1
UNIVERSITE MOULAY SLIMANE Master: Langues,
Faculté des Lettres et des Informatique et
Traduction
Sciences Humaines
Beni Mellal
LA TRADUCTION DES
CONSTRUCTIONS
INTERROGATIVES
Fançais/ Arabe
Corpus de base :
Samarcande d'Amine MAALOUF
Mémoire de fin
d'études
en vue de l'obtention du diplôme de
Master
Présenté par : Sous la direction de Mlle le
professeur :
Elmostafa FTOUH Amal OUSSIKOUM
N° d'étudiant: 17/28L
2010
2
REMERCIEMENTS
J'adresse mes sincères remerciements à Mlle Amal
OUSSIKOUM, ma directrice de recherche, pour sa disponibilité et sa
rigueur, ainsi que pour son intérêt vis-à-vis de mon
travail. Je lui suis reconnaissant de m'avoir soutenu durant toute la
période de l'élaboration de ce modeste travail, ainsi durant deux
années d'étude en master où j'ai pu connaître les
bases et les principes de la recherche en linguistique et traductologie.
Je remercie tous les professeurs qui m'ont enseigné et
soutenu durant ces deux années du master. Je les remercie
chaleureusement pour leurs soutiens, leurs conseils et leurs
disponibilités à tout moment où mes collègues et
moi avaient besoin d'eux. Je les remercie pour m'avoir inculqué l'amour
d'aller si loin dans la recherche scientifique.
Je tiens également à exprimer ma sincère
gratitude envers les professeurs qui ont bien voulu faire partie du jury,
d'avoir lu mon mémoire et de lui avoir accordé de leur temps
précieux.
Merci à ma famille et à tous mes amis qui,
depuis le commencement de mes études dans ce master, m'ont
encouragé et m'ont soutenu.
Merci à vous tous pour votre soutien sans limite.
3
DÉDICACE
Je dédie ce travail
A ma famille
A mes deux espoirs Nouha et Abdessamad
A mon professeur encadrant
A tous mes professeurs du Master
A tous ceux qui me sont très chers,
Avec tout mon amour fraternel et mes profonds
respects, je vous souhaite le succès et le
bonheur.
TABLEAU DE L'ALPHABET PHONÉTIQUE
UTILISE
Dans la transcription des énoncés relevant de la
langue arabe, nous avons opté pour le tableau suivant :
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|
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ó
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a
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|
u
|
ó
|
I
|
4
Voyelles longues Voyelles courtes
5
TABLEAU DES ABREVIATIONS
Affir
|
Affirmative
|
Dict
|
Dictionnaire
|
Ed
|
Edition
|
Ex
|
Exemple
|
e.g.
|
Par exemple
|
Ibid
|
Ibidem, au même endroit, dans la même oeuvre.
|
i.e.
|
A savoir
|
Imp
|
Impérative
|
Inton
|
Intonation
|
Masc
|
Masculin
|
NP
|
Noun phrase : syntagme prépositionnel
|
P
|
Proposition
|
plur
|
Pluriel
|
p
|
Page
|
pers
|
Personne
|
pp
|
Pages
|
subj
|
Subjonctif
|
sing
|
Singulier
|
SN que
|
syntagme nominal avec démonstratif que
|
SN
|
Syntagme nominal
|
SV
|
Syntagme verbal
|
SVO
|
Sujet, verbe, complément
|
V
|
Verbe
|
VSO
|
Verbe, sujet, complément
|
6
TABLE DES MATIERES
REMERCIEMENTS
DÉDICACE
TABLEAU DE LA TRANSCRIPTION PHONÉTIQUE TABLEAU DES
ABRÉVIATIONS
INTRODUCTION 8
PARTIE I : REPÈRES THÉORIQUES
Erreur ! Signet non défini.
I. L'INTERROGATION EN LANGUE FRANçAISE
11
Introduction 11
I.1 Les types d'interrogation 13
I. 1.1 L'interrogation totale 13
I.1. 2 L'interrogation partielle 16
I.1. 3 L'interrogation directe et indirecte 22
I. 2 Le point d'interrogation et l'intonation interrogative :
28
I. 3 Les introducteurs interrogatifs 31
3. 1. Les déterminants interrogatifs : 31
I. 3. 2 Les pronoms interrogatifs. 32
I. 3. 3 Les adverbes interrogatifs 33
I. 4 La transformation interrogative 34
I. 5 L'interprétation sémantique de l'interrogation
36
I. 5. 1 Les conditions sémantiques pour le fonctionnement
de la question 37
I. 5. 2 Les valeurs illocutoires relatives à
l'interrogation 38
I. 5. 3 Différentes interprétations de l'adverbe
interrogatif « comment » 40
Conclusion du chapitre 42
II. L'INTERROGATION EN LANGUE ARABE 42
Introduction 42
II. 1 Les types d'interrogations en langue arabe 43
II. 1. 1 L'interrogation directe et indirecte 43
II. 1. 2 L'interrogation totale et partielle 47
II. 1. 3 L'interrogation selon l'élément
interrogatif 48
II. 2 La distribution des pronoms interrogatifs dans les phrases
échos 50
II. 3 Les caractéristiques morphologiques des
complémenteurs 51
II. 4 Les caractéristiques sémantiques des
introducteurs interrogatifs 53
II. 5 Analyse sémantique de l'interrogation
modalisée en langue arabe 56
7
II. 5. 1 Les conditions de fonctionnement des verbes modaux dans
les énoncés
interrogatifs 58
II. 5. 2 L'adjonction des verbes modaux dans les
énoncés interrogatifs 60
II.5.2.a La modalité grammaticale 61
II.5.2.b La modalité lexicale 63
Conclusion du chapitre. 64
PARTIE II
III. Analyse contrastive de l'interrogation en
français et en arabe 65
Introduction 66
III. 1. La traduction et les universaux linguistiques 68
III.2. Traduction et syntaxe 71
Introduction 71
III. 2. 1. La traduction de l'interrogation par type 72
III. 2. 2. La traduction des mots interrogatifs 77
III. 2. 3. Le point d'interrogation entre le français et
l'arabe 80
III. 2. 4. La traduction des pronoms indéfinis 82
III. 2. 5. La traduction vers le duel (mutannâ)
83
III. 2. 6. L'interrogation entre l'aspect accompli et inaccompli
84
Conclusion du chapitre 87
III.3. Traduction, sémantique et pragmatique 89
Introduction 89
III. 3. 1 Sur le plan lexical et sémantique 90
III. 3. 2 Sur le plan pragmatique 94
Conclusion du chapitre 99
CONCLUSION 101
CORPUS 104
BIBILIOGRAPHIE 113
INDEX 117
8
INTRODUCTION
La performance langagière est une
propriété humaine qui a pour objectif la communication
interpersonnelle. C'est en associant la performance à la
compétence linguistique que se produit toute langue naturelle. Les
langues diffèrent de plusieurs points de vue, c'est pour assurer une
entente entre les êtres humains que la traduction a eu lieu. Cette
dernière a pour but de satisfaire un besoin humain, celui de la
communication. Or, un ensemble de problèmes entravent ce processus.
En outre, la question est une structure très
récurrente dans nos communications. Elle constitue « une
préoccupation théorique dont se sont emparées la
linguistique, la logique, la philosophie, la psychologie et même
l'anthropologie. Certains n'hésitent pas à considérer le
questionnement comme une réalité fondamentale de l'esprit humain,
sur laquelle les autres dimensions viendraient s'articuler
»1. En effet, l'échange communicatif réussi
est basé sur un bon emploi de la langue dans un champ discursif
conventionnel entre les deux interlocuteurs. Le couple question /
réponse serait de ce fait le noyau primitif de tout échange
linguistique puisque la langue est employée pour communiquer avec autrui
soit en demandant des informations soit en les fournissant.
Notre travail consiste à faire une analyse contrastive
entre les constructions interrogatives du français et celles de l'arabe,
à étudier les formes du transfert des interrogatives, et à
déceler les divergences et les convergences d'usage entre ces deux
langues en question. Et pour ce faire, nous essayerons de répondre
à la question de savoir comment s'effectue la traduction des
constructions interrogatives du français vers l'arabe ? et
1 Meyer, M., 1981, « L'interrogation :
présentation », in Langue française,
Paris, Larousse. P 3.
9
quels sont les problèmes d'ordre syntaxique,
sémantique et pragmatique qui apparaissent lors de ce processus ?
Dans cette même perspective, nous nous
intéresserons à l'étude de quelques aspects linguistiques
liés à la traduction de ce type d'énoncé à
savoir les structures syntaxiques des interrogatives et les problèmes
sémantiques et pragmatiques liés à la traduction de
l'interrogation, etc. Pour ce faire, nous nous appuierons essentiellement sur
les principes de la linguistique contrastive, qui inscrit l'activité
traductive dans une large perspective linguistique, où les
régularités différentielles permettent de mettre en relief
les principales différences dans le fonctionnement des langues dont la
connaissance s'avère importante lors de toute traduction. Cette analyse
contrastive aura comme but de montrer les différences et les similitudes
entre l'interrogation du français et celle de l'arabe lors du processus
traductionnel.
Le corpus, objet d'étude, est extrait du roman
Samarcande2 de son auteur Amine Maalouf3,
et de sa version arabe d'Afif Damachkia. Le
2 Samarcande (1988), c'est la Perse d'Omar
Khayyam, poète du vin, libre penseur, astronome de génie, mais
aussi celle de Hassan Sabbah, fondateur de l'ordre des Assassins, la secte la
plus redoutable de l'Histoire. Samarcande, c'est l'Orient du
XIXè siècle et du début du XXè, le voyage dans un
univers où les rêves de liberté ont toujours su
défier les fanatismes. Samarcande, c'est l'aventure d'un
manuscrit né au XIè siècle, égaré lors des
invasions mongoles et retrouvé des siècles plus tard. Une fois
encore, nous conduisant sur la route de la soie à travers les plus
envoûtantes cités d'Asie, Amin Maalouf nous ravit par son
extraordinaire talent de conteur, affirme Gilles Demert.
Maalouf, A., 1988, Samarcande, Paris, Livre de poche.
Abstract du roman
3 Amine Maalouf est né à
Beyrouth (Liban) en 1949. Journaliste de langue arabe et de culture
française. Il est l'auteur de nombreux romans qui ont pour cadre le
moyen orient, l'Afrique et le monde méditerranéen. L'ensemble de
ses oeuvres interrogent les rapports politiques et religieux qu'entretiennent
l'Orient et l'Occident, mais aussi les thèmes de l'exil et de
l'identité, des sujets traités dans ses différents essais
parmi lesquels 'Les Identités meurtrières' paru en 1989
ou 'Le Dérèglement du monde', publié en 2009.
10
corpus présente tous les types d'interrogations :
totale, partielle, directe, indirecte, alternative, etc.
Nous avons extrait les cent premières interrogations
présentes dans les dix premiers chapitres de chacune des deux
versions.
Ce travail sera fait dans le cadre d'une perspective
linguistique contrastive, entre la langue arabe qui présente deux points
d'intérêts particuliers pour le linguiste : c'est une langue
sémitique à morphologie riche, une langue qui observe l'ordre VSO
et où, par conséquent, à la fois le NP sujet et le NP
objet sont dominés par le même noeud dans la structure des
constituants, à la différence de la langue française qui
est une langue d'origine latine, et qui observe l'ordre SVO et où les
deux noeuds SN1 et SN2 appartiennent à des espaces configurationnels
différents.
Toute langue naturelle est faite d'un agencement de structures
syntaxiques. De ce fait, la traduction de la langue se réalise à
travers la traduction de ses structures. Dans ce sens nous essayons de cerner
les caractéristiques morphosyntaxique, sémantique, pragmatique et
lexicologique de l'interrogation aussi bien dans la langue française que
dans la langue arabe, afin de voir comment se fait le transfert entre les deux
langues objets du travail.
La forme interrogative est toujours liée à une
situation de communication précise, elle n'est pas forcément
liée à une demande d'information, Elle acquiert souvent d'autres
valeurs sémantiques et pragmatiques liées à l'intension du
locuteur. Le traducteur devait-t-il donc conserver la structure initiale ou
alors tout reformuler pour que la question acquiert le sens et la valeur
véhiculés par le texte de départ ? De même,
les divergences syntaxiques entre le français et
l'arabe influent-elles sur la valeur sémantique et pragmatique de la
question ?
11
I. L'INTERROGATION EN LANGUE FRANÇAISE
Introduction
La question, comme élément essentiel dans toute
communication, est présente dans toutes les langues naturelles.
Plusieurs types
12
d'interrogation sont à distinguer, elles
diffèrent de part, leurs constructions syntaxiques et les fins pour
lesquelles elles sont posées.
La question, dans le Petit Robert4, est
définit comme étant une demande qu'on adresse à quelqu'un
en vue d'apprendre quelque chose...C'est un sujet qui implique des
difficultés, donne lieu à la discussion...une torture
infligée aux accusés ou aux condamnés pour leur arracher
des aveux...
La question est liée, dans toute définition,
à la demande d'informations. Or, dans d'autres contextes, la question
peut acquérir des finalités pragmatiques c'est-à-dire
qu'elle ne reste pas liée à la demande d'information mais elle
acquiert d'autres valeurs d'ironie, de prescription, de conseil, etc.
L'interaction interrogative fait intervenir deux individus. Il ne faut
cependant pas perdre de vue que questionneur et questionné peuvent
être la même personne. En plus, le locuteur peut interroger
l'allocutaire pour pousser une autre personne à répondre. La
question découle dans la plus part des cas d'un manque, le questionneur
ne dispose pas de la réponse ou des réponses
possibles5, ou parfois ne parvient pas à détecter la
plus adéquate. Dans ce sens, l'interrogation a pour finalité la
modification d'un état de croyance ou des dispositions à agir.
Ainsi, la réponse contribue à l'élimination ou simplement
à la réduction de l'incertitude. En effet, l'interrogation a pour
force illocutoire la question. Celle-ci s'évalue plutôt selon les
critères de pertinence, d'ambigüité, de maladresse ou de
futilité. Dans ce sens, la question est à classer selon les types
de réponses postulées : demande d'information, demande indirecte
(mande), etc. Alors, la phrase interrogative est une question qui permet de
4 Rey, A., 1994, Le Micro Robert,
dictionnaire.
5 Sauf dans une situation didactique où le
locuteur est sensé avoir la réponse, mais sa question n'est qu'un
outil de vérification de l'assimilation des acquis.
13
demander quelque chose ; elle se termine par un point
d'interrogation et peut être affirmative ou négative. C'est l'une
des modalités d'énonciation qui correspond à une attitude
énonciative non thétique (le locuteur demande une information ou
une validation) et à un acte de langage (celui de la question). En
effet, la question transparait à travers la phrase interrogative mais ne
s'y réduit pas.
Il est question ici de dégager le fonctionnement de la
question et de discuter certaines conditions qui régissent l'acte de
questionner. La question n'est pas toujours liée à la demande
d'information, c'est pour cela que le traitement des autres
interprétations qui peuvent être assignées à la
question est indispensable.
I.1 Les types d'interrogation
L'interrogation se manifeste sous différents
états qui peuvent être traités selon la portée de
l'interrogation (totale ou partielle), la nature de l'interrogation (directe ou
indirecte) et la valeur de l'interrogation (interrogation rhétorique,
demande d'information ou ordre déguisé.).
Généralement, la phrase interrogative est marquée par une
intonation montante dans l'orale et un point d'interrogation à
l'écrit. Dans la langue soutenue, elle est marquée par une
inversion ou une redondance du sujet.
I. 1. 1 L'interrogation totale
L'interrogation totale, ou ?interrogation globale?
chez M. Grevisse6 ou encore ?interrogation connexionnelle?
chez L. Tesnière7, demande une validation de
l'énoncé entier et ne porte pas sur un tel ou tel constituant de
la phrase. L'interrogation totale n'est pas une demande d'information,
6 Grevisse, M., Goosse, A., 1993, Le bon
usage, Paris, Duculot.
7 Tesnière, L., 1988, Eléments de
syntaxe structurale, Paris, Klincksieck.
14
puisqu'elle contient en elle-même tous les
éléments lexicaux de la réponse. On y répond par
« oui » ou « non » ou par « si /
non » dans le cas de l'interro-négation totale8. Ce
type d'interrogation ne comporte pas de mot introducteur comme le montrent les
exemples suivants :
(1) - Sais-tu reconnaître un ami? -oui/ non
(2)- N'est-ce pas moi, benjamin O. Lesage, qui l'ai
arraché à
son Asie natale ? -si/ non.
(Samarcande)
En ce qui concerne l'ordre des mots, plusieurs configurations
syntaxiques interrogatives sont possibles : l'interrogation peut être
construite sans inversion du sujet (cf. (3)) ou avec inversion simple (cf. (4)
et (5)) ou complexe du sujet (cf. (6)).
(3)-Vous avez l'intention d'aller le voir ?
(4)-Avez-vous l'intention d'aller le voir? (5)- Avez-vous
mangé ?
(6)-Marie dit-elle la vérité ?
Nous constatons dans (6) que le sujet est repris par le pronom
personnel (elle) placé après le verbe. Si le sujet est
un nom, un pronom démonstratif (sauf ce), un possessif ou un
indéfini, il est redoublé par le pronom personnel correspondant
comme le montrent les exemples suivants:
(7)- Le Cadi savait-il par ce
geste... ?
(8)- Le train de Paris est-il
arrivé ?
(9)- Cela ne va-t-il
pas...?
(10)- Le mien est-il
arrivé ?
8 Dubois, J., Lagane, R., 1973, La nouvelle
grammaire du français, Paris, Larousse. P 155.
(11)- 15
Quelqu'un est-il venu?
Comme nous l'avons signalé, l'interrogation totale
porte sur l'ensemble du contenu propositionnel de la phrase (cf. (1), (2)).
Elle peut porter sur l'action (cf. (8)) ou l'état du sujet (cf. (7)).
L'interrogation directe portant sur l'action du sujet est marquée par
une intonation ascendante et elle est fréquente à l'oral (cf.
(12) et (13)), en temps que l'interrogation avec ?est-ce que? est
réservée davantage à l'écrit (cf.
(14)). Les réponses possibles à ces questions
seront : Oui, il vient / Non, il ne vient pas.
(12)- Vient-il ? (13)- Il vient? (14)-
Est-ce qu'il
vient?
Dans les formes interro-négatives (cf. (15), (16) et
(17)), les réponses possibles seront : Si, il vient / Non, il ne
vient pas.
(15)- Il ne vient pas?
(16)- Ne vient-il pas?
(17)- Est-ce qu'il ne vient
pas?
L'interrogation sur l'état du sujet peut prendre les
formules
d'interrogation comme dans les exemples (18), (19) et (20).
Et les réponses possibles seront : Oui, il est malade. / Non, il
n'est pas malade.
(18)- Il est malade?
(19)- Est-ce qu'il est malade?
(20)- Est-il malade?
(21)- Me faudra-t-il attendre d'être
vieux pour exprimer ce que je
pense? (Samarcande)
Puisque l'interrogation totale porte sur toute la phrase, il y
a une absence du mot interrogatif. La séquence régressive prend
deux formes selon la nature du sujet. Lorsque le sujet est un pronom, nous
optons pour une postposition simple du sujet (cf. (22)). Cette postposition est
exclue
16
avec la plus part des verbes avec la première personne du
singulier :*dors-je ? , *cours-je ? Et lorsque le verbe se
termine par un « e » muet, il est prononcé avec un accent
aigue cf. (23) et(24).
(22) -Se rend-il à la taverne, ce
soir-là..? (Samarcande)
(23)- prié-je dieu pour mon paradis ?
(24)- arrivé-je trop tard aujourd'hui ?
Lorsque le sujet est un nom, le sujet demeure avant le verbe,
mais il est repris après par un pronom anaphorique sujet : il, ils,
elle, elles. Dans ce cas, on a une postposition complexe :
(25)- Le Cadi savait-il par ce geste..?
I.1.2 L'interrogation partielle
L'interrogation partielle ou interrogation
nucléaire est une demande d'information. M. Grevisse9
détermine sa portée sur l'élément que le locuteur
ignore. Dans l'interrogation partielle, le locuteur demande une information
qu'elle ne contient pas. « Elle porte sur un élément
particulier de la phrase (le sujet, le complément d'objet, le
complément circonstanciel, etc.), qui est représenté par
un morphème interrogatif « qui », « que »,
« quand »,
etc. et on ne peut pas y
répondre par (oui) ou par (non) » 10.
L'interrogation partielle comme l'interrogation totale se
termine par un point d'interrogation. Mais contrairement à
l'interrogation totale qui peut se contenter d'un point d'interrogation sans
mot interrogatif introducteur, l'interrogation partielle use de mot
interrogatif souvent en tête de la phrase. Ce mot interrogatif peut
être11 :
9 M. Grevisse,
1986, Le bon usage, Paris,
Duculot.
10 Florence Mercier-Leca., 2000,
30 questions de grammaire française, P. 176.
11 M. Grevisse., 1986, le bon usage,
Paris, Duculot, P. 632.
17
Un pronom : qui, que, quoi, lequel, combien
Un déterminant : quel, combien de
Un adverbe : comment, où, pourquoi, quand
(26)- A quel moment avait-il basculé
de la témérité à la démence ?
(Samarcande)
L'interrogation partielle porte sur une partie de la phrase ou
sur un de ses constituants, ce constituant peut être marqué
[+/-animé]. Elle peut porter aussi sur la qualité d'un
constituant ou sur la modalité de l'action.
Lorsque l'interrogation porte sur l'identité d'un
constituant qui a le trait [+animé], ce constituant peut être
formulée comme suit :
a- Attribut :
(27)-a. Qui est-ce? / Qui
est cet homme?
-b. C'est Pierre
(28)-a. Qui sont ces hommes?
-b. Ce sont mes voisins
Dans la forme familière le pronom interrogatif est
souvent mis en fin de la
phrase (cf. (29)).
(29)- C'est qui ?
b- Sujet ou Complément d'objet direct
:
Sujet : (30).a. Qui est-ce
qui pleure?
b. C'est mon fils qui pleure.
Complément d'objet direct : (31).a. Qui
est-ce qu'il a fait
pleurer?
-b. Il a fait pleurer mon fils.
- Complément d'objet direct : (32) Qui
a-t-il fait pleurer?
18
Si le sujet n'est ni un pronom personnel ni
·onT, l'inversion complexe est d'usage (cf. (33)).
(33) Qui Pierre a-t-il
fait pleurer ?
c- Complément prépositionnel :
(34). a. Avec qui est-ce qu'il est
parti?
b. Il est parti avec mon fils.
c. Avec qui est-il parti ?
Si le sujet n'est ni un pronom personnel ni ?on?,
l'interrogation se construit avec une inversion complexe (cf. (35)). Et si
le sujet est un nom, il est placé après le verbe ou le participe
selon le temps employé simple ou composé (cf. (36)).
(35)- Avec qui Pierre est-il
parti ?
(36)- Avec qui part Pierre ? / Avec
qui est parti Pierre ? Par contre si
l'élément sur lequel porte l'interrogation a le trait [-
animé], les questions peuvent être formulées comme suit
:
a. Attribut
(37)-a. Qu'est-ce que
c'est? / Qu'est-ce ?
b. C'est un livre.
(38)-a. Qu'est-ce que
ce livre? / Qu'est-ce que c'est que
ce livre ?/
b. Qu'est ce livre?
c. Ce sont des cassettes.
b. Sujet ou complément d'objet direct
(39) a. Qui fait ce bruit?
b. C'est la pluie battante qui
fait ce bruit.
(40) a. Qu'est-ce
qu'il a ramassé? b. Il a ramassé des
champignons.
19
Lorsque le sujet n'est ni un pronom personnel ni
?on?, il se place après le verbe (cf. (40)) si le temps est
simple, ou après le participe passé si le temps est
composé (cf. (41)).
(40) Que ramasse Pierre ?
(41) Qu'a ramassé
Pierre?
Si le verbe est à l'infinitif, l'introducteur
interrogatif précède le verbe (cf. (42)).
(42) Que faire ? Quoi faire ?
Pour s'interroger sur un constituant inanimé, d'autres
constructions avec des formes impersonnelles sont possibles (cf.
(43.a,b,c)).
(43)a. Que faut-il
? / Qu' est-ce qu'il faut ?
b. Qu' y a-t-il ?
/ Qu' est-ce qu'il y a ?
c. Que manque-t-il
? / Qu' est-ce qu'il manque ?
On dit aussi:
d. Que se passe-t-il? mais
Qu'est-ce qui se passe?
(Qu'est-ce qu'il se passe? est moins
commun.)
e. Que m'arrive-t-il? mais
Qu'est-ce qui m'arrive?
(Qu'est-ce qu'il m'arrive? est moins
commun.)
C. Complément prépositionnel :
(44) a. Avec quoi est-ce qu'il l'a ouverte ?
b. Il l'a ouverte avec un couteau.
c. Avec quoi l'a-t-il ouverte?
Lorsque le sujet n'est ni un pronom personnel ni ?on?,
il est placé après le verbe si le temps est simple (cf.
(46)), après le participe passé si le temps est composé
(cf. (47)), ou l'inversion complexe (cf. (45)).
(45) Avec quoi Pierre l'a-t-il
ouverte ?
(46) Avec quoi l'ouvre Pierre ?
(47) Avec quoi l'a ouverte Pierre ?
20
Lorsque l'interrogation porte sur la qualité i.e
l'identité, le rang, la mesure... de l'un des constituants de la phrase,
les particules interrogatives employés sont soit les adjectifs
quel /quelle / quels / quelles, soit les pronoms
lequel / laquelle / lesquels / lesquelles.
a. Attribut
Si le sujet n'est ni un pronom personnel ni
?on?, celui-ci se place avant le
verbe (cf (48)).
(48) Quel homme est-ce monsieur
? / Lequel est-cet enfant?/ Quelle est ta
pointure?
. Sujet
(49)a. Quelle chemise te va le
mieux?
b. C'est la rouge qui me va le
mieux.
(50)a. Laquelle te va le mieux?
b. C'est la verte qui me va le
mieux.
. Complément d'objet direct
Lorsque l'élément sur lequel porte la question
est un C.O.D, l'introducteur interrogatif peut être un pronom
interrogatif (cf. (51) et (52)).
(51)a. Quelle chemise as-tu choisie? /
Quelle chemise est-ce que tu as choisie?
b. J'ai choisi la rouge.
(52) a. Laquelle as-tu choisie? /
Laquelle est-ce que tu as choisie? b. J'ai choisi la
verte.
Les contractions des pronoms avec les prépositions
à et de deviennent auquel / auxquels /
auxquelles / duquel /desquels / desquelles (cf (53), (54), (55) et (56)).
(53) Auquel pensais-tu?
(54)
21
Auquel est-ce que tu pensais? Je
pensais à celui-ci.
(55) Duquel te souviens-tu?
/
(56) Duquel est-ce que tu te
souviens?
Je me souviens de celui-ci.
Lorsque l'interrogation porte sur les modalités de
l'action, les adverbes de temps (cf. (57)), de lieu (cf. (58)), de
manière (cf. (59)), de cause (cf. (60)) ou de quantité (cf. (61))
sont d'usage.
(57) a. Quand pars-tu? / Quand
est-ce que tu pars? b. Je pars demain.
(58) a. Où pars-tu? /
Où est-ce que tu pars? b. Je pars à
Paris.
(59) a. Comment pars-tu? /
Comment est-ce que tu pars? b. Je pars en
stop.
(60) a. Pourquoi pars-tu? /
Pourquoi est-ce que tu pars? b. Je pars parce que je suis
fatigué
(61) a. Combien en as-tu pris? /
Combien est-ce que tu en as pris?
b. J'en ai pris deux.
Si le sujet n'est ni un pronom personnel ni
·on·, soit on fait l'inversion complexe (cf. (62 a, b,
c, d)), soit on place le sujet après le verbe si le temps est simple, ou
après le participe passé si le temps est composé (cf. (63
a, b, c, d)).
(62).a. Quand le train
part-il ? / b. Comment ta soeur
va-t-elle ? /
C .Où le train
va-t-il ? / d. Combien ceci
a-t-il valu?
(63).a. Quand part le
train ? / b. Comment va ta soeur
?
c. Où va le train ?
/ d. Combien a valu ceci ?
L'inversion
complexe devient obligatoire si le verbe est accompagné d'un
complément d'objet direct (cf. (64)), ou si le verbe est
22
accompagné d'un attribut (cf. (65)) et avec
pourquoi (cf. (66)). Mais l'inversion complexe est en
principe impossible si combien compose le sujet (cf.
(67)).
(64) Où Pierre
a-t-il caché la bague ?
(65) Quand Pierre
est-il devenu avocat ?
(66) Pourquoi Pierre
part-il ?
(67) * Combien de
clients ont-ils protesté ?
On oppose généralement les interrogations
partielles, qui portent
sur un constituant de la phrase, et les interrogations
totales qui portent sur l'ensemble de l'énoncé. Cependant, cette
distinction peut être égarante, car une interrogation comme
«es-tu là pour me voir ? » peut sembler
«partielle » dans la mesure où la question porte sur le motif
de la venue lorsque la réponse peut être par exemple «je
suis venu récupérer mon argent ». Elle peut être
dite totale quand la réponse est censée être oui/non. En
revanche, la question: « Qui vient ? » permet de parcourir
mentalement l'ensemble des individus susceptibles de venir et exige de
l'allocutaire de sélectionner un parmi tous les possibles.
I. 1. 3 L'interrogation directe et indirecte
J. Dubois estime «qu'il existe en
français deux types principaux de phrases interrogatives
»12 : il s'agit des interrogations
directe et indirecte. Les deux phrases qui suivent sont des interrogations
directes.
(68) Serais-tu ivre, Seigneur ?
(69) Qui es-tu donc ?
12 Dubois, J., Dubois-Charlier, F., 1970,
Eléments de linguistique française, Syntaxe, p. 208.
23
En outre, la phrase interrogative se définit par deux
structures : celle qui constitue la demande et celle qui constitue la
réponse. Dans le cas de la phrase (68) la réponse serait
(oui/non), dans le cas de la phrase (69) la réponse est un
syntagme nominal correspondant à celui qui est formé avec la
forme « qui ». J. Dubois distingue deux catégories
pour ces deux types de phrases : le premier type est un type ?oui/non?
et le second est l'interrogation ·que·.
Les deux phrases (68) et (69) sont des interrogatives
directes. Cependant elles peuvent être enchâssées dans des
phrases de base comprenant le verbe ?demander?:
(68) a. Je demande si tu serais ivre, seigneur ?
(69) b. Je demande qui es-tu donc?
Ainsi, l'interrogation directe peut porter soit sur la
totalité de la phrase, soit sur un constituant particulier. Comme pour
l'interrogation totale, l'interrogation partielle se termine par un point
d'interrogation. Elle est caractérisée par une intonation
descendante, avec une note élevée sur le mot interrogatif
placé en tête de la phrase.
Cependant, dans les interrogatives indirectes, la notion
d'interrogation est lexicalisée dans un verbe d'interrogation
(demander, s'enquérir, etc.) ou de recherche d'information
(ne pas dire, ne pas savoir, etc.), qui constitue le support de la
principale. L'énoncé sur lequel porte l'interrogation intervient
sous la forme d'une proposition subordonnée, complément d'objet
direct du verbe de la principale. Elle s'appelle ainsi, parce
que la question est formulée dans un style indirect. Elle est contenue
dans une subordonnée qui dépend d'un verbe
24
introducteur. Cette partie qui contient la question indirecte
s'appelle la proposition subordonnée interrogative. Elle
n'admet l'utilisation ni de «est-ce que », ni de l'inversion
du sujet, ni du point d'interrogation, et peut être aussi bien totale que
partielle. Elle est dite totale lorsque la subordonnée est introduite
par la conjonction ?si? (cf. (70)).
(70). Je me demande si elle reviendra.
Alors qu'elle est partielle lorsqu'elle est introduite par un
déterminant interrogatif (cf. (71.a)), par un pronom interrogatif (cf.
(71.b)) ou par un adverbe interrogatif (cf. (71.c)). L'interrogation indirecte
est, par sa fonction, une complétive même si elle n'est pas
introduite par une conjonction mais par un pronom ou un adverbe interrogatif,
elle est généralement introduite par les mêmes mots que
l'interrogation directe. Des particularités sont pourtant à
signaler.
(71).a Je me demande quelle heure il
est.
(71) .b Je ne sais pas qui est venu.
(71).c Elle a demandé
comment on obtenait une note
supérieure
à huit.
Une dégradation rapide de la syntaxe de l'interrogation
indirecte peut être signalée dans la langue contemporaine, comme
le signale F.DELOFFRE : « il y a certainement longtemps que l'on
entend dans la langue populaire des phrases comme : dis-moi est ce que tu veux
venir, dis-moi ce que tu veux. C'est-à-dire que ce type de langage
généralise dans l'interrogation indirecte des outils
interrogatifs de l'interrogation directe13. »
13 Deloffre, F., 1979, La phrase
française, (7° édition), Paris, Cedes, P. 74.
25
Il peut y avoir une interrogation indirecte incluse dans une
interrogation directe: « Sais-tu si Marie est venue ? ».
Certains verbes introducteurs ont un sens interrogatif (demander, se
demander, s'enquérir), d'autres non (savoir, chercher,
regarder...). Dans une phrase comme « Je sais s'il est là
», c'est donc la présence de ?si? qui permet de
savoir que l'on a affaire à une interrogative et non à une
complétive. Dans l'interrogation indirecte, la forme ?est-ce que?
n'est jamais employée. Si le sujet est un pronom personnel ou
?on? ou ?ce?, il n'y a jamais d'inversion de sujet. Si le
sujet n'est pas l'un d'eux, celui-ci se place de préférence avant
le verbe mais il peut aussi, dans certains cas, se placer après le verbe
(cf.(72.a)), celui-ci se place toutefois après le verbe, avec les
interrogatifs qui et quel
attributs (cf.(72.b)):
72).a Je me demande où ce train
va. / Je me demande où va ce
train.
72).b Je te demande qui est cet homme. /
Je te demande quelle est ta pointure).
M. Grevisse14 remarque que l'interrogation
directe introduite par
(ou si) peut faire confusion avec l'interrogation
indirecte : « dans des phrases exprimant l'alternative dans
l'interrogation directe, le second membre prend parfois la forme d'une
interrogation indirecte introduite par (ou si), sans les
phénomènes de l'inversion ou de reprise qui caractérisent
l'interrogation directe 15».
-Etes-vous soufrant, ou si c'est un
méchant caprice ? (Musset, chandelier, III,4.)
Les constructions avec « et si »,
confondues avec les interrogations du type : si nous allions
nous promener. Ce type de modulation interrogative se caractérise
par l'absence du point
14 Grevisse, M., 1991, Le bon usage, Paris,
Duculot, P. 629.
15 Ibid.
26
d'interrogation dans certains exemples, tel que le postule
Grevisse16 exprime une invitation plutôt qu'une
interrogation.
(73) Si vous retiriez votre chapeau ? (Gide, caves du
Vat.,
I,3)
La proposition conditionnelle interrogative et exprimant une
hypothèse sans expliciter le verbe principal introduite par
(si) est considérée comme une
subordonnée interrogative, c'est-à-dire qu'on a affaire à
une interrogation indirecte.
(74) Et s'il mourait pour rien ? (A.Camus, justes,P1, P383)
L'interrogation n'est pas toujours liée à la
demande d'information, elle est dite disjonctives lorsqu'elle énonce une
alternative, puisque l'interlocuteur doit effectuer un choix sur lequel il doit
décider (cf. (75)). Cette disjonction peut être explicitée
aussi par ?oui? ou ?non? (cf. (76) et (77)). Une phrase interrogative
peut ne pas commencer par un introducteur d'interrogation ni même par une
proposition principale d'interrogation et coordonnée à une phrase
non interrogative (cf. (78)).
(75)- Vous me rendez mon argent ou je
m'adresse au tribunal ?
(76)- vous me rendez mon argent, oui ou
non ?
(77)- vous prenez une décision oui
ou non ?
(78)- Et son parcours millénaire, qui l'a interrompu,
sinon
l'arrogance de mon siècle ? (Samarcande).
En revanche, elle est dite fictive lorsqu'elle n'appelle
aucune réponse, elle correspond, quant au contenu de son message,
à une
16 Ibid., P. 630.
27
exclamation ou à une injonction, les exemples (78) et
(79) en sont la parfaite illustration.
(78)-Comment des gens qui placent si haut les vertus de
l'hospitalité peuvent ils se rendre capables de violences contre un
visiteur comme toi ? (Samarcande)
(79)- Allez-vous bientôt vous taire ? Allez-vous payer
?
L'interrogation oratoire est une interrogation fictive
puisqu'elle n'est pas dite afin d'avoir une réponse précise : la
réponse contredisant la question est admise comme évidente.
Lorsque l'interrogation partielle est oratoire, la réponse
supposée est négative (non, personne, jamais, etc.) (cf
(80)). L'interrogation délibérative est adressée à
soit même au moment où l'on doit prendre une décision (cf
(81)).
(80) .a. Me faudra-t-il attendre d'être vieux pour
exprimer ce que je
pense ? (Samarcande)
(81) Pourtant que faire ? (Samarcande,)
Certaines phrases interrogatives commencent par des
conjonctions de coordination sans que celles-ci soient liées
effectivement à ce qui la précède (cf. (82)). Une phrase
interrogative peut être insérée dans une phrase
énonciative sans que cette interrogation implique une réponse.
L'élément inséré joue le rôle d'une incidente
comme le montre la ponctuation (cf. (83)). Il se peut que l'interlocuteur
utilise une phrase incidente semblable à une phrase elliptique par
laquelle il demande une information ou un éclaircissement (cf. (84)).
(82)-Et comment s'appelait ce maître, que je puisse au
moins
raconter ses bienfaits? ( Samarcande).
28
(83)-le coeur défaille en présence du nombre
des oeuvres, que dis-
je ?du nombre des chefs-d'oeuvre ? (valéry) .
(84)-Il y a six mois de ça, j'avais cherché
à vendre des couverts d'argenterie...Ah ! Qui venaient d'où
?
( J.Romain, cit. Gougenheim, dans Où en sont les
études)
I. 2 Le point d'interrogation et l'intonation
interrogative :
La production d'un énoncé est soumise à
l'état psychologique et mental de l'interlocuteur, c'est pourquoi la
prosodie de la phrase véhicule des informations extralinguistiques comme
les émotions, l'état du locuteur ou la nature de la phrase
(affirmative, interrogative ou exclamative). Une phrase interrogative est
marquée à l'écrit par la présence d'un point
d'interrogation et par une intonation montante à l'oral.
Le point d'interrogation peut être dans certains cas le
seul indice qui permet de savoir que l'énoncé est une question
(cf. (85)).
(85) Ma façon de prier. Ma façon de prier
? « Samarcande »
Pour renforcer l'interrogation, le point d'interrogation peut
être répété (cf. (86)) ou combiné avec le
point d'exclamation (cf. (87) et (88)). Dans le dialogue, le point
d'interrogation peut être inséré dans une phrase non
interrogative pour exprimer une interrogation explicitée par la
physionomie du locuteur durant un silence qui coupe son discours (cf. (89).
Dans une phrase énonciative, le point d'interrogation peut
paraître à la fin des mots exprimant un doute, comme : peut
être, je crois, je suppose, sans doute, etc. (cf. (90)).
(86)- Quelqu'un peut-il
m'aider???
(87)-
29
Qu'est-ce que vous me dites
là?!
(88)- comment ?!
(89)-En tout cas, c'est un esprit bien placé. /--
?../ - bien placé dans le monde des esprits. (Colette Sido, L.P.,
P53)
(90)-peut être qu'il a sommeil ?
Souvent l'exclamation utilise les mêmes moyens que
l'interrogation, ce qui explique la présence d'un point d'interrogation
à la fin d'une phrase exclamative avec une nuance interrogative comme le
montre l'exemple (91):
(91)- Quelle drôle de chose ?
Quand les phrases interrogatives sont multiples et sont
coordonnées par des conjonctions de coordination le point
d'interrogation est mis à la fin de chaque phrase, et lorsque les
phrases interrogatives se succèdent sans coordonnant celui-ci est mis
à la fin de l'énoncé.
Le point d'interrogation est omis quand la phrase
interrogative est une sous phrase, (citation - discours direct), surtout quand
la sous phrase nécessite elle-même un point d'exclamation ou deux
points (cf. (92)). De même l'omission du point interrogatif vient
après des locutions qui perdent leur valeur interrogative, surtout
après : à bouche que veux-tu, le qu'on dira-t-on, le qui-vive
(cf. (93)). Dans certains cas, le point d'interrogation est omis
après des interrogations fictives quand celles-ci expriment une
hypothèse, une éventualité, ou dans l'expression
figée (cf. (94)). Il est omis aussi quand l'interrogation fictive
équivaut à une phrase exclamative (cf. (95)) ou à une
phrase injonctive, surtout lorsque la phrase est terminée par un point
d'exclamation, lorsque la phrase est énonciative, et aussi quand
l'interrogation est délibérative, à laquelle l'auteur
répond lui-même (cf. (96)).
(92)
30
Qui sait, peut être n'y a-t-il qu'une amante, cette
nuit à Samarcande, peut être n'y a-t-il qu'un amant.
(93) Ils s'embrassèrent à bouche que
veux-tu. (Montherlant,
Pitié pour les femmes, p.79)17
(94) en-veux-tu, en voilà.
(95) Or quoi de pire au monde que de perdre son
père. (Sartre, Idiot de la famille, t. p. 234).
(96)-Me laisser prendre et fouetter, jamais de la vie! (H.
Bazin,
vipère au poing, XVIII ).
Pour marquer l'interrogation lorsque la phrase est longue, la
montée se produit sur la partie proprement interrogative (cf. (97)).
(97)-qu'il faudrait attendre huit siècles
avant que le monde ne découvre la sublime poésie d'Omar
Khayyam, avant que ses Robaiyat ne soient vénérés comme
l'une des oeuvres les plus originales de tous les temps avant que ne soit enfin
connu l'étrange destin du manuscrit de
Samarcande ? (Samarcande)
Lorsqu'il y a d'autres marques qui explicitent
l'interrogation, comme dans l'interrogation partielle : (inversion, reprise du
sujet, morphème interrogatif), l'intonation n'est pas
nécessairement montante. La note est marquée sur le mot
interrogatif, et elle est plus haute que sur le début de
l'énoncé déclaratif (cf. (98) et (99)).
(98)- Le cadi savait-il par ce geste, par
ces paroles, il donnait naissance à l'un des secrets les mieux tenus de
l'histoire des lettres ? « Samarcande »
(99)- Où se trouve cet hôte
si généreux, que je puisse lui adresser mes
remerciements ? « Samarcande »
17 Grevisse, M., 1991, Le bon usage, Paris,
Duculot, p.163.
31
I. 3 Les introducteurs interrogatifs
L'interrogation peut être directe ou indirecte. Chacune
est introduite par des introducteurs interrogatifs propres. Ainsi,
l'interrogation directe est introduite par un déterminant, un pronom ou
un adverbe interrogatif.
I. 3. 1. Les déterminants interrogatifs
:
Les déterminants interrogatifs sont : quel, quels,
quelle et quelles. Ils indiquent que la question porte sur
l'identité ou la nature d'un être animé (cf. (100)) ou
inanimé (cf. (101)). Toutefois, il ne peut être ni
précédé ni suivi d'un article ou d'un déterminant
démonstratif ou possessif comme l'illustrent les exemples qui suivent.
L'adjectif interrogatif quel peut s'employer aussi comme attribut.
Dans ce cas, il ne joue son rôle de déterminant que par rapport
à un nom qui n'est pas exprimé (cf. (102) et (103)).
(100)-Quelle personne demandez-vous ?
(101)-Quel est votre médecin traitant ?
(102)-Quelles sont ses intensions ?
(103)-Quelles intensions sont ses intensions ?
On ne peut parler des déterminants interrogatifs sans
évoquer les
déterminants exclamatifs et les déterminants
relatifs, qui ont les mêmes formes. Le déterminant exclamatif
s'emploie dans les phrases exclamatives qui expriment la surprise, l'admiration
ou l'indignation, et porte sur le thème indiqué par le groupe du
nom. La distinction entre les adjectifs exclamatifs et les adjectifs
interrogatifs se fait au niveau de
32
l'écrit par la marque de ponctuation qui termine la
phrase (point d'interrogation ou point d'exclamation), et par l'intonation
interrogative ou exclamative qui détermine la nature de l'adjectif et de
la phrase avec, au niveau oral (cf. (104)).
(104)-Quel que soit son jeu, je le gagnerai.
I. 3. 2 Les pronoms interrogatifs.
Un pronom remplace le plus souvent un nom ou un groupe
nominal, mais il peut aussi se substituer à un adjectif ou à une
proposition entière. Le fait qu'il puisse remplacer autre chose qu'un
nom explique que l'on utilise parfois le terme de « substitut
» au lieu de terme « pronom ». Les pronoms
interrogatifs permettent de questionner sur l'identité (cf. (105)) ou
l'action d'un être ou d'un objet (cf. (106)).
(105) -De qui parle-t-on ?
(106) -De quoi s'agit-il ?
Le pronom interrogatif joue le rôle d'anticipant
puisqu'il remplace un nom qui sera exprimé dans la réponse et se
situe toujours en tête de la phrase interrogative, même quand le
groupe de nom qu'il remplace devrait occuper une autre place comme le montre
l'exemple suivant.
(107) a. Qui appelez-vous ?
b. J'appelle Jean.
Les pronoms interrogatifs peuvent être simples ou
composés, comme ils peuvent être suivi de l élément
est-ce que (interrogatif complément) (cf. (108)).
(108) Qui est ce qui est venu ?
Les formes simples des pronoms interrogatifs sont
?qui?,?que? et ?quoi? : «
qui » s'emploie pour différentes fonctions grammaticales
avec ou sans préposition comme substitut d'un groupe de noms
désignant un humain. Ainsi, les formes composées de l'article
définit et de l'adjectif
33
interrogatif ?lequel?,
?laquelle?, ?lesquels?,
?lesquelles?, combinées avec les prépositions
?à? et ?de? deviennent : auquel, à
laquelle, duquel, de laquelle, auxquels, desquels, etc.
De même, les formes des pronoms interrogatifs peuvent
être suivis de l'élément est-ce que (interrogatif
sujet) ou est-ce que (interrogatif complément). Ainsi, dans
l'interrogation indirecte les formes du pronom interrogatif sont les
mêmes que dans l'interrogation directe, sauf que les formes complexes des
pronoms interrogatifs ne doivent pas être employés, où
?qu'est-ce qui? et ?qu'est-ce que? auxquelles les formes
?ce qui? et ?ce que? doivent être substituées
respectivement18. (cf. (109) et (110)).
(109) a. Qu'est ce qui se passe ? -b. J'ignore ce qui se
passe.
(110) a. Que fais-tu ?
-b. Dis-moi ce que tu fais.
I. 3. 3 Les adverbes interrogatifs
Nous pouvons distinguer cinq adverbes interrogatifs qui
expriment le lieu (cf. (111)), la cause (112), le temps (113) et la
manière (114):
(111) Le lieu : Où est-il
allé ?
(112) La cause : Pourquoi la vie
nous réserve souvent des surprises?
(113) Le temps : quand est-il parti
?
(114) La manière : comment
avez-vous joué ?
18 Grevisse, M., 1993, Le Bon Usage, Paris,
Duculot, P. 1390. § 940.
34
I. 4 La transformation interrogative
Toute phrase interrogative est en principe une phrase
déclarative, la transformation interrogative est l'ensemble des
modifications apportées à la phrase déclarative pour
qu'elle acquièrt la forme interrogative. Notons qu'une phrase
déclarative peut avoir cette portée interrogative grâce
à l'intonation particulière qui marque la fin de
l'énoncé dans le cas de l'interrogation totale comme le montre la
différence entre les énoncés (115. a et b).
(115).a. Ma façon de prier.
b. Ma façon de prier ?
L'interrogation totale ou partielle peut être
marquée par l'insertion d'un pronom après le verbe ou
l'auxiliaire qui correspond au nombre et au genre du sujet (cf. (116)), si le
sujet est un pronom personnel, ce dernier disparaît, ce qui
équivaut à une inversion de sujet (cf. (117)), et si le verbe se
termine par un ·d·, il est prononcé un /t/
(cf. (118)). Ce type d'interrogation appartient surtout à la langue
soutenue.
(116) Ces arbres donnent-ils beaucoup de fruits ?
(117) Il vient ? - *Il vient-il ? - Vient-il ?
(118) a. Qu'entend-il par ceci ?
b. /kãtãtil par s?si/ ?
La construction (Inter+v+sujet) n'est pas admise avec
l'interrogatif pourquoi comme le montre l'exemple suivant, la phrase (119)
n'est pas acceptable.
(119) * Pourquoi sont partis les enfants ?
(120) Pourquoi sont-ils partis les enfants?
35
L'interrogation totale marquée en tête par
l'emploi de la formule invariable ·est-ce que· exclue
l'emploi du pronom personnel après le verbe, la phrase (122) est
inacceptable.
(121) Est-ce qu'il ira demain ?
(122) * Est-ce qu'il ira-t-il demain ?
Selon J. Dubois19, il n'existe en
français que deux types de phrases interrogatives i.e. directe et
indirecte. La première (interrogation directe) est explicitée par
l'intonation ascendante, par l'inversion de sujet, par le point d'interrogation
ou par l'introducteur interrogatif. Elle implique en structure profonde comme
en structure de surface une seule phrase de base qui peut être
enchâssée dans une phrase de base comprenant un verbe de type
?demander? et qui devient une complétive (cf. (124), ce qui
rend cette phrase une interrogative+complétive. Comme le montrent les
exemples suivants :
(123) Qui viendra ?
(124) Je demande qui viendra.
La phrase interrogative directe correspond à la formule
comme c'est le cas de l'exemple (123) :
- Inter+P (Interrogation + Noyau)
La règle de réécriture du constituant
interrogatif est la suivante :
a- (SN inter)+ INTON inter -(première
formule)
Inter???
b- (SN inter)+ SN que + (INTO inter) -(deuxième
formule)
Les deux formules (a) et (b) correspondent aux deux structures
interrogatives totale ; interrogation (oui/non) ou partielle ; interrogation
(que).
19 Dubois, J. et Dubois-Charlier, F., 1970,
Eléments de linguistique française, syntaxe, Paris,
Larousse, P. 208- 210.
36
Suivant J. Dubois et F. Dubois-Charlier, le choix se fait
entre les deux formules suivantes :
« 1. Le constituant interrogatif peut être fait
d'un SN inter (abréviation de syntagme nominal interrogatif) et d'un
Inton inter (abréviation de intonation interrogative). Ces deux formules
sont l'un obligatoire (Inton inter), l'autre facultatif (SN inter).
2. le constituant interrogatif peut être fait d'un
SN que (syntagme nominal avec démonstratif que) constituant obligatoire
et de deux constituants facultatifs qui sont ceux de la première
formulation : SN inter (syntagme nominal interrogatif) et Inton inter
(intonation interrogative20). »
I. 5 L'interprétation sémantique de
l'interrogation
L'interrogation n'est pas toujours liée à la
demande d'information, elle peut avoir d'autres fins et valeurs qui lui sont
attribuées par inférence. La question est soumise à un
certain nombre de conditions tant sémantiques que pragmatiques où
les verbes énonciatifs ont un rôle dans l'orientation des
questions vers des interprétations qui leur confèrent des valeurs
indirectes qui sont soit des assertions soit des mandes21.
Sémantiquement, la question est liée à :
·En est-il ainsi ?· Et qu'elle a une valeur
suspensive. Le couple question/réponse est lié à
des situations particulières et codifiées telles que l'interview,
l'enquête sociologique, le discours pédagogique, l'interrogatoire,
l'instruction judicaire, etc. Ainsi, l'acte de questionner est
réalisé dans différentes situations pragmatiques de
communication, il est soumis à différentes conditions qui en
assurent le fonctionnement. Sans oublier la présence de
20 Ibid
21 Le mande est u n énoncé directif
à valeur illocutoire de prescription, lié à la
désirabilité ; qu'il en soit ainsi. « la notion de
prescription est entendu, ici, dans le sens général de faire
faire quelque chose à quelqu'un »
Taifi, M., 2000, Sémantique linguistique
: référence, prédication et modalité,
publication de la faculté des Lettres et des Sciences Humaines, Fes,
SFR, P. 189.
37
deux interlocuteurs qui fondent la situation de communication
qui est évidente.
I. 5. 1. Les conditions sémantiques pour le
fonctionnement de la question
Pour obtenir une information, il faut satisfaire
différentes conditions. En effet, le locuteur doit dans un premier temps
être animé du désir d'obtenir une information pour mettre
fin à son état d'incertitude ou de doute. Et pour que l'acte de
questionner soit pertinent, il doit satisfaire une deuxième condition :
il s'agit de sa présomption sur le savoir de l'énonciataire. En
fait, l'énonciateur ne peut demander une information que s'il a une
prémonition, une intuition ou tout autre état psychologique qui
lui permet de présupposer que l'énonciataire peut fournir
l'information demandée.
La troisième condition consiste en ce que
l'énonciataire est capable et apte à fournir l'information. Or,
dans certains cas, l'allocutaire peut ne pas fournir l'information même
s'il en dispose.
La quatrième condition concerne la modalité de
la question elle-même. La question doit être
considérée comme une simple tentative
d'obtenir une information et non pas une cause
produisant
automatiquement la réponse attendue. On s'accorde en
général à percevoir une différence
sémantique entre « Tu pars ? », « Pars-tu ? » et
« Est-ce que tu pars ? ». En effet, « Tu pars ? »,
s'emploie plutôt pour un allocutaire qui semble agir en vue d'un
départ, en revanche, « Est-ce que tu pars ? » ou
« Pars-tu ? » préjugent moins de la réponse,
laissent ouverte l'alternative. L'inversion du clitique sujet n'est nullement
réservée à l'interrogation, on la trouve dans les incises,
les hypothétiques, etc. Il
38
semble qu'elle permet de suspendre l'assertion, ce qui est
requis dans l'interrogation.22
Les interrogations partielles sont riches en
présupposés, qui contribuent à enfermer l'allocutaire,
à contraindre sa réponse; demander « Qui vient ? »
ou «Pourquoi est-il en retard ? », c'est présupposer que
quelqu'un est venu ou qu'il est en retard. Il arrive qu'un même
énoncé supporte plus d'une interrogation partielle à la
fois: « Qui est venu quand ? », « Qui a parlé
à qui ? » Cette possibilité qu'a l'interrogation de
porter sur l'ensemble de la phrase ou sur un seul constituant se retrouve dans
la négation qui, elle aussi peut être partielle: «Je n'ai
vu personne » ou totale: « Je n'ai pas vu Paul. »23
I. 5. 2 Les valeurs illocutoires relatives à
l'interrogation
La question peut être liée à des fins
pragmatiques et être investie pour d'autres valeurs illocutoires outre la
demande de l'information. La question peut être utilisée pour
instaurer une communication et accéder à autrui, pour
éviter des regards, pour agir sur autrui (le séduire, le charmer,
le compromettre, le blesser, etc.). Dans telles situations, le locuteur
n'attend pas de réponses de la part de l'énonciataire et ce
dernier n'est pas censé en fournir. Dans ce sens, la question
revêt une fonction phatique qui en fait des moyens pragmatiques
résidant dans les interactions verbales entres les interlocuteurs.
Les valeurs illocutoires de la question sont multiples.
L'interrogation peut être une question de confirmation et d'assentiment.
Elle est utilisée pour faire sortir le locuteur de son état
d'incertitude ou de doute. La question d'examen fait un meilleur exemple, elle
est utilisée
22 Maingueneau, D., 2001, Précis de grammaire pour les
concours, (troisième édition), Paris, Nathan.
23 Ibid.
39
pour évaluer les connaissances de l'étudiant et
non pas pour recevoir une réponse recherchée.
L'assertion peut revêtir l'habit de l'interrogation.
Elle est liée à la description d'un état de chose. La
question à valeur assertive peut être une constatation d'un
état de chose partagé entre le questionneur et le
questionné ;(il fait beau, n'est-ce pas ?), et peut être
aussi une véritable question rhétorique qui est soumise à
un ensemble de contraintes tant grammaticales que lexicales, comme le montre
l'exemple suivant.
(125) a. Ce n'est pas toi qui a fais ce travail ?
b.
Non, ce n'est pas moi qui ai fait ce travail ?
La question peut être utilisée pour une fin qui
est liée à la réaction du questionné,
c'est-à-dire pour effectuer des actes directifs, c'est une valeur
illocutoire de mande. Les verbes ?pouvoir? et ?vouloir? sont
des verbes modaux souvent utilisés dans la question à
interprétation de mande. Ils sont souvent utilisés dans des
structures interrogatives de type : vouloir /pouvoir+sujet+P ?
et qui sont susceptibles d'une lecture par inférence. On
ne peut imaginer une situation où le locuteur demande à un
passager : pouvez-vous m'indiquer le chemin de la municipalité ?
où celui-ci se contente de lui répondre : oui je
peux. De même pour une situation où un locuteur demande qu'on
lui passe un stylo : voulez-vous me passez le stylo ? et le
questionné se contente de lui répondre par oui sans aucune
exécution d'action, (ici celle de lui passer un stylo). La situation
serait plutôt drôle. La question rhétorique avec les verbes
vouloir et pouvoir ne déclenchent pas des
réponses mais des comportements. Face à la question
voulez-vous P et pouvez-vous
P, l'énonciataire est censé exécuter le
contenu de P24.
24 Taifi, M., 2000, Sémantique
linguistique, Références, prédication et
modalité, Fes, SFR.
40
I. 5. 3. Différentes interprétations de
l'adverbe
interrogatif « comment »
Il est connu que l'adverbe d'interrogation "comment"
est utilisé pour s'interroger sur la manière dont s'est produit
un fait. H. Korzen25 a soulevé le cas de l'usage de
"comment" pour s'interroger sur la cause, prenant alors le sens de
"comment se fait-il que", comme l'illustrent les exemples suivants,
où la réponse consiste en une proposition causale introduite par
·parce que·.
(126) a. Comment savais- tu qu'elle était justement
ce soir là? b. Parce que je l'avais suivie (Simenon, indicateur, P
156)
(127) a. Comment le savez-vous?
b. parce qu'elle me l'a dit. (Simenon, Maigret se trompe,
P 12-13)
Parfois l'usage de "comment" peut mener à une
ambigüité d'interprétation : s'agit-il d'une interrogation
qui porte sur la cause ou sur la manière ? Les exemples empruntés
à B. De Cornulier26 en sont la parfaite illustration.
(128) a. Comment Jean a -t-il survécu?
(manière)
b. En buvant du lait.
(129) a. Comment a survécu Jean?
(manière)
b. En buvant du lait.
(130) a. Comment Jean a -t-il survécu? (cause)
b.
C'est qu'il est résistant.
Dans l'exemple (128) et (129), l'interrogation porte sur la
manière, en (130) la réponse correspond à une
interrogation de cause. Nous avons la
25 Korzen, H., 1985, Pourquoi et l'inversion
finale en français ?, Museum Tusculanum, presse universitaire de
Copenhagen.
26 CORNULIER de B., 1974, « Pourquoi et
l'inversion du sujet non clitique », in ROHRER C. et RUWET N.
(éds), Actes du colloque franco-allemand I. Etudes de syntaxe,
Tübingen, Niemeyer. P. 139-163.
41
même phrase interrogative introduite par
"comment" mais avec différentes interprétations : une de
manière et une autre de cause. Dans ce cas là, c'est le contexte
qui peut déterminer la finalité de l'introducteur
"comment".
J.C.L. Anscombre et O.Ducrot abordent une autre
finalité de l'adverbe "comment" : celle de la contestation.
Lorsque le locuteur répond à un énoncé par une
interrogation où il manifeste une attitude de surprise, d'indignation ou
une innocence disculpante. C.Olivier (1985) considère que c'est à
partir d'un usage particulier de la manifestation de la surprise, qu'on
réalise la contestation à l'aide de
"comment"27.
(131) a. ...Mme, Mille francs divisé en quatre
titres de douze mille cinq cent chacun dont j'avais l'usufruit et les quatre
enfants la nue propriété.
b. Comment les quatre enfants ? j'ai cinq enfants, nom d'une
pipe! (G.Duhamel, Gecile parmi nous, 174)
La question explicitement exprimée serait:
c. comment pouvez-vous dire que j'ai quatre enfants alors
que j'en ai cinq? (Qui se trouve derrière l'énoncé
"comment+P)? entrainé dans la stratégie de la
contestation28.
L'interrogation avec « comment » est aussi
utilisée pour porter sur l'état (cf (132)), pour exprimer
l'ironie (cf (133)) ou pour expliquer un fait (cf (134)).
(132) comment vas-tu ?
(133) comment tu as pu gaspiller tous ces cinq Euros
?
(134) comment veux-tu que je viens à temps avec
tout cet embouteillage?
27Anscombre, J.C. et Ducrot, O., 1981, «
Interrogation et argumentation », in Langue
française, n°42, pp. 5-22.
28Olivier, C., 1985, « L'art et la
manière: comment dans les stratégies discursives »
in Langages. Université de Toulouse-le-Mirail.
42
Conclusion du chapitre
L'interrogation dans la langue française est de deux
types : une interrogation directe et une interrogation indirecte. Lorsque
l'interrogation admet une réponse positive ou négative, elle est
dite totale, par contre, si elle porte sur un élément
précis de l'énoncé interrogatif, elle est dite partielle.
L'interrogation est modalisée par des verbes de modalité à
savoir les verbes « pouvoir et vouloir » qui assignent
à la phrase interrogative une valeur illocutoire de prescription par
inférence. Les interrogations avec l'adverbe d'interrogation «
comment » acquièrent différents
interprétations, où la question peut porter alors sur la
manière, la cause, la contestation, l'ironie ou l'explication.
II. L'INTERROGATION EN LANGUE ARABE
Introduction
Chaque langue utilise des morphèmes et des structures
interrogatives spécifiques, et l'interprétation de la question
dépend du statut social et culturel des interlocuteurs. Ainsi,
l'interrogation diffère quant à son interprétation et son
but suivant la situation de communication. En effet, l'interrogation dans la
langue arabe a des propriétés qui la différencient de
celle de la langue française.
La langue arabe, comme la langue française, dispose de
deux types d'interrogations : une interrogation directe et une autre indirecte.
Cette dernière ne se termine pas par un point d'interrogation et
présente des propriétés différentes de celles
attestées dans la langue française. L'interrogation en arabe est
totale ou partielle selon sa portée, et selon sa valeur, elle peut
être comme c'est le cas pour la langue française de type :
rhétorique, demande d'information, ordre déguisé, etc.
43
Les grammairiens traditionnels comme Zamakhchari et
autres, ont classé les interrogations en une classe dite
"2istifhâm ta?awwori" et une autre dite "2istifhâm
ta?dîqî"29.
La modalité interrogative en arabe présente des
particularités non seulement au niveau des procédés de
l'interrogation, à savoir l'intonation, les morphèmes
interrogatifs et la structure phrastique, mais aussi au niveau des buts et
parfois même au niveau de la manière d'être.
C'est-à-dire que le morphème interrogatif peut être
utilisé pour différentes fins selon ses variantes : un seul
élément interrogatif, affixé à de nouveaux
morphèmes, peut changer de fonction ou de rôle sémantique,
comme le cas du pronom interrogatif "mâdâ", qui avec
l'adjonction des morphèmes prépositionnels "bi", "fi", "2ila" et
" åalâ" devient successivement
"bimâdâ","fi
mâdâ","2ilâ mâdâ" et "calâ
mâdâ" avec des changement de la valeur sémantique de
celui-ci..
II. 1 Les types d'interrogations en langue
arabe
II. 1. 1 L'interrogation directe et indirecte
La langue arabe dispose de deux types d'interrogations : la
première est directe et se termine par un point d'interrogation (cf.
(1)), la seconde est dite indirecte et se termine par un point : c'est une
interrogative dont le verbe introducteur est à sémantisme
interrogatif (cf. (2)). L'interrogation en arabe se définit en
général par deux structures : celle qui constitue la demande
c'est-à-dire l'élément interrogatif qui apparaît
à l'initial de la phrase "?arf 2istifhâm" ou " 2ism
istifhâm"30, et celle qui constitue la
réponse.
1) 2alâ tarâ 2annahu garibun ?
29 Fassi Fihri, A., 1982, Linguistique arabe :
forme et interprétation, Publication de la faculté des
lettres et des sciences humaines de rabat, Thèses et mémoires
N° 9.
30 Fassi Fihri, A., 1982, Linguistique arabe :
forme et interprétation, Publication de la faculté des
lettres et des sciences humaines de rabat, Thèses et mémoires
N° 9.
44
-Ne vois-tu pas qu'il est étranger ?
2) ?atasâ?alu in kunta tarâ ?annahu
garibun.
-Je me demande si tu vois qu'il est étranger.
L'interrogation (1) est une interrogation directe. Cependant,
elle peut être enchâssée dans une autre phrase comportant le
verbe "tasâ?ala"
pour devenir une interrogation indirecte (cf. (2)). Le verbe
"tasâ?ala" peut
être préfixé par la marque morphologique
portant les traits du genre et du nombre du sujet dans l'aspect inaccompli
[?a :je], [ta :tu, vous], [ya :il,
elle, elles] et[na :nous]. Cette adjonction influe
sur la désinence casuelle de ce verbe. Dans le cas du masculin singulier
présent (anâ : je) et (anta: tu), le masculin et le féminin
singuliers absents, (huwa :il, hiyya :elle), et dans la cas du masculin et
féminin pluriels présents (na?nu :nous), la désinence est
"u" le verbe devient dans le dernier cas par exemple
"na-tasâal-u". Dans le cas du féminin singulier (anti
:tu) la désinence est " ina " (ta- tasâ?al-îna), dans le cas
du masculin pluriel présent (antum :vous) et
le masculin pluriel absents (hum :ils) la désinence est
" ûna ", dans le pluriel féminin présent (?antunna :vous)
et du féminin pluriel absent
(hunna :elles) la désinence est "na".
La particularité de la langue arabe réside dans
la présence d'un pronom personnel masculin ou féminin, qui n'est
ni singulier ni pluriel, il s'agit du "mutannâ" « duel
» »?antumâ» et »humâ»
où la désinence casuelle est "âni". Le tableau suivant
illustre ses combinaisons de l'aspect inaccompli:
sujet
|
Marque
morphologique
|
verbe
|
Désinence casuelle
|
?ana :je
|
?a
|
tasâ?al
|
u
|
45
?anta :tu ?anti :tu
?antumâ :vous (2
personnes, masculin )
?antumâ :vous (2 personnes, féminin) ?antum
:vous
?antunna :vous
na?nu :nous huwa :il
hiyya :elle
humâ : ils (2 personnes, masculin)
humâ : elles (2 personnes, féminin) hum :ils
hunna :elles
|
ta ta ta
ta
ta ta na ya ta ya ya
ya
ya ya
|
tasâ?al tasâ?al tasâ?al tasâ?al
tasâ?al tasâ?al tasâ?al tasâ?al
tasâ?al tasâ?al / yasâ?al tasâ?al
tasâ?al tasâ?al
|
u ina
âni âni
ûna na u u u âni
âni âni
ûna na
|
Avec l'aspect accompli, seule la désinence casuelle
change selon les pronoms personnels ; le tableau suivant es est l'illustration
:
sujet
|
verbe
|
Marque morphologique du sujet + Désinence
casuelle
|
tu ta ti tumâ
tumâ
tum tunna nâ a at
â
atâ
û na
?ana :je ?anta :tu ?anti :tu
antumâ :vous (2 personnes, masculin )
antumâ :vous (2 personnes, féminin) ?antum :vous
?antunna :vous na?no :nous
huwa :il hia :elle humâ : ils (2 personnes, masculin)
humâ : elles (2 personnes, féminin) hum :ils
hunna :elles
|
tasâ?al tasâ?al tasâ?al tasâ?al
tasâ?al
tasâ?al tasâ?al tasâ?al
tasâ?al tasâ?al tasâ?al
tasâ?al
tasâ?al tasâ?al
|
46
L'interrogation indirecte est introduite par un verbe comme
(sa?ala ou tasâ?ala ((cf. 2) et (3)).
3) ?uridu ?an ?aårifa ?in kunta
tarâ ?annahu garîbun.
-Je veux savoir si tu penses qu'il est
étranger.
La transformation de l'interrogation directe en une
interrogation indirecte a ses propres particularités. En outre, si
l'enchâssement de la proposition principale dans la proposition
subordonnée se fait en français
47
par le biais de la conjonction "si". Cette même
transformation s'effectue en arabe au moyen des conjonctions suivantes :
"2idã, mã-2idã, hal, 2inn " (cf. (5) et (6)).
4) 2atasã2alu 2ida kunta satusãfiru.
5) 2atasã2alu mã-2idã kunta
satusãfiru.
6) 2atasã2alu hal satusãfiru.
-Je me demande si tu voyageras.
Le passage de l'interrogation directe à
l'interrogation indirecte en arabe, ne diffère pas de celle de la langue
française. Le transfert se fait avec la conservation de l'outil
interrogatif de l'interrogation directe dans la plus part des cas (cf. (8)).
7) man úã2a ? -qui est venu ?
8) atasã2alu man úã2a .
-je me demande qui est venu.
II. 1. 2 L'interrogation totale et partielle
Selon la portée de l'interrogation, la question est
liée à une
affirmation ou à une infirmation du contenu de
l'énoncé. Dans ce cas, elle est dite interrogation totale, et
elle est introduite par l'élément interrogatif dit "?arf
2istifham", à savoir ("hal" et "2a" :est-ce que)
(cf. 10 et 11). Les deux éléments interrogatifs ont la même
signification. La réponse attendue est oui ou non.
10)a) hal 2atã 2a?madu ?
-Est-ce que Ahmed est venu ?
11)a) 2a daxala 2a?madu ?
-Est-ce qu'Ahmed est
entré ?
48
L'interrogation totale peut être indirecte et introduite
par un verbe à sémantisme interrogatif comme
"tasâ2ala" ou une proposition
interrogative comme "2uridu 2an 2aårifa", comme
le montrent les exemples (10.b) et (11.b):
10. b) 2uridu 2an 2aårifa hal 2atâ
2a?madu.
- Je veux savoir si Ahmed est venu.
11. b) 2atasâ2alu 2a daxala 2a?madu.
- Je me demande si Ahmed est entré.
L'interrogation partielle est introduite par un pronom
interrogatif dit "2ism istifhâm", comme (mâ
:quoi, man :qui, kayfa : comment, 2ayna :
où.). Elle peut être, à l'instar de
l'interrogation totale, directe ou indirecte. Dans le cas de l'interrogation
partielle directe, le pronom interrogatif est à l'initiale de la phrase
interrogative. Dans le cas de l'interrogation indirecte totale, le pronom
interrogatif est remplacé par une conjonction de subordination qui
introduit l'enchâssée, comme le montrent les exemples suivants
:
12)a) 2ayna dahabta ?
- où est ce que tu es parti ?
12)b) 2atasâ2alu 2ayna dahabta .
- je me demande où tu es parti.
II. 1. 3 L'interrogation selon l'élément
interrogatif
Les éléments interrogatifs sont dits, selon
Zamakhschari31, ? des
particules interrogatives? et sont divisés en
deux classes. Les grammairiens traditionnels distinguent plusieurs autres
classes de particules. En effet, « On entend par particule un mot qui
indique un sens qui est renfermé dans d'autres mots. Il y a plusieurs
espèces de particules,
31 De Sacy, S., 1829, Anthologie grammaticale
arabe, Imprimerie royale, Paris. P. 240.
49
à savoir, particules d'annexion, particules
assimilées au verbe, particules conjonctives, particules
négatives,...particules interrogatives, au nombre de deux... »
32.
Certains linguistes, comme Blashère33,
parlent de deux types de particules interrogatives à savoir: les
pronominaux et les adverbiaux. Ces outils interrogatifs sont soit des
[?uruf ?istifhâm], soit [?asma? ?istifhâm] :
a- La classe des interrogatives introduites par des
particules interrogatives telles que ("hal" ou "2a" : est-ce
que) et qui sont dits des complémenteurs
(maw?ulât)34.
b- La classe des interrogatives introduites par un pronom
interrogatif, (mâ :quoi, man :qui, kayfa :
comment, 2ayna : où.)
Cependant, la distinction morphologique correspondant aux
éléments interrogatifs ne correspond ni à la distinction
entre les interrogations (oui/non), où le questionné est
sensé répondre négativement ou affirmativement, ni aux
questions dites de constituants qui ne portent que sur la valeur
attribuée à l'élément en question. Le premier type
d'interrogation introduite par "?arf 2istifhâm" est
appelée " 2istifham
tasdiqi", alors que le second type introduit par
"2ism istifhâm" est dit "
2istifham ta?awwuri"35, il s'agit toujours
d'une interrogation partielle (cf. 12.a et b)), alors qu'il est question soit
d'une interrogation totale ou partielle dans le second cas (cf .(13.a et
b)).
13)a) 2a sâfarta lyawma ? - as-tu voyagé
aujourd'hui?
13)b)2a 2anta sâfarta lyawma ? - C'est toi qui a
voyagé aujourd'hui?
32 Ibid
33 Blashère, R., 1975, Grammaire de l'arabe
classique, 4 ème édition, Maisonneuve et Larose, Paris.
34 Fassi Fihri, A., 1982, Linguistique arabe :
forme et interprétation. Publication de la faculté des
lettres et des sciences humaines de rabat, Thèses et mémoires
N° 9.
35 Ibid
50
L'interrogation en (13 .a) porte sur la vérité
de la phrase entière. Cependant (13.b) ne met en jeu que la valeur du
constituant topique (sujet) :(est-ce bien toi (2anta) ?).
?arf 2istifhâm (2a , hal) = 2istifham tasdiqi
2ism istifhâm (ayna, kayfa, matâ, kam,etc.) =
2istifham ta?awwuri
II.2 La distribution des pronoms interrogatifs dans
les phrases échos
Dans la phrase interrogative, le pronom interrogatif occupe
une position préverbale externe36. Il peut être un NP
sujet (cf. (14)), un complément d'objet (cf. (15)) ou un PP (cf. (16)).
« Si l'interrogation doit occuper le commencement de la phrase, c'est
par la seule raison que l'interrogation indique une forme
déterminée entre les diverses formes dont le discours est
susceptible : or tout mot qui remplit cette fonction, doit être
placé en tête de la phrase. »37. (Sylvester
De Sacy :1829).
14)
|
man dahaba l2âna?
|
- Qui est parti maintenant?
|
15)
|
mâdâ tafåalu ?
|
- Que fais-tu ?
|
16)
|
2ayna dahabta ?
|
-Où es-tu part ?
|
|
Cependant, la position du pronom interrogatif peut être
une position interne comme c'est le cas des questions dites "échos".
Dans ces questions, dites aussi multiples, un seul constituant est
déplacé vers l'initiale de la phrase, et les autres occupent des
positions internes (cf. (17)).
17) man qâla
mâdâ wa liman?
- Qui a dit quoi et à qui?
Dans l'interrogation indirecte, simple ou multiple,
l'élément ou les éléments interrogatifs sont
toujours à l'intérieur de la phrase. Le premier
36 Ibid
37 De Sacy, S., 1829, Anthologie grammaticale
arabe, imprimerie royale, Paris. P. 260.
51
élément interrogatif joue le rôle de
coordonateur entre la principale et la subordonnée interrogative.
18. a) 2atasâ2alu man kataba
rrisâlata.
- Je me demande qui a écrit la
lettre.
18. b) 2atasâ2alu man kataba
rrisâlata li man wa
limâdâ.
- Je me demande qui a
écrit la lettre à qui et
pourquoi.
II. 3 Les caractéristiques morphologiques des
complémenteurs
Les complémenteurs (maw?ûlât) ont
certaines propriétés morphologiques qui déterminent leur
existence. Ils sont de deux types : simples ou composés. Un
complémenteur simple comme "mâdâ" devient
composé en le préfixant par des prépositions "bi, li,
fi, åalâ" pour devenir " bimâdâ : avec
quoi, limâdâ : pourquoi, fi mâdâ :
où, åalâ mâdâ : sur quoi" (c.f (19.a,
b, c, d et e)).
(19)a )
|
mâdâ taktubu ?
|
- Qu'est ce que tu écris ?
|
(19)b)
|
bimâdâ taktubu ?
|
- Avec quoi tu écris ?
|
(19)c)
|
limâdâ taktubu ?
|
- Pourquoi tu écris ?
|
(19)d)
|
fi mâdâ taktubu ?
|
- Où est-ce que tu écris ?
|
(19)e)
|
åalâ mâdâ taktubu ?
|
- Sur quoi tu écris ?
|
Les outils "kayfa" et "2ayna" perdent leurs
sens interrogatif quand ils sont construits avec " mâ", et les
constructions obtenues par le biais de cette combinaison sont incorrectes (cf.
(20.a et b) et (21.a et b)).
(20) a)* kayfa mâ þâ2a? b) * 2ayna
mâ þâ2a?
(21) a) kayfa þâ2a? - Comment est-il
venu?
b) 2ayna þâ2a? - Où est-il venu?
52
Toutefois, un mot non interrogatif combiné avec un
complémenteur interrogatif devient interrogatif : c'est le cas par
exemple du mot "waqt : temps", employé avec un pronom
interrogatif " mâdâ " devient "waqta mâdâ
: à quel temps" (cf. (22)).
22)a) waqta mâdâ þi2ta ? - A quel temps tu
es venu ?
b) úi2tu waqta lmasâe. - Je suis venu le
soir.
Les complémenteurs interrogatifs " 2a" et "
hal" ont des propriétés syntaxiques différentes.
Le complémenteur " hal" ne peut pas être suivi d'un
topique, (cf. (23.a et b)), à l'inverse du complémenteur " 2a".
(cf. (24.a et b))38.
(23) a* hal 2a?madan darabta ? -Est ce Ahmed que tu as
frappé ? b) * hal 2anta úi2ta ? - Est-ce que tu es venu?
(24) a) 2a 2a?madan darabta ? - Est-ce que tu as
frappé Ahmed?
b) 2a 2anta úi2ta ? - Est-ce que tu es venu?
Une autre divergence entre les deux complémenteurs est
recontrée dans l'interrogation alternative. L'élément
interrogatif " 2a" peut être à l'initiale de celle-ci
(cf. (25. a)), mais l'élément " hal" ne peut être
à son initial (cf. (25. b)). Cet élément " hal" a
les mêmes caractéristiques syntaxiques que les pronoms
interrogatifs "matâ, man, kayfa, ayna" (cf. (25.
c)).
(25) a) 2a åindaka 2a?madu 2am
hiðâmu?
(25) b) * hal åindaka a?madu 2am
hiðâmu?
* matâ 2a?madu 2atâ?
- As-tu Ahmed ou Hicham chez toi?
(25) c)
- Quand est-il venu Ahmed?
38 Ibid
53
II. 4 Les caractéristiques sémantiques des
introducteurs interrogatifs
La modalité interrogative en langue française,
peut être dénotée par le biais de l'intonation ascendante
ou la présence d'un élément interrogatif à
l'initiale de celle-ci. Une autre modalité correspond à
l'interrogation indirecte qui est marquée par la conjonction de
subordination (si) ou (ce que). Alors qu'en arabe, il y a
plusieurs coordonnants à savoir (2inn, 2idâ,
mâ 2idâ, etc.).
Les éléments interrogatifs en arabe écrit
sont multiples à l'instar de la langue française. Ils sont
regroupés dans deux catégories à savoir les pronominaux et
les adverbiaux39.
Les morphèmes interrogatifs sont utilisés pour
s'interroger sur la réalité d'un énoncé ou pour
s'interroger sur un constituant de la phrase interrogative. Mais ces
morphèmes ne sont pas privés de sens, chaque
élément utilisé est doté d'un ensemble de
caractères sémantiques qui nous permettent de l'utiliser dans un
contexte et non pas dans un autre. En effet, un même interrogatif
pronominal ou adverbial peut acquérir différentes
interprétations sémantiques.
a- Les pronominaux :
hal /; est-ce que : c'est un
morphème interrogatif employé pour s'interroger sur la
réalité d'un procès ou d'un état
désignée par la prédication (cf. (26)).
26) hal þâ2a lwâli ? Est-ce que le Wali est
venu ?
2a ; est-ce que : est un pronom
interrogatif qui porte sur la réalité prédicative, il a le
même sens que hal. (cf. (27)).
27) 2a þâ2a ? Est-ce qu'il est venu ?
39 Barbara, R., 2006, « L'interrogation dans les
proverbes en arabe marocain », in revue de la faculté
des Lettres et des sciences humaines, Beni Mellal, N° 7.
54
mâdâ ; qu'est-ce que :
il est utilisé pour la détermination ou la spécification
de l'objet (cf. (28)).
28) mâdâ tafåalu ? Que fais-tu
?
mâ ; qu'est-ce qui / qu'est-ce que :
est employé pour s'informer d'une cause (29.a) ou d'un état
(29.b)," mâ " est une variante de "mâdâ".
29.a) mâ dahâka 2an ta2tiya lyawma ? -
Qu'est-ce qui t'a
empêché de venir aujourd'hui ?
29.b) mâ bika? -Qu'est ce que tu
as?
Ayyu ; quel : est employé pour se
demander de l'identité d'une personne ou de quelque chose.
30) ayyu ?ayfin þâ2a? - Quel invité est
venu ?
man ; qui : ce pronom interrogatif
peut porter sur le sujet (31), ou sur un pronom déterminatif (32).
31) man yaq?i lî ðuglan? - Qui me rend un service
?
32) kâna yaqûlu hâdâ ibnu man ? - Il
disait, c'est le fils de qui ?
b- Les adverbiaux :
Lorsque la question est introduite par un des adverbiaux
interrogatifs, elle porte sur un complément circonstanciel de la
phrase.
limâdâ ; pourquoi : ou
ses variantes " lima" est utilisée pour demander la cause d'un
événement (33),"bimâdâ: avec quoi " est une
autre variante de "limâdâ ", elle est utilisé pour
porter sur un complément circonstanciel (34).
33) limâdâ þi2ta l2âna ? -Pourquoi
es-tu venu maintenant ?
34) bimâdâ taktubu ? - Avec quoi tu écris
?
kayfa ; comment : s'utilise pour
s'interroger sur la manière (35) ou l'état de quelque chose (36)
ou de quelqu'un (37).
35) kayfa wa?alta 2ilâ hunâ ? Comment es-tu
arrivé jusqu'ici ?
36)
55
kayfa hia ssayyaratu lúadidatu ? - Comment est la
nouvelle voiture ?
37) kayfa hâluka ? - Comment vas-tu
?
kam ; combien : cet élément
interrogatif est utilisé pour s'interroger sur la durée (38) ou
sur la quantité (39).
38) kam yawman gibta ? - Combien de jours tu
t'es
absenté ?
39) kam qam?an úamaåta ? - Combien de
blé as-tu
rassemblé ?
matâ ; quand : cet
interrogatif est utilisé essentiellement pour s'interroger sur le temps
(40).
40) matâ sataåûdu ? - Quand
reviendras-tu ?
?ayna ; où : ou ses
variantes ("?ilâ ?ayna " et " min ?ayna" : d'où)
est employée pour dénoter le lieu. 41)a) ?ayna
tadhabu ?
b) ?ilâ ?ayna tadhabu ? - Où vas-tu ?
c) min ?ayna hâdâ lgosnu ? - D'où vient
cette branche ?
?am ; ou bien : cette particule
corrélative construit avec la seconde proposition d'une alternative dont
la première est commandée par "?a : est-ce que" une interrogation
indirecte40 (cf. (42)). La particule "?am" s'emploie concurremment
avec la particule interrogative "?a", qui est des
fois sous-entendue, c'est-à-dire élidée
(cf. (42. b)). S. De Sacy remarque que « les deux particules
interrogatives sont a et hal. De ces deux particules, a est celle qui est d'un
usage plus général ; on l'a supprime quelque fois, quand
l'interrogation est d'ailleurs suffisamment indiquée, ...L'interrogation
doit toujours occuper le commencement de la
40 Blashère, R., 1975, Grammaire de l'arabe
classique, 4 ème édition, Maisonneuve et Larose, Paris.
56
phrase. »41. En ce qui concerne la
position de la particule interrogative dans la phrase, l'élément
interrogatif doit toujours occuper le commencement de la phrase parce qu'il ne
parle que des deux particules interrogatives "2a" et "hal" dans l'interrogation
directe.
42) a) 2a åindakum zaydun 2am åamr?
b) åindakum zaydun 2am åamr?
- il y a chez vous Zayd ou Amr ?
Cependant, une certaine ressemblance apparaît entre les
deux particules "2am" et "2aw : ou". La particule
"2aw" est utilisée, selon Blashère, quand le locuteur
n'est pas certain à propos du contenu de la phrase, dans l'exemple (43),
il s'interroge sur l'événement du voyage et non pas s'il sera
aujourd'hui ou demain, l'interrogé est sensé répondre par
oui ou non (cf. (43)),
Au contraire, la particule "2am" est employée
lorsque le locuteur sait que le jugement qu'il énonce est vrai, et se
demande qui est chez l'interlocuteur, est-ce Zayd ou Amr
(cf. (42))42.
43) 2a satadhabu lyawma 2aw gadan? - Partiras-tu
aujourd'hui ou demain ?
A la question (43), la réponse serait oui ou
non et à la question (42), la réponse est Zayd
ou Amr.
II. 5 Analyse sémantique de l'interrogation
modalisée en langue arabe
Les énoncés interrogatifs relevant de la langue
arabe et modalisés par des verbes tels ?2ista?âåa ;
pouvoir?, ?2amkana ; pouvoir?,
?2arâda ;
41 De Sacy, S., 1829, Anthologie grammaticale
arabe, Imprimerie royale, Paris. P. 259.
42 Blashère, R., 1975, Grammaire de l'arabe
classique, 4 ème édition, Maisonneuve et Larose, Paris.P.
260, 261.
vouloir?, ?åarafa ; savoir?,
peuvent être interprétés comme des énoncés
prescriptifs envers le locuteur pour qu'il se comporte d'une
telle manière. La notion de modalité peut être
interprétée comme étant une idée d'analyse
sémantique qui permet de distinguer dans un énoncé : un
dit (appelé contenu propositionnel) et une modalité qui est (un
point de vue du sujet parlant sur le contenu). Il faut signaler que toute
phrase est par principe modalisée, même sans verbe modal, ainsi la
phrase suivante : (Samarcande est un roman) comporte une
modalité minimale manifestée par le mode indicatif du verbe, et
comporte aussi une modalité déclarative qui la différencie
de la modalité interrogative ou impérative. Selon
Cervoni43, A. Meunier a divisé les études de ce
domaine en deux filières : la modalité d'énonciation qui
révèle la relation entre le locuteur et l'auditeur, et la
modalité d'énoncé qui caractérise les rapports
entre le sujet de l'énoncé et la proposition. En effet, nous nous
intéresserons à ces deux modalités.
Austin pense que « tout énoncé sert
à accomplir un acte illocutionnaire, et les éléments
modaux (mode verbal, ordre des mots, intonation, etc.) permettent au locuteur
d'indiquer quel acte illocutionnaire, ou quel type d'acte illocutionnaire, il
entend accomplir par son énonciation »44. Ainsi
l'énoncé modalisé par le verbe
(·ista?âåa · pouvoir) (cf. (43)) est un
énoncé qui sera conçu comme un défit, un ordre ou
un conseil selon les contextes d'énonciation.
43) ?a-tastatiåo an tarfaåa t-ta?addi
?
Peux-tu relever le défit ?
43 Cervony, J., 1987, L'énonciation : Linguistique
nouvelle. Paris, PUF.
57
44 Recanati.F., 1979, Les énoncés
performatifs, Paris, Les éditions de minuit Sueil. P. 44.
58
L'interprétation des énoncés à
verbes modaux dépend d'une manière cruciale de l'emploi de ces
verbes dans des contextes différents. On demande souvent à
quelqu'un d'agir de telle sorte, mais cette demande est exprimée sous
différentes conceptions : énoncé directif,
déclaratif ou interrogatif.
Après l'analyse de certains énoncés
interrogatifs modalisés par des verbes modaux, nous avons pu relever
certaines caractéristiques sémantiques et pragmatiques qui
peuvent dévier l'énoncé interrogatif de sa valeur initiale
qui est celle de la question à celle exprimant une directive à
valeur illocutoire de prescription.
Les interrogations sont souvent modalisées par des
verbes modaux et qui peuvent leur assigner des valeurs illocutoires
prescriptives par inférence. Par inférence on entend dire selon
Kerbrat-Orecchioni45; « toute proposition implicite que
l'on peut extraire d'un énoncé ». L'inférence
recouvre aussi ce que Charlotte appelle «
présuppositions », ça
correspond aussi aux
« implicatures » de Grice, aux « implications
» de Recanati, aux « inférences » de Robert
Martin et aux « sous-entendus » de
Kerbrat-Orecchioni46. C'est un passage de la valeur illocutoire
primitive à la valeur illocutoire dérivée.
II. 5. 1 Les conditions de fonctionnement des verbes
modaux dans les énoncés interrogatifs
Pour que les interrogations modalisées fonctionnent en
tant que prescriptions, elles doivent satisfaire un ensemble de conditions
sémantique et pragmatique. Les énoncés (44, 45 et 46) sont
des énoncés interrogatifs. Ils doivent être
interprétés comme une prescription envers
45 Kerbrat-Orecchioni, C., 1983, L'implicite,
Paris, Armand Colil. P. 24.
46 Avec des nuances bien sûr, puisque chaque
linguiste assigne des particularités distinctives propres à son
terme.
59
l'auditeur pour qu'il se comporte d'une telle manière,
en l'occurrence ici, le fait de passer un stylo.
44) ?a-tasta.tieu ?an toe.tiyan-i dãka
l-qalama?
45) ?a-yomkinuka ?an toetyian-i dãka
l-qalama? Peux-tu me passer ce stylo?
46) ?a-turidu ?an toetyian-i dãka
l-9alama?
Veux-tu me passer ce stylo?
Pour que les énoncés modalisés
acquièrent une valeur illocutoire prescriptive, un certain nombre de
conditions préalables qui ne sont pas seulement linguistiques, mais qui
sont aussi des données déontologiques et sociales doivent
être satisfaites. En effet, des conditions nécessaires doivent
être remplies pour que l'énoncé acquière cette
valeur prescriptive.
Les conditions de sincérité, de
désirabilité et d'aptitude
La sincérité est une qualité morale,
c'est l'honnêteté dans l'expression des pensés et des
sentiments. Les énoncés (44), (45) et (46) sont des
interrogations qui expriment une désirabilité de la part de
l'énonciateur. Celui-ci désire qu'un état de chose
décrit ait lieu. Il est admis en référence au principe de
réalisme naïf, que si on demande à quelqu'un de se comporter
d'une telle manière, c'est qu'on désire sincèrement que
l'état de chose, objet de notre demande, soit réalisé.
Cette condition est surtout liée à l'énonciateur.
Il est nécessaire, et par principe
déontologique, d'admettre que l'énonciateur soit sincère
dans son désir. Mais vu que la sincérité est une condition
qui ne peut être mesurée concrètement, il faut admettre que
tout énonciateur est sincère et que les énoncés
prescriptifs, même non sincères, gardent leurs valeurs
illocutoires prescriptives.
60
Quant à l'aptitude, c'est le fait d'avoir des
dispositions physiologiques ou intellectuelles pour faire quelque chose. Si la
sincérité et la désirabilité concernent
l'énonciateur, l'aptitude quant à elle concerne
l'énonciataire : c'est une condition nécessaire pour que l'objet
de la prescription soit réalisé47. Considérons
l'exemple (47) :
47) ?alâ tasta?îåo ?an taqûma
lî bihâda l-åamali ?
- Ne peux-tu pas me rendre un service ?
C'est un énoncé qui exprime une
désirabilité de la part de l'énonciateur, mais cette
prescription peut être frappée de nullité si cette
condition d'aptitude de l'énonciataire n'est pas respectée. Ainsi
on ne peut demander à quelqu'un de nous rendre un service que si on sait
d'avance qu'il est apte à le faire, c'est-à-dire réaliser
le contenu propositionnel de l'énoncé en question.
Les conditions de sincérité, de
désirabilité et d'aptitude font l'ensemble des
éléments concomitants dont la satisfaction est nécessaire
à la bonne exécution de l'acte désigné par le verbe
modal. Cependant, il ne faut négliger ni les conditions de
présence de l'auditeur ni la présence d'un canal de communication
nécessaire pour l'exécution du contenu de la prescription.
Dans cette perspective, Austin48 stipule que le bon
fonctionnement des énoncés performatifs est perturbé si
ces conditions ne sont pas satisfaites.
II. 5. 2 L'adjonction des verbes modaux dans les
énoncés interrogatifs
Une valeur illocutoire de prescription est assignée
indirectement et par inférence aux interrogations. En effet, deux
procédés linguistiques sont utilisés pour construire des
énoncés interrogatifs directifs modalisés par
47 Taifi. M., 2000, Sémantique linguistique
: référence, prédication et modalité. SFR,
sciences du langage, publication de la faculté des lettres et des
sciences humaines Fes, P. 190.
48 Austin, J. L., 1970, Quand dire c'est faire,
Paris, Seuil.
61
des verbes modaux49. Le premier relève de la
grammaire et le second du lexique (cf. (48.b) et (48.a)).
48)a ?alâ t-asta?îåo ?an t-umdia
lî hâdihi l-waraqata ? Ne pouvez-vous pas me signer ce papier
?
48)b ?a-yumkinuka ?an t-umdia lî
hâdihi l-waraqata ?
Pouvez-vous me signer ce papier ?
Nous avons affaire, dans ces deux exemples à deux
structures avec deux modalités qui expriment une directive de la part de
l'énonciateur : une modalité grammaticale exprimée par la
structure syntaxique interrogative et une modalité lexicale
exprimée par les verbes modaux »
istatâåa» et
»?amkana».
II.5.2.a La modalité grammaticale
Les énoncés modalisés par des verbes
modaux, ayant une valeur illocutoire de prescription, sont soumis à un
certain nombre de règles grammaticales.
Ainsi, les énoncés (48. a) et (48. b) visent la
réalisation d'un état de chose, à savoir la signature d'un
papier. Les constructions grammaticales, qui expriment une prescription, sont
dites des constructions jussives. En tenant compte de la valeur prescriptive
qui leur est commune et non leurs verbes modaux qui sont différents, ces
énoncés expriment à travers la structure syntaxique
interrogative une valeur illocutoire prescriptive50.
Les énoncés prescriptifs peuvent être
réflexifs ou non réflexifs. Le verbe dans ce dernier cas est
à la deuxième personne du singulier, (t-astatîåo,
y-umkinuka, tu-rîdo, t-aårifu, y-aúibu).
49 Il existe aussi une modalisation par adverbe et par
adjectif.
50 Taifi. M., 2000, Sémantique
linguistique, référence, prédication et modalité,
SFR, sciences du langage, publication de la faculté des lettres et
des sciences humaines, Fes, P. 191.
62
L'aspect du verbe modal marquant l'interrogation doit
être lié au désir de la réalisation d'un acte qui ne
peut être un fait relevant de l'accompli. Ainsi, la réalisation
d'un état de chose, nécessite un verbe modal interrogatif
à l'aspect inaccompli. De ce fait, l'énoncé (49)
étant à l'accompli, ne peut être interprété
comme une prescription. Les verbes modaux à valeur prescriptive sont
liés à l'inaccompli dans ses deux formes : temps du
présent et du futur.
(49) istatâåa ?an y-um?yia lî
l-waraqata?
Entre autre, les verbes modaux utilisés dans des
énoncés interrogatifs à valeurs prescriptives sont
régis par une règle syntaxique : en français, la structure
syntaxique est de type : voulez-vous + P ou
pouvez-vous + P (cf. (50), où les
verbes ?vouloir et pouvoir? sont utilisés comme des
authentiques auxiliaires. Alors que dans la langue arabe, c'est la structure :
particule interrogative + verbe + conjonction de coordination + P
qui est d'usage (cf.(48 a et b)).
50) voulez-vous me rendre un service ?
Français
|
Arabe
|
Pouvoir, vouloir et savoir. voulez-vous +
P
Verbe+2°pers (sing/plur) + P ?
|
?Istatâåa, ?amkana,
qadira
particule interrogative
+ verbe + conjonction de coordination + P ?
|
Les énoncés interrogatifs, modalisés par
des verbes modaux, expriment des directives à travers des constructions
jussives. Ces verbes sont utilisés à visée
d'atténuer le discours. Toutes ces caractéristiques
63
font des verbes modaux des expressions appropriés
à l'expressivité de l'énonciateur pour fournir des
énoncés directifs.
II.5.2.b La modalité lexicale
Tout acte illocutionnaire a une certaine « force
» et un certain « contenu propositionnel ». Dans
l'énoncé (48), que nous reprenons pour convaincre, nous avons
affaire à un acte illocutionnaire qui peut être
interprété comme étant une prescription. Il peut
être appliqué à la notation de Reichenbach 51 et
Searl 52 de la façon suivante :
48) ?a-yumkinuka ?an t-um?yia lî hâdihi
l-wara9ata ?
Requête + (demande de la signature d'un papier)
Verbe modal (?amakana) + contenu propositionnel
(description de la prescription)
Il convient juste de dire que le verbe modal trouve sa
position toujours dans la première partie de la combinaison et n'est ni
suivi ni précédé d'un sujet puisque l'arabe fait partie
des langues dites agglutinatives ou clitiques et à morphologie riche. En
effet, c'est la marque morphologique adjointe qui prend en charge les
propriétés du genre et du nombre du sujet.
Tout énonciateur vise, par son énoncé,
à agir sur l'auditeur. Cette action est exprimée par
l'expressivité de l'énoncé, le locuteur se sert de la
richesse du lexique, utilise différentes tournures,
etc. et c'est ce qui fait l'objet de son
expressivité. Le point de vue de Guillaume est d'une grande
netteté. J. Cervoni, le résume ainsi : « tout acte
d'expression vise à affecter l'allocutaire, et le locuteur dispose pour
cela de (mille manières de le dire), l'ensemble de ces manières
de dire constitue l'expressivité. On
51 Reichenbach, H., 1947, Elements of Symbolic
Logic, New York, Macmillan & Co.
52 Searl, G., 1969. ?Speech Acts: An Essay in the
Philosophy of Language?. Cambridge, England, Cambridge University
press.
64
ne peut concevoir un acte de langage d'où
l'expressivité serait totalement absente »53.
Conclusion du chapitre
La langue arabe comme la langue française
présente différents types d'interrogations i.e. l'interrogation
totale et partielle, directe et indirecte et l'interrogation modalisée
et non modalisée. La langue française dispose de plusieurs
introducteurs interrogatifs : les déterminants interrogatifs, les
adverbes interrogatifs, les pronoms interrogatifs et les interrogations
introduites par ?est-ce que?. C'est-à-dire qu'il y a une
diversité d'introducteurs interrogatifs. La langue arabe ne dispose que
de deux types d'introducteurs : les adverbiaux et les pronominaux, et il y a
des linguistes qui n'en font aucun classement, et se contente de les nommer
tous des particules interrogatives. Ces particules comme nous les avons
montrées, ont des charges sémantiques diverses suivant
l'intension du locuteur.
La modalité prescriptive est garantie par l'ensemble
des verbes modaux, dont le rôle est d'atténuer le discours et
d'assigner une prescription par inférence. Ces verbes expriment des
actes sollicités par le locuteur pour qu'il en soit
bénéficiaire. Cette notion d'acte a été
définit par A. Berrandonner comme inséparable de la notion de
geste, parler pour lui c'est donc le contraire d'agir. Si pour Austin dire
c'est faire, A. Berrandonner, lui, pense que « dire c'est ne rien
faire » où la signification première de la phrase est
purement représentative54. La notion Austinienne cesse
d'être valable pour A. Berrandonner, c'est que les verbes performatifs ne
servent pas à accomplir l'acte performatif, mais ils
53 Cervoni.J., 1988, L'énonciation :
Linguistique nouvelle, Paris, PUF. P. 69.
54 Ibid. P. 113.
servent à substituer la parole à l'action. Cette
action est sous-entendue dans les énoncés modalisés par
des verbes modaux.
La langue arabe comme la langue française
présente ce phénomène pragmatique comme un fait
linguistique très récurrent.
65
III. Analyse contrastive de l'interrogation en
français et en arabe
Introduction
Tous les grands ouvrages de la littérature et de la
linguistique n'ont pu être connus, étudiés, et
mondialisés que grâce à la traduction. De même, les
grands écrivains sont connus et leurs travaux ont marqué
l'histoire grâce à la traduction.
La traduction littéraire garde toujours une position
non négligeable dans le champ de la traduction en général.
Elle concerne les romans, les poèmes et autres genres
littéraires.
En effet, la traduction littéraire demande des
aptitudes en stylistique, une bonne imagination et des connaissances
culturelles et linguistiques étendues. Il s'agit de reproduire l'effet
intégral du texte original chez le lecteur en langue d'arrivée.
La traduction doit être aussi aisée à lire, et susciter les
mêmes émotions que le texte original, suivant l'adage de
Cervantès : « ne rien mettre, ne rien omettre ».
La traduction est donc un contact de langues : le traducteur
doit disposer de deux langues. Ce qui rend cette tâche un fait de
bilinguisme. Mais le bilinguisme peut mener à l'interférence : un
énoncé, tel ?un simple soldat? peut être traduit
ou transféré en langue anglaise en ?a simple soldier? au
lieu de la forme anglaise existante ?a private?. Ce qui veut dire
qu'il y a souvent une influence de la langue source sur la langue cible. Cette
influence est décelée à travers les interférences
qui sont considérées comme des erreurs ou fautes de
traduction55. Cependant, il faut distinguer entre deux types de
bilinguisme, comme l'ont remarqué A.
66
55 Jules Alfred Bréal, M., 1897, Essai de
sémantique, Paris, Hachette, P. 173
67
Meiller et A. Sauvageot, à savoir le
bilinguisme ordinaire qui mène aux interférences et « le
bilinguisme des hommes cultivés »56.
La question qui se pose est celle de savoir jusqu'à
quel point, deux structures en contact peuvent être maintenues intactes,
et dans quelle mesure l'une influera sur l'autre.
Si nous admettons par principe que l'opération
traduisante est un fait à double volets (deux langues), ce
procédé ne peut être fait sans le contact entre ces deux
volets. Mounin a décelé la problématique des
différences de propriétés linguistiques entre les langues,
et conclue que l'activité traduisante pose à la linguistique
contemporaine un problème d'ordre théorique : « si on
accepte les thèses courantes sur les structures des lexiques, des
morphologies et des syntaxes, on aboutit à professer que la traduction
devrait être impossible. »57. Or, l'existence des
traducteurs est incontestable, ils produisent et nous nous servons de leurs
productions. C'est pourquoi cette opinion d'impossibilité de traduction
ne peut pas avoir une influence sur l'existence effective de la traduction. En
effet, l'activité traduisante n'est jamais absente de la linguistique :
R. Jakobson stipule qu'il n'y a pas de comparaison possible entre deux langues,
sans recours à des opérations constantes de la
traduction58.
La possibilité pratique de la traduction trouve son
appui dans l'existence des universaux : cosmogonique, psychologique,
écologique, biologique, etc. l'hypothèse que les universaux
existent facilite la tâche aux traducteurs59.
56 Meillet, A. et Sauvaged. A., 1934,
Conférences de l'institut de linguistique II, P. 7-9 et 10-13.
57Mounin, G., 1963, Les problèmes théoriques de la
traduction, Paris, Gallimard, P. 8.
58 Jakobson, R., 1959, Aspects of translation,
MA. Cambridge, Harvard University Press, P. 234.
59 Mounin, G., 1963, Les problèmes
théoriques de la traduction, Paris, Gallimard, P. 192-233
& 251270.
68
E. Dolet60, donne quelques indices sur la phrase
française, particulièrement dans les traductions qui ne sont pas
calquées sur la langue source, l'essentiel pour lui est d'insister sur
l'intension de l'auteur. Dolet souligne que c'est le sens qui fait la valeur de
la traduction et non la structure. Ce qui veut dire que la sémantique
est prioritaire par rapport à la syntaxe dans le domaine de la
traduction. En effet, éviter le mot à mot dans une traduction
revient à privilégier le sens au dépend de la forme.
III. 1. La traduction et les universaux
linguistiques
Les propriétés différentielles sont
l'ensemble des traits phonologiques, morphologiques, syntaxiques et
sémantiques qui différencient une langue d'une autre. C'est dans
ces distinctions que certains linguistes et traductologues se sont basés
pour affirmer l'impossibilité de la traduction. Mais les thèses
défendant la présence des universaux linguistiques ont
opté pour une impossibilité théorique de la traduction et
pour une possibilité pratique de celle-ci.
Mounin, stipule que la linguistique contemporaine
défend l'impossibilité théorique de la traduction, mais il
montre en même temps les mesures et les limites dans lesquelles
l'opération pratique de la traduction est relativement possible
malgré les différences entre les langues61. La
linguistique en temps que science est constituée d'une analyse qui tend
naturellement à mettre en relief tout ce qui spécifie chaque
langue. En effet, la différence entre les langues est le motif sur
lequel est basée la théorie de l'impossibilité
théorique de la traduction, et d'une possibilité pratique de
celle-ci. Notre travail s'inscrit dans la même perspective.
60 Skupien Dekens Carine., 2009, Traduire pour le
peuple de dieu : La syntaxe française dans la traduction de la bible,
Genève, Librairie Drol, P. 244.
61 Mounin, G., 1963, les problèmes
théoriques de la traduction, Paris, Gallimard, P. 192.
69
On n'a pas cessé de mettre des réflexions sur la
manière de traduire fidèlement, vu que la traduction a toujours
été considérée comme un fait d'appauvrissement
d'une langue par rapport à une autre. C'est pourquoi les
différences entre les langues font l'objet des études
linguistiques qui étudient les problèmes qui entravent le
processus traductionnel et les mécanismes à utiliser pour faire
passer un texte d'une langue à une autre avec un maximum de
fidélité.
Devant l'impossibilité de la traduction, certains
linguistes, entre autres Mounin, Nida, Aginsky et Serrus, ont traité le
phénomène des universaux et ont montré que toutes les
langues humaines disposent d'un ensemble d'universaux linguistiques qui
facilitent la communication malgré les différences
attestées entre les langues, ce qui donne une légitimité
et une existence à l'opération traduisante. Les universaux
linguistiques sont l'ensemble des traits communs à toutes les langues.
Les premiers universaux sont dits, des cosmogoniques, du moment où
tous les hommes habitent la même planète62.
Les universaux écologiques, quant à eux, sont l'ensemble des
phénomènes qui ont un rapport avec le froid et la chaleur, la
pluie et le vent, la terre et le ciel, le règne animal et le
règne végétal, les divisions du temps, jour et nuit,
parties du jour, mois d'origine lunaire, etc. En fait, les mêmes
phénomènes écologiques ont la même signification
référentielle de base, et les cadres de référence
au monde extérieur sont les mêmes : le froid, le chaud, le vent,
la terre, le ciel, etc.63
Dans le même sens, Martinet parle des universaux
biologiques puisque tous les hommes habitent la même planète et
ont en commun d'être ?homme? avec toutes les analogies physiologiques
et
62 Mounin, G., 1963, les problèmes
théoriques de la traduction, Paris, Gallimard, P. 196.
63 Ibid. P. 197.
70
psychologiques64. C'est la nature même, selon
Tegner, qui trace les limites du découpage linguistique et, de ce fait,
les langues coïncident65. Enfin, les universaux physiologiques
concernent toutes choses perceptibles par l'être humain, et ils sont les
mêmes en dépit de toutes différence spatio-temporelle. Les
couleurs sont les mêmes partout, mais la nomination diffère selon
les peuples et les langues.
Cependant, existe-t-il des universaux en morphologie, en
syntaxe et en sémantique ? Dans cette perspective, Bernatzik
relève l'opinion de Ch. Serrus qui distingue au moins deux
catégories d'universaux : les états et les procès. Mounin,
quant à lui, dégage deux universaux linguistiques : le nom et le
verbe. Les pronoms, quant à eux, ne font pas l'objet
d'universalité linguistique. Mounin en parle ainsi « lorsque
les Phi-Tang-Yong parlaient d'eux, ils ne disaient pas je ou nous, mais le fils
s'en va, le père veut ça ou ça, ou bien les Yombri ont
peur, les Yombri veulent partir etc. 66» ; l'absence des
pronoms est constatée aussi chez quatre ou cinq groupuscules de quelques
milliers d'individus au fond des montagnes indochinoises et des forêts
brésiliennes ou dans les iles pacifiques, où il y a une absence
totale des pronoms67.
Malgré les différences que présentent les
langues, la masse importante de traits universels est commune à toutes
les langues. En effet, il faut admettre que la possibilité de la
traduction de toute langue en une autre, trouve sa légitimité
dans le cadre des universaux : « première tâche dans un
solipsisme linguistique absolu68. »
64 Martinet, A., 1950, Réflexions sur le
problème de l'opposition verbo-nominale, JdP, N° 1, P. 104
65 Öhman, S., 1953, «
Théories of the linguistic field ». Word,
N° 2, P. 130.
66 Bernatzik, H.A., 1945, Les esprits des feuilles
jaunes, Paris, Plon, P. 166.
67 Mounin, G., 1963, les problèmes
théoriques de la traduction, Paris, Gallimard, P. 210.
68 Ibid, P. 123.
71
III.2. Traduction et syntaxe Introduction
Correspondant selon Benveniste à l'un des trois
comportements fondamentaux de l'homme, la question est, peut être, l'acte
de langage le plus important pour la communauté parlante69.
L'interrogation est une structure syntaxique qui mérite un arrêt
pour une analyse bien approfondie quant à sa traduction. Et ceci vu les
spécificités différentielles syntaxiques et
sémantiques qu'elle présente entre les langues.
Tout traducteur est obligé, de se vouer à
l'étude différentielle des langues, et cela non seulement dans le
domaine sémantique, mais aussi dans celui des structures grammaticales.
Dans ce sens Mounin pense « (qu') un plan plus externe et
traditionnel, aurait voulu que l'examen de la syntaxe vienne après celui
du lexique. En fait, il n'a pas été possible de trouver une
solution pour les problèmes posés par la syntaxe avant d'avoir
analysé la réponse des universaux, et celle des situations non
linguistiques aux problèmes de traduction »70. Le
langage verbal n'est pas seulement un outil de communication servant à
transmettre un message d'un individu à un autre, il est aussi le moyen
qui reflète la pensée de ces individus, ce langage se compose
fondamentalement de deux éléments à savoir un lexique
sémantiquement structuré et une syntaxe à laquelle
appartiennent certaines propriétés d'aspects71.
En effet, si la traduction existe en dépit de
l'hétérogénéité, quelques fois, radicale des
syntaxes, c'est entre eux que doit exister des universaux
69 Kerbrat-Orecchioni, C., 1991, La question,
Paris, Pul, Abstract du livre.
70 Mounin, G., 1963, les problèmes
théoriques de la traduction, Paris, Gallimard. P. 251.
71 Warnant, L., 1982, Structures syntaxiques du
français, Paris, Les Belles Lettres, P. 20.
72
de syntaxe72. Mounin73 présente
l'idée de Nida qui distingue dans toutes les langues du monde, quatre
grandes parties du discours ou classes qui désignent les
objets, les évènements, les abstraits
: modificateurs des deux premières classes et les
relationnels. Les universaux syntaxiques sont de quatre
catégories : les verbes, les noms, les modificateurs et les
conjonctions. Ce sont des catégories que l'on peut trouver dans toutes
les langues malgré leurs différences linguistiques. Ceci explique
la possibilité de la traduction du moment où on a une situation
commune quels que soient l'écart et les différences syntaxiques
entre la langue source et la langue cible. La grammaire ne peut être
dissociée de la syntaxe : les deux étant, au sein du même
texte, étroitement liées et exerçant une influence
mutuelle l'une sur l'autre. A ce niveau, les contrastes entre le
français et l'arabe se manifestent entre autres dans les types
d'interrogation, le temps, l'aspect, l'emploi des éléments
interrogatifs et l'usage des pronoms personnels.
III. 2. 1. La traduction de l'interrogation par
type
Le corpus, extrait du roman Samarcande est
composé de cent
phrases interrogatives tirées des dix premiers
chapitres. Il présente tous les types d'interrogations : totale,
partielle, directe, indirecte, fictive, oratoire, alternative,
délibérative, hypothétique, question-tag, avec inversion
ou sans inversion du sujet...
Après la comparaison des deux corpus, nous avons obtenu
les statistiques illustrées dans les tableaux et les graphiques
ci-dessous :
L'interrogation dans le corpus source
(français)
Type d'interrogation
|
Nombre
|
Pourcentage
|
directe totale
|
31
|
31%
|
72 Mounin, G., 1963, les problèmes
théoriques de la traduction, Paris, Gallimard, P. 252
73 Ibid. P. 255.
directe partielle
|
25
|
25%
|
Indirecte totale
|
4
|
4%
|
Indirecte partielle
|
2
|
2%
|
Fictive (exclamative, injonctive)
|
9
|
9%
|
Oratoire (rhétorique)
|
16
|
16%
|
Alternative (double)
|
4
|
4%
|
délibérative
|
5
|
5%
|
incidente
|
0
|
0%
|
Question-tag
|
1
|
1%
|
hypothétique
|
3
|
3%
|
35% 31%
25%
30%
25%
20%
15%
10%
0%
5%
fréquence de l'interrogation par type (corpus
français )
4% 2%
9%
16%
4% 5%
0% 1% 3%
Pourcentage
Ce corpus présente tous les types d'interrogations,
à l'exception de l'interrogation incidente. Nous constatons une
prédominance des interrogations directes, i.e. totales et partielles, et
l'interrogation rhétorique (72%). Vient après les autres types
d'interrogations (indirecte totale et partielle, fictive, alternative,
délibérative, question-tag et hypothétique) qui font
ensemble un pourcentage de 28%.
73
L'interrogation dans le corpus arabe
74
Type d'interrogation
|
Nombre
|
Pourcentage
|
directe totale
|
35
|
35%
|
directe partielle
|
27
|
27%
|
Indirecte totale
|
5
|
5%
|
Indirecte partielle
|
3
|
3%
|
Fictive (exclamative, injonctive)
|
5
|
5%
|
Oratoire (rhétorique)
|
15
|
15%
|
Alternative (double)
|
3
|
3%
|
délibérative
|
5
|
5%
|
incidente
|
0
|
0%
|
Question-tag
|
1
|
1%
|
hypothétique
|
3
|
3%
|
20%
40% 35%
30%
27%
15%
5% 3% 5%
3% 5% 0% 1% 3%
Pourcentage
10%
0%
fréquence de l'interrogation par type (corpus
arabe)
Le tableau ci-dessus présente les statistiques des
interrogations détectées dans le corpus cible. Tous les types
d'interrogation y figurent à l'exception de l'interrogation incidente.
Nous constatons donc une prédominance des interrogatives directes i.e.
totales et partielles, et des interrogatives rhétoriques (77%), suivies
des autres types d'interrogation
75
(indirecte totale et partielle, fictive, alternative,
délibérative, question-tag et hypothétique) qui font
ensemble un pourcentage de 23%.
Comparaison et interprétation
40%
35%
30%
25%
20%
15%
10%
0%
5%
31%
35%
25% 27%
15%
9%
4% 2%
5% 3% 5%
16%
4% 5% 5% 3%
3% 0% 1%
0% 1% 3%
Pourcentage (français) Pourcentage (arabe)
Les pourcentages ne sont pas les mêmes : Certains types
d'interrogations apparaissent avec la même fréquence dans les deux
corpus notamment les questions-tag, les interrogations hypothétiques,
etc. Le pourcentage élevé des interrogations directes vient du
fait qu'elles sont généralement les plus fréquentes
d'usage pour exprimer une demande. La même présence
prépondérante de l'interrogation rhétorique est due au
genre littéraire en usage qui tend à utiliser ce type
d'interrogation selon des choix stylistiques et pragmatiques.
Le pourcentage de types des interrogations qui change entre
les deux corpus français et arabe montre que la traduction de
l'interrogation ne doit pas être faite avec une conservation obligatoire
de sa structure source. En effet, le traducteur garde le droit de changer le
type d'interrogation suivant l'interrogation la plus adéquate pour poser
une interrogation dans la langue cible.
76
Une interrogation directe peut être traduite par une autre
indirecte avec une élision de la proposition principale interrogative et
du point d'interrogation dans l'interrogation arabe:
1) A quoi bon braver le sort, à quoi bon t'attirer
le courroux du prince pour une simple femme, une veuve qui ne t'apporterait en
guise de dot qu'une langue acrée et une réputation douteuse
?
ÏÑÌãá
Ñíãá Ç ÈÖÛ
ßÓä ìáÚ ÑÌÊ ä
äã ìæÏÌáÇ Çã
ÑÏÞáÇ íÏÍÊ
äã ìæÏÌáÇ
Çã
. ÉÈíÑã
ÉÚãÓæ ØíáÓ
äÇÓá ìæÓ
ÉäÆÇÈ äã
ßíáÅ áãÍÊ äá
ÉáãÑ ÉÑãÇ
Une interrogation rhétorique directe en une autre
rhétorique indirecte :
2) Les cuisses d'une vierge, est-ce là le seul
territoire pour lequel il est encore prêt à se battre ?
.åáÌ äã
áÇÊÞáá
ÇÏÚÊÓã áÇÒí
áÇ íÐáÇ
ÏíÍæáÇ
ìãÍáÇ Çãå
ÁÇÑÐÚ ÇÐÎ
äæßí
Une interrogation multiple peut être traduite par
plusieurs interrogations directes indépendantes terminées par des
points d'interrogation, ceci revient aux spécificités de la
langue française qui admet un seul point d'interrogation à la fin
de l'interrogation multiple, alors qu'en arabe le point d'interrogation doit
marquer la fin de toute interrogation au sein de la même phrase
interrogative multiple :
3) Fuir trahir déjà attendre encore, prier
?
äæÚÏíæ
äæáÕí
ÑÇÙäáÇ
äæáíØí
ÉäÇíÎáÇ
äæáÌÚÊÓí
äæÑí
La traduction de l'interrogation du français vers
l'arabe n'est pas soumise à la condition de la fidélité
syntaxique, puisque le changement de type d'interrogation n'influe ni sur le
contenu de l'interrogation ni sur sa charge sémantique ni sur le but
pour lequel elle a été posée. Le traducteur
s'intéresse peu à rendre fidèle toute interrogation du
texte source. L'essentiel est de donner une version qui véhicule le
même message.
77
III. 2. 2. La traduction des mots
interrogatifs
Les morphèmes interrogatifs sont utilisés pour
s'interroger sur la réalité d'un énoncé ou pour
s'interroger sur un constituant bien précis de la phrase interrogative.
Les éléments interrogatifs en arabe sont multiples à
l'instar de la langue française. La différence réside dans
le fait que le français dispose de différentes catégories
d'éléments interrogatifs à savoir les déterminants,
les pronoms et les adverbes interrogatifs. De même, l'interrogation
française peut être construite avec ou sans inversion de sujet, ou
sans introducteur interrogatif. Par contre, l'interrogation en arabe peut
être exprimée de trois manières à savoir des
interrogatives avec ou sans introducteurs interrogatifs ; ceux-ci sont
regroupés dans deux catégories à savoir les pronominaux et
les adverbiaux.
Pour analyser ces traductions, nous avons relevé tous
les éléments interrogatifs relatifs à chaque corpus et
nous avons obtenu les résultats suivants que nous dressons dans le
tableau ci-dessous.
Eléments d'interrogation en
français
|
Nombre
|
pourcentage
|
Eléments interrogatifs arabes
|
Nombre
|
pourcentage
|
Les
déterminants
|
3
|
2,97%
|
Les
pronominaux
|
81
|
75%
|
Les pronoms
|
13
|
12,87%
|
|
|
|
interrogation avec inversion du sujet
|
54
|
53,47%
|
|
|
|
Les adverbes
|
16
|
15,84%
|
Les
adverbiaux
|
16
|
14,82%
|
78
Interrogation
|
15
|
14,85%
|
Interrogation
|
11
|
10,18%
|
sans inversion
|
|
|
sans
|
|
|
du sujet et sans
|
|
|
introducteur
|
|
|
introducteur
|
|
|
interrogatif
|
|
|
Le tableau ci-dessus montre que l'interrogation avec inversion
du sujet dans la version française vient en tête par un
pourcentage qui dépasse 53%, suivie des interrogations avec des pronoms
interrogatifs ?qui, que, quoi, lequel, etc.?, des adverbes
interrogatifs ?pourquoi, quand, comment, où, etc.? et des
interrogations sans inversion de sujet avec un pourcentage de 41%. Nous
remarquons par contre un faible usage des déterminants interrogatifs.
Cependant, en langue arabe, les pronominaux interrogatifs
?hal?, ??a?, ?mâ?,? mâdâ?, etc. sont les plus
fréquents par un pourcentage de
75%. Les interrogations introduites par des interrogatifs
adverbiaux ?kam, ayna, kayfa, etc.? ou celles sans introducteurs
interrogatifs présentent un pourcentage de 25%.
Comparaison et interprétation
français
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
53,47%
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
12,87%
|
|
|
|
15,84%
|
|
14,85%
|
|
|
14,82%
|
|
|
|
2,97%
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
10,18%
|
|
10,00%
pourcentage
80,00%
70,00%
60,00%
50,00%
40,00%
30,00%
20,00%
0,00%
arabe
79
L'analyse contrastive des éléments interrogatifs
français et ceux de la langue arabe montre que la langue
française dispose de six manières pour poser une
interrogation74. En temps que l'arabe ne dispose que de trois
manières d'interroger : les pronominaux, les adverbiaux et les
interrogations sans introducteurs interrogatifs. L'usage fréquent des
pronominaux interrogatifs en langue arabe trouve son explication dans le fait
que le traducteur tend à traduire en pronominaux interrogatifs arabes la
majorité des éléments d'interrogation de la langue
française : il traduit par le biais des pronominaux interrogatifs les
interrogations avec inversion de sujet (cf. (4 et 5)). Ce choix est dû
aux spécificités syntaxiques de la langue arabe qui ne permet pas
une inversion de sujet. Ceci est aussi valable pour les déterminants
interrogatifs (cf. (6)), les pronoms interrogatifs (cf. (7)) et parfois
même les adverbes interrogatifs (cf. (8)).
74 Cinq genres d'éléments interrogatifs
ont été utilisés par l'auteur, sauf
l'élément « est-ce que », qui constitue en lui
seul une classe indépendante.
80
Il est à noter que le corpus français ne
présente aucun cas d'interrogation introduite par
l'élément interrogatif ?est-ce que? jugé lourd et
ancien75.
4) Se rend-il à la taverne, ce soir-là, ou
est-ce le hasard des flâneries qui le porte?
åÊáãÍ
íÊáÇ ??
ÚßÓÊáÇ ÉÏÕ ä
ã ÁÇÓãáÇ ßáÐ
í ÉäÇÍáÇ ìáÅ
ÇÈåÇÐ äÇß ??
5) Sais-tu reconnaitre un ami ?
ÞíÏÕ ìáÅ
ÑÚÊÊ íß
ãáÚÊ
6) Quel royaume a
subsisté, quelle science, quelle loi, quelle vérité ?
ÉÞíÞÍ Éí
äæäÇÞ í ÊãÇÏ
Éßáãã Éí
7) Que restera-t-il demain des
écrits des savants ?
ÁÇãáÚáÇ
áÇãÚ äã ÏÚÈ
ìÞÈí íÐáÇ
Çã
8) Et son parcours millénaire, qui
l'a interrompu, sinon l'arrogance de mon siècle ?
Çä íÑÕÚ
áÕ ÑíÛ ÇåÚØÞ
íÐáÇ Çã
ÉíÑåÏáÇ
åÊáÍÑæ
III. 2. 3. Le point d'interrogation entre le
français et l'arabe
Nous avons compté et comparé le nombre de points
d'interrogations pour voir si le nombre de points d'interrogations
diffère lors de la traduction d'un texte de la langue française
vers la langue arabe. Le tableau suivant illustre ces hypothèses :
|
|
|
Texte (français)
|
source
|
Texte cible (arabe)
|
Pourcentage différentiel
|
Nombre
|
de
|
points
|
98
|
|
100
|
2%
|
75 Grevisse, M., 1993, LE Bon Usage, Paris,
Duculot. P. 605. § 389.
81
d'interrogations
Après la comparaison des résultats obtenus dans
le tableau ci-dessus, nous avons réalisé que le nombre de points
d'interrogations entre le texte de langue française et le texte de
langue arabe diffère. Le nombre de points d'interrogations dans le texte
source est moins que celui du texte cible, il y a une différence qui ne
dépasse pas un pourcentage de 2%.
Comparaison et interprétation
Nombre de points d'interrogations
Texte source (français) Texte cible (arabe) Pourcentage
différentiel
100
98
2%
Le texte cible présente plus de points d'interrogations
que le texte source. Ceci est dû au choix du traducteur qui tend à
traduire une seule interrogation directe multiple qui se termine par un seul
point d'interrogation, par plusieurs interrogations directes qui se terminent
par des points d'interrogation (cf. (9) et (10)). Cette différence
trouve son explication dans les propriétés syntaxiques de chaque
langue : en français, le point d'interrogation ne se met que vers la fin
de toute la phrase interrogative, même si elle comprend plusieurs
interrogations imbriquées. Alors qu'en langue arabe, le point
d'interrogation doit être mis à la fin de chaque interrogation, au
sein de la même phrase interrogative.
82
9) Est-il le seul à qui le vizir ait glissé
ces mots, ne l'a-t-il pas confondu avec un autre, et pourquoi un rendez-vous
aussi lointain, dans le temps et dans l'espace ?
äÇß
ÇÐÇãáæ ÑÎÂ
äíÈæ åäíÈ
ØáÎí ãáÇ
ÊÇãáßáÇ
ßáÊÈ ÑíÒæáÇ
åíáÅ Óãå
íÐáÇ ÏíÍæáÇ
äæßí
äÇßãáÇæ
äÇãÒáÇ í
ÏÚÈáÇ ÇÐåÈ
ÏÚæã10) Fuir trahir déjà
attendre encore, prier ?
äæÚÏíæ
äæáÕí
ÑÇÙäáÇ
äæáíØí
ÉäÇíÎáÇ
äæáÌÚÊÓí
äæÑíLa structure syntaxique de l'interrogation n'est
donc pas figée : le
traducteur a la possibilité de se comporter envers la
traduction de la structure syntaxique de l'interrogation de la manière
qui lui paraît adéquate : une interrogation directe peut devenir
indirecte, une seule interrogation peut être fragmentée en
plusieurs interrogations, etc. sans que cela n'altère le message de
l'interrogation. Or, cette liberté a certaines limites, car les
différences sémantiques ne permettent pas qu'une interrogation
totale soit traduite en une autre partielle et vice-versa, et à cause de
la diversité des réponses attestées dans les deux types de
constructions.
III. 2. 4. La traduction des pronoms
indéfinis
La traduction des pronoms indéfinis, e.g. ?aucun?,
?nul?, ?autre?, ?autrui?, ?un?, ?certain?, ?chacun?, ?plusieurs?, ?tout?, etc.,
présents dans notre corpus, ne pose aucun problème, vu la
présence de leurs équivalents en langue cible (cf. (11) et (12)),
et ce à l'encontre du pronom indéfini ?on?. L'analyse du
corpus permet de constater que la traduction du pronom indéfini
?on? se fait principalement par l'intermédiaire du passif (cf.
(13)), mais aussi en faisant appel aux pronoms personnels (cf. (14)) quand
?on? désigne une ou plusieurs personnes
déterminées ou indéterminées, ou aux substantifs
(cf. (15)).
11). 83
Es-tu le mécréant que certains
décrivent ?
ãåÖÚÈ
åÕí íÐáÇ
ÞíÏäÒáÇ
äæßÊ
12). L'erreur si je dis que depuis la mort d'Ibn-Sina
nul ne les connaît mieux que toi ?
ßäã ÇÑíÎ
ÇäíÓ äÈÇ ÉÇæ
Ðäã ÇåÑÚí
13). On t'a entendu dire
:...
|
ÏÍ
|
äã Çã
|
åäÅ ÊáÞ
ÇÐÅ ÇÆØÎã
äæß
|
|
|
|
|
|
...: áæÞÊ
ÊÚãÓ ÏÞá -
14). N'est-ce pas celle-ci encore qu'Omar garde à
l'esprit tandis qu'on le mène vers le quartier
d'Asfizar où réside Abou-Taher, le cadi des cadis de Samarcande
?
ÑåÇØ æÈ
ãíÞí ËíÍ
ÑÇÒÓ íÍ ìáÅ
åäæÏæÞí ãåæ
åÓä í ÑãÚ åÑÓ
Çã ÇÖí ?? ÇÐå
Óíáæ ÏäÞÑãÓ
ÉÇÖÞ íÖÇÞ 15) Ne
souhaite-t-on pas d'habitude que le jeune s'achève, que
vienne le jour de la fête ?
ÏíÚáÇ
ãæí ãæÏÞæ
ãÇíÕáÇ
ÁÇÖÞäÇ
ÉÏÇÚáÇ í
ÓÇäáÇ
íäãÊí áÇ
L'analyse des interrogatives traduites illustrent les
différences grammaticales et syntaxiques entre le français et
l'arabe. Notamment la traduction des sujets, celle des personnes et des formes
temporelles. Toutefois, la transformation et la modulation sont les
procédés de traduction les plus utilisées pour
remédier aux différences grammatico-syntaxiques entre les deux
langues.
III. 2.5. La traduction vers le duel
(mutannâ)
Sur le plan verbal, la langue arabe se distingue par la
présence d'un pronom personnel qui réfère à deux
personnes : il s'agit du ?mutannâ?. Le traducteur tend à
le traduire en respectant la référence de la personne (cf. (16)).
Le verbe français ?se rejoignent? est à la
troisième personne du
84
pluriel, traduit en arabe en pronom personnel du duel
(mutannâ) ?talâqayâ :
ÇíÞáÇÊ?. Ce qui montre que la
traduction d'une structure syntaxique n'est pas une opération
mécanique, mais un fait qui ne force pas sur la langue cible ce qu'elle
ne supporte pas. Le traducteur doit être attentif à ce genre de
divergences pour que le texte cible revêt un aspect d'originalité
et qui évite surtout les interférences et le solécisme
76 auxquels peut mener une traduction qui ne respecte pas les
propriétés syntaxiques de la langue cible.
16) Combien crois-tu qu'il y ait dans cette ville,
à cet instant, d'amants qui, comme nous, se rejoignent
?
ÉÙÍááÇ
åÐå íæ
ÉäíÏãáÇ åÐå
í ÇäáËã ßäÙ í
ÇíÞáÇÊ
ÉÞÔÇÚæ
ÞÔÇÚ äã ??
III. 2. 6. L'interrogation entre l'aspect accompli et
inaccompli
L'inversion du sujet avec le verbe est l'un des moyens les
plus utilisés en langue française pour interroger. Cependant, le
verbe manifeste des différences de temps et d'aspects entre la langue
française et arabe. Le verbe français a ses différents
temps soit à l'accompli soit à l'inaccompli. La langue arabe est
dite langue aspectuelle vu qu'elle ne dispose pas de la diversité
temporelle de la langue française, le verbe en langue arabe n'exprime
que des aspects.
L'aspect est un trait grammatical associé au verbe,
indiquant la façon dont le procès ou l'état exprimé
est envisagé du point de vue de son développement. Tous les
verbes au passé dénotent une action achevée du point de
vue de celui qui parle. L'aspect est une manière d'envisager
76 Le solécisme consiste à construire
une syntaxe qui n'existe pas dans la langue cible. ?Emploi fautif,
relativement à la syntaxe, de formes par ailleurs existante?.
Rey. A., 1994, Le Micro Robert, dictionnaire, P.
1196.
85
l'action au moment où elle se produit et pas par
rapport au moment où l'on en parle. En français, tous les temps
simples font la marque de l'aspect inaccompli, alors que les temps
composés sont toujours la marque de l'aspect accompli. Il s'agit d'un
aspect grammatical, car l'aspect dépend alors du temps auquel le verbe
est conjugué.
En langue arabe, la classification est restreinte, le temps du
passé ?al-mâ?î? exprime un aspect accompli, alors
que ?l-mu?âriå? et ?l-?amr? expriment un aspect
inaccompli.
Nous avons essayé, en comparant les deux corpus, de
voir si le passage du français vers l'arabe permet de maintenir les
mêmes aspects de l'interrogation. Le tableau suivant montre les
résultats obtenus après la comparaison des deux corpus.
|
Aspect accompli
|
Aspect inaccompli
|
En langue française
|
59
|
75
|
En langue arabe
|
46
|
88
|
Nous pouvons parler d'un déséquilibre entre
l'aspect dans la langue source et celui dans la langue cible. Le nombre
d'interrogations exprimant un aspect inaccompli, dans le corpus en langue
arabe, est élevé par rapport à celui de la langue source.
Par contre le nombre de celles exprimant l'aspect accompli est inférieur
par rapport à celui de la langue source.
Comparaison et interprétation
90
80
70
60
50
40
30
20
10
0
Aspect accompli
59
46
Aspect inaccompli
75
88
En langue française En langue arabe
86
La comparaison de l'aspect dans les deux langues objet du
travail : le français et l'arabe, montre que le traducteur a tenu, dans
certains cas, à ce que l'aspect accompli en français soit rendu
par un aspect accompli dans la langue cible tel que l'illustre l'exemple (17)
où ?as-tu donné? qui est traduite par le verbe accompli
?qaddamta :Êã ÏÞ ?. Or, dans différents
cas, le traducteur n'a pas respecté l'aspect du verbe de la langue
source (cf. (18)), le verbe dans l'exemple ? s'est embarqué ?
dénote un aspect accompli exprimé par le temps du passé
composé est traduit par un verbe exprimant un aspect inaccompli
?yub?ir : jÍÈí? (cf. (19)). Ce choix trouve son
explication dans la présence de la particule de négation
?lam? qui précède le verbe, où l'aspect
inaccompli n'est pas exprimé par le verbe mais par la particule de
négation ?lam? qui exprime un fait du passé mais
inachevé.
Parfois la traduction du verbe vers le même aspect
source ne transmet pas la même charge pragmatique du verbe (cf. (20)).
L'aspect accompli du verbe (serais) est gardé dans le verbe
cible (kunta : Êäß ). Mais si on inverse la
traduction i.e. de l'arabe vers le français, nous pourrions traduire en
: ?étais-tu ivre seigneur ?? au lieu de ?serais-tu
ivre
87
seigneur ??, mais le conditionnel qui exprime une
hypothèse et qui disparaît dans l'interrogation cible connote un
respect du locuteur envers son interlocuteur, ce respect a disparu dans la
traduction arabe.
17) M'as-tu donné la
vraie raison de ton refus ?
??
ÊãÏÞ
ßÖÑá
íÞíÞÍáÇ
ÈÈÓáÇ íá
18) N'est ce pas dans mes bagages qu'il s'est
embarqué sur le Titanic ?
"ßíäÇÊíÊ "
áÇ äÊã ìáÚ
íÊÚÊã í
ÑÍÈí ãáÇ
19) Son père...n'avait-il pas
inauguré son règne en tranchant une tête
abondamment enturbannée ?
ãÆÇãÚáÇ
ÉÑíÈßáÇ
ÓæÄÑáÇ äã ÓÑ
ÚØÞÈ åÏåÚ
åæÈ äÔÏí ãá
20) Serais-tu ivre, Seigneur ?
ÇäÇæÔä
Êäß ??
En effet, cette analyse montre que le traducteur ne peut
rester fidèle quant à la traduction de l'aspect parce que la
conservation de l'aspect altère le sens de l'interrogation. Si nous
remplaçons dans l'exemple (21) les verbes (perdons et abandonnent) qui
exprime un aspect inaccompli par des verbes exprimant le même aspect pour
rester fidèle à l'aspect du verbe source, nous obtiendrons une
interrogation fausse comme le montre la phrase suivante :
( ÇäáÇÌÑ
ÇäÚ ìáÎÊí
ÇÐÅ ÇäÔíÌ
ÏÞä äÍä ÇÐÅ
ÇåæÒÛ
ÚíØÊÓä íß)
21) Comment pourrions-nous les conquérir si nous
perdons notre armée, si nos hommes nous
abandonnent ?
ÇäáÇÌÑ
ÇäÚ ìáÎÊ ÇÐÅ
ÇäÔíÌ ÇäÏÞ
äÍä ÇÐÅ ÇåæÒÛ
ÚíØÊÓä íß
Conclusion du chapitre
Malgré les différences entres les langues, la
linguistique, en temps que science, essaie de mettre en relief tout ce qui
différencie les langues.
88
En effet, les propriétés différentielles
sont l'ensemble des traits phonologique, morphologique, syntaxique et
sémantique qui distinguent une langue d'une autre. La traduction du
français vers l'arabe pose différents problèmes
liés aux divergences syntaxiques. La traduction de l'interrogation fait
ressortir avec clarté la différence entre ces deux langues aussi
bien sur le plan syntaxique que sur les plans sémantique et
pragmatique.
Pour remédier aux différents problèmes
qui sous-tendent la traduction entre les deux langues, le traducteur fait appel
aux deux procédés essentiels de la traduction à savoir la
transformation et la modulation. Ainsi, le traducteur traduit en pronominaux
interrogatifs arabes la majorité des éléments
interrogatifs de la langue française. Ce choix dépend des
structures syntaxiques de la langue arabe qui ne permettent pas par exemple une
inversion de sujet pour exprimer une interrogation. De ce qui vient
d'être dit, nous pouvons conclure que la langue arabe tend à
utiliser les pronominaux interrogatifs plus que d'autres éléments
ou manières interrogatives.
En effet, la traduction de l'interrogation de la langue
française vers la langue arabe n'est pas soumise à la condition
de fidélité syntaxique, puisque le changement de type
d'interrogation n'influe ni sur le contenu de l'interrogation, ni sur sa charge
sémantique, ni sur le but pour lequel elle a été
posée. Peu importe le type de l'interrogation, l'essentiel est de
produire une interrogation qui transmet le même message que celle
d'origine.
Alors, la traduction de la structure syntaxique interrogative
est un procédé qui demande au traducteur d'être très
attentif quant aux divergences entre les langues. Et ceci, pour que le texte
cible revêtisse un aspect d'originalité et surtout pour
éviter les interférences et le solécisme
89
auxquels peut mener une traduction qui ne respecte pas les
propriétés syntaxiques de la langue cible.
III.3. Traduction, sémantique et pragmatique
Introduction
L'interprétation sémantique est la
première phase du travail du traducteur, parce que la traduction
consiste d'abord à comprendre le message. En effet, le traducteur doit
saisir le sens de la façon la plus exacte et la plus complète
avant de le transférer vers la langue cible. Cependant, cette
tâche n'est pas d'une telle simplicité, vu les divergences d'ordre
linguistique et culturel entre les langues : la langue est un
polysystème très complexe fait de différents niveaux
stylistique, grammatical, sémantique, etc. ces éléments
font l'objet des divergences entre les langues et font de la traduction une
tâche complexe qui demande au traducteur des connaissances linguistique
et culturelle étendues afin de produire un travail qui tend plutôt
vers l'originalité.
Mounin relève l'importance du fait de comprendre les
mots dans leurs sphères culturelles en invoquant l'idée de Nida
qui pense que « les mots ne peuvent pas être compris
correctement séparés des phénomènes culturels
localisés dont ils sont les symboles 77».
L'appartenance des deux langues objet du travail, notamment le
français et l'arabe, à des sphères historico-culturelles
différentes, oblige à traduire par équivalents car les
mots sont mieux compris dans leur univers culturels.
L'histoire de Samarcande se déroule dans un
espace appartenant à la sphère perso-musulmane, à la
lecture de la version traduite, le lecteur a l'impression de lire une version
originale. De ce fait, l'interprétation
77 Mounin, G., 1963, Les problèmes
théoriques de la traduction, Paris, Gallimard. (Nida. E.A., 1945,
« Linguistics and technilogy in translation problem ». Word,
N° 2. P 207).
90
sémantique n'a pas fait un grand obstacle au traducteur
puisque la religion musulmane lie les deux cultures perse et arabe. Le
traducteur ne s'est pas contenté uniquement d'être fidèle
au sens propre du texte, mais il a enrichie le texte par l'emploi d'un lexique
plus expressif et plus spécifique à la langue et à la
culture arabe.
Sur le plan lexical et sémantique, nous allons
étudier, des phénomènes linguistiques qui sont liés
à la traduction mais ils ne sont pas liés étroitement
à l'interrogation, ils peuvent figurer dans d'autres structures outre
l'interrogation. Et ceci va être étalé sur un volet
lexical, sémantique et pragmatique.
III. 3. 1 Sur le plan lexical et
sémantique
Il est très difficile, sinon impossible, d'établir
des équivalences
lexicales sans avoir recours à l'analyse
sémantique. Etant donné que le contenu sémantique des mots
est analysable en traits sémantiques ou sèmes78, il
faut d'abord identifier les sèmes dont le contenu sémantique se
compose79. Ce n'est que de cette façon qu'on peut
déterminer le sens d'une expression et qu'on peut vérifier si
l'expression choisie comme équivalent a le même sens dans l'autre
langue et présente les mêmes propriétés
sémantiques requises. C'est donc dans l'analyse sémantique qu'il
faut chercher la solution des problèmes relatifs à
l'équivalence.
Lors du processus de la traduction, l'interprétation
sémantique ne peut être faite en dépendance du choix
lexical. Ce n'est qu'à travers le
78 Le sème est un "trait distinctif de la
substance du signifié d'un signe (au niveau du morphème), et
relativement à un ensemble donné de signes".
Pottier, B., 1974, Linguistique générale.
Théorie et description, Paris, Klincksieck, p. 330
79 Ostrá, R., 1975, Structure
onomasiologique du travail en français, Université
Brunensis, Opéra. P. 191.
91
lexique que se tisse le sens de l'énoncé, ainsi
l'analyse sémantique se fait grâce à l'analyse lexicale. En
effet, l'analyse sémantique minutieuse permet de cerner le sens de
l'expression à traduire et de s'assurer d'avoir bien choisi les termes
équivalents.
Sur le plan lexical, un léger décalage peut
être remarqué entre les deux versions : cela se manifeste par des
rajouts dans la version arabe. Ces mots introduits contribuent en effet
à interpréter et à cerner le sens global du texte. Ces
rajouts détectés ne peuvent pas être justifiés par
les contraintes linguistiques, mais ils pourraient être expliqués
par la simple volonté du traducteur qui s'est simplement permis quelques
libres interprétations et par l'ajout de quelques adjectifs
qualificatifs en pensant qu'il enrichirait le texte arabe.
Le texte arabe est caractérisé par l'ajout entre
autres de locution interjective, de locution interrogative ou de mots, et ce
dans le but de préciser le sens du message original, comme l'illustrent
les exemples (1), (2) et (3), respectivement. En outre, le nombre de ces ajouts
reste limité, par souci de fidélité au texte.
1) Comment ai-je pu ne pas reconnaître Omar, fils
d'Ibrahim Khayyâm de Nichapour?
ÑæÈÇÓíä
äã ãÇíÎáÇ
ãíåÇÑÈÅ äÈ
ÑãÚ ÑÚ áÇ
äßã íß !ááå
Çí
2) Combien de nuits le destin leur a-t-il accordées
?
ìÑÊ Çí
3) Fuir trahir déjà attendre encore, prier
?
|
ÑÏÞáÇ
Çãåá ÍÇÊ
Éáíá ãß
|
äæÚÏíæ
äæáÕí
ÑÇÙäáÇ
äæáíØí
ÉäÇíÎáÇ
äæáÌÚÊÓí
äæÑí
Les ajouts dans le texte cible pourraient être
détectés lorsqu'il s'agit de la traduction de quelques
expressions métaphoriques par des expressions métaphoriques aussi
mais avec des charges sémantiques différentes, comme le montre
l'exemple (4) : dans le texte source, le sujet du verbe
92
?être comblé? a le trait sémique
[+concret], alors qu'en texte cible le sujet du verbe
?ÑãÛÊ : tagmura? a la trait
sémique [+liquide].
4) Khayyam devrait être
comblé- un amant peut-il espérer plus tendre agression
?
ãæÌåáÇ
ÇÐå äã ÞÑÇ
æÌÑí ä ÞÔÇÚ
ÚÓæ í ?? -ÑãÚ
ÉÍÑáÇ ÑãÛÊ
ä íÛÈäí äÇß
Il convient également de faire part de quelques pertes
qui surviennent immanquablement, surtout au niveau lexical, mais ce ne serait
pas sans répercussions sur la charge sémantique de
l'énoncé (cf. (5)). En effet, les rajouts ou les abandons
dépendent des fois de la volonté du traducteur. Ainsi, la
traduction de l'exemple (5) montre la négligence du mot qui
réfère dans le texte source à Dieu : dans le contexte de
l'histoire, le cadi Abou Taher accuse Omar Elkhayyam de
toucher à la divinité sacrée de dieu en produisant des
quatrains profanes et d'une telle impiété. Le traducteur a
négligé le mot ?seigneur? dans la version traduite, ceci
reste un peu ambigu : est-ce par un respect religieux relatif au lecteur ou
c'est un choix stylistique ?
5) Serais-tu ivre, Seigneur ?
ÇäÇæÔä
Êäß ??
Sur le plan sémantique, le traducteur tend surtout
à donner une autonomie au texte arabe par le biais d'usage
d'équivalents en langue cible. Il tend, à plusieurs reprises, de
traduire le texte en lui donnant une valeur ajoutée au moyen de
procédés d'enrichissement linguistique qu'offre la langue arabe,
comme le montrent les exemples suivants :
6) As-tu encore ton voile ?
ßÈÇÞäÈ
äíÙÊÍÊ ÊáÒ
Çã
93
7) N'est-il pas vrai que tu as lu sept fois à Ispahan
un volumineux ouvrage d'Ibn-Sina , et que, de retour à
Nichapour, tu l'as reproduit mot à mot, de mémoire ?
åÊáÞä ßäÇ
æ ÇäíÓ äÈáÇ
ÇãÎÖ ÇÏáÌã
ÊÇÑã ÚÈÓ
äÇåÕ í ÊÑÞ ßä
ÇÍíÍÕ Óíá
ÉÑßÇÐáÇ
äã Éãáß Éãáß
ÑæÈÇÓíä ìáÅ
ßÊÏæÚ ìÏá
Le traducteur a utilisé par exemple
[niqâb] qui a des traits sémiques supplémentaires
plus spécifiques que le terme français ?voile? (cf.
(6)). Le voile étant un terme plus vague quant à sa
référence en langue française, du fait qu'il
désigne ce qui couvre aussi bien le visage que le corps, et il est
souvent utilisé pour référer au [hijab] dans la
religion musulmane. Dans la communauté arabe, le terme arabe
[niqab] désigne un tissu qui couvre le visage en ne laissant
paraître que les yeux. De même, le terme ?ouvrage? traduit vers
l'arabe par ?muúallad? illustre cet aspect plus
spécifique du terme arabe (cf. (7)), ce mot indique un livre dont la
couverture est faite de cuire, c'est-à-dire un sème
différentiel qui spécifie plus le sémème
?ouvrage?. Ce qui veut dire que les termes voile et ouvrage
n'équivalent que partiellement aux termes [niqab et
muúallad].
Autrement-dit, l'aspect religieux, quelques fois absent dans
le texte français, est omniprésent dans le texte arabe. Le
traducteur a tendance à donner, en cherchant les traits sémiques
les plus spécifiques, l'équivalent adéquat et
convenable.
Dans le même sens, le lexème ?destin?,
qui a été traduit par [qadar], signifie en langue
française un ensemble d'événements soumis au hasard ou
à la fatalité..., et qui compose la vie d'un être
humain80, alors que le mot [qadar] a une aura religieuse
dans la culture musulmane, du fait qu'il est lié à la
volonté divine et qu'il constitue un des cinq piliers fondamentaux
auxquels doit croire tout musulman(cf. (9)), on peut dire de
80 Rey. A., 1988, Le Micro Robert,
Dictionnaire, Paris : (entrée : destin), P. 360. .
94
même pour les mots ?låid? et ?la
fête? dans l'exemple (8). Cette charge sémantique est absente dans
le texte source. Ceci évoque encore une fois le problème
d'équivalence lorsqu'il s'agit de deux langues culturellement
différentes.
8) Ne souhaite-t-on pas d'habitude que le jeune
s'achève, que vienne le jour de la fête ?
ÏíÚáÇ
ãæí ãæÏÞæ
ãÇíÕáÇ
ÁÇÖÞäÇ
ÉÏÇÚáÇ í
ÓÇäáÇ íäãÊí
áÇ
9) Combien de nuits le destin leur a-t-il
accordées ?
ìÑÊ Çí
ÑÏÞáÇ Çãåá
ÍÇÊ Éáíá ãß Les
choix lexicaux pertinents du traducteur émanent d'une volonté
à produire un texte qui revêt un caractère original et qui
respecte le génie de la langue cible.
III. 3. 2 Sur le plan pragmatique
Comme nous l'avons signalé précédemment,
la question n'est pas toujours liée à la demande d'information.
Elle peut acquérir des fins pragmatiques par interprétation
inférentielle, et être investie pour d'autres valeurs illocutoires
outre la demande de l'information81.
Les interrogations modalisées par les verbes
?pouvoir et devoir? sont dites des questions mandes82. Ils
sont souvent utilisés dans des structures interrogatives de type :
?vouloir /pouvoir+ P ?? et qui sont susceptibles de recevoir une lecture
par inférence. Ce type de question exprime une
désirabilité déguisée de la part de
l'énonciateur envers son interlocuteur pour qu'il se comporte d'une
telle manière.
81 Taifi. M., 2000, sémantique
linguistique, référence, prédication et
modalité, SFR, sciences du langage, publication de la
faculté des lettres et des sciences humaines, Fes. PP. 211-215.
82 Ibid, PP. 211-212.
95
L'interrogation n'est pas forcément liée
à la demande d'information. Ainsi le locuteur (Omar Elkhayyam),
dans l'exemple (10), fait une requête à sa bien-aimée. Il
lui demande implicitement de rester auprès de lui et non si elle a la
possibilité de rester chez sa cousine à Samarcande.
Cette requête doit être appréciée par l'interlocuteur
(la belle poétesse) par un raisonnement inférentiel, sinon, la
réponse de la femme ne peut être comprise comme refus lorsqu'elle
répond : ? j'ai ma place à la cour.?, ceci explique
l'intension du locuteur de ce que sa bien aimée agisse d'une telle sorte
et non pas de répondre à sa question. En outre, l'interrogation
dans l'énoncé (11) est une question modalisée par le verbe
vouloir. Le locuteur y exprime ce qu'il a voulu insinuer dans l'interrogation
précédente où il invite sa bien- aimée à
partager sa vie. La réponse de la femme illustre son refus permanent :
?Partager ta vie ? Il n'y a rien à partager?.
10) Ne pourrais-tu rester chez ta cousine à
Samarcande ?
ÏäÞÑãÓ í
ßÊÈíÑÞ ÏäÚ
ÁÇÞÈáÇ
ßÑæÏÞã í
Óíá
11) Ne voudrais-tu pas partager ma vie ?
íÔíÚ
íÊÑØÇÔã í
äíÈÑÛÊ áÇ
En outre, la traduction arabe satisfait le vouloir dire de
l'auteur, mais il y a une tendance au niveau syntaxique à substituer,
pour raisons stylistiques les verbes modaux par des substantifs comme le cas du
verbe pouvoir, ainsi que pour d'autres verbes comme le montre le tableau
suivant :
Verbe
|
Substantif
|
pourrais
|
ÑæÏÞã
|
rester
|
ÁÇÞÈáÇ
|
partager
|
É ÑØÇÔã
|
96
La question rhétorique est une figure de style
très fréquente dans les textes littéraires. Elle est
très répandue dans les deux textes objet de notre étude,
i.e. source et cible, étant donné que le texte de Samarcande
appartient à ce courant littéraire.
Une question rhétorique est une question dont la
réponse est évidente et qui «prétend forcer le
destinataire à reconnaître explicitement ou non, ce que le
locuteur tient pour vrai»83. En effet, la question
rhétorique est utilisée non seulement pour des mesures
stylistiques, mais aussi pour des fins pragmatiques. L'exemple (12) en est la
parfaite illustration. Il s'agit en fait d'une ironie où le locuteur, le
Cadi Abou Taher, reproche à Omar Elkhayyam d'avoir
produit des quatrains plein de piété et de dévotion.
L'adverbe interrogatif ?comment? n'est utilisé ni pour se
demander de la cause ni pour la manière. La modalisation de
l'énoncé est exprimée par le verbe pouvoir en langue
française et par son équivalent en arabe le verbe ?amkana?,
la traduction n'a pas infecté le sens pragmatique de
l'énoncé vu que la langue arabe comme la langue française
permet ce type d'interprétation.
12) Comment ai-je pu ne pas connaître celui qui a
composé ce robaï si plein de piété et de
dévotion :
°ÚÑæáÇ æ
ìæÞÊáÇÈ
ÉÌÖÇäáÇ
ÉíÚÇÈÑáÇ
åÐå ãÖä äã ÑÚ
áÇ äßã íß
L'interrogatoire est parmi les discours où
l'interrogation est très utilisée, le locuteur demande souvent
à l'accusé la confirmation ou l'infirmation de ce qu'on lui
reproche. Le corpus, objet de notre étude, illustre ce type
d'interrogations quant à l'usage d'interrogations indirectes. Des
interrogations qui ne sont en réalité que des reproches
auxquelles
83 Anscombre, et all., 1977, L'argumentation dans la langue,
Bruxelles, Pierre Mardaga, P. 28.
l'accusé (Omar Elkhayyam) doit répondre
pour confirmer ou infirmer ces accusations. En fait, les énoncés
(13), (14) et (15) en sont l'exemple : il s'agit des accusations sous forme
d'interrogations envers l'accusé Omar Elkhayyam auxquelles il
devait se défendre devant le juge.
13) On t'a entendu dire : « je me rends parfois dans
les mosquées où l'ombre est propice au sommeil. »
"
|
ãæäáá
ÊÇæã áÙáÇ
ËíÍ ÏÌÇÓãáÇ
ìáÅ ÇäÇíÍ
ÈåÐ
|
" :
|
áæÞÊ ÊÚãÓ
ÏÞá -
|
14)
97
Ce ne sont pas seulement tes exploits qui se transmettent
de bouche en bouche, de bien curieux quatrains te sont
attribués.
ÉÈíÑÛáÇ
ÊÇíÚÇÈÑáÇ
äã ÇÑíËß
ßíáÅ äæÈÓäí
ÓÇäáÇ ÑÎÂ
ìáÅ ã äã
ÉáÞÇäÊãáÇ ??
ÇåÏÍæ ßÑËÂã
ÊÓíá
15) On m'a rapporté des paroles d'une telle
impiété que de les citer, je me sentirais aussi coupable que
celui qui les a proférés.
ÇåáÆÇÞ
ÈäÐ áËÇãí
íÈäÐ äÈ
ÊÑÚÔá
ÇåÊÑßÐ æá
ÑßáÇ äã áÇæÞ
íáÅ Êíãä ÏÞ
Ce sont des interrogations-reproches qui, pour
être interprétés comme des interrogations totales,
nécessitent un raisonnement par inférence. Cependant, ces
interrogations ne satisfont pas les conditions syntaxiques de l'interrogation
directe ou indirecte: elles ne sont ni marquées par un point
d'interrogation à l'instar des interrogations directes, ni introduites,
à l'instar des interrogations indirectes, par des propositions
principales interrogatives contenant des verbes introducteurs à sens
interrogatifs (demander, s'interroger, savoir, etc.). Alors où
pourrions-nous classer ce genre d'interrogations ? Elles peuvent être
classées dans la catégorie des interrogations indirectes totales
exigeant un raisonnement par inférence, puisqu'elles ne se terminent pas
par un point d'interrogation. Le questionné est sensé
répondre même si cette question lui est adressée
implicitement.
98
En effet, vu l'absence des conditions syntaxiques relatives
aux interrogations directes et indirectes, nous sommes invités à
les reformuler de la manière qui satisfait ces conditions.
L'interrogation (13) pourrait être reformulée de la manière
suivante (cf. (16)).
16) Je te demande si tu as dis : « je me rends
parfois dans les mosquées où l'ombre est propice au sommeil.
».
Ou bien par l'introduction d'un introducteur interrogatif
pour que celle-ci devient une interrogation directe (cf. (17)).
17) Est-ce que tu as dit: « je me rends parfois dans
les mosquées où l'ombre est propice au sommeil » ?
Les deux autres interrogations (14) et (15) peuvent
être reformulées de la manière suivante pour devenir des
interrogations indirectes totales répondant à toutes les
conditions de celles-ci en y introduisant une proposition principale
interrogative, ainsi l'interrogation (14) devient (17) et l'interrogation (15)
devient (18):
17 ) Ce ne sont pas seulement tes exploits qui se
transmettent de bouche en bouche, je te demande si de bien curieux quatrains
t'appartiennent.
.ÑΠìáÅ ã
äã
ÉáÞÇäÊãáÇ ??
ÇåÏÍæ ßÑËÂã
ÊÓíá
.ÉÈíÑÛáÇ
ÊÇíÚÇÈÑáÇ
äã ßíáÇ
ÓÇäáÇ
åÈÓäíÇã
ÇÍíÍÕ äÇß äÇ
ßáÇÓÇ
18) Je veux savoir si les paroles qu'on m'a rapporté,
qui sont d'une telle impiété et que de les citer, je me sentirais
aussi coupable que celui qui les a proférés, sont vrais.
íá íãä Çã
ÇÍíÍÕ äÇß äÇ
ÑÚÇ äÇ ÏíÑÇ
. ÇåáÆÇÞ
ÈäÐ áËÇãí
íÈäÐ äÈ
ÊÑÚÔá
ÇåÊÑßÐ æá
íÊáÇ ÑßáÇ
áÇæÞ äã
99
La visée et l'intension pragmatique de l'interrogation
n'ont été altérées ni lors du passage du
côté lexical ni du côté sémantique du
français vers l'arabe. Ceci est dû d'une part, aux
propriétés linguistiques communes aux deux langues permettant ce
genre d'interrogations, et d'autre part à l'interlocuteur qui
perçoit l'interrogation comme une demande nécessitant une
réponse et non comme une simple assertion décrivant un
état de chose.
Conclusion du chapitre
La recherche des équivalences présente souvent
un obstacle à la traduction en matière d'interprétation
sémantique. Nous nous demandons alors s'il est possible, en principe, de
réaliser une traduction fidèle, c'est-à-dire de transposer
dans la langue d'arrivée tout le message véhiculé par le
texte de départ. La réponse serait positive, surtout dans une
traduction comme celle que nous avons traitée, où le traducteur
opte pour une analyse minutieuse des traits sémiques pour donner
l'équivalent précis des items employés.
La première étape donc du processus
traductionnel correspond à une bonne interprétation
sémantique qui permet de réécrire le texte de façon
à ce qu'il soit une création.
Une opinion générale consiste à affirmer
que toute traduction entraîne un appauvrissement sémantique du
message, une entropie ou un décalage entre le texte original et sa
traduction. Ceci est dû, parait-il, au manque d'équivalents
parfaits entre les langues. Dans ce cas, le traducteur se trouve obligé
de sacrifier quelques traits sémiques qui ne sont pas disponibles dans
la langue cible mais indispensables pour la transmission du sens
général du message. C'est au sacrifice de traits stylistiques
ou
100
culturels que le traducteur tend le plus souvent, ce qui rend
le contenu du message plus pauvre ou même parfois faussé. Or, de
tels sacrifices sont souvent difficiles à éviter parce que les
deux langues ne disposent pas de niveaux socio-linguistiques similaires surtout
lorsque le contexte l'oblige, sinon la traduction ne pourrait être
qualifiée comme réussie. En outre, la traduction objet de notre
étude infirme ce jugement : le lecteur pourrait avoir l'impression de
lire une version originale et non pas une traduction : ceci est dû non
seulement à la bonne connaissance du rituel islamique et de la
maîtrise des deux langues sur tous les niveaux, mais aussi aux choix
lexicaux du traducteur et à la nature même du sujet qui
reflète une culture proche de la culture arabe.
101
CONCLUSION
L'objectif premier du présent travail était
d'effectuer une analyse contrastive entre les structures interrogatives du
français et de l'arabe. Ayant choisi comme objet d'étude le roman
Samarcande d'Amine Maalouf, nous nous sommes donné un double
objectif : d'un côté, relever les divergences et les convergences
d'ordre syntaxique entre les deux textes, et voir comment les
différences syntaxiques peuvent influencer sur la traduction de telles
structures. Voir d'un autre côté, si ces mêmes structures
posent des problèmes de traduction que se soit au niveau
sémantique ou au niveau pragmatique.
La linguistique contrastive inscrit l'activité
traductive dans la perspective des réflexions théoriques sur le
fonctionnement des différents systèmes linguistiques. Dans ce
sens, la traduction est un moyen pédagogique puisqu'il permet
l'appropriation ou le perfectionnement d'une langue étrangère, et
l'analyse traductologique permet d'étudier des théories, des
principes et des mécanismes de la traduction. En effet, un bon
traducteur ne peut le devenir qu'après la lecture des ouvrages traduits,
ensuite, l'étude et l'analyse comparative des traductions pour arriver
enfin au stade d'effectuer des traductions. Alors, l'analyse des oeuvres
traduites par des professionnels est indispensable pour pouvoir traduire et
pour que la traduction soit basée sur un savoir faire. Il convient de
noter donc l'importance pédagogique, mais aussi pragmatique, des
constants va-et-vient entre l'analyse et l'activité de la traduction :
l'une se ressourçant en permanence à partir de l'étude de
l'autre.
102
Nous avons montré dans le chapitre qui concerne les
régularités et irrégularités syntaxiques entre le
français et l'arabe, que le français et l'arabe ont des
structures syntaxiques totalement différentes. Le français, comme
l'arabe, présente différents types d'interrogations, mais la
traduction de l'interrogation pose problème quand il s'agit de la
traduction d'une structure syntaxique qui ne trouve pas d'équivalents
dans la langue arabe, entre autres ; l'inversion de sujet, de même que le
pronom indéfini ?on?, souvent utilisés dans
l'interrogation en français. La différence réside aussi
dans la diversité des éléments interrogatifs et des
manières permettant d'exprimer l'interrogation en français par
rapport à ceux de l'arabe qui sont moins nombreux, le duel
[mutanna] propre à l'arabe, la traduction entre le
français qui est langue temporelle et l'arabe dite langue aspectuelle,
etc. tous ces aspects syntaxiques différentiels font de la traduction
une tâche qui demande au traducteur une connaissance syntaxique double,
sinon la traduction pourrait être caractérisée par les
interférences ou le solécisme.
La traduction de l'interrogation n'altère pas la charge
sémantique et la visée pragmatique exprimées dans le texte
source. Toutefois, le traducteur s'est permis des ajouts et des abondants selon
les besoins du texte et de la langue cible. L'opération traduisante
s'avère donc une opération souple soumise aux tendances du
traducteur. Dans le texte arabe du roman Samarcande, Il s'est
avéré que le traducteur a bénéficié de ce
qu'offre la langue arabe en matière d'un lexique avec des traits
sémiques plus spécifiques et précis. Ceci lui permet de
produire un texte très cohérent jouissant d'un lexique plus
expressif et donne à la version traduite une aura d'originalité
parce « (qu') on exige précisément du
traducteur qu'il sache (re)composer un texte comme s'il
s'agissait d'une rédaction originale»84
En effet, une bonne connaissance des syntaxes des deux
langues, i.e. source et cible, le choix bénéfique de l'arsenal
lexical, que peut offrir toute langue, et les connaissances culturelles des
communautés de différentes langues sont des
éléments majeurs susceptibles d'une traduction digne d'une bonne
qualité.
103
84 Delisle, J., 1984, L'analyse du discours
comme méthode de traduction, Ottawa, Éditions de
l'Université d'Ottawa, PP. 217-218.
104
CORPUS
L'interrogation directe partielle
N°
|
Interrogation française
|
Interrogation arabe
|
1)
|
A quel moment avait-il basculé de la
témérité dans la démence ?
|
äæäÌáÇ
ìáÅ
ÉÑÇÓÌáÇ äã
ìÑÊÇí ÍäÌ
ìÊã
|
2)
|
Et son parcours millénaire, qui l'a interrompu,
sinon l'arrogance de mon siècle ?
|
áÕ ÑíÛ
ÇåÚØÞ íÐáÇ
Çã ÉíÑåÏáÇ
åÊáÍÑæ
Çä íÑÕÚ
|
3)
|
Qui es-tu donc ?
|
äæßÊ äã
ìÑÊ
|
4)
|
Quel est ton nom, étranger ?
|
ÈíÑÛáÇ
Çåí ßãÓÇ Çã
|
5)
|
Et toi, qui es-tu ?
|
äæßÊ äã
Êäæ
|
6)
|
Comment ai-je pu ne pas
reconnaître Omar, fils
d'Ibrahim Khayyâm de Nichapour ?
|
ãíåÇÑÈÅ
äÈ ÑãÚ ÑÚ áÇ
äßã íß ! ááå
Çí
ÑæÈÇÓíä
äã ãÇíÎáÇ
|
7)
|
Ma façon de prier ?
|
ÉáÇÕáÇ í
íÊÞíÑØ
|
8)
|
Comment as-tu reconnu l'imam Omar ?
|
ÑãÚ
ãÇãáÅÇ ìáÚ
ÊÑÚÊ íß
|
9)
|
Où se trouve cet hôte si généreux,
que je puisse lui adresser mes remerciements ?
|
ÊÇí åíáÅ
åÌæá íÎÓáÇ
íÖãáÇ ÇÐå ÏÌ
äí
ÑßÔáÇ
|
10)
|
Et comment s'appelait ce maître, que je
puisse au moins raconter ses bienfaits ?
|
ä áÞáÇ ìáÚ
ÚíØÊÓ
ìáæãáÇ ÇÐå
ãÓÇ Çã æ
åáÇÖÈ
ÑÈÎ
|
11)
|
Comment des gens qui placent si haut les vertus de
l'hospitalité peuvent ils se rendre capables de
violences contre un visiteur comme toi ?
|
ÉæÇÍáÇ
áÆÇÖ äæÚÖí
ÓÇä ÚÇØÊÓÇ
íß
ÑÆÇÒÈ
ìÐáÇ ÇæÞÍáí
ä ÈÊÇÑãáÇ
ìáÚ í
ßáËã
|
12)
|
Pourtant que faire ?
|
áãÚáÇ Çã
ßáÐ Úã æ
|
13)
|
M'as-tu donné la vraie raison de ton
refus ?
|
íÞíÞÍáÇ
ÈÈÓáÇ íá
ÊãÏÞ ?? -
ßÖÑá
|
|
105
Que restera-t-il demain des écrits des savants ?
|
ÁÇãáÚáÇ
áÇãÚ äã ÏÚÈ
ìÞÈí íÐáÇ
Çã
|
15)
|
Quel royaume a subsisté, quelle science, quelle loi,
quelle vérité ?
|
ÉÞíÞÍ Éí
äæäÇÞ í ÊãÇÏ
Éßáãã Éí
|
16)
|
Qu'en sais-tu ?
|
ßÇÑÏ Çã æ
|
17)
|
Combien de nuits le destin leur a-t-il accordées ?
|
ìÑÊ Çí
ÑÏÞáÇ Çãåá
ÍÇÊ Éáíá ãß
|
18)
|
Combien crois-tu qu'il y ait
|
ÇäáËã ßäÙ
í ÇíÞáÇÊ
ÉÞÔÇÚæ ÞÔÇÚ
äã ??
|
|
dans cette ville, à cet instant, d'amants qui, comme
nous, se rejoignent ?
|
ÉÙÍááÇ
åÐå íæ
ÉäíÏãáÇ åÐå
í
|
19)
|
Combien de femmes reste-t-
|
ÊÇÞÔÇÚáÇ
äã ?? ÁÇÓäáÇ äã
ìÞÈí ãß
|
|
il, combien d'amantes
|
åäÑÊÎÇ
íÐáÇ áÌÑáÇ
ÉáíááÇ
äíÞáÇíÓ
|
|
rejoindront cette nuit
|
ÉÑãÇ
ÈÑÞÈ ãÇäí æÓ
áÇÌÑ ãß
ÉäÑÇÞãáÇÈæ
|
|
l'homme qu'elles ont choisi ?
|
åá áÐÈÊ
ÉÑãÇ ÈÑÞÈ
ÕÎáÇ ìáÚæ
ÇåÈÍí
|
|
semblablement, combien
|
ÑíÛ áÚÊ ä
äÚ ÇåÒÌÚ ÑíÛ
ÈÈÓá ÇåÓä
|
|
d'hommes dorment auprès d'une femme qu'ils aiment, d'une
femme qui se donne à eux pour une autre raison que celle de ne pouvoir
faire autrement?
|
ßáÐ
|
20)
|
Qui sait, peut être n y a-t-il
|
. í ÉáíááÇ
ßÇäå äæßí áÇ
ÏÞ íÑÏí äãæ
|
|
qu'une amante, cette nuit à
|
ÞíÔÚ ìæÓ
ÉÏÍÇæ ÉÞíÔÚ
ìæÓ ÏäÞÑãÓ
|
|
Samarcande, peut être n y a-t- il qu'un amant.
|
ÏÍÇæ
|
21)
|
Mais que valent les
promesses d'un vainqueur?
|
ÑÕÊäãáÇ
ÏæÚæ ÉãíÞ Çã
äßáæ
|
22)
|
Que faire, comment fuir, par quelle route ?
|
ÞíÑØ í äã æ
ÈÑåáÇ íß
áãÚáÇ Çã
|
23)
|
Comment pourrions-nous les
|
ÇÐÅ ÇäÔíÌ
ÇäÏÞ äÍä ÇÐÅ
ÇåæÒÛ
ÚíØÊÓä íß
|
|
|
conquérir si nous perdons notre armée, si nos
hommes
|
ÇäáÇÌÑ
ÇäÚ ìáÎÊ
|
106
|
nous abandonnent ?
|
|
24)
|
Comment ose-t-il demander en mariage la fille du Prince des
Croyants, issue de la plus noble lignée ?
|
Ñíã ÉäÈÇ
äã ÌÇæÒáÇ
ÈáØ ìáÚ
ÑÓÌí íß
ÈÓäáÇ æ
ÈÓÍáÇ ÊÇÐ
äíäãÄãáÇ
|
25)
|
que me conseilles-tu ?
|
íäÍÕäÊ
ãÈæ
|
26)
|
viens-en fait, parle, qu'a dit Tughrul-Beg ?
|
áÇÞ ÇÐÇã
ãáßÊ
ÚæÖæãáÇ ÞÑØ
ßÈ"áÑÛØ"
|
27)
|
Mais où allons-nous si les gens du commun commencent
à se mêler de nos querelles ?
|
í äæáÎÏÊí
ÉãÇÚáÇ ÏÈ
ÇÐÅ ÇäáÂã
äæßí Çã äßáæ
ÇäÊÇÚÇÒä
|
28)
|
Est-ce l'énervement extrême, la
précipitation l'embarras de tirer à si courte distance ?
|
äã ÌÑÍÊáÇ
ã ÉáÌÚáÇ ã
ÌÇíåáÇ ÉÑæÓ
íå
ÑÕÞáÇ
ÇÐåÈ ÉÇÓã äã
ÞáÇØáÅ Ç
|
29)
|
C'est moi le maître du monde ! Qui pourrait se mesurer
à moi » ?
|
íäáÏÚí ä
ÚíØÊÓí ÇÐäã
!ÇíäÏáÇ ÏíÓ
Çä
|
30)
|
Est-il le seul à qui le vizir ait glissé ces mots,
ne l'a-t-il pas confondu avec un autre, et pourquoi un rendez-vous aussi
lointain, dans le temps et dans l'espace ?
|
ßáÊÈ
ÑíÒæáÇ åíáÅ
Óãå íÐáÇ
ÏíÍæáÇ äæßí
äÇß
ÇÐÇãáæ ÑÎÂ
äíÈæ åäíÈ
ØáÎí
ÊÇãáßáÇ
ãáÇ
|
|
31)
|
Et que peut-il me vouloir ?
|
íäã ÏíÑí ä
äßãí ÇÐÇãæ
|
32)
|
Et comment lui reprocher de prendre l'or que ses vers lui valent
?
|
ÇåÑÚÔÈ
åÊÞÍÊÓÇ ÈåÐ
ÐÎ ìáÚ ãáÇÊ
íßæ
|
33)
|
Pourquoi me le montres-tu ?
|
åíäíÑÊ
ÇÐÇãá
|
34)
|
Et qu'y a-t-il de si secret dans ce livre, des formules
d'alchimie ?
|
äã ÑÏÞáÇ
ÇÐåÈ Ñæã äã
ÈÇÊßáÇ ÇÐå í
ÇÐÇãæ
ÉíÆÇíãíß
ÊáÇÏÇÚã
ÉíÑÓáÇ
|
35)
|
Qu'y a-t-il , dis-moi ?
|
. íá áÞ ßÇäå
ÇÐÇã
|
36)
|
Où va-t-il ?
|
ÈåÐí äí
ìáÅæ
|
37)
|
Comment ai-je pu ne pas connaitre celui qui a composé
|
íß
ÉíÚÇÈÑáÇ
åÐå ãÙä äã
ÑÚÇ áÇÇ
äßãÇ
|
|
107
|
ce robaï si plein de piété et de
dévotion :
|
; ÚÑæáÇ æ
ìæÞÊáÇÈ
ÉÌÖÇäáÇ
|
38)
|
A quoi bon braver le sort, à
|
äã ìæÏÌáÇ
Çã ÑÏÞáÇ
íÏÍÊ äã
ìæÏÌáÇ Çã
|
|
quoi bon t'attirer le courroux
|
ÏÑÌãá
Ñíãá Ç ÈÖÛ
ßÓä ìáÚ ÑÌÊ
ä
|
|
du prince pour une simple femme, une veuve qui ne
|
ìæÓ ÉäÆÇÈ
äã ßíáÅ áãÍÊ
äá ÉáãÑ
ÉÑãÇ
|
|
t'apporterait en guise de dot qu'une langue acrée et une
réputation douteuse ?
|
. ÉÈíÑã
ÉÚãÓæ ØíáÓ
äÇÓá
|
39)
|
Si telle est la position du
|
ÇÐÇãá
äíäãÄãáÇ
Ñíã Þæã ÇÐå
äÇß ÇÐÅ -
|
|
prince des croyants, pourquoi a-t-il proposé un
arrangement en dinars ?
|
ÑíäÇäÏáÇÈ
ÉíæÓÊ
ÍÑÊÞÇ
|
|
L'interrogation directe totale
40)
|
N'est-ce pas moi, benjamin O. Lesage, qui l'a arraché
à son Asie natale?
|
äã åÚÒÊäÇ
äã ÌÇÓæá .Ú
äíãÇÌäÈ Çä
ÊÓá
ÇíÓÂ åÓÑ
ØÞÓã
|
41)
|
N'est ce pas dans mes bagages qu'il s'est embarqué sur
le
|
|
"ßíäÇÊíÊ "
áÇ äÊã ìáÚ
íÊÚÊã í
ÑÍÈí ãáÇ
|
|
Titanic ?
|
|
|
42)
|
Se rend-il à la taverne, ce soir-
|
|
ã ÁÇÓãáÇ
ßáÐ í ÉäÇÍáÇ
ìáÅ ÇÈåÇÐ
äÇß áå
|
|
là, ou est-ce le hasard des flâneries qui le porte
?
|
|
åÊáãÍ
íÊáÇ ??
ÚßÓÊáÇ ÉÏÕ ä
|
43)
|
Ne vois-tu pas qu'il peut à peine remuer les
lèvres ?
|
|
åíÊÔ
ßíÑÍÊ
ÚíØÊÓí ÏÇßí
åä ìÑÊ áÇ
|
44)
|
Serais-tu ivre, Seigneur ?
|
|
ÇäÇæÔä
Êäß ??
|
45)
|
N'est-ce pas cette vision de
|
|
ä ÏÇÑ íÐáÇ ??
ÇÐå ÉäÌáÇ
ÏåÔã äßí ãá
|
|
paradis qu'a voulu évoquer le
|
|
äãÒ ÏÚÈ
ÇãÏäÚ
áæåÌãáÇ
åÑíËí
ÚÑÔ
ãÇÓÑáÇ
|
|
|
peintre anonyme qui, bien plus tard, a entrepris d'illustrer
le
|
|
"
ÊÇíÚÇÈÑáÇ "
ØæØÎã ÏíæÒÊ
í áíæØ
|
|
manuscrit des Robaïyat ?
|
|
ÉÑÈÚãáÇ
ãæÓÑáÇÈ
|
46)
|
N'est-ce pas celle-ci encore
|
|
åÓä í ÑãÚ
åÑÓ Çã ÇÖí ??
ÇÐå Óíáæ
|
|
|
qu'Omar garde à l'esprit
|
|
æÈ ãíÞí
ËíÍ ÑÇÒÓ íÍ
ìáÅ åäæÏæÞí
ãåæ
|
|
tandis qu'on le mène vers le quartier d'Asfizar où
réside
|
|
ÏäÞÑãÓ
ÉÇÖÞ íÖÇÞ
ÑåÇØ
|
108
|
Abou-Taher, le cadi des cadis de Samarcande ?
|
|
47)
|
N'est-il pas vrai que tu as lu sept fois à Ispahan un
volumineux ouvrage d'Ibn-
|
ÚÈÓ äÇåÕ í
ÊÑÞ ßä ÇÍíÍÕ
Óíá åÊáÞä
ßäÇ æ ÇäíÓ
äÈáÇ ÇãÎÖ
ÇÏáÌã ÊÇÑã
äã Éãáß Éãáß
ÑæÈÇÓíä ìáÅ
ßÊÏæÚ ìÏá
ÉÑßÇÐáÇ
|
|
Sina , et que, de retour à
|
|
|
Nichapour, tu l'as reproduit mot à mot, de mémoire
?
|
|
48)
|
Sais-tu reconnaître un ami ?
|
ÞíÏÕ ìáÅ
ÑÚÊÊ íß
ãáÚÊ
|
49)
|
« Reconnaître un ami ? »
|
" ÞíÏÕ ìáÅ
ÑÚÊÊ "
|
50)
|
Es-tu le mécréant que certains décrivent
?
|
ãåÖÚÈ åÕí
íÐáÇ
ÞíÏäÒáÇ
äæßÊ
|
51)
|
L'as-tu jamais pensé ?
|
Çãæí
ßáÇÈ ìáÚ ßáÐ
ÑØÎ ??
|
52)
|
Je me suis demandé : Que
|
äã íÞÈ
ÇÐÇã
ÉäíÏãáÇ äã
íÞÈ ÇÐÇã :
ÊáÁÇÓÊæ
|
|
reste-t-il de la ville qui
|
: Çäå ÉãÆÇÞ
ÊäÇß íÊáÇ
ÉäíÏãáÇ
|
|
s'élevait ici jadis?
|
ãåÊÑÇÖÍ
äã ìÞÈí íÐáÇ
Çã äßá æ
|
|
Mais que reste-t-il de leur civilisation ?
|
|
53)
|
Le Calif ne t'a-t-il laissé
|
äÇßã í ÑÎÂ
åíÌæÊ í
ÉíáÎáÇ ßá
ÚÏí ãá
|
|
aucune autre directive, aucune possibilité d'arrangement
?
|
ÉíæÓÊáá
|
54)
|
Me faudra-t-il attendre d'être
|
ÑÈÚá
ÇÒæÌÚ ÍÈÕ
ìÊÍ ÑÙÊä ä
íÛÈäí
|
|
vieux pour exprimer ce que je pense ?
|
íÑÇß äÚ
|
55)
|
Le cadi savait-il par ce geste, par ces paroles, il donnait
|
ßáÊæ
ÑÕÊáÇ ÇÐåÈ
åä ãáÚí
íÖÇÞáÇ äÇß
ÎíÑÇÊ
ÑÇÑÓ ÑËßá
ÉÇíÍáÇ Èåí
äÇß áÇæÞáÇ
|
|
naissance à l'un des secrets les mieux tenus de
l'histoire des
|
ÇÞáÇÛÊÓÇ
ÈÇÏáÂÇ
|
|
Lettres ?
|
|
56)
|
Qu'il faudrait attendre huit
|
ä áÈÞ äæÑÞ
ÉíäÇãË
ÑÇÙÊäáÇÇ
ÈÌí äÇß åä æ
|
|
|
siècles avant que le monde ne
|
áÈÞ æ
ÚíÑáÇ
ãÇíÎáÇ ÑãÚ
ÑÚÔ ãáÇÚáÇ
ÔÊßí
|
|
découvre la sublime poésie
|
áÇãÚ áÇ
ÑËß Çåä ìáÚ
ÊÇíÚÇÈÑáÇ
áÌÈÊ ä
|
|
d'Omar Khayyam, avant que
|
ÑÚí ä áÈÞæ
äãÒáÇ Ñã
ìáÚ ÉÇÑØ
|
|
ses Robaiyat ne soient vénérés
comme l'une des oeuvres les plus originales de tous les temps avant que ne soit
enfin
|
ÈíÌÚáÇ
ÏäÞÑãÓ
ÉØæØÎã ÑíÕã
ÇÑíÎ
|
109
|
connu l'étrange destin du manuscrit de Samarcande ?
|
|
|
57)
|
Puis-je espérer qu'en dépit de
|
|
ìÑßÐ ÑãÚ
ÉÌæÎáÇ ÙÊÍí
áÇ æÌÑ ??
|
|
tout ce qu'il a enduré, Khwajé
|
|
åÇÓÇÞ Çã ??
äã ãÛÑáÇ ìáÚ
ÏäÞÑãÓá
ÉÆíÓ
|
|
Omar ne gardera pas un trop mauvais souvenir de
|
|
|
|
Samarcande ?
|
|
|
58)
|
Y as-tu des parents, des amis ?
|
|
ÁÇÞÏÕ æ
ÈÑÇÞÇ ßá
|
59)
|
Crois-tu qu'un seul homme y
|
|
ìáÚ åãÓÇ
ÏÍ ÔÞäí ä
äßããáÇ äã
äÙÊ
|
|
graverait son nom pour d'attirer des remerciements ?
|
|
ÏãÍáá
ÇÈáØ ÇåÏÍ
|
60)
|
Me permettriez-vous
|
|
áÛÔí áÇÄÓ
ÍÑØÈ íá
ÍãÓÊ áå ßáÐ
Úã æ
|
|
cependant de poser une question qui me hante l'esprit
|
|
íáÇÈ
|
|
?
|
|
|
61)
|
L'éternité entière en compagnie
d'ulémas sentencieux ?
|
|
äíÑæÞæáÇ
ÁÇãáÚáÇ
ÉÈÍÕÈ åÑÓÈ
쾇뇂
|
62)
|
Son père...n'avait-il pas
|
ÓæÄÑáÇ äã
ÓÑ ÚØÞÈ åÏåÚ
åæÈ äÔÏí ãá
|
|
inauguré son règne en tranchant une tête
abondamment enturbannée ?
|
|
ãÆÇãÚáÇ
ÉÑíÈßáÇ
|
63)
|
A-t-elle été introduite par un
|
|
ãÑÊÍí äÈ
ßÓãÊáÇ ÏíÏÔ
áåÇÚ ÇåáÎÏ
áå
|
|
monarque trop soucieux de sa respectabilité? par un
visiteur particulièrement méfiant ?
|
|
ÑÐÍáÇ
ÏíÏÔ ÑÆÇÒ ã
|
64)
|
Est-ce la pauvreté qui m'a conduite vers toi ?
|
|
ßíáÅ
íäÏÇÞ íÐáÇ ??
ÑÞáÇ äæßí
|
65)
|
Serait-ce pour lui qu'elle aussi tremble ?
|
|
åáÌ äã ÇÖí
?? ÇåÇÌÊÑÇ
äæßí
|
66)
|
Aurais-tu oublié le proverbe
|
ÑÍÈáá
Óíá " : ÑæËãáÇ
áæÞáÇ ÊíÓä
ÏÞ äæßÊ
|
|
qui dit : « La mer ne connaît
|
"
|
ÁÇÞÏÕ äã
ØÞ Ñíãáá áÇ
æ äÇÑíÌ äã
ØÞ
|
|
point de voisins, le prince ne connaît point d'amis
»?
|
|
|
67)
|
Belle comme cette poétesse ?
|
|
ÉÑÚÇÔáÇ
åÐåß ÁÇäÓÍ
|
68)
|
L'erreur si je dis que depuis la
|
|
ÇåÑÚí ÏÍ
äã Çã åäÅ ÊáÞ
ÇÐÅ ÇÆØÎã
äæß
|
|
mort d'Ibn-Sina nul ne les connaît mieux que toi ?
|
|
ßäã ÇÑíÎ
ÇäíÓ äÈÇ ÉÇæ
Ðäã
|
69)
|
Ne souhaite-t-on pas
|
|
ãÇíÕáÇ
ÁÇÖÞäÇ
ÉÏÇÚáÇ í
ÓÇäáÇ íäãÊí
áÇ
|
|
110
|
d'habitude que le jeûne s'achève, que vienne le jour
de la fête ?
|
ÏíÚáÇ ãæí
ãæÏÞæ
|
70)
|
Est-ce d'avoir tant pensé à cette femme qu'il
croit maintenant l'entendre ?
|
ØÑá
ÉÑãáÇ åÐå
ÊæÕ ÚÇãÓ
ãåæÊ ÏÞ äæßí
Çåí Ñß Çã
|
71)
|
As-tu encore ton voile ?
|
ßÈÇÞäÈ
äíÙÊÍÊ ÊáÒ
Çã
|
72)
|
Les cuisses d'une vierge, est-
|
íÐáÇ
ÏíÍæáÇ
ìãÍáÇ Çãå
ÁÇÑÐÚ ÇÐÎ
äæßí
|
|
ce là le seul territoire pour lequel il est encore
prêt à se battre ?
|
.åáÌ äã
áÇÊÞáá
ÇÏÚÊÓã áÇÒí
áÇ
|
73)
|
Sa disparition sans enfants
|
ÞÇÑÛÅ ìáÅ
ÈÞÚ ÑíÛ äã
åÏÞ íÏÄí äá
ìÑÊ
|
|
n'allait-elle pas plonger l'Orient musulman dans l'anarchie ?
|
ìÖæáÇ í
íãáÇÓáÅÇ
ÞÑÔáÇ
|
74)
|
Fuir trahir déjà attendre
|
äæáíØí
ÉäÇíÎáÇ
äæáÌÚÊÓí
äæÑí
|
|
encore, prier ?
|
äæÚÏíæ
äæáÕí
ÑÇÙäáÇ
|
75)
|
Est-ce un traitement à infliger à celui qui s'est
battu comme un homme ?
|
áÇÌÑáÇ
áÇÊÞ ?ÊÇÞ äã
ÇåÈ áãÇÚí
ÉáãÇÚã åÐå
|
76)
|
As-tu vu tous ces
|
åÈ äæØíÍí
äíÐáÇ
äíäæÇÚãáÇ
ßÆáæ ?? ÊíÑ
|
|
collaborateurs qui l'entourent ?
|
|
77)
|
Suis-je si bavard d'habitude ?
|
ÉÏÇÚáÇ í
ÑÇÐåã Çä
|
78)
|
Lui en as-tu parlé depuis ?
|
ßÇÐã
ÑãáÇÈ
ÇåÊÍÊÇ ??
|
79)
|
Mais admets-tu au moins que
|
ÉÑãáÇ åÐå
äæßÊ ä áÞáÇ
ìáÚ áÈÞÊ ??
äßáæ
|
|
cette femme serait incapable d'envisager d'autre vie que celle
de la cour ?
|
ÑÕÞáÇ
ÉÇíÍ ÑíÛ
ÉÇíÍ ÉåÌÇæã
äÚ ÉÒÌÇÚ
|
80)
|
Admets-tu que, pour toi, la vie
|
áÇ ÉåíÑß
ßÏäÚ ØáÇÈáÇ
ÉÇíÍ ä ìáÚ
ÞÇæÊ
|
|
de cour est haïssable, insupportable, et que tu n'y
resteras pas un instant de plus qu'il ne faut ?
|
ÑËß ÉÏÍÇæ
ÉÙÍá Çåí
ãíÞÊ áÇ ßäæ
ÞÇØÊ
íÛÈäí
Çãã
|
81)
|
Khayyam devrait être comblé-
|
í ?? -ÑãÚ
ÉÍÑáÇ ÑãÛÊ ä
íÛÈäí äÇß
|
|
un amant peut-il espérer plus tendre agression ?
|
ãæÌåáÇ
ÇÐå äã ÞÑÇ
æÌÑí ä ÞÔÇÚ
ÚÓæ
|
82)
|
C'est ce livre, n'est-ce pas ?
|
ßáÐß Óíá
ÈÇÊßáÇ ÇÐå
|
83)
|
Des poèmes interdits et
|
Óä íÓä ??
ÉíÞæØÑåæ
ÉãÑÍã
ÏÆÇÕÞ
|
|
|
hérétiques ? Ai-je l'âme d'un
|
" ìæÓ ÊÓíá
ÏÆÇÕÞáÇ åÐå
äÅ ( ÑãÊã
|
|
comploteur ? (Ce ne sont que
|
ÉÇíÍáÇ
áÇãÌæ ÑãÎáÇ
äÚ "ÊÇíÚÇÈÑ
|
|
des robaïyat sur le vin, sur la
|
).ÇåÑæÑÛæ
|
111
|
beauté de la vie et sa vanité )
|
|
84)
|
Toi, des robaïyat ?
|
"ÊÇíÚÇÈÑ "
ÈÊßÊ Êä
|
85)
|
Pourrais-tu m'en lire quelques vers ?
|
悒釂
ÖÚÈ íá ÑÞÊ ä
ßá ??
|
86)
|
« le cadi m'a-t-il ouvert les yeux sur la
vérité, ou bien m'a-t-il seulement voilé le bonheur ?
» songe Khayyam.
|
ÏÞ íÖÇÞáÇ
äæßí
":áÇÆÇÓÊã
ãÇíÎáÇ
ÑßÊæ
íäÚ ÈÌÍ
åÇÑÊ ã
ÉÞíÞÍáÇÈ
íäÑÕÈ
"ØÞ
ÉÏÇÚÓáÇ
|
87)
|
Ne pourrais-tu rester chez ta cousine à Samarcande ?
|
í ßÊÈíÑÞ
ÏäÚ ÁÇÞÈáÇ
ßÑæÏÞã í
Óíá
ÏäÞÑãÓ
|
88)
|
Ne voudrais-tu pas partager ma vie ?
|
íÔíÚ
íÊÑØÇÔã í
äíÈÑÛÊ áÇ
|
89)
|
Partager ta vie ? (Il n'y a rien à partager !)
|
)!åÇíÅ
ßÑØÇÔ Çã
ßÇäå
|
|
|
90)Regarde-moi,
Omar, une dernière fois ! Souviens-toi, je suis ton
amante, tu m'as aimé, je t'ai aimé. Me reconnais-tu encore ?
|
íä ÑßÐÊ !
ÉÑíÎ ÉÑÙä
ÑãÚ Çí íá
ÑÙäÇ
ÊáÒ Çã .
ßÊÈÈÍ íäæ
íäÊÈÈÍ ßäæ
ßÊáíáÎ
íäÑÚÊ
|
91)
|
Vraiment pas le moindre coin pour étendre ma natte
jusqu'à l'aube ?
|
íÑíÕÍ
Çåí ÔÑÇ ÇÞÍ
ÉíæÇÒ äã
Óíá
ÑÌáÇ ìÊÍ
|
92)
|
Ne devrait-il pas à son tour, l'instant de surprise
passé, refermer ses bras sur la taille de sa bien-aimée, la
serrer, presser sur son corps toute la souffrance de l'éloignement,
toute la chaleur des retrouvailles ?
|
äÅ ÉÌÇãáÇ
ÉÙÍá ÊÖÞäÇ
ÏÞæ åíáÚ äÇß
Çã åÊÈ æÈÍã
ãÇæÞ áæÍ
åíÏí åÑæÏÈ
ãÖí ÈÇÐÚ ??
ÇåÏÓÌ ìáÚ
ØÛÖíæ
ÇåÑÕåíæ
ÁÇÞááÇ ÁÏ
áßæ ÉÞÑáÇ
|
|
L'interrogation indirecte partielle
93)
|
Ils racontent comment, à
|
ÚíãÌ
|
í åÑËÂãÈ
äæåæäí
ÁÇÈØÎáÇ ÐÎæ
|
|
l'heure de la bataille, il s'est
|
ÉÚÇÓ
|
ìÏÊÑÇ íß
äæÑíæ
ÏÌÇÓãáÇ
í
|
|
revêtu d'un linceul blanc et s'est parfumé aux
aromates
|
ÈæíØÈ
ÎãÖÊæ ÖíÈÇ
Çäß
ÉßÑÚãáÇ
|
|
des embaumeurs, comment il a
|
|
åäÇÕÍ ?íÐ
åÏíÈ ÏÞÚæ
äíØäÍãáÇ
|
|
noué de sa propre main la
|
ÓæÑáÇ
|
äíÇÔßáÇ
ÉÌÇã äã äßãÊ
íßæ
|
|
queue de son cheval ,
|
ÇÑØ ÏäÚ
äííØäÒíÈáÇ
äã
äíáÓÑãáÇ
|
112
|
comment il a pu surprendre,
|
íß äßáæ
ãåæä ÚÏÌ íßæ
åÑßÓÚã
|
|
aux abords de son camp, les éclaireurs russes
dépêchés par les Byzantins,
comment il leur a fait trancher le nez, mais comment, aussi, il a
rendu la liberté au basileus prisonnier.
|
.äíÌÓáÇ
ÑÕíÞáÇ
ÍÇÑÓ ÇÖí
ÞáØ
|
94)
|
Peux-tu me dire si, en
|
|
áæÞÊ ä
ßÊÚÇØÊÓÇ
|
í ??
|
|
introduisant des pièces d'or
|
äÅ åãÇíÕ
|
ÏÓí ÑãÚ
»ÉÌæÎáÇ »
äÇß
|
äÅ íá
|
|
dans sa bouche, et en les retirant aussitôt,
khwajé Omar rompt le jeune ?
|
ÇåÈÍÓ
ìáÅ
|
ÑÏÇÈ ãË åã
í ÈåÐáÇ ÚØÞ
áÎÏ
|
95)
|
Saurais-tu pourquoi il est à
|
|
ÏäÞÑãÓ í ??
ÇÐÇãá
|
ÑÚÊ
|
|
Samarcand ?
|
|
|
|
96)
|
Sais-tu ce qui me fascine dans les sciences ?
|
|
ãæáÚáÇ í
íäÔåÏí Çã
|
íÑÏÊ
|
|
L'interrogation indirecte totale
97)
|
Il regrette de l'avoir laissé
|
ÇÐÅ ÇãÚ
áÁÇÓÊíæ
ãáßÊí åßÑÊ
åä ìáÚ ãÏÇä
æå
|
|
parler et se demande si ses
|
åÚã ÍáÇÕ
áÇ áßÔÈ ÊÑßÚ
ÏÞ åÊÇãáß
äßÊ ãá
|
|
propos n'ont pas troublé irrémédiablement
le regard qu'il pose sur son amante.
|
.åÊÞíÔÚ
ìáÅ ÇåÈ ÑÙäí
íÊáÇ
ÉÑÙäáÇ
|
98)
|
Ce ne sont pas seulement tes
|
ìáÅ ã äã
ÉáÞÇäÊãáÇ ??
ÇåÏÍæ ßÑËÂã
ÊÓíá
|
|
exploits qui se transmettent
|
äã ÇÑíËß
ßíáÅ äæÈÓäí
ÓÇäáÇ ÑÎÂ
|
|
de bouche en bouche, de bien curieux quatrains te sont
attribués.
|
.ÉÈíÑÛáÇ
ÊÇíÚÇÈÑáÇ
|
99)
|
On t'a entendu dire : « je me
|
ÏÌÇÓãáÇ
ìáÅ ÇäÇíÍ
ÈåÐ " : áæÞÊ
ÊÚãÓ ÏÞá
|
|
|
rend parfois dans les
|
" ãæäáá
ÊÇæã áÙáÇ
ËíÍ
|
|
mosquées où l'ombre est propice au sommeil.
»
|
|
100
|
On m'a rapporté des paroles
|
ÇåÊÑßÐ æá
ÑßáÇ äã áÇæÞ
íáÅ Êíãä ÏÞ
|
|
d'une telle impiété que de les citer, je me
sentirais aussi coupable que celui qui les a proférés.
|
. ÇåáÆÇÞ
ÈäÐ áËÇãí
íÈäÐ äÈ
ÊÑÚÔá
|
113
BIBILIOGRAPHIE
-ANNA, J. 1990. La Lecture Pragmatique. Paris, Hachette.
240 p. -ANSCOMBRE, J.C. et O. Ducrot., 1981. « Interrogation et
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Seuil. 183 p. -AYOUB, G., 1981. Structure de la Phrase en Arabe
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426 p.
114
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Paris, Hachette.350p -CHAIRET, M., 1996. Fonctionnement du Système
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Devoir : marqueur modal ou évidentiel ? »,in Langue
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l'Université d'Ottawa. 408 p.
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115
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de linguistique française. Syntaxe. Paris, Larousse. 296
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français. Paris, Larousse. 266 p.
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française. Paris, Nathan. 192 p.
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simple en arabe écrit. Paris, P. Geuthner. 232 p.
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Langue française. Paris, Larousse. 120 p.
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translation problem ». in Word, N° 2. 208 p.
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philosophie de langage. Paris Herman, Collection savoir. 261 p.
INDEX
A
accomplie 108, 109
acte 16, 47, 72, 75, 77, 78, 79, 80, 87
adverbiaux 61, 66, 68, 79, 95, 96, 97, 98
analyse 11, 12, 71, 72, 84, 85, 87, 89, 98, 100, 104, 105,
108, 110, 114, 115
arabe 1, 4, 7, 8, 11, 12, 13, 14, 54, 55, 56, 58, 59, 61,
62, 63, 66, 70, 71, 77, 79, 80, 81, 87, 89, 91, 93, 94,
95, 97, 98, 99, 100, 101, 102, 103, 105, 106, 107,
108, 109, 111, 112, 113, 115, 117, 118, 119, 121, 122, 125,
126, 127, 128, 129, 143, 144, 145, 146
aspect 9, 56, 57, 77, 87, 89, 102, 105, 106, 107, 108,
109, 110,
C
communicatif 10
communication
|
|
|
10,
|
14,
|
15, 47,
|
49, 75, 85, 88
|
comparative
|
|
|
|
|
|
|
11, 127
|
compétence
|
|
|
|
|
|
|
10
|
contrastive
|
|
|
|
|
8,
|
11,
|
13, 81, 98, 127
|
convergences
|
|
|
|
|
|
|
11, 127
|
corpus . 12, 13, 89,
|
90,
|
91,
|
92,
|
93,
|
95,
|
99,
|
104, 105, 107,
|
114
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
D
|
|
|
|
|
directe 6, 7, 13,
|
17,
|
18,
|
27,
|
28,
|
29,
|
30,
|
31, 39, 41, 45,
|
52, 54, 55, 58, 59, 60,
|
70,
|
79,
|
89,
|
91, 94, 101, 102,
|
112
|
|
|
|
|
divergences
|
11,
|
14,
|
53,
|
105, 111, 112, 113
|
117
-SEARL, J, R., 1969. Speech Acts: An Essay in the Philosophy
of Language. Cambridge, England. Cambridge University press. 212 p.
-SKUPIEN DEKENS, C., 2009, Traduire pour le peuple de dieu : La syntaxe
française dans la traduction de la bible. Genève, Librairie
Drol. 388 p.
-TAIFI. M., 2000. Sémantique linguistique,
Références, prédication et modalité, SFR.
Publication de la faculté de Fes. Maroc. 298 p. -TESNIERE, L.,
1988. Eléments de syntaxe structurale. Paris, Klincksieck. 674
p.
lexique 76, 79, 88,
linguiste
linguistique . 2, 10, 11, 13, 27, 46, 47,
82, 83, 84, 86, 87, 110, 113, 118 locuteur .... 14, 15, 16,
20, 34, 35, 37,
71, 72, 79, 80, 109,
103,
|
113, 115,
|
118
|
|
|
|
|
13
|
50,
|
75,
|
76,
|
80,
|
81,
|
47,
|
49,
|
50,
|
51,
|
70,
|
M
modalité .... 8, 21, 48, 50, 54, 66, 71, 75, 76, 78,
80, 115, 114
morphosyntaxique 13, 53
mot 17, 19, 21, 28, 35, 37, 38, 61, 63, 65, 84,
N
nom 18, 20, 39, 40, 41, 52, 86, 117, 117, 118, 119
P
particules 24, 61, 70, 80
partielle . 7, 13, 17, 20, 21, 27, 28, 29, 33, 37, 38, 43,
44,
46, 48, 53, 54, 59, 60, 62, 79, 89, 90, 91, 92, 102,
pédagogique 47,
performance 10
performatifs 72, 75, 80,
point 6, 16, 17, 20, 28, 31, 34, 35, 36, 40, 42, 45, 53, 54,
55, 71, 79, 83, 94, 101, 106, 110, 104
pragmatique9, 11, 13, 14, 16, 53, 73, 80, 98, 98, 98, 99, 100,
100, 100, 101, 101
pronominaux 61, 66, 67, 79, 95, 96, 97, 98, 111
pronoms
.... 6, 7, 9, 11, 19, 24, 25, 40, 41, 53, 57, 62, 66,
79, 86, 89, 95, 96, 97, 99, 104,
Q
qualité 21, 24, 74, 129
question 7, 10, 14, 15, 16, 25, 27, 28, 31, 33, 34, 39, 46,
47, 48, 49, 52, 53, 59, 60, 62, 68, 71, 73, 75, 83, 86,
87, 89, 91, 92, 100, 101, 102, 102, 104, 104
questionné 15, 49, 61, 104
questionneur 15, 49
S
Samarcande .. 1, 8, 12, 17, 19, 20, 21, 32, 33, 34, 37,
38,
71, 89, 89, 90, 90, 91, 91, 91,92, 94, 94, 95, 100
sémantique 7, 8, 9, 11, 13, 14, 16, 46, 48, 53, 55, 71,
73, 75, 76, 82, 84, 86, 87,88, 104
sens 13, 14, 15, 16, 30, 46, 49, 50, 61, 64, 67, 82,
84,
86, 87, 110, 112,
solécisme 106,
source 82, 84, 88, 89, 93, 95, 100, 101, 105, 107,
structure10, 13, 14, 45, 54, 76, 77, 84, 87, 93, 102, 105,
112, 118, 118
syntaxe 17, 20, 30, 46, 51, 84, 86, 87, 88,
106,
syntaxique 8, 11, 76, 77, 87, 95, 102, 105, 111, 112,
119, 119, 118
118
E
énoncé 11, 17, 27, 28, 34, 36, 37, 38, 43, 44, 46,
48, 51,
52, 53, 59, 67, 71, 72, 73, 74, 75, 77, 78, 79, 82, 95, 115,
énonciation 16, 72, 79, 144, 145
expression 36, 74, 79, 114, 115
expressivité 78, 79
F
français ..1, 11, 13, 14, 16, 17, 27, 45, 50, 58, 77, 87,
88, 89, 93, 95, 96, 98, 99, 100, 101, 102, 103, 105, 106, 107, 108, 109, 111,
112, 113, 114, 116, 118, 119,119
française 8, 10, 12, 13, 20, 27, 30, 46, 51, 52, 54, 59,
66,
79, 80, 81, 83, 84, 94, 95, 97, 98, 99, 100, 102, 103,
106, 107, 111, 112, 113, 116, 116,
G
grammaire 17, 20, 48, 61, 62, 76, 89, 111, 112,
I
illocutoire 16, 46, 50, 53, 73, 74, 75, 76
inaccompli 9, 56, 77, 102, 106, 107, 108, 110
indirecte ..6, 7, 13, 16, 17, 27, 28, 29, 30, 31, 32, 39, 41,
45, 52, 54, 55, 56, 58, 59, 60, 63, 66, 70, 79, 89, 91, 92,
94, 102
inférence 46, 50, 53, 73, 75, 80, 120, 123
interférences 82, 105, 112, 128
interrogatifs ... 6, 7, 8, 16, 29, 30, 39, 40, 41, 42, 53, 54,
59, 61, 62, 63, 65, 66, 67, 68, 71, 72, 73, 75, 76, 77,
78, 79, 89, 95, 96, 97, 98, 111
interrogation .... 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 15, 16, 17, 18,
19, 20, 21, 22, 24, 25, 27, 28, 29, 30, 31, 32, 33, 34, 35, 36, 37, 38, 39, 40,
41, 42, 43, 44, 45, 46, 48, 49, 50, 51, 52, 53, 54, 55, 58, 59, 60, 62, 63, 66,
70, 71, 77, 79, 81, 87, 89, 90, 91, 92, 93, 94, 95,?96, 97, 98, 99, 101, 102,
103, 106, 107, 109, 110, 111, 114, 115
interrogative 6, 7, 14, 15, 16, 17, 27, 28, 30, 31, 32, 33, 34,
35, 36, 37, 38, 40, 41, 42, 43, 45, 46, 51, 53, 54, 55, 58, 60, 62, 63, 66, 67,
70, 72, 76, 77, 94, 95, 99, 101, 102, 112, 115
intonation .. 6, 17, 18, 28, 34, 37, 38, 40, 44, 45, 46, 53,
54, 66, 72
introducteurs .... 6, 7, 30, 39, 53, 66, 79, 95, 97, 98, 123
inversion... 17, 18, 22, 24, 25, 26, 28, 30, 31, 38, 44, 45,
48, 50, 51, 89, 95, 96, 97, 98, 106, 111
L
langage 16, 30, 75, 76, 79, 87, 88,
langagière 10
langue . 4, 7, 8, 10, 12, 13, 14, 17, 30, 31, 32, 37, 39, 44, 52,
53, 54, 55, 56, 58, 59, 66, 71, 77, 79, 80, 82, 84, 85, 87, 88, 93, 94, 95, 97,
98, 100, 101, 102, 103, 105, 106, 107, 108, 111, 112, 113,
lexical 9, 112, 114, 115,
lexicologique 13
119
T
|
|
U
|
|
|
|
|
|
|
totale . 6, 7, 13, 17, 18, 19, 20, 27, 28, 29, 37, 42, 43,
44,
46, 48, 53, 54, 59, 60, 62, 79, 87, 89, 90, 91, 92, 102, 104
|
universaux
|
8,
V
|
83,
|
84,
|
85,
|
86,
|
87,
|
88
|
traducteur 12, 14, 82, 85, 87, 93, 95, 98, 100, 101
|
|
|
|
|
|
|
|
|
traduction8, 9, 10, 11, 12, 13, 81, 82, 83, 84, 85, 87, 88,
|
verbe 5, 18, 19,
|
20, 22, 23, 24,
|
25,
|
26,
|
28,
|
30,
|
31,
|
42,
|
89, 93, 95, 100, 100, 104, 104
traductive 11, 103
traductologique 2, 103
|
44, 45, 55, 56,
110, 100, 100,
|
57, 58, 60, 61, 71,
101, 101, 103
|
72, 75, 77, 78, 86,
|