Section 2 : Caractéristiques des
IMF
Les gouvernements et les bailleurs de fonds accordent une
très grande importance à la micro finance parce qu'elle constitue
un moyen durable et efficace de lutte contre la pauvreté. Au
Sénégal, comme dans de nombreux pays de l'UEMOA, la mise en place
des projets d'appui de la micro finance s'est d'abord opérée de
manière désordonnée à l'initiative des bailleurs de
fonds sans grande concertation. Ce n'est que lorsque ce phénomène
a commencé à prendre de l'ampleur que les autorités
administratives ont perçu la nécessite de mettre en oeuvre des
règles pour formaliser le secteur et de se doter d'une véritable
politique adéquate à la micro finance.
Ces règles ont consisté à :
· fixer des objectifs concernant le cadre et les
règles d'institutionnalisation des IMF ;
· définir des priorités par secteur, produit,
catégorie sociale ;
· organiser des complémentarités entre IMF de
différentes catégories et entre celles-ci et les
banques ;
· organiser une concertation permanente des bailleurs de
fonds dans le secteur.
Au cours de ces dernières années, la micro finance
a émergé et s'est imposée comme un sous secteur du
système financier dont elle contribue à l'élargissement de
la portée et à la diversification des services.
En effet, on observe une multitude de structures de micro finance
qui sont soit portées par le concept de lutte contre la pauvreté,
soit en réaction ou en accompagnement parfois endogène du
processus de libéralisation de l'économie et de restructuration
du système financier.
La croissance exponentielle de l'activité des institutions
les mieux structurées montrent en termes d'impact qu'elles
répondent à un réel besoin des populations. Cette
croissance s'accompagne d'une diversification des services financiers et des
marchés (rural/urbain, crédit aux particuliers et aux micros
entreprises, crédit allant du très court terme à parfois
deux ou trois ans).
Précisons que l'enjeu majeur du secteur de la micro
finance est de palier les insuffisances du secteur bancaire pour permettre le
développement économique et social de l'ensemble de la
population. Ce compartiment a connu une forte croissance au cours de ces quinze
dernières années. Le développement rapide de ce secteur
s'est accompagné d'une régulation et d'un soutien
impératif. Au Sénégal, les autorités publiques ont
élaboré la loi Parmec qui est en vigueur dans les pays de l'UEMOA
régissant la création et le fonctionnement des IMF. En termes de
soutien, la plupart des partenaires de développement (bailleurs de
fonds) se sont impliqués dans le soutien financier et l'appui technique
afin de favoriser le développement des structures de financement de
proximité qui seuls sont en mesure de fournir des services financiers
aux groupes vulnérables.
Section 3 : Historique du financement du
secteur privé au Sénégal
La reforme bancaire de 1975 introduite par la BCEAO a
supprimé la distinction faite entre banques commerciales et banques de
développement. Sur le plan réglementaire, des normes
prudentielles plus strictes sont imposées aux banques suivant la nature
des activités qu'elles financent. Dans ces conditions, les banques ne
financent que les activités qu'elles jugent rentables et
négligeront de plus en plus les PME.
Vers la fin des années 80, le secteur bancaire a connu sa
plus sérieuse crise. Comme conséquence de cette crise, des
reformes importantes ont été mises en place en 1989. La
structuration du système bancaire s'est, en particulier, traduite par la
liquidation de huit banques dont cinq du secteur public et trois du secteur
privé. Elle a été accompagnée d'une
libéralisation partielle des taux d'intérêt, de
l'allocation du crédit et de la création d'un marché
monétaire ayant pour objectif d'encourager le développement d'un
système financier moins administré, plus flexible et plus
concurrentiel. La restructuration de 1989 a été un succès
en ce que le système bancaire a été assaini. Les reformes
structurelles n'ont pas donné les résultats escomptés en
ce qui concerne le financement du développement. La liquidation des
banques de développement a laissé un vide particulièrement
dans le domaine du financement de la PME. En effet, la distribution de
crédit par branche d'activité place le commerce en
première position avec pas moins de 52% de l'encours en fin 1999 contre
45,7% en décembre 1994. Ce sont des activités de négoce
qui constituent l'essentiel du financement des banques à
l'économie.
Depuis 1995, la BCEAO exige que 60% au moins du portefeuille des
banques soient constitués de prêts approuvés. Ce
système place certes, davantage, les banques en face de leur
responsabilité en ce qui concerne l'appréciation du risque et la
qualité des emplois, mais il traduit aussi le souci de la Banque
Centrale de préserver la solvabilité et l'amélioration de
la qualité des portefeuilles des banques primaires par le renforcement
des ratios prudentiels. Ceci a constitué une raison
supplémentaire pour les banques de marquer un certain recul face aux
demandes de financement des Petites Entreprises. En effet, selon le «
Rapport sur le développement humain» du PNUD pour le
Sénégal de 1998, il a été relevé qu'en
matière de crédit bancaire, les PME affichent des proportions de
rejet très élevées qui s'établissent entre 75,80%
et 100% des demandes. Ce constat n'est pas simplement spécifique aux PME
de production parce que pouvant être étendu à l'ensemble
des micros entreprises. La plupart de ces dernières n'avaient jamais eu
accès au crédit bancaire.
L'approche la plus classique du financement des investissements
des PME qu'elles soient rurale ou urbaine, a été de fournir des
lignes de crédit et/ou de fonds de garantie aux banques pour financer
l'investissement des PME. Or, l'expérience a montré que les
banques sont réticentes pour aborder la question du financement des PME.
Dans le cas où elles accordent ce type de prêt, elles utilisent
pour l'instruction du dossier et le suivi des remboursements, des
méthodes adaptées à la clientèle des grandes
entreprises. Le coût unitaire élevé du traitement des
dossiers et le faible taux de recouvrement qu'elles obtiennent justifient
à leurs yeux, le peu d'intérêt qu'elles portent à ce
secteur.
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