Section 2 : La revue de la littérature
Durant nos recherches, plusieurs pistes ont été
visitées, mais nous avons privilégié quatre aspects
d'études dont des ouvrages spécialisés et critiques qui
gravitent autour des thèses sur le financement des PME par les IF et en
particulier par les IMF.
Parmi ces thèses nous pouvons citer :
Le premier aspect est relatif à
l'arbitrage que font les entreprises afin de choisir leur mode de financement.
Nous pourrons mettre également dans cette catégorie, les
justifications théoriques du choix ou de l'existence de
l'intermédiation.
Cassar et Holes (2003) expliquent la structure financière
des PME par la théorie de l'ordre hiérarchique selon laquelle
pour financer leurs activités, les entreprises privilégieraient,
dans l'ordre, le financement interne au financement externe (et pour ce dernier
cas le financement par dette à celui par fonds propres).
Néanmoins, on note généralement un grand recours à
la finance indirecte par les entreprises en particulier les PME. Plusieurs
travaux théoriques justifient l'adoption par les entreprises de cette
forme de finance.
Gurley et Schaw (1960) justifient l'existence de
l'intermédiation financière par l'incompatibilité des
désirs d'emprunt et de prêt.
Pyle (1971) soutient que l'existence des intermédiaires
financiers est le fait de l'aversion différenciée pour le risque
caractérisant les agents non financiers. En 1977, Pyle et Leland (p.382)
publié par Blackwell écrivaient : « les
modèles traditionnels des marchés financiers ont des
difficultés à expliquer l'existence des intermédiaires
financiers, des firmes qui détiennent un type d'actifs et vendent des
actifs d'un autre type. S'il n'y a pas de coût de transactions, les
prêteurs ultimes doivent acheter directement les titres primaires et
éviter les coûts impliqués par l'intermédiation. Les
coûts de transactions peuvent certes expliquer l'intermédiation
mais leur ampleur, dans de nombreux cas, n'apparaît pas suffisante pour
être la seule explication. Nous suggérons que les
asymétries informationnelles peuvent être une raison fondamentale
de l'existence des intermédiaires ».
Quels sont les critères théoriques
d'octroi de financement aux entreprises, particulièrement les PME
?
Telle est la question pour laquelle le second
aspect apporte des clarifications théoriques.
Les théories en la matière soutiennent qu'on
finance des projets ou des entreprises qui inspirent confiance à deux
niveaux : la capacité de l'entreprise ou du projet à
dégager le flux financier nécessaire à rembourser le
crédit, la volonté morale de l'entrepreneur à rembourser
le crédit.
Pour Fraisano et Gfeller (2003), les banques exigent plusieurs
documents et informations afin d'évaluer l'exposition au risque des
PME.
Il ressort de ces théories que les établissements
de crédit tiennent essentiellement compte de leurs expositions au risque
associées au financement des PME avant toute décision d'octroi de
crédit.
Les troisième et quatrième
aspects abordent respectivement l'efficacité
microéconomique et macroéconomique des financements
accordés aux entreprises en particulier aux PME.
Que vise essentiellement une institution
financière dans sa décision de financement d'une PME ? Quelles
sont les attentes d'une PME qui demande du financement ?
Les réponses théoriques à ces questions nous
éclairent sur le résultat espéré de chaque agent
(PME, établissements de crédit) suite à une
décision de financement des PME.
L'IF dans sa décision d'offre de financement doit veiller
à sa survie, c'est-à-dire accorder des crédits pouvant lui
permettre de se donner des moyens suffisants de fonctionnement, bref de
viabilité.
Les attentes des capital-investisseurs dépendent de leur
structure de propriété. La théorie stipule que les
investisseurs indépendants maximisent leur rentabilité pour un
niveau de risque accepté. Cependant, selon Desbrières (1998), la
« CI filiale d'une banque espèrera via son
investissement dans une firme, que celle-ci recourra davantage à ses
produits et services, notamment en matière de gestion des risques de
taux d'intérêt, de change, ou lors de leur transmission future de
l'entreprise».
Au Bénin, Igue et Quenum (2004) ont élaboré
une fonction d'offre de crédit au secteur primaire. Dans leur analyse
microéconomique, la variable dépendante retenue était le
montant de crédit accordé aux activités du secteur
primaire par l'institution financière ; taux d'intérêt
débiteur, le niveau des dépôts totaux disponibles, l'apport
financier personnel exigé ou garantie exigée exprimée en
pourcentage du montant du crédit demandé, l'indicateur de
crédibilité des demandes de crédits (rapport du montant
accordé sur montant total demandé), la profitabilité des
institutions (rapport bénéfice net sur fonds propres), la
durée des crédits, l'accessibilité de l'institution
financière. Ayant utilisé un échantillon de 50 sur 65
agences de crédit des trois départements du sud Bénin, les
résultats de l'estimation de la régression de leur modèle
indiquent que les variables comme les dépôts disponibles, le taux
d'intérêt débiteur, l'apport financier exigé des
débiteurs, la crédibilité des demandes de crédit et
l'accessibilité des institutions financières influencent l'offre
du crédit.
Par ailleurs, selon le rapport de l'observatoire européen
des PME (2003), le bilan et le compte de résultat sont les documents les
plus demandés par les institutions financières. La même
étude remarque que l'information fournie par une PME est
incomplète, notamment en ce qui concerne les informations
stratégiques et informelles (relation des PME avec leurs partenaires,
les autres créanciers, les compétences de l'entrepreneur, etc.),
vu la petitesse et le peu de notoriété de la plupart des PME.
En 1991, l'enquête de wynant et Hatch auprès de 1539
dossiers de crédits révèle que 95% des rapports financiers
ne sont pas vérifiés. Alors que la qualité des documents
présentés revêt une grande importance pour les institutions
financières, laquelle envergure est confirmée par 92% des
banquiers interrogés au cours de l'étude portant
évaluation des défis et difficultés rencontrées par
les IF dans leur relation d'affaires avec des PME, menée en 2003 par
Fasano et Gfeller. La dite étude précise que les financiers
confirment leur importance avec un score de 4,1/5 pour l'information
passée, 4,3/5 pour l'information future pendant que la qualité de
ce qui est présenté par les chefs d'entreprise tombe à
2,8/5 pour l'information future.
Peria (2009), s'appuyant sur les données d'une
enquête réalisée en 2007-2008 auprès de 16 banques
dans 8 pays africains et 64 banques actives dans 30 pays en
développement hors d'Afrique , souligne que les banques acceptent en
moyenne 81,4% des demandes de prêts de PME dans les pays en
développement non africains contre seulement 68,7% en Afrique. Pour
expliquer cette réticence, la même étude nous
révèle les principaux motifs et obstacles de l'engagement des
banques sur les PME, par groupe de pays : 60% des banques africaines misent sur
la rentabilité attendue sur le segment PME, 60% des banques africaines
perçoivent les facteurs macroéconomiques comme obstacles,15%
perçoivent la réglementation, l'environnement juridique, les
facteurs spécifiques aux banques, la nature des technologies,
l'insuffisance de demande adéquate comme obstacles.
L'enquête Investment Climate Assessment (ICA)
effectuée dans les pays tels que le Cameroun, le Kenya, le Mali,
l'Ouganda, le Rwanda, le Sénégal et la Tanzanie confirme que les
établissements de crédit exigent des garanties constituées
essentiellement de biens immobiliers et dans une moindre mesure, d'actifs
personnels du propriétaire, de machines et équipements et
d'effets de commerce.
La présence d'un collatéral apparaît donc
souvent comme une condition nécessaire à l'octroi d'un prêt
aux PME (Africapractice, 2005).
Selon les publications du FMI en 2006, la complexité de
l'enregistrement des sûretés et des procédures de
recouvrement ainsi que la faiblesse des systèmes judiciaires et
l'incertitude sur l'issue des procédures de recouvrement font que la
prise de garantie apparaît ne pas être un bon moyen pour
atténuer le risque.
Peria (2009) montre que les frais appliqués aux
prêts accordés aux PME sont plus élevés en Afrique,
soit 1,97% du prêt accordé pour les petites entreprises et 1,79%
pour les entreprises de taille moyenne. Les taux d'intérêt sont de
l'ordre de 15,6% pour les meilleures clientes.
En définitive, toutes ces sources d'informations
concordent sur le fait que les entreprises et particulièrement les PME
optent pour le financement par dette à celui par fonds propres.
Cependant, elles sont souvent confronter à la rigueur des
procédures d'intermédiations bancaires, les établissements
de crédit tiennent essentiellement compte de leurs expositions au risque
associées au financement des PME avant toute décision d'octroi de
crédit.
Mais l'évaluation du risque lié à la
décision d'octroi de crédit pour le financement des PME par les
IMF reste problématique.
Ainsi, tout au long de ce mémoire nous allons essayer
d'adapter la relation entre IMF et le financement des PME au
Sénégal.
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