III-3.2 Créer un climat
pré-insurrectionnel : allier le secret à la violence
Quelques mots avant de conclure cette étude, sur les
formes prises par ces séditions du 8 juin 1817, et sur ce qu'elles
révèlent des intentions de la conspiration sous-jacente.
Il est frappant lorsque l'on observe en détail le plan
des conjurés du 8 juin, la bonne organisation prévue de l'attaque
des autorités. Certains observateurs ont pu y voir de l'amateurisme.
Cependant, il est indéniable que les autorités furent grandement
désemparées dans les débuts des insurrections lors de la
journée du 8 juin. Le lecteur pourra se reporter à nouveau aux
pages de l'introduction rapportant d'après les archives
départementales du Rhône, l'affolement des maires des communes
insurgées, impuissants face à la masse armée. Les
conjurés avaient en plus bien réparti leurs hommes en
différents postes d'attaque. On retrouvait ainsi une certaine
expérience militaire apportée par des anciens officiers de
l'Empire comme Oudin et Garlon. Cette minutieuse préparation
préalable d'un plan d'attaque basé sur un effet de surprise
aurait pu rendre ces insurrections bien plus déstabilisatrices qu'elles
ne le furent, si l'entreprise secrète n'avait pas été
« noyautée ». Ces insurrections furent donc
marquées par l'alliance du secret à la violence, ce qui les
distingue nettement de colères classiques de « la faim et de
la soif » qu'avaient connu la région quelques années
auparavant. En déstabilisant l'ensemble des autorités de la
seconde ville du royaume et de ses communes l'entourant, les conjurés
auraient pu avoir les mains libres pour installer un autre pouvoir politique
local autonome. Il est certain qu'ils ne l'auraient conservé que peu de
temps, en ne détenant qu'un point du royaume. C'est pourquoi, se
professionnaliseront les entreprises secrètes à venir comme celle
de l'Union (1820) ou de la Charbonnerie française (1821), qui elles
s'organiseront en réseaux beaucoup plus vastes de recrutement et
d'action, visant la capitale.
Cette conspiration manquée du 8 juin 1817
apparaît donc comme une préfiguration d'entreprises politiques
secrètes élaborées. Retenons que son fonctionnement
interne, ses moyens et ses objectifs politiques l'ont inscrite comme un
événement déstabilisant l'ordre policier et judicaire
ultra, qui lui répondit avec une exagération jetant le
discrédit sur la politique des ultras lyonnais.
Essayons de conclure cette étude en en rappelant les
fruits des réflexions principales sur les usages de la violence au
XIXème par la société et l'Etat, et ce dans le cadre local
particulier d'une ville en quête de respect de son identité
politique singulière.
|