INTRODUCTION
Le défi de l'accélération de la
croissance économique est aujourd'hui plus que jamais d'actualité
dans les nations sous développées. A l'orée de leurs
cinquante années d'indépendance, les pays d'Afrique subsaharienne
peinent encore a faire progresser le revenu réel par habitant de leurs
populations respectives. Ces pays sont en effet les plus touchés dans un
contexte oa pres de la moitié de la population mondiale vit en dessous
du seuil de la pauvreté.
Pour gagner le pari du bien etre social et d'un
développement économique réel, nombre de ces pays sous
développés a l'instar du Bénin ont entrepris ces 20
dernieres années, de profondes réformes d'inspiration
libérale. Ces différentes réformes ont surtout
consisté a réduire la prédominance de l'Etat dans la
sphere productive et a promouvoir l'initiative privée. Dans cette
nouvelle approche, les roles des différents agents économiques
ont été redéfinis ainsi qu'il suit : les opérateurs
économiques privés (regroupés au sein du secteur
privé) sont désormais chargés de jouer un role
prépondérant dans la création de la richesse, ils sont
chargés d'entreprendre des initiatives tres productives qui devront
fournir aux pauvres des emplois leur permettant d'améliorer leur niveau
de vie. L'Etat dans son role régalien, se doit de créer les
conditions favorables a la mise en oeuvre de ces initiatives. Ainsi, longtemps
relégué en arriere plan, le role moteur du secteur privé a
la croissance économique et au développement est aujourd'hui
reconnu par tous. Dans son rapport 2006 intitulé K vers une
croissance pro&pauvres : le développement du secteur privé
N, l'0CDE reconnait le secteur privé comme le moteur principal de
la croissance. Son développement est donc une condition essentielle de
l'accélération du rythme de la croissance. Certains pays comme la
Chine, l'Inde, le Brésil, l'Argentine, l'Afrique du Sud, l'Egypte, la
Tunisie et les « pays miracle N d'Asie orientale (Singapour, Corée
du Sud, Taiwan, Malaisie...) ont pu relever le défi d'une croissance
forte et durable en comptant sur les capitaux privés
générés par le secteur privé. Le statut actuel de
« pays émergents N dont jouissent certains d'entre eux, est
tributaire de la stratégie d'attraction de flux massifs d'IDE. Ils ont
su promouvoir leur secteur privé et l'expérience s'est
révélée concluante.
Le Benin a signe en juin 1989 le premier Programme
d'Ajustement Structurel (PAS) marquant ainsi son adhesion pour l'essor de
l'initiative privee puisque le PAS visait essentiellement : la reduction de la
taille et du role du secteur public ; la creation d'un environnement plus
favorable au secteur prive ; l'assainissement des finances publiques et la
reforme du cadre reglementaire. Cette action s'est vue renforcee par la
Conference des Forces Vives de la Nation de fevrier 1990 avec l'adoption
d'orientations strategiques de developpement faisant le choix d'economie de
marche. Aussi, le pays s'est dote a l'issue de cette conference, d'une nouvelle
constitution, celle du 11 decembre 1990 qui a consacre les droits de propriete,
le principe d'egalite de traitement de tout individu devant la loi, le droit de
libre etablissement sans distinction de nationalite et le principe de libre
entreprise. A la suite de ces actes hautement historiques, une reflexion
nationale commune a ete initiee et a aboutit a l'adoption de la vision
strategique du Benin a l'horizon 2025 : ff le Benin est, en 2025, un pays
phare, un pays bien gouverne, uni et de paix, a economie prospere et
competitive, de rayonnement culturel et de bien etre social 0. L'objectif
a terme etant d'edifier une economie prospere et competitive tiree par le
secteur prive. Toujours dans la meme dynamique, plusieurs projets et programmes
sont elabores et mis en oeuvre dans le cadre du developpement du secteur prive.
L'un des plus importants est le Programme de Relance du Secteur Prive adopte en
novembre 1994 et adosse a la politique nationale et de strategie de relance et
de developpement du secteur prive (approuvee lors de la Table Ronde Sectorielle
des partenaires au developpement tenue a Cotonou en 1994). Apres dix annees de
mise en oeuvre, une redynamisation de cette politique a conduit a l'adoption en
2006 de la Lettre de Politique de Developpement du Secteur Prive. Cette lettre
releve dans un premier temps, les principaux obstacles au developpement du
secteur prive et enonce ensuite le programme de reformes que le Gouvernement du
Benin se propose de realiser en faveur du secteur prive.
Cependant, le secteur prive au Benin, fait face a de
multiples contraintes qui freinent enormement son developpement et de
nombreux rapports et etudes
indiquent que le Benin n'est pas attractif aux
investissements prives en depit de ses atouts considerables. Les reformes
engagees jusqu'a present, n'ont pas permis au secteur prive beninois de generer
des ressources suffisantes pouvant induire une croissance economique reelle. Au
cours de la periode 2000-2005, la croissance du PIB a repose sur un taux
d'investissement de l'ordre de 19,4 % en moyenne, dont 8,0% pour le secteur
public et 11,4% pour le secteur prive alors que celui des pays asiatiques
tourne autour de 28% (comptes nationaux/INSAE). De plus, les rapports
successifs de la Banque Mondiale sur le climat des affaires ont positionne le
Benin dans les plus mauvais rangs ces dernieres annees. Une question majeure
reste donc posee a cet egard : quelle est la gestion qui est faite du secteur
prive par les pouvoirs publics apres deux decennies de liberalisme economique
?
Il est aujourd'hui imperieux d'apporter des reponses
appropriees a cette preoccupation au regard du role devolu au secteur prive.
C'est pour cela que la presente etude est initiee et porte sur le theme ff
Politique de Developpement du Secteur Prive au Benin : etat des lieux et
perspectives 0. A cette fin il nous parait necessaire d'analyser
l'efficacite de la politique de l'Etat en matiere de promotion du secteur prive
au Benin. Plus specifiquement, il s'agira d'une part, d'analyser la pertinence
de la politique du Benin en matiere de promotion du secteur prive et d'evaluer
les effets de cette politique sur le climat des affaires, d'autre
part.
Au plan de la structuration de ce travail, trois
chapitres sont retenus : le premier chapitre nous permettra de circonscrire le
cadre theorique du théme objet de notre etude et le deuxiéme
chapitre est propose pour presenter succinctement le secteur prive dans son
environnement au Benin. Ensuite, le troisiéme chapitre sera constitue de
la presentation et de l'analyse des resultats de la politique mise en oeuvre
par l'Etat beninois. Des recommandations sont formulees a la fin du dernier
chapitre en vue de contribuer a l'amelioration de cette politique pour le
developpement du secteur prive au Benin.
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