Université de Marne-La-Vallée
UFR d'Informatique Master Professionnel AIGEME (Application
Informatique à la Gestion aux
Etudes, au Multimédia et à
l'E-formation) Option Internet et Multimédia
(IEM) Séminaire "économie"
NATURE ET SPECIFICITES DE L'ENTREPRENEURIAT CAMEROUNAIS
Présenté par : Guy Francis ZAMBO
Sous la direction de : Jean Claude DEBEIR
A ma très chère maman Mirabelle BILO'O NDONGO
qui a toujours sût m'apporter tout ce donc j'ai eu besoin depuis mon
enfance jusqu'à ce jour et qui continue à me soutenir. Maman je
ne t'oublierais jamais et te serait à jamais reconnaissant pour tous tes
bienfaits ; je t'aime très fort.
Remerciements
Je tiens très particulièrement à
remercier la communauté francophone toute entière et en
particulier l'Agence Universitaire de la Francophonie (AUF), grâce
à qui j'ai pu avoir accès à cette formation ; je pense
également au comité de sélection de candidatures de
l'université de Marne-La-Vallée pour ma sélection à
ces deux années d'étude du Master AIGEME.
Tous mes remerciements vont également à toute
l'administration de ce même cycle de formation, en particulier M. Jean
Claude DEBEIR pour son encadrement tout au long du présent travail.
Enfin, je pense à tous les membres de ma famille,
notamment ; mon père Moïse KPWEKPWEM, M. et Mme OLE, M. et Mme
Moto, Maxime Motto, mes frères et soeurs ; mes amis : Marie
Thérèse BUSSALA,Odile MAGNE, Vianney OMBIONYO, Carine KEBEYENG ;
ainsi que tous ceux qui de près ou de loin ont participés
à l'élaboration de ce travail.
Je vous en serais éternellement reconnaissant.
Résumé
Le présent mémoire s'inscrit dans la mouvance de
l'intérêt sans cesse grandissant que l'on accorde à la
question entrepreneuriale sur le point de la recherche. Nous nous
intéressons donc de façon generale aux pays
sous-développés et au Cameroun en particulier, à travers
deux aspects de la réalité entrepreneuriale: La nature et les
spédificités.
Ainsi la confirmation apportée à certaines
hypothèse énoncées et développées ici sur la
base d'éléments de littérature et d'éléments
empiriques, issus d'une étude de terrain, notamment dans le secteur
informel. L'objet étant ici d'apporter une contribution aussi minimale
que soitelle à cette littérature entrepreneuriale qui se veut
d'être exhaustive.
Mots clés: Entrepreneuriat; Entreprise;
Entrepreneur; Secteur informel; AGR; UPI; PME; Cameroun.
Table des matières
1 Entrepreneuriat ; de quoi parlons-nous? 20
1.1 Les éléments à la base 20
1.1.1 L'entrepreneur 20
1.1.2 L'entreprise 22
1.2 La multitude de concepts rattachés 23
1.2.1 Entrepreneuriat et entrepreneurship: Similitude ou
divergence? 24
1.2.2.1 L'entrepreneuriat 24
1.2.2.2 L'entrepreneurship 24
1.2.2 L'intrapreneuriat 25
1.2.3 Créativité, invention et innovation 25
1.2.3.1 La créativité 26
1.2.3.2L'innovation et l'invention 26
2 La dynamique entrepreneuriale: Caractéristiques,
personnalité et motivations 28
2.1 Les caractéristiques typiques de l'entrepreneuriat
28
2.1.1 Le leader 28
2.1.2La vision de l'avenir 29
2.1.3 Les stratégies entrepreneuriales 29
2.2 La personnalité entrepreneuriale 29
2.2.1 .L'approche dite des caractéristiques
endogènes 30
2.2.1.1L'entrepreneur inné 31
2.2.1.2L'entrepreneur : être à
caractéristiques psychologiques uniques 31
2.2.2 L'approche dite de caractéristiques
exogène 32
2.2.2.1 L'entrepreneuriat innovateur et identificateur
d'opportunités 32
2.2.2.2 L'entrepreneur et la concrétisation des
opportunités d'affaires 33
2.2.2.3 Le leader 33
2.2.2.4 L'intrapreneuriat 34
3 Généralités sur l'entrepreneuriat
camerounais 38
3.1 L'état du milieu entrepreneurial camerounais 38
3.1.1 Histoire et évolution : du temps de l'import
substitution à la recomposition par les ajustements
économiques et politiques 39
3.1.1.1 La valorisation étatique de la substitution des
importations face à une économie de rente 39
3.1.1.1.1 La formation d'un tissu entrepreneurial
limité et inégal 40
3.1.1.1.2 Le pouvoir d'arbitrage et des alliances d'affaire
comme instrument pour la construction d'un environnement entrepreneurial sain
et équitable 42 3.1.1.2 La dynamique de la recomposition par les
ajustements structurels économiques et politiques dans
un contexte de crise économique 44
3.1.1.2.1 L'échec de la politique d'import substitution
et l'entrée en crise 45
3.1.1.2.2 La redynamisation du tissu entrepreneurial par les
ajustement réel et monétaire 46
3.1.2 La relance économique à l'heure de
l'accession à l'initiative PPTE 48
3.1.2.1 Le gouvernement camerounais en faveur de la relance
économique : le retour à la croissance 49
3.1.2.1.1 La politique budgétaire 50
3.1.2.1.2 La politique Monétaire 51
3.1.2.2 L'entrepreneuriat à la lumière de la
structure de l'économie camerounaise 51
3.1.2.2.1 Le secteur primaire à dominance
rentière 53
3.1.2.2.2 Le secteur secondaire à dominance Etatique 54
3.1.2.2.3 Un secteur des services très enclavé
55
3.2 Spécificité de l'entrepreneuriat camerounais
56
3.2.1 Spécificité de l'entrepreneuriat
camerounais : Essai de typologie 57
3.2.1.1 L'entrepreneur Camerounais : Typologie 58
3.2.1.1.1 Rappels théoriques 58
3.2.1.1.2 La classification traditionnelle 59
3.2.1.2 Typologie de l'entreprise camerounaise 61
3.2.1.2.1 Les grandes entreprises 62
3.2.1.2.2 Les petites et moyennes entreprises 63
3.2.2 La dynamique nouvelle de l'entrepreneuriat camerounais :
l'entrepreneuriat féminin 65
3.2.2.1 La place de la femme dans la société et
le milieu entrepreneurial camerounais 66
3.2.2.1.1 L'implication de la femme camerounaise au
développement 66
3.2.2.1.2 La promotion de la femme camerounaise 67
3.2.2.2 Les possibilités et les limites de
l'entrepreneuriat féminin au Cameroun 69
3.2.2.2.1 Femmes et initiatives entrepreneuriales : analyse
sectorielle 69
3.2.2.2.2 Les limites à l'action de la femme en milieu
entrepreneurial 71
4 SECTEUR INFORMEL CAMEROUNAIS 74
4.1 Le secteur informel : Approche descriptive 75
4.1.1 Comprendre le secteur informel : concept et
définition 75
4.1.1.1 Qu'est ce que le secteur informel ? 76
4.1.1.1.1 Approche en terme de taille de la structure
76
4.1.1.1.2 Approche en terme de critère d'ordre
juridique 77
4.1.1.2 Les caractéristiques du secteur informel
78
4.1.1.2.1 Les acteurs du secteur informel 78
4.1.1.2.2 Les catégories d'informel 80
4.1.2 Le rôle et la place du secteur informel dans
l'économie camerounaise 81
4.1.2.1 Le secteur informel et la création d'emploi 81
4.1.2.2 Le secteur informel et la richesse nationale du
Cameroun 82
4.2 Etude sur le secteur informel camerounais 83
4.2.1 Cadre méthodologique de l'étude :
Difficultés de terrain 84
4.2.1.1 Première étude de terrain 84
4.2.1.2 Deuxième étude de terrain 85
4.2.2 Analyse des résultats de l'étude 86
4.2.2.1 Présentation et interprétation des
données chiffrées 86
4.2.2.1.1 Caractéristiques du créateur/dirigeant
88
4.2.2.1.2 Caractéristiques de l'entreprise
informelle 90
4.2.Discutions des hypothèses 91
Liste des annexes
Annexe 1
Comparaison des profils des intervenants dans l'entreprise
innovatrice 100
Annexe 2
Modèle hiérarchique du changement 102
Annexe 3
Techniques typiques de créativité 103
Annexe 4
Les quatre paradigmes de l'entrepreneuriat et leurs liaisons
104
Annexe 5
Contribution sectorielle au PIB 105
Annexe 6
La restructuration en Afrique francophone 106
Annexe 7
Illustration de l'initiative entrepreneuriale féminine:
Extrait de biographie 107
Annexe 8
Le rapport Kenya 108
Annexe 9
CARACTERISTIQUES DU MARCHE DU TRAVAIL 119
Annexe 10
CONDITIONS D'ACTIVITE SUR LE PLAN NATIONAL 110
SIGLES ET ABREVIATIONS
- AGR: Activité génératrice
de revenu.
- ALLUCAM: Aluminium du Cameroun.
- BICEC: Banque Internationale pour le Commerce,
l'Epargne et le Crédit.
- BM: Banque Mondiale.
- CAMAIR: Cameroon Airlines.
- CAMSUCO: Cameroon Sugar Compagny.
- CAPME: Centre d'Assistance aux Petites et
Moyennes Entreprises.
- CBC: Commercial Bank of Cameroon.
- CDC: Cameroon Development Corporation.
- CDMT: Cadre de Dépenses à Moyen
Terme.
- CES: Conseil Economique et Social. -
CFC: Crédit Foncier Cameroun.
- CIMENCAM: Cimenteries du Cameroun.
- CNPS: Caisse Nationale de Prévoyance
Sociale.
- FMI: Fond Monétaire International.
- FOGAPE: Fond d'Aide et de Garantie de
Crédit aux Petites et Moyennes Entreprises. - FRPC:
Facilité de Réduction de la Pauvreté et de Croissance.
- GMP: Grands Moulins de Paris.
- HEVECAM: Hévéa du Cameroun.
- MINEF: Ministère de l'Environnement et
des Forêts.
- MINEFI: Ministère de l'Économie
et des Finances.
- ONCPB: Office National de Commercialisation
des Produits de Base. - OUA: Organisation de l'Unité
Africaine.
- PAL: Plan d'Action de Lagos.
- PAS: Programme d'Ajustement Structurel. -
PIB: Produit Intérieur Brut.
- PME: Petite et Moyenne Entreprises. -
PMI: Petite et Moyenne Industrie.
- PPTE: Pays Pauvre et Très
Endetté.
- SCB: Société Camerounaise de
Banque. - SCS: Société Camerounaise de
Sacherie.
- SNEC: Société Nationale des Eaux
du Cameroun. - SNH: Société Nationale des
Hydrocarbures.
- SNI: Société Nationale
d'Investissements.
- STPC: Société de Tannerie et
Peausserie du Cameroun.
- SONEL: Société Nationale
d'Electricité.
- SYNDUSTRICAM: Syndicat des Industries du
Cameroun.
- UDEAC: Union Douanière et Economique de
l'Afrique Centrale.
- UPI: Unité de Production Informelle.
Introduction
En titrant « Nature et spécificité de
l'entrepreneuriat Camerounais », ce mémoire de fin de
première année de Master AIGEME (Application Informatique :
Gestion, Etude, Multimédia et E-formation), nous prenons quelques
risques. Le thème ainsi défini reste en effet fort
général et pourrait couvrir a la fois une bonne partie de la
réalité entrepreneuriale au Cameroun. Le lecteur s'attendra
certainement a trouver dans le présent mémoire un ensemble de
réponses aux différents thèmes dominants de la discipline
entrepreneuriale, tel que énumères dans l'encyclopédie sur
l'état des connaissances dans le domaine, de Kent, Sexton et Vesper en
1982 ainsi que dans le tout premier colloque annuel réserve a la
recherche ( « Frontiers of Entrepreneurship research », Babson) dans
cette discipline alors qu'encore considérée de nouvelle ; ou
même encore une argumentation sur tel ou tel aspect des comportements
stratégiques d'entreprises, voir un historique de la question
entrepreneuriale1. Nous l'en avertissons d'emblée : Le
présent mémoire traitera fort peu, pour ne pas dire pas du tout
de ces matières.
Avant cependant de préciser les objectifs et le contenu
de ce mémoire, il nous semble opportun d'aborder sommairement le
contexte environnemental sociopolitique, économique et conceptuel dans
lequel il s'inscrit ainsi qu'une présentation des concepts
opératoires liés au présent thème.
L'environnement d'étude
La république du Cameroun est un Etat de près de
vingt millions d'habitants repartis sur dix provinces donc 80% francophone et
20% anglophone ; il présente en effet une double singularité due,
d'une part à sa situation géographique(il occupe une position
stratégique particulière à la charnière entre
l'Afrique occidentale et l'Afrique centrale, mais aussi entre le monde
soudanais au nord et le monde bantou au sud) et d'autre part son
histoire(Colonie allemande de 1884 à 1918, il a été
placé sous mandat de la Société des Nations (puis sous
tutelle par l'Organisation des Nations unies à partir de 1946),
administré par le Royaume-Uni pour sa partie occidentale et par la
France pour sa partie orientale, de loin la plus étendue. En 1961, la
zone anglaise se détermina par référendum pour le
rattachement au Cameroun dans le cadre d'un Etat fédéral,
à l'exception de sa partie septentrionale qui opta pour
l'intégration au Nigeria' partie qui aujourd'hui fait l'objet d'un
litige entre les deux Etats).
1 Cependant quelques éléments pourront
néanmoins être rapportes a ce propos, notamment dans la
première partie réserve aux fondements théoriques de
l'entrepreneuriat, ainsi qu'au chapitre premier de la seconde partie qui
portera sur une étude de l'économie camerounaise en tant que
champ d'application au présent mémoire.
Figure 1: Carte de localisation
Les années 1980 resteront à jamais
marquée dans la mémoire de ce peuple toujours restée unis
et politiquement stable (Deux présidents seulement se sont
succédé depuis l'indépendance, M. Ahmadou Ahidjo et
après son retrait volontaire du pouvoir en 1982, M. Paul Biya ; un
sudiste d'origine Béti prenait ainsi la suite d'un homme du nord,
d'origine peuhle et musulman), comme la période faste de
l'économie ; période durant laquelle le pays se verra
classé au rang des pays africains les plus prospère du point de
vue économique. Mais seulement cette situation ne durera pas longtemps
car il s'en suivra une très forte récession causée par la
chute des cours du café, cacao et du pétrole, conduisant ainsi
à une dégradation des termes de l'échange.
L'entreprise Camerounaise quand à elle ne demeurera pas
intouchée par ce phénomène et sera même si l'on peut
le dire, le secteur qui en pâtira le plus. En effet le changement de
régime présidentiel en 1982 à permis la mise de proches du
nouveau président beaucoup plus connus pour leur compétences
politiques que de gestionnaire à la tête des grandes entreprises
publiques (essentiel du parc d'entreprise), il va donc s'en suivre un pillage
des deniers publics et en conséquences la faillite de beaucoup d'entre
elles. La mise sur pied progressives de plans d'ajustement structurel, du
processus de privatisation ainsi que l'initiative PPTE viendront en effet
redonner un élan à la question entrepreneuriale au Cameroun; ce
qui explique en quelque sorte la créations de diverses écoles de
formation en management, gestion et création
d'entreprise, le dépassement des considérations
ancestrales, culturelles, sociales et même étatiques( passage du
plus d'Etat vers l'Etat presque inexistant) ainsi q'une implication de toute la
population à la construction économique du pays.
Definition des concepts operatoires.
«Entrepreneurship is the process of creating or
sizing an opportunity and pursuing it regardless of the resources currently
controlled » (Timmons, 1994, p.7).
« L'entrepreneuriat est un phénomène
combinant à la création d'une organisation impulsée par un
ou plusieurs individus s'étant associés pour l'occasion
» (Thierry Verstraété, 2003, p.13).
« L'entrepreneuriat consiste à prendre des
risques. L'entrepreneur est une personne qui est prête à mettre en
jeu sa carrière et sa sécurité financière pour
mettre en oeuvre une idée, à mettre son temps et son capital dans
une entreprise risquée » (K. Knight (1967) of Peter Ducker
(1970)).
Ces quelques citations montrent assez clairement que la notion
d'entrepreneuriat est encore bien loin de faire l'unanimité au sein
même de la multitude d'acteurs travaillant dans ce domaine. En effet,
Timmons y associé le contrôle des ressources à
l'exploitation d'une opportunité. Verstraété l'assimile
à un phénomène hétérogène conduisant
à la création d'une organisation distincte de l'individu qui
créé mais précisant cependant que l'un se définit
par rapport à l'autre et vice versa2. Knight et Drucker y
voient plutôt une prise de risque et associent à l'entrepreneur
les fonctions d'innovation et de capitaliste.
Entrepreneuriat : science ou domaine de
recherche
A défaut de considérer l'entrepreneuriat comme
une science, il n'est pas déraisonnable de l'accepter comme un domaine
de recherche singulier traversé par plusieurs paradigmes voir des
courant de pensée ou encore des écoles se combinant parfois, un
domaine de recherche pouvant être qualifié de paradigmatique ayant
certes dépassé l'émergence mais qui cependant semble
stagner dans l'adolescence (Thierry, Verstraété et Alain Fayolle,
2005) eu égard de la multiplicité des propositions qui en
témoignent néanmoins finalement d'un domaine moins jeune qu'il
n'y paraît.
2 VERTRAETE T. (2003), Proposition d'un cadre
théorique pour la recherche en entrepreneuriat
: phE=f[(CxSxP)n(ExO)], Editions de l'ADREG, Décembre 2003 (
www.editions-adreg.net)
L'universalité de la pratique
Création d'organisation, opportunité d'affaire,
création de valeur ou encore innovation, l'entrepreneuriat bien que ne
faisant pas l'unanimité du point de vue de son acceptation
théorique tends tout de même de façon universelle à
mettre en relation un individu (l'entrepreneur) et une organisation
(l'entreprise ; laquelle entreprise est depuis plus d'une décennie
remise au centre de l'attention). Après tout, en ces temps de
chômage de masse, n'est-elle pas le lieu ou finalement l'emploi devenu si
rare se crée ? Ou alors plus généralement cette cellule
élémentaire de la vie économique où la richesse se
forme ?
Seulement loin de ces questions, l'objectif du présent
mémoire réside en tout autre point, se résumant à
la résolution d'un certain nombre de questions pas tout autant plus
intéressant ou pertinent que les autres mais qui cependant absorbe dans
une approche toute particulière et spécifique la notion
d'entrepreneuriat.
L'entrepreneuriat est-il perçu de façon
universelle du point de vue de sa pratique ? Existe-t-il un entrepreneuriat
spécifiquement différent de la réalité
observée en Europe, en Amérique ou en Asie ? L'environnement
sociopolitique et économique est-il surdéterminant pour
l'émergence et l'évolution de la fonction entrepreneuriale au
Cameroun ?
Ce sont là quelques-unes des interrogations qui
s'imposent à celui qui s'intéresse à la nature ainsi
qu'à la spécificité de l'entrepreneuriat camerounais et
resteront par conséquent au centre de notre analyse.
Objectif et Hypothèses
S'inscrivant dans l'optique d'une
complémentarité entre théorie et empirisme selon les
convictions actuelles, qui supposent que les recherches empiriques doivent
être orientées par et vers des considérations
théoriques qui de leur côté doivent être
justifiées expérimentalement ; la question des fondements
théoriques de l'entrepreneuriat sera donc abordée ici dans le but
de la compréhension de la notion de l'entrepreneuriat afin de cerner de
façon claire et concise le champ objectif du présent
mémoire. Champ qui réside dans la démonstration à
partir d'une étude sur un secteur bien précis de
l'économie camerounaise et basée sur une étude de terrain
au sein d'une classe d'entrepreneur en l'occurrence l'entrepreneur informel,
perçu comme le terreau de fertilisation de l'entrepreneuriat
camerounais. D'autre part, on partira d'un ensemble de données et
variables statistiques issues de divers rapports et études sur
l'entrepreneuriat dans le pays pour en faire un rapprochement avec les
écrits théoriques ainsi que la réalité
entrepreneuriale d'autres économies pour
montrer que l'entrepreneuriat n'est pas un
phénomène universel; mais plutôt diffère du point de
vu pratique selon l'environnement sociopolitique et économique où
l'on se trouve.
En définitive, nous pouvons donc résumer nos
objectifs à la lumière de trois questions à savoir :
- L'entrepreneuriat camerounais présente t'il un aspect
naturel et spécifique
Propre ?
- L'environnement socio politique, économique et
conceptuel est-il un facteur
déterminant dans la pratique de l'entrepreneuriat ?
- L'accumulation de richesses, la recherche du profit et la
progression de
l'unité de production sont-elles des motivations pour
l'éventuel créateur d'entreprise au Cameroun ?
Nous partirons donc sur la base de trois hypothèses
principales;
h1: Quatre facteurs ou groupes de facteurs influencent
l'entrepreneuriat Camerounais :
- La culture et la tradition,
- La législation, la réglementation et l'attitude
des pouvoirs publics,
- Le système d'enseignement et l'éducation,
- Le contexte de crise économique dans lequel vit le pays
depuis plus d'une
décennie
h2: La réalité entrepreneuriale au Cameroun est
tout autre que ce qui relève des différentes
considérations théoriques et est le plus basée non pas sur
la recherche d'un réel profit mais plutôt sur celle d'un revenu de
subsistance pour la collectivité.
h3: Le travail autonome est l'une des principales motivations
à la décision de création d'entreprise au Cameroun.
Approche de contenu et Méthodologie
Notre étude sera donc axée sur deux points
principaux répartis sur quatre chapitres de deux sections
regroupés de façon équitable sur 2 parties.
La première partie porte sur l'apport des recherches
à une compréhension analytique et conceptuelle de
l'entrepreneuriat et la 2nde traite d'une part de l'application au
contexte camerounais. D'autre part, cette seconde partie tentera sur la base
d'une étude de terrain, notamment sur le secteur informel, de montrer de
façon claire la réalité de la pratique entrepreneuriale
à travers : Les Caractéristiques de l'entrepreneur, celles de
l'entreprise ainsi que les question liées au financement et aux
ressources humaine.
Ainsi nous partirons sur la base d'une enquête de
terrain portant sur un effectif de cinquante (50) personnes propriétaire
ou dirigeant d'unités de production informelles et activités
génératrices de revenus.
Les données collectées à la suite de
cette enquête seront reproduites dans un ensemble de tableaux pour une
analyse plus ou moins détaillée dans le tout dernier chapitre de
notre travail. Il sera donc aussi précisé dans ce même
chapitre, le déroulement de notre enquête ainsi que tous les
problèmes rencontrés à cet effet.
Première partie
LES FONDEMENTS THEORIQUES DE
L'ENTREPRENEURIAT.
Lorsque nous parlons d'entrepreneuriat, une seule et unique
date revient sans cesse, les années 1980. En effet L.J. FILION (1997)
situe a ces années la l'éclatement du domaine de
l'entrepreneuriat vers la quasi-totalité des disciplines des sciences
humaine et administratives et ce en se basant sur deux événements
majeurs; d'une part la publication en 1982 du tout premier encyclopédie
sur l'état des connaissances dans le domaine par Kent, Sexton et Vesper,
et d'autre part la tenue d'un grand colloque annuel réservé
à la recherche dans cette nouvelle discipline (Babson). Nous devons
certes le reconnaître, la décennie 1980 restera la
décennies de l'entreprise (Coriat et Weinstein, 1995) ; cette date est
en effet le début d'un acheminement vers une science, un domaine de
recherche, avec un essai de construction de courant ou d'école de
pensée .
Serait-ce donc là une raison d'oublier ceux là
même qui ont jadis énoncés les préceptes ou
éléments de ce qui est aujourd'hui bien que encore
considéré d'adolescent en terme de recherche, l'objet de la
plupart des travaux dans le domaine de l'économie?
1 Entrepreneuriat ; de quoi parlons-nous?
Tel qu'il a toujours été un défi de
définir l'entrepreneur compte tenu de la très grade
variété de perspectives a partir desquelles les
spécialistes qui l'ont étudié l'ont fait, il n'en demeure
pas moins de ses notions rattachées. La définition de
l'entrepreneuriat est bien loin de faire l'unanimité au sein de la
communauté sans cesse grandissante de chercheurs qui s'en
intéressent. Certains y associent l'organisation d'une entreprise
(Cantillon et Say), d'autre l'innovation (Schumpeter, 1939), Boulton et Carlan
(1984), Drucker (1985); d'autres catégories de chercheurs y associent
soit l'opportunité, soit la création de valeurs, soit la
création de richesses. Mais il n'en demeure pas moins en tout
état de cause que deux notions reviennent sans cesse et restent comme
étant les éléments à la base de toute question
entrepreneuriale: Entrepreneur et Entreprise, ceci permettant donc de
dégager d'une part une action: la création ou la constitution
d'une nouvelle organisation et en particulier la création d'une
entreprise et d'autre part un acteur: l'individu créateur.
1.1 Les éléments à la base
Vu au sens de l'interactivité entre l'organisation et
l'individu, l'entrepreneuriat dans sa forme initiale reste la création
d'entreprise; en effet le présent mémoire étant
réalisé avec une dominance plus contextuelle et pratique que
théorique, nous allons dans cette première partie
réservée exclusivement aux fondements théoriques de la
notion, essayer de faire une redirection des différentes
considération théoriques vers une optique empirique. La plupart
des auteurs qui travaillent sur l'entrepreneuriat ont souvent tendance dans
leur études de négliger un tout petit peu l'entreprise et tendent
plutôt à mettre au centre de toute considérations
l'entrepreneur; nous essayerons donc sans trop entrer dans les détails
de donner une brève définition des termes entrepreneur et
entreprise selon les considération des différents courants de
pensées ceci sans entrer trop en profondeur car ces différents
sujets feront l'objet d'une étude plus approfondie dans la suite de
notre travail.
1.1.1 L'entrepreneur
C'est très souvent à tort que l'on pense
à une confusion lors de la définition de l'entrepreneuriat, le
problème est bien tout autre et nous devons plutôt voir en cela
une différence due à une divergence d'opinions issue de la
provenance très diversifiée des différents auteurs; chacun
essayant autant que possible d'avoir un penchant vers son domaine ou sa
discipline d'origine. Ainsi les tenants de l'économie pure pensent dans
le sens de l'homoeconomicus et de l'évolution de l'activité
économique, pendant qu'une autre catégorie de
chercheurs ou école de pensée essaye
d'intégrer à cette activité et à cet objectif
purement micro-économique l'environnement autour de l'entrepreneur. Ils
insistent donc sur des éléments tels que les rapports
socioculturels et politiques, l'environnement dans lequel il se trouve et vit,
en bref une multitude de paramètres en présence lorsque nous
parlons de l'entrepreneur face à l'entreprise.
La notion d'entrepreneur a connu jusqu'à ce jour une
évolution notoire, on est parti de la conception de simple individu au
personnage au centre de l'activité économique. La notion concerne
tout d'abord l'exploitant agricole, ensuite tous ceux ayant pour fonction de
faire circuler les denrées de la campagne vers les villes et de
transformer ses richesses; sa mission
étant de mettre des produits à la
disponibilité des acheteurs (Cantillon, 1755).
Say (1996) quand a lui voit en l'entrepreneur la pierre
angulaire de la dynamique capitaliste. L'entrepreneur est donc un
créateur et consommateur de valeur, laquelle valeur est indispensable
à la prospérité de la société; son objectif
n'étant pas l'exploitation du travail d'autrui mais plutôt
d'être économiquement indépendant. Il en ressort en
définitive trois sorte d'opérations industrielles: les
«recherches du savant», les «applications de
l'entrepreneur»et l'«exécution de l'ouvrier».
Schumpeter fait la synthèse de Cantillon et Say,
l'entrepreneur devient le responsable de la science économique ;
Schumpeter le place au centre de l'analyse et lui assigne la fonction
d'innovation, l'innovation étant définie comme tout changement
porteur de profit nouveau. Le profit quand a lui étant juste sa
rémunération. La prise de décision et sa fonction
managériale définissent sa particularité majeure; il n'est
ni inventeur, ni capitaliste et par conséquent ne prend aucun risque.
Les conceptions nouvelles3 de l'entrepreneur le
définissent comme quelqu'un qui forme et réalise un projet;
l'entrepreneur met en place un projet dont la réussite réside
dans la minimisation le plus possible du niveau du risque qui entoure ses
décisions ainsi que dans sa capacité à gérer.
Louis Jacques FILION(1988) intègre toutes ces
dimensions et nous offre cette définition dans laquelle nous pouvons
assez clairement reconnaître l'entrepreneur que nous rencontrons tous les
jours de notre vie: «Un entrepreneur est une personne imaginative,
caractérisée par une capacité à se fixer et
à atteindre des buts. Cette personne maintient un niveau
élevé de sensibilité en vue de déceler des
occasions d'affaires. Aussi longtemps que il ou elle continue
d'apprendre au sujet d'occasions d'affaires et qu'il ou
elle continue à prendre des décisions modérément
risquées qui visent à innover, il ou elle continue de jouer un
rôle entrepreneurial».
1.1.2 L'entreprise
Que l'on parle d'entreprise, de firme ou d'organisation; un
essai de définition apparaît tout de même assez complexe.
Mais si l'on considère la logique propre à la démarche de
l'économie industrielle qui repose sur l'hypothèse selon laquelle
l'industrie se transforme sous l'effet des stratégies des firmes, on
peut raisonnablement parler de la firme comme l'unité de base de
l'ensemble que constitue l'industrie.
En effet et ce pendant fort longtemps, l'économiste
s'est toujours intéressé au fonctionnement et aux conditions
d'équilibre sur le marché, ceci au détriment de la firme
qui était alors qualifiée de «boite noire»;
l'entreprise étant donc réduite juste à l'allocation
optimale des ressources disponibles pour un maximum de profit. L'entreprise est
une unité dont l'activité essentielle consiste à
transformer des flux d'entrées (matières premières,
services...) en flux de sortie (produits finis, déchets...) selon une
relation technique appelée fonction de production (Gilbert Koenig,
1988); c'est la considération en terme de « boite noire
» résultant de l'analyse Neo-Classique. Il est ici
regroupé en un ensemble tous les détails de son activité
et de son organisation, soit par souci de ne pas s'en occuper, soit celui de ne
pas les appréhender dans toute leur complexité.
Les théoriciens de la concurrence imparfaite de J.
Robinson(1933) et de la concurrence monopolistique de E. H. Robinson(1933) vont
dans les années 1930 apporter une certaine révolution dans la
façon de penser de la firme en déplaçant le centre
d'intérêt de la théorie de l'équilibre des
conditions de production et de distribution des biens et services vers une
intégration du comportement et des interactions entre les producteurs;
les fondements théorique de l'analyse de la firme restant les
mêmes. La firme est ainsi devenue l'acteur principal de la pièce,
elle peut désormais agir sur les prix, s'entendre avec ses concurrents,
mettre en place des politiques de vente à son profit,
différencier les produits. L'entreprise ne subit plus le marché
mais peut l'influencer à son avantage, elle à un champ d'action
plus large bien que encore orienté par le même principe de
rationalité. Cependant, elle demeure toujours une «boite
noire» réagissant mécaniquement à son
environnement et se conformant aux règles de calcul marginaliste.
principaux points communs: Le concept, l'objectif et
l'environnement de la firme. A la traditionnelle image technique reposant sur
la fonction de production micro-économique, les nouvelles
théories substituent une représentation en terme de gouvernance;
l'entreprise devient un réseau complexe de contrats avec pour essence la
relation d'emploi. L'objectif majeur demeure toujours la maximisation du
profit, seulement résultante non plus de l'efficience technique
appliquée aux décisions de production mais plutôt de
l'efficience organisationnelle. Les rapports conflictuels entre divers agents
sont désormais introduits dans l'analyse et ce principalement entre
employeurs et employés dans le cadre des contrats de travail. On tend
alors vers un remplacement progressif de la rationalité parfaite
Néo-Classique par la rationalité illimité de la
théorie des organisations.
Aujourd'hui, il en demeure donc clair que l'entreprise est une
entité, un acteur de la vie économique et sociale poursuivant des
objectifs propres, par la voie et les moyens qu'elle se donne. C'est une
organisation vivante, qui accueille des individus nouveaux, en voit d'autres
partir, noue des relations évolutives avec son environnement et change
d'orientation plus ou moins volontairement.
1.2 La multitude de concepts rattachés
Plus d'une décennie après la question
posée par Gartner (1990): « What are we tolking about when we
talk about entrepreneurship ?», la progression de la recherche en
terme d'entrepreneuriat à fourni des apports manifestes bien que
l'expansion de l'usage de ce terme dans la pratique a pu contribuer à
une certaine confusion. Il en résulte donc un certain nombre de
questions relatives tant à la forme adjectivale qu'à la
conception faite du verbe entreprendre lui même.
Ainsi on parle d'entrepreneuriat un peu partout dans les
sciences, dans tout les domaines de la recherche et surtout en économie
et gestion; l'entrepreneuriat est considéré tant à
l'extérieur qu'à l'intérieur de l'entreprise, et il en
réside donc tout autour une infinité de concepts et
préceptes qu'apportent les uns et les autres au terme, contribuant ainsi
à entretenir cette ambiguïté sans cesse grandissante due
à la diversité des domaines de provenance des chercheurs et
acteurs en présence. On parle alors d'entrepreneuriat,
d'entrepreneurship, d'intrapreneuriat, d'innovation, d'invention, de
créativité et bien d'autres choses encore.
Dans la réalité, l'impression est pourtant
donnée de croire que tous ces termes ne constituent qu'un seul et
même phénomène et que les acteurs à l'origine en
sont tout aussi les mêmes. Certains auteurs pensent alors à une
duperie ne contribuant qu'à nous éloigner de la
réalité et
des responsabilités du gestionnaire. Et la question reste
cependant posée: Existe-t-il une différence entre ces termes ou
alors ne sont-ils qu'une seule et même chose?
1.2.1 Entrepreneuriat et entrepreneurship: Similitude
ou divergence? Constitution d'une nouvelle organisation, prise de
risque, création d'entreprise, la définition de
l'entrepreneuriat tel qu'il la toujours été pour
ce qui est de l'entrepreneur demeure également un défi; et
lorsque l'on y associe encore la conception anglo-saxonne du terme, le
problème semble alors être plus énorme.
1.2.1.1 L'entrepreneuriat
S'il existe une évidence, c'est que l'entrepreneuriat
n'est ni une entreprise, ni un groupe de
personne; mais plutôt un milieu social, un esprit et un
état d'âme associé à une manière
intégrative d'approcher les problèmes et la prise de
décision avec pour caractéristique une volonté
énorme de créer, de concevoir, de combiner des idées et
des concepts n'ayant pas encore été apprivoisés. C'est
l'analyse en terme d'innovation.
Moss Kanter (1984) va un peu plus loin et énonce le
concept d'organisation entrepreneuriale défini comme une organisation
qui fonctionne aux limites de ses compétences tout en mettant l'accent
non plus sur le contrôle de ce qu'elle connaît et exploite
déjà mais plutôt sur ses ressources et sur ce qu'elle ne
connaît ou n'a pas encore essayé. L'entrepreneuriat est donc
jugé en terme de vision et d'approche future et non sur les
réalisations passées.
1.2.1.2 L'entrepreneurship
L'entrepreneurship bien que allant dans le même axe que
l'entrepreneuriat n'a pas toujours été
défini en ces termes. Fortin (1986) définit
l'entrepreneurship comme: « Une mentalité, une attitude qui
pousse un individu, seul ou avec les autres à lancer une activité
nouvelle et à prendre les moyens nécessaires pour réaliser
un désir ou un rêve »
L'étude de l'entrepreneurship peut se faire à
partir de trois perspectives différentes: Une perspective
socioculturelle, une perspective psychologique et une perspective de direction
(Toulouse, 1979). L'entrepreneurship est alors le prolongement visible de son
créateur, de celui qui a poursuivi son intuition pour prendre des
risques de concrétiser un projet, il n'est pas défini par les
activités en soi, mais plutôt l'esprit et les circonstances dans
lesquelles ces actions sont posées.
1.2.2 L'intrapreneuriat
La mode nous présente l'entrepreneur comme un
héros, le héros de la décennie 1980, et
l'intrapreneur comme le messie des grandes entreprises;
l'intrapreneuriat est donc perçue comme la formule magique, le
remède à la léthargie destructrice de la gestion
dépassée dans la grande entreprise et même dans les
institutions publiques et para publiques.
La compréhension que nous avons de l'intrapreneuriat
doit beaucoup à l'économiste Américain Pinchot qui semble
avoir dans les années 1983 inventé le terme intrapreneuriat et
lui donna une toute première définition en 1985 comme
étant la nouvelle conception du management basée sur un esprit
d'entrepreneuriat; esprit visant la mise en oeuvre d'idées
créatrices sous forme d'entités autonomes à
l'intérieur de la grande entreprise.
L'intrapreneuriat est donc dés lors perçu comme
un esprit de recherche et de développement de nouvelles
opportunités à l'intérieur d'entreprises ou de secteur
déjà existant. Il se distingue de l'entrepreneuriat ,car n'est
pas un acte de création mais plutôt le fait d'un esprit
créatif et innovateur, il se manifeste par des activités ayant
comme objectif la prise d'idées nouvelles ou des prototypes
opérationnels et de leur transformation par des moyens ou techniques
souvent révolutionnaires.
En faisant d'une part la distinction entre gestionnaire
traditionnel, entrepreneur traditionnel et intrapreneur (l'intrapreneur
étant présenté comme une personne à la fois penseur
et homme d'action) et d'autre part une classification des acteurs
organisationnels impliqués à produire l'innovation ; Pinchot en
1986 fait une illustration plus claire de la question intrapreneuriale
représentée ici en annexe1.
1.2.3 Créativité, invention et innovation
La dynamique entrepreneuriale se veut être un pôle
d'intervention d'acteurs à divers niveaux;
analysée comme processus de création
d'organisation ou d'entité économique et sociale, il s'en suit
une multitude d'interventions inter agissantes les unes les autres. En effet,
le créateur est responsable de la vision et de la méthode,
l'inventeur est fournisseur de concepts et l'innovateur est responsable de la
transformation du produit. Il revient donc à l'entrepreneur en tant que
entité suprême la tâche de l'exécution, la
transformation de l'invention et enfin la gestion de l'entreprise.
1.2.3.1 La créativité
Issue des concepts tels l'imagination, l'inspiration, la notion
de créativité est une notion bien
contemporaine et, une étude encyclopédique sur les
sciences sociales et humaine nous permet
de la définir comme la faculté
particulière de l'esprit à réorganiser les
éléments pris dans le monde extérieur pour les
présenter sous un aspect nouveaux en réalisant ainsi une action
créatrice.
La créativité est donc un processus dans lequel
la découverte est transformée en invention, qui à son tour
devient une innovation pour permettre en fin de compte l'amélioration et
le changement. C'est ce qu'illustre P. A. Shuman (1982) comme étant le
modèle hiérarchique du changement (Voir
annexe2). L'autre façon de définir la
créativité est l'examen de celle-ci à partir de ses
techniques de pratique; l'annexe3 en est une illustration
assez claire du phénomène tel que décrit par Robin
(1972).
1.2.3.2 L'innovation et l'invention
Le dictionnaire Larousse défini l'innovation comme
l'action d'innover, d'inventer, de créer quelque chose de nouveau dans
un domaine particulier.
A première vue, cette définition nous montre
qu'en réalité il n' y'a pas de réelle différence
entre les notions d'innovation et d'invention. Cependant vu dans une optique
entrepreneuriale, l'invention est souvent considérée comme une
idée brillante d'où découle l'innovation. En effet
Schumpeter à qui nous devons principalement la vision de
l'entrepreneuriat en terme d'innovation fait cependant une distinction entre
cette dernière et l'invention qu'il considère comme étant
la découverte d'un nouvel outils ou d'une nouvelle technique; il lui
attribue le titre d'avènement initial et voit en l'innovation
l'évènement final et par conséquent l'implantation de
l'invention.
Shuman en 1983 épouse bel et bien cette idée de
Schumpeter mais va un peu plus loin dans l'analyse en définissant
l'invention comme une combinaison intelligente de plusieurs facteurs de
découverte résultants en élément de changement
pouvant avoir des utilisations pratiques; il suppose par contre que
l'innovation au lieu de découler de l'invention, la
précède plutôt.
L'innovation constitue alors le fondement de l'entrepreneuriat
puisque celle-ci suppose des idées nouvelles pour offrir ou produire de
nouveaux biens ou services, ou encore pour réorganiser l'entreprise.
« L'innovation, c'est créer une entreprise différente de
ce qu'on connaissait auparavant, c'est découvrir ou transformer un
produit, c'est proposer une nouvelle façon de faire, de distribuer ou de
vendre » (Julien, Marshesnay; 1996). Cette définition illustre
en effet les propos de Barreyre(1975) lorsqu'il fait une typologie de
l'innovation en quatre axes principaux(Les innovations à dominante
technologique, les innovations à dominante commerciale, les innovations
à dominante organisationnelle et les
innovations à dominante institutionnelle); Pou lui,
l'innovation ne concerne pas nécessairement un objet technologique ou de
caractère scientifique, mais plutôt un domaine assez large
regroupant le social, le gouvernemental ainsi que les cercles de
qualité.
Parler donc de la multiplicité des concepts, ces
concepts qui par moment prêtent quelque peu à confusion et
créent plutôt une amalgame dans la façon de percevoir la
question entrepreneuriale; alors que ne constituant rien d'autre qu'un logique
séquencement voulant que chacun des intervenants dans le processus
entrepreneurial joue son rôle de sorte que la responsabilité de la
vision et de la méthode revienne au créateur, la fourniture des
concepts à l'inventeur, la responsabilité de la transformation du
produit à l'innovateur, la gestion créatrice à
l'intrapreneur tandis que l'entrepreneur de son coté s'engage fermement
à prendre sur lui la responsabilité de tout cet ensemble. Ainsi
« quand tous les partenaires acceptent les rôles et les
responsabilités qui leur sont attribués, il y a création,
invention, innovation, entrepreneuriat et intrapreneuriat » (Dina
Lavoie).
2 La dynamique entrepreneuriale:
Caractéristiques, personnalité et motivations
En titrant ce chapitre « la dynamique entrepreneuriale
», nous supposons que; ayant clairement présenté les
concepts entrant en jeu dans toute question entrepreneuriale, il serait tout
à fait nécessaire et judicieux d'essayer d'entrer dans la
profondeur de la question et pouvoir comprendre en fait ce qui se passe
réellement lorsque nous avons dépassé le cadre de la
définition. Il est donc question ici de s'intéresser d'une part ,
à ce qui caractérise l'entrepreneuriat en sont fort
intérieur, et d'autre part de présenter l'entrepreneur au coeur
de l'analyse à travers sa personnalité ainsi que ses motivations
en tant que personnage au centre de l'action.
2.1 Les caractéristiques typiques de
l'entrepreneuriat
L'entrepreneuriat comme nous avons pu le voir dans la section
précédente peut être considéré de
phénomène hétérogène conduisant à la
constitution par un individu d'une organisation; ceci nous permettant donc
d'aboutir à une distinction et une certaine stratification du long
processus qui en découle.
Il apparaît donc indéniablement que toute chose
égale par ailleurs, il y a au centre, au coeur de l'action, un leader :
l'entrepreneur qui est la force motrice à l'origine des faits
économiques, ce leader qui recèle en lui, dans son esprit une
vision de l'avenir, et s'entoure donc d'un certain nombre d'outils
stratégiques qu'il essaye autant bien que mal de diriger, de modeler
pour pouvoir offrir au monde dans lequel il vit quelque chose de nouveau, de
différent, d'original.
2.1.1 Le leader
Il n'est pas tout à fait nécessaire ici de
rappeler aux uns et aux autres la place prépondérante qu'occupe
l'entrepreneur dans la question entrepreneuriale, ou alors d'en faire une autre
tautologie sur sa définition, il s'agira ici tout simplement de
présenter les rôles que joue l'entrepreneur dans tout processus de
création d'entreprise.
En effet, les nouvelles théories pensent que
l'entrepreneur doit gérer la complexité, l'incertitude et la
variété au sein de son entreprise et doit en outre tenter de
protéger son entreprise de la complexité et de l'incertitude de
l'environnement concurrentiel. Ainsi il lui est donc assigné trois
fonctions principales :
- la fonction d'innovation ou de création
- la fonction d'acquisition et d'exploitation de l'information
- la fonction d'organisation et de coordination de la
production.
2.1.2 La vision de l'avenir
En tenant compte de l'importance qui lui est donnée ici,
ainsi que du rôle central qu'on lui
accorde, l'entrepreneur doit dans son esprit avoir une vision
de l'avenir, vision qui se doit d'être préférable à
celle de l'état présent, mise en oeuvre de façon
enthousiaste et avec rapidité, il s'en suit donc une mise en oeuvre d'un
ensemble d'anticipation, visant la progression et la prospérité
de la structure et, en fin de compte une certaine satisfaction de rendre
service à la société procurée par le travail
réalisé.
Cependant, tout au long de ce processus partiellement
conscientisé d'intuition et de perspicacité qui trouve leurs
racines dans l'expérience, l'entrepreneur développe une vision
ainsi qu'une stratégie devant être mise en pratique.
2.1.3 Les stratégies entrepreneuriales
La stratégie considérée un peu comme la
feuille de route de l'activité entrepreneuriale se
présente être délibérée,
pendant que la vision d'ensemble reste claire ; ainsi tous les détails
de l'activité apparaissent en revanche malléables, incomplet et
émergeants.
Elles doivent par conséquent s'accompagner d'un
ensemble de structures simples et centralisées répondant de
façon rapide et ce clairement aux directions que donne l'entrepreneur ;
car elles tendent à se développer dans des marchés de
niche qui ne sont pas pris en compte par les acteurs dominants du
marché.
2.2 La personnalité entrepreneuriale
Les considérations sur la personnalité de
l'entrepreneur sont multiples ; en général
l'entrepreneur est beaucoup plus assimilé au dirigeant
avec qui il a plusieurs traits communs. Par contre, il est souvent
opposé aux manager et aux administrateurs qui sont réputés
plus méthodiquement et moins fougueux.
Ainsi la caractérisation de l'entrepreneur a toujours
fait l'objet d'une littérature abondante suite à la multitude
de controverse qu'elle soulève, surtout lorsqu'il est question
d'évoquer la question de la personnalité entrepreneuriale ;
question qui en elle-même soulève un certain
nombre de questions : Naît-on entrepreneur ? La
capacité et la qualité entrepreneuriale sontelles innées ?
L'entrepreneur est-il un être à part entière, ou un
être à caractéristiques psychologiques propres ? Etc.
Suite donc à cette multitude d'interrogation, plusieurs
auteurs ont pu se prononcer, ainsi selon David McClelland (1961),
l'entrepreneur est avant tout un être motivé par un besoin
débordant de réalisation, une grande nécessité de
construire ; collins et Moore (1970) quand à eux partent sur la base
d'une étude sur 150 entrepreneurs pour conclure ; que c'est un
être dur, pragmatiques et conduit par le besoin d'indépendance et
de réalisation. L'entrepreneur de Bird (1992) est mercuriel et
imprévisible. C'est un être sujet à des intuitions, des
activités cérébrales intenses et des déceptions, il
est ingénieux, plein de ressource, malins, opportunistes,
créatifs et sentimentaux.
Une autre classe d'auteurs elle, s'intéresse à
la personnalité entrepreneuriale à travers une certaine typologie
de l'entrepreneur. Tel est le cas de Cole (1959) qui distingue quatre type
d'entrepreneurs : L'inventeur qui calcule, le promoteur trop optimiste, le
constructeur d'organisation et enfin l'innovateur qui est le
générateur de l'idée nouvelle. D'autre part, on fait la
distinction entre l'entrepreneur politique qui cherche le profit pour son
affaire en utilisant son pouvoir politique et l'entrepreneur de marché
qui lui opère selon les lois et le jeu du marché.
Alain FAYOLLE en 2002 adopte la même tendance et propose
une typologie de six entrepreneurs différents sur la base d'un travail
collaboratif avec trois groupes distincts ; constitués d'expert,
spécialistes et praticiens de l'entrepreneuriat parmi lesquels il classe
les entrepreneurs, des enseignants spécialisés et les
professionnels de la création d'entreprise. Il part donc des visions
issues de six écoles de pensées différentes
identifiées par Cunnigham et Lisheron (1991) ; Ainsi on peut observer la
typologie que nous allons dans les prochaines lignes présenter en deux
points différents selon que nous classerons d'une part les
caractéristiques endogènes ou interne à la personne et
d'autre part celles exogènes ou alors développées par la
formation, l'apprentissage et l'expérience en la matière.
2.2.1 L'approche dite des caractéristiques
endogènes
Nous considérons ici de caractéristiques
endogènes, celles-là qui sont interne à la personne,
celles qui lui sont propres dès la naissance et peuvent en quelque sorte
être considérées comme le fait de force du destin. Ainsi
nous aurons d'une part l'entrepreneur inné et d'autre part l'individu
à caractéristique psychologiques uniques.
2.2.1.1 L'entrepreneur inné
La vision de l'entrepreneur inné est l'oeuvre de
l'école dite « the great person school of entrepreneurship
», l'entrepreneur est ici considéré comme un être
extraordinaire, un être « né avec un sixième sens,
une capacité intuitive à entreprendre et à réaliser
des actions spectaculaires »4
L'entrepreneur se présente donc ici comme étant
une personne à part entière qui présente dès sa
naissance des capacités particulières ainsi qu'un réel
besoin à la création à l'innovation et à
l'invention ; il apparaît en effet comme un être doué. Cette
capacité reste donc maintenue en lui et le conduit en effet tout droit
à la gloire.
L'esprit d'entreprise en cette personne est quelque peu une
force du destin, un sixième sens inné pour faire de bonne
affaires ; c'est dans cette perspective qu'une multitude d'écrits
littéraires et académiques parlent des cas spécifiques
tels que : Bill Gates, Steve Jobs, Richard Branson, Francis Bouygues, la
célèbre asiatique li-ka shing5 et en particulier des
illustrations dans le milieu des affaires camerounais à l'instar de
Victor Fotso et Françoise Fonning.
2.2.1.2 L'entrepreneur : être à
caractéristiques psychologiques uniques
Cette seconde vision est l'oeuvre de l'école des traits
distinctifs et des caractéristiques psychologiques particulières
ou « the psychological characteristics school of Entrepreneurship
».En effet, l'entrepreneur ici dispose de trois
caractéristiques psychologiques essentielles : Les besoins, les valeurs,
les attitudes.
Lorsque nous parlons de caractéristiques psychologique
en terme de besoin, à priori il s'en dégage que l'une des
motivations premières à la création est la satisfaction
des besoins dans ce sens où par exemple en Afrique subsaharienne la
création d'entreprise est surtout perçue comme une nouvelle
source de revenu pour l'individu créateur, la famille voir la
communauté toute entière. Cependant le besoin ici n'est pas
perçu comme tel mais plutôt reste relatif à des questions
tel que l'indépendance, l'accomplissement... Ainsi l'entrepreneur
présente un réel besoin d'indépendance vis-à-vis de
ses employeurs, de sa famille et ne désire en effet qu'une autonomie
certaine ; l'accomplissement apparaissant en fin de compte comme
l'aboutissement d'un rêve, la fierté à la création
de la structure.
La satisfaction des besoins dans ce cas ci revêt un
aspect particulier du fait qu'elle s'accompagne nécessairement des
deux autres caractéristiques à savoir : D'une part les
4 FAYOLLE Alain (2002), Accompagnement des
créateurs d'entreprise et amélioration de l'écoute
mutuelle entre les entrepreneurs et leurs partenaires: Une recherché sur
les perceptions des uns et des autres, CERAG, p.5.
5 Voir « la bonne fortune de Li-Ka Shing »,
Le figaro économie n° 17258, Cahier n° 2, 5 et 6
février 2000.
attitudes analysées au sens de la prise de risque, la
prise d'initiative, l'autonomie, etc. D'autre part on y associe les valeurs
(ethniques, responsabilité...) de sorte à ce qu'il en
découle une structure saine, basée sur la confiance des uns et
des autres ainsi que la stabilité tant au niveau de la gestion que du
rendement.
Tant bien que quelques exemples illustrent très
clairement ces deux façons de penser, fort est à remarquer que la
tendance actuelle est plutôt centrée sur la réalisation par
l'apprentissage, la formation ainsi que l'expérience acquise.
2.2.2 L'approche dite des caractéristiques
exogènes
Cette approche regroupe la classe d'auteurs qui supposent que
la formation des entrepreneurs, leur préparation et leur appropriation
d'outils de management conduit ceux-ci au développement de plan
d'affaires, à l'évaluation d'opportunités et l'acquisition
de ressource dans un contexte de création d'activités. Ainsi,
s'inscrivent dans cette tendance les concepts d'innovation à travers les
écrits de shumpeter et Drucker, d'opportunité (Miscs, Hayck,
Kizner, Steverson, Bygrave, etc).
Ceci nous permettant de rejoindre la construction paradigmale
de l'entrepreneuriat de T. Verstracté et A. Fayolle en 2005 dans le chef
d'oeuvre intitulé « Paradigme et entrepreneuriat »
(voir annexe 4).
Nous pouvons donc associer à cette approche et tenant
compte de la même identification faite par Cunningham et Lisheron (1991),
quatre courant de penser selon que l'on considère les concepts
d'innovation, d'opportunité, de leadership et enfin
d'intrapreneuriat.
2.2.2.1 L'entrepreneuriat innovateur et identificateur
d'opportunités
« La caractéristique essentielle du
comportement entrepreneurial est l'innovation. Les entrepreneurs doivent donc
témoigner d'une réelle créativité et d'une
capacité à innover »6 ; c'est la
pensée de l'école classique ou « the classical school of
entrepreneurship », elle s'intéresse à l'innovation et
à l'identification des opportunités. Cette pensée qui
repose essentiellement sur les écrits de Schumpeter (1935) selon qui la
fonction essentielle de l'entrepreneur est l'innovation et l'introduction dans
un environnement donné, de nouvelles combinaisons de facteurs.
6 FAYOLLE Alain (2002), Accompagnement des
créateurs d'entreprise et amélioration de l'écoute
mutuelle
entre les entrepreneurs et leurs partenaires: Une
recherché sur les perceptions des uns et des autres, CERAG, p.6.
L'entrepreneur est alors celui là qui apporte de
nouvelles idées et qui est capable de leurs mises en oeuvre en rapport
à une opportunité identifiée. En effet cette école
en s'intéressant à l'innovation et à l'identification des
opportunités, permet de voir en l'entrepreneur une personne qui apporte
de nouvelles idées, et qui est capable de leur mise en oeuvre ; non
parce qu'elle possède en elle cette qualité innée, Mais
tout simplement parce qu'elle a cette facilité à saisir et
à identifier des opportunités auxquelles peuvent s'appliquer sa
nouvelle idée. Ceci rejoignant ainsi la pensée de Dina Lavoie
lorsqu'elle voit en l'innovation le processus par lequel de vieux
problèmes sont solutionnés ou de nouvelles opportunités
explorées.
2.2.2.2 L'entrepreneur et la concrétisation des
opportunités d'affaires
La quatrième école recensé par Cunningham
et Lisheron est « the Management School of Entrepreneurship »
dont la pensée est essentiellement centrée sur la poursuite
et la concrétisation des opportunités d'affaires ; cette
école regroupe d'éminents auteurs tels Stevenson, Jarillo,
Gumpert, Bygrave, Hoffer, etc. Elle joint dans la construction paradigmale de
l'entrepreneuriat fait par Verstraété et Fayolle (2005) le
paradigme de l'opportunité d'affaire.
L'opportunité est perçue comme le point de
départ, l'élément objectif à partir duquel le
processus entrepreneurial est déclenché, sa détection
provient d'une recherche explicite d'informations servant à la mise au
point plus ou moins avancée d'une idée qui elle peut
éventuellement être une opportunité d'affaire
(Verstraété et Fayolle, 2005). Ainsi l'entrepreneur doit mettre
cette imagination, provenant de lui-même et de son entourage, au service
de ses affaires, de cette façon, les entrepreneurs sont perçus
comme « des organisateurs de processus de création de richesses
économiques. Ils poursuivent des opportunités et s'efforcent de
les concrétiser en utilisant des techniques appropriées de
gestion et de management »7
2.2.2.3 Le leader
Le leadership est le point d'ancrage de la pensée de la
cinquième école dénommée « the leadership
school of Entrepreneurship », cette école voit avant tout en
l'entrepreneur un leader, qui sait animer des équipes, s'adapter
à leurs besoins, et les conduire vers l'atteinte d'objectifs distincts.
Ainsi, il conduit les hommes vers l'atteinte des buts et objectifs
assignés et constitue par conséquent la force motrice à
l'origine des faits économiques. A cet effet, il
7 FAYOLLE Alain (2002), Accompagnement des
créateurs d'entreprise et amélioration de l'écoute
mutuelle entre les entrepreneurs et leurs partenaires: Une recherché sur
les perceptions des uns et des autres, CERAG, p.6.
est plus qu'un manager mais plutôt un coordonnateur
d'activité dont l'une des activités principale est d'aider ses
collaborateurs dans leur développement personnel.
2.2.2.4 L'intrapreneuriat
La réalité entrepreneuriale actuelle dans un
contexte où la vitesse de l'activité devient presque
incontrôlable, l'arrivée d'idées nouvelles ainsi que le
train des nouvelles découvertes échappe quelque peu à la
maîtrise des uns et des autres ; ceci tendant à montrer que les
entreprises souffrent d'un manque d'innovation et d'une insuffisante
capacité de réaction dans cet univers contextuel où tout
s'accélère. L'école de pensée sur l'intrapreneuriat
(the intrapreneurship school of Entrepreneurship), s'atèle donc à
cet effet à présenter l'intrapreneuriat comme la réponse
à toutes ces difficultés.
Ceci étant, l'activité entrepreneuriale ne
devrait plus se limiter au cadre de la création d'une activité ou
d'une entreprise, mais plutôt aller au-delà de cette
considération ; et intégrer la structure interne même de
l'entreprise. Ainsi l'innovation, l'apport de nouvelles idées,
l'orientation vers de nouvelles opportunités ne devrait plus seulement
conduire à la mise sur pied d'une nouvelle structure, mais aussi
conduire à une diversification des activités de l'entreprise dans
l'optique d'intégrer d'autres domaines. D'où la sixième
affirmation de Fayolle (2002) : « les compétences
entrepreneuriales peuvent être utilisées, avec profit, dans des
organisations existantes. L'intrapreneurship étant défini comme
le développement d'unités indépendantes pour créer
de nouveaux marchés et de nouveaux produits ».
En somme, nous venons de voir que l'entrepreneuriat, eu
égard de la diversité d'opinions ainsi que la multitude
d'acceptations que l'on lui attribue, est de façon unanime un vecteur de
développement ou alors un phénomène utile pour mieux
comprendre celui-ci. En effet, il en résulte de toute cette analyse
théorique, la mise en évidence de l'entrepreneur comme
l'entité suprême à l'activité entrepreneuriale ; de
manière à ce que l'on puisse en définitive percevoir
l'entrepreneuriat comme étant « le champ qui étudie la
pratique des entrepreneurs : Leurs activités, leurs
caractéristiques, les effets économiques et sociaux de leur
comportement ainsi que les modes de soutien qui leur sont apportés pour
faciliter l'expression d'activités entrepreneuriales
»8.
Cependant, il est à noter que le débat sur la
notion de l'entrepreneuriat est bien loin d'être clos ; le champ de
l'entrepreneuriat étant en effet sujet d'une part, à un
éclatement sans cesse croissant en ce sens qu'il est en train
d'être intégré dans presque toutes les sciences
humaines ; subissant ainsi une certaine influence
contextuelle, tant au niveau de l'appartenance à tel ou tel autre
courant de pensé ou domaine de science pour ce qui est des auteurs, que
de celui même de sa mise en pratique faces aux différentes
contraintes environnementale, socio économique et politique liées
aux milieu dans lequel on se trouve. C'est dans cette dernière
perspective que notre travail tentera tend bien que mal, faire une projection
de l'activité entrepreneurial dans le vécu socio
économique, politique et environnemental camerounais.
Deuxième partie
LA REALITE ENTREPRENEURIALE
CAMEROUNAISE
«La panacée nouvelle du développement
africain est arrivée, il s'agit de l'entreprise perçue comme le
nouveau vecteur de croissance, le générateur d'emploi, le moteur
du progrès socio économique et considérée, de moins
en moins, comme le lieu d'exploitation du proléctariat »
(Albagli et Hénault ; 1996). Il aura donc fallu attendre comme dans la
plupart des pays africain le début des années 1980 pour qu'enfin
un réel intérêt soit porté au secteur privé.
En effet, suite à la déclaration de Monrovia en 1980 ayant
débouché à la mise sur pied en 1980 du plan d'action de
Lagos (pal) 9, ainsi que le rapport de la banque Mondiale en
198110, mettant l'accent sur les ressources humaines et les secteurs
productifs dans une perspective régionale; la notion d'entreprise
privé sera peu à peu mise au centre des politiques
économiques des décideurs publics.
Le processus bien que très lent va en outre se heurter
à un certain nombre de difficultés et une réalité
toute particulière au sens de la pratique même de
l'entrepreneuriat ; ceci soulevant un certain nombre de question notamment en
ce qui concerne la nature, ainsi que les spécificités de cette
notion dans un contexte purement Camerounais, en relief avec le vécu
socio culturel, économique et politique.
1 0Le rapport Berg de la B.M en 1981 qui insiste sur
l'industrie devenue le coeur des politiques de développement mais
faisant très brièvement allusion à l'esprit d'entreprise.
Il sera donc suivi huit ans plus
tard par une autre étude régionale de la BM en 1989
visant à promouvoir l'entrepreneuriat comme outils important à la
croissance de l'Afrique au Sud du Sahara.
3 Généralités sur
l'entrepreneuriat camerounais
Le rôle des entreprises et surtout des entreprises
privés dans le développement et la croissance économique
est reconnu depuis longtemps, cependant le Cameroun va connaître entre
les années 1984 et 1996 d'importantes transformations politiques et
économiques allant du changement du régime politique à la
crise économique ainsi que le long processus de privation de ses
entreprises publiques conduisant donc à la déstabilisation des
bases du pouvoir et la rupture de la trajectoire de croissance bâtie
contre 1975 et 1986. Ce pays d'Afrique centrale, d'une superficie de 475 000
Km2 pour une population de 16322000 habitants avec in PIB par
habitant (valorisation dollars PPA) de 2 585, une espérance de vie de
45,8 et un taux d'analphabétisation de 23,1 en 200511; a
été dans les années 1980 l'un des pays les plus
prospères, présente aujourd'hui une économie plus que
précaire et très fragile, phénomène dû d'une
part aux chocs conjoncturels extérieurs des années 1986 et 1987
(fluctuation des cours du pétrole et produits de rente, baisse de la
production pétrolière...) et d'autre part les chocs politiques
liés à la succession au pouvoir du président sortant M.
Ahidjo par l'actuel président M. Paul Biya.
A cet effet, de nombreux programmes de recherche ont
été entrepris afin de déterminer les incitations à
l'entrepreneuriat privé et les raisons qui poussent certains à
tenir le pari entrepreneurial ; il en ressort donc principalement que
l'entrepreneuriat du point de vu de sa pratique se présente de
façon toute particulière par rapport aux autres contextes
économiques et présente des spécificités propre
liés tout d'abord à la typologie puis au processus lui-même
(section B). Cependant avant toute chose, il serait judicieux de mettre en
relief le cadre même dans lequel s'inscrit cette analyse par une
présentation brève de l'état et du milieu entrepreneurial
(section A).
3.1 L'état du milieu entrepreneurial
camerounais
Comme il a déjà été
mentionné un peu plus haut, le Cameroun présente de nos jours un
milieu entrepreneurial quelque peu déplorable, les programmes
d'ajustements structurels12 supposés déboucher sur une
stabilisation et une restructuration de l'économie ne semble pas avoir
abouti a une redynamisation des affaires des entreprises (Owona NGUINI, 1996)
notamment privées, dont les initiatives se résument de plus en
plus aux seuls secteurs de l'agriculture, de
1 1BAD/OCDE (2005), «Cameroun» dans
Perspectives économiques en Afrique 2005-2006,
www.oecd.org/dev/publication
1 2Les politiques d'ajustement structurels seront
mises en oeuvre dans la période juillet et novembre 1989 sur
l'initiative conjointe du FMI / BM et le gouvernement Camerounais.
l'élevage, des services et quelque peu l'industrie avec
cependant une très forte tendance aux (unité de production
informelle (UPI) ou activités économiques non formelles.
3.1.1 Histoire et évolution : du temps de l'import
substitution à la recomposition par les ajustements économiques
et politiques
L'histoire et l'évolution véritable du tissus
entrepreneurial camerounais se situe dans le cours de la période
1982-1996, période marquant en effet l'ébranlement de la formule
patrimoniale de régulation politique s'appuyant sur un complexe
économique (NGUINI, 1996), conduisant ainsi à la remise en cause
du rôle moteur de l'intervention publique. Cette période sera
fortement marquée par deux évènements ; l'un
orienté vers une transition démocratique et l'autre
économique, visant à une réorganisation compétitive
de l'économie par le marché avec une forte prise en compte des
initiatives privées tant dans le cadre national qu'étranger.
La période d'avant 1982 semble quelque peu
négligée mais il faut cependant y situer la naissance ou alors la
formation de ce tissu entrepreneurial marqué par des
évènements majeur, axés dans l'optique de l'incitation
à l'entrepreneuriat privé national par des actions telles que :
La reforme bancaire de 1973, la mise en place de la CAPME en 1970, du FOGAPE en
1975 et bien d'autre encore malgré la forte dominance des initiative
étrangères sur celles nationales.
3.1.1.1 La valorisation étatique de la
substitution des importations face à une économie de rente
Caractérisée principalement par la position
dominante de l'Etat et les grandes ou moyennes entreprises
étrangères par rapport au secteur privé national, le
développement de l'entrepreneuriat Camerounais s'inscrit dans le cadre
d'une valorisation de l'entreprise et des affaires. Laquelle valorisation
restera cependant entravée par des obstacles institutionnels, au
développement des marchés ; incitant ainsi les différents
opérateurs à s'engager dans une activité de recherche de
rentes afin de produire des coûts de transaction sur les
marchés.
La formation d'un tissu entrepreneurial restera donc
très limité et inégal (1) et les initiatives nationales
d'abord à très forte dominance étatique devront
nécessairement passer par un pouvoir d'arbitrage
politico-économique et des moyens de parrainage (2) divers pour voir
l'émergence de quelques acteurs nationaux sur la scène
entrepreneuriale.
3.1.1.1.1 La formation d'un tissu entrepreneurial
limité et inégal Un environnement politico-économique
pas favorable.
La reforme bancaire de 1973 intervient dans le cadre d'un
encouragement des initiatives entrepreneuriales nationales. En effet, les
opérateurs privés nationaux ne disposaient pas de moyens
importants d'investissement pour s'engager dans des activités
productives dotées d'un risque élevé et faiblement
caractérisé par un retour rapide du capital et une
rentabilité immédiate ; l'accès aux crédit à
long et moyen terme étant quelque peu difficile voir impossible au
détriment de ceux à court terme. Cela montre très
clairement les très peu d'intérêt des politiques publiques
quand à favoriser la prise élevée de risque dans les
activités productives centrées autour de l'industrie
manufacturière par des opérateurs privés nationaux qui se
voient à cet effet délégués à des
activités d'investissement en majorité dans le secteur tertiaire
(commerce, transport, immobilier).
Les opérateurs nationaux continuaient donc à
être dominés par les étrangers dans les filières
industrielles et les services et ce n'est que plus tard avec la création
de la SNI, véritable holding financier qui a joué un rôle
cardinal dans la gestion des prises de participation et des prêts aux
entreprises (Owona NGINI, 1996) ; ainsi que la reforme en 1984 du FOGAPE que la
tendance semblera s'inverser et le capital étranger passera donc
à 39 % soit une nette diminution de 28 % au bout de 11 années.
En dépit de tout ceci, on assistera non pas à
une prédominance de l'entreprise privée, mais plutôt
à la naissance d'un Etat entrepreneur très puissant,
l'accès des entrepreneurs privés au ressources financières
demeurant tout de même sans réelle amélioration d'où
le recours à des circuits émergent de développement
décentralisé et informel tel que les tontines.
L'émergence des circuits de développement
décentralisé et l'expansion de l'industrie Etatique.
La phase d'expansion de l'industrie camerounaise que l'on
situe généralement entre 1975 et 1986 avec l'arrivée ou
alors l'éclosion d'une vaste campagne d'exploitation minière
notamment les ressources pétrolières dont l'évolution des
recettes allait favoriser la progression de l'industrie de 26,5 % entre 1979 et
1980 va donc voir la naissance de grands projets d'import substitution
liés aux entreprises publiques et parapubliques industrielles
bénéficiant principalement de l'appui de l'Etat et du
système bancaire. Des projets ambitieux vont voir le jour, notamment la
CELLUCAM, la SOCAME et bénéficier de très lourds
investissements dans le but de permettre une capitalisation productive et
constituer ainsi des pôles de croissances et induire des «
linkage effects ».
Les entreprises publiques et parapubliques engagées
dans l'import substitution occupent généralement une position de
monopole ou de quasi monopole, faisant appel à des mesures de protection
contre les importations avec divers droits d'importation régis par
l'UDEAC, les licences d'importation et des mesures non tarifaires comme le
contingentement ou des incitations liés au code de l'investissement. Le
code des investissement de juillet 1984 s'efforce en fait de créer un
contexte de plus en plus favorable à la mobilisation du capital pour le
développement des petites et moyennes entreprises nationales, il
organise ainsi un régime spécifiques pour les PME et PMI avec des
avantages de longue durée ou de durée moyenne par des mesures
telles que l'application d'un taux réduit à 5 % des droits de
taxes et des équipements industriels locaux, l'exonération de la
taxe sur la distribution du crédit, de l'impôt sur les
sociétés et des droits d'enregistrement. Axés sur la
promotion des PMI et PME ; tout ceci ne suffira cependant pas, car des efforts
ne sont pas vraiment pris dans le sens de l'encouragement à la promotion
de l'entrepreneuriat privé qui n'a toujours pas accès au grandes
activités de production industrielles, secteur qui reste la
priorité des entreprises de l'Etat du fait de la nécessité
d'investissement lourds et très coûteux.
L'entrepreneur privé camerounais face à tout
ceci quand à lui ne voit qu'une seule issu ; les circuits de
développement décentralisé à l'instar des tontines
et établissement de micro finance. les établissements de micro
finance quant à eux ne parviennent pas tout de même à
fournir des financements à des activités très important,
ils sont dotées de conditions très rudes et illicites et ne
disposent elles même parfois pas assez de ressources à cet
effet.
De nombreux entrepreneurs utilisent des tontines comme service
de financement. Parfois, le financement primaire provient d'une tontine mais en
général de fond de roulement lui provient d'une
tontine13. « Les entrepreneurs se lancent en affaire avec
des économies personnelles. Très vite ils se rendent compte qu'il
faut des ressources supplémentaires pour financer leurs besoins en fond
de roulement. N'ayant pas accès au système bancaire, ils
s'adressent à la tontine où ils sont presque sûrs de
trouver du financement » (G.A. BRENNER, H. FOUDA, JM. Toulouse ;
1990).
En fin de compte, la réussite dans le milieu
entrepreneurial devait passer par la constitution de relation politiques ainsi
que la naissance d'un pouvoir politique d'arbitrage des alliances d'affaire
afin de faire face à l'Etat devenu de plus en plus puissant et de
pouvoir surmonter ces obstacles institutionnels ou développement des
marchés, « c'est pourquoi les différents
opérateurs étaient engagés dans une
activité de recherche de rente pour réduire les coûts de
transactions sur les marchés » (OWONA NGUINI, 1996).
3.1.1.1.2 Le pouvoir d'arbitrage et des alliances
d'affaire comme instrument pour la construction d'un environnement
entrepreneurial sain et équitable
Face à un Etat devenu trop puissant, les
dépenses publiques d'investissement devraient donc en effet jouer un
rôle central dans l'optique de stimuler la demande et produire des effets
d'externalités positives au bénéfice des entreprises
nationales ou étrangères. Les PME /PMI occupent une place
centrale dans la version du code des investissements révisée en
1984 permettant ainsi la formulation d'une optique élargissant leur
champ, de manoeuvre au delà de l'espace occupé par des grandes
entreprises étatiques nationales et étrangères ; le
régime de PME sera ainsi privilégié et inscrit dans un
cadre politico juridique dénommé « régime C
».
Le régime C
Axé principalement sur la promotion des PME et
l'implication effective des entrepreneurs nationaux dans le monde des affaires
camerounais, « le régime c » s'inscrit dans un cadre
politique et juridique visant à intensifier le développement des
affaires à travers les PME. Il suppose donc que l'agrément au
régime des PME passe par la condition de détention par les
investisseurs nationaux d'une part du capital social d'au moins égale
à 65 %, les entrepreneurs nationaux vont donc bénéficier
d'un accès privilégiés et protégé au
monopole de capital jusqu'ici donné par les grandes entreprises
étrangères. A cette condition de détention d'une part
importante de capital social, sera ajoutée celle de la création
d'emplois relativement modernes et un niveau d'investissement inférieur
à 500 millions de franc CFA.
L'appel à l'opération des arbitrages au profit
des PME dans l'optique de la favorisation de leurs gains d'activité
productive est une initiative lancé par le Président Paul Biya
par la convocation en septembre 1983 du CES ; en effet, les banques pratiquent
une discrimination dans l'octroi de crédit, aux entreprises de
production agricole, aux PME, préférant financer la
commercialisation des produits d'exportation14. Les
opérateurs économiques nationaux seront donc dès lors
associés aux grands projets de société des pouvoirs
politiques et on assistera peu à peu à la naissance de la toute
première génération d'entrepreneurs nationaux tels que
Joseph Kadji DEFOSSO, Hassa TANKO et Daniel NANGA AWAH qui seront
insérés dans la classe d'actionnaire des grandes unités de
production camerounaise comme la CAMSUCO, la SCS, la STPC aux
côtés d'entreprises multinationales comme le groupe GMP, HOBUM
AFRICA ou les Tanneries Paul Vaillant ( NGAYAP.P.F, 1983).
1 4CES, Rapport sur les problèmes de
distribution du crédit, YAOUNDE, 1984, p.56
Le patronage et le parrainage politique.
Les années 1975-1986 en effet marquent une
période assez faste dans l'histoire de l'entrepreneuriat au Cameroun
mais cependant fort est à noter que les écueils sont nombreuses,
les démarches et processus de création d'entreprises
s'avèrent fort complexes ; les Etats africains en général
sont très puissant et par conséquent cherchent de façon
proactive, à favoriser l'éclosion de l'initiative individuelle et
de l'esprit d'entreprise par des politiques incitatives protéiformes
(Albagli et Hénault, 1996).
Le renforcement des moyens de patronage et de parrainage
politique des affaires par la bureaucratie étatique camerounaise
intervient dans le contexte de cette trajectoire de croissance des
années 1975-1986 mais cependant il reste à noter que cette
pratique n'est pas du tout nouvelle, ainsi la première tentative remonte
aux années 60 où l'utilisation des pratiques de patronage par
l'ex Président M. Ahidjo visait principalement une reconstruction des
liens d'échange politique. « M. Ahidjo, son ministre Victor Kanga
et l'administration ont facilités pour des raisons politiques, la
progression économique des commerçants Bamiléké en
fermant les yeux sur de nombreuses irrégularités commerciales,
fiscales et douanières »15. Les politiques de patronage
et le parrainage passe par l'utilisation des ressources d'accumulation
apportée par la rente agricole et pétrolière afin de
définir les conditions institutionnelles de fonctionnement des
activités productives ou distributives des petites moyennes et grandes
entreprises. Elles ne se limiteront pas seulement aux entreprises nationales
mais feront plutôt l'objet d'une forte implication des grandes
entreprises étrangères. Ainsi l'économie
pétrolière et le secteur du bâtiment et travaux public
furent organisés comme des oligopoles définis autour
d'entreprises, multinationales telles que ELFAGUOTAINE, SHELL-PECTEN, MOBIL-OIL
et CEP pour l'économie pétrolière ; tandis que le secteur
des BTP sera l'affaire d'entreprises comme dragage (filiale du groupe
Bouygues), les grands travaux de Marseille, Razel, SATOM et COGEFAR.
Le patronage et le parrainage politique dans le milieu
entrepreneurial camerounais repose essentiellement sur un ensemble d'alliances
politiques et d'un certain nombre de règles d'affinités
liées tant à l'appartenance tribale qu'aux cercles politiques ;
ces alliances politicoéconomiques bénéficient beaucoup
plus d'une insistance ou alors une visibilité lorsqu'elle concerne les
patrons camerounais présent dans les instances comme le CES, le
comité central de L'UNC ou la chambre de commerce, l'Industrie et des
Mines. La sphère économique camerounaise est alors
transformée en une multitude de réseaux d'accumulation qui vont
être déstabilisés suite à des luttes politiques et
économiques liés à la crise de succession
1 5BAYART Jean François, L'ETAT AU CAMEROUN,
Paris : FNSP, 1985, p.227-228
présidentielle de 1982-1984 entraînant ainsi
l'échec des pratiques de parrainage politique et enfin de compte une
redéfinition des rapports entre l'Etat et l'entrepreneur.
L'économie camerounaise allait donc sombrer dans un chop avec
l'arrivée de la crise économique suivie d'une période de
très faible niveau d'activité économique débouchant
sur la dynamique des ajustements structurels et son corollaire la
privatisation, pris dans l'acception la plus large de terme, poussant la
fonction publique à se tourner de façon quelque peu
défensive et réactive, vers la création d'entreprises
privées afin de chercher à régler les problèmes
d'emplois posés par les « déflatés » et le
nombre sans cesse croissant d'étudiants qui sortent des
universités(ALBAGLI et HENAULT, 1996).
3.1.1.2 La dynamique de la recomposition par les
ajustements structurels économiques et politiques dans un contexte de
crise économique
L'économie camerounaise en général et le
milieu des affaire en particulier dans le pays tout entier présente une
totale défaillance, il en va du niveau de plus en plus
élevé des déficit budgétaire de l'Etat, de
l'accroissement plus que progressif de la dette intérieur et
extérieur, le niveau de l'emploi et en fin de compte une économie
de marché devenant non seulement inaccessible mais qui constitue un
pôle d'investissement à très haut risque.
Le milieu entrepreneurial camerounais se trouve donc dans une
impérieuse nécessité d'ajustement, une nécessaire
révision et recomposition tant dans le domaine économique que
politique s'inscrivant non seulement dans le cadre d'une reforme
économique réelle ; mais aussi dans ce contexte politique de
multipartisme en mouvance orienté vers la libéralisation du
marché sensé aboutir ou relevant de l'économie ainsi
qu'à la construction d'un environnement entrepreneurial sain.
La période 1985-1987 constitue pour la nation
camerounaise tout entière un cauchemar, une étape de leur vie
qu'elle aurait bien voulu ne pas avoir vécu, mais seulement qui reste et
demeure comme la preuve irréfutable du point de chute des politiques
mises en oeuvre jusque la par les pouvoirs publics, la faiblesse même de
ce système axé sur la prépondérance du pouvoir de
l'Etat ainsi que le poids très important des hauts fonctionnaires et
hommes politique sur l'activité économique. Situations les plus
désastreuses même lorsque associée en outre à des
mouvements d'ajustement supposé déboucher sur une
stabilité et une restructuration de cette économie à une
redynamisation des affaires et des entreprises camerounaises.
3.1.1.2.1 L'échec de la politique d'import
substitution et l'entrée en crise
La politique économique camerounaise axée sur la
valorisation de la substitution des importation dans un contexte
d'économie de rente visant principalement à la reformulation de
la question entrepreneuriale camerounaise avec en son centre l'entrepreneur
privée national s'est avérée en effet et sur toute la
ligne un échec malgré l'émergence et la démarcation
de quelque uns de ses fils sur la scène entrepreneurial à
l'instar de M. Joseph Kadji DEFOSSO, James Onobiono, André Sohaing et
bien d'autre encore ; Seulement il faut ici déplorer la montée en
puissance de cet Etat et de ce secteur public dont la dette va
s'accroître et attendre des proportions alarmantes en 1992 notamment
d'une valeur de 968 milliards de francs CFA, soit 32,50 % pour la dette
intérieure avec un encours de la dette extérieure
s'élevant à 1554 milliards de francs CFA essentiellement
contractées auprès des membres de club de paris (à 80
%)16 .
La baisse des cours mondiaux du pétrole, du
café, du cacao, du coton ainsi que les mouvements erratique de dollars
allaient en effet entraîner de grands chocs financer et commerciaux,
conduisant ainsi à la déstabilisation des finances publiques. On
assistera donc à un progressif retrait de dépôt bancaire
par l'Etat ainsi que le recours aux ressources financières de certaines
entreprises publiques et parapubliques comme la SNH, l'ONCPB, la CNPS et le CFC
pour le financement du déficit public. La situation économique de
l'Etat va donc très progressivement s'aggraver et s'acheminer vers une
totale déstabilisation qui entraînera dans sa course le
système tout entier. Les opérateurs économiques vont se
désengager des banques nationales aux profils de bailleurs de fonds
extérieurs pour le règlement de leurs tensions de
trésoreries.
Entre Avril 1986 et Juin 1987, l'Etat camerounais affiche une
perte de recette d'un montant de 300 milliards de francs CFA suite à la
chute des cours du pétrole, des matières premières
agricole et des fluctuations du dollars ; il faut donc dès à
présent faire face avec la chute de près de 65 % des termes de
l'échange ou creusement des déficit fiscal et externe, c'est dans
ce cadre que l'on observe entre 1986 et 1987 une accumulation
d'arriérés de paiement de près de 250 milliards de franc
CFA, d'où le recours entre 1988 et 1989 à une démarche de
crédit interne de 169 milliards de francs CFA
Il est cependant important de mentionner ici que « la
dégradation des finances publiques en 1985-1986 avait donné lieu
en cette même année budgétaire à une spirale
d'endettement lié à la stratégie de compensation de la
baisse.
1 6Situation économique et financière
des Etats d'Afrique, de l'Océan Indien et des Caraïbes en 1991,
Paris, Ministère de la coopération.
3.1.1.2.2 La redynamisation du tissu entrepreneurial
par les ajustement réel et monétaire
Les mouvements d'ajustement de l'économie camerounaise
arrive dans un contexte de véritable instabilité de l'ensemble de
l'économie, et doivent en effet faire face d'une part à
l'accroissement du déficit des dépenses publiques de l'Etat et
d'autre part à un système financier et bancaire presque en
déclin et tout ceci dans un contexte de mutation politique avec
l'arrivée du multipartisme qui va entraîner quelques petites
divisions ; notamment dans les considérations tribales ainsi que la
naissance d'une classe de fonctionnaires et d'hommes politiques
véreux.
Les mouvements d'ajustement au Cameroun s'inscrivent dans le
cadre d'une politique conjointe FMI- Banque Mondiale entre septembre 1988 et
octobre 1989, ils sont essentiellement orientés vers des mesures
d'ajustement réel de l'économie dans l'optique d'une
stabilisation et une restructuration de l'économie en vu de faire face
d'une part creusement de l'écart entre les dépenses et les
recettes publiques et d'autre à une structure de l'économie peu
enclin à l'éclosion de l'initiative privé nationale. Le
train des reformes mis en oeuvre dans le cadre de ces PAS constitue un
dispositif avec un taux de change fixe, et vise principalement à
résorber la crise des finances publiques en procédant à la
rationalisation des choix budgétaires. L'économie camerounaise
sera donc organisée de trois secteur, primaire, le secondaire et le
tertiaire ; pendant bien longtemps réservé à l'Etat
pendant que la plus part des initiatives privées se résume au
secteur primaire notamment dans les activités de recherche de rente
telles que le secteur de l'agriculture, l'agroalimentaire ainsi que les petite
activités formelles conduisant soit à la satisfaction des besoins
personnels ou de ceux de la famille ou de la communauté, soit à
la recherche d'un emploi.
En dépit de toutes les mesures mise en oeuvre dans le
cadre de ces PAS ainsi que la toute première réduction de salaire
des fonctionnaires en 1991, la relance économique reste obstruée
par la récurrence des dynamiques d'alourdissement des contraintes
d'endettement et de paiement. En effet l'encours de la dette essentiellement
contractée au club de paris s'élevait au 31 janvier 1992 à
près de 1554 milliards de francs CFA17 contre une dette
intérieur estimée à 968 milliard (32,50 % du PIB) avec un
encours de 370 milliards et des arriéré de 596 milliards.
L'échec de cette politique de restructuration
réelle vient d'une part du programme de restructuration des
entreprises publiques lancé en Juin 1986 par la création d'une
mission de réhabilitation des entreprises publiques et parapubliques,
qui n'aura abouti qu'à la liquidation
1 7Situation économique et financière
des Etats d'Afrique, de l'Océan Indien et des Caraïbes en 1991,
Paris, Ministère de la coopération.
de 4 seulement des 15 entreprises étatique
recensée en 1990(Voir annexe), d'autre part la
restructuration du système bancaire s'est soldée par un
échec, ou observe près de 403 milliard de franc CFA de
créance douteuse soit environ 41 % de l'encours total de crédit
à l'économie.
Eu égard donc à tout cela, la stimulation des
activités entrepreneuriale ne pouvait s'opérer dans un tel
contexte de réelle détérioration de l'économie.
Ainsi au cours de l'année budgétaire 1992-1993 on observe une
baisse de 10,5 % du chiffre d'affaire des entreprises affiliée au
SYNDUSTRICAM avec une baisse de 47 à 17 % du niveau global des
investissements industriels dans la période allant de 1984 à 1992
(OWONA NGUINI, 1996).
Le milieu des affaires camerounais deviendra donc un milieu
jugé hostile et peu attrayant pour de nouveaux investisseurs nationaux
et étranger ; les mouvements d'ajustement monétaire allaient donc
gagner de manière progressive en consistance au détriment de
l'ajustement réel qui s'avère une échec car n'ayant pas pu
produire l'effet escompté de la restructuration d'un climat favorable au
développement de l'activité entrepreneuriale.
L'essentiel de l'ajustement monétaire intervient dans le
cadre de la double dévaluation du franc CFA en 1991 et 1994.
La toute première dévaluation de Janvier 1991
est inscrite dans l'optique de lever la problématique de la
compétitivité des entreprises manufacturières camerounaise
liée à la surévaluation du franc CFA. Le secteur
manufacturier restait donc confronté à un important
problème de trésorerie associé à la baisse du
pouvoir d'achat de nombreux ménages, il se retrouve en outre sous
l'effet du choc causé par la reforme fiscalo-douanière de l'UDEAC
ayant abouti sur la levée des barrière tarifaire afin de
démanteler toute protection en faveur des unités locales de
production industrielle. L'exemple de la CAMSUCO face à la concurrence
provenant de l'Union Européenne montre assez clairement ce
problème.
Selon OWONA NGUINI en 1996, la seconde dévaluation de
Janvier 1994 devait améliorer l'utilisation des capacités
installées des industries de transformation des produits camerounais
à des fins d'exportation. Malheureusement la réalité en
sera tout autre, les effets resteront contrastés ; seules quelques
industries peu dépendantes des intrants importés ont pu
rétablir leur compétitivité à l'instar d'ALLUCAM ou
de la SFID (finale du groupe français Rougier) pendant que l'essentiel
des entreprises fortement dépendant de la demande interne vont
pâtir du tassement de la consommation. L'accroissement de la dette
intérieure viendra couronner tout ceci et bloquer en définitive
le recours aux financements bancaires de fait de la situation non
crédible des entreprises nationales publiques et privées.
Ce deuxième programme d'ajustement va s'avérer
une fois de plus un échec et sans un réel apport à
l'amélioration de la condition de l'entrepreneur camerounais alors que
l'on s'achemine vers une période de plus en plus critique marquée
de part et d'autre par la naissance de plusieurs propres politiques et de
diverses tensions liées à l'implantation du multipartisme
politique aboutissant à une autre vision du parrainage politique de
l'activité entrepreneuriale pour une lente reconstruction.
La relance économique en dépit de ces programmes
d'ajustement restera néanmoins une équation bien difficile
à résoudre les relations entre les entrepreneurs nationaux et
étranger se dégagent de plus en plus, le pouvoir de l'Etat tend
à rester le même et à peser du même poids sur
l'activité entrepreneuriale constituant ainsi un réel frein
à l'éclosion des initiatives privées surtout nationales.
En effet, le milieu entrepreneurial demeure dans un contexte d'incertitude
persistante eu égard à la timide croissance qui s'annonce bien
que marquée par les appétences rentières des hommes
politiques et hommes d'affaires dans différents scandales politico
financiers et commerciaux.
De multiples réserves sont portées sur les
politiques gouvernementales camerounaises notamment en ce qui concerne le
paiement de la dette intérieure ainsi que le relèvement des
salaires de la fonction publique afin de faire face à la forte baisse de
la demande intérieure due à la baisse du pouvoir d'achat des
consommateurs. C'est dans ce cadre que vont intervenir en 1994. Puis en 1996
deux nouveaux programmes d'ajustements structurels en accord avec le FMI,
accords visant principalement la restructuration effective de l'économie
camerounaise. Ces accords seront suivis en octobre 2000 par la
déclaration du Cameroun comme étant éligible à
l'initiative PPTE dans l'optique de dégager un train de croissance
soutenu ainsi que la formation d'un secteur privé plus participatifs
dans le processus de la relance économique.
3.1.2 La relance économique à l'heure de
l'accession à l'initiative PPTE
Après plus d'une décennie d'ajustement
structurel, le Cameroun présente une situation économique
à peu près acceptable, bien que les cinq premières
années de l'actuel millénaire laissent parvenir un aspect
plutôt chaotique marquée par l'éligibilité du
Cameroun en octobre 2000 à l'initiative PPTE dont le point
d'achèvement est fixé à mars 200318 Le
programme triennal 2000-2003 s'avérera donc un échec en
dépit de la dynamique du secteur privé et
1 8BAD/OCDE (2005), « Cameroun » dans
Perspectives économiques en Afrique 2005-2006,
www.oecd.org/dev/publication
, p.200.
d'une croissance généralisée mais
plutôt ou sens d'une croissance tirée par quelques secteurs
exportateurs et par le rôle moteur de la demande publique.
L'année 2004 qui suivra sera ponctuée dans un
contexte préélectoral par de multiples dérapages sur le
plan budgétaire, avec un déficit budgétaire atteignant la
proportion de 0,6 % du PIB contre des prévisions d'un solde positif de
2,2 % prévu dans l'accord conclu avec le FMI dans le cadre du programme
de surveillance des actions publiques camerounaises ainsi que le programme de
type « facilité de réduction de la pauvreté et de
croissance » (FRPC) dans l'optique du rapport du point d'achèvement
de l'initiative PPTE au premier semestre de l'année 2006.
La croissance de l'économie passe donc désormais
par un assainissement des activités du gouvernement camerounais, il va
donc s'en suivre une mise en place d'un ensemble de politique publique
conduisant à un retour à la croissance (P) par l'impulsion de la
demande intérieur ainsi que de l'activité extérieur. Le
second point de cette partie lui sera réservé à une
analyse structurelle de l'économie au cours des 6 années
précédant l'accession à l'initiative PPTE, année
durant lesquelles l'objectif sera l'atteinte du point d'achèvement.
3.1.2.1 Le gouvernement camerounais en faveur de la
relance économique : le retour à la croissance
Malgré l'échec des programme d'ajustement, le
Cameroun ressort tout de même de cette derrière période
avec une structure économique bien établie et stable, taux de
croissance du PIB par habitant tel que décrite dans « perspectives
économiques en Afrique 2005-2006 » est en nette amélioration
et reste croissant depuis l'année 1997 avec notamment une performance de
croissance à 3,5 % du PIB en 2004.
La nouvelle échéance pour le point
d'achèvement de l'initiative PPTE ainsi que le programme FRPC implique
la mise en place d'un gouvernement de compétence avec une feuille de
route claire axée sur la conclusion du cycle des PPTE. Il va donc s'en
suivre une révision et une rigueur tant dans la gestion publique que
dans l'élaboration des politiques notamment budgétaire et
monétaire ; ainsi une première estimation sera faite sur 4,3 %
pour la croissance en 200619.
19BAD/OCDE (2005), « Cameroun » dans
Perspectives économiques en Afrique 2005-2006,
www.oecd.org/dev/publication
, p.195.
3.1.2.1.1 La politique
budgétaire
Axée principalement sur la demande interne et
l'exportation (de produits primaires) la croissance de l'économie
camerounaise repose essentiellement sur l'Etat en sa qualité de moteur
de cette demande interne, l'Etat est donc au centre de l'activité au
Cameroun et le phénomène nous permet de dégager un aspect
prépondérant de la spécificité entrepreneuriale
camerounaise. En effet loin de fonctionner sous un régime capitaliste et
bien que ne s'en écartant pas trop, la tendance en priorité ici
est faite à une politique sociale basée sur l'implication de la
communauté entière ; ceci s'explique par l'adoption par la
constitution de Janvier 1996 du projet de la loi sur la décentralisation
de l'administration.
En effet, suite à l'échec du programme triennal
2000-2003, la situation déficitaire du budget en 2004,
l'évolution des finances publiques du Cameroun tend plutôt vers le
chaos alors que le pays tout entier et en particulier le gouvernement vit sous
la pression de l'atteinte du point d'achèvement dans l'espoir d'une
nette amélioration des conditions de vie de la population toute
entière grâce aux retombée de cette initiative. L'essentiel
de la politique budgétaire de l'Etat reste donc canalisée
à cette fin.
L'année 2005 apparaît comme un exercice de remise
en ordre des finances publiques, les dépenses courantes sont contenues
dans les limites prévues par le programme de surveillance en raison
notamment d'un effort dans la maîtrise de la masse salariale afin de
redonner aux autorités des marges pour une augmentation des
dépenses de capital d'environ 65 % en valeur soit 260 milliards de
francs CFA (3 % du PIB) contre 260 milliards en 2004 en dépit d'une
prévision fixée a 285 milliards.20
On observe une nette augmentation du revenu de l'Etat due
d'une part aux recettes pétrolières et d'autre part au revenu non
pétrolier. Les performances en matière d'impôt et de
fiscalité sont louables, la dette domestique en nette diminution cet
estimée à 1500 milliards de francs CFA selon « perspective
économique en Afrique 2005-2006 ». Cependant il n'en demeure pas
moins de l'évolution des finances publiques qui demeurent menacée
par la prépondérance d'un secteur informel rendant étroite
l'assiette fiscale, les dépenses courantes constituent une part
très importance des dépenses publiques dans lesquelles les
dépenses de capital représentent seulement 20 %. Cette
dernière catégorie de dépense qui subit d'ailleurs des
absorptions multiples.
Il faut cependant en dépit de tout ceci souligner les
quelques effort mis en oeuvre notamment pour ce qui concerne la gestion
transparente des finances publiques avec la nette amélioration dans
les habitudes de gouvernement : « le projet de budget 2006 a
été déposé au parlement
2 0MINEFI, Direction du budget.
avant l'ouverture de la session budgétaire permettant
un véritable examen du budget par la représentation nationale,
une innovation au Cameroun. Le projet de loi de règlement de l'exercice
2004 a également été présenté au parlement
dès fin 2005. »21 Un système
intégré de gestion budgétaire est également mis en
place depuis janvier 2005 et ajouté à cela la mise en oeuvre de
cadres de dépenses à moyen terme (CDMT) notamment dans les
secteurs des BTP, sauté, éducation et questions rurales dans le
but d'améliorer l'exécution des dépenses de capital.
3.1.2.1.2 La politique
Monétaire
Désormais arrimé à l'euro, la politique
monétaire dépend largement de celle de la zone euro.
L'année 2005 en particulier sera marqué par deux actions majeures
notamment la baisse des taux directeur de 25 points de base au cours du mois de
septembre puis vers la fin de cette même année 2005 la fixation
par la BEAC 5,5 % des taux d'intérêt des appels d'offre et
à la valeur de 7,25 % le taux d'intérêt des prises en
pension.
L'indice des prix à la consommation finale des
ménages devrait se situer aux environs de 1,8 % en dépit d'une
hausse relative des prix des bien dits « contrôlés »
notamment le pétrole brut dans la mesure où celui-ci n'est pas
raffiné par le Cameroun lui-même ; l'augmentation des prix
mondiaux du pétrole raffiné se répercute donc directement
sur le prix du litre à la pompe ainsi que sur le prix du gaz domestique.
Ce phénomène constitue ainsi à l'augmentation du prix du
transport causant en définitive un comme préjudice à
l'activité dans le secteur des transports en général.
3.1.2.2 L'entrepreneuriat à la lumière de
la structure de l'économie camerounaise
Si la situation macro-économique s'est notamment
améliorée entre 2000 et 2006, la gestion structurelle elle est
restée très modérée que ce soit en matière
d'amélioration du système financier ou qu'il s'agisse des
progrès en matière de privatisation, de la réduction des
coûts de production ou de l'amélioration de l'environnement des
affaires.
Le système financier contrairement à la
période 1982-1996 apparaît de plus en plus solide et en
très réelle amélioration, cependant il reste très
peu développé. Le ratio de couverture de crédits par les
dépôts est de l'arche de 139 % en Juin 2005 contre une moyenne de
liquidité de plus de 200 % pour les dix établissement bancaire
principaux qu'il se partage la scène
2 1BAD/OCDE (2005), « Cameroun » dans
Perspectives économiques en Afrique 2005-2006,
www.oecd.org/dev/publication
, p. 201
bancaire camerounaise notamment la BICEC, la SCB-Crédit
Lyonnais, la CBC, Afriland First Bank et la standard startered Bank pour ne
citer que ceux-là.
La situation de financement en faveur des crédits
à l'investissement n'en demeure cependant pas très
améliorée, en particulier pour ce qui est des financements
accordés ou secteur privé local (surtout la PME) pendant que le
niveau des créances non performantes (brutes) dans le portefeuille de
ces banques demeure très important.
Au cours de l'année 2005, les crédits à
l'économie représentaient 81 % du total des encours soit 10 % du
PIB et ne faisant que l'objet de quelques grosses signatures. Les
crédits à long terme ne représentent que 0,35 % pendant
que le taux de bancarisation des ménages ne dépasse pas les
10%22. La bourse de Douala présente plutôt une
dynamique très morose et les établissements de micro finance en
pleine phase d'assainissement ; La BAD et l'OCDE sur la base d'un recensement
de 556 établissements au 20 septembre 2005 font état de 260
établissements de micro finance ayant reçu un agrément.
Suite à cela, les circuits de financement informels tels
les tontines tendent à gagner une place centrale.
Le dossier de privatisation des entreprises publiques
amorcé en juin 1986 quand à lui n'a toujours pas connu une
avancée significative, en 2005 les principales sociétés
visées sont la SNEC, la CAMTEL, la CAMAIR et le complexe agro-industriel
CDC. Pendant que la CAMTEL fait l'objet d'un appel d'offre pour la seconde
moitié de l'année 2006, la SNEC elle sera scindée d'une
part en une société de patrimoine qui restera entièrement
le giron de l'Etat et d'autre part en une société de gestion dont
la majorité sera remise entre les mains d'investisseurs
privées.
« Quand à la CAMAIR, qui se trouve dans une
situation financière critique, elle pourrait faire l'objet d'une
scission liquidation. Seules ses activités rentables et ses actifs
seraient cédés tandis que ses autres activités seraient
liquidées »23, telles, sont les ambitions du
gouvernement camerounais pour le cours de Janvier Février 2006 en ce qui
concerne la seule et unique entreprise de transport aérien du pays.
2 2BAD/OCDE (2005), « Cameroun » dans
Perspectives économiques en Afrique 2005-2006,
www.oecd.org/dev/publication
, p.206.
2 3BAD/OCDE (2005), « Cameroun » dans
Perspectives économiques en Afrique 2005-2006,
www.oecd.org/dev/publication
, p.205.
Ceci étant nous allons pouvoir présenter une
brève analyse des trois principaux secteurs constituant l'ensemble de
l'activité économique camerounaise à savoir le primaire
(1), le secondaire (2) et le tertiaire (3)
3.1.2.2.1 Le secteur primaire à dominance
rentière
Le secteur primaire camerounais affiche en ce jour une
croissance de + 3,9 % par rapport à l'année 2004 (+ 4,2 %), il
représente environ 21 % du PIB. La culture de rente est au centre de
cette croissance tandis que les cultures vivrières elles sans pour
autant demeurer en reste, sont également très
développées et bénéficiant même d'un
marché sous-régional dynamique, notamment en destination du
Nigeria, du Gabon, et de la Guinée Equatoriale.
La forte dynamique de ce secteur vient de la très bonne
orientation des prix internationaux issus des cultures de rente en particulier
le café, le cacao, la banane, le caoutchouc et le bois ; dont la
production et la commercialisation du caoutchouc synthétique reste la
propriété exclusive des géants complexe industriels
HEVECAM pendant que le secteur de la banane est principalement assuré
par la Compagnie Fruitière de Marseille et le groupe « Cameroon
Développement Corporation » (CDC) qui y mènent une politique
de très fort investissement ; la production de la banane est
demeurée très stable ces derniers temps en raison de la
stagnation de la demande mondiale et les données du MINEFI en font
état d'une production au cours de l'année 2005 de 278 000
tonnes.
L'élevage occupe aussi une place centrale et fait vivre
environ 62 500 ménages ; il bénéficie également
d'un marché sous-régional dynamique bien que ses prix sont
restés très élevés par rapport au pouvoir d'achat
des consommateurs locaux. En définitive, ce secteur a permis
l'émergence d'une multitude de PME et PMI notamment dans la production
des intrant bien que demeurant au même titre que la sylviculture un
secteur très privé par l'activité informelle.
Le domaine du bois lui contribuait environ 15 % dans les
importantes camerounaise entre 2000 et 2004 du fait de l'exploitation non
contrôlée, ce secteur connaît aujourd'hui une nette
décélération en raison des mesures d'assainissement mises
en oeuvre depuis un certain temps par des autorités notamment pour ce
qui est de la répression des fraudes fiscales et des abattages
illégaux. Le MINEF fait état pour le second semestre de
l'année 2005 d'une attribution 15 nouvelles unités
forestières d'aménagement. L'exploitation et la commercialisation
du bois nécessite en effet de très forts investissements, raison
pour laquelle le secteur reste en général assuré par les
entrepreneur étranger ou des filiales de multinationale, on peut entre
autre citer les sociétés CORON et ROUGIER, aux côtés
desquelles évoluent des entreprises nationales tels Patrice Bois et
Ingénierie Forestière .S.A ;
pendant qu'une bonne partie fait l'objet d'une intense
activité informelle. L'annexe 5 nous permet de voir en
bref la situation de la ventilation sectorielle du PIB en 2004.
3.1.2.2.2 Le secteur secondaire à dominance
Etatique
C'est le secteur le plus prisé de l'économie
camerounaise notamment par les grandes entreprises industrielles
étrangères et étatiques ; le secteur secondaire est
à près de 50 % dominé par l'Etat, bien que le processus de
privatisation de la majeure partie de ces entreprises est en cours afin
d'apporter une certaine régulation dans le marché ainsi que sur
le plan de la rentabilisation de ces entreprises.
L'exploitation pétrolière est la
propriété de l'Etat qui détient tout ou partie (environ 41
%) dans les géants du pétrole au Cameroun notamment la SONARA, la
SNH pendant que la commercialisation sur le plan national est partagée
par des multinationales tels SHELL, MOBIL, ELF et bien d'autres encore.
Le secteur manufacturier quant à lui bien que reposant
sur un secteur privé local dynamique présente de nombreuses
difficultés dues principalement au problème du coût et de
la qualité des facteurs de production ; tel est le cas par exemple pour
la production de l'énergie électrique assurée par
AES-SONEL sous régime de la concession des unités de production
dont se plaignent les opérateurs économiques locaux en
matière d'approvisionnement à la fois onéreux et
insuffisant. En effet malgré une puissance totale de 932 MW,
l'estimation du déficit énergétique était de
l'ordre de 180 MW en 200424.
La société ALLUCAM qui affiche une production
d'aluminium proche de 90 000 tonnes est une société d'Etat
bénéficiant d'un certain monopole dans ce secteur ainsi que d'un
certain nombre d'avantages ; notamment au niveau de la bonne orientation des
prix internationaux, de l'augmentation de son approvisionnement en
électricité ainsi que dans l'ensemble des mesures
gouvernementales mises en oeuvre à cet effet.
Le secteur de l'agro alimentaire subi beaucoup plus les
pressions venant de l'extérieur, ainsi les produit interne sont sujet a
une très fort concurrence voir même une domination. La production
des boissons assurée par des entreprises telles que la SABC, l'UCB, la
SOFAVINC est en très nette diminution ; La production affiche une baisse
de 14,5 % au premier semestre en 2005 (perspective économiques en
Afrique 2005-2006). La morosité des ménages pèse
très lourdement sur ce secteur, de même que sur celui de la
production du ciment dont le monopole est réservé aux cimenterie
du Cameroun (CIMENCAM).
2 4BAD/OCDE (2005), « Cameroun » dans
Perspectives économiques en Afrique 2005-2006,
www.oecd.org/dev/publication
, p.205.
En définitive, les entrepreneurs et industriels locaux
sont confrontés à ce jour à la concurrence asiatique
devenant de plus en plus agressive, ils doivent faire face d'une part à
l'incapacité des autorités à lutter efficacement contre la
contrebande et d'autre à la concurrence déloyale d'un secteur
informel en réelle effervescence.
3.1.2.2.3 Un secteur des services très
enclavé
Il apparaît très dynamique et sa contribution au
PIB avoisine actuellement les 45 %. Le secteur des
télécommunications y occupe une place prépondérante
notamment avec la présence de l'unité Etatique CAMTEL et des deux
principaux opérateurs privés MTN et Orange Cameroun ; le nombre
d'abonnement a en effet depuis les quatre dernières années connu
une nette amélioration (+ 53,7 % pour le mobile) bien que la
qualité et la quantité des infrastructures demeurant
insuffisante.
Ce secteur souffre en effet du même problème que
celui du tourisme. Le Cameroun souvent appelé Afrique en miniature offre
un potentiel touristique très important mais présente une
faiblesse au niveau des développements des infrastructures.
Le secteur du transport quand à lui n'est pas en reste
malgré l'évolution positive du secteur portuaire, la question du
transport reste très contestée avec notamment le déclin de
la compagnie aérienne nationale la CAMAIR dont la liquidation est
annoncé pour le second semestre de l'année 2006 à cause
d'importants problèmes financiers.
Le réseau ferroviaire qui est exploité depuis
1999 sous le régime de la concession par Camrail (groupe Belloré)
s'étend sur environ 1200 Km et est principalement dédié au
Fret. Il est le monopole principal de la société CAMRAIL et l'un
des rares secteurs à bénéficier d'une subvention annuelle
de 4 milliards de francs CFA25. Il affiche une activité
« voyageur » structurellement déficitaire au profit du trafic
routier.
Le réseau routier quand à lui s'étend sur
près de 50 000 Km dont seulement 45 % jusqu'à lors
bitumées, ils connaît de nombreux problèmes notamment la
mauvaise qualité des routes, le caractère informel des
activités de transport urbain et interurbain, les problèmes
liés à la congestion notamment dans les grands métropole
tels Douala et Yaoundé rendant ainsi l'entretien difficile.
A la lumière de l'évolution du monde des affaires
et de l'histoire économique au Cameroun, il en ressort un amer
constat sur la mauvaise qualité de l'environnement des affaires eu
égard à
2 5BAD/OCDE (2005), « Cameroun » dans
Perspectives économiques en Afrique 2005-2006,
www.oecd.org/dev/publication
, p.208.
la présence à ce jour d'un secteur privé
formel pourtant dynamique. En effet la forte puissance de l'Etat et la
présence de nombreux clivages socioculturels et politiques tendent en
effet à assurer d'une part l'installation et le maintient d'une
administration trop lourde à laquelle s'ajoute les
insécurités juridiques et judiciaires auxquelles doivent faire
face les entreprises en particulier privées.
D'autre part la corruption est entrée dans les moeurs
des dirigeants camerounais quelque soient leurs rang fonctionnel ou
hiérarchique, la gangrène de cette corruption va de plus basse
classe à la très haute institution administrative offrant ainsi
à ce pays ayant pourtant démarré sur de très bonne
bases de se classer selon transparency International au 137e rang
sur 159 pays classés.
Fort est aussi à remarquer ici le caractère peu
incitatif à l'activité privée en matière de
création, de fiscalité d'entreprise et de respect des contrats,
sans pour autant oublier les problèmes liés au «
harcèlement fiscal dus à la prolifération des
contrôles fiscaux et douanières arbitraires et abusifs.
En définitive, il faut cependant louer les quelques
initiatives gouvernementales récentes dans le sens d'enrayer le climat
de défiance qui semble persister entre l'administration et le milieu
entrepreneurial ainsi que dans l'optique d'accroître la cohérence
de l'action publique, notamment la prise en compte de la problématique
du milieu des affaires dans le « programme national de gouvernance
révisé » en cours d'élaboration sous l'égide
du PNUD ainsi que la consultation du secteur privé de
l'élaboration de la loi de finance.
3.2 Spécificité de l'entrepreneuriat
camerounais
La question entrepreneuriale est-elle une question universelle
? Existe-t-il un entrepreneuriat camerounais différent de ce que l'on
observe de façon homologue en Europe, en Asie ou alors en
Amérique ? La notion d'entrepreneuriat aussi litigieuse qu'elle soit du
point de vue de sa définition semble autant que moins l'être du
point de vue de sa pratique. En effet, la notion d'entrepreneuriat à la
lumière de la multitude de parutions traitant de ce sujet tend à
s'adapter à l'environnement socio politique et économique autour
duquel elle évolue de façon même à pouvoir le
transformer ou le modeler selon ses besoins : « L'entrepreneur de la net
économie se trouve donc confronté à un problème
bien plus complexe que l'entrepreneur traditionnel. Il ne lui suffit pas
d'innover en trouvant des solutions moins coûteuses, ou plus
performantes, ni
même de satisfaire des besoins nouveaux. L'entrepreneuriat
est amené à construire un environnement de marché,
à bâtir une institution »26.
L'entrepreneuriat dans les pays en développement en
général obéit à un certain nombre de règles
et à une histoire bien spécifique, ce qui contribue très
grandement à le présenter de façon assez claire et
distincte de la réalité vécu ailleurs, notamment dans les
pays les plus avancés. En effet, « à regarder de
près, il y a effectivement un environnement plus ou moins favorable
à l'émergence d'une classe d'entrepreneurs, il constitue le
terreau de fertilisation et d'appel. Les options idéologiques, les choix
politiques, les contraintes économiques fixent le décor de
théâtre susceptible de réduire un nombre plus ou moins
conséquent d'acteur »27 ; le caractère
spécifique de l'entrepreneuriat devient donc de plus en plus visible
selon que l'on se réfère à une certaine typologie de la
question de l'entrepreneuriat (Z) et bien plus encore selon que l'on
s'intéresse de façon approfondie au processus de création
en lui-même de l'entreprise (II), cette structure là même
qui est l'objet de l'entrepreneuriat au Cameroun et partout ailleurs.
3.2.1 Spécificité de l'entrepreneuriat
camerounais : Essai de typologie
« L'entreprise africaine doit être ramenée
à une typologie spécifique. L'entrepreneuriat de ce continent
structurant davantage le tissu économique à partir de petites
entreprises »28
En prise de façon particulière,
l'entrepreneuriat camerounais ne se démarque pas tout à fait de
cette considération de Hernandez, mais plutôt s'inscrit en
très droite avec une bonne partie de la pratique entrepreneuriale dans
la plus part des pays du sud du sahara. Une étude plus approfondie de
l'histoire de ces pays permet de comprendre très clairement la question
ainsi que de pouvoir présenter l'entrepreneuriat de cette partie du
continent en rapport avec les différents facteurs qui tendent à
l'influencer. Ceci étant nous pouvons entre autre évoquer les
marques de la colonisation, période au cours de laquelle le tissu
économique de cette partie du continent s'est quelque peu formée,
avec l'arrivée d'investisseurs étrangers ainsi que l'implantation
des multinationales, en outre il faut relever la qualité, la
manière et les politiques de gestion des autorités politiques
ayant à la charge la question de ces pays. En définitive
apparaît le contexte de crise qui s'est progressivement installé
suite à l'échec de la transition d'une économie à
dominance étatique et étrangère vers un système
reposant sur la
2 6Benerent Christophe et Verstraété
Thierry, ( ) Entrepreneuriat et NTIC : construction et
régénération des Business model, Ed. ADREG
2 7Richard P. (1983). La passion de créer,
Albin Michel
2 8Hernandez E.M (1996) « l'entreprise » in
création d'entreprise en Afrique. De Hénault G et Albagli C. ed
AUPELF-NREF P. 51
construction d'un marché stable, d'un environnement
économique ou la rentabilisation de l'investissement prime sur
l'appropriation du bien public à des fins individuelles.
Ainsi donc une analyse typologique de la question
entrepreneuriale nous renvoie dans ce sens où l'entrepreneuriat tourne
autour de l'individu est de sa structure à s'intéresser dans un
premier temps à l'entrepreneur sans pour autant trop s'y attarder parce
que la notion a fait l'objet d'une analyse plus profonde dans la
première partie. L'entreprise est au Cameroun vue comme l'entité
suprême de l'entrepreneuriat, cette entité qui baute en quelque
sorte la plupart des citoyens publics en matière de gestion
économique ; elle sera donc l'objet de notre second point d'analyse.
3.2.1.1 L'entrepreneur Camerounais : Typologie
L'entrepreneur dans la question de l'entrepreneuriat a fait
jusqu'à lors l'objet décrits et de débats multiples
notamment pour ce qui est de la question typologique ; tout de même une
chose en demeure certaine, c'est la réponse à la question que se
pose Albagli Claude : « Existe-t-il un entrepreneur africain
différent de son homologue européen ou asiatique ? »,
question qui revient sans cesse lorsqu'il faut traiter du caractère
spécifique de l'entrepreneuriat face à un contexte socio
économique donné.
3.2.1.1.1 Rappels théoriques
La réponse à cette question, autant
évidente que cela puisse paraître fait quand même l'objet de
débat multiples. Filion. L.J (1988) pense que l'on ne peut traiter du
domaine de l'entrepreneuriat sans parler de typologie d'entrepreneurs, bien
qu'il en existe une telle diversité de cas. Ainsi, Collins, Moore et
Unwalla (1964) et Collins et Moore (1970) ont établi une distinction
entre l' « entrepreneur administratif » et l' »entrepreneur
indépendant », Smith (1967) quand à lui pense plutôt
à l' »entrepreneur artisan » et à « l'
»entrepreneur opportuniste » ou l' »entrepreneur d'affaire
». La liste devient encore plus exhaustive lorsque l'on se penche sur les
écrits de Vesper (1980) pour qu'il existe au moins 11 types
d'entrepreneur : 1) les travailleurs autonomes travaillant seuls, 2) les
bâtisseurs d'équipes, 3) les innovateurs indépendants, 4)
les multiplicateurs de Modèles existants, 5) les exploitants
d'économie d'échelle, 6) les rassembleurs de capitaux, 7) les
acquéreurs, 8) les artistes qui achètent et vendent, 9) les
constructeurs de conglomérats, 10) les spéculateurs, 11) les
manipulateurs de valeurs apparentes.
A côté de toutes ces différentes
façons de penser, la réalité entrepreneuriale en est tout
autre en terme de typologie d l'entrepreneur, bien que au sens réel du
terme il existe beaucoup de différences dans les appellations que l'on
donne que dans ce qui est au fond de la typologie.
3.2.1.1.2 La classification
traditionnelle
Au Cameroun, la fonction entrepreneuriale peut être
remplie par divers agents économiques repartis entre la puissance
publique, les agents étrangers et les acteurs nationaux, chacun agissant
selon le cadre politico social et économique qui l'entoure et ce en
fonction des exigences et besoins qui s'offre. En terme de typologie,
l'entrepreneur camerounais obéit quelque peu ou alors épouse
quelque peu ce qu'il a toujours été convenu d'appeler la «
classification traditionnelle » ; ainsi on distinguera entre autre l'Etat
entrepreneur, l'entrepreneur transnational, l'entrepreneur étranger,
l'entrepreneur national, l'entrepreneur informel.
L'entrepreneur informel
Celui-ci pourrait très bien être
considéré d'entrepreneur national, mais il faut cependant noter
la présence de ses nombreux confrères étrangers, notamment
des africains ; il évolue en quelque sorte sur ce que l'on appelle le
« marché noire ». En effet ce dernier crée une micro
entreprise, une toute petite unité de production ou encore une
activité économique quelque peu lucrative sur la base d'un
capital au préalable très réduit, il ne s'acquitte pas des
obligations fiscales et ne respecte non plus les mesures conventionnelles
fixées par l'administration en matière de
rémunération des employés. Un employé du secteur
privé informel reçoit 27 300 francs CFA de revenu mensuel, ce
revenu devient d'ailleurs beaucoup plus insignifiant dans le cas particulier du
secteur informel agricole soit une valeur de 11100 francs CFA par
mois.29
Axées principalement sur une autocréation
d'emploi, l'entrepreneur informel vise la satisfaction des besoins réels
et offre un éventail de bien et services dont les acquéreurs sont
le plus souvent issus des classes pauvres et moyennement pauvres.
L'entrepreneur national
« Aujourd'hui, l'Etat mesure qu'il n'a pas la
compétence requise pour apprécier les miles facettes d'un
marché. De « simulateur » l'Etat doit converti son rôle
en « stimulateur » pour faire émerger une classe
d'entrepreneur collant au marché, se rajustant à la
concurrence,
2 9INS, Enquête sur l'emploi et le secteur
informel au Cameroun en 2005,
www.statistic-cameroon.org
s'immergeant dans les évolutions technologiques
»30. L'entrepreneur national au Cameroun est la solution
à la diminution du rôle de l'Etat demeuré jusqu'à
présent trop présent dans la sphère entrepreneuriale ; son
activité se résume beaucoup plus dans le commerce, les
sociétés d'import-export ainsi que les PME et PMI
Celui-ci essaye autant que possible d'être en
règle avec les normes administratives bien que restant en
perpétuel tiraillement avec ce dernier car juge l'administration
tatillonne ou arbitraire. Il ne bénéficie pas d'un réel
apport de financement auprès des banque qui ne lui accordent pas une
grande crédibilité, d'où le recours à des circuits
de financement « informel » tels que les tontines.
L'entrepreneur étranger et l'entrepreneur
transnational
Ces deux types d'entrepreneurs à priori apparaissent
comme ceux là qui arrivent avec la colonisation, bien que le premier se
soit depuis l'époque coloniale implanté en créant sur
place soit une exploitation agricole, soit une exploitation industrielle alors
que l'autre arrive quelque peu avec les indépendances, l'expansion du
capitalisme et cherche une zone où les facteurs de production lui
permettrait la réalisation d'un profil maximal.
L'entrepreneur transnational est à la fête de
cette structure là même qui symbolise les offres du capitalisme,
il est au centre de ce phénomène communément appelé
la mondialisation et constitue par conséquent un réel danger pour
l'Etat car peut posséder un chiffre d'affaire plus important que le PNB
du pays tout entier, il est souvent traité de partenaire nationale vers
son institution d'origine. A cet effet, il est plutôt l'opposé de
l'autre qui lui de nos jours est très apprécié du fait de
l'apport de capitaux de l'initiative nouvelle. L'entrepreneur étranger
est l'exemple pour le camerounais aspirant à l'entrepreneuriat.
L'Etat entrepreneur
L'Etat camerounais s'est toujours réservé la
place d'honneur dans le milieu entrepreneurial, il pensait être le seul
à pouvoir mener à bien une économie en pleine
effervescence à travers l'accumulation des ressources diverses issues et
des exploitations agricoles, et des exploitations industrielles, il est au
coeur de l'activité économique mais seulement ses techniques vont
se révéler être pas très inadéquate.
« Mais l'entreprise publique se fit Etat dans l'Etat au
mépris des règles élémentaires d'obligations de
résultats, son déficit est le plus souvent
rééquilibré à l'aide du budget
national pendant que le profit réel même de ces
entreprises fait l'objet de transfert à des compte privés pour
l'enrichissement d'une certaine classe de la population. En outre l'entreprise
publique est trempée dans un tel climat de corruption rendant la
qualité du service publique déplorable.
Ces dernières années témoignent d'une
volonté très louable de l'Etat au relâchement de
l'entrepreneuriat au profit des initiatives privé à travers tout
un long processus de privatisation engagé depuis 1989 au Cameroun comme
dans beaucoup de pays Africains tel que décrit en annexe
6 par Aoulou. Y.
3.2.1.2 Typologie de l'entreprise camerounaise
La façon générale et compte tenu des
effectifs, l'on a souvent tendance à distinguer quatre grands types
d'entreprises :
- Les toutes petites entreprises (TPE) qui sont soit des
entreprises individuelles sans salarié, soit des entreprises
présentant un effectif allant jusqu'à 9 salariés.
- Les petites entreprises (PE) qui sont juste au dessus des TPE
avec un effectif pouvant atteindre la cinquantaine de salariés.
- Les petites et moyennes entreprises ou industries (PME/PMI),
elles peuvent compter jusqu'à 499 salariés mais cependant sont
parfois regroupés en petites équipes de travail afin d'assurer
une certaine rentabilité et bénéficier d'un suivi
facile.
- Les grandes entreprises (GE) comptent au-delà de 500
salariés et peuvent même atteindre des proportions allant du
simple au double de cet effectif là.
Il faut cependant noter que la classification des entreprises
ne peut obéir qu'à ce seul critère de la taille de
l'effectif ; d'autres facteurs peuvent intervenir tels que le chiffre
d'affaire, le secteur d'activité, le statut juridique ou au mieux une
classification obéissant à vue association de deux ou plusieurs
de ces critères.
L'entreprise camerounaise offre à cet effet une toute
autre facette et passe presque outre les stades des petites et toutes petites
entreprises pour ne tenir compte que des PME/PMI, des grandes entreprises (GE)
et enfin une troisième classe qui a toujours fait l'objet d'une
très grande controverse quand à son adoption au rang des
entreprises. L'Entreprise informelle bien que évoluant dans la stricte
illégalité mérite en lieu et place d'être
classée parmi les entreprises camerounaise car le secteur informel
constitue au même titre que les autres un
secteur d'activité visant la promotion de
l'activité économique et occupe même une place non
négligeable pour ce qui est de la création.
3.2.1.2.1 Les grandes entreprises
De façon générale, une certaine
ambiguïté règne sur la classification des entreprises au
Cameroun et en Afrique en général, ceci permettant de
dégager une autre spécificité de ces entreprises. En effet
lorsque nous tenons compte de la taille ou alors de l'effectif de l'entreprise,
ce qu'il est convenu d'appeler « grandes entreprises » est
considéré ailleurs comme une PME, ainsi Michaël porter,
spécialiste Américain de stratégie d'entreprise parle de
l'existence de PME de 1000 personnes sont déjà
considérées comme étant des grandes entreprises.
Les grandes entreprises au Cameroun revêtent une certaine
particularité et révèlent en général de deux
catégories essentielles : le secteur privé et le secteur
public.
Le secteur privé
L'initiative en ce qui concerne les grandes entreprises au
Cameroun est un domaine spécifiquement réservé aux
entrepreneurs étranger ainsi qu'aux multinationale. La
nécessité d'un investissement trop lourd et important en est la
véritable cause ; elle constitue en effet une réelle
barrière pour les investisseurs nationaux qui ne sont pas enclin au
risque et qui ont d'énormes difficultés de financement.
Par contre, le secteur parait plus propice aux
multinationales. Le vaste mouvement de privatisation des entreprises publiques
apparaît pour eux comme une source d'opportunités leur permettant
d'assurer une implantation définitive dans le pays ainsi par exemple,
les principales activités industrielles du port autonome de Douala sont
depuis 2003/2004 assurée par Mocrsk et le consortium Bolloré pour
ce qui est du remarquable et la société Française «
les Abeilles » pour ce qui lui est du lamanage; le réseau
ferroviaire quant à lui est exploité sous régime de la
concession par camrail qui appartient au Consortium
Bolloré31, pendant que l'exploitation du bois est en
majorité assuré par le groupe Rougier.
Il faut cependant noter que la présence
française est très prépondérante au Cameroun et
évolue beaucoup plus sous le qualificatif d'alliance franco-camerounaise
que sur celui de multinationale et constitue en quelque sorte les vestiges de
la période coloniale.
Le secteur public
Les grandes entreprises dominées par le pourvoir de
l'Etat représentent au Cameroun environ 50 % de la production totale.
Elles sont en fait née de la reprise des grandes exploitation
minières et compagnie diverses par l'Etat après la période
coloniale. Cependant Marc Penouil (1992) pense que ces grandes entreprises ont
souvent été crées dans l'optique de parler à
l'absence d'entrepreneurs privés aptes à gérer l'industrie
locale. Mais il faut cependant noter que ce phénomène
relève beaucoup plus de la capacité des gouvernements Africains
en général à suivre une mode longtemps répandue
à savoir l'étatisation des entreprises comme panacée
à toutes les difficultés économiques.
Les grandes entreprises publiques camerounaises aujourd'hui
apparaissent au sein de la structure économique camerounaise comme des
« géants au pied d'argile », en effet à quelques
exceptions près, elles présentent un bilan globalement
désastreux et sont pour beaucoup dans le déficit de finance
publique qu'accumule l'Etat depuis de longues années. Elles sont sans
cesse sous perfusions des ressources de l'Etat ainsi l'exploitation du
réseau ferroviaire est subvention à hauteur de 4 milliard de
franc CFA par an sur l'activité « voyageurs »32.
Les phénomènes de corruption et de
détournement des fonds publics constituent également un
véritable frein à l'évolution de l'activité dans ce
secteur, conduisant ainsi à un difficile recouvrement des investissement
engagés et par conséquent service rendu dans ces
sociétés d'Etat est quelconque et n'assure en aucun cas la
satisfaction des usagers.
3.2.1.2.2 Les petites et moyennes
entreprises
Si l'on est parfois arrivé à attester d'un bon
état de santé de l'économie camerounaise, c'est
grâce au développement très récent d'un secteur de
la PME très dynamique. Il constitue le fer de lance de la production au
Cameroun et va de la micro finance à la production industrielle en
passant par des activités agricoles rentières qui sont depuis
toujours restées ancrées dans les habitudes des entrepreneurs.
La PME apparaît en ce jour un secteur d'activité
très privé et très diversifiés, il constitue
l'essentiel des initiatives privées nationales bien que demeurant
très insuffisant en comparaison à la réalité
entrepreneuriale d'ailleurs, cette insuffisance constitue ainsi une
particularité dans la plus part des pays Africains selon Philippe HUGON
(1993) « la faiblesse des technologies intermédiaires et l'absence
de PME caractérisent les économies africaine dualistes. Les
entreprises publiques et les filiales des firmes étrangères
jouxtent les ateliers informels ou les exploitations paysannes ».
L secteur de la PME au Cameroun rencontre en effet un
très grand nombre de problème et cette faiblesse qu'elle affiche
aujourd'hui tire son explication d'une part dans la crise économique de
1985-1986 ayant entraînée la disparition de beaucoup de PME ou
alors leur glissement dans le secteur informel. D'autre part, on constate une
certaine limitation du seuil de l'activité, car peu enclin au risque.
L'innovation n'est pas en effet une réelle motivation dans les habitudes
de l'entrepreneur camerounais qui tend vers les stagnations, il se cantonne en
fait à sa première idée et l'entreprise n'aspire vraiment
pas à une évolution notable ; la plupart du produit de
l'entreprise subit une fuite vers des activités non rentables se
résumant soit à la survie de la famille, soi à la
résolution d'autres problèmes de la société ou de
la communauté, conduisant ainsi soit à la stabilisation de
l'activité soit dans le pire des cas au déclin.
La PME camerounaise cependant se distingue beaucoup des autres
PME rencontrées dans les autres économies ; elle peut en effet
être regroupées en deux catégories distinctes.
- Les petites entreprises qui sont des sociétés
de personnes, elles sont le plus répandues, ont un effectif très
réduit pouvant aller jusqu'à 30 employés et parfois
beaucoup moins, elle se rapproche beaucoup plus de l' »entreprise refuge
» de J.M Bellot (1998) car constitue en réalité une
assurance contre les vicissitudes de la vie professionnelle en cas de
difficultés, de licenciement. C'est une assurance vieillesse pour son
propriétaire au moment de la retraite. Les petites entreprises oeuvrent
généralement dans l'industrie légère, l'immobilier,
la construction et les travaux publics.
- Les moyennes entreprises sont beaucoup plus importantes
d'abord du point de vue des effectifs (jusqu'à 100 personnes) et ensuite
compte tenu des capitaux investis. Ce sont des sociétés de
personnes ou de capitaux oeuvrant beaucoup plus dans le commerce et l'industrie
d'import-export. La motivation majeure ici est l'évolution de
l'activité ainsi que la tendance à la diversification,
l'élargissement du porte feuille et la recherche d'un maximum de profit,
l'ouverture vers de nouveaux horizons. Ici ce n'est pas nécessairement
l'affaire d'un fonctionnaire désireux d'assurer ses heures de retraite,
mais plutôt celle d'un « manager » possédant une solide
formation. La qualité de l'employé est fonction de sa
qualification et son salaire quelquefois dépend de son rendement. La
notion d'accumulation est la règle d'or de l'affaire.
Le secteur informel ne sera pas abordé ici car fera
l'objet d'une analyse plus détaillée mais nous pouvons
déjà à la lumière de l'analyse typologique faite
ici de l'entrepreneuriat camerounais à travers l'entrepreneur et
l'entreprise que l'entrepreneuriat peut en effet ne pas
paraître universel du point de vue pratique. La
classification de l'entreprise sous le critère de la taille nous permet
déjà de voir en clair que la grande entreprise camerounaise est
en fait la PME Américaine pendant que ce qui est considéré
comme étant la PME camerounaise fait en outre l'objet d'une certaine
distinction entre petite entreprise et moyenne entreprise selon Amadou Lamine
Dia (1991) d'une part et d'autre part J.M. Bellot (1998) parle plutôt
d'entreprise « refuge » et de l'emprise de « manager ».
3.2.2 La dynamique nouvelle de l'entrepreneuriat
camerounais : l'entrepreneuriat féminin
Bien loin de ressembler au modèle de
shapero33 en Côte d'Ivoire ou aux célèbres
vendeuses
de tissus togolaises les « Nana Benz », la femme
camerounaise présente tout de même un intérêt
très particulier à l'activité entrepreneuriale
malgré les multiples obstacles auxquels elle doit faire face. En effet,
les analyses et les travaux récents sur l'entrepreneuriat et notamment
l'entrepreneuriat féminin dans les pays en développement et en
particulier en Afrique du Sud du Sahara soulignent que des capacités
dont disposent les femmes pour mettre en marche leurs entreprises sont
comparativement à celles des hommes, très
insuffisantes34 ; les femmes ont en général moins de
ressources économiques, financiers, matérielles, intellectuelles
et humaines ; elle manque dans la plupart des cas de capital,
d'éducation scolaire de base et de formation professionnelles.
Après avoir présenté la place de la femme
dans la société camerounaise et dans le milieu entrepreneurial en
particulier (1), nous nous intéresserons aux initiatives
féminines, leurs domaines d'action ainsi que les difficultés
auxquels elles sont confrontées dans le cadre des possibilités et
limites de l'entrepreneuriat féminin au Cameroun (2).
3.2.2.1 La place de la femme dans la
société et le milieu entrepreneurial camerounais
Restée longtemps marginalisée, la femme
camerounaise tend aujourd'hui à être de plus en
plus prise en considération dans le processus de
développement du pays. Mais il n'en demeure pas moins qu'elle n'occupe
pas la même place dans la société que l'homme ;
représentant environ 52 % sur une population de près de 16,7
millions d'habitants selon le rapport sur la population camerounaise en 2004 de
la direction de la statistique et de la comptabilité nationale, elle
constitue la couche de la population la plus pauvre avec seulement une
proportion de 38 % de la main d'oeuvre totale du pays.
3 3Voir « le modèle de Shapero en
Côte d'Ivoire » de Emile-Michel Hernandez dans la création
d'entreprise en Afrique. Ed AUPEL-UREF, 1996. PP. 61-66
3 4Voir ATOL (1997) « les femmes entrepreneur et
les ONG d'appui en Afrique subsaharienne. Un éloge de la
diversité et de la complexité » 125 p ainsi que
Gérard Tchouassi « Entreprendre au féminin au Cameroun :
possibilités et limites » dans Académie de
l'entrepreneuriat. PP. 433-445
Les femmes se retrouvent en majorité dans le secteur de
l'agriculture traditionnel où elles représentent les 64 % de ce
secteur car vivant en majorité en zone rurale. Seulement 4 %
évoluent dans l'industrie pendant qu'elles ont encore une
prépondérance assez forte dans le secteur des services soit
environ 32 %.
Les raisons explicatives de ce déséquilibre sont
nombreuses et vont de l'histoire à la culture elle-même, ainsi les
femmes représente 45 % du taux d'analphabétisation contre 25 %
chez les hommes et par conséquent se retrouve beaucoup plus au
chômage ou on a la proportion de 60 % contre 23 % pour la classe
opposée. En effet, on estime de manière générale et
en particulier dans les trois provinces islamiques du pays que sont le Nord,
l'Extrême Nord et l'Adamaoua que « la femme est faite pour le foyer
; aussi les filles abandonnent très tôt l'école où y
sont contraintes pour des mariages précoces.
3.2.2.1.1 L'implication de la femme camerounaise au
développement
Dans la société camerounaise le véritable
problème auquel les femmes sont confrontées est l'exclusion,
l'exclusion étant elle-même ici comprise comme une situation de
non accès à certaines ressources (matérielles,
financières, psychologiques, physiques, mentales...) et à
certains réseaux de socialisation. L'exclusion se manifeste en effet par
l'absence de relations sociales dur à l'oisiveté, à
l'absence d'occupation, de travail et en particulier à la faiblesse et
à la précarité des revenus.
Au Cameroun, l'exclusion concerne principalement les femmes,
les jeunes et les handicapés. Cependant « il a été
reconnu tant au Nord qu'au Sud qu'il ne peut y avoir développement
durable sans implication, sans participation des femmes ou sans prise en compte
du rôle et de la place des femmes »35 ; ainsi depuis
1970, trois approches ont été développées à
cet effet.
L'approche « intégration des femmes au
développement » (IFD), l'approche « femmes et
développement (FED) et enfin l'approche genre et
développement.
Les approches IFD et FED ont été respectivement
développées en 1970 et 1980 et vinrent particulièrement
à mettre en exergue le fait que les contributions des femmes au
développement étaient méconnues et mal
évaluées pour la première approche en préconisant
de rendre le développement plus efficace, plus pratique et plus
réel par la participation des femmes.
3 5Voir « Exclusion et liens financiers »
(1998, 2000 et 2001). Rapports annuels publiés par le centre Walras sous
la direction de Jean-Michel Serve.
La seconde approche quand à elle est fondée sur
la particularité des femmes au mécanisme de développement
mais pour des bases pas très bien définies et inégales et
envisage l'amélioration de l'accès aux ressources de celles-ci
ainsi que leur implication au processus d'élaboration et de prise de
décision. Tout de même dans ces deux approches, la femme reste
subordonnée et confinées à des rôles secondaires et
inférieurs à ceux des hommes.
L'approche « genre et développement »
intervient dans les années 1980 dans l'optique de réparer les
omissions des deux premières approches ainsi que les
déterminations à l'égard des femmes ; cette approche est
principalement axées sur le développement avec une implication
équitable et durable car les « femmes s'inquiètent de voir
les problèmes féminins perçus sur le plan du sexe
différences biologiques par rapport aux hommes et non sur le plan du
genre - rôles sociaux , relations entre hommes et femmes et les forces
qui perpétuent ces relations tout en les modifiant
»36.
Ces différentes approches théoriques tendent
très clairement à expliquer le processus de promotion de la femme
en cours dans le pays depuis de nombreuses années.
3.2.2.1.2 La promotion de la femme
camerounaise
De la petite fille contrainte aux ménages
précoces à l'épouse « violée » et
opprimée en passant par la directrice d'entreprise marginalisée
et presque ignorée, la situation des femmes camerounaise parait assez
préoccupante pour la société tout entière et les
pouvoirs publics en particulier, c'est la « raison pour laquelle notre
objectif majeur est de les aider à se prendre en charge et à se
valoriser tant sur le plan social que celui du travail »37.
La promotion de la femme est l'un des axes prioritaire du
gouvernement camerounais en ce moment ou la dynamique entrepreneuriale des
femmes reste très remarquée et apparaît de plus en plus
croissante malgré le caractère seulement «
génératrice de revenus » de leurs activités
regroupées en général dans la très petite
entreprise. C'est dans cet optique qu'a été soumis tout
récemment à la restitution des acteurs nationaux et
internationaux de développement un document de stratégie
sectorielle féminine émanent des grandes résolutions de la
conférence mondiale sur les femmes tenue à Beijing en 1995.
3 6Tchamanbé. L Mai (1999), « La femme
camerounaise face aux enjeux économiques du XXXIème siècle
», communication au colloque sur : femme, leadership et
Développement, un regard prospectif sur le 21ème
siècle, organisé par le MINCOF, 17. p
3 7Déclaration de Mme Suzanne Bomback, Ministre
de la promotion de la femme et de la famille à IPS et publié
dans
www.allafrica.com
Ce document constitue en effet la feuille de route de ce qui
sera en fait la stratégie gouvernementale de réduction de la
pauvreté chez la femme camerounaise ; quatre axes en découlent
principalement :
Le tout premier, axé sur l'amélioration du
statut socio juridique de la femme constitue de pilier de la stratégie
et suppose d'une part la mise en place des mécanismes juridiques et
judiciaire de protection des droits ou de la dignité de la femme.
D'autre part, il vise la vulgarisation des droits et devoirs de la femme, la
lutte contre les pratiques discriminatoires et les violences faites à
l'égard de la femme et de la petite fille.
Le second axe quand à lui vise l'amélioration
des conditions de vie de la femme pendant que le troisième lui est
axé sur la promotion de l'égalité et de
l'équité entre les sexes dans divers secteurs d'activité
de la vie nationale, aboutissant ainsi sur la création d'un «
comité genre » dans chaque département ministériel et
la plupart des services publics.
La dernière orientation stratégique traite des
renforcements des structures et mécanismes institutionnels de promotion
de la femme ainsi que l'amélioration des capacités de celle-ci.
Ainsi il a été à cet effet lancé il y a deux ans
par le ministère de la promotion de la femme et de la famille, en
partenariat avec l'Institut Africaine d'Informatique basé à
Yaoundé en vaste programme social de formation et d'éducation de
la femme camerounaise. Pour la maîtrise des NTIC dénommé
« Opération 100 000 femmes à l'horizon 2012 » dans
l'optique d'améliorer les capacités de la femme au travail,
augmentant ainsi leur potentiel ainsi que leur compétitivité.
3.2.2.2 Les possibilités et les limites de
l'entrepreneuriat féminin au Cameroun
« J'ai commencé en tant que fonctionnaire, quand
j'ai quitté le travail, j'ai crée un petit restaurant et je
travaillai jusqu'à une heure du matin, et le matin, j'allais au bureau
pendant au moins deux ans. Après j'ai acheté une voiture et j'ai
mis en taxi, puis après d'un taxi je suis arrivé à avoir
plus de 30 taxis... Après j'ai crée une société qui
s'appelait SOCAMAC qui faisait de l'import-export ; je faisais venir de l'huile
d'arachide, des cuisses de poulet congelées ainsi que des gigots de
boeuf... »38.
Ces quelques propos de Mme Françoise Foning, vice
présidente mondiale des femmes chef d'entreprise montre en effet que la
pratique entrepreneuriale féminine n'est pas une exclusion dans le monde
des affaires au Cameroun, par contre cet exemple qui constitue d'ailleurs
même la plus grande illustration en matière d'initiative
féminine ( annexe 7) va bien au-delà
3 8Propos de Françoise Foning recueillis par
Akwe Amosu et publié le 25 juin 2005 dans
www.allafrica.com.
de toutes les considérations faites depuis lors quand
à la situation de la femme et montre en effet que malgré les
multiples obstacles, quelques possibilités sont offertes pour les
initiatives entrepreneuriales féminines (1). Cependant ces quelques
initiatives apparaissent bien rares et présentent un certain nombre de
limites sur lesquelles il serait important de s'appesantir ici (2).
3.2.2.2.1 Femmes et initiatives entrepreneuriales :
analyse sectorielle
Bien au-delà de l'exclusion dont est victime la femme
camerounaise dans le milieu des affaires et en dépit de son niveau
très faible et très bas de revenu, celle-ci présente tout
de même une forte propension à épargner
quotidiennement39. Ce comportement qui constitue pour elle une
réelle source de financement pour ses activités, lui permettant
ainsi de pouvoir contourner le difficile accès aux financements
bancaires ou en provenance des institutions formelles de financement.
Fort reste cependant à constater la faiblesse de ce
financement qui tend par conséquent à diriger la femme d'une part
vers des activités génératrice de revenus
(AGR)40 très souvent de très petite taille traduites
sur le plan entrepreneuriale par un statut d'entreprise en création, en
lancement ou en développant ; elles présentent un régime
fiscal de base, réel, simplifié ou impôt
libératoire41, avec un capital très en dessous ou
parfois légèrement au dessus de 50 000 F CFA et comprenant en
définitive une main-d'oeuvre en majorité familiale pour un
objectif total strictement inférieur à cinq employés.
D'autre part les initiatives féminines s'articulent autour des
activités de nature économique ou sociale
génératrice de revenus ; activités contribuant en effet
à l'auto emploi des femmes.
Aussi petites qu'elles soient, les activités des femmes
se retrouvent de nos jours dans tous les secteurs de l'économie
camerounaise et fond généralement des petites activités de
vente de produits agricoles à la production des services.
Le secteur primaire apparaît comme étant le plus
prisé, on y retrouve en effet environ 84,2 % des femmes
confinée en général dans l'agriculture, l'élevage
ainsi que la foresterie. Les
39Tchouassi G (2006) « les comportements
d'épargne des femmes au Cameroun : une analyse à partir de leur
récit de vie », Africa Review of Money, Finance and Banking, PP.
117-133 et Tchouassi. G (2002), « Epargne des femmes au Cameroun :
épargne individuelles, épargne collective ou épargne
solidaire » rencontres interuniversitaire de l'économie sociale et
solidaire, sur le thème : sens et portée de l'économie
solidaire, tenue du 5 au 7 février 2002 à Lyon, 13 p.
40Tchouassi G ( ) « Entreprendre au
féminin Cameroun : possibilités et limites », in
Académie de l'entrepreneuriat, P. 436
4 1Le régime entré en application au
Cameroun grâce à la loi de finance de juillet 1994 ; ainsi les
très petites activités sont soumises au paiement trimestriel d'un
impôt libératoire inférieur ou égal à 5000 F
CFA en plus des droits de bail et de la carte de contribuable.
femmes ici s'occupent de la production vivrière et
notamment celles de subsistance (céréales, légumes,
plantain, tabac...) dont elles se charge ensuite de la distribution sur les
marchés. On les retrouve généralement derrière des
étalages ou alors des marchandises rangée à même le
sol où elles réalisent des chiffres d'affaires très
minable. Le secteur de l'élevage quand à lui se limite à
quelques animaux domestiques gardée en général dans des
enclos derrière les domiciles où on y retrouve le plus souvent
poulets, chèvres, moutons, porcs etc. Cependant une certaine
catégorie de femme notamment dans le Nord du Cameroun ont une ou deux
vaches leur permettant ainsi l'extraction du lait destiné à la
consommation familiale et à la commercialisation sur le marché le
plus proche du surplus de production.
Dans le secteur secondaire, les femmes créent de
très petites unités industrielles de production
généralement dans des activités agro-alimentaires, la
confection de vitement ou les unités de tissage. D'après les
données chiffrées sur le secteur industriel, le nombre de femmes
promotrices de petites et moyennes industries est très réduit,
ainsi elle représentent un pourcentage de l'ordre de 9 % dans des
activités regroupées en général dans l'industries
du textile (teinture, filature, broderie et couture) pour une proportion de 80
%, l'industrie agroalimentaire où elles s'occupent de la fabrication de
boissons et du tabac et enfin dans l'industrie du bois ou elles majorité
des revendeuses de sous produits de scieries ou de menuiseries. (Tchouassi,
2002).
Le caractère très réduit de leurs
unités de production pousse les femmes à fonctionner dans
l'informel, échappant de ce fait au paiement des impôts. Le
domicile familial est le principal local des unités de production des
produits finis ou semi-finis. Ainsi, l'on transforme les arachides, les noix de
palmes, les noix de karité, en huiles et autres produits
dérivés, on produit des boissons alcoolisées et non
alcoolisées à partir du mil ou du maïs ou encore le jus, la
glace et le lait caillé à base de fruits et du lait extrait des
vaches. D'autres part, les femmes s'occupent dans le secteur de la restauration
à la sauvette ou ambulante sur les trottoir ou sur les places de
marché ainsi que dans le secteur artisanal pour la production et la
conception d'oeuvres d'arts tels les pots, les canaris, les marmites, les
chaises, les tables à partir du coton, l'argile, le bois, le rotin
utilisés comme matière première.
Les femmes dans le secteur tertiaire se retrouvent surtout
dans des branches à très faible valeur ajoutée, en
général elles « sont installées le long d'une rue,
sur le trottoir, au pas de la porte, les marchandises disposées sur une
table bancales, simplement sur un plateau ou sur une nappe posée
à même le sol »42. Ici, elles s'occupent
généralement du commerce et surtout
4 2Tchouassi. G ., « Entreprendre au
féminin au Cameroun : possibilité et limites », dans
Académie de l'entrepreneuriat
www.entrepreneuriat.com p.
438.
le commerce de détail (52,8 %), des services (47 %)
ainsi que de la revente des produits vivrières (81 %) ; ainsi les femmes
sont en majorités revendeuses de poissons frais ou fumés, de
tomates, de piments, de légumes, de plantains, de banane, de fruits,
d'huile de palme ou d'arachides, etc.
En somme, l'ensemble de ces activités en
général à très faible valeur ajoutée met la
femme dans une situation où elle ne « gagne pas grand-chose »
mais constitue pour elle non seulement une source de revenue pour la survie de
sa nombreuse famille mais aussi un moyen efficace pour lutter contre
l'oisiveté, l'inoccupation et la marginalisation dont elle est victime
dans la société eu égard à toutes les
difficultés auxquelles elle est confrontée ainsi que les
nombreuses limites à l'exercice de son activité
entrepreneuriale.
3.2.2.2.2 Les limites à l'action de la femme
en milieu entrepreneurial
Les évolutions récentes des mentalités
des hommes en général ainsi les aboutissements de certaines des
mesures misent en oeuvre depuis lors dans l'optique de l'amélioration de
la situation de la femme au Cameroun prétend à croire que les
problèmes rencontrées par la femme en milieu entrepreneurial
à longtemps dépassé le cadre lié au genre et aux
considérations sociales ancestrales mais se trouve en tout autres points
notamment au niveau de la fornication ou alors de l'éducation de la
femme d'une part et à celui de la recherche de financement pour son
activité d'autre part.
La question de l'éducation de la femme au vu des
statistiques déjà mentionnées un peu plus haut dans la
présente partie de ce mémoire trouvent principalement son
explication dans certaines considérations ethnologiques et
socioculturelles où en fait la femme apparaît encore non seulement
sous l'emprise du chef de famille mais reste en outre considérée
comme n'étant pas qualifiée à l'exercice d'une certaine
activité.
Gérard Tchouassi (2000a; 2002) annonce deux de ces
considérations : « la scolarisation de la jeune fille est un
investissement à perte au profit de sa future belle-famille, et que la
place de la jeune fille est auprès de sa mère qui, très
tôt, doit l'initier aux travaux domestiques (cuisines, corvée
d'eau, de bois, et petit commerce, etc.) et agricole » et y trouve
l'explication au faible niveau d'instruction de la femme rendant ainsi
précaire sa compétitivité non seulement sur le
marché de l'emploi mais aussi dans l'exercice de l'activité
entrepreneuriale. Il en découle en outre de cette éducation le
fait que les femmes confondent la caisse de la très petite entreprise et
le budget familial conduisant ainsi à un mélange de la gestion
professionnel et la gestion domestique d'où la redirection à des
secteurs et des branches à très faible contribution
productive.
Bien que l'entrepreneure camerounaise trouve au niveau des
tontine et des associations familiales une substantielle source de financement,
celle-ci parait très insuffisante et constitue en effet un frein pour le
développement efficient de son activité. Ainsi les femmes
camerounaises sont en évidence et de façon permanente et
récurrente exposée à une réalité,
réalité qui de plus en plus est présentée comme une
préoccupation obsessionnelle : « l'argent manque »
(Guérin, 2000).
Les femmes camerounaise du point de vu de leur situation
sociale ainsi que des réalités liées aux US et coutumes
camerounaises ont un accès limité non seulement à la
propriété foncière et à la succession mais aussi
à l'exercice d'une certaine classe d'activité ; elles sont donc
confinées à des activités génératrice de
revenu ; les AGR sont en effet caractérisées par leur
fréquentes difficultés à trouver auprès des
institutions financières classiques des prêts du fait d'un manque
de garantie de celle-ci notamment sur le plan productif d'une part ainsi que
sur la qualité de la gestion (Mélange entre la gestion
professionnelle de la petite entreprise et la gestion domestique du budget
familial) d'autre part.
De la nette dominance étrangère de
l'époque coloniale la croissance quelque peu soutenue de l'initiative
entrepreneuriale privée de l'heure en passant successivement par un
état d'économie faste entre 1977 et 1981, puis la conjoncture
politique due au changement de régime présidentiel en 1982 et
enfin la crise économique des années 1985-1987, le milieu
entrepreneurial camerounais a non seulement connu de multiples heurts mais
aussi des moments de gloire. Cependant ces moments de gloire ont fait l'objet
soit d'une mauvaise gestion des pouvoirs publics, soit d'un pillage des
ressources publiques par de très haut fonctionnaire véreux, ou
même encore ont fait l'objet d'un laxisme de la part des entrepreneurs
privés nationaux au développement d'action innovatrice, à
les prises élevée le risque et enfin à la croyance en
leurs capacité quand au développement et la mise sur pied
d'entreprises et industrie géantes.
L'état actuel du milieu entrepreneurial camerounais
témoigne en effet des multiples efforts engagés pour la mise sur
pied d'une économie saine et le développement d'un tissu
entrepreneurial dynamique et solide. Bien que l'évidence tende à
montrer l'omniprésence de l'Etat comme une spécificité
propre à l'entrepreneuriat camerounais, il n'en demeure pas moins qu'une
autre facette de cet entrepreneuriat tend vers des initiatives privées
notamment celles féminines bien que beaucoup plus concentrées
dans les AGR et les activités d'utilités sociales. La mention de
l'entrepreneuriat féminin comme une spécificité de
l'entrepreneuriat au Cameroun s'inscrit en droite ligne avec initiatives tant
gouvernementale qu'associatives mise en oeuvres dans le pays depuis lors pour
la promotion de la femme camerounaise
notamment dans le sens de l'apport à celle-ci d'une
formation appropriée ainsi que la facilitation à l'accès
au crédit, dans le but d'améliorer ses capacités et de
développer ses aptitudes et attitudes à entreprendre davantage et
de manière efficiente.
4 SECTEUR INFORMEL CAMEROUNAIS
Entre illégitimité et illégalité,
modernisme et traditionalisme, le secteur informel apparaît comme un
élément intermédiaire non négligeable dans la
sphère entrepreneuriale camerounaise. Source de revenue substantielle,
recteur d'auto emploi et contributeur à la richesse nationale, le
secteur informel camerounais à quelque peu dépassé le
cadre de l'activité souvent définie négativement comme non
officielle, non structurée, non capitaliste voir illégale et
clandestine ; et revêt plutôt une autre facette en terme d'aide au
développement et instrument au secours des couches
défavorisées de la population. Ainsi par exemple, « la
difficulté d'avoir un logement urbain décent a poussé la
plupart des citadins qui ne disposent pas de moyens financier importants
à s'adresser au secteur informel ; celui-ci est le seul à pouvoir
leur proposer des mécanismes de production de l'habitat adapté,
à leurs pouvoir d'achat et à leur savoir-faire.
»43.
HERMANDEZ (1996) dans son essai de typologie de l'entreprise
en Afrique subsaharienne place le secteur informel définie comme le
secteur de l'économie populaire à côté des grandes
entreprises reconnues par leur rôle déterminant dans
l'économie nationale et des PME qui elles sont de taille plus
limitée mais respectant à peu près les règles de
l'économie officielle. Il en va ainsi de la reconnaissance du secteur
informel comme un élément important dans le processus de
développement mais aussi dans le sens de l'intégration d'une
certaine classe dans la machine économique.
C'est dans cette optique qu'il convient de présenter
ici les principes de base même du fonctionnement de ce secteur informel
à travers son historique sa définition, ses
caractéristiques ainsi que le rôle de celui-ci dans
l'économie camerounaise (A) pour enfin à la lumière d'une
étude empirique entrer dans le coeur même de ce secteur informel
afin de découvrir quelles sont réellement les motivations et les
objectifs visés de ses acteurs (B).
4.1 Le secteur informel : Approche descriptive
Le terme secteur « informel » tire ses origines
d'une étude sur l'emploi urbain au Ghana présentée
initialement en 1971 et publiée par Hart en 1973, mais cependant
officialisé lors de la publication en 1972 d'un rapport du BIT sur
l'emploi au Kenya dans le cadre du programme mondial de
l'emploi44.
4 3Pettang.C.,
Vermande.p. et Zimmerman.M.(Vol 4,
n° 31, 1995), « L'impact du secteur informel dans la production et
l'habitat au Cameroun », Cah. Sci. Hum, p.883.
4 4Pour plus de clarté au sujet des origines du
termes, voir les travaux de Philippe BARTHELEMY (n°7,1998), « Le
secteur urbain informel dans les pays en développement : Revue de
littérature », Revue Région et développement, p.1 ;
ainsi que ceux de Richard WALKER (Mars 2006), « La formation en en
secteur
Il est alors défini par SETHURAMAN (1976) Cameroun
secteur composé d'entreprises employant moins de dix personnes,
échappant à toute réglementation administrative et
juridique, employant une main d'oeuvre familiale, appliquant des horaires
souples, recourant à des sources informelles de crédit et
fabricant des produits finalisés (par opposition à des produits
intermédiaires). Les travailleurs de ces entreprises ont rarement
accès à l'enseignement scolaire, utilisent peu d'énergie
électrique et mènent les activités semi permanentes
».
Cette définition fera l'objet de controverses et de
débat multiple, ainsi tout un panel de définitions sera
apporté par divers auteurs compte tenu de critère multiple,
rendant ainsi la compréhension en elle-même du terme assez
difficile ; raison pour laquelle notre travail consistera en premier lieu de
donner une définition à ce terme afin de pouvoir ensuite
dégager son rôle et sa place dans l'économie
camerounaise.
4.1.1 Comprendre le secteur informel : concept et
définition
Que ce soit compte tenu des variables statistiques, des
variables opérationnelles (légitimité et
légalité de l'action) et du caractère de continuité
de l'activité traditionnelle (Richard Walker, 2006) ou alors des
critères « taille de la firme », « gestion des
établissement » et « contribution des firmes à
l'activité économique » (Philippe Barthélemy, 1998),
une définition du secteur informel parait quelque peu difficile et
soulève de multiples controverses.
Le secteur informel parait presque incontrôlable et
difficilement quantifiable de sorte à pouvoir faire l'unanimité
que ce soit en terme de définition théorique qu'en terme de
projection à un contexte économique propre. A cet effet, «
l'analyse du secteur informel ne peut pas être indistincte ou globale,
mais demande à être différencié selon la nature des
acteurs économiques qui le compose (taille, structure de gestion et
emploi), selon les types d'activités productives mis en oeuvre
(artisanat d'art, de production ou de service, artisanat urbaines ou artisanat
rurales), selon le niveau de technologie requis en terme de production et de
service (types d'outillage et d'équipements utilisés) et,
finalement, selon les logiques de reproduction, de croissance ou de transition
vers l'économie formelle développées par les unités
de production informelles (UPI)45.
informel », Document de travail de l'AFD.
4 5Propos de la dernière enquête
statistique INSEE/AFRISAT, recueillis dans STATECO (2005), «
Méthodes statistiques et économiques pour le développement
et la transition, n° 99.
Ainsi notre étude s'atèle à donner une
définition du secteur informel en tenant compte des
réalités vécu au Cameroun, pour ensuite déboucher
sur l'analyse des acteurs en présence ainsi que de ses
caractéristiques.
4.1.1.1 Qu'est ce que le secteur informel ?
Plusieurs données par SETHURAMAN en 1976 de donner une
définition au terme « secteur informel », ils sont partis sur
la base d'hypothèses et critères multiples qui cependant ses sont
toutes présentées révélatrice de lacunes et ont
fait sujet à controverse. A ce propos, notre étude partant sur
l'hypothèse des motivations à la création des UPI, tentera
une définition sur la base de deux critère à savoir : la
taille de la structure et la gestion des établissements ou
critère d'ordre juridique.
4.1.1.1.1 Approche en terme de taille de la structure
Théoriquement, cette approche considère comme
appartenant au secteur informel les entreprises ayant un effectif
inférieur à 5, 10 voire 20 personnes ; cependant il reste
à constater un fait très claire de façon à ne pas
confondre par exemple l'activité d'un « cireur de chaussure »
à celle d'un cabinet d'avocat qui très rarement atteint le total
de 10 employés. Ceci prouve dont le caractère arbitraire de ce
critère de qualification.
D'autre part l'observation statistique de façon
générale dans des pays en développement où les
micro et petites entreprises informelles occupent une place importante en terme
d'emploi et de contribution à la richesse nationale et le produit
intérieure brut, permet de voir au secteur informel un sous-ensemble du
secteur institutionnel des ménages en comptabilité nationale
(Richard Walker, 2006). Ici, le secteur informel est constitué par des
entreprises distinctes des sociétés et
quasi-sociétés du fait que ne tenant pas un ensemble complet de
comptes et ne constituent pas des personnes morales distinctes des
ménages dont elles dépendent et par contre répondent
à un certain nombre de critère notamment celui d'entreprises
familiales ou de personnes travaillent de façon autonome parfois seules
ou ayant recours à une aide familiale d'une part. D'autre part
respectent le critère d'entreprises individuelles employant une ou
plusieurs personnes ; ainsi les données de l'INS en 2005 placent le
secteur informel camerounais en terme d'opportunités d'insertion
économique devant le secteur public et le privé formel,
reconnaissant par conséquent le rôle joué par ce dernier au
niveau de la création d'emploi.
pour les personnes concernées »46 eu
égard au caractère juridique lié à la gestion de
ces unités de production.
4.1.1.1.2 Approche en terme de critère d'ordre
juridique
« Aucune firme de 2 à 5 travailleur n'applique le
salaire minimum au Niger, alors qu'un tiers environ le respecte en
Algérie, en Jamaïque et au Swaziland et 94 % en Equateur. En
revanche, les firmes informelles équatoriennes ne sont que 17 % à
déclarer leurs employés à la sécurité
sociale tandis que celles de Thaïlande accomplissent ces formalités
à 53 % ». Cette conclusion tirée des travaux de Mead et
Morisson (1996 a et 1996 b) sur un échantillon de sept pays en
développement auprès des firmes de petites tailles (2 à 5
et 6 à 10 actif) montre à travers des tableaux
récapitulatifs que ces firmes se comportent de façon diverse d'un
pays à l'autre quand au respect des obligation fiscales, sociales et le
droit du travail.47
Le rôle et l'importance du secteur informel dans une
économie est très déterminant en matière de la
rigueur des éléments d'ordre juridique régissant le
fonctionnement de l'activité économique du pays, un ensemble de
règles trop stricte aurait plutôt tendance à constituer un
frein à l'émergence de petites unités de production et
activités à caractère sociale, contribuant ainsi à
une limitation de l'apport de ce secteur au développement tout entier du
pays. Le secteur informel emploi au Cameroun environ 90,4 % des actifs
occupés selon l'enquête de l'INS sur l'emploi et le secteur
informel en 2005 ; il constitue par conséquent un important vecteur dans
l'emploi notamment des jeunes sous scolarisé et de la population rurale.
Ainsi le AGR et les AUS bénéficient d'un régime fiscal de
base, réel, simplifié ou impôt libératoire tel que
prévu dans la loi de finance promulguée en juillet 1994 et
soumettant les très petites entreprises pour la plupart au paiement d'un
impôt annuel dont le montant dépend du capital social pendant que
les AGR et AUS sont soumises au paiement trimestriel d'un impôt
libératoire inférieure ou égal à 5000 francs CFA en
plus des droits de bail et de la carte de contribuable48.
A ce stade, notre réflexion épouse celle de
walker R ( 2006) en terme de légitimité et légalité
de l'action lorsqu'il suppose que la légalité situe les acteurs
du secteur informel dans leur relation aux règles administratives,
fiscale et sociale pendant que la légitimité définit la
valeur sociale d'un acte relativement au degré d'adhésion de la
société et en l'occurrence explique pourquoi les activités
de ce secteur, à cause de leur utilité reconnue, sont plus que
tolérées, même quand elles ne sont pas en conformité
avec les règles instituées.
4 6INS (2005), Enquête sur l'emploi et le
secteur informel au Cameroun en 2005,
www.statistics-cameroon.org
4 7Richard WALKER (2006), La formation en secteur informel, Document
de travail de l'AFD.
4 8BARTHELEMY P. (n° 7, 1998), «Le secteur
informel urbain dans les pays en voie de développement: Une
revue de la littérature», Revue Région et
Développement, p.6.
Il en ressort donc de ces analyses que le secteur informel
peut être défini par rapport à un critère de taille
ou en référence à un critère juridique ou mieux
encore compte tenu de ces deux critère pris ensemble ; de ce fait il
désignerait l'ensemble des « activités se développant
spontanément en milieu urbain, permettant d'absorber une partie de la
main d'oeuvre provenant des migrations rurales, et n'obéissant pas aux
règles formelles de l'économie du travail, à savoir la
comptabilité, le droit du travail, etc. ». (Michel Graud, 1991).
4.1.1.2 Les caractéristiques du secteur
informel
De même qu'il est difficile d'apporter une
définition précise au secteur informel, sa caractérisation
revêt également un aspect beaucoup plus inaccessible et reste en
outre bien loin de faire l'unanimité du point de vu conceptuel. Ceci
nous poussant à faire ici une caractérisation selon trois axes
principaux : les acteurs en présence, les catégories d'informel
et enfin les caractéristiques propre ou alors au sens des analyses du
rapport Kenya, issu de l'étude réalisé par le BIT sur le
Kenya en 1972 dont un extrait figure ici en Annexe 8.
4.1.1.2.1 Les acteurs du secteur informel
De manière générale, trois personnes ou
groupes de personnes constitue l'essentiel des acteurs de ce secteur. On y
retrouve donc selon leur importance l'entrepreneur, l'employé et enfin
l'usager.
-L'entrepreneur ; il est le fondateur d'une
micro entreprise ou alors l'initiateur d'une unité productive,
démarrant sur la base d'un capital très faible, avec un effectif
d'employés parfois nul ou alors strictement inférieur à 10
personnes rémunérées en dehors des mesures
réglementaire. L'acquitation des obligations fiscales, la
rentabilisation de la structure ainsi que l'évolution de celle-ci
n'entre pas dans ses priorité ; l'activité est
généralement axée sur une autocréation d'emploi et
visant principalement la satisfaction de réels besoins.
Excessivement combattu par l'administration et très
dénigré par le passé parce que ne répondant pas aux
critères d'une économie moderne. Le secteur informel après
avoir été victime des excès d'indignité, est de nos
jours perçu comme un recours salvateur très largement
surdimensionné, « il est censé résoudre
spontanément l'équilibre du marché de l'emploi et
constituer la pépinière de l'entrepreneur de demain
»49.
-L'employé,
rémunéré mensuellement a environ 27. 300 francs CFA pour
les activités non agricoles et a 11 100 francs CFA pour le secteur de
l'agriculture selon les données issues de
4 9TCHOUASSI G., «Entreprendre au féminin
au Cameroun: Possibilités et limites», Académie de
l'Entrepreneuriat, p.434.
l'enquête sur l'emploi et le secteur informel au
Cameroun en 2005 réalisée par l'INS, le travailleur du secteur
informel est généralement issu de la classe pauvre de la
population, il est sous scolarisé ou alors se retrouve sans emploi
après ses études. C'est le cas par exemple de quelques trois ou
quatre des personnes interrogées au cours de l'étude
réalisée sur le secteur informel dans le cadre du présent
mémoire ; elles ont un niveau d'étude minimum « bac + 3
» c'est-à-dire sont titulaire d'au moins une licence et ne trouvent
comme seule recours l'intégration d'une activité informelle ou
une UPI.
L'autre catégorie d'employer est constituée de
jeune en particulier à la recherche d'une formation professionnelle et
généralement qualifiée d' « apprentis ». C'set
la classe la plus défavorisée des employés du secteur
informel et constitue par conséquent une main d'oeuvre bon marché
pour l'entrepreneur informel qui n'a en réalité aucun engagement
salarial vis à vis de ces jeune qui par contre sont sujet au versement
d'une centaine contribution servant de frais d'apprentissage
-les usagers ;comme la plupart des autres
acteurs, les usagers ou clients du secteur informel sont eux aussi issus des
classes les plus pauvres de la population . Ils trouvent en ce secteur de moyen
le plus adéquat pour la satisfaction de leur besoin et outrepassent en
effet les considération basée sur la qualité ou la
provenance du produit ; leur principal motivation est le prix ainsi ils ont la
possibilité d'avoir par exemple un « verre » de savon en
poudre fabriqué de façon artisanale sensiblement au quart du prix
de celui conditionné dans les grandes industries et n'atteignant
même pas ce même volume.
L'autre catégorie ici est constituée par la
population rurale qui n'a pas les moyens de pouvoir se déplacer vers les
grandes métropoles et qui doit faire recours à la production
locale pour la satisfaction de ses besoins.
4.1.1.2.2 Les catégories d'informel
La classification des activités informelles comme tout
les autres phénomènes relevant du secteur informel a fait elle
aussi l'objet de plusieurs analyse ; il en va donc de la distinction d'une part
entre les artisans ruraux, les artisans urbains et les prestataires de service
de toute nature, faite par Anne de Lattre (1990) ou alors de celle faite par
Marc Penouil (1990) où l'on a l'informel de subsistance aux
côtés de l'artisanat traditionnel rural et de l'informel
concurrentiel. Cependant il importe de voire ici les motivations des acteurs
notamment l'initiateur et en outre le système de gestion ainsi que tous
les autres facteurs entrant dans la mise sur pied et le suivie de
l'activité.
L'approche en terme de gestion s'articule donc autour d'une
distinction entre activités individuelles et les activités
collectives, catégories qui elles peuvent être chacune
subdivisées en deux groupes de sorte que, les activités
individuelles englobent d'une part les pratiques telles que la mendicité
et la prostitution et d'autre part les petits métiers axés sur
l'auto emploi ; pendant que les activités collectives plus
intéressantes par leur rôle dans le milieu entrepreneurial et
économique sont constituées par le secteur traditionnel assurant
la production artisanale classique et le secteur moderne à qui «
l'on doit l'intérêt actuel pour l'informel et la
multiplicité des recherches réalisées »50.
Ainsi selon les travaux de Denol. E et Nihan G. (1982), les unités
informelles au Cameroun se repartissent entre la production (travail du bois et
du métal), les services (réparations des véhicules,
réparations électriques et petite mécanique) et
l'habillement (travail du cuir et du tissu)51.
4.1.2 Le rôle et la place du secteur informel dans
l'économie camerounaise
La place du secteur informel dans les économies
sous-développées et au Cameroun en particulier est aujourd'hui
devenue incontestable (les annexes 9 et 10 en donne une
illustration assez claire), que ce soit au niveau de la création
d'emploi (1), que de celui de la contribution à la construction d'un
développement durable ou alors de son impact sur le produit
intérieur brut (2). Le secteur informel apparaît aujourd'hui
après les dépassements des considérations basées
sur son caractère illégal et illégitime un vecteur de
croissance économique convenant d'être reconnu par tous.
4.1.2.1 Le secteur informel et la création
d'emploi
La situation du marché de l'emploi au Cameroun au cours
de ces dernières années est la plus précaire, le chiffre
concernant le chômage sont très alarmant en dépit du niveau
de plus en plus élevé d'instruction notamment de la tranche de
population la plus jeune.
Le Cameroun en 2005 présente un taux de chômage
élargi (chômeurs Bit + chômeurs découragés)
estimé à 6,2 % contre un taux de 4,4 % selon le Bit, soit un
écart très réduit de 1,8 % traduisant en effet le
caractère dynamique du marché de l'emploi. Le
phénomène est principalement urbain (10,7 %) ; notamment dans les
deux principales métropoles Yaoundé et Douala les capitales
politiques et économiques où l'on retrouve les taux les plus
élevés soit respectueusement 14,7 % et 12,5 %. La tranche de
population la plus touchée est celle des jeunes d'âge compris
entre 10 et 29 ans avec une proportion de 6,5 % contre 3,1 % pour les personnes
de 30 à 49 et 1,2 % pour les 50 ans et plus.
5 0ALBAGLI C. (1996), «L'entrepreneur» in
Création d'entreprise en Afrique, ed. EDICEF/AUPELF, p.35 5
1DENOL et NIHAN, cités par HERMANDEZ E.-M. (1996),
«L'entreprise» in Création d'entreprise en Afrique, ed.
EDICEF/AUPELF, p.58
Ceci étant, le pays affiche de façon globale un
taux de sous-emploi de près de 75,8 % des actifs au chômage parmi
lesquels 12,7 % sont imputable au sous-emploi invisible (ensemble de personnes
travaillant involontairement moins de 35 heures par semaine) et 69,3 % au
sousemploi visible qui lui concerne les travailleurs dont la
rémunération est inférieurs au minimum horaire garanti
(l'équivalent de 23 500 F cfa par mois pour 40 heures de travail par
semaine).
Les explications à la présente situation sont
nombreuses, mais la principale est liée au caractère
sociodémographique de la population camerounaise selon lequel : les
jeunes de moins de 17 ans représente la moitié de la population,
et les personnes de plus de 65 ans, 3 % ; la taille moyenne des ménages
étant estimée à 4,5 personnes avec une
prépondérance des femmes chefs de ménage (surtout
monoparentaux).
La structure de l'emploi quand à elle n'est pas en
reste et témoigne en effet d'un dynamisme sans pareil et une
réelle volonté des populations à l'emploi ainsi
qu'à l'accroissement de leur revenu. De façon globale 37 % des
personnes actives sont en situation de pluriactivité de manière
à pouvoir lutter contre la faible rémunération issue
ça et là en fonction de l'emploi.
De ce fait, 90,4 % des personnes en activité se retrouvent
dans le secteur informel pendant que 4,9 % exercent dans le secteur public et
4,7 % dans le privé formel52.
Par conséquent, le secteur informel apparaît
comme le premier et principal pourvoyeur d'emploi au Cameroun ; son
intérêt dans ce secteur de la vie socio-économique reste
donc incontestable. Ceci va en droite ligne avec les données et les
conclusions du rapport BIT (2002) « vers la promotion d'un travail
décent » sur l'évolution du secteur informel en
matière d'emploi dans les pays en voie de développement. Ainsi
durant la période 1980/1990, le secteur informel est passé, de
façon spectaculaire, d'un taux d'occupation des deux tiers à un
taux d'occupation des trois quarts de la population active non agricole de
l'Afrique Subsaharienne. Cette importance du secteur informel en l'emploi
restera relativement stable et même va connaître une
légère augmentation à partir des années 1990 de
façon à atteindre entre 2001 et 2003, 76,2 % des emplois contre
14,2 % pour le secteur privé informel et 8,4 % pour le secteur
public.
4.1.2.2 Le secteur informel et la richesse nationale du
Cameroun
Lorsque nous considérons l'approche basée sur la
notion d'unité économique ou d'entreprise, le secteur informel
est défini « comme le lieu de la micro entreprise et de la petite
entreprise, c'est-à-dire comme le lieu possible d'une croissance et
d'une dynamique économique spécifique à l'organisation des
pays en développement » ; le secteur informel apparaît donc
ici analysé selon une logique de reproduction, de croissance ou de
transition vers l'économie formelle développée par les
unités de production informelle.
En tant que tel, et compte tenu de son importance dans le
problématique de l'emploi, le secteur informel comme dans la plupart des
pays en développement et au Cameroun en particulier joue un rôle
de plus en plus important dans la construction de la richesse nationale. Il
représente en Afrique subsaharienne une proportion se situant entre le
quart et les deux tiers de cette richesse nationale (Walker R., 2006); selon le
rapport BIT (2004), sa contribution au PIB dans cette même partie du
continent serait estimée à un pourcentage situé entre 7 %
et 38 %.
Le secteur informel est en outre doté d'une certaine
capacité à de la subsistance, du revenu et de la croissance
adoptée au marché local et national, constituant ainsi un
élément moteur dans la lutte contre la pauvreté et le
relèvement du revenu de vie des ménages camerounais qui selon
l'enquête camerounaise auprès des ménages (Ecam-II) de 2001
vivent pour les deux cinquième de la population en deçà du
seul de pauvreté avec environ 232 547 francs CFA par adulte et par
an.
Il ne faudrait cependant pas se leurrer sur l'importance de ce
secteur sur ces deux points notamment la création d'emploi et de
richesse, mais aussi voir en effet la face néfaste de ce secteur sans
cesse grandissant. Fonctionnant en période dans
l'illégitimité et l'illégalité. C'est un secteur
sans réel apport au niveau de la fiscalité nationale, en outre il
constitue une véritable concurrence aux entreprises privées et
publiques formelles et est très axé vers la promotion des
pratiques contre bandières. Pour ce qui est de l'employé de ce
secteur, il est très mal rémunéré, soit entre 11100
et 27300 francs cfa de revenu mensuel contre 137 000 francs cfa pour les actifs
du secteur public et 103 000 francs CFA pour le privé formel. Cet
employé ne bénéficie d'aucune couverture sociale, n'est
couvert par aucun contrat de travail, reste constamment dans l'attente d'un
licenciement arbitraire et est assurée pour une retraite sans aucun
revenu substantiel.
4.2 Etude sur le secteur informel camerounais
A la lumière des analyses théoriques et
l'étude de la question entrepreneuriale, nous avons pu constater dans un
cadre général que la réalité entrepreneuriale
camerounaise présente des aspects spécifiques, d'abord face
à la vision théorique et ensuite face à la
réalité que nous vivons par ailleurs en l'occurrence dans les
pays les plus avancés en terme d'économie. Certains de nos propos
dans les parties développée précédemment dans ce
même travail ainsi que certains faits constaté dans le vécu
quotidien le montre de façon claire ainsi par exemple, ce que l'on
considère de grande entreprise au Cameroun n'a que la place d'une PME au
USA, en outre, la place que l'on attribue au secteur informel grâce au
rôle et à l'impact de celui-ci sur l'économie n'est pas la
même dans les pays développés où il est
réellement combattu.
Ceci étant, nous nous sommes intéressé de
façon particulières à cette activité informelle ;
car le secteur informel est de plus en plus perçu comme le fer de lance
de la question entrepreneuriale, un pôle de formation de l'entrepreneur
au mieux la graine du milieu entrepreneurial d'où germe ceux-là
même qui pourront dans les jours avenir constituer le noyau de
l'initiative privée au Cameroun.
Nous sommes donc partis sur la base de certaines
hypothèses tels que énumérée dans la partie
improductive de ce travail ainsi que certains faits marquant de la vie
économique dans le pays, pour une enquête sur le terrain notamment
dans la ville de Yaoundé. Cette enquête en effet n'a pas pu
être conduite tel qu'elle avait été au préalablement
prévue à cause d'une multitude de difficultés
rencontrée sur le terrain créant ainsi un certain nombre de
modification dans le cours de ce travail.
Nous tenterons par conséquent avant même de
présenter les résultats de l'étude (II) vous faire part de
certains des problèmes rencontrés dans le cadre de celle-ci
(II).
4.2.1 Cadre méthodologique de l'étude :
Difficultés de terrain
Dans le cadre de l'étude sur le secteur informel
camerounais liée au présent travail, nous avons en effet
réalisé deux enquêtes différentes ; soit dans les
périodes allant du 12 Avril 2006 au 04 Juin 2006 pour la première
et du 15 Juillet 2006 au 20 Août 2006 pour la seconde.
4.2.1.1 Première étude de terrain
Comme nous l'avons déjà précisé,
la première étude sur le terrain s'est déroulée du
12 Avril 2006 au 04 Juin 2006. Elle était basée sur un
questionnaire de 25 questions organisées en cinq rubriques.
La première rubrique était axée sur
l'Etat civil de l'entrepreneur ou alors du chef d'entreprise, deux personnes
qui en général ne font qu'une, elle visait donc en particulier la
maîtrise de la civilité, l'appartenance ethnique, l'appartenance
religieuse, l'âge ainsi que l'identification du sujet.
La seconde rubrique quand à elle portait de
façon générale sur l'identification de la structure
(raison sociale, localisation) et sur le régime fiscale de celle-ci, de
façon à pouvoir identifier des sujets répondant aux
critères du secteur informel et ce sur la base des
caractéristiques définies par le rapport Kenya
présenté en annexe ; afin d'en éliminer ceux qui ne sont
pas concernés.
Les trois dernières rubriques traitent des questions de
financement, de ressources humaines, de motivation à la création
d'entreprise et enfin des ambitions visée, pour la structure d'une part
et pour l'entrepreneur d'autre part. Ceci de façon à pouvoir
mesurer l'impact de l'activité non seulement sur l'individu
créateur mais aussi sur l'environnement dans lequel il vit. De
façon générale, on recherche ici à analyser les
interactions issu des rapports ; entrepreneuremployés,
entrepreneur-société traditionnelle, entrepreneur-institutions de
financement, etc.
La présente étude était censée
déboucher sur une analyse statistique, mais s'est heurté à
un réel problème, celui de l'inexactitude des données
issue de l'étude. En effet il en est ressorti à première
vue de cette enquête que la structure du questionnaire était mal
interprétée par les sujets, ceux-ci ayant un niveau d'instruction
très bas (en général 70 % ont entre un CEPE, et un BEPC).
En outre, certains sujets affichaient une très forte réticence
quand au questionnaire et pensaient à priori de par leur situation
illégal et illégitime à une action en barrière
à son activité.
Beaucoup d'autre ignoraient en réalité le bien
fondé d'une étude de terrain et refusaient de façon
catégorique de répondre au questionnaire tout entier ou alors
à certaines des questions.
Ainsi, après la récupération des
données qui déjà se sont avérées
incomplètes, l'analyse de celles-ci a été très
difficile, on obtenait des chiffres inimaginable ainsi que des courbes et
graphiques relevant plutôt de la fiction que de la réalité.
Par conséquent nous avons été dans l'obligation de
réviser la méthode de l'étude pour une seconde descente
sur le terrain dans la période du 15 juillet au 20 Août 2006.
4.2.1.2 Deuxième étude de terrain
Suite aux multiples difficultés rencontrées dans
le cadre de la première étude de terrain, nous nous sommes
retrouvés dans l'obligation de révision de notre méthode
de travail. Ainsi, le
questionnaire est remplacé par une fiche de question
servant de canevas ou alors de sentier à un ensemble d'entretien avec
les sujets. L'effectif quand à lui est revu à la baisse et passe
à 30 sujets contre une centaine comme prévu au préalable.
Les raisons de cette réduction sont en général
liées à des questions relatives à la
société, les 30 sujets interrogés ici sont des personnes
que nous connaissons personnellement ou alors pour lequel nous avons
bénéficié d'un certain parrainage ou une aide quelconque
d'un tiers faisant partie de leurs connaissances.
Cette seconde s'avérera elle aussi entachée d'un
certain nombre de problème, notamment l'éloignement et le
caractère très dispersé de la localisation des sujets, les
considérations socioculturelles et économiques conduisant
à une ouverture partielle du sujet qui présente toujours un
certain recul face à certaines questions. Surtout celles des questions
liées au financement, à la rentabilité aux
résultats et enfin à la question des ressources humaines, en
particulier pour ce qui est de la rémunération de ses
employés.
Cependant, eu égard à ces quelques
problèmes, nous avons tout de même pu obtenir des résultats
plus satisfaisant qu'à la première étude; résultats
dont nous avons pu sortir un récapitulatif de données
chiffrées afin d'une réelle analyse empirique.
4.2.2 Analyse des résultats de l'étude
Les résultats issus de notre étude de terrain
ont sur notre travail fait l'objet d'une double transformation. En premier, ils
ont servi à la réalisation d'un tableau récapitulatif de
données chiffrées, ayant conduit à une suite de conclusion
permettent une réelle caractérisation de l'activité
entrepreneuriale informelle (1).En second ces résultat nous ont conduit
à la vérification des hypothèses de base fixées au
tout de but de notre travail (2).
4.2.2.1 Présentation et interprétation
des données chiffrées
Le tableau suivant est une représentation
chiffrée des différents entretiens réalisés durant
notre étude de terrain. Il comporte à cet effet quatre champs
relatifs aux principales rubriques de notre enquête, auxquels sont
associées un certain nombre de valeurs en pourcentage
représentant le rapport par rapport à l'effectif total de chaque
élément des rubriques principales.
Cependant il faut noter ici qu'un certain nombre
d'élément ont fait l'objet de réponse par plusieurs de nos
sujets en même temps; ainsi par exemples pour ce qui est des sources du
financement, une seule et même personne pouvait avoir fait recours
à plusieurs sources. Face à ce cas de figure, nous nous sommes
uniquement intéressé à la plus grande proportion de
personnes ayant fait recours à une seule et unique source.
Ceci étant nous sommes parvenu au tableau suivant.
Tableau récapitulatif de l'étude sous
forme chiffrées
Rubriques
|
Identification du
créateur/Dirigeant
|
Sexe
|
Masculin
|
Féminin
|
Age
|
Moins de 25 ans
|
26 à 30 ans
|
31 ans et plus
|
Statut matrimonial
|
Célibataire
|
Marié
|
Enfant en charge
|
Aucun
|
0 à 2 enfants
|
3 enfants et plus
|
Niveau d'étude/instruction
|
Primaire
|
Secondaire
|
Universitaire
|
Origine ethnique
|
Bamiléké
|
Haoussa
|
Béti
|
Côtiers
|
Motivation à la
création
|
Auto emploi
|
Source de revenu supplémentaire
|
Perte d'emploi
|
Travail insatisfaisant
|
Occasion à saisir
|
Identification de l'entreprise
|
Années d'existence
|
0 à 1 ans
|
2 à 4 ans
|
5 ans et plus
|
Secteur d'activité
|
Couture
|
Coiffure
|
Petit commerce
|
Services
|
Effectif des employés
|
Moins de 2 employés
|
3 à 5 employés
|
6 employés et plus
|
Statut des employés
|
Apprentis
|
Salariés
|
Charges fiscales
|
Nature
|
Impôt libératoire
|
Titre de patente
|
Autres
|
Financement
|
Capital de depart
|
Moins de 50.000 Fcfa
|
50.001 à 100.000 Fcfa
|
- à 150.000 Fcfa
|
150.001 Fcfa et plus
|
Source de financement
|
Famille
|
Conjoint
|
Tontine
|
Fonds propres
|
Etablissement de micro finance
|
Autres
|
L'interprétation des données telles que
résumées dans le tableau ci-dessus nous a permis d'aboutir
à une caractérisation de l'activité entrepreneuriale, en
prenant en considération d'une part l'entrepreneur ou
créateur/dirigeant et d'autre part la structure ou l'entreprise qu'il
crée.
4.2.2.1.1 Caractéristiques du
créateur/dirigeant
Sept éléments de notre étude nous ont permis
de pouvoir caractériser le créateur d'entreprise
dans le secteur informel camerounais; il s'agit entre autre
de: L'âge, le genre (ou sexe), le statut matrimonial, l'origine ethnique,
le niveau d'étude, les charges familiales et enfin les motivation
à la création.
La disparité de sexe est très fortement
remarquée ici, seulement on a tendance à vivre une situation
plutôt inverse à ce que l'on rencontre d'habitude; les femmes sont
de plus en plus nombreuses dans l'activité informelle à travers
les AGR. Ainsi elles occupent selon notre étude une proportion de 67%
contre 33% pour les hommes.
L'âge
Les entrepreneurs informel se recrutent au Cameroun dans
presque toutes les tranches d'âge de la population; mais seulement une
forte prépondérance est laissée aux plus jeunes, notamment
pour ceux compris entre 26 et 30 (50%) et ceux de moins de 25 ans (27%). La
tranche des personnes les plus âgées (plus de 31 ans) occupe une
proportion de 33% et est essentiellement constituée de fonctionnaire et
travailleurs à la retraite.
Le statut matrimonial
Ils sont en majorité célibataire, pour une
proportion de 82% contre 18% de officiellement mariés. Il est cependant
à noter ici qu'une grande proportion de célibataires est
constituée de personnes vivant en concubinage et ce surtout les
femmes.
Les charges familiales
Sur l'effectif de personnes interrogées, neufs
personnes seulement se retrouvent sans enfant, pendant que la moitié
possède au mois un enfant et au plus deux. La plus faible proportion est
attribuée au personnes possédant plus de trois. En effet le
phénomène de grossesses précoces est très
récurent au Cameroun; ainsi beaucoup de filles sont parfois
obligées de quitter les bancs d'école par cette cause et se
retrouver dans l'obligation de supporter cette charges grâce à de
petites activités rémunératrices.
Il faut en outre spécifier que en dehors de cette
catégorie de charges, la plupart de ces personnes ont sous leur
responsabilité la charges des membres de la famille ou de la
communauté ( Frères, soeurs, cousins, oncles, neveux, etc. )
Le niveau d'étude
Contrairement à ce que l'ont a toujours pensé,
l'entrepreneur informel camerounais de nos jours possède un assez fort
niveau d'instruction, ainsi on se retrouve à plus de 50%, pour celles
des personnes ayant au minimum atteint le secondaire, pendant qu'une
très faible proportion ne possède que le niveau du primaire. La
situation de l'emploie au Cameroun est très précaire, ainsi une
certaine proportion de diplômés de l'enseignement supérieur
se
retrouve dans le secteur informel (26.66%); cette dernière
catégories là est beaucoup plus motivée par le souci de
l'auto emploi.
L'origine ethnique
Les habitudes du pays ont toujours voulu que le
Bamiléké (62%) soit beaucoup plus enclin à
l'activité économique; dans cette tribu, l'on a la qualité
entrepreneuriale innée, on naît en général dans une
famille d' « entrepreneurs ». cette tribu se taille la part
du lion avec 62% selon notre étude pendant que les béti (18%)
viennent en second et enfin les côtiers et les Haoussa pour une
proportion de 10% chacune.
Les motivations
Les motivation à la création sont ici multiple,
on parle en général d'auto emploi (62%), de recherche d'un revenu
supplémentaire (11,33%), de perte d'emploi (10%), de travail
insatisfaisant (10%) et enfin d'occasion à saisir (6,67%). Mais
seulement la réelle motivation reste et demeure l'argent; « la vie
est dure, l'argent manque » sont là en effet les expressions que
nous avons sans cesse rencontrées durant toute notre étude. En
effet le souci majeur ici réside beaucoup plus au niveau de la recherche
de l'argent.
4.2.2.1.2 Caractéristiques de l'entreprise
informelle
Nous nous sommes intéressés ici pour
caractériser l'entreprise, à six critères: Le capital de
départ, la source du financement, la nature des charges fiscales, le
statut et l'effectif des employés, le secteur d'activité et enfin
l'âge de la structure.
L'âge de la structure
Les activités informelles sont en effet très peu
rémunératrices et par conséquent ne connaissent en effet
pas de réelle évolution; elles constituent pour certains une
étape de transition vers une activité plus lucrative. A cet
effet, une très grande proportion d'activité excède
rarement deux ans, elle est directement remplacée par une autre ou alors
par la redirection vers un autre secteur d'activité. Suite à
notre étude, 43,33% des entreprises ont au plus un ans, 30% ont entre
deux et quatre ans, pendant que celles de plus de quatre ans
représentent seulement 16,67%.
Le secteur d'activité
Les activités informelles se retrouvent en effet dans tous
les secteurs actif de l'économie
les plus récurent. Les secteurs de la coiffure et du
petit commerce, avec une proportion de 23,33% chacun, sont des secteurs qui
regroupent aussi bien les hommes que les femmes, à travers de
très petits "salons de coiffures" et de minuscules
échoppes, le secteur de la couture quant à lui occupe dans les
13,33% et est principalement l'affaire des femmes. Le secteur le plus
prisé est celui des services avec 39,68%, et regroupe une très
grande diversité d'activité.
Statut et effectif des employés
De façon générale, les structure sur
lesquelles notre étude a portée étaient en majorité
des activité individuelles, le plus souvent avec au plus deux
employés (65%) ou alors le créateur accompagné d'un
apprentis. Ici on atteint très difficilement le seuil de plus de six
employés (13%), et, celles des entreprises où ont pouvait
rencontrer entre trois et cinq employés représentaient dans les
22%.
La remarque qui a été faite ici étant que
la plupart de ces personnes que l'ont retrouve dans ces structures ont le
statut d'apprentis (75%), le plus souvent non rémunérés,
mais contraint au paiement de frais d'apprentissage. L'autre catégorie,
moins nombreuse est celle des employés rémunérés,
qui représente à peine les 25%.
La nature des charges fiscales
La plupart de la fiscalité de ces structures se
résume au paiement de l'impôt libératoire et de l'obtention
d'un titre de patente.
Sources de financement et capital de
départ
De manière générale, on débute
l'activité avec un capital très faible. Celles des
activités les plus lourdes atteignent rarement un financement de plus de
200.000 Fcfa. Ces sommes en effet proviennent le plus souvent de circuit de
financement informelles aussi et parfois illégales, à l'exception
de quelques financement provenant de la famille, du conjoint ou des
tontines.
4.2.2.2 Discutions des hypothèses
A la lumière de des études empiriques et
analytiques faites tout au long de ce travail et compte tenu des
hypothèses de base que nous nous sommes fixées, nous pouvons de
façon certaines arriver à ces quelques affirmations:
système d'enseignement et l'éducation, le
contexte de crise économique dans lequel vit le pays depuis plus d'une
décennie.
En effet, il a été démontré que
malgré la mise sur pied assez lointaine des toutes premières
initiatives entrepreneuriales, l'évolution de la question
entrepreneuriale a connue de multiples entraves lies à ces
différents facteurs. Nous pouvons entre autre faire une remarque au
niveau de l'intégration trop tardive de la femme, le régime
fiscale rude, le véracité des certains hauts fonctionnaires et
enfin l'importance de la dette publique tant sur le plan national que
international
h2: La réalité entrepreneuriale au Cameroun
est tout autre que ce qui relève des différentes
considérations théoriques et est le plus basée non pas sur
la recherche d'un réel profit mais plutôt sur celle d'un revenu de
subsistance pour la collectivité.
Loin des théories, la question entrepreneuriale
revêt un aspect très particulier au Cameroun; il en va de la
classification même des entreprises, du but visé et de la raison
même de l'existence de celle-ci. l'entreprise en effet obéit
beaucoup plus aux règles sociales qu'aux règles
économiques, le recrutement dans l'entreprise est une affaire de la
collectivité et non des compétences; le but final en
définitive s'écartant un peu de la rentabilité
économique au profit de la satisfaction des besoins de la
communauté.
h3: Le travail autonome est l'une des principales
motivations à la décision de création d'entreprise au
Cameroun.
Le fort taux de chômage du pays d'une part et le niveau
élevé de scolarisation et l'importance du secteur informel
d'autre part sont des éléments pertinents contribuant à
soutenir cette dernière affirmation. En effet à la suite de notre
étude de terrain, il en est ressorti que 62% des créateurs sont
motivés par l'auto emploi, ceci étant principalement dû
à la sous-estimation des compétences des uns et des autres dans
le secteur public, l'existence de magouilles et autres dans les recrutements
ainsi que la faible rémunération des employés; et en outre
la prolifération de la corruption et la politique des « pots de
vin ».
Tel est en fin de compte la réalité vécu
de l'entrepreneuriat camerounais; et à priori le constat fait est
qu'il reste tout de même une lueur d'espoir si, décideurs publics
et promoteurs d'activités privées peuvent en définitive
s'asseoir à la même table pour discuter de la question
entrepreneuriale. Fort ayant été le constat fait un
peu plus haut (4.2.2.2), ainsi que tout au long de notre travail sur les
entraves à l'évolution de l'activité entrepreneuriale.
Conclusion
Avec son parc de prés de 13100 entreprises, soit 443
dans le secteur des matières premières, 2321 dans l'industrie,
3080 dans le commerce et 4735 dans les service53; le milieu
entrepreneurial camerounais témoigne de nos jours d'un réel
dynamisme, comparé à la morosité des décennies 80
et 90. Seulement, face à la mouvance de la forte baisse du niveau
d'entrepreneuriat à travers le monde54, le constat fait est
qu'il reste beaucoup à faire pour ce qui est de sa
prospérité.
En effet, l'analyse que nous avons conduite tout au long de ce
travail, avait pour but de présenter la nature ainsi que les
specificités de cet entrepreneuriat camerounais; et à priori, il
apparaît donc que:
- La question entrepreneuriale au Cameroun est l'affaire de
tous, les entrepreneurs ici se recrutent dans presque toutes les classes et
catégories sociales; ainsi, Etat, étrangers, nationaux, femmes,
hommes, jeunes et même des personnes âgées; tous des plus
pauvres au plus riches essayent chacun et sa manière, d'intégrer
un certain niveau d'activité.
- Il en ressort donc en définitive une activité
entrepreneuriale bien spécifique, fruit de l'impact des
caractéristiques propres à la population fortement
diversifiée (présence de plusieurs tribus aux habitudes et
cultures toutes différentes) ainsi que l'impact des
réalités politiques et économiques de cette nation.
En somme, il apparaît que si l'on arrive ici à
passer en travers des multiples entraves liées à l'environnement
socioculturel, économique et politique ; on assisterait en fin de compte
au renforcement de la contribution de l'entrepreneuriat dans le processus
d'accumulation et de création de richesse et d'emplois. A cet effet,
nous avons été conduit à émettre un certain nombre
de suggestions:
- Passer l'étape des distinctions de genre et
distinctions tribale, et mettre sur pied un ensemble de structures, permettant
d'offrir une formation appropriée, afin de développer les
aptitudes et attitudes des un et des autres à créer, produire,
vendre, gérer et dégager un meilleur profit.
- Promouvoir des dispositifs spécifiques d'appui et
financement, non plus en fonction de certains publics sociaux particuliers,
mais en fonction su marché et des entreprises existantes, à
travers des outils adaptés à chaque type d'entrepreneur et au
potentiel d'évolution de leurs entreprises.
5 3 Données recueillies dans les services de la direction
de la statistique nationale à Douala, Mai 2006.
5 4 Voir à ce sujet le commentaire de l'étude GEM
(2002), fait par Stephanie GORDON sur
www.EETUK.com , 28 Mars 2003 (3 :06
p.m).
- Apporter une vision et une perception bien au delà
des considérations d'illégalité et
illégitimité et accorder une importance relative au secteur
informel du fait de sa très forte contribution à la construction
des richesses, la création d'emploi, l'insertion sociale des plus
pauvres, la promotion de l'emploi formation et enfin la promotion du
développement du pays tout entier.
Bibliographie
Ouvrages imprimés
ALBAGLI Claude et HENAULT Georges (1996), La création
d'entreprise en Afrique, ed EDICEF/AUPELF ,208 p.
BONCLER.J ET HLADY-RYSPAL.M (2003), Caractérisation de
l'entrepreneuriat en milieu social et solidaire, ed ADREG.
CORIAT Benjamin et WEINSTEIN Oliver (1995), Les nouvelles
théories de l'entreprise, ed LIVRE DE POCHE, Référence.
FILION Louis Jacques (1988), «The strategy of successful
entrepreneurs in small business: Vision, Relationships and Anticipatory
Learning» These de doctorat, Université de Landcaster en Grande
Bretagne.
FORTIN.P.A (1986), Devenez entrepreneur, ed. Les presses de
l'Université Laval; QUEBEC. HENAULT Georges et M'RABET Richard (1990),
L'entrepreneuriat en Afrique francophone: Culture, Financement et
Développement, ed. AUPELF-UREF. John Libbey EUROTEXT. Paris.
KENT.C.A, SEXTON.D.L, VESPER.K.H (1982), Encyclopedia of
entrepreneurship, Englewood Cliffs. NJ, Trentice-Hall.
KOENIG Gilbert (1998), les théories de le firme, 2eme ed,
économica, 112p.
VERTAÉTÉ Thierry (1999); Connaître
l'entrepreneur, comprendre ses actes, ed l'HARMATTAN, Collection Economie et
Innovation.
Ouvrages électroniques
VERTAÉTÉ Thierry (2002), Essai sur la
singularité de l'entrepreneuriat comme domaine de recherche, ed
ADREG.
www.editions-adreg.com
FAYOLLE Alain (2004), «Entrepreneuriat de quoi parle
t'on?», l'Expansion Management Review,
www.lexpension.com .
INS (2005), Enquête sur l'emploie et le secteur informel au
Cameroun en 2005,
www.statistics-cameroon.org
Rapports imprimés
LETOWSKI André (Octobre 2005), «Repérer
l'entrepreneuriat: Comment,quelles limites? Peut-on comparer entre pays?»
in «Policy making for entrepreneurship: What do we already know»,
OCDE, Session 4, 9 pages.
WALKER Richard (Mars 2006), «La formation en secteur
informel», Document de travail de l'AFD, 20 pages.
STATECO (n° 99, 2005), Méthodes statistiques et
économiques pour le développement et la transition.
CAMEROUN, 1992, STATISTICHES BUNDESAMT, EUROSTAT, Luxembourg,
Office des publications des communautés Européennes, 1992.
CONSEIL ECONOMIQUE et SOCIAL (1984), Rapport sur les
problèmes de distribution du crédit, Yaoundé 1984.
Articles de périodiques
imprimés
BARTHELEMY Philippe (n° 7, 1998), « Le secteur
urbain informel dans les pays en développement : Une revue de la
littérature », Revue Région et développement, ed.
L'harmattan, 47 pages
BRENNER.G.A, FOUDA.H et TOULOUSE.J.M (1990), «Les
tontines et la création d'entreprises au Cameroun» in
L'entrepreneuriat en Afrique francophone, ed. AUPELFUREF. John Libbey EUROTEXT
Paris, PP. 97-105.
DEJADIN Marcus (Vol 39, n°4, Septembre 2000),
«Dynamiques entrepreneuriales», Revue Reflets et Perspectives de la
vie économique, « Texte introductif », 6 pages
FILION.L.J (Vol 10, n° 2, 1997), «Le champ de
l'entrepreneuriat; Historique, Evolution et Tendances», Revue
Internationale PME, pp. 129-172.
KANTER .M.R (Vol 25, n° 4, 1984), «Innovation-The only
hope for time ahead?», Sloan Management Review, PP. 51-55.
LAVOIE Dina, «Créativité, innovation,
invention Entrepreneurship, intrapreneurship- Où est la
différence», Revue Internationale de Gestion, Collection
«Racine du savoir».
MARION Stéphane et MARTEL Claude (vol 22, n° 1,
Mars 1997), « L'entrepreneuriat et le travail autonome: Des solutions au
problème de la faible création d'emplois?», Revue
Internationale de Gestion, pp. 58-60.
OWONA NGUINI Mathias Eric (Vol 2, n° 2, Septembre 1996),
« L'Etat et les milieux d'affaire au Cameroun: Autoritarisme, Ajustement
au marché et Démocratie (1986-19996)», Polis Sciences
Politiques ; Bordeaux.
PETTANG Chrispin, VERMANDE Paul et ZIMMERMAN Monique (Vol 4,
n° 31, 1995), « L'impact du secteur informel dans la production et
l'habitat au Cameroun », Cahier de Sciences Humaines, pp. 883-903.
TCHOUASSI Gérard, «Entreprendre au féminin au
Cameroun: Possibilité et limites» in Académie de
l'entrepreneuriat. pp.433-445.
VERSTRAÉTÉ.T. et FAYOLE.A. (2004), «Quatre
paradigmes pour cerner le domaine de recherche en entrepreneuriat»,
Congrès international francophone sur l'entrepreneuriat et la PME;
Montpellier
VERTRAÉTÉ.T et FAYOLE..A. (Vol 4, n° 1, 2005),
«Paradigme et entrepreneuriat», Revue de l'entrepreneuriat, pp.
33-52,
www.revue-entrepreneuriat.com
Communication dans un congrès
NKAKLEU Raphaël, Les facteurs de contingence de
délégation dans les PME camerounaises, 6eme congrès
international francophone sur la PME, HEC-Montréal-Octobre 2002, 15
pages.
Annexes
Annexe 1 Comparaison des profils des
intervenants dans l'entreprise innovatrice
|
Gestionnaire traditionnel
|
Entrepreneur Traditional
|
Intrapreneur
|
Motivation
|
Motivé par le pouvoir.
|
Motivé par la liberté d'action, auto
motivé.
|
Motivé par la liberté d'action et l'accès
aux ressources
organisationnelles. Automotivé mais sensibles aux
recompenses
organisationneles.
|
Activités
|
Délégue son autorité. Le travail de
bureau mobilise toutes ses énergies.
|
Se salit les mains, se mele du travail des autres.
|
Peut déléguer mais met la main à la patte
quand il le faut.
|
Competences
|
Souvent diplômé d'une école de gestion.
Possède Analyse et savoir-faire politique
|
A plus de flair pour les affaires que de compétences
managériales ou politiques. A souvent une formation d'ingenieur.
|
Semblable à
l'entrepreneur mais utilise un savoir-faire pratique.
|
Centre d'interet
|
Surtout les evennements internes à l'entreprise.
|
Surtout la technologie et le marché.
|
Ce qui se passe à l'interieur comme à
l'extérieur de l'entreprise. Comprend les besoins du marché.
|
L'erreur et l'échec
|
S'efforce d'éviter les erreurs et les surprises.
|
Considère l'erreur et l'échec comme des occasions
d'apprendre quelque chose.
|
Dissimule les projets risqués afin de ne pas ternir
l'image de marque de son entreprise ou
unité.
|
Decisions
|
Approuve les décisions de ses superieurs. S'assure de ce
que veulent ceux-ci avant d'agir.
|
Suit une vision personnelle. Prend ses propres décisions
et privilégie l'action sur la décision.
|
Maîtrise l'art de
convaincre les autres du bien-fondé de sa vision.
Orienté vers l'action mais apte aux compromis.
|
Attitudes vis-à-vis du
système
|
Voit la bureaucratie avec satisfaction; elle protége
son statut et ses pouvoirs.
|
Si le système ne le satisfait pas, il le
rejette pour constituer le sien.
|
S'accommode au système et le court-circuite avant de le
quitter.
|
|
Gestionnaire traditionnel
|
Entrepreneur Traditional
|
Intrapreneur
|
Relations avec les autres
|
Fonctionne avec la hiérarchie comme principe de base
|
Les transactions et la négociation sont ses principaux
modes de relation.
|
Les transactions sociales se font dans le respect des contraintes
hiérarchiques.
|
.
Source: LAVOIE Dina,
«Créativité, innovation, invention Entrepreneurship,
intrapreneurship- Où est la différence», Revue
Internationale de Gestion, Collection «Racine du savoir».
Annexe 2 Modèle hiérarchique du
changement.
CRÉATIVITÉ
Changement
Créativité
Invention
Innovation
Amelioration
Source: «Creativity: Key to the
future». Par P. A. Schuman; Jr. Austin. Technical Symposium, 1982.
Annexe 3 Techniques typiques de
créativité
1- Le brainstorming qui consiste à
grouper des personnes pour analyser une problématique à l'aide de
questions comme: Comment combiner? Comment substituer? Comment allonger? etc.
Le processus se passe dans une ambiance où le jugement est absent et
où l'extérioration des participants est la loi.
2- Les méthodes synectiques qui
reposent sur le principe de la confrontation des idées, des
expériences, et des mots. On préconise alors la pratique de la
métaphore, de l'analogie, l'oublie des règles et des tabous, mais
exploité de façon rationnelle.
3- Les approches inspirées par la
psychothérapie qui repose aussi sur l'imaginaire et
l'inconscient, par le biais des jeux de rôle, des considérations
et du théâtre populaire, du rêve éveillé.
4- Les approches dites rationnelles: la
méthode morphologique et les matrices de découverte. Ces
approches rechercheront la totalité des solutions à un
problème de façon très disciplinée et
systématiquement rationnelle. Le problème est défini au
préalable de la façon la plus large possible, afin de ne pas
éliminer des solutions à priori.
5- L'approche du groupe en question qui est
une vision exagérée du brainstorming. Cette approche emploie le
groupe pour diminuer les difficultés de la tache individuelle et
maximiser le stock d'information par les croisements d'expériences et
d'horizons différents qu'elle suppose.
Source: Un résumé du
modèle des techniques de créativité de Jean-Pierre Robin
«Créativité: L'imagination au pouvoir dans
l'entreprise», Encyclopédie du Management. 1972, pp. 4, 41-1-
12.
Annexe 4 Les quatre paradigmes de
l'entrepreneuriat et leurs liaisons
Paradigme de l'innovation
Paradigme de L'opportunité
4
6 5
1
3
Paradigme de la création de valeur
Paradigme de la création d'une organisation
2
Il est ici mis en évidence l'existence de quatre
paradigmes avec l'existence de six liens (qui ne sont sans doute pas les seuls)
les reliant entre eux.
- Lien 1: Pour exploiter une opportunité d'affaires, il
convient, d'une façon ou d'une autre, de s'organiser. Les ressources
diverses se cristallisent en une organisation (processus et/ou son
résultat);
- Lien 2: L'organisation ne peut exister durablement (et
l'entrepreneur conserve son statut par rapport à cette organisation
là) sans fournir à ses parties prenantes la valeur qu'elles
attendent et dont elle tire les ressources nécessaires à son
fonctionnement;
- Lien 3: Lorsque la valeur apportée est importante, une
innovation est souvent à l'origine, qu'elle soit organisationnelle,
technique ou commerciale. Moins radicalement, si l'on rapproche innovation et
nouveauté, l'organisation naissant du phénomène
entrepreneurial est nouvelle (même si elle s'appuie sur une entité
préexistante), la valeur apportée est donc nouvelle (nouvelle
parce que venant d'une nouvelle organisation, ou pus radicalement cette fois ci
parce que résultant d'une offre originale);
- Lien 4: Une innovation peut correspondre à le
construction d'une opportunité mise sur le marché (on peut voir
l'innovation aussi comme un processus de socialisation d'une nouvelle
technique, organisation ou façon de commercer), à la fourniture
d'un nouveau produit ou service (nouveauté radicale ou nouveauté
pour la population localement servie), à l'apparition d'une organisation
nouvelle au sein du marché ou du secteur;
- Lien 5: Toute exploitation d'une innovation, à l'instar
d'une opportunité, appelle une organisation et l'existence de celle-ci
favorise les interactions créatives nécessaires à
l'innovation;
- Lien 6: Une opportunité n'est exploitée que si
elle est perçue comme susceptible de dégager de la valeur au
moins pour celui qui l'a identifiée (L'identification peut renvoyer
à la détection, à la construction ou à la
combinaison des deux).
Source: VERTRAÉTÉ.T et FAYOLE..A.
(Vol 4, n° 1, 2005), «Paradigme et entrepreneuriat», Revue de
l'entrepreneuriat, pp. 33-52,
www.revue-entrepreneuriat.com
Annexe 5 Contribution sectorielle au
PIB
GDP Government services Other private services
Commerce, hotels and restaurants, transport and communications
Construction, electricity, gas and water
Manufacturing
Petroleum
Forestry
Agriculture
-1,0 0,0 1,0 2,0 3,0 4,0
Source: BAD/OCDE (2005), « Cameroun »
dans Perspectives économiques en Afrique 2005- 2006,
www.oecd.org/dev/publication
Annexe 6 La restructuration en Afrique
francophone
Pays
|
Nombre de
société d'Etat
|
Nombre de privatisable
|
Début
des opérations
|
Organisme responsable
|
Sénagal
|
150
|
49
|
1987
|
Commissariat Genéral à la Réforme du
Secteur Public
|
Côte d'Ivoire
|
200
|
140
|
1990
|
Conseil National Chargé de la Privatisation
|
Togo
|
72
|
50
|
1983
|
Ministére des Finances
|
Benin
|
62
|
Au coup par coup
|
1989
|
Conseil Superieur de la République
|
Congo
|
90
|
12
|
1989
|
Assemblée Nationale
|
Cameroun
|
150
|
75
|
1989
|
Société Nationale d'Investissement
|
Source: ALBAGLI. C. et HENAULT.G. (1996), La
création d'entreprises en Afrique, ed. EDICEF/AUPELF, p.54
Annexe 7 Illustration de l'initiative
entrepreneuriale féminine: Extrait de biographie
Mme FONING née TSOBGNY NGUIAZONG Françoise AGE : 56
ans Nationalité : Camerounaise
ACTIVITES PROFESSIONNELLES
- DG GROUPE FONING
- PCA SOCIETE ANFLO (Secteur Bois, Ameublement et
Décoration), - PDG d'ANFLO INTERNATIONAL à Paris, France (Secteur
Bois),
- PCA Société OVIACAM (Commerce
Général, Import - Export), - PCA de la Polyclinique de la
Ménoua à Dschang (Secteur Santé),
- Fondatrice du Collège de la Fraternité à
Dschang (Secteur Éducation).
AUTRES ACTIVITES PROFESSIONNELLES
° Membre titulaire de la Chambre de Commerce, d'Industrie,
des Mines et de l'Artisanat du Cameroun, ° Fonctionnaire au
Ministère du Tourisme jusqu'en 1978.
ACTIVITES NATIONALES ET INTERNATIONALES
RESPONSABILITES
° Vice-présidente des Femmes Chefs d'Entreprises
Mondiales 1996-2005
° Vice-présidente du Bureau International du Forum
Francophone des Affaires.
AU PLAN NATIONAL
° Présidente Fondatrice du GFAC (Groupement des
Femmes d'Affaires du Cameroun) ° Présidente du Forum Francophone
des Affaires, Comité National du Cameroun.
° Vice-présidente du Groupe Parlementaire RDPC
à l'Assemblée Nationale.
° Maire de Douala 5ème (avec une population de
près d'un million d'habitants). ° Député à
l'Assemblée Nationale du Cameroun.
° Membre titulaire de la Chambre de Commerce, d'Industrie
des Mines et de l'Artisanat. ° Membre du Comité National de la
création d'entreprises au Cameroun.
° Membre du Comité National de régulation et
de compétitivité.
AU PLAN AFRICAIN
- Vice-présidente Exécutive de l'ABR (Africain
Business Round-Table) Chapitre Afrique Central, - Présidente du RASEF
(Réseau Africain pour le Soutien à l'Entreprenariat
Féminin)
- Présidente d'honneur du Groupe Régional Africain
du Forum Francophone des Affaires (GRAFFA) - Représentante de FCEM
à la Commission Economique Régionale pour l'Afrique,
- Secrétaire Permanent pour l'Afrique Centrale du Centre
de Formation de l'AGOA (African Growth Opportunity Act)
- Consultante en finances et gestion à la banque Africaine
de Développement.
Annexe 8 Le rapport Kenya
Le BIT est à l'origine de ce travail selon lequel
l'homogénéité du secteur informel repose sur sept
caractéristiques (VAN DIJK MEINE .P., 1986).
- Le capital nécessaire au départ est peu
important. L'entrepreneur informel n'a pas accès aux crédits
bancaires et son capital de départ comprend uniquement son
épargne et celle de son entourage. Ce montant, en general faible, limite
les domaines d'intervention possibles.
- Il s'agit d'exploitations familiales où
considérations parentales et économiques se mélangent. Les
stratégies familiales, les règles de relations de parenté,
les solidarités ethniques , classiques ou villageoises prennent souvent
le pas sur les considérations purement économiques.
- On utilise les matières premières locales et
l'outillage fabriqué sur place. La débrouillardise vient souvent
palier le manque de moyens. Ainsi la tôle de boîtes de conserves
vides est soigneusement récupérée pour faire des valises;
et l'eau d'évacuation d'une usine après retraitement permet de
faire des boules de savon ( TOURÉ. A., 1987).
- Les qualifications nécessaires ne sont pas acquises
à l'école. Le niveau d'instruction moyen est très faible,
l'illettrisme fréquent, ce qui ne veut d'ailler pas dire que ces
entrepreneurs ne savent pas copter. Le savoir est acquis par apprentissage.
L'observation, puis l'imitation des plus anciens constituent le mode principal
de transmission des connaissances. La maîtrise du savoir par l'apprenti
abouche tout naturellement sur le désir de devenir indépendant et
de créer sa propre unité de production.
- Les opérations de production sont menées à
une échelle restreinte. Ces entreprises restent de petite taille, dix
employés constituent généralement une limite
supérieure. La productivité est basse, les moyens limités,
le volume de production demeure par conséquent faible. Il n'y a pas
véritablement industrialisation de la production qui reste
artisanale.
- La technologie utilisée est adaptée et a un
fort coefficient de main d'oeuvre. Elle est souvent traditionnelle, parfois un
peu améliorée, rarement moderne, car la qualification du
personnel et les moyens financiers disponibles ne le permettent pas. Les
apprentis sont nombreux, peu rémunérés et le souci de la
productivité horaire reste absent.
Ceci permet donc la permanence de processus de production
à faible rendement.
- Le marché n'est pas réglementé et est
ouvert à la concurrence. Les règles, les normes, si elles
existent, sont soit ignorées, soit connues mais non respectées,
ce qui revient au même. La faiblesse du capital de départ facilite
l'entrée de nouveaux concurrents.
Annexe 9 CARACTERISTIQUES DU MARCHE DU
TRAVAIL
|
HOMMES
|
FEMMES
|
ENSEMBLE
|
Taux de pluriactivité (en %)
|
Douala
|
14,7
|
13,0
|
14,0
|
Yaoundé
|
14,0
|
7,9
|
11,6
|
Cameroun
|
39,0
|
34,8
|
37,0
|
Taux de salarisation (en %)
|
Public et Parapublic
|
100,0
|
99,6
|
99,9
|
Privé formel
|
92,9
|
92,8
|
92,9
|
Informel non agricole
|
33,7
|
10,2
|
22,0
|
Informel agricole
|
3,6
|
0,1
|
1,8
|
Cameroun
|
27,3
|
8,3
|
18,0
|
Taux d'informalité des emplois
(en%)
|
Douala
|
65,5
|
85,8
|
73,8
|
Yaoundé
|
67,0
|
77,3
|
71,2
|
Urbain
|
71,4
|
86,4
|
77,7
|
Rural
|
92,5
|
98,1
|
95,4
|
Cameroun
|
85,7
|
95,3
|
90,4
|
Taux de dépendance
|
Douala
|
|
|
1,5
|
Yaoundé
|
|
|
1,9
|
Urbain
|
|
|
1,7
|
Rural
|
|
|
1,3
|
Cameroun
|
|
|
1,4
|
Annexe 10 CONDITIONS D'ACTIVITE SUR LE PLAN
NATIONAL
Durée hebdomadaire moyenne d'activité
(en Heures)
|
Administration
|
38,2
|
Entreprise publique ou parapublique
|
43,3
|
Entreprise privée formelle
|
50,3
|
Entreprise informelle non agricole
|
42,5
|
Entreprise informelle agricole
|
36,0
|
Cameroun
|
39,1
|
Travaileurs disposant d'un bulletin de paie (en %
dans la catégorie)
|
Administration
|
76,1
|
Entreprise publique ou parapublique
|
89,1
|
Entreprise privée formelle
|
72,4
|
Entreprise informelle non agricole
|
3,2
|
Entreprise informelle agricole
|
0,7
|
Cameroun
|
16,3
|
Travaileurs disposant d'un contrat formel (à
durée déterminée ou non)
|
Administration
|
90,0
|
Entreprise publique ou parapublique
|
88,1
|
Entreprise privée formelle
|
65,3
|
Entreprise informelle non agricole
|
10,8
|
Entreprise informelle agricole
|
2,8
|
Cameroun
|
20,0
|
Travaileurs exerçant l'activité de
façon régulière (en % dans la
catégorie)
|
Administration
|
99,3
|
Entreprise publique ou parapublique
|
96,5
|
Entreprise privée formelle
|
93,4
|
Durée hebdomadaire moyenne d'activité
(en Heures)
|
Entreprise informelle non agricole
|
86,3
|
Entreprise informelle agricole
|
83,8
|
Cameroun
|
87,0
|
Source (Annexes 9 et 10): INS, Enquête sur
l'emploi et le secteur informel (EESI), Phase 1, juillet 2005,
www.statistics-cameroon.org
|