La réhabilitation de la CEPGL comme solution à la crise sécuritaire dans la région des grands lacs africains( Télécharger le fichier original )par Giresse NGOIE KALOMBO Université de Likasi - Licence 2013 |
1.1. La responsabilité colonialeLe rôle de la colonisation, donc sa responsabilité, s'arrête souvent au fait d'avoir érigé des communautés les unes contre les autres dans une optique visant à diviser et différencier les colonisés pour mieux gouverner. Pour Pierre-François GONIDEC5(*) il est clair que le pouvoir colonial a joué des rivalités interethniques pour mieux asseoir sa domination (divide an rule). Sur la question de cette responsabilité, Scholastique MUKASONGA6(*), va jusqu'à affirmer la tentative de reproduction, peut être inconsciente, du binôme wallons/flamands par le colonisateur Belge dans la région des Grands Lacs en le transposant sur la division sociale qui existait alors entre le Hutu (agriculteur) et le Tutsi (éleveur). Elle soutient donc la thèse de la nature purement socio-économique de la classification Hutu/Tutsi ne comportant pas de caractère sectaire, ni un caractère figé avant l'arrivée des colons. Selon elle était tutsi qui possédait du bétail, devenait Hutu qui le perdait et vice versa. Le fait que les deux groupes parlent encore aujourd'hui la même langue semble corroborer ses propos qui vont contre les définitions de l'ethnie qui prévalent encore aujourd'hui. Pierre François GONIDEC7(*) a raison de se demander dans quelle mesure le pouvoir colonial n'a pas été pour inventer parfois des ethnies. En RDC, les politiques coloniales ont, notamment pour des besoins de main d'oeuvre, contribué à installer de manière plus ou moins durable des populations rwandophones dans le Nord et le Sud Kivu. 1.2. Le mouvement de populationD'autres raisons ont contribué à constituer le brasier régional qui se rallume souvent au moindre attisement. Henry C. HOEBEN8(*) relève trois raisons principales qui ont encouragé très tôt les mouvements des populations rwandophones vers les régions orientales du Congo : - Les périodes de famine qui ravagèrent le Rwanda en 1905, 1928 et 1929, 1940 à 1943 et celle de 1950 à 1952 ; - La surpopulation du Rwanda ; - Le besoin de main d'oeuvre dans les plantations, les mines, l'industrie et les routes au Congo. Ces vagues d'immigration massives, surtout celle des années 50, vont contribuer à créer ou à renforcer sur des localités Congolaises, des regroupements assez hétérogènes, auparavant inexistants, dit des `Banyarwanda', en référence aux racines culturelles et géographiques Rwandaises de ses populations ainsi que leur langue le Kinyarwanda. Les premières tensions entre les banyarwanda et les populations locales se manifestent assez vite après l'indépendance, contribuant à une reprise politique par certains partis de l'époque des conséquences d'une telle immigration. Ces tensions se caractérisent alors par des épisodes de révolte des populations Rwandophones contre les autorités locales. En 1963 et 1964, une frange de la population rwandophones en faveur d'un séparatisme régional tentera en vain d'obtenir les territoires de Rutshuru, Masisi et de Goma par une révolte qui sera jugulée par l'ANC (l'Armée Nationale Congolaise). Cette révolte marque l'entrée dans l'imaginaire collectif Congolais de la menace d'un empire Hima-Tutsi qui amputerait le Congo d'une partie de ses terres orientales. Cet empire fictif, comme l'idée de la création d'un tutsiland dans la région pour résoudre la crise, va servir pendant longtemps de fonds de commerce aux partisans d'une `balkanisation' du Congo. Au même moment, le nouveau pouvoir Hutu du Rwanda conduit une politique qui pousse des centaines de milliers de tutsis vers l'exil principalement en RDC, en Ouganda et en Tanzanie.9(*) * 5 Pierre-François GONIDEC, Relations internationales Africaines, Paris, bibliothèque Africaine et Malgache tome 53, LGDJ, 1996, P.67. * 6 Scholastique MUKOSONGA, Regard sur le Rwanda à partir de l'exposition « les panneaux imingongo » et « inyenzi ou les cafards », Afrikales, éd. Fleury sur orne, novembre 2007, P. 153. * 7 Pierre-François GONIDEC, op.cit, P. 68 * 8 Henry HOEBEN cité par SCH. MUKOSONGA, op. Cit, P.P. 187-188. * 9 Scholastique MUKOSONGA, op. Cit, P.190. |
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