I. 1. 1 L'interrogation totale
L'interrogation totale, ou ?interrogation globale?
chez M. Grevisse6 ou encore ?interrogation connexionnelle?
chez L. Tesnière7, demande une validation de
l'énoncé entier et ne porte pas sur un tel ou tel constituant de
la phrase. L'interrogation totale n'est pas une demande d'information,
6 Grevisse, M., Goosse, A., 1993, Le bon
usage, Paris, Duculot.
7 Tesnière, L., 1988, Eléments de
syntaxe structurale, Paris, Klincksieck.
14
puisqu'elle contient en elle-même tous les
éléments lexicaux de la réponse. On y répond par
« oui » ou « non » ou par « si /
non » dans le cas de l'interro-négation totale8. Ce
type d'interrogation ne comporte pas de mot introducteur comme le montrent les
exemples suivants :
(1) - Sais-tu reconnaître un ami? -oui/ non
(2)- N'est-ce pas moi, benjamin O. Lesage, qui l'ai
arraché à
son Asie natale ? -si/ non. (Samarcande)
En ce qui concerne l'ordre des mots, plusieurs configurations
syntaxiques interrogatives sont possibles : l'interrogation peut être
construite sans inversion du sujet (cf. (3)) ou avec inversion simple (cf. (4)
et (5)) ou complexe du sujet (cf. (6)).
(3)-Vous avez l'intention d'aller le voir ?
(4)-Avez-vous l'intention d'aller le voir? (5)- Avez-vous
mangé ?
(6)-Marie dit-elle la vérité ?
Nous constatons dans (6) que le sujet est repris par le pronom
personnel (elle) placé après le verbe. Si le sujet est
un nom, un pronom démonstratif (sauf ce), un possessif ou un
indéfini, il est redoublé par le pronom personnel correspondant
comme le montrent les exemples suivants:
(7)- Le Cadi savait-il par ce
geste... ?
(8)- Le train de Paris est-il
arrivé ?
(9)- Cela ne va-t-il
pas...?
(10)- Le mien est-il
arrivé ?
8 Dubois, J., Lagane, R., 1973, La nouvelle
grammaire du français, Paris, Larousse. P 155.
(11)- 15
Quelqu'un est-il venu?
Comme nous l'avons signalé, l'interrogation totale
porte sur l'ensemble du contenu propositionnel de la phrase (cf. (1), (2)).
Elle peut porter sur l'action (cf. (8)) ou l'état du sujet (cf. (7)).
L'interrogation directe portant sur l'action du sujet est marquée par
une intonation ascendante et elle est fréquente à l'oral (cf.
(12) et (13)), en temps que l'interrogation avec ?est-ce que? est
réservée davantage à l'écrit (cf.
(14)). Les réponses possibles à ces questions
seront : Oui, il vient / Non, il ne vient pas.
(12)- Vient-il ? (13)- Il vient? (14)-
Est-ce qu'il vient?
Dans les formes interro-négatives (cf. (15), (16) et
(17)), les réponses possibles seront : Si, il vient / Non, il ne
vient pas.
(15)- Il ne vient pas?
(16)- Ne vient-il pas?
(17)- Est-ce qu'il ne vient
pas?
L'interrogation sur l'état du sujet peut prendre les
formules
d'interrogation comme dans les exemples (18), (19) et (20).
Et les réponses possibles seront : Oui, il est malade. / Non, il
n'est pas malade.
(18)- Il est malade?
(19)- Est-ce qu'il est malade?
(20)- Est-il malade?
(21)- Me faudra-t-il attendre d'être
vieux pour exprimer ce que je
pense? (Samarcande)
Puisque l'interrogation totale porte sur toute la phrase, il y
a une absence du mot interrogatif. La séquence régressive prend
deux formes selon la nature du sujet. Lorsque le sujet est un pronom, nous
optons pour une postposition simple du sujet (cf. (22)). Cette postposition est
exclue
16
avec la plus part des verbes avec la première personne du
singulier :*dors-je ? , *cours-je ? Et lorsque le verbe se
termine par un « e » muet, il est prononcé avec un accent
aigue cf. (23) et(24).
(22) -Se rend-il à la taverne, ce
soir-là..? (Samarcande)
(23)- prié-je dieu pour mon paradis ?
(24)- arrivé-je trop tard aujourd'hui ?
Lorsque le sujet est un nom, le sujet demeure avant le verbe,
mais il est repris après par un pronom anaphorique sujet : il, ils,
elle, elles. Dans ce cas, on a une postposition complexe :
(25)- Le Cadi savait-il par ce geste..?
|