas le même langage qu'elle. D'où, il fallait l'expansion arabe pour venir réconcilier les Kivutiens en les imposant la langue Swahili.

· Par us et coutumes, nous entendons les traditions culturelles du milieu.

Les modes d'habillement, d'alimentation, les cérémonies culturelles et rituelles, les chants, la danse, les croyances religieuses,...

Celui qui n'observait pas les us et coutumes d'un coin donné, était considéré comme étranger de ce coin. Donc un non initié, ou tout simplement un non intégré.

· Le mariage permet d'unir deux personnes de traditions différentes. Cette union nuptiale permet de concilier et de greffer les cultures de deux conjoints. Par conséquent, ces deux familles s'intègrent mutuellement.

· La gouvernance politique est le premier responsable de l'intégration de nos communautés au Kivu. Son rôle remonte de l'expansion arabe, à la colonie Belge puis à travers les gouvernements successifs de la République Démocratique du Congo. Le découpage territorial des entités administratives a permis d'intégrer différentes tribus et les a condamnées à une cohabitation pacifique. Par contre, nous décrions l'exclusion de certains habitatsà la gestion des biens publics pour cause d'appartenance ethnique et même la répartition inégale des ressources, souvent principale cause des conflits en RDC.

· Les actions de développement communautaire intègrent d'avantage les communautés. Exemple : construire un pont, réhabiliter une route, aménager une source, construire un centre de santé, arranger un marché, ...autant une oeuvre est communautaire, autant elle intègre les bénéficiaires.

g. Discrimination : selon Larousse (1989,556) ; « une discrimination raciale, c'est une opération organisée des races à l'intérieur d'une même communauté et visant à donner à l'une d'entre elles un statut inférieur (synonyme racisme, ségrégation).

1.3. Reconnaissance internationale des peuples autochtones

Il s'agit d'un événement historique qui trouve son origine lointaine dans la lutte des peuples autochtones pour leurs droits à la justice et à la dignité. Cette lutte a commencé en Amérique latine vers les années 1880 par les Amérindiens. Cela fut caractérisé par des pertes en vies humaines de plusieurs leaders autochtones.

La première conférence internationale des organisations non gouvernementales sur les questions concernant les autochtones s'était tenue à Genève en 1977. Elle a été suivie par une autre conférence non gouvernementale sur les populations autochtones et la question foncière à Genève en 1981. Ces réunions et une étude spéciale de l'ONU ont contribué à la création, en 1982, du groupe de travail des nations unies sur les populations autochtones.

En 1970, la sous-commission de la lutte contre les mesures discriminatoires et de la protection des minorités a recommandé que soit entreprise une étude exhaustive sur les problèmes de la discrimination des populations autochtones.

L'intérêt suscité par la question autochtone a amené, le conseil Economique et Social (ECOSOC) à créer le groupe de travail sur les peuples autochtones en 1992, qui est un organe subsidiaire de la sous-commission, de la lutte contre les mesures discriminatoires et de la protection des minorités.

La nécessité de considérer la question des peuples autochtones a été reconnue par les Nations Unies lorsque, par la résolution 45/164 du 18 décembre 1990, elle a proclamé ; L'année 1993, comme année internationale des Peuples Autochtones.

Cette même assemblée générale avait proclamé par sa résolution 48/164 du 21 décembre 1993, la première décennie internationale des peuples autochtones (1995 - 2004). Le but de cette décennie était le même que celui de l'année internationale des peuples autochtones. Ce but étant de renforcer la coopération internationale, afin de résoudre les problèmes qui se posent aux communautés autochtones dans les domaines tels que : les droits de l'homme en général et des peuples autochtones en particulier, l'environnement, le développement, l'éducation et la santé.

La Journée Internationale des Peuples Autochtones (JIPA) a été instituée par l'Assemblée Générale des Nations Unies, dans sa résolution n°75/164 du 18 décembre 1990.

Dans sa résolution 49/214 du 23 décembre 1994, l'assemblée générale de l'ONU avait décidé que la journée internationale des peuples autochtones (JIPA) sera célébrée chaque année le 9 Août pendant la décennie.

En 2000, fut créé au sein des Nations Unies, un forum permanent sur les questions autochtones et a tenu sa première réunion en mai 2002. Celui-ci dépend directement du conseil économique et social des nations unies.

En décembre 2004, l'assemblée générale des Nations Unies avait proclamé que 2005 - 2014 sera la deuxième décennie internationale des peuples autochtones.

En 2001, la commission de droit de l'homme avait nommé un rapporteur spécial des nations Unies sur la situation des droits de l'homme et des libertés fondamentales des populations autochtones.

La déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones avait été adoptée par le conseil Onusien des droits de l'homme en 2006, puis promulguée par l'Assemblée Générale de l'ONU en date du 13 septembre 2007.

En fin, il a été créé un fonds de contribution volontaire des Nations Unies pour les populations autochtones, pour permettre aux peuples autochtones de participer aux réunions internationales.

D'autres agences, telles que l'Organisation International du Travail (OIT) et la Banque Mondiale (BM) ont également pris des initiatives pour promouvoir les droits de l'homme et des peuples autochtones.

L'OIT a élaboré une politique de soutien aux peuples autochtones (qui s'attache particulièrement aux peuples autochtones d'Afrique et d'Asie). La convention 169 de l'OIT est le seul instrument international (encore ouvert à la ratification) avec une valeur contraignante dédié spécifiquement aux droits des peuples autochtones.12(*)

1.4. Cadre juridique promouvant les droits des peuples autochtones.

Il existe à nos jours ; un arsenal juridique promouvant les droits des peuples autochtones tant au niveau national qu'international. Mais, ces instruments souffrent encore de mesure d'application bien que ratifiés par les Etats membres de Nations Unies dont la RDC.

Parmi ces lois nous pouvons citer à titre d'exemple :

· La Déclaration des Nations Unies sur les Peuples Autochtones du 13 septembre 2007,

· La convention 169 de l'Organisation Internationale du Travail (OIT),

· La Charte Africaine des Droits de l'Homme et des Peuples de 1986,

· La constitution de la RDC du 28 février 2006 consacrant la gratuité scolaire des enfants Congolais à son article 43. Son article 13 dispose « qu'aucune personne ne peut faire objet de discrimination à raison de son appartenance à une minorité culturelle ou linguistique ». Le législateur va plus loin à l'article 51, en disposant que « l'Etat assure la protection et la promotion des groupes vulnérables. Il assure également la protection des minorités, il veuille à leur épanouissement »,

· Le code forestier de la RDC du 29 aout 2002, etc.

Chapitre 2. APERÇU SUR LA REPARTITION GEOGRAPHIQUE DES PEUPLES AUTOCHTONES

2.1. Les peuples autochtones dans le monde

Les peuples autochtones vivent dans des vastes régions de la terre ; de l'Afrique au Pacifique Sud, ils sont, d'après les estimations, quelque 370 millions12(*). Les peuples Autochtones ou aborigènes sont ainsi dénommés car, ils vivent sur leurs terres avant que des colons venus d'ailleurs ne s'y installent. Ils sont les descendants de ceux qui habitaient dans un pays ou une région géographique à l'époque où des groupes de population de cultures ou d'origines ethniques différentes y soit arrivés et sont devenus par la suite prédominants, par la conquête, l'occupation, la colonisation ou d'autres moyens.

Il y a de nombreux peuples autochtones notamment ; les Améridiens (les Mayas du Guatemala ou des Aymars de Bolivie), les Inuits des Aléoutes de la région circumpolaire, les Amis de l'Europe septentrionale, les Aborigènes et les insulaires du détroit de Torres d' Australie et les Maoris de Nouvelle-Zélande. Ces peuples et la plupart des autres peuples autochtones ont conservé des caractéristiques sociales, culturelles, économiques et politiques qui se distinguent nettement de celles des autres groupes qui composent les populations nationales.

Les populations autochtones sont réparties dans le monde de la façon suivante :

Population autochtone par zone géographique[]

Zone géographique

Population (millions)

Asie (hors Russie)

150-200

Amérique latine

45-50

Afrique

14

Amérique du Nord (hors Mexique)

1,5

Russie

1

Europe

0,08

Ils forment au moins 5 000 groupes autochtones différents, et autant de cultures différentes, parlent plus de 4 000 langues dont la plupart sont en danger et risquent de disparaitre d'ici la fin du XXIesiècle[]. Au cours des trente dernières années, les peuples autochtones se sont fortement déplacés de leurs terres traditionnelles vers les villes, pour chercher de l'emploi mais aussi à cause de violations et abus des droits de l'homme, notamment des droits à leurs terres et à la survie culturelle. Dans de nombreux pays, ils sont plus de 50 % à vivre en régions urbaines.13(*)]

2.2. Les peuples autochtones en Afrique

La diversité des situations des peuples autochtones fait qu'il n'existe pas de définitions universelles de la notion d'autochtone. Néanmoins, poser la question de savoir qui sont les peuples autochtones en Afrique, c'est tenter de rechercher les particularités permettant de les identifier comme tels dans le contexte africain. Généralement, il est admis que les peuples autochtones sont ceux installés sur un territoire depuis des temps immémoriaux. En plus, au nombre de critères retenus par la doctrine internationale on a, outre le fait qu'ils sont descendants des premiers habitants d'un territoire donné, qu'ils sont nomades ou semi nomades, l'absence d'institutions politiques. On ajoute, enfin et surtout le fait qu'ils sont constitués d'individus qui se considèrent subjectivement comme autochtones et sont acceptés comme tels par le groupe (Julian Burger, 1987, 9). Ce dernier élément est capital et revêt pour les intéressés une grande importance car, grâce à l'auto-identification, ils peuvent se définir eux-mêmes et identifier leurs propres membres.

En tout état de cause, il faut insister sur ces spécificités en ajoutant d'autres critères. En Afrique, les préjugés à l'égard de certains groupes sont source de nombreuses discriminations à leur encontre. Comme corollaire, ils sont conditionnés à s'enraciner davantage dans leur situation d'assujettis ou de dominés entraînant leur marginalisation sur le plans politique, économique et socio culturel. Ce qui semble caractériser la question autochtone en Afrique, c'est sa complexité qui est liée au fait que ces populations ont longtemps eu l'habitude de se soumettre aux pouvoirs autoritaires en se considérant comme « sujet » c'est-à-dire des personnes n'ayant que des devoirs à l'égard du chef.

Au coursde l'analyse entreprise par IPACC pour déterminer qui est autochtone en Afrique, il est apparu clairement que les cultures qui ont conservé leurs systèmes de connaissances traditionnelles, et qui sont fortement tenus à l'écart de la gouvernance, sont aussi ces mêmes cultures associées avec une exploitation durable des ressources naturelles à l'intérieur d'écosystèmes très particuliers. Les chasseurs-cueilleurs san et les éleveurs khoe d'Afrique australe viennent de régions désertiques, de même que les touaregs nomades du sahara. Les chasseurs-cueilleurs de l'Afrique centrale et de l'Afrique de l'Est sont tous des populations qui vivent dans la forêt, tirant leur nourriture de l'utilisation durable de la biodiversité de la forêt. D'autres éleveurs tels que les bororos (Wodaabes, peuls, foulbés), les massais, samburus, Rendilles, datogas et autres sont tous des spécialistes de la survie en zones semi-arides d'herbages et des savanes d'Afrique.

Le concept de populations autochtones existe dans les cultures et les langues africaines. Des termes tels que « Batwa », « Baroa », Abatwa », Bacwa », Basarwa, Boni, Sanye, Dorobo s'appliquaient aux populations de chasseurs cueilleurs qui se différencient despeuples pasteurs, et agricoles qui avaient immigré dans leurs territoires au cours des siècles.

Dans la plupart des cas, ces populations vivaient en bon voisinage, partageant différents aspects de leurs économies. Les chasseurs troquaient leur viande sauvage et leur miel contre les céréales, le métal et autres objets que leur fournissaient les fermiers.

Quoi qu'il en soit, ce qui rapproche tous ces peuples et qu'ils partagent avec ceux des autres continents, c'est qu'ils sont conscients d'avoir une personnalité propre avec des traditions sociales et personnalité d'expression liées à leurs environnements hérités de leurs ancêtres, qu'ils possèdent leurs langues propres et certaines caractéristiques essentielles et uniques, qui leur donnent la ferme conviction d'appartenir à un peuple avec une identité propre que les autres doivent respecter en tant que telle. Ceci ne peut être favorisé que par la démocratie utile : ce moyen politique de sauvegarder la diversité, de faire vivre ensemble des individus et des groupes de plus en plus différents les uns des autres dans une société qui aussi fonctionne comme une unité. (Alain Touraine, 1994, 171.).

En Afrique, les peuples autochtones sont localisés dans de nombreuses régions :

· En Afrique Orientale, les Masai (Kenya et en Tanzanie), les Ogiek, les Amburu, les Hadzabe (Tanzanie).

· En Afrique Australe, les Hottentos et les Boshmen (Désert de Kalahari).

· En Afrique Centrale : les Bambuti, les Batwa appelés pygmées à cause de leur taille (la plupart mesure 1,44mètres) en R.D.Congo, Rwanda, Burundi et Ouganda.

· En Afrique Equatoriale, les pygmées (Bongo, Efe, Bangyeli, Mbendjele,....)

· En Afrique du Nord : les Touaregs et d'autres peuples nomades du désert de sahara.

2.3.Les peuples autochtones en République Démocratique du Congo :

En République Démocratique du Congo, on trouve les pygmées dans la province Orientale (Kibali -Ituri et Uele), du Kivu (Kabare, Kalehe, Idjwi, Uvira, Mwenga, Nyiragongo, Walikale, Beni- Lubero, Masisi, Rutshuru et dans le Maniema), de l'équateur (Tshuapa, Ubangi) du Katanga (Moba) et du Kasai (Sankuru). Il est probable que les pygmées soient dans toutes les provinces de la RDC, excepté le Bas Congo. De nos jours, il n'existe pas de chiffres qui signalent les pygmées comme une entité démographiquement distincte. Cependant, les peuples autochtones pygmées des forêts constituent en RDC une mosaïque complexe de groupes ethniques apparentés. Les définitions et chiffres existants ne sont ni précis ni cohérents entre eux. On n'a pas trouvédetrace d'un recensement exhaustif ou d'une cartographie des groupes autochtones en RDC, et la plupart des études sociologiques ou anthropologiques concernant les chasseurs-cueilleurs autochtones se sont focalisés sur les forêts d'Ituri. C'est en 1863 que l'explorateur français DUCHALLU fit les premières observations sur les pygmées. Plus tard, SCHESEINFURTH et BAUMA décrivirent les Bambuti ou AKKAS respectivement en 1874 et 1894. En 1914, Struct étudia leur langue et Gromier (1937) inventoria leurs aliments d'origine végétale. Par la suite, plusieurs observations furent faites successivement par SHEBESTA (1939-1952) qui étudia les Bambuti. En 1946, BOELART fit le premier recensement démographique des pygmées. SCHUMACHER (1949) étudia les Barhwa du Kivu, Gustave (1956) et Bonardel (1973) étudièrent la répartition géographique des pygmées en Afrique Centrale, CHIFUNDERA (1996) étudia les pygmées du parc National de kahuzi Biega (PNKB) Sud-Kivu, Mgr Munzihirwa (1996) parla de la civilisation de la flèche ou des chasseurs « BARWA » du Bushi dans la dynamique de l' intégration politique de la Nation Shi, Le Dr J.JADIN étudia les groupe sanguins des pygmées(1935) ; selon Bailey (1985), Bahuchet (1939), et Dyson (1992), environ 70 à 100.000 personnes s'identifient comme chasseurs cueilleurs autochtones et/ou leurs descendants . Néanmoins, d'autres sources donnent des estimations plus élevées. Selon Lewis (2000), JACKSON (2004) ; les peuples autochtones compteraient jusque 250.000 individus en RDC. Sur la base des résultats préliminaires d'un recensement nationale, la ligue nationale des pygmées du Congo (LINAPYCO)estime que les groupes autochtones comptent entre 450 à 600.000 individus et qu'ils sont répartis dans 47 des 145 territoires du pays. 14(*)

Il est généralement admis que les chasseurs cueilleurs ou pygmées, sont les premiers habitants des forêts du Congo. D'après cette théorie ces populations vivaient en autarcie grâce à une économie de cueillette, avant que des groupes d'agriculteurs n'immigrent dans la forêt, pendant le premier millénaire. Mais d'autres études suggèrent que les premiers contacts avec les agriculteurs immigrants sont plus anciens, datant d'environ 2000 à 3000 ans (Bahuchet, et Guillaume 1982, Bailey 1985, Hart1986, et vansina1990).

Les groupes habituellement reconnus comme pygmées en RDC sont : Les Bambuti (y compris Batwa, Efe, et Aswa) qui sont localisés dans l'Est du pays spécialement en Ituri, les Twa qui sont localisés le long de la frontière avec le Rwanda et dans la région du lac Tumba dans l'Equateur, et les CWA qui vivent dans les forêts et Savanes autour des lacs du Kasaï. D'autres groupes sont répartis à travers la région forestière de la RD Congo, notamment les Aka le long de la forêt Nord-ouest à la frontière avec la République du Congo.

Pour la LINAPYCO, les peuples autochtones de la RDC se regroupent en trois types : Les groupes « forestiers » vivant notamment dans les forêts d'Ituri ; les groupes « riverains » vivant au bord des lacs et rivières spécialement dans l'Equateur et le Kasai, et enfin les groupes « potiers » vivant à l'Est du pays dans le Nord et le Sud-Kivu.

2.4. Les peuples autochtones aux Kivu

Au Kivu, les pygmées sont considérés comme les peuples autochtones de la région. Ils sont identifiés sous plusieurs dénominations, bien qu'ils aienten commun l'appellation des Batwa. Leur appellation diffère selon le milieu géographique de vie: Barwa au Bushi, Bayanda, Baburuku dans le territoire de Kalehe, Batswa à Idjwi ; Bambote, Balanga, Bashaasumba, Bakyenga dans le massif d'Itombwe ; Batwa, Bambuti dans le Masisi, le Rutshuru, le Nyiragongo et le grand Nord Beni - Lubero ; Batwa, Bambote, Tunguti dans le Maniema ; Bashimwena à Fizi ; Babuluko, Banamatumo, Bakeka dans le territoire de Walikale.

2.4.1 Organisation économique, politique et social des Batwa au Kivu.

Organisation économique : Dans le temps, la forêt couvrait toutes l'étendu du pays. Les pygmées vivaient de loin en loin en petit groupes, auxquels la chasse et la cueillette fournissaient le nécessaire pour vivre. Ils parcouraient des dizaines de kilomètres ensuivant les traces de gibiers, dans une contrée où le hasard seul pouvait les mettre sur les traces d'une autre famille Batwa qui venaient de camper par là15(*). Aujourd'hui, avec les contraintes de la démographie, et l'Etat qui s'est approprié les réserves de terre dans lesquelles habitaient les Batwa au nom de la conservation ; les Batwa pratiquent désormais l'agriculture et sont contraint à une vie sédentaire. Les uns sont journaliers dans des plantations, d'autre salariés à l'ICCN/PNKB, PNVI16(*), comme gardiens de parc et pisteurs bien qu'à un nombre limité.

Organisation politique : celle-ci est simple. Une sorte de démocratie directe. Chez les Batwa, l'autorité est plus un service qu'un privilège et n'exerce pas de contrainte physique. Elle ne commande pas. L'ainé du groupe est le chef parce qu'il a plus d'expérience. Il est leaders, éclaireur et conducteur et non pas administrateur ou gouverneur. Les vieillards sont très respectés et écoutés. A nos jours, nous n'avons pas pris connaissance d'un chef Twa à la commande d'une localité, d'un groupement, ni d'une collectivité secteur en dehors de leurs propres villages. Ils sont indispensables dans l'investiture des chefs coutumiers, car chaque région a ses pygmées d'investiture. Les Bami reconnaissent le fait d'avoir reçu leur pouvoir de ces autochtones.

Organisation sociale : La vie familiale est simple. Généralement monogame, selon le père SHEBASTA cité par Munzihirwa(1996), qui a observé les pygmées de l'Ituri. Cette monogamie a des raisons économiques et pratiques plutôt que d'ordre idéologique ou ethnique. Pour se marier, les uns donnaient les produits de chasse (chien, filets, Hache,...), d'autres par contre, échangeaient les filles famille contre famille. A nos jours la pratique et la coutume du milieu sont d'application.Ils donnent la vache comme dot chez les Shi, chèvres chez les lega, etc. L'homme et la femme collaborent pour la subsistance quotidienne. La famille nucléaire est respectée.

Les proverbes suivants témoignent des stéréotypes qui ont cours dans la population à l'égard des Batwa au Kivu17(*) :

o Le pygmée à l'esprit d'un enfant. Il vit au jour le jour.

o Quand le pygmée est rassasié, il met le feu au grenier. on souligne son imprévoyance,

o Un raccourci pour arriver vite au but a été la cause de la mort de milliers de pygmées. On souligne leur impulsivité. Faute de recul, ils se sont toujours engagés dans le chemin où les autres avaient péris, car ils ne savent pas contourner l'obstacle.

o Le pygmée et l'enfant sont les seuls à prendre leur liberté devant le mwami. On les regarde comme irresponsables.

o L'amitié avec un pygmée est difficile, car il ignore nos tabous et nos usages, il se moque de nos interdits.

o La patience du pygmée est aussi courte que sa taille. Quand il se fâche, il peut tuer sur le champ sans réflexion.

2.4.2 Les Organisations Non Gouvernementales accompagnant les Batwa au Kivu.

Nous avions inventorié plus ou moins vingt associations accompagnant les Batwa au Kivu. Parmi lesquelles, treize s'occupant exclusivement des Batwa, dont : PIDP-KIVU, CAMV, UEFA, CPAKI, APDMAC, ERND, CIDOPY, ECHO ACTION, IPROFAVE, ACEPROD-BATWA, SYPA, ADPROFEPY, ARAP,... Ces associations sont rassemblées dans quatre réseaux à savoir : D G P A, LINAPYCO, RAPY, REPALEF.

Un des Bailleurs des Fonds de ces associations ; le Rain Forest Fondation a établi une structure d'appuis technique à ces associations dénommée : AFRICAPACITY.

D'autres organisations membres de la société civile du Sud Kivu, ont dû intégrer dans leurs programmes d'action, le plaidoyer sur les peuples autochtones Batwa. Retenons entre autres associations : CENADEP KIVU, JUSTICE POUR TOUS, POPOF, ACPS, TRAFED, HORIZON NATURE, APRODPD etc.,

2.4.3. L'impact de l'ICCN sur la vie des Batwa au kivu.

L'évolution historique de l'écologie nous renseigne que ; jusqu'à 1945, l'écologie était caractérisée par le naturalisme, entre 1945-1970 ; elle est passée au stade du conservationnisme, de 1970 à 1990 elle passe à l'étape du développement, et depuis 1990 à nos jours, elle est au stade de développement durable et négociations globales18(*)

Ce faisant, l'ICCN n'avait pas tenu compte des droits des Batwa pendant la création des aires protégées au Kivu dont ; Virunga en 1925, Kahuzi-Biega et Maiko en 1970. Les Batwa n'ont pas été consultés, ils ont été dépossédés de leurs ressources vitales puis expulsés sans aucune forme de procès. Les conséquences de cette attitude sont incommensurables sur la vie des Batwa à présent.Ces conséquences sont notamment, à titre illustratif, l'entrée clandestine des pygmées dans les aires protégées, le braconnage, l'abatage de bois. Tout cela est au centre des conflits qui opposent les Batwa aux institutions de conservation. C'est dans ce contexte que s'inscrit le procès qui oppose les pygmées à l'Institut Congolais pour la Conservation de la Nature (ICCN).

Les faits sur lesquels les pygmées se sont fondés pour ester en justice sont les suivants :

En bref, il s'agit de l'expulsion de ces derniers de leur ancienne forêt, Kahuzi-Biega qui constitue l'actuel Parc National de Kahuzi-Biega (PNKB). C'est l'Ordonnance-Loi N°75-238 du 22 juillet 1975 portant modification des limites du PNKB qui est venue achevée le processus d'expulsion des peuples autochtones de leur milieu naturel de vie.

Cette expulsion s'étant passée au mépris des conditions requises, notamment enquête préalable et une indemnité juste et équitable, les pygmées ont sollicité l'appui judiciaire de l'ONG ERND pour qu'ils soient réhabilités dans leurs droits.

Les points forts de ce procès qui n'a pas encore été clôturé sont : la qualité des pygmées à ester en justice, le droit à la réparation et à l'indemnisation, la discrimination et la justiciabilité des conventions régionales et internationales.

2.4.4. Considération des Batwa dans le territoire insulaire d'Idjwi.

Bien qu'à nos jours, il s'observe un mariage mixte entre Havu et Twa ; deux communautés habitant l'ile d'Idjwi au Sud Kivu, dans le temps il n'en était pas ainsi. D'ailleurs, l'on raconte que des hommes havu couraient avec les filles twa au motif thérapeutique. Motif selon lequel ; une relation sexuelle avec une jeune fille twa guérissait le maux de dos.

Dans ce territoire, il se pose aussi le problème de spoliation des terres Batwa par les autorités coutumières et même par leurs voisins directs havu. Citons l'exemple du conflit foncier entre le mwami, chef de chefferie Ntambuka avec la famille Twa de Monvu en Janvier 2009.

Pendant nos enquêtes à Idjwi Sud, nous avons eu des informations sur le litige qui opposait le Mwami de la chefferie Ntambuka et la famille twa de Monvu. Cette famille était représentée par Kahimono Kirazi, du site de Monvu, localité Karama, groupement Nyakalengwa à Idjwi Sud. Cette famille pygmée expulsée par le Mwami Ntambuka Mihigo II Roger s'est réfugiée dans une autre famille pygmée dans le village de Kisiza de la même chefferie.

Ce conflit avait des ramifications historiques, datant de plusieurs règnes : - Ntambuka -Sibula et le Mwami Ntambuka actuel. Les Batwa habitaient déjà ce site pendant plus de 32 ans. Mais ils sont menacés de quitter le site sans motif convenable. Un terrain acquis selon la coutume, après avoir perdu leurs champs de Birindi (groupement Nyakalengwa) et celui de chinogola dans le groupement Mpene. Champs qu'ils avaient reçu des ascendants de l'actuel Mwami. Ce champ de Monvu est une compensation des champs perdus ci haut.

Six Batwa avaient été massacrés dans ce même territoire insulaire d'Idjwi par leurs voisins havu en date du 11 mars 2012. Il était reproché aux Batwa ; le vol des récoltes dans les champs de leurs voisins havu. Sans porter plainte chez qui que ce soit, les victimes de vol sont passées ainsi à une justice populaire. Quatre des présumés voleurs avaient été brulés vif après avoir été récupérés la nuit de leur toit conjugal et deux exécutés à coup de machette. Ils ont été enterrés dans une fosse commune dans le massif de Nyamusisi à la limite de deux chefferies que compte ce territoire. Deux personnes ont été condamnées par le parquet de Bukavu sur une vingtaine de présumés auteurs de cette justice populaire.Ce procès poursuit son cours au Tribunal de Grande Instance d'Uvira, siège secondaire de Kavumu.

2.4.5. La déperdition scolaire des enfants Batwa de la province du Nord Kivu.

Sur base des enquêtes menées par PIDP Nord Kivu, en novembre 2007, dans les territoires de Masisi, Nyiragongo, Rutshuru et Walikale ; il a été révélé que 28,6% d'enfants Batwa étaient scolarisés sur 71,3% des jeunes non scolarisés. Sur les 1246 jeunes Batwa ayant pris leur inscription à l'école primaire à cette époque ; Walikale en comptait : 45,6%, Masisi : 37%, Nyiragongo : 7,3%, et Rutshuru : 13,3%. Au secondaire, sur les 239 candidats ; Walikale comptait : 67,7%, Rutshuru : 15,4%, Masisi : 12,5%, et Nyiragongo : 4,1%. Aux enseignements supérieurs et universitaires, neuf candidats seulement étaient identifiés, dont huit pour Walikale et un pour le territoire de Rutshuru.

Nous avions attribué la cause de cette déperdition scolaire des enfants Batwa à la pauvreté des parents, incapables de payer les frais scolaires de leurs enfants. Nous avions fait, en plus, allusion au système féodale du Kivu montagneux qui aurait exclu davantage les Batwa à l'accès aux ressources, car ils sont traités comme des vassaux. Mais aussi, l'ignorance des parents Batwa quant à la nécessité de scolariser leurs enfantscompte parmi les causes.

2.4.6. Le système foncier du Kivu et son impact sur la vie des Batwa.

Le système foncier du Kivu a retenu notre attention dans cette étude. Il s'y observe un paradoxe selon lequel : « il y a trop des paysans sans terre à cultiver et trop de terre sans paysans »19(*). Dans le Kivu montagneux surpeuplé (380h/km2), la terre est une propriété collective sous la responsabilité du mwami qui décide de son affectation. Par contre dans le Kivu de basses altitudes ; la terre appartient à un clan. Ce sont les membres du clan qui décident de l'affectation de celle-ci. Tout ceci en dépit de l'article 53 de la loi du 20 juillet 1973 modifiée et complétée par la loi du 18 juillet 1980, selon laquelle : « le sol est la propriété exclusive, inaliénable et imprescriptible de l'Etat ».

Les Batwa dans le Kivu montagneux, n'ayant pas la possibilité de payer le Kalinzi chez le mwami, sont pour la majorité, obligés de pratiquer le métayage dans les champs de leurs voisins. Les uns payent une poule par saison culturalepour une superficie de 50ares.

Pour ceux des basses altitudes, dès lors que ces coins sont à faible densité (10 à 30habitants/km2), il est reconnu à chaque clan sa colline. Mais aussi, les terres arables ne sont pas encore problématiques dans ces contrées. L'accès y est encore facile moyennant un foufous « Bugali » d'une à deux chèvres à donner au chef de clan ou à ses membres. Dans cette partie du territoire, le champ appartient à celui qui aurait abattu le premier, les arbres de la forêt primaire, après autorisation des membres du clan. Autrement dit, il appartient à celui qui aurait effectué en premier les travaux d'ouverture.

2.4.7. Les communautés tribales en contact avec les Batwa au Kivu.

Pour le ministère des colonies (1957)  les populations qui occupaient à l'époque la province du Kivu n'y arrivèrent qu'au xvè siècle, ou plus tard. Elles s'y heurtèrent probablement aux aborigènes pygmées. C'est de cette époque que data l'arrivée des Warega, originaires semble- t-il du soudan et du Haut Nil. Ils vinrent de l'Est par la région du Rwenzori. A peu près au même moment, immigrèrent les groupes de l'ethnie Mongo. Les Balanga, Bagengele, Wasongola et Bakusu qui occupèrent l'Ouest et le centre du Maniema. Ces quatre groupes vinrent de l'occident, le premier en ligne droite et les trois autres, après avoir fait un crochet vers le Sud.

Ce n'est qu'au XVIIe siècle qu'arrivèrent du Sud, les Wagenia, Basonge, Wazimba (famille Baluba), ainsi que plus tard, le '' Balubaïsés'' (Nonda, Mamba, Kasenga, Bakwange) et les Bahemba  qui occupèrent le centre Sud du pays. Les dernières migrations amenèrent le Babuye, Bango-bango et Bahombo dans le Sud Est du pays, tous, groupes d'influence Baluba.

Les Bakumu, qui occupent le Nord du Maniema, seraient arrivés aux XVI Siècle venant de l'Est en même temps que les Warega.

Avant l'arrivée des Européens, les invasions de Bantous avaient abouti à la constitution des royaumes : des Bakongo, des Bakuba, des Bashi du territoire de Kabare, des Bahunde du territoire de Masisi, des Bahavu du territoire de Kalehe et celle des empires des Baluba, des Alunda et des Bayeka.

Actuellement, la RDC compte plus de 450 tribus, dont plus ou moins 40 tribus sont répertoriées au Kivu. Les plus importantes par province sont :

Ø Au Nord Kivu : les Nande, les Hunde, les Tutsi, les Hutu, les Batwa, les Kumu, les Nyanga, les Kusu, les Tembo, et les Kano (Rega)

Ø Au Sud Kivu : les Bashi, les Havu, les Rega, les Tembo, les Bembe, les Barongeronge, les Buyu, les Bwari, les Vira, les Nyindu, les Batwa, les Barundi, les Nyamulenge et les Fuliru.

Ø Au Maniema : Les Mongo, les Balanga, les Bangengele, les Wasongola, les Bakusu, les Rega, les Balubaïses (Nonda, Mamba, Kasenga, Bakwange), les Wagenia, les Bahemba, les Tetela, les Batwa, les Bangubangu, les Binja, les Wazaliwa, les Komo, les Songye, les Buyu, les Kwange, les Mituku, les Zura et les Lengola.20(*)

Chapitre 3. LES BATWA BABULUKO DE WALIKALE AU NORD-KIVU

3.1. Présentation physique du milieu

Walikale est l'un de six territoires que compte la province du Nord Kivu. Créé par l'Ordonnance n°23/129 du 17 Décembre 1954, après son détachement du territoire de Masisi. Le territoire de Walikale est Situé à l'ouest de la ville de Goma chef-lieu de la dite province. Avec une superficie de 23 475km2. Habité par 939 337 âmes (Etat civil territoire de Walikale 1er trimestre 2011) avec une densité moyenne de 40habitants au kilomètre carré. Les Batwa Babuluko sont estimés à plus ou moins 5000 âmes soit 0.53% de la population totale.

Le territoire de Walikale fonctionne sous les limites géographiques telles que tracées par les dispositions de l'Ordonnance-loi n°68-018 du 12 Janvier 1968. Il est subdivisé en deux collectivités secteurs et une cité ; « la cité de Walikale ». La collectivité secteur des Wanyanga compte 13 groupements : Bafuna, Bakusu, Banabangi, Ihana, Ikobo, Kisimba, Luberike, Usala, Utunda, Walowa-Loanda, Walowa-Uroba, Walowa - Yungu et Wassa. La collectivité secteur des Bakano compte à son tour deux groupements : Bakano et Bakondjo.

Le territoire de Walikale est limité au Nord par le territoire de Lubero, à l'Est par Kalehe, Masisi et Rutshuru ; au Sud par Shabunda et à l'Ouest par les territoires de Lubutu, Punia et Bafwasende dans la province orientale.

Le climat  est de montagne à l'Est, le reste est compris dans le climat de basse altitude, c'est à dire équatoriale. Sa température varie entre 25° à 27° centigrade. Les pluies sont abondantes toute l'année, ce qui explique l'existence d'une longue saison pluvieuse et d'une saison sèche, mais courte. Le Relief  à l'Est on trouve des plateaux, des montagnes. Le reste du territoire constitue une dépression parsemée des collines. L'Altitude minimum est de 600m, maximum : 1800m et la moyenne est de 900m.

La plus grande partie du territoire de Walikale est composée d'une forêt dense, très riche en végétation et accessible à toutes sorte de cultures, cependant dans la partie Nord du territoire, on y trouve une forêt clairière (steppe).

Dans la faune de Walikale on peut y comptabiliser les espèces rares comme : les gorilles, les éléphants, pangolins géants, buffles, léopards, chimpanzés, babouins, pythons, crocodiles, antilopes, boas, caïmans, etc.

La rivière Lowa est la principale rivière qui traverse le territoire de Walikale, elle est un affluent du fleuve Congo ; Luhoho, Osso, Osokari, Luka, Kyassa, Ulilu sont ses affluents. La forêt de Walikale est riche en biodiversité, ce qui a poussé l'Etat à étendre les limites du parc national de Kahuzi Biega dans la collectivité secteur des Bakano en 1975.

L'agriculture vivrière, le petit commerce et l'exploitation artisanale de minerais constituent l'essentiel de l'économie du territoire de Walikale. L'huile de palme est la principale culture de rente et industrielle. Il est possible d'y cultiver aussi le cacao, le caféier, la canne à sucre etc.

Le territoire de Walikale est traversé par la route nationale n°3 reliant Bukavu-Bunayakiri - Walikale - Lubutu et Kisangani. Il est relié à la ville de Goma par la route secondaire Walikale - Masisi - Sake - Goma.

2.5. Les différentes communautés tribales à la rencontre des Batwa Babuluko à Walikale

Le territoire de Walikale est habité par les communautés de tribus : Kano ou Lega, Nyana, Kumu, Tembo, Kusu, et Batwa Babuluko. Toutes ces tribus ses reconnaissent allochtones par rapport au terroir walikalien, excepté les Batwa Babuluko dont l'origine s'emble difficile à prouver, car toutes ces communautés tribales reconnaissent avoir rencontré ce peuple dans ce milieu. Selon Kisa Bin Tond (2000), le premier groupe ethnique à entrer en contact avec les Batwa Babuluko était les warega venus de Shabunda(Sud Kivu), Pangi et Punia (au Maniema). Ils ont occupé les deux groupements de la collectivité secteur de Bakano (Bakano et Bakondjo) ; Suivi par les Nyanga du clan Bana bangi et Baroba qui ont croisé les Batwa Babuluko au sommet du mont Mika, au centre de Walikale, venu de Torro en Uganda passant par Rutshuru. Un groupe important des Nyanga est cantonné dans la partie Nord Est du Territoire et constitue la majorité de la population du territoire de Walikale ; Les Kumu sont venus au même moment que les Rega au 16e siècle et occupèrent le groupement Wassa en direction de Lubutu. Le Tembo et les Havu (devenus plus tard les Bakano) ont occupé la partie sud Est du territoire en provenance du territoire de Kalehe et Idjwi ; les Kusu sont les derniers à occuper le centre de Walikale par la guerre de conquête dite : la guerre de Lukundula et s'approprièrent ainsi le groupement portant leur nom, abritant le chef-lieu du territoire de Walikale.

Finalement par l'influence de la colonie, le territoire sera peuplée plus tard par une minorité des Shi, des Rwandais, des Burundais et des Nande venus travailler pour le compte de la société : Mine des Grands Lacs (MGL 1923) transformée en Société Minière et Industrielle du Kivu (SOMINKI en 1975).

D'où les Batwa Babuluko sont les autochtones des Walikale. Malcolm G, poursuit en disant que ce peuple vivait de la chasse et de la cueillette. Ils étaient donc nomades.On les trouve dans la grande forêt équatoriale. Suite aux relations matrimoniales mixtes, ces hommes ont fini par adopter le mode de vie des Bantous et servent pour loisir dans les palais royaux. Ils sont très indispensables lors de l'intronisation des chefs coutumiers.

2.6. Localisation des Batwa Babuluko.

Les batwa Babuluko par leur mode de vie, caractérisé jadis par le nomadisme, ont fini par se retrouver dans d'autres territoires en dehors du territoire de Walikale. Une souche est signalée dans le groupement Kalima, chefferie de Buhavu, en territoire de Kalehe.Une autre souche serait signalée dans le territoire de Shabunda, près de l'Institut Kalumbwa don Bosco.

La collectivité secteur des Bakano est à cet effet considérée comme le foyer de dispersion des Batwa Babuluko. Les uns ayant pris la direction de Walikale Lubutu fuyant le combat tribal qui les opposait aux Nyanga. Ils avaient occupé les localités de : Kirundu, Boboro, Matenda et Lukumbi. Ces Batwa Babuluko cohabitent avec les tribus Kumu et Nyanga, et parlent ainsi respectivement les dialectes de ces tribus. Une autre souche après un conflit interne au sein du clan, avait pris la direction du Nord Est du territoire et occupa la localité de Buruko du côté de Pinga, à la limite avec le territoire de Masisi. S'agissant de ceux qui ont pris la direction de Kalima à Bunyakiri, ils sont assimilés pour le moment aux Batembo.Car, ils s'expriment en Kitembo et swahili pour communiquer. Les restes, occupant la collectivité secteur des Bakano et ceux se trouvant à Shabunda parlent tous Kirega comme dialecte de communication. Ces éléments linguistiques nous font croire à l'hypothèse selon laquelle, « qu'au Kivu, les Batwa se servent de dialectes des communautés dominantes pour communiquer ». CHIFUNDERA Z. suggère  qu'on croirait à l'existence d'une langue des pygmées, le « TWA » mais il apparaît que les pygmées adoptent la langue de leurs voisins Bantous. Ils reconnaissent ce fait en disant que leur langue est « perdue ». Malgré cela, ils désignent souvent leur idiome par un terme spécifique : Irhwarhwa, Machwa, Marhwa, Kimbuti, Chichiga, Indegha.

2.7 Les spécificités des batwa babuluko.

Signification de « Babuluko » ;

Il est clairement prouvé que la dénomination Batwa Babuluko tire son origine de l'ancêtre commun de ce clan qui est « Sababuluko » c'est-à-dire : le père des Babuluko. Tout en gardant les caractères des Batwa. Toute l'opinion pour les distinguer des autres groupes tribaux avait l'habitude de les appeler pygmées. Indenté qu'ils avaient tendance à camoufler suite à son caractère péjoratif et discriminatoire. Ce pourquoi ils avaient mis en avant plan l'appellation de leur ancêtre « sababuluko : Babuluko » qui signifiait à la fois «  Batwa » ou pygmées.

De Sababuluko naquis Luusi, de Luusi naquis Kaswera, de Kaswera naquis Kabubala de Kabubala naquis Kansinsi, Kansinsi engendra quatre fils dont :

1. Mumpima père de Ndakindwa groupe se trouvant dans les villages: Itebero, Tusoke, Miassa, Isangi, Mpango, Mbongolo, Bushishi, Walikale, Lufito, Kisa, Idambo, Kilali et Matoyre/Musenge.

2. Sachag'ha est le père du groupe se trouvant à : Otobora, Mutiku/Kambushi et Kichanga,

3. Bushu est le père du groupe se trouvant à : Mutiku/Kambushi, Idambo, Musenge, Kissa, Isangi, Lufito et Kilali.

4. Kikululu dont les descendants se trouvent dans le territoire de Kalehe/ Kalima : Ebisha, Kambegete, Nyamirwa, Makwe, Mashere et Mutiku/Kambushi, Kilongote dans le territoire de Walikale.

Il existe dans le territoire de Walikale, d'autres groupes de Batwa connus sous les clans: Bakeka, Banamatumo, Baruko et Batungu dont la généalogie pourrait faire l'objet d'une étude ultérieure.

Le chef de collectivité secteur des Bakano ; Monsieur Katindi LWAMIANGO, dans son rapport du 4 Aout 2011 ; reconnait que  pendant la période coloniale, sa collectivité secteur était constituée de huit clans principaux à savoir : Bakano, Bakondjo (Banasigha, Batulanga, Basengele), Bananingi, Banisamasi, Bafuna, Babutetu, Banakiundila et Babuluko. Il poursuit en disant que les Babuluko sont les pygmées qui ne détenaient pas le pouvoir coutumier, mais leur pouvoir était limité à l'intronisation des chefs coutumiers et à l'installation de la circoncision traditionnelle.

2.8 L'organisation socio-économique, culturelle et religieuse des batwa babuluko avant la colonie belge

Les Batwa Babuluko vivaient jadis de la chasse, de la cueillette et du ramassage. Ils sont entrés en contact avec d'autres tribus à partir de la chasse. Et ces derniers les initièrent plus tard à l'agriculture. Ils échangèrent avec ces Bantous  les produits de leur chasse contre le sel et la perle.

Ils ont utilisé le « Bussa » comme feu, obtenu à partir du frottement de deux sticks de bois secs. Ils se sont vêtus des « Mulundu » comme habit tiré des écorces d'arbres appelés « NSHULU » et comme matériels de fabrications : deux morceaux de bois «Nkingi et Mushur'hangir'ho » jouant le rôle de marteau et d'enclume.

Ils ont habité dans des maisons en paille appelées « Mug'hasse ou Kituka ».

Après la découverte du feu, ils emballaient leurs aliments dans les paquets de feuille. Ensuite, ils ont appris à cuire les aliments dans les casseroles en argile appelées « Nungu simbumba ».

Ils dormaient sur les écorces d'arbres « Mwampu ». Ils recevaient leurs visiteurs au Barza. Le barza est un cadre qui servait aussi de lieu de rencontre familiale le soir ; après la chasse ou le matin avant de se disperser dans la forêt. C'est là, le lieu d'éducation des jeunes, de reproche, de sanction, de conte et de palabre.

L'accouchement des femmes se passait dans la forêt, à côté d'une rivière, sur les feuilles vertes considérées comme lit gynécologique. Sous l'assistance des femmes sages. Pour se marier, ils présentaient comme dot : les instruments de chasse ; filet, chien, flèches et ivoires si le jeune garçon était issu de la famille de chasseur d'éléphant « Batuma ».

La fontaine  « Ido » constituait la principale richesse des Batwa Babuluko. Néanmoins, la chasse était réglementée par la coutume dans cet abreuvoir collectif des animaux sauvages. Par exemple ; pour les gros mammifères, seule le mal était visé par les chasseurs. Mais la pratique du piégeage ne pouvait pas opérer une telle distinction. Ils observaient aussi un calendrier de chasse à la fontaine. Pendant la chasse, ils faisaient recours : à la lance, au chien de chasse, à la hache, au filet à grande maille et à petite maille « Makila et Kabanda », au feu de brousse et au piégeage. La peau et la dent du léopard étaient jalousement conservées, car elles faisaient office dans plusieurs cérémonies coutumières.

Les données des années 1970 et 1980 semblent indiquer qu'à cette époque, la chasse et la cueillette des produits forestiers non ligneux, qui assurait la substance locale d'une population de faible densité n'ont pas détérioré ces ressources naturelles. Ichikawa (1986,1996) estime qu'un groupe de 67 personnes récoltait annuellement environ 7 tonnes de gibier dans un territoire de 150km2. Au cours de deux dernières décennies, Hart (2000) conclut que l'utilisation des ressources forestières par les Mbuti tend à devenir moins durable et que l'immigration des cultivateurs facilite l'essor d'activités non traditionnelles mettant en péril les systèmes traditionnels en même temps qu'elle convertit la forêt en terroirs agricoles. (CIFOR, 2007).

Donc toutes les activités vitales des Batwa Babuluko comme les autres pygmées d'ailleurs étaient dans la forêt.

Les traditions Batwa Babuluko.

a. La circoncision indigène « YANDO »

La circoncision indigène est un rite d'initiation des jeunes Batwa Babuluko, marquant le passage de l'âge d'adolescence à l'âge adulte. Un rite qui se passe principalement dans la forêt pendant plusieurs jours.

Dans le temps, il suffisait de planter un bananier, et la première récolte du régime marquait la période de retour au village des jeunes initiés.

Actuellement, cette durée va de pair avec la période de grande vacance de deux mois (Juillet et Aout). Les Batwa Babuluko ont assimilé toutes les autres tribus de la forêt à cette culture ayant comme patron « Kimbilikiti» considéré comme grand esprit des habitants de la forêt. Le nom de cet esprit varie selon les cultures.

b. La cérémonie royale « BWAMI »

Chez les Batwa Babuluko, tout premier né de la famille était mwami ou chef. Le bwami des Batwa Babuluko évoqué ici était limité au village qu'ils occupaient. Et chaque famille avez la possibilité de construire son village à part. Donc, l'enfant, à l'âge adulte devait se marier et aller constituer son propre village. S'il cohabitait avec les membres de la famille étendue, le village serait dirigé par le descendant du fils ainé du chef du village.Après la circoncision, celui-ci était investi par les vieux sages de la famille. Il était orné des objets sacrés tels que :

v Dents du léopard qu'il portait au coup et une auréole coutumière « mutanganika » fabriqué au cuivre,

v Il était coiffé d'une peau de léopard « kikumbu »,

v Attaché au bras d'un bouquet de plume d'oiseau « tumpumpu » et portait au pied des morceaux d'ivoires d'éléphant « Nseg'he »

v Il était assis sur une petite chaise ronde « kishumbi » une chaise embellie de l'argile rouge « mukusa »,

Tout son corps était oint de l'argile rouge « mukusa » associé de l'huile du fruit de l'arbre « busey ».

Pour le bénir, on l'arrosait avec le kaolin blanc. Ce jour-là, il avait comme natte  la peau du léopard et portait comme ceinture ; la peau du varan.

C. Culte aux ancêtres

Dans sa généralité, la tradition religieuse africaine distingue le monde invisible et le monde visible ; le second ayant sa source dans le premier, se divise en deux : le monde des hommes et le monde des choses comprenant aussi bien les végétaux et les animaux que les êtres simplement matériels.

Différents et distincts l'un de l'autre, ces trois mondes sont constamment en interaction dans une chaîne de forces donnant et soutenant l'être et la vie, parce qu'émanant de l'Etre divin. (DEFOUR G. Recherches africaines, n°7, Juillet 2001,10).

Les Batwa Babuluko connaissaient le vrai Dieu, le Dieu de centuple « Ongo mag'hana ». Alors, pour faire parvenir leurs intentions à Dieu tout puissant, ils devaient nécessairement passer par l'intermédiaire de leurs ancêtres.

La cérémonie d'adoration se passait dans la brousse à des lieux sacrés mieux indiqués pour la circonstance, soit dans une maisonnette « Kasumilo » construite au fin fond du camp, un peu à l'écart du village.

Objectif de l'adoration

L'objectif était de solliciter à l'Eternel tout puissant, par le biais des ancêtres : la guérison, la protection contre les intempéries, les catastrophes naturelles, les accidents, la mort, les calamités (famine, épidémies, etc.), la victoire pendant la guerre, une chasse fructueuse, etc.

Processus à suivre pendant l'adoration :

Ø Ils construisaient une petite maisonnette  « Kasumilo » à proximité du village, un lieu d'évocation des ancêtres.

Ø Devant cette maisonnette était érigé un hôtel « Indumba » où l'on déposait l'holocauste, principalement constitué de la viande du potamochère, du porc-épic ou de l'écureuil ; associé au foufou préparé avec la farine de banane plantain, sans oublier la boisson brassée des bananes murs « Ituba - Kampinda ».

Ø Pendant l'évocation des ancêtres, la circoncision « Yando », circulait tout autour de la maison d'adoration.

Ø L'aîné de la famille (chef de clan) tenait une clochette « Nkunga » à la main et procédait ainsi à l'évocation de la litanie de ses ancêtres, commençant par le Dieu tout Puissant, puis le plus grand ancêtre jusqu'au tout récent, suivant l'arbre généalogique. Il y avait aussi la possibilité de réciter cette litanie suivant l'ordre croissant des ancêtres.

Exemple : « Ongo wa mag'hana,... w'isababuluko ... wa lusi....wa kaswera... wa kabubala... wa kansinsi... wa mumpima ... ».

Dieu étant un être suprême, pour l'atteindre, les Batwa Babuluko ont compris qu'il fallait passer par l'intermédiaire des aïeux (grands parents).

d. La prophétie

Les Batwa Babuluko ont connu deux sortes de prophéties :

Ø La prophétie des Os et

Ø La prophétie du feu

1. La prophétie des Os

Pour cette prophétie, le prophète utilisait les os de l'éléphant et/ou ceux du potamochère (sanglier) connu dans l'ensemble sous l'appellation de « mukono » (main).

De fois, il utilisait aussi les dents du potamochère « tumondo ».

Cette pratique avait comme objectif  de : départager un différend, prophétiser les événements futurs, clarifier le choix pendant le mariage, découvrir l'origine ou la cause de la mort ou soit un événement passé, la cause de la maladie et déterminer l'origine d'autres aspects de la vie sociale dans la communauté.

2. La prophétie du feu

Ce feu était allumé sur base d'une bougie. Les ingrédients qui concouraient à la fabrication de cette bougie furent : la graisse du bouc, farine de banane plantain et poudre de l'arbre connu localement sous le nom de « Kabig'ha nkati ». Cette bougie était allumée à l'aide d'une autre bougie fabriquée sur base de résine, « musuku », ou soit sur base de l'encens  « bwagha ».

L'objectif ici était  de différencier la maladie et la mort qui avaient principalement comme origine : Dieu, la culpabilité des citoyens (péché) « kiswabo », le tabou « kig'ha» ; la colère du supérieur « muungo » ou la malédiction.

e. Moyens de communication

Dans le temps, il n'y avait pas de route dans la forêt des Walikale. D'où, pour se transmettre un message, les Batwa Babuluko faisaient recours au tam-tam, « Lukumbi » ou soit à une corde de raphia nouée.

v Le rythme du tam-tam traduisait directement le message. Ce message pouvait être de joie tout comme de tristesse (deuil). Parmi les messages de joie, on pouvait distinguer : l'abattage d'un grand mammifère comme l'éléphant, la naissance d'un bébé, le mariage, le rite d'initiation etc.

v S'agissant du messager qui amenait avec lui une corde de raphia nouée ; cette corde avait le sens d'une invitation. Si le noeud de la corde n'était pas solide, cela supposait que l'invité était appelé d'urgence. Dans le cas contraire, c'est qu'il n'y avait pas de danger, l'invité pouvait se préparer lentement et venir au moment opportun.

f. la musique et la danse

La musique jouait un rôle important dans la vie sociale des Batwa Babuluko. Elle consistait à traduire leurs émotions, leurs sentiments mais aussi constituait un canal par excellence de transmission de la tradition culturelle twa.

La danse chez les Batwa Babuluko s'exhibait suivant des circonstances telles que :

v Pendant l'initiation des jeunes garçons à la vie active par le canal de la circoncision, ils exhibaient la danse de « Bilinga » ou « Mukomelo wa Bwali »,

v A l'abattage d'un éléphant ou en vue de soutenir les chasseurs d'éléphants « Batuma », les restes de la communauté exhibaient la danse de « Butuma »

v A la naissance d'un nouveau-né, ils exhibaient la danse de « Bubinde»,

v Le « Mbuli », était exhibé d'habitude pendant l'investiture d'un chef de clan, pendant l'accueil d'un hôte, ou soit le soir dans le camp après repas.

Les instruments de musique utilisés furent : flûte, tam-tam, « lukumbi », morceau de bois « mukoko», likembe, etc.

2.9 . Contribution à la protection de l'environnement

Comme énoncé ci haut, les pratiques de chasse traditionnelles des Batwa Babuluko ont été favorables à la conservation de l'environnement. Mais, l'essor démographique a été en contre-courant à toutes ces valeurs. De nos jours, plusieurs espèces sont en voie d'extinction. L'usage des techniques modernes de chasse : fusil de chasse calibre 12, armes de guerre, collet métallique, empoisonnement des rivières devenus monnaie courante. Actuellement, Il est difficile de repérer les traces des grands mammifères comme : éléphant, gorille, buffle,... dans les forêts de Walikale. Les produits de chasse ne répondent plus aux besoins alimentaires de la population locale. Ils sont compensés par les produits de commerces importés des grandes villes de la région : Bukavu, Goma et Kisangani.

En plus des instruments de chasses déjà évoquées ; rappelons d'autres modes de capture des gibiers appliqués par les Batwa Babuluko, dans le temps,  réputés des techniques durables de conservation de la nature : la chasse-poursuite à éléphant, la chasse au singe à l'arc empoisonné, capture à mains nues, enfumage des terriers de rongeurs géants, chasse individuelle à l'arbalète, capture dans le terrier, chasse avec chien (souvent individuel), chasse à la sagaie en petit groupe et la grande chasse à la trace des grands mammifères (éléphants, gorille, buffle, ...) ; à cela pourrait s'ajouter les différents modes de piégeages : les pièges aux câbles traditionnel, les pièges à stick en bois avec charge de pierre et morceaux de bois, pièges tendus sous forme de barrage des collines, piège posés au sol sur le pistes des gibiers, pièges posés sur les arbres et traversées des rivières,... Tous ces modes de chasse et de piégeage, combiné à la faible densité de la population à l'époque, ne pouvaient pas détériorer l'environnement. Les menaces qui pèsent sur l'environnement aujourd'hui dans l'espace Walikalien sont souvent liées à l'explosion démographique, aux évènements de la guerre en répétition au Kivu et à l'exploitation artisanale des minerais.

Ce derniers temps, les Batwa Babuluko sont engagés dans le projet de foresterie communautaire. La forêt de communauté locale est consacrée par différentes lois de la République Démocratique du Congo. Par exemple :

- La constitution de la RDC du 18 février 2006 spécialement en ses articles : 34, 53, 58, et 59.

- La loi N°011/2002 du 29 Août 2002 portant code forestier de la RDC, spécialement en ses articles : 22, 36 à 41, et de 111 à 113.

- Le décret N° 08/08 du 08 Avril 2008 fixant la procédure de classement et de déclassement des forêts en RDC.

- L'arrêté ministériel N° 023/CAB/MIN/ECNT/15/JEB/2008 du 07 Août 2008, portant création et organisation du comité de pilotage du projet de foresterie communautaire en RDC.

- La loi 73-021 du 20 juillet 1973 portant régime général des biens, régime foncier et immobilier et régime des suretés telle que modifiée et complétée par la loi n°80- 008 du 18 juillet 1980 à ses articles 387 à 389, reconnait l'existence des terres occupées par les communautés.

En effet, huit sites ont été identifiés par les Bawa Babuluko pour cette fin, à savoir :

· La forêt de Chankuba à Kilali

· La forêt de Mashugho/Kinsali à Kisa

· La forêt de Mutiku à Kambushi

· La forêt de Kasumba à Kasumba

· La forêt de Lungo à Bangenengene

· La forêt de Bakeka à Isangi,

· La forêt de Kiushi à Lweghe et

· La forêt de Bushishi à Kakundu.

De toutes ces forêts communautaires Batwa Babuluko, telle qu'elles le sont par la coutume, seule la forêt de Lungo semble conflictuelle. Cette forêt fit frappée par l'extension du Parc National de Kahuzi Biega (PNKB) suivant l'ordonnance présidentielle n°75/238 du 22 juillet 1975, modifiant les limites du parc de 60000 à 600000 ha. S'étendant ainsi sur les territoires de Kabare, Walungu, Kalehe et Shabunda au Sud Kivu, Walikale au Nord Kivu et Punia au Maniema.

Rappelons que pendant la rébellion du RCD Gama (1998-2003), cette forêt de Lungo avait fait l'objet d'une exploitation artisanale de coltan et de la cassitérite. Le droit coutumier de cette exploitation revenait aux Batwa Babuluko des villages : Bangenengene, Mintonko, Mutandala et Misenya.

Ces Batwa dépossédés sans consultation ni indemnisation, réclament une réparation des dommages subis auprès de l'Institut Congolais pour la Conservation de la Nature (ICCN), branche de l'Etat en charge de la gestion des aires protégées en RDC.

2.10 Moyen de défense en cas d'attaque

Ils ont connu comme instruments de guerre : la lance, l'arc à flèche, le carquois des flèches, le bouclier  « Ngabo » fabriqué de l'arbre « Muntaka et Musay ». L'on notait dans la communauté Batwa Babuluko des grands guerriers spécialisés dans la manipulation de la lance. La mémoire collective reconnait encore les noms des guerriers comme : Bishina et Sakiranda. Leur faiblesse numérique était à la base de multiples échecs. Ils avaient des systèmes d'alerte et des stratégies pour défier l'ennemi.

2.11 Considération dans la société :

Nous devons rappeler que les Batwa Babuluko sont en transition sur tous les plans : culturel, économique, sociale, politique etc. A partir de l'analyse de cette transition, nous aurons l'occasion de découvrir la considération réservée aux Batwa Babuluko par le reste de la société.

2.12 La transition socio - culturelle et économique des Batwa Babuluko.

Sur le plan politique, la transition peut se définir comme la période reliant deux régimes politiques. Prenons l'exemple de la longue transition qu'a traversé la République Démocratique du Congo entre la deuxième et la troisième république (1990 à 2006).

Les Batwa Babuluko qui sont venus de la sauvagerie à la barbarie maintenant ils sont en transition vers le développement qui suppose la civilisation.

Sur le plan économique 

Ils sont en transition entre la cueillette, le ramassage, la chasse, la production de subsistance et la production de masse. Car certains Batwa Babuluko ont des palmerais capables de produire 2 à 10 bidons de vingt litres d'huiles de palme par mois, pouvant être écoulé aux grands centres de négoces : Musenge, Hombo, Kambegete, Kambale, Bukavu, ... 

Par contre dans les coins les plus enclavés comme Isangi et Mpango ; le troc est encore d'actualité. Les paysans échangent la viande, la nourriture (manioc, riz, banane), les minerais contre les produits manufacturés.

Sur le plan socio - culturel

Sur ce plan socio culturel ; les Batwa Babuluko sont en transition entre les deux sociétés : traditionnelle et moderne. Ces sociétés sont caractérisées par la solidarité mécanique ou clanique et la solidarité organique prônée par Emile Durkheim. D'une manière pratique, vers les années 1985 à 1999, les Batwa Babuluko étaient regroupés dans une mutualité clanique Batwa Babuluko avec comme mission principale : assistance mutuelle des membres en cas de deuil, mariage, organiser les travaux communautaires, ...

De nos jours, après contact avec le Programme d'Intégration et de Développement du peuple Pygmée au Kivu « PIDP Kivu » en 1997, les Batwa Babuluko ont tous adhérés dans cette structure ne maitrisant pas ses modes de fonctionnement. Pourtant, les associations sans but lucratif sont régis par une loi qu'il faut respecter (la Loi n°004/2001 du 20 juillet 2001 portant dispositions générales applicables aux associations sans but lucratif et aux établissements d'utilité publique).

Le mode de fonctionnement du PIDP est venu plonger les Batwa Babuluko en conflit. Le budget de cette organisation n'étant plus à mesure de résoudre les multiples problèmes de ses membres qui trouvaient autre fois solution avec l'entraide mutuel. Voilà la nécessité de revoir la politique d'intervention dans cet univers Batwa qui commence à se méfier des leurs structures d'accompagnement et pourtant on ne peut réussir qu'avec les autres. Il manquait dans PIDP une bonne politique de décentralisation. Tous les territoires du Kivu constituaient une supervision du PIDP représentée par un leader pygmée. Mais les décisions se prenaient à Bukavu, à la coordination. Face à cette analyse, Nord Kivu et Maniema seront érigés plus tard en directions provinciales avec une autonomie de gestion.

Les acteurs de cette transition socio culturelle et économique des Batwa Babuluko.

Les acteurs sont situés dans l'évolution historique du pays. Cette évolution peut être repartie en trois périodes : près coloniale, coloniale et poste coloniale.

a. Avant le partage de l'Afrique à la conférence de Berlin (1885) les Batwa Babuluko avec d'autres communautés tribales à leur rencontre vivaient dans la sauvagerie et la barbarie.

b. De l'Etat Indépendant du Congo au Congo Belge (1886 - 1908) et du Congo Belge à l'indépendance de la RDC (1908 - 1960) ; les Batwa comme toutes les autres tribus du Kivu ont été soumis à la colonie et aux exigences liés à celle-ci. Familles isolées regroupées en villages, villages groupés en centres extra coutumiers, d'autres villages regroupés en groupement, collectivités, territoires, districts et provinces. Ils commençaient à produire en fonction du besoin de la colonie, pour nourrir les exploitants miniers de la Mine des Grands Lacs et de la Société Minière et Industrielle du Kivu.

c. Après l'indépendance ; 1960 à nos jours : nous avions observé une succession des gouvernements : le gouvernement de la première république 1960 - 1965, celui de la deuxième république (1965 - 1990) caractérisé par la dictature de Mobutu, la longue transition de 1990 à 2006 et le gouvernement de la troisième république de 2006 à nos jours.

Pendant la période coloniale et même sous le régime de Mobutu, il n'était pas facile de parler des pygmées comme peuple distinct des autres membres de la communauté. Quand bien même cette distinction été toujours visible suivant le traitement discriminatoire des chefs coutumiers à l'égard des Batwa.

Aujourd'hui, le processus de la démocratisation du pays offre des opportunités pour parler de vive voix sur la question des pygmées. Cette démocratie a été à l'origine même de la prolifération des partis politiques et des associations sans but lucratifs dont les associations accompagnant les pygmées comme : PIDP KIVU, UEFA, CAMV, ERND, CIDOPY, ECHO ACTION, CEPAKI, RAPY, LINAPYCO, DGPA, RPALEF,....

2ème partie : L'INTEGRATION DES BATWA BABULUKO, COMME MOYEN DE LUTTER CONTRE LA DISCRIMINATION ET LA PAUVRETE

Chapitre 1. RESULTATS DE L'ENQUETE

I.1. Echantillonnage :

Notre échantillon a porté sur les sites de stabilisation des peuples autochtones Batwa Babuluko du territoire de Walikale. Nous avions inventorié dans ce territoire 43 sites pygmées Batwa Babuluko dans les deux collectivités secteurs quicomposent le territoire de Walikale. Soit 19 sites dans la collectivité secteur des Wanyanga : Pinga , Kirundu , Kilungu , Mutara , Mwiki, Boboboro, Katanga, Mutongo, Matenda I&II, Lukumbi, Buringa, Byarenga, Oninga , Buruko, Burutsi, Malembe, Kiluku, Bulimu, et 24 sites dans la collectivité secteur des Bakano à savoir : Busisi, Kakundu, Bangenengene, Misenya, Mutandala, Mbongolo, Mulindi, Itebero, Isangi/Kawewe, Kambushi, Kissa, Lufito, Kilali, Matoile, Idambo, Myasa, Kilongote, Otobora, Nyanga, Katatwa, Kiushi / Kitofu, Idipo, Milungu, Kabalo.

De ces 43 sites, nous avions prélevé un échantillon de dix sites soit 23.2% des sites Batwa Babuluko inventoriés dans le territoire de Walikale.

Ces sites ont été sélectionnés par axe et par collectivité secteur, suivant leurs caractères socio- économiques à pouvoir répondre aux préoccupations du sujet de recherche.

Par collectivité secteur : Huit sites ont été sélectionnés dans la collectivité secteur des Bakano à savoir, les sites de : Bangenengene, Busisi, Lufito, Kambushi, Kawewe/Isangi, Kilali, Kisa, et Misenya. Et deux sites ont été sélectionnés dans la collectivité secteur des Wanyanga à savoir : les sites de : Kirundu et Boboro.

Par axe :

v Les sites situés sur l'axe principale ; la route nationale n°3 Kisangani-Bukavu via Walikale sont : deux sites pour la collectivité secteur de Bakano notamment le site de Busisi et celui de Kambushi respectivement à 18 et 55km de Walikale en direction vers Bukavu ; et deux autres sites dans la collectivité secteur des Wanyanga à savoir : le site de Kirundu et celui de Boboro  respectivement à 12 et à 30km de Walikale, en direction vers Kisangani.

v Les sites situés sur le raccourci reliant le centre de Musenge et le centre de Nayasi-Walikale laissant de côté la route principale contournant vers Itebero ; le chef-lieu de la collectivité secteur de Bakano sont entre autre sites de : Kilali, Kissa et Lufito (Lufito est encore isolé à plus ou moins 4km de l'axe principale).

v Les sites situés sur l'axe Itebero-Kyasa - Kasese- Punia : Une route de desserte minière longtemps abandonnéeet franchissable à ce moment que par les piétons. Deux sites ont été identifiés dans cet axe à savoir : le site de Bangenengene et celui de Misenya respectivement à 40 et 60km d'Itebero. Deux sites riverains de l'extension du PNKB et dont les habitants ont été victime d'expropriation de leurs terres par le dit parc.

v En fin un site a été sélectionné dans la forêt d'Isangi, le site de Kawewe situé à 35km au Sud-ouest d'Itebero. Site complètement enclavé. Ce site est aussi riverain de l'extension du PNKB. Sur l'axe Itebero- Isangi - Kalonge.

Le choix de 8 sites dans la collectivité secteur des Bakano par rapport à deux sites pour la collectivité secteur des Wanyanga s'explique par le fait que ; la plus part des sites inventoriés dans ce secteur des Wanyanga sont tellement enclavés situés à une distance exigeant plus ou moins une semaine de marche à pied dans la profondeur de la forêt. Citons ici le cas des villages situés dans la localité de Buruko du côté de Pinga à la limite avec le territoire de Masisi. Metenda I et II sont aussi localisés à plus ou moins 180 km de Walikale centre en direction de Lubutu. N'ayant pas le moyen matériel pour contourner cet obstacle et le temps nous imparti, nous avons jugé bon de sélectionner les villages ci- haut cités. Tous ces villages ciblés sont des villages privés aux Batwa Babuluko, dirigés et contrôlés par eux-mêmes bien qu'ils peuvent y cohabiter avec les membres d'autres clans.

1.2. HISTORIQUE

Nous ne cessons de le rappeler que les Batwa Babuluko sont les autochtones, les premiers occupants du territoire de Walikale. Ils occupaient d'abord le sommet du mont Mika et les alentours du pont Lowa appelés jadis « Nduma a karekare » à l'origine du nom Walikale. Nom du chef-lieu et du territoire de Walikale.

Le domaine des Batwa Babuluko allait de ce mont Mika descendant avec la rivière Lowa jusqu'à son affluent avec la rivière Luhoho. De la Luhoho jusqu'à Myowe Bunyakiri descendant du côté de Talya et Kyassa deux rivières limitant le territoire de Walikale et Shabunda au sud-ouest. De l'affluent de Kyassa avec la Lowa près d'Obaye (ancien site de la SOMINKI) remontant avec la Lowa jusqu' à son affluent avec la Luhoho. Ils contrôlaient toute cette forêt, sans contrainte ni concurrent, la forêt qui prenant l'image de la collectivité secteur des Bakano actuelle.

Ils étaient croisés par les Nyanga « Banabangi/ Bisa Ramba » qui avaient occupé la rive droite de la Lowa et les Baroba occupèrent la rive gauche, chassant ainsi les Batwa Babuluko. Ils prirent la direction de la route Walikale- Kisangani, les autres vers le Nord Est du territoire jusqu'à occuper la localité Buruko du côté de Pinga.

Selon Kisa Bin Tond (2000), c'est la souche qui habitait la forêt de Bakano qui a été rencontrée antérieurement par les Lega venus du côté de Shabunda, Pangi et Punia.

Partant d'une relation consanguine entre un jeune garçon et sa soeur twa, naquit un jeune garçon nommé « Lukonso » (cancrelat en français), d'où l'origine du nouveau clan Bakonso.

C'est dans la forêt de Lweghe que Batwa Babuluko entrèrent en contact avec un clan de tribu Legha nommé Bisa makala. Ce nom de « Bisamakala », parce que, pendant la chasse ; ils marchaient sur les traces des Batwa Babuluko en utilisant les braises  « Makala » laissées par ces derniers.

Nsibula est un sujet Havu venu d'Idjwi, fils de Shibula Mwami d'Idjwi !

Il échangeait les bijoux avec les ivoires d'éléphants. A son arrivée à Lweghe, forêt des pygmées riche en éléphants, il a eu pour femme une jeune fille Twa/ Mubuluko. Il a été obligé par les Batwa d'aller subir la circoncision indigène, parce qu'il était difficile pour eux de donner leur fille à mariage à un incirconcis. Ses disciples ayant appris cela, rebroussèrent chemin jusqu'à Idjwi, annoncer la nouvelle au père de Shibula que son fils venait d'être assimilé par les pygmées à la coutume étrangère. Shibula maudit son fils pour cette cause-là.

De cette union, naquit un jeune garçon nommé Mukano. Le jour de la naissance ; le père de l'enfant et ses beaux-frères revenaient de la chasse. Parmi les butins de la chasse figuraient pour la plupart les singes  connus localement sous l'appellation de « Mukani, Mukano ou Mungembe ». Ce le nom de cet animal qui sera attribué au nouveau-né. D'où, l'origine du clan Bakano de la collectivité secteur des Bakano. A l'âge adulte, les Batwa ordonnent à Mukano d'installer lui aussi la circoncision indigène, puisqu'il est devenu neveux et leur tradition accordait beaucoup d'importance aux neveux. Ils étaient respectés. A l'occasion, on l'orna des objets coutumiers ; comme le bonnet du léopard au même titre que ses oncles, un signe du pouvoir.

Celui qui installe les Bami et qui décide des grandes orientations reste le Mutwa Mubuluko. Les Batwa ce sont réservés le pouvoir législatif et le Mukano l'exécutif suivant la coutume. La culte aux ancêtres revenait aux Batwa et d'autres rituels liés à la coutume. C'est pourquoi chaque chef coutumier a à ses côtés ; une souche pygmée pour ces fins jusqu'à nos jours.

Curieusement ces Kano vont abuser de ces principes coutumiers qui les régissaient. Le chef Kano retournera à Idjwi et au Buhavu recruter les combattants pour déloger les Batwa de cette forêt de Lweghe riche en éléphants. Les Batwa Babuluko périrent dans cette guerre tribale. Les survivants se dispersèrent suivant plusieurs directions dans le territoire de Walikale et les uns iront dans le territoire de Kalehe groupement de Kalima.

Vu la défaite des Batwa Babuluko, le clan Bakano procéda ainsi à la redistribution des collines et montagnes appartenant jadis aux Batwa Babuluko.

Ils procédèrent de la manière suivante :

1 Lukinga, grand père d'Elenge chef des Bakano récupéra la forêt d'Isangi jusqu'à Mwanga,

2 Mubinga ou Ningi petit frère de Lukinga avec son groupe occupa Yolola jusqu'à Musenge wi Ndungu,

3 Massi  « Banisamasi » venus de Shabunda, remontant avec la rivière Lowa, récupérèrent la forêt qui part de la rivière Utu jusqu'à Miassa y compris le mont Mbi ; limité à l'Est par la rivière Nyanzila, remontant avec le ruisseau Namalimingi au Sud Est d'Itebero jusqu'à Nakele/ Makongo.

4 Les Basengele/Bakondjo : venus à leur tour de Punia au Maniema, occupèrent depuis Obaye, Binakwa, Ibanga jusqu'à la rivière Utu,

5 Les Babutetu qui sont des Tembo du territoire de Kalehe, occupèrent eux aussi depuis Kalima Bunyakiri jusqu'à Lwana,

6 Les Babutetu Babirobiro ont quitté Kalima Bunyakiri pour occuper la localité qui va de Hombo jusqu'à Kampemba/Mifuti. Ils y cohabitèrent avec les Babuu venus de la chefferie Buloo/ Bunyakiri,

7 Les Nyanga- Bana Ngulu/ Bafuna : occupèrent à leur tour les limites qui vont de la rivière Nkese jusqu'à la rivière Luhoho traversèrent jusqu'au pont Lowa au centre de Walikale, (direction Itebero - Walikale),

8 Le clan Banakiundila est venu du groupement Walowa Loanda de la collectivité soeur des Wanyanga et occupa la partie qui va de la rivière Kampemba à la rivière Luuka au centre de Musenge,

Ces différents clans traduisent directement les différentes localités de la collectivité secteur des Bakano, et chaque clan a à ses côtés une souche des pygmées Batwa Babuluko d'investiture. Autant ils les avaient anéantis par la guerre, autant les batwa babuluko étaient assujettis par ces chefs de clan et obligés de cohabiter avec eux sous une condition de construire leurs cases à proximité, séparées généralement d'une rivière ou d'une vallée, avec une colline propre au Batwa Babuluko où ils devaient pratiquer leur rituels et l'agriculture. Les zones de chasse étaient illimitées, elles étaient exploitées par toute la communauté confondue selon la volonté.

L'on ne pouvait faire recours aux Batwa Babuluko qu'en cas de besoin lié à la coutume. Bref une catégorisation traduisant la discrimination. Pendant la circoncision du prince (fils du chef coutumier) ; au lieu d'égorger une poule comme l'exigeait la coutume, le chef exigeait que soit égorgé un sujet pygmée au lieu et place de la poule, pour que son fils traverse ce sang avant d'être circoncisez. C'est ne que l'arrivée des colons qui est venus mettre fin à cette situation vers 1910. Témoignage de papa Kisangani (enseignant à l'Ecole Primaire Elenge d'Itebero 2007).

L'histoire de l'Afrique noire étant caractérisée par la tradition orale, il nous a été difficile de repérer les dates de ces différentes rencontres. La menace identitaire et discriminatoire qui pesait aux Batwa Babuluko, les avait poussé à s'assimiler dans toutes ces tribus à leur rencontre, changeant ainsi leur identité de pygmée qu'ils qualifiés de péjoratif et discriminatoire en adoptant l'identité de Batwa Babuluko. C'est vers les années 1985 qu'une voix commençait à se lever afin de revendiquer leur identité qui était menacée de disparaitre à travers une mutualité Batwa Babuluko, fondée définitivement en date du 5 mai 1988 à Kisa. Avec comme président co-fondateur Nkuba Kitwanda Pierre.21(*)

Revenons sur le questionnaire d'enquête  par rapport à l'historique:

1. A la question de savoir qui étaient les premiers habitants de ces villages : nos enquêtés ont répondu à l'unanimité que ces villages ont été créés par les Batwa Babuluko et que c'est eux qui les habitaient depuis lors. 100% de réaction. Car, souvent dans Walikale, pour raison de sécurité et surtout la solidarité clanique qui caractérisait le milieu, les habitants construisaient les villages suivant l'appartenance clanique.

2. A la question de savoir à quand remonte l'occupation du village par les pygmées ; aucune date précise ne nous a été livrée. Mais, certains villages ont été créés par l'influence de la colonie et de l'Etat. Ex : le site de Kambushi existait dans la forêt, mais après la rébellion de l'AFDL (1996), toute la population était contraintede descendre sur la route craignant la suspicion d'une quelconque complicité avec les forces négatives. Ils ont érigé ce site au bord de la route tout en respectant la consigne de la coutume selon laquelle, le village doit être séparé du village du chef coutumier par un ruisseau ou une vallée. C'est ainsi que ce site de Kambushi est à un kilo mètre du chef-lieu de la localité Bananingi dirigeait jadis par le chef Mahangaika et sa succession. Le village a conservé la même dénomination qu'il avait dans la forêt « Kambushi ». S'agissant du site de Kirundu et Boboro, ces sites ont été aménagés par l'influence de la route goudronnée par les chinois sur le tronçon Walikale Kisangani vers 1989-1990. Et pour ce qui concerne les sites de Misenya et Bangenengene, ils ont été installés depuis 1975 après l'expulsion de ses habitats par l'extension du PNKB dans leurs anciens campements de Lungo. Sinon, dans le temps ils vivaient en nomadisme dans les collines de Lungo et Ititi devenues patrimoine du PNKB.

3. Avant d'occuper les sites actuels ; les pygmées vivaient dans des sites environnants et même lointains. Car les causes de migration chez les pygmées étaient multiples : la disponibilité des produits de chasse, les maladies et la mort dont la cause était incertaine, etc.

4. Les raisons de leur installation dans le milieu actuel : 6 sites, soit 60% ont avoués avoir été contraint par l'Etat ; 2sites, soit 20% ont répondu avoir été influencés par les opportunités de la route et les habitants de 2 autres sites justifient leur présence dans leur village par peur d'être tué par les autres clans pendant la guerre de conquête. Cette situation les avait obligés de construire des villages clan par clan mais à proximité les uns contre les autres.

5. Les origines des occupants des sites sont différentes. Bien que ces sites soient réputés des Batwa Babuluko, il a été remarqué qu'ils y cohabitent avec les peuples d'autres clans qui ont préférés partager leur vie avec les Batwa Babuluko. C'est de cette façon qu'ils nous ont affirmés la présence des Batwa/Babuluko dans d'autres villages non Batwa avec possibilité de mariage mixte entre clan les plus proches.

6. A la question de savoir si l'autorité en place était traditionnelle ou Etatique, nos enquêtés ont avoué à 100% soit 10sites sur 10 que le chef du village est une autorité traditionnelle. Souvent, c'est l'aîné ou le cadet de la famille qui est désigné comme chef du village devra rendre compte à l'autorité Etatique, ou politico administrative et militaire. Le pouvoir de Batwa Babuluko se limite au niveau des villages qu'ils gouvernent. Nous n'avons pas pris connaissance d'un Mutwa Mubuluko occupant un poste politique et administratif sur toute l'étendue du territoire de Walikale. Pas parce qu'ils sont incapables de gouverner mais tout simplement parce que la coutume les y avait déjà privé la chance.

7. A la question de savoir les prérogatives réservées à l'autorité traditionnelle et à l'autorité politique ; telles ont été la réaction de nos enquêtés :

A) L'autorité traditionnelle a comme prérogatives : responsable des rites traditionnels (circoncision indigène, intronisation), il doit veiller au respect des normes de la coutume du milieu, veiller sur le pouvoir coutumier, règlementer la chasse et la pêche, distribuer les champs aux membres du clan qui en expriment la demande, donc il est le responsable symbolique de la terre. En cas des différents au village et avant de prendre une quelconque décision qui engage la communauté, le dernier mot lui revient.

B) Les prérogatives de l'autorité Etatique sont en principe fixées par la loi. Elles peuvent s'agir des fonctions régaliennes de l'Etat, celles de protéger les personnes et leurs biens ; les fonctions répressives en cas de violation de la loi et les fonctions administratives etc.

1.3. CAPITAL NATUREL

I. La situation des champs des habitants du village

Tableau n°1. Distance et rayon dans lequel se situent les champs des habitants du village.

Distance

Effectif

Pourcentage

500m à 2km

7

70

2 à 5km

2

20

5km et plus

1

10

Total

10

100

Source : nos investigations sur le terrain.

Commentaires : La plus part des champs Batwa Babuluko sont situés dans un rayon de 500m à deux kilomètres. Nous avions constaté pour ceux dont les champs sont à plus de 2km, ces sites sont souvent localisés le long de la route principale. Le système de culture du climat équatoriale oblige la pratique de jachère. Ce qui oblige l'abandon momentané des champs pour les cultiver ultérieurement. Cette condition fait qu'après dix ans dans un milieu, il se pose un problème de distance par rapport aux champs à cultiver, et même la rareté de ceux-ci.

Tableau N°2. Temps à mettre pour arriver au champ le plus proche et le plus éloigné

Temps

Effectif

Pourcentage

à 30munites

8

80

30munites à 1h

1

10

1h et plus

1

10

Total

10

100

Source : nos investigations sur le terrain

Commentaires : le temps à mettre pour atteindre les champs est la conséquence directe de la distance entre le village et les champs en question. D'où les champs des sites forestiers sont souvent aux alentours des villages. C'est pourquoi 80% de nos enquêtés ont avoué le déplacement qui varie de 15 à 30munites pour atteindre les champs.

II. Qui accorde les terres à cultiver ?

Tableau n°3. Celui qui accorde les terres à cultiver.

Qui accorde les terres à cultiver

Effectifs

Pourcentage

Chef de clan

10

100

Autorité politique

0

0

Total

10

100

Source : nos investigations sur le terrain

Commentaire : Il nous a été signifié que chaque clan est doté de ses collines pour pratiquer l'agriculture, les Batwa Babuluko en ont les leurs. Mais en dehors de son clan, on peut solliciter la terre chez le chef de clan adverse moyennant une redevance coutumière de deux à quatre chèvres. Une pratique que les Batwa Babuluko ne respectaient pas chez les chefs des autres clans puisque la coutume s'y opposait. Ils devaient cultiver les champs à volonté sans une quelconque redevance. Parce que, ces chefs les reconnaissaient comme les plus anciens propriétaires terriens. Aujourd'hui, ils sont obligés de se conformer au rythme du moment parce que cette coutume est de plus en plus violée par les chefs coutumiers et la terre arable est en train de se raréfier d'avantage.

III. Comment accédez-vous au droit à la terre.

Tous les sites visités ont reconnu à 100% avoir reçu leurs champs gratuitement de la part du chef de clan qui en a la charge de les distribuer aux membres, d'autre par l'héritage ou la succession. Par contre, 30% des enquêtés ont soulevé la possibilité d'acheter pour celui qui le veut. L'achat concerne souvent les champs déjà mis en valeur, ou bien si on veut déménager et aller s'installer en dehors de son clan, à ce moment-là, vous serez obligés de payer la redevance coutumière au clan d'accueil.

IV. Tous les habitants du village ont-ils le droit d'y cultiver ?

Tableau n°4. Les habitants du village s'ils ont tous droit de cultiver sur cette terre.

Réponse

Effectif

Pourcentage

Oui

10

100

Non

0

10

Total

10

100

Source : Nos investigations sur le terrain

Commentaires : Comme énoncé ci haut, tous les habitants du village ont le droit de cultiver sur cette terre à condition qu'il soit membre du clan. Les amis aussi jouissent de ces mêmes avantages.

I. Comment devient-on propriétaire pour cette catégorie de terre ?

Pour nos enquêtés,l'on devient propriétaire de cette catégorie de terre d'abord par celui qui met ce champ en valeur le premier, en plus par héritage et par achat. Celui qui abat les arbres de la forêt primaire est d'office propriétaire du champ. Cela donne droit à sa descendance de lui succéder sur ce champ après sa mort.

II. Avez-vous un cours d'eau dans le groupement ?

Tableau n°5. L'existence d'un cours d'eau dans le groupement.

Réponse

Effectifs

Pourcentage

Oui

10

100

Non

0

0

Total

10

100

Source : Nos enquêtes

Commentaire : Le territoire de walikale étant caractérisé par le climat équatorial, tous les villages sont approvisionnés par des cours d'eau. Dont la plus part sont poissonneux. Les cours d'eau figurent parmi les conditions d'implantations d'un village pour faciliter aux femmes la tache dans leurs travaux de puisage, de lessive et de baignade.

VII.Activités développés dans ces cours d'eau :

Les mêmes sources ont renseigné que ces cours d'eau environnant les sites Batwa Babuluko sont exploités pour la pêche, la baignade, le puisage, et le lavage des vaisselles.

VIII. Qui les font ?

Ces activités sont réalisées par toute la communauté, sexe et âge confondu. La pêche est catégorisée en deux, soit la pêche des crabes et d'autres poissons faite par les femmes et celle faite par les hommes. Les femmes pêchent par éclaboussage d'eau, elles tendent les nasses ; par contre les hommes et les jeunes garçons ont plusieurs modes de pêche : par ligne de pêche, pêche au filet, pêche par nasse, etc.

IX. Que vous procurent les forêts de votre groupement ?

Les produits procurés par les forêts des groupements habités par les Batwa Babuluko sont :

Gibiers, médicaments, champignons, chenilles, fruits, lianes pour la construction des maisons et pour les métiers artistiques, miel naturel, minerais, bois de chauffe, paille pour couvrir les cases, Stick d'arbres pour la construction des maisons, résines, etc.

X. Avez-vous d'autres activités non liées à l'agriculture dans vos forêts ?

Tableau n°6. Autres activités non liées à l'agriculture dans le groupement.

Réponse

Effectif

Pourcentage

Oui

10

100

Non

0

0

Total

10

100

Source : Nos investigations sur le terrain

Commentaires : Ces activités sont : la chasse, le piégeage, la pêche, les rites d'initiation par la circoncision indigène, l'évocation des ancêtres, tissage (de paniers, gibecières, nasses, nattes, tissus à raphia, vans,...), initiations culturelles, apprentissage de métiers, ramassage des bois, fabrication des manches des outils (couteau, machette, lance, hache, pioche, houe), fabrication des mortiers, des malaxeurs, des spatules, et tout autre objet d'usage domestique.

1.4. LE CAPITAL PHYSIQUE.

I. Combien d'écoles avez-vous dans le village ? Et quel type d'enseignement y assure- t- on ?

Tableau n° 7. Nombre d'écoles, type d'enseignement assuré dans le groupement.

Village

Nombre d'école

Enseignements dispensés

Bangenengene

0

Néant

Busisi

2

Primaire et secondaire

Kambushi

0

Néant

Kilali

0

Néant

Kisa

1

Primaire

Lufito

0

Néant

Kirundu

2

Primaire et secondaire

Boboro

2

Idem

Isangi/kawewe

0

Néant

Misenya

1

Primaire

Total

8

 

Source : nos investigations sur le terrain

Commentaires : 5villages sur 10 soit 50% des sites pygmées sont dotés d'infrastructures scolaires. Les enseignements organisés sont du type primaire et secondaire dans deux sites soit 30% de couverture et primaire seulement dans un autre site. Pour les autres villages, les enfants sont condamnés à faire de longues distances pour atteindre l'école. Et les parents non informés laissent leurs enfants s'occuper des activités de chasse et de champ. Il se pose aussi la question de viabilité de ces écoles quant aux  bâtiments, personnel qualifié, équipements en matériels didactiques, prise en charge des enseignants,...

II. Où vont les enfants pour leur instruction ?

Tableau n°8. La destination des enfants pour leur instruction.

Village

Destination des enfants

Distance parcouru

Type d'enseignements

Bangenengene

Tulakwa et Mayuwano

5 et 10km

Primaire

Busisi

Busisi

0km

Primaire et secondaire

Boboro

Boboro

0km

Primaire et secondaire

Kambushi

Mutiku et Kabamba

1 et 6km

Primaires et secondaires

Kilali

Kabamba et Musenge

6 et 10km

Idem

Kisa

Kasoni

5km

Secondaire

Isangi /Kawewe

Isangi centre

5km

Primaire et secondaire

Kirundu

Kirundu

0km

Primaire et secondaire.

Misenya

Kibila

10km

Secondaire

Lufito

Kisa et Kasoni

6km et 10km

Primaire et secondaire


Source : Nos investigations sur le terrain

Commentaires : Dans 5 sites, les enfants Batwa Babuluko se déplacent pour suivre les enseignements primaires à une distance de 1km pour le site de Kambushi et pour les restes de 5 à 10km. Ce qui condamne ces enfants à l'analphabétisme en dépit des objectifs du millénaire pour le développement à son volet scolarisation des enfants d'ici 2015.

III. Combien de centres de santé avez-vous dans le village ?, si non où allez-vous pour les soins de santé ? À quelle distance ? Quel type de soin y est assuré

Tableau n°9. Disponibilité de centre de santé dans les villages Batwa.

Village

Nombre de centre de santé dans le village

Où suivez-vous les Soins de santé

Distance à parcourir

Soins dispensés

Bangenengene

0

Idipo

25km

Soins de Santé Primaires.

Busisi

0

Nyasi

6Km

idem

Boboro

1 poste de santé

Boboro

0km

Idem

Kambushi

0

Kabamba

5km

Idem

Kilali

0

Kabamba

6km

Idem

Kisa

1 poste de santé

Kisa

0km

Idem

Isangi /Kawewe

0

Isangi centre

5km

Idem

Kirundu

1 Centre de Santé

Kirundu

0km

Idem

Misenya

0

Kibila

10km

Idem

Lufito

0

Kisa

5km

idem

Source : nos investigations sur le terrain

Commentaires : Trois villages soit 30% des sites Batwa Babuluko sont dotés des institutions sanitaires (deux postes de santé et un centre de santé). Soit deux postes de santé initiés par PIDP à Kisa et à Boboro ; et un Centre de Santé l'oeuvre de la 8ème CPAC à Kirundu. Les habitats d'autres sites sont obligés de se déplacer à des longues distances pour accéder aux soins de santé primaires. Cette distance varie selon notre tableau de 5 à 25km. Ce qui conditionne un taux élevé de mortalité, d'auto médication en s'approvisionnant chez les pharmaciens ambulants et le recours à la phyto thérapie. Même question reste posée par rapport à la qualité des soins de santé primaires dispensés, la qualité des infrastructures, et à la qualification du personnel traitant.

IV. Avez-vous un point d'eau dans le milieu ?, Quel est l'état de ce point d'eau ?, si non, d'où puisez-vous l'eau de boisson ? , et à quelle distance ?

Tableau n°10. Situation des points d'eau dans les villages Batwa/Babuluko.

Village

Existence d'un point d'eau

Son état

Si non où puise- t- on

Distance

Bangenengene

Oui

Non aménagé

Dans une source

200m

Busisi

Oui

Idem

Idem

50m

Boboro

Oui

Idem

Idem

30m

Kambushi

Oui

Idem

Idem

200m

Kilali

Oui

Idem

Idem

100m

Kisa

Oui

Idem

Idem

50m

Isangi /Kawewe

Oui

Idem

Idem

20m

Kirundu

Oui

Idem

Idem

50m

Misenya

Oui

Idem

Idem

150m

Lufito

Oui

Idem

Idem

200m

Source : nos investigations sur le terrain

Commentaires : Suivant ce tableau, il n'existe aucune source d'eau aménagée dans les dix sites Batwa Babuluko enquêtés. Les femmes puisent l'eau de boisson dans des sources souillées et non aménagées avec toutes les conséquences les prédisposant aux maladies d'origine hydrique.

V. Votre village est-il relié à d'autres groupements par quelle voie ?, quel est l'état de cette voie ?, si non, où se trouve la voie la plus proche ? A quelle distance ?

Tableau n°11. Voie d'accès aux villages Batwa /Babuluko.

Village

Voie d'accès

état actuel

la voie d'accès la plus proche

distance

Bangenengene

Sentier

Mauvais

Itebero

40km

Busisi

Route

Mauvais

Accessible

0km

Boboro

Route

Bon

Idem

0km

Kambushi

Route

Mauvais

Idem

0km

Kilali

Sentier

Mauvais

Musenge/Idambo

6km

Kisa

Sentier

Idem

Idem

12km

Isangi /Kawewe

Sentier

Idem

Itebero

35km

Kirundu

Route

Bon

Accessible

0km

Misenya

Sentier

Mauvais

Itebero

60km

Lufito

sentier

Mauvais

Nyasi

20km

Source : nos investigations sur le terrain

Commentaires : 4sites Batwa Babuluko soit 40% des sites enquêtés sont accessibles par la route nationale n°3 Kisangani - Bukavu passant par Walikale. Ces sites sont accessibles par véhicule, moto et vélo. Par contre les 60% autres ne sont accessibles que par pieds comme moyen de locomotion. Rappelons que le site de Kirundu constituait une piste d'atterrissage d'avions qui transportaient les minerais (coltan et cassitérite) en provenance du territoire de Walikale. Cette piste d'atterrissage a été délocalisée pour Kilambo à 30Km de Walikale, sur le tronçon Walikale- Kisangani.

VI. Avez-vous accès à l'électricité ?, le village électrifié le plus proche se trouve à quelle distance ?

Aucun des villages enquêtés n'a accès à l'électricité. Le village électrifié le plus proche se trouve à plus ou moins 200km soit à Tshivanga, station de l'ICCN /PNKB sur le tronçon Walikale - Bukavu.

III. Avez-vous accès à la radio ? Au téléphone ? Si oui, les quelles ?

Tableau n°12. Mode de télécommunication (Radio et Téléphone)

Village

Accès à la radio

Quelle radio

Accès au téléphone

Quel réseau

Bangenengene

Oui

Okapi, SW

Non

Néant

Busisi

Oui

Okapi, RCWA, SW

Non

Néant

Boboro

Oui

RCWA, Okapi, SW

Oui

Airtel,Orange, vodacom

Kambushi

Oui

RCWA, Okapi ; SW

A un point du milieu

Idem

Kilali

Oui

RCWA, Okapi, SW

Idem

Idem

Kisa

Oui

Idem

Idem

Idem

Isangi /Kawewe

Oui

Okapi, SW

Non

Néant

Kirundu

Oui

RCWA, Okapi, SW

Oui

Airtel, Orange et vodacom

Misenya

Oui

Okapi, SW

Non

Néant

Lufito

oui

RCWA, Okapi, SW

Non

Néant

Source : Nos investigations sur le terrain

Commentaires : Tous les sites des Batwa Babuluko sont arrosés par la radio Okapi à 100%, la Radio Communautaire de Walikale (RCWA) à 50% et les radios émettantes en onde courte (SW) à 100%. S'agissant du réseau téléphonique, quelques sites seulement sont arrosés par le réseau : Airtel, Orange et vodacom disponible au chef-lieu du territoire de Walikele soit à 20% et quelques-uns sont desservis à un point du village découvert par les habitats soit 30% des villages enquêtés et d'autres ne sont couverts par aucun réseau téléphonique soit 50% des sites.

VIII. Avez-vous un marché permanant dans le groupement ?

R. Il nous a été révélé que deux centres de négoces seulement organisent le marché d'une manière permanente. Le chef-lieu du territoire de Walikale et le centre commercial de Mubi. Les sites de Kirundu et Boboro se situent en cheval de ces deux centres de négoces. Dans d'autres groupements, les marchés sont organisés hebdomadairement de la manière suivante :

Tableau n°13.Le programme hebdomadaire des marchés proches des sites pygmées enquêtés à Walikale.

Centre de négoce

Jour de marché

Qui y vendent

Que vend- t- on

D'où viennent-ils

1

Hombo

Samedi et dimanche

Commerçants ambulants et population riveraine

Huile de palme, produits vivriers, et produits divers

Bukavu, de différents axes environnant le marché

2

Chambucha

Vendredi

Idem

Idem

Idem

3

Otobara

Dimanche

Idem

Idem

Idem

4

Karete

Jeudi

Idem

Idem

Idem

5

Musenge

Mercredi

Idem

Idem

Idem

6

Itebero

Mardi, jeudi, samedi

Idem

Cassitérite, coltan, Huile de palme et divers

Bukavu, Mpango, Isangi, et les alentours d'Itebero

7

Nyasi

Mardi et samedi

Idem

Produit vivriers, cassitérite, coltan, huile de palme, et divers.

Walikale, Axe Kasoni, axe Itebero et les alentours du marché.

Source : Nos investigations sur le terrain

Commentaires : les 5 premiers marchés sont plus influencés par la régularité des véhicules en provenance de Bukavu stationnant sur ces différents centres de négoce. Dans le temps, ces véhicules stationnaient à Hombo quand le pont de cette rivière était encore infranchissable. Maintenant que le tronçon routier Hombo-Walikale est en réhabilitation, ces véhicules ses limitent à ces jours au niveau de Musenge à 40km de Hombo en provenance de Bukavu. Walikale est le carrefour de croisement des trois axes principaux du territoire à savoir : l'axe Walikale Goma, Walikale Bukavu et Walikale Kisangani. Walikale est connu plus sur son importance dans la contribution au budget de la province du Nord Kivu par les recettes de l'exploitation artisanale de minerais : or, cassitérite, coltan,... produits qui sont évacués de la RDC par la ville de Goma au Nord-Kivu et de Bukavu au Sud Kivu.

1.5. CAPITAL FINANCIER

I. Quelle est la principale source de revenu pour les habitats de ce village ?

Tableau n°14. Principales sources de revenu pour les habitants du village.

Village

Source de revenu

Bangenengene

Agriculture, chasse, exploitation artisanale des minerais

Busisi

Agriculture, pisciculture, et chasse

Boboro

Agriculture, chasse et exploitation artisanale des minerais

Kambushi

Agriculture,

Kilali

Agriculture, chasse, Restaurant aux trafiquants de ce sentier forestier,

Kisa

Chasse, agriculture, pisciculture et restaurant,

Isangi /Kawewe

Chasse et agriculture,

Kirundu

Agriculture, chasse et petit commerce,

Misenya

Chasse, exploitation artisanale des minerais,

Lufito

Chasse et agriculture,

Source : Nos investigations sur le terrain

Commentaires : Les principales sources de revenu pour ces sites sont constituées par l'agriculture à 100%, suivi par la chasse à 80%, l'exploitation artisanale de minerais offre le revenu à 30% aux sites enquêtés, la pisciculture et le restaurant occupent chacun 20% des sites.

II. Tableau n°15. Calendrier agricole du milieu

Culture

J

F

M

A

M

Jn

Jt

At

S

O

N

D

Paddy (riz)

S

S

S

E

Sa

Sa

R

DR

D

DS

D

D

Manioc

X

X

X

X

X

X

X

X

X

X

X

X

Arachide

D

DS

S

SE

E

R

R

D

S

S

E

R

Haricot

D

DS

S

SR

E

R

R

D

S

S

E

R

Banane

X

X

X

X

X

X

X

X

X

X

X

X

Patate douce

X

X

X

X

X

X

X

X

X

X

X

X

Palmier à huile

D

D

D

S

S

D

D

D

D

S

S

S

Source : inspection de l'agriculture du territoire de Walikale rapport annuel 2011

Légende

E = entretien DR = défrichage et récolte S = semis

D = défrichage SE = semis et entretien

R = récolte DS = défrichage et semis

Sa = sarclage X = toute l'année

Commentaires : Le maïs a toujours été associé au paddy, à l'arachide et même au haricot. Pour d'autres activités économiques, elles sont faites à volonté suivant l'opportunité et le besoins. Il y a une note particulière pour la chasse ; pendant les préparatifs des grandes fêtes de l'année, les hommes organisent des maquis de plusieurs semaines dans la forêt et reviennent à la veille de noël et de nouvel an. Les surplus des butins de chasse seront écoulés au marché pour permettre aux chasseurs de payer des nouveaux habits de fête à leur dépendants. Ils organisent aussi des chasses spéciales en cas de deuil, de fête, de naissance, d'intronisation de chef coutumier, car ce sont des cérémonies qui mobilisent un nombre important de la population venue pour la circonstance.

III. Pour la plus part des villages consultés, la vision de maximisation de recette n'est pas encore perçue, ces activités sont effectuées d'abord pour satisfaire les besoins immédiats du ménage et non investir dans le long terme. Exemple : creuser les minerais dans le souci de réaliser la dot pour le mariage, payer la facture de l'hôpital, payer les frais scolaires, payer les habits,... même chose en cas de vente des produits vivriers et de l'huile de palme. Pendant cette période de prime aux enseignants ; les minerais, l'huile de palme et la viande servent de moyen de payement ou l'équivalent en mesures de farines à défaut de dollars et de Franc Congolais.

IV. Traditionnellement, à l'époque de la prospérité, d'après vous, quelles ont été les sources de revenu les plus importantes ?

Les dix sites ont reconnus à 100% la chasse comme activité économique qui leur procurait des produits d'échange. Ils échangeaient les ivoires d'éléphant, la peau du léopard contre la perle, le sel et les habits. A l'époque,personne ne pouvait vendre la viande et la nourriture car elles étaient abondantes dans le milieu. Cela ramène aux notions de l'économie selon lesquelles : un bien ne devient économique que quand il est rare et pour l'obtenir, il faut fournir beaucoup d'effort.

V. A quand remonte les principaux changements ?

Sur base de nos enquêtes, les principaux changements remontent de l'époque coloniale avec l'exploitation des minerais par la société : Mine de Grand Lac (MGL) en 1923 et la Société Industrielle du Kivu (SOMINKI) en 1975. Ces sociétés ont occasionnées le traçage des routes ayant été à la base de l'accroissement de la population et de regroupement des villages. La crise économique a été exacerbée par les différents conflits armés qui ont suivi la veille de l'indépendance à nos jours. Citons à titre de rappel ; la rébellion Muleliste, la rébellion Katangaises, le Kitawala de Kusu, l'AFDL, le RCD, le CNDP, le M23, et les différents groupes armés nationaux qui s'opposaient aux envahisseurs : les Katuko, les mai-mai, les raiya mutomboki,... y compris les FDLR qui est une force étrangère.

VI. Actuellement, que produisez-vous dans ces villages ?

Partout dans les sites visités on produit le manioc, l'huile de palme, la banane, le maïs, le taro ou colocase, la patate douce, l'arachide, le paddy, le concombre, la canne à sucre, ...

VII. Que vendez- vous aux autres villages, groupements, territoires, villes ?

Le principal produit agricole de rente du territoire de Walikale est l'huile de palme. Ce produit est écoulé principalement dans la ville de Bukavu après centralisation au marché de Hombo situé à la limite des provinces  du Nord et du Sud Kivu. Les produits vivriers sont écoulés localement dans les villages voisins, dans les différents centres de négoce et au chef leu du territoire. Au-delà des produits agricoles, il y a aussi les produits miniers qui sont exploités dans le territoire de Walikale, à savoir : la cassitérite, le coltan et l'or. A cela peut s'ajouter aussi les produits de la chasse pour la consommation locale.

VIII. Avez-vous un système d'épargne, en argent ou autre, dans votre village ?

5 villages soit 50% ont reconnu avoir le système de ristourne communément appelé  « likilimba » et la mutuelle de solidarité initiée récemment par PIDP Nord Kivu dans les villages de Kisa, Lufito, Kilali, Busisi et Kambushi. Mais pour l'ensemble des villages, il n'existe pas d'institution d'épargne et de crédit.

IX. Si non, comment faite vous pour économiser, garder un peu d'argent ou des biens pour des besoins futurs ?

A la réaction à cette question, les uns ont soutenu le petit élevage à 10% comme moyen d'épargner leurs biens, les autres la pisciculture à 20%, d'autres encore l'achat des palmerais à 10%, les restes soit les 60% ont répondu qu'ils prêtent à ceux qui sont dans le besoin. Ceux-ci pourront retourner l'argent prêté après l'échéance convenue.

1.6. CAPITAL SOCIAL.

I. Avez-vous des organisations culturelles ou de développement dans votre village ?

Tableau n°16. Existence d'organisations culturelles et de développement dans le village.

Village

Présence d'une organisation culturelle et de développement dans le village

Bangenengene

Oui

Busisi

Oui

Boboro

Oui

Kambushi

Oui

Kilali

Oui

Kisa

Oui

Isangi /Kawewe

Non

Kirundu

Oui

Misenya

Non

Lufito

Oui

Source : nos investigations sur le terrain

Commentaires : 80% des sites Batwa Babuluko sont dotés d'une organisation culturelle et de développement contre 20%.

II. Si oui, que font-elles ?

R/ Pour les sites ayant avoué l'existence des organisations culturelles et de développement dans leurs milieux expliquent leurs rôles sous ces traits : Elles sensibilisent les pygmées sur leur auto prise en charge, les accompagnent dans les activités de la foresterie communautaire et dans les mutuelles de solidarité (MUSO), elles les sensibilisent aussi sur : l'élevage, l'agriculture, la pisciculture, la protection de l'environnement, la sécurisation foncière, les droits de l'homme, les rites traditionnels ou cultes religieux, l'éducation scolaire, le barza, les rites traditionnels et le ballet culturel.

III. Qui en sont membres ?

R/ Les membres sont les pygmées et non pygmées du village concerné, surtout les chefs des ménages, hommes et femmes confondus.

IV. Combien sont-ils ?

R/Le nombre des membres est variable suivant l'importance démographique du village. La moyenne varie entre 5 et 27membres.

V. Comment devient-on membre ?

R/ Les 8 sites organisant les activités de développement dans leurs villages ont reconnus l'adhésion libre de membres aux statuts et aux objectifs de l'association comme moyen de devenir membre de leurs associations.

VI. Comment devient-on responsable ?

R/ Pour les mêmes sources, l'on devient responsable par élection, nomination, suivant ses compétences et ses aptitudes à conduire le groupe.

VII. Qui en est (ou sont) initiateur ?

R/ Les 8sites ayant répondu oui à l'existence d'une association dans leurs villages, ils ont reconnu le Programme d'Intégration et de Développement de peuples Pygmées au Kivu (PIDP KIVU) comme initiateur principal de ces comités de Base de développement dans leurs villages. Au-delà du PIDP, ils ont bénéficié aussi d'une manière indirect de la sensibilisation et l'assistance de la part d'autres partenaires à savoir : les Eglises (Catholique et protestantes) et même les ONG locales « CAMV, COCREFOBA, FODI) et ces sites ont salué aussi la présence d'ONG humanitaires actives dans le milieu surtout dans les villages situés sur la route principale Kisangani Bukavu (Boboro, Busisi, Kirundu, et Kambushi). Parmi ces ONG humanitaires nous pouvons citer : IMC, AVSI, MSF, CARITAS Gama.

VIII. Depuis combien de temps ces associations ou organisations existent -elles ?

R/ Les dates sont variables. Les uns disent depuis 1991, les autres 1996, 1999 à 2004. Rappelons que PIDP Kivu a été créé à Bukavu selon ses statuts en 1991, et commençait à être opérationnel dans le territoire de Walikale en 1996.

IX. Dans votre village, avez-vous des actions ou activités que vous effectuez de manière communautaire ?

R/ oui à 80% des sites interrogés.

X. Si oui, quel type d'action par exemple ?

R/ Ces activités sont entre autres :

o La cartographie participative des forêts de communautés locales Batwa Babuluko,

o Les activités génératrices de revenus à l'issue de cette cartographie participative,

o La MUSO « mutuelle de solidarité »,

o Défrichage des champs,

o Travailler les étangs piscicoles en barrage et en dérivation,

o Entraide en cas de décès d'un de notre ; enterrement et le dépouillement de deuil,

o Récoltes et semailles des champs, etc.

XI. Dans votre village, avez-vous l'habitude d'assister un membre en difficulté ?

R/ Tous les villages ont répondu par oui. Soit 100%.

XII. Si oui, pour quel genre de problème ?

R/ Ils sont tous revenus sur les mêmes problèmes tels que : décès, Maladies, mariages, naissances, etc.

XIII. A quoi porte cette assistance ?

R/ Nous avions résumé à trois les types d'assistancesaux membres de la communauté soulevées par les enquêtés. Cette assistance est matérielle, morale et financière.

XIV. Qui peuvent en bénéficier ?

R/ Ils ont répondu à l'unanimité que cette assistance est bénéfique à tous les membres de la communauté sans distinction de sexe, d'âge et de clan.

XV. Dans votre village, quel rôle donnez-vous aux églises, aux services de l'Etat

R/ Dans presque tous les villages enquêtés, il a été reconnu la présence d'une ou plusieurs confessions religieuses dans ou à proximité du village. Ces églises ont pour rôles : d'enseigner l'évangile et la morale divine, adoucir les moeurs, promouvoir des microprojets de développement, surtout dans le domaine de la santé et de l'éducation. Car les quelques écoles et structures sanitaires identifiés dans le milieu Batwa Babuluko émanent de ces confessions religieuses et ONG.

Les services de l'Etat assuraient ses fonctions régaliennes, celles de protéger les personnes et leurs biens. Ce dernier temps, il s'observe une certaine faiblesse dans les taches de ces services. Ces services rançonnent, tracassent la population et essaient d'abandonner la sécurité entre les mains de la population civile en terme de mouvements d'auto-défense populaire.

XVI. Comment ce rôle est-il perçu pour votre développement ?

R/ Tous les sites ont soutenu à 100% que ces églises et même l'Etat ont joué un rôle important dans le changement de mentalité et du comportement de la population Batwa Babuluko. Car, aujourd'hui, il y a les membres de ce clan qui sont pasteurs d'églises, enseignants, directeurs d'écoles primaires, agents de développement grâce au travail abattu par les églises et les services publics de l'Etat.

XVII. Quel est le rôle de la femme dans votre groupement ?

R/ Pour nos enquêtés ; la femme nourrit la famille, elle fait le champ, la pêche, les travaux ménagers, garde et éduque les enfants, ne décide rien mais entendue.

XVIII. Que fait-elle de différent par rapport aux hommes ?

R/ Pour les mêmes sources ; les tâches ménagères (cuisiner, fondre les bois, s'occuper des enfants, la vaisselle et le lessivage des habits,...), les travaux de champ sont aussi repartis selon les sexes. Exemple : semer, planter, récolter les aliments au champ sont réservés aux femmes.

XIX. Quelles sont les limites de son pouvoir, par rapport aux hommes ? Et de ses droits ?

R/ Pour nos enquêtés ; la femme n'a pas droit à l'héritage, ne peut pas ester en justice, ne décide rien, ne participe pas aux activités secrètes de la circoncision indigène,

CONCLUSION

Les Batwa Babuluko que nous venons d'étudier sont les peuples autochtones du territoire de Walikale, province du Nord Kivu à l'est de la République Démocratique du Congo.

Nos recherches renseignent que ce territoire a été peuplé par les clans d'origines différentes, chose qui avait obligé l'autorité coloniale à considérer ces entités comme des collectivités secteurs au lieu et place des chefferies. Et ces clans ont avoué l'antériorité des Batwa Babuluko dans le milieu.

Depuis les temps immémoriaux, ces peuples avaient un mode de vie qui les distinguait des autres populations. Le milieu naturel était la forêt qui était aussi leur source de vie. Cependant, un certain nombre de facteurs sont venus modifier ce mode traditionnel de vie.

Avec la création des aires protégées, les pygmées du Kivu en général et les Batwa Babuluko en particulier se sont vus délocalisés de leurs milieux naturels de vie. Par conséquent, ces peuples ont perdu beaucoup de leurs anciennes habitudes et coutumes. Ils ont été amenés à s'adapter au nouveau mode de vie. Cette situation a été encouragée par certaines causes, aussi bien structurelles que conjoncturelles. Sur le plan structurel, la croissance de la démographie et la fragilité de la zone à l'entrée des groupes armés ont beaucoup affecté le mode de vie des Batwa Babuluko. Sur le plan conjoncturel, les activités économiques notamment l'exploitation artisanale des minerais, l'agriculture, le commerce et l'élevage comptent parmi les facteurs qui ont joué de l'influence sur les us et coutumes des batwa Babuluko.

Les résultats de nos enquêtes prouvent que les Batwa Babuluko ont accès, bien que limité aussi bien au capital naturel que physique de la région. L'accès à l'eau reste un des problèmes que connaissent ces populations. L'ignorance reste un défi car, bien que des enfants pygmées aient accès à l'éducation, celle-ci reste élémentaire. Les enfants Batwa Babuluko ont accès à l'école primaire et rarement à l'école secondaire. Les études universitaires qui sont la voie d'accès à l'emploi et aux institutions étatiques restent, pour le moins que l'on puisse dire, inimaginable pour les Batwa Babuluko.

La femme mutwa mubuluko estdavantage victime de cette pauvreté et de la discrimination. La société ne lui accorde pas d'espace de décision. Elle ne peut ni décider ni hériter. L'intégration est en général une voie pour lutter contre la pauvreté et la discrimination. La lutte menée par les organisations non gouvernementales, les organisations de développement et les confessions religieuses ont certes permis aux Batwa babuluko d'avoir une reconnaissance aussi bien locale qu'internationale. Elles ont aussi apporté leur considérable soutien à la lutte contre la discrimination et la pauvreté. Cependant, ces deux facteurs, discrimination et pauvreté, ne sont pas jugulés chez les Batwa babuluko.Comme d'aucuns donneraient à le penser.

En définitive, nous disons que l' « intégration » des Batwa Babuluko, si elle existerait, elle émanerait plus des organisations non gouvernementales et philanthropiques ainsi que des confessions religieuses que d'une politique d'intégration issue du gouvernement congolais.

Pour parler d'une intégration effective des Batwa Babuluko, il faudrait au préalable que celle-ci soit voulue et souhaitée par ces populations. Par ailleurs, l'accès aux infrastructures de base et aux institutions étatiques permettrait de lutter davantage contre la pauvreté.

BIBLIOGRAPHIE

I. Ouvrages :

1) BAHUCHET S et PHILIPPART de FOY G, pygmées peuples de la forêt, Ed de noël, Paris, 1991.

2) CADHP, peuples autochtones d'Afrique les peuples oubliés ? Copenhague, ACHPR et IWGIA 2006.

3) CHIFUNDERA. Z, les pygmées de PNKB Sud- Kivu, R D Congo, Aspects éco démographiques et impact sur les écosystèmes forestier, PSP, APFT, Bruxelles - Belgique 1996

4) CIFOR, la forêt de la RDC post- conflit, analyse d'un agenda prioritaire, CIFOR, BM et CIRAD, 2007

5) FURAHA T., les minorités en République Démocratique du Congo, Ed du SEGEC, Bukavu, Août 2006

6) ICCN, plan de gestion du PNKB, GTZ/ PNKB, Janvier 2000

7) IPAAC, plan d'action stratégique IPAAC sur les peuples autochtones, les ressources naturelles, Burundi - Bujumbura, Avril 2007

8) Journal officiel de la RDC portant la constitution de la RDC de 2006

9) KAFIRA V et NAMEGABE M, Monographie de la province du Sud- Kivu, PED/ ECC Sud Kivu, Bukavu, 2010

10) Mpoyi .A, Les codes verts, Tome I, CODELT, Pretoria, Mai 2010.

11) Ministère des colonies, aperçu sur l'économie agricole de la province du Kivu, direction de l'agriculture des forêts et de l'élevage, Bruxelles, 1957.

12) Mzee Munzihirwa .C, Dynamique de l'intégration politique de la nation shi, souvenir des exploits des patriotes, imprimerie Kivu presse, BP 162 Bukavu, Août 1996,

II. Revues :

13) AYITEGAN G, la problématique autochtone en Afrique, in Alternatives Sud, cahier sectoriels, vol VII (2000) 2, CETRI l'Harmattan, Paris Montréal.

14) BAKUA -LUFU B., L'intégration des Bambuti de Beni dans la vie nationale, dans la problématique du développement au Kivu, acte du 3è colloque du CERUKI/ Bukavu, 17-21 Avril 1979.

15) BELTRADE/ cahier sectoriel N°1, 2007.

16) BISUSA G, Mécanisme de survie des PA pygmées, périphériques des monts Kahuzi- Biega, province du Sud - Kivu, territoire de Kabare et Kalehe en RDC, in cahier du CER PRU n° 17 série B, ISDR - Bukavu, 2008

17) DEFOUR G, les Sacrifices dans la tradition Africaine, in Recherches Africaines, N°7, juillet 2001, CERDAF, Bukavu.

18) Didier de FAILLY S J, coltan pour comprendre, dans l'Afrique des Grands Lacs, Annuaire 2000- 2001, Envers, l'Harmattan. PP 280- 284,

19) ITONGWA J., les pygmées ne sont- ils pas des êtres au même titre que les communs de mortel ? dans le feuillet de liaison BAMBUTI N°2 juillet - septembre 2001, PIDP - Kivu.

20) KAPUP D, situation des Bambuti Batwa et le Parc National de Kahuzi - Bièga : cas de peuple Barwa et Babuluko du PNKB/ RDC, Etude de cas, Mai 2001, in les peuples autochtones et les aires protégées en Afrique, FPP, Morton-in-Marsh, Royaume-Uni 2003. PP 87-103.

21) KITWANDA P, Impact de l'exploitation des ressources naturelles sur la vie des pygmées dans le territoire de Walikale, in la voix du paysan congolais, N°7 octobre 2006.

22) MUTUZA K,culture et développement au Kivu : cas du Bwami Lega, dans la problématique du développement du Kivu, acte du 3è colloque du CERUKI/ Bukavu, 17-21 Avril 1979.

23) Ministère des travaux publics de la république du Zaïre, Enquête terrain de la Zone de Walikale (Nord Kivu), dans le schéma régional d'aménagement Maniema- Nord/Kivu - Sud/Kivu, Juin 1991.

24) . Tetras L., Message d'EZLN à la rencontre pour l'humanité et contre le néo- libéralisme, dans Alternative Sud, Vol. III (1996)3,162.

25) RAZO JP, Nature sauvage nature sauvée ? Ecologie et peuples autochtones,dans ETHNIES DOCUMENTS N°24_25, Paris, 1999.

26) WENGA K et alii, le rôle des organisations non gouvernementales dans la résolution des conflits fonciers au Nord - Kivu, dans cahier du CERPRU, N° 17 série B, 2008.

III. Rapports :

27) Rapport annuel du PIDP Nord Kivu 2007 et Sud Kivu 2008.

28) Akilimali D., Rapport de stage de professionnalisation effectué au tribunal de police du territoire de Walikale du 5 au 25 mai 2000.

IV. Mémoire et TFC :

29) CIRIMWAMI JP, l'aménagement intégré des marais, une alternative pour la sécurité alimentaire en zone de santé de Kabare, mémoire, ISDR Bukavu, 1994- 1995 inédit,

30) AKILIMALI D, possibilité de relance de la coopérative de Tusoke, dans la collectivité secteur des Bakano, TFC, ISDR - Bukavu 2006 - 2007, inédit.

V. Webographie :

31) http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Pygmée&oldid=93950528

32) http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Peuple_autochtone&oldid=94055008.

VI. Documents divers :

33) KITWANDA P., kifupi cha hadisi ya ukoo (clan) Wa Batwa Babuluko, Kambushi, Février 1995, inédit.

34) Discours de l'inspecteur de développement rural territoire de Walikale à la cérémonie commémorative de la journée mondiale des peuples indigènes pygmées, du 09/ 08/ 2000, à walikale.

35) POLEPOLE P, Les pygmées en RDC : une minorité autochtone sans terre, Etude de l'étendue des droits fonciers, forestiers et perspective, REPALEAC/CODELT, Bukavu, mars 2010, inédit.

36) KATINDI L, Bref aperçu historique sur le secteur des Bakano, Rapport de la collectivité secteur des Bakano, Itebero 04 Aout 2011.

VII. Personnes contactées :

1. Musombolwa Bishina, animateur PIDP territoire de Walikale,

2. Majaliwa Mukumbwa, superviseur du PIDP Kivu en territoire de Walikale,

3. Nkuba Kitwanda Pierre, Animateur socio culturel du PIDP Nord Kivu et président fondateur de la mutualité Batwa Babuluko du territoire de Walikale,

4. Katindi Lwamiango, chef de collectivité secteur des Bakano,

5. Yakobo Mwenano, chef de groupement Bakano,

6. Kisangani Mushumbi, enseignant à l'école primaire Elenge (d'Itebero/Chabakungu).

7. Pacifique Mukumba coordinateur CAMV Bukavu.

8. Kachibaasa Munyali Donatien, coordinateur CPAKI.

9. Itongwa Mukumo Joseph, coordinateur PIDP Kivu.

TABLE DES MATIERES

EPIGRAPHE I

DEDICACE. II

REMERCIEMENT. III

ACRONYMES IV

0. INTRODUCTION GENERALE. 1

0.1. ROBLEMATIQUE 3

0.2. HYPOTHESES DU SUJET. 4

0.3. CHOIX ET INTERET DU SUJET. 5

0.4 DELIMITATION SPATIO-TEMPORELLE DU SUJET. 5

0.5 METHODES ET TECHNIQUES D'INVESTIGATION. 6

0.5.1 Méthodes : 6

1ère partie : GENERALITES SUR LES PYGMEES 8

Chapitre 1. QUELQUES ASPECTS COMMUNS AUX PEUPLES AUTOCHTONES 8

1.2. Terminologie 9

Définition 9

Critère de peuple autochtone 10

d. Le concept de minorité 11

Définition 11

e. Pauvreté : 12

1.4. Cadre juridique promouvant les droits des peuples autochtones. 15

Chapitre 2. APERÇU SUR LA REPARTITION GEOGRAPHIQUE DES PEUPLES AUTOCHTONES 16

2.1. Les peuples autochtones dans le monde 16

2.2. Les peuples autochtones en Afrique 17

2.3. Les peuples autochtones en République Démocratique du Congo : 19

2.4. Les peuples autochtones aux Kivu 20

2.4.1 Organisation économique, politique et social des Batwa au Kivu. 20

2.4.2 Les Organisations Non Gouvernementales accompagnant les Batwa au Kivu. 21

2.4.3. L'impact de l'ICCN sur la vie des Batwa au kivu. 21

2.4.4. Considération des Batwa dans le territoire insulaire d'Idjwi. 22

2.4.5. La déperdition scolaire des enfants Batwa de la province du Nord Kivu. 23

2.4.6. Le système foncier du Kivu et son impact sur la vie des Batwa. 23

2.4.7. Les communautés tribales en contact avec les Batwa au Kivu. 24

Chapitre 3. LES BATWA BABULUKO DE WALIKALE AU NORD-KIVU 25

3.1. Présentation physique du milieu 25

2.5. Les différentes communautés tribales à la rencontre des Batwa Babuluko à Walikale 26

2.6. Localisation des Batwa Babuluko. 27

2.7 Les spécificités des batwa babuluko. 27

2.8 L'organisation socio-économique, culturelle et religieuse des batwa babuluko avant la colonie belge 28

Les traditions Batwa Babuluko. 29

a. La circoncision indigène « YANDO » 29

b. La cérémonie royale « BWAMI » 30

C. Culte aux ancêtres 30

Objectif de l'adoration 31

Processus à suivre pendant l'adoration : 31

d. La prophétie 31

1. La prophétie des Os 32

2. La prophétie du feu 32

e. Moyens de communication 32

f. la musique et la danse 33

2.9 . Contribution à la protection de l'environnement 33

2.10 Moyen de défense en cas d'attaque 35

2.11 Considération dans la société : 35

2.12 La transition socio - culturelle et économique des Batwa Babuluko. 35

Sur le plan économique 35

Sur le plan socio - culturel 35

2ème partie : L'INTEGRATION DES BATWA BABULUKO, COMME MOYEN DE LUTTER CONTRE LA DISCRIMINATION ET LA PAUVRETE 37

Chapitre 1. RESULTATS DE L'ENQUETE 37

I.1. Echantillonnage : 37

1.2. HISTORIQUE 38

Revenons sur le questionnaire d'enquête  par rapport à l'historique: 40

1.3. CAPITAL NATUREL 42

I. La situation des champs des habitants du village 42

1.4. LE CAPITAL PHYSIQUE. 45

1.5. CAPITAL FINANCIER 50

1.6. CAPITAL SOCIAL. 52

CONCLUSION 56

BIBLIOGRAPHIE 58

TABLE DES MATIERES 61

ANNEXES

Annexe 1.Les sites Batwa de la province du Sud et du Nord- Kivu.

Tableau N°17Sites Batwa de la province du sud-kivu

NOM DU SITE

TERRITOIRE

1.

Kamanyola, Karwa

WALUNGU

 

Muziku, Buziralo, Bishulishuli, Bachigoka, Mulolo

NyanderaI I&II, Kasunyu, Kaningu, Rwamiko I et II, Miramba, Boza, Muhongoza, Mihimba, Kalimbi, Nyamubingza, Mukuyu, Kea, Karambo, Kazimba, Buholero, Muganzo, Mushema, Nyamukubi, Chigera, Munanira, Bushushu, Kalungu, Mabula, Buobera, Buhama, Bushunda I et II, Ihusi et Mashafe

KALEHE/IHUSI

 

Bumoga, Nguliro, Buranga, Murhobo, Chaminunu, Sati

KALEHE / KALONGE

 

Ramba, Murangu, Chirimiro, Bushunguti, Kambegeti

Ebisha, Bitale, Mirenzo, Ndando, Musenyi, Businge, Kisenyi, Misimba, Luno, Hembe, Luchuwa, Mbala, Makambi, Makwe,

KALEHE /BUNYAKIRI

 

Karama, kisiza, chasi, Kaboneke, Shenge, Boza,Kachuba, Kagohwa, Buruhuka, Bugarula, Kishenyi, Butimbo, Makutano, Mugote, Kibanda, Kamashuli, rufate , Kishasha, Kabunzi, Karhanyaboza

IDJWI /NORD &SUD

 

Muyange, Cibuga, Combo, Kamakombe, Cibati, Lushasha, Mulangala, Mbayo, Chibinda, Mabingu, Kabushwa.

KABARE /NORD

 

Mutarule, Kiringye, Luberizi, Sange , Rugembe , Mulongwe , Kabinda, Mulenge, Kyamafuno

UVIRA

 

Kiseke, Oba,Swima , Elenge, Makobola, Lulenge,

FIZI

 

Kibumba, Kahulile, Kalambi, Iganda, Kasika

Maheta,Abondelwa, Magunda, kalemba

Bizigira,Kateja,Bilimba,Lubumba, Lutenga,

Lusasa, Mikenge, kipupu, Nabwenge, Lumagaja

MWENGA/ CENTRE

MWENGA /ITOMBWE

Source : nos investigations sur le terrain.

Tableau n°18 Sites Batwa de la province du Nord - Kivu

NOM DU SITE BATWA

TERRITOIRE

 

Biganiro, Mukondo/Muja, Rusayu, Hehu/Kibumba, Mutaho

NYIRAGONGO

 

Pinga , Kirundu , Kilungu , Mutara , Mwiki

Boboboro, Katanga, Mutongo, Matenda I&II

Lukumbi, Buringa, Byarenga, Oninga , Buruko, Burutsi, Malembe, Kiluku, Bulimu,

WALIKALE/WANYANGA

 

Busisi,Kakundu, Bangenengene, Misenya, Mutandala, Mbongolo, Mulindi, Itebero, Isangi/Kawewe

Kambushi, Kissa, Lufito, Kilali, Matoile, Idambo

Myasa, Kilongote, Otobora, Nyanga, Katatwa, Kiushi / Kitofu, Idipo, Milungu, Kabalo,

WALIKALE /BAKANO

 

Burayi, Mgwenda, Butaro I&II, Kitikinywange,

Rugashari, Kabarodi, Kabira, Kibindi,,

Nyakabanda, Busaro, Ngororero, Buzana,

Chanzo, Kisigari, Mukaranka, Kukura, Sesero/Mukefu, Ruhimbi, Kitamulekwa, Kabindi, Busanza, Kabira, Kibanda, Nyakabanda, Sukura, Gasiza, Hone, Chumba, Kishishe, Buholu, Kibaya/Bunagana, Kisharo,

RUTSHURU

 

Mubambiro, Mugunga, Kiluku, Ufamandu

Musongati, Rugeyo, Kitigitira, Matanda

Nyamiranzo, Ngendambuye, Kaba, Mushaki

Muho/Nyamihaga, Bushushe, Chona, Ngugu, Bihula/Kibabi, Kaloba, Kimoka, Kingi, Kalambairo, Kataandwa, Maninge, Kitwa/Kamuobe, Lushebere, Fundula, Chumba, Kiwatire, Mushebere, Chongoro, Mukowa, Kikohwa, KalongeI et II, Kibinda, Matakarando, Rambo, Bisisi, Muololo, Bikundje, Kalobu, Buobo, Birezi, Bishasha, Bamao, Mukwinja, Misima, Kalembera, Bushani, Nyabyondo, Kashonya, Kishonya, Kishonja, Kichanga,

MASISI

 

Paida, Kisanda, Gandi, Mavivi, Mambau, Mamauvais, Buloloma, Mabantundu, Mangazi, Matekelambi, Mangila, Munyama, Matumbi, Makumo, Mabambila, Manzuwa, Nzite, Beka, Irongo, Musiko, Kimba, Teturi, Kaibo, Matembela,

BENI

 

Ndialo, Iyalika, Isigo, Ambole, Katanga, Teule, Mabati, Byakongo, Mangurujipa, Mangwalu, Tandandale,

LUBERO

Source : nos investigations sur le terrain.

Annexe 2 : Carte de répartition des pygmées en RDC

Annexe 3.Questionnaire d'enquête

Historique

- Connaissez-vous les premiers habitants de ce village ?

- A quand remonte l'occupation du village par les pygmées ?

- Où vivaient ces pygmées avant d'habiter ce village ?

- Quelles ont été les raisons de leur installation en ce milieu ?

- Les occupants actuels sont-ils de la même origine que les premiers ?

- L'autorité en place est-elle traditionnelle ou étatique ?

- Si elle est traditionnelle, quelles sont ses prérogatives réservées ?et quelles sont les prérogatives de l'autorité étatique ?

Capital naturel

I. Où sont les champs des habitants de ce village ? Sur un rayon de combien de Kilomètre ? Combien de temps faut-il pour arriver au champ le plus loin ? et le plus proche ?

II. Qui accorde les terres à cultiver ?

III. Comment accédez-vous au droit à la terre?

IV. Tous les habitants du village ont-il le droit d'y cultiver (la terre)?

V. Comment devient-on propriétaire, pour cette catégorie de terres?

VI. Avez-vous un cours d'eau dans le groupement ?

VII. Quel type d'activités s'y développe ?

VIII. Qui les font ?

IX. Que vous procurent les forêts de votre groupement ?

X. Avez-vous d'autres activités non liées à l'agriculture dans vos forêts ?

XI. Si oui, lesquelles ?

Capital physique 

I. Combien d'écoles avez-vous dans le village ?

II. Quel type d'enseignement y assure-t-on ?

III. Si non,  où vont les enfants pour leur instruction ? A quelle distance ? Et quel type d'enseignement y est organisé ? (primaire, secondaire, universitaire)

IV. Combien de centre de santé avez-vous dans le village ?

V. Si non,  où allez -vous pour les soins de santé ? A quelle distance ? Et quel type de soins y est assuré ?

VI. Avez-vous un point d'eau dans le village ?

VII. Quel est  l'état de ce point d'eau ?

VIII. Si non, d'où puisez-vous l'eau de boisson ? Et à quelle distance ?

IX. Votre village est-il relié aux autres groupements par quelle voie ?

X. Quel est l'état de cette voie ?

XI. Si non, où se trouve la voie d'accès la plus proche ? A quelle distance ?

XII. Quels moyens utilisez-vous pour aller vers les autres groupements voisins ? Vers le territoire ? Et vers la ville la plus proche ?

XIII. Avez-vous accès à l'électricité ? Le village électrifié le plus proche se trouve à quelle distance ?

XIV. Avez-vous accès à la radio ? Au téléphone ?

XV. Si oui, lesquels ?

XVI. Avez-vous un marché permanent dans le groupement ?

XVII. Organisez-vous des marchés hebdomadaires dans votre groupement ? Qui y vendent ? que vend-t-on ? D'où viennent-ils ?

XVIII. Si non, ou se trouve le marché le plus proche ? A quelle distance ? Comment vous y allez ? Quoi y vendez-vous ?

Capital financier.

I. Quelle est la principale source de revenu pour les habitants de ce village ?

II. Comment se répartissent les activités économiques du village, à travers l'année (J, F, ......) (calendrier agricole et autres activités)...

III. Pour chaque activité, que peux y gagner un ménage (moyen, riche, pauvre....) ?

IV. Traditionnellement, à l'époque de la prospérité, d'après vous, quelles ont été les sources de revenu les plus importantes dans votre village ?

V. A quand remonte les principaux changements ?

VI. Actuellement, que produisez-vous dans ce village ?

VII. Que vendez-vous aux autres villages ? groupements ? Territoires ? Villes ?

VIII. Avez-vous un système d'épargne, en argent ou autre, dans votre groupement ?

IX. Si non, comment faites-vous pour économiser ? Garder un peu d'argent ou des biens pour des besoins futurs ?

X. Avez-vous aussi un système de crédit dans votre groupement ?

XI. Si non, comment faites-vous pour emprunter de l'argent ou des biens ? financer une nouvelle activité ?

Capital social.

I. Avez-vous des organisations culturelles ou de développement dans votre village ?

II. Si oui, que font-elles ?

III. Qui en sont membres ?

IV. Combien sont-ils ?

V. Comment devient-on membre ?

VI. Comment devient - on responsable ?

VII. Qui en est (ou sont) initiateurs ?

VIII. Depuis combien de temps ces associations ou organisations existent-elles ?

IX. Dans votre village, avez-vous des actions ou activités que vous effectuez de manière communautaire ?

X. Si oui, quel type d'action par exemple ?

XI. Dans votre village, avez-vous l'habitude d'assister un membre en difficulté ?

XII. Si oui, pour quel genre de problèmes ?

XIII. A quoi porte cette assistance ?

XIV. Qui peuvent en bénéficier ?

XV. Dans votre village, quel rôle donnez-vous aux églises locales ? Aux services de l'état (territoriale, agriculture, santé et autres.....) ?

XVI. Comment ce rôle est -il perçu pour votre développement ?

XVII. Quelle est le rôle de la femme, dans votre groupement ?

XVIII. Que fait-elle de différent par rapport aux hommes ?

XIX. Quelles sont les limites de son pouvoir, par rapport aux hommes ? Et de ses droits ?

* 1 Tetras L., Message d'EZLN à la rencontre pour l'humanité et contre le néo- libéralisme, dans Alternative Sud, Vol. III (1996)3,162.

* 2 http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Pygmée&oldid=93950528

* 3 Larousse, T1, Larousse, Paris, 1970, p 254

* 4 Paul Emile Littré, dictionnaire de la langue française, t1, encyclopedia britanica France, Versailles, 1994, p371

* 5 Roger Plant, op cit., p.6

* 6, Commission africaine des droits de l'homme et des peuples, Peuples autochtones d'Afrique, les peuples oubliés, IWGIA, inédit, 2006, p13 et s.

* 7 http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Peuple_autochtone&oldid=94055008

* 8 Francesco CAPOTORTI, in Groupe de Travail Forêt, Atelier sur le processus de mise en oeuvre du code forestier congolais et normes d'application, Rapport général, Kinshasa, inédit, 17-19 nov.2003, p.35

* 9 J. DESCHENES, in droits de minorités ethniques, des peuples autochtones et des autres personnes victimes de discrimination, état des lieux à l'est de la république démocratique du Congo, APRODEPED, asbl, inédit, p20

* 10 F. CAPOTORTI, étude des droits des personnes appartenant aux minorités ethniques, religieuses et linguistiques, Nations unies, New York, 1991, p5, et Joe VEROEVEN, « les principales 2tapes de la protection internationale des minorité », in revue trimestrielle des droits de l'homme, N° 30 (numéro spécial), 1er avril 1997, Bruxelles, Bruylant, p185.

* 11DSCRP/RDC, juillet 2006, p. 16.

* 9. CADHP (Commission Africaine des Droits de l'Homme et des Peuples), Rapport du groupe de travail d'experts de la commission africaine des droits de l'homme et des peuples sur les populations /communautés autochtones, 2005.

* 12Déclarations des Nations Unies sur les peuples autochtones 2007

* 13http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Peuple_autochtone&oldid=94055008.

* 14 CIFOR, la forêt de la RDC post- conflit, analyse d'un agenda prioritaire, CIFOR, BM et CIRAD, 2007,P...

* 15 Munzihirwa, Dynamique de l'intégration politique de la nation shi 1996, p9.

* 16 PNVI : Parc National de Virunga

* 17 Idem, p13.

* 18Courrier de la planète n°60-2000-11,48.

* 19 Wenga K. et Salomon K, le rôle des organisations non gouvernementales dans la résolution des conflits fonciers au Nord Kivu. Cas du « SYDIP » de Lubero, in cahier du CERPRU N°17 série B, 2008, p3.

* 20J. OMASOMBO et alii, Maniema, Espace et vies, CRI-Belgique 2011, p 75.

* 21 Kitwanda P, Archives de la mutualité Batwa Babuluko de Walikale, Kambushi, 1996






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