CHAPITRE 2 : LES
PERFORMANCES DE L'ÉCONOMIE CAMEROUNAISE
A
près les années glorieuses de la fin de la
décennie 1970 et de la première moitié des années
1980, le Cameroun entre dans une période de crise sans
précédent. L'ajustement monétaire intervenu en 1994
à la suite de la dévaluation du franc CFA viendra donner quelques
lueurs d'espoir quant à une éventuelle sortie de crise. La jeune
histoire économique du Cameroun d'après les indépendances
peut ainsi être divisée en 3 périodes : (i) la
période avant 1985/86, (ii) la période 1985/86 - 1993/94, (iii)
la période à partir de 1994/95. Chacune de ces périodes se
distingue des autres par les politiques économiques mises en oeuvre et
les performances économiques enregistrées. Nous allons dans ce
chapitre, présenter les politiques économiques mises en oeuvre au
Cameroun ces dernières années, ainsi que les résultats
obtenus. Nous insisterons particulièrement sur les performances du
commerce extérieur.
2.1 LES POLITIQUES MISES EN
oeUVRE
Au lendemain des indépendances, les actions
stratégiques de développement entreprises au Cameroun sont
axées vers le secteur primaire. Les plans quinquennaux de
développement sont élaborés et mis en oeuvre. Ces plans
comportaient des aspects consacrés au développement de
l'industrie avec au départ, une logique de substitution aux
importations. Les plans successifs mis en oeuvre sont au nombre de six ;
le sixième plan ayant été interrompu en cours
d'exécution.
Ú Le 1er plan (1961-1966). Ce plan fait une
part belle à l'agriculture, présentée comme la base de
l'économie camerounaise. L'activité industrielle est encore
naissante. L'Etat est au centre de la réalisation des infrastructures
économiques et des équipements sociaux. Le maître mot est
« développement autocentré ».
Ú Le 2ème plan (1966-1971). Il
conserve les mêmes priorités que le premier plan. Le secteur
privé prend en main un certain nombre d'activités
productives ; activités concernant des domaines aussi variés
que les industries manufacturières, l'exploration minière et
pétrolière.
Ú Le 3ème plan (1971-1976). De
nombreuses sociétés de développement sont crées par
l'Etat, surtout dans le secteur primaire (SODECOTON, HEVECAM, SODECAO ...).
Ú Le 4ème plan (1976-1981). L'effort
d'investissement se poursuit, principalement dans les industries de
transformation. L'accent est également mis sur une plus grande
participation du secteur privé particulièrement dans les
activités industrielles. Les ressources pétrolières sont
mises en valeur dès 1977. Le levier engendré par les nouveaux
investissements apparaît comme un accélérateur de la
croissance. Le Cameroun enregistre au cours de la période un taux de
croissance record de 13 %.
Ú Le 5ème plan (1981-1986). Il est
marqué par la rupture du trend expansionniste précédent.
Au cours de l'exercice budgétaire 1985/1986, l'économie
connaît une baisse brutale des revenus d'exportation. La baisse concerne
aussi bien le pétrole que les autres produits d'exportation ; elle
se chiffre à 329 milliards de FCFA environ, soit l'équivalent de
8,2 % du Produit Intérieure Brut (PIB). L'Etat prend des mesures
d'allègement de son lourd portefeuille devenu de plus en plus difficile
à gérer.
Ú Le 6ème plan (1986- ).
Amorcé en 1986, ce plan est interrompu en 1987 en raison de la
dégradation de l'activité économique. Cette
dégradation s'accélère en 1986/1987, en raison de la
baisse persistance des cours des principaux produits d'exportation
(pétrole, café, cacao, coton). Les taux de croissance deviennent
négatifs. De 1986 à 1988, les termes de l'échange chutent
de 44 %.
Pour faire face à la crise, le gouvernement prend des
mesures d'ajustement interne notamment la contraction des dépenses
publiques. Toutefois, ces mesures s'avéreront insuffisantes. Les
indicateurs économiques continuent à se dégrader.
L'endettement extérieur du pays, devenus plus important, n'apporte
aucune solution. Le gouvernement, de concert avec les organismes financiers
internationaux, engage d'autres réformes. Celles-ci également
s'avéreront inefficaces. Des baisses drastiques de salaires sont
opérées dans la fonction publique en 1993, de l'ordre de 70
à 75 %.
L'ajustement monétaire intervenu en 1994, les gains de
compétitivité induits et les politiques économiques mises
en oeuvre permettront de sortir du marasme. Le taux de croissance devient de
nouveau positif en 1994/1995 et s'établit autour de 5 % les
années suivantes. Le gouvernement exécute par la suite de
nouveaux programmes d'ajustement structurel conclu avec le FMI.
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