À mes parents Monsieur NDJOMOU Pierre et Madame
MOTOUOM épouse NDJOMOUREMERCIEMENTS
Nous souhaitons exprimer ici notre gratitude à tous
ceux qui ont contribué à la réalisation du présent
document ainsi qu'à ceux qui nous ont toujours soutenus.
Nous adressons nos premiers remerciements à M.
FANDIO TCHABO Ferdinand qui a été à nos
cotés tout au long de ce travail de recherche. Ses commentaires et
suggestions ont été d'une très grande utilité.
Nous remercions également M. Augusto ROKU
MESANI, le Directeur Général de l'ISSEA pour les
nombreux conseils qu'il nous a prodigué durant notre passage dans son
institution. Nous témoignons aussi notre reconnaissance à MM.
Dieudonné KINKIELELE et Robert NGONTHE,
Directeurs des Etudes et enseignants à l'ISSEA pour leurs
contributions à tous les travaux que nous réalisons.
Nous voulons exprimer aussi notre gratitude à tous les
membres de la famille qui nous ont toujours soutenus. Nous remercions ainsi nos
parents Monsieur et Madame NDJOMOU ; nos oncles MM.
TETCHOU Romain et NOKAM Daniel ; notre
tante Mme FOTSO Emilienne ainsi que son mari M. FOTSO
Justin.
Cet ouvrage a également été
réalisé grâce aux documents de cours que nous ont fourni
MM. MAAH Aurélien et DJOCKY Samuel.
Nous les en remercions grandement.
Nous n'oublions pas ceux qui ont relu tout ou partie de ce
travail. Il s'agit notamment de Mlles MPON A NDEM Annie et
NSIEMANG Josiane.
Enfin, nous remercions toutes les personnes, connues et
inconnues, qui par leur travail ont enrichi le notre. Ils ont été
inconsciemment de précieux collaborateurs pour nous.
TABLE DES MATIÈRES
RÉSUMÉ
viii
INTRODUCTION GÉNÉRALE
1
Première partie : CADRE
GÉNÉRAL DE L'ÉTUDE
CHAPITRE 1 : ANALYSE THÉORIQUE
DES COMPORTEMENTS À L'EXPORTATION DES ENTREPRISES
6
1.1 Le processus de croissance et
d'internationalisation de l'entreprise
6
1.1.1 La croissance de l'entreprise
6
1.1.2 L'internationalisation de l'entreprise
7
1.2 Les modèles d'analyse
stratégique
11
1.2.1 Le diagnostic export
11
1.2.2 Les grandes orientations
stratégiques
14
CHAPITRE 2 : LES PERFORMANCES DE
L'ÉCONOMIE CAMEROUNAISE
18
2.1 Les politiques mises en oeuvre
18
2.2 Les Performances économiques
19
2.3 Les performances du commerce
extérieur
20
CHAPITRE 3: L'ENVIRONNEMENT GLOBAL DE
L'ACTIVITÉ INDUSTRIELLE AU CAMEROUN
23
3.1 L'environnement politico-légal
des entreprises camerounaises
23
3.1.1 Le cadre réglementaire, juridique,
fiscal et financier
23
3.1.2 Les structures administratives de promotion
des exportations
26
3.1.3 Les organisations patronales
28
3.2 L'Environnement économique des
entreprises industrielles en 2000/2001
28
3.2.1 Présentation de la base de
données
29
3.2.2 Situation économique et
financière des entreprises industrielles en 2000/2001
29
Deuxième partie: ANALYSE STATISTIQUE DES
COMPORTEMENTS À L'EXPORTATION DES ENTREPRISES INDUSTRIELLES
CAMEROUNAISES
CHAPITRE 4 : APPROCHE
MÉTHODOLOGIQUE
34
4.1 Comportement à l'exportation des
industries camerounaises : une mise en perspective à travers l'analyse
descriptive
34
4.1.1 Le rôle du secteur
d'activité
35
4.1.2 Le rôle de la taille
37
4.2 Spécification des modèles
: choix des variables, formulations
40
4.2.1 Les variables : définition, mesure et
interprétation
41
4.2.2 Formulation des modèles
42
CHAPITRE 5 : ESTIMATION DES
MODÈLES ET ANALYSE DES RÉSULTATS
47
5.1 Modélisation de la
décision d'exporter
47
5.1.1 Estimation du
modèle « décision d'exporter »
47
5.1.2 Analyse de la décision
d'exportation
47
5.2 Modélisation des performances
à l'exportation
51
5.2.1 Estimation du modèle
« performance à l'exportation »
52
5.2.2 Analyse des performances à
l'exportation
52
5.3 Les implications des modèles
pour les différents acteurs : pouvoirs publics et secteur
privé
54
CONCLUSION GÉNÉRALE
56
BIBLIOGRAPHIE
58
ANNEXES
60
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1 : Quelques indicateurs du
commerce extérieur du Cameroun (en %)
22
Tableau 2 : Répartition sectorielle des
entreprises de la population d'étude
29
Tableau 3 : Taux de vieillissement par secteur
d'activité
30
Tableau 4 : Taux d'investissement par secteur
d'activité
30
Tableau 5 : Taux d'encadrement par secteur
d'activité
31
Tableau 6 : Frais de personnel par tête,
par secteur d'activité
31
Tableau 7 : Ratio d'endettement par secteur
d'activité
32
Tableau 8 : Distribution du chiffre
d'affaires à l'exportation
34
Tableau 9 : Répartition des entreprises
suivant le taux d'exportation
35
Tableau 10 : Densité des entreprises
exportatrices suivant le secteur d'activité
36
Tableau 11 : Densité des entreprises
exportatrices suivant le chiffre d'affaires
38
Tableau 12 : Taille des entreprises
suivant le secteur d'activité
39
Tableau 13 : Taux d'exportation par taille et
secteur d'activité
40
Tableau 14 : Types de variables et
hypothèses
40
Tableau 15 : Les facteurs explicatifs de
la décision d'exportation
48
Tableau 16 : Classement des variables
explicatives et écart entre coefficients extrêmes
51
Tableau 17 : Les déterminants du
niveau d'exportation
53
Tableau A.1 : Correspondance entre la
Nomenclature CITICAM Révisée et « secteurs
d'activité »
A
Tableau A.2 : Dispersion du taux
d'exportation (en %) suivant le secteur d'activité
A
Tableau A.3 : Distribution du chiffre
d'affaires moyen suivant la taille de l'entreprise
A
Tableau A.4 : Répartition des
entreprises suivant le secteur d'activité et le salaire moyen
A
Tableau A.5 : Répartition des
entreprises suivant la taille et le salaire moyen
B
Tableau A.6 : Répartition des
entreprises suivant la taille et la productivité du travail
B
Tableau A.7 : Répartition des
entreprises suivant le secteur d'activité et la productivité du
travail
B
Tableau A.8 : Répartition des
entreprises suivant le secteur d'activité et le rendement des
équipements
B
Tableau A.9 : Répartition des
entreprises suivant la taille et le rendement des équipements
C
Tableau A.10 : Répartition des
entreprises suivant la taille et le taux de capitaux permanents
C
Tableau A.11 : Répartition des
entreprises suivant le secteur d'activité et le taux de capitaux
permanents
C
LISTE DES ACRONYMES
CEMAC : Communauté Économique et
Monétaire de l'Afrique Centrale
CITICAM : Classification Internationale Type par
Industrie - Cameroun
COBAC : Commission Bancaire de l'Afrique Centrale
DSF : Déclaration Statistique et Fiscale
DSRP : Document de Stratégie de Réduction
de la Pauvreté
FMI : Fonds Monétaire International
GICAM : Groupement Inter-patronal du Cameroun
GUCE : Guichet Unique du Commerce Extérieur
INS : Institut National de la Statistique
ISSEA : Institut Sous-régional de Statistique et
d'Économie Appliquée
MGE : Moyennes et Grandes Entreprises
NPI : Nouveaux Pays Industrialisés
OHADA : Organisation pour l'Harmonisation en Afrique du
Droit des Affaires
PE : Petites Entreprises
PIB : Produit Intérieure Brut
RFD : Réforme Fiscalo-Douanière
SYNDUSTRICAM : Syndicat des Industriels du Cameroun
TCA : Taxe sur le Chiffre d'Affaires
TVA : Taxe sur la Valeur Ajoutée
AVANT-PROPOS
Le présent document est l'aboutissement des quatre
années que nous avons effectué à l'Institut
Sous-régional de Statistique et d'Economie Appliquée dans le
cadre de la formation des Ingénieurs d'Application de la Statistique.
En raison du rôle prépondérant que
devraient jouer les exportations manufacturières dans le
développement du Cameroun, nous nous sommes penchés sur la
question suivante : quels facteurs peuvent être pris en compte tant
par les pouvoirs publics que le secteur privé dans les politiques de
promotion des exportations ? Afin d'apporter des éléments de
réponse à cette question, nous avons traité du
thème suivant : « Les déterminants des
performances à l'exportation des entreprises industrielles
camerounaises ».
Ce travail, comme toute oeuvre humaine peut être l'objet
de critique. Compte tenu de cela, nous sollicitons l'indulgence de tous ceux
qui le liront. Mais également, nous acceptons volontiers les remarques
constructives qu'elles pourront nous faire dans le but d'améliorer sa
qualité ainsi que celles des travaux à venir.
RÉSUMÉ
Depuis plusieurs années, l'évolution
économique du Cameroun est fortement influencée par les facteurs
extérieurs que sont notamment les variations des prix des produits
primaires et l'expansion des débouchés sur les marchés
étrangers. Cette situation a d'ailleurs été à
l'origine de la récession qui a frappé de plein fouet le pays
entre 1985 et 1994. Afin de sortir de cette situation de dépendance
vis-à-vis des produits primaires, le gouvernement s'est fixé pour
objectif de diversifier davantage l'économie en augmentant notamment la
part des exportations manufacturières dans les exportations totales du
pays. La réalisation de cet objectif demande de reconsidérer les
politiques actuelles en faveur des exportations. Elle passe donc par la
réponse à la question suivante : quels facteurs peuvent
être pris en compte tant par les pouvoirs publics que le secteur
privé dans les politiques en faveur des exportations ? C'est pour
apporter une esquisse de réponse à cette que nous avons
traité du thème suivant : « Les
déterminants des performances à l'exportation des entreprises
industrielles camerounaises ». Afin de mieux
appréhender le comportement des entreprises industrielles face à
l'exportation, nous avons fait la distinction entre décision
d'exportation et performance à l'exportation.
La revue de la littérature nous a permis d'identifier
certains facteurs pouvant influencer le comportement exportateur des
entreprises. Il est apparu que, des ressources humaines et financières
suffisantes ainsi qu'un outil de production de qualité sont
indispensable pour une entreprise qui veut réussir à
l'exportation.
L'analyse empirique effectuée dans le cas des
entreprises industrielles camerounaises a confirmé l'essentiel des
développements théoriques énoncés. Une
procédure en deux étapes (modèle Tobit) a
été utilisée pour déterminer d'une part les
facteurs explicatifs de la décision d'exportation
(1ère étape, modèle dichotomique) et d'autre
part les facteurs explicatifs des performances à l'exportation
(2ème étape, modèle linéaire). La
première étape de la procédure a été mise en
oeuvre pour l'ensemble des entreprises, tandis que la seconde n'a pris en
compte que les entreprises exportatrices. De notre analyse,
les principales conclusions suivantes sont ressorties :
la taille des entreprises : un facteur à prendre
en compte dans les politiques en faveur des exportations ;
le capital humain : un élément qui compte
dans la décision d'exportation des entreprises et déterminant
dans les performances à l'exportation des grandes entreprises ;
les ressources financières : essentielles dans la
décision d'exportation des petites entreprises ;
la qualité de l'outil de production :
déterminant dans les performances à l'exportation des
entreprises.
Il est ainsi apparu qu'il existerait un seuil de ressources
humaines en dessous duquel les entreprises industrielles camerounaises ne se
risqueraient pas d'exporter. Au-delà de ce seuil qui se situe autour de
100 salariés, la taille perd toute influence dans la décision
d'exportation. De toute évidence, la taille des entreprises est un
facteur à prendre en compte dans les politiques en faveur des
exportations. Des mesures des pouvoirs publics visant à faciliter
l'accès des entreprises aux ressources longues sont également
nécessaires de même que l'utilisation d'une main d'oeuvre
qualifiée et expérimentée par les entreprises.
INTRODUCTION
GÉNÉRALE
L
es effets des exportations sur l'activité
économique d'une nation restent indéniables. Les exportations
grâce à leur effet multiplicateur créent des revenus et
exercent un impact considérable sur l'emploi. Le développement
économique d'une nation peut donc être
accéléré par le développement de son commerce
extérieur en général et de ses exportations en
particulier. Cela est d'autant plus vrai dans le contexte actuel, car on
assiste à une interdépendance de plus en plus croissante des
économies grâce au phénomène de la mondialisation.
Dans cette dynamique d'intensification des échanges par le commerce
extérieur, l'Afrique est restée en marge, étant davantage
« consommatrice » que « productrice » de la mondialisation.
En effet, la part de l'Afrique dans les exportations mondiales n'a cessé
de décroître. De 5 % en 1970, elle est passée à 2,4
% en 1990 puis à 1,8 % en 1999. En 1998, les 48 pays les « plus
pauvres »1(*) parmi
lesquelles plusieurs pays africains dont le Cameroun, ne réalisaient que
0,4 % des exportations mondiales. La marginalisation de l'Afrique devient
encore plus évidente quand on se rappelle que l'essentiel de ses
exportations est constitué de produits primaires. Les produits primaires
qui représentaient en 1950 la moitié du commerce mondial, n'en
représentaient que 20 % en 1998. Cette situation a contribué
à fragiliser l'économie des pays africains, économie dont
l'évolution est fortement influencée par des facteurs
extérieurs (variation des prix des produits primaires, expansion des
débouchés, etc.). Quelle solution envisager donc pour les
économies de ces pays ?
L'émergence, il y'a quelques années de certains
pays en développement qu'on a par la suite appelé Nouveaux Pays
Industrialisés2(*)(NPI), a montré le rôle important que peut
jouer l'industrie dans le développement d'un pays. Ces pays ont connu
une croissance économique spectaculaire au cours des dernières
décennies. La diversité de la production et des exportations,
ajoutée à une stratégie commerciale agressive a largement
contribué à leur rayonnement. Au fil des années, ces NPI
en sont venus à vendre de moins en moins de produits primaires et de
plus en plus de produits manufacturés à haute valeur
ajoutée. De l'exemple de ces pays, l'industrie apparaît comme le
seul secteur de l'économie capable de dégager des gains de
productivité, des surplus important et de favoriser la
compétitivité globale de l'économie.
L'économie camerounaise, comme celle de nombreux autres
pays en développement est malheureusement encore dépendante du
secteur primaire ; secteur qui est particulièrement exposé
à l'évolution des conditions naturelles et des cours des produits
d'exportation. En 2000 par exemple, les produits primaires (café, cacao,
coton, pétrole, bois) représentaient 77 % des exportations en
valeur du Cameroun.
Une diversification accrue en faveur du secteur industriel est
donc un impératif à moyen terme pour le Cameroun. Or le secteur
industriel camerounais connaît de nombreuses faiblesses structurelles qui
freinent son développement et réduisent son impact sur
l'économie. Conscient de ces faiblesses, du potentiel industriel du pays
et de l'effet d'entraînement que l'industrie pourrait avoir sur les
autres secteurs de l'économie, des mesures ont été
envisagées par le gouvernement. On pouvait lire ce qui suit dans le
Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté
(DSRP) :
« ...le
gouvernement envisage à court terme entreprendre des actions d'appui, en
complément de celles des acteurs privés du secteur, pour
accroître le taux d'investissement dans le secteur industriel, renforcer
la croissance et la compétitivité des entreprises
manufacturières afin (i) de diversifier la production industrielle, (ii)
d'augmenter la valeur ajoutée manufacturière et (iii) d'augmenter
la part des exportations manufacturières, y compris celle des
exportations non traditionnelles.»
La mise en oeuvre de ces mesures, en particulier de celles en
rapport avec les exportations, serait très bénéfique
à l'industrie camerounaise. Ces dernières années, la part
des produits industriels dans les exportations a continué de stagner, se
situant autour de 30 % entre 1998 et 2001. La propension à
exporter3(*) de l'ensemble
des entreprises industrielles n'a pas également connu d'évolution
majeure ces dernières années. De 32,1 % en 1993/1994, elle est
passée à 42,0 % en 1996/1997 pour retomber à 35,7 % en
1999/2000.
L'impact de l'activité industrielle sur
l'économie du Cameroun en général et sur ses exportations
en particulier semble être limité et cela malgré le fait
que dans la politique de relance préconisée par le gouvernement
depuis une décennie et réaffirmée dans le DSRP,
l'industrie devrait jouer un rôle stratégique. À ce titre,
ce secteur devrait être animé d'une dynamique de promotion des
exportations qui doivent être compétitifs en qualité et en
prix sur les marchés extérieurs.
Compte tenu d'une part du rôle important que pourrait
jouer les exportations industrielles et d'autre part des performances actuelles
de l'industrie dans ce domaine, la question suivante mériterait
d'être posée : quels facteurs peuvent être pris en compte
tant par les pouvoirs publics que par le secteur privé dans les
politiques de promotion des exportations ?
L'analyse traditionnelle du commerce internationale met
l'accent sur les variables macroéconomiques pour expliquer les
performances à l'exportation d'une entreprise (demande, prix,
concurrence, taux de change, etc.). Or ces variables qui constituent pour
l'entreprise des conditions exogènes, sont difficilement
maîtrisables par elle.
C'est pour résoudre ce problème que certaines
études empiriques4(*)
ont essayé d'expliquer les performances à l'exportation des
entreprises à l'aide des caractéristiques individuelles de
celles-ci. Ces études ont basé leur approche de l'exportation sur
la question de la taille de l'entreprise. Selon elles, il existerait un seuil
en terme de ressources financières et humaines qu'il serait bon de
pouvoir dépasser avant de s'aventurer sur les marchés
extérieurs. Ce résultat valide le principe selon lequel, la
taille de l'entreprise est dépendante de celle de son marché.
Afin de déterminer pour les entreprises industrielles
camerounaises, les caractéristiques individuelles pouvant expliquer
leurs performances à l'exportation, nous nous sommes penchés sur
le thème suivant : « Les déterminants des
performances à l'exportation des entreprises industrielles camerounaises
». Ce travail distingue la décision d'exporter de la
propension à exporter. Il s'articule autour des deux questions
principales suivantes :
- Quels facteurs peuvent expliquer la décision
d'exportation d'une entreprise industrielle camerounaise ?
- Quels facteurs peuvent expliquer les performances à
l'exportation d'une entreprise industrielle camerounaise qui décide
d'exporter ?
En référence aux deux questions ci-dessus, les
objectifs spécifiques de l'étude sont :
- identifier les profils des secteurs industriels en
matière d'exportation ;
- déterminer les facteurs qui ont un impact
significatif sur la décision d'exportation d'une entreprise industrielle
;
- déterminer les facteurs qui ont un impact
significatif sur les performances à l'exportation d'une entreprise
industrielle qui décide d'exporter.
Sur la base de tout ce qui précède, nous
formulons l'hypothèse de travail suivante : toutes choses
égales par ailleurs, la taille d'une entreprise industrielle et certains
ratios de gestion et d'activité expliquent sa décision
d'exportation et ses performances à l'exportation.
L'étude sera faite à l'aide de données
issues des Déclarations Statistiques et Fiscales (DSF) produites par les
entreprises industrielles au cours de l'exercice 2000/2001 et disponibles au
Secrétariat Permanent du Plan comptable de l'Institut National de la
Statistique (INS). Cette base sera complétée par celle de
l'Enquête Annuelle dans l'Industrie de l'année 2000/2001,
menée par la Sous-Direction des Statistiques d'Entreprises de l'INS.
Nous nous limiterons dans ce travail aux secteurs industriels suivants : «
Agro-industries », « Bois et papier », «
Industries chimiques » et « Textiles et autres industries ».
Les résultats attendus de cette étude devraient
permettre de mieux orienter les politiques en faveur des exportations. Plus
spécifiquement, le produit de notre travail pourrait contribuer à
préciser les rôles des acteurs que sont les pouvoirs publics et le
secteur privé, dans l'amélioration des performances à
l'exportation de l'économie camerounaise. À cet effet, le
présent document comporte deux parties.
La première partie présente le cadre
général de l'étude. Elle est subdivisée en trois
chapitres. Le chapitre 1 donne un aperçu de certains
développements théoriques disponibles sur le comportement des
entreprises face à l'exportation. Le chapitre 2 présente
brièvement les performances économiques du Cameroun ces
dernières années notamment en matière de commerce
extérieur. Le chapitre 3 décrit l'environnement dans lequel
fonctionnent les entreprises industrielles camerounaises.
La deuxième partie fait une analyse statistique des
comportements à l'exportation des entreprises industrielles du Cameroun.
Elle comprend deux chapitres. Le chapitre 4 donne la méthodologie
d'analyse ; les concepts utilisés et les modèles
estimés y sont également présentés. Le chapitre 5
présente les résultats des modèles et en fait une
brève analyse.
1ère Partie : CADRE GÉNÉRAL DE
L'ÉTUDE
CHAPITRE 1 : ANALYSE
THÉORIQUE DES COMPORTEMENTS À L'EXPORTATION DES ENTREPRISES
L
e contexte économique actuel marqué par une
interdépendance de plus en plus croissante des économies se
traduit entre autres par un développement des échanges de biens
et services entre pays. La pratique du commerce international devient, dans ce
contexte un impératif. Grâce au commerce international, un pays
peut consommer plus que ce qu'il produit avec ses ressources propres et/ou
élargir ses débouchés afin d'écouler sa
production.
Dans un pays, deux niveaux d'influence et deux acteurs
principaux sont indispensables pour le développement du commerce
international. Il s'agit :
- des pouvoirs publics et de l'environnement commercial ;
- des entreprises et du marché.
Les acteurs ci-dessus cités ont des comportements
différents. C'est notamment le cas des entreprises, qui doivent situer
leur essor international dans le cadre d'une stratégie globale de
développement. La décision de vendre à l'étranger
devrait faire partie d'un processus progressif de croissance et
d'internationalisation de l'entreprise.
1.1 LE PROCESSUS DE CROISSANCE
ET D'INTERNATIONALISATION DE L'ENTREPRISE
1.1.1 LA CROISSANCE DE
L'ENTREPRISE
La croissance d'une entreprise est assimilée à
l'augmentation de sa taille. Plusieurs critères sont utilisés
pour la mesurer. On peut citer par exemple : le chiffre d'affaires, l'effectif
du personnel employé, la part de marché détenue, la valeur
ajoutée, etc.
Les raisons de la croissance d'une entreprise sont multiples.
Celles généralement évoquées sont :
- la volonté pour les dirigeants de l'entreprise de
dominer un marché, de s'imposer comme leader dans un domaine
déterminé ;
- le désir d'accéder à une taille
conséquente facilitant d'une part l'acquisition des moyens financiers et
matériels permettant d'améliorer la qualité du travail par
des investissements divers (recherche et développement, marketing,
formation, etc.) et d'autre part les rapports professionnels avec les tiers
(banquiers, fournisseurs).
- le désir de dépasser la taille critique (ou
masse critique), taille permettant de pénétrer un marché,
de s'y imposer ou de s'y maintenir ;
- la nécessité de réduire les coûts
des produits fabriqués en atteignant des économies
d'échelle.
Des raisons de la croissance de l'entreprise
énoncées ci-dessus, on pourrait en déduire que
l'internationalisation - c'est-à-dire le fait pour une entreprise de se
développer en dehors de son marché national - est une
conséquence du processus naturel de croissance de la firme. Selon
plusieurs auteurs, être fort sur son marché domestique est un
préalable du développement international. Une entreprise qui
s'internationalise passe progressivement du marché local au
marché mondial.
1.1.2 L'INTERNATIONALISATION DE
L'ENTREPRISE
Il s'agit d'une stratégie de développement de
l'entreprise en dehors de son marché domestique. Elle suit un processus
dont la première étape est l'exportation.
1.1.2.1 LE PROCESSUS
D'INTERNATIONALISATION
Pour expliquer pourquoi une entreprise ne pouvait rester
insensible aux développements internationaux, certains analystes ont
pensé que les produits vendus sur le marché international
obéissaient à un cycle.
1.1.2.1.1 La théorie du cycle de vie
international
i) Le modèle théorique
Théorie développée par Louis
Wells5(*) à partir du
concept de cycle de vie du produit6(*), le cycle de vie international du produit comporte
quatre phases :
§ Phase 1 : L'exportation à partir du pays
d'origine.
Un nouveau produit est lancé sur le marché
domestique. Le produit y réussit tellement bien que l'entreprise
décide de le vendre à l'étranger.
Cette étape correspond au lancement ainsi qu'à
une partie de la phase de croissance du produit.
§ Phase 2 : Les débuts de la production
étrangère.
Les marchés des pays importateurs connaissent une
croissance rapide. L'entreprise innovatrice, par son dynamisme commercial,
ouvre des marchés. Elle transforme des demandes potentielles en demandes
effectives.
À mesure qu'elles se familiarisent avec le produit
vendu sur leur territoire, certaines entreprises étrangères
commencent à le fabriquer, soit en le copiant, soit sous licence. Cela a
pour effet d'accroître la notoriété du produit. Afin
d'encourager la production locale et limiter les exportations, il arrive
qu'à ce stade les pouvoirs publics des pays importateurs augmentent les
droits de douane.
Cette phase correspond à la fin de la croissance et au
début de la maturité du produit.
§ Phase 3 : Les pays suiveurs exportent à leur
tour.
La conquête des marchés extérieurs par la
firme innovatrice et le succès international du produit suscitent les
réactions de la concurrence. Les fabricants étrangers, continuant
à accroître leur production pour ravitailler leur propre
marché, font des gains de productivité et commencent à
exporter vers d'autres pays. Bénéficiant de l'effet
d'expérience, ceux-ci vont jusqu'à entrer en concurrence avec les
firmes du pays d'origine sur les marchés tiers. D'une manière
générale, les entreprises capables de dégager un avantage
de coût sur un produit largement banalisé en raison de sa
réussite et de sa diffusion cherchent à développer leur
propre capacité de production et d'exportation.
Cette phase est caractéristique de la phase de
maturité du produit.
§ Phase 4 : Le pays d'origine importe.
Le volume croissant de la production étrangère,
souvent lié à des avantages en matière de main d'oeuvre,
permet de baisser les coûts et d'attaquer directement le pays d'origine
qui devient importateur du produit qu'il a contribué à lancer.
ii) Les conséquences sur la gestion des
entreprises
La théorie du cycle de vie international du produit
telle que considérée ci-dessus a de nombreuses
conséquences sur la gestion de l'entreprise. Cette théorie, se
veut être un modèle à la fois descriptif et prescriptif.
En tant que modèle descriptif, elle est un excellent
outil d'analyse du comportement exportateur des entreprises. En tant que
modèle prescriptif, elle constitue un outil d'aide à la
décision pour l'entreprise. Cette théorie suggère à
l'entreprise un mode de développement articulé autour du
modèle suivant :
Lancement du produit sur le marché local.
Le marché local doit pouvoir servir de tremplin au
développement international du produit de l'entreprise. Pour cela, la
demande effective (solvable) doit y être suffisamment élevé
afin de pouvoir absorber une grande partie des dépenses
supportées par l'entreprise pour la mise au point du produit (recherche
et développement, investissements divers). Il doit être un
marché de référence et donc, être à
même de conférer au produit une excellente image de marque. La
part de marché détenue par l'entreprise doit y être
élevée.
La conquête des marchés similaires au
marché local.
L'entreprise se préoccupe d'abord de son marché
national, puis lorsque celui-ci arrive à saturation, elle se tourne vers
les marchés semblables.
La modification du mode de développement
international.
Afin de limiter les effets de la concurrence des pays
suiveurs, l'entreprise peut à un moment donné, modifier son mode
de développement international. Elle peut ainsi procéder à
des investissements directs étrangers vers des pays à bas
coûts de revient. Cette approche lui permettra de réagir face
à une concurrence très forte caractérisée par une
lutte en termes de prix.
Afin d'être une réussite pour l'entreprise, le
processus de transition entre le marché d'origine et le marché
international devra donc obéir à un schéma rigoureux.
1.1.2.1.2 Du marché local au marché
international
Le passage de l'entreprise du marché local au
marché international lui permet d'engranger un certain nombre de gains
cumulatifs qui lui sont très favorables. Il s'agit de :
L'effet marché d'origine.
Cet effet se caractérise par deux forces antagonistes.
D'une part, un marché local considérable diffère le
recours à l'internationalisation comme modalité de
développement de l'entreprise, d'autre part, l'importance du
marché local permet à l'entreprise d'aborder les marchés
extérieurs en toute confiance en raison des économies
d'échelle dont elle bénéficie.
L'effet de similitude.
La réussite sur le marché local conduit
l'entreprise à s'intéresser aux marchés de
proximité. L'entreprise exporte d'abord dans des pays culturellement
proche du sien c'est-à-dire partageant le même système de
valeurs et les mêmes façons d'agir. Cette façon de
procéder permet à l'entreprise de valoriser rapidement et
à moindres risques et coûts, l'avantage concurrentiel acquis sur
le marché local.
L'effet d'expérience.
L'attitude de prudence de l'entreprise qui, après le
marché local s'intéresse d'abord aux marchés de
proximité s'estompe progressivement. Bénéficiant de
l'effet d'expérience, l'entreprise maîtrise mieux les aléas
liés aux marchés internationaux (barrières commerciales,
risques de change, etc.). À ce stade, l'entreprise augmente le nombre de
marchés abordés.
1.1.2.2 LES LIMITES DE LA NOTION
DE CYCLE DE VIE INTERNATIONAL DU PRODUIT
Le modèle d'internationalisation suggéré
par la théorie du cycle de vie international du produit a
été largement utilisé. Toutefois, son usage est
aujourd'hui réduit en raison des nombreuses limites qu'elle
présente. Le schéma traditionnel décrit par la
théorie du cycle de vie international est de plus en plus remis en cause
et cela pour plusieurs raisons.
Le modèle décrit présente la
maîtrise de son marché domestique comme une condition
préalable au développement international de l'entreprise ;
celui-ci devra d'abord être saturé avant que l'entreprise ne se
tourne vers les marchés étrangers. Or la concurrence est souvent
internationale dès l'origine (du fait de
l'interpénétration des marchés), en sorte que la question
de l'exportation ne se pose plus seulement après la maîtrise du
marché domestique. Elle est susceptible de se poser dès
l'émergence de ce marché. En ce sens, l'exportation peut devenir
une contrainte dans le plan de développement de l'entreprise avant
même que d'être un choix.
L'émergence dans le commerce mondial des firmes
exportatrices appartenant à des pays sans marché interne (Sud-est
asiatique, Amérique Latine,...) a montré qu'il est possible de
réussir son développement international sans
bénéficier du soutien du marché local. L'existence d'un
marché local restreint a même contraint certaines entreprises
à se tourner très vite vers l'international pour s'assurer le
volume d'activité indispensable à leur survie.
Au-delà des limites évoquées plus haut,
on peut remarquer que beaucoup d'entreprises qui décident de
s'internationaliser commencent par être des exportateurs.
1.1.2.3 LES STRATÉGIES
D'EXPORTATION
L'entreprise qui désire s'internationaliser suit un
processus de développement dont la première étape est
généralement l'exportation. À ce stade, plusieurs
stratégies s'offrent à elle. On peut citer :
- L'exportation indirecte.
Ici l'entreprise continue de fabriquer les produits qu'elle
exporte dans son pays d'origine, elle se contente parfois d'une modification
marginale de sa gamme, de son organisation, de ses investissements et de ses
objectifs.
L'entreprise qui exporte indirectement ses produits le fait
par l'intermédiaire de sociétés spécialisées
en import-export ou des concessionnaires. Cette méthode requiert moins
d'investissement et limite les risques car, l'intermédiaire apporte son
savoir-faire et ses services, ce qui permet d'éviter un certain nombre
d'erreurs.
- L'exportation concertée.
Le produit exporté est toujours fabriqué dans le
pays d'origine. L'entreprise se joint à une coopérative qui
exporte au nom de plusieurs producteurs assumant collectivement la gestion et
le contrôle. Cette méthode permet de limiter les coûts et de
bénéficier de la compétence des partenaires. Elle est
souvent utilisée pour l'exportation des produits agricoles.
- L'exportation directe.
À ce niveau, les ventes de l'entreprise ont
généralement atteint une dimension suffisante ; elle
décide donc de ne plus passer par des intermédiaires. Cette
méthode entraîne des investissements et des risques plus
élevés, mais elle permet d'espérer des
bénéfices plus important grâce à une maîtrise
des débouchés.
La mise en oeuvre d'une de ces stratégies demande une
analyse préalable de la capacité à exporter de
l'entreprise.
1.2 LES MODÈLES
D'ANALYSE STRATÉGIQUE
Une stratégie est définie comme étant
« un ensemble de décisions supposées cohérentes et
ayant des implications sur l'évolution à long terme de
l'entreprise.» Le contexte actuel de mondialisation des économies,
marqué par une concurrence effrénée, oblige justement les
entreprises à réfléchir dans des modes de stratégie
adaptée faute de quoi, celles-ci seront appelées à
gérer les urgences.
La décision d'exporter ou de s'internationaliser, fait
partie de ces décisions qui avant d'être prise devraient tenir
compte des potentialités de l'entreprise et de sa stratégie de
développement à long terme. Le préalable à toute
décision d'exportation doit donc être un diagnostic export.
1.2.1 LE DIAGNOSTIC EXPORT
Avant de décider d'exporter tout ou partie de sa
production, l'entreprise doit absolument évaluer sa capacité
à exporter et son degré de préparation au marché
mondial. Une telle approche permet à l'entreprise de s'assurer que les
conditions de réussite sur le marché international sont
réunies de façon durable. Le diagnostic export est, à ce
titre, un outil d'analyse critique et d'aide à la décision pour
l'entreprise qui souhaite développer une activité
internationale.
Le diagnostic export doit permettre à l'entreprise
d'identifier :
§ Ses forces (compétences, ressources humaines et
financières, savoir faire organisationnel, etc.) sur lesquelles elle
peut compter pour faire face aux risques et difficultés associés
à une opération d'exportation ;
§ Ses faiblesses au niveau des ressources et
compétences internes qui doivent faire l'objet d'amélioration
pour accroître ses chances de réussite sur les marchés
étrangers.
À l'issue de ce diagnostic, l'entreprise
décidera d'exporter ou de ne pas exporter. Elle exportera au cas
où elle ne présenterait aucune faiblesse majeure qui puisse
l'empêcher de le faire.
Plusieurs approches s'offrent à une entreprise qui
aimerait réaliser son diagnostic export. Parmi les approches les plus
utilisées, nous avons l'approche dite « classique » et
l'approche dite de « la chaîne de valeur ».
1.2.1.1 L'APPROCHE CLASSIQUE :
L'ÉVALUATION DES GRANDES FONCTIONS DE L'ENTREPRISE
L'entreprise qui fait usage de cette approche, évalue
sa position relativement aux grandes fonctions de l'entreprise. Une fonction
est « l'ensemble d'actions ou d'activités cohérentes
destiné à satisfaire un impératif de l'entreprise tel que
vendre, acheter, distribuer, administrer, ...». Les fonctions les plus
généralement répertoriées se réfèrent
aux domaines suivants : la production, les finances, les ressources humaines et
organisationnelles, le marketing. Une analyse de l'entreprise suivant ces
différentes fonctions permettra de vérifier si elle est
prête à exporter.
1.2.1.1.1 La fonction production
L'entreprise qui désire exporter son produit, doit se
préparer à une augmentation de la demande potentielle et
être à même de la satisfaire si celle-ci se commuait en
demande effective. L'entreprise devra à ce niveau évaluer sa
capacité de production ainsi que l'état de son outil de
production.
La connaissance par l'entreprise de la capacité de
production utilisée, lui permet de déterminer celle qui est
disponible. La capacité de production excédentaire doit pouvoir
lui permettre de satisfaire les commandes supplémentaires provenant des
marchés étrangers ciblés ainsi que la demande actuelle sur
le marché domestique. L'idéal pour l'entreprise est d'être
capable de produire la demande supplémentaire dans les délais
exigés, sans surcoûts rédhibitoires et sans investissements
majeurs.
La qualité de l'outil de production de l'entreprise
doit pouvoir lui permettre d'être performante, efficace et
compétitive pour faire face à la concurrence dans un contexte
international.
1.2.1.1.2 La fonction financière
L'exportation peut prendre beaucoup de temps avant
d'être rentable. Or elle induit :
- des coûts supplémentaires à court terme
tels que l'augmentation de la capacité de production, l'adaptation du
produit au marché cible, la prospection de nouveaux marchés, la
recherche des partenaires, la mise en oeuvre de moyens de communication et de
promotion, les frais d'assurance, ... ;
- des risques commerciaux et financiers (risque de
non-paiement et de change, risque de signature) plus élevés.
L'entreprise, pour y faire face, doit donc disposer au moment
de l'exportation, des ressources financières suffisantes pour financer
ses investissements (techniques, humains, financiers, commerciaux), à la
fois dans le pays domestique et à l'étranger.
L'analyse de la capacité financière de
l'entreprise lui permet globalement de mesurer sa capacité à
investir dans un projet d'exportation. Cette analyse peut revêtir un
double aspect. Premièrement, elle permet à l'entreprise de
s'assurer qu'elle est suffisamment indépendante financièrement et
dispose de capitaux propres importants. Cet aspect est très important
puisqu'une forte dépendance de l'entreprise vis-à-vis de ses
créanciers limite son dynamisme en réduisant ses capacités
d'emprunt et d'investissement.
Deuxièmement, elle lui permet de s'assurer qu'elle
dispose d'un fonds de roulement7(*) important pouvant absorber ses besoins en fonds de
roulement8(*). En effet, une
entreprise industrielle a régulièrement besoin de fonds pour
financer son cycle d'exploitation. Celle-ci doit engager de l'argent pour faire
fonctionner son cycle d'exploitation afin d'obtenir les produits
destinés à la vente. Or, en attendant d'encaisser l'argent
provenant des ventes, le cycle d'exploitation ne doit pas s'arrêter, il
doit continuer de fonctionner. La contrainte sur le fonds de roulement est
davantage importante lorsqu'il s'agit d'une entreprise exportatrice. Pour
celle-ci, les besoins en fonds de roulement ont tendance à croître
en raison notamment de l'augmentation des stocks, de l'augmentation du volume
des créances clients (liée à l'accroissement du chiffre
d'affaires) et de l'allongement de leur durée.
L'entreprise exportatrice devra également disposer de
liquidités suffisantes pour faire face aux difficultés de
trésorerie liées aux risques de change et de non-paiement.
1.2.1.1.3 La fonction « ressources humaines
et organisationnelles »
Le niveau de formation et d'expérience des ressources
humaines de l'entreprise est un facteur clé de sa réussite sur
les marchés étrangers. Les tâches afférentes
à une opération d'exportation demandent à être
effectuées par un personnel qualifié disposant d'un bon niveau de
compétence et d'expertise dans les domaines suivant :
législations étrangères, distribution, langues
étrangères, cultures et pratiques commerciales
étrangères, etc. L'organisation du travail au sein de
l'entreprise devra également tenir compte de l'activité
d'exportation surtout si celle-ci n'y est pas marginale.
1.2.1.1.4 La fonction marketing
L'entreprise qui veut s'attaquer aux marchés
étrangers, doit mettre sur pied une bonne politique marketing. L'analyse
du marché domestique, l'étude des marchés
étrangers, l'étude du produit, l'étude des goûts, la
distribution, le prix, la communication... sont autant de domaines et de
facteurs qui peuvent permettre à l'entreprise de décider
d'exporter ou pas. Grâce à l'étude des marchés
étrangers, l'entreprise peut savoir si ses produits sont adaptés
à ces marchés et si les prix qu'elle y pratique sont
acceptables.
1.2.1.2 L'APPROCHE DE LA
CHAÎNE VALEUR9(*)
La mise sur pied d'un produit est le résultat d'un
processus séquentiel de plusieurs étapes contribuant
respectivement à la définition du produit, à sa production
et sa commercialisation. L'idée centrale du concept de la chaîne
de valeur est que dans l'entreprise toute fonction doit contribuer à la
création de la valeur ajoutée.
La chaîne de valeur est la
décomposition chronologique de toutes les activités (au sein ou
en dehors de l'entreprise) nécessaires pour aboutir à l'offre du
produit ou à la délivrance du service. La mise en oeuvre de ce
concept par l'entreprise consiste à détailler pour chaque domaine
d'activité les principales fonctions, les actions qu'elles
réalisent et leurs articulations. Ces activités
interdépendantes peuvent être scindées entre :
· les activités primaires ou
opérationnelles que sont la production, la commercialisation et la vente
ainsi que le service ;
· les activités de soutien, à savoir
l'infrastructure de l'entreprise, ses systèmes d'information, ses
ressources financières, le marketing, les ressources humaines, la
recherche et développement, l'approvisionnement et la logistique.
Ces activités sont non seulement reliées entre
elles au sein de l'entreprise mais également liées aux
activités des fournisseurs, aux réseaux et aux clients de
l'entreprise. Chacune d'entre elles peut constituer une force ou une faiblesse
de l'entreprise. L'entreprise doit déterminer pour chacune de ces
activités, son coût et la valeur ajoutée qu'elle apporte.
Si une activité n'apporte pas de valeur ajoutée au produit ou au
service, son utilité peut être remise en cause.
Dans le cadre d'une activité export, l'analyse des
différents éléments de la chaîne de valeur permet
à l'entreprise d'identifier son avantage concurrentiel ainsi que ses
faiblesses par rapport à la concurrence, ces dernières devant
être palliées si elle désire maximiser ses chances de
succès sur les marchés étrangers.
1.2.2 LES GRANDES ORIENTATIONS
STRATÉGIQUES
L'entreprise qui décide de s'internationaliser peut
poursuivre pour son développement international, plusieurs objectifs.
Bien que variés, ces objectifs s'inscrivent pour l'essentiel dans l'une
des grandes orientations stratégiques suivantes : les stratégies
de coût, les stratégies de différenciation, les
stratégies de spécialisation et les stratégies de
diversification, les stratégies de dumping. Le régime de la zone
franche mis en place par les pouvoirs publics est également une
stratégie de promotion des exportations.
1.2.2.1 LES STRATÉGIES
DE COÛT
Les stratégies de coût ont pour objectif la
minimisation des coûts complets de l'entreprise. Ces stratégies
sont plus à la portée des grandes entreprises, car celles-ci sont
capables de réunir les ressources suffisantes leur permettant de
supporter les effets pervers pouvant découler de leur mise en oeuvre.
C'est l'aptitude de l'entreprise à obtenir les coûts les plus bas
qui constitue à ce niveau le facteur clé de succès. Si,
sur le marché considéré, il existe un prix de
marché, l'entreprise qui a les coûts les plus bas, réalise
les bénéfices les plus importants et peut investir pour renforcer
sa position. Tous les coûts sont concernés : dépenses de
recherche et développement, coût de production, dépense de
distribution et commercialisation, etc.
La recherche du coût minimal passe par un effet de
volume ou par un effet de coûts des facteurs de production.
Au niveau de l'effet de volume, l'entreprise peut parvenir
à un coût unitaire réduit grâce à une
production et un volume de vente de plus en plus important. Les
économies d'échelle et l'effet d'expérience - surtout
lorsque les produits fabriqués sont complexes - permettent à
l'entreprise de parvenir à une diminution des coûts unitaires de
production.
L'entreprise peut également minimiser ses coûts
en recherchant les facteurs de production là où ils sont moins
coûteux.
La mise en oeuvre des stratégies de coût n'est
pas sans conséquence sur le développement international de
l'entreprise. La recherche de nouveaux marchés pays par une entreprise
donnée, lui permet d'élargir sa demande potentielle et
d'atteindre la taille critique exigée par son secteur d'activité.
L'entreprise qui veut atteindre cette taille critique par
l'internationalisation doit fabriquer ses produits pour un marché
mondial, ce qui lui évite les dépenses liées à
l'adaptation du produit. Le phénomène de délocalisation de
la production pour bénéficier de coûts bas de main d'oeuvre
et de matières premières est également l'une des
conséquences des stratégies de coût qu'adoptent les
entreprises.
1.2.2.2 LES STRATÉGIES
DE DIFFÉRENCIATION
La différenciation consiste à mettre à la
disposition du consommateur une offre dont le caractère unique est
reconnu et valorisé par ce dernier. Cette stratégie place
l'entreprise sur un champ concurrentiel à part et exige pour sa mise en
oeuvre une forte capacité d'innovation.
La mise en oeuvre de ce type de stratégie a des
conséquences sur le développement international de l'entreprise.
Elle induit de gros effort de communication pour faire connaître aux
consommateurs le positionnement choisi c'est-à-dire les
éléments différenciant l'offre de l'entreprise de celle
des concurrents.
1.2.2.3 LES STRATÉGIES
DE SPÉCIALISATION
L'entreprise se concentre dans un domaine d'activité et
s'intéresse à un segment restreint de son marché où
elle pourra s'imposer comme spécialiste. L'objectif recherché est
d'atteindre le meilleur niveau de compétence possible et d'en faire un
avantage décisif. L'avantage concurrentiel de l'entreprise n'est plus
fondé sur le partage des coûts grâce à des volumes
importants mais sur la concentration des ressources qui permet de valoriser au
maximum la compétence.
Les conséquences de ce type de stratégie sur le
développement international de l'entreprise sont multiples. L'entreprise
spécialiste opérant sur un segment étroit, doit compenser
cela par une forte extension géographique de son marché.
Très souvent, la spécialisation pousse à la globalisation.
Une entreprise qui se spécialise se voit donc très rapidement
confronté à la décision d'internationalisation.
Un spécialiste se doit de contrôler son image sur
tous ses marchés. Le choix de la spécialisation comme orientation
stratégique conduit l'entreprise à privilégier les
solutions d'accès aux marchés avec maîtrise complète
(filiale de distribution, filiale industrielle, bureau de
représentation, etc.).
1.2.2.4 LES STRATÉGIES
DE DIVERSIFICATION
La diversification est un choix stratégique fait par
une entreprise décidant d'ajouter de nouvelles activités à
son activité principale.
Il existe deux grands modes de diversification : la
diversification technique, qui consiste à recourir à de nouvelles
matières ou à de nouvelles techniques et la diversification
commerciale, qui revient à développer de nouveaux produits ou de
nouveaux marchés. Quand ces quatre paramètres sont visés
en même temps, on parle de diversification intégrale.
La diversification vise souvent à répartir les
risques. Si l'entreprise a plusieurs activités, il est en effet peu
probable que celles-ci soient touchées toutes en même temps par
des difficultés. Elle vise également à améliorer la
rentabilité, car les nouveaux marchés sont en
général générateurs de profits élevés
puisque la concurrence y est plus faible.
Les conséquences des stratégies de
diversification sur le développement international de l'entreprise se
situent au niveau du choix des nouvelles activités et du choix des
marchés. L'entreprise qui opte pour la diversification par de nouvelles
activités peut accélérer son développement
international, surtout si celle-ci s'opère par croissance externe
(rachat d'une autre entreprise). La diversification géographique -
c'est-à-dire par de nouveaux marchés - est par essence une
stratégie de développement international.
1.2.2.5 Les stratégies de dumping
Le dumping est une pratique commerciale consistant à
exporter et à vendre sur un marché étranger un produit
à un prix inférieur de celui pratiqué dans le pays
d'origine. Cette stratégie commerciale est une forme abusive de soutien
aux exportations, raison pour laquelle elle est soumise à des
règles spéciales et à des sanctions par le droit
international.
La mise en oeuvre de ce type de stratégie à des
conséquences sur le développement international de l'entreprise.
Elle induit de gros effort de vente sur le territoire national, le produit
fabriqué étant souvent vendu à l'étranger à
un prix inférieur à son coût de revient.
Le dumping inverse, moins fréquent, consiste à
vendre un produit à un prix plus élevé aux clients
étrangers qu'aux clients nationaux.
1.2.2.6 Le régime de la zone franche : une
stratégie gouvernementale
Les zones franches sont des zones géographiques bien
délimitées dont l'accès est placé sous la
surveillance douanière. Les marchandises entrant dans les zones franches
en provenance de l'extérieur sont exonérées de droits et
taxes douaniers. De même, les marchandises à destination de
l'étranger sortant de la zone franche ne sont ni soumis au
contrôle ni au paiement des droits et taxes douaniers. Ces zones sont
généralement industrielles. Les nombreux avantages qu'elles
offrent peuvent être bénéfiques aux entreprises
essentiellement exportatrices.
CHAPITRE 2 : LES
PERFORMANCES DE L'ÉCONOMIE CAMEROUNAISE
A
près les années glorieuses de la fin de la
décennie 1970 et de la première moitié des années
1980, le Cameroun entre dans une période de crise sans
précédent. L'ajustement monétaire intervenu en 1994
à la suite de la dévaluation du franc CFA viendra donner quelques
lueurs d'espoir quant à une éventuelle sortie de crise. La jeune
histoire économique du Cameroun d'après les indépendances
peut ainsi être divisée en 3 périodes : (i) la
période avant 1985/86, (ii) la période 1985/86 - 1993/94, (iii)
la période à partir de 1994/95. Chacune de ces périodes se
distingue des autres par les politiques économiques mises en oeuvre et
les performances économiques enregistrées. Nous allons dans ce
chapitre, présenter les politiques économiques mises en oeuvre au
Cameroun ces dernières années, ainsi que les résultats
obtenus. Nous insisterons particulièrement sur les performances du
commerce extérieur.
2.1 LES POLITIQUES MISES EN
oeUVRE
Au lendemain des indépendances, les actions
stratégiques de développement entreprises au Cameroun sont
axées vers le secteur primaire. Les plans quinquennaux de
développement sont élaborés et mis en oeuvre. Ces plans
comportaient des aspects consacrés au développement de
l'industrie avec au départ, une logique de substitution aux
importations. Les plans successifs mis en oeuvre sont au nombre de six ;
le sixième plan ayant été interrompu en cours
d'exécution.
Ú Le 1er plan (1961-1966). Ce plan fait une
part belle à l'agriculture, présentée comme la base de
l'économie camerounaise. L'activité industrielle est encore
naissante. L'Etat est au centre de la réalisation des infrastructures
économiques et des équipements sociaux. Le maître mot est
« développement autocentré ».
Ú Le 2ème plan (1966-1971). Il
conserve les mêmes priorités que le premier plan. Le secteur
privé prend en main un certain nombre d'activités
productives ; activités concernant des domaines aussi variés
que les industries manufacturières, l'exploration minière et
pétrolière.
Ú Le 3ème plan (1971-1976). De
nombreuses sociétés de développement sont crées par
l'Etat, surtout dans le secteur primaire (SODECOTON, HEVECAM, SODECAO ...).
Ú Le 4ème plan (1976-1981). L'effort
d'investissement se poursuit, principalement dans les industries de
transformation. L'accent est également mis sur une plus grande
participation du secteur privé particulièrement dans les
activités industrielles. Les ressources pétrolières sont
mises en valeur dès 1977. Le levier engendré par les nouveaux
investissements apparaît comme un accélérateur de la
croissance. Le Cameroun enregistre au cours de la période un taux de
croissance record de 13 %.
Ú Le 5ème plan (1981-1986). Il est
marqué par la rupture du trend expansionniste précédent.
Au cours de l'exercice budgétaire 1985/1986, l'économie
connaît une baisse brutale des revenus d'exportation. La baisse concerne
aussi bien le pétrole que les autres produits d'exportation ; elle
se chiffre à 329 milliards de FCFA environ, soit l'équivalent de
8,2 % du Produit Intérieure Brut (PIB). L'Etat prend des mesures
d'allègement de son lourd portefeuille devenu de plus en plus difficile
à gérer.
Ú Le 6ème plan (1986- ).
Amorcé en 1986, ce plan est interrompu en 1987 en raison de la
dégradation de l'activité économique. Cette
dégradation s'accélère en 1986/1987, en raison de la
baisse persistance des cours des principaux produits d'exportation
(pétrole, café, cacao, coton). Les taux de croissance deviennent
négatifs. De 1986 à 1988, les termes de l'échange chutent
de 44 %.
Pour faire face à la crise, le gouvernement prend des
mesures d'ajustement interne notamment la contraction des dépenses
publiques. Toutefois, ces mesures s'avéreront insuffisantes. Les
indicateurs économiques continuent à se dégrader.
L'endettement extérieur du pays, devenus plus important, n'apporte
aucune solution. Le gouvernement, de concert avec les organismes financiers
internationaux, engage d'autres réformes. Celles-ci également
s'avéreront inefficaces. Des baisses drastiques de salaires sont
opérées dans la fonction publique en 1993, de l'ordre de 70
à 75 %.
L'ajustement monétaire intervenu en 1994, les gains de
compétitivité induits et les politiques économiques mises
en oeuvre permettront de sortir du marasme. Le taux de croissance devient de
nouveau positif en 1994/1995 et s'établit autour de 5 % les
années suivantes. Le gouvernement exécute par la suite de
nouveaux programmes d'ajustement structurel conclu avec le FMI.
2.2 LES PERFORMANCES
ÉCONOMIQUES
De nombreux éléments peuvent nous permettre
d'apprécier les performances économiques du Cameroun. Parmi
ceux-ci, on peut citer la répartition sectorielle du PIB ainsi que son
taux de croissance.
La répartition sectorielle du PIB montre que le secteur
tertiaire y a toujours prédominé. Durant la décennie 1970,
alors que l'agriculture était au coeur du développement
économique du Cameroun, le secteur primaire occupait le deuxième
rang dans la répartition sectorielle du PIB ; l'industrie
étant encore naissante. Les structures rurales à forte
autoconsommation et à faible capacité d'accumulation
étaient prédominantes. L'effort d'industrialisation entrepris
dans la décennie 1980 a fait passer le secteur secondaire au second rang
dans la répartition du PIB. La récession économique dans
laquelle entre le pays et qui se poursuit jusque dans la première
moitié de la décennie 90 frappe de plein fouet le secteur
productif. On assiste à une baisse de la valeur ajoutée
industrielle plus importante que celle observée dans le secteur
primaire.

Sur la période 1960-1993, le Cameroun connaît
plusieurs rythmes de croissance. De 1960 à 1976, le taux de croissance
annuel moyen est de 3 %. Entre 1977 et 1981, le Cameroun profite du
début de la production pétrolière pour voir son taux de
croissance s'établir à 11 %. Sur la période 1982-1985,
celui-ci se stabilise à 7 %. Le Cameroun entre dans une phase de crise
de 1986 à 1993 ; le taux de croissance oscille pendant cette
période entre - 8 et - 2 %. Depuis sa sortie de crise, le taux de
croissance s'est établi autour de 5 % ; le taux d'inflation est
maintenu en dessous de 3 %. Le Cameroun a eu à exécuter avec
succès un programme économique et financier triennal (du
1er juillet 1997 au 30 juin 2000) appuyé par le FMI ; il
a pu ainsi bénéficier de certaines mesures d'allègement de
sa dette extérieure à travers son admission à l'Initiative
Pays Pauvres Très Endettés (IPPTE). Ce programme visait
à (i) consolider l'assainissement de la situation des
finances publiques et à (ii) mettre en place les conditions d'une
croissance économique soutenue et d'un redressement tangible du niveau
de vie des populations.
2.3 LES PERFORMANCES DU
COMMERCE EXTÉRIEUR
L'économie camerounaise a toujours été
très peu diversifiée, son commerce extérieur étant
constitué de quelques produits facilement repérables (cacao,
café, pétrole, bois, coton, banane).
L'essentiel de la décennie 1970 a été
marqué par la prédominance des cultures de rente que sont le
cacao et le café dans les exportations. Entre 1970 et 1978, ces deux
produits contribuent en moyenne pour 50 % des exportations en valeur du
Cameroun. La fin des années 1970, caractérisée par le
début de l'exploitation pétrolière et la mise en valeur
plus accrue du bois brut, voit ces deux produits s'ajouter aux deux
précédents, occupant ainsi à eux seuls près de
trois quarts des exportations en valeur du pays. Globalement, la part des
produits exportés dans le PIB - traduisant l'effort à
l'exportation du pays - avoisine durant cette décennie 15 %. Du point de
vue de la balance commerciale, on peut distinguer deux périodes sur la
décennie 1970. La première moitié de cette décennie
est caractérisée par une balance commerciale alternant le chaud
et le froid. Au cours de la seconde moitié, en raison de la
transformation (construction de routes, d'hôpitaux et autres
infrastructures) du pays et de l'apparition du secteur productif - à
forte propension à importer -, la balance commerciale devient
déficitaire. En 1979 par exemple, les taux d'importation10(*) et d'exportation11(*) sont respectivement de 19 % et
16 %.
La première moitié de la décennie 1980,
tout comme la fin de la précédente, se caractérise par un
poids de plus en plus importants des produits primaires - cacao, café,
bois brut, pétrole brut - dans les exportations en valeur du Cameroun.
Les exportations de coton commencent également à occuper une part
importante dans les exportations totales. La forte dépendance du
Cameroun à l'égard des produits d'exportation primaires et la
chute du cours de ces produits seront les principaux facteurs explicatifs de la
crise économique que connaîtra le pays à partir de 1985.
Les années qui suivent sont marquées par une baisse
considérable de l'ensemble des revenus d'exportations.
Les produits d'exportations traditionnels du Cameroun
continuent à être les mêmes durant la décennie 1990.
En 1992, ces produits représentent 91 % des exportations totales du
pays. Cette décennie est également marquée par la
dévaluation du franc CFA en janvier 1994 ; dévaluation dont
l'un des objectifs majeurs était la sortie de crise grâce à
des recettes d'exportations plus importantes. Cet objectif sera atteint,
puisque le pays renouera avec des taux de croissance positifs. La hausse des
cours du pétrole durant une partie de cette décennie augmentera
la part des produits pétroliers - déjà très
importante - dans les exportations totales. Cette part (en valeur) oscillera
entre 30 et 50 % entre 1996 et 2000. Le corollaire de cette situation
étant une balance commerciale hors pétrole déficitaire. En
effet, entre 1997 et 2000, la balance commerciale hors pétrole est
demeurée déficitaire, avec pourtant des taux de couverture des
importations par les exportations nettement supérieurs à 100
%.
Le tableau ci-dessus nous donne la valeur de certains
indicateurs du commerce extérieur du Cameroun ces dernières
années.
Tableau 1 : Quelques indicateurs du commerce
extérieur du Cameroun (en %)
Période
|
1974
|
1979
|
1983
|
1985
|
1992
|
1998
|
Part des principaux produits
d'exportation12(*)
|
68,31
|
83,14
|
79,35
|
51,21
|
90,54
|
76,85
|
Part du pétrole dans
les exportations
|
-
|
23,59
|
40,32
|
20,30
|
54,19
|
30,44
|
Taux d'exportation
|
19,74
|
16,93
|
12,69
|
19,89
|
13,87
|
17,85
|
Taux d'importation
|
18,07
|
19,23
|
14,62
|
12,52
|
-
|
15,97
|
Taux de couverture13(*)
|
109,21
|
88,03
|
86,85
|
158,96
|
-
|
111,80
|
Taux de couverture hors pétrole
|
109,21
|
67,27
|
51,83
|
126,70
|
-
|
77,77
|
Source : INS, Nos calculs
L'économie camerounaise a connu une évolution en
dents de scie au cours des quarante dernières années. Les
conséquences des dix années de récession (de 1985 à
1994) sont loin d'être effacées. Certes, la dévaluation du
franc CFA en 1994 a laissé entrevoir d'excellents résultats pour
l'économie du pays. Toutefois, de nombreuses entraves à la
croissance subsistent encore. On peut citer : la non diversité de
l'économie, le manque d'infrastructure et le déficit
énergétique. S'agissant de l'énergie, son rationnement a
eu des effets multiformes sur l'économie et le retour à un niveau
optimal de production est un préalable à la reprise et au
renforcement de la dynamique de croissance dans le pays.
CHAPITRE 3 :
L'ENVIRONNEMENT GLOBAL DE L'ACTIVITÉ INDUSTRIELLE AU CAMEROUN
L
'économie camerounaise a connu plusieurs rythmes de
croissance sur la période 1960-1993. De 1960 à 1976, la
croissance moyenne a été de 3 % par an. Entre 1977 et 1981, elle
s'est accélérée au taux de 11 % (effet pétrole)
pour ensuite se stabiliser à 7 % sur la période 1982-1985. Elle
entre dans une phase de crise de 1986 à 1993, et depuis sa sortie de
cette phase de crise, le taux de croissance plafonne à 5%. Ce niveau de
croissance, obtenu à la suite d'une série de réformes
notamment la dévaluation du franc CFA de 1994, demeure faible par
rapport à l'objectif d'amélioration des revenus et du niveau de
vie des populations. Afin d'impulser une nouvelle dynamique à
l'économie et d'accroître de façon significative son taux
de croissance, les pouvoirs publics misent sur le rôle moteur que
pourrait jouer l'industrie. Or les performances de ce secteur sont
mitigées ces dernières années en raison notamment du
déficit énergétique qui a frappé de plein fouet
l'ensemble de l'économie et de l'environnement quelque peu
délétère dans lequel il a baigné.
Les performances d'une entreprise sont en effet, fortement
tributaires de l'environnement dans lequel elle fonctionne. D'une part, nous
avons l'environnement politico-légal qui est caractérisé
par un arsenal législatif, réglementaire et administratif
définissant le cadre dans lequel l'entreprise met en oeuvre ses
activités. D'autre part, il y a l'environnement économique qui
fait référence au marché de l'entreprise, à son
fonctionnement et aux concurrents.
3.1 L'ENVIRONNEMENT
POLITICO-LÉGAL DES ENTREPRISES CAMEROUNAISES
3.1.1 LE CADRE
RÉGLEMENTAIRE, JURIDIQUE, FISCAL ET FINANCIER
La qualité des lois et règlements qui
régissent les activités commerciales et industrielles, le
fonctionnement efficace et équitable de la justice, la pression fiscale,
les modes de financement sont des éléments déterminants
dans l'attrait d'une économie. En effet, les mesures prises dans ces
domaines peuvent attirer les investisseurs ou au contraire les repousser.
3.1.1.1 LES TEXTES
LÉGISLATIFS ET RÉGLEMENTAIRES
Un des éléments d'attractivité d'une
économie est le régime de propriété. En effet, un
investisseur doit se sentir en sécurité par rapport à tous
les biens qu'il a pu produire et accumuler. Dans le souci de garantir cette
sécurité, le Cameroun dans le préambule de sa constitution
du 18 janvier 1996 précise ce qui suit : « la
propriété est le droit d'user, de jouir et de disposer des biens
garantis à chacun par la loi. Nul ne saurait en être privé
si ce n'est pour cause d'utilité publique et sous la condition d'une
indemnisation dont les modalités sont fixées par la loi.
».
L'activité industrielle au Cameroun est
également régit par le code des investissements. Les codes
successifs dont le Cameroun s'est doté, visent la promotion des
investissements productifs. Le dernier en date avait mis sur pied des
régimes spéciaux tel que celui de la zone franche, régime
qui accordait des avantages particuliers aux entreprises exclusivement
exportatrices. Ce code est aujourd'hui en voie de remplacement. En effet, le 19
avril 2002, le Président de la République promulguait une loi
portant « Charte des investissements en République du Cameroun
». Cette charte se veut être plus incitatrice que le code qui l'a
précédé. Elle prévoit notamment la mise sur pied
d'institutions de promotion et de facilitation des investissements et des
exportations. Dans cette optique, des mesures d'incitations fiscales et
douanières sont prévues14(*). L'Etat s'engage également à assainir
le système financier local afin de le rendre adapté au souci de
développement des investissements et à la recherche de la
compétitivité.
3.1.1.2 LE CADRE JURIDIQUE
Depuis le 1er janvier 1998, l'activité
commerciale et industrielle est régit au Cameroun et dans plusieurs
autres États africains par des règles communes prévues par
le traité relatif à l'harmonisation du droit des affaires en
Afrique. Avant cette date, chaque pays avait sa législation propre en
matière commerciale qui datait le plus souvent de l'époque
coloniale et avait simplement fait l'objet d'adaptation à
l'évolution de la vie industrielle et commerciale.
Initié par l'Organisation pour l'Harmonisation en
Afrique du Droit des Affaires (OHADA), le traité actuellement en vigueur
a été signé à Port-Louis au Sénégal
le 17 novembre 1993 par 14 chefs d'États africains. Il prévoit
l'élaboration et l'adoption par les États-parties, de
dispositions législatives qualifiées d'actes uniformes
(harmonisés).
Les actes uniformes sont applicables et obligatoires
malgré toute disposition contraire de droit interne antérieur ou
postérieur.
Comme actes uniformes déjà pris
conformément au traité de 1993 signé par le conseil des
ministres des États-parties, on peut citer :
§ les trois qui sont entrés en vigueur le
1er janvier 1998 à savoir :
- l'acte uniforme relatif au droit commercial
général ;
- l'acte uniforme relatif aux droits des
sociétés commerciales et aux Groupements d'Intérêt
Économiques (GIE) ;
- l'acte uniforme portant organisation des
sûretés.
§ les deux qui sont entrés en vigueur le
1er janvier 1999 à savoir :
- l'acte uniforme portant organisation des procédures
simplifiées de recouvrement et des voies d'exécution ;
- l'acte uniforme organisant les procédures collectives
d'apurement du passif.
§ l'acte uniforme portant organisation et harmonisation
de la comptabilité des entreprises.
L'OHADA assure aujourd'hui aux investisseurs, un cadre
juridique supranational susceptible d'augmenter la sécurité des
investissements étrangers, dans un contexte régional
marqué par la subordination de la justice aux gouvernements.
3.1.1.3 LE CADRE FISCAL
Depuis 1994, l'environnement fiscal est marqué au
Cameroun et dans les autres États de la sous-région CEMAC par la
Réforme Fiscalo-Douanière (RFD) qui a pour objectif
l'amélioration du rendement de la fiscalité, la promotion des
investissements à travers l'allègement de la protection
tarifaire. Avant cette année, le système en place était
caractérisé par sa complexité et pris en tenaille au sein
de chaque Etat entre la mission de protection du territoire douanier et celle
de procurer des recettes pour les finances publiques. La multitude de taux, de
taxes, conjuguée à de nombreux régimes
dérogatoires, avaient affaibli le système fiscal alors en vigueur
dans les différents pays de la sous-région et étaient une
entrave aux initiatives privées d'investissement.
L'entrée en vigueur de la RFD a permis notamment de
revitaliser le commerce entre les États de la sous-région
à travers entre autres l'adoption d'un Tarif Extérieur Commun.
L'introduction depuis le 1er janvier 1999 de la
Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA) en remplacement de la Taxe sur le
Chiffre d'Affaires (TCA) a également facilité l'harmonisation du
système fiscalo-douanier du Cameroun avec celui de la
sous-région. Les multiples avantages que la TVA offre notamment en
matière d'exportation devraient permettre à terme d'avoir une
économie beaucoup plus compétitive tant sur le plan national
qu'à l'extérieur.
3.1.1.4 LE CADRE
MONÉTAIRE ET FINANCIER
Le financement des entreprises au Cameroun est assuré
par des structures financières formelles et informelles. Les structures
formelles sont celles qui sont facilement contrôlables par l'État.
On y retrouve : les banques commerciales, les banques de développement
et les institutions financières spécialisées. Les
structures informelles, difficilement contrôlables comprennent notamment
le réseau des tontines et des usuriers. Ces structures se sont davantage
développées à la fin des années 80 suite à
la faillite du système bancaire national. Elles ont de nombreuses
limites dont : l'étroitesse des fonds prêtables, la forte
rémunération des services offerts. La cohabitation confuse de
ces deux structures de financement a fait beaucoup de mal à
l'économie nationale.
La mise en place d'une nouvelle loi réglementant la
création et le fonctionnement des établissements bancaires en
Afrique Centrale a permis l'assainissement du système financier. La
Commission Bancaire de L'Afrique Centrale (COBAC) est le nouvel organe
créé pour assurer l'application et le suivi de la
réglementation en vigueur dans le système bancaire. Sa
création a semble t-il donné un regain de vitalité au
secteur en panne depuis plusieurs années. L'objectif est à terme,
de redonner confiance aux épargnants et aux potentiels investisseurs
dont le pays a durement besoin pour booster sa croissance.
3.1.2 LES STRUCTURES
ADMINISTRATIVES DE PROMOTION DES EXPORTATIONS
De l'avis des opérateurs économiques, il existe
encore de nombreuses entraves au développement du commerce
extérieur camerounais en général et de ses exportations en
particulier. André SIAKA, Président du Groupement Inter-patronal
du Cameroun (GICAM) relevait lors de la 92e assemblée
générale de son institution tenue le 11 janvier 2002 - trois ans
après l'instauration de la TVA - ce qui suit : «...les obstacles
administratifs [...] continuent d'être légion à l'occasion
d'une opération d'exportation : empilement continu des
réglementations, et de plus en plus, interprétations fantaisistes
de ces réglementations par des agents de l'administration (douanes,
impôts, police) ». Afin de faciliter les opérations
d'exportations et promouvoir la vente des produits locaux à
l'étranger, le gouvernement a eu à mettre sur pied de nombreuses
structures. Sans être exhaustif, on peut citer :
3.1.2.1 LA CHAMBRE DE COMMERCE,
D'INDUSTRIE, DES MINES ET DE L'ARTISANAT (CCIMA)
La chambre de commerce, d'industrie, des mines et de
l'artisanat du Cameroun est un organisme de promotion qui joue le rôle
d'interface entre, d'une part les milieux d'affaires et d'autre part, les
pouvoirs publics en matière de consultation et de représentation
dans les secteurs commercial, industriel, artisanal et minier. D'une
manière générale, elle développe ses
activités autour des actions dont les plus proéminentes sont :
- la collecte, le traitement et la diffusion des informations
économiques et commerciales ;
- la réalisation des publications ;
- l'appui à la création des entreprises ;
- l'assistance en matière de recherche des partenaires
;
- les échanges internationaux ;
- la promotion des exportations par le biais de la
participation aux foires et salons ;
- la formation professionnelle et le conseil.
La réforme de cette chambre il y a quelques
années, a permis l'ouverture en son sein d'un centre d'information et de
documentation économique dont l'une des missions est de faciliter
l'accès à l'information sur les marchés des produits de
base, sur les marchés étrangers, les technologies et sur les
opportunités commerciales internationales.
Précisons toutefois que, le caractère hybride de
la chambre rend patent son risque d'inefficacité parce que
consubstantiel à sa création. Il serait peut-être utile de
la fragmenter en plusieurs organes ayant chacun des missions plus
précises.
3.1.2.2 LE GUICHET UNIQUE DES
OPÉRATIONS DU COMMERCE EXTÉRIEUR (GUCE)
Le Guichet Unique mis en place en 2000 est devenu un exemple
réussi du partenariat public-privé au Cameroun et sert de
référence au reste des pays de la sous-région. La
rationalisation des procédures du commerce extérieur
instituée grâce au Guichet Unique a permis de faciliter le
commerce dans la sous-région. Les opérations d'embarquement et de
débarquement sont actuellement réalisables dans des délais
relativement courts. Le GUCE a également permis une amélioration
de l'organisation et des performances du secteur transit. L'informatisation de
ce guichet qui est en passe de se réaliser permettra de réduire
davantage les délais et d'améliorer la qualité de service
sur la plate-forme portuaire de Douala avec en prime de nombreux autres
avantages. Notamment des avantages concurrentiels et stratégiques
à même de renforcer la compétitivité et l'image du
port autonome de Douala et de lui permettre de devenir la desserte
privilégiée des pays voisins enclavés.
3.1.2.3 LE COMITÉ DE
COMPÉTITIVITÉ
Le comité de compétitivité a
été créé par décret du président de
la république le 31 décembre 1997, pour contribuer à
travers le dialogue État/secteur privé, à
l'amélioration de l'environnement des affaires et de la
compétitivité de l'économie. Sa création venait
à la suite de nombreux constats fait sur les relations
délétères qu'entretenait l'État avec le secteur
privé pourtant véritable moteur de la croissance
économique.
Les missions assignées à cette institution sont
:
- identifier les obstacles à la
compétitivité de l'économie ;
- proposer toutes mesures visant à abaisser les
coûts de facteurs et de transactions, et à accroître
l'attractivité du Cameroun à l'investissement privé ;
- suivre dans l'intérêt des parties (État
et secteur privé), la mise en oeuvre des décisions
arrêtées et des réformes mises en oeuvre.
Dans le droit-fil de ses missions, le comité a
lancé de nombreuses études diagnostiques de la
compétitivité de l'économie camerounaise et initié
un dialogue permanent avec les organisations professionnelles et patronales du
secteur privé.
3.1.3 LES ORGANISATIONS
PATRONALES
Dans l'environnement des entreprises au Cameroun, les
organisations patronales jouent un rôle très important. Elles
constituent pour la plupart une passerelle entre le secteur privé et les
pouvoirs publics. Il existe deux principales organisations patronales au
Cameroun :
3.1.3.1 LE GROUPEMENT
INTER-PATRONAL DU CAMEROUN (GICAM)
Créé en 1957, le GICAM est la principale
organisation professionnelle et inter-patronale. Il rassemble en son sein les
grandes entreprises et ses principaux objectifs consistent :
- à procéder à des études sur le
double plan économique et social au Cameroun ;
- à assister le gouvernement dans l'adoption des
politiques de développement économique;
- à représenter le patronat camerounais
auprès des pouvoirs publics et partout où cela s'avère
nécessaire.
Le GICAM permet ainsi aux investisseurs étrangers de
disposer d'un cadre global de réflexion sur les potentialités
réelles du pays et sert de relais privilégié sur lequel
les pouvoirs publics peuvent s'appuyer pour appréhender les attentes des
entreprises et leur apporter des réponses.
3.1.3.2 LE SYNDICAT DES
INDUSTRIELS DU CAMEROUN (SYNDUSTRICAM)
Le SYNDUSTRICAM est une association du patronat des
entreprises industrielles créé en vue de défendre leurs
intérêts. Il rassemble les grandes entreprises industrielles et
produit des statistiques utiles à une bonne connaissance de
l'évolution des entreprises concernées, leur permettant de mieux
connaître la scène économique.
3.2 L'ENVIRONNEMENT
ÉCONOMIQUE DES ENTREPRISES INDUSTRIELLES EN 2000/2001
Le Cameroun a connu en 2000/2001 son taux de croissance le
plus élevé depuis la reprise amorcée en 1994/1995. Ce taux
de 5,3 % a été dû en partie à la relative embellie
observée au niveau du secteur secondaire. Dans presque toutes les
branches d'activité, la valeur ajoutée et les investissements ont
été plus importants qu'en 1999/2000.
La considération de quelques indicateurs
représentatifs des principales fonctions de l'entreprise nous permettra
de mieux apprécier la situation économique des entreprises
industrielles en 2000/2001. Mais avant, nous allons faire une brève
présentation de la base de données utilisée pour ce
travail.
3.2.1 PRÉSENTATION DE LA
BASE DE DONNÉES
Pour les besoins de notre travail, nous avons utilisé
une base élaborée à l'aide des Déclarations
Statistiques et Fiscales (DSF) fournies par les entreprises en 2000/2001 et
disponible au Secrétariat Permanent du Plan comptable de l'Institut
National de la Statistique. Cette base a été
complétée par celle de l'Enquête Annuelle dans l'Industrie
de l'année 2000/2001 effectuée par la Sous-Direction des
Statistiques d'Entreprises.
La DSF est un document comptable qui est obligatoirement
rempli par les entreprises d'une certaine taille ou d'un certain régime
juridique. Chaque entreprise assujettie à la DSF doit la faire certifier
par un comptable qui garanti la cohérence des chiffres et leur
exhaustivité.
Notre population d'étude d'environ 200 entreprises
industrielles représente l'essentiel de l'activité des
entreprises manufacturières camerounaises en 2000/2001 (81 % du total en
terme de chiffre d'affaires et 83 % en terme de valeur ajoutée). Le
complément correspond principalement à des entreprises dont le
caractère exportateur est très limité. Il s'agit par
exemple des entreprises des branches suivantes : « Boulangerie -
Pâtisserie », « Fabrication de matériel de transport
», « Électricité, gaz et eau ». Les entreprises
des branches retenues ont été regroupées en quatre grands
secteurs d'activité : « Agro-industries », « Bois et
papier », « Industries chimiques », «Textiles et autres
industries». Les entreprises ayant un chiffre d'affaires nul ont
été exclues de notre population (4 entreprises au total).
Tableau 2 : Répartition sectorielle des
entreprises de la population d'étude
Secteurs d'activité
|
Nombre d'entreprises
|
Pourcentage
|
Agro-industries
|
51
|
25,7
|
Bois et papier
|
80
|
40,4
|
Industries chimiques
|
35
|
17,7
|
Textiles et autres industries
|
32
|
16,2
|
Ensemble
|
198
|
100,0
|
Source : INS, Nos calculs
3.2.2 SITUATION
ÉCONOMIQUE ET FINANCIÈRE DES ENTREPRISES INDUSTRIELLES EN
2000/200115(*)
3.2.2.1 JEUNESSE ET
RENOUVELLEMENT DES ÉQUIPEMENTS
L'entreprise qui veut assurer sa pérennité et se
garantir une production concurrentielle, doit régulièrement
renouveler son capital productif. Toutes choses égales par ailleurs, la
qualité de l'outil de production de l'entreprise doit pouvoir lui
permettre d'être performante, efficace et compétitive pour faire
face à la concurrence dans un contexte international.
En 2000/2001, le vieillissement du parc du matériel
productif des entreprises observé ces dernières années
s'est poursuivi, comme en témoigne les valeurs du taux de vieillissement
pour l'ensemble des secteurs d'activité.
Le taux de vieillissement mesuré par le ratio
Amortissements cumulés/Immobilisations brutes16(*) indique en effet le
degré de vieillissement ou la jeunesse des équipements productifs
utilisés dans l'entreprise. Plus il est élevé, plus
l'appareil productif est ancien. Alors qu'il est généralement
admis que le taux acceptable doit se situer autour de 50 %, celui des
entreprises de notre échantillon est allé bien au-delà,
atteignant 74 % ! Ce taux élevé est un signe des
difficultés qu'éprouvent actuellement la majorité des
entreprises industrielles pour renouveler leurs immobilisations. Si cette
situation persiste, elle peut à terme déboucher sur la production
de biens de mauvaise qualité et peu compétitifs.
Tableau 3 : Taux de vieillissement par secteur
d'activité
Secteurs d'activité
|
Immobilisations brutes (en FCFA)
|
Amortissements
(en FCFA)
|
Taux de vieillissement (en %)
|
Agro-industries
|
612 337 226 391
|
366 047 798 818
|
59,8
|
Bois et papier
|
123 425 067 287
|
70 166 113 637
|
56,8
|
Industries chimiques
|
1 768 171 799 101
|
1 449 909 662 190
|
82,0
|
Textiles et autres industries
|
237 584 736 564
|
152 107 905 980
|
64,0
|
Ensemble
|
2 741 518 829 343
|
2 038 231 480 625
|
74,3
|
Source : INS, Nos calculs
Malgré des taux de vieillissement relativement
élevés, les entreprises industrielles ont fourni en 2000/2001 des
efforts d'investissement assez important. Le taux d'investissement,
mesuré par le ratio Investissement/Valeur ajoutée est
passé de 23 % en 1999/2000 à 36 %. Le secteur agro- industriel
est celui qui a consacré la plus grande partie de sa valeur
ajoutée à l'investissement (59 %). Si cette tendance
à la hausse du taux d'investissement s'affirme dans les années
à venir, il y a lieu d'attendre une amélioration notable de la
compétitivité des entreprises et des effets induits importants en
termes de création d'emploi et de redistribution des revenus.
Tableau 4 : Taux d'investissement par secteur
d'activité
Secteurs d'activité
|
Valeur ajoutée (en FCFA)
|
Investissement (en FCFA)
|
Taux d'investissement (en %)
|
Agro-industries
|
121 191 190 960
|
71 273 279 290
|
58,8
|
Bois et papier
|
54 725 137 455
|
15 704 815 612
|
28,7
|
Industries chimiques
|
305 517 512 047
|
83 374 554 990
|
27,3
|
Textiles et autres industries
|
37 381 401 667
|
14 445 771 073
|
38,6
|
Ensemble
|
518 815 242 129
|
184 798 420 965
|
35,6
|
Source : INS, Nos calculs
3.2.2.2 NIVEAU ET
QUALITÉ DE L'EMPLOI
Les débats de ces dernières années sur la
notion de capital humain17(*) ont réaffirmé le rôle sans cesse
croissant que celui-ci devrait jouer dans le processus de production. Le
capital humain, actif immatériel et informationnel, crée de la
valeur et est en voie de réduire l'importance dévolue au capital
physique matériel.
Il n'en demeure pas moins que, les principales
caractéristiques du capital humain que sont le niveau de formation et de
qualification restent difficiles à valoriser. Le taux d'encadrement
mesuré par le ratio Ouvriers/Cadres et les frais de
personnel par tête permettent tout de même d'apprécier
la qualité du capital humain utilisé au sein d'une entreprise. Il
est généralement admis qu'un salaire moyen élevé
est le résultat de l'utilisation des ressources humaines mieux
formées et plus qualifiées. En effet, les firmes versant des
rémunérations élevées sont plus sélectives
dans leur recrutement et les salariés bénéficiant de ce
type de rémunération restent souvent dans leur emploi plus
longtemps, apprennent par la pratique et réduisent les rotations
d'effectifs.
En 2000/2001, le taux d'encadrement dans l'industrie a
été de 9 ouvriers pour 1 cadre. Il est très
élevé dans les secteurs « Agro-industries », «
Bois et papier » et « Textiles et autres industries » qui
emploient généralement une main d'oeuvre ordinaire et peu
qualifiée. Les valeurs des frais de personnel par tête confirment
également cet état de choses. À l'opposé, nous
avons le secteur « Industries chimiques » qui en raison de la
complexité de son processus de production fait appel à un
personnel qualifié et mieux formé.
Tableau 5 : Taux d'encadrement par secteur
d'activité
Secteurs d'activité
|
Ouvriers
|
Cadres
|
Personnel administratif
|
Taux d'encadrement
|
Agro-industries
|
16 467
|
1 555
|
2 713
|
10,6
|
Bois et papier
|
7 618
|
794
|
1 548
|
9,6
|
Industries chimiques
|
1 426
|
760
|
800
|
1,9
|
Textiles et autres industries
|
8 642
|
840
|
417
|
10,3
|
Ensemble
|
34 153
|
3 949
|
5 478
|
8,6
|
Source : INS, Nos calculs
Tableau 6 : Frais de personnel par tête, par
secteur d'activité
Secteurs d'activité
|
Effectif (unité)
|
Frais de personnel (en FCFA)
|
Frais de personnel/tête (en FCFA)
|
Agro-industries
|
20 737
|
48 251 519 384
|
2 326 832
|
Bois et papier
|
9 960
|
20 139 278 096
|
2 022 016
|
Industries chimiques
|
2 986
|
31 422 498 720
|
10 523 275
|
Textiles et autres industries
|
9 899
|
19 874 113 155
|
2 007 689
|
Ensemble
|
43 582
|
119 687 409 355
|
2 746 258
|
Source : INS, Nos calculs
3.2.2.3. NIVEAU
D'ENDETTEMENT
Une partie des ressources des entreprises provient des dettes
contractées auprès d'institutions financières ou des
fournisseurs. Mais il est généralement admis qu'un endettement
trop important (relativement aux capitaux propres18(*)) peut être
néfaste à l'entreprise. En effet, un endettement important
réduit les capacités d'emprunt et d'investissement de
l'entreprise. Le risque de faillite étant supposé d'autant plus
élevé que l'endettement est important, la plupart des organismes
financiers exige que l'ensemble des dettes à long moyen termes (DLMT)
soit inférieur au montant des capitaux propres. Le ratio
DLMT/Capitaux propres est donc utilisé comme critère du
diagnostic du risque de faillite et la limite généralement admise
est de 33 %. En 2000/2001, aucun secteur d'activité n'a pu respecter
cette limite. Le ratio d'endettement (ou d'autonomie financière) a
atteint 61 %. Le secteur « Bois et papier » est de loin le plus
endetté avec un ratio de 133 %. Cela explique sans doute le comportement
atypique des industries de ce secteur, notamment dans le saccage
systématique des forêts afin de raccourcir les délais de
récupération des investissements. Après le secteur bois,
viennent les secteurs « Textiles et autres industries » et «
Agro-industries ».
Tableau 7 : Ratio d'endettement par secteur
d'activité
Secteurs d'activité
|
Capitaux propres (en FCFA)
|
DLMT (en FCFA)
|
Ratio d'endettement (en %)
|
Agro-industries
|
171 904 958 783
|
106 389 058 331
|
61,9
|
Bois et papier
|
22 852 945 715
|
30 313 630 389
|
132,6
|
Industries chimiques
|
163 455 958 076
|
74 652 697 639
|
45,7
|
Textiles et autres industries
|
68 873 066 624
|
49 202 910 135
|
71,4
|
Ensemble
|
427 086 929 198
|
260 558 296 494
|
61,0
|
Source : INS, Nos calculs
La structure de l'endettement des entreprises industrielles en
2000/2001 nous permet aussi de remarquer que celles-ci sont en situation de
dépendance vis-à-vis du système bancaire et des
fournisseurs. En effet, les dettes à court terme - c'est-à-dire
les dettes à moins d'un an - sont prépondérantes dans
l'endettement total pour l'ensemble des secteurs d'activité : elles
représentent 78 % de l'endettement total. Cette situation traduit la
forte exigibilité du passif du bilan et peut à terme
déboucher sur une perte d'autonomie de ces entreprises.
2ème Partie : ANALYSE STATISTIQUE DES
COMPORTEMENTS À L'EXPORTATION DES ENTREPRISES INDUSTRIELLES
CAMEROUNAISES
CHAPITRE 4 : APPROCHE
MÉTHODOLOGIQUE
L
'analyse de la littérature sur les comportements
à l'exportation (cf. Chapitre 1) nous a permis d'identifier certains des
éléments susceptibles d'agir sur les comportements des
entreprises face à l'exportation. Ces éléments ont
été pour l'essentiel relatif aux principales fonctions de
l'entreprise que sont : la production, les ressources humaines et
organisationnelles, les ressources financières, le marketing. Avant de
définir les différents concepts qui nous permettront de mesurer
l'impact de ces principales fonctions, de modéliser le comportement
exportateur des entreprises industrielles camerounaises, nous allons à
travers une analyse descriptive, apprécier le rôle d'autres
facteurs sur ce comportement.
4.1 COMPORTEMENT À
L'EXPORTATION DES INDUSTRIES CAMEROUNAISES : UNE MISE EN PERSPECTIVE À
TRAVERS L'ANALYSE DESCRIPTIVE
En 2000/2001, les exportations sont extrêmement
concentrées sur une faible proportion d'entreprises : 15 entreprises,
soit 8 % de l'ensemble des entreprises industrielles, ont réalisé
80 % des exportations, 2 entreprises réalisant à elles seules
31%. À l'opposé, 56 % des entreprises n'ont réalisé
que 0,1 % des ventes à l'extérieur, et elles étaient 47 %
à se contenter du marché local.
Tableau 8 : Distribution du chiffre
d'affaires19(*)
à l'exportation
Chiffres d'affaires à l'exportation
(en millions de FCFA)
|
Entreprises
|
Exportations
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Montant cumulé
|
Pourcentage
|
0 à 100
|
111
|
56,1
|
755
|
0,1
|
100 à 1000
|
30
|
15,2
|
11 693
|
1,4
|
1000 à 100000
|
42
|
21,2
|
154 231
|
19,0
|
10000 à 100000
|
13
|
6,6
|
393 920
|
48,6
|
plus de 100000
|
2
|
1,0
|
249 587
|
30,8
|
Ensemble
|
198
|
100,0
|
810 187
|
100
|
Lecture : 111 entreprises de notre échantillon
(soit 56 %) ont réalisé en 2000/2001 un chiffre
d'affaires à l'exportation inférieure
à 100 millions de FCFA. Le montant cumulé de leurs
exportations a été de 755 millions de FCFA
soit 0,1 % de la performance d'ensemble.
Source : INS, Nos calculs
Les entreprises exportatrices réalisent pour la plupart
une partie non négligeable de leur chiffre d'affaires hors des
frontières nationales. Près d'une entreprise exportatrice sur
deux réalise en 2000/2001 la moitié de son chiffre d'affaires
à l'extérieur, et près d'une sur trois en réalise
plus de 90 % (cf. Tableau 9).
Tableau 9 : Répartition des entreprises
suivant le taux d'exportation
Taux d'exportation (en %)
|
Nombre d'entreprises
|
Part dans les entreprises exportatrices (en %)
|
Part dans le chiffre d'affaires exporté (en %)
|
0
|
93
|
-
|
0
|
0 à 1
|
3
|
2,9
|
0,0
|
1 à 5
|
8
|
7,6
|
0,1
|
5 à 10
|
11
|
10,5
|
1,3
|
10 à 20
|
11
|
10,5
|
0,5
|
20 à 30
|
9
|
8,6
|
1,4
|
30 à 40
|
7
|
6,7
|
13,1
|
40 à 50
|
5
|
4,8
|
1,4
|
50 à 60
|
6
|
5,7
|
6,8
|
60 à 70
|
3
|
2,9
|
0,7
|
70 à 80
|
3
|
2,9
|
4,4
|
80 à 90
|
6
|
5,7
|
13,0
|
90 à 100
|
33
|
31,4
|
57,2
|
Entreprises exportatrices
|
105
|
100,0
|
100,0
|
Ensemble
|
198
|
-
|
-
|
Lecture : 8 entreprises de notre échantillon ont
réalisé en 2000/2001 un taux d'exportation compris entre 1 et 5
%.
Ces 8 entreprises, représentant 7,6 % des entreprises
exportatrices de l'échantillon ont réalisé 0,1 % des
exportations
totales de l'ensemble.
Source : INS, Nos calculs
La concentration observée au niveau des exportations et
les taux d'exportation relativement élevés pour les exportateurs
masquent probablement des disparités suivant le secteur
d'activité et/ou la taille de l'entreprise. L'analyse qui va suivre nous
permettra d'apprécier le rôle de la taille (chiffre d'affaires et
effectif) et du secteur d'activité sur le comportement exportateur des
industries camerounaises.
4.1.1 LE RÔLE DU SECTEUR
D'ACTIVITÉ20(*)
L'analyse du comportement d'exportation des entreprises
industrielles en 2000/2001 révèle des légères
disparités suivant le secteur.
Le secteur « Industries chimiques » qui regroupe les
entreprises oeuvrant notamment dans la fabrication des produits
pétroliers et chimiques, se caractérise par un nombre assez
élevé d'entreprises exportatrices. Trois entreprises sur cinq
appartenant à ce secteur réalisent au moins 1 % de leurs chiffres
d'affaires hors des frontières nationales. Il reste également de
loin le point fort des ventes camerounaises à l'extérieur
puisqu'il réalise 52 % des exportations. Les produits
dérivés du pétrole et autres produits chimiques
constituent une source importante de devises pour l'économie nationale.
En revanche, deux entreprises sur cinq appartenant au secteur « Textiles
et autres industries » exportent une partie non négligeable de leur
production. Ce secteur, avec 13 % des exportations est celui concentrant la
plus faible partie des ventes extérieures. Les secteurs «
Agro-industries » et « Bois et papier » se situent dans une
position quelque peu intermédiaire avec des niveaux assez proches tant
pour la densité des entreprises exportatrices que pour le montant des
exportations (19 % et 16 % des exportations totales respectivement).
Tableau 10 : Densité des entreprises
exportatrices suivant le secteur d'activité
Secteurs d'activité
|
Nombre d'entreprises
|
Exportatrices
|
Densité
|
Total (ni)
|
%
|
Total (ne)
|
%
|
ne/ni
|
Agro-industries
|
51
|
25,7
|
24
|
23,5
|
47,1
|
Bois et papier
|
80
|
40,4
|
43
|
42,2
|
53,8
|
Industries chimiques
|
35
|
17,7
|
21
|
20,6
|
60,0
|
Textiles et autres industries
|
32
|
16,2
|
14
|
13,7
|
43,8
|
Ensemble
|
198
|
100,0
|
102
|
100,0
|
51,5
|
Source : INS, Nos calculs
L'intensité de l'engagement des entreprises sur les
marchés mondiaux, mesurée par la part du chiffre d'affaires
qu'elles réalisent hors des frontières nationales varie du simple
au double suivant le secteur d'activité. Les entreprises du secteur
« Bois et papier » spécialisées dans l'exportation ont
en 2000/2001, exporté 72 % de leur chiffre d'affaires, ce taux est
même de 88 % lorsqu'on ne considère que les entreprises de
l'industrie du bois. À l'opposé, les entreprises de
l'agro-industrie ont présenté une propension à exporter de
37 %. Pour la plupart, elles destinent l'essentiel de leur production à
la consommation domestique. Les entreprises des secteurs « Textiles et
autres industries » et « Industries chimiques » ont des taux
d'exportation respectif de 64 % et 62 % (cf. Graphique 2).
Lorsqu'on ne considère que les entreprises
exportatrices, on remarque une très grande dispersion du taux
d'exportation21(*) dans
l'ensemble des secteurs d'activité et particulièrement dans les
secteurs « Industries chimiques » et « Bois et papier ». La
dispersion du taux d'exportation dans ces secteurs est relativement plus
élevée que dans les deux autres secteurs.
Les secteurs « Bois et papier » et « Industries
chimiques » caractérisés par une grande
hétérogénéité des comportements à
l'exportation s'opposent ainsi aux secteurs «
Agro-industries » et « Textiles et autres industries » dans
lesquelles les comportements des exportateurs sont plus homogènes.
L'homogénéité des comportements à l'exportation
varie donc avec le secteur d'activité.

De ce qui précède, le secteur d'activité
semble influencer le comportement d'exportation des entreprises : tant la
densité des entreprises exportatrices et le montant des exportations que
le taux d'exportation et sa dispersion varient d'un secteur à l'autre.
L'influence du secteur d'activité paraît être toutefois
moins nette qu'on pouvait le penser, surtout en ce qui concerne la
décision d'exporter. En effet, la densité des entreprises
exportatrices ne varie pas très largement d'un secteur d'activité
à l'autre.
4.1.2 LE RÔLE DE LA
TAILLE
Les chiffres ci-dessous sur l'industrie camerounaise pour
l'année 2000/2001 corroborent le principe suivant lequel, la taille
d'une entreprise est dépendante de celle de son marché. Il
apparaît en effet, que le degré d'ouverture aux marchés
externes augmente régulièrement avec la taille des entreprises
(chiffre d'affaires ou effectif employé).
Seul 17 % des entreprises ayant un chiffre d'affaires
inférieur à 500 millions de FCFA ont des exportations non
négligeables. En revanche, 77 % de celles ayant un chiffre d'affaires
compris entre 2,5 milliards et 5 milliards de FCFA sont des entreprises
exportatrices et la totalité (100 %) lorsque le chiffre
d'affaires dépasse 10 milliards (cf. Tableau 11). Tout comme la
densité des entreprises exportatrices, la valeur des exportations
augmente avec la taille de l'entreprise. Alors que les entreprises ayant un
chiffre d'affaires inférieur à 500 millions de FCFA ne
réalisent que 0,2 % des ventes à l'extérieur, celles ayant
un chiffre d'affaires supérieur à 10 milliards en
réalisent 84 %. En mesurant la taille par le nombre de salariés,
il apparaît toujours que le comportement exportateur change avec la
dimension de l'entreprise : alors que seul 18 % des entreprises ayant moins de
20 salariés exportent, 92 % de celles ayant plus de 500 salariés
le font.
Tableau 11 : Densité des entreprises
exportatrices suivant le chiffre d'affaires
Chiffre d'affaires (en millions de FCFA)
|
Nombre d'entreprises
|
Exportatrices
|
Densité
|
Total (ni)
|
%
|
Total (ne)
|
%
|
ne/ni
|
0 à 500
|
89
|
44,9
|
15
|
14,7
|
16,9
|
500 à 2500
|
39
|
19,7
|
24
|
23,5
|
61,5
|
2500 à 5000
|
28
|
14,1
|
22
|
21,6
|
78,6
|
5000 à 10000
|
17
|
8,6
|
16
|
15,7
|
94,1
|
plus de 10000
|
25
|
12,6
|
25
|
24,5
|
100,0
|
Total
|
198
|
100,0
|
102
|
100,0
|
51,5
|
Source : INS, Nos calculs
Le taux d'exportation qui mesure le degré d'engagement
à l'exportation, augmente également avec la taille (cf. Graphique
3). De 16 % pour les entreprises de moins de 500 millions de chiffre
d'affaires, il passe à environ 60 % lorsque le chiffre d'affaires
dépasse 5 milliards de FCFA Cette évolution de la propension
à exporter s'observe aussi lorsque la taille est mesurée par le
nombre de salariés (cf. Graphique 4). Toutefois, l'impact de la taille
(chiffre d'affaires ou nombre de salariés) sur les performances à
l'exportation des entreprises industrielles en 2000/2001 doit être
nuancé. En effet, le taux d'exportation qui croit
régulièrement avec la taille de l'entreprise jusqu'à 10
milliards de FCFA de chiffre d'affaires chute légèrement lorsque
le chiffre d'affaires est supérieur à 10 milliards. Une
évolution similaire s'observe lorsque la taille est mesurée par
le nombre de salariés. Dans les deux cas, l'effort à
l'exportation le plus intense n'est pas réalisé par les
entreprises les plus grandes.


Dans tous les secteurs d'activité, l'influence de la
taille est également avérée. En effet, les entreprises
exportatrices de chaque secteur d'activité sont plus grandes que les
non-exportatrices. Le chiffre d'affaires moyen par entreprise est
multiplié par 23 lorsqu'on passe d'une non-exportatrice à une
exportatrice. Le rapport est même de 76 dans le secteur « Industries
chimiques ». Pareillement, l'effectif moyen est multiplié par 9
d'une non-exportatrice à une exportatrice.
Tableau 12 : Taille des entreprises suivant
le secteur d'activité
secteurs d'activité
|
Chiffre d'affaires moyen (en millions de FCFA)
|
Effectif moyen (unité)
|
Non exportatrices
|
Exportatrices
|
Non exportatrices
|
Exportatrices
|
Agro-industries
|
1 104
|
16 043
|
70
|
786
|
Bois et papier
|
396
|
3 843
|
37
|
200
|
Industries chimiques
|
420
|
31 994
|
19
|
130
|
Textiles et autres industries
|
347
|
11 494
|
36
|
661
|
Ensemble
|
589
|
13 560
|
43
|
386
|
Source : INS, Nos calculs
Prise seule, la taille constitue un facteur explicatif
important du comportement d'exportation des entreprises industrielles
camerounaises quel que soit leur secteur d'activité. Son influence est
toutefois davantage nette au niveau de la décision d'exporter qu'au
niveau des performances à l'exportation (mesurées ici par le taux
d'exportation). Alors que la densité des entreprises exportatrices croit
régulièrement avec la taille de l'entreprise, on observe une
rupture au niveau de l'évolution du taux d'exportation en fonction de la
dimension de l'entreprise. L'intensité de l'exportation semble atteindre
des rendements décroissants à partir d'une certaine taille.
Pris conjointement, les effets de la taille et du secteur
d'activité apparaissent très liés. Le niveau d'engagement
à l'exportation est très variable par taille et par secteur. Le
taux d'exportation croit régulièrement en fonction de la taille
dans le secteur « Bois et papier » mais de façon
irrégulière dans les autres secteurs. Cela confirme le rôle
moindre joué par la taille sur les performances à l'exportation.
Tableau 13 : Taux d'exportation par taille et
secteur d'activité
secteurs d'activité
|
Chiffre d'affaires (en millions de FCFA)
|
0 à 500
|
500 à 2500
|
2500 à 5000
|
5000 à 10000
|
plus de 10000
|
Agro-industries
|
2,4
|
28,2
|
8,6
|
28,0
|
39,8
|
Bois et papier
|
15,9
|
39,4
|
60,3
|
96,6
|
82,0
|
Industries chimiques
|
26,5
|
15,5
|
24,1
|
24,9
|
65,3
|
Textiles et autres industries
|
21,4
|
8,4
|
10,2
|
34,0
|
71,7
|
Source : INS, Nos calculs
4.2 SPÉCIFICATION DES
MODÈLES : CHOIX DES VARIABLES, FORMULATIONS
Pris séparément, la taille et le secteur
d'activité paraissent influencer le comportement d'exportation des
entreprises, à des degrés divers toutefois. La théorie sur
les exportations permet de sélectionner un ensemble d'autres variables
susceptibles d'influencer le comportement des exportateurs. Outre la taille et
le secteur d'activité, toutes les variables explicatives retenues ont
été regroupées en trois groupes : outil de production,
ressources humaines, ressources financières. Les hypothèses ayant
précédé le choix de ces groupes de variables figurent dans
le tableau ci-dessous.
Tableau 14 : Types de variables et
hypothèses
Types de variables
|
hypothèses
|
Taille de l'entreprise
|
L'accroissement de la taille de l'entreprise facilite la
mobilisation des ressources pour l'exportation.
|
Secteur d'activité
|
Plus l'entreprise se situe dans un secteur traditionnellement
exportateur, plus elle a tendance à exporter.
|
Outil de production
|
Un appareil de production de qualité accroît les
performances à l'exportation.
|
Ressources humaines
|
Un personnel très qualifié favorise les
performances à l'exportation.
|
Ressources financières
|
Exporter exige de disposer des ressources financières
suffisantes et aisément mobilisables.
|
Avant de préciser le type de modèle choisi pour
mesurer le pouvoir explicatif de chacun de ces groupes de variables, nous
allons énumérer les différentes variables permettant
d'apprécier leur influence.
4.2.1 LES VARIABLES :
DÉFINITION, MESURE ET INTERPRÉTATION
Les variables retenues pour expliquer la décision
d'exporter d'une part et les performances à l'exportation d'autre part
sont au nombre de dix. Elles sont réparties suivant les types de
variables définis ci-dessus (cf. Tableau 14).
§ Taille de l'entreprise.
C'est une variable quantitative mesurant la dimension de
l'entreprise. Le chiffre d'affaires et/ou le nombre de salariés peuvent
être utilisé pour l'évaluer.
§ Secteur d'activité.
C'est une variable qualitative précisant la nature de
l'activité de l'entreprise. Les modalités retenues pour cette
variable sont : « Agro-industries », « Bois et papier »,
« Industries chimiques », « Textiles et autres industries
».
§ Outil de production.
Il regroupe les variables permettant d'apprécier les
performances de la fonction de production et de transformation ainsi que la
qualité de l'outil de production utilisé au sein de l'entreprise
:
- Taux de vieillissement des immobilisations.
Il est mesuré par le ratio Amortissements
cumulés/Immobilisations brutes (en %) et indique le
degré de vieillissement ou la jeunesse des équipements productifs
utilisés dans l'entreprise.
- Rendement économique des équipements.
C'est le rapport entre le profit annuel brut et le capital
fixe. Le ratio Excédent brut d'exploitation/Immobilisations
brutes (en %) permet de l'évaluer. C'est un indicateur
de rentabilité du capital fixe productif.
§ Ressources humaines.
Les variables prisent en compte ici, permettent
d'apprécier la qualité des ressources humaines utilisées
par l'entreprise :
- Productivité apparente du travail.
Elle est mesurée par le ratio valeur
ajoutée/Frais de personnel et indique le montant de valeur
ajoutée dégagée par 1 FCFA de frais de personnel
payé. Il a l'avantage sur le ratio valeur ajoutée/effectif
employé en ce qu'il intègre des éléments de la
structure de l'emploi tels la qualification et l'ancienneté. C'est un
excellent indicateur de l'efficacité économique.
- Salaire moyen.
C'est le rapport Frais de personnel/Effectifs
employés (en FCFA). Il a valeur d'indicateur du niveau de
qualification du personnel.
§ Ressources financières.
Les variables prises en compte ici permettent
d'apprécier la capacité financière de l'entreprise :
- Ratio de fonds de roulement.
Il s'agit du ratio Fonds de roulement
net/(Stocks+Réalisables&Disponibles) (en %). Ce ratio donne
la fraction des valeurs d'exploitation (stocks) et des valeurs
réalisables et disponibles couvertes par le fond de roulement
(défini comme étant l'excédent des capitaux permanent sur
l'actif immobilisé net).
- Ratio d'immobilisation.
Il mesure la part immobilisé dans l'actif total. Le
rapport Actif immobilisé net/Actif total net (en %)
permet de l'évaluer.
- Taux de capitaux permanents.
Il mesure la part de capitaux permanents (capitaux propres et
dettes à long et moyen termes) dans l'ensemble des ressources de
l'entreprise. Le rapport Capitaux permanents/Passif total (en
%) nous donne sa valeur.
- Structure de l'endettement.
C'est le rapport Dettes à court
termes/Endettement total (en %). Il traduit le degré
d'exigibilité du passif de l'entreprise.
4.2.2 FORMULATION DES
MODÈLES
Le comportement à l'exportation des entreprises
obéit à un processus en deux étapes :
1ère étape : l'entreprise
décide d'exporter ou de ne pas exporter.
2ème étape : l'entreprise
fixe son niveau d'engagement à l'exportation si elle a
décidé d'exporter.
L'explication de ce comportement nécessite donc la mise
en oeuvre de deux modèles22(*) : l'un expliquant la décision d'exporter
pour l'ensemble des entreprises et l'autre le niveau d'engagement à
l'exportation pour les entreprises ayant décidé d'exporter. Ces
deux modèles ont été intitulé respectivement
modèle « décision
d'exporter » et modèle
« performance à l'exportation ».
L'analyse descriptive du comportement exportateur des
entreprises camerounaises en 2000/2001 ayant révélé de
très fortes disparités suivant la taille, nous avons, afin
d'appréhender les motivations propres aux grandes entreprises et aux
petites entreprises, réalisé les estimations pour trois
catégories d'entreprises : l'ensemble des entreprises, les
entreprises de moins de 100 salariés (Petites Entreprises ou PE) et
celles de 100 salariés et plus (Moyennes et Grandes Entreprises ou
MGE).
4.2.2.1 LE
MODÈLE « DÉCISION D'EXPORTER » :
FORMULATION ET INTERPRÉTATION
Afin de déterminer les facteurs explicatifs de la
décision d'exporter, nous avons estimé un modèle
dichotomique d'exportation basé sur le clivage exporter/ne pas exporter.
Ce type de modèle se distingue du modèle de régression
simple qui s'avère inadapté pour décrire le
phénomène que nous voulons expliquer. Utilisé un
modèle linéaire aurait conduit à des estimateurs
biaisés en raison notamment du caractère particulier de la
variable expliquée qui dérive de la partition des observations en
deux groupes : celles pour lesquelles le taux d'exportation est
supérieur à 1 et celles pour lesquelles le taux d'exportation est
strictement inférieur à 1. En effet, la dichotomisation de la
variable expliquée a pour conséquence de rendre l'ajustement
linéaire du nuage de points associés impossible, puisqu'il est
par nature réparti entre deux droites parallèles23(*).
Une méthode robuste d'analyse de la décision
d'exporter est la régression logistique.
Encadré 1 : Formulation du
modèle « décision
d'exporter »
On observe un variable binaire sur n entreprises, avec si l'entreprise i est exportatrice (= 0 sinon).
On suppose qu'il existe une variable quantitative latente, non observable, telle que :
et où est un paramètre inconnue, le vecteur des variables explicatives (taille, secteur
d'activité, ratios de gestion et d'activité) et les perturbations aléatoires supposées
indépendantes, de moyenne nulle et de variance . symbolise la capacité à exporter de l'entreprise et est expliqué par certaines de ses caractéristiques, en
faisant abstraction des conditions exogènes (demande, prix, concurrence,
etc.).
Sous les hypothèses ci-dessus, on peut estimer et par le modèle logistique régissant la loi des . La loi de est donnée par :
, avec 
On a donc 
Le modèle permet ainsi d'affecter les
entreprises : si , estimation de , est supérieur à 0, alors l'entreprise est affectée à la classe des entreprises exportatrices,
sinon elle est affectée à la classe des non-exportatrices. Il est
donc possible de déterminer un taux de prédiction mesurant la
proportion des entreprises correctement classées.
Pour le modèle défini, les variables
explicatives peuvent être qualitatives ou quantitatives. Afin de comparer
et de classer les pouvoirs explicatifs des différentes variables, nous
avons opté pour des variables explicatives qualitatives. C'est ainsi que
toutes les variables explicatives quantitatives ont été
transformées en qualitatives.
Encadré 2 : Interprétation du
modèle « décision d'exporter »1
L'interprétation des modèles à variable
dépendante binaire et à variables explicatives qualitatives est
singulière. Elle tient au fait que pour chaque variable explicative
qualitative à k modalités, les k variables
introduites pour la représenter ne sont pas indépendantes. Pour
chaque variable explicative à k modalités, seules
k-1 modalités sont donc interprétées. La variable
non introduite est affectée d'un coefficient égal à 0 par
convention et l'on considère qu'elle représente une situation de
référence par rapport à laquelle on mesure des
écarts. L'interprétation des résultats est donc faite
« toutes choses égales par ailleurs »,
c'est-à-dire étant donné la situation de
référence choisie. Mathématiquement, le choix de la
situation de référence n'est généralement pas
très important. Son choix n'est gênant que si l'effectif d'une des
modalités entrant dans sa définition est très faible, ce
qui dans l'ensemble a été évité.
La significativité d'une variable explicative du
modèle « décision d'exporter » est
appréciée à partir de l'examen des coefficients
estimés des variables dichotomiques (modalités) la composant. La
statistique de Student ou son carré, la statistique de Wald permet de
juger la significativité des coefficients estimés. Dès que
l'un d'eux est significativement différent de 0, la variable explicative
est considérée comme significative.
En elles même, les valeurs numériques des
coefficients n'ont aucune signification puisqu'elles dépendent du choix
des variables constituant la situation de référence. En revanche,
les signes et les écarts entre
coefficients sont interprétables.
Le signe permet de savoir si la probabilité d'exporter
est une fonction croissante ou décroissante de la variable explicative
correspondante.
Les écarts entre coefficients permettent notamment de
classer par ordre d'importance les divers facteurs explicatifs de la
décision d'exporter. Pour cela, on calcule pour chaque variable
explicative, la valeur absolue de l'écart entre le plus fort coefficient
significativement positif (ou 0 s'il n'y en a pas) et le plus fort coefficient
significativement négatif (ou 0 s'il n'y en pas), puis on classe les
divers facteurs explicatifs selon ces valeurs.
Le calcul des effets marginaux permet
également d'étudier l'impact des variables explicatives sur la
décision d'exporter. L'effet marginal (variation de la
probabilité entraînée par rapport à la situation de
référence) de variable étant calculé par la formule : où est la fonction de répartition de la loi logistique, le coefficient estimé correspondant à la variable et la constante introduite dans le modèle.
1. Voir Lollivier S., Marpsat., Verger D. (1996),
« L'économétrie et l'étude des comportements.
Présentation et mise en oeuvre de modèles de régression
qualitatifs. Les modèles univariés à résidus
logistiques normaux (Logit, Probit) », Série des documents de
travail « Méthodologie statistique » de l'Insee,
n°9606
4.2.2.2 LE
MODÈLE « PERFORMANCE À
L'EXPORTATION » : FORMULATION ET INTERPRÉTATION
Pour identifier les facteurs explicatifs des performances
à l'exportation des entreprises, nous avons estimé un
modèle linéaire avec les seules observations pour lesquelles le
taux d'exportation prend des valeurs supérieures à 1.
Encadré 3 : Formulation du
modèle « performance à
l'exportation »
Pour expliquer le taux d'exportation à l'aide des
variables explicatives utilisées dans la partie
précédente, on a fait usage de la méthode des Moindres
Carrées Ordinaires (MCO). Afin de corriger le biais de sélection
dû au fait que l'estimation se fait, non pas sur l'ensemble des
entreprises, mais seulement sur les entreprises exportatrices, on a introduit
dans le modèle une variable explicative supplémentaire. Cette
variable, appelée estimateur du ratio de Mills est construite à
l'aide des coefficients estimés précédemment et des
fonctions de répartition et de densité de la loi logistique. Pour
l'entreprise , on a :
où et représentent respectivement les fonction de densité et de
répartition de la loi logistique et c étant les coefficients
estimés par le modèle logistique.
L'équation estimée par les MCO est alors de la
forme :
où :
représente le taux d'exportation ; est le vecteur des variables explicatives ; la variable destinée à corriger le biais de
sélection ; et les coefficients à estimer.
Les variables explicatives du modèle ont
été toutes prises sous forme qualitative.
Interprétation du modèle «
performance à l'exportation »
Le signe des coefficients du modèle
permet de savoir si le taux d'exportation est une fonction croissante ou
décroissante de la variable explicative correspondante. Le coefficient
associé à la variable explicative supplémentaire permet de
s'assurer qu'effectivement il n'y a pas eu de biais de sélection. C'est
ce qu'indique le fait que ce coefficient ne soit pas significatif.
CHAPITRE 5 :
ESTIMATION DES MODÈLES ET ANALYSE DES RÉSULTATS
C
omme nous l'avons vu dans le chapitre précédent,
la modélisation du comportement d'exportation des entreprises se
déroule en deux étapes. La première modélise la
décision d'exporter, et la seconde, les performances à
l'exportation des entreprises ayant décidé d'exporter. Dans la
suite de ce chapitre, les estimations et l'analyse des résultats seront
présentées pour chacune de ces étapes.
5.1 MODÉLISATION DE LA
DÉCISION D'EXPORTER
Dans cette première étape, est estimée
une équation expliquant la probabilité d'exporter. Les facteurs
explicatifs de la décision d'exporter sont identifiés et
classés par ordre d'importance.
5.1.1 ESTIMATION DU
MODÈLE « DÉCISION D'EXPORTER »
Les résultats présentés dans le tableau
ci-dessous confirment la validité du modèle pour l'ensemble des
entreprises comme pour les seules PE. Aucune variable n'est en revanche
significative dans le modèle estimé pour les MGE (raison pour
laquelle les résultats y afférents ne figurent pas
ci-dessous).
5.1.2 ANALYSE DE LA
DÉCISION D'EXPORTATION
Les résultats ci-dessous font apparaître le
rôle déterminant de l'effet taille dans la décision
d'exportation tant pour l'ensemble des entreprises que pour les seules PE.
Globalement, les entreprises exportatrices ont une taille plus grande. La
probabilité pour une entreprise d'exporter est positivement
corrélée à sa taille : les entreprises ayant entre 50
et 100 salariés ont 10 % de chance de plus d'être exportatrices
par rapport à celles ayant moins de 50 salariés. Les chances
supplémentaires sont de 12 % chez les entreprises de plus de 100
salariés. Pour les PE, les écarts sont encore plus
importants : les entreprises qui emploient de 50 à 100
salariés ont 41 % de chance de plus d'exporter que les entreprises de
taille plus petite.
Tableau 15 : Les facteurs explicatifs de la
décision d'exportation
Variables
|
Toutes entreprises
|
Petites entreprises (de 0 à 100 salariés)
|
Coefficients
|
Significativité
|
Effet marginal
|
Coefficients
|
Significativité
|
Effet marginal
|
Taille
|
|
|
|
|
|
|
Moins de 50
|
Réf.
|
|
|
Réf.
|
|
|
De 50 à 100
|
1,963
|
+++
|
0,103
|
2,242
|
+++
|
0,411
|
De 100 à 200
|
5,283
|
+++
|
0,121
|
|
|
|
Plus de 200
|
4,497
|
+++
|
0,121
|
|
|
|
Secteur d'activité
|
|
|
|
|
|
|
Agro-industries
|
Réf.
|
|
|
Réf.
|
|
|
Bois et papier
|
1,958
|
+++
|
0,103
|
2,347
|
++
|
0,420
|
Industries chimiques
|
1,476
|
+
|
0,092
|
1,732
|
+
|
0,355
|
Textiles et autres industries
|
0,988
|
ns
|
0,073
|
1,384
|
ns
|
0,303
|
Salaire moyen
|
|
|
|
|
|
|
Moins de 1000 kFCFA
|
Réf.
|
|
|
Réf.
|
|
|
De 1000 à 2000 kFCFA
|
-1,059
|
ns
|
-0,165
|
-0,956
|
ns
|
-0,220
|
De 2000 à 4000 kFCFA
|
0,654
|
ns
|
0,055
|
0,292
|
ns
|
0,073
|
Plus de 4000 kFCFA
|
0,687
|
ns
|
0,057
|
0,562
|
ns
|
0,138
|
Productivité apparente du travail
|
|
|
|
|
|
|
Moins de 1,5
|
Réf.
|
|
|
Réf.
|
|
|
De 1,5 à 2,2
|
2,723
|
+++
|
0,113
|
9,107
|
ns
|
0,511
|
De 2,2 à 4,5
|
2,121
|
++
|
0,106
|
8,666
|
ns
|
0,511
|
Plus de 4,5
|
5,472
|
+++
|
0,122
|
11,584
|
ns
|
0,511
|
Taux de vieillissement
|
|
|
|
|
|
|
Moins de 35 %
|
Réf.
|
|
|
Réf.
|
|
|
De 35 à 60 %
|
0,249
|
ns
|
0,024
|
-0,336
|
ns
|
-0,083
|
De 60 % à 75 %
|
1,152
|
ns
|
0,080
|
0,921
|
ns
|
0,217
|
Plus de 75 %
|
0,329
|
ns
|
0,031
|
-0,794
|
ns
|
-0,187
|
Rendement des équipements
|
|
|
|
|
|
|
Négatif
|
Réf.
|
|
|
Réf.
|
|
|
De 0 à 10 %
|
-2,499
|
--
|
-0,507
|
-8,552
|
ns
|
-0,489
|
De 10 à 25 %
|
-4,179
|
---
|
-0,779
|
-9,398
|
ns
|
-0,489
|
Plus de 25 %
|
-3,846
|
---
|
-0,745
|
-10,111
|
ns
|
-0,489
|
Ratio d'immobilisation
|
|
|
|
|
|
|
Moins de 20 %
|
Réf.
|
|
|
Réf.
|
|
|
De 20 à 35 %
|
-0,133
|
ns
|
-0,015
|
-1,437
|
ns
|
-0,304
|
De 35 à 60 %
|
-0,097
|
ns
|
-0,011
|
-1,468
|
ns
|
-0,308
|
Plus de 60 %
|
-2,603
|
--
|
-0,531
|
-4,036
|
---
|
-0,473
|
Taux de capitaux permanents
|
|
|
|
|
|
|
Moins de 15 %
|
Réf.
|
|
|
Réf.
|
|
|
De 15 à 40 %
|
1,922
|
++
|
0,103
|
1,928
|
+
|
0,379
|
De 40 à 60 %
|
2,745
|
++
|
0,114
|
2,991
|
++
|
0,461
|
Plus de 60 %
|
3,015
|
++
|
0,116
|
2,385
|
ns
|
0,423
|
Ratio de fonds de roulement
|
|
|
|
|
|
|
Négatif
|
Réf.
|
|
|
Réf.
|
|
|
De 0 à 40 %
|
-1,868
|
--
|
-0,352
|
-1,964
|
-
|
-0,371
|
Plus de 40 %
|
-0,852
|
ns
|
-0,124
|
0,767
|
ns
|
0,184
|
Structure d'endettement
|
|
|
|
|
|
|
Moins de 50 %
|
Réf.
|
|
|
Réf.
|
|
|
De 50 à 90 %
|
0,907
|
ns
|
0,069
|
1,929
|
+
|
0,379
|
Plus de 90 %
|
0,092
|
ns
|
0,010
|
1,462
|
ns
|
0,316
|
Constante
|
1,968
|
+++
|
|
-0,043
|
ns
|
|
|
|
|
Taille de l'échantillon
|
198
|
133
|
Taux de prédiction (en %)
|
85,4
|
82,7
|
Source : INS, Nos calculs
+ (-) significatif à 10 % ;
++(--) significatif à 5 % ;
+++(---) significatif à 1 % ;
ns : non significatif ; Réf :
modalité de référence
Plusieurs éléments peuvent justifier
l'importance de la taille dans la décision d'exporter des
entreprises :
- les entreprises de grande taille ont en moyenne un volume
d'affaires plus important24(*). Or l'accès aux marchés internationaux
nécessite justement des moyens plus importants, soit pour
acquérir un niveau suffisant d'information relatif au marché
(habitude de consommation, adaptation du produit à un nouvel
environnement, demande actuelle, demande future, connaissance de la concurrence
locale, etc.), soit pour rechercher des partenaires, installer un réseau
de distribution et de commercialisation et développer une
stratégie de marketing adaptée.
- les aléas importants liés aux marchés
internationaux (barrières commerciales, risque de change, risque de
non-paiement, etc.) sont plus faciles à absorber par les entreprises de
grande taille qui en raison de leur volume d'affaires important peuvent les
affecter à une gamme variée d'activités ou de produits.
Ainsi, seules les entreprises ayant atteint une certaine
taille peuvent avoir accès aux marchés étrangers. À
quel niveau situer cette taille minimale ?
Le modèle estimé pour les entreprises de plus de
100 salariés n'a révélé aucun facteur explicatif de
la décision d'exporter, pas même la taille. Ce résultat
suggère l'existence d'une taille limite au-delà de laquelle la
question de l'exportation ne se poserait plus en termes de décision. Les
MGE au-delà de cette limite - qu'on pourrait situer précocement
autour de 100 salariés - sont souvent internationalisées et leur
production s'adresse à des marchés qui dépassent le cadre
du territoire national. Pour celles-ci, la question d'exporter ne se pose plus,
le marché « naturel » étant alors mondial. Le
modèle réalisé sur l'ensemble des entreprises a
également montré qu'il serait difficile de distinguer plus
finement les entreprises de plus de 100 salariés du point de vue de leur
probabilité d'exporter. Il est en effet apparu que les entreprises ayant
entre 100 et 200 salariés ont la même probabilité
d'exporter que les entreprises de taille plus grande (cf. Tableau 15).
Cent semble être donc la taille critique en dessous de laquelle
il serait risquant pour une entreprise industrielle camerounaise
d'exporter.
Le modèle estimé ci-dessus montre
également l'influence non négligeable du secteur
d'activité sur la décision d'exportation des entreprises
industrielles camerounaises ; son impact est toutefois moindre
comparé à celui de la taille. Il apparaît que les
entreprises situées dans des secteurs traditionnellement exportateurs
(« Industries chimiques », « Bois et
papier ») ont plus tendance à vendre une partie de leur
production à l'étranger. En effet, les entreprises des secteurs
« Industries chimiques » et « Bois et
papier » ont respectivement 9 et 10 % de chance de plus d'exporter
qu'une entreprise du secteur « Agro-industries ». Les
entreprises du secteur « Textiles et autres
industries » ont quant à elles autant de chance d'exporter que
celles de l'agro-industrie (coefficient associé non significatif).
Outre la taille et le secteur d'activité, d'autres
variables semblent également conditionner l'ouverture des entreprises
sur le marché international ; certaines ayant même un impact
très important. C'est le cas par exemple de la productivité
apparente du travail, qui mesure la valeur ajoutée dégagée
par 1 FCFA de frais de personnel payé. Il est significativement plus
élevé pour les entreprises exportatrices. Les entreprises ayant
un personnel qualifié et expérimenté ont plus de chances
d'exporter que celles dont le personnel est moins qualifié. La
concurrence, plus accrue sur les marchés étrangers (souvent
très exigeant en terme de qualité) justifierait l'utilisation
d'une main d'oeuvre qualifiée et expérimentée par les
entreprises exportatrices. La complexité de certains modes de production
fait de la qualification et de l'expérience du personnel des facteurs
essentiels de compétitivité.
Le ratio d'immobilisation, qui mesure la part
immobilisée dans l'actif total est significativement plus
élevé pour les entreprises qui n'exportent pas. Les chances
d'exporter sont d'autant plus faible que la part immobilisée dans
l'actif total est élevée : les entreprises ayant un ratio
d'immobilisation de plus de 60 % ont 53 % de chance de moins d'être
exportatrices par rapport à celles donc le ratio d'immobilisation est
inférieur à 20 %. Les entreprises exportatrices se
caractérisent donc par un actif circulant important. Celles-ci en ont
sans doute besoin pour préfinancer leurs exportations, négocier
des contrats, prospecter les marchés étrangers ciblés,
etc. Le ratio de fonds de roulement, plus faible pour les entreprises
exportatrices confirme la nécessité pour celles-ci de disposer
d'un actif circulant important au moment de l'exportation. Pour les entreprises
exportatrices, le délai de recouvrement des créances étant
souvent plus long, il est important qu'elles disposent de liquidités
suffisantes pour faire fonctionner leurs cycles d'exploitation. La
probabilité pour une entreprise d'exporter est également
positivement corrélée au taux de capitaux permanents. Ce taux qui
reflète la stabilité des ressources de l'entreprise à
moyen-long terme est plus élevé pour les entreprises
exportatrices. La situation d'indépendance financière de
l'entreprise qu'il traduit est également un élément qui
compte dans la décision d'exporter. Le rôle important joué
par le ratio d'immobilisation, le ratio de fonds de roulement et le taux de
capitaux dans la décision d'exporter de l'ensemble des entreprises et
des PE peut se résumer ainsi : pour exporter, les entreprises ont
besoin de fonds circulants mais aussi d'une meilleure assise
financière.
Des résultats ci-dessus, il apparaît
également que la probabilité d'exporter diminue significativement
avec le rendement des équipements. Autrement dit, plus les
équipements d'une entreprise sont à rendement
élevé, moins elle a des chances d'exporter. Ce résultat
est à priori surprenant. Toutefois, en analysant la distribution des
entreprises suivant le rendement des équipements et la taille, on
constate que les entreprises à taux de rendement des équipements
élevé ne sont pas celles de grande taille (Voir Tableau A.9 en
annexe) ; or la probabilité d'exporter croit avec la taille de
l'entreprise. C'est ce qui pourrait expliquer le résultat curieux
évoqué plus haut.
Pour chaque dimension explicative (taille, secteur, ratio de
gestion et d'activité), les écarts entre les coefficients
extrêmes des variables dichotomiques qui la constituent sont
interprétables. Il est ainsi possible de classer les différentes
variables explicatives par ordre d'importance.
Après classement, il apparaît que c'est d'abord
la productivité apparente du travail qui détermine la
décision d'exportation de l'ensemble des entreprises industrielles
camerounaises ; la taille qui se situe à un niveau très
proche vient en seconde position. Exporter semble être une question de
qualification et de taille dans l'industrie camerounaise. Le secteur
d'activité semble intervenir très peu dans la décision
d'exporter, puisqu'il est classé en avant-dernière position
derrière le rendement des équipements, le taux de capitaux
permanents et le ratio d'immobilisation. Si on exclut les MGE, les PE fondent
leur décision d'exportation plutôt sur le niveau de leurs actifs
circulants : le ratio d'immobilisation est le facteur le plus
discriminant. Viennent ensuite le taux de capitaux permanents, le ratio de
fonds de roulement. Les questions financières sont prioritairement
prises en compte par les PE dans leur décision d'exporter. La taille
vient en avant-dernière position précédée par le
secteur d'activité.
Tableau 16 : Classement des variables
explicatives et écart entre coefficients extrêmes
Toutes entreprises
|
Petites entreprises
|
Variables
|
Ecart1
|
Variables
|
Ecart1
|
Productivité apparente du travail
|
5,472
|
Ratio d'immobilisation
|
4,036
|
Taille
|
5,283
|
Taux de capitaux permanents
|
2,991
|
Rendement des équipements
|
4,179
|
Ratio de fonds de roulement
|
2,731
|
Taux de capitaux permanents
|
3,015
|
Secteur d'activité
|
2,347
|
Ratio d'immobilisation
|
2,603
|
Taille
|
2,242
|
Secteur d'activité
|
1,958
|
Structure d'endettement
|
1,929
|
Ratio de fonds de roulement
|
1,868
|
|
|
1. Ecart entre les coefficients significatifs extrêmes
|
Source : INS, Nos calculs
5.2 MODÉLISATION DES PERFORMANCES À
L'EXPORTATION
Dans cette seconde étape, est estimée une
équation expliquant le niveau d'exportation des entreprises ayant
décidé d'exporter. Les facteurs explicatifs des performances
à l'exportation des entreprises exportatrices sont identifiés.
5.2.1 ESTIMATION DU
MODÈLE « PERFORMANCE À L'EXPORTATION »
Les résultats présentés ci-dessous
confirment la validité du modèle pour tous les groupes
d'entreprises. La statistique de Fisher est significative au moins à 5 %
pour chacun de ces groupes.
5.2.2 ANALYSE DES PERFORMANCES
À L'EXPORTATION
Les résultats de cette seconde étape font
également apparaître le rôle non négligeable
joué par la taille dans les performances à l'exportation de
l'ensemble des entreprises et des seules PE ; elle a un effet positif sur
le taux d'exportation des entreprises de ces deux groupes. Outre la taille, le
secteur d'activité, la productivité apparente du travail et
le taux de vieillissement influence légèrement le niveau
d'exportation de l'ensemble des entreprises ; ce dernier facteur
étant handicapant pour elles.
Les MGE se distinguent nettement des autres entreprises pour
ce qui est des déterminants de leurs niveaux d'exportation. Pour
celles-ci, la taille n'a aucune influence sur les performances à
l'exportation. En revanche, le secteur d'activité, le salaire moyen, la
productivité apparente du travail, le taux de vieillissement des
équipements et le ratio d'immobilisation ont une influence significative
sur le taux d'exportation des MGE.
Parmi les MGE, la part de chiffre d'affaires que les
entreprises réalisent à l'étranger croit significativement
avec la productivité apparente du travail. Le salaire moyen est
également positivement corrélé au taux d'exportation. Or
la productivité apparente du travail et le salaire moyen sont des
indicateurs du niveau de qualification et d'expérience du personnel.
Ainsi, au sein des MGE, ce sont les entreprises faisant appel à un
personnel très qualifié et expérimenté qui
exportent le plus. Les MGE étant traditionnellement exportatrices,
celles-ci doivent faire appel notamment à des compétences
pointues pour se distinguer les unes des autres quant à leurs
performances à l'exportation. La particularité des
opérations d'exportation et la concurrence effrénée sur
les marchés étrangers font du niveau de formation et
d'expérience du personnel de l'entreprise, des facteurs clés de
succès ; surtout pour les entreprises qui ont fait de la question
de l'exportation une priorité. Ces entreprises pour réussir sur
les marchés extérieurs doivent être capables de payer le
« prix de l'exportation ».
Tableau 17 : Les déterminants du
niveau d'exportation
Variables
|
Toutes entreprises
|
Petites entreprises
|
Moyennes et grandes entreprises
|
Coefficients
|
Significativité
|
Coefficients
|
Significativité
|
Coefficients
|
Significativité
|
Taille
|
|
|
|
|
|
|
Moins de 50
|
Réf.
|
|
Réf.
|
|
|
|
De 50 à 100
|
18,285
|
ns
|
26,771
|
+
|
|
|
De 100 à 200
|
28,636
|
++
|
|
|
Réf.
|
|
Plus de 200
|
35,894
|
++
|
|
|
12,314
|
ns
|
Secteur d'activité
|
|
|
|
|
|
|
Agro-industries
|
Réf.
|
|
Réf.
|
|
Réf.
|
|
Bois et papier
|
24,382
|
++
|
14,063
|
ns
|
47,295
|
+++
|
Industries chimiques
|
2,702
|
ns
|
14,822
|
ns
|
27,578
|
ns
|
Textile et autres industries
|
13,352
|
ns
|
1,234
|
ns
|
32,690
|
+
|
Salaire moyen
|
|
|
|
|
|
|
Moins de 1000 kFCFA
|
Réf.
|
|
Réf.
|
|
Réf.
|
|
De 1000 à 2000 kFCFA
|
7,315
|
ns
|
-6,340
|
ns
|
40,825
|
+
|
De 2000 à 4000 kFCFA
|
1,851
|
ns
|
-30,529
|
ns
|
43,511
|
+
|
Plus de 4000 kFCFA
|
3,141
|
ns
|
-15,615
|
ns
|
41,492
|
+
|
Productivité apparente du travail
|
|
|
|
|
|
|
Moins de 1,5
|
Réf.
|
|
Réf.
|
|
Réf.
|
|
De 1,5 à 2,2
|
14,561
|
ns
|
-3,788
|
ns
|
29,969
|
++
|
De 2,2 à 4,5
|
8,429
|
ns
|
-23,550
|
ns
|
47,574
|
++
|
Plus de 4,5
|
38,309
|
+
|
-1,850
|
ns
|
53,475
|
+
|
Taux de vieillissement
|
|
|
|
|
|
|
Moins de 35 %
|
Réf.
|
|
Réf.
|
|
Réf.
|
|
De 35 à 60 %
|
-11,195
|
ns
|
-20,433
|
ns
|
-4,305
|
ns
|
De 60 % à 75 %
|
-22,092
|
-
|
-2,777
|
ns
|
-55,876
|
--
|
Plus de 75 %
|
-6,523
|
ns
|
25,094
|
ns
|
-34,514
|
-
|
Rendement des équipements
|
|
|
|
|
|
|
Négatif
|
Réf.
|
|
Réf.
|
|
Réf.
|
|
De 0 à 10 %
|
-10,081
|
ns
|
-21,125
|
ns
|
-17,569
|
ns
|
De 10 à 25 %
|
-10,322
|
ns
|
-20,953
|
ns
|
-22,872
|
ns
|
Plus de 25 %
|
-7,549
|
ns
|
-8,365
|
ns
|
-39,714
|
ns
|
Ratio d'immobilisation
|
|
|
|
|
|
|
Moins de 20 %
|
Réf.
|
|
Réf.
|
|
Réf.
|
|
De 20 à 35 %
|
1,707
|
ns
|
35,192
|
+
|
-64,731
|
--
|
De 35 à 60 %
|
3,862
|
ns
|
51,450
|
++
|
-66,222
|
--
|
Plus de 60 %
|
20,904
|
ns
|
63,040
|
+
|
-45,081
|
-
|
Taux de capitaux permanents
|
|
|
|
|
|
|
Moins de 15 %
|
Réf.
|
|
Réf.
|
|
Réf.
|
|
De 15 à 40 %
|
-2,087
|
ns
|
-14,974
|
ns
|
1,920
|
ns
|
De 40 à 60 %
|
-15,890
|
ns
|
-47,376
|
+
|
53,745
|
++
|
Plus de 60 %
|
-27,556
|
ns
|
-37,021
|
ns
|
33,382
|
ns
|
Ratio de fonds de roulement
|
|
|
|
|
|
|
Négatif
|
Réf.
|
|
Réf.
|
|
Réf.
|
|
De 0 à 40 %
|
-8,910
|
ns
|
5,562
|
ns
|
-51,030
|
--
|
Plus de 40 %
|
15,005
|
ns
|
29,571
|
ns
|
-27,319
|
ns
|
Structure d'endettement
|
|
|
|
|
|
|
Moins de 50 %
|
Réf.
|
|
Réf.
|
|
Réf.
|
|
De 50 à 90 %
|
-1,591
|
ns
|
-16,909
|
ns
|
14,108
|
ns
|
Plus de 90 %
|
-7,366
|
ns
|
-26,741
|
ns
|
10,984
|
ns
|
Biais de sélectivité
|
0,002
|
ns
|
67,057
|
ns
|
-50,496
|
ns
|
Constante
|
107,348
|
+++
|
106,212
|
++
|
81,012
|
++
|
|
|
|
|
R deux
|
0,410
|
0,788
|
0,666
|
Fisher
|
1,727
|
2,346
|
2,144
|
Taille de l'échantillon
|
102
|
45
|
57
|
Source : INS, Nos calculs
+ (-) significatif à 10 % ;
++(--) significatif à 5 % ;
+++(---) significatif à 1 % ;
ns : non significatif ; Réf :
modalité de référence
Ainsi que l'attestent les coefficients du taux de
vieillissement des équipements, les MGE exportatrices ayant un outil de
production de qualité semblent avoir les taux d'exportation les plus
élevés. La part immobilisé dans l'actif total paraît
également handicaper les MGE exportatrices. Ces entreprises doivent
disposer de liquidités suffisantes leur permettant de faire face
aux « difficultés de trésoreries »
liées aux risques de non-paiement et de change ; difficultés
qui sont plus importantes en raison du volume de leurs exportations.
Une variable explicative supplémentaire (Biais de
sélectivité) a été utilisée pour corriger le
biais d'estimation lié à la restriction du champ du
modèle « performance à l'exportation »
aux seules entreprises exportatrices. Cette variable n'est significative dans
aucun des champs considérés, signalant qu'il n'existe pas de
biais de sélection. Les deux étapes du comportement d'exportation
des entreprises sont donc des étapes distinctes. Seules les entreprises
ayant décidé d'exporter, fixent leurs niveaux d'exportation, les
autres ne se posent même pas la question. Un biais de sélection
significatif pour l'un quelconque des champs considérés, nous
auraient obligé à tenir compte du comportement des entreprises
non exportatrices pour expliquer le taux d'exportation
5.3 LES IMPLICATIONS DES
MODÈLES POUR LES DIFFÉRENTS ACTEURS : POUVOIRS PUBLICS ET
SECTEUR PRIVÉ
Des résultats ci-dessus, se dégagent un certain
nombre de recommandations à l'endroit des principaux acteurs du
processus d'internationalisation des entreprises industrielles camerounaises.
L'un des objectifs affirmés des pouvoirs publics
camerounais est d'accroître la part des exportations industrielles dans
les exportations totales du pays. L'étude réalisée fournit
quelques pistes pour l'atteinte de cet objectif. Il apparaît par exemple
que la taille des entreprises est un élément à prendre en
compte dans les politiques en faveur des exportations. Il existe en effet de
grandes disparités en matière d'exportation entre les petites et
les grandes entreprises : peu d'entreprises - généralement
de grande taille - réalisent l'essentiel des exportations. La
probabilité d'exporter et le niveau d'exportation croissent avec la
taille de l'entreprise. Les pouvoirs publics pourraient ainsi prendre des
mesures permettant aux entreprises d'accroître leur taille. Ce qui peut
être un élément essentiel de la charte des investissements.
Le chiffre d'affaires étant étroitement lié à la
taille, ces mesures pourraient également viser l'accroissement du volume
d'affaires - intérieure - des entreprises. L'objectif étant de
permettre à celles-ci d'utiliser le marché local comme passerelle
pour les marchés étrangers. Le renforcement des capacités
managériales, l'adaptation rapide à l'évolution
technologique et l'agressivité sur les marchés extérieurs
devraient ainsi constituer pour les industriels camerounais un
impératif.
L'étude a également permis de constater que les
entreprises disposant d'une bonne assise financière ont plus de chances
d'exporter ; cela est d'autant plus vrai que l'entreprise est de petite
taille. Des mesures permettant aux entreprises d'avoir accès aux
ressources longues peuvent ainsi permettre à celles-ci de prendre le
risque d'aborder les marchés extérieurs. Ce qui appelle des
conditions monétaires et financières plus favorables et une
gestion de l'épargne plus rationnelle au bénéfice de la
production.
Nos résultats montrent également que les
entreprises ayant un appareil de production de qualité sont celles qui
enregistrent les performances les plus élevées à
l'exportation. La jeunesse de l'appareil productif lié à des
efforts d'investissement important apparaît donc comme étant un
impératif pour les entreprises industrielles camerounaises qui veulent
réussir à l'exportation. Les mesures actuelles des pouvoirs
publics visant à encourager l'investissement productif pourraient ainsi
être renforcées.
De notre étude, il apparaît aussi que les
entreprises ayant un personnel qualifié et expérimenté
sont mieux outillées pour aborder les marchés
étrangers ; ces facteurs jouant un rôle encore plus important
chez les MGE, puisqu'ils sont déterminants dans leurs performances
à l'exportation. Les entreprises sont ainsi incitées à
recruter du personnel qualifié et expérimenté, surtout si
elles désirent faire de l'exportation une priorité. Ce qui
implique notamment le renforcement de la formation continue en entreprise et
une meilleure adéquation formation/emploi à travers un
partenariat effectif entre l'école et le secteur privé.
CONCLUSION
GÉNÉRALE
L
'analyse du comportement à l'exportation des
entreprises est un domaine largement développé dans plusieurs
pays - principalement occidentaux - . L'étude que nous avons
réalisée vient combler un vide existant dans le cas de pays comme
le Cameroun. Cette étude s'est articulée autour de deux
parties.
Après avoir présenté certains
développements théoriques disponibles actuellement sur le
comportement des entreprises face à l'exportation, nous avons dans la
suite présentée les performances économiques du Cameroun
au cours de ces dernières années. La nécessité d'un
diagnostic export pour les entreprises désirant développer une
activité internationale a été mise en évidence. Un
pareil diagnostic permet à l'entreprise d'évaluer sa
capacité à exporter et son degré de préparation au
marché mondial. Pour ce faire, l'entreprise compare ses forces à
ses faiblesses.
L'analyse statistique du comportement exportateur des
entreprises industrielles camerounaises a abouti par ailleurs à des
résultats assez proches de ceux obtenus dans d'autres pays. De cette
analyse il ressort les principales conclusions suivantes :
(i) la taille des entreprises : un facteur à
prendre en compte dans les politiques en faveur des exportations ;
(ii) le capital humain : un élément qui
compte dans la décision d'exportation des entreprises et
déterminant dans les performances à l'exportation des
MGE ;
(iii) les ressources financières : essentielles
dans la décision d'exportation des PE.
(iv) la qualité de l'outil de production :
déterminant dans les performances à l'exportation des
entreprises.
La modélisation du comportement d'exportation des
entreprises industrielles camerounaises souligne donc le rôle essentiel
de la taille. Selon nos résultats, il existerait un seuil en termes de
ressources financières et humaines qu'il serait bon de pouvoir
dépasser avant de s'engager hors des frontières nationales. En
dessous de celui-ci, les entreprises ne se risqueraient pas d'exporter.
Au-delà de ce seuil qui se situe autour de 100 salariés, la
taille perd toute influence dans la décision d'exporter. S'agissant des
performances à l'exportation des entreprises, la différence de
comportement semble aussi se situer autour de 100 salariés.
Outre le rôle joué par la taille, il est
également apparu que la qualification du personnel ainsi que son
expérience sont déterminants tant dans la décision que
dans les performances à l'exportation des entreprises industrielles
camerounaises. Exporter semble être au Cameroun une question de taille et
de qualification.
La forte dépendance du Cameroun vis-à-vis des
prix des produits primaires et les résultats de notre étude
suggèrent la mise en oeuvre de certaines réformes afin de
libéraliser et diversifier davantage l'économie, ainsi que
d'encourager « une croissance reposant sur des bases larges à
coefficient de main d'oeuvre élevé, tiré par le secteur
privé et centré sur les activités industrielles pour
lesquelles le pays dispose d'un avantage comparatif ». Ces
réformes concernent notamment l'administration, la gestion des
ressources humaines, le management des organisations, la technologie et
l'information sur les marchés.
Enfin, malgré les résultats intéressants
auxquels notre étude a abouti, il faudrait tout de même
évoquer les limites pouvant lui être imputées. Notre
analyse ayant porté sur une seule année, les résultats
obtenus pourraient avoir un caractère conjoncturel et non
structurel25(*). Il est
vrai que l'année choisie est une année que l'on pourrait
qualifier de « normale », puisque l'activité
économique n'a pas connu durant celle-ci des perturbations majeures.
Toutefois, il serait intéressant pour vérifier la robustesse de
nos résultats de tester les différents modèles
considérés sur données de panel en suivant
l'évolution des variables utilisées sur plusieurs années
et cela pour les mêmes entreprises. Le fait que nous ayons fait usage de
variables explicatives qualitatives, peut également sembler
réducteur. Cette façon de procéder nous a tout de
même permis de comparer le pouvoir explicatif des différentes
variables, surtout en ce qui concerne la décision d'exportation.
BiblIographie
Ouvrages
ALBAN Thomas, Econométrie des variables
qualitatives, Paris, Dunod, 2000
BARELIER André, DUBOIN Jacques, DUPHIL
François,..., Exporter - Pratique du commerce internationale,
Paris, Fourcher, 2000, 17e édition
BRICOUT Jean-Luc, « Exporter : une
question de taille », Economie et Statistique, Insee,
n° 244, Juin 1991
COEURDEROY Régis, « Les stratégies
d'exportation des PME françaises », Bulletin de la Banque
de France, Supplément Etudes, 4e trimestre
CONSO Pierre, HEMICI Farouk, Gestion financière de
l'entreprise, Paris, Dunod, 2002, 10e édition
FAYEL Alain, PERNOT Daniel, Comptabilité
générale de l'entreprise - Manuel & Applications, DPECF,
13e édition
FMI, « Afrique : une évolution au cycle
des prix des produits primaires » Perspective de
l'économie mondiale, Octobre 2002
GRESSE Carole, Les entreprises en difficultés,
Paris, Economica, 1994
KOTLER Philip, DUBOIS Bernard, Marketing Management,
Paris, Nouveaux Horizons, 7e édition
KRUGMAN P.R., OBSTFELD Maurice, Economie
internationale, Paris, Bruxelles, Nouveaux Horizons, 1995, 2e
édition française
INS du Cameroun, Etude économique et
financière des entreprises en 2000/2001, Janvier 2003,
7e édition
LOLLIVIER S., MARPSAT M., VERGER
D., « L'économétrie et l'étude des
comportements. Présentation et mise en oeuvre de modèles de
régression qualitatifs. Les modèles univariés à
résidus logistiques ou normaux (Logit, Probit) »,
Série des documents de travail « Méthodologie
Statistique » de l'Insee, n°9606
MALIVERNEY Jacques, « Les entreprises
exportatrices : une concentration accrue », Economie et
Statistique, Insee, n° 244, Juin 1991
OCDE, BAD, Perspective économique en Afrique,
2003/2004
PORTER Michael, L'avantage concurrentiel,
Paris : Inter édition, 1986
République du Cameroun, Document de
Stratégie de Réduction de la Pauvreté, Avril 2003
SCHERRER Sylvie, « La taille des entreprises
détermine-t-elle à elle seule leur comportement
d'exportation », Economie et Statistique, Insee, n°
319-320, 1998-9/10
SIPA J.B., « Problématique d'une politique
industrielle au Cameroun », Le Messager, n° 1761 du 24
Novembre 2004
Mémoires
BATOUMEN M.H., Capital humain et performance
économique des entreprises camerounaises du secteur secondaire,
ISSEA, Juin 2004
NANFAH A.S., Zone franche et points francs du
Cameroun : incidence sur le développement économique et
social, ISSEA, Juin 2002
ANNEXES
Tableau A.1 : Correspondance entre la
Nomenclature CITICAM Révisée et « secteurs
d'activité »
Secteurs d'activité
|
Branches correspondantes
|
Agro-industries
|
7. Travail de grain, production de farine
|
8. Transformation des produits d'origine agricole
|
10. Autres industries alimentaires
|
11. Fabrication des boissons et tabacs
|
Bois et papier
|
14. Industries du bois et fabrication des meubles
|
15. Fabrication de papier et articles en papier
|
Industries chimiques
|
6. Industries extractives
|
16. Industries chimiques et fabrication des produits chimiques de
base
|
Textiles et autres industries
|
12. Industries de textiles et de la confection
|
13. Fabrication des chaussures et industries du cuir
|
17. Industries du caoutchouc et plastique
|
22. Industries manufacturières diverses
|
Source : INS, Nos calculs
Tableau A.2 : Dispersion du taux
d'exportation (en %) suivant le secteur d'activité
Secteurs d'activité
|
25ème centile
|
75ème centile
|
Intervalle interquartile
|
Agro-industries
|
9,53
|
71,89
|
62,36
|
Bois et papier
|
21,14
|
98,72
|
77,58
|
Industries chimiques
|
13,49
|
99,46
|
85,97
|
Textiles et autres industries
|
14,62
|
69,01
|
54,38
|
Source : INS, Nos calculs
Tableau A.3 : Distribution du chiffre
d'affaires moyen (en FCFA) suivant la taille de l'entreprise
Classe d'effectif
|
Chiffre d'affaires moyen
|
Chiffre d'affaires cumulé
|
Moins de 50
|
567 459 015
|
58 448 278 572
|
De 50 à 100
|
4 169 613 360
|
125 088 400 814
|
De 100 à 200
|
10 712 662 862
|
267 816 571 556
|
Plus de 200
|
24 707 466 723
|
988 298 668 910
|
Source : INS, Nos calculs
Tableau A.4 : Répartition des
entreprises suivant le secteur d'activité et le salaire moyen
Secteurs d'activité
|
Salaire moyen (en kFCFA)
|
Moins de 1000
|
De 1000 à 2000
|
De 2000 à 4000
|
Plus de 4000
|
Ensemble
|
Agro-industries
|
13
|
15
|
9
|
14
|
51
|
Bois et papier
|
10
|
39
|
24
|
7
|
80
|
Industries chimiques
|
8
|
7
|
8
|
12
|
35
|
Textiles et autres industries
|
12
|
8
|
9
|
3
|
32
|
Ensemble
|
43
|
69
|
50
|
36
|
198
|
Source : INS, Nos calculs
Tableau A.5 : Répartition des
entreprises suivant la taille et le salaire moyen
Classes d'effectif
|
Salaire moyen (en kFCFA)
|
Moins de 1000
|
De 1000 à 2000
|
De 2000 à 4000
|
Plus de 4000
|
Ensemble
|
Moins de 50
|
34
|
33
|
20
|
16
|
103
|
De 50 à 100
|
5
|
10
|
10
|
5
|
30
|
De 100 à 200
|
3
|
9
|
7
|
6
|
25
|
Plus de 200
|
1
|
17
|
13
|
9
|
40
|
Ensemble
|
43
|
69
|
50
|
36
|
198
|
Source : INS, Nos calculs
Tableau A.6 : Répartition des
entreprises suivant la taille et la productivité du travail
Classes d'effectif
|
productivité du travail
|
Moins de 1,5
|
De 1,5 à 2,2
|
De 2,2 à 4,5
|
Plus de 4,5
|
Ensemble
|
0 à 50
|
43
|
14
|
30
|
16
|
103
|
50 à 100
|
4
|
6
|
9
|
11
|
30
|
100 à 200
|
5
|
7
|
11
|
2
|
25
|
200 et plus
|
10
|
14
|
13
|
3
|
40
|
Ensemble
|
62
|
41
|
63
|
32
|
198
|
Source : INS, Nos calculs
Tableau A.7 : Répartition des
entreprises suivant le secteur d'activité et la productivité du
travail
Secteurs d'activité
|
productivité du travail
|
Moins de 1,5
|
De 1,5 à 2,2
|
De 2,2 à 4,5
|
Plus de 4,5
|
Ensemble
|
Agro-industries
|
15
|
9
|
15
|
12
|
51
|
Bois et papier
|
27
|
18
|
29
|
6
|
80
|
Industries chimiques
|
6
|
5
|
12
|
12
|
35
|
Textiles et autres industries
|
14
|
9
|
7
|
2
|
32
|
Ensemble
|
62
|
41
|
63
|
32
|
198
|
Source : INS, Nos calculs
Tableau A.8 : Répartition des
entreprises suivant le secteur d'activité et le rendement des
équipements
Secteurs d'activité
|
Rendement des équipements (en %)
|
Négatif
|
De 0 à 10
|
De 10 à 25
|
Plus de 25
|
Ensemble
|
Agro-industries
|
13
|
16
|
14
|
8
|
51
|
Bois et papier
|
12
|
17
|
30
|
21
|
80
|
Industries chimiques
|
5
|
10
|
13
|
7
|
35
|
Textile et autres industries
|
10
|
11
|
7
|
4
|
32
|
Ensemble
|
40
|
54
|
64
|
40
|
198
|
Source : INS, Nos calculs
Tableau A.9 : Répartition des
entreprises suivant la taille et le rendement des équipements
Classe d'effectif
|
rendement des équipements (en %)
|
Négatif
|
De 0 à 10
|
De 10 à 25
|
Plus de 25
|
Ensemble
|
Moins de 50
|
27
|
25
|
29
|
22
|
103
|
De 50 à 100
|
4
|
8
|
8
|
10
|
30
|
De 100 à 200
|
5
|
6
|
10
|
4
|
25
|
Plus de 200
|
4
|
15
|
17
|
4
|
40
|
Ensemble
|
40
|
54
|
64
|
40
|
198
|
Source : INS, Nos calculs
Tableau A.10 : Répartition des
entreprises suivant la taille et le taux de capitaux permanents
Classe d'effectif
|
Taux de capitaux permanents (%)
|
Moins de 15
|
De 15 à 40
|
De 40 à 60
|
Plus de 60
|
Ensemble
|
0 à 50
|
34
|
28
|
13
|
28
|
103
|
50 à 100
|
8
|
5
|
9
|
8
|
30
|
100 à 200
|
5
|
8
|
7
|
5
|
25
|
200 et plus
|
7
|
9
|
14
|
10
|
40
|
Ensemble
|
54
|
50
|
43
|
51
|
198
|
Source : INS, Nos calculs
Tableau A.11 : Répartition des
entreprises suivant le secteur d'activité et le taux de capitaux
permanents
Secteurs d'activité
|
Taux de capitaux permanents (%)
|
Moins de 15
|
De 15 à 40
|
De 40 à 60
|
Plus de 60
|
Ensemble
|
Agro-industries
|
11
|
10
|
11
|
19
|
51
|
Bois et papier
|
27
|
21
|
15
|
17
|
80
|
Industrie chimique
|
6
|
10
|
7
|
12
|
35
|
Textiles et autres industries
|
10
|
9
|
10
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3
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32
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Ensemble
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54
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50
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43
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51
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198
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Source : INS, Nos calculs
* 1 D'après le classement
du Rapport mondial sur le développement humain 2000.
* 2 Expression
utilisée pour désigner l'ensemble des pays en
développement d'Asie et d'Amérique latine qui ont connue une
croissance économique spectaculaire au cours des dernières
décennies (Corée du Sud, Singapour, Taiwan, Hong-Kong,
Brésil, etc.).
* 3 Part de chiffre
d'affaires (hors taxe) réalisé à l'exportation.
* 4 Jean-Louis BRICOUT (1991)
«Exporter : une question de taille», Economie et
Statistique, n°224, p.25-33
Sylvie SCHERRER (1998) « La taille des entreprises
détermine t-elle à elle seule leur comportement
d'exportation ? », Economie et Statistique,
n°319-320, p 163-178
* 5 Louis Wells Jr (1968)
« A product life cycle for international trade ?», Journal of
Marketing, p 1-6
* 6 Concept
développé par Raymond Vernon (1966) et qui identifie 4 phases
dans l'histoire commerciale d'un produit : le lancement, la croissance, la
maturité, le déclin.
* 7 Le fonds de roulement se
définit comme l'excédent des ressources dont le degré
d'exigibilité est nul ou faible (capitaux propres et dettes à
long et moyen terme) sur les actifs dont le degré de liquidité
est faible (actifs immobilisés).
* 8 Les besoins en fonds de
roulement correspondent au capital circulant immobilisé dans le cadre de
l'activité d'exploitation normale de l'entreprise. Il s'agit de la
valeur des stocks (de produits finis et de matières premières)
à laquelle on ajoute le solde des créances et dettes non
financières.
* 9 Voir Michael PORTER,
L'avantage concurrentiel, Paris : Inter éditions, 1986
* 10 Le taux d'importation d'un
pays est égal au rapport de ses importations par son produit
intérieur brut.
* 11 Le taux d'exportation d'un
pays est la part de ses exportations dans son produit intérieur brut.
* 12 Les principaux produits
d'exportation sont ici : le cacao, le café, le coton brut, le bois
et ouvrage en bois, les huiles brutes de pétrole.
* 13 Le taux de couverture
est le ratio exportations/importations.
* 14 Par exemple,
l'application d'une Taxe sur la valeur ajoutée nulle sur les
exportations et le remboursement de celle acquittée sur les
investissements et les dépenses d'exploitation des entreprises
exportatrices.
* 15 Pour une analyse plus
détaillée de la situation économique et financière
des entreprises du secteur secondaire camerounais en 2000/2001, se reporter
à l'ouvrage « Etude économique et financière
des entreprises en 2000/2001 » publié par l'INS.
* 16 Elles sont
constituées de l'ensemble des immobilisations corporelles et
incorporelles portées à l'actif du bilan de l'entreprise à
leur coût d'acquisition c'est-à-dire avant amortissement.
* 17 Selon un rapport
d'avril 1998 de l'Organisation de Coopération et de Développement
Economique (OCDE), L'investissement dans le capital humain : une
comparaison internationale, le capital humain peut être
défini comme désignant les connaissances, les qualifications, les
compétences et les autres qualités que possède un individu
et qui intéresse l'activité économique.
* 18 Les capitaux propres
sont constitués du capital social, de différentes
réserves, des primes d'émissions et des profits ou pertes
accumulées, des plus-values à réinvestir et des plus
values de réévaluations, des subventions d'équipement et
de diverses provisions. Lorsqu'on ajoute aux capitaux propres les dettes
à long et moyen terme, on obtient les capitaux permanents.
* 19 Le chiffre d'affaires
(pris hors taxes) porte sur la production de l'exercice et les stocks
* 20 Dans cette partie et
dans la suite, les entreprises exportatrices sont celles qui réalisent
au moins 1 % de leurs ventes à l'extérieur. Le dépassement
de cette limite est considéré par nous comme étant le
début d'une activité exportatrice non marginale.
* 21 La dispersion a
été mesurée par l'intervalle interquartile (Voir Tableau
A.2 en annexe pour les résultats)
* 22 Cette procédure en
deux étapes est souvent appelée modèle Tobit.
* 23 Voir Christophe HURLIN,
Econométrie des variables qualitatives, polycopié de
cours, janvier 2003, Université d'Orléans
* 24 Voir Tableau A.3 en
annexe
* 25 En raison notamment du
caractère peu développé de la statistique des entreprises
au Cameroun, il est difficile de disposer de données de panel de bonne
qualité.
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