II- L'EXPERIENCE D'AUTRES PAYS EN MATIERE DE
VOLONTARIAT :25
C'est en 1963 que le président des Etats-Unis, J.F
KENEDY lançait le mouvement du corps de la paix pour jeter un pont entre
l'Amérique et plus particulièrement les anciennes colonies
d'Afrique. Un an après soit le 19 Janvier 1964, treize (13) volontaires
du progrès ouvraient au Tchad la voie de l'action de l'Association
française des volontaires du Progrès de la paix (AFVP) en Afrique
noire.
Ainsi, de 1963 à1968, l'AFVP permettait à plus de 5
000 jeunes Français de réaliser leur « désir de
solidarité avec les peuples africains ».
Les volontaires japonais suivront. Ce sont chaque
année, 1 000 jeunes professionnels de 20 à 39 ans, qui partent
pour deux ans. L'un des slogans utilisés pour le recrutement est le
suivant : «Voulez-vous transpirer pour les pays en voie de
développement ? ». Ils sont ainsi, 2 500 volontaires en 1992
dans les pays du Tiers Monde ; mais ils sont surtout nombreux au
Sénégal et au Maroc.
L'intervention de ces différents mouvements de
volontaires est en rapport avec cette notion capitale de la solidarité
entre les peuples, entre les hommes, entre les cultures.
Dans la sous région, principalement au Mali et Burkina
Faso, depuis quelques années, des voies nouvelles similaires sont
ouvertes pour trouver des solutions alternatives au déficit en
personnel.
25Extrait de « Le volontaire de
l'éducation », document réalisé par la direction du
P.V.E
Le gouvernement malien recrute des vacataires dans le secteur de
l'éducation. Ceux-ci signent un contrat d'un an renouvelable avec
l'Etat.
Au Burkina Faso le recours aux volontaires remonte aux
années 80. L'Etat recrutait entre 400 et 800 agents dans le cadre du
Service national de Développement (SND). Le taux de scolarisation est
ainsi passé de 16,5% en1983 à 31% en 1993 soit une augmentation
de prés de 90% en neuf ans.
En 1996, ils sont 1100 jeunes burkinabés
recrutés chaque année qui, ensemble avec les enseignants, luttent
pour assurer l'éducation au plus grand nombre.
Ces expériences furent des exemples pour le PVE DU
Sénégal.
III- LE RECRUTEMENT, LA FORMATION ET LE PLAN DE
CARRIERE DES V.E :
II-1- Le recrutement des V.E :
Le recrutement des V.E s'effectue aussi bien au niveau local
qu'au niveau central. En effet au niveau central des candidats sont
recrutés au niveau de la direction du projet qui organise un test de
recrutement composé d'une dissertation et d'un entretien de confirmation
avec un jury après admissibilité. Peut ainsi faire acte de
candidature tout sénégalais ou sénégalaise
âgé de 30 ans au plus et titulaire du BFEM ou tout diplôme
admis en équivalence. C'est la liste de ces candidats que l'on appelle
« liste sécuritaire » car elle permet de pourvoir aux
postes qui seraient vacants dans des IDEN qui ne recrutent pas. Ces VE de la
liste sécuritaire sont souvent affectés dans des zones
reculées du pays.
Au niveau local, sur la base des besoins exprimés par
chaque IDEN à partir des prévisions et projections de la carte
scolaire, les volontaires recrutées (1200 les années
passées et 3000 en 2004/2005) sont répartis en quotas. Les
dossiers de candidature sont ainsi ouverts dans les IDEN attributaires de
quotas.
Toutes les opérations liées au recrutement se
font au niveau de la circonscription scolaire (dossier de candidature,
constitution du jury, choix des sujets, correction et proclamation des
résultats). Cela a le double mérite de promouvoir les originaires
des localités retenues et d'éviter les coûts de
l'organisation d'un concours de recrutement centralisé. Les VE
recrutés dans une circonscription sont gérés par l'IDEN et
ne peuvent être affectés d'un département à un
autre.
En cas de manquement grave d'un VE, l'inspecteur
départemental peut le démettre et convoquer un jury pour
procéder à son remplacement
Il est cependant à noter que si officiellement le
recrutement devrait se faire comme indiqué plus haut, l'observation sur
le terrain nous montre que la réalité est parfois toute autre. Le
recrutement de gré à gré y est quelque chose de
très courant. Le cas de N.S ? 25ans, stagiaire à l'EFI de
Rufisque nous semble en être une parfaite illustration. Voici son
discours : « ...J'ai eu mon bac en 1999 et ai été
orientée au département d'histoire. En 2000 j'ai
été victime d'un accident de la circulation qui m'a
poussée à arrêter les études ; et depuis je suis
restée sans rien faire. C'est ainsi que mon père qui est
médecin m'a proposée de faire le volontariat, ce que j'ai
refusé au début. Mais c'est lui-même qui a fait des
démarches pour mon recrutement. Je n'ai fait aucun concours ou test, mon
père m'a trouvée à la maison pour me demander d'aller
remplir les formalités d'inscription à l'EFI. J'ai même
refusé au début, c'est pourquoi je suis venue très en
retard. Je ne compte pas du tout faire carrière dans l'enseignement
...»
Nous voyons à travers ce discours que le test de
recrutement n'est pas un passage obligé pour être VE. Il suffit
d'avoir ce que les acteurs eux même appellent « le bras
long ». Et puis NS n'est pas la seule à être dans cette
situation à l'EFI.
Lors de nos visites d'observation à l'EFI de Rufisque,
nous avons eu à constater de nouvelles venues de stagiaires jusqu'au
courant du mois de Mai alors que le recrutement se fait normalement en octobre
; Et quand nous avons interrogé le directeur de l'EFI sur leur
provenance, il nous a répondu qu'ils provenaient de la liste d'attente.
Cela ne nous a pas convaincu car une augmentation des effectifs a
été constatée alors que la liste d'attente ne fait que
remplacer les démissionnaires. Quand nous lui avons reposé la
question une autre fois, il a évoqué la permutation avec des
stagiaires d'autres EFI (même chose que pour la liste d'attente, la
permutation n'a pas d'effet sur les effectifs). Quand au mois de Mai de
nouveaux recrus étaient venus, ce sont les stagiaires eux-mêmes
qui se sont posé des questions ; et le directeur de répondre avec
un ton ironique : « Ce sont les amis d'Abdoulaye
Wade26 ». Nous pensons que ces propos peuvent se passer de
commentaires.
Par ailleurs, nos investigations nous révèlent
que l'effectif initial de l'EFI, toutes classes confondues (elle comptait 04
classes) était de 175 stagiaires et l'effectif au mois de Mai de 263
stagiaires soit une augmentation de 88 stagiaires de provenance douteuse. La
plupart de ces derniers nous ont clairement signifié qu'ils n'ont pas
fait de concours.
Ces faits constituent un compromis du point de vue de la
crédibilité du recrutement des VE car il y a parmi ces personnes
des VE qui n'ont que le BFEM et qui ont arrêté les études
depuis plus de 10 ans. Il y a même des VE menuisiers,
26 Président de la République du
Sénégal
commerçants etc. qui comptent allier cette activité
avec l'exercice du métier d'enseignant.
C'est d'ailleurs ces considérations qui expliquent la
recommandation du Rapport Général du séminaire
d'évaluation des conclusions des Etats Généraux de
l'Education et de la Formation (EGEF) selon laquelle il fallait «
Démocratiser et crédibiliser » le recrutement des
vacataires et volontaires de l'éducation27.
Après le recrutement suit la formation initiale et
continue des VE.
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