Juin 2014
UNIVERSITE DE KINSHASA
FACULTE DE MEDECINE Département de
Gynécologie et obstétrique
RETENTION PONDERALE EN
POST- PARTUM A KINSHASA
Patrick KAHINDO MUYAYALO
Docteur en médecine, chirurgie et
accouchements
Mémoire présenté en vue de
l'obtention du titre de Spécialiste en Gynécologie et
Obstétrique
Promoteur: Prof. Dr Roger MBUNGU MWIMBA
DEDICACE
A mes parents Siméon MUYAYALO VAYIRA VATI
et Antoinette MBAYISINGA MWIRA pour tous les sacrifices consentis, pour
votre amour et votre soutien inconditionnels dans toutes mes
entreprises;
A mon épouse Aimée KAHINDO KIYONGA, pour ta
patience, ta grande compréhension et ton amour qui m'ont
toujours accompagné dans ce long processus;
A mon fils Marc Anthony MUYAYALO NZANZU, que ce travail
t'inspire des ambitions plus grandes quand tu prendras conscience de ce
qu'il représente aujourd'hui pour ton papa;
Je dédie le présent travail.
TABLE DES MATIERES
DEDICACE&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&
&&&&&&&&&&&&&&&&
i
TABLE DES
MATIERES&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&
ii REMERCIEMENTS&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&v
LISTE DES
ABREVATIONS&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&viii
LISTE DES
TABLEAUX&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&
ix Liste des
figures&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&.x
LISTE DES
ANNEXES&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&.xi
RESUME...&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&xii
INTRODUCTION&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&1
1. Problématique 1
2. Question de
recherche&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&.3
3.
OBJECTIFS&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&
&&&&&&&&.3
3.1. Objectif
général&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&
&&&&3
3.2. Objectifs
spécifiques&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&3
Chapitre I :
GENERALITES&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&.4
I.1.L'obésité&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&.4
I.1.1.Définition de
l'obésité&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&
4 I.1.2. Complications gravidique chez la femme
obèse&&.&&&&&&&&&&&&&&&.4
I.2.Variations pondérales chez la
femme&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&
5
I.3.Prise de poids pendant la
grossesse&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&
6
I.3.1. Augmentation de la masse non
grasse&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&
6
I.3.2. Augmentation de la masse
grasse&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&
7 I.3.3. GPG en fonction de l'IMC d'après les recommandations de
l'IOM&&&&&&&&7
I.4.Evolution pondérale en
post-partum&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&
8
I.41. Perte de poids en
post-partum&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&
8
I.4.2. Rétention pondérale en
post-partum&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&
9
I.4.3.Facteurs influençant la rétention
pondérale en
post-partum&&&&&&&&&& 9
I.4.3.1.IMC pré
gravidique&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&
10 I.4.3.2.L'allaitement exclusif au
sein&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&10
I.4.3.3.La
Race&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&11
I.4.3.4.La
parité&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&.11
I.4.3.5. Autres facteurs de
risques&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&.11
I.4.3.6.Gain pondéral
gravidique&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&12
I.5. Mécanismes biologiques influençant les
changements de poids pendant et après la
grossesse&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&.13
I.6. Rôle de leptine plasmatique sur le GPG et la
RPP&&&&&&&&&&&&&&&&&&.14
CHAPITRE II. MATERIEL ET
METHODES&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&
15
II.1.
MATERIEL&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&
15
II.2.
METHODES&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&
17
Chapitre III :
RESULTATS&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&
22
III.1.Caractéristiques sociodémographiques des
participantes &&&&&&&&&&&&
22
III.2.Caractéristiques cliniques
&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&24
III.2.1. Paramètres anthropométriques maternels
et néonatals&&&&&&&&&&24
III.2.2. Paramètres
obstétricaux&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&.25
III.3. Style de vie en
post-partum&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&26
III.4. Evolution du poids en post- partum
&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&.26
III.5. Niveau moyen de rétention pondérale
à la 6ème semaine du post- partum&&& 27
III.6. Facteurs associés à la rétention
pondérale à la 6ème semaine du post-partum&
28
III.6.1. Caractéristiques
sociodémographique&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&28
III.6.2. Caractéristiques
cliniques&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&
29
III.6.2.1. Paramètres
obstétricaux&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&
29
III.6.2.2. Paramètres
anthropométriques&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&
30
III.6.3. Comportements en
post-partum&.&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&31
III.6.4. Risque de rétention pondérale à la
6ème semaine du post-partum&
&&&&32 III.7. Evolution des effectifs dans les
catégories d'IMC entre la période pré-
gravidique et la 6ème semaine du
postpartum&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&
33
Chapitre IV :
DISCUSSION&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&
34
IV.1.Taille de
l'échantillon&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&
34
IV.2.Caractéristiques de la population
d'étude&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&
35
IV.2.1. Etat nutritionnel avant la grossesse et à la
6ème semaine du post-partum& 35
IV.2.2. Gain pondéral
gravidique&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&37
IV.3.Fréquence de la rétention pondérale à la
6ème semaine du post-partum&&&&&38
IV.4.Niveau de rétention à la
6ème Semaine du
post-partum&&&&&&&&&&&&&&
39
IV.5.Facteurs associés à la RPP à la
6ème
semaine&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&
41
IV.6. Limites et forces de
l'étude&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&.42
CONCLUSION&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&43
RECOMMANDATIONS&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&.44
REFERENCES&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&45
ANNEXES&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&58
REMERCIEMENTS
Avant tout, nous tenons à remercier l'Eternel Dieu Tout
Puissant qui, par sa grâce et son amour, a permis la réalisation
de ce travail, malgré les difficultés rencontrées au cours
de notre formation.
Gloire soit rendue à son
Nom.
Au terme de notre formation en Gynécologie et
Obstétrique, qu'il nous soit permis de remercier tous ceux qui, d'une
manière ou d'une autre, ont contribué à notre formation et
à la réalisation du présent travail.
Que le Professeur Dr Roger MBUNGU MWIMBA, Vice Doyen
chargé de l'Enseignement, et Directeur de ce mémoire de
spécialisation, trouve ici l'expression de notre profonde gratitude.
Cher Maître, nous ne saurons jamais vous témoigner avec exactitude
de ce que nous ressentons, car il n'y a pas de mot pour mieux l'exprimer.
Acceptez que nous soyons succincts dans notre déclaration; vous nous
avez fait un grand honneur en acceptant de diriger ce travail malgré vos
multiples occupations. Vous nous avez tendu la main sans conditions lorsque
nous vous avions fait part de notre souhait d'entreprendre ce travail sous
votre direction; votre grandeur d'âme et d'esprit restera à jamais
graver en nous. Votre rigueur, votre modestie, votre dévouement au
travail bien fait sont des vertus que nous prenons comme modèle en
espérant avoir la grâce d'en faire autant le moment venu.
Merci infiniment pour tout ce que vous faites et vous
continuerez à faire pour notre humble personne.
Au Professeur Dr Barthélémy TANDU-UMBA, Chef de
Département de Gynécologie et Obstétrique, pour qui nous
gardons l'image d'un Maitre rigoureux, discipliné, exigent, avec un
souci permanent d'objectivité. Vous avez personnellement veillé
à notre formation comme un père à l'éducation de
ses enfants ; ce que nous sommes devenus aujourd'hui, nous vous le devons en
grande partie.
Aux collègues assistants: Docteurs KUNYIMA, NGUMA,
LOKO, MUTEBA, BIKUELO, BOWA, MENAYAME, TENDOBI, YAMBA, OSONGO, NTELA,
Veuillez trouver, cher professeur, à travers ces
quelques lignes, l'expression de notre profonde gratitude pour tout ce que vous
représentez pour nous.
Que tous les Professeurs du Département de
Gynécologie et Obstétrique trouvent à travers ces quelques
mots l'expression de notre profonde gratitude pour l'encadrement reçu.
Nous pensons aux Professeurs Dr Justin MBOLOKO ESIMO, secrétaire
chargé de l'enseignement ; LOKOMBA BOLAMBA, secrétaire
chargé de la recherche; TOZIN RAHMA ; Christophe LUSANGA NKWEY ; Yvon
YANGA KIDIAMENE ; Damien MBANZULU PITA; Charles KITENGE KIA KAYEMBE ;
Arsène MPUTU LOBOTA ; Aloïs NGUMA MONGANZA ; Berthe ZINGA ILUNGA ;
SENGEYI MUSHENGEZI ; Léon MBALA LANDU ; KAMBA BEBELE.
A tous les chefs des travaux du Département: Docteurs
ILUNGA MUNYANGIANGANI, VANGA ABUNANA, SINAMULI KIYABWE, WOLOMBY MOLONDO,
DEDETEMO KPALAWELE, KIMPIATU KENGA, INGALA AMASA, OMANGA OKUNDJI, MUTOMBO
BALEKA, NZAU NGOMA, LOKENGO LIKONZA, MUCHANGA SIFA ; merci pour l'encadrement
de tout les jours, les encouragements et le souci de nous voir avancer.
Que particulièrement, le Dr Andy MBANGAMA MUELA,
nouvellement promu chef des travaux, qui a accompagné ce travail de sa
genèse à son terme, trouve ici l'expression de notre profonde
gratitude. Que ce travail soit le point de départ d'une parfaite
collaboration dans les différents projets que nous aurons à
entreprendre ensemble, merci encore pour tout.
Aux spécialistes du Département qui nous ont
reçu dans la fraternité et ont contribué à faire de
nous ce que nous sommes aujourd'hui par leurs précieux conseils. Nous
pensons aux Docteurs MANGBELE MAPINYA, SUKAMA TANDU, MAKWALA ITWA, MAPASU
NKULUTU, FATAKI MOBOLUA, KINTOKI MFUMU, NDANDU NGANDA, KUKUABO BUNGISABO,
MUHINDO NGWILINGWILI.
KAPEND, MIZERERO, APANGUA, KOBO, LESENGE, KUMANDUNGI,
KAJIMINA, MONGANE, NGOMA, EKELY, KAHINDO Christine, TSHITUTA, KINKENDA,
MBOLOKO, MATONDO, MULUMBA, NGALULA, NGALAMULUME, MALINGISI, ANYEKE,VANGU,
LUMAYA, tous ces moments de joie et de peine ont consolidé nos liens et
resterons gravés dans notre mémoire.
Au Dr Serge MAYAKA, Dr six MOKE, Dr SAFI KARANI, au
Père Egide PALATA et à l'infirmier Dostin KANIEKA pour leurs
concours à la réussite de ce travail, merci de tout coeur.
Que l'infirmière en chef du Département de
Gynécologie et Obstétrique, Madame Sophie KUFUNSUKA, toute son
équipe paramédicale ainsi que le personnel administratif trouvent
ici l'expression de notre profonde gratitude.
A mes frères et soeurs Guelord, Joël, Benjamin,
Annie et Aline, et MUYAYALO pour votre foi en notre capacité d'aller de
l'avant.
A mes nièces, Dorcas MUSANGA KANYERE et Jenovi
MBAYISINGA pour toute l'estime et tout l'amour que vous ne cessez de
témoigner à mon égard.
A ma belle famille, la grande famille KIYONGA, pour son
soutien.
A mes oncles et tantes, cousins et cousines, neveux et
nièces, amis, pour leur affection et leur soutien.
A tous ceux dont les noms n'ont pas été
cités dans quelques ces lignes, sachez que nous vous portons dans notre
coeur; c'est aussi grâce à vous que nous continuons à
avancer dans le sentier de la vie, malgré les difficultés.
LISTE DES ABREVATIONS
CARDIA: Coronary artery Risk development in young adults
CPN : Consultations prénatales
CPON : Consultations post-natales
CUK : Cliniques Universitaires de Kinshasa
FPN : Faible Poids de naissance
GPG : Gain pondéral gestationnel
HSJ : Hôpital Saint Joseph
HTA : Hypertension Artérielle
IMC : Indice de masse corporelle
NMIHS: National Maternal and Infant Health Survey
OMS : Organisation Mondiale de la Santé RDC :
République Démocratique du Congo RPP : Rétention
pondérale en post-partum SPSS: Statistical Package for Social Sciences
USA: United States of America
WHO: World Health Organization
LISTE DES TABLEAUX
Tableau I : Classification des adultes en fonction de l'IMC selon
l'OMS
|
4
|
Tableau II. Principales complications de la grossesse chez la
femme obèse
|
5
|
Tableau III : Recommandations de prise de poids au cours de la
grossesse
|
..7
|
Tableau IV : Autres paramètres socio démographiques
.
|
22
|
Tableau V : Paramètres anthropométriques maternels
et néonatals
|
.24
|
Tableau VI : Paramètres obstétricaux
|
25
|
Tableau VII : Style de vie en post-partum
|
26
|
Tableau VIII : Evolution du poids en post-partum
|
26
|
Tableau IX : RPP moyenne à la 6ème
semaine du post-partum
|
27
|
Tableau X : RPP moyen en fonction des caractéristiques
sociodémographiques
|
28
|
Tableau XI : RPP moyen en fonction des paramètres
obstétricaux
|
.29
|
Tableau XII : RPP moyenne en fonction des paramètres
anthropométriques
|
..30
|
Tableau XIII. RPP moyenne en fonction du style de vie en
post-partum .
|
.31
|
Tableau XIV. Risque de RPP à la 6è sem.
Associé aux différents facteurs
|
32
|
Tableau XV : Evolution des effectifs dans les
catégories IMC entre la période pré-
gravidique et la 6éme semaine du postpartum .33
Tableau XVI : Taille de la population dans les études
sur la RPP à la 6ème Sem .34
Tableau XVI I: RPP moyenne à la 6ème
semaine du post-partum 40
Liste des figures
Figure 1 : Type d'activité professionnelle 23
Figure 2 : Evolution des effectifs par
catégories d'IMC de la période pré-gravidique à
la 6ème semaine du post-partum .36
LISTE DES ANNEXES
ANNEXE 1 : Questionnaire administré aux accouchées
|
.58
|
ANNEXE 2 : Fiche d'étude des dossiers et du post-partum
|
60
|
ANNEXE 3 : Formulaire de consentement éclairé
|
61
|
RESUME
Objectifs: déterminer le taux de
femmes concernées par la rétention de poids en post-partum ainsi
que le niveau moyen de cette rétention dans notre milieu; identifier les
facteurs et les comportements à risque qui y sont associés.
Méthodes : du 1er octobre
2012 au 30 juin 2013, nous avons suivi une cohorte de 199 femmes
recrutées au cours des CPN (débutées au plus tard à
20 semaines d'aménorrhée) dans 2 maternités de Kinshasa.
Ces femmes, porteuses d'une grossesse monofoetale, ont été revues
en salle de naissance puis à la 6ème semaine du
postpartum. Nos principales variables d'intérêts étaient
l'IMC pré-gravidique, le gain pondéral gravidique, et le style de
vie en post-partum. Les données ont été analysées
en recourant aux statistiques descriptives. La comparaison des proportions a
été faite à l'aide du test de Khi-carré et celles
des moyennes à l'aide du test t de student et l'analyse des variances.
Le calcul du risque relatif (RR), a été utilisé pour
évaluer l'association des facteurs incriminés à la
rétention pondérale en post-partum. Ces analyses statistiques ont
été menées au seuil de signification de 0,05.
Résultats: le niveau moyen de
rétention pondérale dans notre population d'étude
était de 3,14 #177; 3,59 Kg avec une médiane de 3 Kg et des
extrêmes allant de -5 à 17 Kg ; 150 femmes, soit 75,4%
étaient concernées par cette rétention. Le gain
pondéral gravidique (p = 0,000) et le niveau socio-économique (p
< 0,05) étaient les principaux facteurs associés à la
rétention pondérale 6 semaines après l'accouchement. La
proportion des obèses a augmenté de 8%.
Conclusion : Notre étude a noté
que 75,4% des femmes ont eu une rétention de poids 6 semaines
après l'accouchement. Elles ont gardé en moyenne 3,14 Kg avec une
médiane de 3 Kg. Les prestataires des soins devraient veiller sur
l'état nutrionnel des accouchés en post-partum par des conseils
sur le style de vie.
Mots-clés: Gain pondéral
gravidique, rétention pondérale, post-partum,
obésité
INTRODUCTION
La grossesse est une période caractérisée
par d'importantes modifications de l'organisme maternel. Outre les effets
produits par les hormones d'origine placentaire, on assiste à une
néoformation tissulaire qui concerne essentiellement l'utérus,
les seins et le sang. Ces modifications, associées à la formation
et au développement du produit de conception avec ses annexes, ont comme
conséquence un gain pondéral
gravidique. Après l'accouchement, le retour
physiologique à l'état non gravide des organes qui ont subi
les modifications de la grossesse intervient généralement autour
de la 6ème semaine. Cependant, un grand nombre de femmes
conservent leurs poids
plusieurs mois après l'accouchement. La
différence entre le poids d'avant la grossesse et le poids à
un moment donné après l'accouchement définit la
rétention pondérale en post-partum (RPP). Les études
euro-américaines (1-10) ont montré que, 6 à 18 mois
après l'accouchement, la majorité des femmes retiennent 1
à 2Kg ; et
qu'une année après, 14 à 25% retiennent
au moins 5Kg (11, 8, 12). Les facteurs favorisants la RPP sont le gain de
pondéral gravidique (13, 14, 15), le surpoids ou l'obésité
avant la grossesse, la multiparité, l'allaitement maternel,
l'arrêt du tabagisme, la consommation d'aliments riches en énergie
et l'inactivité physique bien que ces associations n'ont pas
été retrouvées dans toutes les études (15, 16).
La RPP expose les femmes touchées à un risque
accru de développer l'obésité (8), les maladies chroniques
non transmissibles (17) ainsi que certaines pathologies très
fréquentes au cours de la grossesse notamment la
pré-éclampsie et le diabète gestationnel (18-22).
1. Problématique
L'obésité se répand à une vitesse
alarmante non seulement dans les pays industrialisés mais aussi dans
ceux en développement. En effet, la prévalence de
l'obésité dans le monde a doublé depuis 1980 et continue
à augmenter; c'est pourquoi, elle est considérée
aujourd'hui par métaphore comme une pandémie, bien qu'il ne
s'agisse pas d'une maladie infectieuse (23).
En 2008, 1,5 milliards d'adultes étaient en surpoids
(plus de 30% de la population adulte mondiale) dont 200 millions d'hommes et
300 millions de femmes obèses (17).
Une personne sur 10 est obèse dans le monde
d'après l'OMS et, d'après les prédictions, plus de la
moitié de la population adulte deviendra obèse ou en surpoids
d'ici 2030 (24). A cette époque, 80% des personnes touchées par
l'obésité appartiendront aux pays en développement
(14).
Les femmes sont les plus touchées par
l'obésité à travers le monde (25) et de nombreuses
études (1-10) ont mis en évidence la grossesse comme facteur
déclenchant de l'obésité.
Etant donné la morbi-mortalité importante
occasionnée par l'obésité et ses co-morbidités chez
la femme, et particulièrement chez la gestante, ainsi que leurs prises
en charge très onéreuses, la prévention demeure la
meilleure alternative pour nos pays à revenu faible.
Cette prévention passe par la détermination des
personnes et des périodes à risque ainsi que par la
détection et l'éviction des facteurs de risque. La
rétention pondérale du postpartum, identifiée comme
facteur de risque de la survenue de l'obésité chez la femme en
âge de procréer, mérite donc une attention
particulière.
En RDC les fréquences de l'obésité (26),
de la pré-éclampsie(22) et du diabète gestationnel (18)
sont non négligeables chez la femme. Il est donc impérieux de
s'assurer du niveau de la rétention pondérale en postpartum en
vue de recruter les femmes à surveiller ou à traiter et ainsi
prévenir le développement d'éventuelles complications.
C'est dans cette optique qu'il nous a paru utile
d'entreprendre une étude sur la rétention pondérale en
postpartum.
2. Question de recherche
" Quelle est l'ampleur de la rétention
pondérale en postpartum chez la noire congolaise de Kinshasa?
" Quel est le niveau de cette rétention?
" Quels sont les facteurs associés?
3. OBJECTIFS 3.1. Objectif
général
Evaluer la rétention pondérale à la
6ème semaine du postpartum chez la noire congolaise et ainsi
contribuer à la prévention de l'obésité et de ses
co-morbidités dans notre milieu.
3.2. Objectifs spécifiques
+ Déterminer le taux de femmes concerné par la
rétention pondérale en postpartum dans notre milieu ;
+ déterminer le niveau moyen de cette rétention;
+ identifier les facteurs et les comportements à risque
associés à cette rétention;
Chapitre I : GENERALITES
I.1.L'obésité
I.1.1.Définition de l'obésité
L'obésité correspond à un excès de
masse grasse pouvant avoir des conséquences néfastes pour la
santé. Officiellement reconnue comme maladie depuis 1985, elle se
caractérise par une augmentation de poids et notamment du tissu adipeux
résultant d'un déséquilibre entre les apports et les
dépenses énergétiques (24).
Pour évaluer la masse grasse chez l'adulte,
l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) recommande l'utilisation de
l'indice de masse corporelle (IMC) ou indice de Quételet, défini
par le rapport entre le poids (en kilogrammes) et la taille (en mètre)
élevée au carré. Ainsi, le surpoids et
l'obésité sont respectivement caractérisés par un
IMC compris entre 25 et 29,9 kg/m2 et supérieur ou
égal à 30 kg/m2 (Tableau I). De plus, une
classification en trois grades selon la sévérité de
l'obésité a été définie (Tableau I).
Récemment, deux grades supplémentaires d'obésité
ont été décrits et correspondent à la «
super-obésité » (50 = IMC < 60 kg/m2) et à la
« super-super-obésité » (IMC = 60 kg/m2) (28, 29).
Tableau I : Classification des adultes en fonction de
l'IMC selon l'OMS (28)
Classification
|
IMC (kg/m2)
|
Poids normal
|
18,5 - 24,9
|
Surpoids
|
25 - 29,9
|
Obésité modérée, grade I
|
30 - 34,9
|
Obésité sévère, grade II
|
35 - 39,9
|
Obésité morbide, grade III
|
= 40
|
I.1.2. Complications gravidiques chez la femme
obèse
L'état nutritionnel maternel avant et pendant la
grossesse exerce une influence considérable sur son déroulement,
sur le développement foetal, sur l'état de santé du
nouveau-né et le devenir de l'enfant.
Les complications associées à
l'obésité maternelle sont classées en deux groupes :
celles qui affectent la mère et celles qui concernent le foetus, le
nouveau-né et le développement de l'enfant (tableau II).
Tableau II. Principales complications de la grossesse
chez la femme obèse (30)
Conséquences maternelles Conséquences chez
l'enfant
Diabète gestationnel Macrosomie
Hypertension Dystocie de l'épaule et risque de
lésion du plexus
brachial
Pré-éclampsie Anomalie de fermeture du tube neural
(Spina bifida)
Apnées du sommeil Malformations cardiaques
Dystocies Mort foetale in utero
Complications infectieuses Obésité ultérieur
de l'enfant
Thrombo-embolie
Diabète de type 2 ultérieur
I.2.Variations pondérales chez la femme
Globalement, la prévalence de l'obésité
tend à être plus importante chez la femme que chez l'homme dans la
plupart des études (31-34). Intrinsèquement, à poids
égal, la composition corporelle diffère entre les deux sexes; la
femme ayant alors une masse grasse plus importante que l'homme de même
poids et de même taille, soit respectivement 20 à 25 % et 15
à 20 % de la masse corporelle chez l'adulte jeune. La dépense
énergétique (et donc les besoins énergétiques) de
la femme sont moindres, de l'ordre de 3 à 7,5 %, même après
avoir pris en compte les différences de composition corporelle et ceci
apparaît dès la puberté.
La grossesse est une période classique de modifications
hormonales, de gain de poids et de gain de masse grasse. La
répétition des grossesses est un facteur de risque notable,
puisque le gain de poids moyen est supérieur à 10 kg après
plus de trois grossesses. C'est ainsi que la grossesse est souvent (50 à
80 % des cas) évoquée par les femmes obèses comme la
circonstance déclenchante (35).
I.3.Prise de poids pendant la grossesse
La grossesse est un état physiologique au cours duquel
des modifications sont portées sur tous les systèmes de
l'organisme. Plusieurs mécanismes d'adaptation se mettent en place
dès le début de la grossesse, de façon anticipée
pour assurer la croissance et le développement du foetus et maintenir
l'homéostasie de l'organisme, puis pour préparer l'allaitement.
Ces ajustements physiologiques sont, entre autres, une augmentation du volume
plasmatique qui est la conséquence d'une rétention
hydro-sodée (36), l'augmentation des masses grasse et non grasse, et les
modifications du métabolisme de base (37, 38). On observe aussi une
adaptation du métabolisme glucidique par réduction de la
sensibilité à l'insuline et augmentation de la
néoglucogenèse qui assure
75% de la production de glucose. La sécrétion
d'hormones par le placenta (oestrogènes, progestérone,
leptine) joue un rôle important dans ces adaptations physiologiques et
influence le métabolisme des nutriments.
L'ensemble de ces changements a pour principale
conséquence, une augmentation de la prise de poids maternelle (39). Au
total, la prise de poids en fin de grossesse se situe entre 9 et 12 kg pour une
femme avec état nutrionnel normal (IMC entre 19 et 24). Cette prise de
poids comprend en moyenne :
i' 5 kg de tissus nouveaux : foetus, placenta et liquide
amniotique,
i' 3 kg de tissus dont la masse augmente : utérus, sein,
liquide extracellulaire,
i' 4 kg de dépôts lipidiques.
I.3.1. Augmentation de la masse non grasse
Elle porte sur les tissus maternels influencés par les
fluctuations hormonales de la grossesse. Il s'agit principalement des seins et
de l'utérus. La prise pondérale non grasse des seins est
liée à la prolifération des canaux galactophores, à
l'hypertrophie glandulaire et à la production lactée.
L'augmentation de la taille de l'utérus est
proportionnelle à l'âge gestationnel et aux mensurations foetales.
Ces changements s'expliquent par l'effet de la progestérone et des
oestrogènes qui induisent une hypertrophie musculaire avec apparition de
fibres néoformées et une transformation des fibres conjonctives
du chorion (39).
I.3.2. Augmentation de la masse grasse
Les dépôts lipidiques dans le tissu adipeux
augmentent et constituent une grande réserve d'énergie qui sera
utilisée à la fin de la grossesse et pendant l'allaitement. En
début de grossesse, la prise de poids maternelle est indépendante
du gain de poids du foetus ce qui permet un stockage de lipides dans le tissu
adipeux maternel qui seront libérés au 3ème trimestre.
Les lipides totaux et le cholestérol total passent
respectivement de 5-8g/l et 1,6g/l en début de grossesse à
12-15g/l et 2,5g/l à terme. Tout ceci s'associe à une
élévation continue du taux d'acides gras libres, de
triglycérides, de lipoprotéines et de phospholipides qui
atteignent 0,096 g/l en fin de grossesse (40). Les triglycérides
retournent aux taux antérieurs en 6 semaines environ et le
cholestérol en 8 semaines environ après l'accouchement.
I.3.3. GPG en fonction de l'IMC d'après les
recommandations de l'IOM
Les modifications physiologiques inhérentes à la
grossesse invalident l'interprétation de l'IMC chez les femmes
enceintes. Le statut pondéral des femmes enceintes est donc
défini avec les paramètres pré-gravidiques. L'institut de
Médecine (Institute of Medicine) a établi des recommandations
concernant la prise de poids pendant la grossesse en fonction de l'IMC
pré-gravidique (Tableau III) (41).
En général, un gain de gestationnel de 12-14
kilogrammes (42) correspond à un gain en graisse de 4-6 kg. Toute prise
de poids supplémentaire est faite de masse grasse.
TABLEAU III : RECOMMANDATIONS DE PRISE DE POIDS AU COURS
DE LA GROSSESSE
IMC pré-grav. en kg/m2
|
Recommendations de l'IOM (Kg)
|
<18,5
|
12,5-18
|
18,5-24,9 (normal)
|
11,5-16
|
25-29,9 (surpoids)
|
7-11,5
|
= 30 (obésité)
|
Au moins 7
|
I.4.Evolution pondérale en post-partum I.41. Perte
de poids en post-partum
Après l'accouchement, pour certains auteurs, il est
traditionnellement admis que les femmes reviennent à leur statut
pondéral pré-gravidique autour de la 6ème
semaine de post-partum (43, 44) ; pour d'autres, les femmes devraient retourner
à leur poids pré gravidique entre 6 semaines et 6 mois du
post-partum (45-47).
La cinétique du changement de poids durant les 6
premières semaines du postpartum n'est pas linéaire avec de
grandes pertes initiales de poids pendant les premières 2 à 3
semaines suivi d'une évolution pondérale en plateaux
jusqu'à la 6 semaine (48).
Dans une méta-analyse sur l'histoire naturelle de la
rétention pondérale en postpartum et l'estimation de son
évolution en fonction du temps jusqu'à une année
après l'accouchement, Schmitt NM et al. (49) ont constaté une
décroissance de la rétention pondérale moyenne
jusqu'à un an du post-partum. En effet, cette rétention moyenne
est passée de 2,42 Kg à la 6ème semaine
à 1,14 Kg au 6ème mois et enfin à 0,46 Kg un an
après l'accouchement. Ils ont également constaté qu'une
nouvelle augmentation de poids était possible en fonction du style de
vie adopté par la femme en post-partum.
En se basant sur la littérature, Walker (50) a
proposé un modèle de perte de poids dans les premières
semaines après l'accouchement pouvant expliquer en parti pourquoi la
plupart des femmes n'atteignent pas leur poids pré-gravidique à
la 6ème semaine du post-partum. En effet, une femme de poids
pré-gravidique normal avec GPG conforme aux recommandations de l'IOM
(1990) (13,75 kg par exemple) peut maintenir environ 4,75 kg après
l'expulsion du produit conception (5 kg), les premières pertes de
liquide et la régression du volume des tissus non gras (4 kg) pendant
les 2 première semaines de postpartum (12, 51, 52). Le poids restant est
en grande partie fait de dépôt de graisse (52). Or, Lawrence et
al. (53) ont rapporté que des dépôts de graisse dans la
période précoce de postpartum sont perdus au taux de 0,25 kg par
semaine. Il faudra donc environ 19 semaines pour perdre 4,75 kg restants.
I.4.2. Rétention pondérale en post-partum
Plusieurs études ont désigné la grossesse
comme cause de l'obésité chez certaines femmes.
Au Brésil, où l'obésité est un
problème important de santé publique (54,55), Monteiro (54) a
conclu que la rétention pondérale en post-partum semble
pertinente, bien qu'il n'ait pas été suffisamment
étudiée dans la population brésilienne (55-57).
En Finlande, 41% des femmes âgées de 15-64 ans
étaient en surpoids ou obèses en 2006 (58). Pour la plupart
d'entre elles, la grossesse est un facteur déclenchant à long
terme le surpoids et l'obésité(58). La rétention
pondérale moyenne en post-partum varie de 0,5 kg à 3 kg dans les
différentes études mais cette rétention semble être
très variable, certaines femmes conservant jusqu'à 17,7 kg
(14).
En Suède, une étude longitudinale portant sur
environ 1500 femmes a enregistré 12 mois après l'accouchement une
rétention pondérale moyenne de 0,5 kg. Cependant, 1,5% de ces
femmes ont retenu plus de 10 kg, 13 % d'entre elles entre 5 et 10 kg, et 56 %
entre 0 et 5 kg(15). Selon une autre étude dans une clinique
d'obésité de Stockholm, 40-50 % des femmes (#177; d'âge
moyen 47,8 + ou - 10,7 ans) ont attribué le point de départ de
leur obésité à la grossesse, et 73% ont rapporté
une conservation de 10 kg après la grossesse (2, 59).
Aux USA certaines études ont montré que pour la
majorité de femmes, la rétention pondérale moyenne 6-18
mois après l'accouchement varie de 1 à 2 kg (12). Cependant, au
moins 14-20% des femmes avaient une RPP moyenne de plus de 5 kg plus 6-18 mois
de postpartum après l'accouchement (16, 7, 8, 60).
I.4.3.Facteurs influençant la rétention
pondérale en post-partum
La rétention pondérale en postpartum est
très probablement due à une combinaison de plusieurs facteurs
tels que les habitudes alimentaires, un manque d'activité physique,
l'allaitement au sein, l'arrêt du tabagisme, l'indice de masse corporel
pré-gravidique et la parité (12). Cependant, pour chacun de ces
facteurs, des résultats contradictoires sont retrouvés dans la
littérature concernant leur association avec la RPP.
I.4.3.1. Etat nutritionnel (IMC) pré- gravidique
Gunderson (11), dans son étude sur
l'épidémiologie du gain pondéral gravidique et de
l'évolution pondérale en post-partum en1999, a noté que
certaines études (16, 7, 8, 11, 61, 62, 63) ont rapporté des
associations directes rapporté entre l'IMC pré- gravidique et la
rétention pondéral en postpartum, d'autres études (64, 65,
66) n'en n'ont rapporté aucune. En outre, les femmes qui sont en
surpoids ou obèses avant la grossesse ont souvent une rétention
pondérale en post-partum plus importante (16, 7, 67, 68).
En 2001 (69), une autre étude de cohorte à San
Francisco (U.S.A), chez des femmes qui ont eu 2 accouchements entre 1980 et
1990, a conclu que l'IMC pré-gravidique n'influence pas la
rétention pondéral 6ème semaine après le
1ère accouchement mais influence plutôt le post-partum
éloigné (juste avant la 2ème grossesse).
I.4.3.2.L'allaitement exclusif au sein
La durée et l'intensité de l'allaitement
exercent une influence importante sur les besoins nutritionnels et
énergétiques maternels pour la production laitière. La
masse grasse est stockée pendant la grossesse en vue de la croissance
foetale d'une part, et d'autre part pour la production du lait en post-partum
(40).
Dans la revues de Gunderson (11), pour certaines études
(70, 71) l'allaitement au sein augmente la perte de poids après
l'accouchement, tandis que pour d'autres (72, 73) il n'a aucune influence.
Lovelady en 2000 (74), dans son essai randomisé chez
les femmes en surpoids aux USA, a noté que la perte de poids
était approximativement de 0,5 kg par semaine entre la
4ème et la 14ème semaine chez les femmes en
surpoids qui allaitaient exclusivement au sein pendant cette période
sans que cela n'affecte la croissance de leurs enfants.
Kac au brésil en 2004 (75) a suivi une cohorte de
femmes vues à la 2ème semaine ainsi qu'au
2ème ,6ème et 9ème mois
du post- partum. Ces résultats soutiennent l'hypothèse d'une
association entre l'allaitement au sein et la RPP et suggèrent
qu'encourager l'allaitement prolongé pourrait contribuer à la
réduction de la RPP.
Baker en 2008 (76) dans une étude de cohorte au
Danemark a suggéré qu'une fois combiné avec des valeurs du
GPG d'environ 12 kg, l'allaitement exclusif tel que
recommandé pourrait éliminer la rétention
pondérale au 6ème mois du postpartum chez beaucoup de
femmes.
Par contre, Haiek en 2001 (77) a noté qu'au
9ème mois du post-partum, l'allaitement au sein n'avait pas
d'influence sur la perte de poids même si ses résultats ne
pouvaient pas exclure les effets de l'allaitement sur le poids en
post-partum.
I.4.3.3. La Race
Gunderson (11) a noté que plusieurs études ont
rapporté une plus grande RPP chez les femmes les noires comparées
aux blanches (16, 7, 60, 61). Ces résultats suggèrent que la
différence de poids en post-partum entre les femmes noires et blanches
en âge de procréer ne peut pas être attribuée
à la grossesse elle-même mais plutôt aux différences
dans le déroulement de la grossesse et, probablement, le gain
pondéral gravidique entre autres facteurs.
I.4.3.4.La parité
L'influence de la grossesse sur le statut pondéral
maternel peut être plus grande après la première grossesse
(11). L'étude du CARDIA (1994, USA) a constaté des
différences dans la RPP selon la parité (9). En effet,
d'après les résultats de cette étude, l'augmentation du
poids liée à la grossesse se produit après la
première grossesse, mais pas après les grossesses suivantes.
Des résultats semblables ont été
rapportés dans une cohorte des mères d'Aberdeen suivies de 1954
à 1964. La majorité de femmes qui a gagné plus de 7,5 kg
entre les grossesses avaient eu un gain similaire après la
première grossesse (78).
D'autres études ont trouvé une plus grande
augmentation de poids moyen chez les multipares comparés à
primipares (12, 61). Ces études indiquent une moyenne de poids corporel
de postpartum plus élevé (de 1,3 - 1,5 kg) chez les multipares
comparé aux primipares (16, 61).
I.4.3.5. Autres facteurs de risques
Une variété d'autres facteurs sont susceptibles
d'influencer statut pondéral de la mère (11) notamment le niveau
socioéconomique, l'emploi, l'âge maternel, le niveau
d'instruction, l'activité physique, les apports caloriques,
l'arrêt du tabagisme (16, 8,
Begum F. et al. (87) dans étude de cohorte prospective
en 2012 au canada ont conclu que l'IMC pré-gravidique est un facteur
prédictif important du gain pondéral excessif
60, 79). Le temps de sommeil (80), et le temps passé
devant la télévision (3) ont également été
incriminés. Cependant, peu d'études ont évalué
l'influence de ces facteurs sur le changement de poids de post-partum, et la
plupart d'associations entre ces facteurs et les changements poids
étaient absents ou faibles.
Les changements de style de vie et d'habitudes alimentaires
sont sûrement difficiles à mesurer ; cependant, ces facteurs ne
peuvent pas être éliminés car ils ont une importante
influence sur les changements de poids de postpartum.
I.4.3.6.Gain pondéral gravidique
Dans son étude épidémiologique en 1999,
Gunderson (11) a identifié au moins six études qui ont
noté une corrélation positive statistiquement significative entre
le GPG et la RPP (8, 12, 60, 61, 64, 81).
En France en 2001, Boog montre qu'il existe un risque de
surcharge pondérale après l'accouchement en fonction du GPG(82).
En effet, lorsque la prise de poids dépasse 12,5kg il existe un risque
de rétention de masse graisseuse dans le post-partum.
Rooney B. et al. (USA, 2002), ont conclu que le GPG
était le facteur prédictif le plus important de la RPP et de
l'obésité à long terme mais que l'allaitement au sein et
l'exercice peuvent être salutaire pour réguler le poids à
long terme (83).
Kac dans une étude de cohorte au brésil en 2004,
a conclu que le GPG est le prédicteur le plus important de la
rétention pondéral en post-partum(66).
Amorim R. A. et al. dans une étude de cohorte à
Stockholm en 2007, ont noté une forte association entre le GPG et l'IMC
15 ans après l'accouchement(84).
Mamun A. et al. en Australie (2010), dans une étude
cohorte pendant 21 ans ont conclu que le GPG est un prédicteur de la RPP
et de l'obésité à long terme indépendamment
d'autres facteurs. (85).
Nehring et al. en 2011, dans une méta-analyse ont
noté qu'un gain pondéral conforme aux recommandations de l'IOM a
une forte association avec la RPP (86).
pendant la grossesse et qu'un GPG important prédispose
les femmes à la RPP, toutes catégories d'IMC confondues.
En bref, il est difficile de connaître les facteurs qui
prédisent à la RPP mais le GPG semble faire l'unanimité
dans littérature comme facteur déterminant de la RPP.
I.5. Mécanismes biologiques influençant
les changements de poids pendant et après la grossesse
Les niveaux de progestérone pendant la grossesse sont
responsables de la constitution des réserves de graisses pendant les
deux trimestres, et de leur mobilisation pendant le troisième trimestre.
L'excès de GPG et la RPP qui en résulte peuvent être
lié à une prédisposition génétique à
l'accumulation importante de tissu adipeux pendant la période de
procréation tandis que la grande variabilité dans les changements
de poids dus à la grossesse dans la population peut être
liée à une combinaison des facteurs biologiques et
environnementaux.
Un GPG important résulte d'un gain important en masse
grasse, et ce gain varie en fonction du poids pré-gravidique (52).
Le gain en masse grasse pendant la grossesse mesuré sur
base de la composition corporel à la 14ème semaine de
gestation a été estimé dans une grande cohorte de femmes
âgées de 18-36 ans avec GPG conforme aux recommandations de
l'IOM(89). Ces gains en masse grasse étaient de 6,0 #177; 2,6, 3,8 #177;
3,4, 3,5 #177;4,1, et - 0,6 #177; 4,6 kg respectivement pour les
catégories des femmes avec IMC insuffisant (maigreur), IMC normal,
femmes en surpoids, et femmes obèse, mais aucune différence du
gain en eau n'a été trouvé (88). Ces résultats
peuvent refléter des différences en GPG totale mais indiquent que
le gain en masse grasse varie considérablement, en particulier chez les
femmes enceintes en surpoids et obèses.
Les pertes en masses grasse dans le post-partum peuvent aussi
bien varier en fonction du GPG. En effet, chez les femmes blanches avec GPG
conforme aux recommandations de l'IOM, la médiane de rétention
était de 0,7 kg, contre une médiane de 2,2 kg chez les femmes
blanches avec GPG excessif dans le NMIHS (7).
I.6. Rôle de leptine plasmatique sur le GPG et la
RPP
La leptine est une hormone sécrétée par
le tissu adipeux et régulée par le gène
d'obésité (ob). Il est également produit dans le placenta,
ce qui suggère un rôle important au cours de la grossesse (89).
Les taux plasmatique de leptine sont élevés pendant la grossesse,
et ont une corrélation positive avec le gain pondéral
gestationnel (90). La leptine agit sur l'hypothalamus, centre de
régulation de l'appétit dans le cerveau et règle la taille
de la masse adipeuse par ses effets sur la prise alimentaire et
le métabolisme énergétique ; c'est une
"hormone de satiété". Chez l'homme, la leptine a une
corrélation positive avec la masse grasse et l'IMC ; en outre, il
répond à et peut être régulé par l'insuline
circulante. Les femmes ont des concentrations plasmatiques de leptine plus
élevée que celles des hommes (91, 92). Ceci suggère une
différence dans la résistance à l'action de leptine qui
peut avoir une explication dans les adaptations métaboliques chez la
femme pendant le cycle de la reproduction. D'où, l'existence potentielle
d'une influence de la leptine sur des facteurs comme gain pondéral
gestationnel et la rétention pondérale en post-partum. Les femmes
avec GPG excessif ont aussi un gain excédentaire en masse grasse
(92).
Un GPG excessif est associé à une RPP importante et
à une obésité future (16, 12). Stein et al. (90) ont
examiné la relation entre la leptine plasmatique du début de la
grossesse à son terme et les variations de poids subséquentes du
début de la grossesse (à 17 sem. de gestation) au
6ème mois du post-partum.
La concentration de leptine du début de la grossesse
(17ème sem.) prédit significativement la RPP à
la 6ème Sem. et aux 6ème mois du post-partum.
Ces résultats prédisent également un plus
grand risque de surpoids et obésité chez les femmes à
risques. En effet, un GPG excessif et une RPP peuvent résulter d'une
réduction de la sensibilité à l'action de la leptine.
CHAPITRE II. MATERIEL ET METHODES II.1.
MATERIEL
Type, cadre et période de
l'étude
Nous avons mené une étude de cohorte prospective
au sein maternités des Cliniques Universitaires et de l'Hôpital
Saint Joseph de Kinshasa. Le choix de ces structures est justifié du
fait du nombre élevé d'accouchements qui s'y pratiquent et/ou par
la capacité du personnel médical et paramédical à
participer à la recherche.
Cette étude a été menée du
1er octobre 2012 au 30 juin 2013, soit pendant une période de
9 mois.
Population d'étude
Notre population d'étude était constituée
de femmes qui ont suivi leurs consultations prénatales au sein des
structures sanitaires choisies pour l'étude et qui les ont
débutées au plus tard à la 20è semaine
d'aménorrhée. En effet, une étude locale (93) a
comparé les gestantes aux femmes non enceintes et a montré que
jusqu'à 20 semaine d'aménorrhée, les poids corporels de
ces 2 groupes de femmes étaient identiques et statistiquement
comparables.
Echantillonnage
1. Taille de l'échantillon
La taille de l'échantillon (n) de notre étude a
été calculée selon la formule de SCHWARTZ pour
l'estimation d'une proportion :
n = Zá 2pq
d2
n : taille minimale de l'échantillon
Z á : coefficient de confiance; c'est la
valeur de Z 1. á /2 pour un test bilatéral. Au
seuil de signification á = 5%, Z 1. á /2 = 1,96
;
p : proportion de la population cible ayant la
caractéristique étudiée, p est égal à 0,075
[7,5% = prévalence de l'obésité féminine en RDC
(25)] ;
q : proportion de la population cible n'ayant pas la
caractéristique étudiée
(q = 100 - p), donc 100 - 7,5= 92,5 soit 0,925;
d : degré de précision absolue voulue; en
général l'écart d'imprécision que l'on accepte est
de 0,05 et parfois de 0,02 ou 0,01. Il correspond à 0,05 pour cette
étude.
n
|
3
|
(1,96) 2 0,075 0,925) x x
Þ
|
n31 06,6
|
(0,05)2
Ainsi la taille minimale de notre échantillon a
été calculée à 107 participantes que nous avons
majorées de 20% (128) pour pallier aux pertes de vues inhérentes
aux études de cohortes.
2. Type d'échantillonnage et mode de
recrutement
Nous avons constitué un échantillon de
convenance (exhaustive) des gestantes venues en consultation prénatale
et répondant à nos critères d'inclusion pendant la
période d'étude. Ensuite, après leur avoir expliqué
l'objet de notre travail, nous avons requis leur accord verbal pour participer
à l'étude.
Ainsi, 199 femmes (soit 66 aux C.U.K et 133 à
l'hôpital St Joseph) répondant à nos critères
d'inclusion ont constitué notre population.
Sélection de la population 1. Critères
d'inclusion
- Habiter Kinshasa pendant la période d'étude;
- avoir débuté les CPN au plus tard à la
20ème semaine d'aménorrhée;
- les avoir suivies régulièrement et avoir
accouché à terme dans les maternités retenues pour
l'étude;
- se présenter au rendez-vous de la 6ème
semaine en post-partum.
2. Critères d'exclusion
- Absence de données rendant impossible le calcul de l'IMC
(poids à la 1ère CPN) ;
- présence d'une maladie chronique non transmissible
antérieure à la grossesse : l'hypertension artérielle,
diabète, cardiopathie, etc. ;
- absence au rendez-vous de la 6ème semaine;
- présence d'une maladie en postpartum pouvant
influencer l'évolution pondérale. Matériel
nécessaire à l'étude
- Des fiches préétablies pour la collecte des
données;
- des balances pèse-personne pour adulte de marque SECA
de 1 gr de précision pour la prise du poids corporel;
- des toises incorporées pour adultes de 1 cm de
précision pour la mesure de la taille; - des balances pour
nouveau-né de marque DETECTO avec 0,1 gr de prise du poids de
naissance.
II.2. METHODES
Collecte des données
Le recrutement des femmes s'est déroulé au cours
des CPN dans les 2 structures sanitaires retenues. Les gestantes ayant
débuté les CPN au plus tard à 20 semaines
d'aménorrhée ont été soumises à nos
questionnaires d'enquêtes et leurs réponses ont été
complétées par l'étude des dossiers à l'aide de nos
fiches d'étude des dossiers. Celles qui présentaient des
pathologies cardiovasculaires et métaboliques avérées ont
été exclues. Les femmes restantes ont été revues en
salle de naissance puis à la 6ème semaine après
l'accouchement.
Nous avons choisi de revoir les accouchées la
6ème semaine du post-partum car c'est à cette
période que s'achèvent les soins périnataux de la
mère et au cours de laquelle s'effectue le retour physiologique vers
l'état non gravide de tous les organes ayant subi des modifications
gravidiques.
- la parité: elle a été définie
comme le nombre de grossesses qui avaient atteint 28 semaines au moins et
quelle qu'en soit l'issue. Selon le nombre de ces grossesses, la
Les variables d'intérêts ont été
prélevées à l'aide de nos fiches d'enquêtes (annexe
1 et annexe 2) au recrutement, à terme ou en salle de naissance et enfin
à la 6ème semaine du post-partum.
Variables d'intérêts
1. Variables maternels
1.1. Variables sociodémographiques
:
Âge, niveau socioéconomique défini selon
l'indice d'API, état civil, niveau d'instruction, province d'origine,
résidence (adresse), profession.
1.2. Variables cliniques:
- Le poids pré gravidique: valeur
prélevée au plus tard à la 20ème semaine
d'aménorrhée sur une balance électronique chez une
participante déchaussée et légèrement
habillée ;
- la taille: valeur prélevée à l'aide
d'un instrument de longueur fixé sur un mur chez une personne
déchaussée ;
- l'indice de Masse Corporel (IMC) pré-gravidique:
rapport entre le poids pré-gravidique (en kg) par la taille (en cm) au
carré;
- le poids à terme : c'est la valeur
prélevée à terme (37- 42 semaines
d'aménorrhées) sur une balance électronique après
que la participante soit montée dessus déchaussée et
légèrement habillée ;
- le gain pondéral gravidique: il a été
défini comme la différence entre le poids pré-gravidique
de chaque femme, et son poids corporel à terme;
- la rétention pondérale à la
6ème semaine du postpartum a été définie
comme la différence entre le poids pré-gravidique de chaque femme
et son poids prélevé à la 6ème semaine du
postpartum ;
primipare était celle qui en avait eu une et la
multipare était celle qui en avait au moins 2.
1.3. Variables comportementales:
Activité physique, allaitement exclusif au sein.
2. Variable néonatale
Poids de naissance: les nouveau-nés avec un poids de
naissance inférieur à 2500 g, étaient
considérés comme ayant un faible poids de naissance; ceux avec
plus 3999g comme macrosomes ; et ceux avec un poids compris entre 2500 et 3999g
comme ayant un poids normal.
Définitions opérationnelles -
Activité physique
Le guide pour adulte (U.S.A, 2008) (94), fondé sur les
recommandations concernant l'activité physique, considère la
marche comme une activité physique.
C'est ainsi que l'OMS, pour réduire la charge du
surpoids et de l'obésité, recommande de marcher
régulièrement pendant 60 minutes par jour pour un enfant et 150
minutes par semaine pour un adulte (95). Nous avons ainsi
considéré comme ayant une activité physique toutes les
femmes qui ont affirmé pratiquer la marche 40 minutes par jour et au
moins 4 jours par semaine.
- le niveau socioéconomique a été
défini selon l'indice d'API (assetes poverty index) qui a
été calculé de la manière suivante:
API élevé: eau courante dans le
ménage, électricité, toilette interne, et chacun de quatre
biens de consommation (radio, télévision,
réfrigérateur et véhicule); API moyennement
élevé: tout genre de source d'eau potable et non potable
autre que l'eau de surface ; peut ou ne peut pas avoir la toilette interne ;
peut ou ne peut pas avoir l'électricité ; au moins deux de quatre
biens de consommation (radio, télévision,
réfrigérateur et véhicule);
API moyen (catégorie
résiduelle): toute combinaison de source d'eau, de toilette, de
l'électricité, des biens de consommations qui est plus grande que
ceux qui sont définis par l'API bas, mais de moins que ceux qui sont
définis par l'API moyennement élevé;
API bas : l'eau de surface est
utilisée comme eau potable et non potable, pas de toilette, pas
d'électricité ni aucun des biens de consommation (radio,
télévision, réfrigérateur et véhicule).
Analyses statistiques
Les données ont été saisies sur
ordinateur avec le logiciel Microsoft Office Excel® 2007.
Après contrôle de qualité et vérification de la
cohérence, les données ont été exportées sur
logiciel SPSS (Statistical Package for Social Sciences) 18.0 pour les analyses.
Des proportions ainsi que leurs intervalles de confiance ont été
calculées pour toutes les variables catégorielles et la moyenne
et l'écart-type pour les variables quantitatives. La médiane a
été utilisée pour les variables dont les mesures autour de
la moyenne ont eu une dispersion importante.
La comparaison des proportions a été faite
à l'aide du test de Khi-carré et celles des moyennes à
l'aide du test t de student et l'analyse des variances (One-way ANOVA). Le
calcul du risque relatif (RR), a été utilisé pour
évaluer l'association des facteurs incriminés à la
rétention pondérale en post-partum.
Ces analyses statistiques ont été menées au
seuil de signification de 0,05. Considérations
éthiques
Le projet a été présenté devant le
staff du Département de gynécologie obstétrique, et
approuvé par la faculté.
Chaque patiente a été informée du
déroulement de l'étude, de son but, du bénéfice et
du caractère confidentiel des informations qui ont été
recueillies.
Le recrutement s'est effectué sur base d'un
consentement libre et éclairé. Les interviews ont
été menées dans le respect strict de la dignité
humaine et de la confidentialité sur base d'un questionnaire qui
était administré à huis clos.
L'équipe a été ténue au secret
professionnel pour tout ce qui concerne les informations recueillies au cours
de cette étude. Après remplissage, les fiches de collecte des
données ont été remises à l'investigateur principal
qui les a gardées en sécurité sous clef jusqu'à la
fin de la collecte des données. Après que toutes les
données aient été collectées et que le processus de
nettoyage de la base de données ait été achevé,
tous les dossiers de malades ont été gardés sous clef dans
les services d'archivage des différentes maternités.
Seule l'équipe de recherche a eu accès aux
informations collectées. Après que toutes les données
aient été saisies et que le processus de nettoyage de la base de
données soit achevé, tous les questionnaires ont
été de nouveau gardés sous clef et seront détruites
après cinq ans.
Les informations obtenues sont publiées de manière
anonyme.
Chapitre III: RESULTATS
III.1.Caractéristiques sociodémographiques
des participantes
Le tableau IV nous décrit les caractéristiques
sociodémographiques des participantes.
Tableau IV. Paramètres socio
démographiques
|
|
|
|
Effectif (n)
|
%
|
Moy. #177; Ecart type
|
Age (ans)
|
|
|
|
< 20
|
8
|
4,0
|
|
20 - 29
|
92
|
46,3
|
29,7 #177; 5,7
|
30 - 39
|
90
|
45,2
|
|
= 40
|
9
|
4,5
|
|
Niveau d'instruction
|
|
|
|
Analphabète
|
1
|
0,5
|
|
Primaire
|
20
|
10,1
|
|
Secondaire
|
100
|
50,3
|
|
Universitaire
|
78
|
39,2
|
|
Etat Civil
|
|
|
|
Mariée
|
167
|
84,4
|
|
Célibataire
|
32
|
15,6
|
|
Niveau socioéconomique (API)
|
|
|
|
Elevé
|
32
|
16,1
|
|
Moyennement élevé
|
124
|
62,3
|
|
moyen
|
42
|
21,1
|
|
bas
|
1,00
|
0,5
|
.
|
Profession
|
|
|
|
Non
|
60
|
30,1
|
|
Oui
|
139
|
69,8
|
|
- pour l'âge, la moyenne de notre
population était de 29,7#177; 5,7 ans avec des extrêmes de 16 et
44 ans ; la majorité des enquêtées, soit 182 (91,5 %),
avait un âge compris entre 20 et 39 ans;
- pour le niveau d'instruction, la plupart
des participantes, soit 100(50,3%) avait atteint le niveau secondaire ou fait
des études de technique professionnelle;
- pour l'état civil, la grande
majorité de gestantes, soit 167 (84,4 %), était
mariée;
- pour le niveau socio-économique, la
majorité de nos enquêtées, soit 124 (62,3%), avait un
niveau moyennement élevé;
- concernant l'activité
professionnelle, la majorité, soit 139 (69,8%), avait une
activité professionnelle.
Type d'activité professionnelle
La figure 1 nous représente la répartition des
participantes à l'étude en fonction du type d'activité
professionnelle.
14,10%
2% 7,50%
46,20%
Sans emploi
30,20%
Informel Fonctionnaire Elève Etudiante
Figure 1. Type d'activité
professionnelle
S'agissant du type d'activité professionnelle, la
grande majorité des enquêtées, soit 92 (46,2%), oeuvrait
dans le secteur informel.
III.2.Caractéristiques cliniques
III.2.1. Paramètres anthropométriques
maternels et néonatals
Les paramètres anthropométriques maternels et
néonatals sont repris dans le tableau V. Tableau V.
Paramètres anthropométriques maternels et
néonatals
|
n
|
%
|
Moy. #177; Ecart type
|
Poids pré gravidique(Kg)
|
199
|
|
64,6#177;13,3
|
Poids à terme(Kg)
|
199
|
|
73,4#177;14,1
|
Taille(m)
|
199
|
|
1,62#177;0,06
|
IMC pré-grav. (Kg/m2)
|
|
|
|
< 18,5 (maigreur)
|
11
|
5,5
|
|
18,5-24,9(normal)
|
111
|
55,8
|
24,3#177;4,6
|
25- 29,9 (surpoids)
|
56
|
28,1
|
|
2 30 (obésité)
|
21
|
10,6
|
|
GPG IOM*
|
199
|
|
|
Insuffisant
|
117
|
58,8
|
|
Recommandé
|
52
|
26,1
|
8,8#177;3,9
|
excessif
|
30
|
15,1
|
|
Poids nouveau né(g) < 2500 (FPN) **
|
8
|
4
|
|
2500-3999(normal)
|
181
|
91
|
3219,4#177;443,8
|
2 4000 (Macrosome)
|
10
|
5
|
|
*GPG IOM : Gain Pondéral Gravidique en fonction des
recommandations de l'Institut Américain de Médecine
**FPN : Faible Poids de naissance
- le poids pré-gravidique (Kg)
des femmes a varié entre 42 et 109 Kg avec une moyenne de
64,6#177;13,3 Kg ;
- la taille (m) a varié entre
1,47 et 1,81 m avec une moyenne de 1,62#177;0,06 m ;
- l'Indice de masse corporel (IMC)
(Kg/m2) a varié entre 15 et 40 Kg/m2
avec une moyenne de 24,3#177; 4,6 Kg/m2 ; et les femmes avec
état nutritionnel pré-gravidique normal ont
représenté ensemble 55,8 %, soit 111 cas;
- le poids à terme(Kg) a
varié entre 48 et 124 Kg avec une moyenne de 73,4 #177; 14,15 Kg ;
- le gain pondéral gravidique (Kg)
a varié entre - 4 et 27Kg avec une moyenne de 8,8 #177;
3,9 Kg ; la majorité des gestantes, soit 117 (58,8%) ont eu un gain
pondéral gestationnel inférieur aux recommandations de l'IOM.
- Le poids des nouveau-nés(g)
a varié entre 2000 et 4800g avec une moyenne de 3219,4
#177; 443,8 g ; la majorité des nouveau-nés, soit 181 (91%) avait
un poids normal à la naissance.
III.2.2. Paramètres obstétricaux
Le tableau VI montre les paramètres obstétricaux de
nos enquêtées.
Tableau VI. Paramètres
obstétricaux
|
|
|
|
|
n
|
%
|
Moy. #177; ET
|
Parité
|
|
|
|
Primipare
|
75
|
37,7
|
2,58#177; 1,86
|
Multipare
|
124
|
62,3
|
|
Voie d'accouchement
|
|
|
|
Voie basse
|
142
|
71,4
|
|
césarienne
|
57
|
28,6
|
|
- la parité a varié
entre 1 et 13 avec une moyenne de 2,58 #177; 1,86; et la grande proportion
était représentée par les multipares, soit 124 (62,3 %)
cas;
- Concernant la voie d'accouchement,
la majorité des gestantes, soit 142 (71,4%) avait
accouché par voie basse ; le taux de césarienne dans notre
étude est de 28,6%.
*RPP : Rétention Pondérale en Post-partum
III.3. Style de vie en post-partum
Le tableau VII nous décrit le style de vie des
enquêtées après l'accouchement. Tableau VII. Style
de vie en post-partum
|
|
n
|
% Moy. #177;Ecart type
|
Allaitement exclusif
|
|
|
Non
|
86
|
43,2
|
Oui
|
113
|
56,8
|
Activité physique
|
|
|
Non
|
91
|
45,7
|
Oui
|
108
|
54,3
|
Total
|
199
|
100
|
- S'agissant de l'allaitement et de l'activité
physique, la plupart de nos accouchés ont affirmé
allaiter exclusivement au sein leur bébé (56,8%) et avoir repris
leur activité physique en post-partum (54,4%).
III.4. Evolution du poids en post- partum
L'évolution du poids des accouchés est
représentée dans le tableau VIII.
Tableau VIII. Evolution du poids en
post-partum
|
|
|
RPP 6è Sem.
|
Effectif (n)
|
Pourcent. (%)
|
Femmes avec RPP*
|
150
|
75,4
|
Femmes sans RPP
|
49
|
24,6
|
- Retour au poids
pré-gravidique
|
29
|
14 ,6
|
- En deçà du poids
pré-gravidique
|
20
|
10
|
Total
|
199
|
100,0
|
Sur les 199 femmes suivies dans notre étude 150 (75,4%)
ont eu une rétention de poids à la 6ème semaine
du post-partum, 29 (14,6%) ont retrouvé leur poids
pré-gravidiques et 20 (10%) ont eu un poids inférieur à
leur poids pré-gravidique.
III.5. Niveau moyen de rétention pondérale
à la 6ème sem. du post- partum
Le tableau IX nous montre le niveau moyen de rétention
pondérale en post-partum dans notre étude.
Tableau IX. RPP moyenne à la
6ème semaine du post-partum
n Min. Max. Moy. #177; ET Médiane
RPP(Kg)* 199 -5 17 3,14 #177; 3,597 3
RPP* : Rétention Pondérale en Post-partum
La rétention pondérale moyenne à la
6ème semaine du post-partum dans notre population
d'étude était de 3,14 #177; 3,597 Kg avec des extrêmes
allant de -5 à 17 Kg et une médiane de 3.
III.6. Facteurs associés à la
rétention pondérale à la 6ème semaine du
post-partum
III.6.1. Caractéristiques
sociodémographique
Le tableau X représente la rétention
pondérale moyenne à la 6ème semaine du
postpartum (RPP) en fonction des caractéristiques
sociodémographiques des enquêtées.
Tableau X. RPP moyenne en fonction des
caractéristiques sociodémographiques
|
n
|
Moy. #177; ET
|
Médiane
|
p
|
Age (ans)
|
|
|
|
0,47
|
< 20
|
8
|
1 #177; 1,773
|
1
|
|
20 - 29
|
92
|
4,15 #177; 3,928
|
3
|
|
30 - 39
|
90
|
2,65 #177; 3,005
|
2,35
|
|
= 40
|
9
|
2,76 #177; 3,463
|
3
|
|
Niveau d'instruction
|
|
|
|
0,83
|
Illettré
|
1
|
1
|
|
|
Primaire
|
20
|
2,90 #177; 2,827
|
2,50
|
|
Secondaire
|
100
|
3,18 #177; 3,834
|
2
|
|
Universitaire
|
78
|
3,20 #177; 3,551
|
3
|
|
Etat Civil
|
|
|
|
0,48
|
Mariée
|
167
|
3,22 #177; 3,555
|
3
|
|
Célibataire
|
32
|
2,73 #177; 3,838
|
2
|
|
Niveau socioéconomique (API)
|
|
|
|
0,04
|
Elevé
|
32
|
4,46 #177; 3,238
|
4,30
|
|
Moyennement élevé
|
124
|
3,15 #177; 3,741
|
3
|
|
moyen
|
42
|
2,15 #177; 3,177
|
2
|
|
bas
|
1,00
|
1
|
.
|
|
Profession
|
|
|
|
0,67
|
Non
|
60
|
3,30 #177; 3,104
|
3
|
|
Oui
|
139
|
3,07 #177; 3,798
|
2,70
|
|
Concernant les caractéristiques
sociodémographiques des enquêtées, seul le niveau
socioéconomique est significativement associé à la
rétention de poids 6 semaines après l'accouchement. La
comparaison des rétentions pondérales moyennes en fonction du
niveau socioéconomique montre que les femmes avec niveau
socioéconomique élevé ont une rétention de poids
supérieure à celles des niveaux moyennement élevé,
moyen et bas avec une différence statistiquement significative entre le
niveau socio-économique élevé et le niveau moyen
(0,000).
III.6.2. Caractéristiques cliniques III.6.2.1.
Paramètres obstétricaux
Le tableau XI montre la rétention moyenne de poids
après l'accouchement (RPP) en fonction des paramètres
obstétricaux.
Tableau XI. RPP moyen en fonction des paramètres
obstétricaux
|
n
|
Moy.#177;ET
|
Médiane
|
p
|
Parité
|
|
|
|
0,67
|
Primipare
|
75
|
2,76 #177; 3,837
|
2
|
|
Multipare
|
124
|
3,37 #177; 3,438
|
3
|
|
Voie d'accouchement
|
|
|
|
0,83
|
Voie basse
|
142
|
3,11 #177; 3,409
|
2,85
|
|
césarienne
|
57
|
3,22 #177; 4,058
|
3
|
|
A la 6ème semaine du post-partum, les
multipares ont une rétention de poids plus grande que les primipares; de
même les femmes qui ont accouché par césarienne ont retenu
plus de poids que celles qui ont accouché par voie basse mais la
différence entre ces groupes n'est pas statistiquement significative.
III.6.2.2. Paramètres anthropométriques
Le tableau XII illustre la rétention pondérale en
post-partum moyenne (RPP) en fonction des paramètres
anthropométriques maternels.
Tableau XII. RPP moyenne en fonction des
paramètres anthropométriques
|
n
|
Moy. #177; ET
|
Médiane
|
p
|
IMC pré grav. (Kg/m2)
|
|
|
|
0,141
|
< 18,5
|
11
|
2,15 #177; 3,751
|
2
|
|
18,5 - 24,9
|
111
|
3,34 #177; 3,581
|
3
|
|
25 - 29,9
|
56
|
2,94 #177; 3,529
|
2,80
|
|
= 30
|
21
|
3,16 #177; 3,920
|
3
|
|
GPG*
|
|
|
|
0,000
|
GPG insuffisant
|
117
|
2,15 #177; 2,032
|
|
|
GPG recommandé
|
52
|
4,15 #177; 3,923
|
|
|
GPG excessif
|
30
|
5,26 #177; 5,011
|
|
|
*GPG : Gain Pondéral Gravidique
S'agissant des paramètres anthropométriques,
nous notons une association statistiquement significative (p = 0,000) entre la
rétention pondérale à la 6ème semaine du
post-partum et le gain pondéral gravidique.
Par ailleurs, la comparaison des moyennes de poids retenus en
fonction du GPG selon les recommandations de l'IOM montre une différence
statistiquement significative entre d'une part les femmes avec gain
pondéral gravidique inférieur aux recommandations de l'IOM, et
d'autre part, celles avec GPG conforme ainsi que celles avec GPG
supérieurs aux recommandations de l'IOM (p = 0,000).
III.6.3. Comportements en post-partum
Le tableau XIII représente la rétention
pondérale en post-partum moyenne (RPP) en fonction du style de vie des
accouchés.
Tableau XIII. RPP moyenne en fonction du style de vie en
post-partum
|
n
|
Moy.#177; ET
|
Médiane
|
p
|
Allaitement exclusif
|
|
|
|
0,260
|
Oui
|
113
|
2,89 #177; 3,222
|
2,60
|
|
Non
|
86
|
3,47 #177; 4,032
|
3
|
|
Activité physique
|
|
|
|
0,682
|
Non
|
91
|
3,03 #177; 3,590
|
|
|
Oui
|
108
|
3,24 #177; 3,616
|
|
|
Aucun de ces facteurs n'est significativement associé
à la rétention pondérale 6 semaines après
l'accouchement; néanmoins, s'agissant de l'allaitement aux seins, les
femmes qui pratiquent un allaitement exclusif retiennent moins de poids que
celles qui ne le font pas ; bien que la différence entre ces 2 groupes
n'est pas statistiquement significative.
Un GPG supérieur aux recommandations de l'IOM multiplie
par 2 le risque de rétention pondérale en post-partum (RR : 2,073
; IC95% : 1,091 - 4,167).
III.6.4. Risque de rétention pondérale
à la 6ème semaine du post-partum
Le tableau XIV montre le risque de rétention
pondérale à la 6ème semaine du postpartum (RPP)
en fonction de certains paramètres maternels.
Tableau XIV : Risque de RPP à la
6ème semaine associé aux différents
facteurs
Facteurs
|
RPP
|
n (%)
|
RR
|
IC 95%
|
P
|
|
RPP +
|
RPP -
|
|
|
|
Age
|
|
|
|
|
|
< 30 ans
|
79/100 (79)
|
21/100(21)
|
0,674
|
0,352 - 1,292
|
0,234
|
Parité
|
|
|
|
|
|
Multipare
|
96/124 (77,4)
|
28/124(22,6)
|
1,333
|
0,691 - 2,51
|
0,391
|
Etat civil
|
|
|
|
|
|
Mariée
|
126/167(75,5)
|
41/167(24,5)
|
1,024
|
0,427 - 2,456
|
0,957
|
Profession
|
|
|
|
|
|
Non
|
49/60 (81,2)
|
11/60(18,8)
|
1,676
|
0,789 - 3,558
|
0,177
|
Niveau socioéco
|
|
|
|
|
|
API 1et 2
|
119/156(76,3)
|
37/156(23,7)
|
0,803
|
0,375 - 1,72
|
0,53
|
IMC pré-grav.
|
|
|
|
|
|
Surpoids et obèse
|
56/77 (72,7)
|
21/77(27,3)
|
0,794
|
0,412 - 1, 530
|
0,492
|
GPG/ IOM*
|
|
|
|
|
|
= IOM
|
68/82 (82,9)
|
14/82(17,1)
|
2,073
|
1,091 - 4,167
|
0,039
|
Voie d'accouchement
|
|
|
|
|
|
Césarienne
|
40/57 (70,2)
|
17/57(29,8)
|
1,461
|
0,732 - 2,915
|
0,281
|
Allaitement exclusif
|
|
|
|
|
|
Non
|
64/86 (74,4)
|
22/86 (25,6)
|
0,913
|
0,471 - 1,748
|
0,785
|
*GPG/ IOM : Gain pondéral Gravidique en fonction des
recommandations de l'Institut Américain de Médecine.
Ce tableau montre que 82,9% des femmes avec GPG supérieur
aux recommandations de l'IOM ont eu une rétention pondérale en
post-partum.
III.7. Evolution des effectifs dans les catégories
d'IMC entre la période pré-gravidique et la 6ème
semaine du postpartum
Le tableau XV représente l'évolution des effectifs
en fonction catégories d'IMC de la période pré-gravidique
à la 6ème semaine du post-partum.
Tableau XV. Evolution des effectifs dans les
catégories d'IMC entre la période pré-gravidique et la
6ème semaine du postpartum
IMC (Kg/m2)
|
Pré-gravidique n (%)
|
6ème Sem. n (%)
|
p
|
< 18,5
|
11 (5,5)
|
6 (3,0)
|
0,3
|
18,5-24,9
|
111 (55,8)
|
99( 49,7)
|
0,2
|
25- 29,9
|
56 ( 28,1)
|
57(28,6)
|
0,9
|
= 30
|
21 (10,6)
|
37(18,6)
|
0,03
|
TOTAL
|
199(100)
|
199 (100)
|
|
Lorsqu'on compare les effectifs dans les différents
groupes d'IMC pré-gravidique et à la 6ème
semaine du post-partum, on note que la fréquence des femmes
obèses (IMC = 30 Kg/m2) est passée de 21 (10,6%) avant
la grossesse à 37 (18,6%) à la 6ème semaine du
post-partum avec une différence statistiquement significative
(p=0,03).
L'incidence de l'obésité à la
6ème semaine du post-partum dans notre étude est donc
de 8%.
Chapitre IV : DISCUSSION
La présente étude avait pour objectif de
déterminer la fréquence des accouchées avec
rétention de poids à la 6ème semaine du
post-partum; de déterminer le niveau de cette rétention,
d'identifier les facteurs ainsi que les comportements à risque qui y ont
été associés et de déterminer la proportion des
femmes obèses 6 semaines après l'accouchement.
IV.1.Taille de l'échantillon
Notre échantillon était constitué de 199
accouchées. Cet effectif est comparable à ceux d'autres auteurs
qui ont travaillé sur la rétention pondérale à la
6ème semaine du post-partum dans d'autres milieux à
travers le monde. En effet, Monvit T. et al. (96) en 2010, ont
étudié la rétention pondérale en post-partum chez
155 thaïlandaises; Althuizen E.et al. (97) en Hollande, en 2011, ont
étudié le comportement en postpartum comme facteur
influençant le changement de poids jusqu'à une année
après l'accouchement chez 118 accouchées.
Tableau XVI. Taille de la population dans les
études sur la RPP à la 6ème Semaine
Années
|
Pays
|
Auteurs
|
Effectifs
|
1986
|
USA
|
Olsen et Mundt (98)
|
182
|
2007
|
Bénin
|
Fiossi Ke (99)
|
104
|
2008
|
Thailande
|
Monvit T. (96)
|
155
|
2011
|
Hollande
|
Althuizen E. (97)
|
118
|
2013
|
RDC
|
Notre étude
|
199
|
Comme nous le constatons, la taille de notre
échantillon correspond bien à celles d'autres études
réalisées à travers le monde; ceci nous donne la
possibilité de confronter nos résultats aux leurs.
IV.2.Caractéristiques de la population
d'étude
IV.2.1. Etat nutritionnel avant la grossesse et à
la 6ème semaine du post-partum
Il a été évalué par l'indice de
masse corporelle (IMC) ou indice de Quételet, défini par le
rapport entre le poids (en kilogrammes) et la taille (en mètre)
élevée au carré. L'IMC pré-gravidique dans notre
étude a varié entre 15 et 40 Kg/m2 avec une
moyenne de 24,3#177;4,6Kg/m2. . Cette moyenne
est comparable à celles obtenues par d'autres études
réalisées à Kinshasa. En effet, elle se rapproche de la
moyenne de 22,6 Kg/m2 trouvée chez les femmes par Longo et
al. (26) en 2006 dans une enquête sur les facteurs de risque des
maladies non transmissibles à Kinshasa. Elle se
rapproche également de 23,2 #177; 5,3Kg/m2 obtenue par
Mbungu et al. (93) en 2007 dans son étude sur l'évolution de la
composition corporelle et du métabolisme basal au cours de la grossesse
chez la noire congolaise de Kinshasa; de 24,2 #177; 4,8Kg/m2 obtenue
par Makawani (100) en 2010 dans son étude sur le gain pondéral
gravidique dans une population obstétricale de Kinshasa; ainsi que de
22,18 #177; 3,57 kg/m2 obtenue par Lokomba (101) en 2012 dans son
étude sur les courbes de croissance d'une population foetale à la
maternité de
Kingasani. Notons en outre qu'un IMC moyen similaire, de 24,72
#177; 6,3 kg/m2, a été observé au Cameroun
par Assembe (102) en 2009 dans son étude sur l'évaluation de la
prise pondérale chez la femme enceinte à Yaoundé.
Avant la grossesse, 5,5% des enquêtées
étaient maigres, 55,8 % avaient un état nutritionnel normal,
28,1% étaient en surpoids et 10,6 % étaient obèses. Six
semaines après l'accouchement, les proportions des femmes maigres et
celles avec état nutritionnel normal ont régressé pour
passer respectivement à 3,3 % et 49,7% ; par contre celles des femmes en
surpoids et obèses ont progressé avec respectivement 28,6 % et
18,6%.(Figure 2)
40
60
50
30
20
10
0
5,5
Maigre Normal Surpoid Obésité
3,3
49,7
55,8
28,6
28,1
18,6
10,6
Pré-grav. 6è Sem. PP
Fig.2. Evolution des effectifs par catégories
d'IMC de la période pré-gravidique à la
6ème semaine du post-partum
Nous constatons donc une forte croissance de la proportion des
femmes obèses (IMC = 30 Kg/m2) avec une incidence de 8%.
Cette observation a également été faite par Tzu-ting et
al. (103) en 2010 dans une étude sur l'effet du poids corporel d'avant
la grossesse sur le GPG et la RPP 6 mois après l'accouchement chez les
thaïlandaises. Dans cette étude, la fréquence du surpoids et
de l'obésité est passée de 18,27% avant la grossesse
à 27,5% au 6ème mois du post-partum.
Nos résultats confirment donc que la grossesse est un
facteur de risque de l'obésité.
La réduction de la proportion des femmes maigres
accompagnée de l'augmentation de celle des femmes obèses en
post-partum peut s'expliquer par le fait que les femmes maigres avant la
grossesse ont un plus grand risque d'avoir un GPG excessif (104). En effet,
faiblement pourvues en masse grasse, elles ont tendance à stocker plus
de tissu adipeux au début de la grossesse pour couvrir les besoins
énergétiques du 3ème trimestre et de la période
d'allaitement. D'autres part, ces femmes considèrent que la grossesse
les affranchit de leur responsabilité par rapport à leur poids,
d'où la tendance à une alimentation excessive (105).
IV.2.2. Gain pondéral gravidique
Le gain pondéral gravidique a varié entre - 4 et
27 Kg avec une moyenne de 8,8 #177; 3,9 Kg. Cette moyenne est proche de la
moyenne de 7,8Kg rapportée par GOMA et al. (106) en 1986 à
Brazzaville; de 10 Kg trouvée par Mbungu et coll. (93) en 2007 à
Kinshasa; de 11,1Kg observée par Assembe (104) en 2009 à
Yaoundé et de 8,01 kg rapportée par Makawani (100) en 2010
à Kinshasa également.
Les moyennes de GPG de nos milieux sont comparables à
celles observées chez les femmes obèses dans certains pays
notamment aux USA avec une moyenne de 9,1Kg rapportée par Bianco et al.
(107) en 1998 ; au Mexique avec la moyenne de 7,4Kg rapportée par Amador
et al. (108) en 2008 ; et en Suède avec la moyenne de 8,7Kg
rapportée par Claesson et al. (109) en 2008.
Ces observations, également faites par Makawani en 2010
(100), rejoignent les conclusions de Mbungu en 2007 (93) selon lesquelles la
femme noire Congolaise présente une proportion plus élevée
en masse grasse que la caucasienne, soit 36,3 #177; 6,8% (93). Et de ce fait,
à IMC pré-gravidique normal, elle se comporte comme une femme
obèse au cours de la grossesse et gagne moins de poids. En outre, les
besoins énergétiques étant pratiquement les mêmes
pendant la période de l'allaitement, elle puisera dans ses
réserves en graisse pour compenser ce faible gain gravidique.
Concernant les recommandations de l'IOM, la majorité
des gestantes, soit 117 (58,8%) avait un gain pondéral gestationnel
inférieur aux recommandations de l'IOM. Il faut cependant noter que
malgré cela, la majorité des nouveau-nés, soit 181 (91%),
avait un poids normal à la naissance. Dans son étude à
Yaoundé (Cameroun) en 2009, Assembe (102) a également noté
que la majorité des femmes, soit 49,45%, avaient un gain pondéral
insuffisant par rapport aux recommandations de l'IOM.
Cette difficulté à se conformer aux
recommandations de l'IOM a également été rapportée
par Usha et al. (110) en 2013 dans une étude sur le GPG et ses
conséquences périnatales dans un hôpital tertiaire au sud
de l'Inde.
Ceci explique, d'une part, les réserves émises
par certains auteurs par rapport à ces recommandations qui ne tiennent
pas compte des caractéristiques de chaque population (111) ; et d'autre
part, le fait que plusieurs pays ont établi leurs propres
recommandations sur le gain pondéral gravidique notamment Taiwan (112),
la Chine (113), le Japon (114) et la Suède (115).
D'où l'intérêt d'adapter les
recommandations en matière de gain de poids pendant la grossesse aux
caractéristiques, aux conditions de vie, et à l'environnement de
chaque population.
IV.3.Fréquence de la rétention
pondérale à la 6è sem. du post-partum
Dans notre étude, 75,4% des participantes avaient une
rétention pondérale à la 6ème semaine du
post-partum. Cette observation est proche de celle de Schauberger et al. (12)
en 1992 ainsi que d'Olsen et al. (100) aux USA qui ont trouvé
respectivement des fréquences de rétention pondérale
à la 6ème semaine du post- partum étaient
respectivement de 78% et de 72%.
Cette fréquence élevée de la RPP à
cette période peut s'expliquer en partie par le modèle de perte
de poids dans les premiers jours du postpartum proposé par Walker (50).
En effet, d'après cet auteur, une femme de poids pré-gravidique
normal avec GPG conforme aux recommandations de l'IOM (1990) (13,75 kg par
exemple) peut maintenir environ 4,75 kg après l'expulsion du produit
conception (5 kg), les premières pertes de liquide et la
régression du volume des tissus non gras (4 kg) pendant les 2
premières semaines de postpartum (17, 48, 49). Le poids restant est en
grande partie fait de dépôt de graisse (52). Or, d'après
Lawrence et al. (53), la perte des dépôts de graisse dans les
premières semaines du postpartum se fait à la vitesse de 0,25 kg
par semaine. Par conséquent, il faudra environ 19 semaines pour perdre
les 4,75 kg retenus après expulsion du produit de conception.
En outre, dans leurs études respectives, Olson et al.
(116) en 2003 aux USA et Schmitt et al. (49) en 2007 dans une revue
systématique, ont montré qu'une année après
l'accouchement, la rétention pondérale moyenne était
relativement faible (entre 0,5 et 3kg) et ne pouvait pas entraîner
l'obésité à long terme.
En effet, une rétention pondérale de plus de 5kg
à 1 an du post-partum (rétention substantielle de poids)
contribue à l'accroissement de la proportion des femmes obèses
aux USA de 6,4 à 10%.
Dans notre étude, nous avons également
constaté que 24,6% des accouchées avaient
atteint leur poids pré-gravidique à la
6ème semaine du post-partum. Nos résultats
se rapprochent de ceux des études de Schauberger et coll. (12) en
1992 ainsi que Olsen et coll. (98) aux USA dans lesquelles respectivement 22%
et 28% des femmes avaient atteint leur poids pré-gravidique à la
6ème semaine du post-partum. Notre fréquence est par
contre supérieure à celle de Walker L. et al. aux USA (50) qui
avait
obtenu une fréquence de 15%. Cette différence
peut s'expliquer par le fait que Walker a utilisé des poids
pré-gravidiques subjectifs (rapportés par les participantes)
contrairement aux autres études qui, comme la nôtre, ont eu
recours à la mesure du poids pré-gravidique des femmes (44).
Chez la noire congolaise de Kinshasa, 6 semaines semblent
être un délai trop court pour permettre le retour au poids
pré-gravidique après l'accouchement. Cette observation a
également été faite chez les asiatiques par Cheng et coll.
(117) en 2011 dans une revue systématique sur la rétention
pondérale en post-partum et chez les américaines par certaines
études aux USA (12, 98).
Ainsi donc, pour prévenir l'accroissement de la
fréquence de l'obésité et d'autres maladies
métaboliques dans notre milieu, il faudrait réfléchir sur
l'opportunité de suivi des accouchées, et particulièrement
leurs états nutritionnels (IMC), au-delà de la 6ème
semaine du post-partum.
IV.4.Niveau de rétention à la 6ème
Semaine du post-partum
La rétention pondérale moyenne à la
6ème semaine du post-partum dans notre population
d'étude était de 3,14 #177; 3,59 Kg avec une médiane de 3
Kg. Cette moyenne est comparable à celle de certains auteurs qui ont
travaillé sur la rétention pondérale à la
6ème semaine dans d'autres milieux (Tableau IV).
Dans une revue de la littérature de 1986 à 2004,
la rétention pondérale moyenne à la 6ème semaine du
post-partum chez les occidentaux variait de 3-7 kg sans distinction de race
(44). Une revue similaire réalisée en Asie de 1990 à 2010
a rapporté une rétention moyenne comprise entre 2,5 et 8,6 Kg
(116).
Tableau XVII. RPP moyenne à la
6ème semaine du post-partum
Années
|
Auteurs
|
Pays
|
RPP 6ème Semaine Moy. #177;
écart type (Kg)
|
1986
|
Olsen et Mundt (98)
|
USA
|
2,7
|
1992
|
Schauberger et al. (12)
|
USA
|
3 #177; 4,8
|
1992
|
Guillermo-Tuazon (118)
|
Philippines
|
2,5
|
1996
|
Muscatti et al. (119)
|
Canada
|
5,3 #177; 5,7
|
1998
|
To WW et Cheung. (120)
|
Chine
|
6,77#177; 3,31
|
1999
|
Sampselle et al. (121)
|
USA
|
4,8
|
2004
|
Walker et al. (50)
|
USA
|
|
|
-Latino-américaine
|
|
6,2
|
|
-Noire américaine
|
|
6,7
|
|
-Blanche
|
|
6,9
|
2007
|
Deng et al. (122)
|
Chine
|
7,8 #177; 4,7
|
2008
|
Monvit et al. (96)
|
Thailande
|
4,99 #177; 4,03
|
2008
|
Kim et al. (123)
|
Corée du Sud
|
4,9
|
2011
|
Althuizen E. et al. (97)
|
Holland
|
3,7 #177; 4,2
|
2013
|
Notre étude
|
RDC
|
3,14 #177; 3,597
|
La rétention pondérale moyenne à la
6ème semaine du post-partum chez la noire congolaise se
retrouve dans les intervalles décrits chez les occidentaux et les
asiatiques pour la même période.
Notre population a donc une moyenne de rétention
comparable à celle des pays où l'obésité constitue
actuellement un problème de santé publique suite à sa
fréquence élevée. En effet, d'après le rapport de
l'OMS en 2012 (23) dans la région européenne de l'OMS,
Méditerranée orientale (Arabie Saoudite, Liban, Qatar, Emirats
arabes unis, Bahreïn) et celle des Amériques, plus de 50 % des
femmes étaient en surpoids.
Dans ces trois régions, environ la moitié des
femmes en surpoids étaient obèses (23, 24 et 29 % respectivement)
(23).
D'où le risque réel pour notre pays, qui
connaît un problème naissant d'obésité (25), de voir
croître la fréquence de l'obésité si des mesures
préventives ne sont pas prises.
IV.5.Facteurs associés à la RPP à la
6ème semaine
Dans notre étude, deux facteurs étaient
significativement associés à la RPP à la 6ème
semaine; ce sont le gain pondéral gravidique et le niveau
socioéconomique.
Le gain pondéral gravidique est le facteur
prédictif le plus important de la rétention
pondérale en post-partum (P < 0,000). Ce constat a
également été fait dans deux grandes revues
systématiques réalisées en Occident (44) et en Asie (117).
C'est le seul qui fait l'unanimité dans la littérature parmi les
facteurs incriminés dans la rétention pondérale à
la 6ème semaine du post-partum.
Le niveau socio-économique est significativement
associé à la RPP à la 6ème semaine
(p < 0,04). Les femmes de niveau socioéconomique
élevé retiennent plus de poids que celles de niveau
moyennement élevé, moyen et bas avec différence
statistiquement significative entre les femmes de niveau élevé et
celles de niveau moyen (0,000). L'existence d'une disparité dans le
retour au poids pré-gravidique en fonction du niveau
socioéconomique a également été relevée chez
les américaines dans l'étude de Quesnel (124) aux U.S.A où
les femmes noires à faibles revenus avaient tendance à avoir une
rétention pondérale en post-partum plus importante et à
développer l'obésité par la suite ainsi que dans celle de
Walker L. (50) qui a constaté que seules 15% des femmes à faible
revenu, quelles que soit leur race, avaient atteint leur poids
pré-gravidique à la 6ème semaine du
post-partum.
Cette tendance à la rétention de poids en
post-partum chez les américaines avec niveau socioéconomique bas
peut être liées au fait que la plupart d'entre elles ignorent
leurs poids (38) mais aussi au fait que le retour au poids
pré-gravidique n'est pas une priorité pour la plupart de ces
femmes (104).
Dans notre étude, ce sont plutôt les femmes avec
niveau socioéconomique élevé qui
retiennent plus de poids. Ceci correspond à la
situation réelle dans les pays en développement. En effet, au
cours de ces deux dernières décennies, le taux d'urbanisation
(125) est resté croissant sur fond d'acculturation, d'occidentalisation
par de transitions épidémiologiques (126), démographiques
(127) et nutritionnelles
(128). De nombreux facteurs (27) liés à
l'industrialisation et à la modernisation des villes entraînent
un changement dans le style de vie : diète non équilibrée
(habitude alimentaire riche en sel et en matières grasses, mais pauvre
en fruits et légumes), stress, diminution de l'activité physique
(sédentarité) du fait d'activités professionnelles plus
sédentaires, de l'utilisation des ordinateurs, de regarder les
programmes de la télévision et du recours à des moyens de
transports motorisés. Et, dans nos pays, tous ces changements concernent
surtout les classes de niveau socioéconomique élevé.
C'est ainsi que, contrairement aux pays industrialisés
où l'obésité touche préférentiellement
les classes les plus pauvres, dans les pays en voie de développement le
statut socio-économique élevé favorise la survenue de
l'obésité (129).
IV.6. Limites et forces de l'étude
Notre étude s'est limitée aux femmes qui ont
suivi leurs CPN dans 2 formations médicales de la ville de Kinshasa.
Elles ne sont donc pas représentatives de la
population générale de notre pays (RDC). De ce
fait leurs caractéristiques sociodémographiques et cliniques
ne peuvent être extrapolées à la population
générale. En outre, elle n'a pu s'étendre au-delà
de la 6ème semaine et suivre les femmes plus longtemps.
Néanmoins, la présente étude a le
mérite d'être la première en République
démocratique du Congo abordant la rétention de poids en
post-partum chez la noire Congolaise de Kinshasa. Elle nous a fixés sur
le niveau de rétention pondérale à la 6ème semaine
du post-partum chez cette dernière; elle a déterminé la
fréquence des femmes avec rétention pondérale à
cette période et nous a montré que la grossesse constitue
réellement un facteur de risque de l'obésité chez la
femme.
CONCLUSION
Actuellement, la rétention pondérale en
post-partum est une dimension nouvelle dans la compréhension de la
morbidité liée à la grossesse, notamment avec la survenue
de l'obésité. Au regard de l'absence d'informations à ce
sujet dans notre milieu, notre étude s'est assignée comme
objectif de décrire la rétention pondérale à la
6ème semaine du post-partum chez la noire Congolaise de
Kinshasa. Après analyse des données collectées, la
présente étude a montré que:
- La majorité des femmes, soit 75,4%, ont une
rétention de poids à la fin de la période du
post-partum;
- le niveau de cette rétention est de 3,14 #177; 3,59 Kg
;
- Le gain pondéral gestationnel est le principal
facteur influençant la rétention de poids dans les 6
premières semaines après l'accouchement.
- Le niveau socioéconomique élevé,
à travers le changement de style de vie qu'il entraine, influence
également cette rétention de poids.
- L'incidence de l'obésité à la
6ème semaine du post-partum dans notre étude est de
8%.
RECOMMANDATIONS
Au terme de notre étude, les recommandations suivantes
peuvent être formulées: Ø aux bailleurs de
fonds:
§ de disponibiliser des moyens afin de permettre une
étude à large échelle dans le but d'évaluer
l'impact réel de la rétention pondérale en post-partum sur
le développement de l'obésité dans notre milieu.
Ø aux chercheurs:
§ de mener des études prospectives avec suivi des
femmes sur une plus longue période pour évaluer les
déterminants de la RPP chez la noire Congolaise et ainsi
déterminer les mesures à entreprendre pour la prévenir.
Ø aux médecins et prestataires de
santé:
§ de mettre un accent particulier sur la surveillance du
poids des femmes aussi bien pendant la grossesse (contrôler le GPG)
qu'après l'accouchement en allant au-delà de la
6ème semaine; d'apporter aux femmes les informations utiles
sur le comportement à adopter après l'accouchement pour
éviter une rétention importante de poids en post-partum pouvant
conduire à l'obésité.
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ANNEXES
Annexe I Questionnaire administré aux
accouchés
RETENTION PONDERALE EN POST-PARTUM CHEZ LA NOIRE
CONGOLAISE
Date de l'interview :
N° Fiche de récolte / / / / RDV
6è sem. : .
Module I. Identification de la patiente
Nom : Numéro de téléphone :
Adresse : Province d'origine :
Module II. Caractéristiques
sociodémographiques
N°
|
Variables
|
Modalités
|
Code
|
Q101
|
Age (ans) : quel âge avez-vous?
|
|
/ /
|
Q102
|
Combien d'enfants avez-vous eu dans votre vie ?
|
/ /
|
|
Q103
|
Quel est votre état civil?
|
1=Célibataire 2=mariée, 3=divorcée, 4=veuve
5=célibataire+enfants
|
/ /
|
Q104
|
Quelle est votre niveau d'étude?
|
1=illettré, 2=primaire, 3=secondaire technique
professionnel, 4=université,
|
/ /
|
Q105
|
Avez-vous une profession?
|
Oui, précisez .
Non
|
/ /
|
Q106
|
Disposez-vous des biens ci-après dans votre
ménage?
|
§ Télévision 1=OUI 0=NON
|
/ /
|
§ Réfrigérateur 1=OUI 0=NON
|
/ /
|
§ Radio 1=OUI 0=NON
|
/ /
|
§ Voiture 1=OUI 0=NON
|
/ /
|
Q107
|
Disposez- vous d'une toilette interne dans votre ménage
|
1= oui 0 = Non
|
/ /
|
Q108
|
Avez vous l'électricité dans le ménage
|
1= oui 0 = Non
|
/ /
|
Q109
|
Quel est votre source d'eau potable et non potable
|
1= robinet 2 = puit 3=pluie
4= cours d'eau
|
/ /
|
Module III. Comportement pendant la grossesse
Q110
|
Fumiez-vous avant la grossesse?
|
|
|
OUI, combien de cigarette par jour
|
|
|
NON
|
/ /
|
|
|
Si oui, durant cette grossesse:
|
|
|
|
Vous avez diminué de fumer :
|
/ /
|
|
|
Vous avez arrêté de fumé :
|
/ /
|
|
|
Vous n'avez rien changé à votre consommation de
cigarettes :
|
/ /
|
Q111
|
Pratiquez-vous une activité
|
|
|
|
physique ou sportive avant la grossesse? (Marche à pied,
natation)
|
OUI
|
/ /
|
NON
|
Si oui, avez-vous poursuivi cette activité durant
la grossesse?
|
|
|
OUI, à quel fréquence ?
|
/ /
|
|
|
NON :
|
|
Annexe II. Fiche d'étude de dossier et RVD en
post-partum
Renseignements généraux
-Dossier n° : -Nom de l'accouché :
-Age : -Parité:
Paramètres anthropométriques
-Taille:
-Poids avant la grossesse ou avant la 20ème SA
:
-IMC pré gravidique:
-Prise de poids total (à terme):
-GPG (Kg /m2):
Accouchement Date d'accouchement :
-Terme (âge gestationnel) : SA
-Mode d'accouchement: Voie Basse Césarienne
Nouveau-né: Poids :
Post-partum à 6 semaines Date du RDV
:
1) Poids :
2) La rétention pondérale en post-partum:
3) IMC à la 6è semaine du post-partum:
4) Avez-vous recommencé à fumer, si oui depuis
combien de temps?
5) Avez-vous repris votre activité professionnel, si oui
depuis combien?
6) Avez repris votre activité physique, si oui depuis
combien de temps?
7) Avez introduit une alimentation autre que le lait maternel
chez votre bébé? Si oui,
le bébé avait quel âge
ANNEXES III : FORMULAIRE DE CONSENTEMENT ECLAIRE FICHE
DE CONSENTEMENT ECLAIRE
Titre de la recherche : «
Rétention pondérale à 6ème
semaine du post-partum à Kinshasa»
Investigateur : Dr Patrick KAHINDO MUYAYALO,
Assistant en spécialisation au département de gynécologie
et obstétrique des cliniques universitaires de Kinshasa (C.U.K)
/Université de Kinshasa(UNINKI), faculté de médecine
Contact : +243999261127
Directeur : Pr. Dr Roger MBUNGU MWIMBA, du
département de Gynécologie-Obstétrique des
C.U.K/UNIKIN.
Objectif général de l'étude
: Evaluer la conservation de poids de poids en postpartum chez les
accouchés congolaises
Procédure : L'étude à
laquelle nous sollicitons votre participation intéresse les femmes
porteuses d'une grossesse monofoetale ayant débuté leur CPN au
plus tard à la 20è semaine d'aménorrhée; qui ont
suivi régulièrement leurs CPN aux C.U.K ou à l'HSJ ; qui y
ont accouchés à terme et qui vont se présenter au RDV de
la 6ème semaine après l'accouchement. Les
données recueillies seront progressivement reportées dans un
questionnaire préétabli.
Cette étude consistera à :
* un bref interrogatoire,
*un recueil de données liées
à la prise de poids dans la fiche des CPN
* une mesure du poids et de la taille.
Désagrément : Vous pourriez
ressentir une gêne en répondant à certaines questions.
Toute fois sachez que vous n'êtes pas obligés de répondre
à toutes les questions. Bénéfices d
l'étude: Prévenir la survenu d'une obésité
future avec toutes ses corolaires sur la santé de la femme.
Coût et rémunération :
Aucune dépense financière ne vous sera demandée, ni
même proposée pour votre participation au cours de cette
étude.
Participation volontaire : Nous sollicitons
votre disponibilité pour un interrogatoire et un examen physique, mais
vous êtes libre de participer ou non à cette étude.
Après explication, voulez-vous participer à la
réalisation de notre étude ?
Merci beaucoup madame
|