CHAPITRE I. CADRE MÉTHODOLOGIQUE
La question de l'utilisation du téléphone
portable par les élèves revêt pour nous un caractère
suffisamment complexe. Pour mieux l'appréhender à travers notre
étude, nous avons croisé deux méthodes de recherche
à savoir : l'approche quantitative et l'approche qualitative. Ainsi,
nous avons élaboré des questionnaires écrits, un guide
d'entretien et une grille d'observation.
I.1. Le champ d'étude
Pour notre étude nous avons retenu la commune de
Banfora, chef-lieu de la province de la Comoé dans la région des
Cascades. Banfora est située à environ 85 km de Bobo-Dioulasso,
la capitale économique et à 450 km de Ouagadougou la capitale
politique. Elle est subdivisée en 15 secteurs.
A la faveur de la communalisation intégrale survenue en
2006, la commune de Banfora englobe aujourd'hui les limites du
département en intégrant 22 villages.
Au niveau de l'offre éducative, la commune de Banfora
compte au post-primaire et au secondaire quinze (15) établissements
d'enseignement général dont sept (07) publics et huit (08)
privés, et deux (02) établissements d'enseignement technique
privés (voir tableau1 ci-dessous).
Tableau 3 : répartition des
établissements concernés par l'étude selon leur statut.
|
Etablissements
|
Publics
|
Privés
|
Total
|
Enseignement général
|
07
|
08
|
15
|
Enseignement technique
|
00
|
02
|
02
|
TOTAL
|
07
|
10
|
17
|
Source : service des statistiques de la DRESS-Ca
2011
Les établissements d'enseignement post-primaire et
secondaire de Banfora accueillent en sixième et en seconde, en plus des
élèves de la commune, ceux admis en seconde des CEG de certains
départements de la province. On y dénombre aujourd'hui dix mille
cinq cent quatre-vingt-cinq (10585) élèves dont quatre mille sept
cent quarante et un mille (4741) filles et cinq mille huit cent quarante-quatre
(5844) garçons avec un âge compris entre 11 et 26 ans (Source :
Service des statistiques de la DRESS-Ca 2011).
51
C'est une population scolaire suffisamment importante qui peut
servir de base fiable à notre étude.
Par ailleurs, l'une des raisons qui n'est pas des moindres est
le fait que notre famille y réside toujours. Cela nous a beaucoup
facilité notre travail de recherche.
I.2. La population cible
L'étude sur la question de l'utilisation du
téléphone portable par les élèves ne saurait
être menée pour aboutir à des résultats suffisamment
intéressants sans une certaine catégorie d'acteurs du
système éducatif. C'est pourquoi, nous nous sommes
intéressés aux élèves qui sont tout autant victimes
que responsables des effets indésirables du téléphone
portable; aux personnels d'éducation (ASSE, ATTE, CE et
autres46) qui sont l'interface entre les parents
d'élèves et l'administration scolaire, c'est aussi eux qui
gèrent au quotidien les problèmes de discipline; les enseignants
qui sont toujours en contact avec les élèves; et les parents
d'élèves qui sont censés poser les premiers jalons d'une
éducation réussie. Nous nous sommes intéressé
également aux responsables des établissements (proviseurs,
directeurs, censeurs) et à trois (03) cadres en service dans la commune
de Banfora.
I.3. L'échantillonnage
L'échantillonnage a eu pour but de cibler davantage les
personnes à enquêter. Il a concerné tous les
établissements d'enseignement post-primaire et secondaire de la commune
de Banfora et des villages rattachés de Siniéna et
Tengréla, sauf celui de Diarabakoko qui a ouvert ses portes en cours
d'année et ne compte qu'une classe de sixième. Il n'avait pas
encore été fondé lorsque nous menions la
pré-enquête ; donc il n'a pas été pris en compte
dans notre étude.
L'échantillonnage s'est fait plus ou moins en fonction
de la taille de chacun d'eux. Ainsi, un total de trois cents (300)
élèves ont été retenus sur une population totale
estimée à dix mille cinq cent quatre-vingt-cinq (10585)
élèves.
Quant aux éducateurs, trente (30) ont été
ciblés par un questionnaire écrit à eux adressé. Le
nombre d'enseignants ayant pris part à l'enquête est estimé
à quarante-cinq (45), soit une moyenne de trois (03) permanents par
établissement afin d'éviter une double participation à
l'enquête. En ce qui concerne les parents enquêtés, ils sont
estimés à cent
46 Autres : les enseignants à la retraite et
les autres personnels titulaires du BEPC recrutés comme surveillants
essentiellement dans certains établissements privés
d'enseignement post-primaire et secondaire.
52
(100), choisis de façon aléatoire au sein de
quelques établissements par l'intermédiaire des
élèves, des éducateurs et nous-même.
Pour réaliser nos entretiens, nous avons
rencontré le proviseur ou le censeur dans les lycées, et le
directeur dans les collèges. Ainsi, nous avons treize (13) chefs
d'établissement et deux (02) censeurs. Signalons que deux chefs
d'établissement assurent la direction de deux autres
établissements.
Le tableau suivant dresse la répartition des
échantillons retenus par établissement au niveau des
élèves, des éducateurs, des enseignants, des censeurs et
chefs d'établissement.
Tableau 4 : Répartition des
échantillons retenus par établissement
Etablissements
|
Elèves
|
Educateurs
|
Enseignants
|
CE47/Censeurs
|
Total
|
LMHFG
|
40
|
05
|
06
|
01
|
52
|
LMJT
|
35
|
04
|
06
|
01
|
46
|
LPLK
|
35
|
04
|
06
|
01
|
46
|
CEG/Siniéna
|
16
|
01
|
02
|
01
|
20
|
CEG/Tarfila
|
16
|
01
|
02
|
01
|
20
|
CEG/Tengréla
|
16
|
01
|
02
|
01
|
20
|
ELOQ48
|
16
|
03
|
03
|
01
|
23
|
LPIH
|
16
|
01
|
02
|
01
|
20
|
CPSA
|
16
|
02
|
03
|
01
|
22
|
ISCB
|
16
|
02
|
02
|
01
|
21
|
LPME
|
15
|
01
|
02
|
01
|
19
|
GSPB
|
16
|
02
|
02
|
01
|
21
|
CSFO
|
16
|
01
|
02
|
01
|
20
|
CST
|
16
|
01
|
03
|
01
|
21
|
CMTC
|
15
|
01
|
02
|
01
|
19
|
Total
|
300
|
30
|
45
|
15
|
390
|
Trois (03) cadres ont également été
sollicités pour un entretien. Ce sont : une chef de service à la
Direction Régionale des Enseignements Secondaire et Supérieur des
Cascades (DRESS-Ca), un chef de service de Telmob et un responsable d'ONG qui a
pour mission de promouvoir les droits de l'enfant dans les régions des
Cascades et du Sud-ouest.
47 Chefs d'établissement
48 Etablissements Louis Querbes (ELOQ) regroupent le
collège Louis Querbes et le lycée technique Louis Querbes
53
Au total, ce sont donc quatre cent quatre-vingt-treize (493)
participants qui ont été retenus dans la population cible pour
notre étude comme l'indique le tableau ci-dessous.
Tableau 5 : récapitulatif des
échantillons retenus pour l'étude
Catégories de participants
|
Parents
|
Elèves
|
Educateurs
|
Enseignants
|
CE/Censeurs
|
Chefs de service
|
Total
|
100
|
300
|
30
|
45
|
15
|
03
|
493
|
I.4. La méthode de collecte de données
I.4.1. La pré-enquête
La pré-enquête nous a permis de juger de la
pertinence de notre sujet. En effet, à partir de la fiche de collecte de
données que nous avons élaborée et adressée
à tous les établissements d'enseignement post-primaire et
secondaire les données recueillies nous ont permis d'avoir une
idée nette sur la population scolaire des lycée et
collèges, et le pourcentage de cette même population qui
détient un téléphone portable au premier et au second
cycle (voir tableaux 1 & 2).
Par ailleurs, tous les chefs d'établissement et autres
éducateurs que nous avons rencontrés à cette occasion nous
ont fait part de leurs préoccupations par rapport à la
problématique abordée.
I.4.2. Les instruments de collecte
En fonction de la problématique de notre étude,
l'association des approches quantitative et qualitative nous a paru
nécessaire pour mener à bien notre étude.
La première approche nous a amené à
travers un questionnaire composé de questions ouvertes et fermées
à obtenir une variété de réponses et un maximum de
données.
La seconde nous a permis, à travers le guide
d'entretien que nous avons élaboré, de réaliser des
entretiens avec dix-huit (18) participants. Cette méthode a
assuré à l'enquêté la libre expression par rapport
à chacune des thématiques abordées. Nous avons
également élaboré une grille d'observation qui nous a
permis d'observer les comportements des élèves dans un certains
nombre d'établissements d'enseignement post-primaire et secondaire.
Au total, nous avons utilisé trois outils (le
questionnaire écrit, le guide d'entretien et la grille d'observation)
afin d'obtenir le maximum d'informations.
54
I.4.2.1. Le questionnaire écrit
Cet instrument de collecte, à travers le
caractère anonyme que nous lui avons donné avec des questions
ouvertes et fermées, nous a permis d'enquêter plusieurs
participants à la fois et de mettre à contribution certains
éducateurs pour son administration. Des élèves ont
également été sollicités pour aller les remettre
à leurs parents.
Le questionnaire a abordé quatre principaux
thèmes. Ce sont : l'importance du téléphone portable pour
les élèves, son utilisation, la réglementation en vigueur
dans les établissements, et les suggestions pour envisager une autre
approche de son utilisation en milieu scolaire.
Il a été individuellement et librement rempli
par les participants. Cependant, il a fallu quelques éclaircissements et
quelques explications aux élèves du premier cycle pour leur
permettre de mieux comprendre ce qui leur a été demandé
afin de répondre objectivement et sans crainte. Il en a
été de même pour quelques parents d'élèves
(commerçants, menuisiers, maçons, dépanneurs de radio,
mécaniciens, ouvriers, ...) pas suffisamment instruits et à qui,
des traductions en langue dioula ont été souvent
nécessaires.
I.4.2.2. L'entretien
L'entretien que nous avons voulu semi-directif nous a paru
nécessaire, car il nous a permis de recueillir d'importantes
informations auprès des chefs d'établissement, des censeurs et de
trois chefs de service. Au total, nous avons réalisé dix-huit
entretiens dont treize ont été enregistrés et cinq
transcrits.
Ils ont tous porté sur l'importance du
téléphone portable en milieu scolaire, la nécessité
pour les élèves de l'avoir à l'école, son
utilisation par les élèves et ses conséquences en milieu
scolaire. Pour clore chaque entretien, le participant interviewé a
été invité à faire des suggestions.
I.4.2.3. L'observation directe
Malgré l'interdiction de l'utilisation du
téléphone portable que les établissements tentent de faire
respecter, force est de reconnaître que le phénomène
perdure et même s'accentue. Pour nous en convaincre, nous avons
effectué, avec l'autorisation des chefs d'établissement, des
temps d'observation directe dans trois établissements de la commune
urbaine : le Collège Sainte Thérèse, les Etablissements
Louis Querbes et le Lycée Municipal Héma Fadouah Gniambia.
55
D'abord, au Collège Sainte Thérèse, nous
sommes resté aux alentours du terrain de sport de huit heures à
dix heures pour observer surtout l'attitude des dispensées. A l'heure de
la recréation, nous sommes resté à côté de la
place du "petit marché". De onze heures cinquante-cinq à douze
heures quinze minutes, nous nous sommes posté à quelques
mètres de la grande porte pour assister à la sortie des
élèves pour la maison. De cette position, nous avons pu observer
un certain nombre de comportements des jeunes filles avec leur portable. Au
total, nous avons passé environ deux heures trente minutes dans cet
établissement.
Ensuite, notre deuxième sortie s'est effectuée
dans les Etablissements Louis Querbes. Là-bas, dès six heures
trente minutes, période où l'on assiste à l'arrivée
massive des élèves, nous avons également observé le
comportement des élèves ponctuels avec leur portable.
Après la fermeture du portail qui intervient à six heures
cinquante-cinq, obligation est faite aux retardataires d'attendre une certaine
heure avant d'accéder à l'intérieur de
l'établissement. Aussi, de la guérite de celui que nous croyions
être le vigile chargé du parking des engins des
élèves, nous avions une vue panoramique de
l'établissement. De cette guérite, nous n'avions aperçu
aucun élève déambuler dans la cour jusqu'à la
recréation, hormis les retardataires qui ont rejoint le bureau de
l'éducateur à sept heures trente minutes pour se faire
délivrer des billets d'entrée, ou ceux qui allaient se soulager
dans les toilettes. L'observation a duré environ trois heures
quarante-cinq minutes. Il faut signaler que le caractère excentrique de
cet établissement nous a obligé à mener l'observation d'un
seul trait.
Enfin, au Lycée Municipal Héma Fadouah Gniambia,
nous avons passé environ huit heures d'observation reparties sur deux
jours. Là-bas, nous avons pu avoir l'opportunité d'observer les
comportements des élèves au contact de leur portable. D'abord au
petit marché situé à l'extérieur du domaine
scolaire, juste en face de l'entrée principale de
l'établissement. Ensuite, dans l'enceinte de l'établissement
avant, pendant et après la recréation, et sur les terrains
d'éducation physique et sportive (EPS). Enfin, dans quelques salles de
classe, mais pendant des heures d'étude.
56
I.5. La situation du recouvrement, des entretiens et de
l'observation I.5.1. Situation de recouvrement du questionnaire
écrit
Après l'administration des questionnaires aux
différents participants, nous avons procédé au
dépouillement et nous présentons la situation du recouvrement
sous forme de tableau.
Tableau 6 : situation de recouvrement du
questionnaire écrit
Échantillons
|
Nombre déposé
|
Nombre recouvré
|
Taux de recouvrement
|
Parents
|
100
|
95
|
95%
|
Élèves
|
300
|
274
|
91,33%
|
Educateurs
|
30
|
30
|
100%
|
Enseignants
|
45
|
39
|
86,66%
|
Total
|
475
|
438
|
92,21%
|
Au niveau du recouvrement du questionnaire, la situation est la
suivante :
- sur 100 questionnaires remis aux parents 95
ont été recouvrés, soit 95%, les cinq questionnaires
manquants sont le fait de ceux qui ont égaré les leurs ;
- sur 300 questionnaires remis aux
élèves, 274 ont été recouvrés soit 91,33%. A
ce niveau, 25 questionnaires n'ont pu être retrouvés et un a
été déclassé pour n'avoir pas été
identifié ;
- sur 30 questionnaires remis aux
éducateurs, il y a eu 100% de recouvrement ;
- et sur 45 questionnaires remis aux
enseignants 39 ont été recouvrés, soit 86,66%. Nous avons
attendu en vain le retour des questionnaires remis à six enseignants.
Au total, 438 questionnaires ont été
recouvrés sur les 475 remis aux participants, soit 92,21%.
|