L'histoire universelle, conscience de la liberté. Une lecture de la raison dans l'histoire de G. W. F. Hegel( Télécharger le fichier original )par Vincent Ferrier KISHALI Masumbuko Faculté de philosophie St Pierre Canisius de Kimwenza Kinshasa - Bachelier en philosophie 2008 |
CHAPITRE I:L'EPIPHANIE DE L'ESPRIT DANS L'HISTOIRE UNIVERSELLEIntroductionAvant d'aborder cette partie de notre travail, nous avons jugé nécessaire de poser cette idée comme fondement de la philosophie de l'histoire de Hegel : « La Raison gouverne le monde et que, par conséquent, l'histoire universelle s'est elle aussi déroulée rationnellement 10(*)». Il s'agira donc pour nous de présenter la manière dont l'auteur conçoit le déploiement de l'Esprit dans l'histoire universelle. En effet, pour Hegel, l'Esprit n'est pas une construction abstraite, c'est-à-dire sans réalité. Il n'est pas non plus une abstraction de la nature humaine. Il est un être individuel, parce qu'il est en soi. Il est actif, parce que l'activité est son être même. Il est conscience de soi et objet de sa propre conscience. Son activité consiste à un retour à soi, à une prise de conscience de lui-même comme objet de sa propre finalité : « L'Esprit se fait donc une idée déterminée de lui-même, de son essence, de sa nature11(*) ». Dans l'écoulement du temps, le monde se présente comme ayant une double nature : une nature physique et une nature spirituelle, « mais la substance de l'histoire est l'Esprit et le cours de son évolution12(*) ». L'histoire universelle a donc pour finalité l'accomplissement de la Raison. Ayant sa finalité en elle-même, la Raison se confond avec la finalité du monde dans le rapport qu'elle entretient avec celui-ci. Cette finalité du monde qui est aussi celle de l'histoire universelle n'est rien d'autre que l'accomplissement de la Raison en tant qu'Esprit actif, exerçant son activité dans le monde: « c'est sur le théâtre de l'histoire universelle que la Raison atteint sa réalité la plus concrète13(*) ». Ainsi, l'homme, parce que doté d'une conscience, s'élève dans un univers second et devient par ce fait même le suppôt de la Raison : « Le royaume de l'Esprit comprend tout ce qui est produit par l'homme14(*) ». Dans tout ce que l'homme produit dans l'histoire, il le produit parce que l'Esprit agit en lui. Le domaine de l'Esprit se déploie dans tout ce qui se produit dans l'histoire, tout ce qui a suscité et suscite encore l'intérêt humain. La nature de cet intérêt que l'Esprit suscite en l'homme « est substantielle et déterminée : c'est une religion, une science, un art déterminé15(*). » Et c'est dans l'histoire universelle que se réalisent ses intérêts portés par l'homme. Hegel, dans sa philosophie de l'histoire, nous parle d'une finalité de l'histoire, des moyens de son actualisation et de la matière de sa réalisation. En conséquence, sa philosophie de l'histoire, parce que caractérisée par la recherche d'une finalité de l'histoire, est téléologique. Quelle place donc l'individu humain occupe-t-il dans cette réalisation de l'Esprit dans l'histoire ? Car, de prime abord, celui-ci n'apparaît que comme un simple instrument abandonné à la merci de l'Esprit qui lui, et lui seul, se réalise à travers l'histoire universelle. * 10 G. W. F. HEGEL, Op. cit., p. 47. * 11 Ibid., p. 75. * 12 Ibid., p. 70. * 13 Ibid., p. 74. * 14 Ibid., p. 71. * 15 G. W. F. HEGEL, Op. cit., p. 73. |
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